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Cœlioscopie et cœliochirurgie :
principes généraux et instrumentation
R. Botchorishvili, L. Velemir, A. Wattiez, X. Tran, F. Bolandard, B. Rabischong,
K. Jardon, J.-L. Pouly, G. Mage, M. Canis

La cœlioscopie est une approche chirurgicale moderne mini-invasive qui offre de nombreux avantages par
rapport à la laparotomie. Elle comporte des spécificités et des contraintes qu’il est indispensable de bien
connaître afin de l’entreprendre dans les meilleures conditions et de prévenir les complications qui lui sont
propres. Par ailleurs, la cœliochirurgie est très dépendante du matériel et de la technologie qui
l’accompagne. Cet environnement spécial nécessite un apprentissage adapté de la part du chirurgien.
© 2007 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Mots clés : Cœlioscopie ; Laparoscopie ; Cœliochirurgie ; Instrumentation

Plan ■ Introduction
¶ Introduction 1 La cœlioscopie (ou laparoscopie) est une technique chirurgi-
cale moderne qui a débuté en 1940 avec Raoul Palmer [1]. Née
¶ Spécificités et contraintes de la cœlioscopie 1 et développée dans un premier temps en gynécologie, elle a par
Paroi fermée 1 la suite investi et bouleversé tous les champs de la chirurgie en
Principes d’ergonomie 3 introduisant le concept de chirurgie minimale invasive [2-5]. Sur
Équipe cœliochirurgicale 3 le principe, elle consiste à opérer dans la cavité abdominale sans
¶ Environnement 4 réaliser d’ouverture pariétale large contrairement à la laparoto-
Salle d’opération 4 mie. La vision du champ opératoire s’effectue sur un écran grâce
Table d’opération 4 à une optique fine (ou endoscope) passée à travers la paroi et
Installation des patients 4 reliée à une source de lumière et à une caméra. La cœlioscopie
Placement des opérateurs et des écrans 4 nécessite l’insufflation d’un gaz dans la cavité péritonéale afin
Chariot instrumental 4 de créer un espace de travail que l’on appelle le pneumopéri-
toine. Les gestes sont réalisés à l’aide d’une instrumentation
¶ Gaz 5
spécifique également passée en transpariétal par des trocarts
Choix du gaz 5
mesurant en général entre 5 et 12 mm (Fig. 1). Loin de n’être
Cœlioscopie sans gaz dite « gasless » 5
qu’une voie d’abord parmi d’autres, la laparoscopie correspond
¶ Insufflateur 5 à une nouvelle conception de la chirurgie. Ses avantages sont
¶ Système de vision 6 nombreux : caractère mini-invasif, diminution de la morbidité
Source lumineuse 6 postopératoire [6] , bénéfice esthétique, vision magnifiée du
Caméra vidéo 6 champ opératoire, précision et efficacité des gestes chirurgicaux,
Optiques et câbles 7 respect de l’anatomie et de la physiologie. Toutefois, elle est très
Moniteur 7 dépendante de la technologie qui l’accompagne et comporte des
complications qui lui sont propres [7-10]. Afin de l’entreprendre
¶ Instrumentation 7
dans les meilleures conditions, il importe de bien connaître ses
Trocarts 7
spécificités, son environnement et son matériel.
Instruments opératoires 8
Système de lavage-aspiration 9
Canulation utérine
Moyens d’extraction des pièces opératoires
9
9
■ Spécificités et contraintes
¶ Matériel et principes d’électrochirurgie 11 de la cœlioscopie
Mode monopolaire 11
Mode bipolaire 12 Paroi fermée
Clips, LigaSure® et Utracision® 12
Par définition, la cœlioscopie crée un espace opératoire sans
¶ Prévention des adhérences et produits antiadhérentiels 13 ouvrir la paroi. La pression intra-abdominale (PIA) étant
Interceed® 13 physiologiquement négative, la cavité est donc virtuelle. Écarter
Spraygel® 13 sans ouvrir, c’est donc mettre la cavité en pression positive.
Adept® 13 Cette contrainte de paroi fermée oblige le chirurgien à interve-
¶ Conclusion 13 nir sur les tissus au travers de trocarts. Il effectue donc en
permanence un transfert de force et d’énergie de l’extérieur vers

Techniques chirurgicales - Gynécologie 1


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Figure 1. Installation habituelle pour une cœliochirurgie pelvienne.


A. L’opérateur principal se place à gauche de la patiente tandis que l’aide est à sa droite et tient l’optique. La table est baissée au plus bas.
B. L’installation comprend habituellement un trocart transombilical de 10-12 mm de diamètre au travers duquel est passée l’optique et sur lequel est branchée
l’arrivée du gaz, deux trocarts opérateurs de 5 mm de diamètre disposés dans les fosses iliaques et un trocart opérateur placé sur la ligne médiane (tracé pointillé
en noir), en général au-dessus de la ligne imaginaire joignant les deux trocarts latéraux (tracé pointillé en rouge). Noter la triangulation des trocarts opérateurs
entre eux et avec le trocart supportant l’optique (tracé pointillé en bleu).

l’intérieur de la cavité abdominale. De cette particularité très facilement aborder le clivage vésico-utérin en portant son
découlent plusieurs contraintes ayant chacune leurs endoscope et ses instruments en avant de la masse utérine qui
conséquences. est ainsi virtuellement éliminée. Cet avantage important de la
technique est aussi la principale source de complications
Contraintes de pression puisque du même coup, le cœliochirurgien perd le contrôle de
La pression positive réalisée par l’insufflation de gaz dans la l’espace situé entre son œil endoscopique (virtuel) et son œil
cavité abdominale peut être responsable de complications réel. Cette vision volontairement limitée peut conduire à deux
médicales. Toutefois, si le fonctionnement de l’insufflateur est sortes d’accidents :
bien compris et bien utilisé, et surtout, si le chirurgien connaît • des instruments peuvent être laissés sans contrôle visuel dans
la physiologie hémodynamique et respiratoire, l’utilisation de la la cavité et être responsables d’actions non désirées ;
pression positive à bon escient peut devenir un facteur de • lors de l’utilisation de l’énergie monopolaire, cette vue limitée
sécurité. En effet, les fonctions du gaz sont multiples. peut être responsable de couplages directs entraînant des
• Mise en tension de la paroi abdominale : ceci permet d’éloigner brûlures inaperçues.
la paroi des gros vaisseaux lors de l’introduction des trocarts.
• Création de l’espace opératoire par écartement des structures les
unes des autres : ceci génère la vision et apporte une plus
grande sécurité lors de l’application des énergies électriques.
• Infiltration et dissection des plans par le gaz : cette propriété
“ À retenir
appelée barodissection est particulièrement intéressante car Couplage direct
elle facilite souvent la reconnaissance des plans de clivage.
C’est l’application involontaire du courant électrique sur
• Barohémostase : grâce à la pression positive régnant dans la
cavité, il existe un tamponnement qui protège du saigne- un tissu à travers un défaut d’isolation de l’instrument ou à
ment, mais qui peut aboutir à un saignement différé si une travers un contact avec un instrument conducteur.
vérification de l’hémostase n’est pas réalisée à faible pression
en fin d’intervention. En effet, si on compare les pressions
intravasculaires à la pression du pneumopéritoine, le diffé-
rentiel est toujours en faveur du vaisseau plutôt qu’en faveur
du pneumopéritoine. En conséquence, lors d’une plaie
vasculaire, il y a hémorragie. Cependant, pour le réseau
“ Points forts
capillaire, le différentiel s’inverse et devient favorable au
pneumopéritoine. Dans ces circonstances, il existe un tam-
Règles de prévention
ponnement, qui aboutit à une hémostase. Le cœlioscopiste • Ne jamais laisser d’instruments sans contrôle visuel dans
peut augmenter provisoirement la PIA à des fins d’hémostase. la cavité. Cela conduit à la règle princeps de la
Ce fait endoscopique est intéressant car plusieurs facteurs cœliochirurgie : chaque outil en place doit être utilisé.
d’hémostase peuvent être associés. Le remplissage du cul-de- Cela revient à dire que sur chaque poignée instrumentale,
sac de Douglas avec un liquide de lavage chaud associé à une il doit y avoir la main de l’opérateur ou de l’assistant
élévation de la PIA aboutit à une hémostase plus efficace. Ce (Fig. 1). On retire donc de la cavité les instruments non
phénomène s’apparente à la compresse laparotomique et doit utilisés.
être utilisé avec l’accord de l’anesthésiste. • Ne jamais actionner d’énergie électrique lorsque la
totalité des parties actives des électrodes n’est pas
Contraintes de vision
visualisée sur l’écran.
La vision laparoscopique réputée pour être meilleure que la
vue laparotomique est vantée comme l’un des atouts majeurs de
l’endoscopie. L’opérateur devient capable, grâce à l’endoscope,
d’amener son œil au niveau même de la structure opérée et du Contraintes de manipulation (trocarts)
champ d’action. C’est un avantage car il permet au chirurgien Lors de la manipulation de ses instruments à travers la paroi
de virtualiser les difficultés, c’est-à-dire d’éliminer du champ de abdominale, le cœliochirurgien doit lutter en permanence
vision les obstacles en positionnant son œil endoscopique et ses contre le point fixe pariétal. Ce point fixe est responsable de la
instruments en amont de ceux-ci. Ce fait est au mieux démon- limitation des angles d’attaque des tissus et de la présence d’un
tré lors des hystérectomies pour gros utérus. L’opérateur peut point de force important. Ainsi, plus la partie de l’instrument

2 Techniques chirurgicales - Gynécologie


Cœlioscopie et cœliochirurgie : principes généraux et instrumentation ¶ 41-515-A

inversera ses mouvements. La règle à respecter est de ne


jamais travailler à plus de 90° en dehors de l’axe de vue.
• Utiliser ses deux mains : la cœlioscopie moderne a étendu les
indications opératoires et impose la technique utilisant les
deux mains. L’avantage majeur tient dans l’action concomi-
tante et successive des deux outils (Fig. 1). Malheureusement,
l’expérience montre que la plupart des endoscopistes n’utili-
sent en fait qu’un outil à la fois. Si l’on admet qu’un opéra-
teur va se servir le plus souvent d’une pince bipolaire dans
une main, et des ciseaux dans l’autre main, on remarque
immédiatement qu’aucun des outils n’est destiné à l’exposi-
tion. Cependant il faut, pour des raisons d’efficacité et de
sécurité, que le cœlioscopiste apprenne à exposer avec les
ciseaux pendant que la pince coagule, et à couper avec les
Figure 2. Transfert d’énergie et moment de force. Le point fixe est ciseaux alors que la pince expose. Techniquement, un outil
pariétal et doit le rester (cercle jaune). Utiliser un instrument de 5 mm dans ne doit jamais être inactif. La multiplication des fonctions ne
un trocart de 10-12 mm est une erreur pour les gestes précis. Le place- réside pas uniquement dans les qualités de l’instrument, mais
ment des trocarts est déterminant pour la qualité du geste opératoire. 1. dans les manières de l’utiliser. C’est cette succession d’actions
Si b > a : imprécision et faiblesse. 2. Si a = b : augmentation de la précision qui permet au chirurgien d’agir sur les tissus dans les meilleu-
et de la force. 3. Si a > b : force et précision importantes. res conditions de vue et d’attaque instrumentale. C’est aussi
prévenir les complications.
• Optimiser l’utilisation des trocarts : d’une part en plaçant autant
extérieure à la cavité est grande, plus le chirurgien est précis et de trocarts que de mains disponibles (en général, le trocart
plus la force appliquée aux tissus est grande. À l’opposé, plus la optique + trois trocarts opérateurs) et d’autre part en ne
partie extérieure sera petite, plus la force appliquée sera faible, condamnant pas de trocart opérateur pour l’écartement fixe
et plus l’imprécision sera grande (Fig. 2). des organes. Par exemple, si l’on a besoin de récliner le côlon
L’opérateur doit distinguer les trocarts opérateurs des trocarts gauche pour s’exposer pendant un temps suffisamment long
d’exposition. Les trocarts opérateurs doivent permettre à de l’intervention, on aura recours à la fixation de ses franges
l’instrument d’atteindre le site opératoire avec le maximum graisseuses à la paroi par un point transpariétal.
d’angles d’attaque possible. Ils ne doivent par ailleurs jamais • Adopter une position ergonomique : en règle générale, un muscle
être plusieurs dans l’alignement de l’optique. Cette situation est s’épuise rapidement lorsqu’il est utilisé à plus de 50 % de son
au mieux réalisée par la triangulation des trocarts opérateurs amplitude d’action. Selon ce principe, il est donc préférable
avec le trocart porteur de l’optique et par la triangulation des de travailler autant que possible les coudes le plus proches du
trocarts opérateurs entre eux (Fig. 1, 2). Les trocarts opérateurs corps et les bras à l’horizontale ou vers le bas pour soulager
sont placés près de la cible. À l’opposé, les trocarts d’exposition les muscles de l’épaule, en particulier lors des cœliochirurgies
peuvent être loin de la cible et leur triangulation est moins longues. Pour ce faire, il est plus aisé à un opérateur de
essentielle. Cette situation est cependant de plus en plus difficile travailler en cœlioscopie en étant surélevé par une estrade.
à gérer compte tenu des multiples voies d’abord nécessaires à • Ne pas utiliser de manière excessive le lavage : ceci entraîne
une chirurgie endoscopique de plus en plus complète. souvent des inconvénients comme la perte de l’exposition, la
Par ailleurs, la fixité du trocart empêche le chirurgien de perte du plan anatomique du fait d’une infiltration des tissus
reproduire les mouvements complexes de la main. Le meilleur par l’eau (œdème), la perte de l’efficacité énergétique et
exemple est donné par la suture. Pour le chargement du tissu finalement une perte de temps.
sur une aiguille au cours d’une laparotomie, le chirurgien réalise
un mouvement complexe de la main associant une rotation et Équipe cœliochirurgicale
une pronation. La fixité pariétale rend cette combinaison
impossible. La suture endoscopique répond donc à des impéra- Anesthésiste
tifs différents de ceux de la suture laparotomique.
La cœliochirurgie nécessite une interactivité entre l’anesthé-
Contraintes dues à l’application des énergies siste et le chirurgien. L’anesthésiste peut par exemple retentir
sur la vision chirurgicale par le bon endormissement et le bon
L’endoscopie, en plus de la paroi fermée, présente d’autres relâchement du malade (phénomène identique à ce qui se passe
contraintes pour l’application des énergies, comme l’absence lors d’une laparotomie). Le chirurgien peut intervenir sur des
d’écarteur vrai. L’application de l’énergie se fait donc dans des données essentielles de l’homéostasie du patient telles que la
conditions de proximité anatomique. L’effet tissulaire doit non capnie. Cela passe par la connaissance des appareils et leur
seulement être connu, mais doit pouvoir être reproduit de utilisation optimale. Le pneumopéritoine est certainement le
manière exacte. meilleur exemple de l’interdépendance existant entre l’anesthé-
siste et le cœliochirurgien. Comme le pneumopéritoine permet
Principes d’ergonomie la vision et donne les différents avantages que nous avons
décrits, la tendance du chirurgien est donc d’augmenter la PIA.
Afin d’améliorer son efficacité opératoire, le cœliochirurgien
L’anesthésiste, au contraire, doit faire face à la compression des
doit suivre certaines règles.
gros vaisseaux avec une diminution du retour veineux au cœur,
• Mettre toutes les informations et que les informations nécessaires
à l’augmentation des résistances vasculaires périphériques, à la
sur l’écran : il faut donc enlever de l’écran la partie du champ
diminution des débits régionaux et à l’augmentation des
opératoire inutile et ne garder que les structures anatomiques
pressions pulmonaires. La tendance de l’anesthésiste est donc de
opérées et les instruments utilisés sur le moment. Cela permet
diminuer la PIA.
de se concentrer sur une étape de l’intervention et de
virtualiser ainsi les difficultés. Cette attitude procure au
Infirmière de bloc opératoire
chirurgien un avantage psychologique. En revanche, il ne
faut jamais quitter les yeux de l’écran ! L’apport technologique considérable autour de l’endoscopie
• Changer son optique de place pour avoir un accès visuel et lui confère un rôle biomédical. C’est en effet sur elle que les
technique adéquat : cet exemple est illustré par la mise de chirurgiens se déchargent le plus souvent pour le choix,
l’optique en sus-pubien lors de l’accès à la bifurcation iliaque l’entretien et la connexion des appareils. C’est aussi elle qui
pour un curage lomboaortique. Cependant, l’opérateur doit assure la maintenance des petites pannes quotidiennes. Son
alors se placer entre les jambes de la patiente pour garder son intervention au niveau de la sécurité est de plus en plus
axe de travail dans l’axe de sa vision, faute de quoi, il importante. Elle surveille le bon déroulement de l’intervention,

Techniques chirurgicales - Gynécologie 3


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vérifie les paramètres des différents appareils, les modifie à la


demande du chirurgien et s’assure de la constance des paramè-
tres de sécurité. Son rôle dans la prévention des complications
est donc évident. En fait, on peut dire que comme elle est
responsable de la colonne de cœliochirurgie, le cœliochirurgien
lui confie sa vue.

■ Environnement
Jusqu’à aujourd’hui, les cœliochirurgies étaient réalisées dans
les salles conçues pour les laparotomies. La forte pénétration des
techniques laparoscopiques dans toutes les disciplines a imposé
une nouvelle réflexion sur l’organisation de la salle d’opération.
En effet, les techniques laparoscopiques ont des spécificités.
• Environnement technique encombrant mais très important de par
son implication dans la qualité de l’acte chirurgical.
• Nombreux acteurs actifs pendant l’intervention.
• Travail indirect sur un écran, imposant une ergonomie du
placement des chirurgiens.
• Travail à ventre fermé et distendu ce qui modifie la hauteur du
champ opératoire et impose une installation spécifique sur
une table adaptée.
• Évolution de l’opérateur au sein d’une connective spécifique qui
doit être comprise pour un résultat optimal.
Figure 4. Placement des opérateurs et des écrans. c : chirurgien ;
Salle d’opération (Fig. 3) a1, a2 : aides.
La salle d’opération doit être vaste et claire. La clarté est
indispensable à la surveillance du patient endormi. La couleur Installation des patients
des téguments est en effet l’un des paramètres à surveiller pour Idéalement, le patient est placé en décubitus dorsal à plat,
dépister la survenue de troubles hémodynamiques et respiratoi- jambes écartées. Dans les indications de chirurgie sous-
res lors d’une laparoscopie. De plus, le travail à ventre fermé mésocolique et pelvienne, il est capital de placer les deux bras
impose dans certaines circonstances (les sutures par exemple) du patient le long de son corps, d’une part pour faciliter le recul
des manœuvres délicates à l’extérieur de l’abdomen. Ces du chirurgien ou de son aide vers la tête du patient et d’autre
manœuvres imposent un éclairage adéquat du champ opéra- part justement pour éviter dans ce cas une élongation acciden-
toire. La taille de la salle est également importante pour deux telle du plexus brachial. Les anesthésistes qui perdent l’accès
raisons : l’apport d’un matériel supplémentaire et l’agrandisse- facile et la surveillance de la voie d’abord veineux sont parfois
ment des espaces opératoires. En effet, bien que les champs réticents. L’utilisation de prolongateur veineux permet de
opératoires soient les mêmes que lors des techniques conven- remédier à ce problème. La concertation entre opérateur et
tionnelles, les opérateurs occupent un espace plus large lors de médecin anesthésiste est primordiale. Par ailleurs, un système
leur placement et sont assez souvent amenés à se déplacer antirecul sera mis en place sur le patient dès qu’une position de
autour du patient. Trendelenburg est demandée.

Table d’opération Placement des opérateurs et des écrans


Le champ opératoire endoscopique est plus élevé que le Le placement des opérateurs dépend des indications et des
champ conventionnel. En effet, le pneumopéritoine élève la habitudes. Cependant, les principes généraux restent les mêmes.
paroi d’une dizaine de centimètres. Les outils utilisés mesurent Par souci de clarté, nous prenons pour le reste de l’exposé
en moyenne 43 cm de longueur, la moitié se trouvant à l’exemple d’une chirurgie pelvienne (Fig. 4).
l’extérieur de la cavité. Le champ opératoire se trouve donc L’opérateur et son aide principal se font face, l’opérateur se
surélevé d’environ 30 cm. Il faut donc abaisser la table d’autant. plaçant sur la gauche du malade. Pour un travail confortable de
Ce fait est majoré lors des chirurgies pelviennes où la position longue durée, l’opérateur doit se tenir droit, les coudes le long
de Trendelenburg élève encore le champ. La table d’endoscopie du corps. L’axe de la vue doit correspondre à l’axe du travail et
doit donc être plus basse que les tables habituelles. L’utilisation doit passer entre les deux mains. La vision endoscopique se
d’une estrade par le cœliochirurgien prend ici tout son intérêt. faisant par un écran, il faut disposer ce dernier de telle façon
que cette règle soit respectée. Ainsi dans notre exemple, l’écran
de l’opérateur est au mieux situé au pied droit du patient. En
théorie, la fatigue visuelle de la vision sur un écran impose le
placement de celui-ci à une distance comprise entre 1,6 fois et
6 fois la longueur de la diagonale de l’écran. L’assistant situé en
face de l’opérateur est actif en tenant la caméra dans sa main
gauche et en travaillant avec un instrument tenu dans sa main
droite. Son confort visuel est donc également important. Au
mieux, il doit disposer d’un deuxième écran de vision situé dans
notre exemple au pied gauche du patient. Si un troisième
opérateur est nécessaire entre les jambes du patient, il regarde
soit l’écran de gauche, soit celui de droite. La table d’instru-
ments et l’infirmière instrumentiste trouvent une place logique
en arrière et à gauche de l’opérateur.

Chariot instrumental
Figure 3. Exemple d’une salle d’opération moderne intégrant toutes les La plupart des chariots endoscopiques sont composés par
nécessités et les spécificités de la cœliochirurgie (OR1, Storz®). l’empilement de l’insufflateur, de la source lumineuse, de la

4 Techniques chirurgicales - Gynécologie


Cœlioscopie et cœliochirurgie : principes généraux et instrumentation ¶ 41-515-A

Figure 6. Insufflateur électronique. Le premier chiffre à gauche indique


la pression maximale intra-abdominale exprimée en millimètres de mer-
cure. Le chiffre du milieu correspond au débit exprimé en litres par minute
et le nombre de droite au volume de gaz insufflé, exprimé en litres.

Figure 5. Colonne de cœlioscopie (1-7) et générateur pour l’électrochi- qualités en font un gaz peu dangereux. Le pneumopéritoine
rurgie (8). 1. Moniteur ; 2. insufflateur électronique ; 3. source de lumière résiduel de CO2 est éliminé plus rapidement qu’avec les autres
froide ; 4. pompe hydraulique électronique ; 5. enregistreur vidéo numé- gaz diminuant ainsi la durée de l’inconfort postopératoire [11].
rique ; 6. écran pour la gestion des photos ; 7. bouteille de dioxyde de Toutefois, le problème majeur du CO2 réside dans son absorp-
carbone ; 8. générateur pour l’électrochirurgie. tion vasculaire significative à travers le péritoine conduisant à
une hypercapnie [12]. Par ailleurs, Elkelani et al. [13] ont montré
chez la souris qu’un pneumopéritoine de CO2 additionné de
3 % d’oxygène diminuait la formation des adhérences par
caméra et parfois du système de lavage-aspiration. L’écran est,
rapport à un pneumopéritoine de CO2 pur ou contenant une
en règle, au sommet de la tour (Fig. 5). Le patient est relié au
concentration d’oxygène supérieure à 3 %. L’extrapolation et
chariot par une sorte de « cordon ombilical » comprenant : le
l’application clinique de ces résultats à l’homme ne peuvent être
câble de CO2, le câble de la lumière, le câble de la caméra et
réalisées tant que les mécanismes de formation des adhérences
parfois un câble de lavage et un câble d’aspiration. Dans notre
ne seront pas mieux élucidés et des essais cliniques préliminai-
exemple, ce cordon vient du chariot portant l’écran de l’opéra-
res réalisés.
teur. Or la longueur de cordon est limitée par la longueur du
câble optique qui doit être la plus courte possible pour éviter les
pertes lumineuses. La longueur habituelle de ces câbles est Cœlioscopie sans gaz dite « gasless »
d’environ 2 m. À chaque fois que l’opérateur bouge, il faut
Cette procédure se passe de gaz pour l’insufflation. Elle repose
déplacer le chariot et son cortège d’efférences. Ces déplacements
sur un laparolift, c’est-à-dire sur un système de traction pariétale
sont difficiles et exposent aux fautes septiques et aux accidents
externe qui permet de créer un espace intra-abdominal à
par déconnexion. De plus, ils fragilisent le matériel. Dans ces
pression atmosphérique. Ceci élimine par conséquent les
conditions, il est préférable de dissocier le chariot en deux
problèmes liés à l’augmentation de la pression intra-
éléments séparés. D’un côté l’écran, et de l’autre le reste de
abdominale, à l’hypercapnie et à l’embolisation gazeuse. De
l’équipement. L’écran est en effet relié à la commande de la
plus, cela améliore les paramètres cardiovasculaires avec une
caméra par un câble. Au mieux cet écran est porté par un bras
précharge et une postcharge diminuées par rapport à l’utilisa-
rotatif permettant une rotation autour du patient en fonction
tion de CO2 [14]. Alijani et al. ont démontré que le laparolift
du placement de l’opérateur. Le reste de l’équipement est
empêchait la chute du débit cardiaque associée avec le pneu-
idéalement placé en empilement à un endroit où il ne gêne
mopéritoine de CO2 et était associé à une récupération posto-
aucun membre de l’équipe médicochirurgicale. Cet emplace-
pératoire plus rapide des fonctions cognitives [15].
ment peut être envisagé au dos du rack de l’anesthésie. La
configuration de la salle de la Figure 3 répond aux exigences de Mais d’une manière générale, chez les patients présentant une
l’endoscopie dans une vision multidisciplinaire. fonction cardiaque, respiratoire ou rénale limitée, l’approche
gasless n’a pas démontré de nets avantages cliniques par rapport
à une cœlioscopie réalisée à basses pressions (5-7 mmHg). De
plus, dans ces cas-là, le laparolift combiné à un pneumopéritoine
■ Gaz à basses pressions pourrait être une bonne alternative [16].
En pratique, le laparolift est rarement utilisé du fait de son
inutilité (état des patients ne contre-indiquant que rarement
Choix du gaz une cœlioscopie) et de la mauvaise exposition qu’il entraîne.
Le gaz idéal pour l’insufflation devrait avoir les propriétés
suivantes : faible absorption péritonéale, effets physiologiques
réduits, excrétion rapide après absorption, incombustible, effets ■ Insufflateur
minimes après embolisation intravasculaire et solubilité san-
guine maximale [11]. L’air et l’oxygène ne peuvent pas être La qualité du pneumopéritoine est essentielle à la conduite de
utilisés pour l’insufflation puisqu’ils produisent une combustion la cœlioscopie. Il est indispensable de posséder un insufflateur
lorsque l’énergie monopolaire ou le laser sont utilisés. L’hélium électronique capable de monitorer le débit en fonction de la PIA
et le nitrogène sont moins solubles que le dioxyde de carbone (Fig. 6).
(CO2) et peuvent entraîner des conséquences plus graves si une Les données actuelles de la physiopathologie hémodynami-
embolie gazeuse intravasculaire survient. De plus, le prix de que ont bien montré qu’au-delà de 15 mmHg les résistances
l’hélium est peu avantageux. L’argon pourrait avoir des effets vasculaires périphériques augmentaient rapidement et que
hémodynamiques indésirables en particulier sur le flux sanguin l’index cardiaque chutait. La PIA max est donc fixée à
hépatique. Bien que le nitrite d’oxyde soit bénéfique pour les 15 mmHg par l’opérateur ; en fonction de cette pression,
procédures requérant une anesthésie locale ou régionale, ou en l’appareil va afficher des débits variant entre 0 et le débit
cas d’insuffisance respiratoire, il est combustible. Le CO 2 maximal délivré par l’appareil. Les insufflateurs actuels présen-
s’approche du gaz idéal et demeure le plus utilisé en cœliosco- tent des débits de plus en plus importants. Ces hauts débits ne
pie. C’est un gaz semi-inerte économique. Sa diffusion périto- présentent en théorie aucun effet délétère tant que la PIA reste
néale n’entraîne pas de risque d’embolie grâce à sa diffusion inférieure à la PIA max. Cependant, il existe deux limitations à
systémique qui est régulée par le système ventilatoire. Ces ces hauts débits.

Techniques chirurgicales - Gynécologie 5


41-515-A ¶ Cœlioscopie et cœliochirurgie : principes généraux et instrumentation

• La limitation de la pression à 15 mmHg et le diamètre des Source lumineuse


trocarts : dans une aiguille de Palmer, il est impossible de faire
passer plus de 2,4 l/min à 15 mmHg. Dans un trocart de Types de source lumineuse
10 mm de diamètre, vide de tout instrument, le débit maxi-
Les deux principaux types sont les halogènes et les xénons.
mal est environ de 6,5 (+/- 0,5) l/min. Il est donc inutile,
Ils se distinguent par la température des couleurs, différence qui
si l’on conserve la voie traditionnelle de l’insufflation,
se traduit dans le rendu des couleurs qui tirent légèrement sur
de posséder des insufflateurs qui ont des débits supérieurs à
le bleu pour le xénon. Cependant, la plupart des caméras
10 l/min.
actuelles analysent et compensent ces variations grâce à une
• Le problème de l’hypothermie peut être réel en cas de débit
balance automatique des blancs. Toutefois, la qualité d’image
élevé. Il est donc nécessaire de monitorer la température
obtenue avec le xénon reste supérieure.
corporelle des patients. Ce fait est majoré par l’utilisation de
Certaines sources lumineuses utilisant des longueurs d’onde
quantités importantes de liquide de lavage si ce dernier n’est
adaptées permettent d’améliorer la vision laparoscopique de
pas amené à la température de 37 °C.
certains changements tissulaires (bénins ou malins) en détectant
Pour toutes ces raisons, l’emploi des hauts débits ne doit pas la fluorescence des tissus soumis à une excitation lumineuse [17,
être systématique mais réservé aux conditions de fuites impor- 18]. Il peut s’agir soit d’une fluorescence spontanée par détection
tantes (aspiration, changement de trocart, etc.). L’affichage de la des fluorophores endogènes - on parle alors d’autofluorescence -
consommation de gaz semble a priori inutile. Cependant, cette soit d’une fluorescence induite par l’administration systé-
donnée est certainement intéressante chez les enfants et en mique de photosensibilisateurs exogènes comme l’acide 5-ami-
début d’insufflation lors de toute cœlioscopie. En effet la matité nolévulinique (5-ALA). Par exemple, cette approche permet
préhépatique disparaît dès l’insufflation de 0,3 l de gaz. La un meilleur diagnostic des lésions d’endométriose non
persistance de cette matité doit immédiatement faire évoquer pigmentées [19].
une insufflation prépéritonéale.
Puissance
Le facteur déterminant pour une bonne vision laparoscopique
■ Système de vision est représenté par la quantité de lumière disponible à chaque
endroit de la chaîne. La puissance de la source est donc le
Considérée comme un gadget en 1984, la caméra est devenue premier élément à considérer. Cependant, l’augmentation de la
un véritable outil chirurgical. Du choix de la caméra et de la puissance pose un réel problème quant à la chaleur dégagée. En
source lumineuse et de la connaissance des principes de base de effet, cette lumière est définie comme une lumière froide. Or, il
la vision électronique va dépendre la qualité de la vue chirur- ne faut pas se méprendre sur cette définition. Une lumière
gicale, et donc de l’acte chirurgical. L’un des avantages de habituelle (ampoule électrique) produit pour 100 % d’énergie
l’approche endoscopique est l’obtention d’une vue meilleure - utilisée environ 2 % de lumière et 98 % de chaleur. Une lumière
quasi microchirurgicale - que celle que nous avions par la dite froide abaisse ce rapport en produisant plus de lumière,
laparotomie. Or actuellement, cette vue est devenue optoélec- mais sans réduire la production de chaleur à zéro. Ce fait
tronique. Dans cet ensemble, la qualité de l’image obtenue ne implique un dégagement de chaleur important, d’autant plus
dépend finalement que de la quantité de lumière disponible à fort que la source est puissante. Actuellement, les sources sont
chaque étape de la chaîne optique et électronique. Cette chaîne protégées contre la transmission d’une chaleur trop forte. La
peut être artificiellement divisée en trois grands secteurs dispersion de la chaleur se fait essentiellement au cours du
(Fig. 7) : transport, le long du câble, lors de la connexion avec l’endos-
• la production de la lumière : la source lumineuse ; cope et le long de l’endoscope. Toutefois, certains accidents ont
• l’acquisition de l’image : la caméra ; été rapportés par des brûlures dues à la chaleur de l’œil de
• la transmission de la lumière : l’endoscope et le câble. l’optique.
Il est clair que la qualité finale est celle du plus mauvais des
éléments de la chaîne. Aussi, dans le choix de la source lumi- Régulation lumineuse
neuse et de la caméra, faut-il tenir compte de l’ensemble des Un réglage manuel par l’opérateur permet de définir de
autres éléments de la chaîne. La source de lumière froide manière fixe la puissance de la source lumineuse. Cependant,
comporte une production de lumière blanche naturelle à partir lors de l’utilisation des caméras vidéo, la vision de près est
de xénon et un ventilateur intégré qui absorbe une grande gênée par une lumière trop importante, alors que pour la vision
partie de la chaleur émise. La caméra transforme l’énergie de loin, les images peuvent être sombres. Pour pallier ce
lumineuse en signal électrique qui est ensuite décodé dans les problème, la plupart des sources actuelles possèdent une
trois couleurs primitives (rouge, vert, bleu) pour donner l’image régulation lumineuse.
en couleur sur l’écran du moniteur.
Caméra vidéo
Les premières caméras cœlioscopiques ont réellement fait leur
apparition entre 1984 et 1986. Elles étaient alors d’une sensibi-
lité faible, de l’ordre de 20 lux et d’une définition modeste, de
l’ordre de 150 000 pixels. Depuis lors, elles ont subi de nom-
breuses évolutions. En simplifiant, une caméra est définie
par les données suivantes.
• La nature du capteur : toutes les caméras actuelles sont
équipées de capteurs charge couple device (CCD). Ce sont des
systèmes électroniques qui transforment l’image réelle
(photons) en image électronique interprétable sur un écran.
• La sensibilité qui est traduite en lux : le nombre de lux est
inversement proportionnel à la sensibilité de la caméra. Ainsi,
une caméra de 10 lux possède une sensibilité meilleure
qu’une caméra de 15 lux. Autrement dit, moins une caméra
possède de lux, moins elle nécessite de lumière pour l’obten-
tion d’une image correcte.
• La définition d’une caméra : elle s’exprime en nombre de
Figure 7. Système de vision endoscopique. 1. Moniteur ; 2. source de pixels, ce qui donne la définition du capteur et qui se traduit
lumière froide ; 3. caméra ; 4. câble optique ; 5. endoscope/optique. par le nombre de points constituant l’image. Plus le capteur

6 Techniques chirurgicales - Gynécologie


Cœlioscopie et cœliochirurgie : principes généraux et instrumentation ¶ 41-515-A

possède de pixels, plus la définition de l’image est grande. On quartz et entraîner une perte de transmission lumineuse. De
peut également exprimer la définition des caméras en nom- plus, ces câbles sont responsables d’une transmission de
bre de lignes horizontales sur l’écran. Une caméra mono- chaleur supérieure à celle des câbles à fibres optiques. Enfin,
CCD de qualité doit avoir une résolution supérieure à ces câbles sont rigidifiés par une armature métallique qui
300 lignes, un tri CCD peut avoir une résolution supérieure rend leur maintenance et leur rangement plus difficiles.
à 600 lignes. En conclusion, bien que le choix soit difficile, nous utilisons
• Le rapport signal/bruit : le signal vidéo produit par la caméra des câbles à fibres optiques, d’une fragilité égale au câble à gel,
peut présenter un « bruit », qui se présente comme du grain mais dont la souplesse permet une maintenance plus aisée.
sur l’image. Il est plus important dans les régions sombres ou
rouges, ce qui est malheureusement souvent le cas en lapa- Optiques
roscopie. Le rapport signal/bruit (S/N ratio), exprimé en L’endoscope permet d’amener la lumière à l’intérieur de la
décibels, mesure la quantité de bruit. Plus ce rapport est cavité par des fibres et ramène l’image par un ensemble de
élevé, plus le bruit est faible. lentilles. Comme tout système optique, il présente un pouvoir
• La régulation : certaines caméras sont équipées d’un système d’atténuation lumineuse. L’atténuation lumineuse est inverse-
permettant la vision en faible lumière. Ces systèmes fonc- ment proportionnelle au carré du diamètre de la lentille. C’est
tionnent par l’augmentation automatique du gain de la dire que plus l’endoscope est de petit diamètre, plus il
caméra, ce qui est au prix de la détérioration de la qualité de consomme de lumière. La question du choix d’une optique
l’image. Il est préférable d’avoir une source de lumière droite ou d’une optique à 30° est un vaste sujet. En effet, si l’on
puissante plutôt qu’une caméra à gain automatique. Enfin, les considère que pour une intervention systématisée telle qu’une
nouvelles caméras sont équipées d’un shutter automatique. intervention gynécologique ou digestive, une optique droite est
Elles sont ainsi capables de réguler leur vitesse d’obturation l’optique de choix, il est sûr qu’une angulation à 30° voire 45°
en fonction de la lumière. Ces shutters sont habituellement peut s’avérer intéressante pour certaines localisations ; c’est le
réglables de 1/30 à plus de 1/10 000 par seconde. Cette cas par exemple pour la vision de la bifurcation iliaque externe
caractéristique permet à la caméra d’évoluer dans toutes les lors des lymphadénectomies cœlioscopiques ou le traitement
conditions de lumière. Lorsqu’on possède une telle caméra, il des hernies hiatales. Enfin, ces optiques sont maintenant dites
n’est pas nécessaire de posséder la régulation lumineuse sur panoramiques, c’est-à-dire que l’angle de vue est de 110°,
la source. permettant d’avoir à distance raisonnable une vue globale du
• L’objectif : la plupart des caméras sont livrées avec des champ opératoire.
objectifs de 20 à 40 mm de longueur focale. Habituellement,
avec une optique de 110°, un objectif de 35 mm permet Moniteur
d’obtenir une image plein écran. Certaines caméras possèdent
un zoom. Si le zoom n’est pas indispensable, il offre néan- C’est un élément important de la chaîne de vision. L’essentiel
moins certains avantages comme un grossissement plus est de posséder un moniteur capable de restituer toutes les
important de l’image et l’obtention du plein écran même lors qualités de résolution de la caméra. C’est-à-dire qu’il faut que le
de l’utilisation d’optiques de faible diamètre ou d’angle étroit. nombre de lignes horizontales du moniteur soit au moins égal
Si habituellement un objectif de 35 mm suffit à obtenir le au nombre de lignes fournies par la caméra. La taille nécessaire
plein écran, certains endoscopes maintiennent un rond noir pour le moniteur est extrêmement subjective. La taille et la
sur le contour de l’écran. C’est dans ces conditions que le définition sont deux choses différentes. Il est habituel de
zoom peut s’avérer utile pour rétablir l’image totale. Bien sûr, considérer qu’un moniteur de 44 cm de diagonale autorise une
l’utilisation d’un zoom demande plus de lumière. Si l’on chirurgie de qualité. En fait, quelle que soit la taille choisie, il
possède ce type de caméra, il faut donc une source de lumière faut respecter la règle habituelle : l’opérateur doit se situer à une
plus puissante. distance maximale égale à six fois cette diagonale.

Optiques et câbles ■ Instrumentation


Câbles
Le câble de lumière unissant l’endoscope et la source lumi-
Trocarts
neuse est un élément important de la chaîne car lors de la Les trocarts sont extrêmement importants. En effet, ce sont
transmission de la lumière, il est responsable d’une atténuation eux qui permettent le passage des instruments à travers la paroi.
lumineuse plus ou moins importante, fonction de son type et Ils sont responsables d’un grand nombre d’accidents et doivent
surtout de son état. Deux types de câbles sont actuellement être soigneusement choisis. Leur pointe est soit conique soit
disponibles sur le marché. pyramidale. Schématiquement, les pointes coniques sont
• Les câbles optiques : ils sont constitués d’un faisceau de fibres atraumatiques mais peu pénétrantes contrairement aux pointes
optiques serti aux deux bouts. Ces câbles véhiculent la pyramidales qui ont une grande force de pénétration mais du
lumière grâce à la réfraction lumineuse à l’intérieur des fibres. coup sont plus traumatisantes au niveau de la paroi et plus à
Ils sont d’une très haute qualité de transmission optique, risque de lésion viscérale. Par ailleurs, il faut que les trocarts
mais sont fragiles. En effet, au fur et à mesure de leur aient une valve permettant un passage facile et atraumatique
utilisation, un certain nombre de fibres optiques se cassent. des instruments (Fig. 8).
La perte des fibres optiques peut se voir lorsqu’on regarde à La taille des trocarts est conditionnée par le diamètre des
jour frisant l’une des extrémités du câble, les fibres cassées instruments utilisés. La facilité serait d’utiliser pour tous les
sont représentées par des points noirs. Pour améliorer la trocarts la taille maximale, permettant grâce aux systèmes de
longévité de ces câbles optiques, il faut les manipuler avec réduction d’utiliser tous les instruments. Le choix se porterait
prudence en évitant de les tordre. En fin d’intervention, il est alors sur les trocarts de 10-12 mm. Il ne faut cependant pas
préférable de déconnecter le câble de l’endoscope et d’atten- accepter cette course vers l’augmentation du diamètre. En effet,
dre son refroidissement avant de le manipuler. La plupart des parmi les avantages de l’endoscopie, la diminution de la
sources de lumière disposent d’une fiche permettant de fixer longueur des incisions, et donc des douleurs postopératoires et
le câble en attendant le refroidissement. des séquelles esthétiques, est un élément important. Il ne faut
• Les câbles à gel : ils sont constitués d’un fourreau rempli d’un pas non plus négliger le risque d’apparition des hernies inci-
gel optiquement clair serti aux deux bouts par du quartz. Ces sionnelles : 0,23 % pour 10 mm, 3,1 % pour 12 mm [20].
câbles de lumière ont été conçus pour éviter le problème Il faut réfléchir au choix de la taille et du placement des
d’altération des fibres optiques. Cependant, ils posent trocarts en fonction du diamètre de l’instrument à passer au
plusieurs problèmes. Tout d’abord, le sertissage quartz aux travers, mais aussi suivant le rôle de cette voie d’abord, dans la
extrémités est extrêmement fragile lorsque le câble est chaud. pathologie traitée. Le meilleur exemple est donné par l’empla-
Le moindre choc sur une paillasse peut détériorer l’embout cement des trocarts au travers desquels seront réalisés les nœuds

Techniques chirurgicales - Gynécologie 7


41-515-A ¶ Cœlioscopie et cœliochirurgie : principes généraux et instrumentation

Figure 8. Trocarts à pointe pyramidale métallique utilisés pour passer


les optiques. a. Diamètre 10 mm ; b. diamètre 5 mm.

Figure 9. Ciseaux courbes cœlioscopiques. a. Vue d’ensemble ; b.


ciseaux ouverts ; c. ciseaux fermés.

extracorporels. Pour la réalisation de ces nœuds, il est préférable


d’utiliser des trocarts de 10 mm de diamètre. Leur emplacement
est choisi en fonction du type d’aiguille utilisé, car l’angle Figure 10. Principaux instruments utilisés en cœlioscopie.
d’attaque des aiguilles au tissu doit être aigu si nous utilisons A. Pince grip.
des aiguilles courbes. B. Pince à extraction.
C. Pince fenêtrée digestive.
D. Dissecteur.
Instruments opératoires E. Pince plate fine.
Ils doivent répondre aux critères essentiels qui sont robus- F. Pince à biopsie.
tesse, fiabilité, précision, ergonomie, facilité d’entretien. De plus,
ce matériel doit servir les différentes fonctions utiles aux • Fenêtrées : spécialement conçues pour la manipulation des
opérateurs : palpation, préhension, section, dissection, suture, anses intestinales, elles permettent une utilisation dans tous
destruction et hémostase. les gestes y compris la manipulation des aiguilles.
• À biopsie : elles ont été peu à peu remplacées par les autres
Ciseaux cœlioscopiques (Fig. 9) pinces.
• À extraction : pinces de 5 ou 10 mm, spécialement conçues
Ce sont des instruments microchirurgicaux assez fragiles.
pour l’extraction transpariétale des pièces opératoires.
Beaucoup de ciseaux acceptent une connexion monopolaire. Il
• Babcock : réplique des Babcock laparotomiques, elles sont
faut cependant savoir que la coagulation porte les ciseaux à très
conçues pour la manipulation des intestins.
haute température et est responsable d’un émoussage plus
• À clip : elles peuvent être réutilisables ou à usage unique. Les
rapide. Plusieurs formes de ciseaux existent. Les ciseaux droits
clips sont le plus souvent en titane, mais il existe des pinces
possèdent deux mors actifs. Ces modèles sont les plus efficaces
pour les clips résorbables.
dans la dissection. Il existe cependant des modèles possédant un
• À suture mécanique : elles sont rotatives avec poignée-pistolet
mors fixe, qui permet des dissections plus fines notamment
et linéaire (Endo-GIA-Merlin®, ELC-Ethicon®). Leurs extrémi-
lorsque l’une des structures disséquées est vulnérable.
tés actives peuvent être de différentes longueurs. La plus
couramment utilisée est celle de 30 mm. Comme pour la
Pinces laparotomie, le choix de la taille des agrafes dépend de
Elles permettent la préhension, la présentation, la dissection l’épaisseur des tissus. Pour déterminer celle-ci, une
et éventuellement la coagulation des tissus. Elles sont le plus Endogauge-Merlin® peut être introduite dans le trocart. Ces
souvent atraumatiques mais il faut distinguer plusieurs types de pinces à usage unique sont rechargeables pour permettre
pinces (Fig. 10). plusieurs agrafages, éventuellement de tailles différentes, au
• Plates fines : issues de la microchirurgie, elles sont peu cours de la même intervention. Il existe deux types de
traumatiques mais tiennent peu les tissus. Ce sont les chargeurs : blanc, ou vasculaire (taille de l’agrafe fermée :
meilleures pinces de dissection. 1 mm), et bleu (taille de l’agrafe fermée : 1,5 mm).
• Grip : spécialement conçues pour la chirurgie endoscopique
en gynécologie, elles sont considérées comme atraumatiques Dissecteurs
car leur prise est forte mais fine, évitant le traumatisme des Ils sont de plus en plus utilisés en cœlioscopie. Ils permettent
saisies itératives. la dissection complète des vaisseaux sur toutes leurs faces.

8 Techniques chirurgicales - Gynécologie


Cœlioscopie et cœliochirurgie : principes généraux et instrumentation ¶ 41-515-A

Figure 11. Instruments de suture. a. Pousse-nœud ; b. porte-aiguille ;


c. ciseaux à fils.

Figure 13. Manipulateur utérin de Clermont-Ferrand (A). En position


Figure 12. Canules cœlioscopiques. a. Canule à cytoponction. b. ca-
(B).
nule à aspiration-lavage de 5 et 10 mm.

Porte-aiguilles (Fig. 11) Par ailleurs, l’eau assure plusieurs rôles qui sont : la vision,
Ils sont très proches des porte-aiguilles traditionnels. Ils ont l’hydrodissection, la protection des tissus, l’hémostase (eau à
des diamètres variables et l’extrémité active est courbe ou droite. 45 °C), la prévention des adhérences et la réanimation (réab-
Ils peuvent être à fermeture passive, par ressort, ou active par sorption péritonéale). En pratique, l’appareil délivrant l’eau doit
crémaillère. Certains plus récents ont une poignée palmaire, avoir une pression d’injection élevée de l’ordre de 1 bar. Le
améliorant la tenue et permettant une ouverture et une ferme- liquide utilisé doit être peu agressif pour les cellules péritonéales
ture faciles. soumises au pneumopéritoine. Dans ce contexte, l’utilisation
d’un soluté isotonique est préférable.
Instruments à fonctions multiples
Le Triton a été mis au point par Hubert Manhès. Cet appareil Canulation utérine
original permettait à la fois la section-coagulation des tissus par
l’intermédiaire d’une micropointe rétractile, le lavage sous La canulation utérine tient une place capitale en laparoscopie
pression et l’aspiration. Actuellement, de nombreux construc- gynécologique. Certes, elle nécessite le plus souvent un aide
teurs fabriquent des instruments multifonctionnels articulés supplémentaire placé entre les jambes de la patiente. Mais elle
autour des fonctions de lavage-aspiration et électrochirurgicales. permet de mobiliser l’utérus en améliorant ainsi de manière
En fait, le nombre des instruments chirurgicaux destinés au considérable l’exposition de l’utérus et des annexes, et en
chirurgien endoscopique s’accroît de jour en jour. Tenter une facilitant les gestes de dissection et de section par mise en
description exhaustive tiendrait de la gageure. Cependant il faut tension des tissus opérés.
répéter que le chirurgien expérimenté n’utilise le plus souvent De nombreux systèmes peuvent être utilisés. Suivant l’inter-
que peu d’instruments ; 90 % de la chirurgie endoscopique vention, on choisit une simple canulation à l’aide d’un hysté-
gynécologique peut être réalisée avec cinq instruments : des romètre (stérilisation tubaire, grossesse extra-utérine), le système
ciseaux courbes, deux grip-pinces, une bipolaire et un système de Valtchev (épreuve au bleu tubaire) ou le manipulateur utérin
de lavage-aspiration. de Clermont-Ferrand (hystérectomie) (Fig. 13).

Système de lavage-aspiration (Fig. 12) Moyens d’extraction des pièces opératoires


En cœliochirurgie, l’aspiration équivaut à la compresse L’extraction de pièces opératoires inférieures à 5 ou 10 mm
laparotomique. La canule d’aspiration doit donc être sur le site ne pose aucun problème dans les trocarts correspondants. Les
opératoire en prévision de son utilisation avant les instruments pièces kystiques sont aspirées (en réduisant à l’extrême la
de section et d’hémostase. Elle est en particulier indispensable contamination péritonéale) et placées dans un sac endoscopique
dans le traitement cœliochirurgical des grossesses extra-utérines avant extraction sans contamination pariétale. Les pièces solides
et de certains kystes ovariens (tératomes kystiques bénins et jusqu’à 3 ou 4 cm sont également ensachées et amenées à la
endométriomes). En général, le tuyau d’aspiration présente un paroi où elles sont morcelées dans le sac sous vision directe. Les
diamètre de 8-10 mm et se connecte à une poche de recueil pièces solides (fibromes le plus souvent) de plus de 4 cm sont
avec filtre elle-même branchée sur l’aspiration centrale du bloc. extraites par agrandissement d’une incision abdominale, par
Une dépression de l’ordre de -0,6 bar est habituellement colpotomie ou par morcellation intra-abdominale à l’aide d’un
suffisante. morcellateur manuel ou motorisé.

Techniques chirurgicales - Gynécologie 9


41-515-A ¶ Cœlioscopie et cœliochirurgie : principes généraux et instrumentation

Figure 15. Panier laparoscopique Endocatch™. 1. Tracteur du collet ;


2. tracteur du fil. a. Collet métallique ; b. fil de fermeture du sac.

berges de son ouverture circulaire, le caler et y introduire les


pièces opératoires à l’aide de deux pinces à préhension, l’une
tenant le sac et l’autre tenant la pièce. Pour le fermer, il faut
tirer progressivement sur un fil enserrant son ouverture qui agit
comme un nœud coulissant et ferme le sac de manière irréver-
sible à mesure que le fil est tiré. Il peut être sorti par l’ouverture
pariétale de n’importe quel trocart, qui pourra être agrandie si
Figure 14. Utilisation de l’endobag Storz®. besoin. Ce système est le moins onéreux mais nécessite un peu
A. Introduction de la pièce opératoire. plus d’adresse de manipulation de la part de l’opérateur. Le
B. Fermeture du sac. panier, lui, est introduit par un trocart de 10-12 mm. Il possède
en général un collet métallique qui s’ouvre et se ferme de
manière réversible en actionnant un tracteur externe. L’extrac-
Sacs cœlioscopiques tion se fait par le même trocart après avoir fermé le collet et
resserré le fil du goulot du sac en tirant sur son tracteur externe.
Appelés endobags en anglais, les sacs cœlioscopiques sont
Parfois, il est difficile de retirer une pièce opératoire sans
utilisés en routine pour retirer de manière « propre » soit
recourir à une minilaparotomie. Certains auteurs ont proposé
directement à travers la paroi soit au travers d’un trocart, des
l’utilisation d’un extracteur [22] qui agit à la manière d’un
masses abdominales telles que les vésicules biliaires, les appen-
spéculum transpariétal à trois valves permettant un retrait plus
dices, les kystes ovariens, les myomes utérins, les ovaires, les
facile du sac sous contrôle de la vue et minimisant la nécessité
trompes, les grossesses extra-utérines ou les ganglions lympha-
de s’agrandir au niveau de l’incision pariétale aponévrotique et
tiques. Ainsi, lors de la manipulation et l’extraction de la pièce
cutanée (Fig. 16).
opératoire, ils protègent la cavité péritonéale et la paroi de la
contamination bactérienne (appendicite, pyosalpinx), chimique
Scalpel endoscopique et morcellateurs
(vésicule biliaire, kyste dermoïde), trophoblastique (grossesse
extra-utérine) ou tumorale (myome, endométriome, adénopa- Pour faciliter l’extraction de pièces opératoires d’origine
thies métastatiques, cancer ovarien méconnu). Les endobags utérine, il existe plusieurs situations où le cœliochirurgien, s’il
peuvent être soit tissés, soit en plastique. Les seconds présentent désire terminer l’intervention en cœlioscopie sans convertir en
l’avantage par rapport aux premiers d’être non poreux et laparotomie ou en voie vaginale, pourra recourir à la technique
semblent donc préférables dans la majorité des situations pour de morcellation cœlioscopique. Les principales situations
les raisons énoncées ci-dessus. De plus, une des rares études sont représentées par : l’hystérectomie totale laparoscopique
ayant comparé les propriétés physiques de ces deux types de sac pour pathologie utérine bénigne avec soit un utérus myomateux
a montré que les sacs en plastique étaient plus élastiques que les volumineux, soit un accès vaginal relativement réduit comme
sacs tissés et nécessitaient moins de force pour leur extraction, chez une nulligeste (a) ; la myomectomie laparoscopique pour
ce qui au final entraînait moins de rupture du sac [21]. Deux volumineux myome utérin (b) ; l’hystérectomie supracervicale
principes d’endobag existent : le sac libre et le panier (Fig. 14, soit pour pathologie utérine bénigne, soit dans le cadre d’une
15). Le premier est préconditionné afin d’être introduit par un cure de prolapsus génito-urinaire avec réalisation d’une pro-
trocart de 10-12 mm et libéré directement dans la cavité montofixation (c). En cas d’extraction utérine par voie vaginale
péritonéale. Il faut alors le dérouler, l’ouvrir en écartant les comme dans la situation (a), le scalpel endoscopique s’avère très

Figure 16. Extracteur d’endobag (Storz®).


Cet instrument possède trois valves démonta-
bles mesurant 5 ou 7 cm de long. L’ouverture
maximale est de 6 cm de diamètre.

10 Techniques chirurgicales - Gynécologie


Cœlioscopie et cœliochirurgie : principes généraux et instrumentation ¶ 41-515-A

Figure 17. Scalpel endoscopique. La lame de 10 est démontable et l’instrument est stérilisable et réutilisable. 1. Lame de 10 ; 2. zone de rétraction de la
lame ; 3. tube de 10 mm de diamètre ; 4. poignée avec système de rétraction ; 5. bouton de fermeture.

Figure 18. Morcellateur électrique.


A. Morcellement à l’aide du morcellateur électrique : la lame cylindrique rotative doit toujours rester en surface du myome et sous contrôle de la vue.
B. Système réutilisable (Storz®).
C. Système jetable (Gynecare®).

utile pour tailler le massif utérin réduisant ainsi son diamètre et qui délivrera le courant électrique au tissu. Dans le mode
facilitant son passage à travers la filière vaginale (Fig. 17). Dans monopolaire, le chirurgien peut contrôler six paramètres,
les situations (b) et (c), on a recours à un morcellateur électrique développés ci-dessous.
qui permet de gagner du temps et de l’ergonomie. Le morcella-
teur électrique est en général constitué d’une lame cylindrique Puissance
tournante, couplée à un moteur, introduite par le trocart de C’est un facteur important de la sécurité du patient. On ne
12 mm. Une pince de Museux de 10 mm introduite à travers le peut proposer une puissance fixe, tant celle-ci est liée à la taille
cylindre agrippe la périphérie du myome, et l’amène au contact de l’électrode : plus celle-ci est fine, moins la puissance devra être
de la lame, réalisant la découpe progressive d’une carotte de élevée pour obtenir l’effet voulu. Cependant, nonobstant l’effet
tissu myomateux (Fig. 18). Il faut toujours contrôler parfaite- électrode et l’effet tissu (plus le tissu est conducteur moins la
ment la position de la lame de l’appareil de façon à ne pas puissance doit être élevée), il faut garder à l’esprit que si au cours
risquer d’entailler un organe de voisinage. Les modèles d’appa- d’une intervention, la coagulation ou la section diminuent sans
reils peuvent être jetables ou réutilisables. Le chirurgien fera son qu’aucune modification n’aient été portée aux réglages du
choix en fonction d’un compromis entre le coût de l’appareil, générateur, plutôt qu’augmenter la puissance, il faut rechercher
son efficacité, sa sécurité d’emploi et son ergonomie un défaut apparu sur le circuit électrique (surtout au niveau de la
d’utilisation. plaque de retour). En pratique, on travaille en électro-cœlio-
chirurgie avec des puissances de l’ordre de 35 à 45 W.

■ Matériel et principes Nature de l’onde électrique


d’électrochirurgie Pour obtenir une section ou une coagulation, le générateur
délivre des ondes électriques différentes dans leur rythme et
L’électrochirurgie est un moyen efficace et économique pour dans leur voltage. Plus le voltage est élevé, plus le risque d’arc
réaliser une section ou une coagulation. Son utilisation est électrique est grand, donc plus le danger est élevé pour les
cependant subordonnée à une sécurité optimale pour le patient, patients. Si on compare les différents voltages, on s’aperçoit que
les chirurgiens et le personnel de la salle d’opération. Le prix de la section monopolaire est de bas voltage de l’ordre de 2 000 à
cette sécurité est la connaissance parfaite de l’énergie utilisée en 3 000 V, alors que la coagulation monopolaire utilise des
rendant son effet prévisible, reproductible et efficace. La plupart voltages de l’ordre de 3 000 à 9 000 V. Il est clair que si le mode
des générateurs électriques actuels possèdent deux parties coagulation est utilisé en monopolaire, il faut utiliser la
distinctes : une partie monopolaire avec deux sous-groupes (un coagulation de plus faible voltage possible, soit la dessiccation
groupe coagulation et un groupe section) et une partie bipolaire. encore appelée « coagulation basse tension ». En pratique, on
Chacun des blocs est indépendant. Ils peuvent fonctionner évite tout simplement de travailler en mode coagulation
séparément ou ensemble. Les conditions créées par l’endoscopie monopolaire.
(trocarts, absence d’écarteurs, etc.) imposent la maîtrise par le
chirurgien de certaines variables. Forme de l’électrode
L’effet tissulaire est différent suivant qu’on utilise une pointe
Mode monopolaire monopolaire ou une spatule. Plus l’électrode est fine, plus la
densité de puissance est grande. Certaines formes d’ondes
Ce mode est monoterminal : il impose la mise en place d’une électriques permettent de « jouer » avec la forme de l’électrode.
électrode de retour correctement située. Si n’importe quel C’est le cas des courants mixtes. Avec ces courants, plus
instrument conducteur peut être utilisé, celui-ci doit être l’électrode est fine, plus la section est forte, plus l’électrode est
correctement isolé jusqu’à sa partie active, c’est-à-dire la partie large, plus la composante coagulation est favorisée. Certaines

Techniques chirurgicales - Gynécologie 11


41-515-A ¶ Cœlioscopie et cœliochirurgie : principes généraux et instrumentation

“ À retenir
Arc électrique
On peut le comparer aux décharges électriques
arborescentes émanant de la foudre lors d’un orage. Le
pneumopéritoine étant un milieu aérien fermé et humide,
le courant électrique peut s’y propager sous la forme d’arc
électrique, notamment pour des voltages élevés.

électrodes deviennent alors intéressantes. Une pointe fine sera


utilisée pour délivrer un courant de section précis et puissant
par exemple nécessaire à la réalisation d’une salpingotomie lors Figure 19. Instrumentation bipolaire. a. Pince plate bipolaire ; b. for-
du traitement cœliochirurgical d’une grossesse extra-utérine. La ceps bipolaire ; c. branchement électrique sur le poignet.
spatule permet, quant à elle, d’appliquer le courant sur une plus
grande surface en même temps, permettant d’obtenir un effet
coagulant. largeurs classiques : 1 et 3 mm. Plus l’électrode est fine plus la
coagulation est précise, moins les dégâts tissulaires périphéri-
Temps d’application ques sont importants et moins une puissance élevée est néces-
Le temps d’application du courant monopolaire détermine saire. Au contraire, une extrémité large provoque un effet
l’extension de l’effet. Plus celui-ci est long, plus les effets tissulaire important, ce qui peut être le souhait du chirurgien
tissulaires sont majorés. Ainsi, une section peut être trop lors de la coagulation d’un vaisseau important. En pratique, il
profonde et lors d’une coagulation, les dommages tissulaires faut savoir qu’il existe un échauffement thermique important
périphériques trop importants. jusqu’à 1 cm de part et d’autre de la pince.

Nature du tissu Puissance


Suivant la nature du tissu, le chirurgien modifie les paramè- Du fait du faible risque électrique en mode bipolaire, une
tres électriques utilisés. Il est évident qu’un effet de section est forte puissance ne présente pas de danger important. Cepen-
plus efficace sur la peau ou le muscle (tissu possédant une dant, il faut comprendre que plus la puissance est grande plus
composante aqueuse donc agissant comme un conducteur l’impédance entre les mors de la pince va être forte. Une trop
important) que sur la graisse (tissu peu conducteur). Ce phéno- forte puissance conduirait à la survenue d’arc électrique et de
mène est bien connu lors des incisions pariétales des carbonisation. Ces deux effets augmentent le risque de brûlure
laparotomies. de proximité et entraînent l’adhérence des tissus à la pince.

Façon d’appliquer l’énergie Temps d’application


Le chirurgien peut, avec un courant donné, privilégier telle Le temps d’application du courant détermine l’effet final. Une
ou telle composante de l’effet électrique en modifiant la façon application trop courte aboutit à une dessiccation (destruction
d’appliquer l’énergie. Ce contrôle est évident lors de l’utilisation tissulaire) trop faible, une application trop longue provoque
des courants mixtes. En sélectionnant un courant mixte et en l’adhérence des tissus à la pince et une extension des effets
enchaînant les gestes de manière différente, l’effet obtenu périphériques. C’est ainsi que de nombreux générateurs sont
s’inverse. pourvus d’un système d’arrêt automatique ou de baisse de
• Pour une section : mettre en tension les tissus, activer le puissance automatique. En fait, la technique d’utilisation de la
courant puis toucher le tissu. bipolaire doit être stricte. Après avoir appliqué la coagulation,
• Au contraire, avec le même courant, pour obtenir une coagula- l’opérateur doit couper prudemment le tissu coagulé jusqu’à la
tion : relâcher les tissus, toucher le tissu puis activer le rencontre d’un tissu rosé témoignant de l’insuffisance de la
courant. dessiccation. Il doit alors, avant de couper plus encore, procéder
à une nouvelle application de la pince bipolaire.

Mode bipolaire Tissu concerné


Lors de son utilisation, les paramètres contrôlables par le La coagulation bipolaire entraînant un échauffement impor-
chirurgien sont moins nombreux. Cependant, si aucun risque tant des tissus entre les deux mors de la pince, certains tissus
de couplage n’existe, le risque de brûlure de proximité reste réel (les veines par exemple) éclatent facilement produisant un effet
et impose la maîtrise de cette énergie. La pince bipolaire est un contraire à celui désiré. Il faut, dans ce cas, appliquer la
instrument spécifique de ce type d’énergie (Fig. 19). En d’autres coagulation avec une puissance faible, en prenant dans la pince
termes, à l’opposé du mode monopolaire, tout instrument une quantité de tissu relativement importante.
conducteur ne peut être utilisé. Les deux mors de la pince
doivent être convenablement isolés l’un de l’autre jusqu’à leur
extrémité active. La fermeture de la pince sur le tissu boucle le
Clips, LigaSure® et Utracision®
circuit électrique. Si la pince est fermée sans qu’aucun tissu ne Nous venons de voir ci-dessus que la coagulation bipolaire est
soit interposé, l’activation de la pédale crée un court-circuit avec un moyen d’hémostase peu onéreux, simple, efficace et relati-
échauffement de l’extrémité de la pince. Plusieurs facteurs sont vement sûr, utilisable dans la majorité des situations en
tout de même contrôlables. Ils sont développés ci-dessous. cœliochirurgie. D’autres méthodes d’hémostase existent qui ont
chacune leurs avantages et leurs inconvénients [23, 24].
Taille de l’électrode
Il existe plusieurs formes d’extrémité de pince. Les plus
Clips à hémostase
connues sont la forme habituelle type Kleppinger, où les deux La pose de clips en titane sur les vaisseaux crée une obstruc-
mors sont crantés et mus par une force élastique, et la pince tion mécanique et pose peu de problème pour les tissus envi-
simple où les deux mors sont lisses et sont rapprochés en ronnants lorsqu’ils sont appliqués avec précision. Toutefois,
fermant la poignée. Dans ce type de pince, il existe deux même s’ils conduisent à la formation d’un joint fiable, ils

12 Techniques chirurgicales - Gynécologie


Cœlioscopie et cœliochirurgie : principes généraux et instrumentation ¶ 41-515-A

comportent le risque de se déplacer lors de la manipulation des une bonne tolérance péritonéale, prévention de l’infection du
tissus. Leur utilisation implique une dissection très précise des site opératoire. Ces précautions ne suffisent malheureusement
vaisseaux et ils peuvent gêner la suite de la dissection du fait de pas. C’est pourquoi différents produits ont été testés en
leur volume. Les clips en plastique sont confectionnés avec une adjuvant de la chirurgie afin de prévenir la formation des
surface crantée pour surseoir au problème de déplacement mais adhérences postopératoires. Ainsi, les anti-inflammatoires
ils présentent les autres inconvénients sus-cités. locaux ou systémiques, les instillations péritonéales d’antibio-
tiques, les irrigations péritonéales de solutés cristalloïdes ou
LigaSure® de Ringer Lactate, avec ou sans héparine, se sont par exemple
révélés inefficaces. Actuellement, les produits barrières
Basé sur la coagulation bipolaire, ce système délivre au
mécaniques à usage local et peropératoire sont les plus
vaisseau un courant élevé (4 A) et un faible voltage (< 200 V).
utilisés [28]. Leur principe repose sur l’interposition d’une
L’élévation thermique engendrée entraîne une dénaturation
barrière empêchant les surfaces lésées d’entrer en contact
du collagène et de l’élastine de la paroi vasculaire. La force
jusqu’à ce qu’ait lieu la cicatrisation péritonéale. En moyenne
appliquée aux tissus par les mors de la pince comprime les
celle-ci nécessite 5 à 7 jours quelle que soit la taille de la
parois du vaisseau l’une contre l’autre qui fusionnent, ce qui
lésion. Le principal problème des études concernant les
occlut la lumière du vaisseau. Le générateur mesure l’impé-
nouveaux produits antiadhérentiels est qu’elles s’intéressent
dance et la résistance au contact de l’électrode et arrête
aux résultats anatomiques (formation d’adhérences, score
automatiquement de délivrer l’énergie une fois la fusion
American Fertility Society [AFS]) et non à la traduction
atteinte. Deux tailles de LigaSure® (5 et 10 mm de diamètre)
clinique (infertilité, douleurs...).
sont disponibles pour l’endoscopie et il existe également un
modèle de 10 mm de diamètre avec une lame incorporée
pour sectionner le tissu après la coagulation. Le système Interceed®
LigaSure® est acceptable pour la coagulation de vaisseaux
allant jusqu’à 7 mm de diamètre [23]. Ce produit fait partie du groupe des barrières antiadhérentiel-
les solides. Il s’agit d’une compresse de 7,6 par 10,2 cm,
Ultracision® constituée de cellulose régénérée et oxydée et résorbable en
28 jours [28]. Son efficacité sur la prévention des adhérences
Le système Ultracision® emploie l’énergie ultrasonore pour postopératoires et son innocuité sont prouvées en cœliochirur-
réaliser la coagulation et la section des vaisseaux. Le principe gie. Toutefois, son efficacité est réduite en présence de sang et
repose sur le transfert aux tissus d’une haute fréquence de sa pose nécessite des tissus parfaitement secs.
vibration (de l’ordre de 55 500 Hz) induite par une lame
vibrante qui est utilisée pour attraper le tissu contre un mors
non vibrant. La coagulation se fait par la dénaturation des Spraygel®
liaisons d’hydrogène et des protéines du vaisseau entraînant
Il fait parti des gels antiadhérentiels. L’utilisation de ce
la formation d’un coagulat qui va occlure la lumière du
produit est plus récente et a fait l’objet de peu d’études clini-
vaisseau. Les températures atteintes sont de l’ordre de 50 à
ques. Il semble toutefois apporter un bénéfice sur la formation
100 °C contre 150 °C en moyenne pour la coagulation
des adhérences postopératoires. Il s’agit d’une membrane
bipolaire. Ces procédés ultrasonores, qui existent en modèles
résorbable constituée de polyéthylène glycol [28]. Elle s’obtient
de 5 et 10 mm de diamètre, présentent plusieurs avanta-
par vaporisation d’un hydrogel sur les zones souhaitées. Son
ges par rapport aux systèmes classiques d’électrochirurgie :
efficacité est conservée même en présence de sang.
moindre dispersion d’énergie thermique aux tissus environ-
nants avec un moindre risque de lésions de proximité, double
action de coagulation et section des tissus ce qui apporte le Adept®
bénéfice d’un outil multifonction en diminuant le trafic des
instruments à travers les trocarts, et absence de production de L’Adept ® ou icodextrine 4 % fait partie du groupe des
fumée donc meilleure vision et moindre toxicité périto- barrières liquides. Il s’agit d’un polymère de glucose en solution
néale [25, 26]. L’effet obtenu est contrôlé par le chirurgien qui à 7,5 % qui une fois instillé ou irrigué dans la cavité péritonéale
ajuste la puissance du générateur, l’épaisseur de la prise, la crée une hydroflottaison avec maintien d’une ascite 4 à 6 jours,
pression des mors et le temps d’application. Ce système est séparant ainsi les surfaces péritonéales susceptibles de s’acco-
acceptable pour le traitement de vaisseaux mesurant jusqu’à ler [28]. En cas de résidus sanguins intrapéritonéaux, le polymère
3 mm de diamètre [23, 25]. est métabolisé par l’amylase sanguine ce qui diminue son
efficacité. Une étude récente randomisée en double aveugle [29],
ayant comparé chez 402 patients l’effet de l’Adept® à celui du
■ Prévention des adhérences Ringer Lactate sur la formation d’adhérences 1 à 2 mois après
une adhésiolyse laparoscopique, a conclu à une supériorité de
et produits antiadhérentiels l’Adept® sur le Ringer Lactate avec une bonne tolérance des
deux produits.
Les adhérences sont définies comme l’accolement anormal
de surfaces tissulaires entre elles. Elles résultent du processus
naturel de cicatrisation. Elles sont la conséquence d’un
traumatisme tissulaire dont l’origine peut être une lésion ■ Conclusion
thermique ou mécanique, une infection, une radiation, une
L’environnement technique de la cœlioscopie est devenu un
ischémie, une dessiccation, une abrasion ou une réaction à un
facteur primordial du succès de sa réalisation. La bonne
corps étranger [27]. Les adhérences pelviennes postopératoires
connaissance des instruments, mais également des énergies de
peuvent être responsables d’infertilité, de douleurs, d’occlu-
base conduira à diminuer les risques pour les patients tout en
sion digestive et peuvent rendre toute chirurgie pelvienne
assurant à ces techniques le succès thérapeutique qui ne sera
ultérieure difficile [27]. En théorie, la prévention de la forma-
plus réservé à des centres de référence mais deviendra totale-
tion des adhérences repose avant tout sur une technique
ment reproductible.
chirurgicale rigoureuse visant à limiter les facteurs d’ischémie
et d’inflammation péritonéale. Ainsi, lors de toute cœliochi-
.

rurgie, il est important de minimiser le traumatisme périto-


néal en respectant chaque fois que possible les principes
■ Références
suivants : manipulation douce des tissus, hémostase soigneuse [1] Palmer R. La cœlioscopie. Bruxells Med 1948;28:305-12.
et précise, excision des tissus nécrotiques, prévention de [2] Bruhat AA, Manhes H, Choukroun J, Suzanne F. Essai d’un traitement
l’ischémie, absence de dissection inutile, utilisation d’un per cœlioscopique de la grossesse extra-utérine : à propos de 26 obser-
matériel étranger (fil de suture, prothèse, clips...) présentant vations. Rev Fr Gynecol Obstet 1979;72:667-9.

Techniques chirurgicales - Gynécologie 13


41-515-A ¶ Cœlioscopie et cœliochirurgie : principes généraux et instrumentation

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5-aminolevulinic acid. Surg Endosc 2000;14:452-5. Steril. 2007; (Mar23;[Epub ahead of print]).

R. Botchorishvili, Praticien hospitalier.


L. Velemir, Interne des Hôpitaux.
Centre hospitalier universitaire de Clermont-Ferrand, Polyclinique de l’Hôtel-Dieu, service de gynécologie obstétrique et médecine de la reproduction,
boulevard Léon-Malfreyt, 63000 Clermont-Ferrand, France.
A. Wattiez, Praticien hospitalier.
Centre hospitalier universitaire de Strasbourg, service de gynécologie-obstétrique, 1, place de l’Hôpital, 67000 Strasbourg cedex, France.
X. Tran, Interne des Hôpitaux.
F. Bolandard, Praticien hospitalier.
B. Rabischong, Praticien hospitalier.
K. Jardon, Praticien hospitalier.
J.-L. Pouly, Professeur des Universités, Praticien hospitalier.
G. Mage, Professeur des Universités, Praticien hospitalier.
M. Canis, Professeur des Universités, Praticien hospitalier.
Centre hospitalier universitaire de Clermont-Ferrand, Polyclinique de l’Hôtel-Dieu, service de gynécologie obstétrique et médecine de la reproduction,
boulevard Léon-Malfreyt, 63000 Clermont-Ferrand, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Botchorishvili R., Velemir L., Wattiez A., Tran X., Bolandard F., Rabischong B., Jardon K., Pouly J.-L., Mage
G., Canis M. Cœlioscopie et cœliochirurgie : principes généraux et instrumentation. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris), Techniques chirurgicales - Gynécologie,
41-515-A, 2007.

Disponibles sur www.emc-consulte.com


Arbres Iconographies Vidéos / Documents Information Informations Auto-
décisionnels supplémentaires Animations légaux au patient supplémentaires évaluations

14 Techniques chirurgicales - Gynécologie


¶ 41-517

Fertiloscopie
(hydrolaparoscopie transvaginale)
A. Watrelot, J.-M. Dreyfus

En cas d’infertilité tubaire la sélection des patientes est capitale pour décider de la meilleure option
thérapeutique soit fécondation in vitro (FIV), soit chirurgie tubaire. La sélection est fonction des lésions
tubaires en attachant une particulière attention à la muqueuse tubaire ainsi qu’à l’environnement
tubopéritonéal. De sorte que les méthodes d’exploration non invasives comme l’hystérosalpingographie
sont insuffisantes et que seul un bilan endoscopique permet d’être précis. À cet égard la cœlioscopie est
considérée comme le gold standard. Malheureusement son caractère invasif et les risques qu’elle
comporte, bien que très peu fréquents, ont conduit progressivement à abandonner sa pratique au profit
de la FIV. De sorte qu’un certain nombre de FIV sont proposées à des patientes qui auraient pu bénéficier
de méthodes thérapeutiques moins radicales si le diagnostic de leur infertilité avait été plus précis, au lieu
d’être étiquetée trop rapidement infertilité « inexpliquée ». Il apparaît dès lors intéressant de proposer une
endoscopie aussi performante que la cœlioscopie mais sans ses inconvénients. C’est le cas de la
fertiloscopie qui a prouvé son efficience en étant aussi précise que la cœlioscopie permettant en outre de
pratiquer en routine salpingoscopie et microsalpingoscopie. Ainsi est-il possible de déterminer la meilleure
option thérapeutique : FIV ou chirurgie pelvienne ou encore insémination intra-utérine en fonction de
l’état pelvien. La fertiloscopie est une technique de réalisation aisée mais qui nécessite néanmoins un
apprentissage. Ses contre-indications que sont les pathologies du cul-de-sac de Douglas doivent être
reconnues et respectées afin de ne pas exposer à une blessure rectale, même si celle-ci n’est pas grave. Par
ailleurs, la fertiloscopie a maintenant des possibilités opératoires permettant de réaliser des adhésiolyses,
le traitement des endométrioses minimes et surtout le « drilling » ovarien pour les patientes présentant un
syndrome des ovaires polykystiques avec des résultats similaires aux résultats de la cœlioscopie. La
fertiloscopie devrait donc s’imposer comme la méthode de référence dans l’évaluation du pelvis des
patientes infertiles.
© 2008 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Mots clés : Fertiloscopie ; Hydrolaparoscopie transvaginale ; Salpingoscopie ; Microsalpingoscopie ;


Drilling ovarien

Plan ■ Introduction
¶ Introduction 1 Le dépistage des anomalies tubopéritonéales est une étape
importante de la prise en charge d’une infertilité.
¶ Définition 2
Idéalement, quatre paramètres doivent être évalués : la
¶ Technique 2 perméabilité tubaire, la qualité de la muqueuse tubaire, l’envi-
Matériel 2 ronnement tubopéritonéal et la cavité utérine.
Préparation 2 Divers examens se proposent de renseigner (de façon inégale)
Anesthésie 2 ces quatre paramètres.
Procédure 2 L’hystérosalpingographie (HSG) [1] est en général l’examen de
¶ Fertiloscopie opératoire 6 première intention, parfois remplacé par l’ultrasonographie
Adhésiolyse 6 (USG).
Endométriose 6 L’HSG est pertinente pour évaluer la perméabilité tubaire et
« Drilling » ovarien 6 la morphologie de la cavité utérine. L’HSG est le seul examen
¶ Complications 7 permettant de visualiser finement la portion interstitielle de la
trompe, même si l’existence d’un spasme tubaire limite parfois
¶ Pertinence de la fertiloscopie (FLY study) 7
cette appréciation. Elle donne aussi quelques renseignements
¶ Arbres décisionnels 7 sur la qualité de la muqueuse tubaire par la visualisation des plis
« Système français » 7 ampullaires. En revanche, elle n’est pas pertinente en ce qui
« Système anglo-saxon » 8 concerne l’environnement tubopéritonéal.
¶ Conclusion 8 La salpingographie sélective, pratiquée isolément ou en
complément de l’HSG, connaît les mêmes limitations mais est

Techniques chirurgicales - Gynécologie 1


41-517 ¶ Fertiloscopie (hydrolaparoscopie transvaginale)

intéressante en cas de suspicion d’obturation proximale,


souvent due à un bouchon ou des débris muqueux qu’elle peut
■ Technique
éliminer, « traitant » ainsi cette pseudo-obturation organique. La technique de la fertiloscopie n’est pas à proprement parler
L’USG fournit des renseignements assez identiques, mais ne une technique difficile, en particulier pour des chirurgiens
permet pas une aussi bonne visualisation des plis muqueux rompus à la cœlioscopie. Néanmoins, une technique rigoureuse
tubaires. est requise et, de ce fait, un apprentissage est nécessaire. On
HSG et USG ont en commun d’avoir une assez bonne valeur peut considérer qu’après avoir réalisé 5 à 10 fertiloscopies la
prédictive positive, mais une très mauvaise valeur prédictive technique est maîtrisée, il faut encore une dizaine de procédures
négative, conduisant dans toutes les séries à admettre un taux pour être capable de se repérer et interpréter correctement les
de faux négatifs entre 28 et 35 % [2]. constatations opératoires.
Pour cette raison, il est nécessaire de recourir à des examens .6

plus invasifs faisant appel à l’endoscopie, seule capable de ne


pas méconnaître des lésions tubopéritonéales. Matériel
La classique cœlioscopie avec épreuve au bleu est, en théorie, La fertiloscopie nécessite une instrumentation adaptée de
capable de renseigner les quatre paramètres décrits ci-dessus. En façon à réaliser facilement l’intervention. Plusieurs systèmes ont
pratique, seuls perméabilité, environnement tubopéritonéal et été proposés, soit réutilisables (THL Circon, États-Unis puis
cavité utérine sont correctement évalués [3]. En effet, l’évalua- TVE-K Storz, Allemagne), soit à usage unique (Fertiloscopy kit,
tion de la muqueuse tubaire par salpingoscopie est rarement Royaume-Uni).
effectuée en routine car elle nécessite l’emploi d’un deuxième
Notre préférence va aux introducteurs à usage unique que
endoscope, d’une source additionnelle de lumière froide, d’une
nous avons contribué à développer (Introducteurs FTO 1-29 et
irrigation, etc., la manipulation de la trompe, pour l’intuber,
FTO 1-40, Royaume-Uni). Cette instrumentation nous semble
faisant courir un risque traumatique au pavillon tubaire.
très bien adaptée car chaque introducteur est muni, à son
Par ailleurs, la cœlioscopie n’est pas dénuée de risques [4]
extrémité, d’un ballon qui évite toute sortie intempestive du
même si, heureusement, ceux-ci sont rares.
cul-de-sac de Douglas en cours d’intervention, tout en autori-
La conjonction des progrès de la fécondation in vitro (FIV),
sant un recul maximal de l’optique qui « s’appuie » sur le
de la relative lourdeur et des risques de la cœlioscopie, a abouti
à un abandon progressif de la cœlioscopie au profit du « tout ballon. Par ailleurs, l’usage unique est probablement préférable
FIV ». dans le cadre de la chirurgie vaginale ambulatoire ou même en
Enfin, l’introduction de la ponction échoguidée des ovaires cabinet comme cela se pratique Outre-Atlantique.
en FIV, a progressivement rendu inutile la formation chirurgi-
cale des spécialistes en infertilité. De sorte que la pratique de la Préparation
cœlioscopie de bilan a presque disparu, conduisant à mécon-
naître un certain nombre de pathologies qui, étant traitées, Un mini-lavement type Normacol ® est administré à la
seraient pourtant susceptibles d’éviter le recours à la FIV. patiente peu avant l’intervention. Ceci a pour but de vider, et
Il apparaissait donc intéressant de proposer une endoscopie donc d’aplatir, la partie terminale du rectum ce qui augmente
qui soit à la fois mini-invasive, sûre, relativement économique, d’autant l’espace de sécurité où l’on va travailler. En salle
et qui soit capable d’apprécier les quatre paramètres définis plus d’opération, la patiente est installée en position gynécologique,
haut. Ainsi est né, à la suite des travaux d’Odent [5] , de sans AUCUNE position déclive. En termes de sécurité, l’absence
Mintz [6], puis plus récemment de Gordts [7], le concept de de toute position de Trendelenburg est un avantage supplémen-
fertiloscopie. .7
taire apprécié des anesthésistes.

Anesthésie
■ Définition Il est possible de pratiquer la fertiloscopie, soit sous anesthé-
Nous avons défini la fertiloscopie comme l’association, dans le sie locale stricte, soit avec une courte anesthésie générale (du
même temps, d’une hydrolaparoscopie transvaginale couplée à type de celle pratiquée pour le recueil d’ovocytes pour la
une épreuve de perméabilité, suivie d’une salpingoscopie et fécondation in vitro).
d’une microsalpingoscopie et enfin d’une hystéroscopie [8]. La Dans le cas d’une anesthésie locale, la technique est la
fertiloscopie est une hydropelviscopie transvaginale, l’optique suivante : tout d’abord, on réalise une anesthésie du cul-de-sac
étant introduite dans le cul-de-sac de Douglas. Le milieu d’obser- vaginal postérieur à l’aide d’un gel anesthésique type Emla® gel.
vation étant le sérum physiologique et non le CO2 comme dans L’anesthésie de surface de la muqueuse vaginale est obtenue en
une cœlioscopie (Fig. 1). 8-10 minutes. Puis un bloc paracervical est pratiqué à la
Xylocaïne® adrénalinée ; 15-20 ml sont injectés latéralement
infiltrant principalement les ligaments utérosacrés.
La fertiloscopie peut ensuite commencer en ayant pris le soin
d’ajouter un anesthésique local (Naropeine®) dans le liquide
servant à créer l’hydropéritoine.

Procédure [9]
La fertiloscopie commence toujours par un toucher vaginal
de contrôle. À ce moment, il est encore possible de renoncer si
l’on dépiste une lésion passée inaperçue lors de la consultation
(nodule endométriotique postérieur, rétroversion utérine fixée).
Les séquences opératoires sont ensuite les suivantes.

Exposition du col (Fig. 2)


Il est nécessaire d’utiliser un spéculum type Collin, et de le
positionner verrou du côté gauche de l’opérateur cela permet,
lors de l’ouverture de celui-ci, d’exposer et de « déplisser » le
Figure 1. Coupe sagittale. 1. Cavité utérine ; 2. vagin ; 3. péritoine ; cul-de-sac postérieur, la valve antérieure du spéculum restant au
4. cul-de-sac de Douglas ; 5. rectum. contact de la lèvre antérieure du col.

2 Techniques chirurgicales - Gynécologie


Fertiloscopie (hydrolaparoscopie transvaginale) ¶ 41-517

Figure 5. Insertion du FT0 1-40 et gonflement du ballonnet.


Figure 2. Positionnement du spéculum.
fait sur la ligne médiane, à peu près 1 cm sous le col, au niveau
de la ligne de réflexion du vagin sur celui-ci. L’axe d’introduc-
tion est horizontal ou un peu incliné en arrière lorsque l’utérus
est rétroversé mais mobile. Il est très important de pénétrer dans
l’espace péritonéal de façon ferme et décidée : tout mouvement
lent risquant de créer un espace de dissection entre péritoine et
vagin, source de fausse route parfois difficile à récupérer. C’est
ce geste qui semble poser le plus de problèmes en début
d’expérience ; pour tenter de pallier cette difficulté il est possible
d’insérer l’aiguille de Vérès, soit après avoir effectué une
moucheture de la muqueuse vaginale à l’aide d’un bistouri
porteur d’une lame n° 11 (réalisant ainsi une « open fertilosco-
pie »), soit d’introduire l’aiguille sous contrôle échographique,
ce qui alourdit quelque peu la procédure. Dans ce dernier cas,
la meilleure solution consiste à utiliser une sonde d’échographie
abdominale tenue par un aide. L’utilisation d’une sonde
endovaginale est aussi possible, dans ce cas l’hydropéritoine est
créé à l’aide d’une aiguille identique à celle utilisée pour le
Figure 3. Introduction dans la cavité utérine du FH 1-29. recueil ovocytaire introduite dans le guide de ponction. En
réalité ces artifices ne sont plus vraiment utiles dès que l’opéra-
teur a acquis de l’expérience. Une fois en place, le sérum
physiologique est instillé grâce à un perfuseur relié, d’une part
à l’aiguille de Vérès, d’autre part à un flacon de perfusion
suspendu à une hauteur de 50-80 cm au-dessus du plan de la
table. Aucune pompe n’est nécessaire et la gravité seule permet
la création de l’hydropéritoine. La constatation, dans le piège à
bulles du perfuseur, d’un bon flux liquidien signe, en règle, la
bonne position de l’aiguille de Vérès ; 150 à 200 ml de sérum
sont ainsi instillés.

Mise en place du deuxième introducteur


(FTO 1-40 FFL) (Fig. 5)
Celui-ci est muni d’une extrémité pointue, qui permet de
l’insérer, en lieu et place de l’aiguille de Vérès, sans incision
complémentaire. Une fois en place, son ballonnet est à son tour
gonflé avec 5 ml d’air, son mandrin est retiré et, là aussi, la
constatation d’un retour liquidien dans le canal central ou
Figure 4. Création de l’hydropéritoine. L’aiguille de Vérès est insérée
opératoire de l’introducteur, signe sa bonne position.
0,5 cm sous le col.
Introduction de l’optique (Fig. 6)
Mise en place du premier introducteur La fertiloscopie proprement dite peut maintenant débuter.
(FH 1-29 FFL) dans la cavité utérine (Fig. 3) L’optique est poussée sous contrôle de la vue jusqu’à l’extrémité
de l’introducteur. Le premier geste consiste ensuite à reculer
Cet introducteur permet de réaliser l’épreuve au bleu. Le col l’ensemble optique-introducteur en butée arrière en s’appuyant
est saisi à l’aide d’une pince de Pozzi, placée à 8 heures, puis sur le ballonnet, qui évite de sortir du cul-de-sac de Douglas et
l’introducteur entre dans le col, puis est positionné dans la permet en le déplissant d’obtenir une vision plus panoramique.
cavité utérine (parfois après une légère dilatation de celui-ci). Ce geste paraît essentiel : s’il n’est pas effectué, l’opérateur va
Une fois en place, le ballon est gonflé avec 3 ml d’air, et le chercher en vain les structures génitales qui sont en fait, en
mandrin central est retiré, l’introducteur devient souple, et peut arrière de l’extrémité distale de son optique.
être fixé sur la cuisse de la patiente, grâce au petit Velcro®
fourni. Déroulement de la fertiloscopie
Comme nous l’avons indiqué plus haut, la fertiloscopie
Création d’un hydropéritoine (Fig. 4) .8
comprend cinq temps : hydropelviscopie, épreuve de perméabi-
Pour ce faire, une aiguille de Vérès standard est introduite lité (Fig. 7), salpingoscopie, microsalpingoscopie et
sous le col, directement dans la cavité péritonéale. L’insertion se hystéroscopie [10].

Techniques chirurgicales - Gynécologie 3


41-517 ¶ Fertiloscopie (hydrolaparoscopie transvaginale)

Figure 6. Intérêt du ballonnet : il permet de reculer en butée sans risque Figure 9. Aspect du pelvis en fertiloscopie. 1. Ovaire droit ; 2. pavillon
de sortir du cul-de-sac. Position indispensable en début d’examen pour se tubaire droit ; 3. utérus, face postérieure ; 4. ligament utéro-ovarien ; 5.
situer dans le pelvis. fossa ovarica ; 6. anses intestinales.

Figure 7. Épreuve au bleu de méthylène (1). Figure 10. Salpingoscopie. 1. Fimbria ; 2. pince atraumatique de
1,5 mm de diamètre ; 3. irrigation et distension de l’ampoule tubaire par
la chemise de l’endoscope ; 4. optique de 2,9 mm de diamètre, 30°.

volumineux et il faut en tenir compte en comparant sa taille


avec les structures environnantes connues, faute de quoi l’on
s’expose à des diagnostics pathologiques par excès. Enfin, et là
aussi à la différence de la cœlioscopie, la vision est totalement
physiologique : ce qui signifie que les divers éléments sont
observés dans leur situation naturelle, sans avoir à les mobiliser.
Cela permet une excellente appréciation des rapports trompe-
ovaire et du mécanisme de captation (« pick-up ») ovocytaire.
Lorsque la fertiloscopie est pratiquée au moment de l’ovulation,
la captation de l’ovule par la trompe est parfaitement visible, ce
phénomène durant environ 1 heure : la trompe, par de très
lents mouvements de « reptation » vient « embrasser » la surface
ovarienne à l’endroit de la rupture folliculaire, dont le cumulus
ovocytaire fait saillie.
Le caractère physiologique de l’examen rend compte, égale-
Figure 8. Mouvements de l’optique. ment, de la vision qu’en aura l’opérateur : en effet, la trompe
A : en rotation sur l’axe ; B : de haut en bas ; C : antéropostérieur ; I, II, III : apparaît en situation médiale par rapport à l’ovaire qui se
aspects fertiloscopiques en fonction de la position de l’extrémité de trouve au contact de la fossa ovarica, alors qu’au cours d’une
l’optique. cœlioscopie la trompe paraît externe. En réalité, son trajet
anatomique la fait partir au-dessus de l’ovaire pour se rabattre
Hydropelviscopie ensuite en position médiale dans ses deux tiers distaux : c’est
ainsi qu’elle apparaît en fertiloscopie (Fig. 10).
À la différence de la cœlioscopie, la vision n’est pas panora-
L’exploration est systématique allant d’une annexe à l’autre,
mique, et il faut toujours garder dans son champ de vision un
en passant sous la convexité utérine (c’est-à-dire la face posté-
élément que l’on a identifié (comme un ovaire par exemple) et,
à partir de celui- ci, se déplacer vers un autre élément connu et rieure de l’utérus).
ainsi de suite (Fig. 8). Par ailleurs, la vision est inversée par Épreuve de perméabilité
rapport à la vision cœlioscopique ce qui nécessite un certain
apprentissage (Fig. 9). De même, le grossissement, donné par Lorsque les différentes structures ont été reconnues, on réalise
l’optique et la proximité des structures examinées, donne une l’épreuve de perméabilité, à l’aide du bleu de méthylène, injecté
vision parfaite des détails, mais peut aussi amplifier les anoma- doucement (pour éviter les spasmes tubaires) dans le canal
lies : ainsi un kyste paratubaire centimétrique peut paraître très latéral de l’introducteur utérin, prévu à cet effet.

4 Techniques chirurgicales - Gynécologie


Fertiloscopie (hydrolaparoscopie transvaginale) ¶ 41-517

Figure 11. Pavillon tubaire et ovaire droits normaux. Figure 14. Pince à préhension saisissant la fimbria à 12 heures pour
faciliter la salpingoscopie.

Figure 12. Salpingoscopie (entrée dans l’ampoule tubaire).


Figure 15. Jonction isthmoampullaire.

Figure 13. Plis muqueux normaux dans l’ampoule tubaire.


Figure 16. Microsalpingoscopie normale (pas de noyaux colorés).

Salpingoscopie-microsalpingoscopie [11, 12] recherche l’existence d’adhérences intra-ampullaires extrême-


C’est ensuite que la salpingoscopie peut être réalisée en ment péjoratives. En pratique, la salpingoscopie est souvent
introduisant doucement l’extrémité de l’optique dans le normale, en particulier lorsque la perméabilité tubaire est
pavillon tubaire en se souvenant qu’il s’agit d’une lentille fort bonne. C’est pour cela qu’il semble intéressant d’examiner plus
oblique de 30°, il faut donc en tenir compte dans l’axe d’entrée avant l’aspect de la muqueuse tubaire : en utilisant une optique
(Fig. 11). Lorsque la fertiloscopie est pratiquée en phase à grossissement (type Hamou II-Storz, Allemagne) il est possible
folliculaire (ce qui est la règle) la trompe a en général une de pratiquer la microsalpingoscopie. Pour ce faire, il suffit
rigidité suffisante pour se laisser pénétrer par l’optique (Fig. 12, d’actionner la mollette située près de l’oculaire pour obtenir un
13). Lorsque ceci s’avère difficile ou impossible, on peut insérer grossissement de 100 fois, suffisant pour examiner la muqueuse
.9
dans le canal opératoire de l’introducteur une pince sans griffes tubaire. À ce grossissement, outre la microvascularisation
de 1,5 mm (5 French) de diamètre (Fig. 14) pour s’aider en particulièrement bien identifiée par le passage des globules
saisissant le pavillon à 12 heures pour stabiliser la trompe. rouges, il est possible d’évaluer la qualité de la muqueuse
Une fois dans l’ampoule tubaire il est en général possible tubaire en appréciant le nombre de noyaux cellulaires colorés
d’aller jusqu’au niveau de la jonction isthmo-ampullaire qui, par le bleu de méthylène (Fig. 16, 17). Chaque noyau coloré
bien sûr, compte tenu de son petit calibre, ne peut être pénétrée révèle une cellule anormale, inflammatoire ou en apoptose et
(Fig. 15). La salpingoscopie permet d’étudier les plis muqueux Marconi [13] a démontré que plus le nombre de noyaux colorés
majeurs et mineurs, leur épaisseur ou leur disparition et surtout était important, moins la muqueuse était fonctionnelle, et

Techniques chirurgicales - Gynécologie 5


41-517 ¶ Fertiloscopie (hydrolaparoscopie transvaginale)

Figure 18. Adhésiolyse.

Figure 17. Microsalpingoscopie pathologique (nombreux noyaux cel-


lulaires colorés en bleu).

partant, moins les chances de grossesse étaient importantes.


Marconi a décrit quatre stades en fonction du nombre de
noyaux colorés par le bleu de méthylène. À l’usage, cette
distinction semble un peu artificielle et surtout subjective. Pour
notre part, nous ne retenons que deux stades [14] : normal,
quand aucun ou très peu de noyaux sont colorés, anormal,
lorsque de très nombreux noyaux sont colorés. Lorsque de
. nombreux noyaux cellulaires sont colorés, ceux-ci sont situés
sur les plis muqueux et entre ceux-ci. Nous avons pratiqué des
microbiopsies de ces muqueuses anormales. Celles-ci ont révélé
la présence de lésions de salpingite chronique avec, en particu-
. lier, présence de mastocytes entre les plis muqueux [14]. Lorsque
des mastocytes sont présents cela permet d’affirmer que Figure 19. Endométriose ovarienne isolée.
l’inflammation tubaire est toujours présente. On peut considérer
ces trompes comme probablement inaptes à remplir leur
fonction reproductive. Ceci traduit la notion bien connue que préhension et à biopsie. Les interventions possibles sont les
. la perméabilité tubaire est une condition nécessaire mais non suivantes : adhésiolyse, traitement des endométrioses et « dril-
suffisante pour qu’une trompe assure correctement sa fonction ling » ovarien chez les patientes présentant un syndrome des
ovaires micropolykystiques (SOPK).
.
dans la reproduction. .10

Hystéroscopie Adhésiolyse
Il est possible de réaliser un ovaro-salpingo-lysis par fertilos-
Une hystéroscopie classique, réalisée avec le même endos- copie. Celui-ci est efficace pour les adhérences situées entre la
. cope, termine toujours la procédure afin de compléter les partie distale de la trompe, les ovaires et la paroi latérale du
renseignements obtenus. Certains préfèrent la faire au début de pelvis. (Fig. 18). Grâce au grossissement « naturel » de l’optique
la procédure, les deux techniques sont possibles. le geste s’apparente à celui que l’on effectuait, auparavant, en
microchirurgie classique. L’adhésiolyse commence toujours par
la coagulation des petits vaisseaux intra-adhérentiels et est
■ Fertiloscopie opératoire éventuellement complétée au ciseau froid.

À l’origine, la fertiloscopie (comme la cœlioscopie) était Endométriose [15]


purement diagnostique. Progressivement nous avons essayé de Seules les lésions minimes sont susceptibles d’être traitées par
voir si certaines interventions étaient possibles par cette voie. coagulation (Fig. 19). Connaissant l’importance d’un traitement
Pour cette raison, le fertiloscope (FH 1-40) fut muni d’un canal complet, il paraît légitime de recourir à une cœlioscopie
opératoire de 5 French autorisant un certain nombre de gestes .11
complémentaire dès que les lésions apparaissent importantes.
thérapeutiques. La progression s’est faite lentement, le prérequis
étant que le geste proposé devait être au moins aussi efficace « Drilling » ovarien
que le même effectué par cœlioscopie. Par ailleurs, les possibi-
Le « drilling » ovarien peut être proposé chez les patientes
lités apparaissaient plus limitées, l’opérateur ne disposant au
présentant un syndrome OPK. Ce « drilling », ou multiperfora-
cours d’une fertiloscopie que d’un canal opérateur. Enfin, il était
tion ovarienne, a d’abord été décrit par laparotomie comme une
nécessaire de réaliser une chirurgie totalement exsangue car le
variante moins agressive que la résection cunéiforme des
moindre saignement dans le cul-de-sac de Douglas obscurcit très ovaires. Par la suite le « drilling » a été décrit par cœlioscopie et
notablement la vision de l’opérateur. En pratique, évoluant en la méta-analyse de Campo [16] a montré que les résultats étaient
milieu liquidien, seule une coagulation bipolaire pouvait être identiques quelle que soit l’énergie utilisée : courant monopo-
envisagée. Plusieurs systèmes sont disponibles dans le diamètre laire, bipolaire, ou laser. Fernandez [17] a de ce fait proposé de
de 5 French : aiguilles bipolaires réutilisables (Storz, Allemagne réaliser le « drilling » par voie fertiloscopique au moyen d’une
ou Ovadrill, FFL, Royaume-Uni) ou usage unique (Versapoint®- électrode bipolaire. La technique est simple : il s’agit d’effectuer
Gynecare, États-Unis). En complément des moyens de coagula- le premier temps de la fertiloscopie, c’est-à-dire l’hydropelvisco-
tion bipolaire, il existe une instrumentation conventionnelle de pie, puis de repérer le ligament utéro-ovarien, repère majeur, de
même diamètre comprenant : des ciseaux froids, des pinces à façon à identifier de façon formelle l’ovaire (qui pourrait dans

6 Techniques chirurgicales - Gynécologie


Fertiloscopie (hydrolaparoscopie transvaginale) ¶ 41-517

Tableau 1. dans laquelle des patientes infertiles bénéficiaient d’une


Critères de Rotterdam. fertiloscopie puis d’une cœlioscopie pratiquées par deux
Cliniques : hyperandrogénie (hyperpilosité, acanthosis nigricans)
chirurgiens A et B randomisée pour la procédure et ne connais-
sant pas le résultat de l’intervention qu’il n’effectuait pas. Il
Biologiques : hyperandrogénie (testostérone, sulfate de déhydro-épi-
était demandé aux deux chirurgiens de réaliser un enregistre-
androstérone [SDHA])
ment vidéo qui était visionné par deux reviseurs indépendants.
Échographiques : > 10 follicules de 3 mm à j3
Un calcul de la spécificité et de la sensibilité était réalisé pour
Deux des critères ci-dessus suffisent à caractériser un syndrome des ovaires chaque méthode ainsi qu’une étude de la concordance :
polykystiques concordance brute et calcul du coefficient kappa sur six sites qui
(à noter que le taux de LH ne fait pas partie des critères diagnostiques, en étaient : les deux trompes, les deux ovaires, l’utérus et le
revanche un fort taux de LH est prédictif d’une bonne réponse au « dril- péritoine.
ling » ovarien)
Les résultats de la FLY study ont montré une spécificité et une
LH : luteinizing hormone. sensibilité identique pour les deux méthodes (respectivement
65 % et 84 %) d’autre part, la concordance s’est révélée excel-
lente (se traduisant par un coefficient kappa se situant entre
certains cas être confondu avec le sigmoïde) [18] puis de réaliser 0,75 et 0,91 sur plus de 500 sites comparés). Ainsi, il était
le « drilling » proprement dit : 4 à 8 perforations sont effectuées possible de conclure que la fertiloscopie (même sans l’apport de
sur chaque ovaire. La sonde bipolaire (en général Versapoint®- la salpingoscopie non étudiée dans le cas présent, puisque
Gynecare, États-Unis) est appliquée sur la surface ovarienne ; difficile à réaliser au cours d’une cœlioscopie) devrait remplacer
quand le courant est délivré, l’électrode pénètre la corticale la cœlioscopie diagnostique chez les patientes infertiles sans
ovarienne et la constatation de bulles apparaissant à la surface pathologie évidente.
signe le fait que l’électrode a atteint la medulla et que l’on peut
arrêter l’application du courant bipolaire. Le temps opératoire
est bref, toujours inférieur à 15 minutes.
Ainsi réalisé chez les patientes présentant un OPK (selon les ■ Arbres décisionnels
critères de Rotterdam [Tableau 1]) et chez qui le citrate de
clomifène a été inefficace, on obtient un taux d’ovulation L’intégration de la fertiloscopie dans la stratégie de la prise en
spontané de 75 % et un taux de grossesse dans les 6 mois de charge de l’infertilité peut se faire selon deux schémas selon que
près de 60 % sans aucune grossesse multiple ni syndrome celle-ci est pratiquée au bloc opératoire (comme en France) ou
d’hyperstimulation. au cabinet du médecin (cas des États-Unis par exemple).

■ Complications « Système français »


En effet, pratiquée au bloc opératoire, même en ambulatoire,
Comme toute intervention chirurgicale, la fertiloscopie la fertiloscopie est une intervention chirurgicale à part entière
comporte certains risques. Ceux-ci sont en fait minimes et et de ce fait en général pratiquée sous anesthésie générale
faciles à éviter. Le seul vrai risque est lié à la voie d’abord : il est « légère » identique à celle utilisée en fécondation in vitro pour
en effet possible de déplorer une effraction du rectum lorsque le recueil d’ovocytes. En pratique, lorsque les autres aspects du
l’aiguille de Vérès ou le fertiloscope est inséré. La prévention de bilan d’infertilité ont été réalisés sans permettre de trouver une
cette complication est essentiellement clinique : un toucher étiologie, l’HSG reste la première exploration. Si celle-ci est
vaginal doit toujours être réalisé au cours de la consultation et franchement pathologique (comme en cas d’hydrosalpinx
répété au dernier moment. Toute pathologie détectée dans le manifeste), il est certain qu’une cœlioscopie opératoire est
cul-de-sac postérieur est une contre-indication à la fertiloscopie, nécessaire que ce soit pour pratiquer une salpingoplastie ou une
et doit entraîner une conversion en cœlioscopie. En pratique, il salpingectomie ; dans ce cas, la fertiloscopie n’a pas sa place et
s’agit soit de lésions d’endométriose du cul-de-sac de Douglas, la cœlioscopie est pratiquée en première intention. Dans tous
soit de rétroversion utérine fixée ou son équivalent en cas de les autres cas (HSG normale ou douteuse), la fertiloscopie est
myome postérieur enclavé dans le cul-de-sac de Douglas. Ces proposée. En fonction des constatations fertiloscopiques et
contre-indications représentent 4,8 % des cas dans notre avant l’introduction de la salpingoscopie, il était décidé, soit de
expérience. Il faut souligner qu’à la différence des perforations recourir aux inséminations intra-utérine (IIU) en cas de fertilos-
digestives observées en cœlioscopie et d’une particulière gravité, copie normale, soit de pratiquer une cœlioscopie opératoire
les perforations en cours de fertiloscopie touchent le rectum dans les cas favorables ou de pratiquer directement une FIV
dans son trajet sous-péritonéal et non dans la cavité péritonéale. dans les cas péjoratifs, comme par exemple les lésions postin-
C’est pour cela que de façon constante, le seul traitement de ces flammatoires sévères.
perforations est médical : surveillance et antibiotique [19]. Tout L’introduction de la salpingoscopie et de la microsalpingos-
geste chirurgical complémentaire (cœlioscopie et a fortiori copie à la fin de l’année 1999 a quelque peu changé l’arbre
laparotomie) ne montre rien et est totalement inutile. En décisionnel. Les salpingoscopies et microsalpingoscopies sont
pratique, la majorité des perforations surviennent en début pratiquées en routine, celles-ci étant possibles dans au moins
d’expérience lors des 50 premières fertiloscopies. Le taux de une trompe dans plus de 90 % des cas (94,3 % sur une série de
perforation atteint alors 0,5 à 0,8 % pour ensuite se stabiliser plus de 1 100 patientes). De ce fait, la précision du diagnostic,
aux alentours de 0,2 à 0,4 %. en particulier en ce qui concerne l’état tubaire, a progressé,
Enfin, soulignons le risque de blessure digestive lors du permettant une décision thérapeutique plus pertinente [21].
« drilling » ovarien (le sigmoïde étant confondu avec l’ovaire) et Les constatations effectuées au cours de la fertiloscopie vont
l’impérieuse nécessité de ne commencer le « drilling » qu’après permettre de diviser les patientes en quatre groupes :
repérage du ligament utéro-ovarien. • groupe 1 : fertiloscopie et salpingoscopie normales, ce groupe
représente environ 50 % des patientes (49,1 % dans notre
■ Pertinence de la fertiloscopie série continue de 1500 cas) ;
• groupe 2 : fertiloscopie normale mais salpingoscopie anor-
(FLY study) [20] male représentant environ 15 % des patientes (17,3 % dans
la même, série) ;
La question fondamentale était de savoir si la fertiloscopie • groupe 3 : fertiloscopie et salpingoscopie anormales : 10 %
était capable de faire « aussi bien » que la cœlioscopie diagnos- des cas (11 % dans notre série) ;
tique. Pour cette raison nous avons réalisé la FLY study (FLY est • groupe 4 : fertiloscopie anormale (endométriose ou lésions
un acronyme pour « Fertiloscopy versus Laparoscopy »). Il tubopéritonéales postinflammatoires) mais salpingoscopie
s’agissait d’une étude prospective multicentrique randomisée normale chez environ 20 % des cas (22,4 % dans notre série).

Techniques chirurgicales - Gynécologie 7


41-517 ¶ Fertiloscopie (hydrolaparoscopie transvaginale)

HSG

Normale/ Anormale
douteuse

Cœlioscopie
Fertiloscopie
opératoire

Normale Anormale

Salpingoscopie Salpingoscopie

Normale Anormale Anormale Normale

Groupe 1 Groupe 2 Groupe 3 Groupe 4

IIU FIV Chirurgie

Fertiloscopie
opératoire

Figure 20. Arbre décisionnel. Prise en charge de l’infertilité. HSG : hystérosalpingographie ; IIU : insémination intra-utérine ; FIV : fécondation in vitro.

« Système anglo-saxon » (options FIV) obtiennent le même taux de grossesse à 6 mois


(respectivement 35,2 % et 35,7 % sur une série de 1 500 patien-
La fertiloscopie, effectuée au cabinet du médecin, est faite tes) (Fig. 20).
sous anesthésie locale. Dans ce cas elle peut être utilisée en
première intention dans ce que les Anglo-Saxons appellent le
« one stop clinic » où toutes les explorations sont effectuées ■ Conclusion
dans le même temps. Si une pathologie est découverte, elle est
traitée par cœlioscopie, sous anesthésie générale, dans un La fertiloscopie est devenue une technique de routine, son
deuxième temps. Les patientes sont, de la même façon, réparties efficacité comparée à la cœlioscopie a été démontrée par la FLY
en quatre groupes en fonction des constatations de la fertilos- study. Sa pratique permet de mieux cerner les indications
copie et de l’aspect de la muqueuse tubaire. Il ne semble pas thérapeutiques chez les patientes infertiles. Son but n’est bien
qu’un schéma soit supérieur à l’autre, seulement ils correspon- évidemment pas de rentrer en compétition avec la FIV mais,
dent à deux types de systèmes de santé et de prise en charge tout au contraire, de permettre de recourir à cette technique de
différents. façon plus judicieuse : parfois très rapidement quand la
Quel que soit le système d’intégration de la fertiloscopie dans muqueuse tubaire paraît altérée, ou alors plus tard après avoir
la prise en charge des patientes infertiles, les quatre groupes de essayé des IIU moins invasives. Enfin, quelquefois un traitement
patientes, constitués à l’issue de la fertiloscopie, se voient chirurgical par fertiloscopie ou cœlioscopie permet d’obtenir
proposer trois options thérapeutiques : le groupe 1 (fertiloscopie une grossesse sans recourir à la FIV. L’intérêt d’une telle
et salpingoscopie normales) se voit proposé le recours aux IIU, démarche se situe à plusieurs niveaux :
le groupe 4 (fertiloscopie anormale mais salpingoscopie nor- • psychologique d’abord, en permettant de diminuer le nombre
male) bénéficie d’un traitement chirurgical soit par cœlioscopie des infertilités dites « inexpliquées », ceci est important et
opératoire dans 60 % des cas, soit par fertiloscopie opératoire l’impact de l’annonce d’un tel diagnostic sur le moral des
(40 % des cas) lorsqu’il s’agit d’adhésiolyse isolée, même patientes est largement sous-estimé. Par ailleurs, une approche
relativement étendue, ou de traitement d’endométrioses mini- moins « agressive » que la FIV est de plus en plus souhaitée
mes à moyennes. par les patientes, certains travaux montrant par exemple que
Les groupes 2 et 3 (salpingoscopie anormale) sont d’emblée les IIU sont beaucoup mieux acceptées que la FIV [22] ;
des candidates pour la FIV. • économique ensuite, en effet si l’on substitue à cette démarche
Il est intéressant de noter qu’en appliquant cet arbre déci- une approche « tout FIV » comme cela se pratique beaucoup,
sionnel le groupe 4 (option chirurgicale) et les groupes 2 et 3 le suivi des patientes montre globalement un taux de grossesse

8 Techniques chirurgicales - Gynécologie


Fertiloscopie (hydrolaparoscopie transvaginale) ¶ 41-517

identique mais à un coût pratiquement double de celui de [9] Watrelot A, Dreyfus JM, Andine JP. Fertiloscopy; first results (120
l’approche incluant la fertiloscopie. cases report). Fertil Steril 1998;70(suppl):S42.
En pratique, de prestigieuses équipes, tant en France [23] qu’à [10] Watrelot A, Dreyfus JM, Andine JP. Evaluation of the performance of
l’étranger [24], ont d’ores et déjà inclus la fertiloscopie dans leur fertiloscopy in 160 consecutive infertile patients with no obvious
démarche de prise en charge de l’infertilité. Les conclusions sont pathology. Hum Reprod 1999;14:707-11.
en général unanimes : la fertiloscopie est une technique qui [11] Surrey ES. Microendoscopy of the human fallopian tube. J Am Assoc
n’est pas difficile passé le cap initial d’apprentissage, le nombre Gynecol Laparosc 1999;6:383-9.
d’anomalies découvertes (alors même que l’HSG semble nor- [12] Watrelot A, Dreyfus JM. Explorations intra-tubaires au cours de la
male) se situe entre 25 % et 35 % des cas, ce qui justifie son fertiloscopie. Reprod Hum Horm 2000;12:39-44.
emploi systématique. [13] Marconi G, Quintana R. Methylene blue dyeing of cellular nuclei
Enfin, les possibilités opératoires et en particulier le « dril- during salpingoscopy, a new in vivo method to evaluate vitality of tubal
epithelium. Hum Reprod 1998;13:3414-7.
ling » ovarien constituent un « plus » permettant dans certains
[14] Watrelot A, Dreyfus JM, Cohen M. Systematic salpingoscopy and
cas de faire dans le même temps diagnostic et traitement. La
microsalpingoscopy during fertiloscopy. J Am Assoc Gynecol Laparosc
microsalpingoscopie nécessite quant à elle des travaux supplé-
2002;9:453-9.
mentaires pour venir confirmer l’intérêt de la prise en compte [15] Brosens I, Campo R, Gordts S. Office hydrolaparoscopy for the
de l’examen, sous grossissement, de la muqueuse tubaire. diagnosis of endometriosis and tubal infertility. Curr Opin Obstet
Au total, il serait souhaitable que, prise en compte de façon Gynecol 1999;11:371-7.
systématique, la fertiloscopie soit proposée à toute patiente [16] Campo S. Ovulatory cycles, pregnancy outcome and complications
présentant une infertilité de plus de 1 an (6 mois pour les after surgical treatment of polycystic ovary syndrome. Obstet Gynecol
patientes après 37 ans) à l’exception de celles dont l’HSG Surv 1998;53:297-308.
manifestement pathologique conduit d’emblée à la cœlioscopie [17] Fernandez H, Alby JD. De la culdoscopie à la fertiloscopie opératoire.
opératoire, ou celles dont le conjoint, présentant une infertilité Endomag 1999:11-2 (n°29).
.
masculine importante, requièrent le recours d’emblée à la FIV [18] Chiesa-Montadou S, Rongieres C, Garbin O, Nisand I. À propos de
avec micro-injection (ICSI) et pour qui seule une hystéroscopie deux complications au cours du drilling ovarien par fertiloscopie.
est digne d’intérêt. Gynecol Obstet Fertil 2003;31:844-6.
. [19] Gordts S, Watrelot A, Campo R, Brosens I. Risk and outcome of bowel
injury during transvaginal pelvic endoscopy. Fertil Steril 2001;76:
■ Références 1238-41.
[20] Watrelot A, Nisolle M, Chelli H, Hocke C, Rongières C, Racinet C,
[1] Swart P, Mol BW, Van der Veen F, Van Beurden M, Redekop WK, International Group for Fertiloscopy Evaluation. Is laparoscopy still
Bossuyt PM. The accuracy of hysterosalpingography in the diagnosis the gold standard in infertility assessment? A comparison of
of tubal pathology: a meta-analysis. Fertil Steril 1995;64:486-91. fertiloscopy versus laparoscopy in infertility. Results of an internatio-
[2] Exacoustos C, Zupi E, Carusotti C, Lanzi G, Marconi D, Arduini D. nal multicentre prospective trial: the ’FLY’ (Fertiloscopy-
Hysterosalpingo-contrast sonography compared with hystero- LaparoscopY) study. Hum Reprod 2003;18:834-9.
salpingography and laparoscopic dye perturbation to evaluate tubal [21] Watrelot A. Place of transvaginale fertiloscopy in the management of
patency. J Am Assoc Gynecol Laparosc 2003;10:367-72. tubal factor disease. Reprod Biomed Online 2007;15:389-95.
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Gynecol Surg 2004;1:3-9. Flierman PA, Mol BW, et al. Patient’s preferences for intrauterine
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Pierre F, et al. Surgical complications of diagnostic and operative 422-7.
gynaecologic laparoscopy: a series of 29966 cases. Hum Reprod 1998; [23] Nohuz E, Pouly JL, Bolandard F, Rabischong B, Jardon K, Cotte B,
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dorsal. Un nouvel endoscope à vision directe muni d’une aiguille à infertility inthree Mediterranean countries’experiences. Gynecol Surg
ponction incorporée dans l’axe. Contracept Fertil Sex 1987;15:401-4. 2005;2:241-3.
[7] Gordts S, Campo R, Rombauts L, Brosens I. Transvaginal
hydrolaparoscopy as an outpatient procedure for infertility investiga-
tion. Hum Reprod 1998;13:99-103. Pour en savoir plus
[8] Watrelot A, Gordts S, Andine JP, Brosens I. Une nouvelle approche
diagnostique : la fertiloscopie. Endomag 1997:7-8 (n°21). www.fertiloscopy.com.

A. Watrelot (watrelot@wanadoo.fr).
J.-M. Dreyfus.
Centre de recherche et d’étude de la Stérilité (CRES®), « le Britannia », 20, boulevard Eugène-Deruelle, 69003 Lyon, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Watrelot A., Dreyfus J.-M. Fertiloscopie (hydrolaparoscopie transvaginale). EMC (Elsevier Masson SAS,
Paris), Techniques chirurgicales - Gynécologie, 41-517, 2008.

Disponibles sur www.em-consulte.com


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décisionnels supplémentaires Animations légaux au patient supplémentaires évaluations

Techniques chirurgicales - Gynécologie 9


41-530
Encyclopédie Médico-Chirurgicale 41-530

Chirurgie de la grossesse extra-utérine


L Dessolle
R Detchev
E Daraï
Résumé. – Une meilleure connaissance des facteurs de risque et une amélioration des stratégies
diagnostiques de la grossesse extra-utérine ont conduit à un dépistage précoce de cette pathologie et au
développement de nouvelles approches thérapeutiques, notamment médicales. Néanmoins, en France, 90 %
des grossesses extra-utérines sont traitées chirurgicalement. La cœlioscopie est le traitement de référence
dans les localisations tubaires. Les grossesses ectopiques non tubaires sont rares. Leur prise en charge
conservatrice par cœlioscopie est plus difficile. Dans les formes tubaires, des interrogations persistent quant
aux modalités du traitement chirurgical : radical ou conservateur ? Ce dernier expose à un risque plus élevé de
persistance trophoblastique qui peut être rattrapé par le traitement médical. La salpingectomie ne met pas à
l’abri des récidives, dont le risque est estimé à 10-15 %. En termes de fertilité, les deux techniques semblent
donner des résultats comparables avec un taux de grossesse à 2 ans de 60 %. La fertilité après traitement
d’une grossesse extra-utérine ne dépend pas des caractéristiques anatomocliniques de celle-ci, mais des
antécédents de la patiente et de l’état de la trompe controlatérale.
© 2002 Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS. Tous droits réservés.

Mots-clés : grossesse extra-utérine, cœlioscopie, laparotomie, salpingotomie, salpingectomie, fertilité.

Introduction laissant que peu de place à la laparotomie. Le traitement chirurgical


des autres localisations de la grossesse ectopique n’est pas codifié.
Certains aspects de la prise en charge chirurgicale de la grossesse
L’incidence de la grossesse extra-utérine a doublé, voire triplé
extra-utérine restent controversés, notamment la place respective des
depuis 20 ans [11, 79]. En France, elle est estimée à 2 % des
traitements conservateur et radical.
grossesses [18, 47].
Bien que la mortalité par grossesse extra-utérine ait diminué dans
les pays industrialisés, elle demeure la première cause de décès Diagnostic de la grossesse
maternel au premier trimestre de la grossesse [31] et représente près
de 10 % de la mortalité maternelle totale [11]. extra-utérine
La meilleure connaissance des facteurs de risque, les progrès et la
disponibilité des dosages hormonaux et de l’échographie ont La grossesse extra-utérine est une urgence, encore responsable d’une
conduit à un dépistage plus précoce de la grossesse extra-utérine. mortalité évitable de la femme jeune. Un geste chirurgical peut
Le recours à la cœlioscopie pour son diagnostic positif est devenu s’avérer nécessaire à plusieurs étapes de la prise en charge de cette
rare [66]. pathologie pour le diagnostic positif et/ou le traitement.
La démarche diagnostique de la grossesse extra-utérine repose
Le thérapeute est aujourd’hui confronté au diagnostic de grossesse
aujourd’hui sur l’évaluation des facteurs de risque et le trépied
extra-utérine avant la survenue de ses complications [12, 66].
clinique, biologique et échographique. Des algorithmes intégrant ces
L’arsenal thérapeutique s’est récemment enrichi de l’arrivée du paramètres ont été établis par plusieurs auteurs [9, 33, 91] avec une
traitement médical et de l’abstention thérapeutique qui sont, dans sensibilité et une spécificité supérieures à 90 % dans des populations
des indications spécifiques, des alternatives au traitement inhomogènes de patientes suspectes de grossesse extra-utérine.
chirurgical [12, 19, 33, 43, 58]. On estime que près du tiers des grossesses Récemment, la pertinence de ces algorithmes pour le diagnostic
extra-utérines [12] pourraient bénéficier soit d’un traitement médical, positif de la grossesse extra-utérine a été améliorée par la prise en
soit d’une abstention thérapeutique [50, 83]. Néanmoins, en France, à compte des facteurs de risque et de la symptomatologie [66]. Le but
l’aube du XXIe siècle, près de 90 % des grossesses extra-utérines sont de ces divers algorithmes est de limiter le recours à la cœlioscopie
traitées par chirurgie [5]. La cœlioscopie s’est imposée comme la diagnostique. Outre les examens biologiques et l’échographie, il est
technique de référence pour la chirurgie de la grossesse tubaire ne parfois nécessaire de faire appel à des explorations invasives pour
affirmer le diagnostic de la grossesse extra-utérine.

Lionel Dessolle : Chef de clinique-assistant. CURETAGE UTÉRIN DIAGNOSTIQUE


Emile Daraï : Professeur des Universités, praticien hospitalier.
Romain Detchev : Chef de clinique-assistant.
Carson et Buster [9] ont proposé un arbre décisionnel pour le
Service de gynécologie-obstétrique, hôpital Tenon, rue de la Chine, 75020 Paris, France. diagnostic précoce des grossesses extra-utérines non rompues. Cet

Toute référence à cet article doit porter la mention : Dessolle L, Detchev R et Daraï E. Chirurgie de la grossesse extra-utérine. Encycl Méd Chir (Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS, Paris, tous droits réservés), Techniques
chirurgicales - Gynécologie, 41-530, 2002, 11 p.
41-530 Chirurgie de la grossesse extra-utérine Techniques chirurgicales

algorithme prend en compte le dosage des hormones chorioniques indications légitimes. De même, la grossesse hétérotopique, où
gonadotrophiques (hCG) plasmatiques, la progestéronémie, les coexistent une grossesse intra-utérine et une grossesse extra-utérine
caractéristiques échographiques et la recherche de villosités choriales est une situation de diagnostic difficile. D’autres localisations de la
par prélèvement endo-utérin fait en ambulatoire. Cette recherche grossesse extra-utérine peuvent également poser un problème de
n’est réalisée qu’en cas de doute diagnostique entre une grossesse diagnostic et imposer une cœlioscopie, notamment la grossesse
extra-utérine et une fausse couche. Une bonne corrélation est abdominale qui représente moins de 1 % des grossesses
retrouvée entre l’examen extemporané et l’examen extra-utérines [2].
anatomopathologique définitif [88]. La présence de villosités écarte le
diagnostic de grossesse extra-utérine en l’absence de localisation
hétérotopique. En revanche, une absence de villosités choriales ne Traitement chirurgical de la grossesse
permet pas de conclure. En effet, en cas de fausse couche, le taux de
faux négatifs de l’extemporané sur le matériel obtenu par curetage a
tubaire
été évalué à 20 % [55]. Dans tous les cas, un contrôle de l’évolution
Nous décrirons en premier lieu le traitement cœlioscopique de la
du taux des hCG plasmatiques est nécessaire après le curetage.
grossesse extra-utérine qui est le traitement de référence, puis nous
ferons un rappel du traitement par laparotomie.
CULDOCENTÈSE
De nombreuses équipes ont souligné l’intérêt dans le diagnostic de TRAITEMENT CŒLIOSCOPIQUE DE LA GROSSESSE
la grossesse extra-utérine de l’évaluation des hCG dans le liquide TUBAIRE
péritonéal obtenu par culdocentèse [73]. En présence d’une grossesse Préalablement à la réalisation du traitement endoscopique d’une
extra-utérine, le taux des hCG du liquide péritonéal est supérieur grossesse extra-utérine, le chirurgien doit s’assurer de la qualité de
au taux sérique alors qu’il reste faible en présence d’une grossesse la formation et de l’entraînement de son équipe à l’utilisation du
intra-utérine. Malgré son intérêt diagnostique, la culdocentèse reste matériel d’endoscopie.
une technique peu usitée.
¶ Installation et matériel
HYSTÉROSCOPIE DIAGNOSTIQUE La patiente est en décubitus dorsal, les jambes en abduction pour
Peu de travaux ont rapporté la pertinence de l’hystéroscopie en permettre l’accès au vagin. Le sondage vésical est systématique.
ambulatoire dans le diagnostic positif de la grossesse extra- L’introduction d’une canule dans la cavité utérine n’est faite que si
utérine [64]. Elle est contre-indiquée comme le curetage si une le diagnostic de grossesse intra-utérine est formellement éliminé.
grossesse intra-utérine évolutive n’est pas éliminée. En cas de Elle permet une antéversion et une mobilisation de l’utérus qui
grossesse extra-utérine, l’hystéroscopie permet de vérifier la vacuité facilitent les gestes chirurgicaux.
utérine et d’objectiver un saignement venant d’un ostium tubaire, La chirurgie de la grossesse extra-utérine requiert un matériel
indiquant le côté de la grossesse extra-utérine. Un prélèvement endoscopique comportant une pince à préhension, une paire de
complémentaire orienté avec recherche en extemporané de villosités ciseaux, une pince à coagulation bipolaire, un crochet ou une pointe
choriales peut être réalisé en cas de doute diagnostique. L’existence monopolaire, et un système de lavage. Il est important de disposer
d’un saignement abondant ne permet pas une évaluation correcte d’un système d’aspiration efficace et de diamètre suffisant (au moins
de la cavité utérine. 7 mm) afin d’évacuer rapidement un éventuel hémopéritoine.
Manhès propose l’utilisation d’un appareil dénommé « Tritont »
possédant un système de lavage et d’aspiration associé à une pointe
MICRO-CŒLIOSCOPIE monopolaire [76].
La micro-cœlioscopie sous anesthésie locale a été développée afin Tous les instruments ainsi que l’endoscope relié par une caméra à
de réduire la morbidité associée à la cœlioscopie. L’utilisation un moniteur vidéo sont installés et testés avant de débuter
d’endoscopes de 2 à 3 mm de diamètre permet de réaliser l’intervention.
l’exploration du pelvis sous anesthésie locale. Son intérêt réside dans L’insufflation de la cavité péritonéale est effectuée après réalisation
la possibilité d’associer un geste diagnostique à un geste des tests de sécurité. Certains chirurgiens préconisent
thérapeutique par l’injection in situ de méthotrexate [3], voire à un systématiquement une « open » cœlioscopie. Nous ne pensons pas
traitement chirurgical conservateur [1]. que ce sujet doive être développé dans notre travail du fait de
l’absence de consensus. Un trocart transombilical de 10 mm est
utilisé pour l’optique. Le diamètre de cet endoscope varie selon les
HYDROLAPAROSCOPIE TRANSVAGINALE
disponibilités des différents services.
L’hydrolaparoscopie transvaginale ou fertiloscopie est une technique
Les premiers temps de l’intervention comprennent :
d’endoscopie en milieu liquide destinée à explorer la cavité
pelvienne en y accédant par le cul-de-sac de Douglas [39]. Elle est – l’exposition du pelvis ;
réalisable sous anesthésie locale. Les données obtenues par cette voie – l’évacuation d’un éventuel hémopéritoine ;
d’exploration sont corrélées avec celles de la cœlioscopie [20]. Son
intérêt dans le diagnostic et le traitement de la grossesse extra- – la confirmation du diagnostic et de la localisation de la grossesse
utérine n’est pas encore défini. extra-utérine ;
– l’hémostase élective en cas de saignement actif ;
CŒLIOSCOPIE DIAGNOSTIQUE – l’exploration abdominopelvienne permettant de recueillir les
informations nécessaires pour la décision thérapeutique et
L’avènement d’échographes de haute résolution et l’amélioration
l’établissement du pronostic de la fertilité.
des techniques biologiques de dosage des hCG plasmatiques ont
conduit à la quasi-disparition de la cœlioscopie diagnostique dans En fonction des caractéristiques de la grossesse extra-utérine, des
le contexte de la grossesse extra-utérine dans sa localisation tubaire. difficultés opératoires et des habitudes des opérateurs, deux ou trois
La cœlioscopie n’est préconisée qu’après une démarche diagnostique voies d’abord sus-pubiennes sont utilisées.
rigoureuse et une réévaluation des paramètre cliniques, biologiques
et échographiques. ¶ Traitement conservateur par cœlioscopie
Dans les formes extratubaires de la grossesse extra-utérine, malgré Le traitement conservateur peut consister en une salpingotomie avec
ses risques [13, 15], la cœlioscopie diagnostique peut encore avoir des aspiration de la grossesse extra-utérine, une résection tubaire

2
Techniques chirurgicales Chirurgie de la grossesse extra-utérine 41-530

Expression transpavillonnaire
1 Grossesse ampullaire
non rompue. Salpingecto- Elle est préconisée dans les avortements tubaires. Toutefois, elle
mie par électrosection au expose à un risque accru de persistance trophoblastique et de
Tritont. saignement persistant. Certains auteurs ont également proposé une
aspiration transpavillonnaire de la grossesse extra-utérine non
pavillonnaire. Cette attitude est déconseillée du fait d’un risque
multiplié par trois de persistance trophoblastique comparé à la
salpingotomie [14, 78]. L’expression tubaire ne doit être réservée qu’aux
grossesses extra-utérines pavillonnaires en cours d’avortement
tuboabdominal.

