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HORS-SÉRIE N° 48

LA CARTOGRAPHIE M 04698 - 48H - F: 6,50 E - RD


ÉLECTRONIQUE
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HORS-SÉRIE N° 48

Comprendre et utiliser la
Cartographie
électronique

Les différents types de cartes,


les ordis, les tablettes,
les logiciels...

Lire la carte, préparer


sa navigation, tracer une route,
naviguer avec du courant...

Tirer profit
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35063 Rennes Cedex.
E-mail : redaction@voilesetvoiliers.com
La cartographie à la folie
Web : www.voilesetvoiliers.com
Abonnements : 03.44.62.43.58.

Voiles et Voiliers est édité par SERNAS SAS,


capital 1 338 000 €.
Président, directeur de la publication :
Jean-Paul Boucher.
Directeur délégué : Pierre Lavialle.
Secrétaire générale : Véronique Le Troadec.
Associé unique : INFOMER.
Secrétaire général : Jean-Marie Biette,
responsable des rédactions du pôle mer
du groupe Ouest-France.
Directeur du développement : Marc Le
Guillou.
Directrice financière : Martine Le Rouzic.

RÉDACTION
Rédacteur en chef : Didier Ravon.
Rédacteur en chef adjoint : Loïc Madeline.
Secrétaire de rédaction : Marie Carof-Gadel.
Direction artistique : Marine Cau.
Chef de fabrication : Ghislaine Cardin.
Mise en page PAO et conception publicitaire :
Céline Gaudin, Morgane Derderian,
Tanguy Blanchard.

Coordination éditoriale : Bruno Clement.


Textes : Jérôme Brillant, Bruno Clement.
Photos : Jean-Marie Liot.

Jean-Marie Liot
Hors-série réalisé en partenariat avec l’école de
voile des Glénans.

PROMOTION-DIFFUSION
Responsable promotion : Amandine Larra-
gnague.
Assistante de la promotion : Séverine Martin.

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PUBLICITÉ es regarder, c’est déjà naviguer. Les rêver. C’est déjà formidable de pouvoir
Directeur de la publicité : Patrice Lindet cartes sont indissociables de la pra- consulter sa carte avec un ordinateur,
(06.07.56.41.74).
Directeur de clientèle : Philippe Engel tique de la voile. A terre, elles nous une tablette ou un smartphone. Mais la
(06.07.11.01.85).
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incitent au rêve, en mer, elles nous pré- cartographie électronique offre beau-
Nadine Reinhard (06.07.11.48.35) servent des dangers. On connaît des coup plus de possibilités qu’une simple
et Dominique Ledez (06.07.10.84.40).
Distribution : SAS Presstalis, marins qui conservent jalousement lecture : pouvoir se situer, voir la marée,
30 rue Raoul-Wallenberg,
75931 Paris Cedex 19.
leurs cartes, même et surtout, usées, les courants ou les fichiers de vent, esti-
Marchands de journaux : SIP, M. Ribaux, vieillies, fatiguées. Enfant, on a long- mer son heure d’arrivée ou visualiser
01.42.36.80.91.
Chromie : Encre Pixel. temps cherché la carte au trésor avant son angle de remontée au vent. C’est
Imprimerie : IPS, 27120 de comprendre un peu plus tard que le à cette découverte que nous vous invi-
Pacy-sur-Eure. Imprimé en France.
Dépôt légal mai 2015. trésor, c’était la carte. Dans un monde tons, pour tirer le meilleur profit de ces
Commission paritaire n° 1016 K 80845. où le virtuel devient la norme, la carte technologies qui ne sont pas la réponse
a une longueur d’avance : elle n’a tou- à tous nos soucis mais peuvent nous
jours été qu’une représentation du réel. aider à mieux naviguer. Pour être sûr de
Toute reproduction, même partielle, des textes et La plus précise possible, la plus riche rester dans le concret, de ne pas éluder
illustrations est interdite sans accord préalable.
La revue Voiles et Voiliers n’est pas responsable d’informations vérifiées, de cotes mesu- les questions simples et refuser les évi-
des textes, dessins, photos et illustrations qui lui
sont envoyés sous la seule responsabilité de leurs
rées, mais il ne s’agissait jamais que dences, nous avons coécrit ce hors-sé-
auteurs. Les citations de marques et les adresses
qui figurent dans les pages rédactionnelles sont
d’une image. Autant dire que la carte rie avec nos amis de l’école de voile des
données à titre d’information, sans aucun but pu-
blicitaire. Les noms, prénoms et adresses de nos
marine s’est glissée sans peine dans Glénans. Parce que sur écran, comme en
abonnés sont communiqués à nos services inter-
nes et aux organismes liés contractuellement
les plus beaux programmes informa- mer, le partage d’expérience est encore
avec Voiles et Voiliers, sauf opposition. Dans ce tiques. Et chacun de nous peut trouver, la meilleure des pédagogies.
cas, la communication sera limitée au service de
l’abonnement. Les informations pourront faire sur un écran, les îles, les mouillages, les
l’objet d’un droit d’accès ou de rectification dans
le cadre légal. routes, qu’il affectionne ou qui le font Loïc Madeline

HORS-SERIE N°48 - 3
Les outils
modernes
8

La cartographie
à la folie
3
Hors-série
Voiles et Voiliers Les outils modernes

La carte marine
Comprendre et utiliser la La carte raster . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10

Cartographie
La carte vectorielle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12

Raster ou vectorielle. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14

Cartographie participative. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16

électronique La carte et son contexte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17

Les écrans à bord


quel matériel embarquer ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
quel logiciel choisir ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23

Édito : La cartographie à la folie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3

Photos de couverture : Jean-Marie Liot

4 - HORS-SÉRIE N°48
Ces précieuses
aides électroniques
68

Sur
le plan d'eau
26

Sur le plan d'eau Ces précieuses aides


électroniques
Se situer sur la carte et dans le paysage L’AIS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 70
Lire la carte. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28
La notion d’echelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29 La fonction MOB . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 72
La liaison paysage-carte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30
Les alarmes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 74
Préparer sa navigation
Les waypoints . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32 Le routage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 76
Tracer une route avec Adrena . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36
La route : variantes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39

Suivre sa navigation
Le langage des instruments . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
Naviguer avec du courant . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44
Saut automatique des waypoints . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48
Afficher la trace . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50
Un cas d’école dans les parages de Bréhat . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52

Les pièges de la navigation électronique


Les pièges essentiels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60
L'échouement de la vedette des Douanes en Polynésie. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 62
Le cas Team Vestas . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64

HORS-SÉRIE N°48 - 5
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HORS-SÉRIE N°48 - 7
8 - HORS-SÉRIE N°?
Les outils
modernes
Les bonnes vieilles cartes papier ont-elles défi-
nitivement fait leur temps ? Désormais, les navi-
gateurs doivent faire leur choix entre rasters,
vectorielles et tous les outils servis sur un pla-
teau par l'informatique embarqué.

La carte marine
La carte raster
La carte vectorielle
Raster ou vectorielle
Cartographie participative
La carte et son contexte
Les écrans à bord
Jean-Marie Liot

et leurs logiciels
Credits

HORS-SÉRIE N°? - 9
Au près, pour réduire la
traînée, qui freine la
progression du bateau, on
réduit la cambrure du
profil de la voile. Comme
ici ce MC34, naviguant
avec des voiles très plates.

La carte raster
Sur la carte raster (en haut),
L’évidence saute aux yeux. Une carte raster (ou RNC pour les informations usuellement inclues
dans les cartouches des cartes papier
Raster Navigational Chart) est visuellement identique à une s’affichent sous la forme d’un pop-up
(projection, date de mise à jour, etc.).
carte papier traditionnelle. Seule différence, elle est numérique La cartographie numérique ci-dessus
remplace avantageusement les cartes
et s’affiche sur l’écran d’un PC, d’une tablette ou d’un traceur. papier.

C e type de cartographie a d’abord été


développé par les services hydrogra-
phiques britanniques (format ARCS de
anglais «raster» signifie matriciel ou
trame), en référence à la matrice, l’en-
semble de pixels qui constitue toute
identiques à ceux de la carte papier.
C’est dire aussi qu’elle a été élaborée
par un cartographe, qui a su mettre en
l’UKHO) et américains (format BSB de image numérique. Une carte ras- valeur les éléments fondamentaux du
la NOAA) à la fin des années 80, alors ter est donc une image numérique à paysage marin. Autre caractéristique
même que l’informatique n’avait pas laquelle on ajoute un fichier incluant des cartes rasters, leur couverture géo-
fait son apparition à la passerelles des les coordonnées spatiales, les lati- graphique est identique aux catalogues
navires militaires ou de commerce. Des tudes et longitudes de la zone cou- de cartes papiers officielles.
produits «plaisance» naissent quelques verte (le géo-référencement), l’origine Compte tenu du principe de numéri-
années plus tard (en France, Mapmedia de la carte, les sondes, la date de paru- sation, les fichiers qui en résultent sont
est lancée en 1994), avec une consé- tion, etc. Le géo-référencement permet lourds et parfois lents à s’afficher sur
quence pratique : ceux qui ont navigué de convertir la latitude et la longitude un PC médiocre. Plus gênant, lorsque
en utilisant des cartes papier sont en en coordonnées sur l’image, à savoir l’on zoome exagérément sur la carte,
terrain connu avec les rasters. l’abscisse et l’ordonnée d’un pixel. Les un effet de pixellisation apparaît et
cartes récentes utilisent le système la carte perd en netteté. Mais ce phé-
«Photocopie couleurs» géodésique mondial WGS 84. Puisque nomène est un bon indicateur pour
la carte raster est en quelque sorte une signifi er à l’utilisateur qu’il cherche
Véritable scan de la carte papier, cette photo numérique de la carte papier, peut-être des détails qui ne sont pas
carte est dite aussi «matricielle» (en les symboles ou les couleurs sont sur la carte…

10 - HORS-SÉRIE N°48
LA CARTE MARINE

qui comprennent 115 cartes, sont ven-


RÉALISER dus au prix de 99 €. MaxSea utilise lui
UNE CARTE RASTER des cartes proposées par MapMedia.
En Angleterre, Visitmy harbour (www.
Pour ceux qui souhaiteraient visitmyharbour.com) distribue une clé
comprendre de l’intérieur le USB proposant un lot de cartes com-
principe et l’élaboration d’une prenant l’Angleterre, l’Irlande, les côtes
carte raster, il est relative- françaises de la Manche (cartes fran-
ment simple de créer sa propre çaises), la Belgique et les Pays-Bas.
bibliothèque, à un coût défiant L’ensemble (1014 cartes) est vendu
toute concurrence. Il faut moins de 80 €, hors frais de port.
néanmoins disposer d’un stock L’éditeur allemand NV-Verlags (eu.
de cartes papier, d’un (bon) nvcharts.com) distribue des cartes ras-
scanner et utiliser un logi-
ters issues du SHOM (elles sont donc en
ciel tel que GE2KAP (gratuit).
français) mais dont le graphisme a été
L’opération consiste en fait
repensé. Le produit Bretagne Nord, de
à géo-référencer une image, Le fait de zoomer
Il n’en va pas de même en Europe où Saint-Malo à Douarnenez, par exemple,
donc à convertir latitude et entraîne
longitude en coordonnées XY les services hydrographiques (SHOM, coûte 98 € et comprend un CD de 59
la sélection
(abscisse et ordonnée) d’un UKHO, …) commercialisent leurs cartes, cartes, doublé d’un portfolio papier de
automatique
pixel. Autre méthode, ScanNav ce qui ne va pas sans créer certaines de la carte ces cartes, au format 60x40.
intègre un «atelier de cartogra- polémiques. Argument principal des appropriée
phie», qui permet de «coller» opposants à cette commercialisation : (OpenCPN). Plaisanciers ou pirates ?
les morceaux scannés et de «Pourquoi nous faire payer à nous, pra-
géo-référencer la carte. tiquants plaisanciers, des cartes que Dès le début des années 2000, des
nous finançons déjà avec nos impôts ? copies illégales des cartes numériques
Cette pratique revient à nous faire se sont multipliées, à tel point que les
payer deux fois le même service.» Quoi distributeurs ont vu la nécessité de se
Echelle et zoom qu’il en soit, ces services officiels pro- protéger du piratage en mettant en
posent à la vente sur leur site diffé- place des mécanismes de cryptage de
Quand on utilise une carte raster avec rents produits (pour le SHOM, voir la données. Les cartes sont désormais ven-
un logiciel de navigation, celui-ci, en rubrique http://diffusion.shom.fr/pro- dues sur un support DVD, une carte com-
principe, sélectionne automatiquement duits/carte-marine.html). pacte flash, une clé USB, ou sont encore
dans sa bibliothèque numérique la Le SHOM vend, par exemple, un pro- téléchargeables sur un centre serveur,
carte à afficher en fonction du facteur duit appelé Raster Marine, qui contient mais ne peuvent être lues et affichées
de zoom choisi par l’utilisateur. Dans deux fichiers : un fichier image TIFF et sans un code de sécurité. Il n’empêche,
l’exemple ci-dessus, en zoomant sur un fichier XML contenant les datas. les vieilles cartes numériques piratées
la baie de Paimpol, on passe automa- Mais pour afficher cette carte sur un continuent de s’échanger sur les pon-
tiquement de la carte 7127 (abords de logiciel de navigation, encore faut-il tons, alors que la côte a nécessaire-
l’île de Bréhat, anse de Paimpol, entrée le convertir en un format exploitable, ment évolué en quinze ans. Pour donner
du Trieux, 1 : 20000) au cartouche 7127- comme le fait GE2KAP. L’exercice est une petite idée du décalage qui existe
B (photo) : port de Paimpol, 1 : 10000. source d’erreur alors que ces cartes forcément entre une carte ancienne
Avantage incontestable, le navigateur sont loin d’être bon marché : 30 € HT et la réalité, il faut savoir que le SHOM
travaille toujours avec la carte la plus l’unité au 1 er avril 2015. Autant dire pratique 10 000 corrections par an sur
détaillée disponible dans son catalogue. que ces produits ne sont guère adap- ses cartes et ouvrages nautiques, ce
tés à un usage «plaisance» et qu’il faut qui mobilise en permanence dix carto-
Gratuites ? Pas vraiment… regarder du côté d’éditeurs ou de distri- graphes. C’est dire qu’en plus d’être illé-
buteurs privés pour obtenir des portfo- gales, ces cartes sont périmées depuis
Les services américains (National lios de cartes numériques, exploitables longtemps et représentent un réel dan-
Oceanic Atmospheric Administration, immédiatement à bord de nos voiliers. ger. Au prix des cartes numériques d’au-
Office of Coast Survey) distribuent En France, ScanNav, éditeur-distri- jourd’hui, pirater n’est vraiment pas
gratuitement les cartes marines cou- buteur agréé par le SHOM, propose un bon calcul.
vrant leur territoire (format BSB v3 des packs de cartes rasters SnMap, Encore un point à vérifier lors
sur http://www.charts.noaa.gov/ qui tournent avec le logiciel ScanNav de l’achat : si vous souhaitez ins-
InteractiveCatalog/nrnc.shtml). Ces évidemment, mais aussi avec Adrena. taller votre cartographie sur diffé-
fichiers, qui possèdent une extension Sans être stricto sensu «certifiées» par rents supports (par exemple sur un
.kap, s’ouvrent avec des logiciels de le SHOM, ces rasters sont pratiquement ordinateur de bureau pour préparer
navigation comme OpenCPN ou peuvent garanties par le service hydrographique vos navigations bien au chaud et sur
encore être lus après conversion avec français, lequel fournit à l’éditeur le VisitMyHarbour le portable marinisé du bord pour pou-
des logiciels comme XnView. D’autres film d’impression de chacune des distribue ses cartes voir suivre la route en direct, ou encore
services hydrographiques (brésilien, cartes, évitant ainsi l’étape du scan, sur une clé USB. conjointement sur un ordinateur et une
néo-zélandais…) pratiquent égale- source éventuelle d’erreur. Conçus La clé peut centrale de navigation, contrôlez que le
se brancher
ment cette politique d’open data et autour de grands bassins de naviga- produit le permette. Certains fournis-
sur n’importe quel
proposent leurs cartes rasters en télé- tion (France Manche, France Atlantique, ordinateur, seurs interdisent de charger le même
chargement libre pour les plaisanciers France Méditerranée, Péninsule ibé- autant de fois fichier sur deux machines. Pour cela, il
de toute nationalité. rique, Italie, Antilles, etc.), ces packs, qu’on le souhaite. vous faudra payer une autre licence. ■

HORS-SÉRIE N°48 - 11
La carte vectorielle
La première carte vectorielle produite par le SHOM a vu le jour
en 1998. Depuis, la couverture n'a cessé de s'étoffer et le service
français devrait achever la «vectorialisation» de son portefeuille,
qui compte près d'un millier de cartes, en 2017.

L es études préalables à la définition


du principe de la carte vectorielle ont
commencé au début des années 1980.
Le zoom
est progressif
et la carte reste
aurait, en pratique, rendu la solution
quasi inopérante.
Différent, le principe de la cartogra-
carte raster, où un cartographe a déli-
bérément choisi l’information à faire
figurer, en fonction d’un niveau de
toujours nette.
Elles ont abouti en 1992 à l'établisse- phie vectorielle consiste à modéliser la zoom donné (ou de l’échelle de la carte).
Les informations
ment du standard international S-57, apparaissent au fur carte à l’aide d’un ensemble de formes
adopté par l'Organisation hydrogra- et à mesure géométriques élémentaires (polygones, Plus qu'une simple
phique internationale (OHI). Un engoue-
ment qui s'explique par les avantages
que l’échelle
grandit (iNavX).
segments, rectangles, cercles, ellipses…)
beaucoup moins gourmand en termes
cartographie marine
nombreux de ce format de carte. de taille de fichiers. Surtout, chaque Imaginer cependant que la carto-
objet est redessiné à chaque fois que graphie vectorielle se limiterait à une
Une carte dynamique l’on zoome, de façon à préserver la net- affaire purement graphique serait pour
teté de l’image affichée. le moins réducteur. La représentation
Quand on zoome dans une carte ras- L’affichage de la carte vectorielle par des objets permet de leur associer des
ter, on perçoit plus ou moins vite une le logiciel est automatisé de façon à propriétés : données pratiques concer-
dégradation de la qualité visuelle : offrir un bon niveau de lecture. En parti- nant tel ou tel port, coordonnées géo-
l’image pixellise et devient floue. Pour culier, le moteur graphique exploite des graphiques associées à un point tel
corriger ce défaut et maintenir une algorithmes de «désencombrement», qu’un amer ou un rocher, informa-
qualité visuelle constante, on aurait afin d’éviter que ne se superposent dif- tions contenues auparavant dans les
pu accroître la taille du fichier de base. férents textes ou symboles. L’approche Instructions nautiques, mais aussi inté-
Mais le poids des fichiers ainsi générés est donc bien différente de celle de la gration de photos relatives à tel point

12 - HORS-SÉRIE N°48
LA CARTE MARINE

Affichage de la carte vectorielle en mode «nuit» (AdrenaFirst)).


Les propriétés d’un objet de la carte vectorielle : le phare de Nividic à la pointe Toutes les couleurs sont modifiées afin de préserver la vision
d’Ouessant (carte S-57 FR571230). L’objet hydrographique que l’on a «interrogé» sous nocturne du navigateur.
OpenCPN porte le nom de Nividic (OBJNAME). Il s’agit d’un feu (LIGHT) jaune, scintillant
(VQ) avec neuf éclats toutes les 10 s, son foyer se situe à 28 m de hauteur, et sa portée
nominale est de 10 Nm. Cette tour (CATLMK tower) de 35 m de haut (HEIGHT), est située
à la position 48°26,7690’N 05°09,0552’W. Accessoirement, on notera que la déclinaison
(MAGVAR) est de -3° (VALMAG) en 2010 (RYRMGV), et la correction de +8’/an (VALACM).

LA CARTE VECTORIELLE,
PLUS PRÉCISE QUE LE PAPIER ?
FAUX. Les services hydrographiques exploitent les mêmes jeux
de données pour élaborer les cartes vectorielles ou papier.
Le SHOM, par exemple, est responsable de l’entretien et de la tenue
à jour du portefeuille de cartes dont il a la charge (vectorielles
et papier). Pour réduire les coûts liés à ces travaux, ces services
gouvernementaux n’ont qu’une seule chaîne de production pour
les deux types de cartes. Donc qui dit flux identique de production
dit même qualité ou même précision des données.
Sur une carte vectorielle, certains logiciels de navigation comme
OpenCPN permettent de faire apparaître les secteurs des feux.
En navigation de nuit, cela sert de confirmation instantanée :
remarquable, etc. Elle permet aussi d’in- cartes vectorielles. Cependant, les
«Voilà ce que je vois donc ça valide ma navigation».
tégrer de nombreuses fonctionnalités services hydro nationaux n’ont pas
interdites aux cartes rasters. encore terminé la traduction de leur
portfolio en format vectoriel. Dans
Officielles ou privées : ces conditions, comment les éditeurs
la qualité est-elle identique ? indépendants peuvent-ils proposer
une couverture vectorielle exhaus-
Il est par exemple possible de para- tive ? En fait, ils accomplissent eux-
métrer ou de personnaliser les cartes, mêmes le travail de traduction des
en décidant de faire apparaître ou non cartes rasters. Ce qui pose la question
le relief de la côte, de choisir et d’affi - de la fiabilité des données. Il n’y a pas
cher une ligne de sécurité pour affi - si longtemps, des cartes vectorielles
cher clairement la zone exempte de présentaient plusieurs îles grecques
dangers (20 m, 10 m, 5 m.), de modi- décalées de 500 m par rapport à la réa-
fier la couleur des fonds, de faire appa- lité, ce qui causait bien du tracas aux
raître les secteurs lumineux des feux… skippers, décontenancés, et pas seu-
Souvent, un moteur de recherche per- lement la nuit, au moment de confron-
met de pointer tel ou tel objet hydro- ter vision réelle et lecture de la carte…
graphique. Une carte vectorielle est Moins grave, la confusion d’un porte-
aussi une base de données. Le SHOM avions avec le quai d’un grand port
Choisir la couleur des fonds sur une carte vectorielle (AdrenaFirst) :
n’adressant pas directement ses tra- méditerranéen a pu faire sourire cer- une programmation à la carte permet de choisir le degré d’alerte.
vaux numériques aux plaisanciers, tains officiers de la Royale. Toutefois, Ici, on préférera se passer des couleurs pour accéder
la cartographie privée (mais ayant ce type d’erreurs a été corrigé au fil immédiatement aux sondes, alors qu’on pourra au contraire
pour origine les données offi cielles) des versions et aujourd’hui les «vecto» privilégier les couleurs pour avoir immédiatement une vision
reste donc la seule possibilité pour le privées présentent un très bon degré synthétique des fonds.
plaisancier qui souhaite acquérir des de fiabilité. ■

HORS-SÉRIE N°48 - 13
Au près, pour réduire la
traînée, qui freine la
progression du bateau, on
réduit la cambrure du
profil de la voile. Comme
ici ce MC34, naviguant
avec des voiles très plates.

Crédit
Vectorielle ou raster,
laquelle choisir ?
Que l’on pratique le petit cabotage ou la grande traversée
océanique, quel est le format de cartes le plus adapté
à nos croisières ? Prix, poids, fiabilité, confort : raster
et vectorielle sont passées au banc d'essai. Verdict.

PRIX SHOM (sur le site http://diffusion.shom.fr).


On les retrouve sous les deux formats. Les POIDS
Avantage raster cartes rasters sont vendues à l’unité sous Avantage vectorielle
la dénomination RasterMarine et com-
Les cartes non officielles sont distri- prennent deux fichiers : TIFF et XML. On En termes de poids de fichier et
buées par quelques éditeurs privés, très l’a vu, ce format n’est pas directement malgré la richesse des informations
spécialisés. D’une manière générale, les compatible avec les logiciels de navi- contenues dans une cartographie vec-
cartes rasters sont meilleur marché que gation et nécessite une conversion, pas torielle, les cartes «vectos» pèsent net-
les cartes vectorielles. Un exemple, le forcément évidente, pour être exploité. tement moins que les rasters. Travailler
pack raster «Manche — Iles britanniques Le prix d’une RasterMarine officielle est avec des cartes vectorielles revient
— Belgique — Pays-Bas» proposé par de 30 € au 1er avril 2015. Les cartes vec- donc à soulager le disque dur de l’or-
VisitmyHarbour est disponible à 80 €, torielles S57 (le standard international) dinateur. A titre d’exemple, le poids du
alors que Navionics distribue son fichier sont également vendues à l’unité (voir fichier Navionics (vectoriel donc) qui
vectoriel 28XG «UK-Ireland-Holland» au http://diffusion.shom.fr/multiproduct/ couvre l’ensemble de la Méditerranée
prix plus élevé de 239 € . product/configure/id/66). Ces cartes est inférieur au pack Raster SnMap
Pour la France, la cartographie officielle sont superbes. Dommage que leur coût (567 Mo) consacré aux seules côtes
(raster et vectorielle) est distribuée par le (39,70 €) reste tout de même élevé. méditerranéennes françaises.

14 - HORS-SÉRIE N°48
LA CARTE MARINE

Comparaison des rendus graphiques (RasterMarine SHOM,


CMap Jeppesen avec Adrena, S-57 vectoriel SHOM
avec OpenCPN, Navionics avec iNavX,) sur tablette. Le rendu
d’une vectorielle est homogène mais souvent froid : il y a peu
de place pour l’artistique, au contraire de certaines cartes
papiers. Cela dit, l’harmonisation et la standardisation des
données en cours gomment progressivement ces différences.

