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Contenu

Interculturalité

Organisation générale du document :

INTRODUCTION...................................................................................................3

PARAMÈTRES QUI AFFECTENT LE STYLE DE COMMUNICATION. 10

CONTENU DU MESSAGE (FOND)...................................................................27

BIBLIOGRAPHIE................................................................................................48

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Impératif de
l’interculturalité
Avant propos

Le rédacteur technique est directement concerné par l'interculturalité pour les


raisons suivantes :
 les produits, services, systèmes et machines qu'il documente sont de plus
en plus destinés à des utilisateurs de plusieurs pays : le rédacteur doit
anticiper sur la diversité des cultures sur le plan technique. On parle
d'ailleurs de localisation des produits quand les versions vendues sur des
marchés différents doivent subir des adaptations avant même leur
commercialisation.
 les modèles de guidage, d'explication, de prise en charge des utilisateurs
reposent sur des conventions différentes selon les cultures : des traditions
didactiques différentes ont produit des habitudes et des attentes vis-à-vis
de présentations plus ou moins abstraites, plus ou moins illustrées
d'exemples, plus ou moins rigoureuses, etc.
 les équipes dans lesquelles travaillent les rédacteurs techniques sont de
plus en plus souvent internationales. Leur langue de travail est parfois
l'anglais ou une autre langue, même en France. Les rédacteurs techniques
doivent être capables d'anticiper sur les difficultés de communication
éventuelles, aussi bien pour leur propre travail (recueil d'informations
auprès des collègues, transmission de documents) que pour situer leur
place au sein de l'organisation et de ses règles souvent implicites.
Les documents que produit le rédacteur technique sont de plus en plus souvent
internationaux. Les documents sont multilingues ou doivent être traduits. Le
rédacteur doit au moins coordonner ces travaux et pour cela être capable de
comprendre en profondeur des contextes culturels différents.
Dominique Boullier

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Contenu
Introduction

Ce chapitre couvre les sujets suivants.

L’UTILITÉ DE L’INTERCULTURALITÉ----------------------------------------------------4
Démarche--------------------------------------------------------------------------------4
Sens de « culture »----------------------------------------------------------------------4
Comportements et valeurs-------------------------------------------------------------4
LES OBJECTIFS ET LA MÉTHODE DU COURS---------------------------------------------6
Objectifs----------------------------------------------------------------------------------6
Choix des sujets-------------------------------------------------------------------------6
Organisation---------------------------------------------------------------------------- 6
Supports d’exemples-------------------------------------------------------------------6
LES RÉFÉRENCES THÉORIQUES-----------------------------------------------------------8
Méthode----------------------------------------------------------------------------------8
Références - Hall----------------------------------------------------------------------- 8
Références – Hofstede------------------------------------------------------------------9
Références annexes---------------------------------------------------------------------9

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Démarche Sens de Comportements
« culture » et valeurs
L’utilité de l’interculturalité

Une démarche interculturelle vise à repérer les différences culturelles, les analyser,
et tenter de les expliquer, afin d’éviter des erreurs de perception qui peuvent
conduire à des erreurs de compréhension ou de jugement, et à l’inadéquation d’une
réponse ou d’une réaction. Cette démarche aide avant tout à mieux communiquer,
et ceci dans les deux sens, à comprendre l’autre et à mieux se faire comprendre.
En fait, la démarche interculturelle nous aide non seulement à mieux comprendre
l’autre, elle nous éclaire également sur notre propre culture.

Mais dans quel sens entendons nous le mot culture ? En effet, les anthropologues ne
sont pas toujours d’accord entre eux, il faut néanmoins établir une définition de travail.
Geert Hofstede, l’un des pionniers dans la démarche interculturelle, parle de
programmes mentaux collectifs [2 : p.24]. Il explique que chaque personne est
gouvernée par l’interaction de trois niveaux de programmation mentale [2 : pp.22-23] :
 le niveau universel (instinctif, biologique) ;
 le niveau collectif (tout ce qui distingue un groupe d’un autre), et ;
 le niveau individuel ( ce qui différencie les individus, par exemple la
personnalité)
C’est évidemment la « radiographie » du niveau collectif qui nous intéresse, et
dans ces « clichés » on peut apercevoir des valeurs ou systèmes de valeurs qui se
traduisent par des comportements prévisibles, qui conditionnent les membres d’un
groupe, génération après génération. Une culture peut néanmoins évoluer, surtout
avec des flux de migrations et des moyens de communications plus globaux, il est
cependant toujours utile d’extraire les grandes tendances traditionnelles afin de
comprendre une culture. Retenons donc surtout que la culture, dans le contexte de
ce cours, est décrite en termes d’orientations de base d’un peuple, qui nous
donnent des pistes pour comprendre leurs valeurs et comportements. En aucun cas,
on ne peut dire que les individus d’un groupe agissent toujours de la même façon.
Afin de mieux comprendre, prenons la métaphore d’un gâteau, voire d’une pâte à
tarte : il existe des recettes de base avec à peu près les mêmes ingrédients et
procédures, mais il peut y avoir des doses légèrement différentes, éventuellement
des parfums, et des tours de mains également différents. Le résultat s’appellera
toujours une génoise ou une pâte brisée, car un type de gâteau, ou une culture, a
toujours cette recette de base qui le distingue d’un autre, comme une pâte brisée
d’une pâte feuilletée.

Revenons aux mots, « comportement » et « valeur ». En effet, dans « compor-


tement » il y a la notion de ce qui est « actif » et dans « valeur » une notion plutôt
« statique ». Hofstede dit que, une valeur est une très forte tendance d’un homme à
préférer une certaine situation à une autre [2 : p.24-25]. Son comportement est
donc façonné afin d’atteindre le mieux possible cet idéal. On est conditionné
simultanément à valoriser des choses, des symboles (statique), tout en apprenant à
préférer certaines façons de se conduire, et d’agir (actif). Par exemple, les français
pensent que les anglais ne valorisent pas la nourriture et qu’ils sont flegmatiques.

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Comportements
et valeurs
(suite)
L’utilité de l’interculturalité, Suite

La nourriture a donc une intensité de valeur d’un pays à un autre de par


l’importance qu’un peuple lui accorde, mais le flegmatisme est un comportement,
une façon d’agir, (ou de ne pas agir en l’occurrence) préférée des anglais. Il n’est
toutefois pas toujours évident de séparer valeur et comportement, car, par exemple,
en France la nourriture est valorisée, mais il y a également un comportement
typiquement français autour de tout ce qui concerne la table. Lorsqu’on dit que « la
table » est importante pour les français, ce n’est donc pas seulement la nourriture,
car il existe de nombreux comportements (codifiables) face à cette nourriture.

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Objectifs Choix des Organisation Supports
sujets d’exemples
Les objectifs et la méthode du cours

Si ce cours se concentre plus sur l’écrit, puisqu’il est destiné à une formation en
rédaction technique, le comportement en société ne sera pas pour autant négligé.
En effet, il est utile de comprendre ce qui est valorisé et comment les différents
comportements et raisonnements affectent la forme et le fond d’un document. Pour
bien comprendre les comportements et les types de raisonnements, on peut se baser
sur l’observation de la vie de tous les jours. Ceci pourra aider dans certains aspects
du monde du travail, tels que les relations au sein d’une entreprise multinationale,
dans la recherche de travail auprès d’une société internationale, les relations avec
des clients d’une autre nationalité, etc.

Une synthèse des principales théories applicables à l’analyse interculturelle sera


présentée, en s’appuyant sur des paramètres qui s’appliquent plus spécifiquement
au monde anglo-saxon, et plutôt américain. Ce choix vient du fait que l’anglais est
la langue la plus utilisée dans les échanges internationaux, (et par ailleurs que
l’auteur est plus spécialisé dans la culture américaine.) Il est plus profitable
d’étudier en profondeur les paramètres interculturels dans un cas pratique, plutôt
que de les effleurer de façon générale. Une fois qu’ils sont bien assimilés, il est
ensuite plus facile de les appliquer à d’autres cultures. Il faut donc souligner qu’il
s’agit d’un cours pratique, et une bibliographie sera donnée pour un approfon-
dissement théorique.

Le cours est divisé en deux parties : les paramètres concernant le « Style de


Communication », voire plutôt la forme, et les paramètres concernant le « Contenu
d’un Message », ou plutôt le fond. Il n’y a pas d’ordre spécifique pour
l’apprentissage des deux premières parties, car chaque situation peut faire
apparaître plusieurs paramètres simultanément. Certains paramètres vont de pair,
mais d’autres n’ont rien à voir l’un avec l’autre – il n’y a pas une seule vraie
recette – il faut simplement apprendre à identifier les composants afin d’interpréter
objectivement un texte ou une situation entre personnes. En effet, dans ces deux
parties, des paramètres « mesurables » pour comparer et expliquer les différences
interculturelles seront expliqués afin de pouvoir ensuite les appliquer dans de
vraies situations.

Les bases d’analyses seront généralement des textes de journaux bien connus, en
l’occurrence le New York Times, le Washington Post, l’International Herald
Tribune, Le Monde, Libération et le Figaro. Parfois des revues et des sites Web
sont également utilisés. Les revus, sites Webs, et journaux qui sont analysés (sauf
Liberation et le Figaro) ont les mêmes sources et il est donc intéressant de voir
comment chaque culture traite différemment ces mêmes sources. Les deux autres
journaux français sont employés pour certains types d’articles afin de garder le
même niveau « intellectuel ». En effet, tous les articles choisis ont une certaine
qualité d’expression et de profondeur.

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Supports
d’exemples
(suite)
Les objectifs et la méthode du cours, Suite

Il aurait été envisageable de comparer des traductions de notices techniques ou des


documents similaires pour un cours de rédaction technique, mais les paramètres
interculturels sont moins visibles dans ce type de document. En effet, il y a eu une
certaine « homogénéisation » depuis quelques années, due à la globalisation , des
services de traduction internationaux, des traducteurs automatiques, etc. en ce qui
concerne les produits, et parfois même l’administration des entreprises. Pourtant,
une fois que vous aurez appris à manipuler les paramètres interculturels, vous
trouverez aussi des différences de style ou de contenu dans des documents
techniques.

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Méthode Références -
Hall
Les références théoriques

Depuis l’antiquité l’homme s’intéresse à l’étude des cultures, plutôt sous la forme
de descriptions de tout ce qui est visible et généralisable dans une société : les
habitudes vestimentaires ou alimentaires, les rites, les religions, les langues, etc.
Parfois on retrouve même des descriptions de comportements typiques d’un
peuple. Ce n’est pourtant pas avant la deuxième moitié du 20e siècle que les
anthropologues commencent à analyser la face « cachée » des cultures, tout
comme la psychanalyse a commencé à chercher des explications profondes
derrière des comportements un siècle plus tôt. Ces auteurs ont observé et
catégorisé les comportements, ils ont aussi cherché à comprendre comment une
société s’est structurée au cours du temps et comment cette structure influe encore
aujourd’hui sur les comportements. Lors de leurs études ils ont pu affiner des
concepts de base, appelé aussi paramètres ou dimensions, qui peuvent être ensuite
utilisés comme outils d’analyse pour toutes les cultures. Vous remarquerez que
presque toutes les dimensions sont présentées sous forme de « d’oppositions », qui
représentent les deux extrêmes d’un continuum. Pour chaque dimension, une
culture se place quelque part sur cette échelle en fonction de ses tendances, mais il
ne faut jamais oublier qu’il ne s’agit que de tendances de base ; il est rare qu’une
culture soit vraiment à un extrême ou à un autre.

Le premier grand anthropologue qui nous intéresse est Edward T. Hall. Ses travaux
dans les années 60-80 concernent l’élaboration d’une méthode pour analyser des
cultures, et ses principaux objectifs [8 : p.4], très proches des nôtres pour ce cours,
étaient les suivants:
1.Identifier les unités de base de la culture…
2. Rattacher ces (unités) à une base biologique de manière à pouvoir les comparer
avec différentes cultures….
3. …élaborer une méthodologie…afin d’enseigner chaque culture en situation…
4. Élaborer une théorie d’ensemble de la culture qui nous permettrait de mener
d’autres recherches.
et surtout,
5. Trouver le moyen de rendre l’anthropologie accessible aux non-spécialistes.
Sa méthode a principalement été appliquée aux styles de communication plutôt
qu’aux aspects organisationnels d’une société, comme il est précisé : [8 : p. 46-47]
Cet ouvrage définit à la fois une théorie de la culture et une théorie de la
naissance de la culture. Il envisage la culture dans son ensemble, en tant que
forme de communication…. Le message de ce livre est que nous devons parvenir
à comprendre les aspects « hors conscience » de la communication. En effet, il
explique que plus que la moitié d’un message est cachée dans un langage « non-
verbal » et que ce langage « silencieux » est aussi différent d’une culture à une
autre que les différentes langues « verbales ». Des différents aspects du langage
silencieux qu’il a décrits, nous parlerons principalement des notions de temps et de
contexte omniprésentes dans les paramètres de la première partie du cours.