Résection tubaire segmentaire


La salpingectomie partielle est rarement indiquée. Elle a été
proposée essentiellement pour les localisations isthmiques. La
résection doit être économe sur le plan tubaire et vasculaire
partielle, une expression transpavillonnaire ou un traitement permettant une anastomose microchirurgicale soit immédiate, soit
médical sous contrôle endoscopique. La salpingotomie est le plus fréquemment différée afin de bénéficier d’une anastomose en
traitement conservateur de référence. Dès 1953, Stromme [91] a tissu sain, en l’absence d’œdème et d’imprégnation gravidique.
proposé pour la première fois un traitement chirurgical conservateur L’inconvénient majeur de cette technique réside dans la nécessité
de la grossesse extra-utérine. d’une laparotomie secondaire pour l’anastomose microchirurgicale.
Récemment, les résultats encourageants de l’anastomose par voie
Salpingotomie cœlioscopique reposent le problème de sa légitimité, notamment
Elle a été rapportée pour la première fois par Bruhat et Manhès en lorsqu’une électrocoagulation extensive a été utilisée compromettant
1977 [ 7 ] . C’est la technique de référence consistant en une sa fonction ou qu’une salpingectomie est proposée pour un défaut
salpingotomie avec aspiration de la grossesse extra-utérine. La d’hémostase.
trompe est exposée à l’aide d’une pince atraumatique placée de
préférence du côté opposé à l’hématosalpinx. Traitement médical sous contrôle cœlioscopique
L’injection dans le mésosalpinx d’un vasoconstricteur local, dont le Le traitement de la grossesse extra-utérine par injection de
plus connu est un dérivé de l’ornithine-vasopressine, a été méthotrexate sous contrôle endoscopique a été préconisé par de
préconisée dès 1983 [76]. Son utilisation, pour diminuer le saignement nombreux auteurs. Les résultats semblent comparables à ceux de la
sur le site opératoire, est largement diffusée de par le monde [95]. En voie systémique et de l’injection in situ sous contrôle
France, son utilisation est interdite du fait d’effets secondaires échographique [21].
majeurs [76]. À ce jour, il n’existe pas de produit pouvant représenter
Toutefois, le taux d’échecs de l’injection de méthotrexate sous
une véritable alternative à l’ornithine-vasopressine.
contrôle laparoscopique semble supérieur à celui du traitement
Une incision longitudinale de 10 à 15 mm est réalisée sur le bord chirurgical conservateur cœlioscopique. Ceci justifie de ne réserver
antimésial de la trompe en regard de la portion proximale de l’injection de méthotrexate sous contrôle laparoscopique qu’aux
l’hématosalpinx ou pour certains dans la portion la plus distendue grossesses extra-utérines de traitement chirurgical difficile ou de
de la trompe (fig 1). Selon les auteurs, cette incision est faite aux localisations interstitielles ou ovariennes [21]. Nous ne développerons
ciseaux, par électrosection monopolaire ou au laser. pas les autres thérapeutiques médicales préconisées par voie
La grossesse extra-utérine est disséquée en alternant aspiration et endoscopique.
irrigation sous pression. On doit tenter de la décoller en monobloc
de la paroi tubaire. La trompe est lavée abondamment pour éliminer ¶ Surveillance après traitement conservateur
les résidus trophoblastiques qui sont le plus souvent localisés dans
la partie proximale de la trompe [95]. La pièce opératoire est extraite La surveillance de la décroissance du taux des hCG plasmatiques
de la cavité abdominale de façon protégée au mieux à l’intérieur après traitement conservateur est nécessaire jusqu’à négativation
d’un sac pour éviter toute contamination pariétale. complète afin de dépister une persistance ou une greffe péritonéale
Il n’est pas rare de constater un suintement hémorragique venant trophoblastique. Ce risque est estimé entre 3 et 20 % (tableau I).
du lit tubaire de la grossesse extra-utérine. Il faut éviter d’utiliser de
façon abusive l’électrocoagulation qui risque d’endommager ¶ Traitement non conservateur par cœlioscopie
définitivement la muqueuse tubaire [76]. Si le saignement est faible, Il est principalement basé sur la réalisation de la salpingectomie.
après lavage abondant au sérum physiologique chaud, une L’annexectomie ne se justifie pas en dehors de conditions
compression de la trompe pendant quelques minutes résout le plus exceptionnelles.
souvent le problème. Si un saignement en nappe persiste, Tulandi et
al préconisent une ligature des vaisseaux du mésosalpinx [95]. Celle-ci Salpingectomie
n’est pas toujours de réalisation aisée. La persistance d’un
saignement abondant peut conduire à un traitement non La salpingectomie par cœlioscopie a été rapportée pour la première
conservateur. fois par Dubuisson et al en 1987 [27].
La suture de la salpingotomie est sans bénéfice sur la fertilité La salpingectomie consiste en l’exérèse de la trompe réalisée par
ultérieure. En effet, dans une étude randomisée réalisée par voie antérograde ou rétrograde. Nous décrirons la salpingectomie
laparotomie, Tulandi et Guralnick ont montré que ce geste rétrograde, réalisée par électrocoagulation et section de la trompe et
n’augmentait pas les chances ultérieures de grossesse intra-utérine du mésosalpinx de la corne utérine vers le pavillon (fig 2). Elle
et que le délai nécessaire pour concevoir était supérieur dans le nécessite trois voies d’abord sus-pubiennes.
groupe de patientes dont la trompe avait été suturée [94]. Récemment, L’intervention débute par l’exposition de l’isthme tubaire et de la
les résultats de la fertilité après traitement conservateur par corne utérine. La trompe est saisie à environ 1,5 cm de la corne à
cœlioscopie ont confirmé l’absence de bénéfice à réaliser une suture l’aide d’une pince placée du côté de la grossesse extra-utérine. La
endoscopique de la salpingotomie [12]. portion proximale de la trompe est coagulée au ras de la corne
Si la trompe n’est pas trop altérée, en présence d’une rupture linéaire utérine à l’aide d’une pince bipolaire placée dans le trocart médian.
et limitée, on peut utiliser cet orifice pour aspirer la grossesse Les ciseaux sont introduits dans le trocart controlatéral et la trompe
extra-utérine [12]. est sectionnée. Il faut éviter de laisser un moignon tubaire qui expose

3
41-530 Chirurgie de la grossesse extra-utérine Techniques chirurgicales

Tableau I. – Taux d’échecs par persistance trophoblastique après trai- Tableau II. – Indications chirurgicales pour grossesse extra-utérine
tement conservateur de la grossesse extra-utérine par salpingotomie (GEU).
cœlioscopique.
Immédiates
Année de Nombre
Auteurs
publication de cas
Échecs (n) Échecs (%) - rupture avec hémopéritoine et retentissement hémodynamique
- suspicion de rupture imminente
Cartwright [10] 1986 20 1 5 - score de Fernandez [32] > à 13
Pouly [78] 1986 321 15 4,8 - indication de salpingectomie systématique (récidive, GEU sur trompe opérée)
1987 79 2 2,5 - pour certains : GEU avec activité cardiaque, masse latéro-utérine > 3 à 4 cm
De Cherney [22]
Brumsted [8] 1988 25 1 4 Contre-indications au méthotrexate
Reich [8] 1988 65 4 6
- thrombopénie < 100 000 par mm3
Silva [87] 1988 8 1 12,5
- leuconeutropénie < 1 500 par mm3
Vermesh [97] 1989 30 1 3,3 - anomalie de la crase sanguine
Donnez [25] 1989 300 17 5,7 - insuffisance rénale (créatininémie > 130 µmoles/L)
Keckstein [100] 1990 22 1 4,5 - élévation des transaminases supérieure à deux fois la normale
Chapron [12] 1991 45 3 6,7 - patiente ne comprenant pas ou n’acceptant pas les modalités du traitement médical
1992 26 3 11,5 - suivi impossible
Murphy [70]
Seifer [83] 1993 103 16 15,5 Annexectomie
Hoppe [46] 1994 101 13 12,9
L’annexectomie est d’indication exceptionnelle. En 1955, Jeffcoate [46]
Zilver [101] 1996 24 1 4
préconisait l’ovariectomie systématique en complément de la
Hajenius [43] 1997 49 10 20
salpingectomie pour diminuer le risque de récidive de grossesse
Klasen [50] 1997 82 10 12,2
extra-utérine par migration péritonéale prolongée, et pour multiplier
Fernandez [34] 1998 49 2 4
les ovulations de l’ovaire homolatéral à la trompe conservée. Cette
Lundorff [44] 1998 134 30 22
attitude ne se justifie pas car ce mécanisme n’est pas prouvé [21]. En
Rempen [82] 1999 105 9 9
outre, les possibilités de procréation médicalement assistée imposent
Bouyer [5] 2000 262 14 5
de préserver au mieux le capital ovarien. L’ovariectomie n’est
Totaux 18 520 154 8,3 justifiée que lors de certaines grossesses extra-utérines ovariennes,
tout en privilégiant la résection partielle.
¶ Toilette péritonéale
Quel que soit le type de geste effectué, un lavage abondant de la
cavité péritonéale doit être réalisé. Il doit être minutieux pour
éliminer tous les caillots, source d’adhérences postopératoires, et les
débris trophoblastiques, source de greffe péritonéale [35]. La mise en
procubitus et en décubitus latéral permet de mobiliser et d’aspirer
le sang accumulé dans les gouttières pariétocoliques et sous les
coupoles diaphragmatiques.
¶ Instillation d’anesthésique local
Des études contrôlées ont montré que l’instillation, en fin
d’intervention, d’un anesthésique local sur le site opératoire et sous
les coupoles diaphragmatiques réduisait la douleur
2 Salpingectomie par cœlioscopie. D’après Querleux D, Techniques chirurgicales en postopératoire [38].
gynécologie, Paris, Masson, 1998, p 82.
¶ Fermeture péritonéale et aponévrotique
Une fermeture péritonéale et aponévrotique est effectuée pour tous
au risque de récidive. Pour exposer le mésosalpinx, la position des
les orifices de trocart égal ou supérieur à 10 mm afin de prévenir la
instruments est modifiée. La trompe est saisie à travers le trocart
survenue d’une hernie incisionnelle dont le risque est estimé à
controlatéral à la grossesse extra-utérine et une traction en haut et 1 % [23].
en dedans oriente le mésosalpinx dans un plan horizontal. La pince
bipolaire est placée dans le trocart homolatéral à la grossesse tubaire. TRAITEMENT DE LA GROSSESSE TUBAIRE
Les ciseaux sont placés dans le trocart médian. Le mésosalpinx est PAR LAPAROTOMIE
coagulé puis sectionné au plus près de la trompe afin de ne pas La salpingectomie par laparotomie a été proposée dans le traitement
altérer la vascularisation de l’ovaire. La coagulation et la section sont de la grossesse tubaire dès 1884 [92].
poursuivies de proche en proche jusqu’au pavillon tubaire. Lors des Nous ne développerons pas ce chapitre car les modalités de la
dernières prises, il est important de bien repérer le pavillon, l’ovaire laparotomie dans le traitement de la grossesse extra-utérine ne
et le ligament lombo-ovarien. En effet, il existe un risque de s’écarter présentent pas de particularité technique. L’incision privilégiée est
de la trompe et de coaguler ou de blesser le ligament celle de Pfannenstiel. Toutes les procédures décrites pour le
lombo-ovarien [26]. traitement endoscopique sont superposables par laparotomie y
La résection de la portion interstitielle de la trompe, préconisée par compris la salpingotomie rapportée par Stromme. Toutefois, il
certains auteurs pour prévenir le risque de récidive, ne se justifie convient de souligner que le recours à la laparotomie pour le
pas. En effet, une revue de la littérature rapportant 75 cas de traitement de la grossesse extra-utérine est devenu rare.
grossesse extra-utérine interstitielle après salpingectomie note que
INDICATIONS DU TRAITEMENT CHIRURGICAL
15 d’entre elles surviennent malgré une résection cornuale [21]. Par DE LA GROSSESSE EXTRA-UTÉRINE
ailleurs, cette exérèse expose au risque de rupture utérine lors d’une
La grossesse extra-utérine relève le plus souvent d’un traitement
grossesse ultérieure. chirurgical habituellement mené par voie cœlioscopique (tableau II).
La trompe est extraite à l’intérieur d’un sac, ce qui nécessite un L’alternative que représente le traitement médical, voire l’abstention
trocart de 10-12 mm. En cas d’hématosalpinx volumineux, la trompe thérapeutique, doit être prise en considération. Leurs indications
peut être ouverte à l’intérieur du sac pour aspirer les caillots. respectives dépendent de différents critères :

4
Techniques chirurgicales Chirurgie de la grossesse extra-utérine 41-530

3 Grossesse ampullaire Tableau III. – Score de Fernandez [33] pour le traitement médical de la
bilatérale avec prérupture à grossesse extra-utérine.
droite. Hémopéritoine de
faible abondance. 1 2 3

Aménorrhée (jours) > 49 ≤ 49 ≤ 42

hCG (mUI/L) ≤ 1 000 ≤ 5 000 > 5 000

Progestérone (ng/mL) ≤5 ≤ 10 > 10

Douleur Absente Provoquée Spontanée

Hématosalpinx (cm) ≤1 ≤3 >3

Hémopéritoine (mL) ≤ 10 ≤ 100 > 100

hCG : hormone chorionique gonadotrophique.

Le score préthérapeutique de Fernandez [33] (tableau III), qui prend


en compte la durée de l’aménorrhée en jours, le taux plasmatique
4 Grossesse ampullaire
non rompue. des hCG, la progestéronémie, l’intensité de la douleur, la taille
échographique de l’hématosalpinx et l’évaluation d’un éventuel
hémopéritoine, permet au mieux de cerner les indications
thérapeutiques. Un traitement chirurgical est proposé de première
intention pour les grossesses extra-utérines ayant un score supérieur
à 13. De même, un traitement chirurgical est proposé s’il existe une
contre-indication au traitement médical principalement basé sur
l’utilisation du méthotrexate (des anomalies de la crase sanguine,
une thrombopénie inférieure à 100 000 par mL, une leucopénie
inférieure à 1 500 par mL, une élévation des transaminases
hépatiques à plus de deux fois la normale, ou une créatininémie
supérieure à 130 mol/L) [58]. Par ailleurs, le traitement médical est
également contre-indiqué lors de difficultés de compréhension du
– le tableau clinique ; protocole par la patiente ou du fait d’un éloignement géographique.
Les modalités du traitement et de sa surveillance doivent recevoir
– l’âge de la patiente ; l’adhésion complète de la patiente.
– le désir de grossesse ultérieure ; Outre les critères pris en compte dans le score de Fernandez,
l’existence d’une activité cardiaque à l’échographie était une
– les antécédents infectieux pelviens ;
indication classique du traitement chirurgical. Toutefois, Lipscomb
– les antécédents chirurgicaux, notamment de plastie tubaire ; et al n’excluent pas le traitement médical sur ce critère et rapportent
– la notion de récidive ; des taux de succès de près de 90 % [57, 58].
L’étude doppler de la vascularisation de la grossesse extra-utérine
– la localisation de la grossesse ectopique.
pourrait être un indicateur supplémentaire de son évolutivité [4].
Elito et al ont intégré ce paramètre dans leur score préthérapeutique
¶ Rupture tubaire avec hémopéritoine
sans avoir augmenté sa pertinence par rapport à celui de
Il existe une indication chirurgicale d’emblée en présence d’un Fernandez [30].
tableau aigu de rupture avec hémopéritoine et retentissement Le taux initial des hCG plasmatiques reste un élément décisionnel
hémodynamique. Le traitement impose des gestes d’urgence déterminant [56]. Pour une valeur supérieure à 10 000 mUI/mL, le
comportant un abord veineux de calibre suffisant et la réalisation risque de rupture rapporté par Job Spira et al était de 21 % contre
d’un bilan préopératoire comportant la détermination du groupe 6 % pour une valeur des hCG inférieure à 10 000 [47]. Par ailleurs, le
sanguin, du rhésus, la recherche d’agglutinines irrégulières, risque de transfusion est augmenté lorsque le taux des hCG initiaux
l’évaluation de l’hémostase. Rempen et Dietl ont rapporté que est supérieur à 6 500 mUI/mL [44].
l’incidence des formes rompues était de 30 % pour la période 1990-
1992, 18 % pour 1993-1995 et 21 % pour 1996-1997 [81]. Dans le
registre des grossesses extra-utérines d’Auvergne, entre 1992 et 1996, CHOIX ENTRE TRAITEMENT CONSERVATEUR
ET RADICAL
la fréquence des formes rompues était de 18 % [47].
Un hémopéritoine important n’est pas une contre-indication Les avantages et les inconvénients des traitements conservateur et
formelle à la cœlioscopie [98]. L’insufflation de la cavité péritonéale radical sont présentés dans le tableau IV.
pourrait même avoir un effet favorable sur les paramètres
hémodynamiques [98]. Si ces derniers le permettent et si l’équipe
¶ Traitement conservateur
chirurgicale a une expertise suffisante en cœliochirurgie, le La salpingotomie est à privilégier chaque fois que possible chez les
traitement est réalisable par cœlioscopie. Néanmoins, en cas patientes désirant une grossesse ultérieure. Le traitement
d’instabilité hémodynamique, une laparotomie est indiquée. Le conservateur donne de meilleurs résultats en termes de fertilité, mais
diagnostic de rupture tubaire n’est pas une contre-indication absolue il expose au risque de récidive homolatérale.
au traitement conservateur. Les travaux de Pouly [76, 77, 78] ne retrouvent pas de relation entre la
fertilité après traitement d’une grossesse extra-utérine et leurs
¶ Grossesse extra-utérine non rompue caractéristiques anatomocliniques dont :
Elle représente la circonstance la plus fréquente (fig 3, 4). Le choix – la taille de l’hématosalpinx ;
de la voie d’abord et du type de traitement chirurgical est basé sur
un faisceau d’arguments à la fois cliniques, échographiques et – le volume de l’hémopéritoine ;
biologiques. – l’existence d’une rupture tubaire ;

5
41-530 Chirurgie de la grossesse extra-utérine Techniques chirurgicales

Tableau IV. – Cœlioscopie pour grossesse extra-utérine tubaire : traitement radical ou conservateur ?

Salpingotomie Salpingectomie Remarques


Faisabilité 97 % [35, 43, 101]
99 % [5] NP 1 et 2
Pour Pouly [79], faisabilité > 80 % sans et de La salpingectomie présente l’avantage de la
95 % avec vasoconstricteur local simplicité et d’être presque toujours faisable

Persistance trophoblastique 10 % [35, 43, 101] Inférieur à 1 % [28] Surveillance systématique de la décroissance
des hCG après traitement conservateur

Fertilité à 2 ans 73 % [5] 57 % [5] Avantage au traitement conservateur mais dif-


IC : 0,95 ; 0,65-0,80 IC : 0,95 ; 0,39-0,81 férence non statistiquement significative. NP 3

Récidives de GEU 12 % [78] 15,2 % [28] La salpingectomie ne met pas à l’abri des
[17] [17] récidives. Pas de différence notable entre les
10 % 15 %
deux techniques. NP3
25 % [5] 27 % [5]
IC : 0,95 ; 0,14-0,42 IV : 0,95 ; 0,12-0,55

Coût par patiente 2 442 euros [55] Non évalué Pas de comparaison entre les deux procédures
4 066 dollars [67]

Nécessité d’AMP Plus probable Non évalué

GEU : grossesse extra-utérine. IC 0.95 : intervalle de confiance à 95 % ; NP : niveau de preuve. 1 : preuves obtenues après au moins un essai clinique randomisé de façon appropriée ; 2 : d’après les données d’essais cliniques bien menés, mais
sans tirage au sort ; 3 : données d’études de cohorte ou cas témoins bien menées, de préférence dans plus d’un centre ou par plus d’un groupe de recherche ; 4 : données de séries chronologiques multiples avec ou sans intervention ; 5 :
preuves fondées sur la base d’opinions expertes reconnues, à partir de l’expérience clinique, d’études descriptives ou de rapports de comités d’experts ; AMP : assistance médicale à la procréation ; hCG : hormone chorionique
gonadotrophique.

Tableau V. – Score thérapeutique de la grossesse extra-utérine, 5 Fertilité après traite-


d’après Pouly [77]. ment chirurgical de la GEU
en fonction du score théra-
Paramètres Poids statistique Coefficient peutique de Pouly [77].
Antécédent d’une grossesse 0,434 2
extra-utérine

Pour toute grossesse extra-utérine 0,261 1


supplémentaire

Antécédent d’adhésiolyse par 0,258 1


cœlioscopie*

Antécédent de microchirurgie 0,351 2


tubaire*

Trompe unique 0,472 2

Antécédent de salpingite 0,242 1 Tableau VI. – Faisabilité du traitement conservateur de la grossesse


Adhérences homolatérales 0,207 1 extra-utérine par cœlioscopie dans les études randomisées.
Adhérences controlatérales° 0,198 1 Salpingectomies Salpingectomies
Auteur, année Patientes
n %
* : Ne prendre en compte qu’un seul des antécédents ; ° : si la trompe controlatérale est obstruée, compter trompe
unique.
Zilver 1996 [101] 24 0 0

Hajenius 1997 [43] 49 4 8


– la localisation.
Fernandez 1998 [34] 49 0 0
En revanche, la fertilité ultérieure ainsi que le risque de récidive
d’une grossesse extra-utérine sont dépendants de : Total 132 4 3

– l’existence d’adhérences tubaires homolatérales à la grossesse Faisabilité du traitement conservateur : 122/132 = 92,4 %.
extra-utérine ;
– l’existence d’un hydrosalpinx ou d’un phimosis associé ; l’ordre de 95 % en utilisant l’ornithine-vasopressine [76]. Trois études
randomisées, comparant la salpingotomie au traitement médical [34,
– l’état de la trompe controlatérale. 42, 101]
, rapportent que le traitement conservateur est réalisable en
Un score élaboré par Pouly et al à partir des antécédents de la moyenne dans 92,4 % des cas (tableau VI). Les facteurs pouvant
patiente apporte une aide considérable au choix entre traitement compromettre la réalisation du traitement conservateur sont la
conservateur et radical [76, 77], (tableau V). Il permet la construction localisation interstitielle et le saignement du lit tubaire.
d’une courbe permettant d’évaluer les chances ultérieures de La durée opératoire moyenne du traitement cœlioscopique de la
grossesse eutopique comparées au risque de récidive de grossesse grossesse extra-utérine est de 1 heure [85].
ectopique (fig 5).
Un traitement chirurgical conservateur est proposé pour les TRAITEMENT RADICAL
patientes ayant un score inférieur ou égal à 3. Pour un score égal à
La salpingectomie cœlioscopique est préconisée dans certaines
4, un traitement radical comportant une salpingectomie est proposé.
circonstances :
Pour un score supérieur ou égal à 5, un traitement radical
comportant une salpingectomie avec stérilisation controlatérale peut – chez les patientes ne désirant plus de grossesse ;
être envisagé avant l’inclusion de la patiente dans un protocole de – lors d’une récidive homolatérale ;
fécondation in vitro. – pour les grossesses extra-utérines survenant sur une trompe
La faisabilité du traitement conservateur est supérieure ou égale à pathologique antérieurement connue ou ayant déjà bénéficié d’une
80 % en l’absence d’utilisation d’un vasoconstricteur local et de plastie ;

6
Techniques chirurgicales Chirurgie de la grossesse extra-utérine 41-530

¶ Persistance trophoblastique
Tableau VII. – Échecs du traitement conservateur de la grossesse
extra-utérine par laparotomie ou par cœlioscopie [12, 99]. Cette complication a une fréquence estimée à 8 % (tableau I). Elle est
dépistée par la surveillance systématique du dosage des hCG
Technique chirurgicale Laparotomie Cœlioscopie plasmatiques après traitement conservateur. Hagström et al
n 230 699 préconisent, pour le dépistage de cette complication, l’utilisation de
Échecs deux critères : l’évolution du taux des hCG plasmatiques et la
n 9 58 progestéronémie [41]. Pour ces auteurs, une élévation du taux des
% 3,9 8,3 hCG et une progestéronémie supérieure à 10 ng/mL sont prédictifs
du risque de persistance trophoblastique. Spandorfer et al [89]
préconisent un dosage des hCG au premier jour postopératoire. Il
– après échec du traitement médical.
ont déterminé à l’aide de courbes ROC (receiver operating
En respectant des critères d’inclusion stricts, le traitement par characteristics) la décroissance attendue du taux d’hCG. Dans leur
méthotrexate par voie locale ou systémique, en dose unique ou étude, une décroissance des hCG inférieure à 50 % était en faveur
répétée, éventuellement associée à la mifépristone [37, 75], donne des d’une persistance trophoblastique. Pour ces auteurs, l’utilisation de
taux de succès de 90 à 95 % [12, 43, 58]. ce critère permettrait d’opter pour un traitement médical
En dehors des cas de grossesses interstitielles, les taux de complémentaire dès le lendemain du traitement endoscopique. En
laparoconversion pour échec d’une salpingectomie varient entre 0 et cas de persistance trophoblastique, le taux de succès du traitement
3 % [5, 26] . Ces échecs sont essentiellement rencontrés en cas médical complémentaire est supérieur à 90 % [52, 99].
d’adhérences annexielles sévères. Le risque de persistance trophoblastique par implant péritonéal
Dans la série de Dubuisson, comportant 383 salpingectomies, la existe aussi après traitement radical [35]. Son incidence est de 2/383
durée opératoire était de 35 ± 20 minutes (extrêmes 20 et 80 (0,5 %) dans la série de Dubuisson et al [28]. Il est minimisé par la
minutes) [28]. manipulation douce et l’extraction de la pièce opératoire à l’intérieur
Récemment, Bouyer et al [5] ont souligné que l’indication du type de d’un sac, ainsi que par un lavage soigneux de la cavité péritonéale
traitement de la grossesse extra-utérine variait également en fonction en fin d’intervention. Son incidence faible après traitement radical
de critères discutables. En effet, ils rapportaient que le type de ne justifie pas le contrôle systématique de la décroissance des hCG
traitement pratiqué dépendait des caractéristiques socio- plasmatiques.
économiques des patientes, en fonction du type de centre et de sa
taille (absence de traitement médical dans les centres prenant en ¶ Hématocèle rétro-utérine
charge moins de 10 cas par an). L’ablation incomplète du trophoblaste peut conduire à la
constitution progressive d’une hématocèle enkystée ne devenant
symptomatique qu’au bout de plusieurs semaines [76] . Cette
CHOIX DE LA VOIE D’ABORD
complication rare est accessible à un traitement cœlioscopique, mais
La cœlioscopie est la technique de référence pour le traitement de la peut nécessiter une laparotomie [26].
grossesse extra-utérine. Le traitement par laparotomie ne concerne
plus que des contre-indications à la cœlioscopie qui se réduisent ¶ Hémorragie secondaire
avec l’expérience grandissante des différentes équipes. Seules
certaines localisations de la grossesse extra-utérine justifient encore Ce risque est majoré en cas de localisation interstitielle [16, 26, 76]. Dans
son recours. les séries de salpingectomie pour grossesse tubaire distale, le taux
de laparoconversion pour hémorragie incontrôlable est inférieur à
Trois séries prospectives randomisées ont comparé les deux voies
1 % et aucune reprise pour hémorragie secondaire n’est
d’abord pour la chirurgie conservatrice de la grossesse tubaire [60, 69,
mentionnée [26].
96]
. Ces travaux soulignent que le traitement cœlioscopique
conservateur est associé à :
COÛT
– une réduction des pertes sanguines peropératoires ;
Seules des études évaluant le coût du traitement conservateur de la
– une diminution de la prescription d’antalgiques en post- grossesse extra-utérine sont actuellement disponibles.
opératoire ;
Le traitement cœlioscopique conservateur a été comparé au
– une diminution de la durée opératoire ainsi que de traitement médical dans plusieurs études prospectives [54, 65, 87] et
l’hospitalisation et de la convalescence ; dans une méta-analyse [68] . Pour les grossesses extra-utérines
– une diminution du coût global [40]. accessibles au traitement médical, le coût d’un traitement
cœlioscopique conservateur a été évalué à 2 442 euros par Lécuru et
Par ailleurs, le risque d’adhérences postopératoires était
al [54] et à 4 066 dollars par Mol et al [65]. Dans ces études, le coût
significativement moins important après cœlioscopie qu’après
global du traitement médical était inférieur à celui du traitement
laparotomie [60] . En revanche, le taux d’échecs du traitement
chirurgical conservateur grâce à une réduction de la durée
chirurgical conservateur par persistance trophoblastique était
d’hospitalisation. Cet avantage financier n’était toutefois vérifié que
supérieur après traitement cœlioscopique (tableau VII) [82, 99].
pour les formes de découverte précoce : lorsque le taux initial des
Il n’y a pas de série prospective comparant la cœlioscopie à la hCG plasmatiques était inférieur à 3 000 mUI/L dans le travail de
laparotomie pour le traitement radical de la grossesse extra-utérine Mol [65], et à 1 500 mUI/L dans l’étude de Sowter [68] et en l’absence
tubaire. Cependant, on peut admettre que les bénéfices démontrés de cœlioscopie de confirmation [65, 84]. Par ailleurs, en termes de
de la voie cœlioscopique pour le traitement conservateur sont vrais qualité de vie, une étude randomisée comparant le traitement par
pour le traitement radical. méthotrexate à la salpingotomie par cœlioscopie rapportait une
moins bonne tolérance au traitement médical [71].
COMPLICATIONS DU TRAITEMENT CHIRURGICAL
DE LA GROSSESSE EXTRA-UTÉRINE FERTILITÉ APRÈS TRAITEMENT CHIRURGICAL
Les complications du traitement chirurgical de la grossesse extra- D’UNE GROSSESSE EXTRA-UTÉRINE
utérine sont, pour certaines, spécifiques de cette pathologie et du La fertilité après traitement d’une grossesse extra-utérine doit être
type de traitement effectué, alors que d’autres dépendent de la voie évaluée en tenant compte du type de traitement effectué, du délai
d’abord. Nous n’aborderons dans ce chapitre que les complications nécessaire à concevoir et du taux de récidives de grossesse
spécifiques. extra-utérine.

7
41-530 Chirurgie de la grossesse extra-utérine Techniques chirurgicales

Tableau VIII. – Récidives après traitement chirurgical conservateur Tableau IX. – Fertilité après traitement cœlioscopique de la grossesse
de la grossesse extra-utérine tubaire (études prospectives randomi- extra-utérine. Comparaison du traitement conservateur et du traite-
sées comparant la laparotomie et la cœlioscopie). ment radical en fonction du score de Pouly [77]. D’après Chapron et
al [12].
Vermesh Lundorff Murphy
Auteurs Total
1989 [97] 1991 [62] 1992 [70] GIU (%) après
GIU (%) après
Score thérapeutique traitement
Cœlioscopies 19 42 8 69 salpingectomie [78]
conservateur [78]
N
0 84,1 81,2
GEU n 01 04 0 05
1 71,1 60,9
GEU % 05 10 0 07
2 57,5 34,4
Laparotomies 21 45 10 76
N 3 31,2 40

04 05 02 11 4 25 37,5
GEU n
5 18,7 35,5
GEU % 19 11 20 14
>5 6,2 40
GEU : grossesses extra-utérines.
GIU : Grossesses intra-utérines.

¶ Fertilité après traitement conservateur pour cela atteindre une signification, pour les patientes sans
Les taux de perméabilité tubaire après salpingotomie par antécédent de chirurgie tubaire et ayant une trompe controlatérale
cœlioscopie ou laparotomie sont similaires. De même, les chances d’aspect normal (9,6 versus 18,3 %). Le taux de grossesses intra-
de grossesse intra-utérine, de près de 60 %, sont comparables que la utérines, calculé dans cette série en fonction du score thérapeutique
salpingotomie ait été faite par laparotomie ou par cœlioscopie [5, 43]. de Bruhat (tableau V) [76], a été rapporté par Chapron [12] et comparé
Le risque de récidive de grossesse ectopique ne diffère à celui du traitement conservateur (tableau IX). Pour des scores
statistiquement pas entre les deux voies d’abord, mais semble en supérieurs à 3, la fertilité après traitement radical est de l’ordre de
faveur de la cœlioscopie (tableau VIII) [12, 43]. 40 % et apparaît supérieure à celle constatée après traitement
conservateur.
Pouly et al ont étudié la fertilité après traitement conservateur d’une
grossesse extra-utérine sur une série continue de 223 patientes ¶ Comparaison de la fertilité après traitement
suivies pendant 2 à 15 ans [77]. Soixante-sept pour cent des patientes
conservateur ou radical
ont eu une grossesse intra-utérine spontanée et le taux de récidives
de grossesse extra-utérine fut de 12 %. Les auteurs concluaient que Il n’y a pas, à ce jour, d’étude randomisée comparant la fertilité après
les caractéristiques de la grossesse extra-utérine et l’existence d’une salpingectomie et après traitement conservateur. Une revue de la
rupture tubaire n’avaient pas d’impact sur la fertilité ultérieure. En littérature publiée par Clausen [17] a colligé les données de 40
revanche, les éléments pronostiques de la fertilité ultérieure étaient : publications parues sur plus de 30 ans. Les résultats des études
l’antécédent d’une – et a fortiori – de plusieurs grossesses extra- rétrospectives (15 études, 1 383 patientes) ne montraient pas de
utérines, de chirurgie tubaire, d’adhésiolyse cœlioscopique, de différence significative du taux moyen de grossesses intra-utérines
salpingite, l’absence ou l’obstruction de la trompe controlatérale, la après traitement conservateur (46 %) ou salpingectomie (44 %).
présence d’adhérences homolatérales et la présence d’adhérences Toutefois, si la fertilité après traitement radical était similaire dans
controlatérales. Ces données sont confirmées par une étude récente les diverses séries, la variabilité était plus importante pour les séries
avec suivi prospectif de plus de 300 patientes, dans laquelle Ego et de traitements conservateurs. Les études de cohorte après traitement
al [29] soulignent l’importance des antécédents pour le pronostic de conservateur (10 études, 484 patientes) montraient un taux moyen
la fertilité ultérieure. La survenue d’une grossesse extra-utérine sur de grossesses intra-utérines de 57 % (IC : 0,95 ; 53,5-67,2), supérieur
stérilet était associée à un excellent pronostic puisque 95 % de ces à celui des études rétrospectives. Les études rétrospectives
patientes avaient pu obtenir une grossesse intra-utérine [76]. comparatives (15 études, 2 965 patientes) ne mettaient pas en
Trois études randomisées ont comparé la fertilité après traitement évidence de différence significative du taux de grossesse entre les
chirurgical conservateur au traitement médical par méthotrexate deux traitements. Bouyer et al ont réalisé, à partir du registre des
selon trois modalités différentes : injection in situ échoguidée [34], grossesses extra-utérines d’Auvergne, une étude des facteurs
injection intramusculaire [42], injection in situ percœlioscopique [101]. pronostiques de la fertilité après grossesse extra-utérine sur une série
Aucune différence en termes de fertilité ultérieure n’a été mise en de 291 patientes désireuses d’une grossesse et traitées entre 1992 et
évidence. 1996 [5]. Le taux de conceptions spontanées était de 66 %. Le taux
cumulé de grossesses intra-utérines à 18 mois était de 57 % (IC :
0,95 ; 0,39-0,81) après salpingectomie et de 73 % (IC : 0,95 ; 65-80 %)
¶ Fertilité après traitement radical
après traitement chirurgical conservateur. Le taux cumulé de
Les études rétrospectives ne montrent pas de différence significative récidives de grossesse extra-utérine était de 27 % (IC : 0,95 ; 0,17-
du risque de récidive et du taux de grossesse intra-utérine après 0,41) à 2 ans, sans différence significative en fonction du type de
salpingectomie par cœlioscopie ou par laparotomie [34, 72]. Cependant, traitement. Toutefois, l’analyse multivariée révélait une supériorité
Fernandez et al retrouvent une tendance à la supériorité de la du traitement conservateur chez les patientes ayant des antécédents
cœlioscopie. (infertilité, grossesse extra-utérine, chirurgie tubaire, grossesse après
Sur une cohorte de 145 patientes, Dubuisson et al [28] ont rapporté stimulation de l’ovulation) ou un âge supérieur à 35 ans.
un taux de conceptions spontanées de 65,5 %. Plus de 90 % des Le taux moyen de récidive était de 10 % après traitement
grossesses intra-utérines survenaient avant 2 ans et leur taux cumulé conservateur et de 15 % après traitement radical. Les études
atteignait un niveau de 50,3 % à 3 ans. Le taux cumulé de grossesses rétrospectives comparatives (15 études, 2 965 patientes) ne mettaient
intra-utérines était significativement meilleur pour les patientes sans pas en évidence de différence significative entre les deux traitements.
antécédent de chirurgie tubaire et ayant une trompe controlatérale Le taux moyen de récidives était de 13 % (IC : 0,95 ; 10,4-16,9) dans
d’aspect normal comparé à celui des patientes ayant des antécédents les études de cohortes, comparable à celui des études rétrospectives.
tubaires et /ou une trompe controlatérale pathologique mais non En tenant compte du score thérapeutique de Pouly [77], la fertilité
obstruée (75 versus 36,6 %, p < 0,001). Le taux de récidives de apparaît supérieure après traitement conservateur pour des scores
grossesse extra-utérine était de 15,2 %. Ce taux était inférieur, sans inférieurs à 3 [12] et atteint 60 % (tableau IX).

8
Techniques chirurgicales Chirurgie de la grossesse extra-utérine 41-530

Toutefois, la plupart des travaux récents soulignent que la fertilité Deux situations diagnostiques doivent être distinguées. Les formes
après traitement d’une grossesse extra-utérine dépend plus des de diagnostic précoce, dont la localisation repose sur l’échographie
antécédents de la patiente et de l’état du pelvis que des mais également sur l’imagerie par résonance magnétique, peuvent
caractéristiques de la grossesse ectopique et même du type de être traitées par cœlioscopie si le site d’implantation ne concerne
traitement réalisé [12, 29, 43]. pas une zone à risque majeur d’hémorragie [2, 95]. Toutefois, le plus
souvent, le traitement est effectué par laparotomie et consiste en une
évacuation de la grossesse. En cas d’ablation incomplète du produit
Chirurgie des grossesses de conception, un traitement complémentaire par le méthotrexate
extra-utérines non tubaires est associé. Dans les grossesses abdominales avancées, la voie
d’abord est la laparotomie. Le problème chirurgical principal
Les grossesses extra-utérines non tubaires étant rares, leurs prises consiste à réaliser l’exérèse placentaire la plus complète possible.
en charge ne sont pas standardisées. Dans les situations où le risque hémorragique est important, il est
conseillé de laisser le placenta en place après section du cordon au
ras de son insertion. L’utilisation du méthotrexate en postopératoire
GROSSESSES EXTRA-UTÉRINES INTERSTITIELLES,
a permis, dans certains cas, une régression complète du tissu
ANGULAIRES OU CORNUALES
résiduel [2]. L’embolisation artérielle sélective peut être utile en pré-
La grossesse interstitielle se développe au niveau de l’origine ou en postopératoire devant une grossesse abdominale
intramyométriale de la trompe. Sa fréquence est estimée entre 2 et hémorragique [2]. Lorsque le fœtus est vivant, en l’absence de
4 % des grossesses extra-utérines. Son incidence est de 1/2 500 à complication maternelle et d’anomalie de la morphologie fœtale,
1/5 000 grossesses [53]. On en rapproche les grossesses cornuales, peut se discuter avec le couple et l’équipe pédiatrique une
ainsi que les grossesses extra-utérines survenant sur le moignon évacuation différée.
tubaire après salpingectomie. Dans la grossesse angulaire, la
nidation s’effectue au fond de la corne utérine et n’intéresse pas, en
théorie, l’origine de la trompe. Il faut noter que le myomètre gravide GROSSESSES OVARIENNES
peut se distendre plus facilement que la paroi isthmique tubaire. Elles représentent 1 % des grossesses extra-utérines [2, 95] . La
Ainsi, la rupture hémorragique des grossesses interstitielles paraît symptomatologie est habituellement celle d’une forme tubaire.
plus tardive, plus subite et est associée à une mortalité supérieure à L’échographie, associée au doppler, permet de faire le diagnostic
celle des formes tubaires [2]. Toutefois, grâce à l’échographie, le topographique. Toutefois, la localisation ovarienne n’est souvent que
diagnostic est le plus souvent fait avant le stade de rupture. de découverte cœlioscopique devant un tableau d’hémopéritoine
Le traitement classique des grossesses interstitielles était la résection évoquant la rupture d’un kyste du corps jaune.
cornuale par laparotomie et certains cas ont pu nécessiter une En l’absence d’hémopéritoine, le traitement médical est licite [58, 84,
hystérectomie [95]. Le traitement cœlioscopique consistant en une 95]
. Le traitement cœlioscopique doit être le plus conservateur
résection cornuale ou une salpingotomie a été rapporté par plusieurs possible consistant en une ovariectomie partielle. Parfois, une
équipes [6, 53, 67]. La localisation interstitielle est associée à un risque ovariectomie totale de nécessité s’impose.
hémorragique accru. Plusieurs artifices techniques ont été utilisés
pour minimiser ce risque dont la mise en place, au niveau de la
corne utérine, d’un ou de plusieurs lassos endoscopiques ou la GROSSESSES CERVICALES
réalisation d’une suture circulaire préventive [67]. Deux types de La grossesse cervicale est la plus rare des grossesses ectopiques [74].
gestes sont proposés : une résection cornuale ou une salpingotomie. Il s’agit d’une implantation de l’œuf au niveau des glandes
La résection cornuale par laparoscopie débute par une coagulation endocervicales. Son incidence est estimée à 1/2 500 naissances. Elle
bipolaire puis une section de la trompe en dehors de la zone représente de 0,1 à 0,2 % des grossesses extra-utérines
d’implantation de la grossesse extra-utérine. Puis, la branche diagnostiquées après assistance médicale à la procréation [51]. Les
ascendante de l’artère utérine est coagulée. La corne utérine est facteurs de risque de survenue comprennent les antécédents de
encerclée par un ou plusieurs lassos endoscopiques fortement serrés. chirurgie cervicale, de curetage et de césarienne, l’existence de
On pratique ensuite la résection cornuale. L’incision utérine est synéchies utérines et l’utilisation des techniques d’assistance
suturée par des points séparés de fils résorbables. Parmi les 22 cas médicale à la procréation [95]. Elle se manifeste par des hémorragies
colligés par Lau et Tulandi, le taux de succès du traitement sévères pouvant nécessiter une hystérectomie de sauvetage. Le
cœlioscopique était de 100 % [53]. Une salpingotomie peut également diagnostic repose sur l’échographie transvaginale permettant un
être réalisée [6], nécessitant une incision profonde tout en exposant la diagnostic précoce. Divers traitements ont été utilisés : l’aspiration,
patiente à un risque hémorragique élevé. Une suture du myomètre le curetage suivi d’un tamponnement par une sonde à ballonnet ou
est recommandée [95] . Ces interventions laissent en place un d’un cerclage [36], la ligature bilatérale des artères hypogastriques,
myomètre fragilisé à risque de rupture utérine en cas de grossesse l’embolisation sélective, et le traitement médical par injection in situ
ultérieure. En conclusion, la diversité des modalités chirurgicales de chlorure de potassium ou le méthotrexate par voie systémique [51,
proposées reflète les difficultés techniques rencontrées par les 70, 97, 100]
. Les indications thérapeutiques ne sont pas standardisées.
opérateurs. Un recours au traitement par laparotomie s’impose Le risque d’hystérectomie semble plus faible après traitement
parfois. C’est dans ce contexte que le traitement médical par médical qu’après traitement chirurgical [48]. Plusieurs succès de
méthotrexate, proposé pour la première fois en 1982 par Tanaka [93], traitements conservateurs ont été rapportés récemment grâce à
doit être discuté. l’association de l’embolisation au méthotrexate [51, 70, 97, 100].

GROSSESSES ABDOMINALES
La grossesse abdominale se définit par une implantation de l’œuf Indications chirurgicales
dans la cavité péritonéale, généralement sur des zones très en cas de grossesse hétérotopique
vascularisées. Son incidence est estimée à 1 % des grossesses extra-
utérines [74, 95]. Les grossesses abdominales ont pour point commun L’incidence de la grossesse hétérotopique est estimée entre 1/10 000
une découverte tardive et sont associées à un risque de mortalité et 1/30 000 en fécondation naturelle et peut atteindre de 1 à 3 % des
maternelle estimé à 5/1 000 [ 2 ] . Certains cas de grossesses grossesses obtenues après assistance médicale à la procréation [24].
abdominales, rapportés dans la littérature, ont pu évoluer jusqu’au Malgré une sensibilité de l’échographie transvaginale proche de
troisième trimestre de la grossesse. Leur pronostic reste sévère 90 %, Diallo [24] souligne la fréquence du retard au diagnostic et
associant une mortalité périnatale qui oscille, selon les auteurs, entre l’intérêt de la cœlioscopie diagnostique. Le traitement peut être
40 et 95 % et un taux élevé de malformations fœtales [2]. conservateur et comporte une salpingotomie ou un traitement

9
41-530 Chirurgie de la grossesse extra-utérine Techniques chirurgicales

médical. Toutefois, il convient de souligner que l’utilisation du dans les formes non rompues. La faisabilité du traitement conservateur
méthotrexate est contre-indiquée du fait du risque tératogène sur la par salpingotomie est de 90 %. La rupture tubaire n’est pas une contre-
grossesse intra-utérine. Le traitement conservateur pose également indication formelle au traitement conservateur. Il existe un risque de
un problème de surveillance puisque le dosage des hCG persistance trophoblastique imposant une surveillance systématique de
plasmatiques ne peut refléter la réponse à la thérapeutique. Ces la décroissance des hCG plasmatiques jusqu’à négativation.
inconvénients peuvent conduire à opter pour un traitement radical. La salpingectomie présente l’avantage de la simplicité. Le risque de
Le traitement ne présente pas de particularité par rapport à une persistance trophoblastique est inférieur à 1 %. La salpingectomie ne
grossesse tubaire. met pas à l’abri du risque de récidive homolatérale de grossesse
extra-utérine.
Conclusion Des éléments fondamentaux pour le choix thérapeutique et
l’établissement du pronostic de la fertilité ultérieure ne peuvent être
La cœlioscopie est la voie d’abord de référence pour le traitement recueillis qu’en peropératoire. De ce fait, la patiente doit être informée
chirurgical de la grossesse extra-utérine dans sa localisation tubaire et du risque de traitement radical et de laparotomie.

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11
¶ 41-527

Chirurgie de la stérilité tubaire distale


C. Dechanet, A. Flandrin, L. Reyftmann, S. Hamamah, B. Hedon, H. Dechaud

Une pathologie tubaire distale est retrouvée chez 40 à 50 % des couples qui consultent pour infertilité.
L’atteinte de l’ampoule et de la trompe est responsable d’une modification des rapports tubo-ovariens et
d’une perturbation de la capture et de la migration ovocytaire. Actuellement, deux possibilités s’offrent
pour une prise en charge de cette infertilité tubaire : la chirurgie réparatrice par cœlioscopie et la
fécondation in vitro. Le traitement chirurgical consiste en une adhésiolyse, une fimbrioplastie ou une
néosalpingostomie en fonction du type d’atteinte tubaire. Les taux de grossesse suite à une prise en
charge chirurgicale reconstructrice se situent aux alentours de 30 à 40 %. Une sélection rigoureuse des
patientes à partir des données hystérographiques et cœlioscopiques est indispensable afin de déterminer
les patientes candidates à une chirurgie réparatrice ou à une fécondation in vitro. L’évaluation de la
trompe et notamment de la muqueuse tubaire lors de la cœlioscopie est un des éléments majeurs lors de
la décision thérapeutique et dans le pronostic de grossesse spontanée. La chirurgie se place en
complément de la fécondation in vitro et l’objectif est de savoir combiner ces deux possibilités
thérapeutiques afin d’améliorer les taux de grossesse intra-utérine.
© 2007 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Mots clés : Pathologie tubaire distale ; Infertilité ; Cœlioscopie ; Adhésiolyse ; Néosalpingostomie ;


Fimbrioplastie

Plan ■ Bilan pelvien préopératoire


Ce premier bilan est réalisé afin de déterminer les patientes
¶ Bilan pelvien préopératoire 1
présentant une pathologie tubaire distale, d’inclure les patientes
¶ Adhésiolyse 1 candidates à une cœlioscopie diagnostique et thérapeutique.
Épidémiologie 2 Il comprend :
Physiopathologie 2 • un bilan hormonal d’ovulation ;
Définitions 2 • une hystérosalpingographie ;
Étiologies 2 • une échographie pelvienne ;
Technique chirurgicale 2 • un bilan masculin avec spermogramme ;
Choix de la technique 4 • un test postcoïtal.
Résultats de l’adhésiolyse 4 L’hystérosalpingographie permet le diagnostic de pathologie
Indications 5 tubaire distale, d’hydrosalpinx, d’obstruction distale, et de
Intérêt d’un « second look » 5 suspecter la présence d’adhérences péritubaires.
Conclusion 5 L’échographie donne des informations sur le diamètre de
l’hydrosalpinx.
¶ Chirurgie de la trompe distale 5 Au terme de ce premier bilan d’opérabilité seront exclues
Physiopathologie 6 d’une chirurgie réparatrice les patientes présentant :
Description des lésions tubaires distales 6 • une cause d’infertilité autre, féminine ou masculine ;
Salpingostomie par cœlioscopie 6 • une tuberculose génitale ;
Fimbrioplastie 7 • une atteinte bifocale de la trompe ;
Traitements adjuvants 8 • une infection utéroannexielle au stade aigu.
Résultats 8
Choix de la technique 8
Critères pronostiques 9 ■ Adhésiolyse
Autres moyens diagnostiques 9
L’adhésiolyse consiste en la libération d’organes anormale-
Conduite à tenir devant une pathologie tubaire distale 9 ment accolés entre eux du fait d’adhérences.
¶ Place de la chirurgie dans la prise en charge d’une infertilité Le rôle des adhérences pelviennes dans l’infertilité est
tubaire 9 actuellement établi et leur traitement permet une amélioration
¶ Conclusion 10 de la fertilité. La prévention des adhérences postopératoires
semble nécessaire pour diminuer leurs récidives et leurs compli-
cations et pour améliorer les fonctions de reproduction.

Techniques chirurgicales - Gynécologie 1


41-527 ¶ Chirurgie de la stérilité tubaire distale

Épidémiologie Tableau 1.
[13].
Score adhérentiel (American Fertility Society)
Les adhérences pelviennes sont un problème majeur en
chirurgie de la reproduction car elles sont une cause d’infertilité Organe Type d’adhérence Surface
chez 15 % des patientes et sont une complication de toute 1/3 2/3 3/3
chirurgie de l’infertilité. De façon générale, 93 % des patientes
Ovaire Vélamenteuse 1 2 4
ayant eu une chirurgie abdominopelvienne présentent des
adhérences postopératoires contre 10 % des patientes qui n’ont Dense 4 8 16
jamais été opérées [1, 2]. Trompe distale Vélamenteuse 1 2 4
Dense 4 8 16
Physiopathologie
Stade léger ou stade I : 1 à 6 points ; stade moyen ou stade II : 7 à 15 points ; stade
Après traumatisme chirurgical ou infectieux de la surface sévère ou stade III : supérieur à 15 points.
péritonéale, la cicatrisation se fait de façon uniforme sur toute
la surface de la plaie par multiplication de cellules mésothélia-
les. Cette zone de cicatrisation est le siège d’une inflammation Tableau 2.
locale avec participation de polynucléaires et de macrophages. Classification des adhérences récidivantes et des adhérences de novo.
Toute interaction avec cette inflammation par un produit
Type 1 : adhésion de novo ou développement d’adhésion à un site
chimique ou un corps étranger peut altérer le processus de dépourvu initialement
cicatrisation en accroissant cette réaction inflammatoire.
- type 1a : pas de geste chirurgical à l’endroit de la formation de cette
Le développement d’adhérences péritonéales fait suite à un
adhérence de novo
processus dynamique de cicatrisation, dans lequel deux surfaces
en regard se retrouvent liées par un pont de fibrine dont - type 1b : un geste chirurgical a été réalisé à l’endroit de la formation
de cette adhérence de novo
l’organisation fait appel à des cellules inflammatoires et
fibroblastiques, conduisant à la formation d’une bride de tissu Type 2 : reformation d’une adhérence à un endroit où une adhésiolyse
conjonctif, recouverte de mésothélium, pouvant contenir des a été effectuée
structures vasculaires et nerveuses. Une diminution de l’activité - type 2a : pas de geste chirurgical autre que l’adhésiolyse effectuée sur
fibrinolytique est observée lors de la formation de cette bride et ce site
semble accentuée en présence d’infection, de corps étranger (fils - type 2b : geste chirurgical en plus de l’adhésiolyse effectuée sur ce site
de suture, prothèse...), de traumatisme thermique (laser,
électrocoagulation...), d’hémostase incomplète [2-4]. La formation
d’adhérences a lieu dans les 36 heures suivant l’irritation • Infections :
péritonéale [5]. C utéroannexielles ;
Les adhérences péritubaires sont responsables d’une perte de C digestives : appendicite, diverticulite... ;
souplesse de la trompe altérant le processus de captation de • endométriose pelvienne ;
l’ovocyte par modification du rapport tubo-ovarien. La rigidité • intervention chirurgicale ;
tubaire induite par ces adhérences nuit au transport normal de • irritations chimiques : rupture d’un kyste dermoïde, dialyse
l’embryon au travers des différentes parties tubaires et induit péritonéale...
des implantations ectopiques.
La présence d’adhérences périovariennes est associée à une
altération de la folliculogenèse lors de stimulation ovarienne [6], Technique chirurgicale [15, 16]

à une diminution de la diffusion des gonadotrophines dans le Principes généraux


liquide folliculaire lors de fécondation in vitro [7] et à des
anomalies de rupture folliculaire [8]. Cette action délétère sur la L’objectif de l’adhésiolyse est de réséquer les adhérences afin
folliculogenèse et l’ovulation est probablement induite par un de libérer des organes normalement libres et d’éradiquer les
effet barrière à la surface ovarienne et par un effet constrictif sur foyers d’endométriose associés et délétères sur la fertilité.
la vascularisation normale de l’ovaire. La difficulté du geste dépend du type d’adhérence et des
organes intéressés. La résection des adhérences de type a est
.

Définitions simple et non hémorragique. La libération d’adhérence de type


b nécessite une coagulation préalable du vaisseau intra-
Les adhérences sont des structures tissulaires responsables adhérentiel pour éviter un saignement. Les adhérences de type
d’un accolement d’organes normalement libres et indépendants. c sont les plus difficiles à réséquer, laissant de vastes zones
Plusieurs types d’adhérences sont à distinguer [9] : dépéritonisées et dilacérées.
• les adhérences de type a : elles sont fines, avasculaires et Les adhérences proches des structures digestives et urinaires
forment un voile entre les organes concernés ; doivent être réséquées à distance de celles-ci afin d’éviter des
• les adhérences de type b : elles sont de même morphologie complications lourdes et invalidantes pour la patiente.
que les précédentes mais plus épaisses et vasculaires ; Lorsque les adhérences sont trop sévères et que le geste risque
• les adhérences de type c : denses, elles réalisent de véritables d’être hémorragique ou dangereux, il est préférable de renoncer.
accolements entre les organes. En effet, un geste trop hémorragique et de vastes zones dépéri-
Selon leur siège, deux formes d’adhérences sont différenciées : tonisées sont à l’origine de récidives importantes. En revanche,
• les adhérences localisées, ovariennes ou tubaires ; renoncer d’emblée devant des adhérences trop étendues est une
• les adhérences étendues, s’étalant des annexes et de l’utérus erreur, car un plan de clivage peut être découvert et l’adhésio-
à l’épiploon, au côlon et aux anses grêles, barrant complète- lyse prudemment poursuivie.
ment le pelvis, réalisant au maximum le « pelvis gelé » ;
De nombreuses classifications ont été établies en fonction de Technique d’adhésiolyse
leurs localisations, types et étendues [10-13] (Tableau 1).
Une adhérence doit être sectionnée après mise en tension, à
Actuellement, du fait d’une prise en charge chirurgicale
l’aide d’une pince atraumatique ou par écartement des organes
répétée des adhérences pelviennes, une distinction a été établie
concernés, en respectant au maximum le péritoine viscéral des
entre les adhérences récidivantes et les adhérences de novo. Une
organes adjacents.
définition a été établie pour différencier ces deux entités [14]
Lorsque la mise en tension est difficile (adhérences de type c),
(Tableau 2).
une dissection douce et progressive à l’aide de ciseaux est
recommandée.
Étiologies L’adhésiolyse doit débuter par les zones les plus simples afin
Les adhérences font suite à une agression du péritoine de dégager certains organes pour exposer ensuite certains
viscéral. Les étiologies sont les suivantes. accolements plus étendus.

2 Techniques chirurgicales - Gynécologie


Chirurgie de la stérilité tubaire distale ¶ 41-527

L’intervention doit être conduite du dedans en dehors, en Traitées Contrôle OR


commençant par une levée des adhérences du cul-de-sac de n/N n/N (IC 95 %)
Douglas.
Les annexes sont libérées du dedans en dehors. Cependant, Dextran 14/156 36/154 0,64 (0,36-1,14)
cette règle peut être contournée. En effet, une fixation de
l’ovaire par une adhérence au ligament large permet une
Stéroïdes 21/31 19/30 1,22 (0,42-3,50)
immobilisation de celui-ci et facilite alors la lyse des adhésions
entre la trompe et l’ovaire.
L’hémostase est nécessaire et réalisée à l’aide de la pince 0,1 0,2 0,5 1 2 5 10
bipolaire. Figure 1. Taux de grossesses cliniques après prévention des adhérences
En fin d’intervention, une toilette péritonéale à l’aide de par adjuvants. D’après [17, 18]. OR : odds ratio ; IC : intervalle de
sérum physiologique chaud permet de ramener les caillots confiance.
sanguins et de vérifier l’absence de saignement. Plusieurs
toilettes sont parfois nécessaires et le sérum aspiré doit revenir
Prévention des adhérences postopératoires
clair pour affirmer l’absence de saignement actif.
Prévention peropératoire
Cas particuliers Des précautions sont à prendre en période périopératoire :
Adhérences tubaires • mobilisation des annexes de façon atraumatique ;
• éviter toute ischémie tissulaire par diminution des temps
• La mise en tension de la trompe peut se faire par préhension d’utilisation des instruments d’électrocoagulation et du laser ;
douce de la séreuse de celle-ci ou par écartement de la trompe • réaliser une hémostase soigneuse et limitée à la zone de
de la paroi à l’aide d’une pince refoulant la paroi pelvienne. saignement ;
• Les adhérences lâches sont réséquées minutieusement afin • éviter toute dépéritonisation des organes adjacents ;
d’éviter une lésion tubaire. • laver au sérum chaud.
• Les adhérences type c ou accolements sont plus difficilement Agents pharmacologiques
accessibles.
De nombreux agents pharmacologiques, fluides et barrières
• La dissection doit éviter de léser le pédicule lombo-ovarien et ont été évalués au cours de ces dernières années.
le mésosalpinx. Les objectifs de ces produits dans la prévention des adhéren-
• La libération du pavillon doit être minutieuse. ces postopératoires sont les suivants :
• diminuer la réaction inflammatoire ;
Adhérences ovariennes
• favoriser la fibrinolyse ;
Ces adhérences peuvent être secondaires à une endométriose. • éviter le contact entre deux zones lésées.
Les adhérences sont exposées après préhension et traction de Adjuvants.
l’ovaire vers l’avant. La libération de l’ovaire du ligament large Corticostéroïdes. L’inhibition de la réaction inflammatoire, la
permet l’exploration de sa face antérieure. diminution de la colonisation fibroblastique, l’altération de la
production d’histamine par les corticoïdes ont suggéré un
Lors d’accolement ou adhérence de type c, l’adhésiolyse doit apport de ces molécules dans la réduction des adhérences
être fine et ne pas se compliquer de dépéritonisation sévère de postopératoires. Cependant, aucun bénéfice évident n’a été
la surface ovarienne, source de récidives. Il est souvent utile de montré, quelle que soit la voie d’administration, sur la diminu-
repérer l’uretère lors d’adhérences sévères pour ne pas le blesser tion des adhérences postopératoires et sur l’amélioration des
lors d’une dissection ou d’un geste hémostatique. taux de grossesse [17] (Fig. 1).
Prométhazine (Phénergan®). L’administration de prométhazine,
Adhérences utéro-ovariennes
agent antihistaminique dont l’objectif est de diminuer la
Elles sont souvent sévères et de type c. Leur libération est perméabilité vasculaire, n’a pas fait preuve de son efficacité dans
souvent difficile mais non dangereuse. L’ovaire est tracté vers la prévention d’adhérences postopératoires, quelle que soit la
l’extérieur et l’utérus du côté opposé à l’aide de la canulation voie d’administration [17, 19].
utérine. La section des adhérences doit être effectuée au plus Solutions.
près de l’ovaire, sans risquer une lésion de la corticale, afin de Solutions cristalloïdes.
diminuer le risque de saignements au niveau de l’utérus. • Ringer lactate : l’hydroflottation à l’aide d’une solution de
Ringer Lactate pour diminuer la récurrence des adhérences et
Adhérences du cul-de-sac de Douglas la formation d’adhérences de novo n’a pas montré son
efficacité [20] . Son inefficacité est probablement due à la
Elles concernent la face postérieure de l’utérus, le rectum, le rapidité de la résorption [21].
ligament large et parfois l’épiploon, les ovaires, les trompes et • 32 % dextran 70 : il s’agit d’un polymère de glucose soluble
l’iléon. dont l’absorption péritonéale est lente. Les résultats quant à
Lorsque les adhérences sont vélamenteuses, la canulation de son efficacité dans la prévention des adhérences postopéra-
l’utérus avec antéversion de celui-ci permet la mise en tension toires sont discordants [19, 22, 23] (Fig. 1, 2). Lors de l’utilisa-
des lésions et leurs dissections. tion de 32 % dextran 70 ont été décrits de nombreux effets
Lorsque les différents organes sont intimement accolés, la secondaires à type d’ascites et d’œdème vulvaire [22].
dissection peut être dangereuse avec risque de perforation Noxytioline. La noxytioline a une action cytotoxique sur les
digestive. Dans tous les cas, l’adhésiolyse doit se faire le plus fibroblastes et antibactérienne. Actuellement, aucune preuve de
près possible de l’utérus pour protéger les viscères digestifs. son efficacité chez la femme dans la prévention des adhérences
et sur l’amélioration des taux de grossesse n’a été mise en
Adhérences épiploïques et digestives évidence par faute de preuve statistique [17, 24].
4 % icodextrine (Adept®). 4 % icodextrine est un polymère de
Les adhérences sont mises en tension par préhension douce glucose. Son absorption lente dans la cavité péritonéale fait que
du tube digestif. La section des brides est réalisée après dissec- sa durée de résidence dans la cavité est estimée à 4 jours. Son
tion et toujours proche de l’appareil génital. La libération des effet antiadhésiogène est dû à une hydroflottation prolongée.
adhérences épiploïques nécessite souvent un geste d’hémostase Actuellement, il n’existe pas une preuve évidente de son
associé. Le risque principal lors d’adhérences digestives est la efficacité dans la prévention des adhérences en chirurgie
plaie digestive. Lorsque les adhérences sont trop denses, il faut gynécologique faute d’effectif suffisant lors de son évalua-
savoir renoncer pour ne pas risquer une perforation digestive. tion [17, 25] (Fig. 2).

Techniques chirurgicales - Gynécologie 3


41-527 ¶ Chirurgie de la stérilité tubaire distale

Traitées Contrôle OR absorption au travers du péritoine. Son efficacité dans la


n/N n/N (IC 95 %) prévention des adhérences postopératoires a été démontrée mais
nécessite actuellement [2, 41, 42] confirmation sur des échan-
Dextran 73/110 68/100 0,93 (0,46-1,90) tillons plus importants (Fig. 2).
Sepracoat ® . L’acide hyaluronique est un polysaccharide
Icodextrine 10/27 4/26 3,24 (0,86-12,12) linéaire présent dans les fluides et les tissus biologiques, au
niveau des tissus conjonctifs. Son utilisation en chirurgie
Spraygel® 2/18 1/13 1,50 (0,12-18,54) gynécologique a actuellement montré une réduction unique-
ment sur les adhésions de novo mais sans efficacité sur la
0,1 0,2 0,5 1 2 5 10 prévention des récidives des adhérences [43].
Figure 2. Amélioration du score adhérentiel par les adjuvants. Actuellement, seuls Gore-Tex® et Seprafilm® semblent avoir
D’après [17, 18]. OR : odds ratio ; IC : intervalle de confiance. démontré une efficacité dans la prévention des adhérences
postopératoires en chirurgie gynécologique bénigne. D’autres
études seront nécessaires afin d’évaluer l’efficacité de Spraygel®
Traitées Contrôle OR et icodextrine dans la prévention des adhérences postopératoires
n/N n/N (IC 95 %) et dans l’amélioration des taux de grossesse.
Gore-Tex® D’autres molécules ont été étudiées chez l’animal et sont à
13/21 19/21 0,21 (0,05-0,87) évaluer dans l’espèce humaine. Il s’agit des agents bloqueurs des
De novo
canaux calciques, des stimulants gastro-intestinaux, des proges-
tatifs, la colchicine...
0,1 0,2 0,5 1 2 5 10
Figure 3. Effets sur l’incidence des adhésions par les barrières. Choix de la technique
D’après [17, 18]. OR : odds ratio ; IC : intervalle de confiance.
Laparotomie versus cœlioscopie
Historiquement, les premières adhésiolyses ont été effectuées
Traitées Contrôle Différence moyenne par laparotomie. Depuis l’avènement de la cœlioscopie et de la
59 68 faisabilité d’une adhésiolyse par cette technique, la laparotomie
Surface (mm²) (IC 95 %)
n’a gardé que des indications limitées et bien précises.
13,20 18,10 Le traitement des adhésions par cœlioscopie diminue le
Seprafilm® -5,50 (-10,09,-0,91)
risque d’adhésions postopératoires par rapport à une chirurgie
par laparotomie [44] . La cœlioscopie minimise la taille de
l’incision abdominale et de la plaie péritonéale, diminue le
-10 -5 0 5 10
risque de contact avec des corps étrangers tels que des compres-
Figure 4. Effet des barrières sur la prévention des adhésions. ses, la poudre et le talc des gants chirurgicaux, les fibres de
D’après [17, 18]. IC : intervalle de confiance. textile des champs opératoires. Elle réduit le risque de dessèche-
ment de la surface péritonéale en diminuant la fuite du liquide
péritonéal protecteur. Elle minimise les traumatismes tissulaires
Barrières solides. induits par les manipulations des viscères lors de la chirurgie
Gore-Tex® surgical barriere. Gore-Tex® est une barrière chirur- ouverte.
gicale à base de polytétrafluoroéthylène, non résorbable qui doit Cependant, la cœlioscopie réputée comme étant moins
être apposée sur la région lésée. Son inconvénient réside dans adhésiogène n’est pas un garant d’une absence d’effet délétère
le fait qu’une cœlioscopie est nécessaire pour son ablation. sur les tissus péritonéaux. En effet, de hautes pressions intra-
Actuellement, son efficacité a été démontrée dans la diminution abdominales induites par l’insufflation peuvent altérer les
des adhérences postopératoires sur des cicatrices de myomecto- cellules mésothéliales et induire une ischémie sous-séreuse. Un
mie par cœlioscopie [17, 18, 26-28] (Fig. 3). Son efficacité lors flux élevé de CO 2 peut diminuer l’humidité abdominale,
d’autres indications de chirurgie pelvienne de l’infertilité n’est conduisant à une hypothermie et à une altération des tissus
pas actuellement évaluée. péritonéaux [45].
Interceed®. Interceed® est une membrane de cellulose oxydée, En termes de fertilité, même si l’adhésiolyse par cœlioscopie
résorbable en 28 jours. Interceed ® s’applique sur les zones doit être préférée par rapport à la laparotomie, la cœlioscopie ne
d’intérêt et son humidification à l’aide de solution saline montre pas de supériorité par rapport à la laparotomie sur les
permet la constitution de cette barrière. L’efficacité d’Interceed® taux de grossesse [46-48].
est approuvée par de nombreux auteurs [29-34] et non retrouvée
par d’autres [35, 36]. Son efficacité est diminuée en présence de Utilisation du laser
saignements ; une bonne hémostase doit être réalisée avant sa
Le laser est largement utilisé comme outil de section et
pose. Une diminution de son efficacité peut être due à une
d’hémostase dans l’adhésiolyse. Actuellement, l’utilisation du
migration de la membrane après fermeture de la paroi abdomi-
laser dans cette indication ne montre pas de supériorité sur la
nale, ce qui expliquerait des résultats contradictoires.
prévention des récidives des adhérences [49-51], ni sur les taux de
Seprafilm®. Seprafilm® est une membrane résorbable compo-
grossesse [52].
sée de hyaluronate de sodium et de carboxy-méthyl-cellulose,
formant un gel au bout de 24-48 heures. Sa durée dans la cavité
péritonéale est estimée à 7 jours [37]. Aucun effet toxique n’a Résultats de l’adhésiolyse
actuellement été décrit avec l’utilisation de Seprafilm®. Ce film
doit être appliqué sur les zones lésées. Son efficacité a été Résultats sur la fertilité
démontrée sur la diminution des adhérences, de leur étendue et L’intérêt de l’adhésiolyse dans le traitement de l’infertilité
de leur sévérité après chirurgie pelvienne [38-40] (Fig. 4). tubo-ovarienne due à des adhérences périovariennes pose le
Gels. problème de son efficacité, notamment quand les risques de
Spraygel®. Spraygel® est un gel hydrique synthétique conte- récidives et de formations d’adhérences de novo sont
nant du polyéthylène glycol. La membrane est obtenue par omniprésents.
vaporisation de l’hydrogel et se moule à la surface de la zone Tulandi a montré l’intérêt d’une adhésiolyse chez les patien-
sur laquelle elle est appliquée. Elle forme alors une barrière tes infertiles dont les adhérences pelviennes étaient l’étiologie
absorbable, flexible et antiadhésive. Elle doit être appliquée sur majeure. Les taux de grossesse sont multipliés par trois chez les
les zones potentiellement adhésiogènes, ayant bénéficié d’un patientes traitées par rapport aux patientes non traitées.
traumatisme chirurgical. Son hydrolyse, qui se situe entre 5 et Après adhésiolyse, les taux de grossesses intra-utérines se
7 jours après son application, permet son élimination par situent aux alentours de 50 % [46, 53-56] (Tableau 3).

4 Techniques chirurgicales - Gynécologie


Chirurgie de la stérilité tubaire distale ¶ 41-527

Tableau 3. une corrélation entre les scores adhérentiels et les scores


Taux de grossesse après adhésiolyse. muqueux n’est pas toujours évidente [55, 65].
Nombre de cas GIU (%) GEU (%)
Lors d’adhérences liées à une maladie infectieuse utéroan-
nexielle où l’atteinte pelvienne fait suite à l’atteinte tubaire, une
Gomel, 1983 92 28,7 8,2 corrélation est démontrée entre les scores muqueux et les scores
Marana, 1995 92 63 5,4 adhérentiels [54, 66]. Lors de pelvis adhérentiel secondaire à une
Marana, 1999 24 50 infection utéroannexielle, une bonne adhésiolyse ne semble pas
Milingos, 2000 104 39,4 suffire pour restaurer une fertilité correcte et l’état de l’endosal-
Alborzi, 2003 90 40,2 pinx semble tout autant déterminant.
Lors d’adhérences secondaires à une endométriose sévère,
Popovic, 2005 104 39,4
l’endosalpinx est de bonne qualité et aucune corrélation n’est
GIU : grossesse intra-utérine ; GEU : grossesse extra-utérine. mise en évidence entre score adhérentiel et score muqueux [67].
Lors d’adhérences secondaires à une chirurgie abdomino-
pelvienne, il semble licite de penser que l’endosalpinx soit de
Tableau 4. bonne qualité et qu’une bonne adhésiolyse puisse restaurer les
Score tubaire coopératif français, établi par Mage, concernant la trompe rapports anatomiques et la fonctionnalité de la trompe.
la moins atteinte [11]. En dehors du pelvis gelé, tous les autres stades sont une
Aspect tubaire Aspect muqueuse Aspect paroi bonne indication d’adhésiolyse. Seule une adhésiolyse complète
ampullaire ampullaire et exhaustive conduit à une anatomie pelvienne normale et
HSG
HSG cœlioscopie permet ensuite l’étude des organes pelviens et un éventuel geste
Normal Plis normaux Normale chirurgical associé.
0 0 0
Obstruction partielle Diminution des plis Mince
Intérêt d’un « second look »
(phimosis)
Sur le résultat anatomique
2 5 5
De nombreux auteurs ont évalué l’intérêt d’une cœlioscopie
Obstruction totale Pas de pli Épaisse ou rigide
de second look afin de diminuer les récidives et les formations de
5 5 10 novo. La période optimale se situe entre 1 et 12 semaines [60,
68-70]. Lors de cette période, l’adhésiolyse est moins dangereuse,
Grade I : 2-5 ; grade II : 6-10 ; grade III : 11-15 ; grade IV : > 15 ; HSG :
hystérosalpingographie. moins hémorragique et plus efficace sur la réduction des scores
adhérentiels qu’une cœlioscopie de second look effectuée plus
tardivement.
Tableau 5.
Score muqueux établi suite à une salpingoscopie [64].
Sur la fertilité
I : plis normaux Si la cœlioscopie de second look montre un intérêt dans la
II : plis séparés, aplatis mais normaux (correspond à un stade I diminution du score adhérentiel, malgré la récidive et la
mais avec une trompe distendue) formation d’adhérences de novo, il est important d’évaluer son
III : adhésions focales entre les plis muqueux bien visualisés rôle dans l’amélioration de la fertilité.
IV : adhésions étendues entre les plis et/ou présence de larges zones Lors d’adhésiolyse, la cœlioscopie de second look effectuée
muqueuses aplaties précocement ou tardivement après une adhésiolyse première ne
V : perte totale des plis muqueux et du profil muqueux normal semble pas augmenter les taux de grossesse intra-utérine par
rapport à des patientes ne bénéficiant pas de cœlioscopie de
second look [56, 58].
La plupart des grossesses sont obtenues au décours de la
première année qui suit l’intervention avec un déclin du taux Conclusion
de fécondité les années suivantes [51, 57-59].
Les adhérences sont une cause d’infertilité et une complica-
Résultat anatomique tion de toute chirurgie pelvienne. L’adhésiolyse a fait preuve de
son efficacité en permettant des taux de grossesse proches de
Malgré une résection complète des adhérences, les taux de
50 % dans les infertilités induites par des adhérences pelvien-
reformation des adhérences se situent entre 50 et 92 % [60, 61]
nes. La prévention des adhérences postopératoires repose sur des
avec des adhérences de novo entre 10 et 50 % [46, 60, 62]. Au
précautions minutieuses à prendre pendant l’intervention afin
niveau ovarien, après une première adhésiolyse, 80 % des
de minimiser les traumatismes péritonéaux et sur l’utilisation
adhésions sont reformées et au niveau tubaire, 67 % des
d’adjuvants permettant une réduction des récidives et des
adhésions récidivent [60].
adhérences de novo.
Indications
Même si un stade adhérentiel sévère est associé à de faibles
taux de conception [46, 56], les taux de grossesse ne diffèrent pas
en cas de stade adhérentiel léger et modéré [47, 63], suggérant
“ Point fort
que les adhérences périannexielles ne sont pas les seules
responsables d’infertilité mais que l’état de la trompe et Adhésiolyse
notamment de l’endosalpinx semble aussi être déterminant Intérêt de l’adhésiolyse avec multiplication des taux de
dans le pronostic. L’état de la trompe est évaluable par le score grossesse par 3 par rapport à un groupe non traité.
tubaire suite aux constatations hystérosalpingographiques et
cœlioscopiques et l’état de l’endosalpinx par le score muqueux
établi suite aux constatations salpingoscopiques (Tableaux 4,
5) [64]. ■ Chirurgie de la trompe distale
Il semble important de différencier les adhérences postopéra-
toires, les adhérences secondaires à une endométriose et les Les obstructions tubaires représentent 40 à 50 % des étiolo-
adhérences pelviennes liées à une infection pelvigénitale, où gies d’infertilité féminine. Deux types de prise en charge
dans ces situations différentes, l’état de la trompe varie d’une permettent actuellement à ces patientes des chances de concep-
étiologie à l’autre. En effet, lors de pelvis souffrant d’adhérences, tion : l’assistance médicale à la procréation et la chirurgie

Techniques chirurgicales - Gynécologie 5


41-527 ¶ Chirurgie de la stérilité tubaire distale

tubaire distale. Celle-ci, dont l’objectif est la reconstitution


d’une trompe fonctionnelle, permet des taux de grossesse intra-
utérine aux alentours de 30 %. Durant ces vingt dernières
années, les techniques de microchirurgie distale de la trompe
ont laissé la place à la cœlioscopie thérapeutique. Une bonne
maîtrise des techniques chirurgicales de cœlioscopie est néces-
saire et permet une reconstitution d’un ostium et des rapports
tubo-ovariens. La reconstitution de cet ostium se conçoit
actuellement comme une technique complémentaire de la
fécondation in vitro.

Physiopathologie
La partie distale de la trompe composée de l’ampoule, du
pavillon, de l’ostium muqueux a un rôle primordial dans la
reproduction. Lors de l’ovulation, la trompe, normalement
mobile, permet au pavillon de coiffer l’ovaire et de capturer
l’ovocyte entouré du cumulus oophorus qui se retrouve alors
dans l’ostium tubaire. Un respect de l’anatomie tubo-ovarienne
et du rapport tubo-ovarien est indispensable. Lors de l’ovula-
tion, des mouvements répétés du pavillon permettent un
contact de l’ostium avec la surface ovarienne [71] . Après le
contact entre l’ovocyte et la muqueuse du pavillon, l’ovocyte
est transporté vers l’utérus à l’aide des mouvements ciliaires et
du péristaltisme tubaire. L’intégrité de l’ostium, le nombre de
cellules ciliées et la surface de la zone muqueuse au niveau
distal sont des éléments essentiels dans la fonction de captation
ovocytaire. Figure 5. Néosalpingostomie. Incision de la paroi de l’hydrosalpinx.
Les pathologies tubaires distales sont le fait d’infections
utéroannexielles et pelviennes.
• Chlamydia trachomatis est impliqué dans 60 à 75 % [72, 73]. Il Intervention
s’agit d’une bactérie à développement intracellulaire respon-
Après avoir effectué une adhésiolyse complète, un bilan
sable d’une réponse cellulaire immunoallergique locale où
tubaire (Tableau 4) [11] permet de définir un bilan d’opérabilité
interviennent les lymphocytes, des cytokines créant des
tubaire.
lésions de sclérose autoentretenue.
Les stades tubaires I et II peuvent bénéficier d’une chirurgie
• Neisseria gonorrhoeae est responsable d’un abrasement de
tubaire distale.
l’épithélium tubaire avec réaction inflammatoire atteignant
En ce qui concerne les stades III, la décision est prise en
jusqu’à la couche musculaire et prédisposant la trompe à une
fonction de l’état de l’endosalpinx évalué par salpingoscopie.
surinfection par des germes opportunistes aérobies et anaéro-
Les stades IV sont une contre-indication formelle de chirurgie
bies présents dans la sphère génitale [74].
tubaire distale, et il se discute dans ces cas particuliers une
• Le bacille de Koch, responsable de tuberculose génitale, est
indication de salpingectomie.
devenu une étiologie anecdotique dans les pays industrialisés.
La néosalpingostomie est réalisée en trois temps [16] :
Les autres étiologies d’obstruction tubaire sont représentées
• l’ouverture ;
par l’endométriose et les pathologies iatrogènes au premier rang
• l’incision ;
desquelles figurent les adhérences postopératoires et les lésions
• l’éversion.
dues à des traumatismes instrumentaux tubaires peropératoires.
Ouverture de la trompe (Fig. 5)
Description des lésions tubaires distales [75] L’extrémité distale de la trompe est maintenue par une
On distingue : préhension douce de la séreuse à environ 2 cm de l’extrémité
• les lésions ampullaires, les plus fréquentes : tubaire. Une distension de l’extrémité est réalisée par injection
de bleu de méthylène. L’ancien orifice siège habituellement
C la salpingite aiguë, catarrhale ou suppurée ;
.

dans une zone avasculaire à paroi fine et ressemble souvent à


.

C la salpingite chronique dans sa forme sclérocicatricielle


une cicatrice étoilée blanchâtre.
correspondant à l’hydrosalpinx ;
Un petit pertuis avec passage faible de bleu est parfois
C ou sous forme scléroévolutive ; visualisé.
• les lésions pavillonnaires : elles sont l’expression externe des L’augmentation de pression induite par l’injection de bleu de
lésions décrites intra-ampullaires, avec une réaction périto- méthylène peut parfois suffire à générer une rupture de la paroi
néale adhérentielle. tubaire à l’endroit le plus fragile, correspondant à l’ancien
Cinq stades sont décrits [75] : ostium tubaire.
• accolement limité de quelques franges ; En l’absence de réouverture, une pince atraumatique est
• agglutination par coalescence des franges rétractées ; introduite dans l’ancien orifice et retirée après ouverture douce
• symphyse des franges et invagination sous-séreuse correspon- des mors permettant un écartement des berges de l’orifice.
dant au phimosis vrai ; L’écoulement du bleu de méthylène et l’affaissement des parois
• sténose ostiale ; de la trompe témoignent de l’ouverture de l’obturation tubaire.
• obturation complète avec recouvrement péritonéal complet.
Incision (Fig. 6)

Salpingostomie par cœlioscopie .


L’orifice peut être agrandi à l’aide des ciseaux froids prolon-
geant l’orifice dans le mur tubaire. L’incision doit concerner
toute l’épaisseur de la paroi et non pas seulement la séreuse. Elle
Définitions .
peut être aussi élargie par tractions divergentes de deux pinces
La néosalpingostomie terminale consiste en la réalisation atraumatiques saisissant les berges de l’orifice. La traction
d’un ostium tubare de novo au niveau de la zone de l’ancien divergente des pinces écarte les franges pavillonnaires. Le geste
orifice. est répété trois à quatre fois de façon à réaliser trois à quatre

6 Techniques chirurgicales - Gynécologie


Chirurgie de la stérilité tubaire distale ¶ 41-527

Figure 6. Néosalpingostomie. Ouverture du néo-ostium par écarte- Figure 7. Néosalpingostomie. Maintien de l’éversion par suture de la
ment des franges. séreuse.

franges pavillonnaires. La première traction a lieu en direction


de l’ovaire afin de reconstituer la frange de Richard.
Les franges pavillonnaires sont générées à partir de zone de
fragilité et de fibrose et donc peu vascularisées. Ces tractions
sont responsables de peu de saignement. Si un saignement
apparaît malgré tout, l’hémostase sera réalisée à l’aide de la
pince bipolaire électrocoagulante avec un courant de faible
intensité afin de minimiser les dommages tissulaires. Un nouvel
orifice est ainsi créé avec un diamètre d’environ 12 mm se
rapprochant le plus possible d’un diamètre normal.
Un ostium nouvellement créé permet la réalisation à ce stade
d’une salpingoscopie. L’évaluation de la muqueuse se fera
quelques instants après l’ouverture, afin de laisser le temps à la
muqueuse de retrouver un aspect normal. En effet, un change-
ment d’aspect de la surface de l’endosalpinx se produit lorsque
la pression exercée sur la paroi chute après ouverture de
l’hydrosalpinx. Elle permet d’établir un score muqueux, selon
les critères décrits dans le Tableau 5 [64]. Elle permet d’établir un
pronostic sur les chances de grossesse postnéosalpingostomie,
réalisée pour les stades tubaires I et II.
Pour les stades III tubaires, elle est une aide supplémentaire à
la décision thérapeutique. Une altération sévère de la muqueuse
correspondant à des stades III, IV ou V est associée à un
mauvais pronostic sur les chances de grossesse et contre-
indique une néosalpingostomie.
Éversion (Fig. 7)
Le pavillon est éversé par traction divergente de la muqueuse
Figure 8. Fimbrioplastie. Écartement des mors de la pince après intro-
et des franges pavillonnaires à l’aide d’une pince atraumatique.
duction dans l’ostium.
Un maintien de l’éversion est réalisé à l’aide d’une suture des
franges avec la séreuse tubaire au Vicryl 7/0.
Cinq ou six points sont nécessaires au maintien de l’éversion. La fimbrioplastie consiste alors à les sectionner ou réséquer à
Une injection transcervicale de bleu de méthylène est réalisée l’aide de ciseaux fins.
en fin d’intervention afin de contrôler une bonne reperméabi- Si les franges muqueuses du pavillon sont agglutinées, il suffit
lisation tubaire. .
le plus souvent de dilater la sténose en introduisant la pince
fine atraumatique, les mors fermés, puis d’ouvrir ces derniers
Fimbrioplastie doucement (Fig. 8).
Si cela ne suffit pas, les bandes de tissus sclérosés seront
Définitions incisées aux ciseaux. Parfois une éversion du pavillon est
nécessaire en créant un anneau séreux péripavillonnaire par
La fimbrioplastie consiste en la réfection de l’anatomie suture à l’aide de fils monobrins.
normale du pavillon à partir de l’ancien ostium tubaire à À la fin de l’intervention, le moindre saignement doit être
lumière diminuée. contrôlé grâce à une irrigation péritonéale soigneuse à l’aide de
sérum chaud. S’il s’agit d’une petite hémorragie, le pavillon sera
Technique cœlioscopique immergé tout entier dans le sérum chaud pendant quelques
Après section des adhérences, le phimosis tubaire devient minutes, permettant le plus souvent un arrêt du saignement.
ainsi accessible à la vision. Sinon, il faut réaliser une coagulation élective à l’aide de la fine
.
Une pince fine atraumatique est introduite dans la trompe électrode monopolaire.
via un trocart controlatéral en l’ouvrant doucement ; les Enfin une épreuve au bleu termine l’intervention afin de
adhérences et brides du pavillon peuvent être exposées. contrôler la perméabilité tubaire retrouvée.

Techniques chirurgicales - Gynécologie 7


41-527 ¶ Chirurgie de la stérilité tubaire distale

Tableau 6. Tableau 7.
Taux de grossesse après néosalpingostomie par cœlioscopie. Taux de grossesse après fimbrioplastie par cœlioscopie.
Nombre de cas GIU (%) GEU (%) Auteurs Nombre de GIU (%) GEU (%)
patientes
Dubuisson, 1990 34 29,4 3
McComb, 1991 22 22,7 5 Dubuisson, 1990 31 25,8
Canis, 1991 87 33 6,9 Larue, 1991 11 40
Eyraud, 1993 24 16,7 8,33 Eyraud, 1993 44 35,7
Dugli, 1994 113 13 5,3
Dequesne, 1994 63 64 5
Marana, 1995 26 27 3,8
Filippini, 1996 33 32,5 4,8
Dubuisson, 1994 30 32 4,9
Fillipini, 1996 104 26,4 4,4 Kasia, 1997 53 33,3 4
Kasia, 1997 86 10 5,8 Audebert, 1998 35 51,4
Dunphy, 1997 44 18 4,5 GIU : grossesse intra-utérine ; GEU : grossesse extra-utérine.
GIU : grossesse intra-utérine ; GEU : grossesse extra-utérine.

Tableau 8.
Résultats en fonction du score tubaire après néosalpingostomie.
Traitements adjuvants
Stade I Stade II Stade III Stade IV
Les traitements adjuvants, dont l’objectif est de diminuer les
adhérences postopératoires, ont été traités dans le chapitre Dubuisson, 1994 GIU (%) 60 51 12 0
précédent. GEU (%) 0 7 6 4
Les hydrotubations en postopératoires précoces et tardifs avec
Canis, 1991 GIU (%) 50 32 8 0
corticoïdes n’ont pas montré une amélioration des résultats en
termes de taux de grossesse intra-utérine et extra-utérine, de GEU (%) 0 13 8 0
même que l’utilisation de prothèses tubaires [76]. GIU : grossesse intra-utérine ; GEU : grossesse extra-utérine.

Résultats
paroi difficilement manipulable. La trompe a non seulement
Résultats anatomiques perdu son rôle de transporteur de l’ovocyte, mais l’altération
sévère du pavillon et de la muqueuse ostiale ne lui permet plus
La perméabilité tubaire est le reflet de l’aspect purement de capter l’ovocyte, expliquant le faible taux de grossesses aussi
technique de la réussite de l’intervention. bien intra-utérine qu’extra-utérine. En effet, malgré des taux de
Affirmée par hystérosalpingographie ou par cœlioscopie, 70 à reperméabilisation aux alentours de 70 % dans les stades IV
85 % des trompes ont retrouvé une perméabilité, tous stades tubaires, peu de grossesses sont observées.
tubaires confondus. Dans les stades tubaires I et II, les résultats La majorité des grossesses intra-utérines ont lieu au cours de
attendus se situent aux environs de 90-100 % [77, 78]. Les taux la première année avec une chute de la probabilité de concep-
de reperméabilisation sont d’autant meilleurs que le score tion au fur et à mesure que l’on s’éloigne de l’intervention [85,
tubaire l’était en peropératoire. Les taux de réobstruction 86, 88]. Les taux cumulés de grossesse intra-utérine à 1 an se
complète avoisinent les 4 %. La reprise chirurgicale des réobs- situent aux alentours de 25 % [79, 85].
tructions montre de mauvais résultats avec des taux de grossesse
inférieurs à 10 % [79-81].
L’intérêt d’un contrôle postopératoire, par hystérographie ou
Choix de la technique
par cœlioscopie, est discutable. En effet, les taux de reperméa-
Cœlioscopie versus microchirurgie
bilisation sont excellents [82] et malgré une perméabilité tubaire
correcte, les chances de grossesse intra-utérine ne sont pas
par laparotomie
identiques à une population de patientes à trompes saines. Les La réparation de la partie distale de la trompe s’est pendant
études histologiques de parois tubaires à distance d’une reper- longtemps réalisée grâce aux techniques de microchirurgie par
méabilisation retrouvent une déciliation persistante au niveau laparotomie.
de l’épithélium tubaire [83], confirmant le caractère chronique et Les techniques de microchirurgie tubaire obtiennent des
irréversible des lésions cellulaires. La restitution de la perméabi- résultats similaires avec 17 à 37 % de grossesses intra-utérines et
lité tubaire est nécessaire mais pas suffisante dans le traitement de 0 à 18 % de grossesses extra-utérines [10, 57, 93-99] lors de
des obstructions tubaires. néosalpingostomie.
Pour la fimbrioplastie, les résultats observés par microchirur-
Résultats sur la fertilité [84] gie sont aux alentours de 35 à 53 % de grossesses intra-utérines
Néosalpingostomie et fimbrioplastie sont souvent assimilées et de 4 à 14 % de grossesses extra-utérines.
et il est parfois difficile d’appréhender les résultats de l’une ou Quelle que soit la technique, cœlioscopie ou microchirurgie,
l’autre prise en charge chirurgicale. les résultats sont similaires [86, 100] et, actuellement, une
Les taux de grossesse pour la néosalpingostomie sont situés fimbrioplastie ou une néosalpingostomie par microchirurgie ne
entre 10 et 33 % [54, 72, 78, 79, 85-89] et pour la fimbrioplastie doivent se réaliser que dans certaines indications limitées
entre 20 et 60 % [72, 85, 87, 88, 90-92] (Tableaux 6, 7). (contre-indications à la cœlioscopie, geste chirurgical associé
Les résultats de la chirurgie tubaire distale sont bien corrélés imposant une laparotomie...).
au score tubaire déterminé par les conclusions de l’hystérogra- Bien qu’une bonne maîtrise et un long apprentissage des
phie et de la cœlioscopie (Tableau 8). techniques de néosalpingostomie et de fimbrioplastie par
Les grades I et II sont une excellente indication de cœlioscopie soient nécessaires, elles doivent supplanter la
néosalpingostomie. microchirurgie tubaire.
Les stades III tubaires sont associés à des taux de grossesse
intra-utérine entre 0 et 10 % avec des taux de grossesse extra-
Apport du laser
utérine identiques [72, 86, 87]. L’incision, l’ouverture peuvent être réalisées à l’aide des
Face à un stade IV, les chances de grossesses intra-utérine et instruments classiques, des instruments d’électrochirurgie et du
extra-utérine sont inférieures à 5 %. Il s’agit dans la plupart des laser.
cas d’hydrosalpinx à parois épaisses et rigides. Le caractère rigide Le laser CO2 focalisé est un outil de section nette et précise,
rend la néosalpingostomie techniquement difficile avec une induisant une séparation des cellules par échauffement de la

8 Techniques chirurgicales - Gynécologie


Chirurgie de la stérilité tubaire distale ¶ 41-527

phase aqueuse intracellulaire. Il permet une coagulation thermi- propage de façon ascendante, l’atteinte pelvienne fait suite à
que des petits vaisseaux de moins de 0,5 mm de diamètre, l’atteinte tubaire et explique la présence d’adhérences intra- et
diminuant les saignements peropératoires, ce qui le rend très extratubaires.
intéressant dans la néosalpingostomie par cœliochirurgie. Après En effet, lors d’adhérences pelviennes secondaires à une
section par laser, la cicatrisation est minime et rapide [101]. Les maladie infectieuse utéroannexielle, une corrélation entre ces
lésions tissulaires induites par le laser se situent dans une zone différents scores a été mise en évidence [54, 66].
située à 1 mm en périphérie de la cible [102]. Le laser semble Lors d’endométriose pelvienne, qui peut être responsable
responsable d’altérations des cellules ciliées [103, 104], de fibrose d’adhérences majeures, la salpingoscopie retrouve la plupart du
tissulaire et de nécrose de la muqueuse tubaire [105] . Pour temps un endosalpinx sain [67].
diminuer la conduction de la chaleur aux alentours de la cible
tissulaire et atténuer les dommages cellulaires, il est nécessaire de Fimbrioscopie
diminuer le temps d’exposition et la puissance de tir. Cependant La fimbrioscopie consiste en l’examen de la muqueuse du
malgré les effets délétères induits par le laser, les taux de pavillon après salpingostomie à l’aide d’un agrandissement de
grossesse intra-utérine sont similaires lorsque l’ouverture de la celui-ci au travers du cœlioscope. Cette technique est plus
trompe est réalisée par laser ou instruments classiques [98, 101]. aisément réalisable qu’une salpingoscopie au décours de
Le maintien de l’éversion peut être réalisé par coagulation de l’intervention.
la séreuse à l’aide des instruments d’électrochirurgie et du laser L’examen du pavillon a permis d’établir un score aussi
ou par une suture de la séreuse. Les taux de grossesse sont performant que le score tubaire dans le pronostic chirurgical sur
similaires quelle que soit la technique utilisée [98, 106]. le taux de grossesse [84]. Malheureusement, une corrélation n’est
Cependant, des difficultés techniques sont rencontrées lors du pas toujours évidente entre les données de la fimbrioscopie et
maintien de l’éversion par le laser en cas d’hydrosalpinx à les données de la salpingoscopie [65].
parois épaisses, et le recours à une suture de l’éversion semble
plus judicieux. Biopsie muqueuse
Les études histologiques de parois d’hydrosalpinx retrouvent
Critères pronostiques une déciliation importante au niveau de l’épithélium pavillon-
Différents éléments identifiables au cours du bilan pelvien naire et ampullaire [83, 111], avec diminution quantitative et
peropératoire ont été décrits comme associés à un mauvais qualitative des cils par cellule et une diminution de la fréquence
pronostic sur les taux de grossesse. du battement ciliaire des cellules ciliées. Le degré de déciliation
Ces éléments sont les suivants : semble corrélé aux capacités de capture ovocytaire par le
• une paroi rigide, épaisse et fibrosée de l’hydrosalpinx [107, 108] ; pavillon [111] et au diamètre du salpinx [111]. La paroi est le siège
• la taille de l’hydrosalpinx, avec un diamètre au-delà de d’un œdème muqueux, d’un envahissement par les cellules
2 cm [108, 109]. Cependant, la dilatation d’un hydrosalpinx est plasmatiques, d’une atrophie muqueuse avec fibrose tissulaire,
permise du fait d’une certaine élasticité de la paroi tubaire. Il d’une diminution de la vascularisation et d’une diminution des
semble important de noter qu’un hydrosalpinx peu dilaté à récepteurs aux hormones stéroïdiennes.
paroi rigide soit de moins bon pronostic qu’un hydrosalpinx Les études en microscopie électronique à balayage montrent
très dilaté associé à une paroi encore souple et peu fibrosée ; une corrélation positive entre déciliation et dysfonction
• la présence d’adhérences épaisses, denses et vasculaires [105]. tubaire [112].
Par ailleurs, pour les stades adhérentiels léger et moyen, Malheureusement, cette technique n’est pas applicable en
aucune corrélation n’existe entre les différents stades et les pratique courante, et les résultats dépendent du site de biopsie.
chances de conception [72, 87, 88, 96, 110] ; En pratique courante, seules les observations macroscopiques
guident la prise en charge.
• une diminution des plis muqueux ;
• la présence d’adhérences intraluminales [55] permettant de
distinguer les hydrosalpinx follicularis des hydrosalpinx Conduite à tenir devant une pathologie
simplex ; tubaire distale (Fig. 9)
• la présence de plus de 50 % de surface muqueuse
atteinte [108] ; Après stadification des trompes et de l’état de l’endosalpinx
• la présence d’adhérences périhépatiques [109] ; à l’aide des scores tubaires et muqueux, les patientes éligibles à
• le caractère bilatéral des lésions [79]. une chirurgie réparatrice sont les patientes dont le score tubaire
Le délai de prise en charge, en rapport avec la chronicité de correspond à un stade I ou II et les stades tubaires III avec un
la pathologie, est souvent cité comme facteur aggravant bien score muqueux I ou II.
qu’aucune étude n’ait pu mettre en évidence cette notion de Les patientes dont la trompe correspond à un stade tubaire III
délai. Ce critère est extrêmement difficile à évaluer compte tenu et un stade muqueux III, IV et V et les patientes avec un stade
du caractère asymptomatique des infections utéroannexielles. tubaire IV constituent une contre-indication à toute chirurgie
réparatrice. La patiente doit bénéficier d’une prise en charge par
fécondation in vitro. Dans ce cadre-là, une salpingectomie [113]
Autres moyens diagnostiques est réalisée afin d’éradiquer l’environnement inflammatoire et
d’augmenter les chances d’implantation en fécondation in vitro.
Apport de la salpingoscopie
La salpingoscopie permet l’étude et l’évaluation de l’état de
l’endosalpinx, aboutissant à un score muqueux (Tableau 5) [64]. ■ Place de la chirurgie dans la prise
L’état de la muqueuse et la présence d’adhérences intralumina- en charge d’une infertilité tubaire
les semblent être déterminants dans le pronostic tubaire postopé-
ratoire. Une diminution nette du taux de grossesse est observée La fécondation in vitro a été initialement décrite et proposée
au fur et à mesure que le score augmente, avec une différence pour des femmes présentant une stérilité d’origine tubaire.
nette entre les stades I et II et les stades III, IV et V sur les En ce qui concerne la stérilité tubaire distale, la fécondation
chances de grossesse après chirurgie tubaire distale [54, 55, 65]. in vitro reste bien sûr indiquée en cas de contre-indication à la
Ce score, tenant compte de la pathologie intratubaire, n’est chirurgie et devant des lésions tubaires inopérables qui sont,
pas toujours corrélé au score tubaire et encore moins au score rappelons-le :
adhérentiel. En effet, lors d’adhérences pelviennes induites par • tuberculose génitale ;
une affection autre qu’une infection génitale, comme par une • lésions tubaires bifocales ;
péritonite appendiculaire ou sigmoïdienne, le pelvis peut être • hydrosalpinx sévère ;
atteint et adhérentiel mais la trompe libre de toute adhésion • score tubaire supérieur à III ;
intraluminale. Dans les infections pelvigénitales, où l’atteinte se • score muqueux de grade IV-V ;

Techniques chirurgicales - Gynécologie 9


41-527 ¶ Chirurgie de la stérilité tubaire distale

% grossesses
cumulées
Stade adhérentiel
60

40 Chirurgie + FIV
Stade adhérentiel Pelvis gelé
léger à modéré
30 Chirurgie seule

Score tubaire
12 24 mois
Figure 10. Taux de grossesse lors d’une prise en charge par cœlioscopie
puis par fécondation in vitro (FIV).
I II III IV

patientes non enceintes pendant ces 6 premiers mois ont


Score muqueux bénéficié d’une fécondation in vitro et le taux cumulé de
grossesse s’élève à 65 % au bout de 12 mois.
Il serait intéressant de comparer la prise en charge par
chirurgie + fécondation in vitro versus chirurgie seule ou
I et II III et IV Salpingectomie fécondation in vitro seule avec un délai de 1 an qui semble être
le délai au-delà duquel le taux de grossesse semble stagner.
Comme l’avait montré Audibert lors d’une prise en charge
par microchirurgie puis par fécondation in vitro avec un délai
Chirurgie tubaire
distale
de 1 an entre les deux prises, une prise en charge par cœliosco-
pie puis par fécondation in vitro en l’absence de grossesse dans
l’année qui suit la chirurgie permettrait une potentialisation des
chances de grossesse (Fig. 10).
Grossesse Délai de 12 mois FIV
sans grossesse
■ Conclusion
Figure 9. Arbre décisionnel. Conduite à tenir en cœlioscopie. FIV :
fécondation in vitro.
La pathologie tubaire distale regroupe toutes les atteintes
tubaires, péritubaires et endotubaires distales. Le traitement
chirurgical s’adresse à des patientes rigoureusement choisies à
partir des données hystérographiques et cœlioscopiques,

“ Point fort
évaluant l’état de la trompe et notamment de la muqueuse
tubaire. Le traitement chirurgical consiste en une adhésiolyse
complète et une restauration de l’ostium tubaire et des rapports
tubo-ovariens. Après chirurgie réparatrice, la majorité des
Contre-indications à une chirurgie tubaire distale
grossesses ont lieu dans les douze premiers mois. Les patientes
reconstructrice
dont l’état tubaire contre – indique un geste chirurgical répara-
Préopératoires : teur et les patientes non enceinte un an après chirurgie doivent
• autre cause d’infertilité associée féminine ou bénéficier d’une prise en charge par assistance médicale à la
masculine ; procréation. La chirurgie tubaire distale s’inscrit au sein d’une
• tuberculose génitale ; alternative thérapeutique, complémentaire de la fécondation in
• salpingite au stade aigu ; vitro et son objectif est de potentialiser les résultats de la
• atteinte tubaire bifocale. fécondation in vitro lorsqu’une grossesse n’est pas observée.
Peropératoires : .

• pelvis gelé ;
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lesions and fertility in hydrosalpinges. Hum Reprod 1995;10:1075-8. Rev 2004(3) (CD002125).

C. Dechanet, Interne (clodechanet@caramail.fr).


A. Flandrin, Interne.
L. Reyftmann, Praticien hospitalier.
S. Hamamah, Professeur des Universités, praticien hospitalier.
B. Hedon, Professeur des Universités, praticien hospitalier.
H. Dechaud, Professeur des Universités, praticien hospitalier.
Service de médecine et biologie de la reproduction, Hôpital Arnaud de Villeneuve, 371, rue du Doyen-Gaston-Giraud, 34295 Montpellier cedex 5, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Dechanet C., Flandrin A., Reyftmann L., Hamamah S., Hedon B., Dechaud H. Chirurgie de la stérilité
tubaire distale. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris), Techniques chirurgicales - Gynécologie, 41-527, 2007.

Disponibles sur www.emc-consulte.com


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Techniques chirurgicales - Gynécologie 13


41-555
Encyclopédie Médico-Chirurgicale 41-555

Chirurgie des tumeurs épithéliales


malignes de l’ovaire
D Castaigne
P Morice

Résumé. – Les tumeurs épithéliales malignes invasives de l’ovaire sont des tumeurs de mauvais pronostic. La
chirurgie est le temps essentiel du bilan d’extension et du traitement de ces tumeurs. Quel que soit le stade,
elle doit comporter au minimum une cytologie péritonéale, une hystérectomie avec annexectomie bilatérale,
une omentectomie, une lymphadénectomie pelvienne et lomboaortique, une appendicectomie et des
prélèvements péritonéaux multiples. Dans les stades I, chez les femmes jeunes désireuses d’une grossesse, on
peut proposer une conservation de l’utérus et de l’ovaire controlatéral. Dans les stades II et III, la stratégie
thérapeutique associe une chirurgie première et une chimiothérapie systématique. La chirurgie radicale,
comportant l’exérèse du maximum de nodules de carcinose visibles, avec, si nécessaire, des résections
digestives, est dans ces cas indispensable, la taille du reliquat tumoral en fin d’intervention étant le facteur
pronostique le plus important. Dans les stades avancés, cette chirurgie peut être précédée d’une
chimiothérapie néoadjuvante (trois à quatre cycles) afin de réduire les volumes tumoraux et donc
l’importance des gestes d’exérèse. Cette attitude est en cours d’évaluation.
Les tumeurs de l’ovaire à la limite de la malignité sont de bon pronostic quel qu’en soit le stade. La chirurgie
peut très souvent être conservatrice, en particulier chez la femme jeune.
© 2001 Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS. Tous droits réservés.

Mots-clés : cancers épithéliaux de l’ovaire, chirurgie d’exérèse tumorale, reliquat tumoral,


lymphadénectomie lomboaortique, chirurgie conservatrice.

Introduction – elle permet, et elle seule, de faire le diagnostic histologique grâce


à des prélèvements sur la tumeur ovarienne ou sur les sites
métastatiques ;
Bien que leur fréquence soit en constante augmentation depuis
25 ans, les cancers de l’ovaire représentent seulement 4 % des – elle permet de faire un bilan d’extension tumorale fiable grâce à
cancers de la femme. Ils sont, en revanche, la première cause de un inventaire précis des lésions, tant au niveau pelvien
qu’abdominal ; elle permet donc de définir le stade d’extension ;
mortalité par cancer gynécologique (sein exclu).
On peut distinguer deux grands groupes selon l’histologie de la – elle permet une exérèse tumorale satisfaisante qui doit d’emblée
être la plus complète possible ; de la qualité de cette exérèse dépend
tumeur, les tumeurs épithéliales (tumeurs malignes et tumeurs à la
l’efficacité des thérapeutiques adjuvantes et en conséquence
limite de la malignité) et les tumeurs non épithéliales. Le pronostic
l’augmentation du taux de survie.
de ces tumeurs non épithéliales est meilleur que celui des tumeurs
épithéliales invasives. Leur traitement chirurgical est en règle La chirurgie des cancers de l’ovaire comporte donc deux temps :
conservateur. – le premier temps consiste à faire un bilan lésionnel ;
– le deuxième temps est celui de l’exérèse tumorale.

Tumeurs épithéliales invasives ¶ Voie d’abord


En cas de tumeur de l’ovaire suspecte ou probablement maligne (sur
CHIRURGIE INITIALE la triade : clinique, marqueurs et échographie) mais a priori limitée
à l’ovaire, une exploration cœliochirurgicale, voire un traitement
Le traitement des adénocarcinomes de l’ovaire comporte une laparoscopique pur, peut être réalisé. Les modalités de l’intervention
approche pluridisciplinaire associant chirurgie et chimiothérapie. La par voie d’abord cœlioscopique sont développées (cf infra).
chirurgie doit impérativement être la première étape thérapeutique En cas de tumeur maligne évidente (ou après avoir trouvé une
et ceci pour trois raisons : tumeur maligne lors d’une cœlioscopie), la voie d’abord de référence
est la laparotomie médiane sous-ombilicale prolongée à la demande
au-dessus de l’ombilic (fig 1). L’incision transversale sus-pubienne
Damienne Castaigne : Chef de service. de Pfannenstiel à visée esthétique doit donc en principe être
Philippe Morice : Assistant.
Service de chirurgie gynécologique, institut Gustave Roussy, 39, rue Camille-Desmoulins, 94805 Villejuif,
proscrite car elle ne permet pas un jour suffisant pour pouvoir
France. réaliser les différents gestes d’exérèse nécessaires.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Castaigne D et Morice P. Chirurgie des tumeurs épithéliales malignes de l’ovaire. Encycl Méd Chir (Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS, Paris, tous droits réservés),
Techniques chirurgicales – Gynécologie, 41-555, 2001, 18 p.
41-555 Chirurgie des tumeurs épithéliales malignes de l’ovaire Techniques chirurgicales

Le diagnostic est confirmé par un examen histologique peropératoire


extemporané. Néanmoins, l’interprétation de cet examen n’est pas
toujours facile et dépend de l’expérience du pathologiste et de la
taille des échantillons envoyés à l’analyse. On ne peut donc
concevoir son utilisation qu’à condition de ne tenir compte que des
résultats formellement positifs.

¶ Bilan lésionnel
S’il existe une ascite, elle est prélevée d’emblée. Sinon, un lavage
péritonéal est effectué à la recherche d’une dissémination toujours
possible (20 % de cytologies positives dans les stades I et II). La
diffusion du cancer de l’ovaire est avant tout intrapéritonéale mais
aussi ganglionnaire rétropéritonéale. Le premier temps de
l’intervention consiste donc à apprécier la diffusion de la maladie.
Tous les éléments de l’abdomen et du pelvis sont examinés : ovaires,
Opérateur utérus, trompes, viscères, péritoine des gouttières pariétocoliques et
des coupoles diaphragmatiques, grand épiploon, foie, rate et chaînes
ganglionnaires rétropéritonéales. L’absence d’adénomégalie lors de
la palpation ne permettant pas d’éliminer une atteinte ganglionnaire,
une lymphadénectomie pelvienne et lomboaortique systématique est
réalisée. L’extension de la tumeur est très soigneusement précisée
dans le compte rendu opératoire.
En l’absence d’envahissement visible ou palpable, des biopsies
péritonéales systématiques sont effectuées au niveau du cul-de-sac
de Douglas, du cul-de-sac vésico-utérin, des gouttières
pariétocoliques et de la coupole diaphragmatique droite (fig 2). Le
taux de métastases microscopiques constaté sur ces biopsies
péritonéales systématiques avoisine 10 % dans les stades I et II [15].
La méconnaissance de ces envahissements infracliniques entraîne
donc une sous-évaluation du stade d’extension tumorale.
1 Incision médiane sous- et sus-ombilicale.
Au terme de ce bilan lésionnel et après confirmation histologique
des prélèvements systématiques ou non, il est possible d’établir le

*
A *
B
2 A. Biopsies péritonéales systématiques : cul-de-sac de Douglas, péritoine vésical, gouttières pariétocoliques.
B. Biopsies péritonéales systématiques : coupole diaphragmatique droite.

2
Techniques chirurgicales Chirurgie des tumeurs épithéliales malignes de l’ovaire 41-555

stade d’extension tumorale selon la classification de la Fédération


internationale de gynécologie-obstétrique (FIGO) (1987).

– Stade I : tumeur limitée aux ovaires.


– Stade Ia : tumeur unilatérale, capsule intacte, pas de tumeur
extériorisée en surface, pas d’ascite.
– Stade Ib : tumeur bilatérale, capsule intacte, pas de tumeur
extériorisée en surface, pas d’ascite.
– Stade Ic : tumeur au stade Ia ou Ib mais avec extériorisation de la
tumeur à la surface d’un ou des deux ovaires, ou rupture(s)
capsulaire(s) ou présence d’ascite classe IV ou lavage péritonéal
classe IV.
– Stade II : atteinte d’un ou des deux ovaires avec extension
pelvienne.
– Stade II a : extension et/ou métastase à l’utérus et/ou aux
trompes.
– Stade IIb : extension aux autres tissus pelviens.
– Stade IIc : tumeur au stade IIa ou IIb mais avec extériorisation de
la tumeur à la surface d’un ou des deux ovaires, ou rupture(s)
capsulaire(s) ou présence d’ascite classe IV ou lavage péritonéal
classe IV.
– Stade III : tumeur uni- ou bilatérale avec implants péritonéaux en
dehors du pelvis et/ou adénopathies rétropéritonéales ou
inguinales.
– Stade IIIa : atteinte microscopique des surfaces péritonéales
abdominales. Pas d’atteinte ganglionnaire.
– Stade IIIb : implants inférieurs à 2 cm de diamètre. Pas
d’atteinte ganglionnaire.
– Stade IIIc : implants supérieurs à 2 cm de diamètre et/ou
ganglion rétropéritonéal ou inguinal positif.
3 Hystérectomie totale extrafasciale avec annexectomie bilatérale : section des liga-
– Stade IV : métastase à distance, y compris intrahépatique. ments ronds ; section des pédicules lombo-ovariens.

Ce bilan lésionnel est fondamental pour la suite du traitement. Ceci


implique qu’en cas d’exérèse ou de bilan d’extension chirurgical
incomplet d’une tumeur épithéliale ovarienne maligne (par
cœlioscopie ou par incision de Pfannenstiel), une réintervention
pour stadification s’impose (cf infra).

¶ Exérèse tumorale
Le second temps de l’intervention est celui de l’exérèse tumorale.
Elle doit être impérativement la plus complète d’emblée, le facteur
pronostique principal des adénocarcinomes ovariens étant en effet
l’importance du volume tumoral résiduel après chirurgie initiale
[3, 16, 18, 20, 21, 26, 29]
.
L’expérience montre que, quelle que soit l’étendue des lésions, il est
presque toujours possible d’effectuer une résection tumorale
optimale (laissant en place des nodules ayant moins de 2 cm de
diamètre). Ce type de chirurgie est cependant difficile, nécessitant
une bonne expérience de la chirurgie pelvienne et de la chirurgie
digestive.
La nature des gestes à effectuer dépend bien évidemment des
constatations pré- et surtout peropératoires.

Chirurgie des stades limités (stades I et IIa)


L’acte chirurgical doit comprendre [48] :
– un lavage péritonéal en utilisant du sérum physiologique ;
– une hystérectomie totale avec annexectomie bilatérale en raison de
greffes métastatiques possibles sur la séreuse utérine ou l’endomètre,
de l’association d’un adénocarcinome simultané de l’endomètre
(20 % dans les formes endométrioïdes) [12] et de la bilatéralité
fréquente des lésions ovariennes (65 % dans les formes séreuses)
(fig 3 à 5) ;
– une omentectomie systématique après décollement coloépiploïque
emportant la partie flottante du grand épiploon ; les micrométastases
épiploïques sont en effet fréquentes (de 15 à 30 % dans les stades
initiaux selon les auteurs) (fig 6) ; 4 Incision du péritoine du cul-de-sac vésico-utérin.

3
41-555 Chirurgie des tumeurs épithéliales malignes de l’ovaire Techniques chirurgicales

7 Voies de drainage lymphatique de l’ovaire. 1. Précave ; 2. latérocave ; 3. promon-


toire ou présacré ; 4. iliaque externe ; 5. interaorticocave ; 6. préaortique ; 7. latéroaor-
5 Ligature et section des pédicules utérins.
tique ; 8. iliaque primitif.

– une appendicectomie systématique est souhaitable dans la mesure


où il a été décrit des cas de métastases appendiculaires (formes
mucineuses) ;
– une lymphadénectomie pelvienne et lomboaortique avec résection des
pédicules lombo-ovariens s’impose comme temps complémentaire
obligatoire, le taux d’envahissement ganglionnaire atteignant de 12 à
25 % dans les stades I et de 20 à 50 % dans les stades II (fig 7) [4, 8, 39] ;
en effet, les examens radiologiques (scanner) ou la palpation ne
permettent pas de définir avec fiabilité le statut ganglionnaire.

• Lymphadénectomie pelvienne
Elle commence par le repérage de l’uretère et son refoulement en
dedans (fig 8). On s’applique à ne pas le disséquer au plus près afin
de conserver ses attaches vasculaires avec le feuillet postérieur du
ligament large. Puis on ouvre la gaine vasculaire artérielle et
veineuse en regard de la bifurcation iliaque primitive. On enlève
progressivement d’arrière en avant les chaînes ganglionnaires
externes et moyennes du groupe iliaque externe en prenant contact
avec la veine en regard de la bifurcation de l’artère iliaque primitive.
On vérifie qu’il ne reste pas de ganglion au niveau de la région
rétrocrurale.
On réalise ensuite le curage de la chaîne interne en rasant le bord
inférieur de la veine iliaque externe et en allant jusqu’au contact du
muscle obturateur, les vaisseaux iliaques externes étant réclinés en
dehors par l’écarteur de Papin. Le nerf obturateur est découvert,
soit en avant, soit en arrière ; il marque la limite inférieure de la
dissection, les limites antérieures étant l’anneau crural et les limites
postérieures le confluent veineux iliaque primitif (fig 9).
On s’assure qu’il n’existe pas de ganglion résiduel sous la bifurcation
veineuse et en arrière de l’anneau crural.
Une ligature ou un gros clip assure la lymphostase en arrière de
l’arcade crurale.
• Lymphadénectomie lomboaortique
6 Omentectomie systématique de la partie flottante de l’épiploon utilisant la pince
mécanique ILDS. L’exposition du champ opératoire est obtenue par trois écarteurs
autostatiques :

4
Techniques chirurgicales Chirurgie des tumeurs épithéliales malignes de l’ovaire 41-555

9 Lymphadénectomie iliaque externe droite : prélèvement du groupe interne sous-


veineux : la valve de Papin récline en dehors l’artère et la veine iliaques externes.
La limite inférieure du curage est le nerf obturateur.
8 Lymphadénectomie iliaque externe droite : prélèvement des groupes externes
et moyens.
10 Exposition utilisant
– valve sus-pubienne en bas ou écarteur d’Olivier ; un écarteur d’Olivier en
– écarteur de Gosset latéralement ; haut et en bas, un écarteur
de Gosset latéralement.
– écarteur d’Olivier en haut qui permet une traction vers le haut
associée à un écartement réglable (fig 10).
Cette exposition permet ainsi d’éviter l’incision xiphopubienne ; il
suffit de prolonger l’incision médiane de deux ou trois travers de
doigt au-dessus de l’ombilic.
Premier temps : décollement colique droit (fig 11).
– L’incision péritonéale se situe dans le sillon que limite le côlon
droit d’une part et la paroi postérieure de l’abdomen d’autre part.
Elle contourne le cæcum et remonte le long du côlon ascendant
jusqu’au transverse, le premier aide attirant légèrement le côlon
droit vers lui ;
– le décollement du fascia de Toldt droit s’effectue au ciseau ou au
tampon monté. Il se fait de bas en haut et de dehors en dedans,
passant en avant du rein droit. Le décollement est poursuivi en
dedans jusqu’à la libération du genu inferius et de la troisième
portion du duodénum qui demeure fixée au plan postérieur (fig 12).
Deuxième temps : découverte de la veine cave inférieure. découvrir, sur la face gauche de la veine cave inférieure, l’aorte et la
– Le pédicule lombo-ovarien droit libéré de ses attaches est suivi de veine rénale gauche qui croise la face antérieure de l’aorte.
bas en haut. Il est séparé de l’uretère qui est refoulé en dehors. On – La libération complète de la veine rénale gauche permet son
aboutit ainsi à l’abouchement de la veine ovarienne dans la veine contrôle. Le bord inférieur de la veine rénale gauche correspond à la
cave inférieure, la veine ovarienne droite est alors liée et sectionnée limite supérieure du curage. Le temps de décollement terminé, grêle
au contact de la veine cave inférieure. et côlon sont extériorisés, protégés par des champs humides et
Troisième temps : découverte de la veine rénale gauche (fig 13). maintenus par des valves de Leriche.
– Après avoir récliné par une valve de Leriche le côlon ascendant et Quatrième temps : prélèvement ganglionnaire latérocave droit, précave
l’angle droit, on retrouve le deuxième et le troisième duodénum. et inter-aortico-cave (fig 14).
– L’amorce du décollement du bloc duodénopancréatique est – Après ouverture de la gaine de la veine cave, on prélève le tissu
effectuée au ciseau de bas en haut sur 1 cm environ. Elle permet de celluloganglionnaire situé le long du bord droit de la veine cave et à

5
41-555 Chirurgie des tumeurs épithéliales malignes de l’ovaire Techniques chirurgicales

13 Après décollement du côlon droit et de la troisième portion du duodénum : les an-


ses sont réclinées et maintenues hors du champ opératoire par une valve de Leriche ;
dissection de la veine rénale gauche et de la terminaison de la veine ovarienne gauche.

11 Amorce du décollement colique droit. Incision du péritoine de la gouttière parié-


tocolique droite.

12 Après décollement du côlon droit et de la troisième portion du duodénum : l’ure- 14 Curage ganglionnaire latérocave droit et précave. Le tissu celluloganglionnaire si-
tère droit est visualisé sur tout son trajet ; la veine ovarienne droite est liée et sectionnée tué à la face antérieure et latérale droite de la veine cave est prélevé après ouverture de la
à 1 cm de la veine cave inférieure ; l’artère ovarienne droite est liée à son origine. gaine vasculaire.

6
Techniques chirurgicales Chirurgie des tumeurs épithéliales malignes de l’ovaire 41-555

16 Curage ganglionnaire préaortique et latéroaortique gauche. Après avoir repéré


et disséqué l’origine de l’artère mésentérique inférieure, les ganglions latéroaortiques
15 Curage ganglionnaire interaorticocave, en prenant garde aux pédicules lombai- sus-mésentériques sont prélevés après avoir ligaturé et sectionné l’artère ovarienne
res. gauche et lié et sectionné la veine lombaire gauche à 1 cm de son abouchement dans
la veine rénale gauche (l’uretère gauche étant récliné en dehors par une valve).
sa face antérieure. L’exérèse des ganglions interaorticocaves se fait
de bas en haut. Il est parfois nécessaire d’utiliser un écarteur de – Cette lame est en continuité avec les ganglions iliaques externes
Papin pour incliner les gros vaisseaux. La partie haute de cette lame déjà prélevés, en avant et en dehors de l’artère iliaque primitive.
contient la citerne de Pecquet ainsi que de nombreux lymphatiques – Les lymphadénectomies pelvienne et lomboaortique ainsi menées
et de volumineux ganglions. L’utilisation de clips métalliques permettent de réaliser l’exérèse de 35 à 40 ganglions en moyenne.
permet d’assurer une lymphostase correcte. – Des biopsies péritonéales systématiques sont ensuite pratiquées :
– La lame interaorticocave est ensuite séparée du plan postérieur chaque prélèvement péritonéal a une surface de 1 cm2 en moyenne.
qui est constitué par l’aponévrose prévertébrale. Il faut éviter de Il est recommandé de pratiquer trois prélèvements au niveau du
blesser les vaisseaux lombaires situés transversalement sur le plan péritoine de chaque gouttière pariétocolique, deux prélèvements au
postérieur (fig 15). niveau de la coupole diaphragmatique droite, deux prélèvements
Cinquième temps : exérèse des lames ganglionnaires préaortique et au niveau du péritoine pelvien prévésical ainsi qu’au niveau du
latéroaortique gauche (fig 16, 17). péritoine pelvien latéral et deux prélèvements au niveau du
péritoine du cul-de-sac de Douglas (10 % environ d’envahissement
– Après avoir découvert l’origine de l’artère mésentérique inférieure microscopique sont ainsi découverts) [15] (fig 20).
qui naît généralement 3 à 4 cm au-dessus de la bifurcation aortique
L’intervention se termine sans péritonisation après avoir mis en
sur le flanc gauche de l’aorte et disséqué ses trois premiers
place un drainage aspiratif pelvien et éventuellement
centimètres, la lymphadénectomie latéroaortique gauche intéresse
interaorticocave.
successivement les ganglions situés au-dessus de l’artère
mésentérique supérieure et ceux situés au-dessous de l’artère : elle La sonde vésicale est enlevée le premier ou deuxième jour
est réalisée après avoir libéré le bord gauche de l’aorte, lié et postopératoire.
sectionné l’artère ovarienne gauche, repéré et récliné en dehors Les drains aspiratifs sont retirés au cinquième jour postopératoire et
l’uretère gauche. Le plan postérieur est ici musculaire. une échographie abdominopelvienne est pratiquée entre le huitième
et dixième jour postopératoire (recherche d’une dilatation des cavités
– La veine ovarienne gauche est liée et sectionnée au ras de la veine
pyélocalicielles et/ou d’une collection).
rénale gauche et le pédicule lombo-ovarien gauche réséqué dans sa
totalité. • Complications de la chirurgie des stades limités
Sixième temps : exérèse des ganglions du promontoire (fig 18). Elles sont assez rares et sont essentiellement des complications de
– La lame celluloganglionnaire située sous la bifurcation aortique, toute hystérectomie totale avec annexectomie bilatérale (hémorragie
en avant du sacrum et de la bifurcation cave, est réséquée sans secondaire) et les complications plus spécifiques de la
difficulté. lymphadénectomie (lymphocèles).
Septième temps : lymphadénectomie iliaque primitive bilatérale Les complications peropératoires sont le plus souvent des plaies
(fig 19A, B). vasculaires qui peuvent intéresser la veine rénale gauche, la veine

7
41-555 Chirurgie des tumeurs épithéliales malignes de l’ovaire Techniques chirurgicales

17 Curage ganglionnaire latéroaortique gauche sous-mésentérique après avoir ré- 18 Exérèse des ganglions du promontoire.
cliné l’artère mésentérique inférieure par une valve de Papin (l’uretère gauche étant ré-
cliné par une valve). macroscopiquement complète est possible à condition d’utiliser un
abord pelvien sous-péritonéal pour réaliser une exérèse monobloc
cave ; ces plaies sont facilement contrôlées avec des ligatures emportant le péritoine pelvien, l’utérus, les annexes et la charnière
électives. En revanche, il ne faut pas méconnaître une plaie des rectosigmoïdienne (fig 21) [23]. Sous le cul-de-sac de Douglas, le
veines lombaires, qui peut être difficile à contrôler car elles se rectum est généralement sain et une anastomose colorectale est
rétractent rapidement. possible, parfois sous couvert d’une colostomie provisoire de proche
En postopératoire : amont.
– des hémorragies postopératoires peuvent survenir ; elles sont alors Une lymphadénectomie pelvienne et lomboaortique doit être
liées le plus souvent à un lâchage de la ligature d’un pédicule réalisée ; le taux d’envahissement ganglionnaire varie de 25 à 50 %
lombo-ovarien ou un saignement secondaire d’une veine lombaire ;
[4, 9]
.
L’intervention comporte un temps pelvien et un temps abdominal.
– les lymphocèles sont les complications postopératoires les plus
fréquentes (5 %) ; elles doivent être évoquées en cas de douleurs Temps pelvien (fig 22).
abdominopelviennes et/ou de fièvre. Le diagnostic est confirmé par – La ligature-section des pédicules lombo-ovariens et la ligature-
des examens radiologiques (échographie, scanner). Elles peuvent section des ligaments ronds permettent l’ouverture du ligament
être traitées par ponction-drainage radioguidée. Le drainage large.
chirurgical, pratiqué en cas d’échec des techniques radioguidées, est
actuellement exceptionnel. – On effectue ensuite éventuellement la ligature du tronc antérieur
de l’artère hypogastrique à son origine ainsi que la
Chirurgie des stades IIb et III lymphadénectomie iliaque externe bilatérale qui est réalisée après
avoir découvert les uretères sur leur trajet pelvien (fig 23).
Il s’agit d’une chirurgie d’exérèse d’emblée élargie mais l’étendue
des résections est différente selon qu’il s’agit d’un stade IIb ou d’un – En cas d’atteinte du rectosigmoïde, on effectue ensuite la section
stade III [28]. de l’anse sigmoïde en zone saine (5 cm environ au-dessus de la
tumeur) après section du méso en regard et ligature du pédicule
• Chirurgie des stades IIb hémorroïdal supérieur. La section sigmoïdienne peut être effectuée
sans ouverture préalable grâce à l’utilisation d’une pince
La diffusion tumorale est par définition limitée au pelvis avec un automatique type GIA, ce qui supprime un temps septique. La pièce
envahissement extrêmement fréquent du cul-de-sac de Douglas et, est alors mobilisable, ce qui facilite son exérèse (fig 24).
le plus souvent, de la charnière rectosigmoïdienne par contiguïté.
En l’absence d’extension au rectosigmoïde, une douglassectomie – Le temps suivant est celui du décollement rétrorectal qui doit être
peut être pratiquée. Si le tube digestif est envahi, une résection de la poussé nettement sous la tumeur (ce clivage du plan présacré ne
charnière rectosigmoïdienne doit être réalisée. Dans ces cas, la pose généralement aucun problème) (fig 25).
chirurgie est relativement simple et permet toujours d’obtenir un – Le temps suivant consiste à décoller le péritoine vésical antérieur
reliquat tumoral nul en fin d’intervention. L’exérèse tumorale de proche en proche jusqu’au cul-de-sac vésico-utérin. On résèque

8
Techniques chirurgicales Chirurgie des tumeurs épithéliales malignes de l’ovaire 41-555

*
A *
B

19 A. Exérèse du ganglion iliaque primitif droit (l’uretère gauche étant récliné en de- B. Curage iliaque primitif gauche et résection du ligament lombo-ovarien gauche
hors par une valve de Papin). en totalité.

les éventuels nodules de carcinose sur le péritoine vésical. Les totalité des pédicules lombo-ovariens, l’exérèse de la totalité du
décollements antérieur vésicovaginal et postérieur rétrorectal étant grand épiploon (jusqu’à la grande courbure gastrique) et les
réalisés, on s’aperçoit qu’il est toujours possible d’extirper la tumeur différents prélèvements péritonéaux précédemment décrits.
(fig 26). Après avoir vérifié l’hémostase, le drainage est réalisé grâce à un
– Le temps suivant est celui de la colpotomie : ouverture de la paroi drain aspiratif situé dans le pelvis, en arrière de l’anastomose
vaginale antérieure au bistouri, désinfection vaginale, section de la rectocolique. Un autre drain peut éventuellement être mis en place
paroi vaginale postérieure au ciseau, largement sous en avant des gros vaisseaux, au niveau du curage lomboaortique,
l’envahissement tumoral. La pièce n’est plus alors retenue que par sans péritonisation préalable.
le rectum et les ailerons latéraux (fig 27). • Complications de la chirurgie des stades IIb
– Le dernier temps est celui de la section du rectum après ligature Les complications de la lymphadénectomie sont les mêmes que dans
des sections des ailerons (fig 28). Afin d’éviter la contamination de les stades I et IIa. Elles sont néanmoins plus fréquentes car la
la cavité abdominale, on effectue la section rectale en utilisant, soit lymphadénectomie lomboaortique peut être plus difficile du fait de
une pince mécanique type TA, soit les ciseaux entre deux clamps la fréquence de l’atteinte ganglionnaire. La suture digestive peut se
digestifs (fig 29, 30). compliquer d’une fistule secondaire. Le taux de ce type de
– L’anastomose colorectale, si elle est possible, peut être effectuée complications est difficile à évaluer car les études incluent souvent
manuellement par deux surjets de fil résorbable 3/0 ou à la pince des malades de stades II, III et IV. Dans une récente série, le taux de
mécanique par voie endoanale (pince EEA) en fonction de la hauteur fistule anastomotique est de 1,5 % [47]. Ce risque peut être réduit en
de cette anastomose. Il est souvent nécessaire, pour effectuer cette appliquant les règles rigoureuses de la chirurgie des anastomoses
anastomose sans traction, de libérer l’angle gauche colique et il est digestives : préparation colique préopératoire, hémostase parfaite en
parfois plus prudent d’effectuer une colostomie de décharge de fin d’intervention pour éviter des hématomes éventuellement à
proche amont ou une iléostomie, surtout lorsque l’anastomose l’origine de fistule secondaire, absence de traction et bonne
effectuée est basse (fig 31). vascularisation des segments coliques. La préparation colique
préopératoire débute 5 jours avant l’intervention par un régime sans
– Dans certains cas, l’atteinte du Douglas est modérée et il est alors résidu, puis 4 L de soluté per os (en 24 ou 48 heures) pour la vidange
possible de pratiquer une douglassectomie simple sans résection colique (type macrogol 4000 : Fortranst) et un ou deux lavement(s)
digestive. Les nodules de carcinose éventuels sur le péritoine par le rectum selon la qualité de la préparation du côlon.
latéropelvien sont réséqués. Cette exérèse nécessite souvent une
Les fistules urétérales secondaires sont très rares (< 1 %). Elles
dissection de la portion pelvienne de l’uretère.
peuvent être dues à une dévascularisation de la portion pelvienne
Temps abdominal. de l’uretère du fait d’une dissection trop poussée. Elles sont curables
On réalise une lymphadénectomie lomboaortique et iliaque par les techniques de radiologie interventionnelle (néphrostomie
primitive après décollement colique droit avec résection dans leur et/ou endoprothèse urétérale).