FIABILITÉ navires les ENC (Electronic Navigational


Chart), qui sont des cartes vectorielles. séduise par les temps qui courent, le
Egalité Les RNC (Raster Navigational Chart) pack Navionics vectorielle s’impose
sont présentes et exploitées par le sys- compte tenu de son prix. Et pour le
«Photocopie» des cartes papiers offi- tème de navigation du bord, quand la puriste de l’information à tout prix,
cielles, la cartographie raster est en zone dans laquelle évolue le bateau l’achat d’une ENC officielle, à la mise
principe parfaitement fiable. Les cartes n’est pas encore couverte par la car- à jour quasi permanente, paraît idéal.
vectorielles sont redessinées, ce qui tographie vectorielle. Mieux. L’OMI Reste que le matériel dont on dispose
peut être source d’erreur. L’expérience et l’Organisation Hydrographique et le logiciel qui l’accompagne déter-
montre qu’elles sont aujourd’hui très Internationale planchent sur la nou- minent également le type de cartes vers
sûres. On peut même dire que leur velle norme de carte électronique, dite lequel s’orienter. Dernier point, la carte
degré de fiabilité est identique à celui S100, qui devrait être finalisée en 2018. papier, toute chiffonnée à l’idée d’être
des cartes rasters, en tout cas dans Il s’agira bien entendu d’une carte vec- dépassée, obsolète et minimaliste, pré-
les zones européennes de navigation. torielle, qui devrait intégrer l’ensemble sente tout de même un atout : elle ne
des informations contenues dans les tombe jamais en panne. Alors pourquoi
Instructions nautiques et les Livres des ne pas stocker nos vieux papiers à bord,

CONFORT feux. L’objectif est «d’étendre encore


plus le concept d'e-navigation». Et sub-
juste au cas où… ? ■

Avantage vectorielle sidiairement de faire de la carte vecto-


rielle une base de données plus riche.
Certes les cartes rasters confortent
LA CARTO DES TABLETTES
ceux qui ont eu l’habitude de naviguer Sur tablette, seules les cartes privées sont
avec des cartes papier. Mais compte
tenu de la richesse d’informations
AU CHOIX… disponibles. Les cartes vectorielles sont bien moins
chères que pour les PC (Mac ou Windows). Navionics
contenues potentiellement dans les Trois types de navigation diffuse par exemple pour tablette Android son
cartes vectorielles, de la possibilité de pack Boating UK et Holland au prix de 34 €, alors
pouvoir paramétrer et de personna- Pour celui qui navigue assidûment qu’il faut débourser 239 € pour obtenir le pack 28XG
liser leur affichage — les Canadiens mais dans une zone relativement res- (Irlande, Angleterre, Manche côtes françaises,
parlent de «cartes intelligentes» à treinte (Baie de Seine, Bretagne Nord, Belgique, Hollande) destiné au PC. Il existe aussi
leur propos —, de leur facilité de mise Bretagne Sud, Côte d’Azur, etc.) un pack des versions rasters pour tablettes, proposées par
à jour, les «vectos» relèguent à une raster type SnMap est d’un bon rapport NV Charts par exemple, mais celles-ci sont plus
autre époque les rasters. Un fait qui ne qualité-prix. Pour celui qui navigue loin, chères que leurs homologues vectorielles privées.
trompe pas : l’Organisation Maritime qui entreprend par exemple un tour de Quant à ScanNav, il offre, pour tout achat d’un pack
Internationale (OMI) a imposé à bord des la Méditerranée, pour autant que l'idée raster de SnMap, le même fichier pour Android.

HORS-SÉRIE N°48 - 15
Au près, pour réduire la
traînée, qui freine la
progression du bateau, on
réduit la cambrure du
profil de la voile. Comme
ici ce MC34, naviguant
avec des voiles très plates.

La cartographie
participative
Cartographier les fonds marins, et si tout le monde s’y mettait ?
Afin de collecter ces données, certains misent sur le participatif.
La méthode intéresse de très près les éditeurs privés.

L es couloirs de navigation «conçus»


pour les marines marchandes et
militaires sont finement cartogra-
http://webapp.
navionics.com
illustre ce que sont
ces cartes
phiés, de même que les accès aux plus
bathymétriques.
grosses infrastructures portuaires. Pour Le portfolio
autant, la course au gigantisme lan- SonarCharts
cée par les armateurs augmente tou- est d’ores et déjà
jours plus les besoins sur ces zones très fourni.
ultra-fréquentées. Autre secteur d’ac-
tivité en croissance, les nouveaux mar-
chés de l’énergie des océans (champ
d’éoliennes, parc hydrolien…) dont les
études avant implantation accaparent
également les capacités des services
hydrographiques. C'est le cas du projet
hydrolien dans le chenal de Fromveur. spécialisés dans la cartographie marine. Par nature, on est là loin de la rigueur
A l’évidence, le cabotage côtier n’est Navionics s’est lancé dans cette activité, et de la standardisation imposées par
pas prioritaire pour les services tels avec un programme qui permet aux plai- l’Organisation hydrographique interna-
que le SHOM, qui délaissent des zones sanciers d’enregistrer les profondeurs tionale (OHI) aux services hydro officiels.
entières, pourtant sondées au fil à qu’ils rencontrent au cours de leur navi- Encore que le SHOM relativise quelque
plomb il y a parfois plus de 150 ans. gation. Collectées grâce aux sondeurs peu. L’un de ses responsables rappelle
Or les fonds marins évoluent sous l’ac- du bord, les données doivent être char- que le service français fait «du collabo-
tion des courants ou des tempêtes, et gées sur les serveurs de l’éditeur italien, ratif depuis des siècles». «Nos cartes ne
les relevés de l’époque ne peuvent riva- qui s’occupe de traiter ces informa- sont pas réalisées à l’aide de nos seuls
liser avec la précision de ceux réalisés tions. Il en propose une synthèse sous relevés. Depuis toujours beaucoup d’in-
avec nos GPS. L’amélioration de la car- la forme d’une carte bathymétrique. formations remontent du terrain, des
tographie hors périmètre marchand collectivités, des ports, etc. On ne peut
est donc plutôt lente, car peu attrac- La cartographie collaborative pas tout vérifier. On recoupe le rensei-
tive économiquement.
est-elle fiable ? gnement autant que possible et quand la
source est fiable, on fait confiance.» De
L’alternative communautaire Pour autant, les données ainsi collec- quoi rassurer ceux qui navigueront
tées sont-elles justes ? Qu’en est-il de dans un temps plus ou moins rappro-
Dans ce contexte, quelques esprits l’étalonnage des instruments, de la préci- ché avec des cartes collaboratives, sur-
novateurs ont imaginé une solution sion du positionnement ou de la prise en tout si celles-ci sont bon marché, voire
alternative : pourquoi ne pas exploi- compte des éléments extérieurs comme même gratuites.
ter les données issues des sondeurs les marées au moment du sondage ? Cer t a ins projet s ( Tea mSur v,
des voiliers et vedettes à moteur? Avec OpenSeaMap), à la philosophie com-
ce concept, plus les contributeurs sont munautaire et open source marquée,
nombreux et plus la zone considérée s’orientent dans cette voie. Les don-
Le SHOM participe
est couverte précisément et… rapide- à la production nées collectées par la communauté sont
ment. Vraie restriction néanmoins, si d’énergies publiques et leur acquisition devrait
les profondeurs sont collectées, en renouvelables. être gratuite ou à tout le moins peu oné-
revanche, la nature des fonds (sable, Le projet hydrolien reuse. Cette question de la propriété des
rocher, vase…) n’est pas décrite. La carte dans le chenal données ne va pourtant pas de soi car
du Fromveur
issue de ce procédé décrit donc le relief l’enjeu est aussi commercial. Déjà, des
requiert une
des fonds et rien d’autre. modélisation entreprises éditrices de cartographies
Nouveau, le principe intéresse diffé- détaillée de la ou de systèmes de navigation affichent
rentes sociétés, dont les éditeurs privés nature des fonds. des positions très agressives. ■

16 — HORS-SÉRIE N°48
LA CARTE MARINE

La carte
et son contexte
Et si la carte seule ne suffisait pas ? Pour une information
la plus complète possible, c’est sur Internet qu’il faut aller
piocher les bons plans, parfois tout simples. Voici deux exemples
à garder en tête pour avoir toutes les cartes en main à la barre.

I l arrive que la carte seule ne per-


mette pas d’appréhender totalement
une situation. C’est en particulier vrai
pas oublier que si ces photos intègrent
désormais beaucoup d’informations,
elles ne comportent pas de sondes de
lorsqu’on aborde des côtes inconnues, profondeur… Se fier exclusivement à ce
que l’on approche d’un port jamais type d’outils pour définir une approche
visité auparavant, ou quand on sou- serait donc pour le moins déraison-
haite mouiller dans une petite crique nable. A côté de Google Earth et Google
encaissée. Dans ces circonstances, le Maps, on peut aussi consulter le site
navigateur cherche plus d’informa- avec les images de l’IGN (http://www.
tions que celles contenues dans la carte geoportail.gouv.fr/) qui ne concerne
marine pour affiner son jugement et que les côtes françaises mais offre
répondre à ces questions. A quoi res- souvent une résolution sensiblement
semble ce port ? Quelle est la dispo- meilleure que Google. Ça vaut le coup
sition de ce mouillage ? Combien de de comparer.
bateaux peuvent y jeter l’ancre ?

Photo fusion de la carte marine raster avec une vue satellite.


La communauté interactive
La carte agrémentée MaxSea Time Zero embarque un moteur graphique très élaboré Le monde de la voile n’échappe
qui permet d'améliorer la lecture de la carte et de mieux
Les nouvelles technologies per- pas à l’air du temps, les communau-
comprendre le paysage réel.
mettent de compléter la carte avec une tés d’échange s’y déploient comme
multitude de données additionnelles. dans tous les milieux liés au voyage.
Ainsi, plusieurs logiciels sont capables Vous cherchez une appréciation sur
de superposer des photos satellites en la marina de Sainte-Marine ou sou-
transparence sur la carte, ce qui contri- cinématographique par exemple, on haitez savoir sur quel canal VHF
bue à une meilleure interprétation de commence toujours par un repérage appeler la capitainerie de Saint-
la côte. Ces photos sont géo-référen- En Sardaigne, sur Google Earth avant d’envoyer éven- Peter à Guernesey ? Ou encore vous
cées de façon à pouvoir être parfaite- le mouillage de tuellement une reconnaissance sur le avez besoin de trouver un shipchan-
ment positionnées. Porto Palma vu terrain. Pour les marins, Google Earth dler à Menton ? Les usagers d’Active
Sans même utiliser de logiciel de navi- par Google Earth. et Google Maps sont d’excellents outils, Captain partagent leurs points de vue
En dézoomant,
gation, les photos satellites proposées complémentaires à la carte, pour pré- et leurs connaissances sur la toile.
on verrait la côte
par Google Earth (3D) ou Google Maps et le nombre de parer ou affiner ses navigations. Voir Nous sommes loin du langage officiel,
(2D) ont révolutionné les techniques bateaux dans ce la disposition du port et même l’agen- les commentaires y sont partagés de
de repérages. Dans la production mouillage abrité. cement d’un ponton précis ne pose façon simple, en anglais. L’application
aucun souci. Reconnaître un mouillage, Active Captain Compagnon (Android
y compris jusqu’à localiser les bouées ou Apple) est disponible gratuitement.
qui l’équipent, exploiter l’outil pour A la maison, vous chargez sur votre
«voir» la côte depuis la mer, se faire une tablette la base de données rassem-
idée de la nature des fonds (une image blant ces informations et vous pou-
satellite exploitable est synonyme de vez ensuite consulter l’ensemble de ces
beau temps et donc de transparence de avis à bord, sans avoir besoin de vous
l’eau) sont d’une facilité impensable il connecter à Internet. Mais à ce jour,
y a encore peu de temps. Quelques res- la couverture et l’exhaustivité de ces
trictions cependant. Vérifiez la date de outils numériques ne remplacent pas
la prise de vue (en surimpression sur les fameux Pilotes côtiers, qui restent
l’image et pas toujours facile à lire), la valeur sûre, à conserver dans nos
certaines ayant plus de dix ans, et ne bibliothèques de bord. ■

HORS-SÉRIE N°48 - 17
Au près, pour réduire la
traînée, qui freine la
progression du bateau, on
réduit la cambrure du
profil de la voile. Comme
ici ce MC34, naviguant
avec des voiles très plates.

Ecrans à bord et logiciels,


quel matériel embarquer ?
Tous les marins ne se ressemblent pas. Certains naviguent sur un bateau différent
à chaque saison. D’autres achètent un voilier raisonnable, pour faire du cabotage à peu
de frais. D'autres enfin ambitionnent de traverser l'océan à bord de leur bateau «d'expé».
Mais chacun trouvera une solution électronique qui lui correspond.

T ous les marins ont en tête l’adage


«Petit bateau, petits soucis».
D’autres encore regardent vers le
propriété d’un ami, peu importe, vous
recherchez l’autonomie totale avec un
matériel simple, que vous connaissez
s’offrent à vous dans cette hypothèse :
la tablette ou le petit PC portable.

grand large avec l’envie de découvrir, bien. Par nature, cet équipement est Tablette,
sur de costauds navires, de nouveaux
horizons. Autant dire que si tous les
léger, compact et facilement transpor-
table, que vous rejoigniez le port de
la solution ultra mobile
navigateurs sont différents, chaque pro- départ en train ou en avion. Qu’elle tourne sous Android, sous iOS
gramme possède à l’évidence sa propre La simplicité d’installation («nul ou Windows, la tablette doit, à notre
solution électronique. besoin de grandes connaissances en avis, mesurer au minimum 8 pouces
informatique» est votre credo) et la (20 cm) de diagonale (10 pouces étant
Solution nomade facilité de mise en œuvre sont recher- préférable) pour que la lecture de la
chées. Le dispositif vous permet l’es- cartographie soit la plus confortable
A bord pour un bref passage, vous sentiel : préparer votre navigation et, possible. Pour cette raison, nous avons
ne souhaitez pourtant pas dépendre une fois en mer, vous positionner sur exclu de cette solution nomade les
du matériel que vous allez découvrir le plan d’eau et suivre constamment la smartphones, y compris les «phablets»
en embarquant. Bateau de location ou trajectoire du voilier. Deux possibilités type Samsung Galaxy Note ou iPhone 6,

18 - HORS-SÉRIE N°48
ECRANS A BORD ET LOGICIELS

dont l’écran mesure environ 5,5 pouces. navigateur de rester sur le pont pour Pour compléter l’équipement, il est
Certes, ces écrans peuvent servir d’ap- accomplir son rôle. Et même si l’état nécessaire de disposer à bord d’une
point ou faire office de recours (voir (de la mer) empire, l’outil continuera prise 12 volts pour pouvoir recharger
image à trois écrans). Mais en faire le d’assumer ses missions et ses calculs. les deux types d’appareils au mouillage
matériel de base du navigateur nous Une petite sécurité et un réconfort ou pendant la navigation. Le moment
paraît insatisfaisant. Car en pratique, pour le navigateur malade. La pers- idéal est évidemment quand le moteur
une taille d’écran réduite exige de zoo- pective de ne pas pouvoir assumer la tourne, la recharge n’affectant alors pas
mer constamment dans la carte, ce qui navigation en raison du mal de mer les batteries du bord.
rend la lecture partielle, pour ne pas peut freiner de futurs chefs de bord A noter qu’il est apparu depuis peu
dire dangereuse. qui veulent se lancer avec leur famille des produits hybrides, dits «deux en
La tablette doit aussi intégrer un en croisière. C'est une crainte que l'on un». Il s’agit, selon les configurations,
GPS, ce qui n’est pas toujours systé- entend souvent chez les stagiaires de d’une tablette qui, si on le souhaite,
matique, notamment chez Apple. Si elle l'école des Glénans. Certains voient vient se fixer sur un clavier, transfor-
dispose de la 3/4 G, certains conseillent dans la tablette un moyen efficace pour mant ainsi l’appareil en petit ordina-
parfois de couper cette fonction et de rester en bonne forme. teur, ou d’un ordinateur portable, dont
sélectionner le mode avion, afin d’évi- l’écran, amovible, comporte son propre
ter, à proximité de la côte, que le GPS système d’exploitation pour en faire
ne passe en mode «assisté» avec le une tablette. On voit tout le bénéfice
réseau terrestre, ce qui pourrait éven- que l’on peut tirer de ces machines à
tuellement provoquer des aberrations bord. Confort d’un vrai clavier, capacité
de positionnement. En pratique, nous de stockage incomparable avec celle
n’avons cependant jamais constaté de d’une tablette classique (Asus propose
tels phénomènes. un modèle offrant 1 To de mémoire stoc-
Enfin, l’autonomie de la batterie est à kée dans le clavier !) mais aussi la sou-
regarder de près. Les batteries à faible plesse de la tablette, ultra-mobile et,
autonomie embarquées dans certains pourquoi pas, protégée par une housse
appareils bon marché rendent la solu- ou une boîte ad hoc. Les prix varient
tion quasi inopérante. entre un peu plus de 200 € pour des
modèles d’entrée de gamme à plus de
1 000 € (Microsoft Surface Pro 3).

La tablette iPad (ci-dessus) avec son étui


étanche offre une solution compacte.
Le modèle «iPad Case» présenté ici a été
développé pour l’iPad 4, il est légèrement
trop grand pour l’iPad Air, mais avec un peu
d’astuce (une cale en mousse) il joue très
bien son rôle protecteur. Des boîtiers
ou des housses étanches sont disponibles
pour les appareils Android.

Il peut paraître tentant d’utiliser son


smartphone pour la navigation. Cependant,
plus l’écran est petit et plus le secteur
de carte visionné est restreint.
Cette restriction oblige à naviguer
«zoomé» en permanence.
Le PC à poste en permanence
La tablette est une solution nomade Le PC portable (sous Mac OS, Windows
particulièrement efficace. Elle a aussi ou Linux) est idéalement un notebook
une autre vertu, insoupçonnable tant ou un netbook, très à la mode avant
on est loin du monde de l’électronique. l’explosion des tablettes. Peu puissant,
Chacun d’entre nous le sait. Quand on a il tourne au moins cinq ou six heures
mal dormi, qu’il fait froid et que la mer sur sa batterie, à condition de ména- Petit budget (inférieur à 300 € + GPS USB 50 €), petit encombrement
se creuse, l’idée même de descendre ger celle-ci. L’écran consommant beau- et petite consommation… Le notebook (environ 300 € neuf) est
dans la cabine pour faire la navigation coup d’énergie, on réduira autant que une machine qui convient bien aux solutions peu gourmandes
rend un peu plus nauséeux n’importe possible sa luminosité. Le PC portable en ressources comme OpenCPN ou ScanNav. Pour AdrenaFirst
ou MaxSea Time Zero, on choisira un ordinateur plus performant,
quel préposé aux cartes. A travers la ne disposant pas de GPS intégré, on
correspondant à la configuration recommandée par l’éditeur
tablette, la navigation électronique l’équipera d’un GPS connecté sur un port du logiciel. Le PC portable doit être associé à un GPS — USB (50 €
a donc aussi la capacité de repous- USB, à la manière d’une clé de stockage. ou plus). Il est proposé par de nombreuses marques comme
ser… le mal de mer en permettant au Solution simple, fiable et bon marché. Navilock, GlobalSat, MC-Marine, etc.

HORS-SÉRIE N°48 - 19
ECRAN DÉPORTÉ
Vous disposez d’un PC et d’une tablette, et votre parc
de batteries est si conséquent que vous ne redoutez
aucun souci en matière de consommation électrique.
L’ordinateur tourne à l’intérieur avec votre logiciel
favori, mais vous aimeriez contrôler la navigation
sans avoir à descendre dans le carré. En effet, vous
naviguez de temps en temps en solitaire, et dans ce
cas vous souhaitez avoir votre «nav’» immédiatement
à disposition, dans le cockpit. Ou alors, navigateur
sur une régate, vous voulez contrôler la trajectoire,
y compris quand vous êtes au rappel dans les filières,
lors d’un long bord de près. Qu’à cela ne tienne, votre
tablette peut jouer le rôle d’écran déporté de votre
PC. Voici comment, en quatre étapes.

Pour connecter ces capteurs, il faut se plonger dans la jungle des protocoles de
communication. Avec une centrale simple de chez Raymarine (gamme i60) et un récepteur AIS
650 (également de chez Raymarine), ce sont pas moins de quatre protocoles différents qu’il
faut mettre en œuvre pour connecter le PC, dont un langage propriétaire, le bus Seatalk.
Ces protocoles évoluent, les nouvelles générations de produits supportent également le
standard NMEA2000 (ou ses dérivés propriétaires), plus rapide et plus évolutif. Le coût de la
connectique (câbles, dérivation, terminaison) est loin d’être négligeable.

Fondamentalement, une centrale de


Le «PC traceur» navigation gère une série des capteurs
Le positionnement du bateau sur la (anémomètre, speedomètre, gyrocom-
carte électronique de la tablette ou du pas,…), une série d’émetteur/récepteur
PC ne vous suffit plus. Vous souhaitez (VHF, GPS, AIS) ainsi que quelques action-
nourrir votre logiciel de navigation avec neurs (pilote) pour mesurer le monde
de nouvelles données, afin de l’exploiter réel. La tablette affiche l’écran de l’ordinateur. Cependant le procédé
au mieux et de bénéficier de fonctions De son côté, le monde informatique est lent, à raison d’un affichage d’une image par seconde. Il ne faut
jusque-là interdites : tracé des laylines, grand public est loin d’être spécialisé donc pas chercher à manipuler frénétiquement l’outil.
alarmes anti-collisions, routages, etc. comme l’est l’électronique de plaisance.
C’est possible, à condition de connec- Avec sa connectique souvent standar-
ter les capteurs du bord (anémomètre, disée, le matériel est conçu pour satis- capteurs et l’ordinateur ou la tablette.
loch, speedo, sondeur…) à votre logiciel, faire des besoins très différents tels Et pour cela, deux options sont pos-
ce qui revient à faire de votre PC une que l’Internet, la vidéo, les jeux, la sibles : la connexion filaire ou bien la
véritable centrale de navigation inté- bureautique, etc. connexion… sans fil.
grée, solution, au passage, nettement Pour interfacer ces deux mondes,
moins onéreuse que l’achat d’un traceur les réunir et les faire dialoguer, il faut
multifonctions. donc aménager une passerelle entre les
Connexion filaire
Très uniformisés, les ordinateurs
disposent de plusieurs ports : USB,
Ethernet, parfois RS232 (idéal dans
bien des cas puisqu’il s’agit du pro-
tocole le plus proche de ce qui existe
côté centrales mais, vieillissant, il a déjà
quasi-disparu de tous les ordinateurs
modernes). On utilisera donc l’un de ces
accès pour faire le lien avec les capteurs.
Et là les choses sont moins simples.
Les fabriquants d’électronique marine
ont tous développé des solutions pro-
priétaires, incompatibles les unes avec
les autres. Alors que les standards
NMEA0183 ou NMEA2000 avaient été
créés pour uniformiser les communica-
Un multiplexeur Wifi (environ 300 €) permet de connecter plusieurs appareils aux capteurs
tions entre les équipements du bord,
du bord. Shipmodul (www.shipmodul.fr) commercialise un produit appelé miniplex-2Wi.
DK Innovation, société basée à côté de Saint-Brieuc, vient de mettre sur le marché son chaque constructeur a développé en
«multiplexeur wifi» compatible NMEA et SeaTalk (www.dkinnovation.fr). parallèle son mode de communication
COMAR System propose un produit appelé «NMEA-2-WiFi» (www.comarsystems.com). propre et fermé, plus ou moins dérivé

20 - HORS-SÉRIE N°48
ECRANS A BORD ET LOGICIELS

Etape n° 1 : Préparer une Etape n° 3 : Connecter la tablette sur le réseau wifi local
passerelle logicielle entre «MonReseauAMoi» à l’aide du mot de passe «MonMotDePasse».
l’ordinateur et la tablette
en installant Splashtop
Streamer sur l’ordinateur
(http://www.splashtop.com/
downloads) et Splashtop
personal sur la tablette
(Android ou Apple).

Etape n° 2 : L’ordinateur doit Étape n° 3 :


se comporter comme un point Connecter
d’accès wifi , rôle que joue la tablette
normalement le routeur ou au réseau
wifi local.
la box Internet à la maison.
Pour cela, il faut installer
et lancer un petit utilitaire Etape 4 : Lancer Splashtop personal sur la tablette.
gratuit «virtual wifi router» Magie de l’informatique, l’écran du PC apparaît sur la tablette.
(disponible ici : http://
www.virtualwifirouter.com).
Cet utilitaire vous permet
de créer un réseau Wifi local
(appelons le MonReseauAMoi)
que vous pourrez même
sécuriser via un mot de passe
(MonMotDePasse).
Étape n° 4 : Une fois loin
de tout lien Internet,
il ne restera qu’à lancer
l’application tablette en
Étape n° 2 : Créer un réseau Wifi cliquant sur «Je veux
local (chaque fois que vous utiliser Splashtop dans
souhaitez utiliser Splashtop). un réseau fermé».

Reliée en wifi au réseau d’instruments du bord via un multiplexeur,


la tablette se transforme en centrale de navigation.