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Références – Références
Hofstede annexes
Les références théoriques, Suite

Le deuxième anthropologue qui nous intéresse est Geert Hofstede, un psycho-


sociologue de formation, et néerlandais d’origine. Sa recherche, différente mais
complémentaire de E.T. Hall, est basée plutôt sur l’organisation de la société, et
plus spécifiquement au sein des entreprises et des institutions. À partir d’une
immense enquête, réalisée de 1967 à 1973, dans une des plus grandes entreprises
multinationales du monde, il a étudié les différences de programmation mentale
en fonction de la nationalité d’un individu [2 : avant-propos]. S’il était plus
concerné par la vie en entreprise, les dimensions qu’il a découvertes et codifiées
sont facilement transposables à la vie de tous les jours, et nous verrons qu’elles
sont relativement faciles à appréhender (sauf une). En effet, la dimension Distance
Hiérarchique est la première qu’il a définie, et elle est très claire et pertinente pour
nous. Viennent ensuite L’individualisme/collectivisme et le Contrôle de
l’Incertitude, qui sont aussi de bons outils pour comparer la France et les États-
Unis. En revanche, la dimension Masculinité/Féminité, traitée en dernier, est
beaucoup plus difficile à comprendre et à mettre en œuvre, mais toutefois
intéressante pour une comparaison de la répartition des rôles sexuels dans une
société. Il faut tout de même être prudents lorsque certains comportements sont
catalogués masculin ou féminin.

Enfin, la dimension « orientation personne ou action » est plutôt l’œuvre de deux


américains, Stewart et Bennette [12], qui font un inventaire des comportements et
valeurs typiquement américains. Pour plus d’exemples pratiques concernant les
cultures américaines, britanniques et françaises les livres (plus récents) suivants
sont excellents : « American Cultural Patterns » [12], « Au Contraire » [1] et « La
Mésentente Cordiale » [3]. Jacques Pateau [11] (de l’UTC), qui est un spécialiste
dans les relations interculturelles dans le monde des affaires, fait une bonne
synthèse pratique des comportements français-allemands- anglosaxons en utilisant
les mêmes paramètres que ceux présentés dans ce cours.

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Contenu
Paramètres qui affectent le style de Communication

Ce chapitre couvre les sujets suivants :

CONTEXTE RICHE VS. CONTEXTE PAUVRE OU IMPLICITE VS. EXPLICITE----------11


Définition-------------------------------------------------------------------------------11
Différence------------------------------------------------------------------------------ 11
Explication des termes----------------------------------------------------------------11
Explication au niveau de la langue-------------------------------------------------12
Explication au niveau des marques extérieures----------------------------------12
Différences historiques avec les USA----------------------------------------------12
Vocabulaire----------------------------------------------------------------------------13
Parole-----------------------------------------------------------------------------------13
Comment repérer ces paramètres dans le texte-----------------------------------13
Exemples------------------------------------------------------------------------------- 14
Explications sur l’exemple ci-dessus----------------------------------------------14
ÉMOTIONS ET SENSATIONS VS. DONNÉES---------------------------------------------15
Définition-------------------------------------------------------------------------------15
Différence------------------------------------------------------------------------------ 15
Explication-----------------------------------------------------------------------------15
Comment repérer ces paramètres dans le texte-----------------------------------15
Exemple---------------------------------------------------------------------------------16
Explication-----------------------------------------------------------------------------16
POLYCHRONIQUE VS. MONOCHRONIQUE----------------------------------------------17
Définition-------------------------------------------------------------------------------17
Différence------------------------------------------------------------------------------ 17
En résumé------------------------------------------------------------------------------17
Explication – style de communication----------------------------------------------17
Explication – style d’éducation-----------------------------------------------------18
Comment repérer ces paramètres dans un texte----------------------------------18
Exemple – mode d’emploi------------------------------------------------------------18
Consignes pour passer le permis de conduire------------------------------------19
VITESSE DE COMMUNICATION----------------------------------------------------------20
Définition-------------------------------------------------------------------------------20
Sens de « vitesse »---------------------------------------------------------------------20
Différence------------------------------------------------------------------------------ 20
Explication-----------------------------------------------------------------------------20
« Time is money »---------------------------------------------------------------------21
Comment repérer ces paramètres dans un texte----------------------------------21
Exemple---------------------------------------------------------------------------------22
Comparaison---------------------------------------------------------------------------23
Explication de la comparaison------------------------------------------------------23
TON FORMEL VS. TON FAMILIER--------------------------------------------------------24
Définition-------------------------------------------------------------------------------24
Différence------------------------------------------------------------------------------ 24
Explication – au niveau de la langue-----------------------------------------------24
Explication – au niveau du relationnel---------------------------------------------24
Comment repérer ces paramètres dans un texte----------------------------------25
Exemple---------------------------------------------------------------------------------25
Explication de la comparaison------------------------------------------------------26

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/conversion/tmp/activity_task_scratch/735809204.doc 11
Définition Différence Explication des
termes
Contexte riche vs. contexte pauvre ou implicite vs.
explicite

D’après Hall « les messages riches en contexte se trouvent à une extrémité et les
messages pauvres en contexte à l’autre extrémité du continuum. Dans une
communication ou un message au contexte très dense, la majeure partie de
l’information se trouve dans le contexte physique ou est intériorisée, tandis qu’une
très petite part de l’information est transmise dans la partie du message codée et
explicite. Au contraire, dans une communication au contexte faible, la masse de
l’information se trouve dans le code explicite ». [12 : p. 92]

Il y a un grand écart concernant l’importance du contexte entre la France et les


États-Unis, et sur ce point, la Grande Bretagne est beaucoup plus proche de la
France. En effet la France est un pays où le contexte est très riche, ce qui veut dire
que beaucoup d’informations sont transmises uniquement par le contexte, il existe,
donc souvent, beaucoup de non-dits. Aux États-Unis, il s’agit d’une société à
contexte très pauvre, ce qui fait qu’une personne doit toujours être transparente,
explicite, tout dire, et aller directement au but. Pour bien communiquer il faut
beaucoup de données, le plus souvent « brutes », ce qui rend les messages et leur
interprétation plus objectifs, d’un certain point de vue. En France, il y a une plus
grande marge de manœuvre dans l’émission d’un message à cause des non-dits ou
des ambiguïtés, ce qui fait que son interprétation peut être plus subjective.

Les termes « implicite » et « explicite » vont de pair avec les notions de « contexte
riche » et « contexte pauvre », il sont d’ailleurs inséparables lorsque nous
comparons la France et les État-Unis. En effet, dans une société avec un style de
communication à « contexte pauvre » il faut toujours communiquer très
explicitement, et évidemment, si le contexte est riche il y a une tendance à être
implicite. En effet, aux État-Unis tout doit être explicite, sinon les personnes ne se
comprennent pas entre elles. En revanche, en France, les personnes peuvent
communiquer implicitement ou alors explicitement – dans les deux cas tout le
monde comprendra, bien qu’il puisse y avoir des malentendus si on est trop
explicite, car la personne en face peut penser qu’on le prend pour un idiot. C’est
une raison importante pour expliquer la grande dissémination et acceptation du
cinéma américain dans le monde – les histoires sont faciles à comprendre, tout est
explicite, donc même si on vient d’un pays à tendance implicite, on peut tout de
même comprendre. Mais combien d’américains comprennent les subtilités du
cinéma français ? Ce n’est pas une question de niveau intellectuel, mais une
question de niveau de compréhension du message car ils ne comprennent pas le
contexte très riche des français ainsi que leur langage très implicite, même si c’est
traduit.

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Explication au Explication au Différences
niveau de la niveau des historiques avec
langue marques les USA
extérieures
Contexte riche vs. contexte pauvre ou implicite vs.
explicite, Suite

En France et en Angleterre, d’ailleurs, il y a une longue tradition de séparation


entre le « Noble » et le « Commun », même au niveau de la langue. Il y a
également une longue histoire de régionalisme, notamment au niveau de la langue
et des accents. Aujourd’hui encore on peut souvent deviner l’origine géographique
de la personne ainsi que sa classe sociale par sa « façon » de parler, signe de son
éducation. Par exemple, rien qu’en écoutant un homme politique parler à la radio
on devine s’il a fait l’ENA, à cause des mots qu’il choisit, son intonation, sa
rhétorique, etc. En France, la beauté du langage est tout un art comme en témoigne
le film « Ridicule ». Si en France, les langues et les accents régionaux sont en train
de disparaître, en Angleterre les différences sont encore très marquées et les
anglais peuvent rapidement faire la différence entre une personne de telle ou telle
région ou ville, et son niveau social. .

Il n’y a pas que la langue et la façon de parler qui transmettent des informations, il
y a aussi les gestes, l’espace (la proxémique), la façon de s’habiller etc. qui jouent
un rôle. Par exemple, les anglais gardent bien leur distance avec les personnes
étrangères à leur famille, alors que les français, surtout dans le sud, touchent
facilement, par la main sur le dos, des « bises »… les personnes avec qui ils
veulent simplement se montrer aimables. Les messieurs bien élevés font encore des
baise-mains. Il est aussi relativement facile en France de savoir à quelle classe
sociale une personne appartient en regardant sa façon de s’habiller. Aux États-Unis
il serait très trompeur de juger les personnes sur les marques vestimentaires, et les
différences d’accents, ou de façons de s’exprimer, quasiment inexistantes, avec
tout de même quelques exceptions concernant les accents du Sud ou certaines
populations noires.

Aux États-Unis, les raisons qui expliquent une société à contexte pauvre sont
multiples. Au début de leur histoire les premiers immigrés étaient plutôt des
réfugiés religieux ou politiques qui fuyaient des monarchies et les religions
d’ « état », et ils rejetaient donc toute notion de classe (surtout noble). Il était mal
vu dès le départ de mettre en avant son rang, car la plupart étaient des gens
simples, voire puritains, mise à part quelques riches anglais vraiment minoritaires.
En effet, dès le départ le brassage entre différentes ethnies et religions a été très
important – d’ailleurs l’allemand était plus courant comme langue au début.
Aujourd’hui encore le nombre de types d’ethnies et de religions des immigrés
représentés aux États-Unis n’a pas de commune mesure avec d’autres pays du
monde, et de ce fait le nombre de langues pratiquées est énorme, sans parler des
différences de culture. Comment se comprendre entre personnes d’horizons si
différents ? La seule solution est de tout dire, avec le plus de données possibles, le
plus explicitement possible. Autre chose, assez étonnante, il n’y a pas de langue
officielle aux États-Unis ! En avoir une serait considéré comme anti-
constitutionnel.

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/conversion/tmp/activity_task_scratch/735809204.doc 13
Vocabulaire Parole Comment
repérer ces
paramètres
dans le texte
Contexte riche vs. contexte pauvre ou implicite vs.
explicite, Suite

Lorsque nous parlons de la variation entre implicite et explicite, elle s’exprime au


niveau du vocabulaire mais aussi de la construction logique du message, qui sera
traitée dans le chapitre « Polychronique vs. Monochronique ». À propos de
vocabulaire, il y a environ 30% de mots de plus en anglais que dans la langue
française. Ainsi, si vous comparez physiquement la taille d’un paragraphe en
anglais et sa traduction en français, le paragraphe en anglais (surtout américain)
fera environ 2/3 de la taille de celui en français. Plus d’objets et de notions sont
donc décrits par un terme spécifique en anglais qu’en français, c’est à dire qu’un
terme en anglais sera souvent remplacé en français par une explication, par
manque de traduction exacte. On peut évidemment trouver le contraire aussi, mais
statistiquement parlant c’est le cas. De plus, en anglais s’il manque un terme, la
langue est beaucoup plus ouverte à l’invention de nouveaux mots, alors qu’en
France, il faut normalement passer par l’Académie Française pour l’admettre dans
le dictionnaire. Ceci explique qu’en Français, on doive faire appel plus à
l’imagination – ce n’est pas uniquement pour la beauté du langage et les effets de
style que les textes sont plus longs.

Une autre raison qui explique la préférence des Américains pour des messages
explicites, est que leur parole est d’honneur. C’est une tradition, vraisembla-
blement liée au protestantisme, qui fait que toute personne doit faire très attention à
ce qu’elle dit, car sa parole l’engage même face à la justice. Il y a aussi un sens
d’économie dans la parole, car rien n’est dit à la légère, et tout doit être pris au
sérieux. Ceci explique pourquoi vous trouverez certaines consignes, par exemple
concernant la bonne conduite dans les lieux publics aux États-Unis qui seraient
évidentes pour les Français. En effet, si on n’interdit pas, certains abus sont
possibles. Par contre, toute loi ou toute règle explicitée doit être respectée.

En anglais américain le message doit être le plus explicite, direct et objectif


possible. En français les effets de style, voire la beauté du langage, sont souvent
aussi importants, et parfois même plus importants que les données. Ils traduisent à
la fois la bonne éducation de l’auteur et ils cachent souvent un autre message qui
relève de l’opinion de l’auteur.