9
41-555 Chirurgie des tumeurs épithéliales malignes de l’ovaire Techniques chirurgicales

22 Ouverture du ligament large après ligature et section du ligament rond et ligature


et section du pédicule lombo-ovarien.

20 Biopsies péritonéales systématiques en fin d’intervention.

21 Coupe sagittale. Tumeur ovarienne envahissant le cul-de-sac de Douglas et la 23 Ligature et section du tronc antérieur de l’artère hypogastrique à son origine,
charnière rectosigmoïdienne. après avoir repéré l’uretère et réalisé la lymphadénectomie pelvienne.

10
Techniques chirurgicales Chirurgie des tumeurs épithéliales malignes de l’ovaire 41-555

25 Décollement rectorectal. Le plan de clivage présacré est aisément effectué manuel-


24 Section de l’anse sigmoïdienne en zone saine à la pince GIA après section du méso lement.
et ligature du pédicule hémorroïdal supérieur.
– Les résections intestinales adaptées à l’étendue des lésions
Chirurgie des stades avancés (III et IV) peuvent être nécessaires : il peut s’agir de colectomie segmentaire :
L’exérèse chirurgicale de la quasi-totalité des lésions est colectomie transverse, hémicolectomie droite ou hémicolectomie
théoriquement presque toujours techniquement possible, à gauche, mais il n’est pas rare de constater l’existence de nodules
l’exception des carcinoses massives avec envahissement du pédicule métastatiques sténosants sur toute la longueur du côlon, nécessitant
hépatique et/ou du mésentère, à condition de réaliser une chirurgie alors de réaliser une colectomie totale [6].
dite « supraradicale » qui comporte un temps pelvien identique à – Des résections entérales plus ou moins importantes peuvent
celui pratiqué dans les stades IIb et un temps abdominal dont également être nécessaires à condition de laisser en place au moins
l’importance varie en fonction de l’étendue des lésions [31]. En cas de 1,5 m de jéjunum.
tumeur de stade IV avec atteinte pleurale et/ou ganglionnaire sus-
– Le temps suivant est celui des péritonectomies : le péritoine des
claviculaire isolée, la chirurgie ne doit pas être récusée. En effet, cette
gouttières pariétocoliques, siège fréquent de nodules métastatiques,
extension pleurale et/ou ganglionnaire peut être associée avec une
est réséqué dans sa totalité, à droite comme à gauche : il est
atteinte abdominale et pelvienne peu importante (stade IIIa ou IIIb).
généralement aisé de décoller le péritoine du plan sous-jacent
Le pronostic des tumeurs à ce stade est alors proche de celui des
musculoaponévrotique en partant de l’incision abdominale ; il peut
tumeurs au stade III. L’atteinte pleurale est en règle sensible à la
également être nécessaire de réséquer une grande partie du péritoine
chimiothérapie. Par ailleurs, les patientes doivent être prévenues,
des coupoles diaphragmatiques après abaissement du foie par
avant l’intervention chirurgicale, de l’éventualité d’une stomie
section du ligament suspenseur.
digestive, a priori transitoire.
– Enfin, une lymphadénectomie lomboaortique, considérée comme
• Temps abdominal partie intégrante de la chirurgie de réduction tumorale, est réalisée
(le taux d’envahissement ganglionnaire atteignant 50 à 70 % dans
– Il n’est pas rare de constater d’emblée un envahissement massif
les stades III) [4, 9].
du grand épiploon intéressant non seulement sa partie flottante,
mais également le ligament gastrocolique. Cet envahissement réalise • Temps pelvien
ce que l’on appelle classiquement un « gâteau épiploïque ». On
Il est tout à fait identique à celui décrit dans les stades IIb.
réalise alors l’exérèse de la totalité du grand épiploon en passant au
On termine l’intervention en rétablissant la continuité intestinale
ras de la grande courbure gastrique, en ouvrant l’arrière-cavité des
dans la mesure du possible : il s’agit, selon l’importance des
épiploons et en faisant un décollement coloépiploïque (fig 32).
résections intestinales, d’une anastomose colocolique, ou d’une
– Il peut exister une infiltration nodulaire du pédicule splénique et anastomose colorectale ou d’une anastomose iléorectale.
de la rate : on réalise alors une exérèse monobloc du grand épiploon Ces anastomoses sont éventuellement protégées par une colostomie
et de la rate après avoir lié et sectionné le pédicule splénique et ou une iléostomie de proche amont.
découvert la face antérieure du pancréas (fig 33).
– Le petit épiploon peut, lui aussi, être le siège de nodules • Complications de la chirurgie des stades avancés (III et IV)
métastatiques : son exérèse est possible en passant au ras de la petite Les complications sont directement liées à l’importance des exérèses
courbure après avoir repéré le pédicule hépatique (fig 34). effectuées [7]. En conséquence, la chirurgie supraradicale est grevée

11
41-555 Chirurgie des tumeurs épithéliales malignes de l’ovaire Techniques chirurgicales

27 Colpotomie. Ouverture de la tranche vaginale antérieure au bistouri et section


de la tranche vaginale postérieure aux ciseaux.
26 Décollement du péritoine vésical antérieur.

d’une morbidité non négligeable dominée par les fistules digestives


qui peuvent nécessiter la réalisation de stomies (iléostomie ou
colostomie) parfois définitives. Les complications infectieuses et
hémorragiques, souvent associées et favorisées par les troubles de
l’hémostase, sont également relativement fréquentes, nécessitant des
réinterventions pour drainage.
Cette morbidité peut être minimisée par une préparation et un
monitorage pré-, per- et postopératoire intensif :
– en préopératoire : correction des troubles métaboliques et d’une
anémie éventuelle, ponction d’ascite ou pleurale évacuatrice,
préparation colique systématique (cf supra), traitement
anticoagulant et antibiothérapie systématiques ;
– en peropératoire : nécessité d’une surveillance hémodynamique
stricte (pression artérielle sanglante, capnigraphie et, si besoin,
monitorage de la saturation veineuse en oxygène), éviter
l’hypothermie, compenser les pertes sanguines, maintenir la diurèse,
corriger les troubles d’hémostase (fibrinolyse et thrombopénie
fréquentes) ;
– en postopératoire : compensation des pertes et lutte contre
l’hypovolémie ; ventilation artificielle jusqu’au réchauffement
complet ; hyperalimentation parentérale à partir de j1 et transfusion
si nécessaire ; aspiration digestive retirée à j2 en l’absence de suture
digestive, dès la reprise du transit en cas d’anastomose digestive ;
compensation éventuelle de l’ascite jusqu’à j2, voire j3 ; traitement
anticoagulant systématique.
Néanmoins, malgré ces précautions indispensables, le taux de
complications reste important. Il est, dans notre expérience, de
33 % [29]. Les plus fréquentes sont les sepsis abdominaux (14 %) et
les hémorragies postopératoires (12 %). Dans 25 % des cas, ces
complications ont nécessité une reprise chirurgicale avec réalisation
d’une colostomie définitive pour fistule anastomotique dans 9 % des
28 Ligature et section des ailerons latéraux du rectum.
cas [29]. Ces données sont comparables à celles de la littérature [19, 20].

12
Techniques chirurgicales Chirurgie des tumeurs épithéliales malignes de l’ovaire 41-555

31 L’anastomose colorectale peut être


manuelle ou mécanique à l’aide de la pince
EEA.

diminuer le taux de complications [49, 50]. Cette attitude permet


aussi de mieux définir les patientes ayant une tumeur
chimiosensible.
Devant un cancer de l’ovaire avec une suspicion de carcinose
29 Section du rectum à la pince TA.
étendue (cliniquement et sur le scanner préthérapeutique selon les
critères de Nelson [38]), en particulier à l’étage sus-mésocolique, la
30 Pièce de pelvectomie faisabilité de la chirurgie de réduction tumorale initiale doit être
postérieure pour cancer précisée et discutée. Une intervention chirurgicale première (par
de l’ovaire. cœlioscopie ou courte laparotomie médiane) permet alors d’évaluer
l’extension exacte de la lésion et son éventuelle résécabilité. Cette
exploration chirurgicale doit être rigoureuse. Elle est effectivement
fondamentale car elle reste l’examen de référence pour juger de
l’effet d’une chimiothérapie néoadjuvante éventuelle. Cette
intervention, et elle seule, permet aussi de faire le diagnostic en
réalisant des prélèvements à visée histologique (idéalement
annexectomie associée éventuellement à une omentectomie si elle
est techniquement réalisable). La chimiothérapie néoadjuvante
éventuelle ne devrait, en effet, pas être faite sur simple cytologie
d’ascite sans confirmation histologique.
Si l’exploration chirurgicale initiale retrouve une carcinose peu
importante, il faut réaliser une chirurgie de réduction tumorale
initiale, comme nous l’avons décrite. En revanche, si l’exploration
chirurgicale initiale retrouve une carcinose péritonéale diffuse, dont
l’exérèse nécessiterait des résections digestives multiples, le
traitement peut débuter par une chimiothérapie néoadjuvante
première (trois à quatre cycles). L’effet de la chimiothérapie est
évalué cliniquement, biologiquement (cinétique de la décroissance
du CA 125) et radiologiquement (scanner abdominopelvien
comparatif).
CHIRURGIE DITE « D’INTERVALLE » La chirurgie d’exérèse tumorale « d’intervalle » est alors réalisée.
Lors de l’exploration chirurgicale, en cas de bonne réponse à la
Le taux élevé de complications après chirurgie de réduction chimiothérapie (réponse macroscopique complète ou partielle), la
tumorale initiale a conduit à modifier l’attitude thérapeutique des patiente est a priori chimiosensible, la chirurgie de résection est alors
tumeurs de stade avancé avec carcinose importante. menée selon les modalités que nous avons précédemment décrites,
en s’attachant alors à faire une exérèse maximale des lésions
Certains auteurs ont proposé, dans ces cas, une chirurgie de résiduelles, associée aux curages ganglionnaires. En cas d’absence
réduction tumorale dite « d’intervalle », faite après trois cures de de réponse ou de progression sous chimiothérapie néoadjuvante, la
chimiothérapie, de manière à diminuer l’importance des gestes de patiente est a priori chimiorésistante aux cytostatiques utilisés en
résection en réduisant la taille des masses tumorales et donc, ainsi, première ligne de chimiothérapie. Faut-il alors réaliser une chirurgie

13
41-555 Chirurgie des tumeurs épithéliales malignes de l’ovaire Techniques chirurgicales

34 Résections intestinales allant de la colectomie segmentaire à la colectomie totale :


a. colectomie droite ; b. colectomie transverse ; c. colectomie gauche.

ne permet actuellement de répondre et la décision doit être prise en


fonction de l’âge et de l’état général des patientes ainsi que des
constatations peropératoires.
Après cette chirurgie d’exérèse « intermédiaire », la chimiothérapie
32 Exérèse de la totalité du grand épiploon enlevant le ligament gastrocolique et la est poursuivie. Le type et la durée de la chimiothérapie dépendent
partie flottante de l’épiploon en passant au ras de la grande courbure et après décolle-
des constatations peropératoires et des résultats histologiques. Les
ment coloépiploïque.
premiers résultats de ce type de prise en charge semblent très
encourageants [49, 50]. Néanmoins, cette chimiothérapie néoadjuvante
33 Exérèse en monobloc initiale ne doit être réservée qu’aux patientes ayant une carcinose
du grand épiploon et de majeure (IIIc), sous réserve d’une exploration chirurgicale initiale
la rate : a. ouverture de minutieuse pour évaluer la non-résécabilité de la tumeur (par
l’arrière-cavité des épi- laparoscopie ou laparotomie). Par ailleurs, la chirurgie d’exérèse
ploons ; b. splénectomie ; c.
« d’intervalle » doit être pratiquée après trois – ou un maximum de
exérèse du petit épiploon si
nécessaire. quatre – cycles de chimiothérapie néoadjuvante.

CHIRURGIE CONSERVATRICE
La chirurgie conservatrice, théoriquement contre-indiquée dans les
tumeurs épithéliales malignes de l’ovaire, peut toutefois se concevoir
chez des femmes très jeunes, nullipares ou désireuses de maternité
et porteuses d’une tumeur unilatérale bien encapsulée sans atteinte
ni rupture de la capsule, ni adhérences (stade Ia) [10, 33, 46]. Ce type de
prise en charge ne devrait être proposé qu’aux patientes ayant une
tumeur de grade 1 ou 2, après information et obtention du
consentement éclairé des patientes. Les patientes ayant des tumeurs
histologiquement plus agressives (carcinomes indifférenciés,
carcinome à cellules claires de l’ovaire) ne peuvent pas bénéficier
d’un traitement conservateur.
Pour pouvoir proposer un traitement conservateur, il faut que le
bilan chirurgical ait été complet pour permettre un bilan d’extension
exact : celui-ci doit donc impérativement inclure une cytologie
péritonéale, une omentectomie, des biopsies péritonéales
systématiques multiples, un curetage biopsique de l’endomètre, une
d’exérèse, a priori lourde, malgré l’absence de chimiosensibilité de lymphadénectomie pelvienne et lomboaortique. Une des questions
la tumeur ou bien faut-il modifier la chimiothérapie ? Aucune étude les plus importantes et controversées est celle de la réalisation d’un

14
Techniques chirurgicales Chirurgie des tumeurs épithéliales malignes de l’ovaire 41-555

curage ganglionnaire lomboaortique complet ou seulement CHIRURGIE DE « SECOND REGARD »


homolatéral à la tumeur initiale. Dans l’étude de Benedetti-Panici, On appelle, par définition, une intervention de « second regard »
l’atteinte ganglionnaire rétropéritonéale était homolatérale à la une réintervention de principe réalisée après une chirurgie initiale
tumeur dans tous les cas, dans les tumeurs de stade I [2]. Ces correcte de bilan et d’exérèse maximale, suivie, au minimum, de six
constatations étaient en faveur de la réalisation d’un curage cures de chimiothérapie. Elle est donc réalisée à la fin de la séquence
ganglionnaire homolatéral à la tumeur en cas de stade précoce [2]. thérapeutique. Elle ne se conçoit qu’en l’absence de toute poursuite
Néanmoins, dans des travaux récents, il existait une atteinte évolutive clinique, biologique (marqueurs) ou radiologique à la fin
ganglionnaire controlatérale à la tumeur initiale [1, 41, 51] . Si la de la chimiothérapie.
lymphadénectomie doit être réalisée, ces différents travaux plaident Cette chirurgie doit comporter une exploration minutieuse de
donc en faveur de la réalisation d’un curage ganglionnaire complet l’ensemble de la cavité abdominopelvienne, un lavage péritonéal
et bilatéral pelvien et lomboaortique en préservant la vascularisation pour examen cytologique et des prélèvements péritonéaux
de l’ovaire controlatéral et en évitant de lier l’artère ovarienne du systématiques. Cette intervention peut être réalisée classiquement
côté de l’ovaire restant. par laparotomie ou par cœlioscopie. Toutefois, l’exhaustivité de
L’ovaire controlatéral n’est biopsié qu’en cas d’anomalie l’exploration abdominale par cœlioscopie semble moins bonne que
par laparotomie, car il existe très souvent des adhérences sévères [8].
macroscopique et/ou lors de la palpation. En effet, les biopsies
Néanmoins, la cœlioscopie pourrait être intéressante car, en cas de
ovariennes peuvent être adhésiogènes et donc à l’origine d’une
carcinose évidente lors de l’exploration laparoscopique, elle éviterait
infertilité ultérieure [52]. Ces différents gestes chirurgicaux peuvent
une laparotomie systématique. Celle-ci serait alors réservée aux
être réalisés par laparotomie ou par cœlioscopie (cf infra). Seule la
échecs de la cœlioscopie (adhérences trop sévères pour permettre la
négativité de ces différents prélèvements permet de définir une réalisation des temps initiaux de la cœlioscopie, insufflation ou mise
tumeur de stade Ia. La chirurgie est alors souvent le seul traitement en place des trocarts, ou pour permettre une exploration complète
de ces formes dépistées à temps [37]. Néanmoins, une surveillance de la cavité abdominopelvienne). En cas de découverte d’une
postopératoire stricte à la fois clinique, échographique et biologique récidive tumorale, le bénéfice sur la survie d’une chirurgie de
s’impose dès lors. En effet, les récidives surviennent le plus souvent réduction tumorale secondaire n’est pas démontré [32].
au niveau de l’ovaire restant (associées éventuellement à une L’intérêt de cette chirurgie de contrôle de principe est remis en
carcinose). Dans les rares cas où cette chirurgie conservatrice a pu question [40, 43]. Le second look doit être réalisé que dans le cadre de
être proposée, une fois le désir de grossesse satisfait, une protocole thérapeutique. En revanche, dans les cas où la chirurgie
réintervention peut être envisagée dans le but de compléter initiale n’a pas été complète (absence de lymphadénectomie
l’exérèse [30]. Des grossesses ont été rapportées après ce type de lomboaortique), cette chirurgie de « second regard » permet de
traitement [55]. Des techniques de procréation médicalement assistée réaliser les lymphadénectomies pelvienne et lomboaortique. En effet,
adaptées (congélation d’embryon, cryopréservation ovarienne) la chimiothérapie semble peu active sur les métastases
peuvent être discutées afin de préserver la fertilité. Une prise en ganglionnaires [5, 53]. Les ganglions peuvent être les seuls sites où il
charge multidisciplinaire de ces patientes (chirurgien, oncologue, existe de la tumeur résiduelle lors de cette chirurgie de contrôle.
pathologiste et médecins spécialistes des techniques de procréation
médicalement assistée) est donc nécessaire afin d’optimiser leur
CHIRURGIE DES RÉCIDIVES
prise en charge carcinologique tout en préservant au maximum leur
fertilité. Le traitement chirurgical des récidives reste discuté. Néanmoins,
celui-ci pourrait avoir un intérêt chez des patientes jeunes en bon
état général, ayant un intervalle long entre la fin du traitement initial
CHIRURGIE DE RESTADIFICATION et la récidive et pouvant bénéficier d’une chimiothérapie de
Lorsque le diagnostic de tumeur maligne de l’ovaire est posé au rattrapage après cette chirurgie [ 1 3 ] . Cette chirurgie est
incontournable en cas de complications (occlusion). Un travail récent
moment de l’examen histologique définitif, après une intervention
publié par Eisenkop rapporte des résultats encourageants sur la
(souvent laparoscopique) pour une tumeur ovarienne non ou peu
survie des patientes ayant bénéficié d’une chirurgie de réduction
suspecte lors du bilan pré- et peropératoire, la chirurgie initiale a été
optimale lors de ces récidives [13].
le plus souvent carcinologiquement incomplète (ovariectomie ou
annexectomie seule). Une chirurgie de complément, dite « de
restadification », doit être impérativement réalisée afin d’effectuer CHIRURGIE LAPAROSCOPIQUE
les gestes d’exérèse nécessaires à une stadification fiable. Un certain nombre de gestes chirurgicaux que nous venons de
Cette intervention est indispensable car il existe une surstadification décrire peuvent être réalisés par voie cœlioscopique. Cette voie
dans 25 à 35 % des cas après cette chirurgie de restadification d’abord permet d’éviter certains inconvénients de la laparotomie
[15, 25, 54]
. Ce changement de stade est lié à la découverte d’une atteinte (cicatrice médiane, douleurs ou inconfort abdominal jusqu’à la
extraovarienne histologique non décelable lors de l’examen reprise du transit) et permet peut-être une durée d’hospitalisation
macroscopique : atteinte ganglionnaire (4 % dans la série de réduite. L’hystérectomie avec annexectomie bilatérale, les biopsies
Faught) [15] ou le plus souvent atteinte péritonéale et/ou épiploïque. péritonéales, l’omentectomie et l’appendicectomie sont des gestes
Ce changement de stade est fondamental car il peut modifier le qui peuvent être pratiqués assez aisément par voie laparoscopique.
traitement postchirurgical et impliquer la réalisation d’une La technique chirurgicale se calque alors sur les différents temps de
la laparotomie.
chimiothérapie adjuvante qui n’aurait pas été administrée en
l’absence de stadification correcte (25 % dans la série de Leblanc) [25]. Les curages sont plus délicats et nécessitent une très bonne maîtrise
des techniques cœliochirurgicales mais aussi de la chirurgie
Lors de la réintervention chirurgicale de restadification, une carcinologique conventionnelle (par laparotomie). La technique du
cytologie péritonéale, une omentectomie, une appendicectomie, des curage pelvien laparoscopique est identique à celle pratiquée par
biopsies péritonéales, une lymphadénectomie pelvienne et laparotomie. Le curage lomboaortique complet jusqu’au niveau de
lomboaortique et éventuellement une hystérectomie avec la veine rénale est lui aussi techniquement réalisable par voie
annexectomie controlatérale (cf supra) doivent être réalisées. Ces cœlioscopique. Dans le cancer de l’ovaire, celui-ci est réalisé par voie
différents gestes peuvent être réalisés par cœlioscopie si la tumeur transpéritonéale. L’optique est introduite dans l’ombilic. Au moins
paraît a priori limitée à l’ovaire, ou par laparotomie. La laparotomie trois trocarts sont introduits (un de 10 mm en fosse iliaque gauche
est préférée s’il existe une ascite et/ou une contamination des et deux de 5 mm à 10 cm de chaque côté de l’ombilic). D’autres
orifices de trocart après une cœliochirurgie initiale. Dans ce cas, les trocarts de 5 mm peuvent être nécessaires pour bien s’exposer. La
orifices de trocarts sont réséqués lors de la laparotomie. lymphadénectomie débute par une ouverture du péritoine

15
41-555 Chirurgie des tumeurs épithéliales malignes de l’ovaire Techniques chirurgicales

35 Abord et dissection lomboaortiques par voie cœlioscopique après ouverture 36 Curage ganglionnaire latéroaortique gauche.
du péritoine le long de l’artère iliaque primitive droite.

postérieur le long de l’artère iliaque primitive droite et de l’aorte


jusqu’au duodénum (fig 35). À la différence de la technique par
laparotomie, le côlon droit et le fascia de Toldt ne sont donc pas
décollés [45].
Le rétropéritoine est disséqué et les différents éléments anatomiques
sont repérés pour débuter le curage du côté droit : veine cave
inférieure découverte jusqu’au niveau de la veine rénale gauche,
uretère droit et veine ovarienne droite. Les curages latérocave,
précave et interaorticocave sont alors effectués (fig 35, 36). Les
hémostases et lymphostases sont faites à la pince bipolaire ou à
l’aide de clips. La ligature de la veine ovarienne droite est réalisée à
l’aide de clips endoscopiques.
La dissection est alors prolongée à gauche : la face latérale gauche
de l’aorte, la veine mésentérique inférieure, l’uretère gauche et la
veine ovarienne gauche sont repérés (fig 37). Le curage
latéroaortique gauche (infra- et supramésentérique) est alors
pratiqué. La veine ovarienne gauche est clipée et sectionnée à 1 cm
sous son abouchement dans la veine rénale.
Même si cette chirurgie est réalisable par voie cœlioscopique, entre
les mains d’opérateurs entraînés, il existe actuellement des
incertitudes quant au risque de dissémination carcinologique
éventuel lié à cette voie d’abord et à l’utilisation, en particulier, d’un
pneumopéritoine qui entraîne une hyperpression intra-abdominale.
Des métastases sur orifices de trocarts après chirurgie
laparoscopique de tumeur maligne ovarienne ont été rapportées
[22, 35]
. Ces observations concernent surtout des patientes ayant une 37 Curage ganglionnaire interaorticocave par cœlioscopie.
tumeur déjà avancée avec une carcinose péritonéale lors de la
cœlioscopie. Néanmoins, des métastases sur orifice de trocarts ont
résécabilité en cas de tumeur avancée où l’on s’oriente vers une
aussi été rapportées dans des tumeurs de stade I [22]. Des précautions
chirurgie « d’intervalle » (cf supra) ou lors de la chirurgie de
lors de la cœlioscopie permettent de diminuer le risque de
« second regard » (cf supra) [8].
métastases sur trocart (extractions des pièces chirurgicales dans des
sacs endoscopiques, lavage abondant des orifices de trocart).
L’utilisation de la cœliochirurgie paraît idéale dans la chirurgie des Traitements adjuvants des tumeurs
tumeurs ovariennes a priori limitées à l’ovaire (stade I sans ascite)
et dans les chirurgies de restadification, après une chirurgie initiale invasives
incomplète [25, 44]. Par ailleurs, la cœliochirurgie est tout à fait adaptée
à l’exploration et au bilan d’une tumeur a priori non ou peu Le premier temps thérapeutique dans les tumeurs épithéliales
suspecte de l’ovaire (cf supra). Elle peut être intéressante pour éviter malignes de l’ovaire est chirurgical. En dehors des rares cas de
une laparotomie dans le cadre de l’évaluation de la (non-) tumeur de stade Ia et de grade 1 (voire 2) où le traitement est

16
Techniques chirurgicales Chirurgie des tumeurs épithéliales malignes de l’ovaire 41-555

exclusivement chirurgical (à condition d’avoir bénéficié d’une ¶ Devant une tumeur ovarienne unilatérale isolée
stadification complète), cette chirurgie est suivie d’une
– Une annexectomie bilatérale (associée ou non à une hystérectomie)
chimiothérapie. Cette chimiothérapie est en règle une
chez les patientes traitées en postménopause. Chez les patientes
polychimiothérapie associant (en première ligne) au moins un sel de
jeunes souhaitant préserver leur fertilité ultérieure, une chirurgie
platine pendant une durée minimale de six cycles. Ses modalités
conservatrice (kystectomie, ovariectomie ou annexectomie
sont abordées par ailleurs [27].
unilatérale) peut être réalisée.
– Un lavage péritonéal systématique pour examen cytologique.
Résultats du traitement des tumeurs – Une omentectomie partielle enlevant la partie flottante de
l’épiploon.
invasives
– Des biopsies péritonéales multiples.
Dans les formes limitées (stades I et IIa), les résultats sont – Il n’y a pas d’indication à faire un curage pelvien et lomboaortique
généralement bons et la survie à 5 ans varie de 60 à 80 % [48]. Dans réglé systématique. En cas d’adénomégalie, une adénectomie est
les formes évoluées (stades IIb, III et IV), la plupart des études alors pratiquée.
publiées à ce jour montrent que le facteur pronostique le plus – Une appendicectomie systématique.
important de la maladie est la présence ou non d’un reliquat tumoral La biopsie systématique de l’ovaire controlatéral normal n’est plus
après la chirurgie initiale : c’est ainsi que la survie à 5 ans des préconisée car elle n’est pas performante et risque de compromettre
patientes ayant un cancer de l’ovaire stade III se situe entre 35 et la fertilité de ces patientes.
50 % selon les auteurs en cas de chirurgie optimale, alors qu’elle est
Ce traitement conservateur augmente le risque de récidive
inférieure à 10 % en cas de reliquat tumoral postopératoire
ovarienne [34] . La kystectomie expose au risque de récidive
important ne laissant en place que des nodules tumoraux dont le
homolatérale et l’annexectomie au risque de récidive
diamètre est inférieur à 2 cm.
controlatérale [34]. Les patientes doivent être informées de ce risque.
Ces résultats démontrent l’importance de la qualité de la chirurgie Mais, dans notre expérience, ces récidives après traitement
initiale, fondamentale pour optimiser la survie des patientes. Des conservateur sont toujours survenues avec une histologie de type
études démontrent que celle-ci dépend de la formation et de borderline (jamais sur un mode invasif), ont toujours été accessibles
l’habitude du chirurgien prenant en charge les tumeurs malignes de à un traitement chirurgical itératif et n’ont jamais mis en jeu le
l’ovaire. Ainsi, dans ces travaux, l’exhaustivité de la stadification et pronostic vital [34]. Ce traitement conservateur permet de préserver
les résultats de la chirurgie d’exérèse (en particulier dans les la fertilité et d’obtenir des grossesses [17, 34, 36]. Néanmoins, compte
stades III) sont meilleurs lorsque cette chirurgie est pratiquée par tenu du risque de récidive, une surveillance étroite clinique,
des gynécologues spécialisés en cancérologie [14, 24, 39]. échographique et biologique (marqueurs) doit être instituée afin de
prendre en charge précocement les récidives ovariennes éventuelles.
Il n’y a pas d’indication à mettre en œuvre un traitement adjuvant ;
Chirurgie des tumeurs à la limite il n’y a pas non plus d’indication à réaliser une réintervention de
de la malignité (borderline) contrôle systématique (second look).

¶ Devant une tumeur de l’ovaire uni- ou bilatérale mais


Les tumeurs de l’ovaire à la limite de la malignité (borderline) avec des implants péritonéaux macroscopiques
constituent une entité histologique tout à fait particulière qui les
situe entre les tumeurs bénignes et les tumeurs franchement Le type de chirurgie dépend des caractéristiques histologiques de
malignes : elles sont caractérisées par l’absence d’envahissement du ces implants (invasifs ou non invasifs) [11].
stroma. En cas d’implants péritonéaux non invasifs, le traitement peut être
conservateur mais l’ensemble des implants péritonéaux doit être
Il n’y a aucune différence macroscopique entre les tumeurs invasives
réséqué. Il n’y a pas alors d’indication à réaliser un traitement
vraies et les tumeurs à la limite de la malignité.
adjuvant.
La très grande majorité de ces tumeurs sont diagnostiquées au En cas d’implants péritonéaux invasifs, une chirurgie radicale est
stade I, mais en opposition avec les tumeurs invasives vraies, le préférable : hystérectomie totale avec annexectomie bilatérale et
pronostic est bon quel que soit le stade. résection des implants péritonéaux la plus complète possible mais
Presque tous les auteurs préconisent actuellement l’attitude sans résection intestinale. Un traitement adjuvant est discuté après
chirurgicale suivante. l’intervention chirurgicale.

Références ➤

17
41-555 Chirurgie des tumeurs épithéliales malignes de l’ovaire Techniques chirurgicales

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18
¶ 41-524

Microchirurgie par laparotomie


du segment proximal de la trompe
D.-K. Tran

En 27 ans, nous avons opéré 1 589 patientes par la microchirurgie par laparotomie, et la microchirurgie
proximale concerne 475 patientes présentant des lésions de bon pronostic. Trois techniques
microchirurgicales ont été décrites (anastomose isthmo-ostiale, réimplantation isthmo-ostiale et
réimplantation isthmo-utérine) mais l’anastomose isthmo-ostiale est la meilleure technique aussi bien en
perméabilité qu’en fertilité postopératoire. Les résultats sont excellents : 68 % de grossesse avec
accouchement d’au moins un enfant vivant et seulement 4 % de grossesse extra-utérine. Il est préférable
d’avoir recours à la microchirurgie proximale avant la tentative de fécondation in vitro pour les lésions de
bon pronostic. De toute façon, en cas d’absence de grossesse au bout de 1 an, les malades peuvent
encore bénéficier de la fécondation in vitro.
© 2007 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Mots clés : Lésions tubaires proximales ; Microchirurgie par laparotomie ; Anastomose isthmo-ostiale ;
Réimplantation isthmo-ostiale ; Réimplantation isthmo-utérine

Plan ■ Pathologie du segment tubaire


¶ Introduction 1
proximal
¶ Pathologie du segment tubaire proximal 1 Bilan diagnostique de la pathologie
Bilan diagnostique de la pathologie du segment tubaire proximal 1
Indications thérapeutiques 4
du segment tubaire proximal
¶ Techniques chirurgicales 5 Les lésions proximales atteignent le segment rétréci de la
Historique de la chirurgie tubaire proximale 5 trompe (segment isthmique, segment interstitiel, et parfois
Principes de la microchirurgie proximale 5 ostium uterinum).
Techniques proprement dites 6
Circonstances du diagnostic
Soins immédiats après les anastomoses microchirurgicales 7
Elles sont au nombre de deux : la découverte d’une image
¶ Traitement et suivi postopératoire. Complications 8
pathologique à l’hystérosalpingographie (HSG) prescrite pour
¶ Résultats 8 explorer une patiente infertile et la recherche systématique de
Adhérences postopératoires 9 ces lésions chez toute patiente ayant eu une grossesse
Perméabilité tubaire postopératoire 9 extra-utérine.
Fertilité postopératoire 9 Lorsque l’HSG a été correctement pratiquée (dans la première
¶ Conclusion 9 partie du cycle, avec administration d’antispasmodique et sous
couverture d’antibiotiques), l’image suspecte doit être analysée
en s’aidant d’une loupe. La lecture du segment ne doit pas se
limiter à noter la perméabilité tubaire, il faut étudier aussi la
morphologie de la lumière et aussi de la paroi de la trompe car
■ Introduction perméabilité n’est pas toujours synonyme de normalité tubaire.
Plusieurs auteurs ont déjà signalé la relation entre les lésions
La pathologie complexe du segment isthmo-interstitiel de proximales et la grossesse tubaire : Persaud en 1970 [1], Honoré
l’oviducte est souvent méconnue et les patientes atteintes de en 1978 [2], Majmudar en 1983 [3], Leroy et Tran en 1992 [4].
cette pathologie se trouvent classées à tort dans le groupe des
stérilités inexpliquées. Élément de présomption du diagnostic
Il faut chercher à déceler ces lésions et les traiter car chez ces Deux examens restent toujours d’actualité pour l’étude de la
patientes infertiles, le risque de grossesse ectopique (même en stérilité tubaire : HSG et cœlioscopie.
cas de fécondation in vitro) n’est pas négligeable.
La microchirurgie par laparotomie représente encore actuelle- Hystérosalpingographie
ment la meilleure méthode de réparation du segment proximal L’obstruction du segment proximal peut être totale et perma-
de la trompe. nente ; elle est évoquée devant une image d’arrêt du produit

Techniques chirurgicales - Gynécologie 1


41-524 ¶ Microchirurgie par laparotomie du segment proximal de la trompe

Figure 4. Rigidité.
Figure 1. Obstruction totale permanente.

Figure 5. Irrégularités de la muqueuse.

Figure 2. Obstruction totale intermittente.

Figure 6. Polype.

Figure 3. Diverticules proximaux.


l’étude histologique de la paroi des trompes opérées (quand elles
opaque au niveau du segment interstitiel et plus rarement du sont opérées) a démontré que dans plus de 90 % des cas, il
segment isthmique (Fig. 1) ; c’est l’occlusion tubaire proximale existait des altérations histologiques de cette paroi (Tableau 1).
définie par Rubin [5].
Cœlioscopie (Fig. 7)
L’obstruction proximale peut être totale mais intermittente [6],
elle est évoquée devant un arrêt du produit opaque au niveau Les images décelées à la cœlioscopie (Fig. 7) sont démonstra-
de l’ostium uterinum lors d’une HSG et cette même trompe est tives lorsqu’elles mettent en évidence par exemple un nodule
perméable lors d’une autre HSG ou lors de l’épreuve d’hydrotu- du segment proximal (Fig. 8) (salpingitis isthmica nodosa que
bation colorée pratiquée au cours de la cœlioscopie (Fig. 2). nous préférons appeler salpingiose proximale nodulaire). Mais
Les obstructions partielles sont évoquées devant des images d’autres images sont aussi démonstratives d’atteinte tubaire
de diverticules (Fig. 3), de rigidité (Fig. 4) ou d’irrégularité de la proximale : bombement de la corne utérine avec forte intrava-
muqueuse du segment isthmo-interstitiel (Fig. 5) (et non du sation du bleu de méthylène lors de l’épreuve d’hydrotubation
trajet anatomiquement très variable de ce segment) [7] , de colorée (Fig. 9), rigidité du segment isthmo-interstitiel, plus
polypes (Fig. 6). La perméabilité tubaire est conservée mais rarement une implantation endométriosique.

2 Techniques chirurgicales - Gynécologie


Microchirurgie par laparotomie du segment proximal de la trompe ¶ 41-524

Tableau 1.
Correspondance hystérosalpingographie (HSG) – histologie, 1977 - 2002 : 1 033 trompes opérées.
HSG Obstruction totale Obstruction partielle Total Pourcentage
Permanent Intermittente Irrégularités Bombement Divers et divers Mixtes sans Polype
(occlusion) + rigidité mixtes diverticule
Histologie
Fibrose 205 65 55 64 47 90 37 563 54,5 %
Endométriose 67 21 18 15 38 27 9 195 18,8 %
Salpingiose 53 12 8 17 32 29 9 160 15,5 %
proximale
Polype isolé 5 2 11 25 43 4,3 %
Colonisation 7 11 3 7 2 4 34 3,2 %
endométriale
Tuberculose 5 5 0,5 %
Sans lésion 10 4 3 3 8 5 33 3,3 %
Total 337 113 96 102 129 167 89 1 033 100 %
Pourcentage 33 % 67 %

Figure 7. Aspects cœlioscopiques.


A. Nodule de la corne.
B. Rigidité.
C. Bombement.
D. Aspect extérieur normal.

Figure 8. Salpingiose proximale. Figure 9. Bombement avec intravasation.

Cependant, parfois, l’aspect extérieur semble normal alors


Éléments de confirmation du diagnostic
qu’il y a des images pathologiques de l’HSG. Dans un travail
antérieur [8] nous avons démontré que la corrélation HSG- Seule l’histologie permet d’affirmer la pathologie de la
cœlioscopie n’était pas parfaite ; en effet, l’aspect pathologique trompe. Entre 1977 et 2002, nous avons fait analyser de façon
extérieur de la trompe visible en cœlioscopie n’existe que dans systématique tous les segments proximaux opérés (1 033
68 % des cas où nous avons noté une anomalie de l’HSG, donc trompes) (Tableau 1). Pour chaque trompe, les coupes histolo-
32 % des anomalies HSG correspondent à des trompes présen- giques ont été pratiquées tous les 3 mm à chaque segment :
tant un aspect extérieur quasi normal. isthmique, interstitiel, ostium (réséqué en cas d’implantation

Techniques chirurgicales - Gynécologie 3


41-524 ¶ Microchirurgie par laparotomie du segment proximal de la trompe

tubo-utérine). Les images HSG et les images opératoires filmées


ont été répertoriées et classées avant la réception du résultat
histologique. Seule l’analyse de la corrélation HSG-histologie
représentée sur le Tableau 1 a été rétrospective.
Correspondance entre les images HSG et l’histologie
Analyse des colonnes verticales du Tableau 1.
L’occlusion totale et permanente concerne 337 trompes
(33 % des cas), la totalité de ces trompes présentent des
altérations histologiques de la paroi [9]. Le cathétérisme tubaire
est parfois possible mais il n’est pas possible de supprimer les
lésions de la paroi tubaire par cette manœuvre.
L’occlusion totale et permanente est toujours bilatérale.
L’obstruction totale intermittente correspond à un spasme
(absence de lésion histologique de la paroi tubaire) seulement
dans 8 % des cas de trompes opérées (10 trompes/113). Mais les
patientes présentant ce syndrome ne sont pas toutes opérées [6] ; Figure 10. Endométriose de la paroi tubaire.
en effet, dans 34 % des cas, l’hystéroscopie avec cathétérisme
révèle la présence d’un bouchon muqueux, obstacle que l’on
peut lever facilement par le cathétérisme.
Dans la série des obstructions proximales partielles opérées
(irrégularités de la muqueuse, rigidité, diverticules, polypes,
images mixtes), nous n’avons pas trouvé de lésions histologi-
ques de la paroi dans seulement 4 % des cas (23 trompes/583).
Dans tous les autres cas, la paroi tubaire est pathologique mais
il n’y a aucune spécificité histologique pour aucune image HSG.
La diverticulose, par exemple, classiquement pathognomonique
de l’endométriose, ne correspond à l’endométriose que dans
29,5 % des cas (38 trompes/129).
Classification histologique des lésions
Beaucoup d’auteurs ont déjà proposé des classifications des
lésions du segment proximal de la trompe : Madelenat, Debrux
et Palmer en 1977 [10], Drapier et Bremond en 1979 [11], Salat-
Baroux en 1980 [12] , Dubuisson en 1983 [13] , Philippe en
1985 [14]. Toutes ces classifications sont très différentes les unes Figure 11. Endométriose de la muqueuse tubaire.
des autres car tous les auteurs mélangent les aspects macrosco-
piques (nodules, diverticules, etc.) avec les aspects microscopi-
la muqueuse endométriale au-delà de l’ostium uterinum en
ques (sclérose, endométriose, adénomyose...) et même avec les
direction de la trompe (3,2 %) ; ce serait plutôt une anomalie
hypothèses étiologiques (salpingite ou salpingiose etc.). Le terme
de la jonction utérotubaire. En revanche, il existe une lésion
salpingite isthmique nodulaire illustre tout à fait cette confu-
proximale particulière composée de tubes pseudoglandulaires
sion : salpingite signifie infection ; or, ce sont des lésions parfois
tapissés d’une muqueuse de type tubaire reposant directement
postinfectieuses mais aussi postinflammatoires (postendomé-
sur des fibres musculaires lisses sans stroma ; lorsque ces tubes
triosiques par exemple) ; les lésions histologiques atteignent plus
déforment la trompe en nodule, le terme de salpingitis isthmica
souvent le segment interstitiel que le segment isthmique et
nodosa a été utilisé ; d’autres ont nommé cette lésion endosal-
l’aspect nodulaire n’est pas constant ; il existe des aspects
pingiose, mais ce terme est impropre car il a été inventé par
histologiques identiques sans déformation nodulaire de la
Sampson pour désigner l’endométriose proximale secondaire à
trompe [15, 16].
la ligature tubaire ; d’autres enfin l’ont appelée adénomyose
Il est préférable d’adopter une classification purement
mais ce terme est aussi impropre car il ne s’agit que de tubes à
anatomopathologique [16] avec les aspects macroscopiques
muqueuse tubaire et non pas des glandes. Il vaut mieux
distincts des lésions histologiques.
nommer cette lésion par le terme général de salpingiose
Sur le plan macroscopique, il faut tenir compte de deux proximale (15,5 %).
éléments : l’aspect extérieur et la topographie des lésions. L’aspect
extérieur peut être un nodule, une irrégularité du segment
proximal, un bombement des cornes ou parfois un aspect
Indications thérapeutiques
extérieur tout fait normal. Du point de vue topographique, les La plupart des lésions proximales sont accessibles à la
lésions peuvent s’étendre sur tout le segment proximal (ostium, chirurgie qui donne de très bons résultats, mais toutes les
segment intramural, segment isthmique) ou au contraire se lésions proximales ne doivent pas être opérées d’emblée
localiser et c’est le segment interstitiel qui est le plus fréquem- (Fig. 12).
ment atteint [16]. En épaisseur, les lésions peuvent intéresser En cas d’obstruction proximale totale sur le plan radiologi-
toutes les couches de la trompe (muqueuse, musculeuse, séreuse) que, la cœlioscopie et le cathétérisme vont nous permettre de
(Fig. 10) ou seulement la muqueuse tubaire (Fig. 11). distinguer l’obstruction permanente de l’obstruction intermit-
Sur le plan histologique (colonnes horizontales du Tableau 1), tente. Lorsque l’obstruction totale permanente s’étend de
certaines lésions sont admises par tous les auteurs : c’est la l’isthme jusqu’à l’ostium uterinum (30 % des cas), l’intervention
fibrose (54,5 % des lésions) accompagnée ou non de résidu est souvent inefficace car une réimplantation ampullo-utérine
d’infiltrat inflammatoire ; c’est l’endométriose isthmo- donne exceptionnellement de bons résultats ; il faut avoir
interstitielle pouvant atteindre toutes les trois couches de la recours à la fécondation in vitro. Dans 70 % des cas, le siège de
paroi ou seulement siéger au niveau de la séreuse ou de la la lésion est limité, ce sont des lésions proximales de bon
muqueuse (18,8 %) ; c’est le cas des lésions spécifiques excep- pronostic et la microchirurgie proximale donne d’excellents
tionnelles en Europe, telle la tuberculose (0,5 %) ; c’est le cas résultats. Lorsqu’il n’y a pas eu de grossesse, 1 an après l’inter-
des polypes formés sur place au niveau du segment isthmo- vention, les patientes sont alors adressées à la procréation
interstitiel qui sont à distinguer des polypes utérins prolabés médicale assistée.
dans la trompe à travers l’ostium uterinum (4,3 %) ; c’est encore Dans le cas d’obstruction totale mais intermittente et dans les
le cas de la colonisation endométriale désignant l’extension de cas d’obstruction partielle avec perméabilité conservée, si la

4 Techniques chirurgicales - Gynécologie


Microchirurgie par laparotomie du segment proximal de la trompe ¶ 41-524

Figure 12. Arbre décisionnel. Conduite à te-


Obstruction proximale HSG nir devant une obstruction tubaire proximale.
HSG : hystérosalpingographie ; FIV : féconda-
tion in vitro.
Partielle avec
Totale perméabilité conservée

Cœlioscopique ± cathétérisme

Permanente Intermittente Bilan cœlioscopique

Très étendue Moins étendue Lésions nettes Pas de déformation


atteignant l'ostium du segment proximal Pas de lésions visibles
(30 % des cas)

Recanalisation ou
traitement médical

Microchirurgie Si échec après 1 an


FIV proximale de traitement
Pas de
grossesse après
1 an de
stimulation
ovarienne

cœlioscopie décèle une déformation nette du segment proximal, définitifs et ne compromettent pas les chances d’une féconda-
on aura recours à la microchirurgie car ces patientes sont des tion in vitro ultérieure alors que si on épuise les ovaires par des
patientes à risque de grossesse ectopique. Lorsque la cœlioscopie tentatives répétées de fécondation in vitro, la microchirurgie
montre un aspect extérieur quasi normal, alors un traitement ultérieure ne sera plus efficace. L’agrandissement apporté par le
médical par progestatif, danazol ou analogue de la gonadotrophin microscope opératoire (× 15, × 20) est nécessaire pour des
releasing hormone (GnRH), suivi de stimulation ovarienne peut structures tubaires de faible calibre (2,5 à 3 mm de diamètre
donner de bons résultats. L’intervention ne se conçoit qu’après total dont 0,2 à 0,5 de diamètre intérieur pour le segment
1 an de traitement médical sans succès (sauf si les patientes interstitiel et 4 mm de diamètre total dont 2 à 3 mm de
dépassent 37/38 ans). diamètre intérieur pour le segment isthmique). L’agrandisse-
ment de l’image montre l’imperfection de nos gestes opératoires
et c’est pour cela qu’ont été élaborés les principes de microchi-
■ Techniques chirurgicales rurgie tubaire.
Cette microchirurgie proximale se fait de façon tout à fait
Historique de la chirurgie tubaire proximale aisée en laparotomie car la zone d’anastomose est très profonde
et parfois située à l’intérieur de la corne utérine ; cet abord n’est
La chirurgie conventionnelle par laparotomie a été utilisée pas du tout aisé en cœliochirurgie même assistée par la roboti-
par Palmer (implantation tubo-utérine publiée seulement en
que car les instruments de la cœliochirurgie sont trop grossiers
1968) [17] et par Ehrler dont la technique de l’anastomose
par rapport au calibre du segment isthmo-interstitiel.
intramurale de la trompe a été publiée en 1965 [18]. La micro-
Notre technique microchirurgicale se fait par minilaparoto-
chirurgie proximale par laparotomie a été décrite par Gomel et
mie. Minilaparotomie ne veut pas dire mini-incision cutanée car
McComb en 1979 [19], Diamond en 1979 [20], Cornier et Salat-
une incision de 6 cm, de 8 cm ou de 10 cm présente les même
Baroux en 1979 [21], Dubuisson et Barbot en 1981 [22], Tran en
conséquences, elle signifie laparotomie avec une « agression
1985 [23] et 1987 [24], et Patton en 1987 [25].
minimale » de l’organisme.
Koh a utilisé récemment la cœliomicrochirurgie reprenant
tous les principes de microchirurgie appliqués en cœliochirurgie Cette agression minimale peut être obtenue en respectant les
mais ses résultats concernant la pathologie proximale ne sont principes fondamentaux de la microchirurgie :
pas encore publiés. • manipulation douce et non dilacération des tissus ;
L’apport de la robotique va permettre certainement l’amélio- • hémostase parfaite par coagulation bipolaire sélective des
ration de la cœliochirurgie avec la vision tridimensionnelle et vaisseaux et non électrocoagulation diffuse qui va entraîner
l’utilisation des instruments à « poignets articulés » à l’intérieur un risque de nécrose tissulaire ;
du pelvis. • section franche et non arrachement des tissus ;
• respect de l’intégrité de la séreuse, de la muqueuse tubaire et
de l’albuginée ovarienne ainsi que du péritoine pelvien pour
Principes de la microchirurgie proximale réduire au minimum le risque de libération des facteurs
C’est la méthode de choix pour les lésions du segment inflammatoires susceptibles d’entraîner la formation d’adhé-
tubaire proximal car les résultats sont très bons, ils sont rences ;

Techniques chirurgicales - Gynécologie 5


41-524 ¶ Microchirurgie par laparotomie du segment proximal de la trompe

• éviter la dessiccation du péritoine et des tissus par arrosage On taille ensuite un tunnel dans la corne utérine en s’enfon-
continu du champ opératoire avec du sérum additionné de çant en tronc de cône vers l’ostium uterinum (direction de la
corticoïde et de noxytioline ; flèche b) (Fig. 13, 14). Tout le segment interstitiel est ainsi
• précaution d’asepsie parfaite car il existe toujours un risque réséqué jusqu’à l’ostium uterinum qui est repéré par la présence
de réveil infectieux : préparation minutieuse du champ d’une petite artériole arrivant à son bord inférieur.
opératoire, isolement de la cavité pelvienne de la surface La résection de la totalité du segment interstitiel est justifié
cutanée par l’utilisation des champs collants et des par le fait que c’est le segment le plus fréquemment atteint [24]
« anneaux » stériles de protection, isolement parfait du (Fig. 13C).
microscope par une housse stérile... ;
Ce tunnel musculaire de la corne utérine assure une protec-
• repéritonisation complète de toutes les zones dépéritonisées
tion efficace contre la rupture utérine en cas de grossesse
avec des fils à résorption lente de 6/0 ou 7/0 noués par des
ultérieure [17].
points inversants. En effet en cas de pathologie tubaire
postinfectieuse ou postinflammatoire (endométriose par
exemple), le tissu sous-péritonéal présente toujours un Deuxième temps : exposition de l’ostium
granulome inflammatoire et si on laisse non couvertes de uterinum
larges zones dépéritonisées, les adhérences vont se former. Il
L’anastomose se fait entre l’isthme distal et l’ostium uterinum
n’y a aucune comparaison possible avec une hystérectomie
qui est profondément situé au fond du tunnel musculaire. Pour
pour lésions bénignes ou une césarienne qui se fait sur un
tissu sous-péritonéal sain. De plus, il y a moins de risques la rendre plus facile, nous éversons provisoirement la base du
d’adhérence avec une ligne de suture fine qu’avec une large tunnel par les points 7/0 qui la fixent à la surface de la corne
zone dépéritonisée cruentée ; utérine (Fig. 13D, 14), l’orifice ostial devient ainsi tout à fait
• lutte anti-inflammatoire postopératoire par l’utilisation des superficiel et aisément accessible (Fig. 15).
corticoïdes à faibles doses (dexaméthasone : 5 à 10 mg/j) sous
couverture d’antibiotiques pendant 25 à 30 jours car il est Troisième temps : rapprochement des segments
connu qu’une agression chirurgicale provoque un état à anastomoser
inflammatoire de la cavité péritonéale pendant environ
28 jours ; Pour amener la tranche de section de l’isthme distal au
• enfin utilisation des fils de suture résorbables de très fin contact de l’ostium uterinum, nous suturons le plan profond du
calibre (7/0 pour le péritoine, 8/0 et 9/0 pour la trompe). mésosalpinx au péritoine postérieur de la corne utérine
Cette laparotomie avec le minimum d’agression tissulaire ne (Fig. 16).
génère que très peu d’adhérences de novo (cf. infra) et ne
donne aucune complication postopératoire. Les progrès de Quatrième temps
l’anesthésie autorisent la sortie des patientes au 4e jour, dans
40 % des cas même au 3e jour. Le quatrième temps est différent suivant que l’on pratique
l’anastomose isthmo-ostiale, la réimplantation isthmo-ostiale ou
la réimplantation isthmo-utérine.
Techniques proprement dites
Anastomose isthmo-ostiale
Des trois techniques que nous allons décrire : anastomose
L’analyse minutieuse de l’aspect radiologique de l’ostium,
isthmo-ostiale, réimplantation isthmo-ostiale, réimplantation
isthmo-utérine, seule l’anastomose isthmo-ostiale donne de l’examen au fort grossissement de sa muqueuse et de sa muscu-
bons résultats. leuse permettent de juger de la normalité de l’ostium (et il est
L’opération se décompose en cinq temps. normal dans presque deux tiers des cas). Nous vérifions la
perméabilité de l’ostium par l’injection de bleu de méthylène
très dilué à partir d’une sonde de Pezzer introduite préalable-
Premier temps : résection du segment proximal
ment dans la cavité utérine avec des précautions d’asepsie très
pathologique strictes. Nous le conservons alors et nous suturons bout à bout
Après avoir effectué l’adhésiolyse des annexes (lorsqu’il existe l’isthme et l’ostium, c’est l’anastomose isthmo-ostiale. Nous
des adhérences ce qui est rare pour les lésions proximales utilisons quatre points musculaires extramuqueux avec du fil à
isolées), nous surélevons la corne qui va être opérée en entas- résorption lente de 8/0 pour le premier plan (à 5 h, 8 h, 11 h,
sant des compresses humides et tièdes dans le cul-de-sac de et 2 h) (Fig. 13E, 17, 18). Le deuxième plan fixe la base du
Douglas et aussi dans le cul-de-sac vésico-utérin ; cette manœu- tunnel musculaire (libérée des points provisoires d’éversion) à la
vre immobilise aussi la corne pendant l’opération. L’axe de tunique séromusculaire de l’isthme grâce à un surjet de fil à
l’optique du microscope est orienté selon la direction de l’axe résorption lente 7/0 (Fig. 13F, 19).
longitudinal du segment proximal ; il est donc perpendiculaire Nous vérifions l’étanchéité de l’anastomose et de la perméa-
à la section de l’ostium uterinum ; la vision de cet orifice sera bilité de la trompe.
parfaite et le passage des fils plus aisé.
La section de l’isthme (Fig. 13B) (flèche a) se fait aux ciseaux Réimplantation isthmo-ostiale
fins, les vaisseaux et seulement les vaisseaux (et non les tissus
Lorsque l’ostium n’est pas perméable, nous réséquons la
avoisinants) coagulés à la pince bipolaire. Le niveau de section
muqueuse et la couche musculaire interne, circulaire de l’ostium
est difficile à déterminer, il faut réséquer seulement la portion
pathologique car le sacrifice d’une trop grande longueur de (Fig. 20A, B), nous conservons la couche musculaire externe
l’isthme risque de compromettre la fertilité [26]. On peut se fier dont le diamètre intérieur correspond au diamètre extérieur de
à l’examen au fort grossissement de la tranche distale de la l’isthme. Cet anneau musculaire externe peut jouer le rôle de
section : muqueuse d’aspect sain, lumière perméable, paroi sphincter physiologique car ses connexions nerveuses sont
souple ; cependant il serait souhaitable d’avoir recours à restées intactes [27].
l’examen histologique extemporané pour être sûr d’être en On introduit l’isthme à l’intérieur de l’anneau musculaire
territoire sain. externe de l’ostium jusqu’à ce que la muqueuse tubaire soit au
La section du mésosalpinx doit respecter si possible l’arcade contact de la muqueuse utérine afin de réduire le risque de
tubaire située à environ 1 cm du bord inférieur de l’isthme. fibrose entre les deux muqueuses, facteur de réobturation.
On sectionne ensuite la circonférence de la jonction isthmo- Quatre points de 5 h, 7 h, 11 h, 1 h de fil à résorption lente de
interstitielle (Fig. 13B) (flèche b) repérée par l’endroit où le 7/0 fixent le segment isthmique à l’anneau musculaire externe
calibre extérieur de l’isthme paraît augmenter pour devenir la de l’ostium. Le deuxième plan séromusculaire se fait avec un
corne utérine. surjet de fil à résorption lente de 7/0 (Fig. 20C).

6 Techniques chirurgicales - Gynécologie


Microchirurgie par laparotomie du segment proximal de la trompe ¶ 41-524

1 2 3

a
b

U T

b
a
A B

C D
6

E F
Figure 13.
A à F. Anastomose isthmo-ostiale. 1. Endomètre ; 2. ostium uterinum ; 3. segment interstitiel ; 4. couche musculaire externe ; 5. couche musculaire interne ;
6. isthme. a,b : sections. T : trompe ; U : utérus.

Réimplantation isthmo-utérine (Fig. 21) réduit, 50 µm environ [28] . Le risque de fibrose, donc de
Lorsque la paroi musculaire de l’ostium paraît pathologique, réobturation, est nettement plus important que dans les deux
ce qui se voit quand il y a une adénomyose utérine étendue à premières interventions.
la trompe, nous réséquons aussi l’anneau musculaire externe
(donc tout l’ostium uterinum) (Fig. 21B), l’isthme est donc au Soins immédiats après les anastomoses
contact direct avec le myomètre et l’endomètre et la suture se microchirurgicales
fait aussi en deux plans (Fig. 21C).
Cette intervention est la moins physiologique des trois. Elle Le lavage de la cavité pelvienne doit être très soigneux.
est plus hémorragique car les vaisseaux de la couche musculaire Normalement la microchirurgie pratiquée avec ces principes
externe plexiforme ont un calibre de 150 à 180 µm pour les n’expose à aucun risque hémorragique.
artérioles et de 190 à 200 µm pour les veinules alors qu’au L’utilisation des barrières antiadhérentielles n’est pas néces-
niveau de la couche musculaire circulaire interne (réimplanta- saire. Le risque d’adhérences postopératoires est minime : moins
tion isthmo-ostiale), les vaisseaux ont un calibre beaucoup plus de 10 % d’adhérences vélamenteuses et peu étendues [9].

Techniques chirurgicales - Gynécologie 7


41-524 ¶ Microchirurgie par laparotomie du segment proximal de la trompe

Figure 14. Dissection de la corne et éversion du cône. Figure 17. Mise en place des points inférieurs.

Figure 15. Exposition de l’ostium uterinum après éversion de la base du Figure 18. Anastomose isthmo-ostiale terminée.
cône de résection.

Figure 19. Surjet du deuxième plan avec points d’arrêt inversants.


Figure 16. Suture du plan péritonéal profond.

■ Traitement et suivi Nous n’avons eu aucune complication importante au cours


de nos 1 589 interventions de microchirurgie tubaire, tout au
postopératoire. Complications plus trois hématomes de paroi et un abcès de paroi chez une
Les suites postopératoires sont très simples. Les progrès de patiente diabétique.
l’anesthésie et de l’analgésie postopératoires permettent le réveil Nous préconisons systématiquement la stimulation ovarienne
rapide, l’alimentation précoce et la reprise précoce du transit, au 2e cycle postopératoire et s’il n’y a pas de grossesse après
ainsi que la réduction de la douleur postopératoire. L’hospitali- 3 mois de stimulation ovarienne, une HSG de contrôle est
sation dure 4 jours au maximum et 40 % des patientes rentent prescrite.
chez elles au 3e jour postopératoire.
Nous préconisons l’utilisation pendant 30 jours des antibio-
tiques per os et de la dexaméthasone (à très faible dose : ■ Résultats
1 comprimé à 0,5 mg/j) afin de réduire encore plus le risque
d’adhérences en luttant contre les phénomènes inflammatoires Ils seraient appréciés selon trois critères : la formation
secondaires à tout acte chirurgical (estimés à 28 jours par les d’adhérences postopératoires, la perméabilité et la fertilité
travaux expérimentaux). postchirurgicales.

8 Techniques chirurgicales - Gynécologie


Microchirurgie par laparotomie du segment proximal de la trompe ¶ 41-524

A B C
Figure 20. Réimplantation isthmo-ostiale. 1. Anneau musculaire externe ; 2. anneau musculaire interne.

A B C
Figure 21. Réimplantation isthmo-utérine. a : niveau de la section.

Nous avons opéré, entre 1977 et 2004, 1 589 patientes Perméabilité tubaire postopératoire
présentant des lésions tubaires, 455 réanastomoses, 507 obs-
tructions distales, de bon pronostic, 475 obstructions proxima- Elle est vérifiée après 3 mois de stimulation ovarienne sans
les de bon pronostic ; 152 lésions de mauvais pronostic succès par l’HSG et éventuellement par la cœlioscopie. Elle est
(120 distales et 32 proximales) ont été opérées entre 1977 et très bonne pour l’anastomose isthmo-ostiale : 73 % [24], moins
1987 ; ces cas de mauvais pronostic ne sont plus opérés après bonne pour la réimplantation isthmo-utérine (67 %) et encore
1987 quand la fécondation in vitro est devenue fiable car les moins bonne pour la réimplantation isthmo-ostiale (58 %).
grossesses étaient rares entre 10 % pour les distales et 30 % pour
les proximales). Fertilité postopératoire [29, 30]

Quatre cent soixante-quinze patientes présentaient des lésions


Adhérences postopératoires proximales de bon pronostic, 356 patientes étaient enceintes
(soit 75 %), 323 ont accouché d’au moins un enfant vivant (soit
Lorsqu’il n’y a pas de grossesse 1 an après l’intervention, 68 %), 20 patientes présentaient une grossesse tubaire (4 %).
nous faisons systématiquement un contrôle cœlioscopique. Les deux tiers des grossesses survenaient chez des patientes
Parmi les 1 062 patientes qui ne présentaient pas d’adhéren- ayant subi une anastomose isthmo-ostiale ; il y a eu très peu de
ces lors de l’intervention, (452 réanastomoses, 464 lésions grossesse chez les patientes ayant subi une réimplantation
proximales, 146 lésions distales), 207 ont eu un contrôle isthmo-utérine même si la perméabilité était correcte ; il y a eu
cœlioscopique (15 réanastomoses, 109 lésions proximales, certainement un effet de raccourcissement de la trompe préju-
83 lésions distales), le contrôle ne montre que 10 % d’adhéren- diciable à la fertilité [26].
ces vélamenteuses de novo de faible étendue : 0 pour les
réanastomoses, 5/109 proximales, 16/83 distales ; 375 patientes
présentaient des adhérences préexistantes (trois réanastomoses,
■ Conclusion
43 lésions proximales, 329 lésions distales) ; 275 ont eu un Les lésions tubaires proximales ne sont pas rares, elles sont
contrôle cœlioscopique au bout de 1 an. Lorsque les adhérences cependant méconnues car le gynécologue ne se fie le plus
étaient denses à l’origine, la reformation était de 77 %, et souvent qu’à la perméabilité tubaire et n’étudie pas suffisam-
lorsque les adhérences étaient vélamenteuses, la reformation ment la morphologie extérieure et surtout intérieure du seg-
intéressait 25 % des cas. ment isthmo-interstitiel.
On peut donc dire que la microchirurgie n’entraîne que très Seule la microchirurgie par laparotomie peut réparer parfaite-
peu d’adhérences de novo (10 %) vélamenteuses et de faible ment ces lésions mais il ne faut opérer que les lésions de bon
étendue. pronostic.

Techniques chirurgicales - Gynécologie 9


41-524 ¶ Microchirurgie par laparotomie du segment proximal de la trompe

La microchirurgie doit être prescrite avant les tentatives [14] Philippe E, Khalil T, Walter P, Minko D. L’adénomyose du segment
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D.-K. Tran, Professeur des Universités, expert près les Tribunaux (dkhiemtran@aol.com).
Le Victoria Cimiez, 1, avenue Reine Victoria, 06000 Nice, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Tran D.-K. Microchirurgie par laparotomie du segment proximal de la trompe. EMC (Elsevier Masson SAS,
Paris), Techniques chirurgicales - Gynécologie, 41-524, 2007.

Disponibles sur www.emc-consulte.com


Arbres Iconographies Vidéos / Documents Information Informations Auto-
décisionnels supplémentaires Animations légaux au patient supplémentaires évaluations

10 Techniques chirurgicales - Gynécologie


¶ 41-528

Salpingoscopie
H. Dechaud, C. Dechanet, J. Faidherbe, B. Hedon

L’intérêt clinique de la salpingoscopie est basé sur le rôle essentiel de la muqueuse tubaire en fertilité. Une
muqueuse endoluminale avec des plis normaux et des cellules sécrétrices et ciliées normales est capitale
pour le transport des gamètes et la fécondation. La muqueuse de la portion ampullaire des trompes de
Fallope chez des patientes ayant une infertilité tubaire peut objectiver certaines anomalies comme une
déciliation, un aplatissement des plis, une inflammation, des adhérences fines ou épaisses, une fibrose
des plis ou de la paroi et des lésions occlusives. La salpingoscopie, qui permet une évaluation visuelle
directe de la muqueuse ampullaire, peut révéler un nombre significatif de lésions tubaires non détectées
par l’hystérosalpingographie ou la cœlioscopie. Elle est indiquée chez les patientes suspectes d’avoir une
pathologie tubaire. Elle permet une évaluation détaillée de la muqueuse endoluminale des trompes en
complémentarité avec les autres moyens d’investigation de la fonction tubaire.
© 2007 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Mots clés : Salpingoscopie ; Trompe de Fallope ; Endoscopie tubaire ; Infertilité tubaire ; Pathologie tubaire

Plan Durant le siècle suivant, les techniques de cathétérismes


tubaires par voie transcervicales ont été recentrées sur la
stérilisation et les méthodes d’obstruction de la portion
¶ Historique de l’endoscopie tubaire 1
proximale.
¶ Définition 2 Dans les années 1960, certains auteurs concluaient qu’il serait
¶ Objectif 2 impossible de passer des objets à partir de la cavité utérine
¶ Matériel et technique 2 jusque dans la lumière tubaire parce que celle-ci a un diamètre
Salpingoscopie par voie abdominale 2 trop étroit et une variabilité extrême, tant dans ses configura-
Salpingoscopie par voie vaginale 2 tions que dans ses directions. Cependant, en 1970, Mori
décrivait l’utilisation d’un endoscope réalisé avec des fibres de
¶ Indication 2 verres souples pour l’observation endotubaire. L’instrument est,
¶ Sémiologie 2 alors, appelé « tubaloscope » [2]. Le diamètre externe de cette
Aspects normaux 2 fibre est d’au moins 0,8 mm et elle est insérée directement dans
Aspects pathologiques 2 l’ostium après repérage hystéroscopique. Toutefois, la taille, la
¶ Contribution à l’investigation tubaire 3 mauvaise qualité de l’image et l’absence de système de trans-
mission des images ont nettement limité l’accès aux trompes et
¶ Conclusion 3
le développement de la technique. Malgré ces inconvénients, le
travail de cette équipe représente une étape primordiale vers le
développement ultérieur de la falloposcopie qui permettra,
20 ans plus tard, d’explorer entièrement la lumière tubaire.
■ Historique de l’endoscopie En 1981, Cornier expose les premiers résultats de l’endoscopie
de la portion distale des trompes qu’elle réalise par voie
tubaire abdominale [3]. Dans les suites immédiates, plusieurs équipes
La première tentative de cathétérisme des trompes utérines décrivent diverses techniques appelées fimbrioscopie, salpingo-
par voie transcervicale fut rapportée dans un travail réalisé en scopie ou ampulloscopie [4].
1849 [1]. L’auteur utilisait alors une canule en argent en forme En 1990 est décrite pour la première fois la falloposcopie qui
de J pour accéder aux ostia utérotubaires puis, ainsi guidé, il consiste en une exploration complète de la lumière tubaire par
glissait un fanon de baleine dans la lumière tubaire. Au travers voie transcervicale, grâce au développement de fibres optiques
de cet article, quatre concepts modernes furent abordés. de 0,45 mm de diamètre [5, 6].
Premièrement, l’idée que du « sable » puisse obstruer la lumière Enfin, le développement de la cœlioscopie par voie transva-
tubaire et, ainsi, rendre stérile des femmes. Deuxièmement, un ginale a permis de créer le concept de fertiloscopie qui consiste
objet mécanique pouvait enlever cet obstacle et rétablir la à réaliser dans le même temps opératoire une cœlioscopie par
fertilité. Troisièmement, un système coaxial pouvait être utilisé voie transvaginale, une hystéroscopie, une épreuve de perméa-
pour cathétériser la lumière tubaire et, enfin, l’accession à la bilité tubaire au bleu de méthylène et une salpingoscopie [7, 8]
lumière tubaire pouvait se faire par impression tactile. (Tableau 1) [9-18].

Techniques chirurgicales - Gynécologie 1


41-528 ¶ Salpingoscopie

Tableau 1.
Chronologie des principaux évènements dans l’élaboration du concept
d’endoscopie tubaire.
Année Auteurs Contribution
1561 Fallopius [9] Première description anatomique
des trompes utérines
1849 Smith [1] Première tentative de cathétérisme tubaire
1966 Corfman [10] Instrumentation pour cathétérisme
transcervical
1970 Mori [2] Première endoscopie tubaire (tubaloscope)
1977 Rouanet [11] Première salpingographie sélective
1982 Cornier [12] Première endoscopie tubaire par voie
transabdominale
1985 Platia [13] Première recanalisation tubaire sur
pathologie proximale
1985 Henry-Suchet [14] Définition de la tuboscopie
1986 Confino [15] Tuboplastie proximale par ballonnet
Figure 1. Ampoule normale.
intratubaire
1987 Brosens [16] Salpingoscopie dans l’évaluation tubaire
[17]
dénombrement de ces noyaux colorés permet de classer
1990 Kerin Première falloposcopie l’épithélium tubaire de normal (aucune coloration) à pathologi-
1998 Gordts [18] Première fertiloscopie que [26]. Dans une étude rétrospective sur 500 cas, la salpingo-
scopie était anormale dans seulement 8 % des trompes perméa-
bles. En revanche, la microsalpingoscopie montrait 37 %
■ Définition d’anomalies sur les mêmes trompes [24].

La salpingoscopie est l’endoscopie de la portion distale des


trompes de Fallope, à savoir l’exploration visuelle directe du ■ Indication
pavillon tubaire et de l’ampoule. La salpingoscopie est indiquée chez les patientes suspectes
d’une pathologie tubaire entraînant une infertilité.
■ Objectif Les antécédents connus ou non de pathologies pelviennes
infectieuses (infections génitales hautes) sont une indication
L’objectif de la salpingoscopie est d’évaluer directement de majeure de salpingoscopie car les lésions postinfectieuses
visu la muqueuse endotubaire afin d’établir un pronostic de peuvent atteindre la muqueuse endoluminale. Il n’existe pas de
fonctionnalité tubaire, donc de fertilité spontanée ou après corrélation entre la sévérité des lésions péritonéales et le degré
chirurgie tubaire [19, 20]. d’atteinte de la lumière tubaire, ce qui justifie une exploration
de cette dernière pour établir le pronostic tubaire.
L’endométriose pelvienne est une deuxième indication de
■ Matériel et technique salpingoscopie en sachant que dans cette pathologie, l’atteinte
de la lumière tubaire est souvent peu marquée.
L’antécédent de grossesse ectopique tubaire peut représenter
Salpingoscopie par voie abdominale une autre indication de salpingoscopie pour rechercher a
Le salpingoscope utilisé est soit un endoscope rigide de posteriori une explication lorsqu’un traitement conservateur a
2,8 mm, soit un endoscope souple (3,4 mm) en cours de été réalisé. Cet examen permet aussi un pronostic de fonction-
cœlioscopie (ou de laparotomie). La distension de l’ampoule se nalité à partir de l’analyse de la pathologie initialement
réalise avec une perfusion continue de sérum physiologique. La responsable de la grossesse extra-utérine.
trompe doit être saisie avec délicatesse afin d’éviter les déchiru- Enfin, l’infertilité idiopathique peut bénéficier d’une étude
res et les saignements. Une exploration trop longue peut .
par salpingoscopie afin de révéler d’éventuelles lésions endotu-
entraîner un œdème muqueux qui peut nuire à l’interprétation baires qui passeraient inaperçues avec les moyens d’explorations
des images. De même, la présence de bulles d’air peut entraîner conventionnels.
une « compression » des plis et donner une interprétation
erronée des images. Les mouvements de l’endoscope doivent
être lents et méticuleux afin de ne pas risquer la perforation de ■ Sémiologie
la paroi tubaire.
Aspects normaux (Fig. 1, 2)
Salpingoscopie par voie vaginale Le pavillon doit avoir des franges muqueuses souples et libres
de toutes adhérences. La muqueuse de l’ampoule comporte 4 à
Les développements récents de la cœlioscopie par voie
5 plis muqueux primaires longitudinaux avec de multiples plis
transvaginale ou de la fertiloscopie ont permis de réaliser, par la
secondaires et tertiaires. Ces plis ont un très fin réseau vascu-
même voie, et souvent par le même matériel, une salpingosco-
laire, bien visible en vision de contact. À la jonction isthmo-
pie [21]. L’approche par le cul-de-sac de Douglas facilite le geste
ampullaire, le diamètre de la lumière tubaire se rétrécit de façon
et la vision en milieu hydrique donne des images de haute
concentrique, ne permettant pas l’accès de l’endoscope à la
définition [22]. De plus, cet examen peut facilement être réalisé
portion isthmique des trompes.
sous anesthésie locale avec une très bonne tolérance [23]. La
technique est simple et consiste à stabiliser le pavillon avec une
fine pince introduite par le canal opérateur. Ensuite, l’endoscope Aspects pathologiques (Fig. 3, 4)
est délicatement introduit dans le pavillon puis dans l’ampoule En présence d’un hydrosalpinx ou d’un phimosis tubaire,
tubaire jusqu’à la jonction isthmo-ampullaire. Durant la l’ouverture de la trompe est un préalable indispensable afin de
procédure, une irrigation est réalisée en continu. La réalisation réaliser l’évaluation de l’endosalpinx.
complémentaire d’une microsalpingoscopie est possible en Les pathologies de la muqueuse peuvent être soit une atro-
utilisant un endoscope avec un grossissement de 180 fois [24]. phie, soit une hypertrophie des plis. L’atrophie peut être
Cette microsalpingoscopie doit être réalisée après une épreuve étendue, focalisée, complète, sévère ou partielle. En présence
au bleu de méthylène pour examiner le nombre de noyaux d’une atrophie partielle, les plis restants perdent leur mobilité,
cellulaires colorés présents dans l’épithélium tubaire [25]. Le leur translucidité et parfois leur réseau vasculaire donnant

2 Techniques chirurgicales - Gynécologie


Salpingoscopie ¶ 41-528

Tableau 2.
Score tubaire en salpingoscopie [16].

Grade I Aspect normal des plis


Grade II Aplatissement des plis primaires avec espacement
de ces plis
Grade III Adhérences fines entre les plis muqueux
Grade IV Synéchies de la lumière tubaire
Grade V Fibrose des plis

Les adhérences intraluminales sont des structures constam-


ment pathologiques, avasculaires. Elles peuvent être isolées ou
multiples, fines (vélamenteuses) ou épaisses (fibreuses), interpa-
riétales (synéchies) ou interplis, le plus souvent non obstructi-
ves. Elles marquent toujours un degré d’atteinte très sévère de
la trompe. La présence d’adhérences dans un hydrosalpinx signe
la non-fonctionnalité de la trompe [27].
Figure 2. Ampoule normale avec plis muqueux. Les différents aspects normaux et pathologiques ont été
analysés sous la forme d’un score pronostique en termes de
survenue de grossesse (Tableau 2).

■ Contribution à l’investigation
tubaire
D’une façon conventionnelle, l’exploration tubaire est réalisée
par l’hystérosalpingographie et par la cœlioscopie. Aucune des
deux ne permet une évaluation des pathologies intratubaires.
L’exploration directe de la muqueuse par salpingoscopie lui
confère une meilleure pertinence diagnostique [28-30] . La
salpingoscopie offre une meilleure appréciation tubaire que la
simple visualisation du pavillon (fimbrioscopie). Cette dernière
technique a 49 % de faux négatifs par rapport à la salpingosco-
pie sur des pathologies tubaires postinfection génitale haute [31].
La présence d’adhérences intratubaires identifiées à la salpin-
goscopie, semble être le facteur ayant le plus mauvais pronostic
en termes de grossesses spontanées puisque, en l’absence
d’adhérences, le taux de grossesses intra-utérines est de 59 %
Figure 3. Atrophie majeure sur hydrosalpinx.
alors que la présence d’adhérences réduit ce taux à 22 % et
augmente celui des grossesses extra-utérines à 11 % [27].
Une étude sur 163 patientes avec un suivi de 42 mois
démontre le caractère pronostique de la salpingoscopie [31].
Chez les patientes aux trompes perméables, le taux cumulé de
grossesses intra-utérines est de 64 % dans les groupes I et II
versus 36,7 % dans les groupes III et IV. Aucune grossesse n’est
survenue dans le groupe V. Chez les patientes avec des hydro-
salpinx, les taux cumulés de grossesses intra-utérines sont de
78,6 % dans les groupes I et II versus 23,5 % dans les groupes
III et IV. Là aussi, aucune grossesse n’est survenue dans le
groupe V [31].
La morphologie de la muqueuse endotubaire apparaît comme
le facteur diagnostique et pronostique le plus performant pour
évaluer le devenir de fertilité, ainsi que le risque de grossesses
tubaires [32].

Figure 4. Hydrosalpinx avec atrophie et adhérences intra-ampullaires.


■ Conclusion
L’exploration de la muqueuse endoluminale des trompes de
Fallope étant une étape majeure dans l’établissement du
l’impression d’une structure « morte ». Le nombre des plis pronostic de fertilité tubaire, la salpingoscopie devrait apparaître
décroît très rapidement en fonction du degré d’atteinte patho- comme indispensable dans le bilan d’infertilité féminine.
logique de la trompe. Une muqueuse atrophique prend un Cependant, sa mise en œuvre est plus difficile car elle nécessite
aspect blanc livide. L’hypertrophie des plis se retrouve dans des un appareillage spécifique. L’avènement plus récent des techni-
zones hautement pathologiques. Ces plis sont isolés au sein de ques de cœlioscopie par voie transvaginale ou de fertiloscopie
l’atrophie sévère. L’aspect est grossier, anarchique. Ils paraissent permet de repositionner la salpingoscopie dans l’arsenal
figés et parfois soumis à une inflammation persistante marquée diagnostique d’une infertilité féminine [33, 34]. Toutefois, le
par une impression d’œdème. développement majeur des techniques d’assistance médicale à la
Les anomalies de la vascularisation se rencontrent dans les procréation pousse à redéfinir le bilan initial et, peut-être à tort,
atrophies où elle prennent l’aspect d’hypovascularisation. Les pousse à négliger le pronostic tubaire de nos patientes. La
états inflammatoires aigus se traduisent par une hypervascula- salpingoscopie n’est donc pas obsolète. Sa place doit se conce-
risation où le simple contact du scope peut entraîner un voir en termes de complémentarité entre tous les examens
saignement endotubaire minime. disponibles pour explorer et traiter les couples infertiles.

Techniques chirurgicales - Gynécologie 3


41-528 ¶ Salpingoscopie

■ Références
.

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H. Dechaud (h-dechaud@chu-montpellier.fr).
C. Dechanet.
J. Faidherbe.
B. Hedon.
Département de médecine et biologie de la reproduction, CHU Arnaud-de-Villeneuve, Université Montpellier I, Faculté de Médecine de Montpellier, 371,
avenue du doyen G.-Giraud, 34295 Montpellier cedex 5, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Dechaud H., Dechanet C., Faidherbe J., Hedon B. Salpingoscopie. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris),
Techniques chirurgicales - Gynécologie, 41-528, 2007.

Disponibles sur www.emc-consulte.com


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4 Techniques chirurgicales - Gynécologie


41-760
Encyclopédie Médico-Chirurgicale 41-760

Chirurgie de l’endométriose pelvienne


(chirurgie tubaire exclue)
D Querleu

Résumé. – La chirurgie de l’endométriose doit être considérée comme une chirurgie fonctionnelle, plus
destinée à résoudre des symptômes qu’à éradiquer une maladie. Elle repose sur la laparotomie ou la
cœlioscopie. Elle comporte variablement l’adhésiolyse, l’exérèse des kystes, l’excision ou la destruction des
lésions péritonéales, l’exérèse « oncologique » des lésions sous-péritonéales en cas de douleur rebelle ou de
sténose urétérale ou digestive.
© 2000 Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS. Tous droits réservés.

Mots-clés : endométriose, kystes ovariens, adhésiolyse, cœliochirurgie, douleur, infécondité.

Introduction raison de la bénignité de l’affection et des possibilités de traitement


palliatif (traitement médicamenteux pour la douleur, fécondation in
L’endométriose pelvienne se présente sous trois formes : vitro pour l’infécondité). L’éradication est inutile pour les lésions
l’endométriose interne ou utérine (adénomyose), l’endométriose minimales qui ne sont pas pathogènes.
tubaire (exclue par définition de ce chapitre) et l’endométriose La chirurgie de l’endométriose est donc une chirurgie paradoxale.
externe. Elle peut être facile, mais inutile, dans les lésions minimales. Elle
L’adénomyose pose peu de problèmes. Dans sa forme mineure, elle peut être hautement complexe, et ses risques dépasser son bénéfice
peut faire l’objet d’une abstention ou d’un simple traitement dans les lésions majeures, où la meilleure indication est la douleur.
médical. Dans sa forme modérée ou majeure, elle est rebelle aux La chirurgie prend en fait toute son utilité dans les cas
traitements médicaux et justifie l’hystérectomie. C’est alors une intermédiaires (kystes ovariens, adhérences modérées), où on trouve
indication élective de l’hystérectomie transvaginale. Des techniques un bon compromis entre le bénéfice et le risque, et l’inapplication
de chirurgie conservatrice ont cependant été décrites. évidente des thérapeutiques alternatives. Elle intervient aussi en fin
On pourrait penser que l’endométriose externe, maladie chronique, de parcours, lorsque toutes les autres ressources ont été épuisées,
à tendance envahissante, doive faire l’objet d’une chirurgie d’exérèse pour la chirurgie radicale qui constitue parfois une fin logique. Le
dont le but est l’éradication. La logique de la chirurgie n’est choix entre la chirurgie conservatrice et la chirurgie radicale n’est
cependant pas aussi primaire. L’endométriose externe n’est pas une pas un choix. C’est simplement le respect d’impératifs : la femme
maladie, mais un état qui peut être sans retentissement (il n’y a alors jeune ou inféconde impose un choix conservateur, la femme victime
pas d’indication opératoire, sauf kyste de l’ovaire), induire une de plusieurs années de douleurs exige une exérèse.
infécondité (on fait alors l’adhésiolyse et le traitement de lésions La place des thérapeutiques médicales ne peut être éludée. À titre
tubaires) ou provoquer des douleurs rebelles (il faut alors tenter exclusif, elles ont essentiellement un effet suspensif et
d’éradiquer les lésions algogènes). Encore faut-il préciser que la symptomatique, et la récidive est hautement probable après l’arrêt.
relation de cause à effet entre l’endométriose et le motif de À titre préopératoire, elle peut, pour certains, aider les dissections et
consultation est inconstante, et variable selon les lésions observées. réduire l’état inflammatoire. À titre postopératoire, elle est conseillée
En cas de lésions minimales, la responsabilité de l’endométriose et systématiquement par certains, en cas de lésions résiduelles
l’intérêt des thérapeutiques sont loin d’être démontrés, aussi bien difficilement extirpables pour les autres.
dans le domaine de l’infécondité que de la douleur. En cas de lésions
plus sévères, la relation avec l’infécondité n’est certaine que pour
les adhérences et les lésions tubaires, la relation avec la douleur n’est Voie d’abord et stratégie opératoire
certaine que pour les lésions profondes sous-péritonéales.
Il faut donc distinguer clairement deux objectifs : l’éradication de la Tous les gestes concernant l’endométriose externe peuvent être
maladie et le traitement de la gêne occasionnée. Ce dernier objectif exécutés par cœliochirurgie ou laparotomie. Le choix dépend de la
est le seul tenable. L’éradication est en effet relativement illusoire spécialisation du chirurgien et des conditions locales. Le choix est
(puisque des récidives surviennent même après traitement en fait opérateur-dépendant. On ne peut cacher que le taux de
chirurgical large, puisque le résultat de l’adhésiolyse dans les traitement cœliochirurgical est un indice de spécialisation ; il ne peut
adhérences massives est décevant) et non constamment justifiée en cependant, dans aucune expérience, atteindre 100 %. Avant de
prendre une décision de laparotomie, il ne faut pas méconnaître le
risque important d’aggravation de l’état adhérentiel : les cas difficiles
Denis Querleu : Professeur de gynécologie-obstétrique à la faculté de médecine de Lille, clinique universitaire
sont donc en général plus une indication d’abstention que de
de gynécologie-obstétrique, pavillon Paul Gellé, 91, avenue Julien-Lagache, 59100 Roubaix, France. laparotomie. Cette abstention est provisoire si on adresse la patiente

Toute référence à cet article doit porter la mention : Querleu D. Chirurgie de l’endométriose pelvienne (chirurgie tubaire exclue). Encycl Méd Chir (Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS, Paris, tous droits réservés),
Techniques chirurgicales – Gynécologie, 41-760, 2000, 11 p.
41-760 Chirurgie de l’endométriose pelvienne (chirurgie tubaire exclue) Techniques chirurgicales

Tableau I. – Classification de l’American Fertility Society (mars 1985).

Endométriose Étendue < 1 cm 1-3 cm > 3 cm

Péritoine S 1 2 4
P 2 4 6

Ovaire droit S 1 2 4
P 4 16 20

Ovaire gauche S 1 2 4
P 4 16 20

Partiellement oblitéré Complètement oblitéré


Douglas
4 40

Adhérences Ovaire droit V 1 2 4


D 4 8 16

Ovaire gauche V 1 2 4
D 4 8 16

Trompe droite V 1 2 4
D 4* 8* 16

Trompe gauche V 1 2 4
D 4* 8* 16

Étendue < 1/3 1/3-2/3 > 2/3

* : si le pavillon est complètement enclos, compter 16.


S : superficiel ; P : profond ; V : vélamenteux ; D : dense.
En cas d’annexe unique, multiplier les points concernant la trompe et l’ovaire par 2.
L’étendue est obtenue en cumulant les lésions élémentaires.

En présence d’adhérences massives, seule l’adhésiolyse permet un


Tableau II. – Classification FOATI. bilan complet, mais elle n’est justifiée que lorsqu’elle a pour but le
F (foyer) 0 = absence traitement satisfaisant d’une infécondité ou l’accès à des lésions
(diamètre cumulé) 1 < 1 cm profondes douloureuses ; elle n’est pas justifiée si les lésions sont
2 = 1-5 cm indolores mais intenses au point d’indiquer la fécondation in vitro
3 > 5 cm d’emblée dans le cadre du traitement d’une infécondité.
Profond ou superficiel
Le diagnostic d’un kyste ovarien endométriosique peut se révéler
O (ovaires) 0 = normal délicat : l’aspect externe de l’ovaire peut se limiter à une
1 = ≤ 1 cm
2 = 1-3 cm
augmentation globale de volume, le kyste affleurant à la surface de
3 = 3-5 cm l’ovaire en un seul point où s’observe une cicatrice noirâtre stellaire.
4 = 5 cm ou bilatéral D’autre part, tous les kystes hématiques ne sont pas
endométriosiques, et le diagnostic différentiel entre endométriome
A (adhérences avant lyse) 0 = absence
1 = mobilité trompe et ovaire conservée
et kyste fonctionnel hémorragique doit toujours être envisagé, afin
2 = conservation partielle de la mobilité de la trompe d’éviter de nuisibles exérèses de kystes fonctionnels. Enfin, bien que
et/ou de l’ovaire rare, le cancer endométrioïde de l’ovaire doit pouvoir être exclu. Le
3 = absence de mobilité de la trompe et/ou de diagnostic d’endométriose est vraisemblable en présence d’un kyste
l’ovaire
adhérent à la face postérieure du ligament large et au ligament
4 = comblement du Douglas
utérosacré (signe inconstant), marqué par une zone sombre
T (trompes) 0 = normal ombiliquée en surface de l’ovaire, contenant un liquide chocolat
1 = occlusion partielle (proximale ou distale) (signe non pathognomonique puisque observé dans tous les kystes
2 = occlusion totale (proximale ou distale)
hématiques anciens), de paroi épaisse, associé à des lésions
3 = bi- ou multifocales
d’endométriose péritonéale. La bénignité est vraisemblable, avant
I (inflammation : + ou -) Appréciation visuelle : perte de brillance + hypervas- ouverture, en l’absence de végétations exokystiques, les formations
cularisation
endokystiques étant préalablement exclues par l’échographie. Une
- % lésions typiques (noires)
- % lésions blanches cytologie péritonéale est prise en début d’intervention, avant toute
- % lésions rouges contamination du péritoine, quitte à ne pas l’utiliser si la
macroscopie permet finalement d’éliminer définitivement la
malignité.
à un référent, ou définitive si on considère que le risque de Le bilan des lésions sous-péritonéales a ceci de particulier qu’il ne
l’intervention est supérieur à son bénéfice, compte tenu des peut être complet qu’après exérèse, et que celle-ci n’est pas toujours
traitements alternatifs disponibles. indiquée ; on prête attention aux signes les plus évidents
Quelle que soit la voie d’abord, la stratégie opératoire est immuable : d’endométriose profonde : comblement du cul-de-sac de Douglas,
bilan des lésions immédiatement visibles, bilan après adhésiolyse, rétraction et densification péritonéale du ligament large ou du cul-
excision des lésions. de-sac antérieur, rétraction ou épaississement d’un ligament
Le bilan des lésions doit être précis et documenté par le compte utérosacré.
rendu. Il faut pouvoir, en vue du suivi et de la transmission L’excision (ou la destruction) des lésions doit être méthodique, avec
d’informations, remplir les items des classifications américaine cependant des objectifs différents selon l’indication. Les lésions
(tableau I) et française (tableau II). C’est dire qu’il faut péritonéales ne sont pas éradiquées avec une intention étiologique
méthodiquement examiner l’ensemble du péritoine et des organes (elles ne sont pas cause de douleurs, et leur liaison avec l’infécondité
pelviens, qualifier et quantifier les lésions observées. est incertaine), mais extirpées en tant que foyer possible d’évolution
Trois cas particuliers du bilan des lésions sont à envisager, les ultérieure. Les lésions ovariennes superficielles peuvent donner
adhérences massives, le diagnostic des kystes ovariens et l’inventaire naissance à un kyste par invagination, et sont donc éradiquées dans
des lésions sous-péritonéales profondes. le même but. Les endométriomes ovariens sont extirpés comme le

2
Techniques chirurgicales Chirurgie de l’endométriose pelvienne (chirurgie tubaire exclue) 41-760

sont tous les kystes organiques de l’ovaire. Les lésions sous- controlatéral pour la mise en place d’une deuxième voie. On peut
péritonéales sont génératrices de douleur, mais leur rôle dans alors user, comme à ciel ouvert, de deux mains : un instrument saisit
l’infécondité est vraisemblablement nul : leur exérèse, et met en tension les adhérences ou les organes accolés, l’autre
potentiellement dangereuse surtout dans les formes étendues en coupe. La section franche, aux ciseaux ou très accessoirement au
rapport avec le rectum, est réservée à la chirurgie de la douleur. Les laser, est toujours nécessaire, en excluant absolument toute tentative
lésions extragénitales sont essentiellement digestives ; l’appendice d’arrachement. Les adhérences vélamenteuses sont réséquées en vue
atteint fait, bien sûr, l’objet d’une appendicectomie ; l’endométriose d’analyse histologique. Les adhérences denses sont sectionnées aux
rectosigmoïdienne indique une résection dans le cadre de lésions ciseaux ou au laser, bien que le taxis à l’aide d’une pince mousse
douloureuses rebelles, ou en cas de sténose. À noter que la fermée soit acceptable dans la fossette ovarienne, à la condition
découverte de lésions massives, sur un intestin non préparé, par un d’éviter dans la mesure du possible la blessure de la corticale
chirurgien peu habitué à cette chirurgie, est clairement une ovarienne ; la zone dépéritonisée correspondante est abandonnée à
indication d’abstention provisoire. une péritonisation spontanée ou aspergée de colle biologique ou
protégée par une barrière (Gore-Text, Interceedt ou Intergelt). Une
abondante toilette péritonéale, qui obtient souvent du même coup
Adhésiolyse [7]
l’hémostase spontanée, termine l’intervention.
La libération d’adhérences pelviennes est le temps premier des L’adhésiolyse par laparotomie est pratiquée de manière identique,
traitements chirurgicaux de l’endométriose. Elle a des objectifs aux ciseaux froids, au laser ou par électrochirurgie. La section des
variables. En chirurgie conservatrice, elle consiste à libérer les adhérences denses se fait de préférence aux ciseaux froids, car
ovaires, afin d’offrir le maximum de leur surface aux possibilités l’usage des doigts ou, pire, des tampons montés augmente le risque
d’ovulation, les trompes, afin de favoriser leur mobilité et à rétablir de fausse route et de traumatisme ovarien ou péritonéal surajouté.
les relations anatomiques et fonctionnelles tubo-ovariennes, afin de Seules les adhérences sous-ovariennes denses peuvent faire l’objet
favoriser la captation ovulaire. En chirurgie radicale, elle a pour d’une adhésiolyse à l’aide des doigts recourbés d’arrière en avant,
objectif d’individualiser l’utérus et les annexes pour en éloigner du bas vers le haut et du dedans vers le dehors (comme décrit dans
l’intestin, l’uretère et la vessie avant exérèse. l’adhésiolyse postinfectieuse), mais il faut savoir que leur
reconstitution est, après libération par laparotomie, quasi
Qu’elle soit réalisée par laparotomie ou cœlioscopie, par micro- ou
inéluctable. Les auteurs anciens, conscients de cet écueil,
macrochirurgie, la stratégie de l’adhésiolyse est immuable. Le
pratiquaient une suspension ovarienne à l’aide d’un fil résorbable
premier temps est celui de l’adhésiolyse pelviabdominale, destinée
fixé au ligament rond ou au péritoine en regard du psoas : on devine
à libérer les adhérences génitodigestives. L’appareil génital est
le côté antiphysiologique de ce procédé. Mieux vaut renoncer à
ensuite traité en deux temps pour chaque annexe. L’ovaire est libéré
gagner, pour quelques heures, quelques millimètres carrés de surface
de la face postérieure du ligament large pour soulever l’annexe.
ovarienne.
L’annexe est enfin traitée par le rétablissement de l’anatomie des
deux faces du mésosalpinx avec ampullolyse et fimbriolyse. À
l’intérieur de ces trois temps, il est préférable de commencer par les Traitement de l’endométriose
adhérences vélamenteuses avant d’attaquer les adhérences denses.
La découverte des plans successifs d’adhérences peut être longue et
superficielle
fastidieuse : commencer par le plus facile donne une meilleure vision Le traitement conservateur de l’endométriose superficielle consiste
d’ensemble lorsqu’on aborde le plus difficile. Les adhérences denses à enlever un maximum de lésions visibles sans sacrifier la fonction
peuvent poser divers problèmes, outre leur grande propension à de reproduction.
récidiver :
Les foyers d’endométriose peuvent être superficiels ou profonds,
– la région sous-ovarienne est un lieu de danger urétéral par actifs ou quiescents. Ils se manifestent non seulement par les lésions
traumatisme direct (ciseaux, coagulation) ou indirect bleues classiques, mais aussi par des lésions rouges et des lésions
(péritonisation) ; blanches. La destruction aussi complète de ces foyers dépend de
leur identification soigneuse.
– la corticale ovarienne, la paroi tubaire, les franges du pavillon
peuvent être altérées par le geste d’adhésiolyse ; La technique de référence pour l’ablation de ces foyers est la
cœlioscopie. Deux ordres de techniques peuvent être utilisés : la
– la dépéritonisation est fréquente : elle a longtemps été traitée par destruction (laser ou coagulation) ou l’excision chirurgicale.
des artifices de péritonisation (lambeaux, greffes libres ou collées, Le laser utilisé est habituellement le CO2, dont on sait la faible
sutures sous tension) jusqu’à ce qu’on découvre que ces manœuvres pénétration en profondeur qui en diminue les risques. Il convient
étaient plus adhésiogènes que l’absence de suture ; seule est malgré cela de le manipuler avec prudence ; dans les zones
acceptable une suture au fil fin inerte sans tension ; décollables mais proches de l’uretère, il est conseillé d’injecter, à
– le point le plus délicat se situe à la face postérieure du ligament l’aide d’une aiguille, du sérum sous le péritoine (fig 1). Le
large ; à ce niveau, l’ovaire est souvent inclus dans le ligament, et le décollement ainsi procuré éloigne l’uretère et interpose une
clivage est incertain : trop près de l’ovaire, il entame la corticale ; épaisseur liquidienne infranchissable pour le rayon laser CO2. Ce
trop loin, il menace les vaisseaux utérins et l’uretère ; geste simple ne résout cependant pas la question quand les lésions
sont profondes et non décollables. L’identification préalable de
– le saignement est source de récidive d’adhérences ;
l’uretère devient alors une nécessité. Les lésions sont circonscrites
– certaines adhérences denses méritent d’être laissées en place dans par un tir laser puis détruites méthodiquement dans l’aire ainsi
le traitement de l’infécondité, tant l’iatrogénie de leur libération définie. Le laser est passé avec une vitesse de défilement aussi
apparaît supérieure au bénéfice attendu. constante que possible, sans creuser, avec une puissance de l’ordre
L’adhésiolyse cœliochirurgicale est le mode de référence, car elle est de 10 W (500 W/cm_). La carbonisation est ensuite soigneusement
grevée d’un taux de récidive très inférieur à celui de la libération lavée afin de réduire le risque de reformation d’adhérences.
par laparotomie, grâce à l’absence de dessiccation des tissus, à La coagulation relève des mêmes principes, avec le danger
l’atraumatisme des manipulations, à l’impossibilité d’user de supplémentaire de diffusion électrique. Le risque est majeur pour
compresses. Deux voies d’abord instrumentales sont indispensables. l’électrocoagulation monopolaire, qui est contre-indiquée dans ce
L’emplacement de la première voie est déterminé, après la mise en cas. Il est moindre pour la coagulation bipolaire : les mors d’une
place transombilicale du cœlioscope, par l’examen de la paroi pince bipolaire fine sont posés de part et d’autre de la lésion à
abdominale interne : le trocart est introduit dans une zone libre détruire, le courant est activé. La destruction thermique est
d’adhérence. Si un seul trocart peut être introduit, des ciseaux y sont pratiquement limitée à l’espace situé entre les mors de la pince. Ici
placés, en vue de libérer au ras de la paroi un espace pariétal encore, l’uretère est un danger.

3
41-760 Chirurgie de l’endométriose pelvienne (chirurgie tubaire exclue) Techniques chirurgicales

3 Évacuation d’un kyste. La flèche


montre le point de rupture habituel des
kystes accolés.

ensuite été mise au point la kystectomie dite transpariétale (ponction


sous contrôle cœlioscopique, puis extraction de l’annexe hors de
l’abdomen pour dissection du kyste). Cet aménagement par micro-
1 Destruction laser protégée par l’injection sous-péritonéale de sérum. incision de la kystectomie classique a été progressivement supplanté
par la kystectomie dite intrapéritonéale, où la dissection se passe
entièrement à l’intérieur de l’abdomen sous contrôle cœlioscopique,
l’extraction n’intervenant qu’après la dissection complète de la
poche kystique. Cette dernière version, moins traumatique, plus
adaptée à l’endométriose, où la mobilisation de l’annexe est souvent
difficile, est préférable et prise comme type de description. La
particularité de l’endométriose dans ce contexte est double :
– l’adhérence à la face postérieure du ligament large est une quasi-
constante des kystes endométriosiques ; la libération de cette
adhérence entraîne fréquemment une rupture du kyste ;
– le kyste endométriosique ne répond pas stricto sensu à la
définition du kyste ; son absence de paroi propre en certains points
rend la dissection problématique, avec un risque majeur de chirurgie
incomplète si la dissection est menée trop près, ou d’amputation du
capital folliculaire si la dissection est menée trop loin : cette notion
conduit certaines équipes à proposer la destruction au laser du fond
de kyste après préparation médicamenteuse par analogues de la
luteinizing hormone-releasing hormone (LHRH) à la chirurgie
2 Excision d’une endométriose superficielle. d’exérèse immédiate.

L’excision est, soit un choix (absence de laser ou absence de foi dans ¶ Kystectomie intrapéritonéale cœliochirurgicale [7]

le laser), soit un acte de biopsie. Elle est pratiquée aux ciseaux (fig 2). La dissection de la poche kystique peut être, au choix, effectuée avec
Une incision est pratiquée en zone saine à proximité du foyer à ou sans ponction préalable. La ponction-lavage première est
réséquer. Le bord du péritoine côté lésion est ensuite soulevé, préférable pour les kystes de plus de 4 cm, évitant la fréquente
montrant la face profonde du foyer que l’on sépare des tissus sous- rupture accidentelle en cours de dissection. Cette dernière présente
jacents. Le lambeau de péritoine contenant l’endométriose est ainsi plusieurs inconvénients : ensemencement péritonéal en cas de
progressivement isolé ; le geste se termine avec la section du malignité, obscurcissement du champ par absorption de la lumière
péritoine sain. Le geste est suivi d’une hémostase et d’une toilette endoscopique, création d’un orifice kystique en un point où il est
péritonéale ; suture ou encollage ne sont pas nécessaires pour les malaisé de commencer la dissection de la poche.
foyers de petite dimension. Pour les plaies péritonéales plus larges,
on peut proposer, comme après les adhésiolyses, la mise en place de L’ovaire, s’il est mobile, est présenté et stabilisé par une grip-pince,
barrières types. qui saisit le ligament utéro-ovarien ou soulève l’ovaire par une
simple pression vers le haut. L’ovaire est ponctionné, non par une
Les foyers ovariens superficiels sont traités par laser, coagulation ou
simple aiguille, mais directement par le trocart de 5 mm placé du
excision par résection cunéiforme (suivie de suture microchirurgicale
côté opposé au kyste. La pointe du trocart est enlevée et
en cas de laparotomie).
immédiatement remplacée (il ne faut pas bouger, et tous les
Le traitement des lésions superficielles peut en effet être mené par instruments doivent être prêts) par la canule d’aspiration-irrigation
laparotomie dans le cadre d’une autre indication. La technique n’est (fig 3). Le contenu kystique est aspiré, le kyste lavé et réaspiré
pas radicalement différente : laser, coagulation ou excision peuvent plusieurs fois, toujours en maintenant la canule dans le kyste :
être employés avec les mêmes impératifs. En revanche, la l’aspiration-lavage donne au kyste une « respiration »
laparotomie doit être considérée comme abusive dans cette seule caractéristique. La poche ainsi lavée, le risque de contamination
indication, car excessive à la fois par l’importance de la voie d’abord péritonéale devient négligeable. L’examen de la paroi interne est
et par l’indication opératoire elle-même. possible par l’introduction d’un hystéroscope dans le même trocart,
en remplacement de la canule d’aspiration-irrigation ; elle est plus
souvent réalisée après un complément d’incision. Le diagnostic de
Traitement des kystes ovariens bénignité restant maintenu, on peut procéder à la dissection de la
poche kystique, qui se fait par des tractions divergentes, une pince
saisissant la poche, une autre l’ovaire sain.
KYSTECTOMIE OVARIENNE La technique de dissection de l’école de Clermont-Ferrand est ici
L’histoire de la voie d’abord pour la kystectomie ovarienne idéale. Un élargissement de l’incision sur quelques centimètres
commence à l’époque non totalement révolue de la laparotomie. A permet l’examen de la paroi interne puis la recherche du plan de

4
Techniques chirurgicales Chirurgie de l’endométriose pelvienne (chirurgie tubaire exclue) 41-760

4 Dissection du kyste en- 5 Reconstruction ovarienne.


dométriosique.

corticale des pinces agressives. Un pédicule vasculaire peut être


inconstamment trouvé au cours de la dissection : il est pincé et lié.
La dissection après ponction est un peu plus difficile, car le plan de
clivage est moins évident. Il faut agrandir l’orifice de ponction aux
clivage entre l’ovaire sain et la paroi kystique. Ce plan est trouvé au ciseaux puis y introduire deux doigts pour présenter la paroi
niveau de la ligne d’incision. On saisit chaque versant à la grip- kystique. La corticale adjacente à l’orifice, qui est emportée, peut
pince pour amorcer le clivage : une pince saisit la corticale ovarienne être saisie sans scrupule. On reprend alors le processus précédent :
saine, l’autre la paroi kystique. La dissection du kyste ovarien suit
incision autour du dôme saillant, dissection de la poche orientée par
constamment la même gestuelle. Le plus près possible du plan de
la présence des doigts intrakystiques.
clivage, les pinces exercent un mouvement divergent. Tant que ce
mouvement produit le clivage, il est poursuivi. Dès que le geste de Après l’ablation du kyste, la coque ovarienne est refermée par
traction devient moins efficace, les pinces sont replacées près des suture. Un plan profond (surjet de fil résorbable 00) rapproche les
limites du clivage déjà acquis, bien repérées par une sorte de deux surfaces cruentées et comble l’espace mort, sans jamais
« boudin » (fig 4). Il ne faut jamais lâcher les deux pinces à la fois, et transfixier la corticale (fig 5). Ce plan profond laisse libres 2 à 3 mm
toujours savoir quelle pince saisit la face profonde de l’ovaire sain les plus superficiels. Ils seront pris par un surjet de fil fin 5/0. Ce
et quelle pince saisit la poche kystique. Il faut éviter les tractions surjet simple, non croisé, ne doit pas être serré afin d’éviter
excessives, qui déchirent la corticale saine (c’est nuisible) ou la poche l’ischémie des berges. Il est confectionné en touchant le moins
kystique (cela gêne l’exérèse complète). Cet incident est fréquent en possible la face corticale de l’ovaire : le jeu de la contre-pression
cas d’endométriose, où il existe toujours, ou presque, une zone plus suffit à présenter les tissus et aider à sortir la pointe de l’aiguille. On
adhérente, en particulier en contact avec des kystes lutéiniques évite ainsi les trois causes d’adhérences déjà décrites. Un lavage
souvent associés, dont la présence gêne la dissection. Cette péritonéal abondant termine l’opération.
dissection peut être pratiquement exsangue, mais peut se révéler
désagréablement (mais non durablement) hémorragique. En cas
d’endométriose, on trouve des zones d’adhérence du kyste à la PONCTION DES KYSTES ANNEXIELS
médullaire ovarienne, qu’il faut surmonter avec économie de La ponction simple est un traitement efficace des kystes fonctionnels
médullaire ovarienne (la présence de follicules dans le prélèvement mais un pis-aller palliatif des kystes endométriosiques. Pratiquée par
signe l’excès de zèle et implique de limiter la dissection). La poche cœlioscopie, elle nécessite un seul instrument : l’aiguille à ponction
ovarienne est reconstituée par un geste d’adossement des parois et (aiguille spécifique à la cœlioscopie ou simple aiguille à ponction
d’approximation des berges. L’accolement spontané est souvent lombaire transfixiant l’abdomen) et prend quelques secondes.
acquis en fin d’intervention. La toilette péritonéale termine le geste. L’analyse biochimique (estradiol, CA 125) et cytologique du liquide
L’extraction de la poche kystique est acquise par l’élargissement est censée confirmer le diagnostic de kyste fonctionnel. En fait, cette
d’un des orifices de trocart inguinal. Elle est pratiquée sous la ponction, même complétée d’une étude macroscopique de la paroi
protection d’un trocart de 10 mm ou d’un sac. interne du kyste, présente l’inconvénient majeur de ne pas assurer
un diagnostic formel, et d’être constamment suivie de la récidive de
¶ Kystectomie ovarienne par laparotomie kyste endométriosique, même après traitement médical. Au moindre
Si la bénignité est assurée, la laparotomie transversale sus-pubienne doute d’organicité, il vaut mieux pratiquer une kystectomie
est la meilleure voie d’abord. Le Pfannenstiel est acceptable. La intrapéritonéale qui fait à la fois diagnostic et traitement. Le gros
laparotomie transversale avec section des droits est idéale car elle kyste endométriosique peut cependant faire l’objet d’une ponction
permet un agrandissement à la demande. Deux modes de dissection suivie de traitement par analogues de la LHRH et de l’exérèse (ou
sont possibles : à kyste fermé ou après ponction. Quel que soit le de la vaporisation laser de la paroi endométriosique) lors d’une
mode choisi ou subi, il convient de respecter trois impératifs : deuxième cœlioscopie. Dans ce cas, il est impératif de prélever dès
l’ablation totale de la poche kystique, la conservation du la première intervention une biopsie de la poche kystique, afin
parenchyme ovarien sain et l’atraumatisme. En effet, les adhérences d’éliminer toute arrière-pensée de cancer ovarien : nous avons
postopératoires naissent de trois facteurs : les prises traumatiques, observé, en seconde main, une dissémination d’un cancer de l’ovaire
l’assèchement et le frottement par des compresses, les sutures sous confondu avec une endométriose et adressé après 6 mois de
tension. Il faut donc, tout au long de la dissection, prévenir les deux traitement médicamenteux.
premiers facteurs. La ponction échoguidée souffre des mêmes insuffisances. La
À kyste fermé, une incision ovalaire au bistouri froid circonscrit le technique utilise le plus souvent l’abord transvaginal guidé par une
dôme saillant du kyste. Cette incision doit être limitée à la corticale, sonde abdominale ou par une sonde vaginale. Le vagin est
souvent très fine, afin d’éviter de blesser la paroi kystique. La désinfecté. L’échographie initiale complète l’information
découverte du plan de clivage est immédiate. Les premiers diagnostique, vérifie l’absence d’interposition entre le fond vaginal
millimètres du plan de clivage sont ébauchés du plat du bistouri. et l’annexe kystique, guide le geste de l’aiguille qui perfore le cul-de-
Les ciseaux mousse sont ensuite le meilleur instrument : ils sont plus sac vaginal et péritonéal postérieur puis la paroi kystique d’un geste
utilisés par leur bord mousse que par leur section. La corticale est franc, suivi immédiatement d’aspiration complète contrôlée par
saisie aussi brièvement et aussi délicatement que possible. Très l’échographie. L’examen biochimique et cytologique est obligatoire.
rapidement, l’ovaire sain peut être manipulé par sa face médullaire Lorsque la voie vaginale n’est pas utilisable, la variante de l’abord
et non par sa face corticale. En aucun cas, on ne place sur la berge abdominal direct ou transvésical est acceptable.

5
41-760 Chirurgie de l’endométriose pelvienne (chirurgie tubaire exclue) Techniques chirurgicales

6 Abord vaginal d’un nodule du cul-de-sac, vue directe (A) et coupe sagit-
tale (B).

*
B

*
A

Traitement des lésions ENDOMÉTRIOSE DU CUL-DE-SAC VAGINAL


POSTÉRIEUR ET DU SEPTUM RECTOVAGINAL [4, 7]

sous-péritonéales Cette chirurgie doit être précédée, quelle que soit la voie d’abord,
Elle se conçoit dans le traitement de la douleur, soit dans le cadre d’une préparation colique et d’une rectosigmoïdoscopie. La patiente
d’un traitement conservateur, soit en association à une exérèse semi- doit être prévenue de l’éventualité d’une chirurgie rectale et de ses
conservatrice ou radicale. L’objectif d’éradication est ici majeur : suites possibles (abcès, fistule rectovaginale).
cette chirurgie doit être complète ou ne pas être. Il reste cependant Elle peut être pratiquée par voie abdominale ou cœlioscopique.
très difficile de juger macroscopiquement des limites entre les lésions Lorsque le nodule infiltre la paroi vaginale postérieure, un abord
invasives d’endométriose et la fibrose réactionnelle périphérique. Ce vaginal est souvent utilisé, dans le cadre d’une voie mixte
point est mineur en zone non dangereuse, majeur lorsque la décision abdomino- ou cœliovaginale qui permet d’exploiter au mieux les
d’exérèse doit concerner un viscère ou approcher l’uretère. possibilités des différentes voies dans l’abord de ces lésions trop
L’adhésiolyse prend ici des caractéristiques particulières. Sans basses pour le chirurgien abdominal, trop hautes pour le chirurgien
généraliser, il est extrêmement fréquent de trouver en début vaginal. La cœliochirurgie voit ici une de ses indications les plus
d’intervention un tableau adhérentiel accolant en un « carrefour » complexes et les plus déconseillées aux débutants ou aux chirurgiens
l’ovaire gauche, le pédicule utérin, l’uretère et le rectosigmoïde. La pressés. La chirurgie abdominale est également déconseillée aux
libération de cet ensemble adhérentiel sans blesser l’uretère, l’intestin chirurgiens non spécialisés, car elle nécessite à la fois la connaissance
ou le pédicule utérin est extrêmement délicate et doit être menée de la gynécologie et du comportement particulier de ces
sous un contrôle anatomique permanent de tous les éléments nobles endométrioses, mais aussi de la chirurgie digestive. La voie vaginale
de la région. nécessite de bonnes valves et une maîtrise parfaite de l’anatomie
Le principe général est l’ablation « oncologique » de la totalité des chirurgicale propre à cette voie. Pour toutes les voies, l’effraction
foyers d’endométriose sous-péritonéale. C’est facile à dire, délicat à rectale non intentionnelle est un risque ; on fait le plus large usage
réaliser. D’une part, le diagnostic d’extension des lésions n’est pas de tests de diagnostic par injection d’air ou de colorant dans le
facile à poser, car la fibrose réactionnelle constante, la sclérose rectum en fin de dissection.
consécutive à des tentatives chirurgicales antérieures, l’aspect
L’examen sous anesthésie générale et la cœlioscopie terminent le
infiltrant des lésions ne facilitent pas l’identification des limites de
bilan des lésions et affinent la stratégie chirurgicale. Le rectum est
l’exérèse ; un examen extemporané, comme pour la chirurgie des
préparé comme pour toute chirurgie colique (macromolécules et/ou
cancers, peut être nécessaire. D’autre part, l’extension de ces lésions
lavements répétés).
peut être considérable, entraînant des gestes d’exérèse
potentiellement dangereux : extension fréquente à la musculeuse Par voie vaginale, un nodule infiltrant ou envahissant le cul-de-sac
rectale, envahissement possible de la sous-muqueuse rectale, postérieur est circonscrit par une incision, qui passe au ras du col
extension latérale vers la paroi pelvienne occasionnant parfois une utérin vers le haut (fig 6A). On peut à ce niveau suivre la face
sténose urétérale, s’approchant des vaisseaux pariétaux et postérieure de l’isthme jusqu’au cul-de-sac de Douglas si celui-ci
envahissant à l’occasion les muscles releveurs. On voit donc que n’est pas comblé en position trop haute. La partie basse de l’incision
cette chirurgie est finalement plus difficile que la chirurgie donne accès au septum rectovaginal en zone saine (fig 6B). On peut
cancérologique, car elle s’attaque à des lésions qui, dans les cancers également progresser latéralement. Dans les meilleurs cas, cette
du col utérin, sont considérées comme inattaquables par la chirurgie, progression permet de mobiliser le nodule, qui reste adhérent au
chez des patientes où le risque vital de l’opération (ou le risque de rectum, dont les faces latérales et antérieure au-dessus et au-dessous
séquelles urinaires ou rectales par dénervation) doit être mûrement du nodule sont visibles. Il reste donc à séparer le nodule du rectum
pesé en regard de la bénignité des lésions. De plus, il est clair que, à la vue : on saisit le nodule à l’aide d’une pince de Pozzi, on
pour être efficace, cette chirurgie doit être complète, en sachant que dissèque aux ciseaux. Une effraction rectale ou la résection d’un
la récidive est encore plus difficile à opérer ; l’ablation de la paroi losange antérieur de rectum sont suturées en un plan extramuqueux
antérieure du rectum doit, dans cet esprit, être considérée comme et l’étanchéité de la suture vérifiée par injection de bleu de
partie intégrante du traitement au moindre doute d’envahissement méthylène dans le rectum. Le cul-de-sac de Douglas est ensuite
profond de la musculeuse de l’organe : un effort de dissection non fermé par adossement du rectum intrapéritonéal à la face
pénétrante trop près de la sous-muqueuse expose plus à la fistule postérieure de l’isthme utérin. Le vagin est enfin fermé au fil
qu’une résection suivie de suture en zone saine. résorbable.