HORS-SÉRIE N°48 - 21
de ces normes. En d’autres termes, si pouvant s’oxyder. Et ranger systémati- Ecran traceur multifonctions
vous souhaitez connecter votre PC, vous quement le matériel dans une housse En quelques années, les centrales de
n’aurez d’autre solution que d’acheter le dès que l’on n’en a plus l’utilité. navigation haut de gamme ont inté-
module d’interface PC du fabricant des gré toutes les fonctions nécessaires à
capteurs de votre bateau. Solutions durcies la navigation au sein d’un traceur mul-
tifonctions : connection avec les ins-
Connexion sans fil Lorsqu’on envisage de longues tra- truments du bord, grand écran avec
versées, les dangers pour le matériel interface intuitive (désormais l’écran
Par principe, vous établirez ici une sont encore accrus. Le circuit électro- est tactile), possibilité de connecter une
connexion Wifi entre vos équipements. nique doit être capable de subir les tablette en Wifi et, bien sûr, cartogra-
C’est même la seule façon de récupérer pires contraintes pendant une période phie numérique. Dans cette solution,
les données de vos capteurs sur votre prolongée. Une solution durcie, d’une le logiciel de navigation est fourni par
tablette. En pratique, un multiplexeur robustesse à toute épreuve et instal- le fabriquant, il n’est pas possible de
(une sorte de transcodeur) Wifi sert de lée par un professionnel, s’impose. Ses le changer.
passerelle. Il reçoit les informations de principes sont simples. Quelles que soient les marques
vent, de profondeur, de vitesse… et les (Raymarine, B&G, Furuno, NKE, Seatec…),
transpose selon le standard Wifi. 1 Etanchéité : pour éviter la corrosion les écrans multifonction supportent les
on évite tout contact avec l’eau de conditions les plus dures, au point que
L’électronique n’aime pas… mer ou avec l’air salin. l’on voit de plus en plus de modèles
la mer conçus pour l’extérieur, installés
2 Pas de pièces en mouvement : si les devant la barre à roue ou encastrés
L’air salin est un environnement hos- disques durs traditionnels incor- dans un flanc du cockpit. Etanches, ils
tile pour tout circuit imprimé, pour porent une partie mécanique (une deviennent véritablement lisibles, même
tous les câbles en cuivre et pour tous tête de lecture mobile), on leur pré- en plein soleil. Outils fantastiques, ils
les connecteurs du bord. La corrosion férera les disques SSD (solid state restent très onéreux à l’achat (entre
s’insinue partout, insidieusement et drive), qui ne présentent aucune 1 500 € et 5 500 €, sans les différents
inexorablement. Elle affecte le tableau partie mobile (ils sont constitués de capteurs).
électrique, les branchements aux batte- puces mémoires). Très performants, On leur fait malgré tout quelques
ries, les connecteurs des capteurs. Avec ils sont sensiblement plus chers que reproches. Fixes, il n’est pas forcément
le temps, rien n’y échappe et les consé- les disques classiques. très simple de préparer une navigation
quences sont plus ou moins graves. accroupi dans le cockpit ou debout der-
D’abord, des fuites dans le circuit élec- 3 Pas de ventilation : en informa- rière la barre. Il n’est pas non plus pos-
trique vident les batteries plus vite qu’il tique, on utilise régulièrement des sible de prendre son traceur sous le bras
ne le faudrait. Ensuite, les parasites ventilateurs pour réguler la tempé- et d’aller au bistrot du coin afin de récu-
électriques créent des comportements rature interne des composants élec- pérer la météo sur un réseau Wifi.
aléatoires et intermittents. Pour finir, troniques. En mer, le flux d’air créé Ces centrales intégrées sont hyper-spé-
la panne surgit sans prévenir, due à par le ventilateur maintiendrait la cialisées : à part (bien) naviguer, elles ne
un fil sectionné rongé par la rouille, à température interne, certes, mais il sont pas faites pour écrire un e-mail,
un court-circuit, etc. Le parc électro- introduirait également de l’humidité surfer sur Internet, en tout cas pour le
nique nécessite une maintenance régu- à l’intérieur de l’appareil, en contra- moment. Enfin, ces appareils onéreux
lière. Pour prévenir les agressions, on diction avec le principe n° 1. vieillissent vite, au sens où ils sont rapi-
peut passer à intervalle régulier une dement dépassés technologiquement.
lingette spéciale matériel informatique Ici, deux solutions se présentent : l’écran Solution alternative, le PC fixe mari-
sur les ports, contacts et autres parties traceur multifonctions ou le PC marinisé. nisé combine les impératifs de robus-
tesse et une grande flexibilité dans le
choix logiciel. C’est une solution moins
optimisée mais plus ouverte que le tra-
ceur. Elle reste moins chère (à partir de
900 € sans l’écran). ■

22 — HORS-SÉRIE N°48
ECRANS A BORD ET LOGICIELS

Quel logiciel choisir ?


A première vue, les logiciels de navigation proposent des fonctionnalités très similaires
Mais à mieux y regarder, chacun d’entre eux possède des particularités, des traits de
caractère uniques. Le choix du logiciel n’est pas toujours aisé, surtout qu’il est lié à un type
de cartographie numérique donné. La liste des logiciels ici traités n’est pas exhaustive.

AdrenaFirst : ultra-performant
Bien connu dans le monde de la course au large,
Adrena (sous Windows) est une référence. Tournant
avec les cartes vectorielles C-Map (éditeur Jeppesen)
ou les rasters SnMap (ScanNav), le premier logiciel
de sa gamme, AdrenaFirst, est incontestablement
typé régate. On ne détermine pas une route mais un
parcours, on peut tracer des laylines, définir la position
des bouées d’un parcours côtier… Assez extraordinaire,
le module Optima construit les polaires de votre bateau
au gré de vos navigations. Ce produit First bénéficie des
développements réalisés pour les gammes «course» :
Adrena Standard et Adrena Pro.
AdrenaFirst Large qui comprend le module Optima et
le module RoutageFirst : 759 TTC (sans les cartes), 999 €
(avec un pack de cartes SnMap) au 1er mai 2015.

OpenCPN : libre et gratuit


OpenCPN (sous Windows, Mac et Linux) est un logiciel
open source. Fruit du travail d’une communauté de
développeurs très active, cet outil est en constante
évolution. Il supporte de façon efficace des fonctions
simples au travers d’une interface
ergonomique. Attention, OpenCPN
ne propose pas de cartographie, il
faut donc acheter sa cartographie
pour l’utiliser sauf à naviguer
sur les côtes américaines,
brésiliennes…, puisque les cartes
de ces pays sont en téléchargement
libre. La cartographie est un peu
le point noir de cette solution.
Très rares sont les cartes
(rasters et désormais vectorielles
compatibles, qui couvrent la
totalité des côtes françaises à un
coût raisonnable. Seul NV Verlag
l’assure. D’une manière générale,
OpenCPN convient plutôt à ceux
qui aiment passer du temps sur le
net pour suivre les avancées de la
communauté d’utilisateurs.

HORS-SÉRIE N°48 - 23
ScanNav : avec les somptueuses
raster du SHOM
La société française diffuse déjà la version 15 de
son logiciel de navigation, signe de sa déjà grande
expérience. Le logiciel (sous Windows) fonctionne
facilement avec un ordinateur peu puissant.
L’interface est complète, simple, sans graphisme
compliqué. Point fort, le logiciel s’appuie sur un jeu
de cartes rasters du SHOM, SnMap, probablement les
plus belles cartes du marché, et sur la cartographie
vectorielle Navionics. On notera que l’achat d’un
logiciel pour PC, donne, pour le même prix, accès à
ScanNav Compagnon, une version simplifiée pour
tablette Android. Le logiciel PC manque néanmoins
d’un module de routage pour être complet.
Module de base : 120 € TTC + météo 60 € + AIS 60 €
TTC + courant de marée (60 € + 40 € TTC) + cartes
(pack Manche en Raster : 99 €).

iNavX : l’assurance d’un leader


iNavX est l’un des produits leaders pour les tablettes
Apple. Il supporte les deux formats de cartes raster
et vectorielle. Comparé à ceux des logiciels du monde
PC (au sens d’ordinateur personnel), le prix de
l’application iNavX et de ses packs de cartes Navionics
est tout simplement imbattable. Toutes les fonctions
principales (tracé et suivi de route, connexion aux
instruments) sont là. Il ne manque qu’un module de
routage, un module de calcul de marée et la fonction
MOB. La manipulation tactile demande un peu de
doigté, mais quelques heures suffisent à maîtriser
l’application, ce qui est finalement bien plus rapide
que la prise en main d’un logiciel PC.
InavX : 50 $ (46 €) sur l’Apple Store + cartographie
Navionics (Central & West Europ) : 60 €.

MaxSea, le précurseur
La société MacSea fut la première en France à
proposer un logiciel à l’usage des plaisanciers
réservé à l’origine, comme son nom l’indique, à
l’environnement Mac. Depuis, il a migré dans
l’univers Windows en faisant évoluer son nom en
MaxSea et désormais MaxSea Time Zero Navigator.
Compatible avec la technologie raster, il supporte
en outre les cartes vectorielles CMAP de Jeppesen
et Datacore de Navionics. Effets de transparence,
animations des outils, fondus lors des zooms, MaxSea
s’appuie sur une interface graphique très soignée qui
ravira ceux qui aspirent à une finition exemplaire.
Il est seul dans cette gamme à proposer un outil de
photo-fusion cartes marines et photos satellitaires.
Pack de base, incluant la cartographie d’une zone :
499 € ; modules optionnels : Routage (199 €) et
Courants (149 €).

24 - HORS-SÉRIE N°48
Vulcan 7
Parfait pour la voile

Le pré-requis absolu pour les navigateurs à la voile


Ce traceur de carte de 7 pouces avec écran Multi-touch est dédié voile. Intégré à vos instruments de bord, le Vulcan vous
permet d’accéder à des fonctionnalités de navigation primées comme SailSteer et Sailing Time. Grâce au Wi-Fi intégré,
il est très facile de rester à jour sur les toutes dernières applications ou services de navigation. Afin d’exploiter toutes les
fonctionnalités que votre Vulcan 7 peut offrir, l’utilisation de capteurs additionnels ainsi que des mises à jour logiciel peuvent
être nécessaires.

Traceur de carte Afficheur de données Informations spécifiques Voile


BG0311 (FRE) 04-15

www.bandg.com La passion de la voile


26 - HORS-SÉRIE N°?
L'avènement de la carte électronique ne veut pas
dire qu'une intelligence artificielle est seule aux
commandes. Alors on apprend à lire sur les nou-
veaux supports, à préparer sa navigation, et à
éviter les pièges. Pour que l'humain reste seul
maître à bord.

Se situer sur la carte


et dans le paysage
Préparer sa navigation
Suivre sa navigation
Les pièges de la navigation
électronique

Credits
Jean-Marie Liot

HORS-SÉRIE N°? - 27
Au près, pour réduire la
traînée, qui freine la
progression du bateau, on
réduit la cambrure du
profil de la voile. Comme
ici ce MC34, naviguant
avec des voiles très plates.

Lire la carte,
le nord vers le haut
Contrairement à la carte routière, aucune voie
(à l’exception des dispositifs de séparation du trafic)
n’est représentée sur la carte marine. Les modes
de visualisation de ces deux cartes sont donc différents.

Avec un logiciel de cartographie, il est possible d'afficher la carte selon la ligne de foi du navire. A déconseiller.

E n voiture, la cartographie du GPS


présente un rendu excessivement
simplifié de l’environnement, pour une
le Nord vers le haut de l’écran. En mer,
l’orientation de la carte selon la ligne
de foi du navire n’aurait pas de sens.
la tablette actualise en permanence
l’image présentée à l’écran. A l’inverse,
si le bateau se déplace et que la carte
unique et bonne raison : le conduc- reste statique, seule l’icône et la trace
teur ne peut regarder sa carte que pen- Sur l’écran comme sur l’eau, du navire doivent être actualisées régu-
dant de très brefs instants, il est donc
logique que seul le réseau routier y soit
déplacez le bateau lièrement. On comprend que le choix
de l’option n’est pas indifférent pour
représenté. Par ailleurs, la carte est Le défilement automatique, bateau la carte… graphique et qu’il influe signi-
orientée dans le sens de la marche, tou- centré au milieu de l’écran, est pratique ficativement sur la consommation élec-
jours pour faciliter la lecture. et agréable, au point que tous les édi- trique, donc sur la batterie de l’appareil.
En mer, c'est une toute autre histoire. teurs de logiciels le proposent. Ce mode A l’évidence, il est plus économe de faire
D’abord, la carte, même électronique, d’affichage a néanmoins un désavan- déplacer le bateau. Et si son icône devait
est une représentation riche de l’envi- tage rédhibitoire. Le bateau restant sortir de l’écran, une fonction permet
ronnement marin. Et pour conserver statique, c’est la carte qui glisse pro- toujours de recentrer la carte en un clic
une vision cohérente de cette carte éla- gressivement pour traduire l’avance- pour la faire réapparaître.
borée, on choisit toujours de conserver ment. Autrement dit, l’ordinateur ou

28 - HORS-SÉRIE N°48
SE SITUER

Par beau temps,


il est possible pour
SIX ÉCHELLES DE COMPILATION le navigateur de
Les cartes vectorielles officielles sont découpées travailler
sur le pont avec
en six échelles de compilation :
son ordinateur
portable.
OVERVIEW / échelle inférieure à 1 : 1 500 000.

GENERAL / échelle de compilation comprise


entre 1: 1 500 000 et 1 : 350 0001.

COASTAL / échelle de compilation comprise


entre 1 : 350 000 et 1 : 90 000.

APPROACH / échelle de compilation comprise


entre 1 : 90 000 et 1 : 22 000.

HARBOUR / échelle de compilation comprise


entre 1 : 22 000 et 1 : 4 000.

BERTHING / échelle supérieure à 1 : 4 000.

Carte ou écran,
question d’échelle
Avec une carte papier, la notion
d’échelle est claire. La carte représente,
avec une symbolique particulière, un
lieu réel et il y a un lien direct entre
une distance réelle mesurée entre deux
points et la distance séparant ces deux
points symbolisés sur la carte. Sur une
carte papier au 1 : 20000 e, 1 cm mesuré
à la règle représente 20 000 cm, soit
200 m, dans la réalité. Qu’en est-il de
la carte numérique ? S’il nous venait à
l’idée de mesurer la distance entre deux
points figurant sur l’écran, pourrait-on
en déduire la distance réelle ?
Dans les faits, la notion d’échelle se
complique légèrement. Deux échelles
sont à considérer. L’échelle de la carte
papier correspondante (dite échelle de
compilation, au nombre de six dans les
cartes officielles, lire l’encadré ci-des-
sus) est la référence directe au docu-
ment originel. Elle est combinée à
l’échelle d’affichage sur l’écran.
Concrètement, zoomer revient à ajus-
ter l’échelle d’affichage, puis à pas-
ser à l’échelle de compilation suivante
avant d’ajuster à nouveau l’échelle d’af-
fichage et ainsi de suite… L’utilisateur
perçoit un zoom continu puis, d’un seul
coup, de nouveaux détails apparaissent.
En pratique, jouer sur les facteurs de
zoom différents est une bonne méthode
pour être certain de visualiser tous les
détails de la carte. ■

HORS-SÉRIE N°48 - 29
La liaison paysage-carte
Le navigateur, et pas uniquement le débutant, est souvent plongé dans sa carte,
confiné à l’intérieur, pour élaborer sa stratégie et calculer ses options.
Or personne ne pratique la voile pour se consacrer exclusivement au potassage
devant un ordinateur, coincé derrière une table à cartes.

M ettre le nez dehors est toujours


plus agréable, c’est même salva-
teur en cas de mal de mer. Surtout, mon-
La tablette, dans
sa protection
étanche, permet
visible, en commençant par les points
les plus caractéristiques. Ici un phare, là
un promontoire profondément marqué,
et communiquer sa stratégie à ses équi-
piers. Pour passer ses consignes, le navi-
gateur peut désormais s’appuyer sur la
de sortir la carte
ter dans le cockpit et s’intéresser au plus loin un îlot isolé… Où se situent-ils tablette. La stratégie de navigation illus-
sur le pont.
paysage est un excellent moyen de tra- Le navigateur sur la carte ? Comment sont-ils repré- trée par la route tracée sur l’écran devient
vailler sa nav' côtière. A plus forte rai- établit le lien sentés ? Partant de l’un de ces points claire pour tous, surtout que le plan d’eau
son si l’on a ses cartes sous le bras ou entre chaque caractéristiques évidents, le navigateur y est bien dessiné. A quel moment effec-
plutôt sa tablette en main. Dans ce cas, amer et sa balaye du regard le paysage de gauche tuer le prochain virement de bord ? Quels
on peut consulter sa cartographie quel cartographie à droite, s’arrête lorsqu’il rencontre un sont les dangers dont on ne veut pas s’ap-
numérique.
que soit l’état de la mer ou celui du ciel nouveau détail, vérifie sa carte à nou- procher ? Les réponses et les consignes qui
(dès lors que la tablette est protégée veau pour lui donner un nom. Et ainsi en résultent sont illustrées par l’image et
dans son boîtier) et à n’importe quelle de suite. Peu à peu, chaque balise cardi- deviennent plus explicites en particulier
heure du jour et de la nuit sans avoir nale, chaque roche à fleur d’eau trouve pour le barreur, maître de la manœuvre.
besoin d’éclairer à la lampe électrique sa place. Le paysage s’organise, le lien Si la tablette est couplée à un récepteur
ou à la frontale. avec la carte se précise. AIS, il sera possible de surveiller les routes
Prendre le temps de décomposer l’en- de collision à la fois de visu et électroni-
vironnement est un exercice efficace Un outil de communication quement. L'équipage gagne ainsi en sécu-
pour progresser dans sa lecture, dans sa rité. Pour cela, on pourra fixer l’écran sur
compréhension de la cartographie. On Voilà pour le navigateur qui va devoir un flanc du cockpit, à l’aide de systèmes
cherche à appréhender chaque élément maintenant transmettre ses observations à ventouses spécifiques. ■

30 - HORS-SÉRIE N°48
Logiciel de Navigation
.COM assisté par GPS
Naviguez avec
Site communautaire des cartes
Visitez Portmaps.com officielles à jour
pour les marins !
Passez votre petite annonce
et parcourez gratuitement le
Portmaps, c’est aussi la liste des ports
avec leurs positions sur une cartographie
PRÉPAREZ VOTRE NAVIGATION,
marché de l’occasion. Votre
annonce sera vue par un lar-
r
détaillée et des fiches de port précises
avec toutes les informations pratiques, un
ET NAVIGUEZ EN TOUTE SÉCURITÉ
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liste des ports avec
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direct d’échange et de partage


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Tel: 06 14 14 93 50 sur tablette ANDROÏD
Au près, pour réduire la
traînée, qui freine la
progression du bateau, on
réduit la cambrure du
profil de la voile. Comme
ici ce MC34, naviguant
avec des voiles très plates.

Crédit

Les waypoints
Quand on prépare une navigation, on est amené à placer
des marques de passage à des endroits que l’on juge stratégiques
(points de départ et d’arrivée, changements de direction, présence
d’un danger, etc.). Balisant la route que l’on est en train de créer
et la décomposant en plusieurs segments que le voilier suivra,
elles sont appelées waypoints, littéralement "point de passage".

32 - HORS-SÉRIE N°48
PREPARER SA NAVIGATION

A u gré de ses navigations, on finit


par créer des dizaines voire des
centaines de waypoints. Et pour peu
utilisé une convention simple pour nom-
mer nos waypoints, qui consiste à asso-
cier trois informations : Le catalogue de waypoints, ou l’intérêt du classement ordonné.
que l’on navigue régulièrement dans
la même zone, ces marques accumu- • Un secteur géographique large,
lées quadrillent l’écran ou plutôt le par exemple PL = secteur de Paimpol.
plan d’eau. Par défaut, le logiciel de
navigation propose de numéroter les • Une référence à un détail précis,
waypoints de façon incrémentale, WP1, par exemple Les Piliers = le nom de la
WP2, WP3, etc. C’est instantané, imper- balise à contourner.
sonnel et rapidement confus, tant il
est difficile de se retrouver dans cette • Enfin une information cardinale,
masse de positions anonymes. Pour par exemple N = le waypoint est au
tout dire, les waypoints numérotés ne Nord des Piliers.
sont pas réutilisables.
Le classement en catalogue offre dès
Poser et personnaliser lors une vue synthétique et permet,
en un clic, d’activer un point préala-
les waypoints blement défini afin de l’associer à une
La bonne habitude consiste donc à nouvelle route.
personnaliser chaque nouveau point Certains d’entre nous vont même plus
que l’on pose, en leur affectant un nom loin dans la personnalisation des way-
explicite, avec, c’est encore mieux, un points : ils agrémentent leurs marques
commentaire. On peut aussi modifier le d’une photo, bien utile pour localiser
symbole du waypoint en fonction de sa ce que l’on cherche réellement dans
nature : une ancre pour matérialiser un un environnement qui peut parfois lais-
mouillage, par exemple. Ici, nous avons ser perplexe. Personnaliser un waypoint en y associant une photo.

HORS-SÉRIE N°48 - 33
NE FAITES CONFIANCE
QU’À VOUS-MÊME !
Les ouvrages nautiques ou
autres pilotes côtiers regorgent
de waypoints pour indiquer
ici un mouillage paradisiaque,
là un point de passage
important, etc. De même, le
GPS du voilier que vous louez
cette semaine est certainement
rempli de ces waypoints
aux noms évocateurs ! On
ne le répétera jamais assez :
n’utilisez pas les coordonnées
géographiques d’un point sans
les avoir vérifiées ! Qui sait si
elles n’ont pas été recopiées
avec une erreur d’un digit, si
elles ne font pas référence à
un vieux système géodésique…
Positionnez vous-même vos
waypoints.

La règle du pouce illustrée sur le trajet Saint-Peter Port – Trébeurden.

La règle du pouce
Rien de tel que la préparation d’une
navigation réelle pour illustrer la règle
du pouce. Cette mini-croisière doit nous
conduire de Guernesey à Trébeurden.
Pour aller au plus court, le navigateur
souhaite naturellement parer le pla-
teau des Triagoz au large de la côte de
granit rose. En étudiant la carte, il est
tout de suite alerté par le code cou-
leur des fonds, ceux-ci virent du blanc
(au-delà de 10 m de fond) au bleu foncé
(moins de 5 m de fond). En regardant
plus précisément, on s’aperçoit aussi
que la ligne de sonde entre les deux cou-
leurs est dessinée en pointillé. L’éditeur
a repris la codification du SHOM. Si l’on
se réfère à l’ouvrage 1D «Symboles,
abréviations et termes utilisés sur les
cartes marines» (à disposition en télé-
chargement sur le site web du SHOM),
ce trait en pointillé indique une zone
contenant de nombreux dangers. On
est prévenu, il ne faut pas fréquenter
ce coin-là. Pour autant, aucun balisage Le plateau des Triagoz, une zone de danger à parer.
ne délimite cette zone. Aucun repère
visuel ne vient aider le navigateur dans
son approche. Mais dans ce cas, quelle

34 - HORS-SÉRIE N°48
PREPARER SA NAVIGATION

règle faut-il respecter ? La réponse est


détaillée dans un autre ouvrage du
SHOM, «Hydrographie, les documents
nautiques, leurs imperfections» (lire
encadré ci-contre). «Le navigateur tra-
cera, chaque fois que possible, sa route
de façon à passer à plus d’un pouce
des dangers immergés, à l’échelle de
la carte dont il se sert.»; Il nous faut
donc connaître l’échelle de la carte et
la taille… d’un pouce.

L’échelle de la carte est une propriété


que l’on va chercher, avec le logiciel
Adrena, en un clic droit sur la carte /
Infos ici / Info sur objet CMAP ; l’échelle
(scale en anglais) est de 1 : 48700 1 cm
représente 487 m.

Un pouce valant 2,707 cm (définition


du SHOM), la distance de sécurité est
donc de 2,7 x 48700 = 131 490 cm, soit 1
314,9 m ou encore 0,7 mille nautique. On
estime la distance à partir de la ligne de
danger à l’aide de l’outil de mesure pro-
posé par le logiciel.

Le waypoint est positionné au-delà de 0,7 mille de la ligne de danger.

Le SHOM diffuse en libre


téléchargement le document
«l’hydrographie, les documents
nautiques, leurs imperfections
et leur bon usage».
Cet ouvrage de 40 pages décrit
les principes et les techniques
utilisées pour effectuer les
levés bathymétriques. Il est
intéressant d’y noter que les
spécialistes de l’hydrographie
relatent les imprécisions et
les erreurs qui ont parfois
abouti à des accidents
maritimes. S’ensuit une série
de recommandations aux
navigateurs. A conserver dans
sa bibliothèque numérique…

L’échelle de la carte (scale) 1 : 48700.

HORS-SÉRIE N°48 - 35
Saint-Malo – Saint-Hélier (Jersey)
en 7 étapes avec Adrena
La préparation d’une navigation débute invariablement par le tracé de la
route idéale à suivre. Par idéale on entend rapide, sûre et agréable à suivre,
autant de critères importants pour le navigateur et son équipage.