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Exemples Explications
sur l’exemple
ci-dessus
Contexte riche vs. contexte pauvre ou implicite vs.
explicite, Suite

Comparez ces quatre titres à la une tirés de deux quotidiens très connus aux États-
Unis et deux en France lorsque le dernier Tour de France passait dans les Pyrénées,
et Lance Armstrong était près de gagner le tour.
(US) Armstrong Starts His Ascent = Armstrong commence son ascension (au
propre et au figuré)
The New York Times – July 19, 2002 – Samuel Abt

(US) Armstrong Climbs Way To the Top = Armstrong grimpe très haut (au propre
et au figuré)
Washington Post - July 19, 2002- Keith B. Richburg

(Fr) Armstrong répond présent


Le Monde – 18 juillet 2002

(Fr) Armstrong en orbite


Libération – 19 juillet 2002 - Jean-Louis LE TOUZET

Dans les deux journaux américains il s’agit « d’informer » le public des exploits de
Lance Armstrong après la course dans les Pyrénées. Il « grimpe » bien dans les
montagnes, et il « monte » à la première place. Dans les deux titres français on ne
peut pas deviner qu’il s’agissait d’une course en montagne, et on pourrait même se
demander s’il ne s’agit pas d’un autre Armstrong : l’astronaute! En France, il faut
tout connaître de la situation, de la course etc. pour comprendre les effets de style,
bien qu’on imagine qu’Armstrong ait gagné ce jour-là.

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Définition Différence Explication Comment
repérer ces
paramètres
dans le texte
Émotions et sensations vs. données

Par paramètre « émotion et sensation » nous entendons le fait de s’intéresser plus à


la qualité émotionnelle d’un message qu’au caractère purement factuel.

Ce paramètre est très lié à l’importance qu’on accorde au contexte et à


l’implicite/explicite. En effet, le fait qu’un texte soit intéressant pour un Français
vient surtout des sensations qu’il évoque, plus que de l’information contenue dans
le message. Souvent il faut lire un article jusqu’au bout pour comprendre où
l’auteur veut en venir, et parfois on comprend simplement à la fin de quoi il parle –
c’est une façon d’attirer et de garder l’attention du lecteur, et un bon auteur est
celui qui sait éveiller la curiosité du lecteur. Il va donc utiliser un vocabulaire très
imagé avec beaucoup d’onomatopées, de symboles, de métaphores et de références
littéraires. Un Américain perdrait vite l’envie de lire un article français car au
contraire, pour les Américains, ce sont les données – « brutes » ou « factuelles »
(« raw data » en anglais) – qui priment. Les Britanniques se placent entre les deux,
car ils aiment la beauté du langage, mais ils ont aussi besoin de données.
Souvent les Français trouvent que la presse ou la littérature américaine est
ennuyeuse et sans couleur, et les Américains ont l’impression que les Français
parlent pour ne rien dire – pour s’entendre parler.

Comme pour l’importance du contexte et de l’implicite/explicite, les raisons de ces


différences sont liées, en France, à l’importance donnée à l’éducation de
l’expression et à une différence entre classes sociales ou un régionalisme plus
marqués – on s’adresse souvent à un public spécifique, et on retrouve donc souvent
un vocabulaire et une façon de parler particuliers. Un employé de bureau ne
pourrait jamais comprendre une revue scientifique ou littéraire, alors qu’aux États-
Unis tout a tendance à être « vulgarisé » et « concrétisé » afin d’atteindre le plus de
lecteurs possibles, et de ne laisser personne à l’écart. Ceci est d’autant plus
important que le pays est marqué par une grande hétérogénéité ethnique et
religieuse.
Cette différence est aussi la conséquence d’un raisonnement différent. En effet, en
France on apprend typiquement à raisonner de façon déductive, donc à partir de
théories, alors qu’aux États-Unis et en Grande Bretagne on utilise une démarche
logique empirique, donc en partant de données observables. Les données (raw
data) sont donc privilégiées dans les pays anglo-saxons.

En France, afin d’éveiller la curiosité et de faire appel aux émotions, les textes
emploient des mots beaucoup plus imagés et saisissants qu’aux États-Unis où le
vocabulaire est plutôt froid, fade et inexpressif – on saura néanmoins exactement
de quoi un article va parler.

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Exemple Explication
Émotions et sensations vs. données, Suite

Comparez simplement les titres des articles dans National Geographic (édition
américaine et édition française) vus sur les sites français et américain du mois de
Septembre 2002, sachant que les sources sont exactement identiques

France États-Unis
L’eau sous pression Water Pressure
Les Suricates : Tête Haute Meerkats
Berceau des dieux Black Sea Coast
Le feu aux lacs ? Great Lakes
L’état de la Planète State of the Planet

Il se trouve que National Geographic édition Française s’attache à donner autant


d’informations dans les articles que la version Américaine, mais la différence
deviendrait beaucoup plus saillante en comparant un article similaire de Géo, où
tout est orienté vers les sensations et dans lequel il faut vraiment chercher les
données. En résumé, une revue ou un journal français aura un langage plus
poétique, et parlera plus de ce que l’on peut ressentir alors que ceux des États-Unis
seront plus pragmatique et nourris d’informations brutes.

/conversion/tmp/activity_task_scratch/735809204.doc 17
Définition Différence En résumé Explication –
style de
communication
Polychronique vs. Monochronique

D’après Hall « Deux modes différents d’appréhension du temps… la


(Monochronie) met l’accent sur les horaires, le découpage et le rendement des
activités. Les systèmes (polychroniques) se caractérisent par la multiplicité des
faits se déroulant simultanément. Ils insistent sur la vocation des hommes à mener
des transactions à bout plutôt que sur l’adhésion à des horaires fixes…et le temps
apparaît comme beaucoup moins concret… [12 : p.22] Le monochronisme
exprime l’idée de faire une seule chose à la fois. [11 : p.178] et le
polychronisme », de faire plusieurs choses à la fois.

De façon générale, les Français sont considérés comme polychroniques alors que
les américains sont franchement monochroniques, mais les différences ne
s’arrêtent pas là. En effet, Hall explique qu’il existe d’autres comportements qui
vont de pair avec ces deux termes. Pour les Français, le fait d’être polychroniques
implique aussi que : « on admet les interruptions et les changements
d’occupations », « on communique en se référant beaucoup et souvent au
contexte », « les relations entre individus sont plus importantes », « programmes et
projets sont fréquemment et facilement modifiés », « les échanges, les prêts et les
emprunts d’objets familiers sont fréquents et bien admis ». Du coté des
américains : « on se consacre totalement et exclusivement à la tâche entreprise »,
« on communique sans se référer au contexte », « l’exécution du projet ou de la
tâche a priorité sur les rapports entre individus », « on suit scrupuleusement les
programmes établis », « on s’efforce de ne déranger personne », et « la propriété
est bien définie, on prête ou n’emprunte que rarement ».

Pour résumer, les américains ont un comportement très linéaire, et comme ils ne
font qu’une chose à la fois, et une chose après l’autre, ils ne supportent pas, par
exemple, d’être interrompus, sinon ils risquent de perdre le fil. On pourrait aussi
dire qu’ils ont un sens aigu de la propriété et sont plutôt inflexibles. Pour les
français, ce sont en fait les relations avec l’entourage qui sont plus importantes que
la tâche elle-même, et de ce fait ils sont moins concentrés et donc plus flexibles
aux dérangements ou aux changements.

Ces différences viennent à la fois du style de communication et du style


d’éducation. Les français ont un style qui prend en compte la richesse du contexte,
qui fait qu’ils sont capables de comprendre ce qui se passe autour avec les cinq
sens à la fois. Ils ont donc moins besoin d’écouter ou de lire…et donc de se
concentrer sur une chose à la fois. Les américains qui ont une culture à contexte
pauvre ont besoin, au contraire, de faire très attention à ce qu’ils entendent (de
s’attacher aux détails) ou à ce qu’ils lisent afin de comprendre la situation, et il est
donc hors de question de faire plusieurs choses à la fois.

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/conversion/tmp/activity_task_scratch/735809204.doc 18
Explication – Comment Exemple – mode
style repérer ces d’emploi
d’éducation paramètres
dans un texte
Polychronique vs. Monochronique, Suite

Le style d’éducation joue aussi un rôle. Comme nous l’avons déjà vu pour
l’explication de l’importance des données aux États-Unis, en France on apprend a
raisonner par déduction à partir de théories, comme de vrais cartésiens. Les
français ont donc une vue du monde plus globale. Les Anglo-saxons (Britanniques
inclus) apprennent à raisonner par induction, c’est à dire qu’ils partent de
l’expérience pratique et ont donc une approche empirique. On peut dire qu’ils
sont ainsi, plus attachés aux détails observables, et qu’ils ont donc du mal à avoir
une vision plus « périphérique ».

Typiquement, un texte à tendance polychronique parlera de plusieurs choses à la


fois dans un seul paragraphe, et les idées ne suivront pas nécessairement une suite
temporelle logique –comme nous avons déjà remarqué, on doit parfois attendre la
fin de l’article pour comprendre le vrai sujet. Les auteurs de la revue Le Nouvel
Observateur pratiquent souvent cet effet de style. À l’autre extrême, les
Américains expriment typiquement les idées les unes après les autres dans un ordre
chronologique, et en tout cas, ils ne mettront pas plusieurs idées dans un même
paragraphe. Vous pourrez remarquer, d’ailleurs, que les paragraphes sont
beaucoup plus courts.

L’exemple utilisé ici n’est pas un article, mais un mode d’emploi : ce qu’il faut
faire pour obtenir son permis de conduire en candidat libre (en Californie et en
France). Vous noterez la suite chronologique du jour de l’examen aux États-Unis,
et comment beaucoup de détails sont mélangés sans suite chronologique dans le
texte officiel français - il n’y a pratiquement pas de détails sur le déroulement
pratique, tout reste assez flou et on préfère parler des détails annexes, tels que les
pré-requis et les rétroviseurs, plutôt que d’expliquer les étapes pratiques pour le
conducteur lui-même.
Ce n’est pas par hasard si les américains ont inventé « Information Mapping » et
adorent les procédures !

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/conversion/tmp/activity_task_scratch/735809204.doc 19
Consignes pour
passer le permis
de conduire
Polychronique vs. Monochronique, Suite

Tableau des comparaisons des consignes pour passer le permis de conduire :

To apply for an original driver license if you Permis de conduire en candidat libre
are over 18, you will need to do the following:
 Vous voulez passer le permis de conduire en
candidat libre
 Visit a DMV office (make an appointment Vous ne faites pas appel à une auto-école. Pendant
for faster service) l’apprentissage de la conduite, vous devez être
 Complete application form DL 44 (An accompagné constamment d’une personne titulaire
original DL 44 form must be submitted. du permis correspondant…
Copies obtained by xeroxing, faxing or  Vous devez également :
other methods will not be accepted.)
être détenteur du livret d’apprentissage,
 Give a thumb print utiliser un véhicule spécialement équipé…
 Have your picture taken souscrire une assurance spéciale,
être accompagné d’une personne titulaire du
 Provide your social security number permis….
 Verify your birth date and legal presence  Le jour de l’examen, vous devez :
 Pay the $12 application fee (the application Être accompagné d’une personne titulaire du
fee for a commercial driver license is $57) permis de conduire correspondant à la catégorie du
véhicule présenté,
 Pass a vision exam
Souscrire une assurance spéciale pour conduire le
 Pass a traffic laws and sign test. There are jour de l’examen
36 questions on the test. A passing score is
at least 31 correct answers.  Le jour de l’examen
 Pass a road exam in an insured vehicle. Vous devez également utiliser un véhicule
spécialement équipé (double commande de frein et
d’embrayage, deux rétroviseurs intérieurs et deux
rétroviseurs latéraux réglés pour le conducteur et
l’accompagnateur)
 Pour toute information, adressez-vous :….

/conversion/tmp/activity_task_scratch/735809204.doc 20
Définition Sens de Différence Explication
« vitesse »
Vitesse de communication

La vitesse de communication concerne le temps nécessaire pour arriver à


l’essentiel d’un message.

Par « vitesse » on entend ici le temps qu’il faut pour faire passer et comprendre un
message, et non pas le débit des mots. En effet, si on écoute un français parler, il
paraît débiter les mots plus rapidement qu’un américain. Un français a besoin de
plus de mots pour exprimer la même chose dans sa langue, bien que beaucoup de
choses passent implicitement par le contexte (riche). Ce paramètre mesure, en fait,
le temps qu’il faut pour aller à l’essentiel – à quel degré le message est-il direct et
dans quel laps de temps peut-on faire passer, le plus de données, le plus clairement
possible ?

Pour ceci les américains sont imbattables, car on comprend presque toujours la
conclusion dès le début d’un article, on sait où la personne veut en venir, en
s’appuyant sur le plus de données possibles. Il suffit de regarder les titres d’un
journal et la première phrase qui suit pour comprendre l’essentiel de l’histoire. S’il
s’agit d’une notice technique, d’un mode d’emploi, voire d’un guide, le chemin est
guidé pas à pas de la manière la plus efficace, voire logique, possible avec un
maximum de données brutes. Ceci explique, en partie, pourquoi il existe autant de
livres « self-help » - mot presque intraduisible en français, mais qui veut dire
« faire soi-même ». Effectivement, si on souhaite faire soi-même il faut que les
instructions soient très claires et rapides pour ne pas perdre le lecteur. Si les
français pensent que les américains sont « infantiles » avec toutes leurs
explications et leurs mots très simples, les américains penseraient plutôt que les
Français « tournent autour du pot » et perdent, donc, beaucoup de temps.