6
Techniques chirurgicales Chirurgie de l’endométriose pelvienne (chirurgie tubaire exclue) 41-760

7 Attaque du nodule.
1. Séparation nodule-
appareil génital ; 2. sépara-
tion nodule-rectum ; 3. dé-
collement présacré.

1
2
3

Dans d’autres cas, le seul abord vaginal ne permet pas de conclure 8 Ablation d’un nodule endométriosique envahissant la paroi antérieure du rectum.
l’opération ; il aura cependant permis de mobiliser partiellement le Le rectum est ouvert par une incision losangique qui sera suturée transversalement.
nodule, de repérer la partie basse du septum rectovaginal, de
réséquer les lésions vaginales pénétrantes. Un abord abdominal – résection par laparotomie suivie d’anastomose mécanique
complète la dissection en continuité avec la dissection vaginale (si transanale selon une technique transsuturaire classique ;
une cœliochirurgie est choisie, le vagin sera, après le temps vaginal, – résection sous contrôle cœlioscopique, extraction transanale du
obturé par une mèche à visée hémostatique et pneumostatique). segment réséqué, introduction par l’anus de l’appareil de suture
L’abord mixte simultané est déconseillé : aucun des deux chirurgiens circulaire EEA ou PCEA encliqueté mais non serré, confection de la
n’y est vraiment au confort. Dans d’autres cas enfin, l’absence de bourse distale par cœlioscopie, introduction du bout proximal sur
lésion vaginale rend inutile son abord, et la chirurgie est l’enclume, confection de la bourse proximale, fermeture de
exclusivement abdominale. l’instrument ;
L’abord abdominal peut être cœlioscopique ou par laparotomie. La
dissection cœlioscopique est pratiquée aux ciseaux ou au laser CO2, – résection et suture manuelle transanale après abaissement
avec un large usage de l’irrigation. La dissection traditionnelle est transanal du côlon préalablement libéré sous contrôle
pratiquée aux ciseaux froids. Le choix entre les deux voies d’abord cœlioscopique ;
est affaire de chirurgien plus que de nécessités techniques depuis – anastomose mécanique après abaissement transanal : la zone
que les sutures rectales et même les anastomoses colorectales pathologique est réséquée dans les mêmes conditions que dans le
peuvent être effectuées sous contrôle cœlioscopique. L’important est cas précédent, la tête de l’instrument d’anastomose circulaire est
de pratiquer un geste chirurgicalement convenable avec un placée dans le bout distal, la bourse est constituée, le bout distal est
maximum de sécurité : la laparotomie est donc indiquée si le réintégré dans l’abdomen, le bout proximal encore éversé est fermé
chirurgien pense qu’elle lui donnera une meilleure efficacité. d’un coup de pince TA puis réintégré, l’anastomose transsuturaire
Quelle que soit la voie choisie, la dissection doit faire l’objet d’une est effectuée sous contrôle cœlioscopique (l’enclume est introduite
tactique. On peut choisir, soit de commencer par l’attaque de la face par voie transanale, la pointe perfore le bout distal fermé, la tête est
postérieure de l’isthme utérin et l’incision du péritoine latéral du encliquetée à l’aide des instruments cœlioscopiques).
cul-de-sac de Douglas (fig 7), en laissant le nodule accolé au rectum L’extension en hauteur des lésions conduit le plus souvent à une
en vue de dissection ultérieure, soit de commencer par la dissection résection de la charnière rectosigmoïdienne. Une amputation rectale
entre rectum et nodule. Dans les deux cas, il faut obtenir une plus étendue avec anastomose coloanale peut être nécessaire. La
mobilisation antéropostérieure et latérale du nodule. Dans la préparation colique préalable permet souvent de se dispenser d’une
dissection latérale, on prend garde à l’uretère qui peut être inclus colostomie de protection dont la patiente est cependant
dans la sclérose périlésionnelle ou même envahi par l’endométriose, constamment prévenue.
et dont la position est rarement conforme à l’anatomie livresque. On Ces considérations techniques doivent conduire à une saine réflexion
peut atteindre ces buts par abord direct, mais la fixation des lésions sur les indications, et à ne retenir que les cas rebelles au traitement
impose parfois une large dissection latéropelvienne analogue à celle médical provoquant des douleurs fortement invalidantes.
de l’opération de Hudson pour cancer de l’ovaire : il faut alors
aborder les gros vaisseaux et l’uretère en zone saine, aussi haut que
nécessaire, et au besoin pratiquer un décollement rétrorectal. Ces EXÉRÈSE DES LIGAMENTS UTÉROSACRÉS (fig 9)
gestes conduisent à soulever l’ensemble du rectum et du septum L’opération peut être décrite dans sa variante cœlioscopique.
rectovaginal, pour faire dans de meilleures conditions de vision le L’opération commence par une incision du péritoine latéropelvien,
diagnostic et le traitement des lésions rectales. Si le nodule n’envahit sous le trajet des uretères, environ 2 cm sous le détroit supérieur.
pas la paroi ou atteint seulement la partie superficielle de la Après une moucheture dans le sinus sacro-iliaque, les ciseaux sont
musculeuse, la dissection sans effraction est possible. S’il envahit la passés sous le péritoine (ils doivent être vus par transparence) et
muqueuse ou atteint la sous-muqueuse, une résection partielle est l’incision péritonéale est complétée en direction de l’insertion utérine
conseillée : un losange est réséqué puis suturé transversalement des ligaments utérosacrés. Le péritoine des deux faces latérales du
(fig 8). Si on note un envahissement du rectum avec sténose cul-de-sac de Douglas est ensuite disséqué au plus près, sans jamais
circulaire, la résection-anastomose s’impose. Selon la voie d’abord quitter sa face profonde, en dépouillant la graisse sous-péritonéale
choisie, plusieurs techniques sont possibles, dont le détail est trouvé et périrectale. Il faut pour cela saisir la berge inférieure de l’incision
dans les manuels de chirurgie digestive : à l’aide de grip-pinces puis séparer la face profonde du péritoine de
– résection classique par laparotomie suivie d’anastomose manuelle la graisse sous-jacente, d’un mouvement de glissement des ciseaux.
intrapelvienne ; On poursuit jusqu’à atteindre le bord latéral du rectum. On ouvre

7
41-760 Chirurgie de l’endométriose pelvienne (chirurgie tubaire exclue) Techniques chirurgicales

9 Préparation des liga- 10 Fibrose périurétérale.


ments utérosacrés avant
exérèse (ou hystérectomie).
1. Ouverture du septum
rectovaginal ; 2. ouverture
de la fosse pararectale ; 3.
séparation du rectum de la
2 1 face médiale des ligaments.
3

L’examen soigneux de l’uretère est nécessaire pour ce diagnostic ;


ensuite d’un geste des ciseaux la fosse pararectale, ce qui montre la l’endométriose urétérale se manifeste par une zone indurée,
face latérale du ligament utérosacré (fig 9). Ces gestes sont plus ou granuleuse, sténosée, atteignant la paroi même de l’uretère après
moins aisés selon l’extension latérale de la fibrose péritonéale. Ils dissection.
peuvent être aidés par l’hydrodissection. On prend garde à ne pas
blesser, au cours de la dissection en regard de la face postérieure du
ligament large, les éléments du pédicule utérin. L’uretère doit être ENDOMÉTRIOSE PROFONDE
constamment gardé sous contrôle de la vue, et dégagé en cas de DU CUL-DE-SAC ANTÉRIEUR
fibrose périurétérale (cf infra). De la même manière, les lésions profondes du cul-de-sac antérieur
Sur la ligne médiane, la séparation du péritoine nécessite un geste doivent faire l’objet d’une exérèse aussi complète que possible,
très différent en raison de l’association de l’adhérence naturelle du incluant au besoin une cystectomie partielle suivie de suture
péritoine à la face postérieure de l’isthme et de la rétraction fibreuse vésicale. La suture doit être précédée d’une mobilisation des berges
de l’insertion du ligament utérosacré. Le but est ici de séparer cet et du repérage du trajet intramural des uretères. Cette opération
accolement et d’entrer dans le septum rectovaginal. Il faut donc peut être pratiquée par cœliochirurgie.
inciser le péritoine au niveau du torus uterinus, le sculpter du col
utérin entre les ligaments utérosacrés jusqu’à atteindre le septum
reconnaissable par son tissu aréolaire lâche. La face médiale du Chirurgie d’exérèse génitale
ligament utérosacré pathologique est alors visible en regard du cul-
de-sac de Douglas. Il faut ensuite le séparer sur la distance
nécessaire de la face latérale du rectum. ANNEXECTOMIE POUR ENDOMÉTRIOSE SÉVÈRE
Lorsque les temps médian et latéral sont terminés, le ligament Le problème technique de l’annexectomie pour endométriose,
utérosacré est entièrement individualisé (fig 9), mais reste attaché à qu’elle soit réalisée par cœliochirurgie ou par laparotomie, est celui
son insertion utérine, l’insertion sacrée étant souvent une vue de de l’adhésiolyse. Il faut d’abord identifier le ligament lombo-ovarien
l’esprit des anatomistes. Il est réséqué, en partant de son insertion et l’uretère à proximité de lui. La seule solution universellement
cervicovaginale, sur une distance variable selon les lésions qui utilisable est la dissection extrapéritonéale inspirée de la technique
peuvent s’étendre jusqu’à l’insertion sacrée. de Hudson pour cancer de l’ovaire. On attaque le péritoine en zone
Aucun drainage n’est nécessaire, sous réserve d’une hémostase saine, très haut et très latéralement. On aborde le psoas (ceci
impeccable. La péritonisation est absolument facultative. Si on nécessite, à gauche, un décollement pariétocolique). On suit le psoas
choisit de la pratiquer, on mobilise les berges latérales du péritoine pour atteindre les vaisseaux iliaques. L’uretère est identifié à son
pour éviter de modifier le trajet des uretères. croisement avec les vaisseaux iliaques communs. Ce qui est
superficiel à l’uretère est donc le ligament lombo-ovarien (fig 11).
Le même geste peut être reproduit par laparotomie [2]. L’incision est
L’hémostase puis la section de ce ligament donnent à l’annexe un
transversale basse. La stratégie opératoire est identique. La
début de mobilité et au chirurgien une prise. L’annexe est ensuite
péritonisation est également facultative si l’hémostase est parfaite.
pédiculisée sur les éléments de la corne utérine (fig 12). Ce temps
peut être plus ou moins difficile selon l’importance des adhérences.
FIBROSE PÉRIURÉTÉRALE Il peut comporter une dissection de l’uretère et des vaisseaux utérins
lorsqu’ils sont accolés. Les vaisseaux utérins sont à la fois un danger
La fibrose, mais aussi l’endométriose profonde, peuvent envahir le et un bon repère : le danger est de les blesser, puis de léser l’uretère
ligament large, atteignant parfois la région des gros vaisseaux et au cours d’hémostases aveugles ; le repère est simple : lorsqu’on est
même les releveurs. Elle peut en conséquence engainer l’uretère. au-dessus de l’artère utérine, on est automatiquement à distance de
Cette lésion peut être asymptomatique, mais elle peut être l’uretère. Lorsque l’annexe est pédiculisée, et lorsque l’opération ne
révélatrice par une hydronéphrose. La distension urétérale n’est pas se pousuit pas par l’hystérectomie, une coagulation bipolaire ou la
exceptionnelle. La libération est un exercice de dissection de mise en place d’un lasso assure l’hémostase avant section.
l’uretère, dont on peut préciser quelques principes (fig 10). Il faut
rester le plus au contact possible de l’uretère, dans sa gaine. Il faut
si possible identifier et conserver les pédicules vasculaires de HYSTÉRECTOMIE POUR ENDOMÉTRIOSE SÉVÈRE
l’uretère. Il faut identifier l’uretère rétroligamentaire et le suivre dans La technique de l’hystérectomie proprement dite [7] sort du cadre de
son trajet ligamentaire, pour le disséquer de haut en bas. Un bon ce chapitre, et seules les spécificités de l’hystérectomie en présence
repère est l’artère utérine, habituellement non englobée dans d’une endométriose sévère sont envisagées.
l’endométriose sous-péritonéale, dont le trajet forme le toit du tunnel
urétéral dans lequel l’uretère est habituellement libre : on peut alors ¶ Étendue de l’exérèse
également le disséquer de bas en haut. Il est rare que l’endométriose
atteigne la paroi de l’uretère, justifiant alors une résection- La castration accompagne l’hystérectomie dans l’immense majorité
anastomose ou plus souvent une réimplantation urétérovésicale. des cas. La conservation ovarienne expose au risque de kyste

8
Techniques chirurgicales Chirurgie de l’endométriose pelvienne (chirurgie tubaire exclue) 41-760

13 Dissections préalables
à l’hystérectomie.

charge une telle opération doit être rompu aux techniques de la


chirurgie majeure, et tout particulièrement de la chirurgie
11 Dissection des éléments latéraux du détroit supérieur. oncologique. La chirurgie radicale pour endométriose sévère
présente en effet des analogies frappantes avec la chirurgie du
12 Pédiculisation de l’an-
cancer. Elle se révèle en effet encore plus difficile que cette dernière,
nexe après section du lombo- car son objectif est d’extirper des lésions sous-péritonéales
ovarien et dissection de la considérées comme inopérables en cas de cancer.
face postérieure du ligament La cœliochirurgie exclusive a des indications, pour les partisans de
large. cette technique d’hystérectomie, dans les cas de difficulté moyenne.
Elle peut se révéler longue et délicate, mais réalisable à la condition
de progresser graduellement, à l’aide de coagulations bipolaires
successives, en gardant constamment le contrôle visuel de l’uretère
et du rectum. L’utilisation de pinces automatiques est totalement
exclue, car le risque urétéral d’une section en bloc des ligaments
larges est majeur.
La voie vaginale exclusive est contre-indiquée en cas d’antécédent
connu d’endométriose sévère, de chirurgie d’endométriose
comportant une adhésiolyse significative ou une kystectomie
ovarienne. De même, la perception d’une induration du cul-de-sac
de Douglas est une contre-indication à l’abord vaginal premier.
L’endométriose du cul-de-sac de Douglas ou la présence
d’adhérences dans la région du ligament large sont des causes
majeures d’échec ou de complication de la voie vaginale.
L’induration des ligaments utérosacrés et le comblement du cul-de-
sac de Douglas sont des facteurs de difficulté opératoire majeure.
Le chirurgien vaginaliste peut cependant retrouver les bénéfices de
sa voie d’abord favorite grâce à l’assistance cœlioscopique. Cette
endométriosique sur l’ovaire restant ou de persistance de dernière technique est idéale, respectant à la fois l’impératif de
l’endométriose. Après la castration, un traitement substitutif peut sécurité, l’esthétique et la simplicité habituelle des suites de
être envisagé dans un délai de quelques mois après l’intervention. l’hystérectomie vaginale. Elle nécessite un opérateur entraîné à la
Elle peut, très rarement si l’éradication des lésions a été satisfaisante, fois aux cœliochirurgies difficiles et à l’abord vaginal. L’objectif de
occasionner une reprise évolutive de l’endométriose, qui est tout la cœlioscopie est de libérer la totalité des adhérences, incluant les
simplement contrôlée par l’arrêt de l’hormonothérapie. adhérences rectales, pour terminer par une hystérectomie vaginale
L’hystérectomie peut être totale ou subtotale. L’hystérectomie « standard ».
subtotale peut être envisagée par le chirurgien dépassé par des
lésions dont il ne maîtrise pas la technique d’ablation. Le problème ¶ Particularités de l’hystérectomie pour endométriose
est que l’objectif de la chirurgie radicale est l’éradication maximale L’adhésiolyse, l’individualisation des ligaments lombo-ovariens et
des lésions, incluant les lésions sous-péritonéales et tout le décollement de l’annexe en vue de son ablation ont déjà été
particulièrement les lésions du septum rectovaginal et des ligaments décrits, de même que la technique d’exérèse de lésions péritonéales
utérosacrés. L’hystérectomie subtotale laisse en place, par définition, associées. La difficulté est le plus souvent dans le cul-de-sac
ces lésions. Le paradoxe de l’hystérectomie pour endométriose est postérieur et au niveau du ligament large. Il faut obtenir une bonne
donc que, plus l’ablation du col est difficile, plus elle est utile. De vision de l’uretère (un décroisement identique à celui des
plus, l’hystérectomie subtotale ne protège pas totalement du risque hystérectomies élargies peut être nécessaire) ainsi qu’un accès à
urétéral, en raison des distorsions de l’anatomie de l’uretère l’espace rectovaginal libre par clivage de la face postérieure de
rétroligamentaire. l’isthme et du cul-de-sac vaginal, puis la section des ligaments
utérosacrés (fig 13). La technique de l’hystérectomie est alors
¶ Voies d’abord
standard. Il ne faut pas omettre l’ablation des foyers résiduels laissés
L’opération peut être menée, selon les conditions techniques et au contact du rectum.
l’opérateur, par laparotomie, par cœlioscopie ou par voie vaginale
assistée par cœlioscopie. ¶ Techniques alternatives
La laparotomie reste la technique de référence, en particulier en cas Dans les cas d’endométriose du septum rectovaginal, l’hystérectomie
de difficulté extrême. C’est dire que le chirurgien qui prend en d’avant en arrière (encore dite de « bas en haut ») est la meilleure

9
41-760 Chirurgie de l’endométriose pelvienne (chirurgie tubaire exclue) Techniques chirurgicales

solution (fig 13). Identique à la stratégie utilisée pour l’hystérectomie étude randomisée canadienne [6] évoque un effet thérapeutique de la
dans les cancers de l’ovaire étendus, elle consiste, après les destruction. En pratique, on détruit en milieu spécialisé les lésions
hémostases des pédicules supérieurs, le décollement vésico-utérin observées mais on n’indique que rarement une nouvelle cœlioscopie
et l’hémostase des utérines, à ouvrir l’hémicirconférence antérieure dans ce seul but. La fécondation in vitro est appliquée après un délai
du vagin. La traction du col intravaginal vers le haut à l’aide d’une d’infécondité de 3 ans environ. Si le chirurgien qui fait le diagnostic
pince met en tension la face postérieure du vagin, qu’il faut inciser dispose de l’instrumentation nécessaire à la destruction ou à
sous les lésions d’endométriose, et les ligaments utérosacrés qu’on l’exérèse des lésions, il peut appliquer cette technique. Il n’y a
peut pincer et couper de bas en haut. Cette procédure libère l’utérus cependant pas d’indication de chirurgie de deuxième main dans ces
de ses attaches et donne accès au septum rectovaginal en zone saine. cas.
La lésion n’est plus fixée au fond du bassin mais accessible. Au
besoin, un décollement rétrorectal permet de soulever l’ensemble du CHIRURGIE DE LA DOULEUR
cul-de-sac de Douglas, du rectum et du vagin. On peut alors
terminer l’opération, selon les lésions, par le clivage entre le nodule La logique de la chirurgie de la douleur repose sur les travaux de
d’endométriose et le rectum, ou par une résection partielle ou Koninckx [ 5 ] , qui a montré que seule la profondeur de
circonférentielle du rectum. l’envahissement sous-péritonéal est facteur de douleur. La chirurgie
de la douleur dans l’endométriose est donc l’excision des foyers
Il peut être utile de débuter l’opération par voie vaginale : une sous-péritonéaux.
incision circonscrit le nodule du cul-de-sac postérieur, la cloison
rectovaginale est disséquée sous le nodule, en zone saine, ce qui Les lésions superficielles semblent bien sans lien avec les douleurs.
prépare la vision pour le temps abdominal. Il est cependant honnête de citer un contre-argument. Dans un essai
randomisé encore non publié comparant la destruction laser à la
cœlioscopie diagnostique, Sutton, en 1994, montre un avantage de
Chirurgie conservatrice de l’utérus la destruction laser [10] . Cet avantage n’est pas décelable en
postopératoire immédiat (56 % d’amélioration à 3 mois contre 48 %
Décrite dans de nombreux manuels, elle est en pratique très dans le groupe placebo), mais semble apparaître à plus long terme
rarement mise en œuvre. (63 % contre 22 % à 1 an), lorsque l’effet placebo de la cœlioscopie a
disparu.
La circonstance la plus fréquente est la chirurgie de l’adénomyome
localisé. Celui-ci se présente cliniquement et échographiquement Le bilan avant un exposé des indications thérapeutiques serait
comme un fibromyome utérin, avec quelques différences qui incomplet si on passait sous silence l’effet placebo. Dans tous les
éveillent parfois l’esprit de cliniciens ou d’échographistes avertis. essais randomisés comportant un placebo [3], une amélioration de
L’opération est donc identique à la myomectomie, à cette différence l’ordre de 19 à 29 % est notée. Cet effet semble encore plus fort pour
près que le clivage se révèle habituellement très difficile et très la chirurgie. Après cœlioscopie diagnostique, 48 % des patientes de
imprécis. Sutton [10] sont soulagées de leurs douleurs. Cet effet placebo est
cependant transitoire, puisque seulement 22 % restent indemnes de
Une circonstance plus rare est la myométrectomie. Elle consiste à
douleurs après 6 mois. Il peut pourtant être utilisé dans les cas
extirper la couche moyenne du myomètre, en conservant la couche
d’endométriose superficielle.
sous-séreuse et la couche interne. L’opération commence par une
bipartition sagittale du corps utérin (comme pour l’opération L’effet symptomatique du traitement médical est indiscutable,
d’hystéroplastie). On accède ainsi, au niveau des deux tranches de associant les bénéfices de l’aménorrhée thérapeutique chez les
section, à la couche moyenne. Celle-ci est évidée en quatre segments, femmes algoménorrhéiques et l’effet de stabilisation des lésions. Le
deux antérieurs et deux postérieurs, en prenant garde à ne pas léser choix du produit est commandé par les effets secondaires et le coût.
les cornes utérines et en conséquence la portion interstitielle des En effet, aucun essai randomisé n’a décelé d’avantage à un
trompes. L’utérus est refermé en deux plans : un plan profond traitement en regard d’un autre. Le problème du traitement médical
reconstruit la masse du myomètre et effondre l’espace mort laissé est son caractère presque exclusivement suspensif. Dans l’essai de
par l’exérèse ; un plan superficiel séreux et sous-séreux reconstitue Fedele [3], portant sur des stades I à III traités 6 mois, les douleurs
la surface utérine. récidivent dans 92 % des cas après traitement par danazol, dans
89 % des cas après traitement par la cyprotérone. Pour Waller [11],
l’endométriose récidive dans 52 % des cas à 5 ans après un
Synthèse traitement d’analogues de la LHRH.
Le traitement chirurgical, dont l’objectif est l’excision de toutes les
lésions et en particulier des lésions profondes, a une efficacité très
CHIRURGIE DE L’INFÉCONDITÉ supérieure au traitement médical (19 % de récidives à long terme
La logique de la chirurgie de l’infécondité associée à l’endométriose pour Redwine [8]). Il a en outre l’avantage de respecter, lorsque c’est
est inspirée des résultats obtenus, en tenant compte de la nécessaire, les possibilités de grossesse.
concurrence de la fécondation in vitro [6]. On sait que la chirurgie de La chirurgie comporte trois options : palliative, radicale,
l’endométriose ne donne pas de résultat supérieur à l’abstention conservatrice, sans compter la section nerveuse.
dans l’endométriose minimale, mais que l’action chirurgicale permet La résection du nerf présacré a eu son heure de gloire. L’équipe
d’obtenir, dans les formes sévères, un taux de grossesse identique à italienne de Candiani a bien montré, dans un essai randomisé,
celui observé en cas d’endométriose minimale, de l’ordre de 50 à qu’elle n’était utile qu’au traitement de l’algoménorrhée médiane, et
60 %. On sait que les adhérences massives (« pelvis gelé ») récidivent qu’elle était sans influence sur les autres douleurs des
quasi constamment, même après libération cœliochirurgicale. On sait endométriosiques [1]. L’option palliative consiste à proposer la seule
enfin que si la cœliochirurgie ne permet pas la guérison de la totalité castration. Cette reculade chirurgicale, qui a pu être recommandée
des adhérences, elle a au moins, au contraire de la laparotomie, le dans le passé avec l’intention de réduire le risque opératoire, n’est
mérite de ne pas créer d’adhérences de novo. On peut donc affirmer donc pas justifiée, car elle expose au risque de récidive et donc de
qu’il n’y a pas d’indication de laparotomie en cas d’infécondité avec réintervention [9]. De plus, elle peut être remplacée par un traitement
endométriose, sauf pour anastomose tubaire. médical au long cours associant analogues de la LHRH et
L’indication opératoire est certaine en présence de kystes ovariens, estrogènes. L’option radicale peut être totale, comportant
d’adhérences modérées, d’une obturation tubaire unifocale bilatérale l’hystérectomie et la castration, ou partielle, avec annexectomie.
ou sur trompe unique. Elle est exclue en présence d’une obturation L’option conservatrice a pour but le maintien des possibilités de
tubaire bifocale ou d’adhérences massives. procréation. Que l’option soit conservatrice ou radicale, le traitement
En présence de lésions péritonéales isolées sans adhérences de la douleur comporte toujours une excision des lésions
(endométriose minimale), l’abstention est une option, bien qu’une sous-péritonéales.

10
Techniques chirurgicales Chirurgie de l’endométriose pelvienne (chirurgie tubaire exclue) 41-760

Selon les circonstances et l’évaluation du risque chirurgical, l’effet reprise opératoire soit possible, indique le traitement médical. La
suspensif de l’hormonothérapie et l’effet curatif de l’excision doivent douleur chez une femme jeune sans désir immédiat de grossesse
être mis en balance. Le désir de grossesse immédiat indique peut être traitée différemment selon les sensibilités de chacun :
clairement le traitement chirurgical conservateur. L’échec du traitement médical prolongé pour les uns, traitement chirurgical
traitement médical est également une indication claire à l’acte immédiat pour les autres. C’est cette deuxième solution qui offre le
chirurgical, conservateur chez les femmes les plus jeunes, radical à plus de chances de guérison à long terme, mais ses risques doivent
partir de 40 ans. L’échec du traitement chirurgical, à moins qu’une être pris en compte.

Références
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11
¶ 41-840

Chirurgie mini-invasive de l’incontinence


urinaire à l’effort
J. Amblard, B. Fatton, G. Chene, B. Jacquetin

Ulmsten (Suède) a décrit pour la première fois en 1995 la technique du tension-free vaginal tape (TVT).
Cette opération innovatrice repose sur le concept d’un soutien à mi-urètre réalisé au moyen d’une
bandelette de Prolène®. Le TVT s’est imposé comme la première technique mini-invasive réalisable sous
anesthésie locale ou locorégionale, autorisant ainsi une procédure ambulatoire. Les différentes techniques
et voies opératoires reposant sur un concept mini-invasif pour le traitement de l’incontinence urinaire
d’effort (IUE) sont décrites, de même que leurs résultats et complications : frondes sous-urétrales
prothétiques rétropubienne, transobturatrice de dedans en dehors ou de dehors en dedans, injections
périurétrales. Le TVT est une technique simple à apprendre ou à réaliser, reproductible, sûre. Il est très
efficace dans de nombreuses situations : patients morbides, insuffisance sphinctérienne, incontinence
récidivée après chirurgie antérieure, en association avec une cure de prolapsus. Les complications
peropératoires sont rares : plaies vésicales sans conséquence (5-10 %), saignements. Les complications
postopératoires sont exceptionnelles et la tolérance locale du Prolène® excellente. Les échecs sont rares,
autour de 6 %, qu’il s’agisse de procédures isolées ou associées à une cure de prolapsus. À 7 ans de recul,
le taux de guérison pour un TVT isolé est de 81 %. La voie transobturatrice permet une diminution de la
morbidité en évitant les risques liés au passage rétropubien. Cette technique évite les lésions urétrale ou
vésicale rendant la cystoscopie non systématique lors de la procédure. Si les différentes voies
transobturatrices sont sûres, reproductibles et rapides, il reste à démontrer, par un recul plus important,
l’équivalence de cette procédure par rapport au TVT traditionnel. Les injections périurétrales
correspondent probablement au traitement le moins invasif de tous dans la prise en charge de l’IUE avec
un très faible taux de complications. Mais son efficacité inférieure aux autres techniques lui confère des
indications plus restreintes.
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Mots clés : Incontinence urinaire d’effort de la femme ; Frondes sous-urétrales prothétiques ;


Voie transobturatrice ; TVT ; TOT ; TVTO ; Injection périurétrale

Plan à près de 2 millions le nombre de femmes qui nécessiteront une


prise en charge thérapeutique en France, dont 500 000 sont déjà
¶ Indication 1 sévèrement atteintes. Au cours des 10 dernières années, une
meilleure connaissance des mécanismes physiopathologiques a
¶ Rappel physiopathologique 2 permis de développer des procédés chirurgicaux moins invasifs
¶ Techniques opératoires 2 et plus efficaces.
Historique 2 Le diagnostic de l’incontinence est avant tout clinique. Il
Frondes sous-urétrales prothétiques 3 repose sur l’interrogatoire et l’examen physique. L’interrogatoire
¶ Conclusion 11 ciblé cherchera à préciser l’ancienneté et l’évolution de la
pathologie, à évaluer de façon subjective les facteurs favorisants
et l’abondance des fuites, à apprécier surtout le retentissement
■ Indication dans la vie sociale à l’origine du handicap. En dernier lieu, il
guidera la chirurgie en fonction des troubles urinaires, génitaux
L’incontinence urinaire d’effort (IUE) est la forme d’inconti- ou anorectaux associés. L’examen clinique, quant à lui, se
nence urinaire la plus fréquente chez la femme. Selon l’étude réalise sur une femme en position gynécologique dont la vessie
épidémiologique de Minaire et Jacquetin [1], 37 % des femmes sera remplie d’environ 300 ml. Il sera éventuellement répété en
présentent au moins un épisode de fuite urinaire par mois et position debout. Cet examen recherche une fuite urinaire à la
77 % d’entre elles voient apparaître ces fuites à l’effort. Il est toux qui est quantifiée ; on note également les éléments
bien entendu que la majorité de ces femmes ne présentent que prolabés et la mobilité de la jonction urétrovésicale. Initiale-
des fuites minimes, mais une étude récente menée par l’Institut ment, la manœuvre de Bonney était réalisée ; elle consistait à
Ipsos, avec le soutien de l’Association française d’urologie, a réduire la bascule du col vésical avec les deux mors d’une pince
évalué à près de 25 % le nombre de ces femmes qui présentent placés de part et d’autre de l’urètre pour établir le pronostic
un retentissement fonctionnel significatif. On peut donc estimer chirurgical d’une colposuspension. Actuellement lui est préférée

Techniques chirurgicales - Gynécologie 1


41-840 ¶ Chirurgie mini-invasive de l’incontinence urinaire à l’effort

Tableau 1.
Frondes sous-urétrales prothétiques : indications et contre-indications.
Indications princeps Fronde sous-urétrale isolée Indication idéale
Incontinence d’effort pure (IUE) 81 % de guérison à 7 ans [4]

Anesthésie générale Pas de test à la toux réalisable : nécessite une bonne


mobilité de la jonction urétrovésicale et une certaine
habitude
Cure de prolapsus urogénital associé Résultats superposables au TVT isolé [5, 6]

Incontinence urinaire mixte Uniquement en cas d’IUE prédominante


Indications décrites secondairement (parfois résultats 60 % de guérison à 4 ans
contre-indications relatives à discuter selon le cas)
↓ progressivement après [7]

Insuffisance sphinctérienne Si PCU très faible


guérison : entre 66 et 74 % avec le TVT [8, 9]

Incontinence récidivée après chirurgie Chirurgie de « rattrapage » possible [10]

à condition que l’urètre reste mobile


Hyperactivité vésicale pure ou dominante Indication de prise en charge médicale (anticholiner-
giques) et rééducation périnéale
Dysurie avec résidu postmictionnel préexistant Risque d’aggravation et d’altération de l’appareil
Contre-indications absolues
urinaire
Absence d’indication Attention aux indications abusives
Symptomatologie de novo ++
TVT : tension-free vaginal tape ; IUE : incontinence urinaire d’effort ; PCU : pression de clôture urétrale.

la manœuvre dite d’Ulmsten [2] : elle prédit de la même façon excessive du col vésical par rupture des éléments fibreux qui le
les chances de succès suite à l’implantation d’une bandelette fixent à la symphyse pubienne conduit à l’incontinence du fait
sous-urétrale. Cette manœuvre consiste à réaliser un soutène- de la perte de transmission des pressions abdominales vers le
ment sous-urétral à l’aide de deux Cotons-tiges® placés de part périnée. DeLancey, au début des années 1990 [12], a remis en
et d’autre de l’urètre (partie médiane) et à vérifier la correction cause ce mécanisme pour avancer celui de l’écrasement du
de la fuite urinaire à la toux. trigone, du col vésical et de l’urètre proximal sur un hamac
Insistons en préambule sur le fait que si les techniques ont sous-cervico-urétral. Ainsi, lors d’un effort, la transmission des
évolué, il ne conviendra pas d’opérer une patiente dont la gêne pressions provoque un écrasement du col vésical et de l’urètre
est minime sous réserve de s’exposer à une symptomatologie de sur les structures de suspension représentées par l’aponévrose
novo plus invalidante. pelvienne et la paroi antérieure du vagin, étroitement maintenu
La chirurgie sera précédée d’un bilan préopératoire compre- à ce niveau par les ligaments pubo-urétraux.
nant, selon les recommandations de l’Agence nationale d’accré- Ulmsten et Papa-Petros [13, 14] ont ajouté une notion dynami-
ditation et d’évaluation en santé (ANAES), une exploration que importante où non seulement la portion sous-urétrale du
urodynamique [3] . Ce bilan approche plus précisément la vagin constitue un soutènement solide pour l’urètre, mais aussi
physiopathologie à l’origine des fuites. Il cherche à dépister les où toute la paroi antérieure du vagin soutient d’avant en arrière
contre-indications à la chirurgie (comme l’hyperactivité vésicale l’urètre, le col vésical et la vessie en relations étroites avec les
grâce à la cystomanométrie ou les obstacles mictionnels grâce à muscles du plancher pelvien. Ainsi, lors des efforts de toux, la
la débitmétrie), à identifier les facteurs de mauvais pronostic portion de l’urètre située au-dessous de l’insertion des ligaments
(comme l’insuffisance sphinctérienne grâce à la profilométrie pubo-urétraux est attirée vers l’avant alors que la portion située
statique). D’autres examens peuvent également être proposés : au-dessus de même que le col de la vessie sont maintenus en
pad test, questionnaire qualité de vie, échographie urogynécolo- place : ce cisaillement au niveau de l’urètre assure la continence
gique, colpocystogramme, imagerie par résonance magnétique par un effet de clapet.
(IRM), électromyographie périnéale, cystoscopie... Leurs indica- L’hypothèse d’Enhorning, de la transmission passive des
tions sont autant motivées par la confirmation du bien-fondé pressions grâce à l’existence d’un gradient de pression abdomi-
de l’intervention que par la recherche d’une pathologie associée nopérinéal, laisse donc place actuellement à la théorie du
nécessitant un geste chirurgical complémentaire (cure de hamac dynamique. À partir de ce principe, ont été élaborés de
prolapsus...) (Tableau 1) [5, 6, 8-10]. nouveaux concepts chirurgicaux.

■ Rappel physiopathologique
Pour mieux comprendre la physiopathologie de l’IUE, il faut
■ Techniques opératoires
d’abord appréhender les mécanismes qui régissent l’inconti-
nence. L’adaptation à l’effort chez la femme relève de deux Historique
mécanismes. Le premier est neuromusculaire ; il existe une
contraction réflexe du sphincter urétral et du périnée au Pour l’histoire, la toute première intervention pour IUE a été
moment de l’effort. Le deuxième mécanisme est lié à la trans- réalisée en 1832 à Lyon par Gensoul ; il s’agissait d’une résec-
mission des pressions abdominales au sphincter urétral qui tion longitudinale de l’urètre.
nécessite une fixité du col vésical et de l’urètre proximal lors de Par la suite, ont été utilisées diverses techniques avec plus ou
l’effort. La somme de ces mécanismes assure une fermeture moins de succès :
étanche de l’urètre du fait de l’affrontement des surfaces • les urétroplasties (intervention de Berkow) s’effectuent par
muqueuses sur une longueur suffisante. Leur altération conduit une plicature sous-urétrale [15] ;
en clinique à l’incontinence urinaire. • les cervicoplasties (interventions de Marion-Kelly, d’Ingelman-
De nouvelles théories ont révolutionné récemment la physio- Sundberg) forment un soutènement sous-cervical [16, 17] ;
pathologie de l’incontinence. • les colposuspensions (Marshall-Marchetti-Krant, Burch, Raz,
Durant de nombreuses années, seule la « théorie simpliste » Pereyra, Stamey) reposent sur le principe de suspension du
de l’enceinte manométrique d’Enhorning pouvait expliquer col vésical à l’aponévrose des grands droits ou au ligament
l’incontinence d’effort [11]. Dans cette hypothèse, la mobilité pectiné [18-23] ;

2 Techniques chirurgicales - Gynécologie


Chirurgie mini-invasive de l’incontinence urinaire à l’effort ¶ 41-840

• les frondes (opérations de Bologna, de Goebell-Stoeckel, de


Crépin...) constituent l’intermédiaire entre la suspension et le
soutènement (plus proche de cette deuxième catégorie) au
moyen d’une bandelette ; qu’elle soit vaginale, cutanée, de
fascia lata, aponévrotique ou prothétique, tunnellisée sous le
col vésical [24, 25].
Parmi ces très nombreux traitements chirurgicaux de l’IUE de
la femme rapportés dans la littérature, le gold standard était
jusqu’à présent la colposuspension rétropubienne par voie
abdominale décrite en 1968 par Burch [19]. Au cours des années
1990, une variante sous cœlioscopie [26] est apparue pour
réduire la morbidité de la laparotomie, mais ses résultats ont été
décevants [27]. C’est alors que développé à partir de la théorie du
hamac sous-urétral est apparu pour la première fois le tension-
free vaginal tape (TVT) [28]. Utilisant le concept novateur du
soutènement par l’intermédiaire d’une fronde sous-urétrale
prothétique placée sous la partie moyenne de l’urètre sans
tension, cette technique peu invasive très efficace et ne modi-
fiant pas la statique pelvienne a rapidement supplémenté le
Burch. Néanmoins, si le TVT est bien une technique minimale Figure 1. Tension-free vaginal tape (TVT) classique par voie
invasive, sa morbidité n’est pas négligeable, avec 5-10 % de rétropubienne.
perforations vésicales et surtout des complications hémorragi-
ques [29, 30] et intestinales [31], rares mais graves. Pour réduire
cette morbidité, différentes options ont été proposées. Une de

▲ Mise en garde
ces alternatives utilise la voie prépubienne [32], mais ces résultats
se sont rapidement montrés inférieurs à la description princeps.
C’est en 2001 que l’urologue français E. Delorme a introduit la
voie transobturatrice (TOT) pour la mise en place d’une bande- Mise en garde pour l’utilisation de matériaux
lette de soutènement sous-urétral [33] : cette nouvelle voie prothétiques.
d’abord chirurgicale, dont l’efficacité semble comparable au La chirurgie par frondes sous-urétrales prothétiques
TVT, permet de réduire le risque de perforation vésicale, et de implique :
supprimer celui de complications graves liées au passage
• l’utilisation de matériaux dits « étrangers » à
rétropubien. Depuis, de nombreux dispositifs ont été dévelop-
l’organisme. Ils sont positionnés de façon définitive et
pés. Ils offrent aux chirurgiens le choix de la voie opératrice (de
doivent donc pour cela présenter une tolérance parfaite à
haut en bas, de bas en haut, de dehors en dedans, de dedans
en dehors) qui sera déterminée en fonction de leurs pratiques cours, moyen et surtout long terme. Ils doivent donc
et des antécédents des patientes [34]. répondre à un cahier des charges sévère : grande
Surfant sur la vague de la chirurgie mini-invasive, les injec- résistance à l’infection, bonne incorporation aux tissus
tions para-urétrales ont évolué en parallèle. Elles reposent sur avoisinants, parfaite tolérance histologique. Actuellement,
un principe différent, celui d’injecter une substance sous et au vu de diverses publications étudiant le comportement
autour de l’urètre pour comprimer la lumière et ainsi augmenter et la tolérance des différents implants synthétiques [35-37]
les résistances urétrales. ainsi que de nombreux cas de complications rapportés
dans les congrès (érosions vaginales, complications
infectieuses secondaires), il apparaît que la prothèse idéale
Frondes sous-urétrales prothétiques doit être du polypropylène monofilament tricoté à larges
Le principe commun à toutes ces interventions est de recréer pores ;
le soutènement sous-urétral à l’aide d’une bandelette prothéti- • des règles d’asepsie parfaite doivent être appliquées lors
que indépendamment de la voie qui sert à son positionnement, de la pose des bandelettes sous réserve de s’exposer à des
en accord avec la théorie d’Ulmsten et de Papa-Petros [13, 14]. complications allant du simple retard de cicatrisation ou
L’installation au bloc opératoire et les soins postopératoires sont de l’érosion secondaire jusqu’à des complications
identiques indépendamment des variantes. Ils ne seront donc beaucoup plus sérieuses comme la gangrène gazeuse [38,
.1
décrits qu’une seule fois. 39] mettant en jeu le pronostic vital de la patiente. En

dehors du respect de cette asepsie, le chirurgien devra être


Voie rétropubienne (Fig. 1)
.2
à l’écoute des symptômes pouvant, en postopératoire,
Il s’agit de la voie initialement décrite par Ulmsten en l’alerter sur d’éventuelles complications (parfois même à
1995 [28] pour son intervention, le désormais classique TVT. distance de la chirurgie) : douleur, écoulements ou
Installation saignements vaginaux, induration ou granulome
cicatriciel, fistule, extériorisation de la prothèse... Seule la
L’intervention peut être pratiquée préférentiellement sous prise en charge précoce pouvant même conduire à la
anesthésie locale ou régionale autorisant ainsi un test à la toux
dépose de la bandelette permettra d’éradiquer ces
peropératoire, mais reste également réalisable sous anesthésie
situations extrêmes.
générale. La patiente est installée en position gynécologique, les
fesses en bord de table en évitant l’hyperflexion des cuisses
au-delà de 60° pour prévenir le risque de lésion des gros • Incision : on réalise, sur la paroi vaginale antérieure, une
vaisseaux. La vessie doit être initialement vide. incision sagittale de 1 cm en commençant à 10 mm du méat
Protocole opératoire urétral externe ; elle correspond au tiers moyen de l’urètre
(Fig. 2).
L’acte chirurgical peu invasif comprend une entrée par le plan • Dissection vaginale : les berges vaginales sont saisies par deux
sagittal du vagin avec une petite incision sous-urétrale pour la pinces d’Allis. Il n’y a pas à proprement parler de plan de
mise en place initiale de l’aiguille et deux incisions cutanées sus- dissection, d’où le recours fréquemment proposé de réaliser
pubiennes. Il se décompose en différents temps cités ci-après. une infiltration pour créer ce plan. Il nous paraît important

Techniques chirurgicales - Gynécologie 3


41-840 ¶ Chirurgie mini-invasive de l’incontinence urinaire à l’effort

Figure 2. Incision sagittale de la paroi vaginale antérieure sur 1 cm en Figure 4. L’allène est introduite dans la dissection para-urétrale puis
sous-méatique. poussée latéralement jusqu’à perforer le diaphragme pelvien.

Figure 3. Dissection para-urétrale en direction de la symphyse pu-


bienne sur 1 à 2 cm sans perforation de l’aponévrose pelvienne.

A
de sectionner de la pointe des ciseaux ou du bistouri l’amorce
de cette dissection, ni trop superficiellement pour éviter les
risques d’exposition secondaire de la bandelette, ni trop
profond, au risque de léser l’urètre qui peut être tutorisé par
une sonde ou un instrument adéquat. Cette dissection est
menée en para-urétral en direction de la symphyse pubienne
sur 1 à 2 cm sans chercher à perforer l’aponévrose pelvienne
(Fig. 3).
• Passage des allènes : la vessie étant vide, on passe successive-
ment les deux aiguilles. La pointe de l’allène est introduite
dans la dissection para-urétrale où elle est poussée latérale-
ment jusqu’à perforer le diaphragme pelvien avec une
angulation de 30 à 45° par rapport à la ligne médiane. On
redresse ensuite l’aiguille pour la ressortir après un trajet
paramédian au ras de la symphyse (il s’agit de passer près,
mais sans trop « raser », pour ménager le périoste et les
vaisseaux qui courent à la face postérieure du pubis), en sus-
pubien immédiat ; les deux orifices étant distants au maxi-
mum de 4 à 5 cm, peuvent être réalisés avant le passage des
allènes, afin « d’obliger » le chirurgien à viser cette zone
médiane sus-pubienne. Durant ces passages, le col de la vessie Figure 5.
et l’urètre pourront être déviés controlatéralement par un A, B. L’allène va ressortir selon un trajet paramédian au ras de la symphyse
guide intra-urétral (ou le cystoscope) pour limiter le risque de en sus-pubien immédiat.
plaies des voies urinaires (Fig. 4,5).
• Contrôle cystoscopique : les aiguilles en place avant leur
retrait complet, on effectue un contrôle cystoscopique à l’aide paroi vésicale latérale et du dôme vésical, exceptionnellement
d’une optique de 70°. On recherche à visualiser une aiguille au niveau du col vésical où l’on aurait plus « naturellement »
transfixiante : les plaies se situent en général au niveau de la tendance à les chercher ; c’est la raison pour laquelle il faut

4 Techniques chirurgicales - Gynécologie


Chirurgie mini-invasive de l’incontinence urinaire à l’effort ¶ 41-840

Figure 6. Avant le retrait complet des aiguilles, on effectue un contrôle Figure 8. Une fois le réglage effectué, on réalise le retrait des hémigai-
cystoscopique à l’aide d’une optique de 70°. nes qui protègent la bandelette de Prolène®.

Figure 7. Les allènes extériorisées en sus-pubien, la fronde est amenée


sous l’urètre sans tension (sous anesthésie adaptée, un test à la toux peut
être réalisé).

utiliser absolument une optique à vision latérale (Fig. 6) ; il


peut être utile de poursuivre l’observation cystoscopique
pendant le retrait de l’aiguille et de la bandelette pour
visualiser une plaie minime ou une distorsion importante de
la paroi vésicale, preuve d’un passage intramural.
• Réglage de la bandelette (à la toux) : les allènes sont extério-
risées en sus-pubien, la vessie est remplie avec 300 ml de
sérum physiologique. La fronde est amenée sous l’urètre sans
tension (Fig. 7). Si les modalités de l’anesthésie le permettent,
on effectue alors un test à la toux en réglant la tension
jusqu’à l’obtention d’une fuite minime au méat. Une fois le
réglage effectué, on réalise le retrait des hémigaines qui
protègent encore la bandelette de Prolène® en veillant bien à
ne pas majorer la tension à cette occasion, grâce à un
instrument ou à un lacs glissé entre l’urètre et la bandelette
(Fig. 8). Figure 9.
• Section de la bandelette : les bandelettes sont sectionnées au A, B. Les bandelettes sont sectionnées au ras de la peau après ablation des
ras de la peau. Les orifices sont suturés au niveau cutané puis gaines. Les orifices cutanés et vaginaux sont suturés.
vaginal (Fig. 9A, B).
Incidents une date ultérieure. La sonde urinaire dans les suites sera
• Plaie vésicale (0 à 7 %) : constatée en peropératoire, elle maintenue jusqu’à l’obtention d’urines claires. Une mesure
impose le retrait de l’aiguille et son repositionnement. Il n’est préventive repose sur l’infiltration en début d’intervention
pas rare de reprendre le même trajet, on peut donc s’aider en qui crée une hydrodissection de l’espace rétropubien.
effectuant le passage sous contrôle cystoscopique. En cas de • Plaie urétrale (0,03 %) : très rare et parfois difficile à visualiser
difficultés de visualisation liées à une hématurie importante, en urétroscopie, sa survenue impose le retrait de la prothèse
il conviendra de surseoir à la procédure et de la reporter à suivi d’une cicatrisation sur sonde vésicale à demeure pour

Techniques chirurgicales - Gynécologie 5


41-840 ¶ Chirurgie mini-invasive de l’incontinence urinaire à l’effort

Tableau 2.
Résultats du tension-free vaginal tape (TVT) dans l’incontinence urinaire
Dysurie post-TVT < 1 semaine d’effort dans une étude, réalisée par notre équipe, comprenant contrôles
clinique et paraclinique (bilan urodynamique et pad test de 24 heures)
Échographie introïtale TVT
TVT auprès de 94 patientes avec un suivi prospectif et un recul de 5 ans
Mauvaise position
en place comparés aux chiffres de Nilsson [4].
Tension excessive
Guérison 1 an 2 ans 1/2 5 ans Nilsson
Sondages (amélioration)
Abaissement
IU effort 88,2 (11,2 %) 91,1 % 84,5 % 84,7 %
Dilatation
Échec (7,8 %) (8,6 %) (10,6 %)
Échographie introïtale IU mixte 61,3 % 51,2 % 67 % (8 %) 85 % (4 %)
Exploration urodynamique (6,4 %) (17,1 %)
Urétrocystoscopie Une prothèse en place trop tendue ISD PCU > 75 % (ND) 81 % (13 %) 73 % (11 %) 74 % (12 %)
section simple 20 cmH2O
IU : incontinence urinaire ; PCU : pression de clôture urétrale.

Prothèse en position inadaptée et/ou symptomatologie irritative


section-résection Tableau 3.
Taux de complications du tension-free vaginal tape (TVT) évalué par Kuuva
et Nilsson [48] auprès de 38 hôpitaux et de 1 455 patientes.
Figure 10. Arbre décisionnel. Conduite à tenir en cas de rétention Type de complications %
postopératoire. TVT : tension-free vaginal tape.
Peropératoires
Saignement > 200 ml 1,9
une période de 1 semaine. Ce type de lésion survient plus Plaie vésicale 3,8
fréquemment lors de la dissection initiale ; elle peut être Lésion d’un vaisseau épigastrique 0,1
prévenue par l’infiltration préalable. Lésion du nerf obturateur 0,1
• Plaie vaginale (0,3 %) : peu grave, elle expose surtout au Hématome vaginal 0,1
risque d’extrusion vaginale ultérieure (exposition de la
Lésion urétrale 0,1
bandelette prothétique). Elle doit donc être recherchée
Postopératoires
systématiquement au niveau des culs-de-sac vaginaux qui
seront soigneusement explorés en fin d’intervention, au Rétention urinaire complète 2,3
besoin en s’aidant de pinces d’Allis placées sur les petites Dysurie 7,6
lèvres. Elle est favorisée en cas de culs-de-sac vaginaux Hématome rétropubien 1,9
marqués haut situés (par exemple en cas d’antécédent de Hématome pelvipérinéal 0,5
Burch) ; sa prévention repose sur le respect d’une épaisseur Infection du site opératoire 0,8
suffisante de paroi vaginale, ce qui peut être facilité par
Retard de cicatrisation vaginale 0,7
l’hydrodissection.
Fistule vésicovaginale 0,1
• Hémorragie peropératoire (1 %) : si le risque de plaie des gros
vaisseaux est très faible et toujours lié à une faute technique, Douleur 0,2
les saignements du site opératoire sont plus fréquents. S’ils Infections urinaires 4,1
persistent après mise en tension de la bandelette, on met en
place une mèche intravaginale associée au clampage de la
sonde urinaire avec une vessie remplie à 300 ml pendant courtes que celles observées pour le Burch, de même que la
2 heures et au positionnement d’un sac de sable sus-pubien ; durée d’hospitalisation et les délais nécessaires à la reprise d’une
l’effet compressif obtenu favorise l’hémostase locale et évite activité. Les conclusions sont identiques si l’on compare le TVT
l’extension d’un hématome disséquant, notamment dans tout et la colposuspension cœlioscopique [41-43].
l’espace de Retzius. En parallèle, l’intervention TVT permettrait de réduire les
coûts du traitement de l’IUE chez la femme de près de 60 %,
Soins postopératoires
comparativement à la colposuspension de Burch.
Les suites opératoires sont dépendantes du mode d’anesthé- Depuis, les bons résultats du TVT dans l’IUE se sont confir-
sie : l’anesthésie locale autorise une reprise mictionnelle précoce més avec, à 7 ans de recul, 84,7 % de guérison pour Nilsson [4,
et rend donc possible une chirurgie ambulatoire stricte. La mise 7, 44]. Ces pourcentages sont corrélés par nos propres résultats

en place d’une sonde urinaire à demeure ou d’une mèche établis après contrôle clinique et paraclinique (bilan urodyna-
vaginale compressive n’est pas systématique. Le seul impératif mique et pad test de 24 heures) auprès de 94 patientes avec un
est un contrôle du résidu mictionnel : s’il est inférieur à 100 ml suivi prospectif et un recul de 5 ans objectivant un taux de
à deux reprises pour une miction spontanée supérieure à guérison de 84,5 % (Tableau 2), ainsi que par de nombreuses
150 ml, il n’est pas nécessaire, dans notre expérience, d’effectuer autres publications [45-47].
de contrôle supplémentaire. Dans le cas contraire, une rééduca-
tion vésicale sera menée jusqu’à l’obtention de résidus satisfai- Inconvénients
sants ; si une rétention persiste, on pourra proposer la conduite Si l’intervention TVT apparaît comme une chirurgie efficace,
à tenir décrite dans la Figure 10. sûre et reproductible de morbidité inférieure au Burch, sa
morbidité n’est pourtant pas nulle. Kuuva et Nilsson [48] ont
Avantages
évalué à 0,34 % le taux de complications majeures de cette
Selon l’ANAES [40], le TVT semble être une chirurgie efficace, technique au décours d’une étude réalisée en Finlande auprès de
sûre et reproductible de l’IUE isolée dont les taux de guérison 38 hôpitaux et de 1 455 patientes ; ces données sont recensées
objective à court et moyen terme (5 ans) paraissent semblables dans le Tableau 3. Depuis le développement exponentiel de
à la colposuspension de Burch. Le taux de guérison objective de cette technique, les bases de données regorgent de complica-
l’IUE par colposuspension de Burch après 4 ans était estimé à tions liées à cette intervention « mini-invasive ». La fréquence
84 % dans cette analyse avec comparativement des taux de de certaines d’entre elles (plaies vésicales peropératoires dans 5
guérison objective de l’incontinence après TVT variant de 86 % à 10 % des interventions, hématomes sus-pubiens) et la gravité
à 90 % à 3 ans et de 84,7 % à 87 % à 5 ans. Les durées de des autres, même exceptionnelles (plaies viscérales ou
l’intervention TVT et du sondage urinaire post-TVT sont plus vasculaires) [49-51], ont incité les chirurgiens à modifier cette

6 Techniques chirurgicales - Gynécologie


Chirurgie mini-invasive de l’incontinence urinaire à l’effort ¶ 41-840

Figure 11. Voie transobturatrice de dehors en dedans selon


Delorme [33].

technique en proposant de nouvelles voies pour le positionne-


ment de la bandelette, notamment la voie transobturatrice.

Voie transobturatrice
Origine
Elle peut être considérée comme une évolution du TVT
classique rétropubien. L’avènement du TVT a clairement
révolutionné la prise en charge de l’IUE chez la femme :
résultats excellents, morbidité inférieure aux interventions
antérieures. Cependant, il persiste des complications préoccu-
pantes, soit par leur nombre (plaies vésicales fréquentes mais
généralement sans conséquence), soit par leur gravité (plaies des
gros vaisseaux, digestives) qui de plus se produisent dans un
contexte d’intervention « simplifiée » réalisée en ambulatoire.
L’ensemble de ces complications est lié au principe même de
l’intervention qui, pour permettre le maintien « tension-free » de
la bandelette sous l’urètre, nécessite un passage aveugle en
rétrosymphysaire dans l’espace de Retzius.
Reprenant la voie transobturatrice décrite pour la première
fois par Novak [52], Delorme a utilisé ce passage pour l’insertion
d’une bandelette sous-urétrale dans le traitement de l’IUE [33]. Figure 12.
Pour éviter l’espace rétropubien, il utilise une voie plus latérale A, B. Voie transobturatrice : l’incision vaginale est identique à celle
à travers le foramen obturé (Fig. 11). Elle traverse les muscles réalisée dans la voie rétropubienne, mais légèrement élargie de façon à
longs adducteurs près de leur origine pubienne, elle passe au pouvoir introduire un doigt dans la dissection.
bord inférieur du trou obturé en traversant la membrane
obturatrice. Elle arrive dans le plan moyen du périnée après
avoir traversé le muscle obturateur interne. Elle passe au-dessus (Fig. 12A, B). La loge ainsi disséquée doit permettre le passage
du pédicule pudendal interne. Ensuite, elle passe au niveau du d’un doigt qui prendra contact avec l’allène dès la membrane
muscle élévateur de l’anus, traverse l’arcus tendineus fasciae obturatrice franchie en arrière de la branche ischiopubienne.
pelvis et se continue dans la paroi urétrovaginale à son tiers • Incision cutanée : avant d’effectuer les incisions cutanées, il
moyen. Le trajet anatomique montre que les éléments anatomi- est important de palper les reliefs osseux déterminant le trou
ques traversés sont, soit des muscles, soit des fascias ; il n’y a obturateur en introduisant l’index dans le vagin en arrière de
pas d’éléments vasculaires ou nerveux majeurs sur le trajet. la branche ischiopubienne, le pouce, quant à lui, restant sur
L’avantage de cette voie d’abord est donc l’absence de risque le plan cutané, permettant ainsi de repérer entre ces deux
digestif, le très faible risque vasculaire et vésical, la simplicité doigts la zone anatomique où doit cheminer le dispositif
donc la reproductibilité de la technique et, pour beaucoup, (Fig. 13A, B). Le pédicule obturateur chemine dans la partie
l’absence de contrôle cystoscopique systématique. inféroexterne du trou. Une fois les repères pris, les points
.3

d’incision cutanée, mesurant 0,5 cm, se situeront donc à la


Voie transobturatrice de dehors en dedans partie interne et supérieure du trou obturateur, au contact
Depuis sa description princeps, la voie transobturatrice a subi immédiat de la branche ischiopubienne à l’aplomb d’une
.4
quelques évolutions : la principale tient en un trajet moins ligne passant par le niveau du clitoris, soit à plus de 2 cm
horizontal entre les deux trous obturateurs recréant ainsi un d’un risque vasculaire ou nerveux (Fig. 14).
passage para-urétral identique à la voie rétropubienne. • Insertion de l’aiguille dans le trou obturateur (les mêmes
• Protocole opératoire : la position d’installation est à l’identi- gestes seront répétés de chaque côté) : dans un premier
que de la voie rétropubienne. Si une vidange vésicale est temps, l’aiguille de type Emmet ou autres ancillaires adaptés
préférable, cela n’est pas obligatoirement nécessaire même si (Monarc® AMS, Obtape® Mentor-Porgès, Uretex TO® Sofra-
un cathéter intra-urétral peut faciliter la dissection. dim, I-stop® CL-Médical) va cheminer perpendiculairement à
• Incision et dissection vaginale : l’incision vaginale est quasi travers la peau et les tissus sous-cutanés pour franchir la
identique à celle réalisée dans la voie rétropubienne. Cepen- membrane obturatrice (Fig. 15). L’index de la main opposée
dant, elle sera élargie de façon à pouvoir introduire un doigt à celle tenant l’ancillaire est glissé dans la dissection vaginale.
dans la loge de dissection au cours de la procédure. On Il prend contact avec l’aiguille dès le franchissement de la
effectue donc une incision sagittale sur le vagin antérieur, membrane obturatrice en arrière de la branche ischiopu-
débutant à 1 cm du méat externe urinaire, mesurant environ bienne et guide le dispositif jusqu’au point de sortie vaginale
2 cm. La dissection latérale est menée aux ciseaux en direc- (Fig. 16A, B). Ce geste permet de réduire au maximum tout
tion de la branche ischiopubienne sur environ 1 à 2 cm risque vésical, urétral, vaginal, voire même viscéral.

Techniques chirurgicales - Gynécologie 7


41-840 ¶ Chirurgie mini-invasive de l’incontinence urinaire à l’effort

Figure 15. L’aiguille de type Emmet, ou autres ancillaires adaptés, va


cheminer perpendiculairement à travers la peau et les tissus sous-cutanés
pour franchir la membrane obturatrice.

Figure 13.
A, B. Voie transobturatrice : avant d’effectuer les incisions cutanées, il est
important de palper le relief du trou obturateur entre le pouce et l’index.

Figure 14. Le pédicule obturateur se situe dans la partie inféroexterne Figure 16.
du trou obturateur, à plus de 2 cm du passage de la bandelette qui A, B. L’index de la main glissé dans la dissection vaginale prend contact
chemine à la partie interne et supérieure, au contact immédiat de la avec l’aiguille dès le franchissement de la membrane obturatrice en arrière
branche ischiopubienne. 1. Fronde prothétique ; 2. nerf obturateur ; 3. de la branche ischiopubienne et guide le dispositif jusqu’au point de sortie
veine obturatrice ; 4. trou obturateur ; 5. canal obturateur. vaginale.

• Insertion de la bandelette : la bandelette prothétique va être • Réglage de la bandelette : une fois le geste réalisé de façon
fixée à l’aiguille et extériorisée à travers le trou obturateur en bilatérale et symétrique, la prothèse est positionnée à mi-urètre
retirant l’aiguille selon le chemin inverse de celui précédem- d’un trou obturateur à l’autre. La technique de réglage est
ment réalisé (Fig. 17). identique à celle décrite pour la voie rétropubienne (Fig. 18).

8 Techniques chirurgicales - Gynécologie


Chirurgie mini-invasive de l’incontinence urinaire à l’effort ¶ 41-840

Figure 17. La bandelette prothétique est fixée à l’aiguille puis extério-


risée à travers le trou obturateur en retirant l’aiguille.
Figure 19. Pour la voie transobturatrice de dedans en dehors selon de
Leval [53], à partir de l’incision sous-urétrale, la dissection est menée avec
un angle de 45° par rapport à la ligne médiane en direction de la jonction
entre le pubis et la branche ischiopubienne. 1. Jonction palpable ; 2. plan
horizontal ; 3. plan médian.

Figure 18. La prothèse est positionnée à mi-urètre d’un trou obturateur


à l’autre. La technique de réglage est identique à celle décrite pour la voie
rétropubienne.
.5

Figure 20. L’incision cutanée est réalisée sur une ligne horizontale
Voie transobturatrice de dedans en dehors passant 2 cm au-dessus du niveau du méat à 2 cm en dehors du pli de la
cuisse en regard du point d’insertion de l’aiguille sur la photographie.
Partant du même concept de fronde sous-urétrale et de la
même voie d’abord, de Leval [53] a développé un passage
différent de celui décrit par Delorme [33] . Son but était de précédemment, un guide à ailettes (Fig. 21) ; il facilite le
développer une approche efficace, sûre et reproductible confor- positionnement de l’aiguille qui est glissée dans sa gouttière.
mément aux études anatomiques menées en parallèle [54]. Ces L’aiguille est donc amenée à travers la dissection vaginale
constatations sont partagées par Reisenauer et al. [55] : leurs puis le fascia pelvien en arrière de la branche ischiopubienne,
dissections sur cadavres démontrent la sécurité de ce passage une rotation est effectuée afin d’enrouler le dispositif autour
.6 vis-à-vis non seulement de la vessie, de la veine épigastrique et du relief osseux pour permettre l’extériorisation au travers des
des vaisseaux iliaques externes, mais aussi des structures incisions cutanées précédemment réalisées (Fig. 22).
neurovasculaires de voisinage. • Positionnement de la bandelette : la bandelette est extériori-
• Incision et dissection vaginale : l’incision vaginale est sée par les deux orifices cutanés, positionnée d’un trou
comparable à celle réalisée pour la voie rétropubienne, tant obturateur à l’autre, son réglage est identique aux autres voies
dans sa localisation que sa taille. À partir de l’incision, la proposées ci-dessus (Fig. 23).
dissection est menée avec un angle de 45° par rapport à la
ligne médiane en direction de la jonction entre le pubis et la Résultats de la voie transobturatrice
branche ischiopubienne. Le fascia pelvien est perforé à la Les résultats de cette voie semblent pour l’heure comparables,
pointe des ciseaux (Fig. 19). qu’elle soit pratiquée de dehors en dedans ou de dedans en
• Incision cutanée : elle est réalisée sur une ligne horizontale dehors ; mais ils sont surtout similaires à ceux obtenus avec le
passant 2 cm au-dessus du niveau du méat à 2 cm en dehors TVT classique au même recul [30, 53, 56-59].
du pli de la cuisse (Fig. 20). Très peu d’études comparatives existent entre les différentes
• Insertion de l’aiguille dans le trou obturateur : la voie voies. Wang retrouve une efficacité équivalente sans différence
transobturatrice de dedans en dehors utilise le dispositif significative en termes de complications [60] . En revanche,
TVTO ® (Gynecare) avec ses ancillaires hélicoïdaux. On Fischer et al. ont publié une série confrontant TVT et TOT [61],
positionne d’abord, dans l’espace ouvert par les ciseaux à l’avantage de la voie transobturatrice ; celle-ci occasionnant

Techniques chirurgicales - Gynécologie 9


41-840 ¶ Chirurgie mini-invasive de l’incontinence urinaire à l’effort

Figure 21. Pour la voie transobturatrice de dedans en dehors, on utilise Figure 23. La bandelette est extériorisée par les deux orifices cutanés,
un dispositif avec des ancillaires hélicoïdaux qui nécessite la mise en place positionnée d’un trou obturateur à l’autre ; son réglage est identique aux
préalable, dans l’espace ouvert par les ciseaux, d’un guide à ailettes. autres voies proposées.

para-urétrales. Cette prise en charge diffère par son principe de


celle des frondes sous-urétrales qui repose sur la théorie du
hamac sous-urétral. En effet, elles agissent sur l’urètre proximal
et le col vésical : la substance injectée va comprimer la lumière
et ainsi augmenter les résistances urétrales. Les premières
réalisées ont été des injections de Téflon® dans les années
1970 [67] ; substance écartée par la suite devant la constatation
de migrations et surtout de granulomes secondaires [68, 69]. Dans
une récente revue de la littérature [70], sont recensés les autres
produits utilisés : en plus du Téflon®, cinq autres produits sont
cités : graisse autologue, collagène, microparticules [71] ou
microballonnets de silicone, carbone pyrolytique. En pratique,
le collagène semble le plus étudié ; il donne des taux de
guérison ou d’amélioration à 1 an entre 60 et 80 % mais le
résultat décroît avec un recul plus important. La graisse autolo-
gue présente l’avantage de sa compatibilité mais les résultats
sont très décevants. Les autres substances offrent des perspecti-
ves intéressantes avec des taux de guérison ou amélioration de
l’ordre de 70 %. Ainsi de nombreux autres agents sont réguliè-
Figure 22. L’aiguille positionnée grâce au guide est amenée à travers la rement décrits : nouvelles particules de carbone (Durasphère®
dissection vaginale puis le fascia pelvien en arrière de la branche ischio- Boston Scientific) [72], acide hyaluronique (Zuidex® Q-Med) à
pubienne au cours d’une rotation permettant son extériorisation au l’aide d’un dispositif qui standardise et simplifie la techni-
travers des incisions cutanées précédemment réalisées. que [73] , nouveaux microballonnets implantables (Urovive ®
AMS) [74] et même, tout récemment, des microballonnets avec
« chambre implantable » dont on règle le volume pour moduler
moins de complications peropératoires et postopératoires l’occlusion du col vésical (ACT® Medtronic).
(notamment en ce qui concerne les signes d’hyperactivité
vésicale de novo). Une série française toute récente [62] aboutit Indications
à des conclusions similaires. Cependant, un recul plus impor- Les injections périurétrales, du fait de leur taux de guérison
tant est nécessaire avant d’affirmer définitivement une efficacité ou amélioration aux alentours de 70 %, nettement inférieur aux
identique et une sécurité supérieure au TVT classique. frondes sous-urétrales, semblent avoir des indications limitées ;
Par ailleurs, des complications persistent, même si la d’autant que ce résultat décroît au fil du temps.
morbidité apparaît également réduite comparée à l’interven- On peut donc retenir quatre indications principales :
tion princeps que constitue le TVT. Ont été décrits : plaie • les patientes avec forte morbidité du fait de la simplicité de
vésicale [57, 63], érosion vaginale [64], hématome surinfecté et la technique (bien que les frondes prothétiques soient
érosion urétrale [65], rétention urinaire [66]. Si la procédure a, également possibles) ;
au fil du temps, été au maximum simplifiée pour la rendre • les patientes jeunes : l’inconvénient de la résorption à
moins invasive, il faut avoir malgré tout en tête qu’il s’agit l’origine de l’altération de l’effet au fil du temps devient un
d’une intervention chirurgicale avec des complications avantage dans l’expectative d’un autre geste définitif.
spécifiques : il faut savoir leur faire face et bien sûr en L’injection s’envisagerait donc comme un intermédiaire
informer les patientes trop souvent séduites par le côté entre la prise en charge rééducative et la chirurgie classique
simpliste de la technique. pour une incontinence modérée : place peut-être bientôt
occupée par une prise en charge pharmacologique (duloxé-
Injections para-urétrales tine [75] ...) ;
• les très grosses insuffisances sphinctériennes avant une
Substances utilisées
chirurgie plus lourde telle que la mise en place d’un sphincter
Pour être complet sur la chirurgie mini-invasive de l’IUE, il artificiel (là encore un TVT semble réalisable en première
est nécessaire d’aborder également la technique des injections intention) ;

10 Techniques chirurgicales - Gynécologie


Chirurgie mini-invasive de l’incontinence urinaire à l’effort ¶ 41-840

■ Conclusion
Depuis quelques années, on a assisté au développement de la
chirurgie mini-invasive de l’IUE. Une meilleure connaissance de
la physiopathologie a permis une évolution rapide des techni-
ques opératoires.
Depuis 1996, la fronde sous-urétrale prothétique a progressi-
vement remplacé le Burch en apportant des résultats au moins
équivalents (pour ne pas dire meilleurs) au bénéfice d’une
réduction de morbidité importante. Après le TVT initial par voie
rétropubienne, grâce au passage transobturateur qu’il soit réalisé
de dehors en dedans ou bien de dedans en dehors, des techni-
ques dérivées sont maintenant apparues : celles-ci réduisent une
nouvelle fois le taux d’éventuelles complications.
Avec les premiers résultats des études comparatives qui
commencent à être publiés, il reste à déterminer pour l’avenir
s’il existe des indications préférentielles à l’une ou l’autre de ces
techniques...dans l’attente peut-être de nouvelles évolutions.

Figure 24. Injection périurétrale : la voie para-urétrale nécessite une ou .

plusieurs ponctions à quelques millimètres du méat externe, l’aiguille


chemine ensuite parallèlement à l’urètre sans effraction de celui-ci
jusqu’au niveau voulu ; le produit est alors injecté sous contrôle échogra-
■ Références
phique radiologique ou endoscopique. [1] Minaire P, Jacquetin B. The prevalence of female urinary incontinence
in general practice. J Gynecol Obstet Biol Reprod (Paris) 1992;21:
731-8.
• la chirurgie de « rattrapage » chez les patientes déjà opérées [2] Jacquetin B. Can a very simple test justify using a new intervention in
récidivant leur incontinence, notamment en cas de béance stress urinary incontinence? The Ulmsten prosthetic sub-urethral
cervicale ou d’urètre fixé, bien que la validation scientifique support. J Gynecol Obstet Biol Reprod (Paris) 1998;27:215-6.
n’en ait pas été faite.
.7

[3] Amarenco G. The ANAES Recommendations for good practice: mana-


gement of female urinary incontinence in general medicine (May
Intervention
2003). Gynecol Obstet Fertil 2004;32:1082-90.
Le principe de ces injections est le même indépendamment [4] Nilsson CG, Falconer C, Rezapour M. Seven-year follow-up of the
de la substance utilisée. Il consiste à injecter au niveau du col tension-free vaginal tape procedure for treatment of urinary inconti-
vésical en para-urétral un agent qui va réduire la lumière du nence. Obstet Gynecol 2004;104:1259-62.
méat interne et ainsi favoriser la continence en renforçant les [5] Jacquetin B. Use of ″TVT″ in surgery for female urinary incontinence.
résistances urétrales. Cet agent peut être positionné par deux J Gynecol Obstet Biol Reprod (Paris) 2000;29:242-7.
voies : la voie para-urétrale et la voie transurétrale. La première [6] Meltomaa S, Backman T, Haarala M. Concomitant vaginal surgery did
nécessite une ou plusieurs ponctions à quelques millimètres du not affect outcome of the tension-free vaginal tape operation during a
méat externe, l’aiguille chemine ensuite parallèlement à l’urètre prospective 3-year follow-up study. J Urol 2004;172:222-6.
sans effraction de celui-ci jusqu’au niveau voulu ; le produit est [7] Holmgren C, Nilsson S, Lanner L, Hellberg D. Long-term results with
alors injecté sous contrôle échographique, radiologique ou tension-free vaginal tape on mixed and stress urinary incontinence.
endoscopique afin de s’assurer de son placement correct Obstet Gynecol 2005;106:38-43.
(Fig. 24). Pour la seconde voie, la ponction se fait de façon [8] Sergent F, Popovic I, Sentilhes L, Verspyck E, Lemoine JP, Marpeau L.
transfixiante par rapport à l’urètre directement au niveau voulu Does tension-free vaginal tape (TVT) have a place in the treatment of
sous contrôle urétroscopique ou à l’aveugle avec un dispositif sphincter incompetence? J Gynecol Obstet Biol Reprod (Paris) 2004;
adapté (Fig. 25A à C). Les résultats de ces deux techniques 33:210-20.
semblent en tous points comparables, notamment sur le plan de [9] Rezapour M, Falconer C, Ulmsten U. Tension-Free vaginal tape (TVT)
l’efficacité [76] , avec cependant pour certains auteurs une in stress incontinent women with intrinsic sphincter deficiency (ISD)--a
morbidité légèrement supérieure en cas de ponction long-term follow-up. Int Urogynecol J Pelvic Floor Dysfunct 2001;
transurétrale [77]. 12(suppl2):S12-S14.

Figure 25.
A, B, C. Injection périurétrale : par abord transurétral, la ponction se fait de façon transfixiante par rapport à l’urètre directement au niveau voulu.

Techniques chirurgicales - Gynécologie 11


41-840 ¶ Chirurgie mini-invasive de l’incontinence urinaire à l’effort

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12 Techniques chirurgicales - Gynécologie


Chirurgie mini-invasive de l’incontinence urinaire à l’effort ¶ 41-840

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J. Amblard (jamblard@chu-clermontferrand.fr).
B. Fatton.
G. Chene.
B. Jacquetin.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Amblard J., Fatton B., Chene G., Jacquetin B. Chirurgie mini-invasive de l’incontinence urinaire à l’effort.
EMC (Elsevier Masson SAS, Paris), Techniques chirurgicales - Gynécologie, 41-840, 2006.

Disponibles sur www.emc-consulte.com


Arbres Iconographies Vidéos / Documents Information Informations Auto-
décisionnels supplémentaires Animations légaux au patient supplémentaires évaluations

Techniques chirurgicales - Gynécologie 13


¶ 41-731

Colpohystérectomie élargie
par laparoscopie. Technique et difficultés
opératoires. Hystérectomie radicale
C. Pomel, R. Rouzier

La colpohystérectomie élargie par laparoscopie ou laparoscopico-vaginale est réservée au traitement des


cancers du col utérin de stade I B1 chez les patientes ne présentant pas de métastase ganglionnaire.
Selon les séries rétrospectives récemment publiées, cette approche mini-invasive apporte des résultats
carcinologiques équivalents à la chirurgie conventionnelle. La radicalité et le nombre de ganglions
prélevés sont comparables à la chirurgie ouverte avec un bénéfice qui se résume au mot « économie » : de
douleurs, de cicatrices, de durée d’hospitalisation.
© 2005 Elsevier SAS. Tous droits réservés.

Mots clés : Cancer ; Col utérin ; Laparoscopie ; Hystérectomie élargie

Plan ¶ Temps vaginal et fermeture 7


Colpotomie 7
¶ Introduction 1 Suture vaginale 7
¶ Anatomie 2 ¶ Fin d’intervention 7
Utérus 2 ¶ Difficultés peropératoires 7
Espaces chirurgicaux 2 ¶ Complications 7
Artères et veines 2
¶ Indications et contre-indications 2
¶ Bloc opératoire
Installation de la patiente
2
2
■ Introduction
Équipe 2 La laparoscopie est utilisée depuis plus de 15 ans dans la prise
Équipement 2 en charge thérapeutique des cancers du col utérin. Denis
¶ Instruments 3 Querleu proposait dès 1989 la lymphadénectomie par laparo-
Optique 3 scopie et, dans le même temps, Daniel Dargent et Michel Canis
Opérateurs 3
réalisaient l’hystérectomie élargie par voie laparoscopicovaginale
ou laparoscopique pure. [1-3] Depuis l’étude de Landoni, l’hysté-
¶ Position des trocarts 3 rectomie radicale est limitée au paramètre proximal correspon-
¶ Exploration 4 dant au type II de la classification de Piver. [4, 5] Dans notre
¶ Ouverture des espaces 4 technique, la dissection est entièrement réalisée par laparoscopie
Péritoine latéral 4 et le temps vaginal est réduit à une simple incision circulaire et
Uretère pelvien 4 à l’extraction de la pièce opératoire.
Fosse pararectale 4
Fosse paravésicale 4
Section des pédicules lombo-ovariens 4
¶ Lymphadénectomie iliaque externe
Lymphadénectomie
4
4
“ Point important
Paquet ganglionnaire 5
Cette intervention doit être réalisée par des chirurgiens
¶ Traitement du paramètre 5 qui, d’une part, maîtrisent les techniques de chirurgie
Section de l’artère utérine 5
cancérologique pelvienne (abord des gros vaisseaux,
Section du paramètre 5
suture vasculaire, suture vésicale ou urétérale) et d’autre
¶ Libération de l’uretère pelvien 6 part disposent d’une expérience avancée de chirurgie
Dissection de la vessie 6
laparoscopique.
Uretère paramétrial 6
Uretère juxtavésical 6
¶ Temps postérieur 7
Ligaments utérosacrés 7 Les récentes publications de séries prospectives randomisées
Espace rectovaginal 7 comparant la cœlioscopie et la laparotomie dans les cancers
Section des paravagins 7 digestifs n’ont pas montré de différence de survie. [6-8] Malheu-
reusement, de telles études n’existent pas pour le traitement des

Techniques chirurgicales - Gynécologie 1


41-731 ¶ Colpohystérectomie élargie par laparoscopie. Technique et difficultés opératoires. Hystérectomie radicale

Tableau 1.
Survie à 5 ans des cancers du col dits opérables traités par laparoscopie.
■ Indications et contre-indications
Auteurs Année Nombre de patientes % Les indications sont présentées sur la Figure 1.
[9]
Cette intervention s’adresse aux cancers du col utérin dits
Sardi 1999 56 85
opérables de moins de 4 cm de stade 1a2 et 1b1 selon la
Spirtos [10] 2002 78 59 classification de la Fédération internationale de gynécologie-
Pomel [11] (curiethérapie) 2003 50 94 obstétrique (FIGO). Les tumeurs de moins de 2 cm sans emboles
Hertel [12] (stade I à III) 2003 200 83 tumoraux ont un traitement chirurgical exclusif. Nous réalisons
Steed [13] (série appariée) 2004 71 94 une curiethérapie préopératoire pour les tumeurs de plus de
Total 455 2 cm et/ou celles qui ont des emboles sur biopsie ou pièce de
conisation. La stadification clinique et par imagerie a donc pour
but essentiel de sélectionner correctement les patientes.
Le bilan d’extension préopératoire est réalisé par une imagerie
cancers du col utérin. Un essai randomisé destiné à montrer
par résonance magnétique (IRM) abdominopelvienne qui
l’équivalence des deux voies d’abord nécessiterait l’inclusion de
permet de définir de façon précise la taille tumorale et les
1 400 patientes. Avec seulement 3 000 nouveaux cas par an en
rapports aux organes de voisinage, ainsi que la présence
France, dont une grande partie de stades non opérables, une
d’adénopathies. Une radiographie pulmonaire complète le bilan
telle étude dans l’hexagone paraît difficile.
paraclinique.
Nous ne disposons pour l’heure que d’études rétrospectives
L’examen clinique et le bilan d’extension par imagerie
qui montrent un contrôle local et une survie sans métastases
(idéalement l’IRM) attestent que :
comparables à la laparotomie (Tableau 1). [9-13]
• la tumeur est strictement limitée au col et mesure moins de
4 cm (Ib1 de la FIGO) ;
■ Anatomie • les ganglions pelviens et lomboaortiques sont radiologique-
ment sains.
L’hystérectomie radicale ou colpohystérectomie élargie L’intervention débute par une lymphadénectomie iliaque
comporte l’exérèse de l’utérus, du paramètre et du dôme vaginal externe avec analyse extemporanée des ganglions pelviens. Dans
et en général des annexes. On y associe une lymphadénectomie. notre équipe, l’hystérectomie radicale par laparoscopie est
Cette intervention impose de parfaitement maîtriser les réalisée chez les patientes dont les ganglions ne sont pas
rapports anatomiques des structures pelviennes. envahis.
On rappelle quelques connaissances anatomiques La conservation ovarienne est proposée chez les femmes de
indispensables. moins de 40 ans pour des tumeurs de moins de 2 cm.

Utérus
L’utérus est retenu dans l’excavation pelvienne par des
■ Bloc opératoire
structures ligamentaires représentées par :
• le ligament cardinal encore dénommé « paramètre » ou
« paracervix » en dehors ; Installation de la patiente
• les lames sacro-recto-génito-pubiennnes d’arrière en avant ; La table est inclinée en Trendelenburg de 15 à 25°.
• le ligament rond en haut et en avant, les pédicules annexiels Les fesses sont au bord de la table : le coccyx est dans « le
en haut et en arrière. vide », ce qui facilite la mobilisation utérine par l’intermédiaire
La mise en tension de l’utérus à l’aide d’un manipulateur d’un canulateur.
utérin permet de tendre les ligaments et de faciliter la dissection Les deux bras sont le long du corps afin de minimiser le
chirurgicale. risque de lésion du plexus brachial.
La patiente est maintenue par des cales placées au-dessus des
Espaces chirurgicaux épaules pour éviter tout glissement.
Les cuisses et les jambes sont écartées, avec légère flexion des
La fosse paravésicale est séparée de l’espace vésico-utérin par
cuisses et des jambes.
les « piliers de la vessie » ou ligaments vésico-utérins, qui
On installe :
correspondent au prolongement des lames sacro-recto-génito-
• une sonde vésicale ;
pubiennes. La fosse pararectale est séparée de l’espace rectova-
ginal par les ligaments rectovaginaux et utérosacrés. Le ligament • un système de réchauffage.
cardinal sépare les fosses pararectale et paravésicale.

Artères et veines Équipe


L’ensemble de l’intervention est réalisé avec l’équipe dans la
Artères principales même position. L’équipe comporte :
Les artères utérines sont issues directement de l’artère iliaque • le chirurgien (droitier) : à gauche de la patiente ;
interne ou le plus souvent d’une branche interne de l’artère • le premier assistant : à droite de la patiente ;
ombilicale. • le second assistant : assis entre les jambes de la patiente ;
• l’instrumentiste : à gauche du chirurgien ;
Artères secondaires • l’anesthésiste : à la tête du malade.
La vascularisation de l’utérus est assurée par les artères des
ligaments ronds issues du réseau iliaque externe.
L’utérus est aussi irrigué par les artères ovariennes via les Équipement
ligaments utéro-ovariens. La table d’opération doit permettre la position de double
abord abdominal et périnéal. Il est souhaitable d’utiliser une
Veines table chirurgicale facilement orientable latéralement, en
Les veines utérines sont le plus souvent au nombre de quatre Trendelenburg et proclive, permettant une exposition périnéale
de chaque côté. Elles cheminent le long du ligament cardinal. aisée.
Les veines secondaires suivent le trajet des artères du même La caméra 3CCD est souhaitable pour réaliser l’intervention
nom. dans d’excellentes conditions.

2 Techniques chirurgicales - Gynécologie


Colpohystérectomie élargie par laparoscopie. Technique et difficultés opératoires. Hystérectomie radicale ¶ 41-731

Figure 1. Arbre décisionnel. Indications de


l’hystérectomie radicale. IRM : imagerie par ré-
1a2 ou 1b1 (absence d'ADP suspectes à l'IRM) sonance magnétique ; ADP : adénopathies.

> 2 cm et/ou emboles < 2 cm sans emboles


lymphovasculaires lymphovasculaires

Curiethérapie

Lymphadénectomie pelvienne

Examen extemporané

Positif Négatif

Hystérectomie élargie
Laparoconversion et lymphadénectomie
lomboaortique
En cas de ganglions
métastatiques à l'examen définitif :
Chimio-irradiation externe
chimio-irradiation externe

L’insufflateur à grand débit (≥ 9 l min–1) doit permettre un


contrôle électronique des pressions. Son inertie doit être faible
pour corriger les pertes de CO2 provoquées ou non. L’équipe-
ment comporte :
• un appareil d’anesthésie ;
• une colonne technique laparoscopique : en regard des
membres inférieurs ;
• un bistouri électrique : en arrière du chirurgien ;
• une table d’opération ;
• une table d’instruments.
La colonne vidéo est disposée entre les jambes, latéralisée au
pied droit de la patiente.

■ Instruments
Figure 2. Position des trocarts.
Optique
On utilise une optique de 10 mm à 0°. ■ Position des trocarts (Fig. 2)
Nous utilisons quatre trocarts :
Opérateurs • 1 trocart de 10 mm situé à l’ombilic ;
• 1 trocart de 5 ou 10 mm à mi-chemin entre la symphyse
Les opérateurs utilisent : pubienne et l’ombilic ;
• deux pinces à préhension, atraumatique et grip pince ; • 2 trocarts de 5 mm situés dans chacune des fosses iliaques en
• une pince coagulante de type bipolaire ; dehors de l’artère épigastrique à la hauteur des épines iliaques
• une paire de ciseaux à usage unique ; antérosupérieures.
• accessoirement, un câble de coagulation monopolaire ; Une règle importante qui facilite le déroulement de l’inter-
• une canulation utérine atraumatique assurée par un manipu- vention : l’aide situé entre les jambes doit pousser le fond utérin
lateur utérin endocervical de faible diamètre à bout souple. vers le haut et toujours du côté opposé à celui de la dissection.

Techniques chirurgicales - Gynécologie 3


41-731 ¶ Colpohystérectomie élargie par laparoscopie. Technique et difficultés opératoires. Hystérectomie radicale

Il est vivement recommandé, en cas de difficulté peropératoire,


que l’assistant ne se « relâche pas ». Il est toutefois technique-
ment possible de réaliser l’opération sans canulation. Dans ce
cas, une pince endoscopique est en permanence « condamnée »
à tracter l’utérus.

■ Exploration
L’exploration concerne :
• l’étage sus-mésocolique, coupoles diaphragmatiques, capsule
hépatique ;
• le relief rétropéritonéal en regard de l’axe lomboaortique ;
• le pelvis.
Cette exploration a pour principal objectif de détecter une
carcinose, des lésions secondaires ou toute autre pathologie.
Une cytologie péritonéale est effectuée.

■ Ouverture des espaces Figure 4. Ouverture de la fosse pararectale. 1. Veine iliaque externe ; 2.
artère iliaque externe ; 3. psoas ; 4. fosse pararectale ; 5. artère iliaque
interne ; 6. uretère ; 7. artère iliaque primitive.
Péritoine latéral (Fig. 3)
L’incision du péritoine est réalisée à l’aplomb des vaisseaux
iliaques externes depuis la fosse paracolique jusqu’au ligament
rond de l’utérus qui est sectionné.

Uretère pelvien
L’annexe doit être tractée vers le dedans par une pince
atraumatique. L’uretère pelvien est recherché sur la face
profonde du péritoine. L’uretère n’est pas disséqué à ce stade de
l’intervention.

Fosse pararectale (Fig. 4)


Cette ouverture est facilitée par le repérage de la bifurcation
artérielle iliaque. La dissection débute en dedans du relief de
l’artère iliaque interne qui est suivie jusqu’au plancher des
muscles élévateurs de l’anus. Cette manœuvre nécessite parfois
la coagulation de petits vaisseaux issus directement des vais-
seaux iliaques internes.
Figure 5. Ouverture de la fosse paravésicale. 1. Artère iliaque externe ;
Fosse paravésicale (Fig. 5) 2. artère ombilicale ; 3. fosse paravésicale ; 4. veine iliaque externe.
L’artère ombilicale est disséquée, puis tractée vers le dedans
par une pince atraumatique. La dissection du bord externe de l’artère ombilicale est
L’espace paravésical est ouvert par simple traction divergente poursuivie d’avant en arrière depuis la région rétrocrurale
des pinces. Ce plan est généralement facile à trouver. La jusqu’à la bifurcation avec l’artère iliaque interne.
dissection ne nécessite aucune coagulation, car cet espace est
avasculaire. Elle se poursuit jusqu’à la paroi pelvienne latérové- Section des pédicules lombo-ovariens
sicale, c’est-à-dire jusqu’au plan des muscles élévateurs de l’anus
surplombé par le ligament pectiné. Elle ne se réalise que dans les cas d’ovariectomie associée. La
coagulation-section des pédicules lombo-ovariens permet
d’ouvrir encore les espaces et de libérer les uretères du péritoine
au niveau du croisement avec les artères iliaques.

■ Lymphadénectomie iliaque
externe
Lymphadénectomie (Fig. 6)
Elle concerne les trois groupes iliaques externes.
La chaîne ganglionnaire externe en dehors de l’artère iliaque
externe est disséquée par simple traction. Cette dissection est
poursuivie jusqu’à la bifurcation iliaque.
Le chirurgien dissèque la face interne, puis supérieure de la
veine iliaque externe. On s’aide des ciseaux disposés du côté du
curage comme un écarteur de type Papin. Les faces interne et
inférieure de la veine iliaque externe sont ensuite disséquées. La
dissection est poursuivie jusqu’à la paroi pelvienne. Ce geste
permet de libérer la face supérieure de la chaîne ganglionnaire.
Figure 3. Incision du péritoine. 1. Muscle psoas ; 2 ligament rond ; 3. La mobilisation du paquet ganglionnaire permet de repérer le
vaisseaux ovariens. nerf obturateur qui représente la limite profonde du curage.

4 Techniques chirurgicales - Gynécologie


Colpohystérectomie élargie par laparoscopie. Technique et difficultés opératoires. Hystérectomie radicale ¶ 41-731

Figure 8. Traitement du paramètre (côté gauche). 1. Nerf obturateur ;


2. psoas ; 3. artère iliaque externe ; 4. veine iliaque externe ; 5. fosse
paravésicale ; 6. artère ombilicale ; 7. artère utérine ; 8. fosse pararectale.

Figure 6. Lymphadénectomie.
A. Côté gauche. 1. Ligament de Cooper ; 2. veine obturatrice ; 3. veine
iliaque externe ; 4. artère iliaque externe.
B. Côté droit.

Figure 9. Section de l’artère utérine (côté gauche).

■ Traitement du paramètre (Fig. 8)


Section de l’artère utérine (Fig. 9)
Le fond utérin est poussé fortement vers le haut et le côté
controlatéral à la dissection par le canulateur pendant le
traitement du paramètre. Cette manœuvre a l’avantage d’ouvrir
les espaces de dissection.
Au sommet du paramètre, l’artère utérine est repérée. Elle est
clippée ou coagulée à son origine, puis sectionnée.

Section du paramètre
Type III Piver
Figure 7. Extraction du paquet ganglionnaire. Le paramètre est bien individualisé entre la fosse paravésicale
en avant et en dehors et la fosse pararectale en arrière et en
dedans.
L’ensemble de la chaîne ganglionnaire est mobilisé vers le La base du paramètre est ensuite coagulée contre la paroi
dedans pour exposer et disséquer les attaches postérieures pelvienne avec la pince bipolaire avant d’être sectionnée de
jusqu’à la bifurcation iliaque. sorte que les fosses paravésicale et pararectale ne sont plus
séparées. Cette manœuvre est réalisée en maintenant le para-
mètre sous tension.
Paquet ganglionnaire (Fig. 7)
Le paquet ganglionnaire est extrait dans un sac d’extraction Type II Piver
pour éviter une éventuelle contamination de la paroi. L’extrac- Le type II consiste à sectionner le paramètre à l’aplomb de
tion se fait par l’orifice du trocart ombilical, ce qui permet l’uretère. Son avantage est essentiellement la préservation de
d’éviter un trocart de 10 mm médian. l’innervation vésicale.

Techniques chirurgicales - Gynécologie 5


41-731 ¶ Colpohystérectomie élargie par laparoscopie. Technique et difficultés opératoires. Hystérectomie radicale

Figure 10. Traction de la vessie latéralement du côté homolatéral. Figure 12. L’uretère est dégagé des attaches péritonéales.

Figure 11. Dissection de la vessie (côté gauche). 1. Veine iliaque Figure 13. Uretère paramétrial.
externe ; 2. artère utérine ; 3. nerf obturateur ; 4. artère ombilicale ; 5.
vessie ; 6. joue vésicale ; 7. vagin ; 8. pilier externe de la vessie.

■ Libération de l’uretère pelvien


Dissection de la vessie (Fig. 10)
Le fond utérin est disposé en position médiane et postérieure.
Le péritoine vésico-utérin est incisé comme lors d’une
hystérectomie simple et l’espace intervésico-utérin est largement
disséqué pour pouvoir emporter une collerette vaginale suffi-
sante. Pour réaliser cette manœuvre, la vessie est tractée
latéralement du côté homolatéral.
Chaque pilier externe de la vessie, qui s’étend de la corne
vésicale au sommet du paramètre homolatéral, est ensuite
repéré et sectionné. De cette façon, le bord antérieur du
paramètre est libéré de la joue vésicale (Fig. 11).
L’uretère est dégagé de ses attaches péritonéales.
Il est tracté vers le dehors puis libéré du péritoine de la
fossette ovarienne (Fig. 12). Figure 14. Uretère juxtavésical. 1. Paramètre ; 2. utérus ; 3. zone de
dissection ; 4. bord latéral droit de la vessie ; 5. uretère droit.

Uretère paramétrial
Le fond utérin est disposé vers le haut et le côté opposé. Uretère juxtavésical (Fig. 14)
L’uretère est, dans un premier temps, dégagé vers le dehors
d’arrière en avant jusqu’au croisement avec l’artère utérine.
Dans un second temps, il est libéré de ses attaches aux paramè- L’uretère est disséqué jusqu’à son entrée dans la vessie. Le
tres. Cela nécessite la coagulation-section prudente des vais- pilier interne de la vessie est repéré, puis sectionné. La libération
seaux urétériques provenant des vaisseaux utérins. On peut alors des uretères avant leur entrée dans la vessie permet d’individua-
sectionner le tissu adjacent à l’artère utérine à l’aplomb de liser complètement le paramètre et le paravagin en avant. Pour
l’uretère pour permettre la dissection et la section du paramètre faciliter ce geste, le paramètre est maintenu en traction par une
disséqué en dedans de l’uretère (type II Piver) (Fig. 13). pince disposée à l’opposé.

6 Techniques chirurgicales - Gynécologie


Colpohystérectomie élargie par laparoscopie. Technique et difficultés opératoires. Hystérectomie radicale ¶ 41-731

Figure 15. Ligaments utérosacrés (côté droit). 1. Ligament utérosacré ; Figure 16. Fin d’intervention. 1. Artère ombilicale ; 2. uretère ; 3. veine
2. Douglas ; 3 rectum ; 4. paramètre ; 5. uretère ; 6. artère ombilicale. iliaque externe.

■ Temps postérieur ■ Difficultés peropératoires


Le principal problème posé par cette intervention est l’appa-
Ligaments utérosacrés (Fig. 15) rition, au cours de la dissection, d’un saignement du paramètre
Le chirurgien procède à la section des ligaments utérosacrés juxtravésical alors que l’uretère n’est pas complètement
à 2 cm de la face postérieure de l’utérus. disséqué.
Si l’on prend soin de dévasculariser totalement l’utérus –
coagulation-section des artères utérines, des vaisseaux ovariens
et des ligaments ronds – dans cette situation, le saignement sera
Espace rectovaginal peu actif et essentiellement veineux. On peut soit le contrôler
Ce temps consiste à ouvrir le cul-de-sac de Douglas et à rapidement, soit l’ignorer et poursuivre la dissection de l’uretère.
disséquer l’espace inter-rectovaginal. Il faut ensuite dégager Exceptionnellement, l’introduction d’une compresse au contact
latéralement et de chaque côté les ligaments utérosacrés pour assure sans difficulté l’hémostase.
pouvoir les sectionner à la distance souhaitée de l’utérus. Cette Il ne faut pas hésiter à tracter l’uretère dans une pince
manœuvre permet secondairement de coaguler, puis de section- fenêtrée atraumatique en évitant de trop serrer les mors. Dans
ner les paravagins. notre expérience, cette manœuvre n’a jamais entraîné de
complication urétérale secondaire.

Section des paravagins


■ Complications
Cette manœuvre permet secondairement de coaguler, puis de
sectionner les paravagins. Les principales complications postopératoires sont similaires
à celles de l’hystérectomie radicale par laparotomie. La morbi-
dité postopératoire comprend principalement les fistules
■ Temps vaginal et fermeture urétérovaginales (1 à 3 %) et vésicovaginales, ainsi que les
troubles mictionnels. Les fistules peuvent être précoces, dues au
traumatisme direct de l’organe ou tardives, secondaires à une
nécrose. En phase postopératoire immédiate, une rétention est
Colpotomie fréquente, mais spontanément réversible. Elle est moins fré-
L’incision vaginale est pratiquée par voie laparoscopique ou quente après le type II de Piver et si la résection du paravagin
par voie basse à plus de 2 cm du col ou de la tumeur. Elle est limitée vers le bas. À distance, une sténose urétérale peut
permet l’extraction monobloc de l’utérus et des paramètres. La survenir. Le traitement des complications urinaires fait appel en
pièce opératoire est adressée en anatomopathologie afin de premier lieu à la chirurgie endoscopique et/ou à la radiologie
vérifier l’intégrité des tranches de section vaginales. interventionnelle, mais une réintervention chirurgicale peut être
parfois nécessaire.

Suture vaginale
■ Références
La suture vaginale est assurée par un surjet de fil tressé
n° 0 résorbable. Une mèche iodoformée est introduite et laissée [1] Querleu D, Leblanc E, Castelain B. Laparoscopic pelvic
en place pendant 24 heures. lymphadenectomy in the staging of early carcinoma of the cervix. Am
J Obstet Gynecol 1991;164:579-81.
[2] Dargent D, Mathevet P. Schauta’s vaginal hysterectomy combined with
■ Fin d’intervention (Fig. 16) laparoscopic lymphadenectomy. Baillieres Clin Obstet Gynaecol 1995;
9:691-705.
[3] Canis M, Mage G, Pouly JL, Pomel C, Wattiez A, Glowaczover E, et al.
Elle a lieu sous contrôle laparoscopique. Laparoscopic radical hysterectomy for cervical cancer. Baillieres Clin
En fin d’intervention, nous vérifions l’hémostase par laparo- Obstet Gynaecol 1995;9:675-89.
scopie et nous pratiquons une toilette péritonéale soigneuse. [4] Landoni F, Maneo A, Cormio G, Perego P, Milani R, Caruso O, et al.
Le pelvis n’est ni péritonisé ni drainé. Class II versus class III radical hysterectomy in stage IB-IIA cervical
La vessie est drainée par une sonde qui est retirée au 4e jour cancer: a prospective randomized study. Gynecol Oncol 2001;80:
postopératoire. 3-12.

Techniques chirurgicales - Gynécologie 7


41-731 ¶ Colpohystérectomie élargie par laparoscopie. Technique et difficultés opératoires. Hystérectomie radicale

[5] Piver MS, Rutledge F, Smith JP. Five classes of extended hysterectomy [10] Spirtos NM, Eisenkop SM, Schlaerth JB, Ballon SC. Laparoscopic
for women with cervical cancer. Obstet Gynecol 1974;44:265-72. radical hysterectomy (type III) with aortic and pelvic lympha-
[6] Lacy AM, Garcia-Valdecasas JC, Delgado S, Castells A, Taura P, denectomy in patients with stage I cervical cancer: surgical morbidity
Pique JM, et al. Laparoscopy-assisted colectomy versus open and intermediate follow-up. Am J Obstet Gynecol 2002;187:340-8.
colectomy for treatment of non-metastatic colon cancer: a randomised [11] Pomel C, Atallah D, Le Bouedec G, Rouzier R, Morice P, Castaigne D,
trial. Lancet 2002;359:2224-9. et al. Laparoscopic radical hysterectomy for invasive cervical cancer:
[7] Clinical Outcomes of Surgical Therapy Study Group. A comparison of 8-year experience of a pilot study. Gynecol Oncol 2003;91:534-9.
laparoscopically assisted and open colectomy for colon cancer. N Engl
[12] Hertel H, Kohler C, Michels W, Possover M, Tozzi R, Schneider A.
J Med 2004;350:2050-9.
[8] Leung KL, Kwok SP, Lam SC, Lee JF, Yiu RY, Ng SS, et al. Laparoscopic-assisted radical vaginal hysterectomy (LARVH):
Laparoscopic resection of rectosigmoid carcinoma: prospective prospective evaluation of 200 patients with cervical cancer. Gynecol
randomised trial. Lancet 2004;363:1187-92. Oncol 2003;90:505-11.
[9] Sardi J, Vidaurreta J, Bermudez A, di Paola G. Laparoscopically [13] Steed H, Rosen B, Murphy J, Laframboise S, De Petrillo D, Covens A.
assisted Schauta operation: learning experience at the Gynecologic A comparison of laparascopic-assisted radical vaginal hysterectomy
Oncology Unit, Buenos Aires University Hospital. Gynecol Oncol and radical abdominal hysterectomy in the treatment of cervical cancer.
1999;75:361-5. Gynecol Oncol 2004;93:588-93.

C. Pomel* (pomel@igr.fr).
R. Rouzier (Roman.Rouzier@chicreteil.fr).
Service du docteur Castaigne, Institut Gustave Roussy, 39, rue Camille-Desmoulins, 94805 Villejuif cedex 1, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Pomel C., Rouzier R. Colpohystérectomie élargie par laparoscopie. Technique et difficultés opératoires.
Hystérectomie radicale. EMC (Elsevier SAS, Paris), Techniques chirurgicales - Gynécologie, 41-731, 2005.

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8 Techniques chirurgicales - Gynécologie


ENCYCLOPÉDIE MÉDICO-CHIRURGICALE 41-685

41-685

Conisations
JC Boulanger R é s u m é. – La conisation est l’exérèse d’une partie du col utérin correspondant à
J Gondry un cône ou à un cylindre. Les outils utilisables sont multiples: bistouri froid, laser ou
P Naepels encore électroconisation.
Les auteurs décrivent l’instrumentation et les modalités techniques des différentes
méthodes, leurs indications et résultats respectifs.
La conisation est une intervention simple, bien codifiée, parfaitement adaptée au
traitement des néoplasies intraépithéliales de haut grade. La qualité de la résection
dépend de la qualité de la colposcopie préopératoire et sera jugée sur le caractère in
sano ou non de la résection et sur la possibilité de surveillance colposcopique
ultérieure (zone de jonction visible). Les auteurs insistent sur la nécessité de cette
surveillance post-thérapeutique afin de dépister les échecs et les récidives ; leur
fréquence étant étroitement corrélée au caractère in sano ou non de la résection
initiale. La complication le plus souvent retrouvée actuellement est la sténose
cervicale qui peut gêner la surveillance.

Introduction L’exérèse doit s’adapter à la taille de la lésion évaluée


colposcopiquement juste avant le geste, et ne doit pas être plus
Le traitement des lésions précurseurs du cancer du col utérin a importante que nécessaire afin de préserver les fonctions cervicales,
considérablement évolué depuis 30 ans : l’hystérectomie radicale a fait particulièrement chez la femme jeune.
place à l’hystérectomie simple puis à l’amputation du col et enfin à la Au total, la résection peut intéresser des volumes de tissu très différents
conisation. allant de la large biopsie à la véritable amputation de col. Nous
Dans les années 1980, le souci de réduire l’exérèse dans une population limiterons notre propos aux véritables conisations quel que soit l’outil
de plus en plus jeune a été à l’origine du développement des traitements utilisé (bistouri, laser, anse diathermique) et n’envisagerons pas les
destructeurs par vaporisation laser. En raison du risque d’un tel électrorésections bien qu’il n’y ait qu’une différence de hauteur entre
traitement en cas de sous-évaluation diagnostique, les années 1990 ont l’électroconisation (ECAD) et l’électrorésection (ERAD) qui ne réalise
vu le retour en force des méthodes permettant une étude que des exérèses limitées toujours inférieures à 1 cm.
anatomopathologique, d’autant que l’utilisation de l’anse diathermique
a pris son essor permettant des électrorésections superficielles mais aussi
d’authentiques conisations. But
L’amputation a disparu car le volume cervical ôté est toujours excessif Le but de la conisation est évidemment thérapeutique. Grâce à l’étude
et son retentissement obstétrical important. anatomopathologique de la pièce opératoire en coupes sériées, elle a
deux autres intérêts :
Définition – vérification de l’exactitude diagnostique ;
– vérification de la qualité du traitement.
La conisation est l’exérèse d’une partie du col correspondant à un cône
ou un cylindre dont la base est exocervicale passant au large de la lésion Thérapeutique
et le sommet endocervical passant à distance de la jonction
pavimentocylindrique. C’est bien entendu le traitement parfait des lésions du col utérin
lorsqu’elles sont intraépithéliales.

Vérification diagnostique
Jean-Charles Boulanger : Professeur des Universités, praticien hospitalier, chef de
service. Le contrôle histologique de la pièce opératoire est fondamental car les
Jean Gondry : Professeur des Universités, praticien hospitalier. lésions étiquetées CIN III (CIN : cervical intraepithelial neoplasia) à la
Philippe Naepels : Praticien hospitalier. biopsie se révèlent, non rarement, des cancers micro-invasifs (KMI)
Centre de gynécologie-obstétrique, 124, rue Camille-Desmoulins, 80054 Amiens parfois même de véritables cancers invasifs. Les chiffres extrêmes
cedex 1, France.
© Elsevier, Paris

retrouvés dans une revue de la littérature que nous avons effectuée [9]
sont de 3 à 27 % pour les KMI or, au stade Ia2, on observe déjà des
Toute référence à cet article doit porter la mention : Boulanger JC, Gondry J et métastases ganglionnaires dans 6 à 8 %. Il peut même parfois s’agir de
Naepels P. Conisations. Encycl Méd Chir (Elsevier, Paris), Techniques chirurgicales
– Gynécologie, 41-685, 1998, 12 p.
cancers occultes. C’est le cas dans notre série pour 3,9 % des 468
patientes adressées avec un diagnostic sur biopsie de CIN III (2,15 %
41-685 CONISATIONS Techniques chirurgicales

avant la ménopause, 11 % après la ménopause), le diagnostic ayant été


le plus souvent redressé lors de l’évaluation préthérapeutique ou plus
rarement sur pièce de conisation.

Vérification de la qualité du traitement


L’examen anatomopathologique de la pièce opératoire permet de
vérifier si la résection est passée en tissu sain, si elle comporte une marge
de sécurité insuffisante (< 3 mm), ou si elle est passée dans l’épaisseur
de la lésion. On dit habituellement exérèse in sano, limite et non in sano.
Ces critères sont importants car ils sont étroitement corrélés aux taux 3 Anses rondes de
d’échecs et de récidives. 15 et 20 mm.

Pour avoir une puissance de section suffisante, il faut disposer d’un spot
de diamètre très réduit :
Aspects techniques – de 0,5 à 1 mm, et de haute densité : 10 000-20 000 W/cm2 ;
– de 0,2 mm très haute densité : 68 000-80 000 W/cm2.
Historique
Anse diathermique
La première intervention sur le col est attribuée à Ambroise Paré au XVIe
siècle. En 1652, Tulipus d’Amsterdam décrit la première amputation, et Le principe fut appliqué à la pathologie cervicale en 1937 par Durel ; à
c’est en 1815 que Lisfranc réalise la première conisation. Toutes ces la suite de Palmer, de Coupez et de Cartier, il a été abondamment
interventions sont, bien sûr, réalisées au bistouri et il faut attendre développé en France.
Hyams, en 1920, pour réaliser la première conisation au bistouri Le regain d’intérêt actuel a deux causes essentielles :
électrique. – la mise au point de générateurs modernes qui ont transformé
À quelques exceptions près, les conisations restent effectuées au bistouri l’électrochirurgie ;
jusqu’en 1976 où Toaf propose la conisation laser. – le coût élevé du laser CO2.
Progressivement depuis les années 1990, l’anse diathermique a
largement supplanté le laser. Générateurs
Aussi bénigne soit-elle, la conisation est une intervention chirurgicale, Les nouveaux générateurs délivrent un courant de section pure ou de
et il est nécessaire de rappeler les différentes techniques, leurs impératifs coagulation pure, ou un mélange réglable de ces deux effets. Ils offrent
et leurs conditions de réalisation spécifiques. surtout de parfaites garanties de sécurité car ils fonctionnent sous tension
d’alimentation faible. Les progrès en matière d’électrodes neutres ont
Instrumentation spécifique actuellement éliminé la possibilité de brûlures accidentelles : ce sont les
électrodes plaques adhésives et le return electrode monitoring (REM)
La résection cervicale peut être réalisée avec trois types d’instruments. qui désactive automatiquement le générateur si la qualité de coupe est
imparfaite. Plusieurs de ces appareils sont commercialisés en France :
Bistouri Valleylab force 2, Cooper et Lamidey qui nécessitent un réglage séparé
de la section et de la coagulation et du mélange de ces deux effets,
Il suffit d’un bistouri à lame étroite, mais le geste sera facilité si on
Erbotom (Erbe) qui permet une coupe réellement optimale en régulant
dispose d’un manche de bistouri long et d’une lame de bistouri coudée
de façon automatique la puissance de sortie en section.
(fig 1).

Laser CO2 Électrodes

Habituellement utilisé pour la destruction par vaporisation des lésions Ce sont les anses diathermiques dont il existe un grand nombre de
du col utérin, le laser CO2 peut être utilisé en section. modèles puisqu’elles doivent être adaptées à tous les types de cols et de
lésions :
Il faut disposer d’un laser CO2 de forte puissance (30 à 50 W) en mode
continu ou d’appareils permettant le mode pulse ou super pulse. – anses de dimensions fixes dont le diamètre à la base varie de 5 à
35 mm. Il en existe différentes formes :
Le rayon laser est véhiculé par l’intermédiaire soit d’un
micromanipulateur (le laser est alors obligatoirement couplé au – arrondies distribuées par Valleylab ou Erbe (fig 3) ;
colposcope) soit d’une pièce à main que l’on utilise comme un bistouri ; – triangulaires comme celles que nous avons développées (fig 4), de
nous y avons fait graver une échelle millimétrique, ce qui facilite la Van Link montées sur un pistolet rotatif, ou de Fischer récemment
mesure précise de la hauteur de notre conisation (fig 2). commercialisées ;
– anses de dimensions modulables telles celle de Coupez, dont les
variantes modernes ont été imaginées par Mergui (fig 5) ;
– électrodes pointes extrêmement fines (Straight wire).
Toutes ces anses ont en commun d’être confectionnées avec un fil très
fin de 1 à 3/10es de millimètre.

Instrumentation commune
1 Bistouri lame droite et lame
Quel que soit le matériel utilisé, l’intervention doit être réalisée sous
coudée.
colposcope ou tout au moins après repérage colposcopique soigneux. Il
faudra donc :
– un colposcope ;
– des pinces « porte-coton », des aspiglaires ;
– des pissettes d’acide acétique à 3 % et de Lugol fort ;
2 Laser pièce à main avec
échelle millimétrique. – des spéculums de Collin :
– ordinaires si l’on utilise le bistouri froid ;

page 2
Techniques chirurgicales CONISATIONS 41-685

8 Spéculum endocervical.

4 Anses triangulaires (JC


Boulanger).

9 Crochet de Burke.

10 Réglette millimétrique de Bellina.


5 Anses de F Cou-
pez et de JL Mergui.

11 Curette de Kervokian.

– de curettes pour compléter le geste par un éventuel curetage


endocervical (curette de Kervokian) (fig 11) ;
– de matériel de suture (une pince à disséquer longue et un porte-
aiguille permettant un éventuel point hémostatique et la réalisation du
6 Spéculum avec che-
minée et valves isolées. repérage de la pièce opératoire confiée à l’anatomopathologiste).

Choix du moment
De manière générale, la conisation sera réalisée en l’absence d’infection
cervicale pour éviter les hémorragies liées à la congestion vasculaire lors
des phénomènes infectieux. En effet, la conisation n’est jamais urgente
et peut toujours être différée après un traitement antiseptique local. Le
geste sera réalisé en première partie de cycle pour profiter de l’ouverture
physiologique du canal endocervical, et pour être le plus éloigné
possible des règles à venir.
7 Spéculum avec iso-
lation par préservatif. Installation
Quelle que soit la technique, certaines conditions doivent être
– à cheminée permettant l’aspiration des fumées dégagées lors de respectées :
l’utilisation d’un laser ou d’une anse diathermique ; – vessie vide ;
– à valves noircies pour éviter la réflexion du rayon laser ; – patiente en position gynécologique ;
– à valves isolées pour éviter les brûlures électriques en cas de – désinfection soigneuse du périnée et du vagin, le rasage vulvaire n’est
contact avec l’anse (fig 6) ; on peut également isoler le spéculum à pas utile ;
l’aide d’un préservatif (fig 7) ; – installation de champs stériles.
– à valve à poids, utilisée parfois, selon les conditions locales ;
– des spéculums endocervicaux type Koogan et Burke (fig 8) ; Repérage de la lésion
– des pinces de Pozzi ou des fils tracteurs pour la traction du col ;
Le repérage colposcopique préalable est indispensable pour réaliser la
– on utilisera des crochets type Burke pour le laser (fig 9). cartographie lésionnelle. Cela sous-entend que la conisation doit être
Il faut enfin disposer : faite par un chirurgien-colposcopiste. La limite supérieure est observée
– d’une réglette millimétrique (Bellina) pour mesurer la hauteur de la lors de l’application de l’acide acétique (fig 12) ; en cas de difficulté à
résection (fig 10) ; repérer la limite supérieure de la lésion, il faut se débarrasser de la glaire

page 3
41-685 CONISATIONS Techniques chirurgicales

12 A. Lésion aci-
13 Injection de lidocaïne à l’aide
d’une seringue hypodermique
dophile.
dans l’épaisseur du col.
B. Repérage
de la limite in-
terne de la lé-
B sion.

à l’aide d’un aspiglaire, s’aider de spéculum de Koogan ou de Burke. Le


repérage lésionnel est facile pour le contour externe à l’aide du Lugol.

Anesthésie
La tendance actuelle est de recourir de moins en moins à l’anesthésie
générale ou locorégionale (péridurale ou rachianesthésie) au profit de
l’anesthésie locale.
L’anesthésique utilisé est alors la lidocaïne (Xylocaïnet) à 1 ou 2 %.
Avant toute injection, l’aspiration permet de vérifier que l’extrémité de
l’aiguille n’est pas dans une lumière vasculaire, c’est pour cette raison
que certains utilisent les seringues à anneau. Ainsi, Dargent [15] préconise
des injections de 5 à 10 mm de profondeur. Les deux premières
infiltrations sont faites à l’insertion des ligaments utérosacrés où il
injecte de 2 à 5 mL, les injections suivantes sont faites dans le tissu
conjonctif du col, en quelques points espacés de 1 cm qui circonscrivent
la base du cône, 3 minutes plus tard, l’effet anesthésiant est efficient.
Nous avons, en ce qui nous concerne, l’habitude de réaliser les injections 14 Tracé de la conisation. 1. Profondeur maximale des cryptes envahies :
5,22 mm ; 2. profondeur maximale des cryptes : 7,83 mm.
à l’aide de matériel à injection sous-cutanée (seringue à insuline) avec
lequel l’injection est plus facile dans les tissus denses ; six injections de
0,5 à 1 mL, selon la taille du col, d’une solution de lidocaïne à 2 %, à
10 mm de profondeur sur les rayons de 1 heure, 3 heures, 5 heures, qu’il pouvait y avoir des glandes envahies par le processus dysplasique
7 heures, 9 heures et 11 heures (fig 13). jusqu’à une profondeur de 5,22 mm, et il faut donc réaliser une exérèse
passant toujours au minimum à 10 mm du canal endocervical. Cela
implique que l’exérèse réalisée doit ressembler davantage à un cylindre
Hémostase préalable dont la base est déterminée par l’étendue exocervicale de la lésion et le
Solutions vasoconstrictives : depuis le retrait de l’ornithine- diamètre d’au moins 2 cm. C’est seulement sur sa partie haute que ce
vasopressine (Por 8t), on peut utiliser l’adrénaline ou l’éphédrine. Nous cylindre se termine par un tracé conique (fig 14).
réservons l’utilisation de ces vasoconstricteurs à la conisation au laser
CO2 où il est indispensable d’avoir un champ exsangue pour permettre
l’effet de section du laser. Dans ces circonstances, nous prenons de la Description de la conisation
lidocaïne à 1 % avec adrénaline (0,018 mg/mL). Avec l’anse ou le
bistouri, elle nous paraît contre-indiquée car, si elle diminue Au bistouri froid
l’hémorragie peropératoire, elle augmente le taux d’hémorragie
postopératoire par défaut d’hémostase ciblée. L’exposition du col se fait soit à l’aide d’un spéculum ou de deux valves
Ligatures chirurgicales : vaginales tenues par un aide. Le col est saisi par une ou deux pinces de
Pozzi placées sur le col juste au-dessous de l’insertion vaginale. Ces
– la ligature des artères cervicovaginales par aiguillage des faces pinces sont tractées de manière à abaisser le col. Elles peuvent être
latérales du « museau de tanche » à hauteur de l’insertion du vagin remplacées par deux fils tracteurs tenus par l’opérateur.
proposée par Dorsey [16] ;
L’évidement du col se fait par un premier coup de bistouri
– le cerclage du « museau de tanche » à hauteur de l’insertion du vagin :
perpendiculaire à la surface à 5 mm en dehors de la lésion (fig 15). Le
c’est une méthode que nous n’utilisons jamais sauf en cas de conisation
tracé sera poursuivi parallèlement à l’axe du canal endocervical sur la
chez la femme enceinte.
hauteur désirée. Dans un deuxième temps, le tracé sera oblique avec un
bistouri à lame coudée pour détacher la pièce opératoire (fig 16).
Tracé de la résection L’évidement terminé, l’hémostase est ici indispensable soit par des
Le principe du traitement est de passer à 5 mm au-delà des limites de la points hémostatiques, soit par une électrocoagulation élective. Il est
lésion. Le schéma d’Anderson [1] rappelle la topographie des glandes qui important que cette plastie ne vienne pas cacher la nouvelle jonction
sont perpendiculaires au canal endocervical. Ses travaux ont montré pavimentocylindrique.

page 4
Techniques chirurgicales CONISATIONS 41-685

17
15 Début de la section au bistouri à 5 mm en dehors de la lésion.

17 Début de la section
au laser (pièce à main) à
5 mm en dehors de la
lésion.
18 Conisation laser
(pièce à main) : repérage
18 de la hauteur du cône.
16 Détachement du sommet du
cône à l’aide de la lame coudée.

Au laser CO2
L’exérèse est réalisée soit à la pièce à main, soit à l’aide du
micromanipulateur après infiltration de vasoconstricteurs dans le col. La
difficulté de cette technique réside dans le fait que le tir laser est
rectiligne et c’est le col qu’il faudra orienter pour faire une section
oblique. Certains ont proposé des miroirs renvoyant le rayon laser à 45
ou 60° mais ils s’avèrent peu pratiques. La situation la plus simple est
l’utilisation de la pièce à main sur un col un peu prolabé. Le tracé de
section initial est fait à 5 mm en dehors de la zone iodonégative jusqu’à
une profondeur de quelques millimètres (fig 17, 18). Puis à l’aide des
crochets (fig 19) tirant de façon excentrique les deux lèvres de l’incision,
on poursuit la coupe sur une hauteur adaptée à l’étendue de la lésion. On
détache le sommet du cône soit avec le laser en inclinant la pièce, soit à
l’aide du bistouri à lame coudée.
En cas de saignement peropératoire, on pourra coaguler les vaisseaux
qui saignent avec un tir défocalisé à faible puissance.
19 Conisation laser : traction excentrique des deux lèvres de l’incision avec
crochets de Burke.
À l’anse diathermique
L’anse est choisie en fonction des dimensions et de l’extension Résection
endocervicale de la lésion. Pour réaliser la conisation, il faut d’abord – Anse ronde : l’exérèse de la lésion peut être réalisée par un balayage
faire un passage « à blanc » au-dessus de la lésion, sans allumer le horizontal ou vertical. Lors d’un balayage vertical, il faut aller de bas en
générateur. Cela permet de vérifier que la lésion est bien couverte en haut afin de ne pas être gêné par un éventuel saignement. L’électrode est
totalité par l’anse d’une part, et que les parois vaginales ne sont pas enfoncée (fig 20) à la profondeur souhaitée et, dès qu’elle est atteinte,
touchées par le balayage, d’autre part. on progresse dans un plan vertical en majorant progressivement la
Le réglage du générateur doit être soigneux et vérifié. profondeur pour qu’elle soit maximale au niveau du canal endocervical,
puis le mouvement est poursuivi de façon symétrique (fig 21). Si la
Par exemple : lésion remonte dans l’endocol, certains proposent un deuxième
– Valleylab : section 35 à 45, Coagulation 30, Blend 1 ; évidement à l’aide d’une anse de diamètre réduit afin de remonter à au
– Erbé Erbotom : réglage automatique. moins 5 mm au-delà de la lésion. Cela a l’inconvénient de fournir

page 5
41-685 CONISATIONS Techniques chirurgicales

A 22 Introduction de l’anse triangulaire.

Tableau I. – Étude comparative des trois méthodes. Temps exprimés en


secondes.
Anse Bistouri Laser
Temps de section 19 241 605

Durée d’hémostase 190 200 202

B
20 Conisation à l’anse ronde.
A. Introduction de l’anse en dehors de la lésion.
B. Conisation à l’anse ronde : sortie de l’anse symétriquement à son entrée.

23 Cratère après hémostase par coagulation élective.

Quelle que soit la méthode, la section doit être rapide pour éviter une
détérioration de la pièce opératoire gênant la lecture histologique.

Durée de la résection
Dans notre service, nous avons réalisé une étude randomisée sur
189 conisations pour CIN afin de comparer les trois méthodes. Les
21 Repérage de la résultats sur la durée sont reportés dans le tableau I.
pièce pour examen anato-
mopathologique, nœud à Si la durée d’hémostase est similaire dans les trois méthodes, le durée de
12 heures. la section est significativement différente, l’avantage va indéniablement
à l’anse diathermique. Paraskevaidis [49] a fait les mêmes constatations
plusieurs pièces opératoires et donc de compliquer l’étude avec une durée opératoire cinq fois plus importante pour le laser
anatomopathologique. Nous préférons une pièce non fragmentée en comparé à l’anse.
choisissant au départ l’anse adaptée.
– Anse triangulaire : pour réaliser la conisation, il faut d’abord Hémostase après la section
introduire l’anse dans l’endocol jusqu’à la profondeur désirée. Le point
d’entrée (fig 22) de l’anse est choisi en fonction de la colposcopie de À la différence du bistouri, l’anse et le laser déterminent, en bordure de
repérage pour ne pas risquer d’altérer la qualité de la pièce opératoire la tranche de section, une zone de coagulation infime mais suffisante
par des artefacts thermiques dans un secteur important. Quand la lésion pour coaguler les vaisseaux dont les dimensions sont inférieures à
ne s’étend pas sur tout le pourtour du col, l’anse est entrée dans une zone 0,5 mm. Il persiste tout de même fréquemment un saignement et il est
colposcopiquement saine. Lorsque la lésion semble occuper tout le habituel d’utiliser quelques touches d’électrocoagulation afin d’assurer
périmètre de l’exocol, le fil est entré là où, en fonction des données l’hémostase (fig 23) avec la plus petite boule dont on dispose, de façon
colposcopiques, le degré d’atypie paraît le moins important. La à faire une coagulation élective des vaisseaux qui saignent et non une
conisation débute par section perpendiculaire du col pour rentrer l’anse, coagulation large qui risquerait de scléroser le col.
puis un simple mouvement de rotation régulière de l’anse autour de l’axe Certains générateurs (Erbotom) permettant la coagulation en spray ne
de l’endocol, réalisera une section conoïde. nécessitent pas le repérage des vaisseaux : toute la surface du cratère est
– Électrode pointe qui est utilisée comme un bistouri à lame. balayée par fulguration.

page 6
Techniques chirurgicales CONISATIONS 41-685

sériées est fondamental. Il serait précieux de savoir si la conisation est in


sano ou non in sano immédiatement, ce qui permettrait une recoupe dans
le même temps opératoire.

Examen immédiat
Diverses techniques sont proposées :
– examen colposcopique du cratère qui permet en effet de vérifier que
la section externe est bien passée en zone iodopositive et que la section
n’a pas intéressé de culs-de-sac glandulaires. En revanche, l’examen du
canal endocervical après réapplication d’acide acétique est
d’interprétation difficile. Face à une résection incomplète, une recoupe
voire une destruction (vaporisation laser en périphérie et/ou coagulation
des glandes dans le cratère) peut être pratiquée ;
– sur le conisat, l’application d’acide acétique est sans objet puisque le
cône est dévascularisé et l’exploration devenue impossible, mais Beuret
et al [5] ont proposé la colposcopie à l’aide du bleu de toluidine et de
Lugol. « La pièce d’exérèse est sectionnée à midi, ouverte à plat, fixée
A B sur une plaque de liège et après avoir ôté le mucus et les débris
24 A. Point de Sturmdorf antérieur. nécrotiques, elle est colorée par une solution aqueuse de bleu de
B. Point de Sturmdorf terminé. toluidine et de Lugol. On réalise ensuite un examen méthodique au
colposcope : la tranche de section exocervicale doit être entièrement
iode-positive jusqu’à la section. La tranche de section haute
endocervicale apparaît bleu violacé, présente l’aspect papillaire
caractéristique d’une muqueuse glandulaire. Entre ces deux lignes,
l’épithélium dysplasique ou métaplasique prend une coloration bleue
moins intense, les contours sont flous. La conisation est considérée
comme complète quand le trait de section endocervical est à plus de
5 mm de la zone de jonction et le trait de section exocervical dans la zone
iode-positive » ;
25 Sturmdorf modifié.
– l’examen extemporané de la pièce opératoire : cette technique est
idéale et utilisée par certains auteurs [19, 57] avec de bons résultats. En cas
de marge positive, une recoupe est alors réalisée. L’examen
Ponctuellement, on peut avoir recours à d’autres techniques telles que le extemporané permet, d’après les auteurs, une excision plus économique
tamponnement avec une mèche, l’utilisation de Surgicelt ou de et diminue le taux de marges non in sano, il y a tout de même 6,6 % de
Spongelt imbibé de thrombase dans le cratère si l’hémostase n’est pas discordances [58] . L’inconvénient majeur qui limite beaucoup la
parfaite en fin d’intervention. technique est d’empêcher la conservation prolongée des préparations
Après section au bistouri froid, on peut utiliser les mêmes méthodes, utilisées pour l’examen extemporané et le contrôle a posteriori du
certains préfèrent une suture ; nous ne la réalisons que si elle est diagnostic porté. Cela compromet donc l’examen histologique définitif
indispensable, ce qui est rare. Les sutures sont réalisées par des points dont l’importance est considérable ; de plus la disponibilité d’un
de Sturmdorf ; il s’agit de points inversants recouvrant toute la surface anatomopathologiste n’est pas toujours facile à obtenir. Il nous semble
mise à nu (fig 24A, B). Leur efficacité n’est plus à démontrer, mais il donc préférable de s’abstenir de cette technique ;
existe un risque important de sténose secondaire rendant la surveillance – l’examen microhystéroscopique du canal cervical : on applique au
colposcopique ultérieure illusoire, car la jonction pavimentocylindrique sommet du cratère un tampon imprégné au bleu de toluidine. La
recouverte devient inaccessible. muqueuse endocervicale saine est repérée par sa coloration bleue.
C’est la raison pour laquelle Dargent [14, 15] propose la réalisation d’un L’exploration des commissures peut être difficile de même que
Sturmdorf modifié (fig 25) qui s’arrête à distance de l’orifice interne. l’interprétation de ces images. Cette technique est en fait peu
Blanc [6, 7] propose la réalisation de deux hémisurjets au fil résorbable reproductible.
(Vicryl 3/0) sur le bord externe de la section du col. Ce surjet
hémostatique permet une bonne surveillance ultérieure car l’orifice
externe reste béant et cela réduirait le risque de sténose cervicale Examen histologique définitif
ultérieure.
Pour faciliter la tâche de l’anatomopathologiste, il faut repérer la pièce
et donner les renseignements précis concernant la patiente : âge, parité,
Gestes associés résultats des frottis et biopsies antérieurs, schéma détaillé de la
– La vaporisation laser peut être couplée à la conisation pour détruire colposcopie préalable. La majorité des laboratoires réalisent, sur la pièce
une lésion située en périphérie de la zone conisée. Cette possibilité est opératoire, un bloc par quadrant horaire (fig 26) et examinent une coupe
intéressante dans les lésions très étendues. En effet, c’est au centre que par bloc se réservant la possibilité de recouper les blocs si nécessaire. Or
siège, en général, l’anomalie la plus grave, la périphérie étant le siège de Burghardt [11] a bien démontré que le diagnostic histologique d’invasion
lésions moins importantes. Une conisation limitée à la partie centrale, pouvait être manqué une fois sur deux si l’on ne réalisait que 15 coupes
couplée à une vaporisation laser en périphérie, permettra un sacrifice au lieu de 60 sur la pièce opératoire. De même, le travail d’Herzog [28]
moindre de tissu cervical. C’est également la bonne façon de traiter des démontre que plus il y a de coupes histologiques, plus il y a de résection
lésions qui débordent sur le vagin [42]. non in sano et donc, moins il y a de récidives dans la population in sano.
– Le curetage de l’endocol à la curette de Kervokian, systématique chez Il est également important de fournir à l’anatomopathologiste une pièce
les Anglo-Saxons, rarement réalisé en France, a été proposé pour faire le unique avec le minimum d’artefacts thermiques.
diagnostic des lésions multifocales [17].
Qualité de la résection
Examen de la pièce opératoire Les résultats de la littérature concernant le pourcentage de conisations
non in sano sont excessivement variables et dépendent probablement
L’avantage d’obtenir une pièce opératoire est de pouvoir vérifier le pour partie du nombre de coupes faites sur la pièce opératoire : de
diagnostic d’une part, la qualité de la résection (in sano ou non in sano) 4,6 % [46] à 41 % [11, 50], voire 78 % pour Husseinzadeb [30]. Dans notre
d’autre part. C’est pourquoi l’examen de la pièce opératoire en coupes série, le taux est de 8,75 % (tableau II).

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41-685 CONISATIONS Techniques chirurgicales

Avec le laser, pour obtenir les meilleurs résultats, il faut :


– un entraînement suffisant pour réaliser une section bien rectiligne ;
– un spot très réduit permettant un tir de très haute densité ;
– une parfaite hémostase, car le moindre saignement peut gêner
considérablement l’action du laser qui carbonisera sans progression de
la section [20] ;
– utiliser parfois le bistouri froid pour détacher le sommet du cône.
Dans notre série, toutes les pièces sont interprétables et le taux
d’altération minime ne gênant pas la lecture est identique avec anse ou
laser. Nous considérons, par ailleurs, comme Mor-Yosef [45] et
Oyesanya [48] que l’on peut obtenir, avec l’électroconisation, des
prélèvements de même qualité qu’avec le bistouri froid.
26 Préparation de la pièce pour étude histologique (d’après Taurelle, J Gyn Obst
Biol Reprod).
Indications de la conisation
Tableau II. – Fréquence des résections non in sano [53].
Auteurs Non in sano Néoplasies intraépithéliales de haut grade
Murdoch 4,6
Les néoplasies intraépithéliales de haut grade représentent l’indication
Notre série 8,75 la plus fréquente. On avait tendance, dans les années 1980, à ne coniser
Soegaard 12,4
que les CIN III en raison du risque de micro-invasion et à traiter par
vaporisation laser les CIN II. Actuellement, on traite les CIN II comme
Beuret 14,9 les CIN III car dans bon nombre de séries, comme celles de Mergui [42]
White 18,75 ou celles de Keijser [33], les résultats définitifs sur pièce de conisation
montrent un pourcentage identique de CIN III et de cancers micro-
Ahlgren 19 invasifs, que la biopsie initiale ait conclu à un CIN II ou à un CIN III.
White 20 Dans les lésions de haut grade, la conisation est donc le traitement
Bjerre 22
parfaitement adapté.
Laplaquette 22
Carcinome micro-invasif
Abdul Karim 26

Van Naegel 20 à 29 Lorsque la biopsie dirigée a évoqué ou même affirmé le diagnostic de


carcinome micro-invasif, il est indispensable de préciser les éléments
Holtzer 30 histopronostiques afin d’adapter parfaitement le traitement. En effet, la
Moore 34 biopsie ne permet en aucun cas de mesurer valablement la profondeur
d’invasion et d’apprécier l’envahissement des vaisseaux et des
Burghardt 41
lymphatiques du chorion. Seule la conisation donnera des précisions
Paterson/Brown 41 concernant ces éléments fondamentaux sur lesquels se baseront les
décisions thérapeutiques. La conisation sera un traitement suffisant en
Husseinzadeb 78
cas d’invasion stromale débutante si la résection est in sano.
Qualité de la pièce opératoire
Néoplasies intraépithéliales de bas grade
La technique de référence pour la qualité de la pièce opératoire est la
conisation au bistouri froid en raison de l’absence d’altération des Ce ne sont pas a priori des indications de conisation.
berges [23]. Cependant, elle sera tout de même proposée :
Une revue de la littérature sur ce sujet montre qu’il y a des séries avec – lorsqu’il existe une discordance nette dans le trépied
des altérations très importantes avec l’anse ou le laser [34, 43] et des séries colpocytohistologique : il faudra indiquer la conisation si la biopsie
avec des altérations minimes quelle que soit la méthode [2, 59]. C’est la montre un bas grade alors que les résultats de la cytologie et/ou de la
démonstration que les altérations sont liées à l’utilisateur plutôt qu’à la colposcopie font évoquer une lésion plus grave ;
technique elle-même comme l’illustre le travail de Krebs [34] qui rapporte – lorsque la limite supérieure de la lésion n’est pas visible ;
des altérations majeures sur 115 conisations faites par 35 opérateurs
différents, donc n’ayant probablement pas une grande expérience de ces – en cas de récidive après traitement destructeur, a fortiori s’il existe un
méthodes. Papillomavirus oncogène associé.
Avec l’anse les altérations seront minimes ou absentes à trois
conditions : Colposcopies inadéquates
– utiliser un fil de diamètre très réduit de 1 à 3/10es de millimètre ;
Enfin, il peut arriver exceptionnellement de porter l’indication de
– régler le générateur de façon optimale en utilisant un courant de conisation sur la seule cytologie anormale, lorsque la colposcopie est
section pure ou avec un minimum de coagulation associée ; non concluante. Néanmoins, avant d’affirmer que la colposcopie n’est
– s’entraîner à la technique afin d’acquérir un geste ni trop lent qui pas concluante, il faut tout mettre en œuvre pour favoriser la
déterminerait une carbonisation au contact de l’anse, ni trop rapide qui visualisation de la jonction : préparation œstrogénique, utilisation d’un
aboutirait au blocage de l’anse et provoquerait une coagulation au point spéculum endocervical type Koogan, recours à la microcolposcopie.
d’arrêt. Quoiqu’il en soit, même si une lésion est finalement visible, il n’est pas
Dans de bonnes conditions de réalisation, la coagulation des berges sera toujours possible d’effectuer une biopsie dirigée de bonne qualité et, par
minime. Chen [13] décrit deux zones d’altérations tissulaires théoriques : conséquent, la conisation peut s’avérer indispensable. Dans cette
une zone très fine de carbonisation et une zone adjacente plus large de éventualité, les Anglo-Saxons réalisent un curetage endocervical et ne
coagulation. Dans tous les cas, les altérations thermiques n’excèdent pas font la conisation que si celui-ci révèle des cellules atypiques. Cette
160 à 520 µm et ne troublent pas l’interprétation histopathologique. De technique est peu utilisée en France, car on lui reproche plusieurs
plus, pour Paraskevaidis [49], les distorsions épithéliales peuvent même inconvénients : inconfort pour la patiente, risque de gêner l’étude
avoir un effet bénéfique par destruction d’îlots isolés de CIN résiduels. anatomopathologique de la pièce de conisation surtout taux non
Dans aucun cas cela ne gênait l’interprétation histologique [2]. négligeable de faux négatifs. Dans la série de Drefus [17], 20 lésions sur

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Techniques chirurgicales CONISATIONS 41-685

123 examens sont sous-estimées dont six faux négatifs. Cela pourrait Tableau III. – Taux de récidives dans la population in sano [53].
donc avoir des conséquences graves si on ne réalisait pas la conisation
Nombre Récidives
face à un curetage endocervical négatif. Nombre de cas de récidives (%)
Lindgren, 1970 285 6 2,4
Circonstances particulières
Svanberg, 1970 84 24 8,4
La conisation peut poser des problèmes dans certaines circonstances. Kullander, 1971 856 2 2,3

Grossesse Bjerre, 1976 770 42 4,9

Kolstad, 1976 226 22 2,86


Le traitement d’une lésion de haut grade n’est jamais urgent, le seul
problème est de méconnaître un cancer invasif dont il serait Geisler, 1978 240 0
dommageable de retarder le traitement comme dans les cinq cas Vaclavinkova, 1978 634 3 1,2
rapportés par Benedet [4]. L’indication de la conisation sera en fait posée
de façon exceptionnelle en raison du risque hémorragique et du risque Burghart, 1979 3345 1 0,1
d’interruption de grossesse [24, 31, 56]. Dans la série de Hannighan [26], Boulanger, 1995 291 11 4,1
parmi les 82 patientes conisées en cours de grossesse, 12,4 % ont
présenté une hémorragie supérieure à 500 mL. Aucune fausse couche Total 100 3,0
n’est survenue après conisation faite au premier trimestre, en revanche
ce taux est de 19,1 % lorsque cette conisation est réalisée au deuxième Tableau IV. – Taux de récidives dans la population non in sano [53].
trimestre. Nombre Récidives
Nombre de cas
Par ailleurs, la confrontation des données de la cytologie, de la de récidives (%)
colposcopie et de la biopsie dirigée permet une évaluation parfaite pour Lindgren, 1970 68 39 37,3
Economos [18] qui ne méconnaît pas de cancer invasif sur 612 cas. Les
biopsies pendant la grossesse comportent un risque hémorragique, en Svanberg, 1970 29 16 55,1
fait minime et parfaitement contrôlé, si besoin, par une touche Kullander, 1971 63 17 26,9
d’électrocoagulation.
Bjerre, 1976 307 136 44,3
La conisation chez la femme enceinte sera donc à envisager lorsqu’il y
aura un doute sur une possible micro-invasion ou invasion occulte Kolstad, 1976 25 4 16
évoquée par un des éléments du trépied cytocolpohistologique [21]. Nous Geisler, 1978 122 3 2,4
avons pour habitude de réaliser de façon préventive, dans cette situation,
un cerclage hémostatique préventif et d’utiliser préférentiellement Vaclavinkova, 1978 56 10 17,8
l’anse diathermique. Burghardt, 1979 284 27 9,5

Ménopause Murdoch, 1992 256 30 12

Laplaquette, 1993 160 67 42


L’évaluation colposcopique après la ménopause est assez souvent non
satisfaisante du fait de l’ascension de la jonction squamocylindrique : Notre série 32 12 37,5
– en cas de lésion de haut grade, il faudra se souvenir de la fréquence à Total 1370 349 25,4
cet âge des micro-invasions ou d’invasions occultes [57] et la conisation
sera alors impérative. Lorsque la jonction n’est pas visible, ce qui est ici Tableau V. – Taux de récidives après hystérectomie [53].
plus fréquent, il faut faire une conisation haute de 2,5 cm ;
– en cas de lésion de bas grade et de colposcopie inadéquate, la Nombre de cas Nombre Récidives
de récidives (%)
conisation, voire le curetage de l’endocol, serait probablement d’emblée
excessif en l’absence de modification cytologique franche. Mieux vaut Boye, 1970 1012 10 0,9
contrôler le frottis sous traitement hormonal, car la régression des Creasman, 1972 642 17 2,6
anomalies cytologiques est alors fréquente [32, 39].
Kolstad, 1976 238 8 3,3

Majewski, 1977 334 2 0,6


Résultats Total 2226 61 2,7

Les résultats des conisations se jugent sur les taux d’échecs et de Récidives
récidives : ces deux situations ne sont généralement pas différenciées
dans la littérature. Elles correspondent à la mise en évidence d’une lésion cervicale alors
que le contrôle post-thérapeutique initial était négatif. Le délai moyen
d’apparition est de 2 ans [54], par ailleurs, au-delà de 7 ans de surveillance
Échecs négative, on considère qu’il s’agit d’une nouvelle lésion [51].
Les échecs ou lésions résiduelles peuvent se définir comme la mise en Blondon [8], en 1986, trouve dans la littérature, en cas de conisation in
évidence au premier contrôle réalisé dans les 3 à 4 mois d’anomalies sano, 0 à 2 % de récidives dont 0,6 % sur le mode invasif ; lorsque la
cyto- et/ou histologiques significatives. Hubley [29] a constaté un taux de résection est non in sano, les chiffres sont de 15 à 30 % de récidives dont
lésions résiduelles très élevé (78 %) en cas de résections non in sano de 2 à 3,5 % de formes invasives.
CIN III. Dans notre série de 468 conisations, si l’on exclut les Burghart [11] et Dargent [14], dans deux séries, ne retrouvent aucune
24 patientes (5,1 %) qui n’ont pas été revues au premier examen de récidive après conisation in sano. Ce n’est pas le cas dans la majorité des
contrôle, on observe 3 % de lésions résiduelles de haut grade et 2,7 % de publications, ni dans notre expérience où nous trouvons un chiffre de
bas grade (CIN I ou virose isolée). En fait, les résultats sont très 4,1 %. Ce taux peut être comparé aux récidives après hystérectomie
significativement différents selon que la conisation était in sano (lésions (2,7 %) [29].
résiduelles de haut grade 0,9 %) ou non in sano (lésions résiduelles de Dans la littérature, nous avons relevé un taux moyen de récidives de
haut grade 26,4 %) ; notre anatomopathologiste fait en moyenne 25,4 % après conisations non in sano [53], ce taux chute à 3 % dans la
15 coupes sur un cône et un certain nombre de conisations étiquetées in population in sano. Dans notre série, le taux global de récidives est de
sano ne l’étaient peut être pas. 5,55 % mais il atteint 37,5 % si notre résection n’était pas in sano
De ces résultats, on déduit que l’organisation de la surveillance (tableaux III, IV, V).
postopératoire sera directement dépendante de la qualité de la résection Comment expliquer les récidives après traitement apparemment
initiale. complet des lésions ?