L’ exercice : la navigation entre le


bassin Vauban, à Saint-Malo, et
la marina de Saint-Hélier, sur l’île de
Jersey, nous fera emprunter le chenal
de la Grande Porte, contourner le pla-
teau des Minquiers puis finalement
atterrir via la passe «Red & Green» au
Sud-Ouest de Saint-Hélier. Les prévi-
sions météo annoncent un vent de Sud-
Ouest, la route devrait être directe sans
avoir à tirer de bords. Pour la détermi-
ner, on procède de façon itérative, en
alternant vue d’ensemble, couvrant l’in-
tégralité du trajet et les vues de détail,
s’attachant à un segment particulier
de la route.
On commence par dessiner un premier
trajet grossier en choisissant un fac-
teur de zoom permettant de visualiser
à la fois les points de départ et d’arri-
vée. Dans cette phase, on pose rapide-
ment une série de points de passage
aux endroits stratégiques, typiquement
là où il faudra changer de cap. Ce zoom
à petite échelle ne permet pas de défi -
nir avec précision la position des way-
points, mais on peut déjà avoir une
première idée de ce que sera la route à Quelques minutes touches. Quand le résultat obtenu est longueur de chaque segment de route
suivre. Ensuite, on affine ce parcours, avant d'appareiller, satisfaisant, on le sauvegarde pour pou- ainsi que le cap vrai à suivre. Pendant la
en déplaçant ici tel point pour le pla- voilà le travail voir l’exploiter plus tard, en navigation, navigation, la route ainsi tracée servira
réalisé par le
cer en eau libre, en ajoutant là tel autre ce qui est le but recherché. de référence au logiciel pour calculer en
navigateur pour
point pour que le segment de route définir la route temps réel les informations utiles au
évite un danger, ou encore, on supprime entre Saint-Malo
et Jersey.
Une route balisée navigateur. Ce dernier disposera alors à
une marque devenue superflue. Après tout instant non seulement de ses caps
chaque modification, on dézoome pour Il a procédé en 7 Une fois la route déterminée, le logi- fond et surface, de sa vitesse fond, mais
vérifier l’aspect général de la trajec- étapes. ciel Adrena permet de visualiser sous la aussi de l’heure estimée d’arrivée, de la
toire redéfinie. Si elle apparaît inutile- forme d’un tableau les détails du par- distance à couvrir pour atteindre le pro-
ment rallongée, on corrige par petites cours. On y retrouvera en synthèse la chain waypoint, etc.

36 - HORS-SÉRIE N°48
PREPARER SA NAVIGATION

Pas à pas
1. Poser ses waypoints à la volée
Adrena offre la possibilité de tracer une
route à la volée au travers du menu «WP et
parcours / Création rapide d’un parcours
sur la carte». Avec la souris, il suffit de
pointer sur la carte la position à laquelle
on souhaite définir un premier waypoint et
un clic de souris enregistre cette marque.
On déplace le curseur et un nouveau clic
place le second point, et ainsi de suite
jusqu’à atteindre, pas à pas ou plutôt point
à point, la destination souhaitée.

2. Affecter un nom à la route


Pour compléter l’opération, un double-clic
ouvre une fenêtre de dialogue permettant
de «valider et activer» ce parcours. Le navi-
gateur étant amené à créer de nombreuses
routes, il est judicieux de nommer précisé-
ment ces tracés au fur et à mesure de leur
création. En utilisant les points de départ
et de destination dans le titre (ici «St Malo
– St Hélier»), il sera facile de retrouver et
de réutiliser cette route.

3. Exploiter
le gestionnaire de routes
Adrena permet de classer, modifier, sup-
primer ou activer les routes enregistrées à
l’aide d’un gestionnaire de routes (cf menu
«WP et parcours/Gestion des parcours»).
D’un coup d’œil, on est renseigné sur la lon-
gueur du parcours. Pour celui qui navigue
régulièrement dans un même périmètre, ce
catalogue est précieux : pourquoi perdre
du temps à retracer une route puisqu’elle
est déjà mémorisée ?

HORS-SÉRIE N°48 - 37
4. Déplacer un waypoint
Tourner la molette de la souris permet de
zoomer sur un détail du parcours. Pour
déplacer une marque, on pointe le curseur
sur ce waypoint, un clic droit donnant
alors accès à la palette de fonctions de
retouche : «déplacer le waypoint», «sup-
primer le waypoint», ou encore «insérer
un waypoint avant», «insérer un waypoint
après». Chacune de ces actions corrige la
trajectoire en ajustant automatiquement
les segments de route.

5. Insérer un waypoint
A l’évidence, une route évite les dangers
qui la jalonnent ou la menacent.
Le navigateur s’assure donc que le tracé ne
le conduit pas à passer sur un caillou,
un haut-fond hasardeux ou autre écueil.
Ici, un nouvel examen révèle que la route
passe sur le plateau du Grand Jardin. Il fau-
dra insérer un waypoint «avant (ou après)»
pour s’éloigner du danger… Un nouveau
segment apparaît automatiquement grâce
à cette action.

6. Le tableau de marche
Une fois la route activée et la navigation
engagée, le tableau de marche (Configu-
ration / Route directe) renseigne à tout
moment sur l’évolution des informations
essentielles : waypoint visé, distance à
parcourir pour l’atteindre, route fond et
route surface à suivre. Au fur et à mesure
de la progression, la trace du navire se
superpose à la carte, tel un fil d’Ariane.
On notera également, ici en pointillé
orange, le vecteur d’estime indiquant la di-
rection actuellement suivie par le bateau.

7. Les indicateurs en temps réel


Si les capteurs du bord sont connectés au
PC via une interface NMEA, les informa-
tions qu’ils délivrent sont retranscrites en
temps réel. L’anémomètre indique la force
du vent (TWS), son orientation (TWA) ; le
GPS précise la position latitude/longitude
ainsi que la vitesse (COG) et le cap vrai suivi
(SOG). Le calcul de marée est rappelé sous
la forme d’une hauteur d’eau (au-dessus
du zéro des cartes) et de la tendance (mon-
tante ou descendante).

38 - HORS-SÉRIE N°48
PREPARER SA NAVIGATION

Les variantes ▶ Ensuite, l’opération consiste à répéter pour chaque


nouveau point :

1. Placer un nouveau waypoint.


Créer une route à partir d’un catalogue de waypoints
La deuxième méthode pour tracer une route est également très simple : on
exploite le catalogue de waypoints listant les points créés lors de précédentes
navigations. En fait, il s’agit d’ajouter et d’ordonner un à un les waypoints dans un
tableau pour construire le tracé. Cette méthode est valable pour celui qui connaît
bien le bassin de navigation et qui a pris soin de ranger consciencieusement ses
points de passage. Dans ce cas, le parcours est rentré en quelques clics.

2. Sélectionner ce waypoint.

3. Ajouter ce waypoint à la route.


Tracer une route sur une tablette
L’interface tactile modifie quelque peu la procédure pour définir une route, néan-
moins la philosophie reste la même : soit on crée un parcours à la volée, soit on
exploite le catalogue de waypoints déjà défini. La vraie différence est ailleurs, dans
l’ergonomie du mode de saisie. Avec une tablette, il n’est pas toujours facile d’être
précis avec ses (gros) doigts. Un peu de pratique est nécessaire.

Avec iNavX, dans l’ordre, on crée et on nomme une nouvelle route.

▶ Et pour finir, il convient de renommer un à un les way-


points, de leur associer les commentaires adéquats, d’y ajou-
ter une photo si nécessaire, bref de personnaliser les données.

HORS-SÉRIE N°48 - 39
Au près, pour réduire la
traînée, qui freine la
progression du bateau, on
réduit la cambrure du
profil de la voile. Comme
ici ce MC34, naviguant
avec des voiles très plates.

Le langage des instruments


VMG, AWA, STW, COG, laylines... Avec les acronymes et les anglicismes qui se multiplient à
mesure que l'on ajoute des instruments à bord, on imagine que la langue de l'électronique
embarquée est plutôt l'anglais, ce qui ne va pas sans problèmes d'interprétation.
Pour ceux qui ne sont pas familiers de la langue de Chichester et pour les autres à qui
une petite révision ne ferait pas de mal, voici une balade entre Concarneau et l'archipel
des Glénans, histoire d'illustrer cette terminologie souvent perfide.

Le triangle du vent est nul (c'est la définition du calme


plat). Cependant, le déplacement du
3. Le bateau navigue à la voile, le vent
apparent est une combinaison du vent
L'anémomètre délivre deux informa- bateau crée un vent vitesse, de sens réel et du vent vitesse. Pour obtenir la
tions : la force du vent (Wind speed) et directement opposé au cap suivi. Dans relation entre les vents apparent, vitesse
son angle (Wind angle). La centrale de ce cas, le vent apparent est égal au et réel, on construit un triangle de vec-
navigation décline ces deux données en vent vitesse. teurs comme indiqué dans le schéma.
quatre indicateurs distincts. La force et
l'angle du vent réel ainsi que la force
et l'angle du vent apparent. Pour com- Nord TWD (True Wind Direction)
prendre ces notions, il faut considé- Vitesse surface Nord
rer trois cas : STW (Speed Through Water)
ou BSP (Boat Speed)
1. Le bateau est à l'arrêt, amarré au
port. L'anémomètre mesure alors la Vent apparent Vent
force et l'angle du vent réel.
AWS (Apparent Wind Speed)
Angle du vent apparent
2. C'est jour de calme plat, il n'y a pas Angle du vent réel
un brin d'air sur le plan d'eau. Le bateau Vent réel AWA (Apparent Wind Angle)
est en route au moteur. Le vent réel TWS (True Wind Speed) Vent TWA (True Wind Angle)

40 - HORS-SÉRIE N°48
SUIVRE SA NAVIGATION

La navigation entre Concarneau et l'archipel de


Glénans s'effectue au près.
Le vent souffle du 170° vrai (170° True en anglais).
Cette information est fournie par AdrenaFirst sous
l’acronyme TWD (True Wind Direction). Il s'agit de
l'angle du vent réel avec le Nord vrai. Le vent réel,
TWS (True Wind Speed), est de 12 nœuds.
Le vent apparent est mesuré par rapport à la ligne
de foi du navire. En pratique, c'est ce vent que nous
ressentons à bord.
Le vent vrai vient de bâbord, avec un angle de 51°
(TWA True Wind Angle). La force du vent apparent
(AWS Apparent Wind Speed) n'est pas indiquée ici.

Le gain au vent
Au près, on cherche à trouver un com- ces conditions, il faut trouver un opti- Vitesse surface
promis entre faire de la vitesse et faire
du cap. En choisissant de naviguer à une
mum en cap et en vitesse. Cet optimum
est obtenu lorsque le gain au vent est
STW (Speed Through Water)
allure débridée (avec un angle au vent maximisé. Les Anglo-Saxons parlent ou BSP (Boat Speed) Gain au vent
réel ouvert), on gagne facilement en de VMG pour Velocity Made Good. Le VMG
vitesse pure. Mais on perd en cap. En gain au vent est la composante utile Nord (Velocity Made Good)
choisissant de naviguer au près serré, du vecteur vitesse, celle qui, comme
le cap semble bon mais la vitesse s'ef- son nom l'indique, permet de gagner
fondre. Bref, l'histoire est connue, dans dans l'axe du vent. Vent

Essai n°1 - le bon plein: Route au 221° vrai. Le vent réel est au 51°, la vitesse sur l'eau est de 5,7 noeuds. Le gain au vent est de 3,6 nœuds.

Essai n°2 – le près serré : Cap au 210° vrai. Le vent apparent est au 40°, la vitesse sur l'eau est de 4,5 nœuds. Le gain au vent est de 3,4 nœuds.

HORS-SÉRIE N°48 - 41
Essai n°3 – le près optimum : Route au 215° vrai. Le vent réel est En loffant, l'angle au vent apparent diminue immédiatement
à 45°, la vitesse sur l'eau est de 5,2 nœuds. Le gain au vent est de mais la vitesse, elle, ne change pas instantanément. En obser-
3,7 nœuds. vant le VMG pendant l’aulofée, on a donc l'impression d'avoir ga-
Remarque : pour exploiter l'indicateur de VMG, il faut être pa- gné significativement... C'est sans compter que dans quelques
tient et ne pas oublier qu'un voilier offre beaucoup d'inertie. instants, la vitesse va chuter, ainsi que le VMG.

Les bords du cadre


L'angle au vent apparent opti-
mum (45° pour un vent à 12
nœuds) définit également les
bords du cadre à ne pas dépas-
ser si l'on ne veut pas faire un sur-
croît de route. Les Anglo-Saxons
et les coureurs, utilisent le terme
de «layline». AdrenaFirst affiche
la layline tribord en vert et la lay-
line bâbord en rouge. Pour évi-
ter le «hors-cadre», on vire sur
la layline. Héritage du monde
de la course, le logiciel donne
également la distance à parcou- La recherche de l'optimum de route au
rir jusqu'à la prochaine layline près est illustrée sur le dessin de la po-
(exprimée en nombre de lon- laire de vitesse du voilier. Ce diagramme
gueurs de bateau). représente pour chaque angle de vent
la vitesse cible du voilier (target en an-
glais). L'angle optimum au près est indi-
qué à l'aide d'un cercle (ici à 45° du vent).

COG Cap over ground Route Fond


SOG Speed Over Ground Vitesse Fond

GLOSSAIRE BSP
HDG
Boat speed
Heading
Vitesse surface
Cap vrai
ANGLAIS-FRANÇAIS
DES TERMES UTILISÉS BRG Bearing Cap vrai (au waypoint)
PAR LES LOGICIELS DE NAVIGATION. RNG Range Distance (au waypoint)
XTE Cross Track Error Ecart de route
AWA Apparent Wind Angle Angle du vent apparent
AWS Apparent Wind Speed Force du vent apparent
TWA True Wind Angle Angle du vent réel
TWS True Wind Speed Force du vent réel
TWD True Wind Direction Direction du vent réel
VMG Velocity Made Good Gain au vent
VMC Velocity Made on Course Gain sur la route
TTG Time To Go Temps pour atteindre le waypoint

42 - HORS-SÉRIE N°48
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Au près, pour réduire la
traînée, qui freine la
progression du bateau, on
réduit la cambrure du
profil de la voile. Comme
ici ce MC34, naviguant
avec des voiles très plates.

Naviguer avec du courant


La navigation avec du courant a toujours été source
d’interrogations. Comment prévoir la meilleure trajectoire
à suivre ? Quels sont les points de passage critiques à anticiper ?

L es réponses ne sont pas simples et


demandent beaucoup de calculs,
longs et fastidieux. Là encore, l’aide
Manche et de la façade Atlantique. En
format numérique, ces modules Atlas
de courant sont fournis sous la forme
du coefficient de marée du jour. On
notera que le SHOM a mis à jour l’atlas
pour la zone du Pas-de-Calais et de la
informatisée est précieuse. La machine d’une option payante dans certains logi- baie de Somme (2014), ainsi que celui
se charge des calculs et il ne nous reste ciels (AdrenaFirst, MaxSea et ScanNav). des Pays de Loire (2015). Proudman pro-
plus qu’à interpréter les résultats, afin Ils décrivent l’évolution du flot et du pose un produit similaire sur les côtes
de choisir parmi les différentes options jusant heure par heure, en fonction britanniques.
que propose le logiciel.
Les gribs de courant
Les atlas
Les services météorologiques dif-
Le thème de ce chapitre n’a de sens fusent les prévisions de vent, de pres-
que si l’on est capable d’exploiter des sion, de précipitations sous la forme de
données fiables. La connaissance des fichiers informatiques que l’on appelle
phénomènes de courant tient compte fichiers Grib. Ces fichiers synthétisent les
d’un long historique d’observations résultats des calculateurs utilisés pour
in situ. Des courantomètres jalonnent prévoir les évolutions de l’atmosphère.
les côtes pour enrichir constamment
Les atlas numériques de courants du SHOM
les bases de données, lesquelles nour- reprennent exactement la même
rissent des modèles de prévisions tou- couverture géographique que les versions
jours plus performants. En France, le papier. De même, ils détaillent les zones à
SHOM produit des atlas de courants fort courant, en augmentant la densité du
de marée pour les zones côtières de la maillage des flèches symbolisant la force et
la direction vers laquelle porte le courant.

44 - HORS-SÉRIE N°48
SUIVRE SA NAVIGATION

L’ÉTUDE DES COURANTS,


UNE SCIENCE EN MOUVEMENT
Les travaux d’études et de modélisation des courants
battent leur plein. Ils s’adressent aux mondes de la
pêche et de la plaisance. Moins connu, ils servent
aussi à prédire les conséquences environnementales
après les catastrophes, type marée noire, survenues
sur nos côtes. De nouvelles données sont proposées
par le SHOM, qui met en ligne des prévisions à trois
jours (http://data.shom.fr/#donnees/oceanographie).
Ces données sont proposées au téléchargement open
data dans un format qui n’est pas directement compa-
tible avec nos logiciels de navigation, mais gageons
que les développeurs pourront rapidement en ex-
trapoler des fichiers Grib.

Les océanographes étendent le


domaine de prévision au comportement
de la couche de surface des océans,
elle aussi soumise à des mouvements,
On a dessiné un la mécanique des fluides servant de
polygone autour de l’île fondement théorique à ces prévisions.
de Guernesey, Au final, les calculateurs océanogra-
en prenant soin
d’exclure l’estran ainsi
phiques expriment eux aussi les résul-
que tous les hauts- tats de leurs longues maturations sous
fonds qui bordent la forme de fichiers Grib.
la côte Ouest de l’île. Le projet myOcean modélise de nom-
breux paramètres océanographiques :
température, salinité, élévation des
océans..., et notamment les courants
qui nous intéressent ici. Les fichiers
GRIB de courants myOcean sont mis en
ligne gratuitement sur les serveurs de
l’entreprise Weather4D (sur le site www.
weather4D.com/MyOcean).

Avec l’alternance du courant, la trajectoire


Simulation d’une traversée
oscille un coup vers l’Ouest, un coup de la Manche
vers l’Est. On ne cherchera pas à lutter
contre ce phénomène, sachant que si On souhaite réaliser la traversée
le courant nous dévie à droite pendant Saint-Malo-Dartmouth sur les côtes
6 heures, il nous ramènera à gauche lors anglaises du Devon. Sur cette route,
des 6 heures suivantes. C’est seulement l’île de Guernesey et le plateau des
lors de l’approche finale que l’on
Minquiers sont synonymes de dangers.
anticipera le courant à venir.
De larges écueils devront être contour-
nés à bonne distance. Dans sa version
Standard, Adrena propose un outil fort
intéressant pour gérer ce problème : le
«roadbook». Le navigateur dessine des
zones d’exclusions autour des dangers
qu’il souhaite éviter. Si par mégarde on
Zoom sur Guernesey. Le temps est calé sur
l’heure du passage critique. Le courant venait à pénétrer à l’intérieur de l’un de
s’oppose à la progression du voilier, ces polygones, une alarme retentirait.
ça passe tout juste. Si par malchance, Il est également possible d’interdire au
on s’est décalé sous le vent, plus à l’Est logiciel de router dans ces zones.
sous Guernesey, on se retrouvera à tirer
des bords contre le vent et le courant.
Autant dire qu’il faudra attendre La réflexion
la renverse pour espérer contourner
la pointe de l’île. Mieux vaut rester Le routage est un outil magique, qui
concentré. Dès que cette pointe sera dans alimente les réflexions du navigateur.
le sillage, l’équipage pourra se relâcher. Il permet d’élaborer des scénarios de
Enfin pas trop : le rail des Casquets et ses
route, de valider des hypothèses, de
innombrables cargos sont tous proches.
mettre en lumière les temps critiques

HORS-SÉRIE N°48 - 45
Le tableau de marche résume heure par
heure les données de navigation.
Le COG (Cap over ground ou route fond)
évolue avec le courant. A l’inverse
le cap surface (cap vrai) est quasiment
constant aux alentours de 330°.
Le barreur devra donc garder
un cap fixe pendant la quasi-totalité
du trajet, et incurver sa route lors des
deux dernières heures.

La traversée avec 20 % de vitesse


en moins dure 21 h 20 contre 17 h 28
dans le cas initial. Pas de surprise ici.
Ce qui doit attirer l’attention, c’est ce
qui se passe vers Guernesey. La trace
vient percuter la zone d’exclusion.
Il faut étudier ça de plus près.

de la navigation. Dans notre cas, tout est temps à l’écoute et aux écoutes, en tout variables dans notre univers marin. Il
simple : c’est tout droit ! Le vent est quasi cas avec la même effi cacité. Fort de permet d’élaborer des hypothèses et
constant en force et direction, d’Ouest ces certitudes, le navigateur envisage d’en étudier les conséquences poten-
Nord-Ouest entre 15 et 10 nœuds. La un scénario moins optimiste et adopte tielles. Il concourt à la prise de décision
courbe tracée par le module de rou- une vitesse moyenne inférieure de 20 %, en soulageant le navigateur de calculs
tage illustre bien l’alternance du cou- réajustement qui ne demande qu’un laborieux, autorisant ainsi la multipli-
rant en Manche, elle s’incurve dans un seul clic dans AdrenaStandard (avec cation des scénarios. Autre force de
sens puis dans l’autre comme pour des- AdrenaFirst, l’utilisateur doit modifier l’outil, il est conçu pour modifier une
siner une vague. les polaires de vitesse manuellement à une les variables de la route (force
La réflexion ne s’arrête pas là, car un pour arriver au même résultat). vent, vitesse du voilier, décalage tem-
tableau de marche aussi idyllique est Cet exemple illustre comment le porel d’un fichier Grib), pour nourrir la
rare. L’attention du barreur va forcé- navigateur peut rapidement détermi- réflexion. Quant à la gestion du cou-
ment se relâcher et les régleurs vont ner les lignes directrices de la future rant, elle est, avec le routage, en passe
tailler une bavette, ce qui n’a rien à voir traversée. Le module de routage ne d’être maîtrisée par la technologie, au
avec la coupe du génois mais signifie donnera jamais la solution absolue à moins en ce qui concerne les naviga-
plutôt qu’on ne peut pas être en même un problème, il y a beaucoup trop de tions semi-hauturières. ■

46 - HORS-SÉRIE N°48
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progression du bateau, on
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Saut automatique
des waypoints
Le tracé d’une route comprend une succession de segments
parfaitement rectilignes. Dans le monde réel, la trajectoire du
voilier n’est jamais exactement alignée avec le segment prévu.

L e barreur s’adapte à un vent qui


oscille, les vagues font tituber le
bateau, une veine de courant chasse
progression par exemple, la route peut
être représentée par une ligne droite,
alors même que le voilier sera au lou-
qu’il faut bien comprendre avant de
changer les paramètres du logiciel. Le
cercle d’arrivée entoure le point visé et
le navire… Pour autant, le logiciel s’ac- voyage, zigzaguant de part et d’autre le rayon de ce cercle est toujours para-
commode de toutes ces variations et de la route idéale. Et pour franchir un métrable au travers des menus du logi-
indique à tout instant le prochain objec- waypoint et sauter automatiquement ciel. En règle générale, il est possible
tif à atteindre. Connaître la méthode au suivant, il suffit de passer à la per- d’associer une alarme pour signifier que
utilisée par le logiciel pour effectuer ce pendiculaire de cette première marque, l’on pénètre dans le cercle. En outre, le
travail de suivi est intéressant, notam- quelle que soit la distance. même événement décidera de basculer
ment quand on place les waypoints ou sur le waypoint suivant. Il ne faut donc
quand on paramètre l’outil. Cercle d’arrivée pas élargir le cercle d’arrivée inconsidé-
rément, on risquerait de couper à tra-
A la perpendiculaire Dans ce second cas d’école, la tra- vers les cailloux.
du waypoint jectoire réelle est proche de celle pré-
vue initialement. Le voilier vise bel et
Au vu de ces éléments, on compren-
dra aisément qu’il faut prendre avec
Pendant la navigation, il n’est pas bien le waypoint à venir. Tous les logi- beaucoup de retenue les indications
besoin de coller à la route tracée sur ciels implémentent le principe du cercle données par le logiciel quand on trace
la carte. Si le vent est dans l’axe de d’arrivée sur le waypoint, une notion une route dans les cailloux. En fait,

48 - HORS-SÉRIE N°48
SUIVRE SA NAVIGATION

l’exploitation stricte des consignes du Nul besoin d’activer manuellement un à un


logiciel de navigation dans un environ- les waypoints de la route, le logiciel bascule
nement confiné n’est simplement pas d’un point à l’autre lorsque le voilier passe à
la perpendiculaire du point actif, ici au
appropriée. Là encore, l'œil du navi-
niveau du plateau des Birvideaux. Dans
gateur et le sens marin sont autant cette configuration, le navigateur
de paramètres indispensables à une s’intéresse non pas à la vitesse fond (SOG)
navigation la plus sécurisée possible. mais plutôt à la vitesse de rapprochement
On choisira plutôt de combiner navi- sur le waypoint (VMC), et au temps (TTG)
gation à vue et exploitation de l’histo- qu’il faudra patienter pour atteindre la
prochaine marque (entourée en jaune sous
rique immédiat de la trace qui a, quand
MaxSea Time Zero).
on l’examine bien, quelque chose de
prédictif. Ce croisement des données
a une véritable vocation pédagogique
pour le plaisancier. ■

Il n’est pas inutile de passer


un peu de temps à étudier les
paramétrages de son logiciel de
navigation, ne serait-ce que pour
bien comprendre les décisions
que celui-ci prend pour nous.
Sur la première image, le
cercle d’arrivée au waypoint
est configuré à 0,5 mille, il est
dessiné en pointillé rouge.
Dès que le bateau pénètre
à l’intérieur de ce cercle, le
logiciel considère que nous
sommes arrivés au waypoint ; il
nous oriente donc vers le point
suivant (deuxième image).
Il est clair ici (la taille du
cercle est exagérée pour
la démonstration) que ce
paramétrage est incorrect, voire
dangereux. On préférera bien
évidemment réduire le rayon
du cercle à 50 mètres (troisième
image), et éviter ainsi de couper
à travers les différentes têtes de
roche du passage Béniguet…

HORS-SÉRIE N°48 - 49
Au près, pour réduire la

Carlo Borlenghi/Rolex
traînée, qui freine la
progression du bateau, on
réduit la cambrure du
profil de la voile. Comme
ici ce MC34, naviguant
avec des voiles très plates.