Comme nous l’avons déjà vu, les Français accordent une grande importance à la
beauté du langage et au contexte, préférant éveiller la curiosité et les sensations –
ils veulent faire durer le plaisir – des mots, en l’occurrence. On retrouve cette
caractéristique un peu partout, par exemple dans la durée des repas, où l’on peut
passer des heures à table, à déguster et à parler. Les Anglo-saxons, au contraire,
font tout au plus vite, même manger. Il est bien connu que « time is money » - plus
on fait vite, plus on gagne. C’est donc le plus souvent l’aspect pratique qui prime.

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/conversion/tmp/activity_task_scratch/735809204.doc 21
« Time is Comment
money » repérer ces
paramètres
dans un texte
Vitesse de communication, Suite

Faisons un détour un instant pour parler d’argent, un mot souvent au cœur de


malentendus entre Français et Anglo-saxons. Dans les deux cultures le mot n’a pas
la même valeur ou les mêmes connotations. En effet, dans tout pays de tradition
protestante, l’argent est preuve de mérite, alors que dans les pays d’origine
catholique, parler d’argent est pour ainsi dire tabou, il n’a que des connotations
négatives. Un riche est soit malhonnête, soit bien né. Pour les protestants, ou pour
tout pays qui adhère à une « ethique protestante du travail » (« Protestant Work
Ethic »), le travail vite fait, bien fait est valorisé, alors qu’en France les facteurs
sociaux sont bien plus importants. Cette orientation « vite fait, bien fait » déteint
sur tous les comportements dans les sociétés anglo-saxonnes, même dans la façon
de s’exprimer. On peut même parler « d’économie de mots ». C’est également une
façon d’être le plus direct et explicite possible dans une société si culturellement
hétérogène.

La meilleure façon de voir cette différence est de comparer des guides, voire ces
fameux livres « self-help », mais il est presque impossible de trouver ce genre
d’œuvre en français sur Internet, même si on les trouve de plus en plus dans les
librairies françaises. Une autre manière est de comparer des critiques, par exemple
de restaurants, de livres, de cinéma etc. Assez curieusement, on ne trouve pas non
plus (du moins, pas facilement) des critiques françaises de restaurant ou de livres
sur Internet, alors que sur les sites américains il y a abondance. Ce manque
d’information, en soi, est intéressant à analyser, car on pourrait tenter d’expliquer
ce phénomène par le fait qu’en France ce genre d’information circule surtout de
bouche à oreille, et on ne supporterait pas qu’un autre nous « dicte » ce qu’on doit
ressentir, ce qu’on doit faire ou si cela nous ferait plaisir ou non. Les américains,
en revanche, ne voulant pas perdre leur temps ou leur argent, regarderont toujours
ce genre de critique avant d’essayer. Le seul type de critique qu’on trouve
facilement en France, sont les critiques de cinéma – mais quelle différence !

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/conversion/tmp/activity_task_scratch/735809204.doc 22
Exemple
Vitesse de communication, Suite

Regardons le début de deux critiques concernant le même film, « Simone », écrits par deux critiques plutôt
« intellectuels » qui montrent à la fois la différence de vitesse pour d’arriver à l’essentiel, ainsi que la différence
flagrante entre implicite et explicite :

En virtuel, «SImØne» SIMONE


Avec ce second film, Andrew Niccol confirme son ** (PG-13) August 23, 2002
statut de virus subversif, à Hollywood. Viktor Taransky: Al Pacino /Elaine: Catherine
Par Philippe AZOURY - mercredi 18 septembre 2002 Keener /Lainey Taransky: Evan Rachel Wood
/Simone: Rachel Roberts /Hank Aleno: Elias Koteas
avec Al Pacino, Rachel Roberts, Catherine Keener,
Winona Ryder... 1 h 55. New Line Cinema presents a film written and
directed by Andrew Niccol. Running time: 117
En 1998, l'ovni Bienvenue à Gattaca touche de plein minutes. Rated PG-13 (for some sensuality).
fouet une frange du public jusqu'alors dévouée corps et
âme à David Cronenberg. La critique européenne délire
sur son auteur, le Néo-Zélandais Andrew Niccol, BY ROGER EBERT
installé à Hollywood. Pour lui, ce n'est peut-être pas une
si bonne affaire que ça. Déjà, Gattaca n'a pas été un "Simone" tells the story of a director at the end of
franc succès américain («C'est simple, nous confiait his rope, who inherits a mad inventor's computer
l'auteur à Deauville, là-bas personne ne l'a vu»), mais, à program that allows him to create an actress out of
crier au génie, les Européens pourraient finir par le faire thin air. She becomes a big star and the center of a
salement remarquer auprès des pontes des studios. Or, media firestorm, and he's trapped: The more
devant ce deuxième film, cette S1mØne à la corrosion audiences admire her, the less he can reveal she is
douceâtre, on ne peut s'empêcher de penser que Niccol, entirely his work. The movie sets this dilemma
en bon agent double, doit vivre et travailler avec la within a cynical comedy about modern Hollywood;
trouille que quelqu'un, «là-bas», finisse par percer à jour it's fitfully funny but never really takes off. Out of
son pessimisme acerbe et ses allures de discret virus, the corners of our eyes we glimpse the missed
foutant en l'air cinq ans d'entrisme, via deux films et un opportunities for some real satirical digging.
scénario pour notre idole en plastique Jim Carrey (The
Truman Show).
(du site Web du « Chicago Sun-Times Inc ». du 23
(du site Web de « Libération », 23 septembre 2002) septembre 2002)

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/conversion/tmp/activity_task_scratch/735809204.doc 23
Comparaison Explication de la
comparaison
Vitesse de communication, Suite

La comparaison de la quantité de données brutes et de types d’information.

Français Américain

Le titre- Le titre
Les conseils concernant l’âge du spectateur
La durée La durée
Quelques noms d’acteurs Quelques noms d’acteurs +
Le rôle qu’ils jouent
Le nom :Andrew Niccol (sans fonction) Le nom A. Niccol (auteur et réalisateur)
Le distributeur
Le nom du critique Le nom du critique
Des renseignements sur la filmographie du -
réalisateur Un résumé de l’histoire
- Le dilemme
- Le type d’histoire : comédie cynique
- L’opinion du critique: drôle mais ne décolle pas
Une critique du réalisateur (incompréhensible) Ce que « nous » risquons de penser : pas assez
-? profond

Non seulement il y a plus de données dans la critique américaine, mais la


critique française ne parle même pas du scénario – nous n’avons aucune idée de
ce que contient le film, à moins de connaître les autres films du réalisateur, et
encore. Dans la version américaine, nous avons en trois phrases concises une
bonne indication pour estimer si le film nous plaira ou non. On dirait que la
critique française n’est qu’un exercice de style, et très souvent c’est le cas, bien
qu’il existe des sites plus « grand public ». En fait, il faut lire tout l’article, et
même faire des recherches pour comprendre, et c’est donc très long, alors que la
critique américaine contient déjà tout dans le premier paragraphe, et c’est donc
très rapide, mais est-ce intéressant à lire pour un français ?

/conversion/tmp/activity_task_scratch/735809204.doc 24
Définition Différence Explication – au Explication – au
niveau de la niveau du
langue relationnel
Le Ton formel vs. ton familier

Le fait de communiquer selon des règles traditionnelles et strictes comparé à un


style de communication plus libre.

Hall parle plutôt de conscience formelle et informelle, et indique que les


Américains mettent l’accent sur l’informel au détriment du formel alors que les
sociétés à conscience formelle, telle que la France, sont celles qui sont plus
susceptibles d’être influencées par le passé que par le présent ou le futur [11 : p.
92]. Dans les articles, des brochures ou plaquettes, sur les sites pratiques etc. nous
pouvons remarquer que les américains parlent sur un ton familier, c’est à dire
qu’ils s’adressent au lecteur comme s’il s’agissait d’un message personnel à un ami
ou à une connaissance. Le plus souvent, l’auteur français gardera ses distances et
s’adressera plutôt à un groupe anonyme. Ce style de communication est d’ailleurs
la conséquence d’un paramètre appelé « Distance Hiérarchique » qui sera étudié
dans un autre chapitre. Nous pouvons surtout illustrer cette différence par le
vouvoiement en français qui n’existe pas en anglais, et aussi par le fait que les
français préfèrent l’utilisation de l’infinitif des verbes ou de leur nominalisation
qui expriment un style indirect ou impersonnel, plutôt que de s’adresser
« directement », voire « activement », à une personne.

Historiquement, il y a toujours eu une plus grande distinction entre les classes


sociales en France qu’aux États-Unis ; le langage est une façon de marquer cette
séparation. Si les frontières entre classes s’estompent aujourd’hui en France, ce
n’est pas pour autant que le vouvoiement disparaît, ou qu’on parle moins souvent
de façon indirecte. Ce n’est pratiquement plus aujourd’hui qu’une question de
l’âge de la personne à qui on s’adresse, mais lorsqu’on ne connaît pas quelqu’un
on commencera tout de même par le vouvoyer. Pour s’adresser à un groupe par
écrit ce sera le plus souvent par un style indirect. Avec des origines plus récentes
et très hétérogènes, et un certain mépris pour la catégorisation par classe sociale,
les américains n’ont pratiquement jamais employé un ton formel pour s’adresser à
quelqu’un, même à un inconnu.

Une chose assez surprenante pour les français est, lorsqu’on rencontre un
américain pour la première fois, qu’il vous parlera comme si vous étiez un ami
intime, vous racontant tous les détails de sa vie personnelle ! Ceci est dû au fait
que les américains ont toujours été des déracinés -même aujourd’hui- et le besoin
de se lier rapidement d’amitié est presque une question de survie, exactement
comme au temps des premiers pionniers. Ce qui est encore plus déconcertant pour
les français qui se sont fait des « amis » américains, est que ces liens ne sont pas
toujours profonds ou durables. Pour les américains se lier d’amitié est presque
comme faire partie d’un club – et les clubs, on peut les quitter pour devenir
membre d’un autre. Ce n’est pas comme les amis en France qui sont presque aussi
importants que la famille, et sont là pour toujours. On peut ajouter qu’en
Angleterre ou aux États-Unis la famille est beaucoup moins importante qu’en
France ou en Italie. Ceci s’explique encore une fois par des raisons historiques : en
France on ne peut pas déshériter ses enfants, alors que dans la plupart des pays
anglo-saxons on peut le faire, et on le fait d’ailleurs, assez souvent.
/conversion/tmp/activity_task_scratch/735809204.doc 25
Comment Exemple
repérer ces
paramètres
dans un texte
Continue page suivante

Le Ton formel vs. ton familier, Suite

Le vouvoiement et le style indirect sont évidents dans un texte français, mais il y a


encore d’autres différences à remarquer. En effet, dans les textes américains, nous
trouvons plus de citations directes, comme si on écoutait une personne « en face »,
nous avons le sentiment que l’auteur s’adresse à nous personnellement. De plus, le
style est beaucoup plus « cool », employant un vocabulaire simple et des phrases
courtes, tels que les personnes utilisent dans une conversation entre amis, et non
pas un style « littéraire » comme bon nombre de français le pratiquent à l’écrit.

Regardons les deux pages web du même groupe immobilier sur la page suivante.

/conversion/tmp/activity_task_scratch/735809204.doc 26
Continue page suivante

/conversion/tmp/activity_task_scratch/735809204.doc 27
Explication de la
comparaison
Le Ton formel vs. ton familier, Suite

Nous pouvons remarquer l’utilisation de l’infinitif des verbes en français (lorsqu’il


y en a), ou alors leur nominalisation (souvent en –tion), alors qu’en anglais il s’agit
de l’impératif – on s’adresse directement à la personne. Dans le site français, on
retrouve parfois « vous » à la place de l’infinitif, mais en anglais, il n’y a de toute
façon pas de vouvoiement. Et finalement, on vous propose de rentrer en contact
direct avec un agent, alors qu’en France il s’agit simplement de trouver l’agence la
plus proche. Remarquez aussi les phrases « We’re here for you » ou alors « Work
with us » qui sous-entendent qu’ils sont au service du client de façon très
personnelle et ils l’invitent très amicalement à venir faire des affaires ensemble.
Alors que sur le site français, le ton est plutôt froid et impersonnel – c’est plutôt au
client de « proposer ». Les autres pages du site sont remplies d’exemples
similaires.