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41-685 CONISATIONS Techniques chirurgicales

– Il faut en premier évoquer la plurifocalité des lésions. Elles sont en Tableau VI. – Fréquence des hémorragies selon les techniques [35].
fait rares [10].
Sturmdorf Sans suture Laser
– Plus probablement, la conisation n’était pas réellement in sano, mais
un nombre de coupes insuffisant n’a pas permis de l’affirmer, ou une Hémorragie
pièce fragmentée a perturbé l’analyse [12]. Peropératoire 1/62 (1,6 %) 8/60 (13,3 %) 4/61 (6,6 %)
Comment expliquer qu’il n’y ait pas systématiquement de récidive Postopératoire 9/59 (15,3 %) 2/56 (3,6 %) 7/60 (11,7 %)
quand la conisation est incomplète ?
– Moore [44] évoque l’acidité vaginale avec un turnover rapide de Aujourd’hui, si les fréquences sont identiques (de 2 à 18 % suivant la
l’épithélium cervical qui cicatriserait les lésions résiduelles. définition adoptée) il s’agit d’hémorragies beaucoup plus modérées.
– Pour certains, retirer l’épicentre de la lésion pourrait entraîner sa Elles sont traitées de façon variable par simple surveillance, méchage,
régression. électrocoagulation, mise en place de points d’hémostase.
– La majorité des auteurs évoquent des phénomènes immunitaires Kristensen [35] a comparé trois techniques : bistouri froid sans suture,
déclenchés par le geste, pouvant être responsables de cette régression bistouri froid avec point de Sturmdorf et conisation laser. Les résultats
spontanée. sont rapportés dans le tableau VI.
– Enfin, l’utilisation du laser ou de l’anse pourrait générer des zones de Si les hémorragies peropératoires sont plus fréquentes en l’absence de
nécrose faisant disparaître des zones pathologiques laissées en place si suture, la fréquence globale ne met en évidence aucune différence
elles sont minimes, de même l’électrocautérisation parfois réalisée pour significative dans ces trois groupes.
l’hémostase pourrait détruire des foyers résiduels [27]. Hémorragies peropératoires
Quels facteurs objectifs influent sur la fréquence des récidives ? Elles semblent nettement moins importantes avec l’anse diathermique,
– Le statut des berges de résection du cône est, nous l’avons vu, le si on les compare au bistouri froid et au laser. L’importance du
facteur primordial. Cette augmentation du nombre de récidives quand le saignement serait corrélée à la durée du geste thérapeutique selon
traitement initial n’est pas complet est logique puisqu’il persiste une Mathevet [41].
partie de la lésion. Dans la littérature, quelques études comparent hémorragies
– Le grade de la lésion : un plus fort taux de récidives est en effet peropératoires lors des conisations laser et des ECAD. Dans l’étude
observé sur les lésions de haut grade et donc après exérèse de CIN d’Oyesanya [48], les saignements sont dix fois moins importants avec
III [37, 44, 50]. l’usage de l’anse par rapport au laser.
– La notion de stigmates cliniques d’infestation virale active dans une Dans l’étude que nous avons réalisée, si l’on considère les hémorragies
série personnelle de 366 cas est également corrélée à un fort taux de importantes, il n’existe aucune différence significative selon les trois
récidives ou de récurrences puisque deux tiers des récidives et trois techniques utilisées. En revanche, les saignements modérés ou minimes
quarts des lésions résiduelles sont survenues dans ce contexte. sont nettement moins importants avec l’usage de l’anse. De plus, ils sont
– En revanche, la technique de conisation utilisée n’influe pas sur la directement corrélés à la hauteur du cône : de 10 % le taux passe à 50 %
fréquence des récurrences. quand la hauteur de la résection est supérieure à 10 mm ; c’est pour cette
raison qu’il nous paraît important de distinguer les ERAD (< 10 mm) et
les ECAD (> 10 mm), les premières sont réalisables au cabinet médical,
Complications les autres impérativement faites au bloc opératoire.
Hémorragies postopératoires
Complications exceptionnelles Les hémorragies postopératoires surviennent jusqu’au 12e jour. Elles
justifient exceptionnellement une nouvelle hospitalisation et
On ne parle plus des complications que l’on peut qualifier d’historiques, correspondent à la chute d’escarres après coagulation électrique ou laser.
telles que plaies des organes de voisinage (vessie, rectum) décrites lors Jones [31] retrouvait 10 % d’hémorragies retardées dont 2 % ont nécessité
des conisations larges ou des amputations réalisées au bistouri. De une transfusion, elles sont au nombre de 9 % pour Moore [44].
même, les hématomes du ligament large par plaie des artères
cervicovaginales, ont été décrits. Ces accidents ne sont même plus Pour le laser, la fréquence des hémorragies après conisation varie de
évoqués, mais il faudra s’en souvenir dans certains cas particuliers, telle 1,7 % pour Helkjaer à 11 % pour Wakita [55].
la prise en charge d’une lésion étendue sur un col hypoplasique ou en Pour l’anse, Gunasekera [22] ne retrouve aucune hémorragie sur une série
cas de prolapsus important associé. de 98 électroconisations. Mergui [42] en retrouve 0,9 % en utilisant une
vaporisation laser secondaire sur la tranche de section. Dans notre étude,
le taux est de 3,1 % sans différence en fonction de l’outil utilisé.
Infections
L’infection est exceptionnelle, nous n’en n’avons jamais observé dans Douleurs peropératoires
notre série, peut-être parce que nous prescrivons de manière Peu d’études ont comparé l’acceptabilité des différentes méthodes.
systématique des ovules antiseptiques en postopératoire. Wakita [55] Toutes ces interventions sur le col utérin peuvent être réalisées sous
retrouve 0,8 % d’infections locales après conisation sans différence anesthésie locale qui permet un confort parfait. Seul Gunasekera [22] a
entre l’anse et le laser. Ce chiffre s’élève à 1,5 % pour Oyesanya [48]. comparé l’anse et le laser. Nous présentons ces résultats dans le tableau
Un cas exceptionnel de toxique shock syndrome a été décrit par Rosen [52] VII.
après une électrorésection à l’anse diathermique. On constate que l’acceptabilité de la conisation à l’anse est bien
La réaction inflammatoire est, en revanche, habituelle à la suite de tous meilleure. Ceci peut être en rapport avec la rapidité de la mise en œuvre
les traitements cervicaux, et l’hystérectomie secondaire précoce est plus de la technique.
difficile, comme l’a déjà indiqué Dargent [15].
Sténoses
Hémorragies Comme les hémorragies, les sténoses ont évolué avec les modifications
Elles peuvent être peropératoires ou postopératoires, ne survenant des techniques de conisations.
jamais au-delà de 15 jours. Tableau VII. – Vécu de la conisation sous anesthésie locale [22].
Avec l’évolution des techniques, elles n’ont rien à voir avec celles Conisation à l’anse Laser
observées dans les années 1980 : Luesley [40], sur une série de
915 conisations réalisées entre 1976 et 1982, rapportait Pas déplaisant 82 % 42 %
121 complications hémorragiques (13 %) ayant abouti à neuf Moyennement déplaisant 16 % 50 %
hystérectomies, 30 transfusions et 82 méchages ou sutures sous
Très déplaisant 2% 8%
anesthésie générale.

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Techniques chirurgicales CONISATIONS 41-685

En 1980 Luesley [40] , appelant sténoses les obstructions gênant d’avortements tardifs et de prématurité, la petite taille du cône sera
l’écoulement des menstruations, observe 17 % (138/788) de sténoses associée à une dystocie cervicale à l’origine d’une augmentation du taux
avec une fois sur deux des signes cliniques tels que aménorrhée ou de césarienne.
dysménorrhée imposant 31 fois une hystérectomie. Hagen [24] retrouve un taux de prématurés inquiétant à 38 % alors qu’il
Actuellement, hématométrie et dysménorrhée sont exceptionnelles. Le n’est que de 6 % dans la population témoin. L’auteur ne trouve aucune
problème essentiel reste la difficulté voire l’impossibilité de réaliser la corrélation avec la hauteur des cônes (moyenne 15 mm - écart-type 3 à
surveillance postopératoire par disparition dans l’endocol de la zone de 25).
jonction. Cela rend donc l’examen colposcopique ultérieur non Sur une étude multicentrique, que nous avons réalisée, de 133 cas de
concluant et peut empêcher parfois la réalisation de frottis conisation appariés à une population témoin, nous n’avons pas noté
cervicovaginaux même avec un cytobrush. d’augmentation de fausses couches du premier trimestre (8,2 %), ni
C’est un point important car les traitements limités ne sont acceptables d’avortements tardifs (2,2 %), ni de césariennes pour dystocie
qu’avec une surveillance ultérieure colpocytologique minutieuse. Il est dynamique. En revanche, on note un taux de ruptures prématurées des
donc primordial que les traitements réalisés ne viennent pas gêner cette membranes (22,3 %) et d’accouchements prématurés (15,5 %)
surveillance. significativement plus élevé que dans la population témoin
Il est difficile de comparer les différentes séries de la littérature (respectivement 12,2 % et 4,7 %).
concernant la fréquence des sténoses en fonction du matériel utilisé ou Kristensen [36] propose, comme explication à l’augmentation de la
de la taille du cône, car la définition de la sténose varie d’une publication prématurité, une colonisation bactérienne de l’endocol, la diminution de
à l’autre. Nous pensons qu’il faut appeler sténoses les cas où l’on ne peut sécrétion du mucus permettant une prolifération bactérienne. Certaines
visualiser la jonction pavimentocylindrique. bactéries pourraient libérer de la phospholipase A2 qui augmente la
Les chiffres globaux de la littérature varient de 2 à 50 % avec une concentration locale en prostaglandines pouvant induire des
moyenne à 10 %. Ils sont influencés par la hauteur du cône, l’âge de la contractions utérines.
patiente et peut-être l’outil utilisé. Aucun argument ne permet de préciser si le cerclage diminue le taux de
prématurité après une conisation.
Hauteur du cône
La conisation a donc un retentissement obstétrical non négligeable. Le
Sur 1 000 patientes traitées par électroconisation, Hallam [25] retrouve un cône doit avoir la taille minimale nécessaire et c’est donc toute
taux moyen de sténoses postopératoires de 3 %. Ce taux passe à 12,3 % l’importance de l’évaluation colposcopique préopératoire.
quand la hauteur moyenne atteint 22 mm et 27,7 % quand la hauteur
moyenne atteint 28 mm. •
D’après Luesley [40], le taux est de 12,8 % quand la hauteur du cône est • •
inférieure à 2,5 cm, et de 24 % quand la hauteur du cône est supérieure
à 25 mm. Dans l’étude de Kristensen [35], le seuil est fixé à 20 mm, le taux La conisation est une intervention simple, bien codifiée réalisable
de sténoses est deux fois plus important au-delà de cette limite. au bistouri, à l’anse diathermique ou au laser.
Quelle technique utiliser ?
Âge
La conisation au bistouri froid ne nécessite aucun appareillage
Halleam [25] met en évidence une sténose deux fois plus souvent après coûteux particulier. Son temps de réalisation est rapide (quelques
45 ans. minutes). L’inconvénient majeur est le caractère hémorragique
Dans notre étude, nous avons observé 38 % de sténoses après 50 ans, nécessitant des points d’hémostase et elle nous semble conduire
alors qu’avant 40 ans, le taux est dix fois moins important (3,7 %). plus souvent à des résections excessives.
La conisation au laser entraîne l’investissement d’un appareil
Outils coûteux. La technique est laborieuse lorsque le col ne descend
Tous les outils sont sténosants : en effet, dans notre étude, nous avons pas ou que le vagin est étriqué. La durée moyenne de réalisation
observé un diamètre de l’orifice externe diminué en moyenne de 6 mm. est de 15 minutes. Elle a la réputation de donner moins de
La diminution est de 6,13 mm pour l’anse, 5,62 mm pour le laser et sténose, ce qui n’est pas confirmé par les études randomisées.
7,55 mm pour le bistouri, les différences n’étant pas significatives. L’électroconisation nécessite l’acquisition d’un générateur
Baldauf [3], sur une série de 217 cas comparant les techniques, retrouve moderne. La durée de la résection dure quelques secondes suivie
10,2 % de sténoses avec le laser, 4,3 % avec l’ECAD ; ces sténoses étant de quelques minutes d’hémostase. L’inconvénient majeur est
diagnostiquées dans 94 % des cas dès le premier contrôle postopératoire. l’impossibilité, avec les anses rondes les plus utilisées, d’avoir un
cône dont la hauteur soit supérieure à 1,5 cm, à moins de
Traitement curatif procéder à des recoupes successives.
Les dilatations par bougies ou laminaire, quand la sténose est Au total :
importante, n’ont guère d’efficacité ; il faut faire une stomatoplastie – face à une lésion parfaitement explorable en colposcopie,
bicommissurale qui, dans notre expérience, résout le problème dans purement exocervicale ou remontant peu dans l’endocol, toute
70 % des cas. technique est proposable et le chirurgien choisira en fonction de
ses préférences mais nous privilégions l’anse diathermique ;
Retentissement sur la grossesse – face à une lésion très étendue sur l’exocol et dont la limite
interne remonte peu, la lésion la plus grave peut être traitée par
En 1938, Norman et Miller [47] recommandaient de ne pas faire de une des trois techniques de conisation, et la lésion périphérique
conisation chez les femmes souhaitant une grossesse ; en effet, après sera détruite par vaporisation laser sur une profondeur de 5 mm,
conisation, une grossesse sur quatre s’interrompait au premier trimestre là encore notre préférence va à l’anse diathermique ;
et moins d’une sur deux arrivait à terme. – face à une lésion s’étendant dans l’endocol sur plus de 1 cm de
Dans les années 1980, un grand nombre d’études concernant les haut nécessitant une conisation supérieure à 15 mm,
grossesses après conisation a été publié. l’électrorésection à l’aide d’une anse ronde sera insuffisante, dans
Weber et al [56] faisaient alors une revue de la littérature et concluaient ce cas, nous préconisons l’utilisation d’une anse modulable ou de
qu’il n’y avait pas d’augmentation du taux de stérilité ou d’avortements notre anse triangulaire ;
spontanés, mais qu’il existait un risque accru de prématurité. – ce n’est que lorsqu’il faudra faire une conisation très haute,
C’est la publication de Leiman en 1980 [38] qui constate la relation entre supérieure à 25 mm, qu’il nous semble impératif d’utiliser le
la taille du cône et la survenue de différentes complications : bistouri ou le laser : laser quand le col descend à la traction,
l’augmentation de la hauteur du cône est corrélée à un taux plus élevé bistouri dans le cas contraire.

page 11
41-685 CONISATIONS Techniques chirurgicales

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page 12
¶ 41-732-D

Curages pelviens par laparotomie


O. Graesslin, P. Terrosi, C. Avisse, J. Journu, C. Quéreux, M. Labrousse

La lymphadénectomie pelvienne fait partie de la prise en charge diagnostique et thérapeutique des


cancers gynécologiques. La connaissance du statut ganglionnaire est essentielle sur le plan pronostique et
la réalisation du curage doit répondre à un équilibre entre la probabilité d’atteinte ganglionnaire et le
risque opératoire. Les performances des moyens actuels d’imagerie ne permettent pas de pouvoir se
dispenser d’une preuve histologique du statut ganglionnaire. En effet, la connaissance de ce statut entre
dans le bilan d’extension de ces tumeurs gynécologiques et permet une stadification précise de la
maladie. L’extension anatomique de la lymphadénectomie est fonction de la taille et du grade de la
tumeur, ainsi que des constatations peropératoires. La technique opératoire demande une connaissance
précise des repères anatomiques qui doivent être individualisés avant toute dissection. La laparotomie par
voie transpéritonéale reste la voie d’abord classique pour les lymphadénectomies pelviennes associées à
une chirurgie d’exérèse carcinologique complète. Les complications sont rares et principalement
représentées par les accidents hémorragiques per- ou postopératoires ainsi que par les lymphocèles.
© 2007 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Mots clés : Lymphadénectomie pelvienne ; Ganglions pelviens ; Laparotomie ; Cancer de l’endomètre ;


Col ; Ovaire ; Trompe ; Vulve ; Complications chirurgicales

Plan nucléaire, seule la stadification chirurgicale et l’examen histolo-


gique permettent la connaissance précise de l’intégrité ou de
l’envahissement des structures ganglionnaires. L’envahissement
¶ Introduction 1
ganglionnaire est un facteur pronostique majeur dans ces
¶ Indications des curages pelviens 1 pathologies et la connaissance du statut ganglionnaire condi-
Cancer du col de l’utérus 1 tionne la stratégie thérapeutique postchirurgicale car il s’agit
Cancer de l’endomètre 2 d’un critère décisionnel majeur de traitement adjuvant.
Cancer de l’ovaire 2
Cancer de la trompe 2
Cancer de la vulve 2 ■ Indications des curages pelviens
¶ Rappels anatomiques 2 .
La lymphadénectomie a surtout un rôle diagnostique et
Anatomie descriptive 2
pronostique, mais pourrait également avoir un rôle
Anatomie chirurgicale 3 thérapeutique.
¶ Technique opératoire 3
Préparation des patientes 3 Cancer du col de l’utérus
Installation 4
Matériel chirurgical 4 Le cancer du col de l’utérus est lymphophile. La dissémina-
Procédure opératoire 4 tion lymphatique débute par les ganglions du paramètre, puis
s’étend aux chaînes iliaques externes, iliaques communes et
¶ Complications 8
lomboaortiques. La dissémination respecte souvent cette
Complications vasculaires 8
chronologie. La présence d’un envahissement à l’étage pelvien
Lésions nerveuses, urétérales, digestives 8
impose la vérification des étages supérieurs. Les formes précoces
Lymphocèles 8 de cancer du col ont un risque d’envahissement ganglionnaire
¶ Conclusion 8 faible, variant de 10 à 25 % (stade I : entre 0 et 17 %, stade II :
entre 12 et 27 %) [1-4]. La lymphadénectomie pelvienne est un
élément déterminant du pronostic mais 5 à 10 % des patientes
■ Introduction sans atteinte ganglionnaire et avec des marges saines ont un
risque de récidive pelvienne. Dans les cancers du col stade Ib-
L’évaluation de l’envahissement des ganglions pelviens fait IIa (< 4 cm), Benedetti et al. décrivent la répartition des
partie du bilan d’extension des cancers gynécologiques (cancers atteintes ganglionnaires pelviennes : 28 % en iliaque commun
du col de l’utérus, de l’endomètre, des ovaires et de la trompe) superficiel, 7 % en iliaque commun profond, 29 % en iliaque
et permet la classification des patientes selon les stades de la externe, 86 % en obturateur superficiel, 7 % en obturateur
FIGO. Malgré les progrès réalisés en matière d’imagerie et le profond, 15 % en iliaque interne, 7 % en présacré, et 29 % en
recours plus fréquent à l’imagerie par résonance magnétique paramétrial [4].

Techniques chirurgicales - Gynécologie 1


41-732-D ¶ Curages pelviens par laparotomie

Cancer de l’endomètre saire en cas de tumeur de stade I [10, 11]. Dans ce cancer, la
dissémination lymphatique est précoce et pourrait précéder la
Dans le cancer de l’endomètre, la dissémination ganglion- dissémination intra-abdominale [12-14].
naire est plus tardive que pour le cancer du col. Les indications
de curage pelvien systématiques sont les stades Ib, Ic et II. Elles
restent discutées dans les stades Ia (intramuqueux), surtout pour Cancer de la vulve
les tumeurs bien différenciées. Là aussi, l’envahissement Les tumeurs invasives de la vulve imposent un curage ingui-
ganglionnaire est un facteur pronostique important. L’imagerie nal homolatéral ou bilatéral en cas de tumeur médiane. Une
est peu performante et n’est contributive que si elle est positive vérification des ganglions iliaques externes est parfois nécessaire
(plus de 50 % des ganglions envahis font moins de 10 mm et en cas d’envahissement des ganglions inguinaux et si l’imagerie
29 % des ganglions indemnes font plus de 10 mm). Dans les préopératoire est en faveur de l’atteinte de ces relais
stades I, l’atteinte ganglionnaire varie entre 4,7 et 11,4 % [2]. Les ganglionnaires.
facteurs de risque d’atteinte ganglionnaire sont : les tumeurs
papillaires séreuses, le grade histologique, le degré d’envahisse-
En plus de son intérêt diagnostique et pronostique, la
ment myométrial, la présence d’emboles lymphovasculaires et
lymphadénectomie dans les cancers gynécologiques pourrait
une taille tumorale > 20 mm. Les ganglions obturateurs sont
considérés comme le premier relais ganglionnaire, même si les avoir un effet thérapeutique. Certains auteurs ont en effet noté
ganglions iliaques communs, voire les ganglions para-aortiques une amélioration significative de la survie chez les patientes
peuvent être électivement atteints dans certains types histologi- ayant des métastases ganglionnaires et qui ont pu bénéficier
ques (carcinomes papillaires séreux et à cellules claires, atteinte d’une lymphadénectomie complète (que ce soit à l’étage pelvien
ovarienne macroscopique concomitante). ou lomboaortique) [15-18]. Havrilesky et al. ont montré pour le
Dans les stades IA et pour des tumeurs de grade 1, le curage cancer de l’endomètre, une augmentation de la survie à 5 ans
ganglionnaire pourrait être évité mais ceci nécessite d’avoir un en cas de résection complète des adénopathies ganglionnaires
examen extemporané de la pièce opératoire (fiabilité de métastatiques, par rapport à la persistance de ganglions envahis
94 %) [5]. En cas de risque d’extension ganglionnaire pelvien résiduels inextirpables [19].
important, le prélèvement des ganglions aortiques peut s’avérer
nécessaire [6].
■ Rappels anatomiques
Cancer de l’ovaire Avant d’envisager une lymphadénectomie pelvienne, il est
Dans le cancer de l’ovaire, les curages pelviens et lombo- primordial de connaître l’anatomie du pelvis et de la région
aortiques font partie intégrante de la chirurgie de cytoréduction lomboaortique. Une lymphadénectomie correcte correspond à
maximale, pour tous les types histologiques et quel que soit le l’exérèse de la totalité d’une zone celluloganglionnaire dont les
stade. Dans une étude portant sur 86 patientes atteintes d’un limites anatomiques sont précises.
cancer de l’ovaire de stade I à IV, les sites d’envahissement
ganglionnaire en fonction des stades sont précisés [7]. Tous les Anatomie descriptive [20, 21]

types histologiques étaient représentés. Le mode opératoire était Les nœuds lymphatiques iliaques du bassin se répartissent le
une incision médiane xiphopubienne, en chirurgie première long des gros vaisseaux de la cavité pelvienne. Trois groupes de
(52 patientes) ou de second-look (34 patientes). Parmi les cancers nœuds lymphatiques ont été ainsi décrits par Cunéo et Mar-
de stade I, un envahissement ganglionnaire était retrouvé chez sille : les nœuds lymphatiques iliaques externes, iliaques
sept patientes (33,3 %), avec deux atteintes en lomboaortique et internes et iliaques communs (Fig. 1).
en pelvien (28,5 %), une en lomboaortique uniquement
(14,2 %) et quatre en pelvien uniquement (57,1 %). Ces Nœuds lymphatiques iliaques externes
résultats corroborent ceux d’autres études et soulignent bien la
nécessité de pratiquer une lymphadénectomie initiale, radicale, Ils drainent la lymphe des membres inférieurs, d’une partie
pelvienne et lomboaortique quels que soient le stade et le type des viscères pelviens et de la paroi abdominale. Il existe trois
histologique du cancer ovarien. centres lymphatiques :
• le centre externe : il est dit latéroartériel car se situant au
dehors de l’artère iliaque externe. Les lymphonœuds au
Cancer de la trompe nombre de deux à quatre sont répartis entre le muscle psoas
Dans le cancer de la trompe, la lymphadénectomie est en dehors, et l’artère iliaque externe en dedans. Le lym-
indiquée quel que soit le stade de la tumeur [8]. Plentl et al. ont phonœud externe le plus caudal, appelé lymphonœud
bien étudié le système lymphatique de l’appareil génital rétrocrural externe, est placé en arrière de l’anneau crural au
féminin [9]. Ils ont montré que le drainage lymphatique des contact des vaisseaux circonflexes iliaques profonds ;
trompes de Fallope est double : la partie proximale des trompes • le centre moyen : deux à trois lymphonœuds sont situés à la
se draine vers les ganglions pelviens via les canaux lymphati- face antérieure de la veine iliaque externe ; ils sont aussi
ques du paramètre, et la partie distale et l’ampoule se drainent appelés interartérioveineux. Le lymphonœud le plus caudal
vers les ganglions lomboaortiques. Toutefois, très peu de (rétrocrural moyen) au contact des vaisseaux épigastriques
données existent concernant la dissémination lymphatique du inférieurs est inconstant. Le plus cranial, au niveau de l’angle
cancer primitif de la trompe. Dans une étude portant sur de bifurcation de l’artère iliaque primitive est appelé lym-
19 femmes atteintes d’un cancer primitif de la trompe, Deffieux phonœud de la fourche ;
retrouve sept tumeurs de stade I, deux de stade II et 10 de • le centre interne : comportant deux à quatre lymphonœuds,
stade III. Neuf patientes étaient métastatiques (47 %) au niveau il est situé en dessous de la veine iliaque externe, entre ce
des nœuds lymphatiques pelviens et lomboaortiques, dont deux vaisseau et le nerf obturateur. Le lymphonœud le plus caudal,
stades I, un stade II et six stades III. La localisation anatomique rétrocrural interne fait suite au lymphocentre iliofémoral
des ganglions atteints suivait la répartition suivante : (nœud de Cloquet). Le lymphonœud le plus volumineux est
• iliaque externe, iliaque interne et obturateur : 22 % ; au contact du nerf obturateur (nœud de Leveuf et Godard) ;
• iliaque commun : 44 % ; il draine la lymphe de l’utérus, et est en relation avec le
• présacré : 22 % ; lymphonœud obturateur existant en regard de l’orifice
• latérocave : 11 % ; profond du canal sous-pubien.
• interaorticocave : 33 % ; Voies afférentes : les nœuds lymphatiques iliaques externes
• latéroaortique sous-mésentérique : 11 % ; reçoivent les efférents des lymphonœuds inguinaux, une grande
• latéroaortique sus-mésentérique : 66 %. partie des lymphatiques de l’utérus et de la vessie, les lympha-
Certains auteurs rapportent qu’il n’y a pas d’extension tiques de la paroi abdominale satellites des vaisseaux épigastri-
ganglionnaire dans les stades I de cancer de la trompe, suggé- ques inférieurs et circonflexes iliaques profonds, et ceux issus de
rant ainsi qu’une lymphadénectomie complète n’est pas néces- la cuisse satellites des vaisseaux obturateurs.

2 Techniques chirurgicales - Gynécologie


Curages pelviens par laparotomie ¶ 41-732-D

On reconnaît classiquement quatre niveaux de curages


ganglionnaires abdominaux mais nous ne considérerons que les
deux niveaux impliqués à l’étage pelvien.

Niveau I
Le niveau I est appelé interiliaque : il est défini par sa
localisation au niveau de la bifurcation de l’artère iliaque
commune. Il représente l’exérèse des ganglions moyens et
médiaux (obturateurs) de la chaîne iliaque externe ainsi que
ceux de la bifurcation hypogastrique. On subdivise ces paquets
ganglionnaires en :
• chaîne ganglionnaire iliaque externe supra-artérielle : les
ganglions sont rares et situés entre le muscle psoas et l’artère
iliaque externe. Le ganglion le plus constant de cette chaîne
est en position distale ;
• chaîne ganglionnaire iliaque externe préveineuse : les gan-
glions sont inconstants. Ils sont situés entre veine et artère
iliaques externes ou devant la veine iliaque externe ;
• chaîne ganglionnaire iliaque externe infraveineuse : elle est la
plus importante et comporte de façon constante plusieurs
ganglions (dont le nœud de Leveuf et Godard) situés entre la
veine iliaque externe et le pédicule obturateur. Ces ganglions
sont considérés comme le premier relais ganglionnaire du col
utérin. Cette lymphadénectomie peut être complétée par
l’ablation des chaînes ganglionnaires iliaques internes
(ganglions de Cunéo et Marcille) et iliaques primitives. La
dissection de niveau I est principalement indiquée pour les
tumeurs du col de petit volume et pour les cancers de
l’endomètre. Elle est néanmoins insuffisante pour les tumeurs
de l’annexe, du col de plus de 4 cm, ainsi que dans les cas
où le premier relais est atteint.
Figure 1. Anatomie descriptive des nœuds lymphatiques pelviens. 1. Les repères anatomiques pour cette intervention sont :
Artère iliaque commune droite ; 2. artère iliaque externe ; 3. artère iliaque • le ligament rond de l’utérus ;
interne (hypogastrique) ; 4. uretère ; 5. nerf obturateur ; 6. artère ombi- • le tronc artériel ombilico-utérin ;
licale ; 7. artère obturatrice ; 8. artère utérine. Lymphocentres iliaques • l’uretère pelvien ;
externes : a. groupe externe ; b. groupe moyen ; c. groupe interne. • les artères et veines iliaques externes et internes ;
Lymphocentres iliaques communs : d. groupe externe ; e. groupe interne • le nerf obturateur ;
ou groupe du promontoire ; f. groupe postérieur ou moyen au contact de • la paroi pelvienne (ligament de Cooper ou ligament pectinéal
la fosse lombosacrale [20, 21]. et arcade crurale).
À cet étage, un second niveau de curage plus profond peut
être envisagé en prélevant les ganglions situés sous le nerf
Nœuds lymphatiques iliaques internes obturateur. La dissection hypogastrique profonde consiste à
Au nombre de quatre à dix, ils siègent au niveau des angles réséquer les ganglions situés entre les branches terminales des
de bifurcation des différentes branches de l’artère iliaque vaisseaux iliaques internes. En dedans, on prélève le tissu
interne. Les plus postérieurs sont situés le long des artères celluloganglionnaire sous le nerf obturateur jusqu’aux muscles
sacrales latérales. releveurs de l’anus de part et d’autre de l’axe hypogastrique. En
Voies afférentes : ces nœuds reçoivent les efférents des dehors, les vaisseaux iliaques sont refoulés médialement et le
viscères pelviens, de la face postérieure de la cuisse, et de la tissu celluloganglionnaire est prélevé jusqu’à la partie haute de
région glutéale. la fosse ischiatique repérée sous l’épine ischiatique par la
Voies efférentes : en direction des nœuds lymphatiques cinquième racine nerveuse du plexus lombosacré. Cette dissec-
iliaques communs principalement, plus rarement vers les nœuds tion est menée avec grande prudence en raison du risque
lymphatiques iliaques externes. hémorragique difficile à contrôler dans cette région.

Nœuds lymphatiques iliaques communs Niveau II


Ils sont eux aussi divisés en trois centres lymphatiques : Le niveau II, à cheval sur le pelvis et l’abdomen, et dont la
• le centre externe latéroartériel, situé entre le muscle psoas et limite supérieure est l’angle de la bifurcation aortique inclut
l’artère iliaque commune est constitué de un à trois nœuds ; deux régions :
• le centre moyen rétroveineux, en profondeur dans la fosse • la région subaortique comportant le groupe médial des
lombosacrale (de Cunéo et Marsille) est composé de deux ganglions iliaques communs droits et gauches ainsi que les
nœuds en avant du nerf obturateur ; ganglions présacrés (devant le promontoire) ;
• le centre interne, commun aux deux côtés est situé au niveau • la région latéroartérielle avec les chaînes latérales iliaques
de la bifurcation aortique, devant la veine iliaque commune communes en continuité avec les chaînes latérales iliaques
gauche ; il est appelé groupe du promontoire. externes.
Voies afférentes : les nœuds lymphatiques iliaques communs
reçoivent les efférents des nœuds lymphatiques iliaques internes
et externes ; ceux du promontoire, de l’utérus et du vagin. ■ Technique opératoire
Voies efférentes : en direction des nœuds lymphatiques (pré-,
latéro- et rétroaortiques ; pré-, latéro- et rétrocaves).
Préparation des patientes
La préparation de la patiente ne comporte pas de spécificités.
Anatomie chirurgicale Une préparation intestinale n’est pas recommandée de principe.
Plusieurs niveaux de curages existent, du plus simple au plus L’antibioprophylaxie peropératoire est habituelle et recomman-
étendu, dépendant du type et de la nature de la lésion ainsi que dée ainsi que la prévention thromboembolique postopératoire
du but recherché. par les héparines de bas poids moléculaire (HBPM) [22].

Techniques chirurgicales - Gynécologie 3


41-732-D ¶ Curages pelviens par laparotomie

Installation On découvre alors l’uretère. Un écarteur maintient le sac


péritonéal en position médiane. Un deuxième écarteur est
La patiente sera installée en décubitus dorsal, les bras perpen-
installé en position craniale de la dissection, découvrant alors
diculaires à l’axe du corps. La mise en position de Trende-
les vaisseaux iliaques communs. Un troisième écarteur est placé
lenburg en cours d’intervention peut faciliter l’exposition du
dans l’espace paravésical pour exposer tout le système lympho-
site opératoire en refoulant les anses digestives vers le haut, s’il
vasculaire du pelvis, des vaisseaux iliaques communs à l’anneau
n’y a pas de contre-indication anesthésique.
fémoral. L’uretère est visualisé au niveau de son croisement avec
l’artère iliaque, à l’origine de l’artère utérine. Une fois ces
Matériel chirurgical repères individualisés, l’opérateur peut prélever tous les gan-
Il y a peu d’instruments spécifiques à ce type d’intervention. glions pelviens, selon les mêmes méthodes décrites ci-dessous,
Néanmoins, le chirurgien doit avoir à sa disposition des pinces en débutant par les nœuds iliaques communs puis en descen-
vasculaires atraumatiques de type De Bakey, ainsi que des dant caudalement le long des vaisseaux iliaques externes, la
clamps vasculaires. Les vaisseaux doivent être suivis au contact limite caudale étant les vaisseaux circonflexes profonds. On
de leur adventice. Des hémostases préventives ou curatives de dissèque alors l’espace entre les vaisseaux iliaques externes et le
petits vaisseaux sanguins par clips ou électrocoagulation sont psoas jusqu’au nerf obturateur. La limite interne de la dissection
constamment nécessaires. Une valve de Papin permet d’écarter est représentée par l’artère hypogastrique et ombilicovésicale. En
les gros vaisseaux lors de leur dissection. Des dissecteurs de théorie les nœuds prélevés sous le nerf obturateur doivent être
plusieurs tailles doivent être disponibles afin de pouvoir prélevés avec précaution, en prenant garde aux veines obtura-
.2 s’adapter aux différentes tailles de vaisseaux. trices. Une fenêtre péritonéale est créée en fin d’intervention
pour éviter la lymphocèle.
Procédure opératoire Abord par laparotomie
Voies d’abord En pratique, la voie d’abord classique reste la laparotomie
Les lymphadénectomies pelviennes peuvent être réalisées par transversale sus-pubienne avec section des muscles droits ou
.3
laparotomie ou par cœlioscopie. Chacune de ces voies d’abord l’incision médiane sous-ombilicale, transpéritonéales.
peut être pratiquée par un abord extrapéritonéal ou Fagotti et al. ont mené une étude sur la faisabilité
transpéritonéal. d’une « minilaparotomie » transversale pour hystérectomie-
Le prélèvement ganglionnaire pelvien par voie laparotomique annexectomie et curage pelvien chez 24 patientes atteintes d’un
a été proposé pour la 1re fois en 1898 par Wertheim [23] et la cancer de l’endomètre de stade précoce [31]. C’est une incision
technique a été ensuite décrite plus précisément par Taussing et transversale de 7 à 9 cm de long, 2 à 4 cm au-dessus de la
Leveuf [24, 25]. Depuis, plusieurs auteurs ont décrit un abord par symphyse pubienne, avec incision transversale du fascia muscu-
laparotomie extrapéritonéale, qui aurait l’intérêt d’une moindre laire 2 à 3 cm au-dessus de l’incision cutanée. L’exploration de
morbidité [26-28]. l’ensemble de la cavité abdominale se fait à l’aide d’un laparos-
En théorie, le choix de la voie d’abord extra- ou transpérito- cope. Les auteurs rapportent un même nombre de ganglions
néale devrait dépendre de l’objectif de l’intervention et des pelviens prélevés pour des suites opératoires plus simples
traitements adjuvants proposés dans la prise en charge. En effet, qu’après laparotomie classique.
si une radiothérapie est envisagée après l’intervention (cancers
Abord laparoscopique
du col avancés par exemple), la voie extrapéritonéale devrait
être privilégiée, car le risque adhérentiel postopératoire y est En ce qui concerne la voie laparoscopique, Panici et al. [32],
minime (l’essentiel des complications de l’irradiation étant lié à dans une étude menée sur 168 patientes atteintes d’un cancer
la fixation des viscères par les adhérences). Par ailleurs, plusieurs du col stades IB1, IB2 ou IIB, comparaient les curages pelviens
auteurs reconnaissent à la laparotomie extrapéritonéale la réalisés par laparotomie extrapéritonéale (EPL), laparotomie
facilité d’accès au pelvis et à l’espace obturateur, avec un gain transpéritonéale (TPL) ou laparoscopie (LPL). Ils ont montré un
de temps [29]. nombre significativement moins important de ganglions
L’avantage de la voie cœlioscopique en ce qui concerne la prélevés par LPL (30 ± 6,7 vs 36 ± 7,2 pour TPL et 35 ± 6,9 pour
réduction du traumatisme opératoire et donc la réduction du EPL), mais des douleurs et des iléus postopératoires plus
risque adhérentiel a été démontré, au prix d’un temps opéra- fréquents en cas d’EPL, ainsi qu’une durée d’hospitalisation plus
toire augmenté, d’un apprentissage spécifique, sans diminuer la longue (p < 0,01).
qualité du prélèvement (nombre de ganglions prélevés). La Dans une étude rétrospective récente, Larciprete et al. [28]
morbidité postopératoire semble également réduite. comparant la laparoscopie à la laparotomie extrapéritonéale,
En pratique, la laparotomie avec abord transpéritonéal reste retrouvent un nombre de ganglions prélevés de 18 (7-28) et 32
la voie classique pour la lymphadénectomie pelvienne et para- (16-42) respectivement (p < 0,05) pour les curages pelviens.
aortique, à condition qu’y soit associée une chirurgie d’exérèse Pour évaluer l’efficacité du curage pelvien sous cœlioscopie, le
d’organes (en cas de lymphadénectomie purement diagnostique, Gynecologic Oncology Group (GOG) a conduit une étude sur
la cœlioscopie moins traumatique est probablement la méthode 40 patientes bénéficiant d’une laparotomie immédiate après
de choix). La lymphadénectomie nécessite un abord par laparo- curage pelvien par laparoscopie : les auteurs concluent que, en
tomie médiane sus- et sous-ombilicale si un curage complet ce qui concerne le nombre de ganglions retirés, les curages sous
incluant le niveau sous-rénal est indiqué. Dans les autres cas laparoscopie étaient incomplets dans 15 % des cas [33]. Chu et
(lymphadénectomie iliaque ou inframésentérique), la laparoto- al. ont mené la même étude sur 38 patientes, retrouvant chez
mie transversale avec section des droits est suffisante. 34 d’entre elles des ganglions résiduels après laparoscopie suivie
Abord extrapéritonéal d’une laparotomie immédiate, avec une moyenne de 3,4 gan-
glions résiduels à droite (0-7) et 4,2 à gauche (0-9) [34]. Cepen-
L’incision pariétale est variable. Une incision abdominale
dant, aucun de ces ganglions résiduels n’était métastatique.
médiane ou une incision transversale prolongée en J donnent
D’un autre côté, Childers et Hatch rapportent un nombre
accès à toutes les zones de prélèvements ganglionnaires pelviens
moyen de ganglions prélevés par laparoscopie de 31,4 et
ou abdominaux. Une incision inguinale et/ou inguino-iliaque
35,5 respectivement, ce qui est considéré comme un nombre
donne un abord pelvien et/ou para-aortique unilatéral. L’abord
suffisant dans un curage pelvien exhaustif [35, 36].
inguino-iliaque est très direct et donne un accès rapide aux gros
vaisseaux et à l’uretère. L’abord médian est moins direct mais
donne un accès bilatéral, évitant une double incision inguinale.
Principes chirurgicaux, généralités
Dans tous les cas, l’incision pariétale s’arrête après la section du Il est fondamental de définir les limites du curage ganglion-
fascia musculaire profond [30]. On entre alors dans l’espace naire en isolant les éléments vasculonerveux et pariétaux du
rétropéritonéal que l’opérateur ouvre peu à peu en insinuant le volume-cible, l’objectif principal étant l’exérèse complète des
doigt et en décollant le sac péritonéal de la paroi. Il peut être paquets ganglionnaires de la région concernée. Certaines zones
nécessaire de sectionner la partie extrapéritonéale du ligament dangereuses sont à aborder avec une précaution toute
rond pour agrandir le champ pelvien. particulière.

4 Techniques chirurgicales - Gynécologie


Curages pelviens par laparotomie ¶ 41-732-D

Des hémostases des petits vaisseaux sanguins par clips,


coagulation ou ligatures peuvent être nécessaires. La lymphos-
tase élective par fils ou clips semble illusoire dans la prévention
des lymphocèles postopératoires.
La fin de l’intervention dépend de la voie d’abord choisie.
Dans l’abord transpéritonéal, la péritonisation n’est pas indi-
quée, l’orifice péritonéal assurant le drainage interne des
sécrétions lymphatiques permettant de diminuer la fréquence
des lymphocèles ainsi que la morbidité. Aucun drainage externe
ne semble avoir démontré son utilité dans les études
randomisées [37].
En ce qui concerne le nombre optimal de ganglions à préle-
ver, il n’y a pas de consensus sur la question. Le terme de
curage peut recouvrir une définition très large, allant du
prélèvement unique du ganglion sentinelle marqué auparavant
au bleu et/ou au traceur radioactif, jusqu’au curage exhaustif, en
passant par le prélèvement au hasard de quelques ganglions
souvent appelé « picking » par les auteurs anglo-saxons. Ce
dernier ne doit pas être confondu avec le sondage ganglionnaire
multisites, standard américain, par lequel on prélève un
ganglion par zone, soit dix ganglions puisque sont prélevés de
chaque côté un ganglion iliaque externe, obturateur, hypogas-
trique, iliaque commun et lombaire [38]. Li et al. rapportent un Figure 2. Limites anatomiques du curage interiliaque (côté gauche).
nombre moyen de ganglions pelviens prélevés de 18,7 ± 9,4 par 1. Artère iliaque externe ; 2. artère iliaque interne ou hypogastrique ;
voie laparotomique [39]. Girardi et al. précisent qu’en région 3. veine iliaque externe ; 4. uretère ; 5. artère vésicale ; 6. artère utérine ;
pelvienne, le nombre moyen de ganglions pelviens prélevés par 7. nerf obturateur ; 8. paroi pelvienne ; 9. lacune vasculaire ou anneau
un curage de qualité est de 37, chiffre limité à 25 en excluant crural ; 10. psoas ; 11. nerf génitofémoral ; 12. anastomose entre veine
les ganglions iliaques communs [40]. obturatrice et veine iliaque externe.
Technique opératoire
Incision pariétale et exposition Abord de la fosse paravésicale droite. L’opérateur doit
L’incision la plus adaptée pour la laparotomie semble être la ensuite définir les limites de son curage (Fig. 2) en visualisant
laparotomie transversale avec section des droits, supérieure à la les éléments anatomiques suivants.
laparotomie médiane (meilleur confort chirurgical, accès Latéralement : les vaisseaux iliaques externes (en dehors) et
satisfaisant à la région aortique inférieure, taux d’éventration l’artère ombilicale (en dedans). En maintenant soulevé le
minimal) et très supérieure à l’incision de Pfannenstiel qui ne ligament rond, l’artère et la veine iliaques externes sont
permet pas d’accès aortique convenable et qui ne peut pas être facilement visualisées. À l’aide des ciseaux fermés, il s’agit de
étendue en cas de nécessité. dégager prudemment le tissu celluloadipeux qui les recouvre,
L’opérateur commence par un examen du pelvis et de la ainsi que le muscle psoas plus latéralement. L’artère ombilicale
cavité abdominale dans son ensemble, avec la palpation des se situe en dedans des vaisseaux iliaques externes. Sa visualisa-
aires ganglionnaires à la recherche d’adénopathies suspectes, de tion peut être facilitée en mobilisant son relief antérieur sous le
métastases viscérales ou péritonéales. Une cytologie péritonéale péritoine pariétal.
systématique précède tout geste de dissection. Extrémité caudale : la branche iliopubienne du pubis et le
Nous décrivons la technique du curage pelvien droit, l’opéra- ligament de Cooper. Lorsque l’on sépare en avant la lame
teur se plaçant à la gauche de la patiente. Les gestes sont ganglionnaire de la veine iliaque externe, on reconnaît à la
identiques pour le côté gauche (mis à part la possible nécessité palpation la dureté osseuse et la blancheur fibreuse du ligament
de sectionner des adhérences sigmoïdopariétales et/ou sigmoï- de Cooper. Il faut se méfier à cet endroit d’une veine obturatrice
dotubaires avant d’aborder la fosse paravésicale). inférieure (« corona mortis »), inconstante, qui naît du pédicule
Pour assurer une bonne exposition, les anses intestinales et le obturateur près du foramen et se jette au bord inférieur de la
sigmoïde sont repoussés au-delà du promontoire par des veine iliaque externe à 1 ou 2 cm du canal fémoral, ou dans la
champs tassés à l’aide des écarteurs de paroi. veine épigastrique [43].
L’abord péritonéal doit être large et les limites de résection En profondeur : le nerf obturateur. Il est visualisé en ouvrant
doivent être identifiées avant toute dissection [41]. L’opérateur largement la fosse paravésicale, par un refoulement de l’artère
doit s’efforcer de réséquer le paquet ganglionnaire en un seul ombilicale vers le dedans. Il est reconnaissable par son aspect de
bloc, en évitant de le morceler pour éviter toute dissémination
cordon blanc nacré, de 1 à 2 mm de diamètre. Pour bien le
tumorale.
dégager, il faut suivre la paroi pelvienne antérieure sous la veine
Temps opératoires iliaque, jusqu’au niveau de la branche iliopubienne, où le nerf
Ouverture péritonéale. Celle-ci doit être large afin de faciliter rejoint le foramen obturateur. Il faut ensuite s’efforcer de
la dissection. Elle a une forme globalement trapézoïdale [42]. remonter le long du nerf en le séparant à l’aide des ciseaux
L’opérateur saisit à la pince le ligament rond au niveau de son fermés du paquet celluloadipeux, maintenu par une pince de
croisement avec les vaisseaux iliaques externes, et le soulève Duval. Il peut également être facilement individualisé au niveau
afin d’inciser le péritoine juste au-dessous de celui-ci, aux de la bifurcation vasculaire iliaque externe-interne (se situant à
ciseaux. La moucheture ainsi créée est prolongée en dehors le l’aplomb de celle-ci). Pour l’hémostase à ce niveau, il faut
long du ligament rond. Afin de tendre le péritoine, l’opérateur privilégier les clips vasculaires, l’utilisation de l’électrocoagula-
saisit ensuite l’annexe droite pour l’écarter vers le dedans, tion pouvant entraîner des paresthésies postopératoires à la face
l’éloignant ainsi des axes vasculaires. L’ouverture péritonéale est interne de la cuisse.
ensuite complétée en longeant les vaisseaux iliaques externes et Extrémité craniale : bifurcation iliaque commune, pédicule
en se terminant vers le dehors, le long du ligament infundibu- hypogastrique et uretère. Après avoir saisi le pédicule infundi-
lopelvien, jusqu’à la base cæcale. En cas de non-conservation de bulopelvien à la pince et en écartant celui-ci vers le haut et le
l’annexe, l’opérateur effectue une ligature du pédicule lombo- dedans, on remonte le long de l’artère iliaque externe jusqu’à
ovarien permettant ainsi l’ouverture de la fosse paravésicale. En découvrir l’uretère à sa croisée avec la bifurcation iliaque
cas de conservation annexielle et de transposition ovarienne, commune. Ce dernier est reconnaissable par son péristaltisme,
une section du pédicule annexiel au ras de la corne utérine est il est repéré mais non disséqué et reste accolé au péritoine
suivie par une pédiculisation ovarienne sur le ligament latéropelvien. Ceci permet également de dégager l’origine de
infundibulopelvien. l’artère iliaque interne, entre l’uretère et l’artère iliaque externe.

Techniques chirurgicales - Gynécologie 5


41-732-D ¶ Curages pelviens par laparotomie

Figure 3. Dissection ganglionnaire iliaque externe sous-veineuse (ou


obturatrice) gauche. 1. Groupe interne.

Dissection ganglionnaire
Figure 4. Dissection ganglionnaire iliaque externe interartérioveineuse.
Dissection interiliaque. La dissection est débutée au niveau 1. Groupe moyen récliné en dedans ; 2. valve de Papin.
sous-veineux iliaque externe, encore appelée dissection
obturatrice.
En refoulant l’artère ombilicale vers le dedans, on ouvre la
fosse paravésicale droite. Le côlon droit est récliné par une valve
de Leriche. On saisit le paquet celluloganglionnaire à la pince
(type Duval) à la partie moyenne de la veine iliaque externe. À
l’aide des ciseaux fermés, on refoule doucement la veine vers le
dehors, ce qui permet de séparer le paquet ganglionnaire de
l’adventice veineuse (Fig. 3). On dégage alors le paquet de haut
en bas puis en profondeur, en longeant la paroi pelvienne
antérieure jusqu’au nerf obturateur. Il faut se méfier à cet
endroit d’une veine obturatrice antérieure, anastomose entre la
veine obturatrice et la veine iliaque externe, et dont l’hémostase
peut être difficile car elle peut se rétracter en cas de section
accidentelle. On peut soit la conserver en divisant la chaîne
ganglionnaire à son niveau, soit la coaguler et la sectionner. Si
son embouchure dans la veine iliaque a été déchirée, un point
en X de fil pour suture vasculaire est nécessaire. Le nerf sera
disséqué depuis le foramen obturateur jusqu’à la région hypo-
gastrique par une simple poussée du tissu cellulaire situé
au-dessus par un instrument mousse.
En dedans les ganglions sont séparés de l’artère ombilicale.
Un écarteur refoule vers le dedans l’artère ombilicale et dans le
même temps la paroi latérale de la vessie.
L’extrémité caudale du paquet ganglionnaire est coagulée et Figure 5. Dissection ganglionnaire iliaque externe latéroartérielle gau-
sectionnée au niveau du ligament de Cooper, juste en aval du che. 1. Muscle psoas ; 2. nerf génitofémoral ; 3. artère iliaque commune ;
ganglion rétrocrural interne. La lame ganglionnaire est alors 4. artère iliaque externe ; 5. lymphocentre iliaque externe, groupe ex-
saisie à l’aide d’une pince en cœur, et tractée en douceur vers terne.
le haut et le dedans, afin de séparer celle-ci du nerf obturateur.
En refoulant le ligament infundibulopelvien et l’uretère vers
l’arrière et le haut, ceci permet de dégager la bifurcation est séparé de l’artère en dehors, puis du psoas et de la veine en
veineuse et l’origine de la veine iliaque commune. La lame arrière et en dedans, jusqu’à rejoindre la dissection sous-
ganglionnaire est alors tractée vers l’avant et le dedans, afin de veineuse. La dissection remonte jusqu’à la bifurcation iliaque
la libérer progressivement des vaisseaux iliaques internes et de commune et on enlève en dehors les derniers ganglions inter-
leurs branches externes, par traction douce et coagulation iliaques externes à l’origine de la veine hypogastrique.
bipolaire-section. La chaîne est interrompue au point où le nerf
La dissection interiliaque est alors terminée.
obturateur croise la bifurcation veineuse. On peut éventuelle-
ment palper au doigt en arrière de l’arcade crurale pour s’assurer Dissection latéroartérielle iliaque externe et subaortique (niveau 2).
qu’aucun ganglion n’a été oublié. La lame ganglionnaire est Le tissu celluloganglionnaire se situant en dehors de l’artère
alors retirée et les ganglions disposés sur un plateau dans lequel iliaque externe est saisi au niveau de la partie moyenne de
auront été dessinés les vaisseaux de façon à garder au curage l’artère, dont elle est détachée de l’adventice par les moyens
une topographie précise. déjà décrits (Fig. 5). Il faut s’efforcer dans cette région de
La dissection est poursuivie au niveau interartérioveineux préserver les deux branches du nerf génitofémoral, qui courent
iliaque externe. sur le psoas et longent l’artère iliaque externe, et de se méfier
En refoulant doucement l’artère iliaque externe vers le de l’inconstante artère psoïque qui naît de l’iliaque externe, et
dehors, on ouvre l’espace interartérioveineux (Fig. 4). Le tissu dont l’hémostase est indispensable. Près de l’anneau crural se
celluloganglionnaire est saisi à la pince dans sa partie moyenne, trouvent les vaisseaux épigastriques superficiels qui doivent être

6 Techniques chirurgicales - Gynécologie


Curages pelviens par laparotomie ¶ 41-732-D

L’abord extrapéritonéal est direct. L’abord transpéritonéal se


fait par incision du péritoine en regard du promontoire (en
continuité avec l’incision de lymphadénectomie interiliaque)
pour la dissection iliaque commune droite et présacrée. Pour la
dissection iliaque commune gauche, un décollement limité du
côlon iliaque est nécessaire. Le prélèvement de la lame gan-
glionnaire se fait selon les mêmes principes que précédemment,
avec hémostase préventive des extrémités céphalique et caudale
de la lame.
Dissection du segment hypogastrique (ou obturateur profond). Pour
bien s’exposer à ce niveau, le ligament lombo-ovarien doit être
refoulé vers le haut. Deux groupes ganglionnaires sont à
individualiser dans cette région.
Le groupe artériel est situé dans un espace délimité par
l’artère iliaque externe d’un côté, et le tronc antérieur de l’artère
hypogastrique de l’autre. La limite médiale de cet espace est le
péritoine latéropelvien, récliné en même temps que l’uretère, et
Figure 6. Dissection ganglionnaire iliaque commune gauche, groupe la limite latérale est la veine iliaque externe, croisée par le tronc
externe (a). antérieur de l’hypogastrique.
Le groupe veineux se trouve sous la partie terminale de la
veine iliaque externe, dans l’angle qu’elle forme avec la plus
caudale des veines hypogastriques ; ce groupe est aussi appelé
groupe obturateur profond ou obturateur postérieur. Il faut à cet
endroit séparer la veine iliaque externe de la paroi pelvienne, en
insinuant les ciseaux fermés entre veine et paroi, et les séparer
par des mouvements de bas en haut, dans l’axe de la veine. On
récline ensuite la veine médialement, ce qui permet de mettre
au jour le tissu celluloganglionnaire superficiel au nerf obtura-
teur, que l’on sépare ensuite de la paroi pelvienne. Les dangers
vasculaires dans cette région sont représentés par les veines
hypogastriques, les veines et artères pariétales, l’artère obtura-
trice, et la grosse veine obturatrice qui constitue une des racines
de la veine hypogastrique caudale.
Dissection pelvienne gauche. L’opérateur est mieux exposé
en se plaçant à la droite de la patiente. Mis à part la possible
nécessité de libérer des adhérences sigmoïdopariétales et/ou
sigmoïdotubaires, les gestes sont similaires à ceux effectués du
côté droit.
L’étendue du prélèvement peut être modifiée selon les
constatations peropératoires. En effet, la palpation d’un gan-
glion suspect iliaque commun proche de la bifurcation peut
nécessiter de repousser un peu plus haut le ligament infundibu-
lopelvien. Si un ganglion suspect est situé plus haut, une
ouverture péritonéale en regard de la bifurcation aorticocave
peut être nécessaire. L’opérateur est alors mieux exposé en se
plaçant entre les jambes de la patiente. L’incision du péritoine
postérieur débute au niveau iliaque commun droit, au-dessus de
Figure 7. Dissection ganglionnaire iliaque commune externe et interne l’uretère, et remonte sur l’aorte terminale. Les ganglions
et des ganglions présacrés, abord de la fossette iliolombaire. 1. Bifurcation externes et internes sont alors aisément exposés.
aortique ; 2. artère iliaque commune droite ; 3. artère iliaque commune
gauche ; 4. uretère droit ; 5. uretère gauche ; 6. veine iliaque commune Cas particulier du ganglion sentinelle
gauche. Lymphocentres iliaques communs groupe externe (a), groupe La recherche du ganglion sentinelle est une technique encore
interne (b) et groupe présacré (c). La flèche indique l’accès à la fossette en cours d’évaluation dans la stadification des cancers du col et
iliolombaire. du corps utérins. Elle consiste en l’exérèse ciblée d’un ou
quelques ganglions pelviens considérés comme les premiers
relais ganglionnaires de la tumeur concernée, et qui sont repérés
respectés. En aval, la chaîne est interrompue après le ganglion
par une injection cervicale préalable d’un traceur radioactif
rétrocrural externe de Cloquet qui recouvre souvent une veine
et/ou colorant (bleu patenté). L’abord direct est préféré chaque
circonflexe antérieure, source potentielle d’hémorragie. En fois que possible en suivant les canaux lymphatiques injectés de
amont, on suit le bord latéral de l’artère iliaque externe puis bleu. À défaut, il faut ouvrir le péritoine de la fosse paravésicale
commune, pour s’arrêter au niveau de la bifurcation artérielle pour une dissection profonde. Ce geste apparemment facile
iliaque commune (Fig. 6). peut être dangereux car, afin de préserver les voies lymphati-
Plus haut, si l’on souhaite effectuer une lymphadénectomie ques, la recherche systématique des repères anatomiques n’est
exhaustive, il faut évider entre le psoas, l’aileron sacré et les pas faite. Une courbe d’apprentissage est indispensable. Néan-
vaisseaux iliaques communs la profonde fossette iliolombaire moins, cette technique permettrait de réduire les complications
(ou fosse lombosacrale) de Cunéo et Marcille, en se méfiant des observées lors des curages exhaustifs sachant que moins d’un
veines iliolombaires. tiers des patientes ont un envahissement ganglionnaire dans les
Les ganglions subaortiques sont les groupes internes des stades précoces de cancer du col ou de l’endomètre. Cette
chaînes iliaques communes et les ganglions présacrés (Fig. 7). La technique aurait également l’avantage de mettre en évidence les
limite supérieure est donc représentée par les deux artères drainages lymphatiques inhabituels permettant de ne pas
iliaques communes, en arrière par les deux premières pièces ignorer une métastase ganglionnaire située hors des limites
sacrées et la première vertèbre lombaire. Il faudra se méfier dans anatomiques du curage conventionnel et de détecter des
cette région du pédicule sacré moyen, des veines présacrées et métastases occultes (techniques histologiques spécifiques) [44].
de la veine iliaque commune gauche. Les inconvénients éventuels sont l’absence de détection et le

Techniques chirurgicales - Gynécologie 7


41-732-D ¶ Curages pelviens par laparotomie

taux de faux négatif, ce dernier étant dans la littérature estimé lymphocèle observés dans l’étude de Panici ont tous régressé
entre 0 et 20 % dans les cancers du col utérin au stade spontanément [32] . Afin de diminuer leur incidence, il est
précoce [45]. recommandé de clipper l’extrémité craniale du curage lors de la
En ce qui concerne la localisation anatomique des ganglions dissection. Un drainage sous contrôle radiologique n’est
sentinelles dans les cancers du col utérin de stade précoce, ils nécessaire que si la lymphocèle est symptomatique (retentisse-
se situent pour la plupart au niveau de la chaîne iliaque externe ment sur les voies excrétrices urinaires ou sur l’axe veineux
sous-veineuse (62 à 84 %) et plus précisément au niveau de la iliaque, symptomatologie douloureuse).
bifurcation iliaque externe-iliaque interne [45]. Dans l’étude de L’ascite chyleuse, rare, nécessite un drainage et un régime
O’Boyle et al. concernant 20 patientes atteintes d’un cancer du alimentaire spécifique.
col de stade IB à IIA avec étude du ganglion sentinelle après
injection intracervicale de bleu d’isosulfan, le taux global
d’identification est de 60 %, et de seulement 20 % chez les ■ Conclusion
patientes ayant des tumeurs de plus de 4 cm (5 patientes
concernées) [46]. La lymphadénectomie pelvienne par voie laparotomique, peu
Dans le cancer de l’endomètre, Frumovitz et al. ont mené une à peu supplantée par les techniques laparoscopiques, répond à
étude prospective chez 18 femmes à haut risque d’atteinte une double exigence diagnostique et thérapeutique. Elle permet
ganglionnaire (tumeur endométrioïde grade 2 et 3, tumeur à par l’analyse des ganglions pelviens la stadification des tumeurs
cellules claires, tumeurs mixtes) pour évaluer l’efficacité du gynécologiques, l’optimisation des indications des traitements
prélèvement du ganglion sentinelle après injection fundique adjuvants et une évaluation du pronostic des patientes.
sous-séreuse de bleu d’isosulfan et de technétium 99 [47]. Le taux La lymphadénectomie pelvienne est une intervention repro-
d’identification n’est que de 45 % avec cette technique originale ductible, qui nécessite la connaissance parfaite des repères
par son site d’injection (fond utérin) et les auteurs concluent à anatomiques vasculaires et nerveux de la région iliaque externe
une sensibilité trop faible de cette technique. Dans une étude et obturatrice d’une part, et plus généralement de la fosse
prospective pilote portant sur 15 patientes atteintes d’un cancer iliopubienne à la bifurcation aortique d’autre part. Les compli-
de l’endomètre (7 adénocarcinomes grade 2, 4 adénocarcinomes cations sont rares et se résument principalement à des lésions
grade 3, 3 carcinomes séreux papillaires et 1 tumeur mixte vasculaires des artères ou des veines iliaques ou de petits
mullérienne), Burke et al. [38] ont évalué la faisabilité de la vaisseaux collatéraux en peropératoire, et aux lymphocèles ou
recherche du ganglion sentinelle par laparotomie après injection aux paresthésies des membres inférieurs en postopératoire.
de bleu d’isosulfan à ciel ouvert au niveau du fundus utérin, en .

trois sites différents. Après une attente de 10 minutes, ils ont


prélevé les ganglions marqués, et ont réalisé un curage classique ■ Références
associé à l’hystérectomie. Dans seulement 10 cas sur 15 (67 %),
un ganglion sentinelle a pu être identifié et le manque de [1] Fédération nationale des centres de lutte contre le cancer. Standards,
options et recommandations. Cancers invasifs du col utérin, stades non
sensibilité de la méthode est également souligné par ces auteurs.
métastatiques. Paris: John Libbey Eurotext; 2000.
Néanmoins, la meilleure connaissance des voies lymphatiques [2] Fédération nationale des centres de lutte contre le cancer. Standards,
de drainage dans le petit bassin ainsi que du traceur idéal et du options et recommandations. Cancers de l’endomètre, stades non
site optimal d’injection permettront probablement à l’avenir de métastatiques. Paris: John Libbey Eurotext; 2001.
privilégier cette technique dans les tumeurs de stade précoce du [3] Sakuragi N, Satoh C, Takeda N. Incidence and distribution pattern of
col et du corps de l’utérus. L’un des avantages de cette méthode pelvic and paraaortic lymph node metastasis in patients with stages IB,
est la mise en évidence de voies de drainage aberrantes des IIA and IIB cervical carcinoma treated with radical hysterectomy.
organes pelviens. Cancer 1999;85:1547-54.
[4] Benedetti-Panici P, Maneschi F, Scambia G, Greggi S, Cutillo G,
■ Complications D’Andrea G, et al. Lymphatic spread of cervical cancer: an anatomical
and pathological Study based on 225 radical hysterectomies with
systematic pelvic and aortic lymphadenectomy. Gynecol Oncol 1996;
Complications vasculaires 62:19-24.
Les complications les plus fréquentes lors d’une lymphadé- [5] Querleu D, Leblanc E, Martel P, Ferron G, Narducci F.
nectomie pelvienne sont essentiellement vasculaires [48]. D’une Lymphadénectomie dans les cancers de l’endomètre de stade I. EMC
(Elsevier Masson SAS, Paris). Gynecologie 2004;620–A-15.
façon générale, les lésions vasculaires sont dues à la lacération
[6] Doering DL, Barnhill DR, Weiser EB, Burke TW, Woodward JE,
des petits vaisseaux drainant les tissus graisseux périlymphati- Park RC. Intraoperative evaluation of depth of myometrial invasion in
ques. La prévention de ces lacérations se fait par une dissection stage I endometrial carcinoma. Obstet Gynecol 1989;74:930-3.
prudente, l’utilisation de clips et d’électrocoagulation [48]. Les [7] Zinzindohoue C, Lujan R, Boulet S, Spirito C, Bobin JY. La
atteintes les plus fréquentes concernent les veines lombaires, les lymphadénectomie lomboaortique et pelvienne dans les cancers
artères et les veines sacrées. L’exérèse de volumineux ganglions épithéliaux de l’ovaire. À propos d’une série de 86 cas. Ann Chir 2000;
métastatiques peut également être à risque sur le plan vasculaire 125:163-72.
s’ils adhèrent intimement aux vaisseaux ; leur exérèse doit être [8] Deffieux X, Morice P, Thoury A, Camatte S, Duvillard P, Castaigne D.
prudente et s’effectuer en restant au contact de l’adventice des Extension lymphatique pelvienne et lomboaortique dans le cancer de la
vaisseaux. Une hémorragie postopératoire nécessite éventuelle- trompe : topographie et implications chirurgicales. Gynecol Obstet
ment une reprise au bloc opératoire selon sa répercussion sur Fertil 2005;33:23-8.
l’état clinique. [9] Plentl A, Friedman E. Lymphatics of the fallopian tube. In: Plentl A,
Friedman E, editors. Lymphatic system of the female genitalia.
Lésions nerveuses, urétérales, digestives Philadelphia: WB Saunders; 1971. p. 153-67.
[10] Klein M, Rosen AC, Lahousen M, Graf AH, Rainer A.
Les complications neurologiques sont également possibles. Lymphadenectomy in primary carcinoma of the Fallopian tube. Cancer
Dans l’étude de Panici [32], cinq patientes sur 56 ont présenté Lett 1999;147:63-6.
une neuropathie obturatrice avec déficit des adducteurs et [11] Alvarado-Cabrero I, Young RH, Vamvakas EC, Scully RE. Carcinoma
déficit sensitif de la face médiale de la cuisse. Une neuropathie of the Fallopian tube: a clinicopathology study of 105 cases with obser-
génitofémorale a été identifiée chez quatre patientes présentant vations on staging and prognostics factors. Gynecol Oncol 1999;72:
une insensibilité de la face antéromédiale de la cuisse. Les 367-79.
complications urinaires ou digestives sont davantage liées aux [12] Tamini HK, Figge DC. Adenocarcinoma of the uterine tube: potential
gestes chirurgicaux associés qu’au curage ganglionnaire lui- for lymph node metastases. Am J Obstet Gynecol 1981;141:132-7.
même et leur reconnaissance en peropératoire est indispensable. [13] Di Re E, Grosso G, Raspagliesi F, Baiocchi G. Fallopian tube cancer:
incidence and role of lymphatic spread. Gynecol Oncol 1996;62:
199-202.
Lymphocèles [14] Baekelandt MM, Jorunn Nesbakken A, Kristensen GB, Trope CG,
La lymphocèle pelvienne est une des complications postopé- Abeler VM. Carcinoma of the fallopian tube. Cancer 2000;89:
ratoires fréquente de ce type d’interventions. Les 16 cas de 2076-84.

8 Techniques chirurgicales - Gynécologie


Curages pelviens par laparotomie ¶ 41-732-D

[15] Cosin JA, Fowler JM, Chen MD, Paley PJ, Carson LF, Twiggs LB. [33] Schlaerth JB, Spirtos NM, Carson LF, Boike G, Adamec T,
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transperitoneal or laparoscopic approach? A randomized study. [48] Panici PB,Angioli R. Role of lymphadenectomy in ovarian cancer. Best
Gynecol Oncol 2006;103:859-64. Pract Res Clin Obstet Gynaecol 2002;16:529-51.

O. Graesslin (ograesslin@chu-reims.fr).
P. Terrosi.
Centre hospitalier universitaire, Institut Mère-Enfant Alix-de-Champagne, 45, rue Cognacq-Jay, 51092 Reims cedex, France.
C. Avisse.
J. Journu.
Laboratoire d’anatomie, Faculté de Médecine de Reims, 51100 Reims, France.
C. Quéreux.
Centre hospitalier universitaire, Institut Mère-Enfant Alix-de-Champagne, 45, rue Cognacq-Jay, 51092 Reims cedex, France.
M. Labrousse.
Laboratoire d’anatomie, Faculté de Médecine de Reims, 51100 Reims, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Graesslin O., Terrosi P., Avisse C., Journu J., Quéreux C., Labrousse M. Curages pelviens par laparotomie.
EMC (Elsevier Masson SAS, Paris), Techniques chirurgicales - Gynécologie, 41-732-D, 2007.

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Techniques chirurgicales - Gynécologie 9


41-675
Encyclopédie Médico-Chirurgicale 41-675

Cure de cloisons utérines


par hystéroscopie opératoire
A Gervaise
H Fernandez

Résumé. – La prise en charge thérapeutique des cloisons utérines fait appel à l’hystéroscopie opératoire. Les
indications de cette intervention restent encore controversées mais la faible morbidité et les bons résultats
anatomiques obtenus ont entraîné des indications de plus en plus larges. Le développement récent de
l’énergie bipolaire permet de diminuer encore l’incidence des complications peropératoires et a une place de
choix dans la chirurgie utérine de l’infertilité.
© 2002 Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS. Tous droits réservés.

Mots-clés : malformation utérine, hystéroscopie, infertilité.

Introduction Tableau I. – Classification de Musset et American Fertility Society


(AFS).
Les cloisons utérines représentent la malformation utérine la plus
fréquente. Le développement de l’hystéroscopie opératoire a Musset Afs
considérablement simplifié leur prise en charge thérapeutique qui
Aplasies mullériennes - Bilatérale : syndrome de Type I : hypoplasie, agé-
était réalisée auparavant par laparotomie et hystérotomie Rokitansky-Kuster- nésie
(intervention de Bret-Palmer). L’hystéroscopie opératoire aux Hauser
ciseaux rigides fixés sur une gaine n’est plus de mise. Le traitement - Unilatérale : Type II : utérus unicorne
de ces pathologies est réalisé aujourd’hui par électrochirurgie - unicorne
- pseudo-unicorne
monopolaire [2, 4, 5, 9, 11]. L’électrochirurgie bipolaire, d’introduction
plus récente, semble être tout aussi efficace mais associée à une Troubles de la fusion - Utérus didelphe (bicorne Type III : utérus didelphe
morbidité réduite [6, 7]. bicervical)
- utérus bicorne : Type IV : utérus bicorne
- unicervical total
- unicervical corporéal
Cloisons utérines - unicervical fundique

Les cloisons utérines sont dues à un défaut de résorption, au cours Troubles de la résorption Utérus cloisonné Type V : utérus cloisonné
- total Vb total
de l’organogenèse, de la cloison séparant les deux hémi-utérus
- subtotal Va partiel
initiaux (ou canaux de Müller) qui se sont accolés sur la ligne - corporéal
médiane. Cette cloison se résorbe normalement de bas en haut : du - fundique
col jusqu’au fond utérin. Cette anomalie de la résorption peut
survenir entre 11 et 16 semaines de grossesse, ce qui explique
l’existence d’utérus cloisonnés totaux (avec parfois deux cols et une La corrélation entre les deux classifications est indiquée dans le
cloison vaginale), de cloisons partielles ou de simples éperons tableau I.
fundiques. Il n’existe jamais d’anomalie associée de l’appareil
urogénital.
Indications et contre-indications
Classifications de Musset à un traitement hystéroscopique
et American Fertility Society (AFS) – Indications formelles : antécédent d’accident obstétrical de type
fausse couche tardive ou accouchement prématuré.
La classification de Musset de 1964 est la plus usitée en France. Une – Indications possibles : antécédents de plusieurs fausses couches
autre classification définie par l’AFS en 1988 est davantage utilisée spontanées du premier trimestre.
dans le monde.
– Indications controversées : avant traitement par fécondation in
vitro (à titre préventif).
– Contre-indications :
Amélie Gervaise : Chef de clinique-assistant.
Hervé Fernandez : Professeur des Universités, praticien hospitalier. – contre-indications anesthésiques ;
Service de gynécologie-obstétrique, hôpital Antoine Béclère, 157, rue de la Porte-de-Trivaux, 92140 Clamart,
France. – infections génitales ;

Toute référence à cet article doit porter la mention : Gervaise A et Fernandez H. Cure de cloisons utérines par hystéroscopie opératoire. Encycl Méd Chir (Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS, Paris, tous droits réservés),
Techniques chirurgicales - Gynécologie, 41-675, 2002, 4 p.
41-675 Cure de cloisons utérines par hystéroscopie opératoire Techniques chirurgicales

– grossesse ; – ciseaux de Mayo ;


– utérus bicorne. – dilatateurs : bougies de Hegar n° 1 à n° 10 (diamètre croissant de
0,5 ou 1 mm) ;

Bilan préopératoire – hystéromètre ;


– hystéroscope : optiques entre 2,7 et 4 mm de diamètre.
Le bilan préopératoire est important et comporte une L’orientation utilisée habituellement en hystéroscopie opératoire est
hystérographie, une hystéroscopie diagnostique et une échographie de 12°.
pelvienne associée éventuellement à une échographie vaginale avec
accentuation de contraste (EVAC). Le but de ces examens est de – Hystéroscopie monopolaire :
s’assurer qu’il s’agit bien d’une cloison et non d’un utérus bicorne et
– résectoscope de 7 à 9 mm à deux gaines, interne (irrigation) et
de faire le bilan complet d’une éventuelle autre cause de stérilité.
externe (lavage) ;
Lors de l’échographie, il est essentiel de mesurer l’épaisseur de la
cloison utérine, sa hauteur et la profondeur du myomètre sain au- – poignée opératoire passive (électrode rentrée) ou active
dessus de la cloison jusqu’à la séreuse. Lorsque l’échographie (électrode sortie) ;
montre un enfoncement en coin de la face postérieure de la vessie – électrode en pointe ou couteau.
entre deux hémi-utérus, le diagnostic s’oriente vers un utérus
bicorne. – Hystéroscopie bipolaire :
Un traitement préopératoire avec des progestatifs de type prégnane – résectoscope à deux gaines de 5 mm avec un canal opérateur à
du danazol, ou des analogues de la gonadotrophin releasing hormone double courant ;
(GnRH) peut être prescrit pendant 1 mois. Son but est de préparer
l’endomètre. Dans ce cas, l’intervention est programmée vers j28. – électrode de résection de type torsadé.

Technique RÉGLAGE DU SYSTÈME

¶ Système monopolaire
INSTALLATION
– Anesthésie générale ou locorégionale ou bloc paracervical ; La technique de résection décrite utilise le courant monopolaire. La
pompe d’irrigation-aspiration doit être préalablement réglée pour
– position gynécologique ; maintenir durant toute la procédure une pression intra-utérine
– désinfection périnéale et cervicovaginale ; (100 mmHg, un débit à 250 mL/s, une aspiration à 0,2 bar et une
– antibioprophylaxie à l’induction anesthésique afin d’éviter les puissance à 45 W. Il faut limiter la durée de l’intervention à 45
risques d’endométrites ; minutes. Le volume total de glycocolle utilisé ne doit pas dépasser
6 L. Un bilan précis des entrées et des sorties du liquide de
– sonde vésicale (facultatif). distension doit être réalisé. L’intervention doit être stoppée
immédiatement si l’irrigation se fait sans récupération. En cas de
MATÉRIEL déficit important (> 500 mL) ou d’intervention longue, un
ionogramme sanguin doit être pratiqué après l’intervention afin de
– Caméra et moniteur ;
dépister une complication métabolique (hyponatrémie).
– dispositifs de contrôle des milieux de distension : le but est de
maintenir une distension utérine constante. La pression est contrôlée
¶ Système bipolaire
de façon permanente par des systèmes de lavage-aspiration ;
– milieu de distension : glycocolle avec l’énergie monopolaire et Les systèmes d’électrochirurgie par vaporisation bipolaire sont plus
sérum physiologique avec l’énergie bipolaire ; récents et semblent apporter une efficacité équivalente et une
réduction de la morbidité. La pompe d’irrigation-aspiration doit être
– source de lumière : les lumières froides utilisées sont communes à
préalablement réglée pour maintenir un débit à 150 mL/s, une
l’hystéroscopie diagnostique, à l’hystéroscopie opératoire et à la
pression à 80 mmHg et une puissance inférieure ou égale à 100 W. Il
laparoscopie ;
n’y a pas de limitation dans la durée de l’intervention.
– générateur de courant à haute fréquence :
L’intérêt des systèmes bipolaires est qu’ils sont plus sûrs, car ils
– l’électrorésection monopolaire utilise des courants à haute peuvent être utilisés avec du sérum physiologique comme milieu de
fréquence (> 300 000 Hz). La section est obtenue par effet distension, diminuant ainsi les complications métaboliques. De plus,
thermique ; avec le système 5 F, aucune dilatation cervicale n’est nécessaire, ce
– courant bipolaire : le milieu de distension est le sérum qui diminue les risques de faux trajets et de perforations.
physiologique (diminution des risques de complications
métaboliques) et le canal opérateur est de 5 F, ce qui évite la
TEMPS PRÉOPÉRATOIRE
dilatation cervicale. La vaporisation bipolaire utilise une énergie à
haute fréquence vaporisant instantanément le tissu en créant une
poche de vapeur enveloppant l’électrode active qui vaporise les ¶ Installation de la patiente
tissus à son contact. En mode dessiccation, aucune poche de Un toucher vaginal doit être réalisé pour juger de la position utérine
vapeur n’est créée, laissant le sérum agir comme valve de avant dilatation. Un spéculum est mis en place et le col de l’utérus
dérivation du courant. La puissance maximale utilisée par les est saisi par deux pinces de Pozzi, placées à 3 h et à 9 h, afin
générateurs est de 200 W.
d’exercer une traction de l’utérus pour le placer dans une position
intermédiaire et corriger une antéversion ou une rétroversion trop
INSTRUMENTATION importante. Une hystérométrie est réalisée systématiquement avant
– Matériel usuel : la dilatation. Le col est ensuite dilaté à l’aide de bougies de Hegar
de diamètre progressivement croissant. La dilatation du col doit être
– spéculum à valves démontables ; prudente afin d’éviter une perforation utérine (elle ne sera réalisée
– deux pinces de Pozzi ; qu’en cas d’utilisation du système monopolaire).

2
Techniques chirurgicales Cure de cloisons utérines par hystéroscopie opératoire 41-675

aspect est typique. L’apparition d’un petit saignement doit faire


arrêter la procédure, car elle traduit habituellement la section
complète de la cloison.
En fin d’intervention, il est préférable de laisser un discret éperon
fundique de sécurité, toujours inférieur à 1 cm, afin de ne pas
fragiliser le myomètre fundique. Nous cessons l’intervention quand
nous visualisons les deux ostia tubaires dans le même plan
hystéroscopique. Ceci est important car en voulant couper trop loin,
le risque de perforation s’accroît.
Certains auteurs préconisent une échographie peropératoire de
contrôle pour s’assurer de l’absence de perforation.

¶ Cas particuliers

Cloison utérine atteignant le col


Lorsque la cloison utérine atteint le col, elle est sectionnée en
premier aux ciseaux froids ou avec l’électrode coupante d’un
bistouri électrique. Cette section est débutée au niveau du col par
section de l’orifice externe vers l’utérus. La section de la cloison
utérine est poursuivie en respectant le plan des orifices tubaires.
*
A
Cloison utérine large
1 Section de cloison utérine Lorsque la cloison utérine est large, la procédure s’arrête dès
A. Cloison utérine. l’apparition d’un saignement. L’intervention doit alors se dérouler
B. Niveau de section de la cloison. en deux étapes : une deuxième intervention est programmée 2 mois
plus tard afin de terminer l’intervention.

Cloison vaginale associée


Le temps opératoire commence par la section de la cloison vaginale
en électrochirurgie monopolaire avec résection de la cloison
jusqu’aux culs-de-sac antérieur et postérieur et suture des faces
antérieure et postérieure du vagin à l’aide de fil résorbable par des
points séparés.
*
B Ensuite, l’opérateur se retrouve dans la situation d’une cloison
vaginale atteignant le col.

¶ Introduction du résectoscope
L’optique, le résectoscope et l’électrode sont ensuite assemblés puis Prise en charge postopératoire
connectés à la lumière froide, à la caméra, au générateur électrique
et aux tubulures d’irrigation et de lavage. Le résectoscope est alors Aucun dispositif intra-utérin n’est mis en place [10].
introduit sous contrôle vidéo après avoir purgé les tubulures des Une œstrogénothérapie est réalisée pendant 2 mois afin de
bulles d’air. programmer facilement l’hystéroscopie de contrôle (mais son intérêt
thérapeutique n’est pas démontré).
¶ Repères – En période postopératoire immédiate : si le bilan des entrées-
Il est essentiel de faire un bilan visuel complet de la cavité utérine. sorties est supérieur à 500 mL, il faut réaliser un ionogramme
Les deux ostia tubaires doivent être parfaitement repérés. sanguin.
– À 2 mois, une hystéroscopie diagnostique de contrôle est réalisée
en consultation :
INTERVENTION
– afin de dépister d’éventuelles synéchies. Ces synéchies sont
Le but est de sectionner et non pas de réséquer la cloison utérine souvent fines et aisément levées par l’extrémité biseautée de
afin de ne pas détruire l’endomètre. L’intervention, constamment l’optique ;
réalisée sous contrôle de la vue, consiste à sectionner la cloison
utérine transversalement à mi-distance entre les deux faces utérines – en cas de cloison, si l’éperon utérin est supérieur à 1 cm, un
jusqu’à visualisation des deux ostia tubaires dans le même champ deuxième temps opératoire doit être prévu.
hystéroscopique (fig 1). Le seul critère de réussite est l’obtention d’une grossesse se
terminant dans de bonnes conditions, avec un enfant vivant.
¶ Temps opératoire
La section est réalisée de proche en proche par attouchements Complications
réguliers de l’électrode. La cloison utérine est sectionnée
transversalement en débutant à son apex, à mi-distance entre les
deux faces. La cloison utérine se rétracte alors et s’incorpore aux COMPLICATIONS MÉCANIQUES
deux faces utérines. La distension utérine est favorisée au fur et à La perforation utérine est la complication la plus fréquente. Elle
mesure de la section de la cloison utérine (la cavité s’ouvre comme survient lors de la dilatation cervicale, ou bien lors de la résection
un livre) et la cavité retrouve progressivement un aspect normal. de la cloison. Si la perforation est méconnue, il existe un risque de
Le tissu de la cloison est fibreux et ne saigne pas. Nous remarquons brûlure viscérale, raison pour laquelle certains auteurs préconisent
la fin de la cloison à ce que le myomètre sain devient apparent. Son une échographie peropératoire, voire une cœlioscopie.

3
41-675 Cure de cloisons utérines par hystéroscopie opératoire Techniques chirurgicales

COMPLICATIONS INFECTIEUSES contrôle attentif des entrées et des sorties de liquide est certainement
Une endométrite posthystéroscopique survient dans 1 à 5 % des le plus important.
cas [3]. La prévention de ces endométrites repose sur l’utilisation
d’une antibiothérapie systématique par céphalosporine en COMPLICATIONS TARDIVES
peropératoire.
Risque de fausse couche tardive ou d’accouchement prématuré. En
effet, la cure chirurgicale d’une cloison utérine ne règle pas le
COMPLICATIONS MÉTABOLIQUES
problème des béances fonctionnelles souvent associées à ce type de
pathologie. L’indication d’un cerclage systématique dans ce contexte
Les complications métaboliques sont liées au passage dans est débattue. L’échographie du col semble avoir un intérêt dans ce
l’organisme d’une partie importante du liquide de lavage, pouvant contexte pour poser l’indication d’un cerclage semi-tardif. En cas
conduire à une hémodilution. Ce « syndrome de la résection d’association à des antécédents de fausses couches tardives ou
transurétrale » a été décrit d’abord par les urologues [1] . La d’accouchement très prématuré, on peut proposer un cerclage type
prévention répond à certaines règles de sécurité parmi lesquelles le Shirodkar [8].

Références
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résection trans-uréthrale. J Urol 1981 ; 87 : 700-702 1986 ; 45 : 726-728 Elsevier SAS, Paris), 2000 : 41-895, Techniques chirurgica-
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4
41-735
Encyclopédie Médico-Chirurgicale 41-735

Exentérations pelviennes
D Castaigne
P Morice
Résumé. – L’exentération pelvienne est souvent la seule possibilité thérapeutique des récidives
centropelviennes des cancers du col utérin déjà traités par radiothérapie externe (associée ou non à une
chirurgie et/ou une chimiothérapie). L’exentération curative, définie d’une part par une exérèse complète de
la récidive avec des marges d’exérèse saine et d’autre part par l’absence d’extension métastatique, donne de
bons résultats (50 % de survie à 2 ans dans notre expérience). La morbidité et la mortalité de cette chirurgie
restent importantes. Mais les techniques de comblement et de reconstruction permettent de diminuer la
morbidité et d’optimiser la qualité de vie des patientes.
© 2001 Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS. Tous droits réservés.

Mots-clés : cancer du col utérin, récidive, radiothérapie, pelvectomie, chirurgie de reconstruction.

Introduction 1 Limites de l’exérèse


dans l’exentération anté-
Le terme « exentération pelvienne » regroupe une série rieure sans périnectomie.
d’interventions de la sphère gynécologique qui associent une exérèse
élargie de l’appareil génital à une ablation partielle ou totale de la
vessie et/ou du rectosigmoïde. Cette chirurgie est indiquée :
– principalement dans les récidives centropelviennes des cancers du
col traités initialement par radiothérapie externe (± chirurgie ou
chimiothérapie) ne permettant pas une irradiation complémentaire ;
ces récidives peuvent survenir assez tardivement par rapport à la
fin du traitement (plusieurs années) ;
– plus rarement en cas de poursuite évolutive en cours ou moins de
6 mois après la fin du traitement.
Quatre types d’interventions sont ainsi définis :
– exentération antérieure, qui emporte la totalité de la vessie (fig 1) ;
– exentération postérieure, qui emporte le rectum ou le
rectosigmoïde (fig 2) ;
– exentération totale, qui emporte vessie et rectum (fig 3) ; indemnes de toute infiltration tumorale et d’autre part par l’absence
– exentération atypique ou partielle qui emporte une partie de la d’extension extrapelvienne de la récidive ;
vessie ou du rectosigmoïde. – les exentérations palliatives, définies par une résection incomplète
de la récidive avec atteinte par la tumeur d’au moins une des zones
de section chirurgicale et/ou par l’existence de métastase
Indications thérapeutiques extrapelvienne. Ce type d’exentération ne devrait pas, a priori, être
réalisé.
Il faut distinguer, dans l’analyse des indications, des contre-
indications et des résultats que nous verrons plus loin, deux types
RÉCIDIVES DES CANCERS DU COL UTÉRIN
d’exentération :
Ces récidives peuvent survenir, soit chez des patientes ayant été
– les exentérations curatives, définies d’une part par une exérèse traitées par association radiochirurgicale pour des formes limitées
complète de la récidive avec des marges de résection chirurgicale (stades I et II) présentant le plus souvent des facteurs de risque
(envahissement ganglionnaire), soit chez des patientes traitées par
radiothérapie exclusive pour des formes évoluées (stades III et IV).
Damienne Castaigne : Chef de service. En dehors de rares récidives vaginales basses, accessibles à une
Philippe Morice : Assistant.
Service de chirurgie gynécologique, institut Gustave Roussy, 35, rue Camille-Desmoulins, 94805 Villejuif,
curiethérapie, la seule possibilité thérapeutique de ces récidives
France. survenant en zone irradiée est alors chirurgicale : il s’agit

Toute référence à cet article doit porter la mention : Castaigne D et Morice P. Exentérations pelviennes. Encycl Méd Chir (Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS, Paris, tous droits réservés), Techniques chirurgicales -
Gynécologie, 41-735, 2001, 23 p.
41-735 Exentérations pelviennes Techniques chirurgicales

2 Coupes de profil du bassin montrant les limites


de l’exérèse dans l’exentération postérieure avec (A1) ou sans
périnectomie (A2), réséquant soit la totalité du vagin (B1), soit
seulement la paroi postérieure (B2).

*
A *
B

3 Limites de l’exérèse dans l’exentération totale (dite « in-


fralévatorienne ») avec (A) ou sans périnectomie (dite « supra-
lévatorienne ») (B).

*
A
*
B

d’exentération de rattrapage, la chimiothérapie étant généralement CANCER DU COL UTÉRIN EN POURSUITE ÉVOLUTIVE
inopérante dans ces formes déjà traitées par irradiation externe. En cas de persistance d’un foyer tumoral à la fin de l’irradiation
Il faut distinguer trois types de récidive pelvienne : et/ou de poursuite évolutive survenant chez une femme jeune en
bon état général, une chirurgie de rattrapage à type d’exentération
– les formes centropelviennes à développement antérieur et/ou
pelvienne peut être discutée.
postérieur ; l’exentération pelvienne trouve là ses meilleures
indications ;
– les formes à développement latéral maximal avec une infiltration Contre-indications
massive du ou des paramètres : ces formes ne relèvent pas
classiquement d’un traitement chirurgical ;
Ce type de chirurgie particulièrement lourd présente de nombreuses
– les formes révélées par une fistule rectovaginale ou contre-indications.
vésicovaginale : une laparotomie première s’impose alors pour juger
des possibilités d’exérèse et réaliser au minimum une dérivation – Contre-indications générales : ce sont celles de toute chirurgie
urinaire ou une colostomie définitive ou les deux à la fois dans un majeure : âge, état général, affections cardiovasculaires ou rénales,
but de confort. Actuellement, le développement des techniques obésité, affections respiratoires chroniques ; un bilan médical
urologiques de radiologie interventionnelle (pyélostomie, pose préopératoire est donc indispensable.
d’endoprothèse urétérale) permet d’éviter souvent les – Contre-indications carcinologiques : elles sont à rechercher lors du
urétérostomies cutanées bilatérales à visée palliative. bilan préopératoire : métastases osseuses, pulmonaires, hépatiques...
Avant d’envisager une éventuelle exentération, une confirmation – Contre-indications anatomiques : envahissement local ou
histologique de la récidive doit être obtenue, soit par biopsie locorégional interdisant la pratique d’une exérèse
vaginale lorsque la récidive atteint la muqueuse vaginale, soit lors carcinologiquement satisfaisante (évaluation préopératoire parfois,
d’une ponction sous scanner lorsque la récidive est plus profonde. peropératoire le plus souvent) : atteinte ganglionnaire
L’extension de la récidive est évaluée grâce à des examens lomboaortique, carcinose péritonéale, métastase hépatique...
radiologiques systématiques : radiographie thoracique (pour
éliminer des métastases pulmonaires), tomodensitométrie (TDM) et – Contre-indications d’ordre psychologique : il est en effet parfois
imagerie par résonance magnétique nucléaire (IRM) pour préciser impossible de faire accepter l’infirmité d’une stomie cutanée (type
l’extension locorégionale et donc la résécabilité de la récidive. En Bricker) ou d’un anus artificiel à certaines patientes peu éduquées
cas de suspicion d’envahissement vésical et/ou rectal, celui-ci ou de psychisme faible.
pourra être confirmé par une cystoscopie et/ou rectoscopie avec L’évaluation de l’opérabilité, visant a priori à diminuer le taux
biopsies dirigées. d’exentérations palliatives, dépend de ces différents facteurs.

2
Techniques chirurgicales Exentérations pelviennes 41-735

4 Incision médiane sous- 5 Exposition utilisant


et sus-ombilicale (deux à un écarteur d’Olivier en
trois travers de doigts au- haut et en bas et un écarteur
dessus de l’ombilic). Sto- de Gosset latéralement.
mies repérées la veille de
l’intervention en position
debout.

En tout état de cause, on n’est pas autorisé à pratiquer une


exentération pelvienne, même si elle se présente de la façon la plus Une exploration abdominale soigneuse doit être faite à la recherche
favorable sur le plan anatomique, sans s’être entretenu longuement de métastases passées inaperçues lors du bilan préopératoire :
au préalable avec la malade à qui l’on expose clairement toutes les hépatiques, digestives, épiploïques ou péritonéales ; de même
données du problème, tout au moins tous les détails concernant la qu’une palpation des aires ganglionnaires (la découverte
mutilation qu’elle doit subir et sans qu’elle ait donné une acceptation d’adénopathies métastatiques pelviennes ou lomboaortiques est une
ferme et coopérante. Une consultation préalable de stomathérapie contre-indication à l’intervention).
est indispensable.
Appréciation de l’extirpabilité de la tumeur :
– en avant : décollement de l’espace de Retzius et mobilisation de la
Technique opératoire de la chirurgie vessie qui permet de s’assurer de l’absence d’adhérences
néoplasiques au pubis ;
d’exérèse
– en arrière : décollement de l’espace présacré (essentiellement pour
Cette chirurgie ne peut être effectuée que par des chirurgiens les tumeurs à développement postérieur) ;
entraînés aux techniques de la chirurgie pelvienne, de chirurgie – latéralement : recherche d’un envahissement des vaisseaux
digestive, urinaire et de reconstruction. iliaques et des parois pelviennes.
Quel que soit le type d’exentération à réaliser, il existe un certain
nombre de temps communs :
EXENTÉRATION ANTÉRIEURE
– préparation colique préopératoire et correction des éventuels Premier temps : identique à celui de la colpohystérectomie élargie.
troubles métaboliques ; Ligature et section des pédicules lombo-ovariens, ligature et section
– antibiothérapie prophylactique ; des ligaments ronds, ouverture du ligament large (fig 6). La
lymphadénectomie iliaque externe bilatérale est ensuite effectuée
– anticoagulant débuté la veille de l’intervention sous forme
après découverte des deux uretères.
d’héparine de bas poids moléculaire.
Deuxième temps : section des uretères (fig 7).
Cette section doit se faire en zone saine ; il est possible d’effectuer
INSTALLATION ET EXPLORATION un examen extemporané de la zone de section afin de s’assurer de
La patiente est installée en position gynécologique en double équipe. l’intégrité de l’extrémité distale de l’uretère. Les uretères sont alors
Certains auteurs proposent une cœlioscopie première afin de intubés sur sonde urétérale de calibre adapté et fixés à cette sonde
rechercher une contre-indication majeure éventuelle à la réalisation par un point de Vicrylt 3/0.
de l’exentération [14, 43]. Cette cœlioscopie a pour but de rechercher Troisième temps : décollement antérieur et abord du col vésical (fig 8).
une carcinose péritonéale lors de l’exploration laparoscopique et L’espace de Retzius (dont le décollement a déjà été effectué pour
d’effectuer une exploration ganglionnaire lomboaortique à la apprécier l’extirpabilité de la tumeur) est clivé jusqu’à l’aponévrose
recherche d’un envahissement ganglionnaire qui contre-indiquerait pelvienne. Ce clivage est pratiquement exsangue et permet
toute chirurgie d’exérèse. Néanmoins, la réalisation d’une d’atteindre le col vésical, l’urètre et la paroi antérieure du vagin.
cœlioscopie chez ces patientes souvent traitées par radiothérapie
externe et chirurgie n’est pas toujours techniquement simple et sans Quatrième temps : repérage et ligature de l’artère hypogastrique, à
risque, en particulier au niveau digestif. son origine, si nécessaire (fig 9).
Découverte du tronc ombilico-utérin, ligature et section de l’artère à
On réalise une laparotomie avec incision médiane largement
son origine.
prolongée au-dessus de l’ombilic (fig 4). L’exposition est large,
effectuée au mieux par trois écarteurs autostatiques : écarteur Cinquième temps : ligature et section des ligaments utérosacrés
d’Olivier en haut et en bas et écarteur de Gosset latéralement (fig 5). (fig 10).
L’abord purement abdominal, moins choquant et exposant moins Ouverture du cul-de-sac de Douglas aux ciseaux mousses,
aux complications postopératoires que l’abord mixte refoulement du rectum au doigt (fig 11). Ce décollement n’est
périnéoabdominal, doit être préféré s’il est carcinologiquement pratiquement pas hémorragique et permet de dégager très
possible (absence d’envahissement du canal anal, du bas rectum, de largement vers le bas la face postérieure du vagin. Cette manœuvre
la moitié inférieure du vagin, de l’urètre). permet généralement d’affirmer l’intégrité du rectum : en cas de

3
41-735 Exentérations pelviennes Techniques chirurgicales

*
B

*
A *
C

6 Ligature-section des pédicules lombo-ovariens (A) et des ligaments ronds (B), puis décollement sous-péritonéal (C).

7 La lymphadénectomie 9 Ligature préventive de


pelvienne bilatérale étant l’artère hypogastrique, si
réalisée, les uretères sont nécessaire.
sectionnés le plus bas possi-
ble et cathétérisés sur sonde.
Incision du péritoine vésical
au contact de la symphyse
pubienne.

doute, surtout lorsqu’il existe une sclérose postradiothérapique, on


8 Décollement de la face demande un examen histologique extemporané des zones suspectes.
antérieure de la vessie
et abord du col vésical. Sixième temps : section urétrale et colpotomie.
Section du col vésical ou de l’urètre (fig 12). Ouverture au bistouri
de la paroi vaginale antérieure en zone saine (fig 13) puis section de
la paroi postérieure du vagin aussi bas que nécessaire. Ceci ne pose
aucun problème si le décollement antérieur a été suffisant. La paroi
vaginale postérieure est attirée en avant afin de terminer le
décollement rectovaginal (fig 14).
L’hémostase de la tranche vaginale est assurée par des points en
« X » au niveau des angles, le vagin est fermé par un surjet ou des
points en « X ».
Le temps d’exérèse est alors terminé (fig 15) : les techniques de
dérivation urinaire et de traitement de la cavité pelvienne sont
exposées plus loin.

EXENTÉRATION POSTÉRIEURE
Les indications en sont assez rares car les récidives à développement
uniquement postérieur sont peu fréquentes.
L’étendue de l’exérèse est variable mais il est souvent possible de
conserver la partie basse du rectum ainsi que le canal anal

4
Techniques chirurgicales Exentérations pelviennes 41-735

10 Ligature-section des ligaments utérosacrés (A) et du


tronc ombilico-utérin (B).

*
A *
B

11 Incision du cul-de-sac 13 Colpotomie anté-


de Douglas. Décollement rieure.
rectovaginal prolongé le
plus bas possible.

12 Section de l’urètre.
La technique chirurgicale est proche de celle de la résection
rectosigmoïdienne par voie abdominale (anterior resection des
auteurs anglo-saxons).
– Le premier temps est identique à celui de la colpohystérectomie
élargie avec curages pelviens et un clivage vésicovaginal poussé le
plus loin possible. On effectue ensuite le repérage et éventuellement
la ligature du tronc antérieur de l’hypogastrique à son origine si
nécessaire (fig 16).
Ce temps permet de juger de l’extirpabilité de la tumeur. Celle-ci
étant acquise, on effectue la section du sigmoïde en zone saine (5 cm
au-dessus de la tumeur environ) après section du méso en regard et
ligature du pédicule hémorroïdal supérieur (fig 17). La section
sigmoïdienne peut être effectuée sans ouverture préalable grâce à
l’utilisation d’une pince automatique type GIAt, ce qui supprime
un temps septique.
– Le deuxième temps est celui du décollement rétrorectal qui doit
être poussé nettement sous la tumeur (ce clivage du plan présacré
ne pose généralement aucun problème) (fig 18) associé à la ligature-
section des utérosacrés (fig 19).
permettant généralement ainsi un abord abdominal exclusif et un La pièce est alors mobilisable, ce qui facilite son exérèse.
rétablissement immédiat de la continuité pour les patientes en bon – Le troisième temps est celui de la colpotomie : ouverture de la
état général et n’ayant pas reçu une dose trop élevée de radiations. paroi vaginale antérieure au bistouri, désinfection vaginale, section

5
41-735 Exentérations pelviennes Techniques chirurgicales

14 La colpotomie termi- 16 Exentération posté-


née, la partie basse rieure : après avoir repéré
du décollement rectovaginal les deux uretères (sur lacs)
est effectuée, aux ciseaux et réalisé la lymphadénec-
mousses, de bas en haut. tomie pelvienne bilaté-
rale, l’artère utérine est
repérée et éventuellement
sectionnée.

15 Aspect du pelvis après 17 Section de l’anse sig-


exentération antérieure. moïdienne (5 cm au-dessus
de la tumeur) à la pince
GIAt, après section du
méso et ligature du pédicule
hémorroïdal supérieur.

de la paroi vaginale postérieure aux ciseaux largement sous menée par deux voies abdominale et périnéale qui se rejoignent sur
l’envahissement tumoral. La pièce n’est plus alors retenue que par le plan postérieur (plan présacré). L’étendue de la colpectomie est
le rectum et les ailerons latéraux (fig 20). fixée par l’extension des lésions.

– Le quatrième temps est celui de la section du rectum, après


ligature des ailerons. Afin d’éviter la contamination de la cavité EXENTÉRATION TOTALE
abdominale, on effectue la section rectale en utilisant, soit une pince On distingue deux types d’exentération totale en fonction du niveau
mécanique type TAt (fig 21), soit les ciseaux entre un clamp digestif de l’exérèse par rapport aux muscles releveurs de l’anus :
et une pince de Kocher longue. l’exentération supralévatorienne et l’exentération infralévatorienne
L’anastomose digestive, si elle est possible, peut être effectuée qui est associée à une périnectomie (fig 3). Ce temps opératoire est
manuellement par deux surjets de fils résorbables 3/0, ou grâce à la abordé plus loin.
pince mécanique EEAt par voie endoanale en fonction de la hauteur Quel que soit son type, les premiers temps de l’exentération totale
de cette anastomose (fig 22). sont similaires. Une opération stéréotypée est rarement possible : les
Il est souvent nécessaire, pour effectuer cette anastomose sans modalités techniques utilisées varient non seulement avec la taille et
traction, de décrocher l’angle colique gauche et il est parfois plus la localisation de la lésion mais aussi avec le degré de sclérose des
prudent d’effectuer une colostomie ou iléostomie de décharge, paramètres due à l’irradiation initiale.
surtout lorsque l’anastomose effectuée est basse. L’exentération totale de principe est actuellement considérée comme
Lorsqu’il n’est pas possible de conserver le canal anal en raison de l’intervention de choix dans les récidives pelviennes massives des
l’extension tumorale vaginale postérieure, l’intervention à pratiquer cancers du col survenant après irradiation maximale dans le but de
est l’amputation abdominopérinéale du rectum, élargie à l’utérus diminuer le risque de résection tumorale incomplète et d’éviter les
(fig 23). Cette intervention, qui n’a pas de particularité notable, est complications fistuleuses de l’organe laissé en place [3, 24, 27, 30, 56].

6
Techniques chirurgicales Exentérations pelviennes 41-735

18 Décollement rétrorec- 21 Section du rectum à la


tal : le plan de clivage présa- pince TAt.
cré est aisément effectué
manuellement.

22 L’anastomose, si elle est possible,


peut être manuelle ou mécanique à l’aide
19 Section des utérosa- de la pince EEAt.
crés au contact du sacrum.

20 Après avoir réalisé la


colpotomie, les ailerons du
rectum sont liés et section- Dans ces circonstances, la dissection manuelle de première intention
nés. par voie sous-péritonéale est essentielle : elle doit être prudente et
se faire de proche en proche.
Après avoir incisé le feuillet antérieur du ligament large, repéré les
uretères et les vaisseaux iliaques (fig 24), les uretères sont sectionnés
le plus loin possible. Puis, la masse est libérée au doigt des parois
pelviennes latérales (aponévrose de l’obturateur interne et
aponévrose pelvienne) puis les espaces pararectaux et paravésicaux
(fig 25) sont successivement effondrés. C’est le temps le plus délicat
car une plaie accidentelle d’une des veines du plexus hypogastrique
est un réel danger.
Pour éviter cette blessure, il faut veiller à ne pas s’éloigner trop
latéralement de la pièce au cours des ligatures vasculaires qui vont
suivre.
Cependant, en cas de blessure veineuse, plutôt que de tenter une
hémostase en plaçant de façon aveugle des pinces hémostatiques, il
est préférable de temporiser en mettant un champ compressif au
niveau de la plaie et de terminer rapidement l’exérèse. Le pelvis
libre, l’hémostase devient beaucoup plus facile.

7
41-735 Exentérations pelviennes Techniques chirurgicales

23 La périnectomie est 26 Décollement rétrorec-


réalisée si le canal anal est tal et section des ailerons la-
envahi selon le même prin- téraux du rectum.
cipe que l’amputation abdo-
minopérinéale, élargie à
l’utérus.

24 Exentération totale.
En avant, après avoir incisé le péritoine entre la vessie et la
Le temps initial est identi- symphyse pubienne, l’espace de Retzius est effondré jusqu’au col
que à celui de l’exentération vésical et au vagin antérieur par voie extrapéritonéale.
antérieure : repérage et liga- En arrière, après avoir incisé le péritoine présacré, le décollement
ture préventive des artères rétrorectal est effectué au doigt (fig 26) : il est poussé le plus loin
hypogastriques (si néces- possible et permet de constater qu’il n’y a pas d’envahissement
saire).
sacrococcygien. Les ligaments utérosacrés sont ainsi individualisés
et seront plus tard liés et sectionnés au niveau de leur insertion sur
le sacrum. Ces manœuvres permettent de libérer la masse de part
en part et de constater que l’exérèse en monobloc est techniquement
possible (fig 27).

¶ Devant une récidive pelvienne massive


postradiothérapique ou postradiochirurgicale
L’abord abdominal est généralement suffisant, sauf dans les cas rares
où existe un envahissement du vagin jusqu’à son tiers inférieur
et/ou du canal anal qui imposent d’associer un temps périnéal plus
délabrant puisqu’il supprime de fait tout plancher pelvien.
La ligature première préventive des artères hypogastriques est
conseillée devant une fibrose pelvienne importante. La ligature-
section d’une ou des deux artères hypogastriques peut être
nécessaire.
La lymphadénectomie pelvienne, qui doit être systématique, est
25 Il existe souvent une négligée dans deux circonstances :
fibrose dense au niveau des – elle a déjà été réalisée lors d’une chirurgie initiale ;
paramètres nécessitant une
prise en masse des paramè- – elle ne peut être faite en raison d’une fibrose périvasculaire très
tres le plus près possible des dense.
parois pelviennes latérales L’intervention est généralement terminée par une dérivation urinaire
et section. externe et par une anastomose digestive basse ou une colostomie
définitive.

EXENTÉRATION ATYPIQUE OU PARTIELLE


Ce sont généralement des interventions effectuées à la demande
devant des lésions soupçonnées lors de l’examen clinique et
découvertes au cours de la laparotomie exploratrice.
Ces interventions associent généralement une colpohystérectomie
élargie avec lymphadénectomie bilatérale à une résection urétérale,
à une cystectomie partielle ou à une hémicystectomie, voire à une
résection partielle du rectum.
Il n’est pas possible de donner ici une liste exhaustive ni une
description complète de toutes les interventions possibles ; nous
indiquons donc de façon forcément schématique celles qui sont le
plus souvent réalisées en fonction des lésions anatomiques
observées.

8
Techniques chirurgicales Exentérations pelviennes 41-735

*
C
*
A *
B

27 A, B. L’exentération totale est pratiquement terminée. Exérèse monobloc après section d’avant en arrière de l’urètre,
du vagin (A), du rectum (B).
C. Le rectum peut être sectionné à la pince TAt.
D. L’exentération est terminée. À noter, dans ce cas, la section bilatérale de l’artère hypogastrique, parfois néces-
saire, et la fermeture manuelle du vagin.

*
D

– Tantôt, et c’est une éventualité assez rare, les lésions constatées – soit par une urétéro-néo-cystostomie ;
sont moins importantes que prévues cliniquement : l’infiltration
– soit par une fermeture vésicale et une urétérostomie cutanée ;
paramétriale n’atteint pas en réalité la paroi pelvienne et la portion
toute terminale des uretères apparaît sténosée dans sa traversée – soit par une urétéro-iléocystoplastie.
paramétriale par une gangue néoplasique ou envahie par contiguïté :
il est alors possible de réaliser une colpohystérectomie élargie avec – Tantôt la vessie est le siège d’un envahissement limité à la région
lymphadénectomie bilatérale associée à une résection du segment trigonale et les lésions n’intéressent que la portion terminale
terminal de l’uretère envahi ou sténosé. juxtavésicale des deux uretères. C’est l’indication d’une cystectomie
La longueur des uretères est généralement suffisante pour qu’il soit partielle avec réimplantation vésicale des deux uretères associée à
possible de réaliser une urétéronéocystostomie uni- ou bilatérale, une colpohystérectomie élargie avec lymphadénectomie bilatérale
c’est-à-dire une réimplantation urétérale dans le dôme vésical sans (fig 28, 29, 30, 31, 32).
utiliser aucun artifice et sur sonde urétérale laissée en place 21 jours. Il est des cas où la résection vésicale et urétérale doit être plus
Dans les cas où les uretères sont trop courts et la vessie impossible à importante ; il faut alors recourir à l’urétéro-iléo-cystoplastie (fig 33) :
mobiliser de façon suffisante et en l’absence de lésion radique, le
remplacement urétéral peut être réalisé par une urétéro-iléo- – les deux uretères sont courts : ils sont alors abouchés à l’extrémité
cystoplastie utilisant un segment d’iléon terminal dont on a préservé supérieure d’un segment iléal exclu dont l’extrémité inférieure est
la vascularisation. suturée à la partie restante de la vessie ;
– Tantôt les lésions prédominent d’un côté, intéressant la vessie et – la résection vésicale a été importante mais les uretères ont
l’uretère sans atteindre la paroi pelvienne : l’opération de choix est conservé une longueur suffisante : l’agrandissement vésical est
ce que nous appelons l’hémipelvectomie droite ou gauche qui obtenu en utilisant un segment iléal exclu fermé à ses deux
associe une colpohystérectomie élargie avec lymphadénectomie
extrémités, suturé sur son bord libre à la partie restante de la vessie
bilatérale, une résection vésicale pouvant aller jusqu’à
et dans lequel sont abouchés les deux uretères.
l’hémicystectomie et la résection de l’uretère.
Là encore, selon la longueur de l’uretère et l’existence ou non de En fait, ces types d’opération ont des indications assez rares : il est
lésions radiques, on peut terminer : en effet vraiment difficile au cours de l’exploration de connaître la

9
41-735 Exentérations pelviennes Techniques chirurgicales

28 Après lymphadénec- 31 La pièce opératoire est


tomie pelvienne bilatérale, enlevée. Les deux uretères
section des deux uretères, sont réimplantés, sur sonde,
ouverture de la vessie dans la vessie.
à distance des limites de la
tumeur.

32 La vessie est suturée


29 On achève la cystecto- et deux lambeaux périto-
mie partielle par section de néaux recouvrent les anas-
la paroi postérieure de la tomoses urétérales.
vessie.

limite exacte des lésions et la plupart des chirurgiens préfèrent avoir


recours à une exentération antérieure typique, plus sûre sur le plan
carcinologique bien que plus mutilante.
30 Section du vagin.
– Tantôt enfin, il existe un envahissement très limité de la paroi
antérieure du rectum. On associe alors à une colpohystérectomie
élargie avec lymphadénectomie une résection partielle de la face
antérieure du rectum suivie d’une suture transversale en deux plans,
celle-ci étant éventuellement protégée par une colostomie provisoire
de proche amont.

PÉRINECTOMIES (fig 34)


L’exérèse de la vulve et du canal anal n’est indiquée qu’en cas
d’envahissement histologiquement prouvé avant l’intervention. La
résection périnéale est plus ou moins étendue pour passer au large
de la tumeur, et l’intervention est menée conjointement par les deux
équipes sur le modèle de l’amputation abdominopérinéale du
rectum.
Ce type d’intervention parfois hémorragique ne doit pas être
effectué de façon systématique en raison de l’aggravation des
problèmes de comblement de la cavité pelvienne liés à l’exérèse
complète des releveurs et du plancher périnéal et du risque accru
d’éviscération ou de hernie périnéale.

10
Techniques chirurgicales Exentérations pelviennes 41-735

*
A *
B *
C *
D

33 Techniques d’urétéro-iléo-cystoplasties.
A. Urétéro-iléo-cystoplastie après résection de la partie inférieure de l’uretère. C. Urétéro-iléo-cystoplastie (si uretères courts après résection).
B. Urétéro-iléo-cystoplastie après résection de l’uretère et cystectomie partielle. D. Urétéro-iléo-cystoplastie (si uretères longs après résection).

Parmi ces urétérostomies indirectes, il faut distinguer les


34 Tracé de l’incision périnéale en cas
urétérostomies transintestinales simples et les urétérostomies
de périnectomie pour exentération totale.
utilisant un réservoir à basse pression, réalisé dans un segment de
tube digestif (urostomies continentes).
Quel que soit le type de dérivation transintestinale, le choix du
greffon intestinal doit tenir compte de la vascularisation, de l’aspect
macroscopique du segment digestif utilisable pour la dérivation
(surtout après irradiation), du type d’exentération réalisé et du type
de dérivation urinaire choisi.
Différents segments sont théoriquement utilisables :
– l’iléon : très souvent utilisé (Bricker, poche de Kock), mais à la
vascularisation fragile ;
– le cæcum : utilisé dans les stomies urinaires continentes ;
– le côlon transverse : ce greffon est a priori idéal car situé hors du
champ d’irradiation ;
– le sigmoïde : lorsque l’anse sigmoïde est longue, c’est un greffon
de choix après exentération totale.

¶ Dérivation urinaire transiléale (type Bricker)


Si l’intestin grêle n’a pas subi d’irradiation excessive et ne présente
pas un aspect radique, le segment intestinal le plus souvent utilisé
comme réservoir est l’intestin grêle. La technique la plus courante
Techniques opératoires de la chirurgie est l’intervention de Bricker [6].
de dérivation, de traitement de la Un segment d’anse iléale est prélevé à au moins 30 cm de la valvule
cavité pelvienne et de reconstruction iléocæcale. Le greffon doit mesurer de 15 à 20 cm environ et se situer
sur un bon pilier vasculaire. La continuité intestinale est rétablie par
une anastomose terminoterminale. La fermeture du moignon est
TECHNIQUES DE DÉRIVATION URINAIRE réalisée à la pince automatique, le méso est suturé (fig 35).
La dérivation urinaire s’effectue par voie transcutanée indirecte, Les anastomoses urétéro-iléales sont terminolatérales, sans recours
c’est-à-dire par l’intermédiaire d’un segment intestinal exclu de la à un quelconque procédé antireflux qui serait inutile en raison de la
continuité digestive. Les urétérostomies transcutanées directes, basse pression régnant à l’intérieur du greffon (fig 36). Les sutures
techniquement très faciles à réaliser mais très gênante à cause du sont effectuées par quelques points de fil à résorption lente prenant
type d’appareillage, ne devraient plus être pratiquées. La présence toute l’épaisseur de la paroi urétérale et de la paroi intestinale. Les
entre les uretères et la peau d’un réservoir intestinal a en effet de deux uretères sont positionnés sur le bord antimésentérique du
nombreux avantages : orifice cutané unique, absence de sondes greffon et distants de 2 cm environ. Les deux sondes urétérales de
urétérales définitives, absence de reflux urétéral, fréquence plus calibre adapté qui protègent l’anastomose doivent être très
faible des infections urinaires. En contrepartie, la morbidité et la soigneusement fixées, leur chute avant cicatrisation (15 jours en
mortalité ne sont pas négligeables : occlusions et fistules digestives moyenne) pouvant être responsable d’une fistule (fig 37A). La stomie
sont fréquentes, surtout chez les patientes ayant été irradiées doit être abouchée dans la fosse iliaque droite en un point repéré la
[15, 39, 40]
. veille de l’intervention (fig 37B).

11
41-735 Exentérations pelviennes Techniques chirurgicales

*
A

*
B

35 A. L’anse iléale est choisie, par transillumination, à environ 30 cm de la valvule


de Bauhin : un segment iléal de 15 à 20 cm de long est isolé en préservant sa vas- 36 Anastomose directe urétéro-iléale, sur sonde siliconée, au niveau du bord antimé-
cularisation. sentérique de l’anse isolée, par des points séparés de PDSt 4/0 prenant toute l’épais-
B. Anastomose iléo-iléale terminoterminale par deux hémisurjets. Fermeture de la seur des parois de l’uretère et de l’anse grêle.
brèche mésentérique.

¶ Dérivation urinaire continente Les deux uretères sont réimplantés sur l’autre portion du grêle sur
(technique de Kock, Miami pouch) des sondes urétérales puis le bout distal du grêle est fermé (fig 43).
La face antérieure de la poche est alors fermée par plusieurs petits
Le principe des stomies urinaires continentes est de réaliser une surjets.
poche à basse pression dont l’orifice de sortie cutanée se fait à
La stomie est réalisée dans l’ombilic. La valve est extériorisée et fixée
travers une valve à plus haute pression. Cet artifice permet d’éviter
en transombilical (fig 44). Une sonde de Foley est mise en place dans
l’extériorisation permanente des urines, comme dans le Bricker.
la poche et deux sondes urétérales sortent par la stomie.
L’évacuation de la poche est assurée par autosondage régulier.
L’avantage théorique de ces poches continentes est d’améliorer le Poche continente avec greffon colique
confort des patients en évitant l’appareillage permanent des (« Miami pouch » et variantes) [42]
urostomies non continentes. L’inconvénient majeur est d’allonger
considérablement le temps opératoire (de 2 à 3 heures) et d’entraîner Il s’agit d’une intervention chirurgicale techniquement assez
un taux de complications plus important qu’après une dérivation complexe. Le greffon est l’iléon distal et le côlon droit ; 10 cm d’iléon
de type Bricker. Plusieurs types d’intervention ont été rapportés sont prélevés ainsi que le côlon droit et la partie droite du côlon
mais nous décrivons les deux techniques le plus fréquemment transverse jusqu’à l’artère colique moyenne qui est conservée
pratiquées. (fig 45). Une anastomose iléotransverse permet de rétablir la
continuité : terminolatérale avec deux hémisurjets ou bien
Technique de Kock [20, 29] latérolatérale à la pince automatique. Le greffon est lavé puis ouvert
Le greffon permettant de confectionner la poche est de l’iléon. Une au niveau de la bandelette antérieure sur toute sa longueur : du
anse de 60 cm est prélevée à 15 cm de la valvule de Bauhin (fig 38). côlon transverse jusqu’à l’appendice (qui est retiré) ou le cæcum
La remise en continuité du grêle est assurée par une anastomose (fig 46). Puis le greffon est détubulisé : quatre fils tracteurs sont mis
terminoterminale. Le mésentère est refermé (fig 39). L’anse isolée est en place puis le côlon est replié sur lui-même pour former un « U » :
alors lavée puis disposée en « U » afin de la détubuliser (fig 39). Au la portion distale du greffon vient alors au contact du cæcum (fig 47).
niveau des deux branches du « U », le grêle est ouvert au bistouri Le mur postérieur de la poche est alors fermé par plusieurs petits
électrique. La paroi postérieure du réservoir est fermée par plusieurs surjets.
surjets (fig 40). Puis le mécanisme de continence est confectionné : une sonde de
Le temps suivant consiste à réaliser la valve d’étanchéité Foley (14 ou 16F) est introduite dans l’iléon : trois ou quatre points
isopéristaltique. Pour cela, le mésentère est lié au ras du grêle à 2 cm de plicature extramuqueux sont mis en place au niveau de la
du sommet de la poche et ce sur 7 cm. La paroi du grêle est alors jonction iléocæcale (fig 48). Ces points sont serrés sur la sonde de
invaginée dans la poche (fig 41) puis cette « valve » est fixée sur la Foley qui permet d’éviter une striction trop importante. Puis le
paroi postérieure de la poche par deux à trois applications de pince calibre de la portion proximale du grêle en amont des points de
TA55t (fig 42). plicature est réduit par l’application d’une rangée d’agrafes GIAt

12
Techniques chirurgicales Exentérations pelviennes 41-735

37 Aspect du conduit 39 Rétablissement de la


iléal. continuité digestive par une
A. L’uretère gauche anastomose iléo-iléale avec
est passé en arrière du fermeture du mésentère. Le
mésosigmoïde, en grêle est disposé en « U »
avant des gros vais- puis ouvert au bistouri élec-
seaux dans l’exentéra- trique.
tion antérieure.
B. Stomie iliaque
droite, au niveau du
repérage préopéra-
toire.

*
A

40 Fermeture de la paroi
postérieure du réservoir.

*
B

urétérales et la sonde de Foley sortent en transcutané en arrière de


l’urostomie. La face antérieure de la poche est fermée par plusieurs
surjets (fig 50). L’étanchéité de la fermeture est contrôlée par une
injection dans la poche par la grosse sonde de Foley. Puis la portion
iléale du greffon sort en transcutané avec la sonde de Foley mise en
place dans le greffon par l’iléon.
Cosin a publié, en 1997, une technique simplifiée de la Miami pouch
[11]
. Dans cette technique modifiée, une portion plus courte de côlon
est prélevée (30 cm) ; les temps initiaux sont identiques à la
38 Poche de Kock (figures 38 à 44, d’après [20]). technique originale mais la détubulisation du côlon est réalisée à la
Prélèvement de l’anse grêle. pince automatique (PolyGIAt). Le procédé de continence est
pratiqué selon la technique originale. Les uretères sont réimplantés
qui est appliquée sur la portion antimésentérique du grêle (fig 49). sur des sondes « double J » et à la différence de la technique
Les uretères sont reimplantés sur deux sondes urétérales sur la face originale, et une seule sonde de Foley est mise en place par l’iléon
postérieure de la poche, au-dessus de la valvule de Bauhin (fig 50). qui ressort par l’orifice stomial [11].
Les sondes urétérales ressortent par la partie droite de la poche avec Quel que soit le type d’urostomie continente réalisé, en
une grosse sonde (type Foley ou Pezzer de gros calibre) qui postopératoire, jusqu’à l’ablation des sondes urétérales (j12-j15), il
permettra de laver très régulièrement le greffon. Ces deux sondes est fondamental d’assurer un lavage ou des irrigations régulières de

13
41-735 Exentérations pelviennes Techniques chirurgicales

41 Confection de la 44 Réalisation de la sto-


valve : invagination d’une mie en transombilical.
portion de l’anse grêle après
ligature du mésentère.

45 Poche continente avec


greffon colique (Miami
pouch) : prélèvement du
greffon.

42 Fixation de la valve
à la pince automatique.

étant en dehors du champ d’irradiation, les sténoses de la stomie


sont très rares ; les fistules anastomotiques sont rares et moins
la poche pour éviter l’accumulation de mucus qui pourrait boucher graves que les fistules du grêle.
les sondes urétérales et être à l’origine de complications. Lors de l’utilisation d’un segment du côlon sigmoïde, la technique
est similaire à celle de Bricker, mais sur les 10 à 15 cm terminaux du
¶ Greffons coliques (fig 51, 52)
sigmoïde fermés en cul-de-sac dont l’extrémité distale est abouchée
L’utilisation d’un greffon colique transverse présente de multiples dans la fosse iliaque droite et associée à une colostomie iliaque
avantages théoriques [2, 17, 31, 39, 40, 48, 56]. En effet, le côlon transverse gauche classique. Cette technique rapide et simple supprime une

43 Réimplantation des uretères et fermeture de la paroi antérieure


du réservoir.

*
B

*
A

14
Techniques chirurgicales Exentérations pelviennes 41-735

46 Ouverture du greffon 48 Confection du méca-


au bistouri électrique nisme de continence : plica-
sur toute sa longueur. ture par mise en place de
trois à quatre points extra-
muqueux, au niveau de la
jonction iléocæcale (A).
Coupe transversale mon-
trant le passage des points
(B).

*
A

47 Détubulisation
du greffon qui est replié
sur lui-même.

*
B

anastomose et permet souvent un excellent comblement de la cavité


pelvienne [31, 47, 54, 55] . Le sigmoïde dont la vascularisation est
excellente paraît plus tolérant à l’irradiation que le grêle terminal.

¶ Choix de la technique de dérivation urinaire


Le choix de la technique de dérivation urinaire dépend des
conditions anatomiques et des habitudes de l’opérateur. Le principe 49 Réduction du calibre du greffon au niveau de l’iléon à la pince automatique.
de base est de choisir un segment de tube digestif situé hors (ou le
plus loin possible) des champs d’irradiation initiaux. Les procédés
théoriquement idéaux, car plus confortables pour la patiente, sont Ce taux de complications important a fait préférer, par un certain
les urostomies continentes. Néanmoins, ces techniques présentent nombre d’équipes, le procédé de Bricker, dont le taux de
des inconvénients non négligeables : allongement important du complications est plus faible.
temps d’intervention chez des patientes en état souvent précaire,
nécessité d’utiliser un greffon intestinal beaucoup plus long que
dans la technique de Bricker (ce qui n’est pas forcément sans COLOSTOMIES
conséquence sur le transit digestif avec risque de grêle court, en Elles sont généralement terminales, situées dans la fosse iliaque
particulier avec les poches de Kock). Par ailleurs, ces urostomies gauche. On excise une pastille cutanée sur la zone repérée la veille
continentes entraînent un taux de complications plus important de l’intervention, l’aponévrose est ouverte en croix. Les muscles
qu’après un Bricker. Ainsi, le taux de complications précoces et sous-jacents (transverse et petit oblique) sont dissociés. Le côlon est
tardives après Miami pouch sont respectivement de 26 et 23 % [5]. Les passé fermé, à travers la paroi, après avoir créé un trajet sous-
complications les plus fréquentes sont : les sténoses ou obstructions péritonéal. Quelques points fixent le côlon à la peau. Celui-ci est
urétérales (22 %), les difficultés de cathétérisation (19 %) et les ouvert, soit d’emblée, soit secondairement au deuxième jour, après
pyélonéphrites (13 %) [1]. un début de cicatrisation.