L’écran va garder
la trace de la route
empruntée par

Afficher la trace
le bateau. Une sorte
de sillage indélébile.

La trace enregistre à l’écran les différentes positions du voilier à intervalles réguliers,


c’est une sorte de sillage indélébile. La fonction est utile pour visualiser de façon
synthétique l’évolution de la navigation.

L a trace illustre la trajectoire effec-


tuée et renseigne, en direct, sur les
paramètres qui influent sur la marche
Une trace enregistrée
au format GPX ou KML
peut être affichée
ultérieurement sous
du bateau. Si une bascule de courant
Google Earth. Ici, on
intervient, la trace le confirme. Lorsque souhaite réinterpréter
le courant se renverse, la trace traduit un passage clé à l’aide
son incidence. Si l’attention du barreur d’une représentation
se dissipe, la trace alerte. Simple outil réaliste, les photos
graphique, la trace est ultra-efficace. satellites de Sercq.

Le replay
Par principe, la trace mémorise une
trajectoire, c’est-à-dire une succession
de positions datées. A cet effet, le logi-
ciel de navigation enregistre la latitude,
la longitude, la date et l’heure à inter-
valles réguliers. Avec les connexions

50 — HORS-SÉRIE N°48
SUIVRE SA NAVIGATION

La fonction trace est fournie par tous les logiciels de navigation. Elle illustre à chaque instant l’historique de la navigation. Le bateau navigue sur un long bord
de près pour enrouler le plateau des Minquiers. Clairement, la trajectoire suggère qu’il faut envisager un bord supplémentaire pour laisser la balise Sud des
Minquiers par Tribord.

adéquates vers la centrale de naviga-


tion, il devient possible d’étendre ce
concept à n’importe quelle donnée en
provenance des capteurs du bord. On
peut donc compléter la collection de
positions et de dates avec la force et
l’orientation du vent, la profondeur,
les cibles AIS environnantes, la vitesse
du speedo, etc. C’est, ni plus ni moins,
le concept de la boîte noire des avions.
Le logiciel de navigation se comporte
exactement comme un enregistreur de
données automatisé.
A l’arrivée au port, le module Replay
chez Adrena Standard (cette fonction
n’est pas disponible sur la version First)
ou le module Voyage Data Recorder
chez OpenCPN… rejoue le film de la navi-
gation. Une animation dynamique par-
faite pour comprendre l’enchaînement
des événements.
Dans un processus d’apprentis- navigation, d’en extraire les passages La trace mémorise Etait-elle appropriée ? L’équipage sur
sage, et donc tout particulièrement clés, et de les critiquer au sens posi- la trajectoire, le pont a-t-il réussi à tenir la vitesse et
aux Glénans, on apprécie de pouvoir tif du terme. Avec un moniteur for- c’est-à-dire une le cap prévus ?
succession de
débriefer une navigation à l’aide d’élé- mateur à bord, l’exercice est bien sûr Pour cet exercice, l’idéal est d’avoir un
positions datées.
ments concrets et factuels. L’exercice facilité, néanmoins il peut être réa- Elle permet lièvre. Quand deux bateaux naviguent
est simple : le navigateur prépare sa lisé par tous. En étudiant le film de la de contrôler en en escadre, se crée souvent une ému-
nav', puis il se charge de contrôler son navigation, on cherchera à répondre direct l'avancée lation. Si à l’issue du jeu, vous ajoutez
exécution. Il adapte la route en fonction aux questions suivantes : le plan ini- du bateau. une petite séance de débriefing collec-
des événements rencontrés sur le tra- tial s’est-il déroulé comme prévu ? Si tif, chacun progresse. On retrouve cette
jet. Il fait ses choix de positionnement non, à quel moment avons-nous perdu démarche dans le monde de la course,
sur le plan d’eau. Il réagit aux circons- le fil ? Un événement imprévu est-il sur- avec cette fois-ci un objectif orienté vers
tances imprévues. venu (bascule de vent, de courant, vent la performance. Démarche d’apprentis-
Une fois arrivé à destination, l’idée moins fort que prévu…) ? Quelle a été la sage et recherche de performance ne
est d’analyser le déroulement de cette réaction face à cet événement imprévu ? suivent-elles pas le même objectif ? ■

HORS-SÉRIE N°48 — 51
Un cas d’école
dans les parages de Bréhat
Pour l’apprentissage de la voile, le terrain de jeu aux alentours de
Bréhat est idéal. L’école des Glénans a d'ailleurs choisi d’y installer
une base de croisière à Paimpol. On commence par préparer sa
navigation ici en huit étapes distinctes.

L e bassin de navigation y est parti-


culièrement varié : côte semée de
cailloux autour de Bréhat, archipels à
sur l’Ouest de la Manche et la pointe
Bretagne. Enfin, le Cotentin ou les côtes
anglaises ne sont qu’à deux jours de mer.
une vitesse moyenne de 6 nœuds pour
le voilier. Le travail préparatoire pro-
prement dit est intervenu le samedi
la nature préservée aux Sept îles ou Parce que cette région réunit aussi et a demandé environ une heure, dont
à Chausey, soupçons d’Angleterre à tous les cas de figure que l’on peut ren- vingt minutes consacrées à la météo. Là,
Guernesey ou à Sercq la belle, légende contrer en croisière côtière et qu’elle est le départ était imminent. Mais on peut
corsaire à Saint-Malo. La côte fourmille fréquentée par beaucoup d’entre nous, aussi s’inspirer de l’exercice pour prépa-
de mouillages et de rivières où l’on peut nous avons détaillé la préparation d’une rer, l’hiver par exemple, ses futures croi-
s’arrêter pour la nuit, bien à l’abri. Tous navigation «réelle» sur cette côte, entre sières, les données météorologiques à
ces points sont accessibles entre eux en Saint-Malo et Lézardrieux, effectuée le très court terme étant remplacées par
une journée de navigation mais, pour dimanche 2 novembre 2014, à bord d’un deux ou trois scénarios météo parmi les
ceux qui rêvent d’horizons plus loin- Salona 37 des Glénans. Elle représente plus probables à l’époque où l’on pro-
tains, la zone est une porte ouverte environ 40 milles et nous avons retenu jette de naviguer.

52 - HORS-SÉRIE N°48
SUIVRE SA NAVIGATION

Etape n°1 : Analyser les prévisions météo


P uisque l’on est à terre, on profite
de pouvoir accéder à Internet pour
se faire une idée précise de la situa-
Ces trois sources sont complémen-
taires. Le bulletin de Météo France four-
nit une synthèse de la situation locale :
Les cartes isobariques anglaises

tion météorologique. Avec un téléphone avertissements de sécurité, évolution à


3G/4G ou la connexion wifi d’un des court et moyen terme et effets de site
cafés du port, Internet permet de télé- sont mentionnés pour le secteur côtier
charger les prévisions. Il ne faut pas se qui nous intéresse.
priver de multiplier les sources.
• Le bulletin marine expertisé de Météo La carte anglaise étend le périmètre
France (gratuit) décrit la situation à l’Atlantique Nord. Un météorologue
générale, les observations ainsi que place les centres d’actions météorolo-
les prévisions pour les sept jours à giques (dépression et anticyclone) ainsi
venir. Pour la navigation prévue, nous que les fronts séparant les masses d’air.
nous intéressons au bulletin côte Les isobares renseignent sur l’orienta-
pour la zone du cap de la Hague à tion et la force du vent.
Penmarc’h. (http://www.meteofrance.
com/previsions-meteo-marine/bulletin) Enfin le fichier GRIB américain illustre
• Téléchargés sur le site allemand graphiquement l’évolution de la situa-
Wetterzentrale, un agrégateur (gra- tion météorologique. Le gradient de
tuit) d’informations météo, les cartes couleur et les barbules sont d’une lec-
isobariques (http ://www.http://www. ture très claire. Avec ces fichiers anglais
wetterzentrale.de/topkarten /topka- et américains, nous couvrons la zone
rten/fsfaxbra.html) du service météo- proche Atlantique, qui dicte les évolu-
rologique anglais (Met Office) donnent tions météorologiques sur la Manche.
une représentation synthétique de La veille du départ, les prévisions des
l’analyse de surface. différents services sont alignées. Dans
• Enfin, le logiciel zyGrib (http://www. chacune d’elles, une vaste dépression au
zygrib.org/) permet de charger gratui- Sud de l’Islande s’étend par un talweg Les cartes d’analyse de surface anglaises explicitent
tement les fichiers GRIB GFS en pro- jusqu’à l’Ecosse. La Manche est soumise le positionnement des centres d’action météorologique.
venance de la National Oceanic and au passage successif de deux fronts, un Une vaste dépression, assez creuse, vient se positionner sur les îles
britanniques. A l’avant de ce système, un flux de Sud s’est mis en
Atmospheric Administration (NOAA), front chaud, suivi d’un front froid, le
place, le vent va tourner progressivement au Sud-Ouest avec
dont dépend le service américain de tout dans un régime de vent de Sud à l’arrivée du centre de la zone dépressionnaire au Nord-Ouest de
météorologie. Sud-Ouest fort. l’Irlande. Le front chaud amène son lot de précipitations, également
mentionnées dans le bulletin de Météo France.

Le bulletin de Météo France 0,5 degré (depuis, la résolution est pas- GFS américain avec, à l’époque, son maillage de 0,5° n’était pas
Ce samedi, Météo France annonce sée à 0,25 degré), soit un maillage de 30 idéal pour étudier les effets de site (l’influence du relief et de
un «bulletin météorologique spécial». milles, les états de l’atmosphère. Les la côte sur le plan d’eau). Malgré tout, pour la zone de l’Ouest
Numéroté BMS n°128, il annonce un avis services météorologiques américains Cotentin, on distingue clairement un périmètre plus calme.
de coup de vent prévu pour la nuit du 2 fournissent ces données gratuitement.
au 3 novembre : «Prévision pour la jour- ZyGrib est un logiciel libre, permettant
née du 02/11/2014 : vent de Sud à Sud de visualiser et même d’animer ces
Ouest force 6 à 7 mollissant 4 à 5 en fichiers GRIB.
début de journée. Mer peu agitée à agi-
tée. Houle d’Ouest 2 à 3 mètres vers le
large. Pluies, localement orageuses puis
Quels sont les effets de site ?
averses l’après-midi. Visibilité moyenne Généralement, les baies de Saint-
sous précipitation.» Malo et de Saint-Brieuc sont relati-
Et pour la nuit: «Prévision pour la vement bien protégées des vents de
nuit du 02 au 03/11/2014 : vent de Sud Sud-Ouest. Les conditions de naviga-
Ouest 6 à 7, localement 8 vers la Hague. tion y sont bien plus clémentes que sur
Mer croisée par houle d’Ouest, mer agi- la pointe Bretagne, laquelle est beau-
tée à forte en Manche. Houle de 1 à 2,5 coup plus exposée aux dépressions
mètres. Averses et pluies orageuses.» automnales. Entre la baie du Mont
Saint-Michel et Bréhat, il est possible
Avec ZyGrib, l’utilisateur définit la zone géographique désirée, les
Le fichier GRIB GFS de naviguer sous le vent de la côte avec
données météorologiques qu’il souhaite obtenir (vent, couverture
une houle et un état de la mer raison- nuageuse, précipitations, champ de pression, température…).
Le fichier GRIB détaille avec un pas nables, à condition, évidemment, que ZyGrib charge le fichier GFS sur le serveur de la NOAA et affiche les
de trois heures et une résolution de l’on ne s’éloigne pas au large. Le GRIB données à la demande.

HORS-SÉRIE N°48 - 53
ZyGrib — 2 novembre 2014 — 06 h 00 UTC.
Vent de Sud sur Saint-Malo, la zone côtière PREMIÈRES ANALYSES
entre le Mont Saint-Michel et les Héaux
de Bréhat est relativement protégée. • Il est possible de tirer un cap
Il faut s’attendre à subir des rafales, mais vers l’Ouest, mais sans dépasser
si l’on reste à la côte, la mer devrait être Bréhat. Tant que l’on reste à
relativement plate. On note l’accélération proximité de la côte à l’intérieur
du vent à la pointe de la Hague.
des baies de Saint-Malo et Saint-
Brieuc, on devrait être protégé du
vent fort et de la houle d’Ouest.
• On veut arriver à destination
avant la tombée du jour. Car
naviguer de nuit, au près, dans un
ZyGrib — 2 novembre 2014 — 12 h 00 UTC. vent forcissant et au milieu des
Les isobares se desserrent en Manche. La cailloux, n’a rien d’attrayant !
zone d’accalmie s’étend désormais jusqu’en • Avec ce vent soutenu et un
baie de Morlaix. Le vent commence sa Salona 37 qui marche bien, nous
rotation au Sud-Ouest, mais les rafales sont pouvons aisément envisager de
moins fortes. Le GRIB est conforme aux parcourir le trajet entre Saint-
prévisions de Météo France qui prédit un
Malo et le port de Lézardrieux
vent mollissant 4 à 5 Beaufort.
dans la journée. Au fond de la
rivière du Trieux, c’est un port
abrité de tous les vents, parfait
pour la nuit annoncée. Reste à
valider dans le détail cette option.

ZyGrib — 2 novembre ZyGrib — 3 novembre ZyGrib — 3 novembre


2014 — 18 h 00 UTC. 2014 — 00 h 00 UTC. 2014 — 03 h 00 UTC.
Les isobares se La ligne de grains 35 nœuds moyens sur
resserrent, ça se gâte arrive sur la pointe la pointe de la Hague.
dans l’Ouest et le vent Bretagne. Le vent L’Ouest et le Nord du
continue sa rotation vers l’Ouest Sud-Ouest. reprend de la gauche en forcissant, la périmètre subissent le coup de vent. Le
La bulle d’accalmie s’estompe par l’Ouest situation décrite dans le BMS de Météo renforcement du vent est notable partout,
comme toujours lors du passage d’une France s’amorce sur la zone. On sera content même en baie de Saint-Brieuc où les rafales
dépression sur les îles britanniques. d’être amarré au port à cette heure-là. sont annoncées à 30 nœuds.

Etape n°2 : collecter les prévisions de marée


D’
Le Bloc Marine en
une manière générale, les prévi- pour le départ. Reste désormais à confir-
version «Guides
sions de marée permettent de escales mer notre choix de faire escale pour la
connaître à tout moment la hauteur numériques» décrit nuit à l'abri à Lézardrieux. Et là, tout est
d’eau sous la quille. Dans le cas présent, chaque port question d'horaires.
la hauteur d’eau définit la plage horaire en trois pages
(photo,
du départ. Le bassin des Bas Sablons à
informations clés, A quelle heure peut-on
Saint-Malo est maintenu à flot à l’aide
services et entrer à Lézardrieux ?
d’un seuil, il faut donc attendre la bonne équipements,
hauteur d’eau pour pouvoir sortir. Ce qui numéros de Selon Le Bloc Marine Guides escales
revient à déterminer l’heure à laquelle il téléphone, plan numériques (application payante mais
est possible de partir. Pour cela, trois élé- du port). Les guides modique pour tablette), le port, abrité
escales sont
ments sont à connaître : les horaires de la des vents, est accessible à toute heure.
disponibles sur iPad
marée à Saint-Malo, la configuration du et Android. L’abri est idéal pour la nuit. Attention
port des Bas Sablons et, bien sûr, le tirant néanmoins : ce type de port au fond d’une
d’eau du bateau, auquel on ajoutera une rivière est fortement soumis au courant. Il
marge de sécurité, que l'on appelle le faut donc étudier particulièrement la dis-
«pied de pilote». position des catways. Si le courant porte
En version grand tirant d'eau, le Salona sur le ponton, il est très difficile de s’amar-
37 présente un tirant d’eau de 2,25 m. rer sans heurts. Le plan du port indique
Nous choisissons un pied de pilote de que les places visiteurs sont orientées au
0,5 m, lequel peut paraître bien faible. Nord. C’est dire qu’elles seront facilement
La hauteur d’eau minimale pour sortir du port
Mais à l’entrée du bassin des Bas Sablons, accessibles lors du jusant (marée descen-
se calcule simplement :
un immense panneau annonce la hauteur Hauteur mini = 2 m (hauteur du seuil) + 2,25 m dante) mais qu’à l’inverse elles peuvent
d’eau au-dessus du seuil submersible. Il (tirant d’eau) + 0,5 m (pied de pilote) = 4,75 m. se transformer en un piège à étrave pen-
est donc impossible de se tromper. Voilà dant le flot (marée montante).

54 - HORS-SÉRIE N°48
SUIVRE SA NAVIGATION

Application de calcul de marée du SHOM, 2 Application de calcul de marée du SHOM,


novembre – Saint-Malo. La marée basse est 2 novembre 2014 – Lézardrieux.
à 9 h 02 (hauteur d’eau à 4 m). On sort avant La marée descend à partir de 14 h 43 et
7 h 30 ou après 10h 30 avec une hauteur d'eau ce jusqu’à 21 h 10. C’est le meilleur créneau
de 4,75 m. pour prendre un catway sereinement.

Mieux vaut choisir d’arriver à


NOTRE FEUILLE DE ROUTE EST LA SUIVANTE : l’étale ou bien à marée
descendante. Les places visiteurs
• Le seuil insubmersible impose un départ du bassin à flot avant 07 h 30 ou après 10 h 30. sont beaucoup plus accessibles
• Le port de Lézardrieux est certes toujours à flot, mais on choisira d’arriver entre 14 h 43 au moteur contre le courant.
et 21 h 10 pour se faciliter la vie lors des manœuvres de port.

Etape n°3 : anticiper le courant


L a zone de navigation impose de se
préoccuper constamment du courant
et de la hauteur d’eau, ce qui fait, disons,
quelques dizaines de mètres plus loin.
C’est le cas lorsque l’on croise sur cer-
tains chenaux de l’archipel de Bréhat.
avec les logiciels ZyGrib ou bien, par
exemple, Weather4D. Dans tous les cas,
on gardera à l’esprit que la force du
le charme du périmètre. Essayez une fois Le jeu n’en est pas moins passionnant. courant doit être pondérée en fonc-
de passer contre les vents et courants Si le courant est favorable on cherchera tion du vent. Et que les effets de proxi-
au Nord de Bréhat et vous en serez défi - à l’exploiter, au contraire s’il s’oppose à mité immédiate avec la côte ne sont
nitivement convaincu. Vous perdrez six la progression, on jouera le contre-cou- pas modélisés.
heures à tirer des bords scotché sur le rant qui ne saurait être bien loin.
fond, mais vous y gagnerez la certitude Les outils pour anticiper le courant se
qu’une navigation se prépare et s’exé- présentent sous deux formes distinctes.
cute minutieusement. On retrouve les atlas du SHOM sous CE QUI NOUS ATTEND :
Il faut s’attendre à rencontrer un cou- forme numérique dans certains logiciels
• Le cap Fréhel doit être enroulé
rant important à proximité immédiate comme Adréna ou MaxSea. Par ailleurs,
avant 10 h 30.
des pointes. On essayera donc toujours les courants peuvent être également
• Dans la baie de Saint-Brieuc,
d’enrouler les caps au plus tard à la ren- représentés sous la forme de fichiers
on luttera contre le courant.
verse du courant. L’orientation du flux GRIB, il s’agit alors des résultats de simu-
• Mais à partir de 16 h 30, il
est parfois complexe, dictée par la topo- lation de modèles océanographiques. redevient favorable : c’est parfait
graphie des lieux. Et il est déconcer- Ces données sont disponibles à l’adresse pour emprunter les chenaux de
tant d’être poussé par le courant à un suivante http://www.weather4d.com/ Bréhat.
moment, puis de se trouver face à lui MyOcean/. On visualise ces fichiers GRIB

Weather4D — 09 h 30 UTC, renverse de courant au Weather4D — 12 h 30 UTC, nous lutterons contre le Weather4D — 15 h 30 UTC, la renverse se dessine sur
Cap Fréhel. En heure locale, UT+1h, soit à 10 h 30 il courant en baie de Saint-Brieuc. Avec le vent dans la Bréhat. Le courant redevient favorable. C’est ce que
faudra avoir franchi le Cap. On préfère éviter de même direction que le flot, il faut s’attendre à un nous chercherons à exploiter dans les chenaux au
passer Fréhel contre le courant. courant plus marqué que ce que suggère le GRIB. Sud de Bréhat.

HORS-SÉRIE N°48 - 55
Etape n°4 : Définir la route

Le courant est représenté par les flèches


rouges. Le vent orienté au Sud-Ouest par les

L’ 1. Première flèches bleues. Cette configuration influe


exercice consiste à élaborer un le jour est loin d’être levé), il n’est pas
contrainte : sur le vent apparent ressenti sur le bateau.
plan de route succinct, puis à question de l’emprunter. Même avec
parcourir la
identifi er les points critiques sur ce l’aide de l’électronique, il serait impru- du Trieux, le courant oblique brutale-
distance qui sépare
parcours et à déterminer les plages Saint-Malo et le cap dent de faire du pilotage sans visibilité. ment vers la droite pour finir de contour-
horaires qu’il faudra respecter en fonc- Fréhel avant Et puis, autre raison décisive, à 7 h 30 ner l’obstacle.
tion des informations météo et courant. la renverse il n’y a pas assez d’eau pour passer la Le vent courant fait refuser le vent
On élimine aussi les options les moins de courant. pointe de Dinard. apparent en même temps qu’il le ren-
pertinentes. Les deux autres chenaux sont très force. Il est donc plus que probable qu’il
proches et peuvent être parcourus en faille tirer des bords dans le chenal du
La sortie de Saint-Malo suivant un alignement lumineux. Nous
prendrons le chenal de la Grande Porte,
Ferlas. L’information est d’importance. Il
faudra absolument définir une stratégie
Le courant impose de passer le cap c’est le chemin le plus court. pour évoluer sereinement dans cet envi-
Fréhel avant 10 h 30 (voir illustration ronnement particulièrement mal pavé
1). Fréhel se situant grosso modo à 12
En route directe vers Bréhat (voir Etape n°6, «Affiner la préparation»).
milles du port, la distance équivaut à
deux heures de route si l’on compte Au sortir des chenaux de Saint-Malo,
une vitesse moyenne de 6 nœuds pour la route est directe jusqu’à passer au
courant
le Salona. Le départ doit donc être plani- large de Paimpol. Le trajet doit débuter vent courant
fié avant 8 h 30 (10 h 30 – 2 h). Mais comme au travers pour finir probablement au
l’on doit tenir compte des considérations bon plein au fur et à mesure de la rota- vent réel
relatives au seuil submersible du bassin tion de vent annoncée. Il ne présente
vent résultant
à flot, il faut encore avancer cet horaire. aucune difficulté, on laisse le phare du
On larguera les amarres à 7 h 30 ! Grand Léjon à bâbord, seule marque de
3. Le courant important du che-
passage distinctive sur cette longue sec-
nal crée un «vent courant» dont
Quel chenal choisir à Saint-Malo ? tion. Quelque 40 milles séparant Saint-
il faut tenir compte dans sa pré-
Malo de Lézardrieux, même si le vent
paration. Il modifie notablement
Une route en direction du cap Fréhel mollit à 4 Beaufort comme annoncé,
le vent ressenti à bord.
emprunte l’un des trois chenaux suivant nous devrions sans problème arriver en
(illustration 2) : milieu d’après-midi.
• Le chenal du Décollé en bleu. 2. Choisir parmi
les multiples
• Le chenal de la Grande Porte en rouge.
chenaux de Effet de site dû au courant CE SCÉNARIO
• Le chenal de la Petite Porte en vert.
Le chenal du Décollé n’étant pas
Saint-Malo : trois
options sont
dans le chenal du Ferlas EST-IL RÉALISABLE ?
éclairé de nuit (à 7 h 30 en novembre, possibles. La navigation dans les chenaux de l’ar-
chipel de Bréhat mérite réflexion, le cou- La houle et la mer du vent
rant étant canalisé dans ce dédale de sont cassées par les nombreux
cailloux. Il faut anticiper ses orientations
rochers et n’ont pas le temps
de se lever. Dans le chenal
prévisibles et ensuite imaginer l’effet sur
du Ferlas, même si le vent se
les conditions de navigation.
renforce inopinément sous
Lorsque la marée descend, la Manche se
l’action du courant, il n’y aura
vide d’Est en Ouest. Au niveau de Bréhat,
pas de clapot ou de houle
une veine de courant (schéma 3) se crée
significative. Cela dit, on
pour contourner l’île principale et le che- prendra un ris supplémentaire
nal du Ferlas, au Sud de l’île, est parcouru avant d’entamer la remontée du
par un courant poussant vers l’Ouest. chenal à coup de virements.
Lorsque ce chenal rencontre la rivière

56 - HORS-SÉRIE N°48
SUIVRE SA NAVIGATION

Etape n°5 : envisager un plan B


E n mer, même en cas d’hypothèse
très «sûre», la situation peut tou-
jours évoluer défavorablement. Dans
appel sur le canal 16, puis énoncés sur
un canal de dégagement. On exercera
donc une veille VHF rigoureuse tout au
pas allonger exagérément la route) et
être facilement accessible. Mais l’identi-
fier n’est pas suffisant. Pour que ce plan
les conditions potentiellement musclées long du trajet. Et si, en plus de se ren- B fonctionne, il faut aussi déterminer à
qui nous occupent, nous ne tenons pas forcer, le vent tourne à l’Ouest, alors il quel moment la décision de l’adopter
à nous faire piéger. Une petite étude faudra tirer des bords en baie de Saint- doit être prise.
supplémentaire s’impose, sachant qu’il Brieuc contre le courant. On suivra donc
est plus confortable de réfléchir à une aussi l’évolution du vent pour, le cas
dégradation de la situation avant l’appa- échéant, changer d’option. CHOISIR SON PLAN B
reillage plutôt que d’improviser in situ. Idéalement, un port de repli doit se
Ici, les ports en eaux profondes ne
Deux faits peuvent annoncer une situer sur la trajectoire initiale (ou ne
sont pas légion. Seuls Saint-Cast-
évolution défavorable. D’abord, Météo
le-Guildo et Saint-Quay-Portrieux
France peut annoncer que le BMS est Si le vent tourne à sont dans ce cas sur ce parcours.
avancé. Il n’est pas rare en effet que le l’Ouest
Le port de Saint-Cast est trop
bulletin soit modifié pour prendre en et se renforce,
atteindre Bréhat
proche de Saint-Malo. Saint-Quay-
compte une évolution à très court terme. Portieux, au contraire, se trouve
deviendra un
Dans ce cas, le numéro du bulletin est dans la baie de Saint-Brieuc. Si
chemin de croix, et
incrémenté. Le BMS n°128 serait ainsi Saint-Quay le vent tourne à l’Ouest, il sera
remplacé par le BMS n°129. Ces change- constituera un aisément accessible.
ments sont toujours annoncés à la VHF, havre apprécié.