/conversion/tmp/activity_task_scratch/735809204.doc 28
Contenu
Contenu du message (Fond)

Ce chapitre couvre les sujets suivants :

LA DISTANCE HIÉRARCHIQUE----------------------------------------------------------29
Définition-------------------------------------------------------------------------------29
Différence – au niveau de la responsabilité---------------------------------------29
Exemple du gouvernement-----------------------------------------------------------29
Explication – au niveau de la religion---------------------------------------------30
Sur la « laïcité »-----------------------------------------------------------------------30
Explication – au niveau de l’histoire-----------------------------------------------31
Repérer ce paramètre dans les documents qui traitent la politique------------31
Repérer ce paramètre dans les documents qui traient les affaires et
l’éducation----------------------------------------------------------------------------- 31
Exemple – articles de presse--------------------------------------------------------32
L'INDIVIDUALISME VS.LE COLLECTIVISME-------------------------------------------33
Définition-------------------------------------------------------------------------------33
Différence------------------------------------------------------------------------------ 33
Comment cette différence se traduit------------------------------------------------34
Explication – l’esprit des pionniers------------------------------------------------35
Explication – la famille---------------------------------------------------------------35
Repérer ce paramètre dans des documents « sociaux »-------------------------35
Repérer ce paramètre dans les ouvrages « self-help »---------------------------35
Exemple---------------------------------------------------------------------------------36
Analyse de la comparaison----------------------------------------------------------36
FAIRE VS. ÊTRE, OU ORIENTATION « ACTION » VS. ORIENTATION « PERSONNE »
---------------------------------------------------------------------------------------------- 37
Définition-------------------------------------------------------------------------------37
Ne pas confondre----------------------------------------------------------------------37
Différence – l’appartenance à une « famille » en France-----------------------37
Différence – la mobilité des appartenances aux États-Unis--------------------37
Exemple---------------------------------------------------------------------------------38
Explication – la notion de classe sociale------------------------------------------38
Explication – la religion-------------------------------------------------------------38
Repérer ce paramètre dans la langue----------------------------------------------39
Repérer ce paramètres dans le contenu--------------------------------------------39
Exemple---------------------------------------------------------------------------------40
Analyse de la comparaison----------------------------------------------------------40

Continue page suivante

/conversion/tmp/activity_task_scratch/735809204.doc 29
Suite du contenu du chapitre …

LE CONTRÔLE DE L’INCERTITUDE------------------------------------------------------41
Définition-------------------------------------------------------------------------------41
Différence------------------------------------------------------------------------------ 41
Faces cachées du « contrôle de l’incertitude »-----------------------------------42
Explication – la tradition du gouvernement---------------------------------------43
Explication – la tradition religieuse------------------------------------------------43
Comment repérer ce paramètre-----------------------------------------------------43
Exemple---------------------------------------------------------------------------------44
LA FÉMINITÉ VS. LA MASCULINITÉ----------------------------------------------------45
Définition-------------------------------------------------------------------------------45
Différents penchants------------------------------------------------------------------45
Quels comportements son classés masculin ou féminin-------------------------45
Théorie vs. réalité---------------------------------------------------------------------45
Droits de la femme--------------------------------------------------------------------46
Esprit collectiviste vs. esprit civique-----------------------------------------------46
« Stress »------------------------------------------------------------------------------- 47
Attention !------------------------------------------------------------------------------47
Repérer ce paramètre dans les images---------------------------------------------47
Textes de type « féminin »------------------------------------------------------------47
Textes de type « masculin »---------------------------------------------------------47

Rappel : La bibliographie se trouve à la page 48

/conversion/tmp/activity_task_scratch/735809204.doc 30
Définition Différence – au Exemple du
niveau de la gouvernement
responsabilité
La Distance Hiérarchique

D’après Hofstede la distance hiérarchique se mesure à la perception que le


subordonné a du pouvoir de son chef, car sa représentation mentale de l’autorité
dont bénéficie son supérieur va déterminer son comportement. La distance
hiérarchique est donc précisément la perception du degré d’inégalité de pouvoir
entre celui qui détient le pouvoir hiérarchique et celui qui y est soumis. [2 : p.82]

Hofstede veut dire, en d’autres termes, que plus une personne est près du pouvoir
« décisionnel », plus la distance est courte. Mais cela sous entend aussi que la
personne qui prend une décision en est « responsable », une notion également très
importante. En effet, le degré de responsabilité personnelle que ressent un
américain dans n’importe quelle activité de la vie courante n’a pas de commune
mesure avec ce que peut ressentir un français. Ceci ne veut pas dire que les
français soient des personnes irresponsables, loin de là, c’est simplement que le
degré de responsabilité personnelle leur est moins sensible. En effet, ils sont
protégés (relativement, bien sûr) par l’autorité hiérarchique ou l’État Providence
mais en contrepartie ils doivent s’y soumettre. Le fait qu’il y ait autant de
fonctionnaires en France est un bon exemple. Personne ne peut rien contre un
fonctionnaire, et s’il commet une faute c’est son administration qui sera
responsable, à moins que l’administration ne rejette la responsabilité sur une autre
administration. Aux États-Unis, il y a peu de fonctionnaires par comparaison, et on
recherchera toujours le coupable en « personne », quoi qu’il arrive.

L’exemple le plus parlant est tout de même l’organisation des gouvernements. On


parle en France de « monarchie républicaine ». C’est le président ou le premier
ministre, selon la majorité, qui détiennent le pouvoir et ils jouissent d’une
immunité sans équivalent. Tout le monde convient aussi du fait que la France est
un pays centralisé par excellence, bien que certains politiciens œuvrent à changer
la situation. Le moment des soldes est un très bon exemple de la centralisation et
du pouvoir hiérarchique. En effet, la France est sans doute le seul pays au monde
où le gouvernement dicte les dates des soldes pour tout le pays ! Aux États-Unis,
le président a, en fait, un pouvoir très limité « dans » son pays, bien qu’il en ait
pour la politique étrangère – voir le problème Bush/Irak. En effet, ce sont les États
et les gouvernements locaux qui détiennent l’essentiel du pouvoir pour tout ce qui
concerne les citoyens américains. Chaque état a ses propres lois, son propre
système scolaire etc. et l’État Providence est quasiment inexistant. Bon nombre de
citoyens américains s’impliquent activement dans les décisions locales, ce qui
n’est pas vraiment le cas en France, où on a plus tendance à laisser faire celui qui
est élu.

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/conversion/tmp/activity_task_scratch/735809204.doc 31
Explication – au Sur la « laïcité »
niveau de la
religion
La Distance Hiérarchique, Suite

La responsabilisation de l’ « individu » est si omniprésente dans tous les aspects de


la vie courante aux États-Unis, que l’on pourrait dire que c’est cela qui anime les
américains. Mais comment en sont-ils arrivés là ? Il faut tout d’abord parler du
« Protestant work ethic ». Aux tout début de la colonisation, la majorité des
immigrants étaient des réfugiés religieux (surtout protestants) ou politiques. Dans
la plupart des religions protestantes*, le salut est une affaire entre un mortel et Dieu
sans intermédiaire, comme un prêtre. Il faut avoir la foi, mais il faut également
travailler dur car on n’est jamais sûr de son salut. Chaque personne doit pouvoir
lire et interpréter la bible, alors que dans la religion catholique on compte sur les
« experts » pour l’interpréter. Dans la religion catholique, il est également conseillé
de travailler dur et faire de bonnes œuvres, mais il suffit d’aller se confesser pour
être pardonné et pour, donc, gagner son salut. Comme le « contact » avec Dieu est
toujours direct pour un protestant on peut dire qu’ils ont une autorité intériorisée,
alors que pour un catholique l’autorité est représentée par la hiérarchie de l’église –
du prêtre de sa paroisse jusqu’au Pape en haut de la pyramide, et un commun
mortel n’est pas, pour ainsi dire, « responsable ».
Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si le protestantisme a commencé en Allemagne.
En effet, le pays n’a jamais connu de fortes monarchies centrales comme en
France. Le pouvoir a toujours été plus important au niveau des États, ou « Lände »,
et de fait, la responsabilité a été plus proche du peuple qu’en France. C’est
pourquoi les Allemands n’ont jamais accepté qu’il fallait être à la merci d’un pape
loin de leur pays et de leur réalité quotidienne.

Il est opportun de parler de la notion de laïcité, car tout français risque d’être
choqué par un quelconque lien entre religion et Etat. En effet, il y a une séparation
entre Etat et la religion, et jamais un homme d’Etat français ne prononcerait un
mot concernant sa religion ou Dieu, ce qui est tout le contraire des Américains, et
notamment avec Bush ! D’ailleurs aux États-Unis la séparation entre vie publique
et privée n’existe pratiquement pas.
Parler de religion publiquement serait considéré comme quasiment impudique pour
un Français. Néanmoins, cela ne veut pas dire que la religion catholique en France
n’a pas une influence sur le pays et la politique. Il y a tout de même une majorité
des Catholiques en France ce qui influent sur la conduite du gouvernement, par
exemple, le fait que les écoles gardent toujours le mercredi libre pour le
catéchisme. En revanche, aux États-Unis, même si un président parle de sa
religion, il se réfère à Dieu au sens commun de toutes les religions, et il fera tout
son possible contre la discrimination. On pourra remarquer lors de tout événement
important que les cérémonies commencent par une prière d’un pasteur, d’un prêtre,
d’un rabbin, et de plus en plus d’un imam.

Continue page suivante

*
NB : Ce n’est pas tout à fait vrai en Angleterre pour les Anglicans, voire les Calvinistes
qui croient que certaines personnes sont des « élues »
/conversion/tmp/activity_task_scratch/735809204.doc 32
Explication – au Repérer ce Repérer ce
niveau de paramètre dans paramètre dans
l’histoire les documents les documents
qui traitent de qui traitent les
la politique affaires et
l’éducation
La Distance Hiérarchique, Suite

Aux États-Unis, les immigrés ont toujours été, en grande partie, des réfugiés
politiques ; c’est ainsi que les premiers immigrants, mis à part quelques riches
anglais, fuyaient certaines monarchies et tout ce qu’elles représentaient,
notamment le pouvoir de la noblesse. La différence entre les classes sociales a
donc toujours été moins marquante qu’en France. En Angleterre aussi, d’ailleurs, il
y a l’ »aristocratie » et « les autres », même aujourd’hui.
Beaucoup d’immigrants venaient justement d’Irlande ou d’autres pays sous le
règne de la monarchie anglaise, et souffraient d’une grande pauvreté infligée par
les anglais. En arrivant aux États-Unis, ils voulaient surtout éviter une « noblesse »
dirigeante. Ainsi, la Constitution des États-Unis a établi la première démocratie,
élaborée de façon à éviter un pouvoir central trop puissant. C’étaient, et ce sont
encore, les états qui ont plus de pouvoir que le gouvernement fédéral – toute notion
de hiérarchie ayant été réduite autant que possible.

Nous avons déjà vu dans la « forme » d’un message, qu’en France le style est
toujours relativement formel alors qu’aux États-Unis il est plutôt informel et
familier. Dans quel type de contenu peut-on trouver des exemples qui illustrent la
distance hiérarchique ? Voyons d’abord les textes politiques. Tous les jours en
France, nous entendons une histoire ou une autre traitant de « l’intouchabilité » des
dirigeants, M. Chirac en premier. Nous pouvons comparer l’histoire Clinton-
Lewinsky, qui montre bien qu’un président américain peut être amené devant la
justice, alors qu’en France M. Chirac reste toujours intouchable. En France, il y a
également beaucoup d’actualités concernant les grèves et les revendications, alors
que ceci reste un phénomène relativement rare aux États-Unis. S’il y a autant de
grèves en France, c’est parce qu’un individu ne peut pas faire changer les choses,
les personnes doivent se regrouper pour faire front contre le gouvernement, alors
qu’aux États-Unis un individu peut s’adresser directement à son chef ou à ses élus
et ils essaieront de régler leurs problèmes ensemble.

Les exemples du même genre abondent dans le monde des affaires, et aux États-
Unis on entendra beaucoup d’histoires de « self-made men ». En fait, dans toute
organisation, qu’elle soit publique ou privée, la hiérarchie sera omniprésente en
France, alors qu’aux États-Unis nous entendrons des histoires d’individus « qui ont
fait la différence ». Par exemple, dans tout ce qui concerne l’éducation : en
France, on parlera de changements dans l’Éducation « Nationale », alors qu’aux
États-Unis, les articles concerneront plus les états ou des petits groupes de parents,
d’élèves ou d’enseignants.

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/conversion/tmp/activity_task_scratch/735809204.doc 33
Exemple –
articles de
presse
La Distance Hiérarchique, Suite

Regardons ces deux extraits d’articles concernant des problèmes dans le système
d’éducation. Les problèmes ne sont certes pas du même ordre, mais ils sont
néanmoins très parlants des différences dans la notion de distance hiérarchique.
Nous voyons dans la presse française que les problèmes reviennent à la
responsabilité du Ministre (du pays) et ces problèmes sont soulevés par voie de
grève. Aux États-Unis, il s’agit de problèmes qui concernent un état (dans le sens
des 50 états), voire une région, et chaque citoyen est concerné, car ce sont eux qui
financent directement les écoles, et qui prennent des initiatives personnelles pour
aider les plus pauvres en oeuvrant dans l’intérêt commun des deux communautés.