15
41-735 Exentérations pelviennes Techniques chirurgicales

¶ Sac de Mikulicz (fig 53)


50 Réimplantation des
uretères et fermeture de la Il comble au mieux le pelvis grâce au nombre de mèches variable
paroi antérieure du réser- qu’on y place. Le sac est extériorisé par voie vaginale ou par la partie
voir. inférieure de la cicatrice abdominale [7, 47].
Il résout les problèmes d’hémostase imparfaite et de la nécrose
pelvienne très fréquente, surtout après irradiation pelvienne
maximale et permet le drainage de la cavité. Les mèches sont
enlevées progressivement, à partir du quatrième jour, puis le sac
lui-même, au besoin avec une brève anesthésie générale.
L’inconvénient majeur est le vide qu’il laisse après son ablation [32].
Ce vide est comblé en partie par le grêle et en partie par un
bourgeonnement du pelvis. Cette cicatrisation prend parfois
plusieurs semaines et nécessite des soins prolongés.
Il semble donc qu’il soit nécessaire d’y associer un artifice
permettant, après son ablation, de séparer le pelvis dénudé en voie
de cicatrisation de l’intestin grêle.
¶ Lambeaux péritonéaux
On utilise une greffe péritonéale pédiculisée prélevée sur le péritoine
pariétal antérieur grâce à une voie d’abord transversale [38]. On peut
TRAITEMENT DE LA CAVITÉ PELVIENNE aussi utiliser un patch péritonéal libre [13, 55, 56]. Néanmoins, cet artifice
Le traitement de la cavité pelvienne déshabitée après exentération augmente les surfaces cruentées et donc les adhérences.
est un problème difficile à résoudre. Le taux très élevé d’occlusions
intestinales ou de fistules lié à la ptôse des dernières anses grêles ¶ Matériel synthétique
qui se fixent à la paroi pelvienne dépéritonisée est inacceptable. De Une plaque synthétique est tendue et fixée entre le promontoire et
nombreuses solutions ont été proposées. la symphyse pubienne. Elle évite le contact entre le grêle et le pelvis

51 Urétérostomie cutanée transcolique (côlon transverse).


A, B. Un segment colique d’environ 15 cm est isolé en
préservant sa vascularisation.
C. La continuité colique est rétablie, le mésocôlon
transverse suturé. Les uretères sont anastomosés au
greffon sur sondes.
D. Aspect du conduit colique transverse.

*
C

*
A

*
B *
D

16
Techniques chirurgicales Exentérations pelviennes 41-735

*
B
*
A

52 Urétérostomie cutanée transsigmoïdienne.


A. Le conduit urinaire sigmoïdien est surtout utilisé dans l’exentération totale : il permet de combler, en partie,
la cavité pelvienne.
B. L’anastomose urétérosigmoïdienne est réalisée.
C. Le greffon est extériorisé au niveau de la fosse iliaque droite.

*
C

déshabité. La plaque de Mersylène, non résorbable, peut favoriser la ¶ Lambeaux myocutanés et musculaires purs
survenue d’une infection locale et est donc à proscrire [47, 55]. Cet
écueil peut être partiellement écarté par l’utilisation de matériaux La technique opératoire de ces lambeaux est abordée dans le
résorbables type Vicrylt [46, 56] (fig 54, 55). Il est possible d’associer chapitre suivant. Les lambeaux sont prélevés au niveau de la cuisse
ces plaques à une mèche épiploïque étalée sur le pelvis, ce qui donne ou de l’abdomen. Il peut s’agir de lambeau musculaire pur ou de
souvent de bons résultats (fig 56C). lambeau myocutané [51]. L’avantage de ces derniers est d’avoir un
¶ Épiplooplastie (fig 56) volume plus important.

Après décollement coloépiploïque, l’épiploon est pédiculisé sur le


pédicule gastroépiploïque gauche [ 2 6 ] ou droit [ 4 1 ] , selon les Lambeaux de cuisse
possibilités anatomiques, puis descendu dans le pelvis pour tapisser
les zones cruentées et combler la cavité pelvienne déshabitée. Le prélèvement concerne en général, soit un muscle de la face
Il assure l’hémostase, draine en partie les suintements antérieure (droit antérieur, droit interne, tenseur du fascia lata), plus
sérohématiques postopératoires et isole le tube digestif du pelvis rarement de la face postérieure (biceps, demi-tendineux, demi-
dépéritonisé. Il s’agit là d’une excellente méthode qui nécessite membraneux, grand fessier) Le lambeau de droit interne est, de loin,
cependant une mèche épiploïque bien vascularisée et mobile le plus utilisé (fig 57). Il s’agit d’un lambeau musculaire pur, qui
[36, 54, 56, 58, 59]
. permet une reconstruction très satisfaisante du plancher pelvien. Les
deux droits internes sont pédiculisés, suturés par leurs extrémités
¶ Comblement avec le conduit urinaire sigmoïdien au coccyx, par l’un de leurs bords à la tranche de section de
Déjà vu au chapitre des dérivations urinaires, cet excellent artifice l’aponévrose périnéale profonde et réunis ensemble sur la ligne
n’est réalisable que pour les exentérations totales [45, 56]. médiane.

17
41-735 Exentérations pelviennes Techniques chirurgicales

53 Drainage par le sac de


Mikulicz.
A, B, C. Extériorisation,
soit par la commissure in-
férieure de l’incision abdo-
minale (1), soit par le va-
gin (2), sans périnectomie
(B), avec périnectomie (C).

*
B *
C

*
A

54 Utilisation de la pla-
que résorbable de Vicrylt
pour isoler l’intestin grêle
de la cavité pelvienne désha-
bitée. La plaque peut être
tendue de deux façons : en-
tre le promontoire et l’ombi-
lic (1) ; entre le promontoire
et la symphyse pubienne
(2).
Le sac de Mikulicz (+ mè-
ches), extériorisé par le va-
gin, draine la cavité pel-
vienne.

Lambeaux de muscle de l’abdomen


On prélève alors un lambeau cutané ou myocutané de grand droit
de l’abdomen [56] qui est basculé pour combler la cavité pelvienne.

RECONSTRUCTION VAGINALE
55 Aspect de la plaque fixée aux parois pelviennes, séparant l’intestin grêle de la
Après exentération à visée curative chez des femmes sexuellement cavité pelvienne déshabitée, après une exentération totale.
actives, il est parfois nécessaire d’envisager une reconstruction
vaginale. Plusieurs techniques de néovagin ont été décrites ; deux
sont à retenir, utilisant soit les lambeaux myocutanés [21, 22, 25, 56], soit ensemble sur la ligne médiane pour former un tube (fig 57D, E, F).
l’anse sigmoïdienne [43]. Les nécroses de lambeau sont plus fréquentes avec les lambeaux de
droit interne qu’avec les lambeaux de grand droit de l’abdomen : 10
¶ Lambeaux myocutanés à 37 % [9, 10, 33, 50]. Les sténoses sont aussi plus fréquentes (30 %) [25].

Les lambeaux les plus utilisés sont les lambeaux myocutanés de Lambeaux de grand droit de l’abdomen
cuisse (droit interne ou grand fessier) et les lambeaux de grand droit
Ce lambeau est d’une vascularisation moins précaire que le lambeau
de l’abdomen [49].
de droit interne. Les nécroses sont donc moins fréquentes [49]. Pour
réaliser un prélèvement de grand droit de l’abdomen, il est impératif
Lambeaux de cuisse
que l’artère épigastrique homolatérale n’ait pas été liée car la
Le lambeau de droit interne est le plus utilisé. Compte tenu de la vascularisation du lambeau est assurée par le pédicule épigastrique
petite taille du lambeau, le prélèvement doit être bilatéral (fig 57). inférieur. Un seul lambeau de grand droit est le plus souvent
Les deux lambeaux sont libérés et pédiculisés en préservant leur suffisant pour une reconstruction vaginale. Le tracé de l’incision
pédicule vasculaire (fig 57A). Ils sont passés vers le périnée par un abdominale est paraombilical gauche horizontale ou oblique en haut
tunnel sous-cutané (fig 57B, C). Les deux segments sont cousus et en dehors (fig 58). La largeur du lambeau doit être au minimum

18
Techniques chirurgicales Exentérations pelviennes 41-735

*
C

*
A

*
B

56 Épiplooplastie.
A. Mèche épiploïque isolée sur l’artère gastroépiploïque gauche, pour combler la cavité pelvienne.
B. Protection possible de l’anastomose colorectale par la mèche épiploïque.
C. L’association de la plaque de Vicrylt et de l’épiplooplastie est une excellente méthode pour combler la cavité pelvienne déshabitée.

de 10 cm pour former un néovagin d’au moins 3 cm de calibre. Malgré ces progrès, la morbidité postopératoire reste élevée : 40 à
L’aponévrose est ouverte et le muscle grand droit sectionné à sa 60 % des patientes vont faire au moins une complication [4, 12, 23, 35].
partie haute et pédiculisé sur l’artère épigastrique inférieure (fig 59). Les complications postopératoires majeures les plus fréquentes sont
Puis le vagin est reconstruit en enroulant le lambeau et en le les fistules digestives (12 à 32 %) ou urinaires (6 à 22 %) et les
modelant sur une seringue (fig 60). Le néovagin est alors basculé occlusions intestinales (5 à 12 %) [2, 4, 23, 47, 51]. Ces complications sont
dans le pelvis. La portion distale du néovagin est rotée puis plus fréquentes lorsque le segment digestif utilisé pour la
anastomosée avec la portion restante du vagin par des points reconstruction a été irradié. Ces complications peuvent être
séparés (fig 61). Lors de cette rotation, on évite toute striction ou diminuées si on essaye de combler de manière optimale la cavité
tension sur le pédicule vasculaire, ce qui pourrait compromettre la pelvienne pour éviter une incarcération secondaire d’une anse
vitalité ultérieure du néovagin. Le fond du néovagin est fermé. intestinale [12]. Enfin, des complications spécifiques liées au choix de
Celui-ci est fixé au ligament pubis ou au fascia présacré en arrière la technique de reconstruction (urinaire ou lambeaux) ont déjà été
pour éviter un prolapsus secondaire. La paroi abdominale évoquées (cf supra). Les autres complications (pulmonaires,
antérieure, au niveau du site de prélèvement du lambeau, est
infectieuses, hémorragiques, thromboemboliques) sont plus rares.
renforcée par une plaque de matériel non résorbable.
L’expérience de ces complications nous fait aujourd’hui préférer,
¶ Greffon sigmoïdien dans les cas de récidive pelvienne survenant après irradiation
maximale, l’exentération totale de principe, plutôt qu’une
L’avantage du greffon sigmoïdien est sa simplicité et ses bons exentération antérieure ou atypique. Le risque de fistule ou de
résultats fonctionnels. Un segment distal de sigmoïde est isolé sur poursuite évolutive est en effet ici très important [35].
un pédicule vasculaire (fig 62A). Son bout proximal est fermé et son
bout distal est amarré, par des points séparés, au vagin (fig 62B).
Néanmoins, le prélèvement de ce segment digestif, qui sera donc
hors circuit, peut encore aggraver les conséquences fonctionnelles
Résultats
d’un tube digestif déjà raccourci du fait de l’exérèse tumorale et de
la dérivation urinaire. Dans la littérature, la survie à 5 ans après exentération varie entre
20 et 60 % (SOR) [52]. Néanmoins, l’analyse de ces résultats sur la
survie est difficile à interpréter car ceux-ci dépendent de la période
Mortalité et morbidité de l’étude et aussi des critères de sélection (ou d’exclusion) des
patientes. Plus les critères de sélection sont stricts, plus le taux de
chirurgie palliative est bas et plus la survie est élevée. En effet, la
Ce type de chirurgie très lourde exige un monitorage anesthésique survie dépend essentiellement du caractère palliatif ou curatif de
peropératoire très précis et un suivi postopératoire irréprochable. l’intervention, mais aussi de l’existence ou non d’un envahissement
Hyperalimentation parentérale, antibioprophylaxie et en cas de
ganglionnaire et du type d’exentération. En revanche, l’indication
sepsis, antibiothérapie adaptée, correction de l’anémie et des
de l’exentération (récidive ou chirurgie de rattrapage) semble avoir
troubles hydroélectrolytiques ainsi que prévention du risque
peu d’influence sur la survie.
thromboembolique sont des éléments fondamentaux de la
prévention des complications périopératoires [ 1 8 ] . Grâce à Dans notre expérience, la survie globale à 2 ans est de 50 % pour les
l’amélioration des techniques d’anesthésie et de réanimation, la exentérations curatives et de 20 % pour les exentérations
mortalité opératoire a diminué, passant de 20 % à moins de 10 % palliatives [35]. La qualité de vie des patientes peut être améliorée
[2, 12, 51]
. grâce à l’utilisation des techniques de reconstruction (qui permettent

19
41-735 Exentérations pelviennes Techniques chirurgicales

*
A *
B

*
C
*
D

*
E *
F

57 Lambeaux de droit interne.


A, B, C, D, E. Les deux muscles droits internes libérés, en préservant leurs pédicules (A) sont amenés au niveau du pelvis par un tunnel sous-cutané (B, C). Les deux extré-
mités sont suturées au coccyx et les bords sont réunis ensemble sur la ligne médiane (D, E).
F. Aspect final après reconstruction vaginale par lambeaux myocutanés de droit interne. Le lambeau musculaire pur est préférable pour combler la cavité pelvienne déshabitée.

d’une part de diminuer le nombre de stomies ou d’en améliorer absolue des moyens thérapeutiques médicaux et de la
l’appareillage et d’autre part qui permettent dans certains cas une symptomatologie parfois très sévère ou invalidante (douleur, fistule)
reconstruction vaginale et donc une reprise de l’activité sexuelle) [19]. de certaines récidives et/ou poursuites évolutives, la réalisation
A priori, l’idéal est de n’opérer que les patientes pouvant bénéficier d’une exentération pelvienne peut se discuter dans certains cas où
d’une exentération curative. En effet, compte tenu du taux de survie celle-ci semble a priori palliative sur le plan carcinologique. Il s’agit
relativement bas de ces dernières, les exentérations palliatives ne alors du seul espoir raisonnable de guérison et du seul moyen de
devraient pas être réalisées. Néanmoins, compte tenu de l’inefficacité soulagement efficace de ces patientes souvent encore jeunes [16, 53].

20
Techniques chirurgicales Exentérations pelviennes 41-735

58 Tracé de l’incision pour le prélèvement d’un lambeau de grand droit 60 Confection du néovagin par tubulisation du lambeau qui est enroulé et modelé
de l’abdomen. autour du corps d’une seringue.

61 Bascule du néovagin
dans le pelvis et anasto-
mose.

59 Pédiculisation du lambeau sur l’artère épigastrique inférieure.

21
41-735 Exentérations pelviennes Techniques chirurgicales

62 Néovagin sigmoïdien.
A. Isolement de l’anse sigmoïdienne.
B. Aspect final du néovagin sigmoïdien.

*
B

*
A

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23
¶ 41-732

Hystérectomie élargie par voie basse


ou opération de Schauta-Stoeckel
P. Mathevet, D. Dargent

Le concept d’hystérectomie élargie vaginale ou intervention de Schauta est un concept ancien.


L’actualisation de cette intervention a été possible grâce au développement de la cœlioscopie, et plus
particulièrement des lymphadénectomies cœlioscopiques. La technique opératoire débute par le temps
cœlioscopique de prélèvement ganglionnaire et de préparation de l’intervention par voie basse, puis les
différents temps opératoires par voie basse vont permettre d’obtenir une colpohystérectomie élargie au
paramètre proximal (type Piver II). Les indications de l’hystérectomie élargie vaginale sont représentées
par les cancers du col utérin débutants de stade IA2 ou IB1 traités par chirurgie première. Cette approche
permet peut-être de réduire la morbidité per- et postopératoire par rapport à la voie abdominale, mais
surtout, la maîtrise de l’opération de Schauta permet la réalisation de la trachélectomie élargie,
intervention qui permet de préserver la fertilité des jeunes patientes présentant un cancer du col utérin
débutant.
© 2005 Elsevier SAS. Tous droits réservés.

Mots clés : Hystérectomie élargie ; Opération de Schauta, ; Voie vaginale ; Cancer du col utérin ;
Cœlioscopie

Plan particulier de la curiethérapie a modifié la prise en charge des


cancers du col utérin débouchant sur un traitement exclusive-
¶ Introduction 1 ment radiothérapique de ces cancers par la plupart des équipes
au monde. Enfin, à la même période, les travaux des anatomi-
¶ Technique chirurgicale 2
stes français et en particulier de Leveuf et Godard ont permis de
¶ Assistance laparoscopique de l’intervention de Schauta-Stoeckel 9 systématiser les voies de drainage du col utérin, confirmant le
¶ Évolution technique : la trachélectomie élargie 9 caractère lymphophile et la fréquence des envahissements
¶ Indications et contre-indications de l’intervention ganglionnaires dans les cancers cervicaux.
de Schauta-Stoeckel 10 La réhabilitation de la voie d’abord vaginale dans le courant
des années 1970 et 1980 à travers l’Europe s’est faite essentiel-
lement pour la technique d’hystérectomie simple. Cette réhabi-
litation est survenue lorsqu’il a été démontré (ou plutôt
■ Introduction confirmé) que la voie vaginale était associée à une morbidité
plus faible que la voie laparotomique.
Historiquement, les premières tentatives de traitement curatif
Cependant, pour l’hystérectomie élargie, la voie vaginale par
du cancer du col utérin ont reposé sur la réalisation d’une
rapport à la voie laparotomique est grevée d’un inconvénient
hystérectomie vaginale. Il s’est rapidement avéré que ce geste
notable : l’impossibilité de réaliser dans le même temps opéra-
chirurgical était incomplet et n’assurait pas des chances de
guérison satisfaisantes (en raison d’une fréquence élevée des toire une lymphadénectomie pelvienne complète. Ce n’est
récidives pelviennes). Le concept de colpohystérectomie élargie, qu’avec le développement de la laparoscopie et la réalisation des
c’est-à-dire de la résection d’une collerette vaginale et d’une premières lymphadénectomies pelviennes laparoscopiques par
partie plus ou moins importante des paramètres, a alors été Daniel Dargent [1] que la voie vaginale a été réintroduite dans
développé. l’arsenal thérapeutique de la prise en charge des cancers du col
Les premières approches d’hystérectomie élargie ont été faites utérins. [2]
par voie basse. C’est le Tchèque Pawlick qui a pratiqué la Différentes variantes de l’intervention de Schauta ont été
première colpohystérectomie par voie basse et c’est Frederic décrites suivant les nombreux auteurs qui ont pratiqué et
Schauta qui l’a systématisée. Un de ses élèves, Ernst Wertheim, modifié cette intervention.
a décrit peu de temps après une intervention d’hystérectomie Deux variantes principales peuvent être individualisées :
élargie par voie abdominale qui porte aujourd’hui son nom. Le • l’intervention d’hystérectomie élargie par voie vaginale dite
débat entre les deux pionniers a duré plusieurs années. Il était de Schauta-Amreich. Ce geste opératoire comporte une large
centré sur la possibilité qu’offrait la voie haute d’enlever les ouverture de la fosse pararectale par l’intermédiaire d’une
ganglions métastatiques, mais ce, au prix d’une mortalité incision paravaginale, dite incision de Schuchardt. L’exérèse
opératoire beaucoup plus élevée. est importante et reproduit par voie basse l’équivalent d’une
Quelques années plus tard, à la suite des travaux de Marie intervention de Wertheim type III (selon la classification de
Curie, l’efficacité thérapeutique de la radiothérapie et en Piver et Rutledge [3]) ;

Techniques chirurgicales - Gynécologie 1


41-732 ¶ Hystérectomie élargie par voie basse ou opération de Schauta-Stoeckel

• l’intervention dite de Schauta-Stoeckel : cette intervention ne


nécessite pas d’incision périnéale, mais comporte une résec-
tion paramétriale plus limitée (équivalent d’une intervention
de Wertheim type II).
Des études récentes ont montré qu’une résection paramétriale
limitée assurait une chance de guérison équivalente avec une
morbidité réduite dans le cas de cancer du col utérin débutant
(stade IA2 et IB1). [4-6] C’est ce type d’intervention que nous
décrirons et dont nous discuterons les indications pour les
tumeurs cervicales. [7, 8]

■ Technique chirurgicale
La réalisation de l’intervention de Schauta requiert la maîtrise
de plusieurs contraintes :
• une bonne connaissance de la voie vaginale ;
• la possession d’une instrumentation spécifique ;
• un environnement adapté (table opératoire adaptée à la
chirurgie vaginale, instrumentiste entraîné(e)...) ;
• une antibioprophylaxie peropératoire adéquate.
Le temps chirurgical préliminaire à l’intervention de Schauta
est un temps laparoscopique visant à explorer et à prélever les
territoires ganglionnaires pelviens drainant le col utérin. Cette
lymphadénectomie pelvienne est menée aisément par voie
laparoscopique trans- ou prépéritonéale. Les modifications
récentes de cette lymphadénectomie comportent, outre l’exérèse
complète des territoires ganglionnaires pelviens, une identifica-
tion des ganglions sentinelles (après injection de colloïde
radioactif et de Bleu Patent®) et une lymphadénectomie para-
métriale (consistant à réséquer par laparoscopie tout le tissu
celluloadipeux siégeant à la partie distale du paramètre). [9] De
même sont réalisés habituellement par laparoscopie l’identifica-
tion des artères utérines puis leur hémostase et leur section,
l’hémostase et la section des ligaments ronds, et éventuellement
le traitement des pédicules lombo-ovariens.
L’intervention de Schauta-Stoeckel proprement dite débute
par l’installation de la patiente en position d’abord vaginal.
Après asepsie et mise en place des champs opératoires (compre-
nant le collage d’un film plastique isolant l’anus), la vessie est
vidée.
L’utilisation de valves permet de refouler les parois vaginales
et d’exposer le fond du vagin et le col utérin. En cas d’étroitesse
du vagin, une petite épisiotomie médiane permet d’améliorer
l’accès chirurgical. Figure 1. Réalisation de la collerette vaginale, mise en place des pre-
La première étape consiste en la réalisation de la collerette mières pinces de Kocher.
vaginale. Celle-ci est adaptée à l’extension cervicale et vaginale A. Photo.
de la tumeur. Une collerette d’environ 2 cm est habituellement B. Schéma.
réalisée en disposant de manière circulaire six à huit grandes
pinces de Kocher (Fig. 1). Trois de ces pinces sont à placer à
12 heures, 3 heures et 9 heures. Elles servent de repère pour la
mise en place des pinces qui fermeront la manchette vaginale
(Fig. 2). Le pli qu’on crée en tirant sur les pinces est infiltré par
une solution ischémiante (par exemple : Xylocaïne® adrénalinée
à 1 %) (Fig. 3). Cette infiltration va permettre de favoriser les
premiers temps de dissection et de diminuer les saignements
lors de l’intervention. L’incision vaginale circulaire est pratiquée
au bistouri froid, légèrement en amont des pinces de Kocher.
Cette incision est menée franchement sur les parois antérieure
et postérieure afin de sectionner toute l’épaisseur d’une des
deux parois vaginales (Fig. 4). Sur les côtés, l’incision est réalisée
de manière plus superficielle afin de ne pas désolidariser
complètement le vagin du « paracolpos » qui le solidarise lui-
même avec le paramètre (Fig. 5). Les pinces de Kocher sont
enlevées et le fond vaginal est alors transversalement fermé par
la mise en place de quatre à six pinces de Chroback selon la
longueur de la collerette (Fig. 6). Figure 2. Les pinces de Kocher sont disposées de manière circulaire.
Le temps suivant est celui de la dissection vésicovaginale. Les Elles servent de repère pour la mise en place des pinces qui fermeront la
pinces de Chroback sont tirées vers le bas afin d’ouvrir l’espace manchette vaginale.
situé entre la paroi vaginale antérieure et la face postérieure de
la vessie (Fig. 7, 8). Cette dissection est commencée sur la ligne vésico-utérine de l’hystérectomie vaginale simple. Cette dissec-
médiane au contact des pinces, mais pas trop près d’elles pour tion est menée jusqu’au cul-de-sac vésico-utérin, permettant de
ne pas pénétrer dans le plan intrafascial (Fig. 9). Elle est libérer complètement la face inférieure de la vessie sur la ligne
habituellement exsangue, mais moins aisée que la dissection médiane (Fig. 10, 11).

2 Techniques chirurgicales - Gynécologie


Hystérectomie élargie par voie basse ou opération de Schauta-Stoeckel ¶ 41-732

Figure 3. Le pli vaginal que l’on crée en tirant sur les pinces est infiltré Figure 5. Sur les côtés, l’incision est réalisée de manière plus superfi-
par une solution ischémiante. cielle afin de ne pas désolidariser complètement le vagin du « paracol-
pos ».

Figure 4. L’incision vaginale antérieure est pratiquée au bistouri froid,


légèrement en amont des pinces de Kocher. Figure 6. Le fond vaginal est fermé transversalement par la mise en
A. Photo. place de quatre à six pinces de Chroback.
B. Schéma. A. Photo.
B. Schéma.
Après cette dissection, les piliers de la vessie vont être
sectionnés avec identification et dissection de l’uretère. Les de traction des pinces de Chroback est dirigé vers le bas et à
piliers sont individualisés entre l’espace vésicovaginal et la fosse droite (dans le rayon de 7 heures), deux pinces de Jean-Louis
paravésicale (Fig. 12). Il faut donc en premier lieu ouvrir la fosse Faure sont disposées sur le bord libre du vagin sur les rayons de
paravésicale. On commence du côté gauche de la patiente, l’axe 1 heure et 3 heures. L’ouverture de la fosse paravésicale se fait

Techniques chirurgicales - Gynécologie 3


41-732 ¶ Hystérectomie élargie par voie basse ou opération de Schauta-Stoeckel

Figure 7. Anatomie simplifiée des rapports entre vessie-uretères et


vagin-utérus avec visualisation de la cloison vésicovaginale, des piliers de
la vessie et du paramètre.

Figure 9. Début de la dissection vésicovaginale.


A. Photo.
B. Schéma.

Figure 8. Libération de la cloison vésicovaginale sur la ligne médiane.

au contact de la paroi vaginale mise en tension par les pinces


de Jean-Louis Faure (Fig. 13). Elle se fait légèrement au-dessus
du rayon de 3 heures en regard d’une dépression que l’on peut
visualiser habituellement au niveau de la surface de la paroi
vaginale. La dissection est menée par la pointe de ciseaux
orientée en dehors. La dissection est menée en haut et en
dehors. L’ouverture se fait en général sans difficulté car l’espace
est quasiment libre de tissu. Dès que la résistance initiale est
vaincue, le décollement est ensuite élargi pour pouvoir mettre
en place une petite valve en baïonnette dans cet espace. Cette
valve remplacera la pince de Jean-Louis Faure qui est enlevée.
De même, la pince antérieure est-elle aussi enlevée, remplacée
par une valve de Breisky qui va soulever la base vésicale. On
met alors aisément en traction le pilier de la vessie qui se situe Figure 10. La dissection vésicovaginale est menée jusqu’au cul-de-sac
entre l’espace vésicovaginal et l’espace paravésical. vésico-utérin.
La palpation du pilier est alors aisée et permet de percevoir
l’uretère dont la consistance est tout à fait caractéristique section est menée à mi-distance entre la pièce opératoire et la
(Fig. 14). L’uretère est habituellement en situation assez base vésicale (Fig. 15). L’hémostase est faite à la coagulation
superficielle (plus près du doigt « paravésical » que du doigt bipolaire (ciseaux bipolaires ou appareils de thermofusion). On
« vésicovaginal »). Sa hauteur dans le pilier est surtout fonction sectionne ainsi la partie externe du pilier puis sa partie interne,
de la hauteur de la collerette vaginale réalisée. Une fois l’uretère jusqu’à arriver au niveau de la gaine de l’uretère. Il faut pénétrer
repéré, on peut débuter la section du pilier de la vessie. Cette dans cette gaine pour pouvoir identifier clairement l’uretère

4 Techniques chirurgicales - Gynécologie


Hystérectomie élargie par voie basse ou opération de Schauta-Stoeckel ¶ 41-732

Figure 11. Le cul-de-sac péritonéal vésico-utérin est identifié et une


valve permet de libérer complètement la face inférieure de la vessie sur la
ligne médiane.

Figure 12. Présentation des piliers de la vessie avec, à leur face externe,
le croisement entre artère utérine et uretère.
Figure 13. Ouverture de la fosse paravésicale au contact de la paroi
vaginale mise en tension par les deux pinces de Jean-Louis Faure.
(Fig. 16), puis disséquer son genou afin de libérer celui-ci et de A. Photo.
pouvoir repousser l’uretère vers le haut (Fig. 17). Ce temps B. Schéma.
opératoire semble impressionnant et difficile. En fait, il est
relativement facile à condition d’avoir bien identifié l’uretère. Le
risque de blessure urétérale est très faible si l’identification est
correcte. On finit alors de couper les piliers internes de la vessie
en réalisant l’hémostase par coagulation (Fig. 18). Il ne reste
plus qu’à traiter l’artère utérine (Fig. 19, 20, 21). Ce temps
opératoire a souvent été préparé initialement par cœlioscopie
(coagulation et section cœlioscopique de l’artère utérine à son
origine). On peut alors, par une simple traction, faire venir
l’artère dans le champ opératoire (Fig. 22, 23, 24).
Si une préparation cœlioscopique n’a pas été réalisée, on va
lier et sectionner l’artère utérine à son croisement avec l’uretère.
Ce croisement est identifié au niveau de la partie du pilier
interne situé en regard de l’uretère. C’est à ce niveau que se
trouve la branche afférente de la crosse de l’artère utérine que
l’on peut crocheter assez facilement par un dissecteur. Le
vaisseau est alors doublement lié puis sectionné. L’identification Figure 14. La palpation du pilier permet de percevoir l’uretère.
de l’artère utérine n’est pas toujours aisée. En cas de difficulté,
on peut la retrouver assez facilement en ponctionnant avec le Une fois l’artère utérine libérée, la base vésicale et l’uretère
dissecteur la lame tissulaire située en dedans et en dessous de terminal peuvent être éloignés franchement, et la face anté-
l’uretère. À noter qu’en cas d’absence de préparation cœliosco- rieure du paramètre complètement dégagée.
pique de l’artère utérine, celle-ci doit être sectionnée le plus On peut alors passer au temps de dissection antérieure du
haut possible (tirer sur la branche afférente afin de réaliser la côté droit. Deux pinces de Jean-Louis Faure sont mises en place
ligature le plus haut possible sous le genou de l’uretère). sur le bord vaginal libre à 9 heures et à 11 heures. On réalise

Techniques chirurgicales - Gynécologie 5


41-732 ¶ Hystérectomie élargie par voie basse ou opération de Schauta-Stoeckel

Figure 15. Dissection du pilier externe de la vessie. Figure 17. Dissection dans la gaine de l’uretère et refoulement de
l’uretère vers le haut (éloignement du champ opératoire).

Figure 18. Dissection du pilier interne de la vessie.

Figure 19. Identification de l’artère utérine à son croisement avec


l’uretère.

Les temps suivants sont postérieurs. Pour cela, il faut modifier


l’axe de traction de la pièce opératoire et tirer vers le haut ainsi
que du côté opposé à la zone de dissection. En arrière, la
dissection débute sur la ligne médiane pour ouvrir le cul-de-sac
de Douglas (Fig. 25). Celui-ci peut être éloigné surtout si la
collerette vaginale est importante. Cependant, la dissection n’est
Figure 16. Ouverture de la gaine de l’uretère. pas très difficile car le tissu graisseux périrectal sert de repère sur
A. Photo. l’orientation du plan de section. Une fois le Douglas ouvert,
B. Schéma. cette ouverture est agrandie afin de mettre en place une valve
permettant d’écarter l’ampoule rectale. La mise en tension par
la valve permet de visualiser le début de l’ouverture des fosses
ensuite l’identification de l’espace paravésical, puis du pilier pararectales. Cette ouverture est située sur les rayons de
droit de la vessie et de l’uretère droit, la section du pilier, la 4 heures et de 8 heures (Fig. 26). L’ouverture des fosses pararec-
libération de l’uretère, et puis la ligature et la section de l’artère tales se fait de la même manière que celle des fosses paravési-
utérine sont réalisées de la même manière que du côté gauche. cales avec un ciseau dissecteur déplacé au contact de la paroi
On libère ainsi complètement la face antérieure du paramètre vaginale en suivant un axe légèrement moins vertical que celui
droit. qu’on avait suivi pour ouvrir les fosses paravésicales. L’ouverture

6 Techniques chirurgicales - Gynécologie


Hystérectomie élargie par voie basse ou opération de Schauta-Stoeckel ¶ 41-732

Figure 20. La branche afférente de la crosse de l’artère utérine est Figure 23. L’artère utérine depuis son origine est prélevée grâce à la
crochetée par un dissecteur. préparation cœlioscopique.

Figure 21. Les piliers de la vessie ont été complètement sectionnés, la


traction sur la manchette vaginale permet de faire descendre la boucle de
l’artère utérine et d’éloigner son croisement avec l’uretère (en comparai-
son avec la figure 12).

Figure 24. Traction et libération de la branche afférente de l’artère


utérine.

par une traction vers le haut dans le rayon de 1 heure. La valve


postérieure est elle-même tirée dans le rayon de 5 heures
écrasant le rectum et ouvrant largement la fosse pararectale. Un
dissecteur est passé à travers la fossette para-isthmique, c’est-à-
dire à travers cette zone de moindre résistance située dans le
paramètre juste en dessous de la crosse de l’artère utérine (et
au-dessous, bien entendu, du genou de l’uretère) (Fig. 29). Il
met en traction le paramètre. Deux clamps sont mis sur le
paramètre : un clamp peu courbe sur la partie viscérale et un
Figure 22. Traction et libération de la branche afférente de l’artère clamp un peu plus courbe sur la partie pariétale (Fig. 30). Les
utérine. extrémités de ces clamps arrivent au contact de l’isthme utérin
sans le prendre dans ses mors (sans mordre non plus sur
l’uretère ; bien vérifier avant de clamper). La résection paramé-
de cette fosse se fait en général de manière aisée et exsangue. triale doit être comparable à celle obtenue lors d’une hystérec-
On peut alors individualiser, entre le cul-de-sac de douglas et la tomie élargie de type Piver II. [3] Il s’agit donc d’une résection
fosse pararectale, les ligaments recto-utérins. Ceux-ci sont paramétriale d’environ 1,5 à 2 cm de chaque côté. L’hémostase
sectionnés de bas en haut jusqu’au niveau de leur insertion sur du côté pariétal est assurée par une ligature appuyée, posée sur
la pièce opératoire (Fig. 27, 28). La face postérieure du paramè- le clamp (Fig. 31). Les manœuvres sont réalisées de manière
tre est ainsi libérée. identique du côté droit après positionnement des valves
Pour sectionner les paramètres, on commence du côté antérieure (dans le rayon de 11 heures) et postérieure (dans le
gauche. Une valve antérieure récline la base vésicale et l’uretère rayon de 7 heures) (Fig. 32). À ce moment-là, la pièce opératoire

Techniques chirurgicales - Gynécologie 7


41-732 ¶ Hystérectomie élargie par voie basse ou opération de Schauta-Stoeckel

Figure 27. Section des ligaments recto-utérins.

Figure 25. Ouverture du cul-de-sac de Douglas.


A. Photo.
B. Schéma.
Figure 28. Section du ligament recto-utérin après ouverture de la fosse
pararectale.

protection du doigt. On peut alors finir de disséquer de chaque


côté le ligament large et clamper les éléments insérés sur les
cornes utérines. Le ligament rond, la trompe et le ligament
utéro-ovarien sont pris en monobloc dans un clamp de chaque
coté puis sectionnés (Fig. 33). On peut réaliser, de la même
manière, un geste non conservateur en séparant le ligament
rond de l’annexe et en clampant le ligament lombo-ovarien. La
pièce opératoire est alors extraite. La radicalité de la résection
est vérifiée (Fig. 34).
La fermeture débute par un adossement péritonéal entre le
péritoine prérectal et le péritoine prévésical. Cet adossement est
fait sous la manière d’une bourse laissant les zones latérales
dépéritonisées. On vérifie à ce moment-là l’hémostase. Des
saignements peuvent être observés au niveau des piliers de la
Figure 26. Ouverture de la fosse pararectale. vessie, plus rarement du paramètre. Il n’y a ensuite qu’à faire
l’hémostase et à fermer le fond vaginal. Cette fermeture est
n’est plus retenue que par le ligament large, le péritoine du cul- réalisée sous la forme d’un surjet hémostatique circulaire réalisé
de-sac vésico-utérin et les éléments insérés sur les cornes sur la tranche vaginale. Ce surjet permet de réaliser l’hémostase
utérines. et rétrécit le fond vaginal, laissant un petit pertuis central
Les temps ultérieurs de dissection sont réalisés comme pour permettant de drainer spontanément la zone opératoire.
une hystérectomie vaginale simple. On pratique une bascule Habituellement, on ne met en place aucune mèche, ni drainage.
postérieure du fond utérin. Un doigt est glissé derrière le fond Souvent, le temps chirurgical final est laparoscopique : il
utérin et le cul-de-sac péritonéal vésico-utérin est ouvert sous la correspond à un contrôle de l’hémostase intra-abdominale. Les

8 Techniques chirurgicales - Gynécologie


Hystérectomie élargie par voie basse ou opération de Schauta-Stoeckel ¶ 41-732

Figure 29. Identification du paramètre gauche en contrôlant la locali-


sation de l’uretère.

orifices de trocarts sont fermés. La sonde à demeure est, comme


pour toute hystérectomie élargie, laissée 4 jours. À son ablation,
la bonne qualité des mictions est contrôlée par la mesure du
résidu postmictionnel qui doit être inférieure à 100 ml après
trois mictions spontanées.

■ Assistance laparoscopique de
l’intervention de Schauta-Stoeckel
Dans l’état actuel de nos connaissances, l’intervention de
Schauta ne se conçoit qu’en association avec une lymphadénec-
tomie pelvienne permettant de contrôler le statut ganglionnaire
en relation avec la tumeur cervicale.
Le développement des techniques de laparoscopie permet à ce
jour de réaliser très aisément avec une morbidité réduite une
lymphadénectomie complète pelvienne. Cette exploration
laparoscopique correspond au premier temps de l’opération
d’hystérectomie élargie que celle-ci soit vaginale ou abdomi-
nale. [10] En complément de la lymphadénectomie, des gestes
peuvent être réalisés par laparoscopie : coagulation et section
des pédicules lombo-ovariens en cas de colpohystérectomie
élargie non conservatrice, identification des artères utérines à
son origine de chaque côté puis hémostase et section de ces
artères utérines...
Certains auteurs ont même proposé la réalisation par laparoscopie
de certains gestes de dissection paramétriale. C’est ainsi que les
gestes suivants peuvent être réalisés sans difficulté majeure par un
chirurgien laparoscopiste entraîné :
• tunnelisation de l’uretère ;
Figure 30. Mise en place des clamps en vue de la résection paramé-
• individualisation, hémostase et section des piliers de la vessie ;
triale.
• section des ligaments recto-utérins et ouverture du cul-de-sac
A. Photo.
de Douglas ;
B. Schéma.
• ouverture des fosses paravésicales et pararectales ;
• section du paramètre.

“ Point fort
La réalisation de ces temps laparoscopiques nécessite une
bonne maîtrise de la chirurgie par cette voie d’abord, mais
requiert aussi un temps non négligeable. Le choix de la
réalisation laparoscopique ou vaginale et des différents
temps décrits dépendra surtout de l’expérience de
l’opérateur.

■ Évolution technique : Figure 31. Ligature du paramètre gauche.


la trachélectomie élargie
La maîtrise de l’intervention de Schauta permet la réalisation Cette intervention reproduit les premiers temps de l’opération
de l’intervention par voie vaginale de trachélectomie élargie. [11] de Schauta-Stoeckel : dissections antérieure et postérieure et

Techniques chirurgicales - Gynécologie 9


41-732 ¶ Hystérectomie élargie par voie basse ou opération de Schauta-Stoeckel

résection paramétriale. La particularité de la trachélectomie


élargie est que les artères utérines sont préservées et qu’une fois
la résection paramétriale faite, les vaisseaux cervicovaginaux
sont liés et le col utérin sectionné juste en dessous de l’isthme.
Les temps opératoires suivants de la trachélectomie élargie
comprennent la fermeture du cul-de-sac de Douglas, la mise en
place d’un cerclage isthmique puis la réalisation de l’anastomose
isthmovaginale.
L’intérêt essentiel de la trachélectomie élargie est de préserver
le corps utérin et donc la fertilité de la patiente. L’indication de
cette intervention est représentée par la femme jeune souhaitant
encore des enfants et présentant un cancer exocervical débutant
(stades IA2 ou IB1 de moins de 2 cm). Notre expérience de la
trachélectomie élargie associée à une lymphadénectomie
pelvienne laparoscopique nous permet d’estimer que cette
approche est associée à une préservation efficace de la fertilité
Figure 32. Section ligature du paramètre droit.
sans majoration du risque de rechute. [12]

■ Indications et contre-indications
de l’intervention
de Schauta-Stoeckel
Pour la majorité des spécialistes, l’hystérectomie élargie
représente le traitement optimal des cancers du col utérin
débutants. [13, 14] Cette notion reste valable tant qu’un traite-
ment adjuvant radiothérapique n’est pas prescrit. En cas
d’irradiation adjuvante, on majore le risque de complications à
la fois chirurgicales et radiques. Aussi, pour beaucoup d’auteurs,
seuls les cancers débutants de stade IA2 ou IB1 doivent être
traités par chirurgie première. En revanche, les tumeurs de plus
de 4 cm (voire de plus de 2 cm pour certains auteurs) doivent
bénéficier d’une radiothérapie première. [14]
Quels sont les avantages de l’approche laparoscopicovaginale
par rapport à l’approche laparotomique classique ? Autrement
dit, pourquoi réaliser une intervention de Schauta-Stoeckel
plutôt qu’une intervention de Wertheim ?
L’approche laparoscopicovaginale présente plusieurs avanta-
ges :
• l’exploration ganglionnaire laparoscopique est le temps
préliminaire de l’hystérectomie élargie vaginale, elle permet
de détecter un éventuel envahissement ganglionnaire et donc
de renoncer au geste chirurgical et de confier la patiente au
radiothérapeute (avec un risque réduit d’adhérence et de
complications radiques) ;
• il est probable, comme cela a été démontré pour l’hystérec-
tomie simple, que la voie laparoscopicovaginale ait une
Figure 33. Extraction de la pièce opératoire. morbidité réduite et un meilleur confort postopératoire par
rapport à l’approche laparotomique ; [15]
• la sanction cicatricielle est réduite ;
• la réalisation de l’intervention de Schauta-Stoeckel est un bon
entraînement à la pratique de la trachélectomie élargie,
intervention dont les équivalents laparotomique et laparo-
scopique sont manifestement moins performants.
Les contre-indications à l’intervention de Schauta-Stoeckel
sont :
• les patientes qui sont très âgées, ou qui ont des comorbidités
importantes, seront récusées pour la chirurgie quelle que soit
la voie d’abord, et traitées par radiothérapie ;
• les lésions importantes de hanche ou de colonne empêchant
l’installation pour un abord vaginal amèneront à s’orienter
vers une hystérectomie élargie par laparotomie ;
• une étroitesse vaginale n’est pas une contre-indication à une
approche vaginale, car la préparation laparoscopique et la
réalisation d’une épisiotomie plus ou moins importante
permettent de réaliser l’intervention de Schauta-Stoeckel dans
de bonnes conditions ;
• les tumeurs de plus de 4 cm, les histotypes rares et défavora-
bles (cancer neuroendocrine, carcinome à petites cellules...) et
l’envahissement ganglionnaire sont des contre-indications à
un traitement chirurgical premier (qu’il soit laparoscopicova-
ginal ou laparotomique) ;
Figure 34. Pièce opératoire de colpohystérectomie élargie par voie • la réalisation d’une irradiation pelvienne première contre-
vaginale. indique, pour la majorité des auteurs, la réalisation de

10 Techniques chirurgicales - Gynécologie


Hystérectomie élargie par voie basse ou opération de Schauta-Stoeckel ¶ 41-732

“ Point fort
Les cancers du col utérin débutants (de moins de 4 cm de diamètre) sont habituellement traités par chirurgie première. Le traitement
chirurgical repose sur une colpohystérectomie élargie (intervention prélevant avec l’utérus le dôme vaginal et la partie proximale des
paramètres) associée à une lymphadénectomie pelvienne (exérèse des ganglions lymphatiques iliaques externes). Cette intervention
se fait classiquement par laparotomie (intervention dite de Wertheim). Le développement de la chirurgie cœlioscopique permet
actuellement de réaliser cette intervention par voie mixte (cœlioscopique et vaginale). Ainsi, le premier temps opératoire consiste en
une lymphadénectomie pelvienne par cœlioscopie, puis une préparation cœlioscopique des temps chirurgicaux ultérieurs. Les temps
ultérieurs de colpohystérectomie élargie sont réalisés par voie vaginale selon les principes décrits par Schauta. Cette approche mixte
présente plusieurs avantages par rapport à l’approche laparotomique classique. Premièrement, le statut ganglionnaire est rapidement
apprécié avec un geste de faible morbidité réalisé par cœlioscopie. En cas de positivité des ganglions, l’acte chirurgical sera stoppé et
la patiente confiée aux radiothérapeutes. La patiente évite alors une laparotomie et sa morbidité propre ainsi que ses possibles
séquelles adhésiogènes, sources de complications radiothérapiques. De plus, il est possible que l’approche cœlioscopique et vaginale
réduise la morbidité per- et postopératoire et améliore le confort postopératoire par rapport à l’approche laparotomique, comme cela
a été démontré pour l’hystérectomie simple. Dernièrement, la réalisation de l’intervention de Schauta est un excellent
« entraînement » à la pratique de la trachélectomie élargie, intervention visant à traiter les jeunes patientes présentant un cancer du
col utérin débutant tout en préservant leurs capacités de procréation.

l’intervention de Schauta-Stoeckel ; l’abord vaginal étant alors [8] Dargent D, Mathevet P. Radical vaginal hysterectomy in the primary
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Class II versus class III radical hysterectomy in stage IB-IIA cervical staging classifications and clinical practice guidelines in the manage-
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9:691-705. J Obstet Gynecol 1996;175:1576-85.

P. Mathevet* (Patrice.mathevet@chu-lyon.fr).
D. Dargent.
Pavillon L, hôpital Édouard Herriot, 69437 Lyon cedex 03, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Mathevet P., Dargent D. Hystérectomie élargie par voie basse ou opération de Schauta-Stoeckel. EMC
(Elsevier SAS, Paris), Techniques chirurgicales - Gynécologie, 41-732, 2005.

Disponibles sur www.emc-consulte.com


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Techniques chirurgicales - Gynécologie 11


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Hystérectomie par voie abdominale


pour lésions bénignes
F. Sabban, P. Collinet, R. Villet

L’hystérectomie pour pathologies bénignes est l’une des interventions les plus fréquentes en France (en
moyenne 70 000/an). En France, la possibilité actuarielle d’être hystérectomisée est de 14,5 % à 40 ans
et 12 % à 50 ans. Les indications sont principalement dues à la présence de ménométrorragies et/ou de
douleurs pelviennes. En France, la voie vaginale est la plus utilisée lors de pathologies bénignes (56,5 à
77,9 % selon les séries). La voie abdominale reste conservée en cas d’utérus polyfibromateux de grande
taille, d’accès vaginal limité, de pathologie annexielle, d’adhésions pelviennes. La connaissance de
l’anatomie pelvienne est indispensable pour une prise en charge chirurgicale optimale. La voie
abdominale peut entraîner des complications à court et moyen terme. Les plus fréquentes sont des
complications hémorragiques et infectieuses en postopératoire précoce. Il ne semble pas exister de
retentissement sur la vie sexuelle et la libido. Cependant, l’apparition d’un prolapsus posthystérectomie et
des troubles du transit sont possibles. Des retentissements sur la vie sociale et affective peuvent apparaître
et doivent être signalés à la patiente en préopératoire pour un consentement éclairé.
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Mots clés : Hystérectomie par voie abdominale ; Lésions bénignes ;


Technique chirurgicale d’hystérectomie ; Complications postopératoires d’hystérectomie

Plan taux passe à 12 % en France et 23,8 % aux États-Unis à l’âge


de 50 ans. Plus de 90 % des hystérectomies sont réalisées pour
¶ Introduction 1 des pathologies bénignes de l’utérus. Les ménométrorragies
(42,7 %), les algies pelviennes (17 %) ou l’association des deux
¶ Rappel d’anatomie chirurgicale 1
(40,3 %) sont les motifs le plus souvent rencontrés pour les
¶ Différents types d’hystérectomies 3 patientes soucieuses d’un traitement radical chirurgical [4]. Une
¶ Bilan préopératoire et préparation à l’intervention 3 étude multicentrique prospective portant sur 12 centres
¶ Généralités 4 hospitaliers de la région parisienne retrouve un taux d’hysté-
Installation 4 rectomie par voie vaginale exclusive de 56,5 % contre 24,4 %
Voie d’abord 4 par voie abdominale pour des indications d’hystérectomie
Intervention type : hystérectomie totale non conservatrice 4 pour pathologie bénigne.
Suites opératoires 6
¶ Variantes de l’hystérectomie abdominale 6
Hystérectomie avec conservation annexielle
Hystérectomie subtotale
6
7
■ Rappel d’anatomie chirurgicale
Modification de l’intervention type en fonction des difficultés
rencontrées 7 L’utérus est situé au centre du pelvis. On distingue le corps
et le col utérins séparés par l’isthme. Le col lui-même est divisé
¶ Complications 7
en deux portions : la portion supravaginale et la portion
Complications postopératoires précoces 7
vaginale. De chaque côté du corps utérin, au niveau des cornes
Complications postopératoires tardives - Séquelles 8
utérines, naissent les ligaments ronds, les trompes et les
ligaments utéro-ovariens (Fig. 1). Sous la portion ampullaire des
trompes se trouvent les ovaires maintenus près de l’utérus par
le ligament utéro-ovarien (Fig. 2).
■ Introduction Le col utérin et les trompes sont tapissés par le péritoine qui
se réfléchit en avant sur la vessie au niveau du cul-de-sac vésico-
L’hystérectomie est l’une des interventions les plus fré- utérin et en arrière sur le rectum au niveau du cul-de-sac de
quemment réalisées dans les pays développés [1] . Environ Douglas (Fig. 3). Le péritoine est très adhérent au niveau du
72 000 hystérectomies sont réalisées chaque année, essentiel- fond utérin mais de plus en plus lâche au fur et à mesure que
lement pour des pathologies bénignes [2]. D’après des calculs l’on « descend » vers les culs-de-sac. L’insertion du vagin sur le
statistiques [3], la possibilité actuarielle d’être hystérectomisée col se fait dans un plan oblique en bas et en avant par l’inter-
est de 14,5 % en France, 12,6 % aux États-Unis à 40 ans. Ce médiaire d’une couche conjonctive épaisse et dense : le fascia

Techniques chirurgicales - Gynécologie 1


41-600 ¶ Hystérectomie par voie abdominale pour lésions bénignes

Figure 1. Vue latérale de l’utérus et du vagin. a. Corps ; b. isthme.


c. portion supravaginale du col ; d. portion vaginale du col ; e. vagin ; f. col
utérin ; 1. trompe utérine ; 2. ligament rond ; 3. mésomètre ; 4. insertion
du fornix vaginal ; 5. ligament utéro-ovarien.

Figure 3. Coupe sagittale du pelvis. 1. Corps utérin ; 2. cul-de-sac


vésico-utérin ; 3. vessie ; 4. rectum ; 5. cul-de-sac de Douglas.

Figure 2. Vue opératoire abdominale du pelvis. 1. Utérus ; 2. ligament


rond ; 3. ligament utéro-ovarien ; 4. ovaire ; 5. trompe ; 6. rectum ;
7. ligament lombo-ovarien ; 8. mésomètre ouvert ; 9. paramètre ;
10. ligament utérosacré sectionné ; 11. uretère.

vaginal. Ainsi la libération du col utérin peut « laisser » le fascia Figure 4. Coupe horizontale schématique du pelvis au niveau du col
utérin. 1. Espace sous-péritonéal entre la vessie et l’utérus ; 2. pilier interne
sur le vagin, c’est la dissection intrafasciale, ou au contraire
de la vessie ; 3. ligament utérosacré ; 4. artères vaginales ; 5. artère
emporter le fascia vaginal avec le col : c’est la dissection
utérine ; 6. uretère.
extrafasciale. La dissection sous-péritonéale lors de l’hystérecto-
mie offre quelques particularités (Fig. 4).
• En avant, l’espace sous-péritonéal entre la vessie et le vagin Au cours de l’hystérectomie, deux pédicules principaux
est facilement clivable entre les piliers internes de la vessie où doivent être liés :
passent les vaisseaux vésicaux et les uretères. • le pédicule annexiel (Fig. 5) :
• En arrière, au niveau de la face postérolatérale du col et du C en cas d’hystérectomie conservatrice (cf. infra), la ligature
vagin naissent les ligaments utérosacrés. Si on effectue une au niveau de la corne utérine comprend la trompe et la
dissection intrafasciale, une partie de leur insertion pourra terminaison de l’artère utérine en artère tubaire et ova-
être conservée sur le fascia vaginal. Entre les deux ligaments rienne ;
utérosacrés, le cul-de-sac de Douglas peut être ouvert donnant C en cas d’hystérectomie non conservatrice, le pédicule
accès directement à la face postérieure du vagin. lombo-ovarien doit être lié en dehors de l’ovaire. Une
• Latéralement, la portion supravaginale du col répond au lésion de l’uretère à ce niveau est possible surtout en cas
paramètre où se croisent l’uretère et l’artère utérine. L’uretère d’adhérence, d’endométriose, d’un volumineux kyste
descend médialement au-dessus du cul-de-sac vaginal en ovarien. Dans ces cas, le repérage de l’uretère est indispen-
direction de la base vésicale. L’artère croise en avant et sable avant de réaliser la ligature du pédicule lombo-
au-dessus l’uretère et fait une boucle pour remonter sur le ovarien. Le repérage de l’uretère, dans sa portion iliaque,
bord de l’utérus. Le point de croisement entre l’artère et est fixe. Il est en rapport avec la paroi pelvienne latérale au
l’uretère est variable et la traction sur l’utérus lors de l’hysté- croisement des vaisseaux iliaques communs, qui sont le
rectomie augmente la distance entre l’artère utérine et guide pour le retrouver s’il n’est pas vu par transparence
l’uretère. sous le péritoine. Il est surcroisé par les vaisseaux ovariens ;

2 Techniques chirurgicales - Gynécologie


Hystérectomie par voie abdominale pour lésions bénignes ¶ 41-600

du col définit une hystérectomie « totale ». Elle peut se faire


par dissection intra- ou extrafasciale du vagin. Lors de la
réalisation d’une dissection extrafasciale, une petite partie du
vagin est retirée. Pour des pathologies bénignes de l’utérus, la
dissection intrafasciale est généralement préconisée. Différen-
tes combinaisons sont possibles, on peut réaliser des hysté-
rectomies totales ou subtotales avec ou sans conservation
annexielle et faire une dissection extrafasciale en avant et
intrafasciale en arrière.

■ Bilan préopératoire
et préparation à l’intervention
Une consultation d’anesthésie est obligatoire dans le bilan
préopératoire. Un bilan biologique minimal est préconisé en
fonction de l’âge et des antécédents de la patiente. Dans notre
Figure 5. Vascularisation schématique utéro-ovarienne. Pédicule à lier service, nous prescrivons un bilan biologique de type : groupe
lors de l’hystérectomie. 1. Artère cervicovaginale ; 2. siège de la ligature sanguin, Rhésus : deux déterminations dont une phénotypée,
de l’artère utérine ; 3. pédicule lombo-ovarien ; 4. arcade infratubaire ; recherche d’agglutinines irrégulières (RAI), crase sanguine,
5. arcade infraovarienne ; 6. vessie ; 7. artère vésicovaginale ; 8. uretère ; hémostase : taux de prothrombine (TP)-temps de céphaline
9. artère utérine ; 10. rameau urétéral ; 11. rameau vaginal ; 12. ligament activé (TCA), sérologie des hépatites C, B, du virus de l’immu-
utérosacré. nodéficience humaine (VIH) pour toute patiente âgée de moins
de 50 ans et sans antécédents cardiaques connus. Si la patiente
a plus de 50 ans ou a des antécédents cardiaques, le bilan
• le pédicule utérin : la ligature se fait en dedans du croisement biologique est complété par un ionogramme sanguin, glycémie,
avec l’uretère contre l’utérus au niveau de l’isthme. L’artère et urée, créatinémie, protidémie. Une consultation cardiologique
le veines utérines sont amarrées de très près à la paroi préopératoire est programmée avec un électrocardiogramme et
une échographie cardiaque si nécessaire.
utérine. À ce niveau, l’artère utérine donne naissance à
L’anesthésie des hystérectomies par voie abdominale a un
l’artère cervicovaginale qui se divise en branches antérieure et
faible retentissement respiratoire étant donné le siège sous-
postérieure pour irriguer le col. La ligature doit tenir compte
mésocolique de l’intervention. En effet, les incisions sous-
de ce plexus cervicovaginal.
ombilicales ont un retentissement plus faible que les incisions
sus-ombilicales. Une bonne analgésie, avec suppressions des
réflexes vagal et sympathique, peut être obtenue par anesthésie
■ Différents types d’hystérectomies générale ou locorégionale. Cependant, en vue de difficultés
opératoires prévues, l’anesthésie locorégionale peut rendre
Suivant l’attitude vis-à-vis des annexes, du col, on peut « inconfortable » l’intervention chirurgicale. L’anesthésie
distinguer différents types d’hystérectomies (Fig. 6). générale, de ce fait, est le plus souvent recommandée.
• En fonction des annexes : s’il existe une conservation La rupture de la barrière cutanée, l’ouverture de la cavité
ovarienne, on parle d’hystérectomie « conservatrice ». En vaginale font de l’hystérectomie abdominale une chirurgie
général, la conservation ovarienne est synonyme de conser- potentiellement septique dont le risque infectieux est éventuel-
vation annexielle (trompes et ovaires). La conservation peut lement jugulé par une antibiothérapie prophylactique probabi-
n’être qu’unilatérale. L’exérèse des annexes après ligatures des liste dont le spectre recouvre Staphylococcus aureus, les
pédicules lombo-ovariens définit l’hystérectomie « non anaérobies, entérobactéries, streptocoques. Les céphalosporines
conservatrice ». de deuxième génération répondent parfaitement à cette attente.
• En fonction du col : la conservation du col utérin, en Une préparation minutieuse doit être instituée, cutanée et
sectionnant l’utérus au niveau de l’isthme utérin, caractérise vaginale, par badigeonnage d’antiseptique de type polyvidone
l’hystérectomie « subtotale ». L’exérèse complète du corps et iodée, en l’absence d’allergie [5]. La tonte des poils pubiens doit

Figure 6. Différents types d’hysterectomies. a. Hystérectomie conservatrice ; b. hystérectomie non conservatrice ; c. hystérectomie subtotale ; d.
hystérectomie totale.

Techniques chirurgicales - Gynécologie 3


41-600 ¶ Hystérectomie par voie abdominale pour lésions bénignes

être effectuée le plus près du site de l’intervention. La qualité de incision transversale transrectale de type Mouchel. Cette
l’hémostase, les soins apportés à la protection et à la fermeture dernière incision est le plus souvent préconisée en cas d’utérus
cutanées de la plaie opératoire réduisent de plus le risque de volumineux ou fixé à la paroi. Elle peut être associée ou non à
surinfection. Certaines mesures préventives permettent de la ligature et section des pédicules épigastriques. Quelle que soit
réduire le pourcentage d’infection urinaire : mise en place d’une la voie d’abord, après l’ouverture du péritoine, le pelvis est
sonde urinaire au bloc opératoire où l’asepsie est la plus stricte, inspecté avec si nécessaire la réalisation de libération d’adhé-
durée du sondage la plus courte possible avec retrait de la sonde rences et d’une cytologie péritonéale. Une protection de la paroi
dès le lendemain, réalisation d’un examen cytobactériologique est assurée par une « jupe » et les écarteurs peuvent être mis en
des urines si apparition d’une symptomatologie fonctionnelle place. Deux valves de Rochard ou des écarteurs de Vankemmel
urinaire. sont placés : l’un sus-pubien, l’autre vers le haut. La table est
alors placée en position de Trendelenburg et le pelvis est exposé
par refoulement des anses intestinales à l’aide de deux champs
■ Généralités abdominaux humidifiés, radiologiquement détectables, tenus
par une valve malléable (Fig. 8).

Installation
Intervention type : hystérectomie totale
La patiente est installée en décubitus dorsal, les deux bras en non conservatrice
croix. L’opérateur se place à gauche de la patiente, l’aide en
face ; l’instrumentiste à droite de l’aide. Le champ opératoire
constitué doit remonter jusqu’au-dessus de l’ombilic et descen- Ligature des ligaments ronds
dre jusqu’à la symphyse pubienne en gardant latéralement les
L’utérus est saisi par un hystérolabe ou un fil transfixiant de
deux épines iliaques antérosupérieures (Fig. 7).
Vicryl® n° 1 ou deux pinces de Kocher longues, et attiré en
arrière et du côté opposé à la ligature du ligament rond à
Voie d’abord effectuer (à gauche pour le ligament rond droit). La ligature du
ligament rond se fait par un Vicryl® n° 1 et section par électro-
L’incision cutanée peut être une médiane sous-ombilicale ou coagulation permettant l’ouverture du péritoine vésico-utérin en
une transversale sus-pubienne. L’incision médiane se conçoit en avant et le ligament large en arrière. Le fil, du côté pariétal, est
cas d’adhérences multiples ou de masse volumineuse, où un gardé long pour être fixé sur une pince en avant et en dehors
agrandissement en sus-ombilical est nécessaire. L’incision pour faciliter l’exposition. La même manœuvre est réalisée du
cutanée peut être suivie d’une incision de Pfannenstiel ou d’une côté opposé.

Figure 7.
A. Installation de la patiente. L’opérateur est situé à la gauche de la
patiente, l’aide à droite. L’instrumentiste est au centre, entre les jambes de
la patiente.
B. Instrumentation de la table opératoire ;
C. Pinces de Jean-Louis Faure.

4 Techniques chirurgicales - Gynécologie


Hystérectomie par voie abdominale pour lésions bénignes ¶ 41-600

Figure 10. Ligature du pédicule lombo-ovarien droit par deux pinces


Figure 8. Mise en place des valves de Rochas, du cadre de Kirschner,
de Jean-Louis Faure.
d’un écarteur de Gosset : exposition du pelvis pour hystérectomie.

Figure 11. Pince à anneau excentré saisissant l’annexe gauche pour


Figure 9. Décollement vésico-utérin ; vessie sur fil.
ligature du pédicule lombo-ovarien.

Ouverture du péritoine vésico-utérin


et latéropelvien éloigne de la paroi pelvienne le repli du ligament lombo-
ovarien. On se doit de repérer avant la pose de pinces hémos-
L’utérus est attiré vers l’arrière, le péritoine est ouvert au
tatiques l’uretère le long du feuillet péritonéal pariétal. Pour ce
bistouri électrique ou au ciseau à disséquer avec pointe tournée
faire, on crée une fenêtre péritonéale pariétale, à travers ce
vers l’utérus. Cette dissection est exsangue lorsqu’elle est réalisée
feuillet transparent, pour la mise en place de pinces hémostati-
dans le bon plan contre le fascia de Halban d’aspect blanchâtre.
ques qui sont placées l’une au niveau pariétal et l’autre au
Cette libération se fait progressivement à partir de la ligne
niveau viscéral. On sectionne. Du côté pariétal, on aiguille à
médiane jusqu’au-delà du col utérin palpé à travers la paroi
travers ce feuillet péritonéal tout le contenu vasculaire du
vaginale. Cette dissection peut être aidée du palper entre pouce
ligament lombo-ovarien et uniquement ce ligament par du fil
et index et de la digitoclasie.
résorbable lent de type Vicryl® n° 1 en s’appuyant sur le versant
Le péritoine latéropelvien peut être ouvert en arrière à partir
péritonéal du ligament lombo-ovarien. On noue normalement
du ligament rond, à la face antérieure du ligament large en
avec l’aide de deux ligatures distinctes. L’hémostase du côté
dessous de la trompe et du pédicule annexiel. Ce dégagement
viscéral est assurée par un aiguillage en aval du précédent
doit être fait de la même façon des deux côtés, permettant de
(Fig. 10, 11).
refouler si nécessaire l’uretère si celui-ci reste toujours adhérent
à la surface péritonéale. La vessie doit être clivée de l’utérus puis
de la région du cul-de-sac vaginal antérieur. Le décollement est
Ligature des pédicules utérins
suffisant latéralement lorsqu’on peut placer une pince sur La ligature du pédicule utérin doit être réalisée la plus
l’artère utérine et vers le bas lorsqu’on dépasse de 5 à 10 mm électivement possible à l’aide d’une pince de type Jean-Louis
l’insertion cervicale du vagin. Pour repérer le col, on peut le Faure. L’abord de la ligature doit être réalisé au niveau de
palper entre deux doigts placés dans le cul-de-sac de Douglas et l’isthme utérin. En effet, cette région correspond à la remontée
deux doigts de l’autre main placés dans le décollement antérieur de l’artère utérine le long du corps utérin après sa crosse. La
(Fig. 9). position de la pince doit être le plus perpendiculairement
possible à l’axe utérin. Pour lier le pédicule utérin droit, l’utérus
Ligature des pédicules lombo-ovariens est attiré en arrière et à gauche par l’aide et l’opérateur repère
On saisit l’annexe à l’aide d’une pince à anneau excentré, le bord droit de l’utérus. La pince doit prendre le fascia utérin
dont la traction vers le haut et en dedans individualise et pour que tous les vaisseaux accessoires soient clampés et que la

Techniques chirurgicales - Gynécologie 5


41-600 ¶ Hystérectomie par voie abdominale pour lésions bénignes

Il est en fait souvent logique d’ouvrir le vagin en avant après


décollement inter-vésico-vaginal suffisamment bas pour débuter
l’hystérectomie en extrafascial en avant et finir la dissection en
arrière en intrafascial en conservant « l’amarrage vaginal » au
niveau des ligaments utérosacrés. Une toilette vaginale est alors
effectuée à l’aide d’un tampon monté imbibé de solution
antiseptique (polyvidone iodée).

Fermeture vaginale
La fermeture vaginale peut débuter après avoir repéré la
tranche vaginale à l’aide de pinces de Jean-Louis Faure ou
pinces de Bengoléa.
La fermeture peut être réalisée de différentes manières. Nous
optons pour deux points d’angle par fil à résorption lente, puis
un surjet médian refermant la tranche vaginale en prenant de
part et d’autre la tranche ventrale et dorsale du vagin ainsi que
les fascias pré- et rétrocervical. Durant ce surjet, il faut veiller à
bien affronter les tranches vaginales en évitant leur éversion, ce
qui diminue le risque de granulome inflammatoire du vagin,
Figure 12. Ligature du pédicule utérin droit par pinces de Jean-Louis source de saignements postopératoires de la tranche vaginale. Il
Faure. n’y a pas lieu de réaliser un drainage de manière systématique.
Nous gardons deux fils d’angle repères pour traction afin de
monter les deux paracervix et de vérifier la qualité de leur
prise repose sur des fibres du paramètre. Après clampage, le hémostase.
pédicule utérin est sectionné jusqu’à l’extrémité de la pince. On
conserve la pince qui sert d’écarteur pour le temps suivant. Il Toilette péritonéale
n’y a pas d’intérêt à assurer l’hémostase du retour viscéral. On
peut ligaturer la prise utérine dans ce temps, ou la réaliser dans L’intervention se termine par une toilette péritonéale avec du
un second temps avec un fil de Vicryl® n° 1. La même manœu- sérum physiologique à température tiède à chaude. On contrôle
vre est réalisée de l’autre côté (Fig. 12). les hémostases. On réalise un premier compte de compresses.
Un drainage peut être utile en cas de lésions septiques, ou
Ligature du paracervix (pédicules devant la persistance d’un suintement hémorragique diffus. On
cervicovaginaux) peut utiliser :
• soit un drain de Redon couché sur la tranche vaginale ;
Les vaisseaux utérins sont écartés vers l’extérieur à l’aide de • soit un drainage tubulé sortant par le vagin (surtout dans un
la pince qui les contrôle, ouvrant un angle dans lequel une contexte septique).
autre pince hémostatique peut être introduite. Celle-ci va être La péritonisation n’est pas indispensable.
appliquée sur le segment cervical du paracervix. Sa direction
doit être perpendiculaire à la pince clampant le pédicule utérin, Fermeture pariétale
parallèle à l’axe génital, à son contact. L’extrémité est placée au
Elle débute par la fermeture aponévrotique à l’aide d’un surjet
ras du cul-de-sac vaginal latéral. Une fois l’ensemble des
de fil à résorption lente ou par deux hémisurjets afin de
clampages effectué, on procède aux différentes ligatures à l’aide
renforcer la fermeture et d’éviter tout risque de faiblesse
de fil de résorption lente de type Vicryl® n° 1. Le pédicule
pariétale pouvant engendrer une éventuelle éventration.
cervicovaginal fait l’objet d’une ligature sertie appuyée sur le
Un deuxième compte des compresses peut être réalisé. La
vagin. Une fois le nœud fait et la pince enlevée, la même
fermeture cutanée peut se faire par points séparés à l’aide
ligature enserre l’artère utérine dans un deuxième nœud. Cette
d’agrafes ou de fil non résorbable. Elle peut s’effectuer aussi par
procédure est réalisée sur les deux côtés avant la section du
un surjet avec fil à résorption lente.
vagin.
L’ensemble de ces ligatures peut être effectué également par
l’utilisation de pinces à thermocoagulation ou ultrasons (Liga- Suites opératoires
sure ®, Ultracision ®). Les suites postopératoires sont marquées par un lever précoce
et l’administration d’anticoagulants pendant une durée mini-
Section vaginale male de 7 jours en moyenne limitant le risque thromboembo-
Deux solutions de fin de dissection s’offrent à l’opérateur : la lique. La surveillance de la diurèse et des constantes hémo-
dissection dite intrafasciale et la dissection dite extrafasciale dynamiques est essentielle dans le postopératoire. La sonde
(selon Wiart). Pour la dissection intrafasciale, il faut inciser le urinaire est retirée le lendemain de l’intervention. La reprise
fascia péricervical (pré- et rétrocervicaux) tout en circonscrivant alimentaire d’abord liquide puis mixte et enfin solide est
le col pour atteindre le point vaginal de l’insertion cervicale. La débutée le lendemain du passage au bloc opératoire, en
dissection débute par le fascia précervical au bistouri électrique. l’absence de nausées. Le transit est plus souvent difficile à
L’ouverture du fascia par électrocoagulation en direction reprendre normalement et peut nécessiter la prise de laxatifs. En
verticale au contact du col et la traction de l’utérus permettent cas de drain de Redon, celui-ci peut être retiré à la 48e heure.
son ascension et l’abaissement du fascia péricervical. On atteint La sortie est prévue généralement vers le 5e jour.
ainsi les culs-de-sac vaginaux. L’ouverture vaginale débute
indifféremment par devant ou sur les côtés. Elle se termine lors
de la libération complète de l’utérus.
■ Variantes de l’hystérectomie
Lorsqu’on choisit la technique extrafasciale, la dissection abdominale
reprend à partir de la pince de Jean-Louis Faure au niveau des
vaisseaux cervicovaginaux. Une ou deux nouvelles prises à l’aide Hystérectomie avec conservation annexielle
d’une pince de Jean-Louis Faure vont être faites de chaque côté,
au niveau du paravagin latéralement et des utérosacrés en La conservation annexielle est souhaitable chez la femme
arrière. Tout le tour du vagin est ainsi disséqué, jusqu’au-delà du jeune à ovaires sains. L’âge limite au-delà duquel les inconvé-
col utérin. nients de la conservation (risque de cancer sur ovaire restant)

6 Techniques chirurgicales - Gynécologie


Hystérectomie par voie abdominale pour lésions bénignes ¶ 41-600

sont supérieurs à ses avantages se situe entre 45 et 50 ans. Le procéder à une hystérectomie totale transverse. Les différents
choix dépend de l’aspect macroscopique des ovaires et des temps du côté choisi sont les suivants : ligature-section du
antécédents personnels et familiaux de pathologie ovarienne. ligament rond, ligature-section du ligament lombo-ovarien,
Cette décision doit être envisagée en préopératoire et prise en dissection du péritoine pelvien antérieur, ligature-section du
accord avec les souhaits de la patiente. Le principe de la pédicule utérin et cervicovaginal, ouverture du vagin puis
conservation repose sur la préservation du pédicule lombo- hémostase des autres pédicules en les abordant de dedans en
ovarien. L’annexe est saisie par une pince de Duval et attirée en dehors et de bas en haut. L’utérus n’est alors maintenu que par
arrière et en dehors, l’utérus étant tracté en avant du côté l’annexe bloquée qui sera libérée de bas en haut et de dedans
opposé. Le mésosalpynx est ainsi exposé, laissant apparaître le en dehors après repérage de l’uretère.
ligament utéro-ovarien, le bord antémésial de la trompe. On Si les deux annexes sont bloquées dans le pelvis, on peut
saisit avec deux pinces de Jean-Louis Faure l’ensemble de ces procéder tout d’abord à une hystérectomie en procédant aux
éléments avec le ligament rond. On procède à leur ligature différentes ligatures le long de l’utérus qui est attiré en haut et
étagée après section au bistouri électrique. latéralement. L’hystérectomie étant faite, l’abord des annexes est
Exceptionnellement, on peut effectuer une conservation plus aisé de dedans en dehors et de bas en haut en dessous des
ovarienne sans conservation tubaire. Dans ce cas, on saisit à adhérences.
l’aide d’une pince de Duval la trompe et on ligature de manière Quelle que soit la technique envisagée, une préparation
élective l’arcade tubaire en respectant au maximum l’arcade digestive s’avère nécessaire.
ovarienne.

Hystérectomie subtotale ■ Complications


Il s’agit de l’ablation unique du corps utérin, sectionné au
niveau de l’isthme. La seule indication médicale est la difficulté La mortalité périopératoire est peu fréquente en dehors de
technique (risque de complication opératoire). Cela nécessite l’urgence, du cancer et de la grossesse. Elle est chiffrée à 8,6/
une certitude cytologique sur la normalité du col utérin. Par 10 000 [7]. Le risque s’élève en fonction du contexte clinique :
ailleurs, la conservation du col utérin n’améliore pas de manière âge supérieur à 70 ans (17 à 20,6/1 000), antécédents médicaux
significative la sexualité en termes d’orgasme selon une étude chargés, intervention sur utérus gravide (2,9 à 3,2/1 000) ou
randomisée comparant 32 patientes ayant eu une hystérectomie réalisée dans le cadre de l’urgence (3,2/1 000). La morbidité
totale et 31 une hystérectomie subtotale pour des lésions opératoire est plus fréquente en cas de séquelles inflammatoires,
bénignes avec un recul de 7 mois [6]. L’intervention est identi- infectieuses, endométriose, ou d’antécédents chirurgicaux. Elle
que dans les différents temps opératoires, que l’hystérectomie peut varier de 28 à 38 % en fonction des études [8]. La durée
totale, en dehors de la conservation des pédicules cervicovagi- d’hospitalisation varie de 5 à 7,6 jours [4, 9].
naux et des fascias péricervicaux.
La section des pédicules utérins permet d’aborder l’isthme Complications postopératoires précoces
utérin qui est sectionné au bistouri électrique avec une orienta-
tion oblique antérieure et postérieure en se dirigeant vers
l’isthme. Le col est ensuite suturé par des points séparés en X Complications infectieuses et fièvre
et un recouvrement péritonéal de celui-ci est effectué de
manière facultative. Elle est définie par une température supérieure à 38 °C sans
point d’appel retrouvé à deux reprises ou pendant 2 jours
consécutifs à l’exception du premier jour postopératoire. Sa
Modification de l’intervention type fréquence varie de 1,3 à 1,9 % [10]. Les causes sont diverses :
en fonction des difficultés rencontrées infection urinaire, infections liées au foyer opératoire (paroi,
profonde collection pelvienne).
Difficultés liées au volume utérin
Complications hémorragiques
Le volume utérin peut être un obstacle pour l’accès aux
vaisseaux utérins. Dans ce cas, il est préférable de réaliser une Elles constituent la complication la plus fréquente. L’étude de
myomectomie première, qui réduit le volume utérin, permettant Cosson retrouve un taux de 6,7 % chez les patientes ayant
d’aborder les vaisseaux en toute sécurité. bénéficié d’une hystérectomie abdominale (166) [11]. Debodi-
De plus, lorsque les vaisseaux utérins ont été liés mais que le nance retrouve un taux variant de 4,8 à 9,3 % en fonction du
col reste inaccessible, on peut procéder à une hystérectomie site d’hospitalisation (Centre hospitalier général ou Centre
subtotale dans un premier temps puis à l’ablation du col restant hospitalier universitaire) pour 192 patientes hystérectomi-
en tractant ce dernier par des pinces de Pozzi. sées [12] . Leur origine peut provenir de la tranche vaginale
(0,8 %), du pelvis (0,8 %), de la paroi (3,1 %). Une réinterven-
Difficultés liées à des adhérences annexielles tion pour complication hémorragique ou mise à plat d’un
massives hématome reste exceptionnelle (0,17 à 0,3 %).

On procède avec minutie à l’adhésiolyse intestinale et Complications digestives et pariétales


épiploïque afin de reconstituer les rapports anatomiques
normaux. Plus les lésions sont importantes, plus il faut débuter La prévalence des lésions intestinales varie selon des études.
l’adhésiolyse proche de l’utérus sous le ligament utéro-ovarien. Cosson retrouve un taux moyen de 2,4 % [11]. Kovac, lors d’une
On débute le long du bord inférieur de l’ovaire. L’ensemble de étude prospective portant sur 1 427 patientes, a un taux de
ces temps opératoires a pour but de libérer totalement l’annexe 9,3 % [13] alors que l’étude multicentrique prospective de David-
et d’éviter l’uretère. Après repérage de l’uretère, on peut Montefiore portant sur 155 patientes retrouve un taux nul [8].
procéder à la ligature du pédicule lombo-ovarien. De ce fait, il est recommandé de bien vérifier l’intégrité
digestive en peropératoire. En cas de doute sur une plaie rectale,
Difficultés liées à un comblement du cul-de-sac un test « aux bulles » peut être effectué par l’introduction d’une
de Douglas seringue de 50 ml remplie d’air au niveau de l’anus. Le recto-
sigmoïde est préalablement immergé dans un milieu liquidien
Si une des deux annexes est fixée dans le cul-de-sac de (sérum physiologique). L’apparition de bulles correspond à
Douglas, on peut aborder l’autre annexe qui peut être mobile et l’issue d’air à travers une lésion rectale.

Techniques chirurgicales - Gynécologie 7


41-600 ¶ Hystérectomie par voie abdominale pour lésions bénignes

Complications urinaires utilisée, avec conservation ovarienne ou non, entraînait une


amélioration de la fonction sexuelle. La principale hypothèse
La plupart des études randomisées montre un taux significa- serait l’amendement des symptômes présents avant l’interven-
tivement plus élevé de plaies urinaires (vésicale et/ou urétérale) tion qui ont un rôle négatif sur la sexualité [22] . L’étude
lors d’hystérectomies par voie cœlioscopique que par voie prospective de Monroy-Lozano et al., portant sur 50 patientes,
vaginale ou abdominale avec un taux autour de 1 % [8, 14, 15]. a évalué les modifications du « volume » vaginal après hystérec-
Un test par remplissage de la vessie au « bleu de méthylène » est tomie. Il n’a pas été démontré de modifications significatives et
recommandé en peropératoire en cas de doute sur une lésion
notamment de réduction du « volume » vaginal en postopéra-
vésicale. Le diagnostic est posé lors d’apparition de bleu de
toire. La présence de granulome inflammatoire était cependant
méthylène dans la cavité péritonéale. Quelles que soient les
responsable de 4 % de dyspareunies [23].
études, il n’a pas été retrouvé de plaie urétérale.

Complications thromboemboliques Qualité de vie


La fréquence est évaluée de 0,2 à 2,5 % avec un taux d’embo- 96 % des patientes se déclarent satisfaites 2 à 10 ans après
lie pulmonaire de 0,01 à 0,9 %. Cette dernière est responsable l’intervention [24]. L’étude de Flory, portant sur 63 patientes
de 40 % des décès postopératoires. L’introduction d’un traite- ayant une hystérectomie totale ou subtotale, a étudié la qualité
ment anticoagulant dans les suites opératoires est essentielle de vie à 7 mois par envoi de questionnaires. Quel que soit le
dans la chirurgie gynécologique et d’autant plus lors d’une type d’hystérectomie pratiqué, on a noté une amélioration
hystérectomie abdominale avec une période d’alitement plus significative de la vie sexuelle, de la libido, une amélioration
prolongée. dans les rapports sexuels [6]. L’étude prospective, multicentrique
de Kuppermann portant sur 63 patientes préménopausées, a
évalué le retentissement sur la qualité de vie et l’activité sexuelle
entre la réalisation d’une hystérectomie et la prescription de

“ À retenir
macroprogestatif. L’ensemble des patientes du groupe « hysté-
rectomisées », à 6 mois, retrouvait de manière significative une
amélioration de la qualité de vie, des rapports sexuels, de la
Les complications postopératoires sont par ordre de libido ; une diminution dans le stress quotidien ainsi que dans
fréquence : hémorragiques, infectieuses, digestives, les troubles de sommeil [25] . De plus, la méta-analyse de
urinaires et thromboemboliques. Johnson portant sur 27 études randomisées, soit 3 643 patien-
tes, montrait un retour aux activités normales au bout de
20 jours [7].
La qualité de vie et notamment la sexualité ne sont pas
Complications postopératoires modifiées après une hystérectomie abdominale.
tardives - Séquelles .

Troubles urinaires
■ Références
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transit colique est plus allongé pour les femmes de plus de [6] Flory N, Bissonnette F, Amsel RT, Binik YM. The psychosocial
50 ans [19] . La physiopathologie n’est pas précise : trouble outcomes of total and subtotal hysterectomy: a randomized controlled
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La fréquence estimée du prolapsus de la voûte vaginale après and complications of hysterectomy for benign disorders: a prospective
hystérectomie se situe entre 0,2 et 1 %. L’importance est de ne observational study in French university hospitals. Hum Reprod 2007;
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questionnaire aux patientes et leur partenaire n’a pas rapporté [11] Cosson M, Rajabally R, Querleu D, Crepin G. Long-term complica-
d’effets négatifs lors de la réalisation d’une hystérectomie totale tions of vaginal hysterectomy: a case control study. Eur J Obstet
ou subtotale [21]. Le seul élément prédictif négatif était l’exis- Gynecol Reprod Biol 2001;94:239-44.
tence déjà d’une insatisfaction sexuelle avant l’intervention. [12] Debodinance P. Comparison of the Bologna and Ingelman-Sundberg
Mokate a montré que la fonction sexuelle féminine dépendait procedures for stress incontinence associated with genital prolapse: ten-
de nombreux facteurs psychologiques, sociaux et physiologi- year follow-up of a prospective randomized study. J Gynecol Obstet
ques. L’hystérectomie, quelle que soit la technique chirurgicale Biol Reprod (Paris) 2000;29:148-53.

8 Techniques chirurgicales - Gynécologie


Hystérectomie par voie abdominale pour lésions bénignes ¶ 41-600

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Br J Surg 1990;77:1361-5. surgery (Ms) randomized trial. JAMA 2004;291:1447-55.

F. Sabban.
P. Collinet (p-collinet@chru-lille.fr).
Service de chirurgie gynécologique, Hôpital Jeanne de Flandre, 2, avenue Oscar-Lambret, 59 000 Lille, France.
R. Villet.
Professeur au Collège de médecine, chef du service de chirurgie générale et gynécologique, Hôpital des Diaconesses, 18, rue du Sergent-Beauchat, 75012
Paris, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Sabban F., Collinet P., Villet R. Hystérectomie par voie abdominale pour lésions bénignes. EMC (Elsevier
Masson SAS, Paris), Techniques chirurgicales - Gynécologie, 41-600, 2008.

Disponibles sur www.em-consulte.com


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Techniques chirurgicales - Gynécologie 9


Techniques chirurgicales - Gynécologie
[41-655]

Hystérectomie totale pour pathologies bénignes


Techniques coeliochirurgicales et indications

Charles Chapron : Praticien hospitalier


Jean-Bernard Dubuisson : Professeur des Universités, chef de service
Service de chirurgie gynécologique (Pr Dubuisson), clinique universitaire Baudelocque, CHU Cochin
Port-Royal, 123, boulevard Port-Royal, 75014 Paris France

Résumé

La coeliochirurgie est très certainement le progrès le plus important de ces dernières


décennies en matière de chirurgie. Préconisée dès 1940 par le gynécologue Raoul Palmer
à visée exclusivement diagnostique dans le cadre de l'exploration de la stérilité féminine,
la coelioscopie est devenue en un demi-siècle une discipline chirurgicale à part entière,
tant en gynécologie que dans de très nombreuses autres spécialités. Le développement
d'une instrumentation spécifique, la mise au point de techniques coeliochirurgicales et une
évaluation rigoureuse des résultats ont permis de proposer pour de nombreuses
pathologies gynécologiques de nouvelles stratégies thérapeutiques. Proposée dans un
premier temps pour le diagnostic et le traitement des pathologies annexielles (grossesse
extra-utérine, kyste ovarien, stérilité tubopéritonéale, salpingite...), les progrès
considérables réalisés ces dernières années permettent aujourd'hui de pouvoir réaliser par
voie coeliochirurgicale des interventions concernant l'utérus, notamment les
myomectomies et les hystérectomies [8, 19, 54, 57, 63bis, 79, 80, 108]. C'est Harry
Reich qui, en 1989, a décrit la première hystérectomie percoelioscopique [106]. Depuis
plusieurs équipes ont, selon des modalités différentes, rapporté leur expérience de cette
intervention. Nous allons dans ce travail présenter les différentes techniques
coeliochirurgicales de l'hystérectomie totale pour pathologie bénigne, l'hystérectomie
subtotale [39, 46, 48, 82, 99] et les hystérectomies pour pathologies néoplasiques [24, 64, 103]
soulevant des problèmes spécifiques. Ensuite, après avoir précisé l'intérêt et les
indications de la coeliochirurgie en matière d'hystérectomie, nous étudierons la place et
les modalités de cette technique lorsqu'une hystérectomie est indiquée.
© 1995 Elsevier, Paris. Tous droits réservés.

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TECHNIQUES COELIOCHIRURGICALES DES


HYSTÉ RECTOMIES TOTALES POUR PATHOLOGIES
BÉ NIGNES

Technique conventionnelle

Cette technique se caractérise par deux points essentiels : premièrement tous les
instruments sont réutilisables et deuxièmement seule l'électrochirurgie est utilisée pour
effectuer les hémostases.

Préparation de la patiente

La préparation digestive est systématique. Le protocole que nous adoptons est le suivant :

régime sans résidu les 5 jours précédant l'hospitalisation ;


un sachet de 5 g d'X-Prep® la veille et l'avant-veille de l'hospitalisation ;
un lavement Normacol® (1 flacon adulte de 130 ml) le soir de l'hospitalisation, soit
la veille de l'intervention.

Cette préparation est essentielle car c'est un des éléments permettant, avec le
pneumopéritoine et le Trendelenburg, d'obtenir une exposition correcte du pelvis. Or une
bonne exposition est indispensable pour opérer dans les meilleures conditions. La
préparation digestive facilite le refoulement puis le maintien des anses grêles au-dessus du
promontoire. Ainsi, une fois les trocarts mis en place, le premier temps de l'intervention
doit systématiquement consister, à l'aide d'une ou deux grip-pinces, à remonter, sous
contrôle de la vue, les anses grêles au-dessus du promontoire. Si des adhérences gênent
la mobilisation du grêle, elles devront être préalablement libérées. Outre son rôle en
matière d'exposition, la préparation digestive est également importante si une
complication digestive se produit soit lors de l'introduction des trocarts soit lors du temps
coeliochirurgical proprement dit. Il est en effet préférable que l'intestin ait été préparé afin,
si cela est possible, d'effectuer une réparation en un temps.

Equipe opératoire

Elle est idéalement composée de quatre personnes. La place des membres de l'équipe
opératoire ainsi que celle du matériel coeliochirurgical sont schématisées sur la figure 1.
Le chirurgien est à gauche de la malade ; le premier assistant se place en face de
l'opérateur ; le second assistant, dont la fonction est d'assurer la présentation de l'utérus,
est installé entre les jambes de la patiente ; l'instrumentiste se place juste en arrière du
chirurgien. La colonne de matériel coeliochirurgical (insufflateur, lumière froide,
enregistrement vidéo...) est placée en face du chirurgien afin qu'il puisse en surveiller tous
les paramètres. Le premier moniteur vidéo est placé sur cette colonne et permet à
l'opérateur mais aussi au second assistant et à l'instrumentiste de suivre l'opération. Le
second moniteur vidéo est placé à côté du chirurgien, afin que le premier assistant, placé
en face de lui, puisse suivre le déroulement de l'opération sans avoir à se retourner.

Matériel coeliochirurgical
A côté du matériel nécessaire pour toutes les coelioscopies opératoires (insufflateur
électronique à régulation automatique, optique à vision axiale panoramique, système
vidéo, aiguille à pneumopéritoine...), le matériel spécifique dans la technique
conventionnelle est très limité :

une ou deux grip-pinces pour faciliter l'exposition ;


deux pinces de coagulation bipolaire à mors larges pour assurer l'hémostase des
pédicules vasculaires. Deux pinces sont indispensables pour disposer en permanence
d'un instrument propre, débarrassé des débris carbonés ;
un système d'aspiration-lavage. Nous utilisons un système type séroconditionneur
permettant un lavage avec du sérum chaud maintenu à température constante ;
une électrode monopolaire pour la colpotomie ;
deux paires de ciseaux coelioscopiques, l'une à mors droits l'autre à mors courbes.
Le générateur électrique permet un contrôle permanent de la coagulation (Erbe).

Pour l'extraction de l'utérus par voie basse nous utilisons les instruments habituels de
chirurgie vaginale qui sont préparés en début d'intervention sur une table séparée.

Installation de la patiente

Elle est essentielle. Sous anesthésie générale et intubation endotrachéale, la patiente est
placée cuisses écartées et légèrement fléchies, les fesses débordant de la table. Nous
utilisons des champs opératoires à usage unique. Une sonde urinaire à demeure est
systématiquement mise en place. Une poche à instruments (poche à bistouri et
aspiration), dans laquelle sont placées les grip-pinces, les ciseaux, la pince de coagulation
bipolaire et la canule du système de lavage, est collée sur la cuisse droite de la patiente.
Ceci permet au chirurgien de prendre les instruments sans avoir à se retourner.

Outre toutes les précautions d'installation qui ne sont pas propres à l'hystérectomie totale
percoelioscopique (HPTC) mais à la coeliochirurgie en général (prévention élongation
plexus brachial...), le point spécifique de l'installation est la canulation utérine. Après
dilatation avec des bougies de Hegar, l'utérus est canulé avec une curette mousse (calibre
10). Cette curette est ensuite solidarisée à deux pinces de Pozzi placées horizontalement,
l'une sur la lèvre antérieure l'autre sur la lèvre postérieure du col utérin. Ceci permet de
mobiliser l'utérus dans tous les plans ce qui facilite l'exposition des pédicules. Sans une
canulation utérine correcte il est impossible d'effectuer une HTPC. Alors qu'en laparotomie
l'exposition utérine est assurée par deux pinces placées sur les cornes utérines, c'est la
canulation utérine qui, en coeliochirurgie, assure cette fonction. Ceci souligne le rôle
essentiel du second assistant, placé entre les jambes de la patiente et dont la fonction
principale est de présenter l'utérus. La canulation utérine doit permettre de mobiliser
l'utérus dans tous les plans. Pour cela il est, en premier lieu, nécessaire lors de
l'installation de la patiente sur la table d'opération, de bien veiller à ce que les fesses
débordent du rebord de la table (afin de ne pas être limité par celui-ci pour placer l'utérus
en antéversion) et que les cuisses soient bien écartées (afin de pas être limité pour
l'exposition des pédicules utérins qui exige de déporter latéralement l'utérus du côté
opposé au pédicule traité). Si nous utilisons pour canuler l'utérus une curette mousse
solidarisée à deux pinces de Pozzi placées sur les lèvres antérieure et postérieure du col
utérin, il ne s'agit absolument pas de la seule technique efficace. Certains comme Reich et
coll [108] utilisent le « présentateur utérin de Valtchev » [117]. Cet appareil, comprenant
plusieurs canules adaptables de longueur et de calibres différents, permet une excellente
mobilisation et facilite le repérage du cul-de-sac postérieur ce qui peut être utile si l'on
souhaite faire la colpotomie postérieure par voie coelioscopique. Il est également possible
d'utiliser l'hystérophore mis au point par Hourcabie [57]. Cet appareil est constitué de deux
éléments principaux : un cylindre de diamètre variable (40, 36 ou 30 mm) dont l'extrémité
se présente sous forme de deux languettes permettant d'exposer les culs-de-sac antérieur
et postérieur, et une canule centrale permettant de cathétériser et de mobiliser l'utérus.
Avec l'hystérophore Hourcabie préconise de modifier la chronologie de l'intervention [57].
Profitant d'une meilleure exposition des culs-de-sac, le premier temps opératoire consiste
à sectionner les ligaments utérosacrés ce qui permet d'augmenter la mobilisation utérine
et d'éloigner l'uretère des pédicules utérins. L'hystérophore empêchant toute fuite de CO2,
la colpotomie est effectuée avant d'avoir assuré l'hémostase des pédicules utérins. Ensuite
l'hémostase des pédicules utérins et cervicovaginaux est assurée en bloc avec une pince
Endo-Gia®.

Mis à part pour les patientes présentant des antécédents de laparotomie médiane sous-
ombilicale pour lesquelles nous introduisons l'aiguille à pneumopéritoine dans l'hypocondre
gauche, nous créons classiquement le pneumopéritoine par voie transombilicale, après
avoir vérifié que l'aiguille à pneumopéritoine était bien positionnée. En cas de chirurgie
abdominopelvienne antérieure, que la voie d'abord ait été une laparotomie médiane ou
une incision de Pfannenstiel, nous effectuons systématiquement les tests de sécurité avant
d'introduire le trocart ombilical. Trois voies sus-pubiennes de 5 mm sont nécessaires pour
cette intervention. Dans tous les cas les trocarts sus-pubiens sont introduits sous contrôle
coelioscopique. Les deux trocarts latéraux sont placés en dehors des pédicules
épigastriques repérés par voie endoscopique. Leur position en hauteur dépend du volume
utérin. Le troisième trocart est introduit sur la ligne médiane, à l'aplomb du fond utérin
lorsque celui-ci est poussé au maximum vers le promontoire grâce à la canulation utérine
(fig. 2 A). En cas d'utérus très volumineux, il est possible, après avoir créé le
pneumopéritoine par voie transombilicale, d'introduire le trocart de 10 mm pour l'optique
en position interombilicoxiphoïdienne. Le trocart sus-pubien médian est alors placé dans
l'ombilic et les deux trocarts sus-pubiens latéraux seront introduits d'autant plus haut et
en dehors des vaisseaux épigastriques que l'utérus est volumineux (fig. 2 B).

Temps opératoires

Ils sont identiques à ceux de l'hystérectomie par laparotomie. Le point spécifique de la


technique endoscopique est que l'exposition, assurée en laparotomie par deux fortes
pinces placées sur les cornes utérines, est ici assurée par la canulation utérine. Ceci
souligne l'importance du second assistant, placé entre les jambes de la patiente, dont le
seul rôle est d'assurer la parfaite exposition de l'utérus. Les temps opératoires sont les
suivants.

Bilan abdominopelvien

Le premier temps de l'intervention consiste, quelle que soit l'indication de l'hystérectomie,


à effectuer un bilan complet de l'ensemble de la cavité abdominopelvienne. Ce temps
initial permettra, en fonction de l'indication, de faire le bilan d'un utérus myomateux, de
rechercher une étiologie à un syndrome douloureux pelvien chronique, de faire le bilan
d'une masse annexielle... Ainsi avant d'entreprendre l'hystérectomie proprement dite on
peut, lors de cette phase initiale, être amené à réaliser différents gestes : prélèvement de
[20]
liquide péritonéal, adhésiolyse, myomectomie première , traitement d'une
[108]
endométriose, appendicectomie... Contrairement à certains nous ne faisons jamais de
façon systématique de dissection de l'uretère. Si le trajet de l'uretère est
systématiquement repéré, sa dissection ne sera effectuée qu'en fonction du contexte
(endométriose profonde, myome à développement latéral ou inclus dans le ligament large,
adhérences sévères entre l'annexe et le ligament large...).

Coagulation bipolaire puis section des pédicules annexiels (HT fig. 1 A et 1 B)

L'utérus est déporté du côté opposé au pédicule annexiel traité. Classiquement la


coagulation bipolaire est placée dans le trocart sus-pubien médian et les ciseaux
coelioscopiques dans le trocart controlatéral à l'annexe traitée. Une grip-pince,
introduite dans le trocart homolatéral, contribue à une meilleure exposition. Lors
de ce temps sont effectuées la coagulation bipolaire puis la section de la trompe,
du ligament rond et du ligament utéro-ovarien (fig. 3 A et 3 B). Le péritoine est
ensuite incisé verticalement, parallèlement au bord de l'utérus. Si une
annexectomie est nécessaire on effectue, après avoir repéré l'uretère et réalisé
les adhésiolyses éventuellement nécessaires, la coagulation bipolaire-section du
ligament lombo-ovarien puis du ligament rond [21].

La coagulation bipolaire-section du ligament rond ne doit pas être réalisée trop


près de l'utérus. L'idéal est de laisser environ 1,5 à 2 cm de ligament rond
solidaire de l'utérus et ceci pour deux raisons : premièrement il sera possible de
se servir de ce fragment de ligament rond comme moyen de traction avec la grip-
pince introduite dans le trocart sus-pubien controlatéral, facilitant ainsi
l'exposition des pédicules utérins et cervicovaginaux ; deuxièmement ceci permet
de faire l'hémostase du ligament rond en dehors de la division terminale de
l'artère utérine. En arrivant au niveau de l'angle salpingo-utérin, l'artère utérine
se dirige en effet transversalement en dehors [68] avant de se diviser
classiquement en trois branches dont la branche utérine ou artère du fundus est
la plus volumineuse. Cet abord externe permettra ensuite de descendre dans le
ligament large en dehors de l'artère utérine et d'en faire l'hémostase en une
seule fois en l'abordant beaucoup plus bas.

Décollement du cul-de-sac vésico-utérin (HT fig. 2 A, 2 B et 2 C)

L'utérus, placé en position médiane, est poussé au maximum vers le promontoire.


Le péritoine vésico-utérin, mis en tension par une grip-pince introduite dans un
trocart latéral, est incisé après coagulation bipolaire préalable. Le décollement du
cul-de-sac vésico-utérin se fait de proche en proche selon les principes de
l'adhésiolyse : mise en tension, coagulation bipolaire préventive puis section aux
ciseaux coelioscopiques de tous les tractus fibreux entre d'une part la vessie et
d'autre part l'utérus et le vagin. Le décollement est poursuivi jusqu'au cul-de-sac
vaginal antérieur qui apparaît sous forme d'un tissu blanc nacré (fig. 4).

Les ciseaux à lames courbes, plutôt que les ciseaux droits traditionnels, sont
particulièrement adaptés pour cette dissection. Il est tout à fait possible, avec les
mêmes principes d'exposition, de faire la dissection du cul-de-sac vésico-utérin
avec le crochet monopolaire. La coagulation, et ce d'autant plus que la dissection
est difficile, doit être réalisée le plus près possible de l'utérus afin d'éviter des
brûlures de la paroi vésicale entraînant une nécrose thermique qui se
manifestera secondairement par une fistule . Chez les patientes ayant des
antécédents de césariennes ou de myomectomies corporéales antérieures, la
dissection doit être prudente et il est parfois utile pour faciliter le repérage du
cul-de-sac vaginal antérieur d'introduire par voie basse un tampon bétadiné.
Pour mieux repérer les limites de la vessie il est également possible d'injecter
200 à 300 cm3 de bleu de méthylène dans la sonde urinaire. Outre la visualisation
vésicale ce test très simple a le grand avantage, en cas de dissections difficiles,
de faciliter le diagnostic peropératoire d'une éventuelle plaie de vessie. Il faut
effectuer ce test au moindre doute quant à l'intégrité vésicale de façon à
minimiser le risque de plaies vésicales passant inaperçues, le non-diagnostic en
peropératoire étant une des caractéristiques des accidents de la coeliochirurgie
[23]
.

Coagulation bipolaire puis section des pédicules utérins (HT fig. 3 et 4 et 5)

L'assistant placé entre les jambes de la patiente doit pousser aussi fort que
possible l'utérus vers la fosse iliaque opposée au pédicule utérin que l'on va
aborder. Dans certains cas il est en plus nécessaire, pour obtenir une bonne
exposition des vaisseaux utérins, d'imprimer à l'utérus un mouvement de
rotation. Le croisement entre l'artère utérine et l'uretère se situant en moyenne à
20 mm de l'isthme [68] ce geste, tout en facilitant l'exposition du pédicule utérin,
contribue également à majorer la distance entre l'uretère de l'utérus.

L'abord des pédicules utérins devant se faire perpendiculairement aux vaisseaux,


il est nécessaire de procéder à un changement de position des instruments. Ainsi
la pince bipolaire, placée dans le trocart médian pour le temps annexiel et le
décollement vésico-utérin, doit être introduite dans le trocart latéral
correspondant au pédicule utérin traité (fig. 5). La grip-pince, introduite dans le
trocart sus-pubien controlatéral, est placée sur le ligament rond ou la corne
utérine. Elle contribue à l'obtention d'une bonne exposition. Les ciseaux
coelioscopiques sont introduits dans le trocart médian. Cependant en cas de
volumineux utérus polymyomateux, il est parfois nécessaire d'introduire par la
voie sus-pubienne médiane une seconde grip-pince pour obtenir une exposition
correcte. Dans ce cas il n'est possible d'opérer qu'avec une seule voie, la pince
bipolaire et les ciseaux coelioscopiques étant alors introduits alternativement
dans le trocart homolatéral au pédicule utérin abordé.

L'abord du pédicule utérin doit se faire relativement bas, en regard de l'isthme


utérin juste au-dessus de l'endroit où l'artère utérine décrit sa crosse avant de
remonter dans sa portion intraligamentaire le long du bord utérin. Cet abord bas
situé de l'artère utérine impose au préalable d'avoir incisé, après coagulation
bipolaire préventive, les feuillets antérieur et postérieur du ligament large. Cette
section se fait pour le feuillet antérieur jusqu'au cul-de-sac vésico-utérin et pour
le feuillet postérieur jusqu'au ligament utérosacré. Le pédicule utérin est ensuite
disséqué en le libérant de tous les tractus de recouvrement. Plus la dissection est
fine plus l'hémostase sera élective mais plus le risque de plaies vasculaires
(surtout d'origine veineuse) est grand. Dans certains cas il est possible de
pédiculiser entièrement les vaisseaux utérins et de passer alors les mors de la
pince bipolaire de part et d'autre des vaisseaux et de faire ainsi en une seule
prise l'hémostase. Le plus souvent la coagulation du pédicule utérin se fera
progressivement et plusieurs prises seront nécessaires. Pour avoir une
hémostase satisfaisante il faut obtenir avant de sectionner les vaisseaux un
blanchiment des tissus d'environ 1 à 1,5 cm. La section du pédicule ne se fera
jamais en une seule fois de façon à effectuer si nécessaire, des hémostases
complémentaires.

Coagulation bipolaire puis section des pédicules cervicovaginaux (HT fig. 6 A et 6


B)

Un nouveau changement de position des instruments sus-pubiens est nécessaire.


La coagulation bipolaire est replacée dans le trocart médian ce qui permet
d'aborder perpendiculairement les vaisseaux cervicovaginaux en plaçant la pince
parallèlement à l'isthme et au col utérin, en dedans de l'artère utérine
préalablement sectionnée. Les ciseaux coelioscopiques sont introduits dans le
trocart homolatéral. La grip-pince contro-latérale contribue à l'exposition en
rejetant l'utérus du côté opposé. La coagulation-section des vaisseaux
cervicovaginaux se fait dans le plan intrafascial [62]. L'utilisation de ciseaux à
mors courbes est là aussi intéressante afin que l'angle d'attaque soit le plus
perpendiculaire possible aux vaisseaux. Cette dissection peut aussi parfaitement
être réalisée avec l'électrode monopolaire, les hémostases complémentaires
étant assurées avec la pince bipolaire. La dissection se poursuit jusqu'aux culs-
de-sac vaginaux latéralement et en arrière jusqu'aux ligaments utérosacrés.

Coagulation bipolaire puis section des ligaments utérosacrés

Après section du péritoine postérieur, les ligaments utérosacrés sont sectionnés


au ras de l'utérus, soit aux ciseaux après coagulation bipolaire préventive soit
avec la pointe monopolaire. Il est indispensable avant de sectionner les
ligaments utérosacrés de s'assurer que le rectum est à distance. Dans certaines
situations, notamment en cas de comblement du cul-de-sac de Douglas et/ou de
lésions d'endométriose profonde, il sera nécessaire au préalable de libérer le cul-
de-sac de Douglas et de disséquer le rectum.

Ouverture du vagin

Précédée par une toilette vaginale par voie basse, la colpotomie est effectuée par
voie coelioscopique au niveau du cul-de-sac antérieur du vagin repéré à l'aide
d'un tampon bétadiné introduit par voie basse (HT fig. 7). Il est nécessaire de
bien vérifier que la vessie a été suffisamment disséquée et refoulée. L'incision
vaginale est effectuée classiquement avec le crochet monopolaire (HT fig. 8) (fig.
6). Outre son utilité pour repérer le site de la colpotomie, le tampon, une fois
l'ouverture du vagin débutée, permet de maintenir l'étanchéité et d'éviter les
fuites vaginales de CO2. Il est le plus souvent possible d'effectuer l'ouverture de
la moitié antérieure du vagin. Lorsque le pneumopéritoine devient insuffisant, la
patiente est installée en position gynécologique. Contrairement à certains [108]
nous n'effectuons jamais la colpotomie postérieure par voie coelioscopique mais
toujours par voie vaginale.

Temps vaginal

La patiente est installée en position gynécologique, c'est-à-dire cuisses écartées


et fléchies au maximum sur l'abdomen. Il n'est pas raisonnable de se contenter
d'une installation identique pour le temps coeliochirurgical et le temps vaginal.
Dans certains cas le temps vaginal peut en effet être long et difficile ; il est alors
impératif d'avoir une installation spécifique permettant de réaliser les gestes par
voie basse dans les meilleures conditions. Cette modification de l'installation est
indispensable.

On effectue la fin de l'incision vaginale, l'extraction de l'utérus et la suture


vaginale. Pour cela nous faisons avec du Vicryl ® 0 successivement deux points en
X aux angles de l'incision, un surjet prenant le péritoine et la tranche vaginale
postérieure, un rapprochement des ligaments utérosacrés, et un surjet vaginal.
Une fois le vagin suturé, une toilette vaginale est réalisée avant de mettre en
place deux mèches vaginales.

Dans les cas où le volume utérin est raisonnable, l'extraction utérine ne pose le
plus souvent aucune difficulté. Ce temps opératoire est d'autant plus difficile que
l'accessibilité vaginale est mauvaise et que l'utérus est volumineux. Lorsqu'il
existe une disproportion entre l'étroitesse de la filière génitale et le volume
important de l'utérus il est nécessaire, alors que la totalité des hémostases a été
réalisée et que l'utérus est complètement désolidarisé du plancher pelvien,
d'avoir recours aux techniques préconisées par les chirurgiens vaginalistes et de
faire des manoeuvres de réduction par voie basse. En fonction des situations on
peut être amené à réaliser, soit isolément soit en association, des hémisections,
des énucléations de fibromes, des évidements sous-séreux, des amputations du
col utérin... Ce temps vaginal est parfois long si les conditions par voie basse sont
très péjoratives.

Le temps de suture vaginale ne doit pas, même s'il s'agit d'un geste
apparemment simple, être négligé. Tout comme dans les hystérectomies
vaginales, il faut faire particulièrement attention à ne pas prendre la vessie dans
la suture ce qui exposerait au risque de fistule vésicovaginale [18, 81]. Nous
effectuons toujours ce temps par voie basse contrairement à Kadar [65] qui
préconise, en cas de mauvaise accessibilité vaginale, de suturer le vagin par
coelioscopie pour éviter ce risque. Certains comme Reich [108] préfèrent suturer
le vagin par voie coelioscopique en réalisant des noeuds extracorporels
descendus à l'aide d'un pousse-noeud [25, 105, 109, 118].

Contrôle coelioscopique et toilette abdominopelvienne

Ils sont systématiques après avoir réinstallé la patiente et refait le


pneumopéritoine. Effectuée avec du sérum chaud à 45°, ce temps permet de
vérifier les hémostases et de réaliser une toilette abdominopelvienne abondante
afin de retirer les éventuels caillots ainsi que tous les débris carbonés. Cette
toilette contribue à une reprise du transit très rapide et minimise le risque
d'adhérences postopératoires. On profite de ce temps final pour vérifier la
reptation des uretères et contrôler la vessie. Au moindre doute de lésions
urinaires il faut réaliser les tests permettant de dépister en peropératoire une
complication [22]. Pour la vessie il est simple de vérifier son intégrité en
constatant l'absence de gaz dans la poche à urine et l'absence de fuites de liquide
bleuté lors de l'injection par la sonde urinaire de 200 à 300 cm3 de bleu de
méthylène (HT fig. 9). Pour l'uretère il faut en cas de doute injecter en
intraveineux 5 cm3 d'indigo-carmin ou de bleu de méthylène. Nous ne
péritonisons jamais et ne plaçons pas de drain (HT fig. 10).

Traitement per- et postopératoire

Toutes les patientes bénéficient en peropératoire d'un flash antibiotique


intraveineux (1 g Augmentin®). La prophylaxie des complications
thromboemboliques n'est pas systématique et n'est prescrite qu'aux patientes à
risque. La sonde urinaire et les mèches vaginales sont retirées le lendemain de
l'opération. La voie veineuse est retirée dès la reprise du transit. Les patientes
sont laissées à jeun le soir de l'intervention. Un petit déjeuner léger leur est
proposé le lendemain matin. Une alimentation normale est autorisée dès la
reprise du transit. La sortie est autorisée en moyenne le 2e ou le 3e jour.
Autres possibilités techniques

Ligatures percoelioscopiques

L'hémostase des pédicules annexiels et utérins peut être assurée, comme en


laparotomie, par des ligatures [108, 110]. Les noeuds sont noués en dehors de
l'abdomen, noeuds extracorporels, puis descendus à l'aide d'un pousse-noeud [25,
105, 109, 118]
. C'est une alternative à la technique conventionnelle tant en termes
d'efficacité que de coût.

Pinces automatiques type Endo-GIA®

Une autre possibilité pour effectuer l'hémostase et la section des pédicules


vasculaires est d'utiliser des pinces automatiques à usage unique. Plusieurs
auteurs ont rapporté leur expérience de ce type de matériel dans l'hystérectomie
[3, 31, 57, 73, 77, 84, 93]
. Ce matériel offre des avantages et des inconvénients qu'il est
indispensable de prendre en considération.

Le raccourcissement du temps opératoire est le seul avantage objectivement


démontré des pinces automatiques à usage unique [3, 31, 77]. L'indication
privilégiée de leur utilisation est l'hémostasesection du pédicule annexiel. En cas
de traitement conservateur il est en effet souvent possible de faire en une seule
prise l'hémostase et la section du ligament rond, de la trompe et du ligament
utéro-ovarien. On peut estimer que le gain de temps est de l'ordre de 20 minutes
pour le traitement des pédicules annexiels.

A côté de cet avantage en terme de durée, l'utilisation des pinces automatiques


expose à un certains nombre d'inconvénients dont les plus importants nous
semblent être :

le caractère encore très récent de ce matériel pour lequel une évolution


sur le plan technologique est impérative. En effet ces pinces présentent dans
leur conception des défauts qui, s'il ne sont pas corrigés, seront, à notre sens,
autant d'obstacles à leur utilisation. Les principaux défauts sont les suivants :
la largeur et la longueur de la pince sont trop grandes. Ces deux
éléments limitent considérablement l'utilisation de ce procédé pour
l'hémostase des pédicules utérins en raison de la proximité de l'uretère ;
les pinces sont droites et non orientables. L'application de la pince
doit, lors de l'abord des pédicules annexiels, se faire parallèlement et à
proximité de l'utérus, tout en contrôlant l'extrémité libre afin d'être certain
de ne blesser ni la vessie ni l'uretère. Ainsi l'utilisation de ce matériel
semble difficile en cas de volumineux utérus dont les contours sont
déformés par des fibromes interstitiels, sous-séreux ou se développant
dans le ligament large ;
les rangées d'agrafes ne se poursuivent pas jusqu'a l'extrémité du
chargeur, ce qui est peut-être une des raisons permettant d'expliquer que
la qualité de l'hémostase semble moins bonne avec ces pinces
automatiques qu'avec l'électrochirurgie ou les ligatures percoelioscopiques.
Liu et Reich [81] ont en effet rapporté quatre cas d'hématomes pelviens
(2,12 %) chez les patientes pour lesquelles avaient été utilisées des pinces
automatiques, alors qu'aucun cas n'avait été observé lorsque l'hémostase
avait été assurée soit par l'électrochirurgie soit par les ligatures ;
l'utilisation de ce matériel n'est pas possible pour toutes les HTPC. Le
risque urétéral est majeur en cas de processus adhérentiel important et de
lésions profondes d'endométriose entraînant une modification des rapports
anatomiques. Or ces situations, qui représentent les contre-indications ou les
limites de la chirurgie vaginale, constituent justement d'excellentes
indications de coeliochirurgie pour effectuer l'hystérectomie ;
ces pinces favorisent la survenue de certaines complications. Outre les
complications à type de lésions urinaires (vésicales et surtout urétérales) lors
de l'hémostase des pédicules utérins [92], ces pinces nécessitent l'utilisation
de trocarts de calibre 12mm. Ces trocarts, dont le diamètre est plus de 2 fois
supérieur à celui des trocarts nécessaires pour l'utilisation du matériel
réutilisable (12 mm contre 5 mm), exposent à deux types de complications
spécifiques. Premièrement ils majorent le risque de plaies des vaisseaux
pariétaux, notamment des pédicules épigastriques lors de leur mise en place
et deuxièmement ils exposent au risque de hernie, risque qui est
proportionnel à la taille du trocart utilisé [67, 89, 92] ;
l'utilisation de ce matériel à usage unique entraîne une majoration
considérable du coût de l'intervention. Au prix de la pince et des chargeurs il
est nécessaire d'ajouter celui des trocarts également à usage unique.

Au vu de tous ces arguments le seul bénéfice que l'on puisse retirer à l'utilisation
des pinces automatiques lors de l'HTPC est le gain de temps que l'on peut estimer
à 20 minutes. Ce gain de temps ne nous semble absolument pas suffisant pour
justifier l'utilisation systématique de ce matériel et ce d'autant plus qu'il doit
encore être perfectionné, qu'il expose à un risque spécifique de complications et
qu'il majore de façon considérable le coût de l'intervention.

Clips percoelioscopiques

Comme les pinces automatiques type Endo-Gia® l'utilisation de clips


coelioscopiques [86] nécessite l'utilisation de matériel spécifique à usage unique
(clip, pince à clips rechargeable, trocart de 10 mm) ce qui majore d'autant le coût
de l'intervention. Outre cet inconvénient, majeur à nos yeux, l'utilisation des clips
expose à trois types d'inconvénients :

premièrement ils ne sont pas adaptés à l'hémostase des pédicules


annexiels, que l'hystérectomie soit interannexielle ou avec annexectomie. Au
niveau du pédicule lombo-ovarien plusieurs clips sont nécessaires,
l'application d'un seul clip étant le plus souvent insuffisante pour obtenir une
hémostase satisfaisante. De même au niveau tubaire il est plus simple
d'assurer l'hémostase de la trompe et de l'arcade tubaire en une prise avec la
coagulation bipolaire plutôt que d'utiliser plusieurs clips ;
si les clips semblent plus adaptés pour l'hémostase des pédicules utérins,
leur utilisation exige une dissection beaucoup plus fine des vaisseaux que
lorsque l'hémostase est effectuée avec la coagulation bipolaire. Cette
dissection, facilitée par la mise au point de dissecteurs coelioscopiques,
expose à un risque accru de plaies vasculaires et d'hémorragie peropératoire ;
enfin lors de l'extraction de l'utérus par voie basse il est parfois
nécessaire d'effectuer des manoeuvres de réduction du volume utérin. Lors de
ces gestes de morcellation, d'hémisection et d'énucléation il est toujours
possible qu'un clip glisse et soit responsable d'un syndrome hémorragique.

Commentaires

Après avoir présenté les différentes techniques de l'hystérectomie totale


percoelioscopique deux remarques de fond nous semblent essentielles en ce qui
concerne cette technique conventionnelle :

la coagulation bipolaire permet d'effectuer en toute sécurité les


hémostases. C'est une technique simple et sûre pour assurer l'hémostase de
pédicules importants tels les vaisseaux utérins et ceux du ligament lombo-
ovarien [13, 63, 85, 104, 106]. Elle est par ailleurs tout aussi efficace que les autres
procédés comme les ligatures, les endo-loop ou les pinces automatiques à
usage unique [30]. Dans notre expérience sur 150 hystérectomies totales
percoelioscopiques effectuées entre janvier 1993 et décembre 1994, nous
n'avons observé aucune complication hémorragique secondaire. De même
dans l'étude multicentrique française sur les complications de la coelioscopie,
seule une réintervention pour syndrome hémorragique secondaire après
coagulation bipolaire d'un ligament lombo-ovarien a été rapportée à partir
d'une série de 6 413 coeliochirurgies [23] ;
la technique conventionnelle est la moins onéreuse des techniques
coeliochirurgicales puisqu'elle ne nécessite l'utilisation d'aucun matériel à
usage unique [13]. Si certains [4, 116], comparant les coûts des différents types
d'hystérectomies, rapportent que l'intervention coelioscopique est beaucoup
plus chère que la voie abdominale ou la voie vaginale cela tient en grande
partie au fait que dans ces deux séries les pinces Endo-Gia® et les trocarts à
usage unique sont utilisés de façon systématique. En revanche si
l'intervention est réalisée avec du matériel coeliochirurgical réutilisable
(coagulation bipolaire, trocarts) le coût hospitalier de l'intervention par voie
coelioscopique est comparable à celui de la voie vaginale [31, 91] et de la
laparotomie [31, 58, 91].

A une époque où le coût de la santé est devenu un problème très préoccupant,


ces deux remarques nous semblent essentielles. Dans le mesure où l'hémostase
percoelioscopique avec la coagulation bipolaire est sûre et que le coût de
l'intervention est comparable à celui de la laparotomie ou de la voie vaginale,
nous estimons que la technique conventionnelle [17] doit être considérée comme
la technique coeliochirurgicale de référence. La seule alternative qui nous semble
possible à l'électrochirurgie pour effectuer les hémostases est, comme le
préconise Reich [108] de réaliser des ligatures percoelioscopiques, les noeuds
étant effectués en extracorporel puis descendus à l'aide d'un pousse-noeud.
L'accroissement considérable du coût de l'opération secondaire à l'utilisation de
pinces automatiques à usage unique de type Endo-Gia®, qui nécessitent de plus
l'utilisation de trocarts à usage unique et de diamètres supérieurs (10 ou 12
mm), n'est, à notre sens, absolument pas justifié de façon systématique et ce
même si ces pinces automatiques permettent un gain de temps de 20 minutes en
moyenne par intervention. Ces précisions d'ordre économique sont très
importantes. En effet il ne faudrait pas que des coûts prohibitifs, injustifiés sur le
plan de la technique chirurgicale, de la qualité des soins et des suites
opératoires, contribuent à limiter le développement d'une technique chirurgicale
dont les bénéfices, tant pour la patiente que pour la société, sont considérables.

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INDICATIONS DE LA COELIOCHIRURGIE DANS LES


HYSTÉ RECTOMIES TOTALES POUR PATHOLOGIES
BÉ NIGNES

La faisabilité de l'hystérectomie par coelioscopie est aujourd'hui définitivement


acquise. Le problème qui se pose maintenant est de préciser la place et les
modalités de cette nouvelle technique par rapport aux autres possibilités
chirurgicales que sont la laparotomie et la voie vaginale pour réaliser une
hystérectomie.

Intérêt de la coeliochirurgie

Le fait qu'actuellement la majorité des hystérectomies soient réalisées par


laparotomie est une raison suffisante pour affirmer qu'il existe une place
importante pour la coeliochirurgie dans cette indication.

Jusqu'au début des années 1990 il n'existait que deux possibilités pour effectuer
une hystérectomie : la voie abdominale et la voie vaginale. Malgré tous les
avantages de la chirurgie vaginale sur la laparotomie [37], une analyse de la
littérature montre clairement qu'en majorité les hystérectomies sont réalisées
par voie haute [2, 37, 83, 102, 119, 121]. Les analyses multicentriques, qui reflètent bien
les modalités selon lesquelles sont effectuées en pratique quotidienne ces
interventions, permettent d'observer qu'en moyenne ce ne sont que 30 % des
hystérectomies qui sont effectuées par voie vaginale [2, 37, 119, 121]. Cette tendance
est confirmée par les données présentées dans les principales séries
d'hystérectomies vaginales. Si certains centres rapportent des taux très élevés
de chirurgie par voie basse, ce ne sont, toutes indications confondues, que 40 %
des hystérectomies en moyenne qui sont réalisées par voie vaginale (tableau I).
Ces statistiques sont encore plus démonstratives si l'on prend en considération
l'indication de l'hystérectomie. Là encore, mises à part certaines équipes très
expérimentées en chirurgie vaginale [26, 34, 69, 70], ce ne sont, en moyenne, qu'un
quart des hystérectomies sur utérus non prolabé qui sont réalisées par voie
vaginale [14].

Les observations que l'on peut tirer de ces résultats globaux sont renforcées si
l'on effectue une analyse plus précise de la population des patientes ayant
bénéficié d'une hystérectomie vaginale et des modalités de l'intervention. Deux
paramètres nous semblent particulièrement intéressants.

L'accessibilité vaginale : elle est le plus souvent favorable lorsque


l'hystérectomie est réalisée par voie vaginale. Deux observations sont très
démonstratives à ce sujet. Premièrement, il est nécessaire pour près de la
moitié des patientes ayant une hystérectomie vaginale de réaliser dans le
même temps opératoire une colporraphie [14]. La nécessité de devoir effectuer
cette colporraphie associée à l'hystérectomie vaginale témoigne d'un
relâchement du plancher pelvien qui facilite l'accessibilité vaginale et par voie
de conséquence la chirurgie par voie basse. Ainsi pour Heaney [53], Kovac [69]
et Dicker [38], qui rapportent dans leur série que respectivement seules 12,6
%, 17,3 % et 30 % des patientes ont bénéficié d'une hystérectomie vaginale
réalisées dans un contexte de prolapsus, il faut souligner que près de la moitié
des patientes (respectivement 47 %, 43,2 % et 44,5 %) ont bénéficié d'une
colporraphie associée à l'hystérectomie vaginale. Deuxièmement, le
pourcentage de patientes nullipares, catégorie très représentative des
patientes ayant une mauvaise accessibilité vaginale, est faible dans les séries
d'hystérectomies par voie vaginale. Dans la grande majorité des cas, les
hystérectomies chez les patientes nullipares sont réalisées par laparotomie
[14]
.
La taille utérine : s'il est parfaitement possible à des chirurgiens
vaginalistes expérimentés de retirer par voie basse des utérus volumineux , la
taille de l'utérus est le plus souvent raisonnable lorsque l'hystérectomie est
effectuée par voie vaginale [70]. Ceci est parfaitement démontré lorsque l'on
analyse le pourcentage de patientes pour lesquelles il a été nécessaire lors de
l'extraction de l'utérus par voie basse de réaliser des manoeuvres de
réduction du volume utérin. Si quelques équipes rapportent des taux
importants , ce pourcentage est faible, en moyenne inférieur à 20 % [14]. Ceci
est confirmé par le fait que, même si certaines équipes rapportent que plus de
50 % des hystérectomies réalisées pour utérus myomateux sont effectuées
par voie vaginale [26, 33, 69], la majorité des hystérectomies réalisées dans ce
contexte sont faites par voie haute [14].

Ces résultats démontrent très clairement que la majorité des hystérectomies sont
effectuées par laparotomie et que lorsque l'intervention est faite par voie
vaginale les conditions locales (accessibilité vaginale, relâchement du plancher
pelvien, taille utérine...) sont, en dehors de quelques équipes très performantes
en chirurgie vaginale, le plus souvent favorables. Toutes ces raisons permettent
d'affirmer qu'il existe une place pour la coeliochirurgie en matière
d'hystérectomie dans le but de faire chuter le taux des hystérectomies par
laparotomie. Ceci est confirmé par les propos de Dargent qui, en 1988 alors que
la coelioscopie n'avait pas encore été proposée dans le cadre de l'hystérectomie,
écrivait que « ... si l'on se fixait pour but d'enlever uniquement les utérus
pathologiques... » 50 % des hystérectomies pouvaient être réalisées par voie
vaginale [32]. Cette affirmation démontre clairement que pour un chirurgien
vaginaliste expérimenté il était, à cette époque, acceptable de réaliser 50 % des
hystérectomies par laparotomie. C'est ce pourcentage qui permet d'affirmer qu'il
existe une place réelle pour la coeliochirurgie en matière d'hystérectomie, et ce
non pas dans le but de faire par voie coeliochirurgicale ce qui est facilement
réalisable par voie basse, mais dans celui de diminuer de façon significative le
taux des laparotomies.

Indications de la coeliochirurgie

Plusieurs classifications de l'hystérectomie percoelioscopique ont été proposées


[49, 85, 90, 108]
. Cependant nous estimons qu'en pratique il n'existe que deux grands
comme l'a initialement défini Reich en 1989 [106] qu'une hystérectomie totale est
dite « percoelioscopique » (HTPC) si l'hémostase des vaisseaux utérins est
réalisée par voie coeliochirurgicale. Dans les autres situations, qui regroupent ce
que nous appellerons les hystérectomies totales dites « coelioassistées »
(HTCA), l'hémostase des pédicules utérins est effectuée par voie vaginale. Les
indications sont différentes pour chacune de ces deux catégories
d'hystérectomie.

Indications de l'hystérectomie totale coelioassistée (tableau II)

HTCA diagnostique

Le temps coelioscopique d'une HTCA peut n'être que diagnostique. Il s'agit des
situations dans lesquelles le chirurgien préfère réaliser une coelioscopie
diagnostique première afin de s'assurer de la faisabilité de l'hystérectomie par
voie vaginale exclusive [71]. L'interrogatoire et l'examen clinique ne sont pas
toujours suffisamment fiables pour évaluer l'existence et l'importance de lésions
endométriosiques ou d'un processus adhérentiel. Dans ces situations délicates, la
réalisation première de la coelioscopie évitera soit de se trouver dans une
situation délicate par voie vaginale soit de poser à tort l'indication d'une
laparotomie d'emblée qui rétrospectivement ne serait pas justifiée.

HTCA opératoire

Elle est, à notre sens, indiquée à chaque fois que la coeliochirurgie est plus
adaptée que la chirurgie vaginale pour effectuer soit un des temps de
l'hystérectomie soit un geste associé. Si elle ne doit pas être systématique, les
principales indications de l'HTCA chirurgicale sont les suivantes.

Existence d'un syndrome douloureux pelvien

Dans les 10 % de cas où l'hystérectomie est effectuée dans un contexte


douloureux [75, 114], l'exploration retrouve dans près d'un tiers des cas des lésions
d'endométriose et/ou un processus adhérentiel [72]. Même si l'hystérectomie est
possible par voie vaginale, la coelioscopie première, dans ces situations, sera
beaucoup plus adaptée pour faire le bilan et le traitement de ces lésions
associées [115].

Existence d'une endométriose connue ou suspectée

Lorsqu'une hystérectomie est indiquée dans un contexte d'endométriose, la


laparotomie est la voie la plus fréquemment utilisée [15]. L'endométriose rend la
chirurgie vaginale difficile, voire dans certains cas contre-indiquée, et ce pour
plusieurs raisons : diminution de la mobilité utérine, modification des rapports
anatomiques secondaires à l'infiltration profonde, lésions associées à types de
kystes ovariens et/ou d'adhérences parfois serrées et étendues. La coelioscopie
dans ces situations est beaucoup plus adaptée que la voie vaginale non
seulement pour faire le bilan de l'étendue des lésions mais également pour faire
le traitement des lésions associées (lysis, excision ou vaporisation d'une
endométriose péritonéale, kystectomie ovarienne ou annexectomie...). Sous
réserve d'un coeliochirurgien expérimenté, il est possible de réaliser par voie
coeliochirurgicale le traitement complet d'endométriose de stade 3 ou 4 selon la
classification de l' « American Fertility Society » [1] avant d'entreprendre une
hystérectomie vaginale [35].

Existence d'antécédents chirurgicaux abdominopelviens


favorables. Il s'agit de patientes dont les antécédents chirurgicaux sont
faiblement adhésiogènes, dont l'accessibilité vaginale est satisfaisante et dont la
taille utérine est modérément augmentée de volume . Pour ces patientes il est
effectivement possible de mener l'intervention par voie basse exclusive. En
revanche en cas d'antécédents chirurgicaux très adhésiogènes (myomectomie,
péritonite, endométriose...) et ce d'autant plus que la filière génitale est étroite
et que l'utérus est augmenté de volume, la coeliochirurgie première permettra,
dans de bien meilleures conditions, de réaliser les adhésiolyses nécessaires avant
d'entreprendre, si les conditions locales le permettent, une hystérectomie par
voie vaginale. Cette situation est très fréquente puisque les antécédents
chirurgicaux représentent, dans certaines séries , plus de 60 % des indications
d'HTCA.