Etape n°6 : affiner la préparation A l’entrée du Ferlas,


l’alignement de garde
sur bâbord est défini à
l’aide des balises Rompa
et Les Piliers. Celui sur
tribord utilise les
perches Vif argent et
Roud al Linenn. Tant
que le bateau ne
franchit pas ces lignes
virtuelles, il reste dans
un secteur sécurisé.

O n peut s’attendre à ce que la navi-


gation au Sud de Bréhat soit rapide.
Avec un courant favorable, les 3 milles
avec méthode en définissant des ali-
gnements successifs pour couvrir l’en-
semble du chenal. L’exercice demande
progressivement, les équipiers gèrent les
virements pour respecter les consignes.
La navigation est sécurisée, dynamique
de cette section seront avalés pres- un petit peu de pratique pour identi- (on comptera le nombre de virements
tement et le navigateur n’aura pas le fier les alignements les plus pertinents : en sortie de chenal) et attrayante. Autre
temps d’adapter sa stratégie au milieu • Plus les amers choisis sont lointains intérêt : le navigateur peut anticiper la
du chenal qui ne fait que 250 m de large et petits, plus ils sont difficiles à suite des événements. Alors que l’équi-
au passage le plus étroit. Il faut qu’il repérer. page surveille l’action à court terme, le
soit préparé avant de s’engager dans • Les amers doivent être alignés soit navigateur cherche déjà à identifier dans
le Ferlas. devant, soit derrière le bateau. Il serait le paysage les éléments à venir.
inefficace de choisir un «alignement
Détailler la navigation breton», c’est-à-dire un amer devant
dans le Ferlas et un autre… derrière. «A L'ANCIENNE»
Ce repérage visuel est aussi une
La stratégie retenue consiste à com- manière de se rassurer, en tout cas de Il peut certes paraître étonnant
biner la navigation électronique avec la se conforter. Au volant de sa voiture et de naviguer «à l’ancienne» en
navigation à vue. Puisque l’on doit tirer en écoutant son GPS indiquer la route, il prenant des alignements, alors
des bords, le navigateur délimite la zone arrive qu'on s'interroge : «Mais où m’em- que l’électronique positionne
en permanence le bateau. Mais
d’évolution à l’aide d’alignements à ne mène-t-il ?» En mer, surtout si l’endroit
la méthode a déjà le mérite
pas dépasser de part et d’autre du che- est mal pavé, le doute est accru. Faire
d’associer l’ensemble des
nal. Ainsi le bateau évoluera dans une confiance à la machine n’exclut pas une
équipiers à la navigation, qui
zone «sécurisée», et les virements de vérification plus classique.
passent d’un mode passif à un
bord seront lancés avant de franchir l’ali- Le barreur est concentré, le naviga-
mode conscient et actif.
gnement de garde. Pour cela, on procède teur annonce les alignements de garde

HORS-SÉRIE N°48 - 57
Etape n°7 : lire les AVURNAVS
E n France, les préfectures mari-
times diffusent systématiquement
les AVURNAVS, «Avis urgents aux navi-
Un AVURNAV important nous concerne, et
pour cause : le 2 novembre 2014, c’est le
départ de la Route du Rhum au large de
Saint-Malo. La circulation des navires est
gateurs», à ne pas confondre avec les
réglementée entre la pointe du Grouin et le
BMS. Ils répertorient toutes les anoma- cap Fréhel. Il faudra avoir dégagé le cap
lies de fonctionnement des infrastruc- avant 10 h. Le départ quant à lui a lieu à 14 h.
tures côtières (balisage disparu, feux en Nous devrions voir les bateaux de course en
panne, travaux en cours, port fermé, évé- milieu d’après-midi au large de Bréhat.
nement exceptionnel).

Ces informations sont diffusées sur les sites suivants :


https ://www.premar-manche.gouv.fr/avis-urgents-aux-navigateurs.html.
https ://www.premar-atlantique.gouv.fr/avis-aux-navigateurs.html.
https ://www.premar-mediterranee.gouv.fr/avis-urgents-aux-navigateurs.html.

Etape n°8 : en route !


D imanche 7 h 20, l’équipage est sur le
pont et le voilier entame son périple.
Une fois les voiles hissées en rade de
ce vecteur est paramétrable dans les
menus d’options du logiciel. On utilise
cette représentation graphique pour se
Dinard, l’équipage suit l’alignement lumi- projeter dans l’avenir. Dans l’exemple, le
neux qui permet de sortir par le che- vecteur d’estime en trait pointillé repré-
nal principal de Saint-Malo. La route sente 30 mn. De même, un cercle de
est activée, le navigateur dispose d’un rayon fixe peut-être dessiné autour du
tableau de bord synthétique lui décri- bateau. Très utile pour simuler un cercle
vant les informations essentielles pour de sécurité : ici, le cercle a un rayon de
atteindre le prochain point de passage 0,25 milles. Cette distance, elle aussi,
ou waypoint. Il peut ainsi suivre réguliè- est paramétrable. C’est un gage visuel
rement la distance restant à parcourir de sécurité : le navigateur vérifie d’un
ainsi que le temps qu’il reste pour arri- coup d’œil qu’aucun danger n’entre dans 2. Le vecteur d’estime en pointillé illustre la position attendue du
bateau dans 30 mn. Le cercle autour du bateau offre un repère visuel
ver sur cette marque virtuelle. ce cercle. Nul besoin de passer en revue
instantané pour juger du facteur d’échelle de zoom sans devoir
Au gré des zooms et des dézooms chaque menu pour savoir quelle échelle entrer dans les menus du logiciel.
il devient difficile de garder à l’esprit est actuellement utilisée.
quelle échelle est utilisée par le logi- Si les instruments du bord sont connec-
ciel. OpenCPN propose deux fonctions tés à l’ordinateur, comme le sondeur et
pour pallier ce problème. Il est d’abord le loch speedo, les informations peuvent
possible d’afficher un vecteur d’estime être affichées et donc analysées par le
dans l’axe de bateau. La longueur de navigateur.

3. Le GPS donne la vitesse fond SOG,


Speed Over Ground = 5,1 nœuds.
Le loch speedo donne la vitesse surface
STW, Speed Through Water = 6,4 nœuds.
La différence entre les deux est due au
1. La route est activée. Le waypoint visé est surligné en jaune. Il est distant de 1,07 milles (RNG courant. Il est donc plus fort que prévu !
Range). Il sera atteint dans 12’ 33” (TTG Time To Go). Il se situe à un cap de 310° vrai (BRG Ce qui est commun lorsque le vent est
Bearing). Le bateau s’approche du point avec une vitesse de rapprochement de 5,1 nœuds orienté dans le même sens.
(VMG Velocity Made Good).

58 - HORS-SÉRIE N°48
SUIVRE SA NAVIGATION

4. La trace s’éloigne sensiblement de la route initialement définie.


Le vent est en train de refuser.

7. On entre dans le vif du sujet. Nos alignements de garde sont prêts,


l’équipage est concentré, le bal des virements peut commencer. Il faut
trouver Vif Argent et Roud al Linenn, surveiller d’un œil la trace, identifier les
innombrables perches. Au passage, on note que la vitesse fond est plus
importante que la vitesse surface : nous sommes aspirés dans le chenal.

5. Le Banc de la Cormorandière barre l’entrée du Ferlas. Ce banc est réputé


évoluer au gré des tempêtes. En règle générale, on évite de passer
intentionnellement sur un tel haut-fond. On applique la règle du pouce. Sur une
carte au 1 : 20000 comme ici, un pouce représente 0,3 mille. La mesure montre 0,5
mille : tout va bien.

8. Plus le courant s’accélère, plus les angles de virement s’ouvrent. La notion


de cercle de sécurité à 0,25 mille ne sert plus ici, le chenal est trop étroit.

6. On approche désormais des cailloux, le navigateur est sur le qui-vive.


Il faut se repérer dans cette profusion de cailloux, de balises, de perches…
Pourquoi ne pas s’aider de l’électronique pour faire la liaison entre le paysage
et la carte ? On va chercher un alignement clairement défini : Les Piliers par Men 9. Une fois dans la rivière du Trieux, on se retrouve face au courant, les angles de
Gam. Lorsque la trace rejoint l'alignement, on vire. On est maintenant sûr que les virements s’écrasent, la vitesse chute, on entre qui plus est dans le dévent de la
balises que l’on a vu s’aligner en même temps sont celles qui nous intéressent. côte. C’est la fin de la récréation.

Finalement,
c’est à 17 h 31
que nous nous amarrons
à Lézardrieux.

HORS-SÉRIE N°48 - 59
Au près, pour réduire la
traînée, qui freine la
progression du bateau, on
réduit la cambrure du
profil de la voile. Comme
ici ce MC34, naviguant
avec des voiles très plates.

Les pièges essentiels


Les outils numériques sont d'une telle efficacité qu'il est devenu inconcevable,
pour certains, d'embarquer sur un bateau qui ne comporterait pas moult écrans,
reliés à des capteurs en tous genres. C'est dire quelle dépendance peut créer
l'électronique chez les marins d'aujourd'hui. Mais gare aux pièges !

E st-il raisonnable de miser beaucoup,


pour ne pas dire toute sa naviga-
tion, sur le numérique ? Poser la ques-
d'une panne électrique de secteur, la
tablette fera long feu. Pour faire face à
toutes éventualités, d'autres capitaines
L'overzoom ou l'illusion
de la précision
tion, c'est déjà y répondre. Inutile préfèrent doubler leur matériel high- La tentation est si grande que chacun
d'avoir une grande expérience de la mer tech par des solutions éprouvées. Par se fera piéger un jour à naviguer avec
pour comprendre que l'électronique est exemple, un antique jeu de cartes papier, un facteur de zoom trop important.
certes une alliée irremplaçable, mais judicieusement choisi pour permettre de Avec le risque de s'approcher beau-
qu'elle est aussi capricieuse... rejoindre un port et réparer. coup trop près des dangers. Or zoomer

Ecran noir
Sur les pontons, les histoires de pannes
ou de disfonctionnements incompréhen-
sibles sont nombreuses. Corrosion insi-
nuée au plus profond de la centrale de
navigation, GPS récalcitrant, alternateur
pour batteries grillé, disque dur endom-
magé à la suite de mouvements répétés
trop violents... La liste des causes de
tracas est longue. Alors autant savoir
quoi faire quand la défaillance infor-
matique s'invite à bord. Le plus simple
est de doubler le matériel. Vous utilisez
principalement une tablette ? Vous dis-
posez du modèle identique, en secours, Naviguer avec les outils numériques ne doit pas faire oublier les techniques traditionnelles comme savoir faire le
dans un coffre du carré. Mais s'il s'agit point à l'aide d'un compas de relèvements ou garder une trace manuscrite dans le livre de bord en cas de black-out.

60 - HORS-SÉRIE N°48
LES PIEGES DE LA NAVIGATION ELECTRONIQUE

LES CHOIX DE ROUTE


Il est utile de rappeler
les recommandations du SHOM
en matière de navigation.
Celles-ci sont immuables,
que l'on navigue de façon
traditionnelle à l'aide d'une
carte papier et d'une règle Cras
ou bien avec une cartographie
numérique. Il n'y a aucune
raison de dissocier les pratiques
et les règles de prudence,
«Zoom excessif». L'avertissement sur l'écran d'OpenCPN (page
de gauche) est clair: le fait de zoomer dans la carte ne va pas
sachant que les deux types
apporter d'informations complémentaires. de cartes sont issues des mêmes
Dans une carte raster, un zoom exagéré dégrade même sources. On se rappelera que
l'image (voir ci-dessus). la précision du positionnement
n'est pas limité par le GPS,
mais par la carte elle-même,
avec toutes les incertitudes
liées à sa réalisation.
Deux règles fondamentales
de prudence sont à appliquer.

exagérement c'est oublier tous les fon- souffre, le mal de mer terrasse les 1. Le navigateur doit toujours
damentaux de la cartographie. Une plus endurcis. L'univers marin n'est utiliser la carte à la plus grande
carte est une abstraction de la réalité pas réductible à un écran et on ne fera échelle disponible à l'endroit
qui a été élaborée pour une échelle fixe. pas l'erreur de se projeter uniquement où il se trouve. Il peut zoomer à
L'échelle des levés hydrographiques à travers l'évolution d'une icône sur l'intérieur de cette carte, mais
définit la précision théorique à laquelle une tablette. Naviguer, c'est d'abord pas exagéremment car alors
on peut prétendre. Zoomer au-delà de connaître ses limites. il perdrait toutes notions de
cette précision théorique c'est vou-
distances sur le plan d'eau.
On peut d'ailleurs regretter
loir trouver plus de détails que n'en Prendre le temps que certains logiciels ne
contient la carte. Et peut-être se pri-
de la préparation limitent pas systématiquement
ver du bon sens... marin. L'accident de
cette fonction. Naviguer
la vedette des douanes, détaillé dans Le logiciel de navigation confère un
avec une carte couvrant une
le chapitre suivant, en est un exemple sentiment de facilité. L'ergonomie est
Tracer la route, grande surface ne donne
marquant. travaillée pour que chaque action soit pas accès à tous les détails
vérifier la marée,
fluide. D'ailleurs, faire vite et bien sa hydrographiques (récifs,
s'informer des
Ecran réel route, en quelques clics, justifie bien prévisions météos, haut-fond, banc de sable,
et réalité virtuelle souvent son achat. Mais le logiciel
capable de nous sortir de n'importe
compulser les
pilotes côtiers...
etc.). L'équipage de la Volvo
Ocean Race, Team Vestas,
Bien au chaud devant son écran illus- quel mauvais pas est encore à inven- Même quand on a a involontairement remis
tout préparé, il ne
tré par une carte aux couleurs gaies et ter. Disposer du meilleur matériel numé- cette règle sous les feux de
faut jamais
rassurantes, on sous-estime forcément rique n'exonère donc pas de préparer naviguer à l'actualité en s'échouant sur un
les difficultés que représente la navi- sérieusement sa navigation. ■ l'aveugle. récif au cœur de l'Océan Indien
gation dans du vent fort. Les extraor- (lire le chapitre consacré à cet
dinaires régates virtuelles proposées accident).
au plus grand nombre lors des grandes
courses à la voile sont un exemple 2. Le navigateur doit tracer
criant de la dérive informatique. Ces sa route à une distance
jeux sont fascinants, ils nous plongent raisonnable des dangers.
au cœur d'une flotte comme on n'en Cette règle de bon sens,
rencontrera jamais dans la réalité. Ils communément appelée règle
nous conduisent à étudier les diffé- du pouce, invite à conserver
rentes options météos qui s'offrent, à une marge de sécurité à
rechercher la performance absolue. Et tout instant. Cette marge
dans cette logique, on plonge allègre- dépend de l'échelle de la carte
ment dans un vent de 40 noeuds, sans utilisée. Pour les cartes les
limite, sans crainte, sans remord. Et plus détaillées, cela revient à
sans conséquence. adopter une marge de 0,3 mille
(carte au 1/20 000 e), il faut
En mer réelle, la situation est dif-
s'astreindre à une sécurité de
férente et peut rapidement dégéné-
0,75 mille si la carte passe à
rer. L'équipage se fatigue, la mauvaise
une échelle de 1/50 000e.
météo dégrade le moral, le matériel

HORS-SÉRIE N°48 - 61
Au près, pour réduire la
traînée, qui freine la
progression du bateau, on
réduit la cambrure du
profil de la voile. Comme
ici ce MC34, naviguant
avec des voiles très plates.

© ministère de la Défense
L’atoll corallien de Tikei est ceinturé de récifs à fleur d’eau. A 0,6 mille du récif, on compte encore 1 000 mètres de fond. Le navire sera jugé irréparable et démantelé sur place.

Echouement de la vedette
des douanes : le décryptage
Le naufrage de la vedette des douanes de Polynésie est intéressant à décrypter car
la lecture de la cartographie numérique est au cœur de l’explication de l’accident.
Il montre également que ce type de mésaventure résulte souvent d’une série d’incidents que
nous autres, navigateurs à la voile, avons pu vivre isolément et sans dommage conséquent.

P our cette raison aussi, cet accident


est instructif. Elle s’appuie sur le
travail très fouillé du Bureau Enquête
éventuels et de procéder à des contrôles
inopinés à l’aube. Le 1er juin 2014, à 4 h
du matin, le patrouilleur, qui progresse
En principe, le manque de visibilité est
un critère suffisant pour que l’on décide
de réduire la vitesse. Mais, enseigne-
Accident mer (www.bea-mer.developpe- à une vitesse de 14 nœuds, s’échoue sur ment numéro 1, la cartographie élec-
ment-durable.gouv.fr.), chargé d’étudier le récif ceinturant l’île de Tikei. tronique est tellement convaincante
les accidents survenus sur des navires qu’elle efface le doute que l’on aurait
battant pavillon français. L’atterrissage de nuit nécessairement en effectuant la même
par visibilité réduite approche à l’aide d'une carte papier. Le
Les circonstances de l’accident système de cartographie numérique,
Premier constat, la vedette des jugé inconsciemment infaillible, ins-
Le 30 mai 2014 au soir, un patrouilleur douanes arrive de nuit sur l’atoll. Aucun pire souvent une confiance absolue,
du service des douanes françaises appa- balisage ni aucun feu n’éclairent les pour ne pas dire aveugle, avec la certi-
reille de l’île de Fatu Hiva (Marquises), parages. Par ailleurs, la pluie est suffi- tude de connaître exactement sa posi-
cap sur l’atoll de Tikei (archipel des samment forte pour que le veilleur ne tion. De jour, cet accident ne se serait
Tuamotu), soit 440 milles à courir. La puisse tenir son poste efficacement, mais probablement jamais produit, pour la
route a été planifiée de nuit afin de ne aussi pour que le radar du bord ne per- simple raison qu’un marin au moins
pas éveiller les soupçons de trafiquants mette pas de distinguer la côte à venir. aurait regardé… la mer.

62 - HORS-SÉRIE N°48
LES PIEGES DE LA NAVIGATION ELECTRONIQUE

superposition de la cartographie numé-


rique avec l’empreinte radar prouve que
l’île n’est pas à la position attendue.
Enseignement numéro 3, la qualité
des cartes n’est pas identique partout.
Autant une erreur de ce type ne peut
passer inaperçue sur les côtes métropo-
litaines, tellement le trafic y est dense,
autant une inexactitude affectant un
atoll isolé et inhabité, à l’écart de
toutes les routes commerciales, peut ne
pas être décelée. Le document du SHOM
intitulé L’hydrographie, les documents
nautiques, leurs imperfections et leur
bon usage est, à cet égard, fort clair.
«Le navigateur qui est amené à traverser
une zone peu fréquentée a donc deux
raisons d’être prudent. Tout d’abord,
l’hydrographie y est a priori sommaire.
Ensuite, la zone n’a pas subi l’épreuve
des nombreux passages sans encombre
Le zoom et l’échelle de la carte a tendance à penser qu’on est loin de La carte officielle
du SHOM 6689
de navires d’un tirant d’eau respectable
tout obstacle puisqu’on ne le voit pas (hydrographie par la quille).» (Source :
Isolé au sein des Tuamotu, l’atoll de sur l’écran, quand bien même on serait a été éditée en diffusion.shom.fr/l-hydrographie-les-
1978, les dernières
Tikei n’est pas couvert par une carte de en approche immédiate. Cette fausse documents-nautiques-leurs-imperfec-
corrections ont
détails. Elle figure sur la carte 6689 du certitude explique en partie que la eu lieu en 2010. tions-et-leur-bon-usage.html)
SHOM, à l’échelle 1 : 595 000 (1 cm sur la vedette ait conservé sa vitesse prati- Il n’existe pas de
carte équivaut à près de 6 km). quement jusqu’à l’impact. carte plus détaillée
de cette zone.
Une parade…
A bord, l’équipage dispose de cette Enseignement numéro 2, une carte à
la règle du pouce
carte papier 6689 et d’une carte vecto- petite échelle ne permet pas d’appro-
rielle privée (à la même échelle de com- cher un danger. Pour juger de l’atterris- La règle est immuable. Si c’est pos-
pilation), affichée à l’aide de MaxSea. sage, il faut disposer d’une carte plus sible, le navigateur tracera sa route
C’est cette carte électronique qui a précise ou approcher à vue. en choisissant de passer à plus d’un
été utilisée pour la traversée vers Tikei. pouce (2,7 cm) des dangers, à l’échelle
Avec une carte numérique, on a sou- La véracité des cartes de compilation de la carte qu’il utilise.
vent tendance à zoomer exagéré- Dans le cas présent, il aurait fallu res-
ment afin de faire apparaître un détail L’enquête révèle que l’île est déca- ter à une distance de presque 9 milles
jusque-là invisible… et qui n’existe peut- lée de 1 500 m vers le Sud, sur la car- pour respecter la règle du pouce (bien
être pas sur la carte, ce qui ne signi- tographie privée (numérique) comme loin des 600 m utilisés par les doua-
fie pas qu’aucun danger n’existe dans sur la carte officielle (papier), ce qu’at- niers), une marge de sécurité suffisante
la réalité. Or quand on zoome à l’ex- teste le patrouilleur de la Marine natio- pour ne pas être affecté par le décalage
trême, on perd l’idée d’échelle, ainsi nale venu en renfort pour étudier les imprévu de l’île.
que la notion des distances réelles. On possibilités d’un renflouement. La
La morale du naufrage
Le rapport
Ceux qui envisagent le grand voyage
d’enquête montre
bien que la photo garderont à l’esprit que la cartographie
satellite et la carte à l’autre bout du monde n’est pas tou-
électronique sont jours d’une précision équivalente à celle
décalées. de nos GPS. La cartographie détaillée
Une erreur de
est même parfois inexistante et zoomer
positionnement
de l’atoll de Tikei à l’extrême n’apporte pas plus d’infor-
s’est perpétuée mation, c’est même au contraire poten-
depuis 1948. tiellement dangereux.
Toutes les cartes Avant l’échouement, de nombreux
produites depuis facteurs d’alerte n’ont pas été pris en
lors, incluant
compte : la nuit, une visibilité nulle,
la vectorielle
officielle ont un radar inopérant, une cartographie
été entachées imprécise, l’absence de règle de pru-
de cette erreur. dence… Un seul de ces éléments aurait
dû provoquer une prise de conscience
et éviter l’accident. Or, un unique critère
a été utilisé, une seule source d’infor-
mation a été exploitée : la cartographie
électronique, en qui l’équipage avait
une foi absolue. ■

HORS-SÉRIE N°48 - 63
Au près, pour réduire la
traînée, qui freine la
progression du bateau, on
réduit la cambrure du
profil de la voile. Comme
ici ce MC34, naviguant
avec des voiles très plates.

Brian Carlin/Volvo Ocean Race


Crédit
Le cas Team Vestas
Le 29 novembre 2014, au cours de la seconde étape de la Volvo Ocean Race
entre Cape Town et Abu Dhabi, le Volvo 65 de Team Vestas Wind s'échoue
violemment sur le récif de Cargados Carajos, créant la stupeur dans
le monde de la voile. Quelles sont les leçons à tirer de cette énorme erreur
de navigation ? Décryptage, cartes à l'appui.