Les enseignants accentuent la pression après le succès de leur


grève
LE MONDE | 18.10.02 | 11h58
Khadra se sent trompée. Aide-éducatrice depuis 1998 dans une école primaire de
Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), elle arrive en fin de contrat en juin 2003.
"Après cinq ans de bons et loyaux services, on nous met dehors de manière
brutale, explique-t-elle. On est des bouche-trous". Khadra fait partie des 20 000
aides-éducateurs dont le contrat se terminera à la fin de l'année scolaire. En ce
jeudi 17 octobre après-midi, elle n'a pas hésité à braver la pluie pour participer à
la manifestation parisienne (10 000 personnes selon la police, 15 000 selon les
organisateurs) contre la politique du gouvernement en matière d'éducation. Et ce
n'est pas son problème, si, avec les emplois-jeunes, Luc Ferry récupère la gestion
d'un dossier initié par le gouvernement précédent…
The New York Times- October 30, 2002

Juggling 3 School Goals, Texas Trips


By RICHARD ROTHSTEIN
LANO, Tex. - MOST Americans want low taxes, good schools and equal access to
public education for the rich and the poor. Texas has pushed this combination
farther than any other state, but the three elements are contradictory. The Texas
system is about to implode, with lessons for other states (like New York) that will
later face similar crises.
Texas has one of the most egalitarian school finance systems in the nation:
Average spending varies between rich and poor districts by only about $600 per
student. This has been accomplished by limiting the property tax rate to no more
than $1.50 for every $100 of assessed valuation in rich and poor districts alike,
and by forcing rich districts to transfer some of their revenue to poor districts.
Texans call their school finance legislation, adopted in 1993, the Robin Hood law.

/conversion/tmp/activity_task_scratch/735809204.doc 34
Définition Différence
L’Individualisme vs. le Collectivisme

D’après Hofstede « les sociétés humaines diffèrent…entre elles, dans la relation


que les individus entretiennent avec les autres membres de la collectivité, et, …les
sociétés communautaires (ou collectivistes) valorisent le temps passé pour le
groupe…tandis que les sociétés individualistes valorisent le temps passé par les
individus pour leur vie personnelle. » [2 : p.123-4]

Hofstede décrit les orientations du continuum concernant l’organisation des


sociétés autour du groupe, qui peut être la famille, l’entreprise, ou certaines
catégories sociales etc., ou alors autour de l’individu. Très souvent ces notions sont
liées au paramètre de distance hiérarchique. En effet, aux États-Unis où la notion
de « responsabilité de soi » est très forte, il est évident que l’individu compte plus
sur lui-même que sur un groupe donné. Ceci ne veut pas dire qu’il ne s’occupe pas
du groupe, car au contraire les Américains sont, par exemple, beaucoup plus
impliqués dans les œuvres de charité que les Français. En France, où le
collectivisme est plus important, tout le monde est concerné par le bien être du
groupe, mais de façon plutôt indirecte. En effet, un français préfère que le
gouvernement s’en occupe, mais il sera d’accord (plus ou moins) pour lui céder
son argent afin qu’il le redistribue. Il faut toutefois noter que la France (classé
numéro 11) et les États-Unis (classé numéro 1 !) sont relativement proches (coté
individualisme) comparés à d’autres parties du monde telles que l’Afrique,
l’Amérique du Sud ou l’Asie.

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/conversion/tmp/activity_task_scratch/735809204.doc 35
Comment cette
différence se
traduit
L’IndividualismE Vs. le Collectivisme, Suite

Ces penchants sont visibles dans tous les aspects de la vie : au travail, au sein de la
famille, dans l’organisation du gouvernement, l’organisation de l’éducation…etc.
dont voici quelques comportements typiques tirés d’un tableau de G. Hofstede
[p.125] :

Collectivisme Individualisme
L’on naît pour prolonger une famille et Chacun doit s’occuper de lui-même et de sa
renforcer un clan qui nous protégera en famille proche. Aux E.U. les enfants sont
échange de notre fidélité. En effet, en France la responsables d’eux-mêmes plus tôt et s’occupent à
famille est beaucoup plus importante qu’aux un moindre degré des parents, ils peuvent
États-Unis, et de plus il est impossible de d’ailleurs être déshérités.
déshériter ses enfants.
L’identité est fonction du groupe social L’identité est basée sur l’individu. Aux États-
d’appartenance. Qu’on le croit ou non, les Unis, une personne est « identifiée » plutôt par ce
groupes sociaux sont beaucoup plus délimités et qu’elle fait, et non pas par ses origines, et les
fermés en France, et il y a toujours peu de marques d’appartenance à un groupe sont
mobilité sociale. Une étude récente montre, par quasiment inexistants. Par exemple, on ne pourra
exemple, que les enfants de médecins ont jamais deviner le niveau économique d’une
beaucoup plus de chance de devenir médecin, personne sur ses habits. Souvenez-vous de Sharon
alors que les enfants d’ouvriers agricoles Stone qui portait des habits « Gap » lors des
arriveront tout juste à obtenir leur Bac, ou Bac Oscars, alors qu’en France on fera toujours
pro, bien qu’il existe un système d’éducation référence à la haute couture en parlant d’actrices.
égalitaire.

Les avis, les agencements, les obligations, la L’autonomie, la vérité, les plaisirs et la sécurité
sécurité, sont fournis par le groupe. En effet, en financière individuelle sont renforcés par la
France, il y a l’assurance maladie, l’assurance société. On pourrait même ajouter la « sécurité »
chômage, les allocations familiales et ainsi de tout court pour les Américains, puisqu’ils ont le
suite. droit de posséder des armes pour se défendre ! Et
presque toutes les assurances « sociales » sont
évidemment aux frais de chacun.
Nous traitons différemment ceux qui sont dans Nous sommes censés traiter tout le monde de la
notre groupe et ceux qui n’en font pas partie même façon (universalisme). C’est peut-être un
(particularisme). En France il faut souvent point fort des américains dans le monde du travail,
choisir son « camp », et dès qu’il y a un conflit car ils sont capables de mettre de coté leurs
il est mal vu d’entretenir une relation amicale sentiments négatifs vis à vis d’un autre afin de
avec « l’ennemi » faire avancer le travail. Au lieu de « conflit », il y
a plutôt « confrontation », et chaque personne est
effectivement traitée de la même manière, c’est-à-
dire de façon directe.

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/conversion/tmp/activity_task_scratch/735809204.doc 36
Explication – Explication – la Repérer ce Repérer ce
l’esprit des famille paramètre dans paramètre dans
pionniers des documents les ouvrages
« sociaux » « self-help »
L’L’Individualisme vs. le Collectivisme, Suite

Si la France et les États-Unis sont relativement proches dans leur degré


d’individualisme, comme la plupart des pays riches d’ailleurs, le fait que les États-
Unis soient en tête est surtout la conséquence de la tradition des pionniers et de
l’organisation familiale britannique (les pays de culture anglo-saxonne se placent
dans les 6 premiers). En effet, les liens familiaux sont si faibles, que dans tous ces
pays on peut déshériter les enfants. Au début des Etats-Unis les conditions de vie
étaient si difficiles et si peu sûres, que la plupart des familles étaient décomposées
par la maladie, voire la mort, et les déménagements perpétuels. La seule façon de
survivre était d’être responsable de soi-même. Aux E.U. on parle souvent d’être
« self-reliant », c’est-à-dire de compter sur soi-même. L’entraide était également
très importante, d’où la notion très aiguë de responsabilité « civique ». Toutefois
cette aide n’avait rien à voir avec l’appartenance à un groupe – tout le monde
offrait son aide à tout le monde. Ce comportement de « pionnier » est devenu une
tradition réelle, et encore aujourd’hui les américains déménagent beaucoup, ont des
familles plutôt éclatées, mais restent généralement généreux avec les personnes
dans le besoin, que ce soit avec leur temps ou leur argent.

En France, il y a une très longue tradition centrée sur la famille. D’une part, la
grande majorité des français a toujours été catholique, ce qui veut dire souvent
avoir plus d’enfants par comparaison aux pays protestants. Ces enfants héritent de
façon égalitaire, et les terres et les biens restent dans la famille de génération en
génération. Les français ont donc plus de chance de rester dans une même
catégorie socio-économique. Une fois partis de la maison, ils tissent des liens
« familiaux » même au travail. On peut constater, par exemple, que les Français
changent rarement d’entreprise, alors que les Américains changent sans cesse car
ils ne ressentent aucun devoir moral envers leur employeur – c’est un
comportement normal, voire encouragé. Une personne qui reste très longtemps
avec une société pourrait presque être considérée comme faible.

Les comportements individualistes et collectivistes sont observables dans tout


article de presse concernant le domaine « social », tel que la politique sociale,
l’éducation, la santé, etc. C’est assez étonnant, d’ailleurs, pour les étrangers
d’entendre les Français appliquer le terme « social » aux mouvements de grève !
Dans d’autres pays, on considère les grèves comme étant plutôt une atteinte à la
liberté de l’individu.

Sur certains types de sites Web on peut aussi remarquer que les Américains
donnent plutôt des conseils afin que le lecteur se débrouille par lui-même, alors
que les Français donnent plutôt des liens vers l’autorité compétente. On peut aussi
remarquer, que ce soit sur le Web ou dans des livres, qu’il existe beaucoup de
documents qu’on appelle « self-help », c’est-à-dire « comment faire pour se
débrouiller soi-même », ou « do it yourself », « faire soi-même ».

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/conversion/tmp/activity_task_scratch/735809204.doc 37
Exemple Analyse de la
comparaison
L’L’Individualisme vs. le Collectivisme, Suite

Regardons les deux extraits d’articles concernant, indirectement, le système de


santé dans les deux pays.

Surenchère sur le prix du tabac


Le Figaro - Avec AFP [30 octobre 2002]
Les députés ont donné mardi un coup de pouce à l'augmentation du prix du tabac,
en alourdissant la hausse des taxes prévue dans le projet de loi de financement de
la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2003, qui devait déjà entraîner une augmentation
de 15% du prix des cigarettes.…
La hausse permettra d'accroître les recettes de l'État de plus d'un milliard d'euros,
qui était le produit initialement prévu. 700 millions d'euros seront alloués à la
Caisse nationale d'assurance maladie (CNAM) et 300 millions au Forec (fonds de
financements des exonérations de charges essentiellement liées aux 35 heures). Au
total, près de 85% des produits de la taxe sur les tabacs seront affectés au Forec,
contre plus de 90% en 2002.

Hospitals Battle For-Profit Groups for Patients


By REED ABELSON October 30, 2002 – The New York Times
As doctors in some of the most lucrative fields of medicine rush to invest in upstart
specialty hospitals, community hospitals around the country are striking back by
stripping the defectors of medical privileges or setting up physician groups to
compete against them.
The raw battle for profitable patients is unraveling longstanding relationships,
setting doctors against doctors and pitting health care entrepreneurs against
established institutions.
The rebellious doctors, seeking new ways to make money in an era of falling
reimbursements, are joining with a number of small companies to build hospitals
specializing in fields like orthopedics, cardiology and oncology and sending their
patients to the new facilities.…
The doctors who are building the hospital, New Albany Surgical, say that they are
simply trying to offer their patients the best care. "In order to gain control over
how a hospital is run, you have to be an investor," said Dr. Carl Berasi, an
orthopedic surgeon who has practiced in Columbus for 18 years. "What's good for
patient care is we all compete for patients."

Dans l’article français il paraît tout naturel pour l’État de prélever une taxe sur les
cigarettes pour financer le déficit de la sécurité sociale, aux États-Unis on peut voir
que la santé est réellement une entreprise dépendant des règles de concurrence – ce
qui est sûrement très choquant pour un Français.

/conversion/tmp/activity_task_scratch/735809204.doc 38
Définition Ne pas Différence – Différence – la
confondre l’appartenance à mobilité des
une « famille » appartenances
en France aux États-Unis
Faire vs. Être, ou Orientation « action » vs.
orientation « personne »

Il s’agit à la fois de la façon dont on identifie ou juge une personne (selon ses actes
ou selon des critères socials) et la façon dont une personne aborde la vie, et
notamment le travail. (voir Stewart et Bennett [12])

Ces paramètres concernent la façon d’identifier une personne et ne sont pas à


confondre avec l’individualisme ou le collectivisme. En effet, on pourrait penser
qu’une orientation « personne » correspond à l’individualisme, alors que c’est tout
le contraire pour les États-Unis. Pour les américains, ce n’est pas « qui vous êtes »
qui compte, mais « ce que vous faites », alors que c’est un pays très individualiste.
En France, en revanche, c’est « ce que vous êtes » (au sein d’un groupe) qui est
plus important que vos actions. On pourrait même dire que le groupe fait partie
intégrante de l’identité d’un français.