Existence d'une masse annexielle

Les problèmes soulevés par une masse annexielle sont ceux de sa nature et de
ses modalités thérapeutiques. En matière diagnostique, la difficulté est de ne pas
méconnaître une lésion maligne qui devrait impérativement être traitée par
laparotomie. La coelioscopie est beaucoup plus adaptée, donc beaucoup plus
fiable que la voie vaginale, pour faire non seulement le bilan de la masse
annexielle mais aussi pour réaliser les prélèvements cytologiques et effectuer
l'exploration de l'ensemble de la cavité abdominopelvienne [9, 45, 94, 98]. D'autre
part en matière thérapeutique s'il est possible, pour des chirurgiens vaginalistes
expérimentés, de traiter par voie vaginale des patientes présentant une
pathologie ovarienne [10, 34, 56, 61, 112] le traitement coeliochirurgical des kystes
ovariens, dans le cas présent l'annexectomie, est une technique sûre et
reproductible [30, 95, 101, 104]. De plus si l'annexectomie s'avère compliquée par
voie coelioscopique (taille importante et/ou adhérences serrées) elle sera alors
le plus souvent difficile, voire contre-indiquée par voie vaginale. Ces raisons
permettent d'affirmer que l'existence d'une masse annexielle chez une patiente
devant bénéficier d'une hystérectomie constitue pour nous, quelle que soit
l'indication de l'hystérectomie, une indication formelle à réaliser une HTCA.

Nécessité de devoir réaliser une annexectomie

Lorsqu'une annexectomie est associée à une hystérectomie, l'intervention est


dans la majorité des cas effectuée par laparotomie [15, 119]. Lorsque cette
intervention est réalisée par voie vaginale les conditions locales sont le plus
souvent favorables. En effet dans un nombre important de cas est effectuée dans
le même temps opératoire une colporraphie qui témoigne d'un relâchement du
plancher pelvien [7, 27, 78]. D'autre part, lorsque l'annexectomie est effectuée au
cours de l'hystérectomie vaginale il s'agit dans la très grande majorité des cas
d'annexectomies dites « prophylactiques » [10, 55, 111, 112, 122], c'est-à-dire
indiquées en raison de l'âge ou des antécédents carcinologiques (sein, ovaire)
personnels ou familiaux de la patiente alors qu'il n'existe pas de pathologie
ovarienne. Alors qu'il s'agit d'un geste simple par voie coeliochirurgicale, la
nécessité de devoir associer une annexectomie à l'hystérectomie, et ce d'autant
plus qu'il existe une pathologie annexielle, est une excellente indication d'HTCA.
Après le temps annexiel, si les conditions locales sont satisfaisantes, il est
possible de poursuivre l'intervention par voie basse. En revanche dans les autres
cas il sera nécessaire de poursuivre l'opération par voie coelioscopique et de
réaliser alors une HTPC qui seule permettra d'éviter une laparotomie.

Indications de l'hystérectomie totale percoelioscopique (tableau III)

Sur le plan purement théorique, les indications de l'HTPC semblent moins


nombreuses que celles de l'HTCA. L'endométriose profonde et la mauvaise
accessibilité lors de l'examen sous anesthésie générale aux pédicules utérins
représentent les deux indications privilégiées de l'HTPC.

Endométriose profonde
Les lésions d'endométriose profonde peuvent être responsables d'un comblement
du cul-de-sac de Douglas, d'une atteinte des ligaments utérosacrés et/ou de la
cloison rectovaginale et l'infiltration sous-péritonéale peut atteindre l'uretère ou
les vaisseaux utérins. Dans ces situations la simple coeliopréparation ne sera, le
plus souvent, pas suffisante pour permettre ensuite d'effectuer en toute sécurité
l'hémostase des vaisseaux utérins par voie vaginale. Il est alors possible, sous
réserve d'une dissection prudente réalisée par des coeliochirurgiens
expérimentés, de faire par voie coelioscopique la totalité de l'hystérectomie et de
la résection des lésions endométriosiques. Dans ces situations la libération par
voie coeliochirurgicale du cul-de-sac de Douglas [107] suivie de l'hémostase
percoelioscopique des vaisseaux utérins, qui définit l'HTPC [106], peut permettre
d'éviter à certaines patientes une laparotomie. Dans ce contexte, tout comme
dans celui des patientes présentant après chirurgie des processus adhérentiels
sévères (antécédents de myomectomies...), il s'agit d'interventions toujours
longues et difficiles.

Mauvaise accessibilité vaginale

C'est, pour nous, le critère essentiel pour décider d'une HTPC. Cet élément doit
systématiquement être réévalué au bloc opératoire par un examen sous
anesthésie générale. L'indication principale de l'HTPC est la situation dans
laquelle l'accessibilité par voie vaginale aux pédicules utérins est difficile. Dans
cette situation, l'HTPC sera d'autant plus indiquée qu'à la mauvaise compliance
vaginale s'associe une absence ou une faible mobilité de l'utérus lors de la
traction sous anesthésie générale. Dans ce contexte, la voie coeliochirurgicale
exclusive est d'autant plus indiquée que le volume utérin est important. Les
femmes n'ayant jamais accouché par voie basse constituent un groupe très
représentatif de patientes ayant une mauvaise accessibilité vaginale. Même s'il
est parfaitement possible d'effectuer une hystérectomie par voie basse chez une
patiente nullipare , le taux de nulliparité dans les principales séries
d'hystérectomies vaginales est très faible [15]. Avant 1989, date à laquelle a été
rapportée la première HTPC [106], 90 % des hystérectomies effectuées chez les
patientes nullipares étaient réalisées par voie haute [38, 69, 78]. La possibilité de
réaliser une HTCA a permis de faire chuter ce taux à 40 % . En effectuant des
HTPC, il est possible de réduire encore ce taux et d'obtenir pour les patientes
nullipares devant bénéficier d'une hystérectomie, un pourcentage de laparotomie
de 20 % [12]. L'accessibilité vaginale est un élément essentiel pour poser
l'indication d'une HTPC, et dans certaines séries près de la moitié des patientes
ayant bénéficié d'HTPC étaient nullipares [19]. Même si l'évaluation de
l'accessibilité par voie basse est subjective et dépend de l'expérience du praticien
en chirurgie vaginale, il existe des situations dans lesquelles les conditions par
voie basse sont très péjoratives. Pour ces patientes, la seule technique
permettant d'éviter une laparotomie sera, non pas de réaliser une simple HTCA,
mais d'effectuer une HTPC [16].

Place et modalités de la coeliochirurgie

La faisabilité de l'HTPC ne justifie absolument pas que toutes les hystérectomies


totales pour pathologies bénignes doivent être réalisées selon cette voie.
Cependant le fait que la majorité des hystérectomies soit encore effectuée par
voie haute justifie à lui seul qu'il existe, dans le but de faire chuter le taux
d'hystérectomie par laparotomie, une place réelle pour la coeliochirurgie en
matière d'hystérectomie. La coeliochirurgie ne doit pas être considérée comme
une alternative à la voie basse lorsque celle-ci se présente, pour un chirurgien
ayant une formation « standard » en chirurgie vaginale, dans des conditions
satisfaisantes. La coeliochirurgie est en revanche indiquée lorsqu'elle permet,
dans un but diagnostique et/ou thérapeutique, de réaliser des gestes difficiles,
voire impossibles par voie basse.

Dans 30 à 50 % des cas en moyenne l'hystérectomie se présente dans de bonnes


conditions par voie vaginale. Dans ces situations l'intervention doit
préférentiellement être réalisée selon cette voie puisqu'il s'agit d'une technique
simple, rapide, reproductible, peu coûteuse, et dont les résultats ont été
parfaitement évalués sur de grandes séries. En revanche dans toutes les autres
situations, où la voie vaginale exclusive s'avère soit difficile soit contre-indiquée,
une coelioscopie doit être effectuée. En fonction des indications, de la formation
et de l'expérience du chirurgien, celui-ci réalisera soit une HTCA soit une HTPC. Si
l'hystérectomie s'avère impossible à réaliser par voie endoscopique (10 à 20 %
des cas), l'intervention sera alors effectuée, soit d'emblée soit après une
coelioscopie diagnostique, par laparotomie.

Cette attitude que nous préconisons est présentée dans le diagramme 1. Cette
approche de l'hystérectomie pour utérus non prolabé possède l'avantage de
correspondre à une conduite à tenir que la très grande majorité des chirurgiens
gynécologues, ayant une formation à la fois en chirurgie traditionnelle mais aussi
en chirurgie vaginale et en coeliochirurgie, peuvent adopter en toute sécurité
pour obtenir un taux le plus faible possible de laparotomie. Les pourcentages
rapportés par certaines équipes « qui poussent » à l'extrême les indications de la
voie basse ainsi que ceux des équipes ayant au contraire une orientation
préférentiellement coeliochirurgicale, ne doivent, à notre sens, en aucun cas
représenter un objectif à atteindre à tout prix pour l'ensemble des chirurgiens
gynécologues. Une telle attitude, quelle que soit la voie, conduirait
inévitablement à la survenue d'un nombre important de complications qui, à tort,
pénaliserait l'une ou l'autre technique. La stratégie que nous préconisons permet,
grâce à la coeliochirurgie, de ne réaliser que 10 à 20 % des hystérectomies par
voie haute. Les pourcentages que nous proposons dans la figure 7 sont bien
évidemment modulables notamment en fonction de l'expérience et surtout de la
formation du chirurgien, ce dernier critère étant majeur dans le choix des
modalités selon lesquelles l'hystérectomie sera réalisée.

Complications de l'hystérectomie percoelioscopique

L'HTPC est une technique encore beaucoup trop récente pour que l'on puisse
évaluer précisément son risque de complications et le comparer objectivement à
ceux observés lorsque l'intervention est effectuée par laparotomie ou par voie
vaginale. Les séries sont encore trop courtes, le recul insuffisant et souvent
l'expérience des chirurgiens modérée. De plus la comparaison avec les deux
techniques traditionnelles sera toujours, dans l'absolu, difficile dans la mesure où
les indications des trois voies d'abord (laparotomie, voie vaginale et
coeliochirurgie) ne sont pas les mêmes. Cependant les résultats préliminaires,
colligés dans le tableau IV, sont encourageants lorsqu'ils sont comparés à ceux
observés avec les techniques traditionnelles [38]. Les taux de complications
mineures et majeures sont en moyenne respectivement de 7,8 % et 3,6 %.

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CONCLUSION

L'HTPC est une technique faisable et reproductible qu'il est possible de réaliser
avec un matériel très simple, réutilisable et par voie de conséquence peu
coûteux.

Les indications de la coeliochirurgie en matière d'hystérectomies sont


représentées par les limites et/ou les contre-indications de la chirurgie vaginale.
La coeliochirurgie doit, dans cette indication, être envisagée dans le but de faire
chuter le taux des hystérectomies réalisées par laparotomie. En fonction de
l'indication de l'hystérectomie, de la nécessité d'effectuer des gestes associés, de
la formation et de l'expérience du chirurgien, celui-ci réalisera soit une HTCA soit
une HTPC. En cas de mauvaise accessibilité vaginale, il est des situations dans
lesquelles seule l'HTPC permettra d'éviter une laparotomie.

Des études supplémentaires sont nécessaires pour évaluer plus précisément le


coût et apprécier objectivement le risque de complications de la coeliochirurgie
dans l'hystérectomie.

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© 1995 Elsevier, Paris. Tous droits réservés.

Fig 1 :
Fig 1 :

Installation de la salle d'opération pour une hystérectomie totale percoelioscopique.

1. Chirurgien ; 2. premier assistant ; 3. deuxième assistant ; 4. moniteur vidéo 1 ; 5. colonne


matériel ; 6. moniteur vidéo 2 ; 7. anesthésiste ; 8. monitorage anesthésie ; 9. panseuse.

Fig 2 :
Fig 2 :

Hystérectomie totale percoelioscopique : position des trocarts.

A. Cas standard.

1. Trocart de 10 mm transombilical.

2. Trocart de 5 mm sus-pubien (en dehors des vaisseaux épigastriques).

3. Trocart de 5 mm sus-pubien médian (interombilicopubien à l'aplomb du fond utérin).

4. Trocart de 5 mm sus-pubien gauche (en dehors des vaisseaux épigastriques).

B. En cas d'utérus volumineux.

1. Trocart de 10 mm interombilicoxiphoïdien.

2. Trocart de 5 mm sus-pubien droit (en dehors des vaisseaux épigastriques).

3. Trocart de 5 mm sus-pubien médian transombilical.

4. Trocart de 5 mm sus-pubien gauche (en dehors des vaisseaux épigastriques).

Fig 1 :

Fig 1 :

Temps interannexiel :

A. Coagulation bipolaire-section du ligament rond droit.

B. Coagulation bipolaire-section de la trompe et du ligament utéro-ovarien droit.

Fig 3 :

Fig 3 :
A. Temps interannexiel droit - coagulation bipolaire.

1. Trompe.

2. Ciseaux coelioscopiques.

3. Ligament utéro-ovarien.

4. Utérus.

5. Pince à coagulation bipolaire.

6. Grip-pince.

7. Ovaire.

B. Temps interannexiel droit - section.

Fig 2 :

Fig 2 :

A, B, C. Décollement du cul-de-sac vésico-utérin.

Fig 4 :

Fig 4 :
Décollement du cul-de-sac vésico-utérin.

1. Pince à coagulation bipolaire.

2. Vessie.

3. Cul-de-sac vésico-utérin.

4. Utérus.

5. Grip-pince.

Fig 3 :

Fig 3 :

Exposition et dissection du pédicule utérin gauche.

Fig 4 :
Fig 4 :

Coagulation bipolaire du pédicule utérin gauche préalablement disséqué.

Fig 5 :

Fig 5 :

Pédicule utérin gauche sectionné.


Fig 5 :

Fig 5 :

Coagulation bipolaire de l'artère utérine gauche.

1. Pince à coagulation bipolaire.

2. Isthme utérin.

3. Pédicule utérin.

4. Corps utérin.

5. Vessie.

6. Ligament utérosacré.

7. Cul-de-sac de Douglas.

Fig 6 :

Fig 6 :
A, B. Dissection du plan intrafascial

Fig 7 :

Fig 7 :

Présentation du cul-de-sac vaginal antérieur.

Fig 8 :
Fig 8 :

Colpotomie antérieure au crochet monopolaire.

Fig 6 :

Fig 6 :

Colpotomie. Cul-de-sac vaginal antérieur.


1. Colpotomie.

2. Vessie.

3. Utérus.

4. Cul-de-sac vaginal antérieur présenté grâce à un tampon monté dans le vagin.

5. Crochet monopolaire.

Fig 9 :

Fig 9 :

Test au bleu vésical lors du contrôle coelioscopique.

Fig 10 :
Fig 10 :

Aspect final lors du contrôle coelioscopique après la toilette abdominopelvienne.

Fig 7 :
Fig 7 :

Modalités chirurgicales de l'hystérectomie : apport de la coeliochirurgie en cas d'utérus non


prolabé.

HT : Hystérectomie ; HCA : Hystérectomie coelioassistée ; HPC : Hystérectomie


percoelioscopique.

Tableaux

Tableau I. - Hyst�rectomies pour pathologies b�nignes : pourcentage des


hyst�rectomies vaginales*.

Nbre HT HTVV
Auteurs Ann�e
N n %

Campbell 1946 3 696 2 798 75,7


Jacobs 1960 1 430 385 27,0
Copenhaver 1962 5 392 1 114 20,7
Gray 1963 1 075 200 18,6
Steptoe 1965 1 474 654 45,0
Carpenter 1967 358 217 61,0
Randall 1968 1 626 573 35,3
Wittlinger 1972 1 019 434 42,6
Amirikia 1979 6 339 2 111 33,3
Dicker 1982 1 851 568 30,7
Dargent 1985 1 596 1 030 64,5
Kovac 1986 902 727 80,6
Kolweg-Majert 1987 7 273 4 857 66,8
1987 248 120 48,3
Magnin 1989 584 158 27,0
Gambonne 1989 8 760 2 174 24,8
Mettler 1990 843 260 30,8
Loizzi 1990 2 892 882 30,5
Ranney 1990 4 030 978 24,3
Rosenzweig 1991 9 967 6 078 60,9
Gitsch 1992 1 867 224 12,0
Vessey 1993 1 514 195 12,9
Parazzini

Total 64 736 26 737 41,3

HT : Hyst�rectomie ; HTVV : Hyst�rectomie par voie vaginale.


* D'apr�s Chapron C, Aubert V, Dubuisson JB [14].

Tableau II. - Caract�ristiques des principales s�ries d'hyst�rectomies totales cœlioassist�es


(HTCA)*

Dur�e Perte Dur�e


Poids
Auteurs Ann�e N op�ratoire sanguine hospitalisation
ut�rin (g)
(min) (ml) (jours)

Minelli 1991 7 90-180 < 150 4,0


Broabdent 1992 10 103 (60-180) 294 (50- 5,8 (4-10) –
Fernandez 1992 34 600) 4,2 � 1,1 –
Padial 1992 75 110 � 28 220 2,37 159 (41-
Boike 1993 132 (60-200) 295 (25- 2,5 � 1,0 462)
Cosson- 1993 45 121 1300) 4,2 150 � 76
Querleu 1993 15 240 – 3,7
Howard 1993 52 123 316 – –
Phipps 169 � 36 532 � 279 160 � 80
65
– –
* D'apr�s Chapron C, Aubert V, Dubuisson JB [14]

Tableau III. - Caract�ristiques des principales s�ries d'hyst�rectomies totales


percœlioscopiques (HTPC)*.

Dur�e Perte Dur�e Poids


Auteurs Ann�e N op�ratoire sanguine hospitalisation ut�rin
(min) (ml) (jours) (g)

Langebrekke 1992 10 120 < 150 2,3 144


Nezhat 1992 10 160 210 2,4 165
Summit 1992 29 120 204 2,0 62,6 �
Canis 1993 33 149 – 4,8 89,5
Daniell 1993 68 124 150 2,6 191 �
Hourcabie 1993 103 – – 5,3 54
Jones 1993 123 (60- – 3,3 (1-13) –
Lee 1993 100 225) 175 (80- 2,6 –
Liu 1993 152 (80- 600) 1,2 153
Mage 1993 82 240) 85 4,4 –
Phipps 1993 395 102 – 2,0 162,7
Reich 1993 145 – 2,0 190
Chapron 1994 100 82 250 4,0 (3-6) –
180 – –
62 171 –
123

31
* D'apr�s Chapron C, Aubert V, Dubuisson JB [14].

Tableau IV. - Complications des hyst�rectomies percœlioscopiques.

Complications

Auteurs Ann�e N Mineures Majeures Total

n % n % n %
Minelli [88] 1991 7 0 0 0 0 0 0

Padial [97] 1992 75 10 13,3 0 0 10 13,3

Maher [87] 1992 17 1 5,9 0 0 1 5,9

Langebrekke 1992 10 0 0 2 20 2 20
[74]

Lee [76] 1992 24 2 8,3 1 4,2 3 12,5

Wilke [120] 1993 30 2 6,7 1 3,3 3 10

Canis [8] 1993 24 1 4,2 2 8,3 3 12,5

Hourcabie [57] 1993 103 2 1,9 4 3,9 6 5,8

Davis [35] 1993 40 4 10 2 5 6 15

Daniell [31] 1993 62 4 6,5 0 0 4 6,5

Hunter [59] 1993 53 4 7,6 2 3,8 6 11,3

Phipps [100] 1993 114 0 0 5 4,4 5 4,4

Smith [113] 1993 15 1 6,7 2 13,3 3 20

Kadar [66] 1994 24 2 8,3 0 0 2 8,3

Johns [63] 1994 119 4 3,4 1 0,8 5 4,2

Ou [96] 1994 839 74 8,8 23 2,7 97 11,6

Chapron [19] 1994 31 3 9,7 0 0 3 9,7

Councel [28] 1994 178 7 3,9 6 3,4 13 7,3

Hill [54] 1994 220 12 5,4 19 8,6 31 14,1

Liu [81] 1994 512 14 2,7 16 3,1 30 5,8

Deprest [36] 1995 413 81 19,6 8 1,9 89 21,5

Jones [63 bis] 1995 250 18 7,1 19 7,5 37 14,7

Total 3 160 246 7,8 113 3,6 359 11,4


41-650
Encyclopédie Médico-Chirurgicale 41-650

Hystérectomie vaginale
G Orazi
M Cosson
G Crépin
Résumé. – L’hystérectomie vaginale est une technique actuellement très utilisée. En effet, elle présente de
nombreux avantages : durée d’intervention et d’hospitalisation courte, convalescence rapide, avantage
esthétique, complications rares. Les contre-indications sont peu nombreuses : atrésie vaginale, utérus au-
dessus de l’ombilic. Dans les autres cas, une hystérectomie vaginale avec morcellation est utilisée.
© 2003 Elsevier SAS. Tous droits réservés.

Mots-clés : hystérectomie vaginale, complications de l’hystérectomie vaginale, indications de


l’hystérectomie vaginale.

Introduction – les cuisses sont fléchies à 90°, les jambes à la verticale, les pieds
suspendus par des arceaux ;
L’hystérectomie vaginale est maintenant largement utilisée [5, 6, 12, 14]. – la flexion des cuisses est accentuée, en abduction légère, tout en
Son principe est d’assurer les hémostases préventives des différents laissant les jambes fléchies, appuyées sur des jambières repliées
pédicules : utérosacrés, utérins et annexiels de bas en haut au-delà du plan vertical défini par le bord de la table.
contrairement à la voie laparotomique. La voie d’abord vaginale
étant étroite, l’exposition par les aides est primordiale. Elle sera
assurée par un jeu de valves, permettant l’ouverture du champ
opératoire et l’éloignement d’éléments potentiellement dangereux INSTALLATION DE L’ÉQUIPE CHIRURGICALE
comme la vessie, les uretères et le rectum. Contrairement au cas du L’opérateur peut être assis ou debout selon les cas entre les jambes
traitement du prolapsus, aucun décollement vaginal n’est pratiqué, de la patiente. Le premier assistant se place à gauche du chirurgien ;
et les pédicules vasculaires ne sont pas directement accessibles à le second se place à droite et l’instrumentiste sur le côté droit du
l’action de pinces hémostatiques classiques. chirurgien.
Nous décrirons ici la technique classique d’hystérectomie vaginale
réalisée dans notre équipe en l’absence de prolapsus pour pathologie
utérine bénigne résistant au traitement médical ou au traitement
chirurgical conservateur. INSTRUMENTS SPÉCIFIQUES

– Un passe-fil de Deschamps.
– Une valve de Mangiagalli coudée à 45° utilisée comme valve
Mode d’installation postérieure.
et instrumentation
– Un jeu de valves en baïonnette de Breisky.
– Le saignement est presque exclusivement en provenance de la
INSTALLATION ET PRÉPARATION DE LA PATIENTE
tranche vaginale, et est grossièrement proportionnel à la durée
– Lavement la veille. d’intervention. Ce saignement peut être diminué par une infiltration
– Toilette vaginale et sondage vésical évacuateur au bloc opératoire. péricervicale d’une solution de vasoconstricteurs composée pour
moitié de Xylocaïnet adrénalinée à 1 % et pour l’autre de sérum
– Antibiothérapie prophylactique active sur les anaérobies en physiologique, en début d’intervention type (fig 1). Dans les cas où
périopératoire, héparines de bas poids moléculaire.
ce produit est contre-indiqué, la mise en place d’une aspiration
– Décubitus dorsal, les fesses dépassant du bord de la table. permet de mieux contrôler un éventuel saignement.
– Deux installations sont possibles :

MODE D’ANESTHÉSIE

Géraldine Orazi : Praticien hospitalier.


L’hystérectomie vaginale peut être pratiquée sous anesthésie
Michel Cosson : Praticien hospitalier. générale ou locorégionale. L’indication est fonction de l’état général
Gilles Crépin : Professeur.
Clinique de gynécologie, d’obstétrique et de néonatalité, 91, avenue Julien-Lagache, BP 359, 59056 Roubaix
de la patiente. On préfère une anesthésie locorégionale dans les cas
cedex 1, France. de gestes urinaires associés.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Orazi G, Cosson M et Crépin G. Hystérectomie vaginale. Encycl Méd Chir (Elsevier SAS, Paris, tous droits réservés), Techniques chirurgicales, 41-650, 2003, 10 p.
41-650 Hystérectomie vaginale Techniques chirurgicales

*
A

1 Infiltration péricervicale d’une solution de vasoconstricteurs composée pour moi-


tié de Xylocaïnet adrénalinée à 1% et pour l’autre de sérum physiologique.

*
B

3 A. L’incision porte sur la totalité de l’épaisseur vaginale, et est réalisée au niveau


de l’insertion du vagin sur le col.
B. Ouverture franche du cul-de-sac de Douglas saisi dans la pince.

2 Incision du cul-de-sac de Douglas. Le col est attiré vers le haut par deux pinces de
Museux placées sur chacune de ses lèvres. Des valves de Breisky adaptées sont placées
latéralement et symétriquement, la valve coudée de Mangiagalli en arrière.

Technique type : hystérectomie avec


conservation ovarienne pour utérus
de petit ou moyen volume

ABORD DU CUL-DE-SAC DE DOUGLAS


On débute le plus souvent par le cul-de-sac postérieur pour ne pas
être gêné par le saignement de l’incision péricervicale antérieure.
Le col est saisi fortement et attiré vers le haut par deux pinces de
Museux placées sur chacune de ses lèvres. Des valves de Breisky
adaptées sont placées latéralement et symétriquement, la valve
coudée de Mangiagalli en arrière (fig 2).
Une incision postérieure du vagin débute l’intervention. Cette
incision au bistouri est franche, transversale, portant sur la totalité 4 Traction divergente du cul-de-sac de Douglas : pince avec ciseaux, puis un doigt
de l’épaisseur vaginale, et réalisée au niveau de l’insertion du vagin un instrument puis deux doigts pour atteindre environ 4 cm.
sur le col (fig 3A).
Le mors postérieur de la pince postérieure est replacé sur la berge du col, puis par traction divergente : pince avec ciseaux, puis un
de l’incision afin d’améliorer la qualité de la traction du col vers le doigt un instrument puis deux doigts pour atteindre environ 4 cm
haut. (fig 4).
Le cul-de-sac de Douglas est prêt à être saisi en un repli sagittal La mise en place de la valve postérieure de Mangiagalli est réalisée
médian par une pince à disséquer et ouvert franchement d’un coup sur le doigt laissé dans la cavité abdominale afin d’éloigner le
de ciseaux courbes dirigés vers le bas (fig 3B). rectum et de faciliter l’introduction de la valve qui est introduite
Dès que le Douglas est ouvert, du liquide péritonéal s’écoule. obliquement, poignée dirigée à 45° vers l’extérieur, puis enfoncée à
L’ouverture est élargie aux ciseaux le long de la face postérieure l’aide d’un mouvement de rotation (fig 5A).

2
Techniques chirurgicales Hystérectomie vaginale 41-650

*
A

6 Incision de la face postérieure péricervicale du ligament large.

*
B

5 A. Introduction à 45° de la valve de Mangiagalli afin de protéger le rectum.


B. Incision, sous contrôle de la vue, de la face postérieure péricervicale du ligament *
A
large.

Afin de permettre une meilleure descente de l’utérus, on peut


inciser, sous contrôle de la vue, la face postérieure péricervicale du
ligament large (fig 5B).
Dans certains cas, le cul-de-sac de Douglas est trouvé plus haut à la
faveur d’un décollement de la face postérieure du col supravaginal
pas trop près de l’organe, ni trop loin (il y a un risque rectal) : 5 mm
est une bonne distance.

ABORD DE L’ESPACE VÉSICO-UTÉRIN


Les pinces de traction sont dirigées vers le bas, et les deux valves de
Breisky placées de part et d’autre de la ligne médiane toujours de
manière symétrique, montrant ainsi l’insertion antérieure du vagin
sur le col. Une incision franche est pratiquée comme en arrière à
l’insertion cervicale du vagin. Les deux incisions antérieure et
postérieure sont reliées par deux incisures latérales et superficielles, *
B
l’ensemble de l’incision péricervicale dessinant un quadrilatère 7 A. Ouverture du cul-de-sac vésico-utérin : les pinces de traction sont dirigées vers
(fig 6). Comme en arrière, le mors antérieur de la pince antérieure le bas, et les deux valves de Breisky placées de part et d’autre de la ligne médiane
est replacé sur la berge de l’incision, améliorant ainsi la traction du toujours de manière symétrique, montrant ainsi l’insertion antérieure du vagin
col vers le bas. sur le col. Une incision franche est pratiquée comme en arrière à l’insertion cervi-
L’accès au septum vésico-utérin n’est pas immédiat. Il n’est acquis cale du vagin. Le septum vésico-utérin n’est acquis qu’à la faveur de la section de
fibres conjonctives sagittales reliant la base vésicale à l’isthme utérin.
qu’à la faveur de la section de fibres conjonctives sagittales reliant la B. Ouverture du cul-de-sac vésico-utérin : section des fibres conjonctives aux ci-
base vésicale à l’isthme utérin (« cloison supravaginale ») (fig 7A). seaux courbes en leur milieu.
Ces fibres sont mises en tension par une traction vers le haut de la
lèvre antérieure de l’incision saisie par une pince à disséquer sur le inutilement le ligament vésico-utérin (« pilier de la vessie »). Les
rayon de midi. Elles sont coupées franchement aux ciseaux courbes, couper trop près de la tranche vaginale menacerait la vessie, que la
concavité dirigée vers l’utérus, en leur exact milieu (fig 7B). traction sur le vagin attire.
Les couper trop près de l’utérus conduirait à cliver inutilement le L’accès au septum est acquis dès que les fibres sont remplacées par
fascia utérin. Les couper trop latéralement conduirait à sectionner un tissu aréolaire. Il est approfondi aux ciseaux puis au doigt. On

3
41-650 Hystérectomie vaginale Techniques chirurgicales

8 Ligature-section des ligaments utérosacrés. Leur limite supérieure est repérée en 9 Ligature des ligaments utérosacrés : l’aiguille est arrimée dans le fond de la rigole
arrière par un doigt introduit dans le cul-de-sac de Douglas, en avant par le repérage latérale afin d’éviter le dérapage de cette ligature, qui enserre un pédicule épais et ri-
d’une palmure fibreuse remontant vers l’isthme utérin. On utilise un passe-fil de Des- gide.
champs chargé du chef libre d’une aiguille sertie qui pénètre exactement dans la dépres-
sion située au-dessus des paracervix et ressort, guidé par le doigt postérieur, au-dessus
du relief des ligaments suspenseurs. L’aide reprend une forte traction en direction opposée au ligament à
couper. Un bistouri froid sectionne les ligaments dont l’hémostase
progresse au contact de l’utérus, la lèvre antérieure du vagin vient d’être assurée. Le trait de section doit être perpendiculaire à
toujours maintenue verticale par une pince qui en saisit la totalité l’axe du col, sous peine de couper le fil qui vient d’être placé. Il faut
de l’épaisseur. Le septum est ensuite élargi sur la face antérieure de couper épais en arrière, ce qui libère les attaches utérosacrées, plus
l’utérus, séparant de ce fait l’utérus de la vessie et des uretères. Le prudemment en avant, où il faut respecter les dernières fibres du
doigt balaye la totalité de la face antérieure de l’isthme utérin. On paracervix, qui « protègent » l’artère utérine d’une section
crée ainsi un espace où l’on peut introduire la valve en baïonnette accidentelle (fig 10A). L’aide, en tractant convenablement sur le col,
qui va compléter le décollement et protéger la base vésicale. ouvre le dièdre de section, constate et amplifie la descente de
L’inclinaison latérale de cette valve peut également protéger les l’utérus.
uretères correspondants. Une deuxième prise de ce ligament va permettre dans le même
temps la ligature au large de l’artère utérine (fig 10B). En effet, la
HÉMOSTASE ET SECTION DES UTÉROSACRÉS boucle de l’artère utérine peut être déjà visible à la faveur du
Lorsque le col est prolabé, une pince de Jean-Louis Faure suffit. Dans décollement vésico-utérin ou palpée. Pour cette palpation, la valve
l’hystérectomie transvaginale typique, cet instrument est inadapté sous-vésicale est placée aussi latérale que possible du côté à traiter.
car fréquemment mal placé. On lui préfère donc le passe-fil de Le col de l’utérus est attiré de l’autre côté. L’index de la main droite
Deschamps chargé du chef libre d’une aiguille sertie. Le fil doit être est placé pulpe en avant à la face postérieure de la partie flaccide du
préparé par passage du chef libre du fil sur environ 10 cm de la ligament large. Il a un rôle essentiel. Il perçoit la corde des
concavité vers la convexité de l’instrument. La ligature est pratiquée paracervix. Placé en crochet et explorant de haut en bas le ligament
d’avant en arrière. large, il peut palper le ressaut de la boucle de l’artère utérine contre
Paracervix et ligaments utérosacrés forment les ligaments l’enclume formée par la valve sous-vésicale. Placé en crochet fixe, il
suspenseurs du col, sur lequel ils s’insèrent fortement en direction met en évidence visuelle l’utérine qu’il suffit de dégager des fibres
dorsolatérale, faiblement en avant. Leur limite supérieure est repérée du ligament large qui la cachent à l’aide d’une pince à disséquer.
en arrière par un doigt introduit dans le cul-de-sac de Douglas, en Le passe-fil est, plus encore à ce stade, indispensable. On aiguille la
avant par le repérage d’une palmure fibreuse remontant vers partie flaccide du ligament large, bien mise en évidence par l’index
l’isthme utérin. Cette palmure est surmontée par une dépression qui placé dans le cul-de-sac de Douglas, d’avant en arrière à l’aide de
marque la frontière entre paracervix (contenant les vaisseaux l’instrument chargé d’un fil de Dexon 1 non serti. Le fil de la
cervicovaginaux) et paramètre (contenant les vaisseaux utérins). première ligature mis sur pince est attiré du côté controlatéral par
Le col est attiré par l’aide du côté opposé. Les valves antérieure et l’aide. La boucle de l’artère utérine est ainsi prise dans la ligature,
postérieure sont orientées latéralement du côté homolatéral par qui est serrée dans l’incisure latérale s’appuyant donc sur les
l’autre aide afin de protéger la vessie, l’uretère et le rectum. Le ligaments suspenseurs qu’elle serre une deuxième fois. Le fil est
passe-fil pénètre exactement dans la dépression située au-dessus des coupé. On peut terminer la section des paracervix si celle-ci était
paracervix et ressort, guidé par le doigt postérieur, au-dessus du incomplète et la ligature du paracervix peut être fixée aux champs
relief des ligaments suspenseurs (fig 8). (fig 11).
Les points d’entrée et de sortie doivent être situés à distance de La ligature du ligament utérosacré gauche pourra servir à la
l’utérus, de manière à ne pas couper accidentellement le fil au cours fermeture vaginale. On peut donc utiliser un fil aiguillé à résorption
du temps ultérieur de section du ligament. Le chef libre du fil est rapide pour lier le ligament utérosacré gauche. Le surjet vaginal
libéré du passe-fil en tirant de manière continue sa boucle (sans la terminal est ainsi réalisé en fil à résorption rapide afin de diminuer
lâcher) à l’aide d’une pince à disséquer, tout en retirant le passe-fil. le risque de granulome.
L’aiguille est arrimée dans le fond de la rigole latérale afin d’éviter
le dérapage de cette ligature, qui enserre un pédicule épais et rigide
(fig 9). LIGATURE DES PÉDICULES UTÉRINS
Afin de serrer le nœud, les aides doivent relâcher la pression exercée L’artère utérine doit être abordée une deuxième fois plus
sur le col. Le fil est placé sur pince sans couper l’aiguille afin de électivement. On sectionne aux ciseaux, en dehors du fascia, les
pouvoir reprendre ultérieurement ce pédicule, qui a souvent fibres du paramètre respectées au temps précédent. Il en reste
l’habitude de se relâcher après sa section. Cette ligature pourra toujours plus en arrière qu’en avant de l’artère utérine, plus souvent
également servir à la fermeture vaginale. antérieure que strictement latérale. La dernière fibre libérée, l’utérine

4
Techniques chirurgicales Hystérectomie vaginale 41-650

*
A *
A

*
B *
B

10 A. Section des ligaments utérosacrés au bistouri froid. 12 A. Ligature de l’artère utérine : l’artère utérine doit être abordée une deuxième fois
B. Ligature des ligaments utérosacrés : deuxième prise des ligaments utérosacrés. plus électivement. On sectionne aux ciseaux, en dehors du fascia, les fibres du pa-
Dans le même temps, ligature de la courbe de l’artère utérine qui est mise en évi- ramètre respectées au temps précédent et l’utérine apparaît en dedans de sa pre-
dence grâce au doigt postérieur placé en crochet fixe. mière ligature. Une pince à disséquer saisit franchement et attire la boucle, une
pince de type Bengolea ou les petits ciseaux perforent d’arrière en avant au-dessus
de sa concavité, écarte les tissus.
B. Ligature de l’artère utérine. L’artère est ainsi pédiculisée, et peut être pincée du
côté pariétal, coupée et liée.

OUVERTURE DU CUL-DE-SAC VÉSICO-UTÉRIN


Les deux côtés étant traités, le col est à nouveau tracté sur la ligne
médiane et vers le bas, ce qui donne accès au cul-de-sac vésico-
utérin. Si celui-ci est bien visible sous forme d’un repli blanchâtre
transversal, on le saisit à la pince à disséquer, pour l’ouvrir d’un
coup de ciseaux, complété latéralement au ras de l’utérus si possible
d’un ligament rond à l’autre. Sa berge vésicale est soulevée pour
replacer la valve antérieure. Dans certains cas, ce cul-de-sac est plus
haut et difficile d’accès ; il est visualisé et ouvert facilement après
bascule postérieure de l’utérus. L’index sert alors de guide, passé
derrière le corps utérin, il permet de visualiser le cul-de-sac
péritonéal antérieur. Ce dernier est donc ouvert sur le doigt puis
agrandi entre les deux ligaments ronds. Cette technique permet de
diminuer le risque de plaie vésicale.
11 Section finale des ligaments utérosacrés : la section de ces ligaments est terminée
le plus souvent aux ciseaux courbes.
HYSTÉRECTOMIE ET EXAMEN DES ANNEXES
apparaît en dedans de sa première ligature. Une pince à disséquer L’étape suivante est la ligature des pédicules utéroannexiels, ce qui
saisit franchement et attire la boucle, une pince de type Bengolea ou implique de voir leur insertion au niveau des deux cornes utérines.
les petits ciseaux perforent d’arrière en avant au-dessus de sa Dans les cas simples, lorsque l’utérus est de petit volume, l’accès au
concavité, écarte les tissus (fig 12A), l’artère est ainsi pédiculisée, et fond utérin est acquis par une simple bascule postérieure de l’utérus.
peut être pincée du côté pariétal, coupée et liée (fig 12B). Si le côté La traction vers le haut du col utérin induit une rétroversion utérine
viscéral ne saigne pas, il ne nécessite aucune hémostase. Il n’est pas qui en extériorise le fond (fig 13). Un clamp est placé sur chacun des
nécessaire de doubler cette ligature puisque l’artère utérine a déjà pédicules, prenant en masse ligament rond, trompe, ligament utéro-
été liée au large lors du temps précédent. ovarien et vaisseaux (fig 14). Ce clamp peut être passé

5
41-650 Hystérectomie vaginale Techniques chirurgicales

13 Bascule postérieure de l’utérus par traction en avant du col utérin et mise en place 15 Fermeture vaginale : afin d’éviter les prolapsus posthystérectomie, le surjet est
d’une pince de Pozzi sur le fond utérin. amarré par un point transfixiant dans le pédicule utérosacré.

Après la section des pédicules de la corne, une double ligature est


indispensable. Plusieurs types de nœuds peuvent être réalisés,
l’essentiel étant qu’ils soient solides et enserrent tout le pédicule. Il
est serré pendant que l’aide relâche puis resserre le clamp. Une
deuxième ligature non aiguillée enserre ensuite le pédicule ; cette
ligature n’est pas gardée.
Une vérification des hémostases doit être réalisée avant la fermeture.
Les pédicules liés sont laissés sur pince mais détachés du champ
afin de mieux visualiser un éventuel saignement. Si l’intestin est
gênant, on introduit une mèche dans le pelvis et on la charge avec
une valve de Breisky. La mèche refoule les anses, ouvre le champ et
fait toilette péritonéale. La valve est orientée au fur et à mesure des
besoins pour écarter au maximum, c’est-à-dire à l’opposé à la région
à traiter. La valve coudée postérieure est extraite du Douglas, qu’elle
masque, et replacée dans le cul-de-sac vaginal postérieur. Le plus
souvent, une reprise des ligaments suspenseurs est nécessaire à ce
niveau. On peut reprendre l’aiguille qu’on sertit à nouveau en
14 Ligature des pédicules annexiels : mise en place de deux pinces sur les pédicules prenant le bord périphérique du moignon puis le péritoine situé en
utéro-ovariens après traction controlatérale de l’utérus.
arrière de l’utérosacré, afin de recouvrir ce pédicule. Ce geste, au
besoin répété en X, complète l’hémostase. Il est exécuté à droite puis
indifféremment de bas en haut ou de haut en bas. L’essentiel est de à gauche. Les ligatures sont gardées, toujours munies de leur
ne prendre que l’annexe en évitant en particulier les anses aiguille. La mèche est retirée quand l’hémostase est parfaite.
intestinales qui peuvent dans certains cas faire irruption dans le Plusieurs variantes sont utilisées pour la fermeture vaginale, mais
champ opératoire. Deux doigts placés en arrière de la corne utérine certains principes sont à respecter quel que soit le type de
peuvent être utiles pour éloigner les anses intestinales. On coupe en fermeture :
laissant un moignon de sécurité en aval du clamp. Après
l’hystérectomie, les annexes sont examinées, et conservées si elles – la péritonisation est inutile ;
sont saines, à la faveur d’une légère traction sur le clamp et le plus – la fermeture vaginale doit être étanche ; en effet, certains auteurs
souvent d’un replacement des valves. Le jeu des valves doit être décrivent des cas de grossesse extra-utérine après hystérectomie
prudent ; en particulier, elles doivent être toujours laissées dans les vaginale. Pour ce faire, le vagin est fermé par un surjet prenant la
culs-de-sac vaginaux, c’est-à-dire en arrière des ligatures des tranche vaginale postérieure, le décollement du septum rectovaginal
pédicules utérosacrés et utérins, afin d’éviter de les léser par des jusqu’au bord du cul-de-sac de Douglas et la tranche vaginale
mouvements de valves impromptus. antérieure.
Si on désire examiner les annexes avant une éventuelle décision Le surjet commence donc à gauche et se termine à droite (pour un
d’annexectomie, on préfère commencer par une bascule antérieure droitier), noué au chef libre de l’hémostase droite. On préfère un fil
de l’utérus. Une traction vers le bas du col utérin montre la face à résorption rapide pour diminuer la formation de granulomes
antérieure de l’utérus, qui est saisi le plus haut possible par une (fig 8).
pince de Pozzi. La face ventrale de l’utérus est progressivement
Afin de prévenir un éventuel prolapsus posthystérectomie, certains
extériorisée à l’aide de prises successives de pinces de Pozzi. On
opérateurs rapprochent les pédicules suspenseurs et les pédicules
place une pince, on tire horizontalement (sans violence), ce qui
montre un peu plus de surface utérine, sur laquelle on place une utéro-ovariens homolatéraux avant la fermeture vaginale. Dans le
autre pince, ce qui permet de retirer la précédente, et ainsi de suite. même but, le début et la fin du surjet sont amarrés aux ligaments
Quand le fond est atteint, l’utérus est en hyperflexion, ce qui met à utérosacrés par des points transfixiants (fig 15). Le méchage n’est
la vue les annexes, dont l’examen précède la décision de pas utile.
conservation, ce qui permet, si on choisit la castration, de l’exécuter Un sondage évacuateur termine l’opération et permet de vérifier la
d’emblée. clarté des urines. Un sondage à demeure n’est pas nécessaire.

6
Techniques chirurgicales Hystérectomie vaginale 41-650

16 Annexectomie : l’annexe est attirée vers le dedans par une pince à anneau, ce qui 18 Technique de morcellement : incision médiane postérieure au bistouri du corps
éloigne le ligament lombo-ovarien de la paroi et en conséquence de l’uretère. On observe utérin.
méthodiquement les trois éléments que sont le ligament rond (en avant), la trompe (au
milieu), l’utéro-ovarien (en arrière). Ces gestes peuvent être pratiqués de manière identique utérus en
place ou après annexectomie. Le choix de l’annexectomie première
est meilleur quand l’antéversion utérine montre bien les annexes. Le
choix de l’hystérectomie première est nécessaire dans les autres cas.
Les rares cas d’annexectomie impossible par voie basse mais
indispensable sont terminés par cœlioscopie, après la conclusion
d’une hystérectomie avec conservation.

Difficultés de l’hystérectomie vaginale

UTÉRUS DE GROS VOLUME


Après la ligature des artères utérines, une bascule postérieure de
l’utérus n’est obtenue que dans les cas d’utérus de petit volume. Si
une traction simple par avancement de pince de Pozzi est
insuffisante, il est dangereux d’exercer une force excessive. On peut
donc remplacer la traction par trois manœuvres de facilitation qui
sont successivement décrites. Ces méthodes ne sont pas exclusives
l’une de l’autre et peuvent se compléter au cours de la même
17 Annexectomie : on coupe le ligament rond, entre une pince pariétale dont la liga- intervention. À l’opposé, chacune d’entre elles peut se limiter à une
ture est laissée longue et fixée aux champs pour maintenir un écartement latéral, et une version incomplète, puisque le geste peut être arrêté dès qu’il a
pince viscérale qui est gardée.
obtenu son but, à savoir la bascule de l’utérus.
L’incision médiane postérieure du corps utérin est souvent utile
ANNEXECTOMIE
(fig 18). Moins l’utérus est volumineux, plus cette incision, même
L’annexectomie à partir de 50 ans n’est pas nuisible mais au limitée, est efficace. La face postérieure est présentée à vue par
contraire prévient la pathologie ovarienne. Elle est possible par voie traction du col vers le haut. On voit une portion limitée de cette
basse chez 70 à 90 % des femmes. Elle est d’autant plus facile que la face. On l’incise profondément au bistouri sur la ligne médiane, en
femme est jeune. partant du haut vers le bas de l’utérus, en s’arrêtant au-dessus de
L’annexectomie nécessite trois temps de préparation qui se l’isthme. À la faveur de l’incision, les tranches de section du corps
pratiquent de la même manière avant l’hystérectomie ou après. utérin sont mieux saisies par des pinces de Museux, ce qui permet
de tracter, de voir plus haut et de progresser en direction du fond,
– On attire l’annexe vers le dedans par une pince à anneau, ce qui qui se retourne dès que l’incision est suffisante. La même manœuvre
éloigne le ligament lombo-ovarien de la paroi et en conséquence de peut être réalisée en antérieur, même si souvent elle est moins
l’uretère. On observe méthodiquement les trois éléments que sont le efficace.
ligament rond (en avant), la trompe (au milieu), l’utéro-ovarien (en
arrière) (fig 16). L’hémisection complète est rarement nécessaire. Les pinces de Museux
cervicales sont placées à 3 et 9 heures (fig 19). Des ciseaux droits
– On coupe le ligament rond, entre une pince pariétale dont la forts ou le bistouri pratiquent une section sagittale du col puis du
ligature est laissée longue et fixée aux champs pour maintenir un corps utérin, strictement médiane pour être exsangue, sous la
écartement latéral, et une pince viscérale qui est gardée (fig 17). protection des valves postérieure et antérieure placées dans les culs-
– On ouvre le péritoine antérieur et le tissu cellulaire du ligament de-sac péritonéaux. Les pinces de Museux sont placées de plus en
large en dedans du ligament rond, jusqu’au-dessus de l’ovaire. plus haut vers le fond. Si le fond s’éverse avant l’hémisection
L’annexe pédiculisée ne tient plus que par le lombo-ovarien. Sous complète, la technique type peut reprendre. Dans le cas contraire, le
contrôle de la vue, facilité par le jeu adéquat d’une valve large et geste de clampage des utéro-ovariens ou de castration est réalisé sur
d’une mèche refoulant les anses intestinales, on clampe le ligament un demi-utérus extériorisé puis sur le second.
lombo-ovarien. On le coupe et on lui applique une double ligature L’évidement sous-séreux consiste à inciser circulairement sur une
sertie. On coupe les fils après s’être assuré d’une hémostase profondeur de 5 mm l’isthme utérin (fig 20). On accède ainsi à un
définitive, afin d’éviter toute traction. plan séparant la couche la plus externe du myomètre (avec sa

7
41-650 Hystérectomie vaginale Techniques chirurgicales

19 Technique de morcellement : hémisection de l’utérus à vue aux ciseaux droits ou 21 Technique de morcellement : myomectomie de rencontre.
au bistouri froid.

22 Technique de morcellement : myomectomie en « quartiers d’orange ». Quand les


20 Évidement sous-séreux. myomes sont trop volumineux, ceux-ci sont fragmentés en « quartiers d’orange ».
On complète le clivage de la surface de pôle inférieur du myome. Si
surface séreuse) de la masse utérine. Cette dernière peut être
celui-ci n’est pas énucléable d’emblée, on poursuit par une
progressivement extraite du pelvis, sans léser la couche externe,
hémisection de ce myome, qui ainsi apparaît à la vue, accessible à
donc sans danger annexiel ou viscéral, si ce plan est exploité en
un complément de clivage. Les myomes de volume moyen ou
direction du fond utérin. Amorcé au bistouri froid, il est poursuivi
d’accès plus facile sont énucléés par la seule hémisection partielle
aux ciseaux droits forts, toujours circonférentiellement, sous la
ou complète. Les autres justifient un morcellement en « quartiers
protection de quatre valves situées aux points cardinaux. Ce plan
d’orange » : une des tranches de section médiane initiale est saisie
totalement exsangue est toujours bien défini et présenté aux ciseaux
par deux pinces de Museux ou de Pozzi (elles doivent toujours aller
par une forte traction sur le col. La masse descend progressivement
par deux pour mieux tracter et mieux montrer) (fig 22).La traction
jusqu’au point où le fond utérin bascule spontanément, ce qui
sur ces pinces montre une plus large part de la surface du myome,
survient bien avant que l’évidement soit complet. La technique type
qui est clivé plus loin puis coupé. Après l’ablation du premier
est alors possible. Cette méthode a l’avantage de ne pas ouvrir la
« quartier d’orange », le volume du myome est réduit au point de le
cavité utérine et de protéger la surface séreuse du fond utérin où
rendre accessible, à moins qu’un ou plusieurs autres quartiers
peut exister des adhérences. Elle peut être conduite même si un des
doivent être prélevés.
culs-de-sac péritonéaux n’est pas ouvert.
Le volume utérin peut être constitué d’une hypertrophie du
L’amputation du col a pour principe de favoriser la bascule du corps
myomètre, qui fait alors l’objet d’une myométrectomie en « quartier
utérin. Pratiquée après l’hémostase des paracervix et des utérines,
d’orange », tel qu’il vient d’être décrit par les fibromes.
elle ne présente aucune difficulté. Le col est amputé
transversalement, et l’isthme repris par les pinces. Cette technique Dans les volumineux utérus, plusieurs de ces méthodes sont le plus
est peu pratiquée dans notre équipe. souvent utilisées [4, 11]. En pratique, on choisit une première méthode.
Dès que cette méthode ne fait plus progresser, on en choisit une
Afin de diminuer le volume utérin, ces manœuvres sont le plus autre, et ainsi de suite. Tous ces gestes doivent être réalisés à vue.
souvent associées à une myomectomie de rencontre (fig 21). Pour ce faire, le jeu des pinces (toujours deux pinces au moins) mais
La myomectomie première, éventuellement répétée plusieurs fois, également des valves, est très important.
résout de nombreux problèmes. La clé de ce geste est l’accès au pôle
inférieur du plus accessible des myomes. Cela peut être réalisé par HYSTÉRECTOMIE APRÈS CHIRURGIE PELVIENNE
une hémisection, l’évidement sous-séreux ou par une section du OU PATHOLOGIE ENDOMÉTRIOSIQUE
corps utérin à vue au bistouri froid en regard du myome sur lequel Dans tous les cas où le risque d’adhérences est important, on pourra
l’incision est prolongée. Cette incisure permet la mise en place d’une utiliser l’assistance cœlioscopique première [2]. La cœlioscopie a un
pince de Pozzi puis de deux, assurant ainsi une traction du myome. intérêt diagnostique et thérapeutique. En effet, elle permet un bilan

8
Techniques chirurgicales Hystérectomie vaginale 41-650

complet du pelvis. Le plus souvent, on réalise facilement la ligature- des valves. Certains opérateurs injectent de manière systématique
section des ligaments ronds, l’ouverture du cul-de-sac vésico-utérin. du bleu de méthylène dans la vessie en début d’intervention afin de
Si une annexectomie est envisagée, elle est réalisée dans le même ne pas négliger une éventuelle plaie vésicale. On préfère le plus
temps. Dans les cas d’utérus très peu mobile, on réalise également souvent l’injection de bleu en peropératoire s’il existe un doute de
la ligature des pédicules utérosacrés. En revanche, on préfère le plus lésion vésicale. La plaie, une fois identifiée, est suturée par des
souvent réaliser la ligature des pédicules utéro-ovariens par voie points séparés extramuqueux en Vicrylt 00. Une sonde urinaire doit
vaginale. être laissée en place quelques jours (de 4 à 5 selon les équipes).

Plaies rectales [8]


DIFFICULTÉS D’ACCÈS AU CUL-DE-SAC DE DOUGLAS
Les plaies rectales sont potentiellement plus sévères et surviennent
Le Douglas peut être difficile d’accès. Le plus souvent, cela est en
exclusivement dans les cas de comblement du Douglas. Lorsque cela
relation avec un comblement adhérentiel ; la fixité des ligaments
est prévisible, une préparation intestinale et une cœlioscopie
suspenseurs, l’étroitesse du vagin peuvent gêner l’approche du cul-
première sont à envisager. Dans les autres cas, il faut savoir qu’une
de-sac de Douglas. Dans ces cas, il faut être prudent. La dissection
plaie franche sur un intestin non préparé peut être réparée par voie
doit être proche de l’utérus afin d’éviter une lésion rectale. Il peut
basse, sans colostomie de protection. Une irrigation de la lumière
arriver, après avoir disséqué de 3 à 4 cm la face postérieure de
intestinale et du champ opératoire, une antibiothérapie adaptée à la
l’isthme et du corps utérin, de ne pas voir le Douglas, qui est soit
flore intestinale, une suture étanche par points séparés
au-dessus, très haut situé, soit derrière, en raison d’une dissection
extramuqueux, l’exclusion des lavements assurent des suites
trop près de l’utérus. On peut dans ces cas passer les ligatures des
simples.
ligaments suspenseurs sans ouverture du Douglas, dont la recherche
peut être reprise après section de ces ligaments, grâce à la descente Les plaies latérales du grêle et du sigmoïde adhérents sont rares
de l’utérus. mais possibles. Elles surviennent le plus souvent lors de la mise en
place du clamp annexiel. Si les conditions d’accès au segment lésé
On peut, pour aider la dissection, réaliser un toucher rectal
sont bonnes, et qu’il s’agit d’une plaie latérale franche, sur un
permettant d’identifier les limites du rectum. Si cette ligature est
segment intestinal mobilisable, la réparation peut être menée par
difficile, il est licite d’envisager une aide par cœlioscopie, voire par
voie vaginale. Dans les autres cas, une laparotomie s’impose.
laparotomie, l’accès au Douglas étant probablement limité par de
nombreuses adhérences.
¶ Reprises d’hémostases
Certains gestes réalisés en cours d’intervention permettent d’éviter
DIFFICULTÉS D’ACCÈS AU CUL-DE-SAC VÉSICO-UTÉRIN
ces reprises chirurgicales. Tous les pédicules vasculaires sont doublés
Plus rares, elles sont le fait de certaines cicatrices de césarienne. Bien et vérifiés. Un contrôle de la fermeture vaginale est réalisé après un
entendu, cet antécédent ne représente pas une contre-indication à la premier retrait des valves. Si l’hémostase n’est pas parfaite, un point
voie vaginale. En cas de difficulté, il suffit le plus souvent de réaliser en X est indispensable. Le méchage n’est jamais systématique.
la ligature-section des pédicules utérosacrés pour retrouver le bon Les hémostases dans les paramètres et paracervix doivent être
plan en avant. Le cul-de-sac péritonéal est parfois haut situé, et est résolues par les voies naturelles, en prenant garde aux uretères.
atteint après bascule postérieure de l’utérus, par les doigts recourbés L’aspiration est très utile. L’artère utérine saigne franchement, ce
en crochet au-delà du fond utérin. Il est parfois reporté très haut par qui facilite son repérage : il faut la saisir et la pincer électivement.
un myome antérieur, justifiant une mesure de réduction du volume Les vaisseaux du paracervix doivent être appuyés sur leur structure
utérin. ligamentaire. Le plus simple est de les reprendre avec l’aiguille
laissée en place en début d’intervention.
L’hémorragie des pédicules annexiels peut parfois être traitée par
Suites immédiates voie vaginale, ou nécessiter l’aide cœlioscopique, voire la
laparotomie en cas de collapsus.
Les suites de l’hystérectomie vaginale simple sont habituellement
sans histoire : douleur postopératoire réduite aux heures de réveil,
lever précoce, reprise du transit entre 24 et 36 heures, sortie au INCIDENT TARDIF
troisième jour [13].
Le seul incident tardif notable est le granulome de la cicatrice,
responsable de leucorrhée et d’hémorragie minimale, traité par
nitratage au cours de la consultation postopératoire. La dyspareunie
Diagnostic et traitement par accolement de l’ovaire ou de la trompe est rare [3].
des complications peropératoires La reprise des activités professionnelles, physiques et sexuelles peut
être envisagée après 3 à 4 semaines [9].
COMPLICATIONS PRÉCOCES

¶ Plaies viscérales Conclusion


Ces plaies peuvent arriver et sont le plus souvent sans conséquence
L’hystérectomie vaginale est une intervention simple, dont le temps
si elles ne sont pas négligées et traitées à temps [7, 10].
opératoire est plus court que celui d’une hystérectomie par voie
laparotomique, avec peu de complications [1]. Pour cela, elle nécessite
Plaies vésicales
cependant un apprentissage méthodique de l’opérateur mais aussi des
Les plaies vésicales lors d’une hystérectomie vaginale sont le plus aides dont vont dépendre la bonne visualisation du champ opératoire
souvent médianes, franches, au niveau du bas-fond. Elles sont le mais également la protection d’organes nobles comme le rectum et les
plus souvent le résultat d’une dissection difficile au niveau du plan uretères. Les indications de cette hystérectomie vaginale sont très
vésico-utérin, mais sont parfois liées à des mouvements impromptus larges, surtout avec l’utilisation des méthodes de morcellement utérin.

9
41-650 Hystérectomie vaginale Techniques chirurgicales

Références
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10
41-670
Encyclopédie Médico-Chirurgicale 41-670

Hystéroplastie d’agrandissement
FX Aubriot
J Hamou
JB Dubuisson
Résumé. – Le diéthylstilbestrol (DES) est un œstrogène de synthèse qui fut prescrit dès 1941 pour prévenir les
fausses couches spontanées. En dehors des risques de cancer, un certain nombre de malformations génitales
a été observé chez les filles des femmes ayant pris du DES durant leur grossesse.
En dehors des utérus globalement hypoplasiques, il a été noté une diminution du volume de l’utérus associée
surtout à un excès de muscle au niveau de la paroi bien visible à l’imagerie par résonance magnétique (IRM)
et responsable des déformations des utérus DES. Les plus typiques sont les strictions médiocavitaires, les
utérus en T et les utérus à fond arqué.
Le principe de l’hystéroplastie d’agrandissement est d’agrandir la cavité en incisant l’excès de muscle au
niveau des parois utérines. Le but est d’obtenir une cavité triangulaire en prenant soin de ne pas fragiliser
l’utérus.
Généralement, les résultats anatomiques sont excellents, mais il est plus difficile d’évaluer les résultats
fonctionnels et le bénéfice en ce qui concerne le taux de grossesse ultérieur. La raison est liée au fait que
l’élargissement de la cavité ne résout pas toutes les conséquences du DES sur l’altération de la fertilité. Les
principaux risques sont le placenta accreta et les ruptures utérines qui sont peut-être liées à la fragilisation de
l’utérus lors de l’opération, mais qui peuvent aussi s’observer chez les femmes DES non opérées.
Cette intervention n’est proposée qu’après un bilan complet. Elle est contre-indiquée en cas d’hypoplasie de la
cavité associée à une hypoplasie utérine (hystérométrie inférieure à 4 cm).
Elle n’est jamais recommandée d’emblée, mais elle peut être proposée, en particulier, en cas de striction
médiocavitaire et : de stérilité sans autre cause, de stérilité associée à d’autres causes correctement traitées,
d’échecs inexpliqués des techniques d’assistance médicale à la procréation (AMP), de fausses couches
répétées dont le bilan étiologique est négatif en dehors des anomalies utérines.
© 2002 Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS. Tous droits réservés.

Mots-clés : hystéroplastie d’agrandissement, diéthylstilbestrol et stérilité.

Introduction traitement indiqué en cas de menace de FCS et 1977 pour qu’il soit
contre-indiqué chez la femme enceinte. En France, entre 1950 et 1977,
Le diéthylstilbestrol (DES) est un œstrogène de synthèse prescrit à près de 200 000 femmes ont été traitées par le DES, donnant
partir des années 1946-1948 dans la prévention des fausses couches naissance à environ 80 000 filles ainsi exposées dont les deux tiers
spontanées (FCS). Secondairement, il a été proposé dans de sont nées entre 1963 et 1973.
nombreuses autres pathologies obstétricales comme la prévention
des accouchements prématurés, la toxémie gravidique, la grossesse
gémellaire.
Or, dès 1953, Dieckmann [4] met en doute l’efficacité de ce produit en
publiant une série comparée de 840 patientes traitées par le DES et
Conséquences du diéthylstilbestrol
de 800 cas témoins sans retrouver de différence significative dans sur la fertilité
les résultats. De plus, en 1970, Herbst [10] rapporte sept cas
d’adénocarcinomes cervicovaginaux à cellules claires chez des jeunes En dehors des risques de cancer, le DES n’a pas été sans
filles issues de mères ayant absorbé du DES. Le risque conséquences sur l’appareil génital féminin de l’enfant à naître.
d’adénocarcinome paraît être de l’ordre de 1/1 000. Il faudra
Ainsi, de nombreuses anomalies ont été décrites. Les premières
pourtant attendre 1976 pour voir disparaître le DES du Vidal comme
l’ont été par Kaufman en 1977 [14]. Son travail porte sur
267 hystérosalpingographies de filles DES. Ainsi des anomalies
utérines sont retrouvées dans 70 % des cas. La fréquence de ces
François-Xavier Aubriot : Gynécologue-obstétricien, ancien chef de clinique assistant, service de gynécologie
anomalies ne paraît pas, pour lui, dépendante de la dose mais du
obstétrique du professeur Dubuisson, 123, boulevard de Port-Royal, 75014 Paris, France. terme de la prescription du DES. Avant 12 semaines d’aménorrhée
Jacques Hamou : Gynécologue-obstétricien, 11, rue Linois, 75015 Paris, France.
Jean-Bernard Dubuisson : Professeur des Universités, praticien hospitalier, service de gynécologie-
(SA), la fréquence des malformations utérines est de 73 %, elle passe
obstétrique Baudelocque II, 123 bd de Port-Royal, 75014 Paris. à 66 % entre 13 et 18 SA et à 45 % après 19 SA.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Aubriot FX, Hamou J et Dubuisson JB. Hysteroplastie d’agrandissement. Encycl Méd Chir (Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS, Paris, tous droits réservés), Techniques
chirurgicales - Gynécologie, 41-670, 2002, 6 p.
41-670 Hystéroplastie d’agrandissement Techniques chirurgicales

CONSÉQUENCES UTÉRINES DU DIÉTHYLSTILBESTROL


Tableau I. – Tableau bibliographique récapitulatif (d’après Blanc).
Les anomalies utérines provoquées par les DES sont complexes et
peuvent s’associer. On différencie les anomalies de taille et les FCS GEU Prématurité
anomalies de forme [20].
Exposées Non Exposées Non Exposées Non
exposées exposées exposées
¶ Hypoplasie utérine
Cousins 18,5 20,5 7,4 0,0 29,6 0,0
Elle est retrouvée dans 44 à 49 % des cas selon les auteurs. Elle se (1980)
définie par une distance entre les cornes utérines inférieure à 4 cm Herbst 21,6 12,6 3,4 0,0 20,0 6,3
(1981)
et une inversion du rapport longueur corporéale sur longueur Kaufman 22,3 8,2 3,5 0,0 10,8 4,5
cervicale. En fait, Haney [8] a montré, dans une étude planimétrique, (1984)
une conservation de la distance intercornuale avec seulement une Berger 48,4 4,8 12,9
diminution de la distance entre l’orifice interne du col et le fond (1980)
Bernes 25,9 16,1 2,8 1,0 2,8 1,0
utérin. Si cette distance devient inférieure à 2,5 cm, on parle (1978)
d’hypotrophie utérine globale. Sandberg 22,0 4,9 16,5
(1981)
¶ Anomalies de formes Pons 37,0 10,0 15,0 2,0 6,0 6,0
(1988)
On distingue :
NB : chiffres donnés en %. GEU : grossesses extra-utérines ; FCS : fausses couches spontanées.
– les utérus en T (50 %) ;
– la distension utérine sus-isthmique donnant un aspect de sténose
Tableau II. – Conséquences sur la fertilité des femmes exposées.
médiocavitaire (26 %) ;
– les anomalies des cornes (distension bulbaire, contractions Femmes non exposées
Femmes DES (%)
(%)
annulaires) ;
GEU 9,4 % 1,8 % NS
– les aspects tourmentés des bords, les pseudosynéchies
AP 12,8 % 0 % P < 0,01
marginales ; FCS 1er trimestre 14,6 % 12,7 % NS
– les malformations utérines avec utérus bicorne unicervical (13 %) ; Stérilité 23 % 0%

– des associations de toutes ces dysmorphies utérines sont possibles. NB : résultats exprimés en %). FCS : Fausses couches spontanées ; GEU : grossesse extra-utérine ; AP :
accouchement prématuré ; DES : diéthylstilbestrol ; NS : non significatif.
Les plus classiques sont l’utérus en T avec une hypoplasie (31 %) et
l’utérus en T avec sténose médiocavitaire (13 à 33 %) ;
plus élevé de GEU (6 % contre 0,3 %), de FCS (21 % contre 11 %) et
– une béance cervico-isthmique n’est pas rare. En fait il vaudrait d’accouchements prématurés (20 % contre 6 %) chez les femmes
mieux parler d’incompétence cervicale que de béance radiologique DES. Le tableau I d’après Blanc [1] regroupe les principales données
vraie [15]. de la littérature. La publication la plus récente est celle de Cabau [2]
portant sur 308 questionnaires, 258 concernant des filles exposées
AUTRES CONSÉQUENCES DU DIÉTHYLSTILBESTROL au DES et 50 les sœurs non exposées. Le tableau II regroupe les
résultats. En combinant plusieurs séries, le risque de GEU serait de
En dehors des anomalies utérines, d’autres conséquences du DES se 1 sur 24 chez les femmes exposées contre 1 sur 141 chez les témoins.
rencontrent pouvant, elles aussi, nuire à la fertilité, celles-ci sont : Pour Kaufman [12], le risque de GEU pourrait être corrélé aux
– les diaphragmes vaginaux ; anomalies utérines, le risque étant augmenté en cas d’utérus en T.
Les anomalies tubaires observées pourraient aussi être en cause [3].
– une insuffisance de la glaire : elle répond mal à une stimulation
Toutes les publications faites sur le DES rapportent une
œstrogénique et peut être primitive ou secondaire à une sténose du
augmentation des accouchements prématurés. Dans la série de
col liée à un traitement de l’adénose cervicale [22] ;
Sandberg [21] portant sur 281 femmes exposées, le taux de FCS est de
– les anomalies tubaires : De Cherney [3] décrit des trompes courtes, 24 % contre 7 % chez les 84 patientes témoins. Il en est de même des
étroites, avec adhérences des pavillons. La fréquence accrue des complications obstétricales durant le déroulement de la grossesse
grossesses extra-utérines (GEU) chez les filles DES est sans doute (hypotrophie, prééclampsie) et durant l’accouchement (présentation
aussi le témoin d’anomalies de la fonction de la trompe ; du siège).
– l’endométriose pelvienne : elle semble plus fréquente chez les Toutes ces informations permettent de justifier une volonté
filles DES [23]. Elle serait la conséquence de la sténose du col observée thérapeutique en cas d’utérus DES et d’infertilité.
après traitement local de l’adénose cervicale favorisant le reflux
utérotubaire. Quoi qu’il en soit, elle doit être recherchée et son
traitement effectué dans le cadre de la prise en charge de l’infertilité Bilan des conséquences utérines
de la patiente ; du diéthylstilbestrol
– les troubles de la fonction ovarienne : il s’agit des cycles
irréguliers, de dysovulation et de dysménorrhée. En présence d’une patiente présentant un utérus DES et une stérilité
Cette revue des conséquences du DES sur l’appareil génital des primaire ou secondaire, un bilan complet s’impose afin d’évaluer
femmes exposées in utero permet aisément de concevoir une les conséquences du DES sur la fertilité. Ce bilan aide au mieux à
répercussion de ce traitement sur la fertilité ultérieure de ces poser les indications thérapeutiques, en particulier celle de
femmes. De nombreuses publications ont été faites sur ce sujet et, l’hystéroplastie. L’examen clinique est bien sûr la première
dès les années 1980, il est mis en évidence une augmentation de la exploration. En dehors des frottis et du dépistage des lésions
fréquence des stérilités, des GEU, des FCS et des accouchements précancéreuses et cancéreuses cervicovaginales, la découverte d’une
prématurés chez ces femmes. Pour Kaufman [13, 14], le risque de anomalie cervicale fait craindre avec plus de fréquence la survenue
stérilité est multiplié par 1,49 si l’utérus est en T, par 2,26 s’il existe d’une malformation utérine. Ainsi Kaufman [13] observe, sur
une striction sus-isthmique médiocavitaire et par 2,63 s’il y a une 267 femmes exposées, une malformation utérine dans 86 % des cas
association des deux anomalies. si le col est anormal contre 56 % si le col est normal.
L’étude de Herbst publiée en 1981 [9] regroupant 114 cas et une série – L’hystérographie reste l’examen complémentaire le plus classique
témoin de 128 cas conclut, lors de la première grossesse, à un taux et le plus démonstratif. Demandée en première intention si l’on

2
Techniques chirurgicales Hystéroplastie d’agrandissement 41-670

En effet, certaines études suggèrent une plus grande fréquence des


1 Imagerie par résonance
perturbations immunitaires chez les femmes exposées [17].
magnétique : striction mé-
diocavitaire liée à une hy-
pertrophie musculaire.
Hystéroplastie d’agrandissement
C’est une intervention chirurgicale relativement nouvelle qui
s’adresse aux patientes DES présentant une réduction plus ou moins
importante de la taille de la cavité sans diminution importante de la
taille de l’utérus. Comme nous l’avons déjà vu et comme permettent
de le montrer l’échographie et la cœlioscopie, un certain nombre des
dysmorphies utérines observées en cas de DES ne sont pas dues à
une diminution globale importante du volume utérin mais à la
présence excédentaire de myomètre, en particulier dans les éperons
latéraux sous-cornuaux. Cet excédent de myomètre, bien visible sur
les IRM, est responsable de striction médiocavitaire et de fond arqué
entraînant une diminution de la taille de la cavité. Le but de
l’hystéroplastie d’agrandissement est donc d’agrandir la cavité en
gagnant sur le muscle utérin de manière à redonner à la cavité un
aspect triangulaire et cela sans fragiliser l’utérus. Il faut donc gagner
surtout au niveau des bords et peu sur le fond qui est toujours plus
suspecte une imprégnation in utero par le DES, elle permet fragile. Des synéchies associées, liées à un curetage antérieur,
d’observer les malformations utérines déjà décrites et parfois peuvent aussi être présentes et sont traitées conjointement.
associées.
– L’hystéroscopie fait elle aussi partie du bilan. La cavité utérine est
souvent étroite, les cornes elles aussi sont étroites et effilées. La TECHNIQUE OPÉRATOIRE
vision des ostia peut être difficile. Il est important de noter L’intervention est réalisée sous anesthésie péridurale ou sous
l’épaisseur de l’endomètre et sa qualité ainsi que l’hystérométrie. anesthésie générale. Un traitement œstroprogestatif est débuté 1
– L’échographie contribue aussi à l’exploration de l’utérus DES. Dès mois avant l’intervention et peut être poursuivi durant 2 à 3 mois
1980, Viscomi [25] s’intéresse à la mesure des utérus DES comparés à pour favoriser la recolonisation endométriale.
des utérus témoins. Plus récemment, Noyes [18] rapporte les données Après dilatation cervicale, la distension de la cavité se fait par la
de l’échographie lors de 50 cycles de fécondation in vitro (FIV) chez perfusion de Glycocollet sous contrôle électronique à l’aide de
des femmes exposées au DES et comparés à 490 cycles de femmes l’hystéromat d’après Hamou. Le résecteur est monté sur
non exposées. L’étude porte sur l’épaisseur et l’aspect de l’hystéroscope et l’on utilise l’anse coudée à 90°. L’intervention
l’endomètre. Celui-ci paraît plus souvent inadéquat en cas d’utérus consiste en la section des bords utérins, cela permettant la libération,
DES. Les qualités échographiques de l’endomètre paraissent en particulier de la striction médiane. Alors que la pointe de l’anse
l’élément le plus significatif pour prédire les résultats de la FIV coudée est dirigée vers l’extérieur, la section débute de la corne en
puisqu’en cas d’utérus en T, il n’observe aucune grossesse si regard de l’ostium et descend vers l’isthme sans l’atteindre.
l’endomètre est inadéquat contre 44 % si l’endomètre est correct. L’électrode doit rester parallèle aux faces antérieure et postérieure.
Salle [19] s’intéresse au doppler pulsé couleur couplé à l’échographie La section ouvre progressivement le myomètre, ceci permettant la
vaginale. Il retrouve une vascularisation utérine à haute résistance distension de la cavité. Plusieurs passages sont parfois nécessaires
que ce soit en phase lutéale ou en phase folliculaire. Les artères (fig 2). Le sillon ainsi creusé doit laisser une épaisseur pariétale
utérines, du fait d’une anomalie histologique, pourraient être résiduelle de 8 à 9 mm, mesure évaluée par l’échographie
insensibles à l’action vasodilatatrice de l’œstradiol et cette mauvaise dimensionnelle préopératoire. L’idéal est d’obtenir une cavité
adaptation du flux sanguin pourrait nuire à une bonne implantation triangulaire, la vision des ostia se faisant sans difficulté lorsque
et s’associer aux facteurs mécaniques pour favoriser les FCS. l’optique est placée au niveau de l’isthme utérin. La régularisation
Epelboin [5] rapporte aussi des résistances vasculaires élevées en du fond se fait par touches successives en restant très prudent afin
phase lutéale, données retrouvées à l’échodoppler et à l’IRM et d’éviter une perforation, le but étant de mettre sur le même niveau
pouvant nuire à une bonne implantation embryonnaire. les deux ostia. Ce temps opératoire est effectué à l’aide de la partie
– La cœlioscopie fait partie des explorations à proposer dans le cadre transversale de l’anse coudée. Contrairement à d’autres équipes,
de l’évaluation de la fertilité des femmes DES. Outre le volume nous n’avons pas placé de dispositif intra-utérin (DIU) en
utérin qui peut être contrôlé, la recherche et le traitement d’une postopératoire [6, 16]. Un contrôle postopératoire dans les 2 mois peut
endométriose associée doivent être effectués [23]. être proposé. L’hystérographie permet d’avoir une excellente
iconographie et autorise une comparaison avec les clichés
– L’IRM est en cours d’évaluation. Son coût élevé en limite la
préopératoires. L’hystéroscopie permet, elle, de réaliser d’excellentes
prescription. Elle permet une bonne évaluation de la taille de
retouches en particulier le long des bords et d’apprécier la
l’utérus. En séquence T2, trois zones sont délimitées du centre vers
recolonisation endométriale des surfaces libérées lors de la section.
la périphérie : l’endomètre central, hyperintense ; la zone
jonctionnelle, hypo-intense correspondant à la couche la plus interne Un certain nombre de complications peuvent être observées.
du myomètre, son épaisseur ne devant pas dépasser 5 mm, et le Il faut différencier les complications qui, en dehors de celle de
myomètre de signal intermédiaire. Selon Epelboin [5] la diminution l’hystérochirurgie sous Glycocollet, sont principalement les
de la zone jonctionnelle en phase préovulatoire et en phase lutéale perforations. C’est aussi au niveau du fond que le risque est le plus
traduirait l’augmentation des résistances vasculaires constatée à important. Le geste à ce niveau doit être particulièrement prudent.
l’échodoppler dans certains utérus DES, rendant compte de la À plus long terme, les différentes complications sont :
mauvaise implantation embryonnaire chez ces patientes. L’IRM
permet de bien visualiser la taille de l’utérus. C’est la présence d’une – la béance liée à la dilatation cervicale lors de l’hystérochirurgie. Il
hypertrophie musculaire, par exemple, dans les strictions faut la différencier de la béance préopératoire liée au DES. En cas de
médiocavitaires (fig 1). dilatation difficile, un résecteur de plus petite taille peut être utilisé ;
– L’exploration de l’immunité des patientes DES paraît nécessaire – la rupture utérine : elle peut être le fait de la fragilisation utérine
dans l’évaluation des causes et des traitements des FCS à répétition. lors de l’acte d’agrandissement de la cavité [24]. Le point important

3
41-670 Hystéroplastie d’agrandissement Techniques chirurgicales

2 Section de la striction médiocavitaire des bords, l’élec-


trode reste parallèle aux faces antérieure et postérieure de
l’utérus.

*
A *
B

3 Aspect hystérographique.
A. avant l’intervention.
B. Après l’intervention.

est de limiter la profondeur des sillons en se limitant, en particulier, impressionnants (fig 3). Dans notre série 33 % de réacollements
à la section de l’hypertrophie musculaire rétrécissant la cavité, sans modestes ont été notés, tous levés par l’hystéroscopie de contrôle
diminuer de manière excessive l’épaisseur de la paroi utérine. En réalisée dans les 2 mois. Même si la section des bords a été modeste,
revanche, il faudra considérer l’utérus comme cicatriciel et décider, le volume de la cavité est toujours considérablement amélioré.
en particulier, du mode d’accouchement en fonction de la
confrontation fœtopelvienne ;
– le placenta accreta : il s’agit d’un risque réel. Ce risque peut être ¶ Résultats fonctionnels
comparé à celui des cures de synéchies et doit inciter à la prudence
lors de l’accouchement.
Ils s’apprécient en termes de grossesses, cela en tenant compte des
RÉSULTATS autres paramètres de la fertilité du couple et des moyens mis en
Pour illustrer les résultats, nous rapportons ici une série de 51 œuvre en particulier d’AMP. Ces résultats sont regroupés dans le
patientes ayant bénéficié d’une hystéroplastie d’agrandissement : 20 tableau III.
présentaient une stérilité primaire et 31 une stérilité secondaire (27
FCS, 3 GEU, 1 accouchement prématuré) ; 24 patientes avaient
bénéficié d’une assistance médicale à la procréation (AMP), sans Comme on peut le noter, le taux de fausses couches spontanées n’est
succès. pas très élevé (13 %). Ce résultat paraît acceptable pour ce type de
pathologie. En revanche, on note six accouchements prématurés sur
¶ Résultats anatomiques 25 grossesses évolutives (soit environ 24 %). Le risque de
Ils sont, dans l’immense majorité des cas, tout à fait excellents et les prématurité reste très élevé. Aucune grossesse gémellaire n’a été
clichés d’hystérographie postopératoire sont, à ce titre, souvent observée dans cette série.

4
Techniques chirurgicales Hystéroplastie d’agrandissement 41-670

et que l’existence d’une striction médiocavitaire, en particulier si elle


Tableau III. – Hystéroplasties d’agrandissement par hystéroscopie. est associée à un utérus en T, augmente les risques de stérilité, il
Résultats à 16 mois (51 patientes opérées). paraît judicieux de proposer une hystéroplastie d’agrandissement
en cas de malformation utérine, en particulier de striction
· 31 grossesses. médiocavitaire) :
- 25 grossesses évolutives (49 %)
- 6 accouchements prématurés – et de stérilité sans autres causes ;
- 19 accouchements à terme
(33 % de césariennes) – ou de stérilité associée à d’autres causes correctement traitées ;
- 4 FCS
– ou de stérilité avec échecs sans causes des AMP (IIU et surtout
- 2 GEU
· complications : 2 placentas accretas.
FIV) ;
– ou de fausses couches spontanées à répétition dont le bilan
FCS : fausse couche spontanée ; GEU : grossesse extra-utérine.
étiologique est négatif en dehors des anomalies utérines.
Les résultats anatomiques sont de l’avis de tous excellents, et
¶ Complications d’ailleurs rapportés par d’autres auteurs [6, 7, 16]. La réelle difficulté
Nous n’avons observé aucune perforation lors de la réalisation de est d’apprécier l’intérêt fonctionnel de cette chirurgie. Il est clair que
l’acte opératoire. Aucune rupture utérine lors de l’accouchement n’a nous ne cherchons pas à soigner les hystérographies, mais à
été rapportée, mais le taux de césariennes est de 33 %. En revanche, améliorer le pronostic de ces patientes qui cherchent à avoir un
deux cas de placenta accreta sont à déplorer. enfant.
Le travail qui consisterait à tirer au sort les patientes à opérer ou à
¶ Discussion ne pas opérer paraît difficile à proposer tant au plan éthique qu’au
Si l’hystéroplastie d’agrandissement est une technique simple à plan de la méthodologie. En effet, les modifications génitales
effectuer, son indication doit être mûrement réfléchie au cas par cas. entraînées par le DES sont très variables d’une femme à l’autre.
L’expérience que nous avons tous de patientes ayant un utérus DES Par ailleurs, la comparaison actuelle de l’évolution des grossesses
et menant, malgré des dysmorphies utérines notables, des grossesses d’une série de femmes opérées à celle de femmes non opérées,
à terme, fait que cette intervention est loin d’être systématique. Cela rapportée par exemple dans la littérature, est impossible puisque les
en particulier à la lueur des complications déjà citées, même si, en patientes que nous avons opérées ne l’ont pas été de première
ce qui concerne les ruptures utérines, il est difficile de savoir si elles intention, mais après un long passé de stérilité et d’échecs des
sont liées à la fragilisation de l’utérus du fait de l’intervention ou à traitements de la fertilité, ce qui n’est pas le cas des femmes DES
la nature même des utérus DES puisque des ruptures ont été devenues enceintes spontanément ou à la suite de ces mêmes
rapportées chez des femmes DES enceintes, non opérées [26]. traitements. Il ne s’agit probablement pas des mêmes atteintes et
Dans tous les cas, l’indication opératoire doit être portée à la suite des mêmes patientes.
d’un bilan complet s’intéressant en particulier aux antécédents de la Enfin, il faut rappeler que cette intervention ne résout pas tous les
patiente, aux autres paramètres de la fertilité du couple. problèmes de fertilité rencontrés chez les femmes DES comme les
Ainsi, l’hypoplasie de la cavité associée à une hypoplasie utérine troubles de l’ovulation, les altérations de la glaire, les altérations de
(hystérométrie inférieure à 4 cm, épaisseur de la paroi inférieure à la fonction tubaire, la présence d’une endométriose pelvienne, les
12 mm) est une contre-indication évidente. perturbations immunitaires, sources de fausses couches à répétition.
Tous ces problèmes doivent être conjointement pris en compte si
L’hystéroplastie n’est jamais, à notre sens, une intervention à l’on sait améliorer les résultats fonctionnels de l’hystéroplastie
proposer de première intention. L’optimisation de la fertilité du d’agrandissement.
couple doit d’abord être proposée.
Comme nous l’avons déjà signalé, il est habituel de retrouver des
troubles de l’ovulation, une altération de la fonction tubaire, des Conclusion
troubles de l’implantation, une endométriose pelvienne. Le risque
principal en cas de réussite est la survenue d’une grossesse multiple Les conséquences utérines du DES in utero sont loin d’être univoques.
qu’il faut ici, plus qu’ailleurs, éviter à tout prix. Les traitements Les conséquences morphologiques sont bien connues, mais très
peuvent débuter par de simples stimulations de l’ovulation avec variables d’une femme à l’autre, rendant difficile l’interprétation des
monitorage. L’insémination intra-utérine (IIU) est souvent proposée explorations et des traitements proposés aux femmes DES infertiles. De
pour traiter le problème de la glaire. La fréquence d’une plus, elles ne sont pas les seules et les conséquences physiologiques
endométriose associée à des altérations tubaires en cas de DES a restent à évaluer plus complètement. Dans l’arsenal thérapeutique à
souvent orienté le traitement vers la FIV. Tous les auteurs retrouvent notre disposition, l’hystéroplastie d’agrandissement a sa place. En effet,
néanmoins une diminution du taux d’implantation avec un en dehors des risques obstétricaux à évaluer et à comparer avec ceux des
fléchissement des résultats et une augmentation des fausses femmes DES non opérées, cette intervention, qui vise à restituer la
couches [5, 11, 18]. morphologie normale de la cavité en réduisant l’excédent de myomètre
En revanche, étant entendu que seules 34 % des femmes ayant des responsable des déformations observées est certainement prometteuse à
anomalies utérines à l’hystérographie mènent une grossesse à terme la lueur des premiers résultats obtenus.

Références ➤

5
41-670 Hystéroplastie d’agrandissement Techniques chirurgicales

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6
¶ 41-559

Hystéroscopie opératoire
A. Gervaise, H. Fernandez

Ces dernières années, nous assistons à une explosion dans la connaissance et les techniques en
hystéroscopie opératoire. L’hystéroscopie permet de traiter en ambulatoire de nombreuses pathologies
comme les myomes sous-muqueux, les polypes, les hypertrophies endométriales, les hypoplasies utérines,
les synéchies et les cloisons utérines. Récemment, la stérilisation par hystéroscopie s’est également
développée et elle est bien acceptée. L’hystéroscopie opératoire a modifié l’approche chirurgicale des
lésions intra-utérines bénignes. Ces lésions étaient auparavant traitées par laparotomie. Cette nouvelle
prise en charge permet de réduire la morbidité, la durée d’hospitalisation et les coûts.
© 2007 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Mots clés : Hystéroscopie opératoire ; Myome sous-muqueux ; Polype ; Malformation utérine ;


Endométrectomie

Plan

¶ Introduction 1
¶ Hystéroscopes 1
Optiques 1
¶ Technique opératoire 3
Technique de résection 3
Traitement médical préopératoire 4
Bilan préopératoire 4
Complications 5
¶ Technique opératoire et indications 5
Polype et myome 5
Résection de l’endomètre 7
Malformations utérines 7
Autres indications opératoires 9

■ Introduction Figure 1. Optique diagnostique, gaine d’hystéroscopie diagnostique,


câble de lumière froide.
L’hystéroscopie, initialement diagnostique, voit ses indica-
tions s’étendre de plus en plus à la chirurgie endo-utérine.
L’hystéroscopie opératoire permet de réaliser des gestes précis, Optiques (Fig. 1)
sous contrôle de la vue, alors qu’autrefois, ils étaient réalisés à
l’aveugle. Elle permet également d’éviter des chirurgies lourdes Optiques rigides
qui nécessitaient autrefois l’ouverture de la cavité utérine,
source de complications pour des patientes qui, pour certaines, Les optiques rigides sont actuellement les plus utilisés et leur
désirent une grossesse. diamètre varie de 2 à 4 mm. L’optique de 2 mm a un angle de
vue compris entre 0 et 60°. La profondeur d’observation varie
entre 2 et 50 mm dans l’air et le grossissement est de l’ordre de
■ Hystéroscopes 5 fois à 5 mm de distance. Ce type d’optique peut être utilisé
avec une gaine à double courant compacte permettant
Le matériel utilisé pour l’hystéroscopie opératoire est détaillé l’irrigation-lavage. Un canal opérateur permet l’introduction
dans un précédent article de l’EMC (Techniques chirurgicales. d’un cathéter ou d’un salpingoscope dans le but d’explorer les
Hystéroscopie opératoire, Hervé Fernandez, 1997). trompes. Son principal défaut tient en sa faible luminosité.
Seules les optiques, les gaines et la diffusion du courant Les optiques de 4 mm ont une orientation habituelle de 30°
bipolaire permettant d’utiliser le sérum physiologique ont de la lentille frontale. Dans certaines indications spécifiques
évolué et sont précisés dans ce chapitre. comme le cathétérisme tubaire, il est préférable d’utiliser des

Techniques chirurgicales - Gynécologie 1


41-559 ¶ Hystéroscopie opératoire

Figure 2. Versascope. Figure 3. Chemise de l’optique, gaine d’irrigation, gaine d’aspiration.

optiques à 70°. En revanche, les lentilles orientées à 12° sont


préférées pour la majorité des indications opératoires.
Le diamètre des optiques est habituellement en mm ou en
charrière (1 charrière = 1/3 de mm) ou en french (F) (globale-
ment similaire à la charrière).
Il existe également des optiques composés uniquement de
fibres optiques (50 000 fibres par optique), d’un diamètre de
1,8 mm qui peuvent s’adapter sur des gaines jetables de 2 mm
et qui ont un canal opérateur de 5 F. Le diamètre total du
système ne dépasse donc pas 3,8 mm. Cette technique s’appelle
le Versascope® (Fig. 2) et permet d’envisager des techniques de
« see and treat » en consultation.

Optiques flexibles
Elles sont caractérisées par l’existence d’une extrémité de
l’optique orientable dans toutes les directions permettant ainsi
de mieux inspecter les faces latérales et les orifices tubaires. La
mobilisation est obtenue par manipulation à partir de la
poignée de l’hystéroscope, du levier de commande par le pouce Figure 4. Anses monopolaires : de résection, couteau, boule de
de l’opérateur. Ces endoscopes ont habituellement une gaine coagulation.
externe de 4 à 5 mm de diamètre pourvue d’un canal opératoire
coaxial de 2 mm en moyenne qui autorise le passage de pinces
à biopsies, de ciseaux, d’électrodes de section et surtout de fibres
laser. anses de 7 mm. Dans la poignée opératoire viennent s’articuler
Néanmoins, il est à noter que l’introduction d’instruments l’optique, les électrodes, la lumière froide. Peuvent également
optiques limite le béquillage de l’extrémité distale. s’adapter sur les résectoscopes de 9 mm, des chemises avec
canaux opérateurs 5 F (appelées chemises bridge chez les
Anglo-Saxons).
Gaines d’hystéroscopies (Fig. 3)
Il faut d’emblée distinguer deux types d’hystéroscopes, à Il existe deux types de résecteurs :
savoir les hystéroscopes classiques à chemise opératoire et les • les résecteurs passifs où la traction sur la poignée projette
hystéroscopes à double chemise dérivés du matériel urologique l’électrode en avant tandis que la résection s’effectue quand
(ou résectoscope) et permettant un double flux. la poignée revient à sa position de repos. Ce type de résecteur
Les hystéroscopes classiques comportent une chemise opéra- est théoriquement moins dangereux puisqu’en lâchant la
toire de diamètre compris entre 7 et 8 mm qui acceptent une poignée, l’anse revient vers la chemise ;
optique de 4 mm. L’instrumentation est insérée dans le canal • les résecteurs actifs où la mise en action de la poignée déplace
opératoire d’un diamètre compris entre 1 et 3 mm. Les instru- l’anse d’arrière en avant. Dans ce cas, le déplacement de
ments susceptibles d’être utilisés sont : des pinces à biopsies, des l’électrode se fait dans le même sens que celui de la poignée.
ciseaux souples, des électrodes de coagulation (type électrode La manipulation apparaît donc plus naturelle.
Versapoint®), des fibres de laser Nd-Yag, des fibres souples pour
cathétériser les ostia tubaires dans le but de placer des dispositifs Les électrodes utilisées sont de divers types.
intra-utérins ou de faire pénétrer un tuboscope. Pour le courant monopolaire (Fig. 4) :
Les résectoscopes comportent deux gaines et une poignée • anse de résection à 90° ;
opératoire, la gaine interne assure l’irrigation de la cavité • électrode de coagulation avec roller-ball à portion mobile
utérine, la gaine externe assure la récupération des fluides. Le autour d’un axe ;
diamètre des résecteurs est compris entre 6 et 9 mm. L’hystéro- • l’électrode de section en pointe ou aspect dit « en couteau ».
résecteur de 6 mm est habituellement utilisé pour la résection Pour le courant bipolaire (Fig. 5, 6) :
de petits myomes de moins de 1 cm mais il nécessite néan- • électrodes 5 F ;
moins une dilatation modérée du col. Les hystéroscopes de • anse de résection à 90° de 4 mm ;
9 mm, les plus employés, utilisent une optique de 4 mm et des • barre.

2 Techniques chirurgicales - Gynécologie


Hystéroscopie opératoire ¶ 41-559

Utilisation d’un résectoscope 9 mm monopolaire


avec anse de résection
Le col est saisi par deux pinces de Pozzi ou de Museux-
Palmer placées à 3 heures et 9 heures. Cette technique à deux
pinces permet d’avoir une traction homogène sur le col dans le
but de faciliter la dilatation et de diminuer fausses routes,
perforations ou plaies cervicales.
Le col est ensuite dilaté à l’aide de bougies de diamètre
Figure 5. Électrodes bipolaires 5 F. progressivement croissant par 0,5 mm ou 1 mm selon la
A. Spring. trophicité du col. Il est fréquent d’utiliser les bougies de Hegar,
B. Twizzle. la dilatation se fait jusqu’à la bougie numéro 10 inclus.
C. Ball. Le résectoscope, muni de ses deux chemises concentriques
permettant l’irrigation à flux continu par le milieu de distension
choisi, de la poignée opératoire sur laquelle s’articule l’optique,
l’électrode, et la caméra branchée sur l’optique, est introduit
dans la cavité utérine sous contrôle vidéo. Il est habituellement
déconseillé de pénétrer l’hystéroscope opératoire à l’aide du
mandrin dans le but d’éviter tout geste à l’aveugle. En cas de
difficulté de pénétration en raison d’une sténose, il peut être
exceptionnellement licite de faire pénétrer l’hystéroscope sous
contrôle échographique. En cas d’utilisation de pompe à
instillation, la pression intra-utérine est réglée de façon à ne pas
dépasser 100 mmHg et le débit est bloqué à 250 ml maximum.
L’optique habituellement utilisée présente une forobliquité
distale de 12°.
Figure 6. Électrodes bipolaires 24 F. Avec un résectoscope passif, l’introduction du résecteur dans
A. Anse de résection. la cavité se fait poignet libre et l’articulation de la poignée libère
B. Anse de vaporisation. l’anse du résecteur.
Avec un résectoscope actif, l’introduction du résecteur doit
être faite poignet fermé de manière à protéger l’anse de résec-
tion. Dans la cavité utérine, la poignée sera ouverte sous
Le laser Nd-YAG peut être utilisé à une puissance supérieure contrôle visuel pour pratiquer l’intervention hystéroscopique.
à 70 W. L’énergie du laser Nd-YAG est essentiellement absorbée Sur le plan opératoire, le mouvement utilisé n’est pas qu’un
par les protéines et se transmet à travers les liquides de disten- simple mouvement de flexion-extension des doigts mais il doit
sion utérine. L’effet de vaporisation est utilisé pour détruire une être complété par un mouvement de flexion de l’avant-bras sur
lésion. La destruction est toujours limitée mais provoque une le bras permettant dans les indications de résection d’obtenir
lésion profonde. Le laser Nd-YAG est utilisé suivant deux des copeaux plus importants. Un bilan précis des entrées et des
techniques [1-3]. sorties du liquide de distension doit être pratiqué et l’interven-
tion doit être stoppée immédiatement si l’irrigation se fait sans
récupération. Il faut habituellement limiter le temps des
interventions à 45 minutes et le volume total de glycocolle
■ Technique opératoire utilisé ne doit pas excéder 6 l. Au-delà du temps opératoire ou
du volume, il est nécessaire de pratiquer systématiquement un
ionogramme sanguin de façon à dépister des complications
Technique de résection métaboliques [5, 6]. En cas de sténose cervicale connue, l’utilisa-
tion du misoprostol, deux comprimés en intravaginal donnés
Quels que soient l’indication et le mode opératoire, l’instal- 2 heures avant l’intervention, n’a pas fait preuve de son
lation de la patiente est identique. L’intervention est réalisée efficacité. À l’inverse, en cas de béances, il sera utile de
sous anesthésie générale ou sous analgésie locorégionale rapprocher de l’orifice cervical les deux pinces de Pozzi de façon
(péridurale ou rachianesthésie). Le choix du mode d’anesthésie à diminuer l’intensité des fuites et faciliter la vision.
est déterminé lors de la consultation préanesthésique obligatoire En cours d’intervention, lorsque l’opérateur est gêné par des
avant toute hystéroscopie opératoire. Une antibioprophylaxie copeaux, du sang ou une muqueuse épaisse, il est utile en
est administrée à la patiente lors de l’induction anesthésique retirant l’endoscope d’évacuer le contenu utérin à la curette
afin de prévenir les risques d’endométrite (évalués entre 1 et mousse.
5 %) [4]. La patiente est installée en position gynécologique. On
pratique une désinfection périnéale et cervicovaginale par un
Énergie bipolaire
antiseptique (polyvidone iodé ou chlorhexidine) puis on installe
les champs opératoires. Bien que les complications soient moins importantes qu’avec
Le sondage urinaire n’est pas systématique dans le but de l’utilisation du glycocolle, le temps opératoire doit rester limité
diminuer l’incidence des infections urinaires postopératoires. Un à 60 minutes et il semble raisonnable de ne pas dépasser 9 l de
toucher vaginal est effectué pour juger de l’anté- ou de la sérum physiologique.
rétroversion utérine, guidant ultérieurement la dilatation et
diminuant le risque de perforation. Utilisation d’un rectoscope 5 F bipolaire
Un spéculum à valve démontable est mis en place.
Une hystéroscopie diagnostique au sérum physiologique peut La dilatation n’étant le plus souvent pas indispensable, une
être pratiquée préalablement pour confirmer les lésions et leur seule pince de Pozzi peut être mise en place à 11 h. Le milieu
topographie exacte. de distension utilisé est le sérum physiologique. En fonction du
La technique de vaginoscopie permet d’éviter la mise en place traitement prévu, une pompe d’irrigation peut être utilisée. Si le
du spéculum, et une exploration vaginale et cervicale première. geste est prévu de courte durée, la poche peut être suspendue à
Cette technique peut être utilisée de manière préférentielle chez 1 m au-dessus de la patiente et le contrôle des entrées et des
les patientes qui bénéficient d’une prise en charge sans sorties doit être comptabilisé par le chirurgien, aidé de la
anesthésie. panseuse ; sinon, une pompe d’irrigation est utilisée.

Techniques chirurgicales - Gynécologie 3


41-559 ¶ Hystéroscopie opératoire

Utilisation d’un rectoscope 24 F bipolaire En 2001, une revue de la Cochrane Database [12] sur l’utilisa-
tion des analogues de la gonadotrophin releasing hormone (GnRH)
La technique est comparable à celle utilisée avec l’énergie avant hystérectomie ou myomectomie pour des fibromes
monopolaire. Les copeaux réséqués sont de plus petite taille, ce utérins a montré que l’utilisation de ces derniers pendant 3 ou
qui peut faire augmenter le temps opératoire mais les anses 4 mois avant la chirurgie réduisait le volume utérin et la taille
« carbonisent » moins que les anses monopolaires, ce qui facilite des myomes. Ils sont bénéfiques dans la correction des déficits
la gestion des copeaux de résection. en fer et dans la réduction du saignement peropératoire.
Une revue complète de la Cochrane Database sur les traite-
ments préopératoires afin de diminuer l’épaisseur de l’endomè-
tre avant destruction d’endomètre pour ménorragies a été

“ À retenir
réalisée en 2002 [13]. Ses conclusions sont les suivantes : « La
finesse de l’endomètre avant une hystéroscopie opératoire pour
ménorragies en première partie de cycle améliore les conditions
Avantages de l’énergie bipolaire par rapport à opératoires du chirurgien et des suites opératoires à court terme.
Les analogues de la GnRH diminuent plus l’épaisseur de
l’énergie monopolaire
l’endomètre que le danazol mais les deux agents produisent des
Avantages
effets satisfaisants. L’effet de ces agents sur le suivi à long terme
• Anesthésie locale comme l’aménorrhée et le recours à une réintervention dimi-
• Sérum physiologique nuent avec le temps. »
• Pas d’intoxication au glycocolle
• Limitation de la diffusion de l’électricité Danazol
• Préservation muqueuse
• Moins de perforations Il présente les mêmes indications que les agonistes mais son
• Faible diamètre : effet androgénique limite son utilisation en routine. S’il est
C diminution du traumatisme cervical prescrit, il peut être administré par voie vaginale, ce qui
diminue ses effets secondaires.
C diminution des faux trajets
• Pas de copeaux
Antagonistes de la LH-RH et mifépristone
Inconvénients
• Coût du matériel jetable Ils peuvent être intéressants [10]. Leur utilisation n’est cepen-
• Analyse histologique (5 F) dant pas en routine et d’autres études sont nécessaires pour
• Temps opératoire confirmer leur efficacité [14].
• Limitation de la taille des lésions à traiter (5 F)
Bilan préopératoire
L’approche thérapeutique de la pathologie utérine pouvant
Traitement médical préopératoire être traitée par hystéroscopie opératoire impose de pratiquer une
hystéroscopie diagnostique, une échographie pelvienne voire
Le traitement médical préopératoire n’est pas systématique une hystérosonographie.
mais peut permettre aux opérateurs peu expérimentés une plus L’hystéroscopie diagnostique est pratiquée habituellement
grande facilité du geste. Quand il est indiqué, il s’adresse aux entre le 8e et le 15e jour du cycle car le canal endocervical est
fibromes symptomatiques et aux résections d’endomètre. En suffisamment entrouvert et l’endomètre peu épais en phase
revanche, quand l’intervention est pratiquée par un laser proliférative débutante améliorant de ce fait la qualité de
Nd-Yag, le traitement préopératoire est quasi systématique. Le l’observation de la cavité utérine. De plus, réalisée à cette
but des traitements est de corriger la fréquente hyperestrogénie période du cycle, toute grossesse est éliminée. Chez la femme
relative et d’entraîner une atrophie de l’endomètre. Le traite- ménopausée, une préparation par les estrogènes peut être
ment médical permet également de diminuer les phénomènes réalisée avant l’hystéroscopie diagnostique, voire opératoire.
hémorragiques avant le traitement chirurgical ou de corriger L’utilisation préopératoire de misoprostol pour faciliter la
une anémie. dilatation du col n’a pas fait preuve de son efficacité [15] .
L’hystéroscopie précise, en cas de polypes ou de myomes, la
Progestatifs taille, le nombre, la localisation, l’accessibilité, l’existence de
pathologie associée. En cas de pathologie de l’endomètre, elle
Les dérivés de la norprogestérone ou de la nortestostérone permet d’emblée d’évoquer une pathologie maligne et permet
sont cependant assez décevants. De plus, ils n’influencent pas de pratiquer des biopsies dirigées.
la taille des myomes voire l’augmentent par un effet Dans les autres indications, elle confirme l’importance de la
mitotique [7]. synéchie, le type de synéchie, le type de malformation utérine.
Un schéma descriptif est associé au compte rendu de l’exa-
Agonistes de la « luteinizing hormone-releasing men. Il est souvent intéressant d’avoir la possibilité de réaliser
hormone » (LH-RH) des photographies.
L’échographie [16] doit compléter le bilan préopératoire,
Ils entraînent une réduction de volume du fibrome et une surtout en cas de fibromes et particulièrement en cas de
diminution des phénomènes hémorragiques. La réduction du localisation sous-muqueuse avec participation interstitielle
volume utérin et des myomes se situe entre 30 et 60 %. Le dominante. En effet, elle mesure la distance entre le bord
maximum de la régression des fibromes se fait en 2 à 3 mois [8- externe du myome et la séreuse utérine. Cette distance doit être
11], au-delà, le volume ne diminue plus. La réponse aux agonis- au moins égale à 5 mm pour envisager un traitement hystéros-
tes de la LH-RH est variable selon les individus. Il existe 5 à copique en toute sécurité.
10 % d’échec à ce traitement. Le même traitement peut être En cas de malformation utérine, elle permet le diagnostic
utilisé pour préparer l’endomètre en vue de faciliter les résec- différentiel entre utérus bicorne et cloison. L’échographie donne
tions endométriales. Au-delà de 3 mois, le risque de l’hypoes- la mesure de l’épaisseur du myomètre normal au-dessus d’une
trogénie prolongée est la sténose cervicale rendant la dilatation cloison utérine.
difficile et augmentant de ce fait le risque de plaies cervicales. L’adénomyose peut être suspectée par la découverte de
Pour les fibromes, l’indication principale est un volume supé- cryptes glandulaires apparaissant comme des lacunes de 1 à
rieur à 4 cm. 2 mm. Cet examen peut conduire à demander une imagerie par

4 Techniques chirurgicales - Gynécologie


Hystéroscopie opératoire ¶ 41-559

résonance magnétique (IRM) pour préciser les lésions d’adéno- où ce type de complications peut se produire et que des anesthé-
myose utérine. sistes monitorent systématiquement ce type de chirurgie.
Une hystérosalpingographie aura pu également être pratiquée
préalablement pouvant faire évoquer une adénomyose. L’hysté- Prévention de l’embolie d’air et de l’embolie gazeuse
rosalpingographie est habituellement utilisée exclusivement en • Purger la tubulure avant de débuter l’intervention.
cas d’infertilité. • S’il existe une béance cervicale, fermer l’orifice externe par
L’hystérosonographie est une technique complémentaire à une pince de Pozzi.
l’échographie pelvienne et peut améliorer la pertinence dia- • Utiliser une tubulure en Y pour réduire le risque de passage
gnostique par la création d’une interface liquidienne en regard d’air au changement de poche de sérum physiologique.
de l’endomètre qui facilite le diagnostic des pathologies • Réduire les entrées et les sorties de l’hystéroscope pour
endocavitaires. diminuer l’effet « piston ».
• Éviter d’atteindre les plexus veineux.
Complications Complications à long terme : synéchies
Complications mécaniques La principale complication chez les patientes en âge de
procréer est la survenue de synéchies dont la fréquence est
La perforation utérine survient surtout lors de la dilatation fonction de la pathologie initialement traitée et est estimée
cervicale. Elle est favorisée par la sténose du col (femme suivant les études entre 30 à 45 % [17]. Les diverses méthodes de
nullipare ou ménopausée) et une antéflexion ou une rétrover- prévention (sonde de Foley, stérilet, traitement estroprogestatif,
sion utérine marquée et fixée. Elle doit faire interrompre l’acte danazol ou analogues de la LH-RH) n’ont pas fait preuve de leur
opératoire, mais elle peut permettre une deuxième tentative 2 à efficacité dans les diverses séries rapportées dans la
3 mois plus tard, après préparation adaptée. Les perforations littérature [18-20].
dues à la résection sont plus rares, mais plus graves. Elles Plus récemment, un gel antiadhésif à base d’acide hyaluroni-
peuvent entraîner des plaies intestinales, urinaires ou vasculai- que pur réticulé a été proposé dans le traitement prophylactique
res. Les déchirures cervicales et les fausses routes intramyomé- des adhérences postchirurgicales avec des résultats encoura-
triales sont également des accidents pouvant survenir lors de geants et son application en hystéroscopie a été proposée par
dilatations difficiles. une équipe italienne. Le résultat de leurs travaux [21, 22] plaide
pour une réduction de l’incidence des synéchies. Cependant, ces
Infection postopératoire études portent encore sur un faible effectif et n’ont pas une
Une endométrite posthystéroscopique survient dans 1 à 5 % puissance nécessaire pour conclure. Plus récemment encore, une
des cas, justifiant une antibioprophylaxie peropératoire étude cas-témoin [23] chez 54 patientes en âge de procréer n’a
systématique [4]. pas retrouvé de modification en termes d’incidence ou de
sévérité des synéchies après application ou non de gel en fin
Hémorragie postopératoire d’hystéroscopie opératoire.

En cas de saignement postopératoire immédiat abondant, il


faut tamponner la cavité utérine par la mise en place d’une ■ Technique opératoire
sonde à ballonnet intracavitaire (gonflée de 10 à 40 ml) et indications
pendant 3 heures.

Complication métabolique Polype et myome (Fig. 7-9)

En mode monopolaire Il faut distinguer les polypes qui sont toujours strictement
endocavitaires et les fibromes dont on distingue trois types
Le passage intravasculaire de glycine (glycocolle) peut être
responsable d’une hémodilution. Les signes d’hyperhydratation
sont l’apparition au réveil de nausées, de vomissements, de
céphalées et d’une confusion. L’examen biologique montre une
hyponatrémie, associée à une diminution de l’hématocrite et
une hypoprotidémie. Dans les cas graves, cette complication se
manifeste par un œdème pulmonaire. Celui-ci justifie le
transfert dans un service de réanimation. Les facteurs de risques Type 2
sont un temps opératoire supérieur à 45 minutes, une pression
intra-utérine supérieure à 100 mmHg, les plaies vasculaires
myométriales et la perforation utérine.

En mode bipolaire Type 0


Le risque de surcharge liée au sérum physiologique existe
Type 2
mais il entraîne un retentissement moindre qu’avec le
glycocolle.

Embolies gazeuses Type 1

La physiopathologie des embolies gazeuses peut être soit des


embolies de gaz produit par l’électrochirurgie, soit des embolies
d’air pouvant survenir au cours de toute procédure de manœu-
vre intra-utérine.
Le risque d’embolie par les gaz produits par l’électrochirurgie
bipolaire est excessivement faible et l’utilisation de pompes et
d’une pression suffisante mais non excessive doit permettre
d’avoir une chirurgie précise et sans danger. Figure 7. Classification des myomes sous-muqueux selon l’ESHRE.
L’embolie d’air est en revanche beaucoup plus dangereuse. Elle Type 0 : intracavitaire pur ; type 1 : plus grand diamètre intracavitaire ;
doit nécessiter que les chirurgiens connaissent les circons--tances type 2 : plus grand diamètre interstitiel.

Techniques chirurgicales - Gynécologie 5


41-559 ¶ Hystéroscopie opératoire

limite inférieure à 5 mm entre la portion profonde du myome


et la séreuse utérine. Dans ces situations, il faut savoir laisser le
fond du myome et reprogrammer une hystéroscopie à distance
(habituellement 2 mois) précédée d’une nouvelle échographie
afin de pratiquer le deuxième temps opératoire. Pour l’abord de
fibromes situés près des cornes, il est essentiel de savoir que la
paroi utérine est plus fine, 3 à 5 mm, fragile, et que l’accepta-
tion d’une résection d’un myome interstitiel à ce niveau doit
être prudente.
À tout moment de l’intervention, les copeaux peuvent être
retirés sous contrôle de la vue à l’aide de l’anse en ramenant les
copeaux un par un. Ce temps peut être long et fastidieux. À
tout moment, en cas d’hémorragie aisément visible sur un
Figure 8. Polype. vaisseau, on peut utiliser la coagulation. Le reste de l’interven-
tion est réalisé en section uniquement. Pour les patientes ayant
un désir de fertilité, il faut se garder de faire trop de coagulation
en raison du côté délétère de celle-ci sur l’endomètre adjacent.
Chez les patientes en périménopause présentant un endomètre
polypoïde, il est possible de pratiquer dans le même temps une
résection d’endomètre.

Résection au laser
Lorsque l’on utilise le laser Nd-YAG [2, 30-32], on utilise la
technique du non-touch pour dévasculariser le pédicule. Le
myome peut être laissé en place dans la cavité utérine et il est
le plus souvent évacué spontanément. Une hystéroscopie
pratiquée 2 mois plus tard confirme habituellement la dispari-
tion totale du fibrome. Dans les fibromes de type 1 ou de type
2, on complète la technique en in-touch où la fibre laser est
utilisée pour forer la portion interstitielle du fibrome sur une
Figure 9. Myome. profondeur de 5 à 10 mm et pratiquer ce que Donnez appelle
une myolyse transhystéroscopique. L’ablation de la portion
interstitielle sera faite dans un deuxième temps, après 8 semai-
selon la classification de l’European Society of Human Repro- nes de traitement par agonistes.
duction and Embryology (ESHRE) (Fig. 7) :
• le fibrome intracavitaire ou sous-muqueux de type 0 : celui-ci Cas particuliers des polypes
est entièrement dans la cavité utérine et l’angle de raccorde-
ment du fibrome avec la paroi utérine est un angle aigu ; Il faut toujours préférer un traitement hystéroscopique au
• le fibrome sous-muqueux de type 1 : la portion interstitielle curetage car celui-ci peut ignorer certains polypes ou laisser un
est inférieure à 50 % de son diamètre ; fragment ou la base du polype. L’ablation d’un polype peut être
• le fibrome sous-muqueux de type 2 : la portion interstitielle réalisée à l’aide d’un hystéroscope opératoire en milieu gazeux
est supérieure à 50 % de son diamètre. ou en milieu liquide avec introduction d’un ciseau dans un
L’hystéroscopie diagnostique pratiquée préalablement consiste canal collatéral opératoire. Le ciseau coupe alors le pied du
à explorer la cavité utérine, à localiser les ostia tubaires et les polype et une pince à préhension est ensuite introduite par le
lésions (fibromes, polypes, hyperplasie de l’endomètre et plus même canal opératoire après ablation des ciseaux. Cette pince
rarement adénomyose) [11] associées. peut extraire facilement les lésions de moins de 2 cm. Habituel-
lement, ces gaines opératoires sont associées à un système
Technique de résection des polypes Albarran permettant d’orienter ciseaux ou pinces et facilitant de
ou des fibromes intracavitaires [24-29] ce fait la section et l’ablation du polype. Cependant, il paraît
plus facile d’utiliser directement le matériel de résection et
Si la lésion est pédiculée ou à base sessile étroite, on peut l’anse diathermique. La technique est ensuite peu différente de
réséquer la base et repérer immédiatement le plan de la paroi celle utilisée pour les fibromes, et dépend du volume du polype.
utérine normale. Ceci n’est habituellement réalisable que pour Cette résection est habituellement rapide car les polypes sont de
les lésions inférieures à 15 mm. Dans les cas plus difficiles, on consistance molle et faciles à réséquer.
commence à réséquer par section du bord libre de la lésion pour
arriver jusqu’à l’endomètre sain qu’il est essentiel de respecter Association de lésions
chez les femmes jeunes ou ayant un désir de fertilité.
Dans les fibromes sous-muqueux de type 1 et de type 2, En cas de myomes multiples ou d’association polypes et
l’intervention débute par la résection de la portion intracavitaire myomes, la technique est identique et adaptée à chaque cas. Il
du myome. Une fois les copeaux retirés à la curette mousse, il est cependant important de noter qu’en cas de fibromes
faut repérer les limites entre le myomètre sain de structure plus multiples intracavitaires, les chances de succès se trouvent
rose, moins ferme, et saignant plus facilement, du myome. Il diminuées.
peut être utile de masser la portion interstitielle du myome avec
l’extrémité de l’électrode, ce qui a pour but d’entraîner une Bilan postrésection
contraction du myomètre et une éventuelle protrusion du
myome dans la cavité utérine et de repousser plus aisément ses L’hystéroscopie diagnostique postopératoire à 2 mois n’est
limites. pas systématique pour tous les fibromes réséqués. Ce temps est
Une injection d’ocytocine dans le même temps facilite la cependant indispensable lorsque l’indication de la résection de
contraction utérine et la protrusion du myome. La résection est myome est une infertilité. En effet, dans ces situations, le taux
alors complétée en gardant toujours les limites de résections de synéchies est estimé à 10 %. Ces synéchies sont habituelle-
sous contrôle de la vue. Il est ainsi essentiel d’avoir pratiqué une ment aisément levées lors du temps d’hystéroscopie diagnosti-
échographie préopératoire afin de ne pas méconnaître une que par l’extrémité biseautée de l’optique.

6 Techniques chirurgicales - Gynécologie


Hystéroscopie opératoire ¶ 41-559

Résection de l’endomètre Alternative à l’endométrectomie


Cette technique s’adresse aux hémorragies fonctionnelles sans Dans le but de diminuer les risques, les complications et de
lésion endocavitaire, aux patientes n’ayant plus de désir réduire la courbe d’apprentissage chirurgical, de nombreuses
d’enfant, en sachant que cette méthode n’est pas une méthode techniques alternatives se sont développées depuis 10 ans.
de contraception et en ayant éliminé préalablement toute Toutes ces techniques ont comme point commun l’absence de
suspicion de pathologie précancéreuse ou cancéreuse. contrôle hystéroscopique, une courbe d’apprentissage excessive-
Le but de ce type de traitement est d’éviter l’hystérectomie. ment rapide et toujours inférieure à cinq procédures, ce qui
La technique de résection est soit complète avec un taux supprime la compétence chirurgicale pour la réalisation de ces
d’aménorrhée ou d’hypoménorrhée important, soit partielle en techniques et un temps de présence très court au bloc opéra-
préservant l’isthme, ce qui permet de conserver des règles. toire, associé à une absence de morbidité. Ces principales
L’indication de l’une ou de l’autre est plus d’ordre sociologi- techniques incluent la cryothérapie, la circulation directe de
que et comportemental que d’ordre médical et ce sujet doit être sérum chaud, le laser interstitiel, la photothérapie, les micro-
abordé préalablement avec les patientes en consultation. ondes, la radiofréquence hyperthermique et la thermocoagula-
Cette technique peut être réalisée après préparation de tion par ballonnet. Les dernières techniques par ballonnet sont
l’endomètre en particulier par agonistes de la LH-RH ou celles qui ont l’antériorité la plus importante et d’autres en
immédiatement après les règles. Aucune étude à ce jour n’a revanche n’en sont encore qu’au stade de développement. Un
correctement été menée afin de répondre à la question si un arbre décisionnel du traitement des hémorragies fonctionnelles
traitement préopératoire améliorerait les résultats à distance. est proposé (Fig. 10).
Cette technique n’est indiquée que si la taille de la cavité
utérine est inférieure à 12 cm. Malformations utérines
Technique [33-35] Une place importante de la chirurgie hystéroscopique est
réservée à la prise en charge de la stérilité avec, en particulier,
La résection doit commencer par l’installation d’une électrode les cures de cloison utérine, de synéchies et les plasties utérines
spécifique de coagulation (roller-ball) qui est une électrode d’agrandissement. Le traitement de ces pathologies était réalisé
munie d’une sphère tournant sur un axe et assurant une auparavant soit par laparotomie (intervention de Bret-Palmer
coagulation homogène. En effet, en raison de la minceur de la pour les cloisons utérines), soit à l’aveugle par voie basse (cure
paroi utérine, au niveau des ostia et des difficultés de résection de synéchies par dilatation à l’aide de bougies). L’abord hysté-
sur le fond, il apparaît plus facile de débuter l’intervention par roscopique a permis de diminuer la morbidité du traitement de
la coagulation des deux ostia et du fond utérin. Par ailleurs, il ces pathologies tout en assurant un résultat anatomique
est plus aisé de débuter la résection par ce temps-là car, en fin équivalent, voire meilleur.
d’intervention, on peut être gêné soit par les copeaux, soit par L’évaluation clinique de l’efficacité de ces interventions reste
la résection déjà réalisée pour localiser aisément les ostia et le encore souvent un sujet de controverses puisqu’il n’est pas
fond utérin. Ceci réalisé, on retire l’hystéroscope et on substitue prouvé que la restauration anatomique de la cavité utérine
l’électrode de coagulation à une électrode de résection. améliore la fertilité et diminue les complications obstétricales
La résection est alors commencée habituellement sur la face habituellement associées à ce type de pathologie.
postérieure, en pratiquant un sillon du fond utérin jusqu’à Le développement de nouvelles technologies hystéroscopi-
l’isthme par un mouvement continu régulier joint à la flexion ques (miniaturisation du matériel, énergie bipolaire) permet
de l’avant-bras sur le bras. Le sillon initial permet de déterminer d’aborder cette chirurgie avec simplicité en assurant une faible
la profondeur nécessaire, s’arrêtant sur la paroi musculaire morbidité [37].
délimitée par les fibres circulaires externes du myomètre avant
la couche du plexus veineux. La résection d’endomètre est ainsi Cloisons utérines
complétée classiquement dans le sens des aiguilles d’une montre
et incluant la face postérieure, le bord gauche, la face antérieure Les cloisons utérines sont dues à un défaut de résorption, au
et le bord droit. Les bords utérins dans leur portion isthmique cours de l’organogenèse, de la cloison séparant les deux hémi-
doivent être respectés en raison de la proximité des vaisseaux utérus initiaux (ou canaux de Müller) qui se sont accolés sur la
utérins et la portion endocervicale ne doit pas être réséquée ligne médiane. Cette cloison se résorbe normalement de bas en
pour éviter des synéchies endocervicales responsables d’héma- haut : du col jusqu’au fond utérin. Cette anomalie de la
tométrie et de douleurs ultérieures. Par ailleurs, une synéchie résorption peut survenir entre 11 et 16 semaines de grossesse,
endocervicale contre-indique toute possibilité de surveillance ce qui explique l’existence d’utérus cloisonnés totaux (avec
ultérieure en cas de réapparition de métrorragies anormales. parfois deux cols et une cloison vaginale), de cloisons partielles
Lors de la résection d’endomètre, l’hémostase est faite à la ou de simples éperons fundiques. Il n’existe jamais d’anomalie
demande avec coagulation élective des vaisseaux. En fin associée de l’appareil urogénital.
d’intervention, la résection est complétée par régularisation de
la cavité sur les reliefs laissés en place de manière à conserver Technique opératoire
tout au long de la résection d’endomètre des repères anatomi- Temps préopératoire. Il est essentiel de faire un bilan visuel
ques. Dans les résections endométriales partielles, il est laissé complet de la cavité utérine. Les deux ostia tubaires doivent être
1 cm de collerette endométriale sus-isthmique. La récupération parfaitement repérés.
des copeaux se fait à l’aide de l’anse ou de la curette mousse. Il Le but est de sectionner et non pas de réséquer la cloison
est préférable de ne pas retirer au décours de l’intervention les utérine afin de ne pas détruire l’endomètre adjacent. L’inter-
copeaux en refoulant ceux-ci vers le fond de la cavité. vention, constamment réalisée sous contrôle de la vue, consiste
En cas d’endométrectomie en postménopause ou sur un à sectionner la cloison utérine transversalement à mi-distance
utérus de petit volume (hystérométrie = 6 cm), il est alors entre les deux faces utérines jusqu’à visualisation des deux ostia
nécessaire de retirer les copeaux au fur et à mesure. tubaires dans le même champ hystéroscopique [38].
Temps opératoire. La section est réalisée de proche en
Résection au laser proche par attouchements réguliers de l’électrode. La cloison
Lors d’une résection par le laser Nd-YAG, le fond utérin peut utérine est sectionnée transversalement en débutant à son apex,
être traité par la technique non-touch avec un long mouvement à mi-distance entre les deux faces. La cloison utérine se rétracte
de balayage et le reste de la cavité est traité par la technique alors et s’incorpore aux deux faces utérines. La distension
in-touch qui consiste en la création du sillon sur toutes les faces utérine est favorisée au fur et à mesure de la section de la
de l’utérus ; ce temps opératoire est habituellement pratiqué à cloison utérine (la cavité s’ouvre comme un livre) et la cavité
une puissance de 100 W [3, 36]. retrouve progressivement un aspect normal.

Techniques chirurgicales - Gynécologie 7


41-559 ¶ Hystéroscopie opératoire

Figure 10. Arbre décisionnel.


Traitement des ménorragies.
Score de Higham > 150 DIU : dispositif intra-utérin ;
Examen non informatif Ménorragies
Durée règles > 7 jours AINS : anti-inflammatoires non
Bilan Pertes > 80 ml stéroïdiens.

Hémorragies dues à Hémorragies Lésions précancéreuses


des lésions endo-utérines fonctionnelles et cancéreuses

Traitement de première intention

Hystéroscopie opératoire Traitement médicamenteux Traitements adaptés


Hystérectomie Hormonal ou non hormonal
(antifibrinolytiques, AINS)
DIU au lévonorgestrel

Score de Higham > 150 Échec > 3 mois Succès


Traitement de 2e intention

Résection de Destruction 2e génération


Hystérectomie Dilatation
l'endomètre - ThermochoiceTM et curetage
- NovasureTM Traitement à supprimer
- Hydro Therm AblatorTM

Le tissu de la cloison est fibreux et ne saigne pas. L’apparition médiocavitaire et un éperon fundique. Le traitement hystéros-
de myomètre sain, dont l’aspect est typique, signe la fin de la copique a pour but de rétablir un volume utérin homogène.
section. L’apparition d’un petit saignement doit faire arrêter la Cette prise en charge est en cours d’évaluation car il n’est pas
procédure, car elle traduit habituellement la section complète de prouvé qu’un agrandissement anatomique de la cavité améliore
la cloison. les résultats obstétricaux de ces femmes [40, 41].
En fin d’intervention, il est préférable de laisser un discret Le but est de sectionner et non pas de réséquer les parois de
éperon fundique de sécurité, toujours inférieur à 1 cm, afin de la cavité utérine afin de ne pas détruire l’endomètre adjacent.
ne pas fragiliser le myomètre fundique. Nous cessons l’interven- L’intervention, constamment réalisée sous contrôle de la vue,
tion quand nous visualisons les deux ostia tubaires dans le consiste à sectionner les parois latérales au niveau de leur
même plan hystéroscopique. Ceci est important car en voulant rétrécissement médiocavitaire afin d’ouvrir la cavité jusqu’à
couper trop loin, le risque de perforation s’accroît. visualisation des deux ostia tubaires dans le même champ
Certains auteurs préconisent une échographie peropératoire hystéroscopique. L’éventuel éperon fundique est également
de contrôle pour s’assurer de l’absence de perforation. réséqué. La néocavité obtenue est ainsi élargie et anatomique-
ment régulière.
Cas particuliers
Temps opératoire
Cloison utérine atteignant le col [39]. Lorsque la cloison
utérine atteint le col, elle est sectionnée en premier aux ciseaux La section est réalisée de proche en proche par attouchements
froids ou avec l’électrode coupante d’un bistouri électrique. réguliers de l’électrode. Les parois latérales utérines sont
Cette section est débutée au niveau du col par section de sectionnées transversalement, à mi-distance entre les faces
l’orifice externe vers l’utérus. La section de la cloison utérine est antérieures et postérieures, à 3 heures et à 9 heures, en débutant
poursuivie en respectant le plan des orifices tubaires. à l’apex du rétrécissement médiocavitaire jusqu’à atteindre les
Cloison utérine large. Lorsque la cloison utérine est large, la premières fibres du myomètre. L’incision débute en partant
procédure s’arrête dès l’apparition d’un saignement. L’interven- d’une corne utérine et en progressant perpendiculairement à la
tion doit alors se dérouler en deux étapes : une deuxième paroi utérine vers l’isthme. La profondeur de l’incision diminue
intervention est programmée 2 mois plus tard afin de terminer au fur et à mesure de la section vers l’isthme. La distension
l’intervention. utérine est favorisée au fur et à mesure de la section des parois
Cloison vaginale associée [39]. Le temps opératoire com- latérales (la cavité s’ouvre comme un livre) et la cavité retrouve
mence par la section de la cloison vaginale en électrochirurgie progressivement un aspect anatomique normal.
monopolaire avec résection de la cloison jusqu’aux culs-de-sac Le tissu des parois latérales est fibreux et ne saigne pas. La
antérieur et postérieur et suture des faces antérieure et posté- limite de résection est facilement repérée quand le myomètre
rieure du vagin à l’aide de fils résorbables par des points séparés. sain est atteint. L’apparition d’un petit saignement doit faire
Ensuite, l’opérateur se retrouve dans la situation d’une arrêter la procédure.
cloison vaginale atteignant le col. Nous cessons la section des parois latérales quand nous
visualisons les deux ostia tubaires dans le même plan hystéros-
Plastie d’agrandissement des utérus copique. Ceci est important car en voulant couper trop loin, le
hypoplasiques risque de perforation s’accroît.
Certains auteurs préconisent une échographie peropératoire
Spontanément ou après exposition in utero au Distilbène® de contrôle pour s’assurer de l’absence de perforation.
(diéthylstilbestrol [DES]), il peut exister des utérus hypoplasiques En cas d’existence d’un éperon fundique, se référer à la
avec une cavité utérine inférieure à 6 cm, un rétrécissement technique décrite ci-dessus concernant les cloisons utérines.