D ix jours après l'événement, une


équipe d'experts indépendants,
missionnée par la direction de course,
Contexte sportif
Chaque bateau engagé s'appuie sur
moins officiels, soirées sponsors, etc.
Or, une fois les amarres larguées, les
équipages ne pourront plus faire direc-
débute ses investigations qui doivent une équipe à terre pour préparer l'étape tement appel à leur soutien à terre, afin
se conclure par une série de recomman- à venir. Météorologistes et marins expé- d'éviter notamment tous risques d'être
dations. Afin que ces travaux servent rimentés supportent en effet le skipper routés. Les communications du bateau
au plus grand nombre, le rapport d'en- et le navigateur dans cette tâche. Par vers la terre passent par le central de
quête (en anglais), a été rendu public exemple, ils construisent des scénarios la direction de course et sont destinées
(il est téléchargeable à cette adresse: possibles pour la manche à venir, qu'on à alimenter les médias (photo, vidéos,
http://www.volvooceanrace.com/sta- l'on pourra ensuite adapter, en fonc- brèves de course...) pour faire vivre
tic/assets/content_v2/media/files/ tion des circonstances de course. Pour l'événement au public.
m36616_team-vestas-wind-inquiry-re- le navigateur du bord, le temps de pré-
port-released-on-9-march-2015.pdf). En paration est malgré tout limité. A l'es- Contexte géo-politique
voici un résumé édifiant. cale, il est soumis, comme les autres
équipiers, a de multiples sollicitations : Les actes de piraterie sur la côte Est
régates en baie, événements plus ou du continent africain sont monnaie

64 - HORS-SÉRIE N°48
LES PIEGES DE LA NAVIGATION ELECTRONIQUE

ENSEIGNEMENTS

L'accident de Team Vestas Wind a été


sur-médiatisé, ce qui a permis, entre
3. Critiquer les choix de route. avant de 5. Exploiter les alarmes. Sur un ba-
partir, l'équipage doit prendre le temps teau comme le Volvo 65 lancé à pleine
autres, de faire évacuer très rapidement
de discuter de la route à suivre. Une cri- vitesse, le sondeur est inutilisable : les
les hommes de Nicholson. Un équipage
tique constructive et détaillée permet phénomènes de cavitation (formation
anonyme entreprenant un grand voyage
de vérifier que toutes les contraintes de bulles d'air) en perturbent le fonc-
aurait probablement patienté bien plus
de navigation ont bien été prises en tionnement. Sur un voilier de croisière
longtemps sur le récif... Le rapport d'en-
compte. En outre, elle évite de faire re- beaucoup moins véloce, il est très facile
quête exprime des recommandations
poser tous les choix stratégiques sur les de paramétrer sur le logiciel de naviga-
pour la course, que nous élargissons ici
épaules d'un seul équipier. tion une alarme de profondeur, ce qui
au domaine de la croisière.
constitue une ligne de défense supplé-
mentaire en cas d'erreur de navigation.
1. Respecter l'étape de préparation. 4. Rester méfiant. Dans l'affaire Ves- En outre, certains logiciels comme Adre-
Lors de la préparation de la navigation, tas, la cartographie CMap ne gère pas naFirst propose une alarme d'arrivée à
se référer à une source unique d'infor- convenablement la priorité d'affi- la côte, capable de rattraper une défail-
mations est insuffisant et dangereux. Si chage des éléments de la carte. Il est lance.
celle-ci est défaillante, aucun plan de se- impensable que la terre ne soit pas af-
cours n'est disponible. La lecture des Pi- fichée quel que soit le facteur de zoom. 6. Éviter d'aborder une zone de dan-
lotes et des Instructions nautiques est Mais il n'existe pas de règles légales gers la nuit. Que ce soit dans le cas de
toujours utile, surtout si l'on navigue ou officielles imposant cette notion la vedette des douanes, dans le chapitre
dans des zones non-familières. Fruit de priorité pour les cartographies pri- précédent, ou pour Vestas, l'accident
d'une longue expérience maritime, ils vées. Seules les cartes électroniques est survenu sur une côte inconnue, non
mentionnent clairement l'existence des officielles (en provenance des services balisée et alors que la nuit était tom-
dangers. À vous de vérifiez si ceux-ci hydrographiques nationaux) spéci- bée, donc sans moyen visuel de contrô-
sont placés sur la route que vous enten- fient cette notion. Comme le souligne ler l'approche dans ces lieux perdus de
dez suivre. le rapport, l'utilisateur se méfiera tou- l'océan. Le skipper aurait dû s’inquié-
jours et il ne sous estimera cet avertis- ter de croiser sur un haut-fond dans
2. Dupliquer la cartographie. Alter- sement au démarrage du logiciel Expe- ces conditions. Team SCA seul autre
ner l'usage de deux sources cartogra- dition : «sauf indication contraire, le équipage à contourner le récif par l'Est
phiques, l'une vectorielle, l'autre raster, présent contrat de licence ne peut être a sagement décidé de passer à plus de
enrichit la réflexion. Cette recomman- considéré comme moyen principal de 5 milles. D'une manière générale, et
dation est coûteuse et n'est donc pas navigation et doit seulement être uti- s'il n'y a pas d'urgence, on choisira de
toujours réaliste. On préférera parfois lisé comme un complément des cartes patienter jusqu'à la levée du jour pour
s'appuyer sur quelques cartes papiers officielles et des méthodes tradition- approcher et de contourner à distance
judicieusement choisies. nelles de navigation.» respectable le danger.

Le 16 novembre courante. Pour ne pas voir les Volvo 65


2014, la côte Est régater dans ces zones peu fréquen-
africaine tables, la direction de course a défini
est interdite une zone d'exclusion, dans laquelle
aux équipages. les voiliers ont interdiction de pas-
Cette zone en vert
ser. Cette zone est fixée avec l'aide de
est remplacée le 18
novembre par DRYAD Maritime, une société de sûreté
la zone en rouge. anglaise, spécialisée dans la sécurité
Les bancs de maritime. La zone d'exclusion est expli-
Cargados Carajos citement mentionnée dans les règles
à l'Est de de course.
Madagascar
entrent alors
dans le terrain Contexte météorologique
de jeu des Volvo 65.
Avant le départ, prévu le 19 novembre,
les analyses météo convergent: un
cyclone tropical menace le bon déroulé
de la course. La trajectoire des Volvo 65
va croiser des vents très forts (40 à 50
nœuds) et les bateaux vont naviguer au
près pendant de longues heures lors de

HORS-SÉRIE N°48 - 65
On note dans l'écran à gauche
le cadre en pointillés qui signifie
qu'il existe une carte plus
détaillée. Le navigateur n'a pas
zoomé à l'intérieur du cadre et
aucun «détail» n'est donc apparu.
Pourtant «Shoals» en anglais
signifie bancs...
S'il avait zoomé, les hauts-fonds
se seraient affichés à l'écran.

de la Sydney-Hobart, du Fastnet, de la A cet instant, ils n'avaient pas perçu


Barcelona World Race ou de la Coupe de danger. En zoomant partiellement,
de l'America, il a participé à deux pré- la cartographie indique une remontée
cédentes éditions de la Volvo dans des des fonds à 40 m. La seule inquiétude
fonctions identiques. Il a également offi- exprimée concernait l'état de la mer,
cié en tant que routeur sur des courses potentiellement perturbé par la remon-
prestigieuses comme le Vendée Globe, tée des fonds.
la Transat Jacques-Vabre ou la Route du Le 29 au matin, en l'absence de dan-
Rhum. L'homme est un pro, reconnu par ger apparent et tenaillé par le retard
ses pairs. accumulé sur la tête de flotte, Wouter
Verbraack prend la décision, en accord
Contexte Vestas avec Nicholson, de couper au plus
court et donc de passer au-dessus du
A bord de Team Vestas Wind, chaque haut-fond.
équipier est investi d'un rôle particu- A une vitesse oscillant entre 16 et 21
lier. Ainsi, il n'y a qu'un seul naviga- nœuds, le Volvo 65 fonce droit dans le
teur à bord et celui-ci assure, de façon piège. A 19 h 16, peu après la tombée
cet épisode. La direction de course s'in- exclusive, la fonction. Chris Nicholson, de la nuit, il heurte d'abord des têtes
quiète pour les équipages et ne veut pas le skipper, délègue à Verbraack l'entière de roches isolées avant de glisser sur
voir la flotte des monotypes, déjà limi- responsabilité des choix liés à la navi- le récif, safrans et dérives brisés sous
tée au départ (sept engagés), se réduire. gation. Lorsque le navigateur se repose, l'impact. Au bout de quelques secondes,
Le 18 novembre 2014 en fin d'après- le skipper assume temporairement ce le Volvo s'immobilise.
midi, soit moins de 24 heures avant le poste, appliquant les consignes établies
départ de la course, elle décide de modi- au préalable. Les équipiers de pont se La cartographie numérique
fier le tracé de la zone d'exclusion. Tout
le travail de préparation de l'équipe à
consacrent exclusivement à la perfor-
mance du bateau.
mise en cause
terre devient donc caduc. La nouvelle Monotypie oblige, tous les bateaux
ère de jeu, gigantesque, englobe en par- Circonstances de course sont équipés des mêmes logiciels de
ticulier les récifs de Cargados Carajos,
et crash navigation Expedition et Adrena, tour-
qu'il fallait initialement laisser à bâbord. nant avec les cartes CMap. Cependant,
Pour raison de sécurité, le change- Le départ est donc donné le 19 le règlement ne limite aucunement le
ment concernant la zone d'exclusion novembre, à 18 h (heure locale). La matériel de navigation embarqué. Ainsi
n'a pas été rendu public. Les différentes Volvo se disputant désormais sur un Vestas dispose à bord des cartes papier
équipes sont informées secrètement monotype (Volvo 65), chaque étape de la zone. Le rapport indique qu'elles
mais une certaine confusion prévaut prend des allures de régate au contact, n'ont jamais été consultées. Plus impor-
après ces amendements aux instruc- la vitesse des bateaux étant très tant encore : Wouter Verbraack ne voit
tions de course. proche. Dans ces conditions, la tac- pas le danger sur la cartographie vecto-
tique prend souvent le pas sur la navi- rielle CMap. Il pense naviguer en eaux
Contexte humain gation à proprement parler. Mais il est franches et ne zoome pas suffi sam-
regrettable que Wouter Verbraack ne ment. C'est cette erreur qui conduit
Embarqué à bord de Team Vestas, prenne pas le temps de lire les instruc- le voilier sur les bancs de Cargados
Wouter Verbraack est un navigateur pro- tions nautiques de cette zone pendant Carajos.
fessionnel très expérimenté. Habitué la grosse semaine qui sépare le départ Le navigateur fait un mauvais usage
de l'échouement. Quoi qu'il en soit, de la cartographie et ne respecte pas
après dix jours de course, Vestas est le principe fondamental qui veut que
distancé d'une vingtaine de milles et le la carte de plus grand détail soit utili-
navigateur est sous pression. sée à tout moment. Encore faut-il savoir
Quelque 48 heures auparavant, lui qu'il existe une carte plus précise, sur
et le skipper avaient noté l'existence laquelle il y a matière à zoomer. Pour
des hauts-fonds de Cargados Carajos. cela, la carte doit expressément indi-
quer le danger, même a un niveau de
zoom inférieur. Selon la commission
29 Novembre 2014, la balise AIS SART de
Team Vestas Wind est déclenchée. Le d'enquête, la cartographie CMap ne res-
concurrent Team Alvimedica croise à pecte pas ce principe de base. Un prin-
proximité des récifs, en position d'attente. cipe qui a coûté cher à Team Vestas. ■

66 - HORS-SÉRIE N°48
68 - HORS-SÉRIE N°?
Ces précieuses
aides électroniques
Avec l'avènement de l'électronique embarquée,
les nouvelles générations de marins abordent
la navigation sous un autre angle. Et quand
le numérique ouvre, en matière de sécurité,
des perspectives impensables il y a encore
quelques années, qui pourrait y trouver à redire ?

L'AIS
La fonction MOB
Les alarmes
Credits

Le routage
Jean-Marie Liot

HORS-SÉRIE N°? - 69
Au près, pour réduire la
traînée, qui freine la
progression du bateau, on
réduit la cambrure du
profil de la voile. Comme
ici ce MC34, naviguant
avec des voiles très plates.

L’identification automatique
des navires : l’AIS
Dans des zones à fort trafic maritime, éviter les collisions entre les navires est
un souci permanent. Certes, il existe des règles internationales qui énoncent
la manière dont chaque bateau doit se comporter. Mais ces principes reposent
sur l’interprétation visuelle (et sur les radars). Or cette interprétation devient
difficile à mesure que les conditions se gâtent ou lorsque le trafic s’intensifie.

L a technologie d’identification auto-


matique des navires (Automatic
Identification System) s’est imposée au
en lui offrant une vue d’ensemble du tra-
fic. Aux Glénans, les voiliers susceptibles
de traverser les rails de cargos sont tous
classe B, correspondant à une version
simplifiée de l’appareil, a été introduite
pour les petits navires commerciaux et
début des années 2000. L’AIS a changé équipés d’un transpondeur AIS. pour les plaisanciers. Moins chère, sa
la vie de nombreux marins. Mais quel En pratique, il existe deux classes de portée est plus limitée (la puissance
est son principe ? Chaque navire émet à transpondeur AIS. La classe A est utilisée d’émission est réduite à 2 W au lieu
la ronde sa position, son cap, sa vitesse par les navires commerciaux de fort ton- de 12 W pour la classe A), et l’appareil
et bien d’autres informations. Tout autre nage et les navires transportant des pas- transmet moins souvent (toutes les 30
bateau dans le même périmètre peut sagers. Les transpondeurs AIS de classe secondes, contre quelques secondes
capter ces données et donc avoir une A sont soumis à une certification. La pour la classe A).
vue synthétique de la situation. Ces
informations sont parfaitement claires Le système AIS est
et le veilleur est désormais mieux armé utilisé bien au-delà
pour «analyser le plan d’eau». de l’aide anti-
collision, les
compagnies
Le transpondeur AIS l’exploitent pour
suivre leurs
L’appareil est un émetteur/récepteur navires, les
couplé à un GPS et éventuellement à autorités s’en
un gyrocompas. Il émet vers les autres servent pour
contrôler la
navires la position et la route du bateau, circulation.
et reçoit les mêmes informations de
chaque navire alentours. Couplé à un
logiciel de cartographie électronique,
il informe donc à tout instant le veilleur

70 - HORS-SÉRIE N°48
PRÉCIEUSES AIDES ELECTRONIQUES

Les émissions AIS utilisent deux


CPA ET TCPA canaux dans la bande de fréquence
Connaissant les routes de deux VHF (161,975 MHz et 162,025 MHz). A
navires grâce à l’AIS, le logiciel bord d’un voilier équipé d’un matériel
de navigation peut aisément de classe B (comptez un peu moins de
vérifier s’il y a un risque de col- 1 000 €), la portée nominale est de l’ordre
lision. Pour cela, il calcule deux de 20 milles avec une antenne en tête de
paramètres : la distance à la- mât. Cependant, lorsque les conditions
quelle les deux bateaux vont se météorologiques sont bonnes, il n’est
croiser (en anglais Closest Point pas rare de recevoir des transmissions
of Approach ou CPA), et le mo- provenant de navires croisant bien plus
ment où ce point de croisement loin, parfois jusqu’à 80 milles.
sera atteint (Time to Closest
Point of Approach, TCPA). Si le Les informations transmises
CPA reste nul alors que vous
progressez vers l’autre navire, Les navires de plaisance (classe B)
il y aura immanquablement transmettent : leur nom, le numéro Les dispositifs de séparation du trafic se présentent comme un rail
abordage. Pour être alerté, il MMSI (maritime mobile service iden- sur lequel se suivent les cargos, les porte-conteneurs, les pétroliers
vous reste à choisir dans le logi- tity), la vitesse (SOG), la route fond (COG), et bien d’autres monstres métalliques. L’AIS se révèle être un atout
ciel votre distance de sécurité, précieux lorsqu’il s’agit de traverser la route de ces mastodontes.
la position (latitude, longitude).
à savoir le CPA minimum tolé- Le voilier ne doit pas traîner dans cette zone et c’est à lui de se
Les cargos émettent en plus : le statut dérouter pour éviter l’abordage.
ré. Dès lors que vous croiserez
de navigation (au mouillage, en route,
un autre navire à une distance
non manœuvrant…), la vitesse de rota-
inférieure à cette distance de
tion s’ils sont en train de tourner, et
sécurité, le logiciel déclenchera
leurs données «personnelles» (type du
l’alarme anti-collision. A vous
bateau, dimensions, destination, heure
ensuite de manœuvrer pour
éviter l’accident. d’arrivée estimée, etc.)

Le récepteur VHF AIS


Comme son nom l’indique, il s’agit d’un
récepteur VHF, qui permet de recevoir éga-
lement les signaux AIS. Cette alternative à
bas coût (environ 320 €) permet de voir mais
pas d’être vu des autres bateaux. Couplé à
un système de cartographie électronique, il
aide néanmoins la veille, notamment dans
les périmètres à risques (traversée d’un rail,
zone de brouillard…). Encore plus simple
et moins onéreux, il existe des récepteurs L’émetteur AIS augmente considérablement les chances d’être
AIS (150 €) qui ne combinent plus la fonc- repéré par les autres navires. De nuit, les feux de route installés en
tion VHF, et qui écoutent non pas simul- tête de mât d’un voilier ont une portée réglementaire de 2 milles.
A contrario, une émission AIS porte à 20 milles.
tanément mais alternativement les deux
canaux AIS (161,975 MHz et 162.025MHz). ■

LES RÈGLES DE CROISEMENT


Elles sont régies par le «Règlement international pour prévenir les abor-
dages en mer» (http://www.shom.fr/les-services-en-ligne/ouvrages-en-te-
lechargement/). Ce texte prévoit la notion de navire «privilégié», à ne pas
confondre avec le qualificatif «prioritaire». Le navire non-privilégié doit
manœuvrer pour éviter la collision, le navire privilégié doit maintenir
son cap et sa vitesse. Ici s’arrête la notion de privilège : si malencontreuse-
ment le premier navire ne modifie pas sa trajectoire, alors le second, tout
privilégié qu’il est, doit procéder à une manœuvre pour éviter l’abordage.
C’est une règle de bon sens. Le RIPAM détaille les privilèges, un veilleur
doit connaître ces principes. L’AIS aide à l’interprétation, mais il ne faut
pas, sous prétexte que l’on voit l’autre navire sur son écran, sous-estimer
les distances de sécurité. Croiser délibérément à moins d’1 mille devant un
cargo dans un dispositif de séparation du trafic n’est pas raisonnable. Ces
navires circulent généralement à 15 ou 20 nœuds, ils couvrent donc 1 mille L’AIS simplifie les communications en mer. Le veilleur identifie
en trois ou quatre minutes ! Si le cas se présente, il faut changer de cap pour non seulement le risque de collision mais également le nom du
passer derrière. Et puis on n’oubliera pas que quel que soit son équipement navire incriminé. Il peut donc appeler celui-ci par son nom sur le
canal 16 de la VHF. Une fois la communication établie, chacun
électronique, la veille visuelle reste indispensable. Tous les navires ne dis-
échange alors ses intentions de route.
posent pas d’un émetteur AIS…

HORS-SÉRIE N°48 - 71
L’homme à la mer
La chute d'un homme à la mer est notre hantise
à tous. Que les conditions de navigation soient
mauvaises et peut-être plus encore quand elles
sont maniables, car on est moins attentif, le risque
est toujours présent.

Les balises personnelles AIS-SART ont


accrues les chances de récupérer l'équipier
tombé à la mer (lire Voiles et Voiliers n°532).

A u début de chaque stage, l’école de


voile des Glénans sensibilise ses
stagiaires. Quels sont les moyens de
Une procédure qui doit être adaptée
au bateau, au nombre d’équipiers à
bord et à leur niveau technique, ainsi
fonction positionne instantanément
un waypoint correspondant à la posi-
tion du navire. Et il est immédiatement
prévention à mettre en œuvre en cas qu’aux conditions rencontrées. activé de façon à orienter le bateau
d’homme à la mer ? Comment effectuer (cap et distance) vers l’homme tombé
une manœuvre de récupération ? Quels Là encore, l’électronique joue un à la mer pour le récupérer au plus vite.
équipements de sécurité doivent être rôle important, en délivrant des infor- Il ne faut pas confondre la fonction
embarqués ? Autant de questions qui mations qui serviront à la prise de MOB avec la touche «distress» de la VHF.
sont ensuite détaillées et argumentées. décision. En fait, tous les outils de navi- Avec la première, on crée un waypoint
gation électroniques peuvent apporter que l’équipage va exploiter. Avec l’ap-
Au-delà de cette sensibilisation, l’équi- une aide à la localisation de l’homme à pel sélectif numérique, on transmet sa
page doit être préparé à affronter l’évé- la mer. Tous les GPS marine et les logi- position. Ensuite on établit une commu-
nement. Chaque membre d’équipage ciels de navigation proposent en effet nication avec le centre de secours, qui
doit connaître le rôle qu’il devra tenir une fonction MOB (Man Over Board). va assister l’équipage, appeler d’autres
pendant la procédure de récupération. Lorsqu’elle est déclenchée, cette navires à l’aide, etc.

72 - HORS-SÉRIE N°48
PRÉCIEUSES AIDES ELECTRONIQUES

Quand doit-on déclencher La fonction MOB en détail


la fonction MOB ? Avec la touche MOB, le waypoint
Evidemment le plus rapidement pos- positionné correspond à la position
sible après la chute de l’équipier, afin du bateau. L’activation de ce waypoint
d’enregistrer la position la plus proche est automatique, ce qui signifie que
de celle de l’incident. Encore faut-il les indicateurs de cap et de distance
qu’un équipier se charge d’appuyer sont automatiquement basculés sur
sur la touche, quitte à se priver pen- ce nouvel objectif. En complément, des
dant quelques secondes d’une paire alarmes sonores et visuelles peuvent
d’yeux qui garderait «en visuel» l’homme être déclenchées. Un seul clic est néces-
tombé à l’eau et d’une paire de bras pour saire pour toutes ces actions, conformé-
manœuvrer rapidement. Pour cette rai- ment à un système de sécurité qui doit
son, certains préconisent d’abord d’arrê- être simple à mettre en œuvre, rapide
ter le bateau afin de rester au plus près à exécuter et complet. On notera qu’il
de l’homme à la mer et d’utiliser toutes ne devrait pas être possible d’effacer
les ressources disponibles pour exécu- le waypoint par inadvertance. Il serait
ter cette action au plus vite. Et seule- catastrophique de perdre la localisation
ment ensuite de déclencher la fonction à la suite d’une mauvaise manipulation Un waypoint va de dérive à partir du waypoint initial
MOB. De nuit, en revanche, la question due au stress… matérialiser pour illustrer le déplacement de l’HLM.
ne se pose plus. On déclenche la fonc- Attention les logiciels sur tablette le point de chute Cette fonctionnalité nécessite d’avoir
de l'homme à la mer
tion MOB le plus rapidement possible, n’offrent pas de fonction MOB. Il faut les capteurs connectés (en particulier
pour faciliter
garder l’homme à vue étant le plus sou- donc saisir un point et l’activer manuel- les recherches. le compas) à l’ordinateur. Ce vecteur de
vent un objectif illusoire. lement. L’opération est nettement moins dérive est calculé à partir du cap fond
Quoi qu’il en soit, dès la survenue de intuitive et elle est plus longue à exécu- et du cap compas du navire.
l’accident, le chef de bord définit les ter. Pour éviter d’être mis en cause sur
rôles de chacun. Si l’équipage est suf- des questions de responsabilité, Apple Les balises de localisation
fisamment nombreux, on désigne un
pointeur : il garde l’HLM (homme à la
impose une règle stricte à tous ses déve-
loppeurs d’application : une tablette
personnelles
mer) en visuel dès le début et pour l’en- iPad ou un iPhone ne peuvent être uti- Les balises AIS-SART répondent à
semble de la procédure et le montre avec lisés à des fins de sécurité. la problématique de localisation de
le bras tendu pour que tous sachent où l’homme à la mer. Sous la forme d’une
se situe l’objectif. Le barreur commande Les limites de la fonction MOB balise personnelle, c’est un équipement
la manœuvre, un ou deux équipiers compact qui combine les technologies
s’occupent des voiles et se préparent On gardera à l’esprit que l’homme à GPS et AIS. L’homme équipé de cette
à récupérer le naufragé. Déjà trois ou la mer dérive sous l’action conjointe balise (attachée à sa brassière de sécu-
quatre marins sont sollicités pour la du vent et du courant. Le waypoint, lui, rité) déclenche l’émetteur AIS compris
manœuvre d’urgence qui consiste à stop- reste fixe. Il représente donc le point de dans l’équipement lorsqu’il se trouve
per le bateau. Dans le cas d’un équi- départ de l’accident, mais certainement à l’eau. L’émetteur transmet alors non
page réduit, le chef de bord adapte les pas la position de l’HLM après quelques seulement la position du GPS intégré
consignes de sécurité en fonction du minutes. Adrena représente un vecteur dans la balise, mais également un mes-
nombre de bras. sage de détresse formaté. Ce système
porte le nom d’AIS-SART pour Search
and Rescue Transpondeur. A bord, le
Localisation logiciel de navigation émet automati-
de l’homme à la mer quement une alerte visuelle à l’écran
à l’aide d’une balise pour attirer l’attention de l’équipage, et
AIS-SART.
affiche ensuite la position de l’homme
à la mer sur la cartographie. Pour que
le tout fonctionne, il faut bien sûr que
le navire soit équipé d’un récepteur AIS
et que ce dernier soit relié au logiciel de
navigation. Ce type d’équipement fonc-
tionne sur batterie et impose un com-
promis entre la puissance et la durée
de l’émission. Emettre avec une puis-
sance élevée correspond à consommer
plus rapidement l’énergie contenue dans
la batterie et diminue donc la durée de
l’émission. Pour les produits dédiés à
la plaisance, la puissance d’émission
est typiquement de 2 Watts et la por-
tée est limitée à quelques milles. C’est
largement suffisant pour un voilier qui
vient de perdre un équipier. ■

HORS-SÉRIE N°48 - 73
Les alarmes
Quand le navigateur fatigue ou est occupé, des équipements
sont là pour pallier le manque d'attention. A bord, les alarmes
sont devenues des alliées incontournables de la sécurité.