On comprend facilement comment on peut identifier une personne par ce qu’elle


fait, mais que voulons nous dire par « ce qu’elle est » ? À la naissance, nous
sommes la fille ou le fils d’un membre de la communauté : du médecin, du
boulanger, des agriculteurs, etc. On naît, donc, dans une certaine classe socio-
économique, et ces classes sont beaucoup plus constantes en France qu’aux États-
Unis. La valeur des études en France est aussi plus importante : ce qui compte en
France est plus le diplôme (voire le nom de l’école), mais aux États-Unis et à un
certain degré en Grande Bretagne( sauf pour l’aristocratie qui va à Cambridge et
Oxford) c’est plus votre expérience et votre comportement. Par exemple, un
collègue agrégé s’est rendu en Angleterre pour une mission avec un partenaire
anglais. Il s’est présenté en disant qu’il était agrégé…de l’École Normale
Supérieure…etc. Le partenaire anglais a immédiatement téléphoné à son
responsable en France pour demander, « Mais est-ce qu’il sait faire quelque
chose ? ».

En France, il y a donc certaines signes extérieurs qui identifient la personne : sa


classe sociale (plus visible qu’aux États-Unis, et généralement depuis plusieurs
générations), ses diplômes, son travail et/ou le poste qu’il occupe, sa tendance
politique, même sa paroisse.
Aux États-Unis, on est moins concerné par les classes sociales, et il y a un
véritable brassage. Par exemple, les élèves d’une école sont beaucoup plus
hétérogènes en ce qui concerne les origines ethniques et les niveaux socio-
économiques, et la pratique des sports d’équipe est très importante. C’est justement
le lieu de brassage par excellence, où le fils de médecins blancs et de policiers
noirs (et les parents !) se rencontrent pour s’amuser ensemble. Sur un CV, il vaut
mieux développer ses expériences, pratiques ET sociales, ainsi que ses motivations
– les diplômes viennent en dernier. D’autre part, on vote plus facilement pour un
candidat qui fait du bon travail que pour un certain parti politique. Enfin, on
change facilement d’église, de travail, de club. On peut même dire que c’est une

/conversion/tmp/activity_task_scratch/735809204.doc 39
« société » basée sur le « club », voire des entités qui se groupent ou se regroupent
autour d’une activité commune.

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/conversion/tmp/activity_task_scratch/735809204.doc 40
Exemple Explication – la Explication – la
notion de classe religion
sociale
Faire vs. Être, ou Orientation « action » vs.
orientation « personne », Suite

Attention toutefois, aux États-Unis l’argent est très important, comme beaucoup le
savent. Être riche n’est pourtant pas synonyme d’une certaine classe sociale.
Regardez ce titre et début de texte du New York Times dans le supplément du
Monde du 19 janvier 2003 :

America is Wealthy, but who are the rich ? by David Leonhardt


They have become the most discussed social group in the United States. Yet few
people acknowledge being a member, and there is little agreement about what
qualifies one for inclusion.

Cet article explique que, pour les américains, il y a une grande différence entre
ceux qui sont nés riches et ceux qui le sont devenus grâce à leur travail – grâce à ce
qu’ils font - et on ne fera jamais de reproches à un nouveau riche, car sa fortune est
basée sur son mérite. Comparez un exemple suivant en France (un peu extrême,
mais vrai): un jour, une femme de ménage de l’UTC est arrivée avec une grosse
Mercedes noire, toute neuve. L’interprétation typique des collègues français :
« elle est femme de ménage, elle doit donc faire un travail illicite sur le coté, ou
alors elle a gagné au loto.» Les personnes sont ainsi « identifiées socialement » par
le travail qu’elles font, et si elles réussissent financièrement c’est souvent
considéré comme « louche ». L’activité professionnelle est stigmatisée en France,
il est donc difficile de se défaire d’une marque qui est une partie intégrante de
l’identification de l’être. Aux États-Unis, changer radicalement de métier est
relativement facile, et même valorisé, car cela donne des d’expériences diverses, et
réussir par le travail dur est félicité.

Aux États-Unis, la plupart des américains descendent d’immigrants récents, qui


étaient pour beaucoup pauvres en arrivant, et qui sont rapidement devenus assez
riches en travaillant. Peut-être descendaient-ils d’une certaine classe sociale, mais
arrivés aux États-Unis ils se sont vite fondus dans la masse. En France, les classes
sociales sont stables depuis longtemps, ainsi que les noyaux familiaux solides, il
est donc plus difficile de s’identifier autrement, bien que les différences
s’estompent continuellement.

Encore une fois, la religion est très importante, car le Protestantisme * enseigne
qu’il faut travailler dur car le salut n’est pas sûr, et on est tout seul face à Dieu.
C’est également très important de montrer à la communauté en général, son
courage au travail et une bonne conduite civique. En France il est plus important
de faire honneur à son groupe d’appartenance, que ce soit l’église, le travail, la
famille ou le cercle d’amis.

*
Ici on parle de la plupart des religions protestantes aux Etats-Unis, et non pas des
Anglicans ou Calvinistes en Angleterre
/conversion/tmp/activity_task_scratch/735809204.doc 41
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/conversion/tmp/activity_task_scratch/735809204.doc 42
Repérer ce Repérer ce
paramètre dans paramètres
la langue dans le contenu
Faire vs. Être, ou Orientation « action » vs.
orientation « personne », Suite

C’est assez curieux mais ce paramètre est visible dans la langue même, car si vous
regardez bien les titres dans un journal, ou si vous analysez le texte, vous
trouverez beaucoup plus de verbes, et de plus des verbes actifs. Dans les titres
français les verbes sont souvent absents, passivés avec le verbe « être », ou alors
nominalisés (-tion). Nous voyons donc, que c’est surtout l’action qui compte dans
un texte anglais. Comparez les 3 premiers titres de la première page du New York
Times et de Le Monde du 14 janvier 2003, et notez l’absence de verbe en français
(les verbes sont soulignés en anglais) :
The New York Times Le Monde
 To US, Onus* is on Hussen  Côte d’Ivoire : Accord de paix
sur fonds de combats
 Bush’s backing, though still
strong, shows steady decline  Giovanni Agnelli : le seigneur
des patrons
 Bush may link drug benefit in
Medicare to Private Plans  Les embarras du gouvernement
(concernant la fermeture
* onus = responsabilité
d’usines telles que Métaleurope
ou Daewood)

Dans le contenu, vous trouverez beaucoup plus d’articles concernant le « human


interest » aux États-Unis, c’est-à-dire des histoires de personnes sans importance
qui ont fait quelque chose de remarquable. Même au cinéma, le thème gagnant des
films à succès est souvent l’histoire d’une personne sans importance qui devient un
héros (par exemple Forest Gump, un « simple d’esprit »). En France, les articles
sont le plus souvent au sujet de personnages connus, et le cinéma regorge de films
sur des personnages historiques. On parle même plus souvent de cinéma d’auteur,
car en effet, l’auteur est plus important que l’œuvre. Du coté juridique, on peut
aussi remarquer la grande différence entre « le droit d’auteur » en France et le
« copyright » aux États-Unis. En effet, en France un auteur restera toujours le
propriétaire et maître de son œuvre, mais aux États-Unis l’auteur peut facilement
céder ou vendre les droits de son œuvre : ce qu’il a fait est donc monnayable et
dissociable de sa personne.

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/conversion/tmp/activity_task_scratch/735809204.doc 43
Exemple Analyse de la
comparaison
Faire vs. Être, ou Orientation « action » vs.
orientation « personne », Suite

Regardons ces deux « résumés » du même livre « In the Pursuit of Happiness » par
Douglas Kennedy sur le site de amazon.fr et amazon.com (américain). Il y a
évidemment d’autres descriptions du livre, mais ce sont les deux premiers qui
doivent attirer l’attention des lecteurs.
Le nouveau roman de Douglas Manhattan, Thanksgiving eve, 1945.
Kennedy, très attendu des nombreux The war was over, and Eric Smythe’s
lecteurs conquis par ses trois premiers party was in full swing. All his clever
livres, "Cul-de-sac"(Gallimard/Série Greenwich Village friends were there.
noire), "L'Homme qui voulait vivre sa So too was his sister Sara -- an
vie" et "Les Désarrois de Ned Allen" independent, canny young woman, start-
(Belfond). Il déploie ici son talent de ing to make her way in the big city. And
conteur sur un terrain plus vaste, des then in walked a gatecrasher, Jack
années noires du Mc Carthysme Malone -- a U.S. Army journalist just
américain à nos jours. Portraits de deux back from a defeat-ed Germany, and a
femmes, roman d'amour sur les choix et man whose world-view did not tally
la destinée, sur la quête inlassable du withthat of Eric and his friends. Set
bonheur et la trahison. amidst the dynamic optimism of postwar
New York and the subsequent nightmare
of the McCarthywitch-hunts, The
Pursuit of Happiness is a great tragic
love story; a tale of divided loyalties,
decisive moral choices, and the random
workings of destiny.

Dans le texte français le plus important est la notoriété de l’auteur avec une brève,
et très globale, description de l’histoire. En d’autres termes le message est, « si
vous connaissez et appréciez déjà cet auteur, vous aimerez ce livre ». Dans le texte
américain, nous sommes immédiatement propulsé dans l’histoire avec aucune
mention de l’auteur, afin de voir si ce genre d’histoire nous plairait. On peut
trouver des contre-exemples, mais le plus souvent les français s’identifieront avec
l’auteur (une personne) et les américains plus avec l’histoire (l’action) - mêmes les
descriptions qui parlent de l’auteur parleront plus de sa démarche que de sa
personne.

/conversion/tmp/activity_task_scratch/735809204.doc 44
Définition Différence
Le contrôle de l’incertitude

Le degré de contrôle (collectif) de l’incertitude indique le niveau d’anxiété d’une


société face à l’avenir, voire face à la liberté. Voir Hofstede [2 : p. 101]

Ce paramètre concerne le degré d’appréhension qu’une société peut avoir de


l’avenir, voire de la liberté ou de l’inconnu. En effet, l’inconnu peut faire très peur
à certains ou alors être vu comme stimulant et excitant pour d’autres. Regarder
« l’approche collective de l’avenir » d’une société [2 : p.102] est donc une autre
façon de comprendre les différences interculturelles. Une société qui a peur de
l’incertitude va donc essayer de la contrôler de différentes manières afin de se
sentir en sécurité, alors qu’une société qui n’a pas peur de l’inconnu aura un
comportement plutôt « intrépide », n’ayant pas peur de prendre des risques.

Il est n’est pas étonnant que les États-Unis se trouvent à l’extrême de l’échelle
tendant vers une « faible contrôle de l’incertitude », mais on peut se demander
pourquoi la France est placée à l’autre extrême, très élevé en « contrôle de
l’incertitude ». En effet, la plupart des pays qui ont peur de l’incertitude sont
plutôt des pays pauvres ou ayant des gouvernements instables, alors que la France
est un pays riche avec une démocratie stable.

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/conversion/tmp/activity_task_scratch/735809204.doc 45
Faces cachées
du « contrôle de
l’incertitude »
Le contrôle de l’incertitude, Suite

Afin de mieux comprendre, on peut regarder les comparaisons de comportements


entre les États-Unis et la France selon les critères de Hofstede :

France Etats-Unis
La stabilité dans l’emploi est favorisée. Il n’y a, pour ainsi dire, aucune
Non seulement le travail est-il très protection sociale pour les employés, et
réglementé pour protéger les employés, il est plutôt bien vu d’avoir beaucoup
mais il est aussi mal vu de changer trop d’expériences diverses. La mobilité est
souvent d’entreprise. très valorisée.
De façon générale il y beaucoup de lois, Il y a TRÈS PEU de lois et de rapports
règles, rapports écrits etc., tellement écrits, c’est la parole qui compte. On
qu’on pourrait imaginer que les lois pourrait imaginer les lois se tenant dans
constituent un encyclopédie. un petit dictionnaire (la situation est
identique en Angleterre)
La France est N°1 pour la Les États-Unis sont en tête pour la
consommation d’anti-anxiolytiques consommation des stimulants.
(l’UK aussi)
Les maisons et d’autres biens de Les maisons sont en bois et le
consommation sont construites pour renouvellement des biens est le plus
durer. rapide du monde.
Les grands philosophes (par ex. En Angleterre et aux États-Unis, on
Descartes) pensaient que des vérités applique une logique empirique voire
absolues existent et qu’il suffit intuitive et pragmatique, plusieurs
d’appliquer des théories. solutions sont toujours possibles.
Il y a des « experts ». Il y a des « spécialistes », mais en aucun
cas un « expert ».
Le pays souhaitent que les immigrés On accepte (en Angleterre aussi) que les
s’intègrent. immigrés restent différents, c’est même
plutôt un atout.

Qu’est-ce que tous ces comportements ont en commun ? En regardant bien, on


pourrait penser qu’en France on veut croire qu’il existe des absolus, et les absolus
sont très sécurisants. Aux États-Unis, et en Angleterre, on pense que rien n’est sûr,
stable, durable etc. et on réagit avec pragmatisme.