U ne fois, dix fois, mille fois, peu


importe, il exécute invariablement
la même tâche, sans fatigue, sans erreur
d’interprétation ni erreur de calcul, et
sans délai. Au contraire, l’homme n’est
pas exceptionnellement doué pour la
répétition. Son attention s’amenuise,
il devient moins rigoureux, la fatigue
ralentit ses capacités intellectuelles, et
les circonstances (pour ne citer que le
mal de mer…) affectent un peu plus son
jugement. Bref, le système électronique

Crédit
est parfait pour s’occuper de toutes les
actions bien définies, répétitives et cal-
culatoires. Voilà qui tombe bien. Car les
alarmes qui nous avertissent des diffé-
rents dangers liés à la navigation cor-
respondent à ces critères.
Si une action est bien définie et relati-
vement simple, le navigateur doit pou- Par vent d’Est, d’alarme plus grand que le cercle d’évi- même que pour l’alarme de mouillage,
voir y associer un critère de validation le mouillage de tement. A l’inverse, pour avoir le temps le périmètre d’évolution est séparé en
et une réaction. Exemple : «Si la profon- Tréach Er Beniguet de réagir après le déclenchement de deux zones distinctes : une zone sécu-
à l’île d’Houat,
deur mesurée par la centrale de naviga- l’alarme, à savoir lancer le moteur, risée et une zone dangereuse. Dans la
offre un abri
tion passe en dessous de 10 m alors, je très agréable. remonter le mouillage…, on choisira plupart des systèmes de navigation
veux qu’un avertissement sonore soit On y mouille sur un cercle d’alarme de taille raisonna- électronique mettant en œuvre ce type
déclenché pour m’alerter de la situa- la ligne des 5 m. blement limité et suffisamment distant d’alarme, la ligne séparant ces deux
tion.» Cette notion d’alarme peut être Le cercle d’alarme des dangers environnants. Un cercle de zones est le trait de côte, qui peut être
étendue à de multiples usages. (rouge) a un rayon rayon de 0,05 mille (100 mètres) paraît défini de plusieurs façons. Il peut s’agir
de 0,05 mille.
un bon compromis. du trait de côte officiel tel qu’il est
Une fois cette ligne
L’alarme de mouillage franchie, l’alarme Détail important. Si votre tablette ou proposé par le SHOM et dans ce cas,
réveille le bord… votre PC entre en veille… l’alarme ne se on parle de la ligne terre-mer mesu-
Une fois l’ancre mouillée et le bateau déclenchera jamais. Pour pouvoir béné- rée à marée haute par coefficient de
croché au fond, on dévide progressive- ficier de cette fonctionnalité, il ne faut 120. Il peut s’agir encore de la ligne
ment une longueur de mouillage jusqu’à surtout pas oublier de couper la mise du zéro des cartes, soit cette fois-ci la
5 fois la hauteur d’eau maximale. Soit en veille automatique de l’ordinateur. limite terre-mer par coefficient de 120
idéalement, pour un mouillage dans Ce qui n’est pas une bonne nouvelle à marée basse.
6 m de fond à marée haute, une lon- lorsque l’on souhaite passer la nuit au Comme il est généralement trop tard
gueur de chaîne et de câblot de 30 m. mouillage. Le PC ou la tablette devront lorsqu’on atteint cette ligne, il convient
On se souvient que le cercle d’évite- obligatoirement être branchés sur l’ali- de rajouter une distance de sécurité
ment du bateau correspond environ mentation électrique du bord, sinon il y pour déclencher l’alarme. Elle est dispo-
à la longueur du mouillage dévidé. A a fort à parier que les batteries de votre nible sur les solutions logicielles avan-
partir de cette position, on définit un système seront vides au petit matin. cées (Adrena) et n’est pas proposée avec
cercle d’alarme de mouillage à l’aide les cartes rasters puisqu’il n’est pas
du logiciel de navigation : tant que le L’échouement possible de définir simplement un trait
bateau évolue à l’intérieur du cercle, de côte lorsqu’on manipule une image.
le système reste silencieux ; dès que le Pour éviter de se retrouver à la côte, il Cette fonction est particulièrement inté-
cercle est franchi, typiquement parce est possible d’activer sur certains sys- ressante de nuit, sous pilote et pour un
que l’ancre chasse, une alarme sonore tèmes une alarme anti-échouement, équipage réduit, voire en solo, lorsqu’il
retentit depuis l’ordinateur, la centrale encore appelée alarme d’arrivée à la n’est pas possible d’avoir un navigateur
multifonctions ou la tablette. côte. Pour bien comprendre le méca- à temps plein attelé à sa table à cartes.
Pour éviter d’être dérangé de façon nisme mis en jeu, il faut revenir à la L’outil est réellement efficace lorsque
intempestive, il faut choisir un cercle notion de critère de distinction. De la côte est rectiligne et bien dégagée,

74 - HORS-SÉRIE N°48
PRÉCIEUSES AIDES ELECTRONIQUES

c’est-à-dire quand le critère de déci- notamment lorsque l’on navigue au Le vent monte…
sion est homogène tout le long du lit- près dans un vent oscillant. Un barreur De même, il peut être judicieux d’être
toral visé. Par contre, il est beaucoup notera un refus du vent trop important informé quand le vent monte progres-
moins précis dans les cas où la côte est et choisira de virer pour bénéficier du AdrenaFirst utilise sivement. A priori, on n’a guère besoin
découpée ou jonchée de hauts-fonds. gain au vent sur l’autre bord. Sans état le trait de côte d’une alarme pour s’en rendre compte.
Le critère du trait de côte est binaire : d’âme, le pilote automatique conti- du SHOM pour Mais ce n’est pas toujours évident. Sur
définir la ligne
soit on est en mer, soit on est sur terre. nuera lui à s’engager dans le refus. D’où un bateau qui ne gîte pas tel un multi-
de séparation
L’estran, les hauts-fonds, les têtes de la nécessité de mettre en place une terre-mer. coque de croisière, le renforcement du
roche isolées ne sont pas représentées. alerte pour reprendre la main. vent réel est difficilement perceptible
Il faut en tenir compte quand on définit de l’intérieur ou encore depuis le cock-
le critère de tolérance. pit quand celui-ci est particulièrement
Si le critère est exprimé en temps qui bien protégé.
sépare le bateau de la ligne de côte, la Aux allures portantes sur les mono-
distance à cet obstacle évolue avec coques, le vent apparent reste modéré
la vitesse du bateau. A 6 nœuds, une alors que le vent réel peut s’être ren-
alarme positionnée à 5 minutes de la forcé de façon significative, sans qu’on
côte représente une distance de 0,5 ait bien perçu l’évolution. Dans ce
mille nautique. A 0,5 nœud, la même cas, une alarme sur la force du vent
alarme fi xée à 5 minutes ne corres- réel évite de se faire surprendre. On
pond plus qu’à 0,04 mille soit moins pourra ainsi réduire la toile en consé-
de 80 mètres. Si la vitesse chute, par quence, et rester toujours parfaitement
exemple parce que la pétole s’installe, manœuvrant, même si l'on est amené à
il faut donc penser à redéfinir le critère remonter au vent.
de sécurité.
La profondeur de sécurité
Alarme sur les capteurs
du bord En définissant une profondeur à ne
pas franchir, on peut parfois rattra-
Les capteurs électroniques d’un voi- per une erreur de navigation. Le prin-
lier représentent une source d’infor- cipe de cette alarme est très simple :
mation qu’il est possible de transférer la hauteur d’eau mesurée par le son-
à une centrale de navigation ou à un deur ne doit pas être inférieure à une
ordinateur, voire à une tablette. Sur «profondeur de sécurité». Attention,
certains logiciels de navigation avan- se référer systématiquement à ce type
cés, on peut définir des alarmes en d’alarme n’est pas une bonne manière
exploitant ces données. On notera qu’il de naviguer. Cela suggère que l’on ne
n’est pas nécessaire de disposer de la prépare pas vraiment ses navigations
cartographie pour générer une alarme et que l'on se laisse trop facilement sur-
sur les informations issues des cap- Les flèches bleues prendre par les aléas de la navigation.
teurs. Le principe est simple : le capteur représentent En tout cas, lorsque l’alarme retentit, il
mesure une grandeur physique telle la direction du vent faut prendre des mesures immédiates :
initial, les flèches
que la force du vent, la hauteur d’eau, stopper le bateau et revenir en arrière
noires la direction
la température du liquide de refroidisse- du vent instantané. à petite vitesse afin de regagner l’eau
ment moteur… Et cette grandeur est tra- Quand la direction libre. La présence des alarmes ne doit
duite en une valeur chiffrée : 25 nœuds du vent instantané pas empêcher une veille et une réacti-
de vent, 18,3 m de fond, 80 °C de tempé- a varié au-delà du vité rigoureuse des hommes du bord. ■
rature du liquide. On peut programmer seuil défini dans
le logiciel, l'alarme
une alerte si la valeur dépasse un seuil retentit.
donné : au-delà de 30 nœuds de vent, en
dessous de 5 m de fond, au-delà de 95 °C
de température du liquide.

La bascule de vent…
Une des alarmes les plus utilisées
concerne la variation de la direction du
vent au-delà d’un seuil prédéfini. Ainsi
une rotation du vent ne passera pas
inaperçue alors que l’on navigue sous
pilote en mode vent apparent. Dans
cette configuration, la barre est asser-
vie pour maintenir un angle constant
avec le vent apparent (AWA : Apparent
Wind Angle). Si le vent tourne, le bateau
tourne avec. C’est ce que l’on recherche

HORS-SÉRIE N°48 - 75
LE ROUTAGE
A ne pas confondre avec le fait de préparer la route, le routage est
souvent associé à la course au large et aux coureurs professionnels.
Est-ce à dire que sa pratique et son utilisation sont sans intérêt pour
les adeptes de la croisière ? Bien sûr que non.

Légende

76 - HORS-SÉRIE N°48
PRÉCIEUSES AIDES ELECTRONIQUES

L’ avantage de la mer, c’est qu’en


principe le chemin est toujours
tout droit. Pas de reliefs, montagnes
ou vallées à éviter, pas de cours d’eau
à franchir à des endroits bien spéci-
fiques, pas de concentration urbaine
à contourner avant de reprendre le fil
de son voyage. En mer, la voie est libre.
En tout cas pour un bateau à moteur,
libéré des contraintes liées à l’orien-
tation du vent. Et à condition de navi-
guer au grand large, là où les périls de la
côte n’existent plus. En navigation sur
un bateau sain et bien mené, la vraie
menace n’est pas tant la mer que celle
représentée par tous les dangers inhé-
rents à la proximité de la terre.
Tracer la route de nos voiliers, qui
cabotent davantage qu’ils ne tra-
versent, est donc un peu plus élaboré
que de tirer une ligne droite sur la
carte. Il faut par exemple contourner
la presqu’île intercalée sur la trajec-
toire directe, passer à l’écart de hauts- croisière, meilleure navigation signi- Le logiciel MaxSea ces deux points une zone d’exclusion
fonds qui agitent la surface de l’eau à fie sans doute «rapidité» mais aussi et Time Zero (ici dans où l’on refuse d’aller (passages trop
marée haute, éviter le rail (de cargos) et, surtout «confort». Quoi qu’il en soit, sa version Racing) délicats à négocier en raison de nom-
propose des
pourquoi pas, faire un léger détour pour optimiser sa trajectoire à des fins de breux écueils par exemple), puis la date
fonctions de
croiser devant un fortin accroché à son performance ou à des fins de confort routage très et l’heure de l’appareillage pour que le
rocher, uniquement pour le coup d’œil. suppose d’avoir une connaissance pré- élaborées qui routage débute. Le programme compile
Préparer une navigation côtière et cise des conditions météo à venir. Et de permettent alors les comportements du bateau en
même semi-hauturière, c’est, on l’a disposer de logiciels de navigation com- d'intégrer des fonction des prévisions météo et, en
vu, d’abord définir et tracer une route. portant un module de routage. points de passage quelques secondes, il propose une tra-
obligés et indiquent
On connaît le port de départ et l’on Car si router «à la main» est pos- la configuration
jectoire, optimisée par rapport à une
sait quel point d’arrivée (port, zone sible, ça équivaut, selon l’expression des voiles à utiliser. route classique composée d’une suite
de mouillage) on souhaite rallier. de Jean-Yves Bernot, le pape français de waypoints placés manuellement.
Pour joindre les deux extrémités, on du routage, «à un travail de bureau à On peut évidemment confronter cette
pose une série de points de passages temps plein»… Or les logiciels dispo- première trajectoire à un second rou-
intermédiaires (waypoints), lesquels nibles pour la course ou la croisière tage dont le départ serait reculé par
esquissent le tracé. Et l’ensemble des sont d’une extraordinaire effica- exemple de 12 heures, juste pour voir
segments ainsi créés forme la route, cité. Adrena, MaxSea, Weather4D Pro si, à l’arrivée, l’écart en temps est iden-
qui bien souvent n’a rien de rectiligne. pour tablette, QtVlm, un logiciel libre tique. S’il est plus long, on restera sur la
Passionnante, cette préparation est uti- pour PC (et désormais pour tablettes première version, si en revanche il est
lement enrichie par les données météo Android), Squid de Great Circle, fonc- nettement plus court, on optera très
que l’on collecte juste avant de partir. tionnent sur le même principe. logiquement pour la deuxième hypo-
Elle a aussi le mérite de pouvoir être thèse. Encore une fois, ce travail qui
réalisée bien avant la navigation pro-
Paramétrer le logiciel demanderait des heures de calculs à
prement dite. Beaucoup s’y livrent d’ail- un navigateur privé d’électronique s’ef-
leurs hors saison et loin de leur bateau.
de routage fectue en quelques minutes avec nos
C’est une manière comme une autre de Idéalement, on commence par entrer machines. Le gain de temps et d'énergie
continuer à naviguer et surtout de pré- dans le logiciel les polaires de vitesse est spectaculaire. Plus étonnant encore.
figurer ses prochaines croisières. Avec de son voilier, lesquelles traduisent On peut affiner le routage en entrant
une inconnue évidemment, le temps les performances aux différentes des paramètres disons… «personnels».
qu’il fera pendant le parcours. Ce qui allures et à des forces de vent variées.
change beaucoup de choses. Si vous ne disposez pas des polaires Personnaliser les paramètres
Le routage est différent. Il ne s’agit de votre bateau, vous pouvez entrer
plus de définir la route mais d’optimi- les polaires d’un voilier comparable ou Les polaires de vitesse traduisent
ser cette trajectoire. Schématiquement, encore sélectionner celles d’une unité les performances théoriques. Mais
on sait les points de départ et d’ar- plus rapide mais dont vous «dégra- il est évident que si vous envisagez
rivée et l’on veut connaître la route derez» les performances. Sur simple une traversée continent-Corse avec
synonyme de meilleure navigation. requête, le logiciel télécharge des don- un équipage familial peu aguerri, vous
En course, meilleure navigation signi- nées météo (grib de vent) et des don- n’exploiterez pas la totalité du poten-
fie être le plus performant possible et nées mer ( hauteur des vagues, parfois tiel de votre voilier typé régate. Pour
l’on attend d’un routage qu’il indique grib de courant). Il suffit ensuite d’in- que le routage soit plus réaliste, vous
la trajectoire la plus rapide, laquelle diquer le point de départ et celui d’ar- pouvez dégrader les performances glo-
n’est pas forcément la plus courte. En rivée, de définir éventuellement entre bales du bateau, par exemple à 70 %.

HORS-SÉRIE N°48 - 77
Autre paramétrage, qui tient cette fois
plus au confort. En croisière, on n’aime
pas forcément les longues traites au
près, surtout quand le vent est soutenu.
Certains logiciels intègrent cette idée en
proposant un paramétrage qui définit le
seuil de vent à ne pas dépasser au près :
par exemple, 20 nœuds. Dans ce cas, le
logiciel s’interdit de proposer une tra-
jectoire qui comporterait au moins un
tronçon au près supérieur à 20 nœuds.
Autre exemple de paramètre de
confort, destiné également à offrir un
routage le plus précis possible. Si l’on
n’aime pas vraiment le gros temps en
croisière on n’apprécie pas non plus
les calmes plats. Quand il est impos-
sible de les éviter, généralement on
lance le moteur. Les logiciels intègrent
désormais cette hypothèse. On peut
ainsi indiquer qu’en-deçà d’une vitesse
de 3 nœuds, on mettra le moteur. Et
comme les choses sont bien faites, le
logiciel vous demandera alors la vitesse
à laquelle le bateau progressera dans
ces conditions. Vous renseignerez par Polaire de vitesse. les chantiers ou les architectes. Le site six heures puis que le vent va rentrer.
exemple 5 nœuds. Dans son calcul, le Il s’agit ici de la de la Fédération française de voile avec Mentalement, c’est plus facile à vivre
logiciel exploitera cette donnée qu’il ne polaire du Dehler ses serveurs Handicap National et ORC que si l’on ignore combien de temps le
peut déduire des polaires et proposera 32, fournie par le permet d’extrapoler un grand nombre de phénomène va se poursuivre. C’est aussi
constructeur.
une route comportant un ou des tron- polaires de bateaux de série. Enfin, cer- comprendre les événements qui s’en-
Configuration de
çons parcourus au moteur. voilure : grand-voile tains sites ou applications proposent de chaînent et mettre des noms dessus :
et génois. réaliser des polaires à partir des carac- «Voilà la bascule annoncée en début
Les logiciels de routage téristiques de la coque et du plan de d’après-midi, le vent va forcir légèrement
sont-ils fiables ? voilure. Pas idéal mais mieux que rien. et nous ramener vers le but.»
En ce sens, le routage est pédagogique.
N’importe quel routage repose avant Le routage, A bord toujours, il permet d’anticiper et
tout sur la fiabilité des données météo.
Aujourd’hui, on peut dire que les pré-
ça sert à quoi ? d’organiser les quarts en fonction du
temps qui s’annonce. On demandera à
visions sur l’Atlantique sont fiables à On l'a vu, à optimiser la trajectoire. En quelques équipiers d'aller se reposer,
quatre jours et indicatives à six jours. course, à couper la ligne plus vite que si d’autres prépareront des sandwiches
En Méditerranée, la situation est moins l’on était parti à l’instinct, pour ne pas en prévision des conditions délicates
favorable. Les prévisions sont fiables dire à l’aveugle, sans avoir étudié le par- attendues.
à deux jours et indicatives à trois cours. Pour autant, gagner 20 minutes Le routage est enfin un allié de choix
jours. Autrement dit, sur des parcours sur un parcours de 6 heures est-il bien en matière de sécurité. Il sert à éviter
Bretagne – Angleterre, Bretagne-Nord – décisif ? Les régatiers répondront oui. les traquenards. Savoir que si l’on part
Espagne et même continent – Corse, le En revanche, l’écart laissera peut-être 24 heures plus tard, on arrivera au même
degré de fiabilité des données météo dubitatif le plaisancier adepte de la croi- moment que si l’on était parti le jour
est suffisant. sière côtière. Sur les pontons, on entend prévu, parce qu’on aura évité un violent
Plus les données «entrantes» sont parfois dire que le routage est un luxe, coup de vent au large, est rassurant et
riches et plus le routage de sortie est réservé aux coureurs… jubilatoire. Autre exemple, mettre le
précis. En Manche, les Grib de cou- C’est oublier que plus la trajectoire moteur pour augmenter la vitesse sous
rant sont quasiment indispensables est importante et plus le temps gagné voile afin de gagner les 3 heures qui per-
pour obtenir un routage cohérent. à l’arrivée est conséquent. Or réduire de mettent de se présenter devant tel cap
Malheureusement, ils ne sont pas dis- trois ou quatre jours une grande traver- avec le courant portant, c’est aussi un
ponibles sur tous les modules. Dans sée type Atlantique n’a plus rien de mar- gage de sécurité.
d’autres cas, ils sont prévus mais en ginal. C’est, entre autres, profiter plus Le routage n’est donc pas réservé
option payante. longtemps de l’escale. aux seuls coureurs au large. Pour celui
Enfin, plus les polaires de vitesse En croisière, le routage a aussi qui s’adonne à la croisière, il a même
entrées sont proches du comportement pour vertu de mettre les équipiers en des atouts souvent insoupçonnés. Les
réel du voilier et plus le routage est confiance. L’équipage connaît avec plus concepteurs de logiciels, qui ont long-
fin. Certes il est fastidieux d’établir ses ou moins de précision l’évolution de temps pensé exclusivement «course» ne
propres polaires. Mais un grand nombre la situation et quand le bateau entre s’y trompent d’ailleurs pas et proposent
de bateaux de série ont vu ou voient dans une zone de calme par exemple, désormais des fonctions que l’on pour-
leurs polaires publiées, notamment par il sait que la situation va durer environ rait qualifier de «Spécial croisière»… ■

78 - HORS-SÉRIE N°48
PRÉCIEUSES AIDES ELECTRONIQUES

Routage sur tablette avec Weather 4D Pro


O n définit une vitesse au moteur. Si le routage donne une vitesse courante
inférieure à cette vitesse au moteur, alors le module décide de continuer en
route directe au moteur. Dès que la vitesse à la voile est de nouveau au-dessus
de la vitesse moteur, le module rebascule en mode «voile». Le code couleur est
très simple : en rouge, la distance parcourue au moteur, en bleu clair la route
effectuée à la voile. En référence, le logiciel trace toujours une route directe en
ligne droite, rejoignant le waypoint de départ à celui d’arrivée.

CORSE
DÉPART DE TOULON
› ARRIVÉE CALVI

1ER ROUTAGE AVEC 100 % DE LA POLAIRE

Départ mercredi 29/04/2015 à 9 h (heure locale).


Arrivée jeudi 30/04/2015 à 4 h 50.
Temps total du parcours : 19 heures et 10 minutes.

2 E ROUTAGE AVEC 80 % DE LA POLAIRE

Départ mercredi 29/04/2015 à 9 h (heure locale).


Arrivée jeudi 30/04/2015 à 8 h 40.
Temps total du parcours : 23 heures et 40 minutes.

ECART AVEC ROUTAGE 1 : + 4 HEURES ET 30 MINUTES.

HORS-SÉRIE N°48 - 79
IRLANDE
DÉPART DE L’ABER WRAC’H
› ARRIVÉE KINSALE
1ER ROUTAGE AVEC 100 % DE LA POLAIRE
Départ lundi 27/04/2015 à 10 h (heure locale).
Arrivée mardi 28/04/2015 à 22 h 10.
Temps total du parcours : 1 jour, 12 heures et
10 minutes.

2E ROUTAGE AVEC 80 % DE LA POLAIRE


Départ lundi 27/04/2015 à 10 h (heure locale).
Arrivée jeudi 29/04/2015 à 07 h 10.
Temps total du parcours : 1 jour, 21 heures et
50 minutes.

ECART AVEC ROUTAGE 1 : + 9 H 40


Lorsque le routage est terminé, la trajectoire optimale peut être exportée vers
le logiciel de navigation pour iPad iNavX. En navigation, elle devient alors une
sorte de feuille de route que l’on suit en direct ou qui sert de référence quand
la route suivie diverge.

80 - HORS-SÉRIE N°48
UN WABNET/HOTSPOT
offre Ie WIFI par GSM à bord
à plus de 20 km des côtes,
et s’installe en 45 minutes.

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En course ou en croisière
i iè lle dil
dilemme n’est
’ t pas lle même
ê !
En régate il faut choisir la meilleure option qui permettra de prendre le bord
gagnant en jouant du vent, du courant et des vagues.
En croisière on optera plutôt pour le confort et la sécurité quitte à choi-
sir une route plus longue pour éviter des conditions météo plus difficiles.
Les navigateurs disposent aujourd’hui d’outils performants pour effectuer
un bon routage. Un routage n’est en aucun cas un horaire de chemin de
fer, une suite de caps à suivre et de caps à cocher sur la carte, mais une
aide à la réflexion et à la décision.
Le grand mérite de ce livre est de fournir au lecteur les clés d’une lecture
critique des routages proposés par l’ordinateur, de la collecte des sources
à leur utilisation. Toutes les explications s’appuient sur des exemples
pratiques et l ‘examen de situations-type fréquemment rencontrées en mer.

Edition papier
Edition numérique Il n’y a pas plus pratique qu’un
livre pour prendre le temps de la
on veut les deux ! compréhension. Il n’y a pas plus
efficace que l’édition numérique
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Sur votre navigateur tapez :
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dissements.
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Comment choisir la meilleure route

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VOILES ET VOILIERS, Service Commandes, Bureau 108, 60643 Chantilly Cedex. Tél. 03 44 62 43 58

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