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Explication – la Explication – la Comment
tradition du tradition repérer ce
gouvernement religieuse paramètre
Le contrôle de l’incertitude, Suite

Il y a principalement deux raisons historiques pour les différences entre les deux
pays : la tradition gouvernementale et la religion. En France, il y avait une
monarchie absolue, donc une seule personne « experte » à qui tout le monde se
soumettait afin d’être protégé en retour. Cette monarchie a été suivie de deux
siècles de démocratie régie par des constitutions écrites, très rigides. Pour changer
de constitution, il fallait une révolution, ou tout au moins il fallait recommencer à
zéro pour en rédiger une nouvelle. Aux États-Unis et en Angleterre, les
constitutions durent depuis beaucoup plus longtemps, et sont relativement courtes
et très flexibles (il est relativement facile d’y apporter des amendements). La
flexibilité et le manque de règles laissent de plus grandes libertés et responsabilité
à l’individu, qui doit donc prendre des risques, et qui ne sera pas nécessairement
protégé. En effet, depuis le temps des pionniers, les Américains ont toujours
appris à prendre des risques et à ne compter sur personne pour les protéger.

La religion joue aussi un rôle dans la mesure où « Catholicisme » est synonyme


d’« universalisme ». Encore une fois, il y a la notion d’unique ou d’absolu, ce qui
conduit à une sensation de sécurité, d’autant plus que le salut est plus sûr dans la
religion catholique grâce au rite de confession. Le protestantisme, en comparaison,
englobe finalement beaucoup de religions chrétiennes, et il encourage la
responsabilité de soi. Le salut est beaucoup plus précaire.

Le moyen le plus simple de remarquer ces différences serait de comparer des lois,
ou simplement le nombre de lois qui réglementent chaque pays. Par exemple, en
France, nous avons des conventions collectives pour réglementer les différents
métiers, et aux États-Unis, quand elles existent, ce ne sont que des accords très
courts et plutôt imprécis. Même dans la rédaction de procédures de qualité, les
Américains et les Britanniques préfèrent rester le plus vague possible, à moins que
ce ne soit à leur profit d’être, au contraire, très explicites. En effet, en France
chaque salarié a un rôle et des responsabilités précis dans la hiérarchie (voir
« Distance Hiérarchique ») par laquelle il est protégé, et aux États-Unis les salariés
sont censés prendre des initiatives, voire des risques, et être entièrement
responsables de la tâche qu’ils entreprennent – leur voie n’est pas toute tracée.

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Exemple
Le contrôle de l’incertitude, Suite

Comparez ces deux pages Web qui font partie des sites pour la recherche d’emploi
Monster aux États-Unis et en France. Les deux traitent des problèmes de gestion
d’équipe, avec souvent les mêmes soucis et les mêmes conseils, mais il y a tout de
même certaines différences. Les français sont préoccupés par: «les procédures
disciplinaires », « comment communiquer » avec son supérieur (problème de
distance hiérarchique) et « comment diriger des employés plus âgés », qui
montrent qu’il y a certaines traditions et règlements bien ancrés qui les protègent
dans leur position. En regardant la page américaine on peut remarquer que : la
diversité, les risques, la responsabilisation de soi et le besoin de « faire bouger les
choses » sont valorisés.

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Définition Différents Quels Théorie vs.
penchants comportements réalité
son classés
masculin ou
féminin
La Féminité vs. la Masculinité

D’après Hofstede il s’agit de la répartition sexuelle des rôles dans une société [2 :
p.137] mais il classifie aussi certains comportements sociaux sur un continuum
masculin-féminin.

Ce paramètre examine comment les différents rôles sont distribués dans la société
selon les sexes, et permet de classer certains comportements et valeurs selon une
échelle masculin-féminin. Parfois ce classement paraît peu clair, car on peut se
demander pourquoi certains comportements seraient plus masculins ou féminins,
ce que nous verrons plus tard. En fait, selon l’étude d’Hofstede, la France a un
penchant « féminin » et les États-Unis, plutôt masculin, mais les deux sont, en fait,
relativement proches, et on peut dire que pour certains aspects leur classement
masculin-féminin est inversé. Il est tout de même intéressant de regarder quels
types de comportements sont analysés.

De façon générale, d’après Hofstede, les pays masculins sont marqués par le fait
que : les rôles entre homme et femme ne se chevauchent pas et ne sont pas
interchangeables ; l’argent et la réussite sont très importants ; les gens (surtout les
hommes) sont plus nerveux et agressifs ; et les entreprises sont plutôt de grande
taille. Dans les pays féminins : les rôles des hommes et des femmes sont
interchangeables ; le bien-être et l’aide aux plus faibles sont plus valorisés que le
succès personnel ; il y a moins de tension ; et le « small is beautiful » (ce qui est
« petit » est préférable). On pourrait poser la question de savoir si la femme dans
un pays plutôt « macho » n’est pas plus féminine, alors que dans un pays où il y a
un fort mouvement de libération de la femme, les femmes ne sont-elles pas
devenues justement plus masculines ?

Bizarrement, si nous regardons la première différence concernant les rôles, la


France, en tant que pays Latin, paraît plus masculin car il est beaucoup plus rare de
voir un homme prendre un congé pour élever son enfant à la place de sa femme, et
il est encore plus rare de voir les hommes faire le ménage, alors qu’aux États-Unis,
cela se produit souvent. Il est vrai qu’il existe plus de lois qui permettent aux
français de prendre des congés de paternité, mais le fait qu’il est plus difficile de
trouver du travail conduit peut-être peu d’hommes à en profiter, surtout s’ils sont
dans le secteur privé. Il y a également plus d’écarts dans les salaires entre hommes
et femmes en France.

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Droits de la Esprit
femme collectiviste vs.
esprit civique
La Féminité vs. la Masculinité, Suite

Les droits de la femme sont aussi intéressants à comparer. En France, les mères de
famille ont droit à plus de congés de maternité et d’allocations de garde, etc., alors
qu’aux États-Unis, ils sont très limités. Depuis peu, certaines entreprises accordent
environ deux semaines à un mois sans perte de poste lorsqu’une femme doit
accoucher ! D’un autre coté, les Américaines ont beaucoup plus de droits et de
pouvoir dans le monde du travail – le mouvement de libération de la femme n’a
jamais été aussi fort que dans ce pays. Par exemple, une femme ne peut être exclue
d’un travail normalement réservé aux hommes pour des raisons physiques. Les
« chauffeuses » d’énormes semi-remorques et les travailleuses aux marteau-
piqueurs abondent ! Les exclure de ce genre de poste amènerait une entreprise
droit devant la justice pour cause de discrimination. Est-ce que ces exemples
prouvent pour autant qu’un pays est plus ou moins masculin ou féminin ? Les
françaises paraissent plus féminines et les américaines plus masculines, mais selon
les critères de Hofstede, dès lors que les rôles sont interchangeables, voire
indifférenciés, un pays devient plus féminin, ce qui voudrait dire que les États-Unis
sont plus féminins que la France.

Il semblerait que si la France a été notée plus féminine, c’est sans doute parce qu’il
s’agit d’une société collectiviste et plus orientée vers la « personne », alors que les
États-Unis sont plus individualistes et orientés vers l’ « action » et le succès. Mais
que dire du critère de « l’aide aux plus faibles et démunis ? » En France, il y a
beaucoup plus d’aides « officielles » pour les pauvres – tout le monde a doit à un
minimum pour survivre. Aux États-Unis on doit, au contraire, travailler ou
« mourir », mais cela ne veut pas dire que les faibles sont laissés pour compte. Il y
a, en fait, un système de charité parallèle, mais non-officiel, donc difficile à
chiffrer – et ce système est basé sur l’esprit civique. Ce système est même soutenu
indirectement par l’Etat qui accorde d’importants abattements fiscaux aux
donateurs charitables. Encore une fois, les Américains préfèrent choisir à qui faire
don de leur argent (et même de leur temps) plutôt que de donner cet argent à l’état
pour une redistribution, car c’est un pays à courte distance hiérarchique. En fait, les
Américains donnent sûrement en moyenne autant d’argent que les français qui
participent par prélèvement direct sur leur salaires. Il ne faut pas non plus oublier
que les lois contre la discrimination sont beaucoup plus contraignantes aux États-
Unis. Dans le terme « exclus », outre les minorités raciales ou ethniques, on inclut
aussi les handicapés (beaucoup mieux traités aux États-Unis, comme dans tous les
pays d’Europe du Nord), les femmes, les personnes âgées, etc. Par exemple, les
lois concernant les handicapés sont beaucoup plus strictes. Des bâtiments comme
l’UTC, dépourvus d’accès pour les handicapés, ne pourraient jamais exister aux
États-Unis.

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/conversion/tmp/activity_task_scratch/735809204.doc 50
« Stress » Attention ! Repérer ce Textes de type Textes de type
paramètre dans « féminin » « masculin »
les images
La Féminité vs. la Masculinité, Suite

Enfin, la mesure des taux de stress et de bien-être ne nous permet pas non plus de
dire que la France soit plus féminine. Il est bien connu que la France est numéro un
pour la consommation d’anti-anxiolitiques (…pour se calmer) ! Aux États-Unis les
personnes ont plutôt besoin de stimulants. Il semblerait que l’importance du bien-
être soit toutefois plus marquée en France, avec les cinq ou six semaines de congés
et les 35 heures. En fait, aux États-Unis une personne s’estime heureuse d’obtenir
deux semaines de congés annuels, mais bizarrement, ils ne s’en plaignent pas –
peut-être sont-ils moins fatigués ? Ils trouvent même que c’est dommage de partir
en retraite et beaucoup préfèrent travailler jusqu’à 70 ans.

Ce paramètre est donc assez difficile à manipuler, car la définition donnée par
Hofstede est discutable sur certains points, mais les places respectives de la femme
et de l’homme dans une société sont tout de même révélatrices de différences. En
revanche, mesurer les penchants masculins-féminins est un exercice assez
périlleux.

On peut tout d’abord regarder des images et des photos. En France, on remarquera,
par exemple dans la mode, que les femmes et les hommes restent bien cantonnés
dans leurs rôles, selon les bons principes latins. Aux États-Unis il y a davantage de
photos de femmes « en tenu de combat » avec baskets et pantalon, et souvent en
pleine action avec une certaine masculinisation de la femme.

Les types d’articles à tendance féminine, que l’on pourrait trouver, présentent par
exemple, les femmes qui réussissent, l’aide aux plus faibles ou démunis, ou l’art de
vivre. Il y aura davantage d’articles concernant les réussites féminines dans la
presse américaine. En ce qui concerne l’aide aux « faibles et démunis », on
trouvera beaucoup de lecture dans les deux pays, mais leur nature est très
différente : en France, ce sont des articles concernant plus des systèmes
« officiels » d’aide (à l’exception des « Restaus du Cœur »), et aux États-Unis des
« human interest stories », ou des histoires de mécènes ou d’individus qui prennent
des initiatives en matière d’aide sociale. Enfin, pour le bien être, il suffit de
compter le nombre d’articles concernant la nourriture et la gastronomie en France !
Il n’y a pas de revues, même de sport ou de télévision, sans de bonnes recettes !

Des contenus plutôt masculins, traiteraient plutôt de l’argent et de succès. Il y a


évidemment ce type de lecture dans les deux pays, mais aux États-Unis ce serait
plutôt orienté vers le « comment réussir ? » Pour ce genre de comparaison, il est
plus intéressant de regarder les revues et les journaux dans leur intégralité, afin de
quantifier ces types d’articles par catégorie.

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Bibliographie

1. Asselin, Gilles et Mastron, Ruth, Au Contraire ! Figuring out the French,


Yarmouth, Maine (USA), Intercultural Press, 2001.

2. Bollinger, Daniel et Geert Hofstede, Les différences culturelles dans le


management ; comment chaque pays gère-t-il ses hommes ?, Paris, les
Editions d’Organisation, 1987.

3. Geoffroy, Christine, La mésentente cordiale, Paris, Grasset et Le Monde


de l’Education, 2001.

4. Hall, Edward T. et Mildred Reed Hall, Guide du Comportement dans les


affaires internationales ; Allemagne, États-Unis, France, Paris, Seuil,
1990.

5. Hall, Edward T. et Mildred Reed Hall, Understanding Cultural Differences


: Germans, French and Americans, Yarmouth, Maine (USA), Intercultural
Press, 1990.

6. Hall, Edward T., Beyond Culture, Garden City, NY (USA), Anchor Books,
1977.
Traduction française : Hall, Edward T., Au-delà de la culture, Paris, Seuil,
1979.

7. Hall, Edward T., La dimension cachée, Paris, Seuil, 1971.

8. Hall, Edward T., Le langage silencieux, Paris, Seuil, 1984.

9. Hall, Edward T., La danse de la vie, Paris, Seuil, 1984.

10. Hofstede, Geert, Vivre dans un monde multiculturel, Paris, Les Éditions
d’Organisation, 1994 (traduit de Cultures and Organisations Software of
the mind Intercultural Cooperation and its Importance for Survival, Mc
Graw-Hill International, 1991).

11. Pateau, Jacques, Une étrange alchimie ; la dimension interculturelle dans


la coopération franco-allemande. Levallois-Perret, CIRAC, 1998.
12. Stewart, Edward & Bennett, Milton, American Cultural Patterns – A
Cross-cultural perspective, USA, Intercultural Press, 1991.

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