8 Techniques chirurgicales - Gynécologie


Hystéroscopie opératoire ¶ 41-559

Cure de synéchie comme une simple curette sous contrôle de la vue. Le geste est
simple, exsangue, et sans conséquence pour la muqueuse
En cas d’aménorrhée, l’hystéroscopie opératoire est pratiquée avoisinante.
à n’importe quel moment. En cas de persistance de cycle même
si les règles sont peu abondantes, il est préférable de pratiquer Ablations des métaplasies ostéoïdes
l’ablation des synéchies en immédiat postmenstruation de façon
à ne pas être gêné par l’endomètre. Les traitements atrophiants Elles sont découvertes le plus souvent à l’occasion d’un bilan
sont plutôt déconseillés dans cette indication. d’infertilité, de dysménorrhées et/ou de métrorragies. L’écho-
Plusieurs classifications existent pour les synéchies. Pour graphie retrouve une plage hyperechogène intra-utérine et
faciliter le raisonnement, on distingue : l’hystéroscopie confirme le diagnostic.
• les synéchies de type I : elles sont habituellement centrales, L’ablation est habituellement aisée suivant la même techni-
fines ; que décrite pour les résections de tissus trophoblastiques.
• les synéchies de type II : marginales se projetant au niveau On utilise le résecteur de diamètre moyen et l’ablation de la
d’un ostium type 2A ou oblitérant un ostium type 2B ; plaque avec l’anse sans utilisation de la section de façon à ne
• les synéchies de type III ou syndrome d’Asherman faisant pas risquer de sectionner la plaque et de laisser in situ des
quasiment disparaître la cavité utérine. fragments qui pourraient autoentretenir le mécanisme ayant
Le bilan préopératoire doit comprendre une hystéroscopie créé cette métaplasie. Il est important de mobiliser et de
diagnostique ambulatoire et une hystérographie. désolidariser l’implantation endométriale de ces plaques
ostéoïdes avant de les retirer.
Technique opératoire
Malgré la classification des synéchies, la multiplicité des types Adénomyose
de synéchies rend une technique standardisée plus difficilement La première difficulté est le diagnostic hystéroscopique de
descriptive [42]. La base de la technique est d’effondrer ou de l’adénomyose. La deuxième difficulté est d’accepter l’hystéro-
sectionner les synéchies en respectant l’endomètre environnant scopie comme traitement, car la meilleure indication du
qui viendra ultérieurement coloniser les lésions lésées. Parfois, traitement de l’adénomyose est l’hystérectomie. Cependant,
les synéchies muqueuses sont essentiellement détruites par l’adénomyose, si elle est diagnostiquée en peropératoire en
l’extrémité biseautée de l’endoscope diagnostique qui, par sa particulier au décours d’une ablation de fibromes, d’une
forobliquité de 30° et sa possibilité de mouvements de va-et- résection endométriale, peut être traitée. Dans ce cas, on
vient débutant dans les zones de moindre résistance, fait céder pratique des interventions de destruction à l’aide de la roller-
ce type de synéchies peu étendues. Cette technique peut être ball. Si le choix est de traiter de principe l’adénomyose par une
réalisée en consultation. Ces synéchies peuvent également être technique d’hystéroscopie, il est alors pratiqué une résection
détruites par les instruments d’hystéroscopie avec ciseaux porte- d’endomètre la plus profonde possible en évitant les plexus
optique mais l’électrorésection apparaît plus aisée. On utilise, veineux en profondeur. Il est cependant certain que le taux
comme dans les malformations utérines, une électrode en barre d’échecs peut être supérieur à 40 % dans cette indication.
frontale ou en pointe. L’extrémité de la pointe apprécie l’épais-
seur de la synéchie avant de la sectionner et les différents types Stérilisation tubaire par voie hystéroscopique
de synéchies sont sectionnés au fur et à mesure en respectant
le myomètre. Dans les syndromes d’Asherman ou dans les La stérilisation par voie hystéroscopique par le système
synéchies complexes, les repères anatomiques type ostia tubaires Essure® est apparue depuis peu comme une alternative intéres-
ont disparu et les cavités apparaissent souvent cylindriques. Il sante à la cœlioscopie aussi bien en termes d’efficacité anticon-
faut forer de proche en proche la cavité utérine et ouvrir ceptionnelle que de morbidité. Elle est soumise à la même
latéralement et au fond éventuellement sous contrôle échogra- réglementation que toute technique de stérilisation (loi 2001-
phique afin d’éviter toute perforation. Ces synéchies complexes 588 du 4 juillet 2001) autorisant sa réalisation chez la femme
sont habituellement traitées en plusieurs temps opératoires de en ayant fait une demande libre, après une information claire
façon à éviter tout risque de complications. La technique peut et complète de la technique, de ses conséquences et après un
être utilisée avec le laser Nd-YAG flexible en utilisant plutôt les délai de réflexion de 4 mois.
techniques de contact. Le côté flexible du laser est utile dans les Cette technique est réalisable sous anesthésie locale ou sans
cavités hypoplasiques. anesthésie (ou sous anesthésie générale chez les patientes qui le
souhaitent).
On utilise un hystéroscope type Bettochi (Storz®) de 5,5 mm
Autres indications opératoires de diamètre avec un canal opérateur de 5 F. La distension
progressive est obtenue à partir d’une poche à sérum physiolo-
Ablation de stérilets gique à la pression moyenne de 50 mmHg.
L’hystéroscopie est essentiellement indiquée quand le stérilet Le micro-implant se déploie de façon dynamique. Il est
est enchâssé dans une partie du myomètre. Il est alors recom- accroché à un câble d’application et à un cathéter de déver-
mandé de le retirer sous contrôle visuel afin d’éviter que le rouillage placé lui-même à l’intérieur d’un cathéter d’applica-
stérilet ne se casse. tion. Ce système est muni d’une poignée facilitant l’application
Deux techniques sont possibles, introduction en parallèle et le déverrouillage. Le dispositif utilisé mesure 4 cm de
d’un hystéroscope diagnostique et d’une pince rigide qui permet longueur et est composé de trois parties :
ainsi de vérifier l’ablation complète du stérilet. • des spires extérieures inertes en acier inoxydable, placées dans
L’autre technique est l’introduction à l’intérieur d’une gaine la portion la plus distale de la trompe ;
opératoire d’une pince qui permet de retirer le stérilet. • des spires intérieures dynamiques en nitinol (alliage de nickel
et de titanium), en partie dans la lumière tubaire et dans la
Ablation de rétentions trophoblastiques cavité utérine ;
• des fibres en téréphthalate de polyéthylène (PET) induisant
En cas de suspicion de rétentions trophoblastiques persistan- secondairement la réaction locale de fibrose et occlusive sur
tes, il est licite de faire une hystéroscopie diagnostique qui la paroi interne tubaire.
confirme le diagnostic. Afin de ne pas augmenter le risque de Lors du déverrouillage, les spires extérieures se déploient et
synéchies par un curetage ou une nouvelle aspiration, dans permettent un ancrage solide et précis de l’implant. Le système
l’immédiat post-partum ou post-abortum, il est préférable est considéré comme correctement placé lorsqu’on visualise
d’introduire un petit résecteur ou un résecteur moyen de trois à huit spires en intracavitaire.
24 charrières et de retirer le tissu trophoblastique à l’anse de La fibrose nécessite un délai minimal de 3 mois pour obtenir
résection, sans utiliser de courant électrique, en l’utilisant une occlusion définitive, période durant laquelle les patientes

Techniques chirurgicales - Gynécologie 9


41-559 ¶ Hystéroscopie opératoire

devront poursuivre une contraception efficace. Le caractère [4] McCausland VM, Fields GA, McCausland AM, Townsend DE.
définitif de la technique est important à souligner car les Tuboovarian abscesses after operative hysteroscopy. J Reprod Med
possibilités de grossesse naturelle après sa pose sont probable- 1993;38:198-200.
ment nulles contrairement à la ligature tubaire où des reper- [5] Blanc B, Boubli L. Endoscopie. Paris: Pradel; 1996.
méabilisations peuvent être tentées. Le passage ultérieur en [6] Parkin M. Fatal toxic shock syndrome following endometrial resection.
fécondation in vitro (FIV) est controversé, certains le trouvent Br J Obstet Gynaecol 1995;102:163-4.
problématique du fait de la présence de spires en intracavitaire, [7] Matsuo H, Maruo T, Samoto T. Increased expression of Bcl-2 protein in
d’autres le proposent comme moyen d’améliorer l’implantation human uterine leiomyoma and its up-regulation by progesterone. J Clin
en FIV sur les hydrosalpinx [43]. Endocrinol Metab 1997;82:293-9.
En postopératoire, la patiente conserve un moyen de contra- [8] Donnez J, Schurs B, Gillerot S. Treatment of uterine fibroids with
ception pendant 3 mois. Un contrôle du bon positionnement implants of gonadotrophin releasing hormone agonist: assessment by
doit être réalisé par hystérosalpingographie, ou plus simplement hysterography. Fertil Steril 1991;51:947-51.
mais en cours d’évaluation par échographie ou par une radio- [9] Fedele L, Bianchi S, Dorta M, Brioschi D, Zanotti F, Vercellini P.
graphie d’abdomen sans préparation. Transvaginal ultrasonography versus hysteroscopy in the diagnosis of
Les contre-indications à la technique sont : uterine submucous myomas. Obstet Gynecol 1991;77:745-8.
• grossesse avérée ou suspectée ; [10] Fernandez H, Durlot F, Dubois C, Ulmann A, Frydman R. Place d’un
antagoniste de la progestérone RU486 en phase lutéale avant la chirur-
• incertitude quant au souhait de vouloir interrompre sa
gie endouterine. Contracept Fertil Sex 1990;18:41-3.
fertilité ;
[11] Friedman M, Berbier R, Benacerraf B. Treatment of leimyomata with
• naissance ou interruption de grossesse au second trimestre
intranasal or subcutaneous leuprolide, a Gn-RH agonist. Fertil Steril
datant de moins de 6 semaines ;
1987;48:560-9.
• métrorragies inexpliquées, lésions gynécologiques malignes ;
[12] Lethaby A, Vollenhoven B, Sowter M. Pre-operative GnRH analogue
• cervicite aiguë non traitée et infection génitale évolutive ou therapy before hysterectomy or myomectomyy for uterine fibroids.
récente ; Cochrane Database Syst Rev 2001(2) (CD000547).
• anomalies de la cavité utérine ou des trompes, rendant [13] Sowter M, Lethaby A, Singla A. Pre-operative endometrial thinning
difficile ou impossible la visualisation des ostia et/ou la agents before endometrial destruction for heavy menstrual bleeding.
canulation de la trompe. Méfiance en cas d’antécédents de Cochrane Database Syst Rev 2002(3) (CD001124).
grossesse extra-utérine (GEU), endométriose tubaire ou [14] Murphy AA, Kettel LM, Morales AJ, Roberts VJ, Yen SS. Regression
salpingite ; of uterine leiomyomata in response to the antiprogesterone RU 486.
• allergie au nickel. J Clin Endocrinol Metab 1993;76:513-7.
En termes de résultats, la technique est bien codifiée, le geste [15] Fernandez H, Alby JD, Tournoux C, Chauveaud-Lambling A,
opératoire est à la portée des praticiens ayant l’habitude de DeTayrac R, Frydman R, et al. Vaginal misoprostol for cervical ripening
l’hystéroscopie opératoire. Le Journal officiel du 28/01/ before operative hysteroscopy in pre-menopausal women: a double-
2005 recommande cinq poses auprès d’un praticien expérimenté blind, placebo-controlled trial with three dose regimens. Hum Reprod
avant de réaliser seul la procédure. 2004;19:1618-21.
En termes de complications, on observe : [16] Ardaens G, Guerin B, Coquel P. Échographie en pratique gynécologi-
• un échec de la pose des dispositifs dans 8 à 12 % des cas [44, que. Paris: Masson; 1996.
45] en raison : [17] Taskin O, Sadik S, Onoglu A, Gokdeniz R, Erturan E, Burak F, et al.
C de sténose, d’occlusion, de spasmes ou de trompes tortueu- Role of endometrial suppression on the frequency of intrauterine
ses dans 48 % ; adhesions after resectoscopic surgery. J Am Assoc Gynecol 2000;7:
C d’impossibilité d’avancer le cathéter pour des raisons 351-4.
inconnues (22 %) ; [18] Perino A, Chianchiano N, Petronio M, Cittadini E. Role of leuprolide
acetate depot in hysteroscopic surgery: a controlled study. Fertil Steril
C de perforation utérine (4 %) ;
1993;59:507-10.
C de déficience du cathéter (19 %) ; [19] Rodgers K, Johns D, Girgis W, Campeau J, Di Zerega G. Reductin of
C non spécifié (7 %) ; adhesion formation by postoperative administration of ionically cross-
• expulsion d’implant (rare) ; linked hyaluronic acid. Fertil Steril 1997;67:553-8.
• métrorragies (rares). [20] Vercellini P, Ragni G, Colombo A. Gonadotrophin hormone agonist
En termes d’efficacité : treatment before hysteroscopic metroplasty. Gynaecol Endosc 1993;2:
• l’obstruction tubaire, jugée par hystérosalpingographie ou sur 153-5.
pièce d’hystérectomie 3 mois après la pose : de 92 à [21] Acunzo G, Guida M, Pellicano M, Tommaselli GA, Di Spiezio SardoA,
100 % [44-46] ; Bifulco G, et al. Effectiveness of auto-cross-linked hyaluronic acid gel
• absence de grossesse sur un temps cumulé d’environ 21 000 in the prevention of intrauterine adhesions after hysteroscopic
femmes-mois. Deux grossesses en France dues à des épiphé- adhesiolysis: a prospective, randomized, controlled study. Hum Reprod
nomènes : une grossesse en cours lors de la pose du dispositif, 2003;18:1918-21.
et un dispositif non retrouvé après la pose (d’où la nécessité [22] Guida M, Acunzo G, Di Spiezio Sardo A, Bifulco G, Piccoli R,
absolue de contrôler la bonne position des dispositifs) ; Pellicano M, et al. DSSe. Effectiveness of auto-cross-linked hyaluronic
• indice de Pearl : 99,8 %. Aucun cas de GEU rapporté. acid gel in the prevention of intra uterine adhesions after hysteroscopic
Enfin, il est possible de combiner cette technique avec les surgery: a prospective, randomized, controlled study. Hum Reprod
techniques de nouvelles générations de destruction d’endomètre 2004;19:1461-4.
comme les ballonnets et le système Hydro termAblator (HTA) [23] Ducarme G, Davitian C, Zarrouk S, Uzan M, Poncelet C. Interest of
auto-cross-linked hyaluronic acid gel in the prevention of intra-uterine
. (dispositif Essure® mis en premier) ou les techniques Novasure®
adhesions after hysteroscopic surgery: a case-control study. J Gynecol
(mise en place du système Essure ® après la destruction
Obstet Biol Reprod (Paris) 2006;35:691-5.
d’endomètre).
[24] Corson SL, Brooks PG. Resectoscopic myomectomy. Fertil Steril
1991;55:1041-4.
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10 Techniques chirurgicales - Gynécologie


Hystéroscopie opératoire ¶ 41-559

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A. Gervaise (amelie.gervaise@abc.aphp.fr).
H. Fernandez.
Service de gynécologie-obstétrique, Hôpital Antoine Béclère, 157, rue de la Porte-de-Trivaux, 92140 Clamart, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Gervaise A., Fernandez H. Hystéroscopie opératoire. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris), Techniques
chirurgicales - Gynécologie, 41-559, 2007.

Disponibles sur www.emc-consulte.com


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Techniques chirurgicales - Gynécologie 11


41-734
Encyclopédie Médico-Chirurgicale 41-734 (2004)

Lymphadénectomie lomboaortique
dans les cancers gynécologiques
D. Querleu
G. Ferron
E. Leblanc
Résumé. – La lymphadénectomie lomboaortique est un des temps opératoires caractérisant le chirurgien
gynécologue–oncologue. Des indications systématiques ou de nécessité en raison de l’atteinte macroscopique
des ganglions aortiques, programmées ou de décision peropératoires, peuvent être rencontrées dans toutes
les localisations tumorales du haut appareil génital féminin. Elle peut être réalisée avec un résultat similaire
par laparotomie médiane ou par cœlioscopie, par abord extra- ou transpéritonéal. Elle se doit de respecter un
standard dans son extension, avec la dissection complète d’une zone limitée par les uretères lombaires
latéralement et remontant jusqu’à la veine rénale gauche. Son exécution nécessite une exposition adaptée et
l’utilisation des techniques de base de dissection vasculaire. Le drainage est inutile. Si des complications sont
possibles, la réalisation d’un curage lombo-aortique ajoute peu à la morbidité de la prise en charge
carcinologique des cancers gynécologiques.
© 2004 Elsevier SAS. Tous droits réservés.

Mots-clés : Lymphadénectomie aortique ; Cancers gynécologiques ; Chirurgie cœlioscopique

Introduction cette région et doivent toutes être connues : artères rénales polaires
inférieures, reins ou artère rénales ectopiques, veine cave double,
La lymphadénectomie lomboaortique (ou curage ganglionnaire) doit veine rénale gauche rétroaortique), une extension tumorale. Cette
faire partie de l’arsenal de tout chirurgien prenant en charge un dernière ne devient une absolue contre-indication qu’en cas
cancer gynécologique. Elle peut être réalisée dans le cadre d’une d’atteinte diffuse du tissu périvasculaire. Tous les autres obstacles
stadification systématique, ou en présence de facteurs majeurs de liés à l’extension tumorale peuvent être levés par une dissection
risque d’atteinte ganglionnaire, ou de nécessité en cas vasculaire minutieuse, avec au besoin section de l’artère
d’envahissement macroscopique. mésentérique inférieure, voire par le sacrifice de la veine cave avec
ou sans remplacement vasculaire quand la situation carcinologique
La stadification aortique concerne les cancers de l’ovaire et de la
le justifie.
trompe (tous stades confondus), les cancers du col utérin (stades
avancés et stades précoces avec atteinte ganglionnaire pelvienne) et
certains cancers de l’endomètre (formes papillaires séreuses, stades Anatomie
IC grade 3, et tous stades apparemment plus limités mais avec L’anatomie de la région lomboaortique (Fig. 1) est la base de la
atteinte ganglionnaire pelvienne). Le curage de nécessité s’impose technique. Il n’y a pas de possibilité, sauf difficulté technique
lorsque des adénomégalies sont observées à l’imagerie ou à la majeure, de réduire les limites anatomiques du curage.
palpation de la région lomboaortique, cette dernière devant être Étymologiquement, lymphadénectomie signifie qu’on enlève au
systématiquement effectuée. On en rapproche la chirurgie des moins un ganglion lymphatique. La seule lymphadénectomie digne
récidives ganglionnaires isolées. de ce nom est cependant l’exérèse de la totalité d’une zone
Son indication doit être pesée en regard du bénéfice et des risques. celluloganglionnaire (synonyme : curage ganglionnaire). L’exérèse
En effet, si la lymphadénectomie aortique est une opération aisée d’un unique ganglion pathologique doit être nommée adénectomie.
lorsqu’elle est réalisée en routine par un chirurgien formé, elle peut En revanche, le « picking », le « sampling », le « prélèvement »
devenir difficile en cas d’obésité, peu souhaitable à la fin d’une ganglionnaire, qui consistent à enlever deux à trois ganglions dans
intervention longue et hémorragique, mal indiquée si la chirurgie chaque aire ganglionnaire sont illogiques : en effet, pour extirper des
de la tumeur centrale n’est pas complète ou s’il existe des métastases ganglions, il faut identifier les gros vaisseaux, sous peine d’être
à distance. dangereux. Si on a identifié les vaisseaux, il vaut mieux faire un
La technique standard qui sera décrite peut être perturbée par des curage. De plus, le choix du ganglion, connaissant la faible valeur
antécédents chirurgicaux (toute chirurgie préalable de l’espace prédictive négative de la palpation, relève du pari.
rétropéritonéal induit une fibrose), une pathologie aortique La lymphadénectomie aortique doit donc s’étendre à la totalité
(anévrisme), des variations anatomiques (elles sont nombreuses dans d’une zone rectangulaire limitée vers le haut par la veine rénale
gauche, latéralement par les deux uretères, vers le bas par la
bifurcation. En profondeur, seuls les ganglions rétrovasculaires
peuvent être laissés en place dans la mesure où l’utilité de leur
D. Querleu ablation n’a jamais été démontrée et où le risque de blessure de la
Adresse e-mail: querleu@icr.fnclcc.fr
G. Ferron
citerne de Pecquet, générateur de lymphorrhée gênante, en est
Département de chirurgie oncologique, Institut Claudius Regaud, 20-24, rue du Pont-Saint-Pierre, 31052 augmenté.
Toulouse cedex, France.
E. Leblanc
La disposition vasculaire définit des secteurs qu’il convient de traiter
Département de gynécologie, Centre Oscar Lambert, Lille, France. méthodiquement : latéralement à l’aorte, l’aire latéroaortique ; en
41-734 Lymphadénectomie lomboaortique dans les cancers gynécologiques Techniques chirurgicales

Figure 1 Limites et
contenu de l’évidement aor-
tique. Limites : 1. uretères ;
2. veine rénale gauche ;
3. bifurcation aortique.
Contenu : a. artère mésen-
térique inférieure ; b. veines
ovariennes ; c. artères ova-
riennes ; d. plexus veineux
réno-lombo-azygos.

Figure 2 Incisions péritonéales pour le curage transpéritonéal. 1. Directe, suivant


l’aorte et l’artère iliaque commune ; 2. décollement colique droit ; 3. décollement duo-
dénal ; 4. décollement colique gauche.

avant de l’aorte, l’aire préaortique ; entre aorte et veine cave, l’aire d’emblée visibles, et leur face antérieure est décollée jusqu’à voir, en
interaorticocave ; en avant de la veine cave, l’aire précave ; arrière du troisième duodénum, la veine rénale gauche surcroisant
latéralement à la veine cave inférieure, l’aire latérocave. De plus, ce l’aorte. L’espace ne peut être correctement élargi que si on coupe,
qui n’est pas précisé dans les livres d’anatomie, les ganglions après hémostase élective, les deux artères gonadiques issues de
interaorticocaves et latéroaortiques sont constamment répartis en l’aorte et si on individualise puis sectionne après hémostase
deux couches, une superficielle et une profonde (au contact des préventive la veine ovarienne droite à son insertion dans la veine
vaisseaux lombaires et des chaînes sympathiques). cave inférieure. L’ensemble duodénopancréatique ainsi que la masse
des anses grêles sont écartés vers le haut par des valves. On ouvre
l’espace rétropéritonéal sous le fascia de Toldt droit, ce qui montre
Abord chirurgical l’uretère lombaire droit qu’on laisse contre le psoas, le pôle inférieur
du rein droit. On aborde la face antérieure de l’aorte, on repère
Les lymphadénectomies peuvent être pratiquées par chirurgie l’artère mésentérique inférieure, puis on pénètre sous le fascia de
conventionnelle ou par chirurgie endoscopique panoramique. Toldt droit à la recherche de l’uretère, au-dessous puis au-dessus de
Chacune de ces voies possède deux variantes selon que l’abord est l’artère mésentérique inférieure.
transpéritonéal ou sous-péritonéal. [1]
¶ Abord par décollement colique droit
et duodénopancréatique
LAPAROTOMIE
Pratiqué de haut en bas, il facilite l’exposition des veines rénales.
La voie de référence pour la lymphadénectomie lomboaortique est
On débute par un décollement colique droit complet. Le décollement
la laparotomie médiane sinon xiphopubienne, au moins étendue en
duodénopancréatique est fait, soit à partir du bord latéral du
supra-ombilical. Elle s’impose chaque fois qu’un geste d’exérèse
deuxième duodénum, soit à partir du seuil de l’hiatus de Winslow.
tumorale intrapéritonéale pour une tumeur volumineuse est
On suit ensuite la racine du mésentère de la jonction iléocæcale
nécessaire. La laparotomie transversale est inadaptée, sa pire version
jusqu’à l’angle duodénojéjunal, ce qui permet d’extérioriser la
étant l’incision de Pfannenstiel, alors que la laparotomie transversale
totalité de l’intestin grêle qui, protégé par un sac ou des champs
avec section des droits, si elle a été pratiquée suffisamment loin du
humides, devient autostatique (Fig. 3). Nous pratiquons
pubis, permet occasionnellement un abord aortique ou à défaut peut
préférentiellement cet abord dans le traitement des cancers de
être étendue en « J ». La laparotomie extrapéritonéale médiane ou
l’ovaire, précédé d’une omentectomie totale dont le décollement
latérale, avec décollement du sac péritonéal et abord des gros
coloépiploïque initie le geste.
vaisseaux, est une excellente solution lorsqu’on veut réduire (ou
éviter de rencontrer) les séquelles adhérentielles péritonéales, mais
elle ne permet pas d’explorer la cavité abdominale, sauf à pratiquer ¶ Abord de la zone sous-rénale gauche
une boutonnière péritonéale en fin d’intervention. Il est plus rare, en gynécologie, d’aborder la zone sous-rénale gauche
Seules les modalités de l’abord après laparotomie médiane sont par le seul décollement colique gauche. Cet abord peut cependant
décrites. Le chirurgien trouve intérêt à se placer à droite de la compléter un abord transpéritonéal direct jugé insuffisant pour les
patiente, mais peut être également amené à se placer entre les besoins d’accès à la veine rénale gauche.
jambes de la patiente pour travailler dans la partie haute du curage.
Plusieurs incisions péritonéales sont possibles pour aborder l’espace
rétropéritonéal à partir de la grande cavité (Fig. 2). CŒLIOCHIRURGIE
Les indications de la cœlioscopie deviennent plus nombreuses, mais
¶ Abord transpéritonéal direct restent secondaires en fréquence. On peut dégager quatre indications
à cette technique.
Il consiste à inciser le péritoine pariétal postérieur en regard de
l’artère iliaque commune droite puis de l’aorte, sous la racine du – La stadification des cancers du col utérin au stade avancé ou à
mésentère. Le côlon droit est décollé sur une longueur variable en gros volume tumoral (à partir de 4 cm de diamètre) est pratiquée
fonction des besoins, à partir d’une prolongation de l’incision vers par certaines équipes, avec l’objectif d’adapter la hauteur
la gouttière pariétocolique droite. La veine cave et l’aorte sont d’irradiation à la réalité de l’envahissement ganglionnaire, dont la

2
Techniques chirurgicales Lymphadénectomie lomboaortique dans les cancers gynécologiques 41-734

Figure 4 Utilisation des instruments cœlioscopiques pour l’exposition (cœliosco-


pie transpéritonéale). La masse du grêle est rassemblée dans l’hypocondre gauche. Le
péritoine pariétal postérieur est incisé. L’écartement est obtenu par une pince agrippant
les berges péritonéales de l’incision (1), par un instrument soulevant le bloc duodé-
Figure 3 Status après décollement colique droit et duodénopancréatique, laparoto- nopancréatique (2).
mie. 1. Veine rénale gauche ; 2. veine ovarienne gauche.

¶ Cœlioscopie transpéritonéale
probabilité est de 25 à 50 % selon les stades ; la technique
La vision endoscopique reste, dans notre expérience, ombilicale ou
endoscopique, de préférence extrapéritonéale, est ici la technique la
supra-ombilicale. Les trocarts instrumentaux latéraux doivent être
mieux adaptée car la moins traumatique. placés hauts, latéro-ombilicaux. Un trocart suprapubien et
– Les cancers du col au stade IB1 avec métastases ganglionnaires occasionnellement un trocart additionnel en hypocondre gauche,
pelviennes ont un risque d’environ 25 % de métastase aortique complètent le dispositif. Le calibre d’un ou plusieurs des trocarts
synchrone : la pratique d’un évidement aortique doit donc compléter additionnels doit être de 10 mm afin de permettre l’extraction des
l’examen extemporané du curage pelvien ou des ganglions ganglions et l’introduction de matériels de ce calibre. Le chirurgien
sentinelles en cas de positivité. doit, pour le temps abdominal, se tenir entre les jambes, regardant
l’écran à la tête de la patiente. L’installation en découle : il faut une
– Des cas de cancer de l’ovaire au stade IA apparents mais mal patiente à plat, jambes en abduction modérée, et une colonne vidéo
stadifiés au cours d’une intervention initiale référés au gynécologue- mobile (ou un moniteur supplémentaire). Le chirurgien utilise deux
oncologue peuvent être restadifiés par cœlioscopie transpéritonéale. des trois instruments, l’aide placé à gauche de la patiente tient la
caméra et un instrument latéro-ombilical ou placé dans l’hypocondre
– Des stades initiaux de cancer de l’ovaire peuvent, à titre très
gauche. La caméra est orientée de manière à ce que l’aorte soit
exceptionnel, être traités par cœlioscopie.
disposée verticalement : on se trouve alors, si la caméra est placée
L’avantage de la voie endoscopique, démontré expérimentalement pratiquement à la verticale, en face de l’Y inversé formé par l’aorte
par une étude randomisée, [2] est l’atraumatisme et la réduction du et les iliaques communes.
risque adhérentiel, au prix d’un temps opératoire augmenté, d’un Les anses grêles jéjunales et les premières anses iléales sont placées
apprentissage spécifique, mais sans diminuer la qualité du progressivement dans l’hypocondre gauche, en basculant d’abord
prélèvement. L’avantage également démontré [ 3 ] de la voie l’épiploon, puis la majorité des anses grêles. Leur refoulement est
extrapéritonéale est la réduction de la formation d’adhérences en aidé par le Trendelenburg et par une bascule latérale gauche de la
regard de la voie transpéritonéale ; cette réduction vaut aussi bien table. Il sera, au long de l’intervention, complété par la traction sur
pour la laparotomie que pour la cœlioscopie. La méthode la moins une pince placée sur la berge gauche de l’incision péritonéale
adhésiogène est donc l’endoscopie extrapéritonéale, qui est en (formant un rideau entre les anses grêles et la zone de travail), ou
conséquence la voie d’élection si une irradiation postopératoire est par la mise en place d’un instrument dans l’espace sous-péritonéal
envisagée, par exemple dans les cancers du col utérin avancés. En soulevant le bloc duodénopancréatique (Fig. 4). L’incision
effet, l’essentiel des complications de cette irradiation est lié à la péritonéale est directe, limitée à l’ouverture du péritoine pariétal
fixation des viscères par l’état adhérentiel. L’abord transpéritonéal postérieur sur environ 5 cm le long de l’artère iliaque commune
est indiqué dès lors qu’il existe une indication simultanée de geste droite et de l’aorte : c’est suffisant pour créer un espace de travail
intra-abdominal et une faible probabilité de radiothérapie. endoscopique rétropéritonéal où évolueront les extrémités de
Cependant, la plus grande facilité technique de l’abord aortique l’optique et des instruments en faisant abstraction de la grande
cavité péritonéale qui ne sert que de voie d’abord.
extrapéritonéal incite à débuter les interventions complexes par ce
geste avant de réaliser, par la cœlioscopie transpéritonéale, les autres
¶ Endoscopie extrapéritonéale
temps de l’intervention : en effet, toute incision du péritoine rendant
l’insufflation extrapéritonéale inopérante, c’est par l’abord Les avantages de cette technique, chaque fois qu’elle est indiquée,
extrapéritonéal qu’il faut commencer les interventions. sont nets. Les anses grêles ne sont jamais gênantes, et le

3
41-734 Lymphadénectomie lomboaortique dans les cancers gynécologiques Techniques chirurgicales

Trendelenburg est inutile. Il n’y a pas de douleurs scapulaires


postopératoires, pas de traumatisme péritonéal, pas d’adhérences
postopératoires (c’est capital si une radiothérapie pelvienne ou
abdominale est prévue), pas de complications digestives. Les
inconvénients spécifiques sont modestes en regard. La réabsorption
du CO 2 y est plus importante, mais une ventilation adaptée
compense ce facteur. Les emphysèmes sous-cutanés sont bénins mais
fréquents et volontiers étendus. Le refoulement du sac péritonéal
nécessite, dans les abords latéraux, un instrument pour dégager la
vision, ce qui signifie qu’on peut être amené à travailler d’une seule
main. La perforation accidentelle du péritoine supprime toute vision
panoramique car le gaz fuit vers la grande cavité. Elle peut être due
à une effraction lors du décollement ou lors de l’introduction de
trocarts. Si elle est limitée, la perforation est palliée par la mise en
place à titre de soupape d’une aiguille de pneumopéritoine dans la
grande cavité péritonéale. Les épanchements (sang, lymphe) ne
bénéficient pas de la capacité de résorption considérable du
Figure 5 Vision extrapéritonéale endoscopique du champ opératoire. 1. Aorte ; 2.
péritoine : les ecchymoses extensives impressionnantes mais artère mésentérique inférieure ; 3. veine cave inférieure ; 4. veine rénale gauche ; 5.
bénignes, des lymphocèles sont plus fréquentes qu’après veine ovarienne gauche ; 6. veine ovarienne droite ; 7. chaîne sympathique ; 8. muscle
cœlioscopie. Les antécédents de chirurgie induisent une fibrose qui psoas ; 9. artères et veines lombaires ; 10. artère ovarienne ; 11. uretère gauche.
rend difficile ou impossible la séparation du péritoine. Le diagnostic
intra-abdominal souvent utile est impossible, mais une cœlioscopie atteints en passant en avant de l’aorte et de la veine cave, bien que
diagnostique initiale est couramment associée. situés sur le versant droit du rachis : on les agrippe, on les soulève
Technique et on les dissèque à la vue. Il est rarement utile mais possible de
devoir sectionner les vaisseaux lombaires pour accéder au côté droit.
L’abord iliaque gauche est le plus adapté, car il donne un accès
direct à la lame ganglionnaire latéroaortique gauche, la plus
abondante, et au pédicule rénal gauche, repère supérieur de la
dissection. Il permet par ailleurs d’accéder au côté droit en avant ou
Principes chirurgicaux
en arrière des gros vaisseaux.
La préparation de la patiente est sans particularité. Il n’y a pas de
Le chirurgien se place du côté gauche de la patiente. Son aide sera à
bénéfice à une préparation intestinale spécifique. La prévention
côté de lui, l’écran est disposé en face, c’est-à-dire de l’autre côté de
thromboembolique est en revanche indispensable.
la patiente. La préparation de l’espace extrapéritonéal est essentielle.
On incise la peau, le tissu cellulaire sous-cutané et l’aponévrose en Le matériel nécessaire est celui de toute chirurgie abdominale. On
fosse iliaque gauche, en dedans et au-dessus de l’épine iliaque doit disposer de pinces atraumatiques vasculaires type De Bakey, et
antérosupérieure sur une longueur suffisante pour admettre le doigt. avoir des clamps vasculaires toujours disponibles, même si une
Celui-ci effondre les muscles, s’insinue en avant du péritoine et intervention cœlioscopique est programmée. Des clips métalliques
ouvre l’espace par un large mouvement de balayage dans les de diverses tailles sont utiles. Les clips bloquants (type Hemolok)
directions souhaitées. Ce mouvement peut être observé par la sont particulièrement utiles pour le traitement de veines ovariennes
cœlioscopie première. On perçoit le psoas, le battement de l’artère ou d’une artère mésentérique inférieure. Une coagulation bipolaire,
iliaque commune. On met en place un trocart de 10 mm. On assure standard ou élaborée (Ligasure), ou des systèmes de dissection par
l’étanchéité par l’usage de trocarts à ballonnet, on installe l’optique ultrasons (Ultracision) sont utiles à condition d’utiliser des pièces à
et on insuffle l’espace extrapéritonéal tout en exsufflant l’abdomen. main de petit calibre (5 mm).
On voit se développer un espace aréolaire dont le feutrage est La dissection, précédée d’une palpation à la recherche
caractéristique. On profite de l’espace libéré pour placer sous d’adénopathies macroscopiquement envahies, procède toujours du
contrôle de la vue un trocart secondaire dans le flanc gauche. Un même principe : la totalité du tissu celluloganglionnaire de la zone
instrument y est introduit. Il poursuit le décollement jusqu’à trouver concernée doit être excisée. Il faut donc identifier en premier lieu les
assez d’espace pour placer un deuxième trocart secondaire sur la limites du volume à enlever : la veine rénale gauche, les deux
ligne axillaire antérieure gauche. On se retrouve donc dans la uretères lombaires, la naissance de la veine cave et la bifurcation
situation de la chirurgie endoscopique panoramique, avec une vision aortique. Ces limites contiennent des éléments qui seront à identifier
initiale de l’artère iliaque commune, de l’uretère, du pédicule pour les sectionner au ras de gros vaisseaux (veine ovarienne droite,
ovarien (qui doivent rester au plafond de la dissection) et du psoas. artères ovariennes) ou pour les conserver (artère mésentérique
On connaît des variantes à ce descriptif. La cœlioscopie première inférieure). Le plan profond est constitué par les gros vaisseaux, le
peut être contre-indiquée : l’abord est alors direct. On peut rachis, les vaisseaux lombaires, l’insertion des muscles psoas et les
également placer les trocarts secondaires avant l’insufflation, sous le chaînes sympathiques. Tout particulièrement, la chaîne sympathique
contrôle du doigt. gauche est un bon repère dans la mesure où les vaisseaux lombaires
Pour la suite de la dissection, l’artère iliaque commune puis l’aorte passent constamment en arrière d’elle. L’excision procédera
d’une part, le psoas d’autre part sont les meilleurs guides. On voit méthodiquement, en prenant en charge successivement toutes les
très rapidement l’artère iliaque commune. On suit le bord latéral zones (latérocave, précave, préaortique, interaorticocave,
gauche de l’aorte jusqu’à accéder à la veine rénale gauche. Celle-ci latéroaortique infra- et supramésentérique).
peut également être retrouvée en suivant le pédicule ovarien qui Les vaisseaux doivent être suivis au contact de leur adventice, ce
reste, avec l’uretère, au plafond de la dissection. De la face antérieure qui permet à la fois une dissection complète, une meilleure
de l’aorte naissent et partent vers le haut de l’écran l’artère identification et fournit un plan de progression idéal. Tout
mésentérique inférieure et l’artère ovarienne gauche (Fig. 5). On particulièrement, on trouvera à la face antérieure de l’aorte ainsi
respecte la première, on coagule et on coupe la seconde. On ouvre qu’en arrière des ganglions latéroaortiques deux plans d’utilisation
l’espace entre l’aorte et la masse viscérale au-dessus de l’artère aisée. Des hémostases préventives ou curatives de petits vaisseaux
mésentérique. On accède à la région lombaire sous-mésentérique sanguins par clips ou coagulation ou utilisation d’appareils
droite en décollant entre la veine cave et le sac péritonéal. Les modernes d’hémostase sont constamment nécessaires au niveau
ganglions précaves sont alors disponibles, et extirpés en restant aortique. Il peut être nécessaire de placer sur la veine cave inférieure
tangentiel à la veine cave. Les ganglions latérocaves peuvent être ou plus rarement sur l’aorte des points de fil vasculaire monobrin

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Techniques chirurgicales Lymphadénectomie lomboaortique dans les cancers gynécologiques 41-734

5/0 pour aveugler un orifice. La lymphostase élective par fils ou Pour les abords transpéritonéaux, que ce soit par laparotomie ou
clips est illusoire sauf peut-être à la limite supérieure du curage, où cœlioscopie, la péritonisation n’est pas justifiée, car l’orifice
on trouvera en avant de la veine rénale gauche un « peigne » de péritonéal assure le drainage interne des sécrétions lymphatiques.
volumineux lymphatiques, sous la veine rénale gauche dans sa L’absence de péritonisation réduit donc la fréquence des
partie latéroaortique un ou plusieurs volumineux canaux, et en lymphocèles et de manière générale la morbidité. Aucun drainage
situation rétrovasculaire (bien que l’abord de cette zone ne soit pas externe n’est nécessaire, ce qu’ont démontré plusieurs études
conseillé) les afférents de la citerne de Pecquet. randomisées. [4]
Les considérations sur les diverses voies d’abord ne changent pas la Après les abords extrapéritonéaux aortiques, un drainage interne est
stratégie chirurgicale. Dans ce qui suit, les principes généraux et la réalisable par marsupialisation (ouverture large du péritoine de la
technique sont communs aux méthodes traditionnelles et gouttière pariétocolique gauche en fin d’intervention) et si possible
endoscopiques : il suffit de considérer que la pince est, dans le introduction de l’épiploon dans l’orifice ainsi constitué.
premier cas, une pince à disséquer, et dans le deuxième cas une Les complications postopératoires spécifiques sont l’hémorragie
pince à préhension endoscopique atraumatique. postopératoire (nécessitant ou non une reprise selon l’importance
Les zones dangereuses doivent être connues. La face antérieure de du retentissement), la lymphocèle (ne nécessitant un drainage sous
la naissance de la veine cave inférieure est fréquemment reliée aux contrôle radiologique que si elle devient symptomatique), l’ascite
ganglions par des anastomoses lymphoveineuses dont l’arrachement chyleuse (qui justifie drainage et régime alipidique). Elles restent
latéral crée une plaie de veine cave. La région interaorticocave modestes en regard de l’importance de la dissection. Les
profonde, en avant du rachis, est un très étroit espace occupé surtout lymphœdèmes sont possibles, surtout en cas d’irradiation associée.
par une ou plusieurs volumineuses veines lombaires et par des
structures nerveuses. La région sous-rénale gauche est la plus riche
en vaisseaux d’anatomie variable, en particulier veineux, avec un
réseau anastomotique lombo-réno-azygos qui doit être respecté. Références
Enfin, l’existence des variants anatomiques incite à une certaine
prudence dans tous les secteurs de la dissection. [1] Querleu D.Techniques chirurgicales en gynécologie. Paris: Masson, 2000
[2] Lanvin D, Elhage A, Henry B, Leblanc E, Querleu D, Delobelle-Deroide A. Accuracy and safety
Fin et suites de l’intervention of laparoscopic lymphadenectomy: an experimental prospective randomized study.
Gynecol. Oncol. 1997; 67: 83-87
[3] Occelli B, Narducci F, Lanvin D, Querleu D, Coste E, Castelain B et al. De novo adhesions with
La fin de l’opération est variable selon l’abord. Dans l’abord extraperitoneal endosurgical para-aortic lymphadenectomy versus transperitoneal laparos-
transpéritonéal, la péritonisation est non seulement inutile, mais copic para-aortic lymphadenectomy: a randomized experimental study. Am. J. Obstet.
Gynecol. 2000; 183: 529-533
encore nuisible, puisque l’ouverture péritonéale permet le drainage
[4] Morice P, Lassau N, Pautier P, Haie-Meder C, Lhomme C, Castaigne D. Retroperitoneal drai-
et la résorption de la lymphe. Dans l’abord extrapéritonéal, le risque nage after complete para-aortic lymphadenectomy for gynecologic cancer: a randomized
de lymphocèle est plus élevé, ce qui fait envisager un drainage. trial. Obstet. Gynecol. 2001; 97: 243-247

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ENCYCLOPÉDIE MÉDICO-CHIRURGICALE 41-664

41-664

Myomectomie cœlioscopique
JB Dubuisson R é s u m é. – La myomectomie percœlioscopique constitue une alternative
A Fauconnier intéressante à la laparotomie pour la prise en charge chirurgicale des myomes
C Chapron interstitiels et sous-séreux de taille moyenne (moins de 9 cm) et peu nombreux.
H Foulot Les auteurs décrivent la technique opératoire utilisée dans leur service ainsi que les
principales variantes. Elle comporte quatre temps principaux : l’hystérotomie et la
découverte du myome, l’énucléation, la suture de la loge de myomectomie et
l’extraction du myome.
Les auteurs précisent les bénéfices, les limites et les risques de cette technique.
© 1999, Elsevier, Paris.

Introduction ont rapporté leur expérience de MPC pour des myomes interstitiels
[15, 28, 39, 52]. Depuis, un nombre important d’équipes ont développé leur

Les myomes utérins constituent une pathologie fréquente puisqu’ils se propre expérience démontrant l’arrivée à maturité de cette technique.
rencontrent chez 30 à 40 % des femmes de plus de 30 ans. Des alternatives ont été proposées à la MPC : l’utilisation de la
pneumosuspension [12] ; les techniques de myolyse [36, 53, 54] . Ces
Parfois asymptomatiques, les myomes peuvent être responsables d’une techniques sont en cours d’évaluation.
symptomatologie fonctionnelle (ménométrorragies, pollakiurie,
constipation, douleurs et pesanteur pelviennes) ; ils peuvent également
être responsables d’infertilité. Seuls les myomes symptomatiques Définitions
relèvent d’une prise en charge thérapeutique. Les traitements
chirurgicaux ne seront envisagés qu’en cas d’échec des traitements Il convient de distinguer deux procédures différentes de myomectomie
médicaux ou qu’en cas de myomes compliqués. avec utilisation de la cœlioscopie : la myomectomie intrapéritonéale ; la
Le développement de la chirurgie endoscopique (cœlioscopie et myomectomie cœlioassistée dite LAM des Anglo-Saxons.
hystéroscopie) a considérablement modifié la prise en charge des
myomes utérins ; l’hystéroscopie donne d’excellents résultats dans le Myomectomie intrapéritonéale
traitement des myomes sous-muqueux ; la cœlioscopie opératoire est Elle est définie par la réalisation par voie cœlioscopique de tous les
réservée à certains myomes interstitiels et sous-séreux. Nous allons dans temps opératoires de la myomectomie (hystérotomie, énucléation du
ce chapitre, décrire la technique opératoire des myomectomies myome et suture de l’hystérotomie).
percœlioscopiques (MPC), en préciser les indications par rapport à la
laparotomie et en donner les principaux résultats. Myomectomie cœlioassistée [51, 70]
Elle est définie comme la réalisation par voie cœlioscopique des temps
Historique initiaux de la myomectomie. L’hystérotomie et l’énucléation (totale ou
partielle) du ou des myomes sont réalisées par cœlioscopie ; la suture de
La MPC est une technique récente puisque les premiers cas ont été l’hystérotomie et l’extraction des myomes sont réalisés par une
publiés dans les années 1980 pour des myomes sous-séreux [41, 63]. Dès le minilaparotomie transversale de plusieurs centimètres (4 cm ou plus).
début des années 1990, plusieurs équipes, en Europe et aux États-Unis, Nous excluons des procédures de MPC les cœlioscopies diagnostiques
dans lesquelles la cœlioscopie n’est utilisée que pour évaluer les
caractéristiques des myomes afin de décider de la faisabilité de la
myomectomie par voie cœlioscopique mais pour lesquelles aucun des
temps opératoires de la myomectomie proprement dite n’a été réalisé par
Jean-Bernard Dubuisson : Professeur des Universités, praticien hospitalier. cœlioscopie.
Arnaud Fauconnier : Chef de clinique-assistant.
Charles Chapron : Praticien hospitalier.
Hervé Foulot : Praticien hospitalier.
Service de chirurgie gynécologique (professeur Dubuisson), clinique universitaire Principes et bases de la technique
Baudelocque, centre hospitalier universitaire Cochin-Port-Royal, 123, boulevard Port-
Royal, 75014 Paris, France.
opératoire
© Elsevier, Paris

La technique de MPC réalisée dans notre institution [23] comporte


Toute référence à cet article doit porter la mention : Dubuisson JB, Fauconnier A, schématiquement quatre temps principaux : l’hystérotomie et la
Chapron C et Foulot H. Myomectomie cœlioscopique. Encycl Méd Chir (Elsevier,
Paris), Techniques chirurgicales — Gynécologie, 41-664, 1999, 10 p.
découverte du myome ; l’énucléation ; la suture de la loge de
myomectomie et l’extraction du myome.
41-664 MYOMECTOMIE CŒLIOSCOPIQUE Techniques chirurgicales

Les difficultés de l’intervention sont, comme pour la myomectomie par postérieure ou fundique) et le segment utérin (corps, isthme, ligament
laparotomie, le risque d’hémorragie peropératoire et la prévention des large) de l’implantation de chacun des myomes ; leur pénétration en
adhérences postopératoires. En outre, l’utilisation de la voie profondeur dans le myomètre ; la distance entre le bord interne des
cœlioscopique pour réaliser la myomectomie pose certains problèmes myomes et la cavité utérine ainsi que la distance entre le bord externe
particuliers liés à cette voie d’abord : la reconnaissance peropératoire de des myomes et la séreuse utérine.
certains myomes profonds peut être difficile, voire impossible lorsque L’hystéroscopie diagnostique est réalisée en ambulatoire au 10e-12e jour
ceux-ci ne déforment pas la séreuse utérine ; l’accès aux myomes est du cycle. Elle doit préciser : l’existence et la taille d’un ou plusieurs
plus difficile que par laparotomie en raison de la position fixe des myomes sous-muqueux ; le retentissement éventuel sur la cavité des
trocarts ; l’énucléation des myomes doit, le plus possible, être myomes interstitiels ; l’existence d’une pathologie intracavitaire
exsangue ; enfin, l’un des points essentiels est l’obtention d’une cicatrice associée (polypes, hyperplasie).
de bonne qualité. L’hystérosalpingographie est indiquée en cas d’infertilité associée pour
La mise en œuvre de la technique de MPC va donc reposer sur plusieurs évaluer en préopératoire l’état tubaire. Cet examen permet également de
principes essentiels. dépister une éventuelle adénomyose associée.
– Un bilan morphologique préopératoire soigneux est indispensable de L’hystérosonographie pourrait être utile pour évaluer les rapports des
façon à préciser la localisation et les caractéristiques des myomes à myomes avec la cavité. Cet examen en cours d’évaluation est
opérer. Ce bilan permet d’éviter de laisser en place des myomes susceptible d’améliorer la performance diagnostique de l’échographie
profondément enchâssés dans le myomètre, source de récidives après pour préciser l’importance d’une composante sous-muqueuse des
MPC, et il permet de rechercher des contre-indications à la pratique de myomes en créant une interface liquidienne en regard de
la MPC (cf infra). l’endomètre [30].
– La réalisation d’une MPC doit respecter les principes de
microchirurgie : manipulations et préhension douces des organes
pelviens ; hémostase parfaite ; toilette soigneuse. De telles précautions Préparation de la patiente
permettent de limiter les adhérences postopératoires.
L’intervention doit impérativement être réalisée en première partie de
– Un plan de clivage net sépare le myome du myomètre adjacent. Ce cycle pour limiter au maximum la congestion vasculaire de l’utérus.
plan de clivage est limité en périphérie par une pseudocapsule constituée
Une préparation colique soigneuse est systématiquement effectuée afin
de fibres musculaires comprimées et de vaisseaux utérins refoulés [74].
de faciliter l’exposition du pelvis. Le protocole que nous utilisons à cet
La vascularisation du myome se fait de façon plurifocale à travers le plan
effet est le suivant : régime sans résidu de 7 à 10 jours ; un sachet de 5 g
de clivage par de multiples petits vaisseaux nourriciers et il n’existe pas
d’X-prept la veille et l’avant-veille de l’hospitalisation ; un lavement le
de pédicule vasculaire proprement dit [2]. La dissection doit se faire
soir de l’intervention (Normacolt, 1 flacon adulte à 130 mL).
impérativement dans ce plan de clivage pour deux raisons :
premièrement, le respect du myomètre sain adjacent est l’une des
conditions de l’obtention d’une cicatrice utérine de bonne qualité ;
deuxièmement, une telle dissection permet la prévention des blessures Instrumentation
des vaisseaux périmyomateux qui sont souvent le siège de dilatations, Outre l’instrumentation habituelle à toute cœlioscopie opératoire,
liées à la compression par le myome [29]. La voie cœlioscopique offre, à certains instruments spécifiques sont utiles à la réalisation de la MPC.
cet égard, l’avantage de bien visualiser les petits vaisseaux Des ciseaux courbes monopolaires vont permettre l’incision du
périmyomateux et de permettre leur coagulation élective. myomètre et la section des tractus reliant le myome au myomètre. Des
– L’électrochirurgie doit être utilisée le moins possible pour réaliser instruments sont utiles pour réaliser les sutures et les nœuds (intra- ou
l’hémostase des berges et du fond de la myomectomie. L’analyse de extracorporels) : porte-aiguilles ; pince atraumatique non fenêtrée sans
certains cas rapportés de rupture utérine après MPC [25, 37, 59] suggère que griffe ; pouce-nœuds. Une pince à préhension forte, à large mors, type
l’utilisation intempestive de la coagulation électrique bi- ou pince de Museux, dont il existe deux tailles (5 et 10 mm), permet
monopolaire peut induire une nécrose du myomètre et aboutir d’exercer des tractions efficaces sur le myome.
secondairement à une fistule. Des cas de ruptures utérines après myolyse Idéalement, un dispositif électrique de morcellement type morcellateur
semblent confirmer ce rôle délétère de l’électrocoagulation [73]. de Steiner [65] permet d’extraire, par voie sus-pubienne, des myomes de
– La suture de l’hystérotomie doit impérativement respecter certains plus de 4 cm. Dans notre expérience, cet appareil s’est avéré facile
principes, et tout défaut technique lors de sa réalisation peut aboutir à la d’utilisation après un temps d’apprentissage, et il nous a permis de
survenue d’une rupture utérine au cours d’une grossesse ultérieure [25]. réduire sensiblement notre temps opératoire. Le prix relativement
En dehors des myomes pédiculés ou de certains myomes sous-séreux important de cet appareil est compensé par un bénéfice économique lié
sessiles à base d’implantation étroite, les loges de myomectomie doivent à la diminution de la durée opératoire [10].
toujours être suturées. L’absence de suture pratiquée au début de
l’expérience de certaines équipes a, en effet, abouti à des cicatrices fines
ou déhiscentes [38, 52]. Afin d’éviter la constitution secondaire d’un Installation
hématome dans le myomètre, source de fragilisation des cicatrices
[6, 38, 48], la suture doit prendre la totalité de l’épaisseur des berges de La position de la patiente est la suivante : cuisses en abduction
l’hystérotomie et réaliser ainsi l’accolement complet de la loge de permettant l’accès au vagin ; jambes légèrement fléchies ; fesses
myomectomie. La suture utérine ne comporte pas nécessairement dépassant largement le bord de la table de façon à pouvoir mobiliser
plusieurs plans contrairement à ce qui est préconisé par laparotomie l’utérus à l’aide d’une canule intra-utérine. L’opérateur principal est
[18, 72]. Lorsque la loge de myomectomie est profonde ou la cavité utérine situé à gauche de la patiente, le premier aide en face et le second entre
ouverte, il peut être nécessaire de réaliser une suture en plusieurs plans. les jambes de la patiente.
Une telle suture est possible à réaliser par cœlioscopie [22, 48, 55] , Une injection de bleu de méthylène dans la cavité utérine est réalisée au
cependant, en cas de difficultés, il ne faut pas hésiter à réaliser celle-ci début de l’intervention pour faciliter le repérage de l’endomètre lors de
par minilaparotomie. la dissection et reconnaître l’éventuelle ouverture de la cavité utérine.
L’utérus est ensuite canulé de façon à assurer sa parfaite mobilisation au
cours de l’intervention. La canulation utérine est réalisée comme pour
Bilan préopératoire une hystérectomie cœlioscopique [13] : une curette de Gourdet n° 8
introduite dans la cavité utérine est fixée par des bandes collantes à deux
Il comporte obligatoirement une échographie pelvienne de bonne pinces de Pozzi prenant respectivement la berge antérieure et postérieure
qualité, et une hystéroscopie diagnostique. du col de l’utérus. L’utilisation de la canule de Pelosi, dont l’embout est
L’échographie doit être réalisée par voie endovaginale et adapté à la morphologie utérine, nous semble également intéressante car
transabdominale, en phase lutéale du cycle de façon à bien visualiser la cet instrument permet à la fois de mobiliser l’utérus de façon efficace et
cavité utérine. Cette échographie doit impérativement préciser : la taille de réaliser des injections peropératoires de bleu de méthylène.
de l’utérus par ses trois diamètres (antéropostérieur, transversal et Le cœlioscope est introduit, soit en transombilical (fig 1A), soit, en cas
longitudinal) ; le nombre de myomes ; la localisation (antérieure ou de myomes volumineux, 3 cm au-dessus de l’ombilic sur la ligne

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Techniques chirurgicales MYOMECTOMIE CŒLIOSCOPIQUE 41-664

1 Myomectomie percœlioscopique : position des


trocarts.
A. Cas standard.
1. Trocart de 10 mm transombilical ; 2. trocart de
5 mm en fosse iliaque droite (en dehors des vais-
seaux épigastriques) ; 3. trocart de 10 ou 12 mm
sus-pubien médian ou paramédian (inter-
ombilicopubien à l’aplomb du fond utérin) ; 4. tro-
cart de 5 mm en fosse iliaque gauche (en dehors
des vaisseaux épigastriques).
B. En cas de myome volumineux ou haut situé.
1. Trocart de 10 mm interombilicoxiphoïdien ; 2.
trocart de 5 mm en fosse iliaque droite (en dehors
des vaisseaux épigastriques, à l’horizontale des
crêtes iliaques) ; 3. trocart de 10 ou 12 mm sus-
pubien médian ou paramédian (interombilico-
pubien haut situé, à l’aplomb du fond utérin) ; 4.
trocart de 5 mm en fosse iliaque gauche (en de-
hors des vaisseaux épigastriques, à l’horizontale
A B des crêtes iliaques).

2 A. Myome interstitiel
corporéal posté-
rieur ; tracé de l’hys-
térotomie.
B. Volumineux myo-
me antérofundique
A B interstitiel.

médiane (fig 1B). Deux trocarts latéraux de 5 mm et un trocart médian postérieur, nous pratiquons plus volontiers des hystérotomies sagittales
de 12 mm sont placés en sus-pubien (fig 1). Il faut adapter la position qui sont plus faciles à suturer. Lorsque le myome est antérieur, la suture
des trocarts à la taille et à la localisation des myomes. En règle générale, utérine est plus difficile à réaliser et nous préconisons des hystérotomies
les deux trocarts latéraux doivent être positionnés relativement haut et transversales ou surtout obliques.
en dehors des vaisseaux épigastriques de façon à offrir un bon accès aux
différents myomes et à assurer à l’opérateur une mobilité suffisante pour L’incision du myomètre est effectuée à l’aide du courant monopolaire
la réalisation des sutures. Le trocart médian est positionné à l’aplomb du utilisé à faible intensité et en mode section de façon à respecter au
fond utérin (fig 1A, B). maximum le myomètre (fig 3). L’hémostase des vaisseaux
intramyométriaux est effectuée de proche en proche (si possible, de
façon préventive) à l’aide du courant monopolaire ou du courant
Temps opératoires bipolaire (fig 4). L’identification du plan avasculaire entourant le
myome est rendue plus facile par le grossissement des images obtenu en
rapprochant l’optique. Le myome est aisément reconnaissable par son
Hystérotomie et découverte du myome (fig 2 à 5) aspect lisse et sa couleur blanc nacré qui tranche avec celle du myomètre
adjacent.
L’hystérotomie est directe, faite au sommet de la voussure sous-séreuse
du myome (fig 2) ; elle peut être, soit sagittale, soit transversale. La découverte du bon plan de clivage est aidée par la manœuvre suivante
L’hystérotomie transversale est réputée moins hémorragique [40] en (fig 5) : un instrument maintient en place l’une des berges de
raison du trajet transversal des artères intramyométriales. Dans la l’hystérotomie, un autre instrument à bout mousse (canule d’aspiration),
pratique, le sens de l’hystérotomie est principalement aménagé de façon prenant appui fermement sur toute l’épaisseur de la berge controlatérale,
à pouvoir aisément réaliser la suture utérine. Lorsque le myome est fait glisser le myomètre sur le myome amorçant ainsi le plan de clivage.

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41-664 MYOMECTOMIE CŒLIOSCOPIQUE Techniques chirurgicales

3 Incision de la séreuse utérine et de la couche superficielle du myomètre ;


visualisation des vaisseaux intramyométriaux. 6 Énucléation du myome de proche en proche : coagulation préventive des fibres
musculaires et des vaisseaux de la pseudocapsule adhérant au myome.

exercer une contre-traction à l’aide de la canulation endo-utérine ou en


prenant appui sur les berges de l’hystérotomie à l’aide d’un instrument
(fig 6). La dissection est ensuite menée de la superficie vers la
profondeur et toujours sous contrôle de la vue de façon à repérer les fins
tracti adhérents au myome. Elle est effectuée par la pointe d’un
instrument mousse (ciseaux courbes ou pince bipolaire) prenant appui
contre le myome. Les tracti adhérant au myome sont coagulés
préventivement (le plus près possible du myome) et sectionnés (fig 7).
L’utilisation d’instruments de dissection dits « atraumatiques » (bistouri
aux ultrasons, aquadissecteur, laser) est préconisée par certains
[45, 61, 64, 67] . De tels instruments permettraient de mieux préserver le

myomètre adjacent. Le bistouri aux ultrasons faciliterait la dissection du


myome par rapport à l’instrumentation traditionnelle [48].
La plupart du temps, le lit de myomectomie est peu hémorragique en fin
de dissection si l’on a pris soin de respecter le plan de clivage avasculaire.

Suture de l’hystérotomie (fig 8 à 11)


La suture est habituellement réalisée en un seul plan à l’aide d’un fil fin
résorbable (de type Vicrylt) de diamètre 00 monté sur aiguille courbe à
4 Coagulation sélective des petits vaisseaux intramyométriaux transverses. pointe atraumatique. Nous utilisons des points simples séparés noués en
intra- ou extracorporel. Ces points prennent la totalité de l’épaisseur des
Énucléation (fig 6, 7) berges de l’hystérotomie et traversent la séreuse utérine (fig 8A, B). Ils
sont suffisamment rapprochés pour que l’approximation des berges soit
La dissection du myome doit se faire à l’intérieur du plan avasculaire complète.
laissant en périphérie la pseudocapsule et les vaisseaux utérins refoulés. Lorsque la loge de myomectomie est profonde et qu’il n’est pas possible de
La dissection est facilitée par la manœuvre suivante : le myome, saisi prendre en un plan la totalité de l’épaisseur de l’hystérotomie, nous réalisons
par une pince à préhension forte, est attiré vers la paroi abdominale alors une suture en deux plans. Le plan profond peut être obtenu comme par
antérieure et vers le haut ; simultanément, l’opérateur ou son aide vont laparotomie par quelques points simples passés dans l’épaisseur du

5 A. Découverte du
plan de clivage du
myome.
B. Saillie du myome
après incision de la
séreuse et du myo-
A B mètre.

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Techniques chirurgicales MYOMECTOMIE CŒLIOSCOPIQUE 41-664

7 Énucléation du
myome de proche en pro-
che.
A. Section des fi-
bres musculaires et
des vaisseaux de la
pseudocapsule ad-
hérant au myome.
B. Traction à l’aide
d’une pince de Mu-
seux.
C. Mise en évi-
dence des fibres
musculaires et des
petits vaisseaux de
la pseudocapsule
adhérents au myo-
me.
D. Aspect du lit de la
A B myomectomie.

C D

myomètre et noués sans tension excessive. La partie superficielle de à l’aide du morcellateur de Steiner [65]. Ce dispositif est constitué d’une
l’hystérotomie est suturée comme précédemment par des points simples. lame cylindrique tournante, couplée à un moteur, introduite par le trocart
Pour suturer le plan profond, il peut être parfois malcommode de passer de 12 mm. Une pince de Museux de 10 mm introduite à travers le cylindre
l’aiguille dans la profondeur de la loge de myomectomie ; il est alors utile agrippe la périphérie du myome, et l’amène au contact de la lame, réalisant
de réaliser des points en « U » transfixiants [38] passant à travers la séreuse la découpe progressive d’une carotte de tissu myomateux (fig 12).
utérine et prenant toute l’épaisseur des berges de la myomectomie (fig 9). Plusieurs artifices facilitent grandement la manœuvre : la pince ne doit
Un ou deux de ces points sont suffisants pour réaliser l’accolement de pas prendre une épaisseur trop importante de tissu myomateux afin
toute la partie profonde de l’hystérotomie. d’éviter que ses mors ne frottent sur les parois du cylindre ; la traction
Lorsque la réalisation de la suture utérine s’avère difficile, il est de l’opérateur sur la pince de Museux doit être constante et douce afin
préférable de réaliser la suture par minilaparotomie. d’éviter que la carotte de tissu ne se rompe prématurément ; une grip-
pince saisissant le tissu myomateux en opposition à la lame évite la
La technique des nœuds doit être irréprochable afin de ne pas déchirer le
rotation du myome ; enfin, la lame doit rester fixe et toujours en surface
myomètre. Les nœuds doivent être suffisamment serrés pour réaliser
du myome. Dans notre pratique, cet appareil s’est avéré facile
l’approximation des berges de l’hystérotomie et faire l’hémostase des
d’utilisation et sans danger mais il faut toujours contrôler parfaitement
veines intramyométriales. Nous recommandons l’utilisation de nœuds
la position de la lame de l’appareil de façon à ne pas risquer d’entailler
intracorporels type nœuds de chirurgien noués à plat (fig 10A, B). Ces
un organe de voisinage. La colpotomie postérieure permet également
nœuds sont faciles d’exécution, permettent un serrage atraumatique et
l’extraction de myomes volumineux [45]. Certains auteurs ont suggéré la
automaintenu. Le maintien du premier nœud peut également être obtenu
possibilité [39,
d’adhérences postopératoires avec la cicatrice de la
à l’aide d’une pince à préhension atraumatique étreignant la boucle. 48]
colpotomie ; nous n’avons cependant pas retrouvé d’augmentation
de ce risque dans notre étude sur les adhérences après MPC [26]. Depuis
Extraction du myome l’apparition du morcellateur électrique, nous n’utilisons que rarement la
colpotomie postérieure pour extraire les myomes.
Différentes méthodes d’extractions sont possibles : l’extraction directe ; En fin d’intervention, une toilette péritonéale soigneuse au sérum chaud
le morcellement intra-abdominal classique ; le morcellement électrique ; est réalisée.
l’extraction par colpotomie postérieure ; l’extraction par minilaparotomie.
L’extraction sus-pubienne directe est réservée aux myomes de moins de
3 cm. Elle s’effectue à travers l’incision sus-pubienne médiane qui est Variantes
agrandie au besoin. Il importe de toujours fermer convenablement la paroi
abdominale car des hernies incisionnelles sont possibles [5, 11, 43]. Le En cas de myome sous-séreux (fig 13, 14)
morcellement traditionnel [39] est réalisé, soit aux ciseaux, soit à En cas de myome sous-séreux à composante interstitielle minime,
l’électricité monopolaire, elle est réservée à des myomes peu volumineux l’hystérotomie est réalisée de façon circulaire, en périphérie et au-
(moins de 4 ou 5 cm de diamètre). Le morcellement électrique est effectué dessus de la base d’implantation du myome (fig 13). L’énucléation est

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41-664 MYOMECTOMIE CŒLIOSCOPIQUE Techniques chirurgicales

A B C

8 Suture de l’hystérotomie en un plan de points totaux séromusculaires.


A. Cheminement du fil pour la réalisation d’un point total séromusculaire.
B, C. Passage de l’aiguille à travers le myomètre.
D D. Suture de la myomectomie, passage du fil.

immédiatement sous-muqueux [48, 55]. Nous estimons, pour notre part,


que la réalisation d’un tel plan muqueux est difficile et inutile ; en
revanche, il est impératif que la totalité du plan myométrial soit
affrontée. La suture utérine est alors habituellement réalisée en deux
plans, selon les techniques décrites (cf supra).
Lorsque la loge de myomectomie est profonde avec un fond peu visible
et/ou d’accès difficile, il est très difficile d’obtenir un affrontement
complet de toute l’épaisseur de l’hystérotomie par voie intrapéritonéale
exclusive. La suture utérine doit alors être réalisée de façon
traditionnelle par voie transpariétale, soit par une courte laparotomie
9 Point en « U » transfixiant pour la classique (laparoconversion) permettant l’extériorisation de l’utérus,
réalisation d’un plan profond ; chemine-
ment du fil à travers le myomètre. soit par une minilaparotomie (myomectomie cœlioassistée).

ensuite menée comme pour les myomes interstitiels de proche en proche Myomectomie cœlioassistée [51, 70]
dans le plan de clivage avasculaire (fig 14A). Une telle façon de
procéder est destinée à éviter la survenue d’un saignement du lit de la Les premiers temps sont identiques à ceux de la myomectomie
myomectomie dont l’hémostase nécessiterait le recours à la coagulation intrapéritonéale. L’énucléation est, soit complètement, soit
électrique extensive du myomètre sous-jacent. Une telle coagulation partiellement réalisée par cœlioscopie puis le myome est saisi à travers
peut en effet aboutir à la nécrose secondaire du myomètre responsable le trocart médian par une pince à préhension forte, et attiré vers la paroi
d’une rupture ultérieure [59]. abdominale antérieure tandis que le trocart est extrait. L’incision
Une suture faite de points simples superficiels peut être réalisée lorsque médiane est ensuite agrandie sur le myome, transversalement de
la base d’implantation est large (fig 14B, C) ; lorsque la base quelques centimètres, l’énucléation est alors poursuivie par voie
d’implantation est de petite taille, cette suture est inutile. transpariétale et le myome est extrait directement ou après morcellation.
En cas de myome pédiculé, le pédicule doit être coagulé sélectivement
le plus près possible du myome, puis sectionné. La suture est réalisée par voie transpariétale de la même façon qu’en
laparotomie mais l’hystérotomie est amenée à l’aplomb de la courte
incision en mobilisant l’utérus à l’aide de la canulation endo-utérine. La
En cas d’ouverture de la cavité utérine paroi abdominale est ensuite refermée puis la cavité péritonéale est lavée
par cœlioscopie.
Lorsque la loge d’hystérotomie est peu profonde et/ou bien accessible
sur toute son épaisseur, une suture percœlioscopique est parfaitement Cette technique n’est envisageable que pour des myomes peu nombreux
envisageable. Certains préconisent de réaliser un plan muqueux ou et localisés sur la paroi antérieure ou fundique de l’utérus.

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Techniques chirurgicales MYOMECTOMIE CŒLIOSCOPIQUE 41-664

A
10 Réalisation d’un nœud in-
tracorporel pour la suture de
l’hystérotomie.
A. Représentation d’un
nœud constitué d’un
nœud de chirurgien (brin
gauche, en noir, passant
trois fois derrière le brin
droit, en blanc) et d’un
demi-nœud plat complé-
mentaire.
B. Serrage à plat du
nœud par divergence des
deux brins.
C. Suture de la myomec-
B C tomie, le nœud est serré.

11 A. Aspect final de la
suture utérine en un
plan.
B. Suture de la myo-
mectomie, résultat
A B final.

12 A. Morcellement à
l’aide du morcel-
lateur électrique :
la lame cylindri-
que rotative doit
toujours rester en
surface du myo-
me et sous
contrôle de la vue.
B. Morcellement
du myome à l’aide
du morcellateur
A B électrique.

Intérêts et bénéfices de la myomectomie Sur le plan esthétique, l’absence de cicatrice est très appréciée par nos
percœlioscopique patientes. Sur le plan fonctionnel, l’amélioration du confort des patientes
a été établie par un essai clinique : l’utilisation de la MPC permet en effet
La faisabilité et la reproductibilité de la technique est acquise comme en de réduire les douleurs postopératoires et de raccourcir la durée
témoignent les très nombreuses équipes qui pratiquent la MPC et rapportent d’hospitalisation [44].
leur expérience [4, 8, 9, 14 à 16, 20, 24, 39, 42, 44 à 49, 52, 55, 58, 61, 62, 66, 75]. Ces nombreuses La MPC pourrait réduire notablement le risque d’adhérence après
séries permettent d’affirmer que cette technique n’expose pas à un risque myomectomie. Dans notre série, 36 % des patientes contrôlées après
majoré de complications peropératoires ou postopératoires immédiates par MPC étaient porteuses d’adhérence [26]. Ce taux est faible comparé aux
rapport à la myomectomie par laparotomie. En outre, deux études contrôlées taux observés après myomectomie par laparotomie, proches de 90 %
suggèrent une diminution du risque d’hémorragie peropératoire et du risque [19, 50, 69, 71]. Deux études contrôlées suggèrent également une diminution

de complications postopératoires [9, 68]. du risque d’adhérences après MPC [8, 68] . Une telle réduction des

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41-664 MYOMECTOMIE CŒLIOSCOPIQUE Techniques chirurgicales

remaniements du tissu myomateux et du myomètre avoisinant ; la


profondeur de la loge du myome gêne l’accès des instruments et la vision
des tissus à disséquer ; la vascularisation des myomes volumineux est
plus développée et entraîne donc un risque accru d’hémorragie
peropératoire ; enfin, le temps nécessaire au morcellement électrique
augmente considérablement avec la taille du myome.

Nombre
La réalisation d’une MPC en cas de myomes multiples pose deux
problèmes. D’une part, la multiplication du nombre des myomectomies
augmente considérablement la durée opératoire et le risque
d’hémorragie. D’autre part, le recours à la palpation percœlioscopique
(à l’aide de pinces) est délicate et fait courir le risque de laisser en place
des myomes méconnus. C’est dire l’importance d’un bilan préopératoire
13 Myomectomie d’un détaillé avec une échographie d’excellente qualité.
myome sous-séreux sessile
avec participation intersti- Nous considérons donc que la MPC ne doit pas être pratiquée lorsque le
tielle minime : tracé de nombre total de myomes dépasse deux à trois [21]. Ces limites dépendent
l’hystérotomie. bien entendu de l’expérience de l’opérateur, de la taille et des
caractéristiques des myomes.

Localisation
Dans notre expérience, les myomes antérieurs se sont révélés plus
difficiles à extirper que les myomes postérieurs ou fundiques. Du fait de
la disposition du cœlioscope et des trocarts opérateurs, la vision et
l’accès des différents instruments sont moins bons sur la face antérieure
de l’utérus, rendant la dissection du pôle inféroantérieur du myome
difficile. En outre, l’exposition de la face antérieure de l’utérus est
limitée par le sacrum et par la butée du système de canulation utérine sur
la symphyse pubienne. Enfin, la suture utérine est plus difficile à réaliser
car le plan de la courbure de l’aiguille est tangentiel à l’épaisseur de
A B
l’hystérotomie et il devient difficile de charger les berges de
l’hystérotomie sur toute leur profondeur.
14 Myomectomie d’un myome sous-séreux sessile
avec participation interstitielle minime.
A. Clivage du myome sous-séreux, de la séreuse
Myomes interstitiels profonds
utérine et du myomètre adjacent.
B. Cheminement du fil pour la réalisation d’une L’ablation de myomes profondément enchâssés dans le myomètre est
suture superficielle. difficile par cœlioscopie. En effet, lorsque le myome ne présente pas de
C. Le serrage du nœud rétablit la continuité de la saillie sous-séreuse, il peut être difficile de choisir correctement le site
C séreuse utérine.
de l’hystérotomie. En outre, le risque d’ouverture de la cavité utérine est
plus important, en particulier lorsqu’il existe une composante sous-
muqueuse. Enfin, comme nous l’avons expliqué plus haut, les sutures
adhérences postopératoires est intéressante lorsque la myomectomie est profondes du myomètre sont difficiles à réaliser par cœlioscopie.
réalisée dans un contexte d’infertilité car elle pourrait contribuer à
améliorer la fertilité des patientes opérées.
Suspicion d’adénomyome
Les résultats de la MPC sur la fertilité ont été évalués [27]. Dans notre
série de 91 patientes infertiles, nous avons observé un taux cumulé de L’énucléation des adénomyomes est difficile par cœlioscopie en raison
conception de 44 % à 2 ans. Ce taux était de 70 % lorsque aucun autre de l’absence de plan de clivage net entre le myome et le myomètre
facteur d’infertilité que le myome n’était retrouvé. Ces résultats sont adjacent [24].
comparables à ceux des séries de myomectomie par laparotomie.
L’ensemble de ces limites souligne l’importance de la réalisation du
bilan morphologique préopératoire.
Limites et risques de la myomectomie
percœlioscopique Qualité obstétricale des cicatrices
de myomectomie percœlioscopique
La MPC, en particulier dans le cas de myomes interstitiels, reste une
technique difficile qui nécessite des opérateurs entraînés à la pratique de Cinq cas de ruptures utérines au cours de la grossesse, dont un en
la cœliochirurgie [23, 24]. Cette technique est, en outre, consommatrice de particulier dans notre service, ont à ce jour été rapportés après MPC
temps ; la durée opératoire est en effet plus longue que par [25, 32, 37, 46, 59]. Ces accidents posent la question de la qualité des cicatrices
laparotomie [68]. après MPC et certains auteurs [ 5 1 , 7 0 ] considèrent que la voie
cœlioscopique n’est pas adéquate pour réaliser des sutures solides du
Taille myomètre en cas d’hystérotomie profonde.
Nous opposons plusieurs arguments à ces critiques.
Nous considérons que la taille maximale des myomes ne doit pas – Si l’expérience des grossesses après myomectomie par laparotomie
excéder 9 cm [21]. Dans notre pratique, nous dépassons parfois ces limites montre que la rupture utérine est un événement rare (aucun cas sur les
et certaines équipes rapportent également la réalisation de MPC pour des plus grandes séries publiées) [7, 17, 31], des observations de ruptures
myomes bien plus volumineux, jusqu’à 16 cm [3, 66]. Cependant, la utérines après laparotomie ont cependant été régulièrement rapportées
pratique de MPC pour des myomes de grande taille est délicate pour dans la littérature [33, 34, 35, 56, 57, 60]. Des cas de ruptures ont également été
plusieurs raisons : le clivage des myomes est rendu difficile par les rapportés après hystéroscopie [1, 76].

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Techniques chirurgicales MYOMECTOMIE CŒLIOSCOPIQUE 41-664

– On ne connaît pas actuellement l’incidence réelle des ruptures après •


MPC, puisque seuls les cas sont rapportés. Cette incidence est • •
vraisemblablement faible, en effet, dans notre population nous avons par
exemple observé un seul cas de rupture pour 100 accouchements après La technique de MPC permet de proposer une approche peu
MPC (données non publiées). invasive pour traiter chirurgicalement les myomes sous-séreux et
– Certaines erreurs techniques ont été commises dans la réparation des interstitiels. L’analyse du rapport bénéfice/risques de cette
incisions utérines au début de l’expérience de certaines équipes. La intervention comparée à la myomectomie par laparotomie est en
suture des loges de myomectomie n’était pas systématiquement réalisée faveur de l’utilisation de la cœlioscopie pour les myomes de taille
ou bien ne prenait que la partie superficielle du myomètre [52]. Le rôle moyenne (moins de 9 cm) et peu nombreux. La MPC serait
délétère de la mauvaise utilisation de la coagulation électrique sur la particulièrement intéressante dans la chirurgie de la fertilité car
cicatrisation utérine a aussi été souligné [25, 59]. elle pourrait diminuer le risque d’adhérence postopératoire.
La réalisation d’une suture par voie intrapéritonéale reste un geste Les caractéristiques des myomes doivent être soigneusement
techniquement difficile et nécessite des opérateurs entraînés à la évaluées en préopératoire de façon à préciser la faisabilité de la
cœliochirurgie. Toutefois, nous considérons, en accord avec d’autres myomectomie par voie cœlioscopique.
équipes [38, 48, 55], que la suture utérine peut, sous couvert d’une technique
rigoureuse, être réalisée de façon satisfaisante par voie cœlioscopique L’obtention de cicatrices utérines de bonne qualité nécessite des
pure. Nous préconisons, en outre, en cas de désir de grossesse, de réaliser opérateurs rompus aux techniques de la cœliochirurgie et le
de façon systématique une cœlioscopie de contrôle qui permet d’évaluer respect des principes de réalisation des sutures utérines définis
la qualité des cicatrices utérines après MPC. pour la myomectomie par laparotomie.

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page 10
¶ 41-660

Myomectomie par voie vaginale


A. Agostini, E. Colette, I. Ronda, F. Bretelle, L. Cravello, B. Blanc

La myomectomie par voie vaginale est une alternative à la myomectomie par laparotomie dans certaines
indications. Cette voie d’abord nécessite une expérience de la chirurgie par voie vaginale. La voie vaginale
peut être antérieure ou postérieure selon la localisation des fibromes. Les avantages de cette technique
par rapport à la laparotomie sont ceux de la chirurgie vaginale en général. Cependant, cette technique
reste méconnue et mal évaluée.
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Mots clés : Myomectomie ; Chirurgie par voie vaginale

Plan longtemps été limité par le risque hémorragique qu’elle présente


par rapport à l’hystérectomie. [1] Deux nouvelles techniques
¶ Introduction 1 permettent l’exérèse des myomes : l’hystéroscopie qui est
réservée aux fibromes à développement intracavitaire et la
¶ Bilan préopératoire 1
cœlioscopie qui permet d’éviter la laparotomie dans certaines
¶ Information à la patiente 1 indications. Aujourd’hui, l’embolisation artérielle permet
¶ Technique opératoire 2 d’éviter le traitement chirurgical des fibromes et notamment
Anesthésie 2 l’hystérectomie. [2]
Examen sous anesthésie 2 La voie vaginale est une voie d’abord chirurgicale pour la
Installation de la patiente 2 myomectomie. Bien que décrite depuis fort longtemps, cette
Préparation 2 technique est peu répandue et méconnue. [3]
Installation des opérateurs 2
Matériel 2

■ Bilan préopératoire
Technique 2
¶ Indications 4
¶ Complications 4 Il s’agit d’un bilan standard classique. Il comprend au
Complications peropératoires 4 minimum une numération-formule sanguine et un groupage
Complications postopératoires 4 sanguin avec rhésus. Une mise en réserve de produits sanguins
¶ Résultats 4 pour le jour de l’intervention est prévue.
¶ Fertilité et devenir obstétrical 4 Une échographie pelvienne permet d’évaluer le nombre, la
taille et la localisation des fibromes. L’imagerie par résonance
¶ Courbe d’apprentissage 4
magnétique n’est pas indiquée à notre avis dans cette
indication.

■ Introduction
Les fibromes utérins représentent une pathologie fréquente ■ Information à la patiente
puisqu’ils se rencontrent chez 30 à 40 % des femmes de plus de
30 ans. Ils sont souvent asymptomatiques. Ils peuvent être La patiente doit être informée sur plusieurs points :
responsables de troubles hémorragiques, de douleurs ou pesan- • les avantages d’une chirurgie par voie vaginale par rapport à
teurs pelviennes chroniques. Plus rarement, ils entraînent des une chirurgie par laparotomie sont exposés (esthétique,
troubles secondaires à une compression de voisinage (pollakiu- durées opératoire et d’hospitalisation diminuées) ;
rie, constipation). Le traitement médical est uniquement • le risque de transfusion sanguine ou d’hystérectomie
symptomatique et doit toujours être tenté en première inten- d’hémostase lié à la myomectomie, quelle que soit la voie
tion. En cas d’échec du traitement médical, le traitement d’abord. Un programme d’autotransfusion ou une embolisa-
chirurgical est proposé. tion préopératoire est possible ;
La myomectomie est une intervention qui permet de conser- • le risque de laparoconversion en cours d’intervention.
ver l’utérus. Cette intervention a été pratiquée pour la première On explique à la patiente que la voie d’abord ne peut être
fois par laparotomie en 1838 (Chelms) et par voie vaginale en déterminée qu’au dernier moment en fonction de l’examen
1842 (Amussat). Le développement de cette intervention a sous anesthésie.

Techniques chirurgicales - Gynécologie 1


41-660 ¶ Myomectomie par voie vaginale

“ Points forts
• La patiente doit être avertie du risque de
laparoconversion ou de non-tentative de voie vaginale en
fonction de l’examen sous anesthésie ou du déroulement
de l’intervention.
• La voie vaginale évite une laparotomie et ses
inconvénients.

■ Technique opératoire
Anesthésie Figure 1. Colpotomie postérieure aux ciseaux.
Il s’agit d’une anesthésie générale ou locorégionale. Un
protocole analgésique en postopératoire est mis en place car la
myomectomie, quelle que soit la voie d’abord, est une interven-
tion douloureuse en postopératoire. Une antibioprophylaxie est Installation des opérateurs
administrée pendant l’intervention (céfotaxime, 1 g).
Il s’agit d’une installation classique pour une chirurgie par
voie vaginale. Un aide opératoire est placé de chaque côté de
Examen sous anesthésie l’opérateur. L’opérateur opère assis, face au périnée.
Il est primordial que la patiente soit examinée sous anesthésie
par le chirurgien afin d’évaluer la faisabilité de la myomectomie Matériel
par voie vaginale. Différents éléments sont pris en compte. Par
un toucher vaginal couplé à une palpation abdominale, l’opé- Les instruments d’exposition sont les valves vaginales. Il est
rateur s’assure que l’accès vaginal est possible pour une chirurgie nécessaire d’avoir des instruments longs. Les instruments de
par voie basse. Cet élément est cependant subjectif et dépend de préhension sont : les pinces de Pozzi, les pinces de Museux. Les
l’expérience du chirurgien à la voie vaginale. L’opérateur doit instruments de dissection : pince à disséquer sans griffe et avec
ensuite déterminer la localisation du fibrome pour déterminer griffes. Les instruments de sections : ciseaux de Mayo, ciseaux
la voie d’abord (antérieure ou postérieure). La position et la de Rezano, bistouri froid long. Les instruments de sutures :
distance du fibrome par rapport au cul-de-sac vaginal sont porte-aiguille long. Une aspiration ainsi qu’un bistouri électri-
évaluées. En cas de doute, une échographie endovaginale en que sont nécessaires.
salle d’opération est effectuée pour confirmer la localisation du
ou des fibromes. Si la localisation du fibrome n’est pas détermi- Technique
née par l’examen clinique ou l’échographie endovaginale faite
par l’opérateur (en salle d’opération ou préalablement), il est
Voie vaginale postérieure
déconseillé d’effectuer une voie vaginale de première intention.
Une cœlioscopie diagnostique ou une autre voie d’abord sera Colpotomie postérieure (Fig. 1)
envisagée.
Une valve postérieure est mise en place et le col est tracté
vers le haut par deux pinces de Pozzi. La colpotomie est
transversale aux ciseaux ou au bistouri électrique au niveau du
cul-de-sac vaginal postérieur. Par rapport à une colpotomie pour
“ Points forts hystérectomie vaginale, elle est plus distante de l’utérus si
possible. La valve postérieure est introduite dans le cul-de-sac de
Douglas et une valve antérieure est mise en arrière de l’utérus,
• Une évaluation clinique sous anesthésie est nécessaire les pinces de Pozzi sont retirées.
avant d’envisager un abord par voie vaginale.
• L’opérateur doit être expérimenté à la chirurgie par voie Exposition du fibrome (Fig. 2)
vaginale. Ce temps est primordial. Il est nécessaire d’amener le fibrome
vers la colpotomie, le plus près de l’opérateur. À l’aide de
mouvement des valves, on visualise le fibrome. Une fois
localisé, on le tracte à l’aide d’un fil ou d’une pince de Pozzi.
Dans le même temps, on luxe l’utérus vers l’arrière, c’est-à-dire
Installation de la patiente que l’on fait passer le col utérin sous la symphyse pubienne en
La patiente est installée en position gynécologique, en le poussant vers la tête de la patiente, imposant ainsi une
abduction-flexion maximale des cuisses sur le tronc après bascule de l’utérus vers l’arrière. Une fois l’exposition obtenue,
installation de l’anesthésie. En cas de prothèse de genou ou de on présente le fibrome par deux préhensions latérales (fils ou
hanche, la patiente est installée avant la mise en place de pinces de Pozzi). La valve postérieure reste sous le fibrome pour
l’anesthésie pour éviter une luxation ou un traumatisme de protéger le rectum.
l’articulation concernée.
Exérèse du myome (Fig. 3,4)

Préparation Myome interstitiel (intramural) ou sous-séreux sessile. Le


myome est incisé verticalement de haut en bas. Les deux berges
Le champ opératoire concerne les faces internes des cuisses, du myome sont prises par des pinces de Museux. Si le myome
les fesses, le périnée et remonte jusqu’à l’ombilic. Une toilette est peu important, on continue l’hémisection jusqu’à la fin de
vaginale est pratiquée. Un sondage urinaire évacuateur est la pièce, complétée par une dissection digitale des deux hémi-
pratiqué avant le début de l’intervention. sphères ainsi obtenues. Si le myome est plus volumineux, on

2 Techniques chirurgicales - Gynécologie


Myomectomie par voie vaginale ¶ 41-660

Figure 2. Présentation du fibrome au niveau de la colpotomie. Figure 5. Fermeture de la loge de myomectomie.

Figure 3. Début d’hémisection avec présentation du fibrome par une Figure 6. Fermeture de la colpotomie avec mise en place d’un drain.
pince de Museux (droite de la patiente) et un fil tracteur (gauche).

Fermeture de la loge de myomectomie (Fig. 5)


Elle est identique à celle effectuée par laparotomie. L’accès est
moins aisé. On utilise des instruments longs ; la loge de
myomectomie est fermée par points séparés en deux plans au
fil résorbable n° 1, aiguille ronde.
Fermeture de la colpotomie (Fig. 6)
Elle s’effectue par points séparés au fil n° 1, aiguille triangu-
laire. Un drain non aspiratif est mis en place systématiquement.
Il est fixé à la paroi vaginale et retiré 24 heures après en
l’absence de saignement persistant.

Voie vaginale antérieure


Colpotomie antérieure
Une valve antérieure est placée en avant. On tracte le col vers
le bas à l’aide de deux pinces de Pozzi. On effectue une incision
en T inversé de Crossen. On décolle la vessie de l’utérus puis on
Figure 4. Réduction du fibrome par section en « quartiers d’orange ».
ouvre le péritoine vésico-utérin. La valve antérieure est intro-
duite dans l’abdomen. Une valve postérieure est posée en bas.
On retire les pinces de Pozzi.
effectue un morcellement du myome à l’aide de ciseaux de
Rezano ou du bistouri froid, en découpant des « quartiers Exposition du fibrome
d’orange » du myome. Il est important que les berges utérines À l’aide de mouvements des valves, on visualise le fibrome,
soient toujours repérées afin d’éviter la « fuite » de l’utérus dans que l’on repère avec une pince de Pozzi. On l’avance le plus
l’abdomen à la fin de l’exérèse du myome. près possible de la colpotomie. Dans le même temps, on luxe
Myome sous-séreux pédiculé. Le myome est incisé vertica- l’utérus vers l’avant. On refoule le col utérin vers le bas et en
lement le plus loin possible. Les deux berges du myome sont arrière, imposant ainsi une bascule de l’utérus vers l’avant. La
prises par des pinces de Museux. On continue l’hémisection valve antérieure reste sous la vessie afin de la protéger.
jusqu’au pédicule. Le pédicule est saisi par une pince de
Exérèse du myome
Bengoléa ou une pince plus adaptée en cas de pédicule épais.
On effectue une ligature-section à la base du pédicule. Elle est identique à celle décrite pour la voie postérieure.

Techniques chirurgicales - Gynécologie 3


41-660 ¶ Myomectomie par voie vaginale

Fermeture de la loge de myomectomie Laparoconversion


Elle est identique à celle décrite pour la voie postérieure. Elle est parfois nécessaire pour non-faisabilité ou en raison de
saignements abondants. Il est important alors de refermer la
Fermeture de la colpotomie
colpotomie par voie vaginale. Les rapports anatomiques sont
Elle est identique à celle décrite pour la voie postérieure. différents entre voie vaginale et laparotomie, ce qui risque de
rendre plus difficile la fermeture de la colpotomie par voie
Variantes abdominale.
Certains auteurs ont décrit une technique de myomectomie
vaginale cœlioassistée. Il s’agit de localiser et de repérer le Complications postopératoires
fibrome par cœlioscopie par un fil qui est ensuite tracté par voie
vaginale afin d’exposer le fibrome. Cette technique est faisable Abcès de loge de myomectomie et du cul-de-sac
pour la voie postérieure [4] et antérieure. [5] Elle permet de traiter de Douglas [8, 10]
par voie vaginale des fibromes fundiques. Ces complications seraient peut-être plus fréquentes que par
Une autre alternative consiste à effectuer l’exérèse du fibrome laparotomie ou par cœlioscopie. Dans notre activité chirurgi-
par cœlioscopie. Le fibrome est retiré par voie vaginale et la loge cale, sur 5 ans, les deux cas d’abcès de loge ou du cul-de-sac de
de myomectomie est fermée par voie vaginale. [6] Douglas sont survenus après myomectomie par voie vagi-
nale. [10] Ces complications nécessitent un drainage vaginal par
ouverture de la colpotomie et de la loge de myomectomie si
■ Indications besoin. On effectue un lavage-rinçage abondant en laissant un
drain pour plusieurs jours. Une antibiothérapie par voie
L’indication de la voie vaginale dépend de plusieurs facteurs. générale est administrée.
L’accès vaginal doit permettre la myomectomie. Cet accès est
plus aisé chez les patientes qui ont déjà accouché par voie basse.
L’utérus doit être mobile pour permettre les mouvements de
luxation. Cette mobilité, qui est différente de celle qu’on
■ Résultats
apprécie pour l’hystérectomie par voie vaginale, est altérée par Dans une étude multicentrique à laquelle nous avons parti-
les antécédents de chirurgie pelvienne ou d’infection utéroan- cipé, le taux de réussite de voie vaginale était de 87 % avec une
nexielle. Il faut donc être prudent avant d’envisager un abord durée moyenne d’hospitalisation de 4,7 jours. [9] Une étude
vaginal en cas d’antécédent de chirurgie pelvienne ou de anglaise rapporte un taux de 91 % avec une durée moyenne
salpingites. Le nombre de fibromes doit être limité à deux au d’hospitalisation de 3,9 jours. Il n’existe pas de données
maximum. La voie vaginale postérieure est réservée aux fibro- suffisantes pour apprécier le devenir à long terme. Cependant,
mes postérieurs ou postérofundiques. La voie antérieure est d’après notre expérience, l’évolution postopératoire est plus
choisie pour les fibromes antérieurs ou antérofundiques. rapide qu’une myomectomie par laparotomie.
Cependant, seul l’examen effectué sous anesthésie permet de
poser une indication de voie vaginale.
Par rapport à la cœlioscopie, la voie vaginale peut être ■ Fertilité et devenir obstétrical
privilégiée en cas de conditions difficiles pour la cœlioscopie :
obésité, tolérance hémodynamique du pneumopéritoine. Il Bien qu’aucune donnée ne soit disponible sur le devenir
existe une seule étude comparant la cœlioscopie à la voie obstétrical après myomectomie par voie vaginale, il ne semble
vaginale postérieure. [7] Les résultats de cette étude rapportent pas que la voie vaginale soit délétère sur le devenir obstétrical ;
une durée opératoire plus courte et un besoin morphinique notamment en ce qui concerne la qualité de la suture de la loge
moindre dans le groupe « voie vaginale ». de myomectomie qui est un facteur de risque de rupture
utérine. La voie vaginale permet une suture manuelle de qualité
équivalente à la laparotomie. Dans notre expérience, dix
patientes ont mené une grossesse à terme et ont toutes accou-
ché par voie vaginale sans problème de rupture utérine. Aucune
“ Points forts donnée n’est disponible sur la fertilité ultérieure.

La voie vaginale doit être réservée à l’exérèse d’un ou deux


fibromes au maximum.
■ Courbe d’apprentissage
La pratique de la myomectomie par voie vaginale nécessite le
respect de certaines étapes et d’un prérequis. Il est nécessaire de
savoir faire une myomectomie et d’être habitué à la chirurgie
par voie vaginale.
■ Complications À notre avis, le prérequis nécessaire est la compétence à
effectuer une myomectomie par laparotomie et la compétence
Complications peropératoires à réaliser une hystérectomie par voie vaginale.
Les premières myomectomies vaginales sont des voies posté-
Lésions d’organes de voisinage (vessie, rectum, rieures pour des fibromes de taille modérée et d’accès aisé. La
intestin grêle) voie postérieure permet un champ opératoire plus important
que celui de la voie antérieure.
Ces lésions peuvent être faites pendant la colpotomie ou au
moment de l’exérèse du fibrome. Si elles sont repérées en
peropératoire, leur réparation par voie vaginale permet une
évolution favorable. Leur méconnaissance entraîne un urinome
■ Références
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4 Techniques chirurgicales - Gynécologie


Myomectomie par voie vaginale ¶ 41-660

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myomectomy. J Am Assoc Gynecol Laparosc 2000;7:510-4. myomectomy: a prospective study. Fertil Steril 1999;71:961-4.
[5] Chin HY, Lee CL, Yen CF, Wang CJ, Soong YK. Laparoscopic-assisted
vaginal myomectomy through an anterior approach. J Laparoendosc [9] Agostini A, Deval B, Birsan A, Ronda I, Bretelle F, Roger V, et al.
Adv Surg Tech A 2004;14:135-8. Vaginal myomectomy using posterior colpotomy: feasibility in normal
[6] Pelosi 3rd MA, Pelosi MA. Laparoscopic-assisted transvaginal practice. Eur J Obstet Gynecol Reprod Biol 2004;116:217-20.
myomectomy. J Am Assoc Gynecol Laparosc 1997;4:241-6.
[7] Birsan A, Deval B, Detchev R, Poncelet C, Darai E. Vaginal and [10] Agostini A, Beerli M, Franchi F, Bretelle F, Blanc B. Gardnerella
laparoscopic myomectomy for large posterior myomas: results of a vaginalis bacteremia after vaginal myomectomy. Eur J Obstet Gynecol
pilot study. Eur J Obstet Gynecol Reprod Biol 2003;110:89-93. Reprod Biol 2003;108:229.

A. Agostini* (aagostini@mail.ap-hm.fr).
E. Colette.
I. Ronda.
F. Bretelle.
L. Cravello.
B. Blanc.
Service de gynécologie-obstétrique, Hôpital La Conception, 147, boulevard Baille, 13005 Marseille, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Agostini A., Colette E., Ronda I., Bretelle F., Cravello L., Blanc B. Myomectomie par voie vaginale. EMC
(Elsevier SAS, Paris), Techniques chirurgicales - Gynécologie, 41-660, 2005.

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Techniques chirurgicales - Gynécologie 5


¶ 41-662

Myomectomies par laparotomie


H. Foulot, N. Chopin, C. Malartic, A. Fauconnier, C. Chapron

Les myomectomies par laparotomie s’adressent essentiellement aux femmes en âge de procréer qui ont
des myomes symptomatiques et qui ne peuvent bénéficier d’un traitement chirurgical par voie
hystéroscopique ou cœlioscopique. Ces interventions ne sont pas dénuées de complications
peropératoires représentées essentiellement par des pertes sanguines importantes nécessitant une
transfusion, et postopératoires au premier rang desquelles se situent les adhérences postopératoires.
C’est souligner l’importance d’un bilan précis qui permettra d’évaluer au mieux les bénéfices et
inconvénients de ce type d’intervention.
© 2005 Elsevier SAS. Tous droits réservés.

Mots clés : Myomes utérins ; Myomectomies par laparotomie ; Adhérences pelviennes

Plan opératoire dont la meilleure indication est le myome unique


interstitiel et/ou sous-séreux de 3 à 8 cm. Des indications de
laparotomie persistent cependant. Elles sont définies essentiel-
¶ Introduction 1
lement sur la clinique, l’échographie pelvienne et l’hystérosco-
¶ Indications 1 pie diagnostique.
¶ Bilan préopératoire 1
Échographie pelvienne 2
Hystérosalpingographie
Hystéroscopie diagnostique en ambulatoire
2
2
■ Indications
¶ Préparation préopératoire 2 Les myomectomies s’adressent essentiellement aux femmes
Analogues de la LH-RH 2 en âge de procréer dont les myomes sont symptomatiques :
Transfusions autologues 2 ménorragies ou ménométrorragies, douleurs pelviennes et signes
Prostaglandines 2 de compression des organes adjacents, notamment la vessie
Embolisation des fibromes utérins 2 avec pollakiurie et rectale avec constipation. Il est à noter
¶ Technique opératoire 2 cependant que de plus en plus de patientes au-delà de 40 ans
Myomes sous-séreux pédiculés 3 refusent un traitement radical et demandent un traitement
Myome sous-séreux sessile 3 conservateur. Les myomes utérins sont rarement responsables de
Myome interstitiel 3 stérilité : Cette étiologie ne doit être envisagée qu’après avoir
Cas particuliers 3 éliminé tous les autres facteurs de stérilité par un bilan complet
comprenant en particulier courbe de température, dosages
¶ Prévention des adhérences postopératoires 3
hormonaux, hystérosalpingographie, test de Huhner, sérologie
Qualité de la chirurgie 3
chlamydia et cœlioscopie. Les indications de laparotomie sont
Barrières solides 4
représentées par les contre-indications à la voie hystéroscopique
Hydroflottation 4
et cœlioscopique. L’hystéroscopie s’adresse aux myomes sous-
¶ Complications postopératoires 4 muqueux de moins de 4 cm et la cœlioscopie essentiellement
Précoces 4 aux myomes uniques interstitiels et/ou sous-séreux de 3 à 8 cm.
Complications tardives 4 Les myomectomies par laparotomie s’adressent donc surtout
¶ Fertilité après myomectomie par laparotomie 4 aux utérus polymyomateux symptomatiques et chez une
¶ Alternatives à la myomectomie par laparotomie 4 patiente stérile aux myomes interstitiels multiples d’autant plus
Myomectomie par voie vaginale 4 qu’ils ont un diamètre important et un bord interne proche de
Embolisation des fibromes 4 l’endomètre. [1, 2]
¶ Conclusion 5

■ Bilan préopératoire
■ Introduction L’interrogatoire recherchera les antécédents de chirurgie
abdominopelvienne en particulier les interventions sur l’utérus.
Les myomectomies par laparotomie sont devenues moins L’examen clinique appréciera le volume utérin, sa position, sa
fréquentes depuis l’avènement de l’hystéroscopie opératoire qui mobilité et recherchera une douleur localisée à la palpation qui
permet la résection de myomes sous-muqueux et la cœlioscopie pourrait faire évoquer l’existence d’une nécrobiose.

Techniques chirurgicales - Gynécologie 1


41-662 ¶ Myomectomies par laparotomie

Échographie pelvienne à une transfusion homologue en cas de nécessité. La supplé-


mentation par fer est de toute façon largement recommandée.
C’est l’examen complémentaire le plus important. L’échogra-
phie pelvienne sera réalisée au mieux en deuxième partie de Prostaglandines
cycle, période où l’endomètre est le plus échogène et donc le
mieux visible et qui constitue un repère essentiel pour détermi- Une publication récente [5] a montré une diminution signifi-
ner la situation des myomes. Elle comprendra d’abord l’examen cative du risque de transfusion par l’administration préopéra-
avec une sonde abdominale pour diagnostiquer et mesurer les toire 60 minutes avant l’intervention d’une dose unique de
volumineux myomes sous-séreux sessiles et/ou pédiculés 400µg de misoprostol par voie vaginale. Les analogues des
notamment fundiques. L’examen sera poursuivi avec une sonde prostaglandines augmentent les contractions myométriales avec
vaginale qui permettra au mieux de visualiser les autres myomes une action sur les vaisseaux fournissant la vascularisation aux
et préciser leur nombre, leur diamètre, leur siège et leur fibromes. Il en résulte une diminution du flux sanguin.
localisation. Le doppler pourra apprécier la vascularisation du
ou des myomes principaux en mesurant l’indice de Pourcelot au Embolisation des fibromes utérins
niveau de l’artère utérine et des vaisseaux nourriciers.
Embolisation préopératoire
Hystérosalpingographie Elle est à discuter quand la polyomectomie par laparotomie
Elle est surtout utile chez les patientes ayant une stérilité pour s’accompagne d’un risque hémorragique élévé comme l’exis-
dépister une pathologie tubaire associée. Elle permettra de tence d’un utérus polymyomateux avec plusieurs myomes de
suspecter des myomes sous-muqueux diamètre supérieurs à 5 cm. Elle diffère de l’embolisation
exclusive par la réalisation d’une occlusion plus proximale au
niveau de l’artère utérine avec des particules résorbables. L’acte
Hystéroscopie diagnostique en ambulatoire chirurgical est programmé le même jour que l’embolisation.
Pratiquée au mieux entre le 9e et le 13e jour du cycle, elle L’avantage de cette méthode est d’avoir une chirurgie pratique-
permettra de diagnostiquer la présence d’un ou plusieurs ment exsangue.
myomes sous-muqueux et de dépister une hyperplasie associée.
L’IRM pelvienne a de rares indications : elle permet certes une Technique combinée
très bonne visualisation des fibromes mais est à réserver quand Elle comprend une embolisation classique associée à la
on a un doute entre myome utérin et adénomyose ou entre polymyomectomie par laparotomie. L’indication préférentielle
fibrome sous-séreux pédiculé et pathologie annexielle. est la patiente dont l’utérus est truffé de multiples petits
fibromes associés à un ou plusieurs myomes plus volumineux.
L’acte chirurgical consistera à enlever seulement les gros
■ Préparation préopératoire myomes, l’embolisation agissant sur les multiples petits fibro-
mes. Cette méthode n’est pas admise par tous, surtout chez la
Elle est indiquée quand on pense qu’il y a un risque de femme jeune désirant une grossesse en raison de quelques cas
transfusion pendant l’intervention. Elle a pour but de diminuer de complications graves liées à l’embolisation définitive,
les pertes sanguines peropératoires. Différentes méthodes ont été notamment la ménopause précoce et la nécrose utérine.
proposées, indiquées ci-après.

Analogues de la LH-RH ■ Technique opératoire


Prescrits pendant une durée de 2 à 4 mois, ils permettent une S’il existe un myome sous-muqueux diagnostiqué en préopé-
augmentation significative de l’hémoglobine et de l’hématocrite ratoire par l’échographie et l’hystéroscopie, il est intéressant de
préopératoire ce qui est intéressant chez les patientes ayant des mettre en place dans l’utérus au début de l’intervention une
ménorragies sévères responsables d’anémie. Ils entraînent une sonde urinaire pédiatrique dont le ballonnet sera gonflé à 3 ml
diminution significative du volume de l’utérus et des fibro- et par laquelle sera injecté en début d’intervention du bleu de
mes. [11] Les pertes sanguines péropératoires diminuent mais il méthylène dilué permettant de colorer la muqueuse.
n’a pas été démontré qu’il y avait une réduction significative du Une incision de Pfannenstiel est pratiquée dans la majorité
pourcentage de transfusions. Les analogues de la luteinizing des cas. Une incision transversale sus-pubienne avec section des
hormone-releasing hormone (LH-RH) ne sont d’autre part pas grands droits est à discuter en cas de laparotomie antérieure,
dénués d’effets secondaires et ont un coût élevé. [3, 4] On leur a notamment un antécédent de myomectomie par laparotomie
reproché par ailleurs de pouvoir méconnaître des petits fibromes faisant craindre des adhérences pelviennes importantes. Une
pendant l’intervention en raison de leur diminution de volume incision médiane est très rarement nécessaire, à réserver aux
avec le traitement C’est pourquoi, ils ne doivent pas être utérus polymyomateux remontant au-dessus de l’ombilic.
systématiquement prescrits avant myomectomie par laparoto- Des mesures préventives hémostatiques sont préconisées par
mie d’autant plus que leur utilisation semble parfois être certains auteurs : certains utilisent l’injection intramyométriale
responsable d’une difficulté de clivage entre le myome et le de vasopressine mais son utilisation sous forme d’ornipressin
myomètre adjacent. Ils sont à réserver aux patientes anémiques (por 8) est interdite en France. D’autres emploient un tourni-
ou aux patientes ayant un volumineux utérus polymyomateux. quet [6] qui enserre les vaisseaux utérins au niveau de l’isthme
après avoir réalisé deux petites fenêtres dans les ligaments
larges. Celui-ci est desserré toutes les 20 à 30 minutes pendant
Transfusions autologues l’intervention. Enfin plus récemment [7] a été rapporté la
Elles sont à proposer aux patientes dont l’intervention ligature bilatérale des artères utérines en début d’intervention
comporte un risque hémorragique élevé avec des pertes sangui- après avoir ouvert le péritoine dans le triangle limité par le
nes péropératoires dont on pense qu’elles pourraient être ligament rond, le ligament lombo-ovarien et l’artère iliaque
comprises entre 1 l et 1,5 l. Il s’agit principalement des poly- externe. Ce geste entraîne une diminution significative des
myomectomies pour volumineux utérus polymyomateux. Le pertes sanguines peropératoires. Cette technique ne semble pas
prélèvement se fait par dons successifs à plusieurs semaines altérer la fertilité ultérieure car le taux de grossesses est de
d’intervalle ou par prélèvement unique par érythrocytophérèse, 52,5 %. Enfin, les auteurs n’ont noté aucune récidive de
15 jours à 3 semaines avant l’intervention. Il faut cependant myomes symptomatiques sur une période moyenne de suivi de
que la patiente ne soit pas anémique (Hb ≥ 12g/100 ml) et 30 mois, ceci pourrait s’expliquer par un effet bénéfique de
qu’elle n’ait pas de signes infectieux. Il faut informer la patiente l’occlusion des artères utérines qui conduirait à l’ischémie puis
que la transfusion autologue n’est pas exempte de risque lié à à la disparition des petits myomes profondément enchâssés
la transfusion et qu’elle n’élimine pas complètement le recours dans le myomètre.

2 Techniques chirurgicales - Gynécologie


Myomectomies par laparotomie ¶ 41-662

Figure 1. Hémisection du myome utérin. Figure 2. Suture utérine après myomectomie.

Lors de la réalisation d’une myomectomie, il est important de La suture de l’utérus se fait généralement en deux plans sauf
rester dans le plan de clivage du myome par rapport au myo- pour les myomes implantés sur le tiers externe du myomètre. Le
mètre adjacent car il s’agit d’un plan pratiquement avasculaire. premier plan myométrial profond est réalisé par des points en
Pour cela, l’énucléation se fera en restant toujours au contact du X avec une longue aiguille de vicryl 0 ou 1 en prenant garde
myome, ne laissant aucune fibre musculaire sur le myome. La de ne pas laisser d’espace mort au fond de l’incision pouvant
dissection à la base du fibrome est parfois plus hémorragique être à l’origine d’un hématome intramural. En cas d’ouverture
rendant utiles des hémostases préventives par coagulation au de la cavité, la suture se fera par des points extramuqueux,
bistouri électrique. l’endomètre étant plus facilement repéré avec une injection
préalable transcervicale de bleu de méthylène. On débute par les
Myomes sous-séreux pédiculés points d’angle puis par des points tous les cm qui sont d’abord
Le pédicule est coagulé au contact du myome puis sectionné tous passés sans les nouer afin de toujours bien visualiser la
au bistouri électrique ou aux ciseaux. La suture de la séreuse partie la plus profonde du myomètre. Un deuxième plan
n’est pas indispensable si la surface d’insertion du pédicule sur séromusculaire est réalisé avec un surjet de Prolène ou PDS
l’utérus est étroite. 3/0 ou 4/0.

Myome sous-séreux sessile Cas particuliers


Une hystérotomie au bistouri froid dont la longueur est Myome du ligament large
inférieure au diamètre du myome est réalisée à l’aplomb de
celui-ci. Le myome, saisi par une pince de Pozzi est alors Le péritoine du ligament large est incisé sur quelques centi-
progressivement énucléé aux ciseaux. La suture de l’utérus se mètres en zone avasculaire puis le myome est progressivement
fera en un seul plan séromusculaire de fil non résorbable ou à dégagé en restant à son contact après avoir repéré l’uretère.
résorption lente.
Myome cervical
Myome interstitiel Il faut prendre soin de ne pas léser l’uretère qui est souvent
accolé au myome. Une urétérolyse permettant de refouler
Le siège de l’hystérotomie sera choisi de manière à pouvoir
l’uretère en dehors sera souvent nécessaire, parfois jusqu’à
faire l’exérèse d’un maximum de myomes par la même incision.
l’abouchement de celui-ci dans la vessie.
Habituellement une incision sagittale est réalisée sur la partie
médiane du myome repéré par visualisation ou palpation.
Parfois on est obligé de recourir à plusieurs hystérotomies.
Myomectomie et césarienne
Quand le myome est > à 5 cm, la technique d’hémisection est La myomectomie est à déconseiller dans la majorité des cas
à privilégier. Après avoir pris contact avec le myome qui a une en raison du risque hémorragique accru de cette intervention au
couleur blanc nacré, on débute l’hémisection (Fig. 1) puis on cours d’une césarienne. Quelques auteurs [8] cependant ont
saisit les deux berges du myome avec des pinces de Pozzi ou de rapporté leur expérience sur cette association sans noter
Museux qui permettent d’exercer un traction vers le haut. En d’augmentation significative de la morbidité intra- et post-
poursuivant l’hémisection, le myome s’extériorise progressive- partum.
ment. Les deux moitiés sont alors clivées du myomètre adjacent Elle pourrait être envisagée exceptionnellement en cas de
aux ciseaux ou au bistouri en restant au contact du myome et volumineux myome sous-séreux pédiculé.
en faisant éventuellement des hémostases préventives des
vaisseaux nourriciers au niveau de la base des myomes. On
palpera soigneusement le myomètre au niveau du fond de ■ Prévention des adhérences
l’incision pour ne pas méconnaître un myome interstitiel plus
profond et/ou sous-muqueux. En cas de myome interstitiel et postopératoires
sous-muqueux, l’ouverture de la cavité utérine n’est pas toujours
nécessaire. S’il existe une myomatose utérine diffuse avec Qualité de la chirurgie
myomes sous-muqueux, on réalise une grande hystérotomie
médiane sagittale intéressant le fond et débordant sur les faces Plusieurs précautions semblent importantes :
antérieures et postérieures. On fera l’exérèse des différents • tout d’abord minimiser le traumatisme tissulaire en particulier
myomes par cette incision. Lors de la suture utérine (Fig. 2), il de la séreuse utérine ;
faudra au préalable bien repérer les ostiums tubaires pour qu’ils • limiter au maximum le nombre et la longueur des hystéroto-
ne soient pas intéressés dans les points de suture. Quand le mies surtout au niveau de la face postérieure de l’utérus.
myome est de petite taille il est simplement énucléé aux ciseaux La suture du plan superficiel de l’utérus doit assurer un
en s’aidant d’une traction avec une pince de Pozzi. rapprochement précis des deux berges de la séreuse.

Techniques chirurgicales - Gynécologie 3


41-662 ¶ Myomectomies par laparotomie

Barrières solides postérieure par rapport aux incisions antérieures ou fundi-


ques. [12] En cas d’hystérotomie postérieure, des taux d’adhéren-
Leur but est de créer une interposition entre une zone ces annexielles > à 90 % ont été rapportés. Le grand épiploon et
dépéritonisée et les organes adjacents pendant la période le rectosigmoïde sont fréquemment impliqués dans ces adhé-
critique de développement des adhérences les 5 à 7 premiers rences qui à elles seules peuvent causer un problème de stérilité.
jours après la chirurgie. Seules les barrières biodégradables Ceci explique l’intérêt chez les patientes stériles ou souhaitant
présentent un intérêt. L’Interceed® est une membrane résorba- une grossesse de pratiquer une cœlioscopie de contrôle pour
ble, composée de cellulose régénérée oxydée qui sera appliquée libérer ces adhérences. Celle-ci sera réalisée 6 semaines à 2 mois
sur l’utérus pour recouvrir les incisions utérines. Elle se résorbe après la laparotomie, période où la cicatrisation de la séreuse
en 28 jours. Mais son utilisation nécessite l’obtention préalable utérine est achevée et où les adhérences sont encore lâches
d’une hémostase de très bonne qualité ce qui n’est pas toujours permettant d’effectuer un lysis qui pourra le plus souvent être
le cas après myomectomie par laparotomie. Son efficacité a été complet.
démontrée dans plusieurs études cliniques mais son coût est
relativement élevé. Récidives
Hydroflottation Elles sont fréquentes. Des taux variant de 5 % à 45 % ont été
rapportés, ceux-ci étant d’autant plus importants que le délai
Le Ringer lactate s’est avéré inefficace en raison d’une d’observation est plus long. Elles pourraient s’expliquer en
résorption rapide inférieure à 24 heures. L’Icodextine ou Adept® partie par l’exérèse incomplète des myomes lors de l’interven-
est un polymère du glucose qui est incolore, non visqueux et tion laissant en place en particulier de petits myomes profon-
iso-osmotique. Les solutions d’Icodextrine à 7,5 % sont utilisées dément enchâssés dans le myomètre. Ces récidives seront
depuis de nombreuses années pour les dialyses péritonéales chez suspectées devant la récidive de symptômes hémorragiques et
les insuffisants rénaux. La constatation d’absence de formation confirmées par l’échographie pelvienne.
d’adhérences chez ces patients a été à l’origine de son utilisation
dans un but antiadhérentiel. Cet effet s’explique par une Synéchies
absorption lente du produit par le péritoine supérieure à 4 jours.
Des études sur l’animal et une étude clinique après cœlioscopie Elles sont surtout à craindre en cas d’ouverture de la cavité
chirurgicale [9] ont montré son efficacité. Cent millilitres du utérine avec exérèse de myomes sous-muqueux. On les suspec-
produit sont utilisés en lavage peropératoire au moins toutes les tera en cas d’hypoménorrhée postopératoire. La prévention
30 minutes et 1 litre est laissé dans la cavité péritonéale en fin consisterait à ne faire l’exérèse que des myomes situés sur une
d’intervention. L’avantage de l’hydroflottation par rapport aux face et à reporter dans un deuxième temps opératoire la
barrières solides est une action diffuse avec donc un effet résection sous hystéroscopie du ou des myomes sous-muqueux
potentiel sur la formation d’adhérences de novo. résiduels situés sur la face opposée.

■ Complications postopératoires [10, 11] ■ Fertilité après myomectomie


par laparotomie
Précoces
Des taux de grossesse de 50 à plus de 60 % ont été rapportés
Fièvre postopératoire après ce type d’intervention chez des patientes ayant une
Elle n’est pas rare malgré une antibioprophylaxie peropéra- stérilité étiquetée inexpliquée. [13] Il est cependant difficile de
toire. Elle incite à rechercher une étiologie bien que dans la conclure à l’effet bénéfique de la myomectomie sur la stérilité
plupart des cas aucune cause ne soit retrouvée avec une dans la mesure où aucune étude randomisée n’a comparé la
disparition spontanée de cette fièvre en quelques jours. On myomectomie à l’absence de traitement chirurgical. Une étude
recherchera en particulier une phlébite, une infection urinaire, rétrospective récente [7] cependant montre que la myomectomie
une infection pulmonaire ou une étiologie pelvienne liée à par laparotomie augmente les chances de grossesses après
l’intervention, le plus souvent un hématome intramural. On l’intervention (de 28 % à 70 %) et diminuent les risques de
demandera une échographie pelvienne qui permettra de confir- fausses couches (de 69 % à 25 %) tendant à prouver un effet
mer le diagnostic, de mesurer sa taille et servira de repère pour bénéfique de l’exérèse de myomes interstitiels et sous-séreux sur
suivre l’évolution. Un scanner abdominopelvien pourrait être l’obtention et l’issue des grossesses. Il est dans tous les cas
pratiqué en cas de syndrome infectieux sévère. Dans la grande important d’avoir dépisté et corrigé d’éventuels facteurs de
majorité des cas ces hématomes intramuraux avec fièvre stérilité avant l’intervention. [14, 15]
régressent progressivement sous antibiothérapie intraveineuse
puis per os.
■ Alternatives à la myomectomie
Transfusions per- et/ou postopératoires
Elles sont parfois nécessaires pendant et/ou dans les heures
par laparotomie
qui suivent l’intervention. En cas de saignement peropératoire
estimé à plus de 500 ml (en l’absence d’anémie préopératoire) Myomectomie par voie vaginale
le taux d’hématocrite et/ou d’hémoglobine sera surveillé à
Elle peut s’envisager chez des patientes [16, 17] dont l’utérus est
plusieurs reprises en postopératoire, le premier prélèvement
de volume modéré et bien mobile avec un accès vaginal
pouvant être effectué en salle de réveil. Le seuil transfusionnel
suffisant. La colpotomie peut être postérieure et/ou antérieure
est défini en fonction de l’état du patient et des recommanda-
en fonction de la position des myomes. L’utérus est alors
tions de la législation en cours.
mobilisé pour amener le myome en regard de la colpotomie. La
Autres complications myomectomie s’effectue de façon identique à la laparotomie
puis l’incision de colpotomie est suturée.
Elles sont plus rares que ce soit une phlébite, un iléus
paralytique ou un abcès de paroi.
Embolisation des fibromes
Complications tardives Chez les patientes au-delà de 40 ans, l’embolisation est une
alternative intéressante à la polymyomectomie par laparotomie
Adhérences postopératoires chez les patientes souhaitant conserver leur utérus d’autant plus
La fréquence et le degré d’adhérences annexielles sont s’il y a un antécédent de laparotomie et/ou une pathologie
significativement plus importants en cas d’incision utérine médicale augmentant le risque opératoire.

4 Techniques chirurgicales - Gynécologie


Myomectomies par laparotomie ¶ 41-662

Actuellement, il ne semble pas indiqué de proposer de [3] Lethaby A, Vollenhoven B, Sowter M. Efficacy of pre-operative
première intention une embolisation de myomes utérins chez gonadotrophin hormone releasing analogues for women with uterine
une patiente souhaitant une grossesse d’autant plus qu’une fibroids undergoing hysterectomy or myomectomy: a systematic
étude récente [18] montre une augmentation du taux d’accou- review. Br J Obstet Gynaecol 2002;109:1097-108.
chement prématuré et des présentations anormales après [4] Farquhar C, Brown PM, Furness S. Cost effectiveness of pre-operarive
embolisation par rapport à un groupe de patientes ayant eu une gonadotrophin releasing analogues for women with uterine fibroids
myomectomie percœlioscopique. undergoing hysterectomy or myomectomy. Br J Obstet Gynaecol 2002;
109:1273-80.
[5] Celik H, Sapmaz E. Use of a single preoperative dose of misoprostol is
efficacious for patients who endergo abdominal myomectomy. Fertil
■ Conclusion Steril 2003;79:1207-10.
[6] Fletcher H, Frederick J, Hardie M, Simeon D. A randomized
Les myomectomies par laparotomie occupent maintenant comparison of vasopressin and tourniquet as hemostatic agents during
une place moins importante dans la prise en charge des myomectomy. Obstet Gynecol 1996;87:1014-8.
patientes avec fibromes utérins. Elles gardent cependant des [7] Liu WM, Tzeng CR, Chen YJ, Wang PH. Combining the uterine
indications en particulier chez les patientes en âge de procréer depletion procedure and myomectomy may be useful for treating
qui ont des fibromes symptomatiques ou de diamètre impor- symptomatic fibroids. Fertil Steril 2004;82:205-10.
tant. Leurs indications doivent être soigneusement posées en [8] Roman AS, Tabsh KM. Myomectomy at time of cesarean delivery.
raison de l’existence non exceptionnelle de complications BMC Pregnancy Childbirth 2004;4:14.
opératoires et postopératoires. [9] DiZerega GS, Verco SJ, Young P, Kettel M, Kobak W, Martin D, et al.
A randomized, controlled pilot study for the safety and efficacy of 4%
icodextrin solution in the reduction of adhesions following
laparoscopic gynaecological surgery. Hum Reprod 2002;17:1031-8.
[10] Iverson RE, Chelmow D, Strohben K, Waldman L, Evantash E. Rela-

“ Mise au point
[11]
tive morbidity of abdominal hysterectomy and myomectomy for mana-
gement of uterine leiomyomas. Obstet Gynecol 1996;88:415-9.
Lamorte A, Lalwani S, Diamond MP. Morbidity associated with abdo-
minal myomectomy. Obstet Gynecol 1993;82:897-900.
La principale indication des myomectomies par
[12] Sawin SW, Pilevsky ND, Berlin JA, Barnhart KT. Comparability of
laparotomie concerne les myomes utérins sympto- perioperative morbidity between abdominal myomectomy and
matiques chez la femme de moins de 40 ans. hysterectomy for women with uterine leiomyomas. Am J Obstet
Différentes mesures prophylactiques pré- et per- Gynecol 2000;183:1448-55.
opératoires sont disponibles pour diminuer le risque [13] Tulandi T, Murray C, Guralnick M. Adhesion formation and
hémorragique peropératoire. reproductive outcome after myomectomy and second look laparoscopy.
Obstet Gynecol 1993;82:213-5.
Les adhérences postopératoires sont une complication
[14] Marchionni M, Fambrini M, Zambelli V, Scarselli G, Susini T.
tardive fréquente qui peuvent à elles seules compromettre Reproductive outcome before and after abdominal myomectomy. Fertil
la fertilité spontanée. Steril 2004;82:154-9.
[15] Vercellini P, Maddalena S, De Giorgi O, Aimi G, Crosignani PG. Abdo-
minal myomectomy for infertility: a comprehensive review. Hum
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Obstet Gynecol 2003;101(5Pt1):881-4. 2004;191:18-21.

H. Foulot, Praticien hospitalier (herve.foulot@cch.ap-hop-paris.fr).


N. Chopin, Chef de clinique-assistant.
C. Malartic, Chef de clinique-assistant.
Service de chirurgie gynécologique, Hôpital Cochin, 123, boulevard de Port-Royal, 75013 Paris, France.
A. Fauconnier, Praticien hospitalier.
Service de gynécologie obstétrique, Hôpital de Poissy, 10, rue du Champ-Gaillard, 78303 Poissy cedex, France.
C. Chapron, Professeur agrégé.
Service de chirurgie gynécologique, Hôpital Cochin, 123, boulevard de Port-Royal, 75013 Paris, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Foulot H., Chopin N., Malartic C., Fauconnier A., Chapron C. Myomectomies par laparotomie. EMC
(Elsevier SAS, Paris), Techniques chirurgicales - Gynécologie, 41-662, 2005.

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Techniques chirurgicales - Gynécologie 5


¶ 41-666

Myomectomies :
prévention de l’hémorragie
C. Davitian, G. Ducarme, A.-B. Rodrigues, A. Tigaizin, H. Dauphin, M. Benchimol,
N. Seince, M. Uzan, C. Poncelet

La myomectomie est un acte chirurgical permettant aux patientes de conserver leur utérus dans le cadre
d’une maladie myomateuse. Différentes voies d’abord peuvent être envisagées pour réaliser cette
intervention. Cependant, une hémorragie peropératoire importante peut être à l’origine de complications
comme, par exemple, une chirurgie incomplète, une modification de voie d’abord, un choc
hypovolémique, une transfusion sanguine et une anémie sévère postopératoire, imposant une
transfusion ou un traitement martial et ralentissant la reprise d’activité. Devant ces constatations, il
semble légitime de s’intéresser aux différents moyens permettant de prévenir l’hémorragie peropératoire.
Plusieurs moyens médicaux préopératoires ont bénéficié d’une évaluation sérieuse. L’utilisation
d’agonistes de la Gn-RH (gonadotrophin releasing hormone) en préopératoire semble permettre, via
une réduction du volume utérin par remaniements vasculaires du myomètre, une diminution de
l’hémorragie peropératoire, mais ces résultats sont encore controversés. Les administrations
d’antagonistes de la GnRH, de misoprostol ou d’antiprogestérone semblent prometteuses, mais des
études complémentaires doivent être réalisées avant de pouvoir conclure. L’embolisation préopératoire
des myomes pourrait réduire les pertes sanguines peropératoires. Cependant, son utilisation chez les
femmes désireuses de grossesse est en cours d’évaluation. Des moyens peropératoires sont également
utilisables : chimiques avec l’utilisation de produits vasoconstricteurs ou d’ocytociques, et mécaniques
interrompant temporairement le flux sanguin myométrial. Certains d’entre eux ont fait la preuve de leur
efficacité. Les alternatives à la chirurgie, comme les techniques de myolyse, qui impliquent une destruction
in situ des myomes, nécessitent, notamment chez les femmes jeunes désireuses de grossesse, des données
complémentaires.
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Mots clés : Myomectomie ; Hémorragie ; Gonadotrophin releasing hormone ; Embolisation ; Ocytociques

Plan ■ Introduction
¶ Introduction 1 La pathologie myomateuse est la pathologie tumorale pel-
vienne bénigne la plus fréquente chez les femmes en âge de
¶ Moyens hémostatiques préopératoires 2
procréer. [1] Chez les patientes désireuses de grossesse, la
Autotransfusion et administration d’érythropoïétine humaine
conservation utérine s’impose. Chez les autres femmes, non
recombinante 2 désireuses de grossesse ou ménopausées, un geste radical peut
Agonistes de la gonadotrophin releasing hormone (Gn-RH) 2 être considéré comme une mutilation génitale. De ce fait, la
Antagonistes de la Gn-RH 2 conservation utérine est une requête de plus en plus fréquente.
Misoprostol 2 Sampson et Bardon, au début du XXe siècle, ont étudié la
Antiprogestérones (mifépristone) 2 vascularisation des myomes et décrit la richesse vasculaire du
Embolisation préopératoire des myomes utérins 2 réseau périphérique du myomètre adjacent au myome. Ce
¶ Moyens hémostatiques peropératoires 2 réseau vasculaire avait déjà été décrit en encorbellement autour
Moyens mécaniques 3 du processus tumoral. [2, 3]
Moyens chimiques 3 L’importance du risque hémorragique paraît donc être l’un
¶ Autres techniques 3 des problèmes majeurs lors de la myomectomie. [4] L’hémorragie
peropératoire peut être à l’origine de nombreuses complications.
¶ Conclusion 4 Elle peut imposer une laparoconversion lors de myomectomies
cœlioscopiques. [5, 6] Lors des hystéroscopies, un geste incomplet
et une intravasation d’un volume important du milieu de
distension peuvent être observés. [7] De plus, le saignement

Techniques chirurgicales - Gynécologie 1


41-666 ¶ Myomectomies : prévention de l’hémorragie

peropératoire réduit les possibilités de temps d’exposition et également être à l’origine de difficultés opératoires. Certains
allonge la durée d’intervention. Plus rarement, un choc hypo- auteurs ont, en effet, rapporté des difficultés à repérer le plan de
volémique impose une transfusion sanguine et/ou une hysté- clivage entre myomètre sain et myome au cours de
rectomie d’hémostase. Une anémie postopératoire nécessite l’intervention. [20]
fréquemment un traitement martial et parfois une transfusion Pour certains auteurs, l’utilisation d’agonistes de la Gn-RH en
sanguine. Le taux de transfusion peropératoire est actuellement préopératoire, durant 1 à 3 mois avant l’intervention, permet
évalué à environ 5 %. [8] d’obtenir une réduction du volume du ou des myomes, [21-24]
La laparotomie, la cœlioscopie, la voie vaginale et/ou l’hysté- une diminution des pertes sanguines peropératoires, [21-23, 25, 26]
roscopie sont les voies classiques d’abord chirurgical pour une ainsi qu’une diminution du temps opératoire dans le groupe
myomectomie. La laparotomie est de plus en plus réservée aux traité. [25, 26] Pour d’autres, ce traitement n’entraîne pas de
contre-indications des autres voies d’abord. Elle serait pour- diminution significative des pertes sanguines, ni du temps
voyeuse d’hémorragies peropératoires plus importantes. [9-12] opératoire. [23, 24, 27] De plus, les patientes traitées semblaient
Pour Takeuchi et Kuwatsuru, la taille du myome supérieure à avoir un risque plus élevé de récidive. [21, 28, 29] Pour Lethaby et
10 cm est un facteur aggravant l’hémorragie peropératoire. [13] al., la diminution du volume des myomes dans le groupe traité
La voie cœlioscopique connaît ses limites, dont l’hémorragie fait par agonistes permettait une réduction du recours à la laparo-
partie. [14] Elle implique en outre des durées d’intervention plus tomie par incision médiane. [23]
longues. [11] La voie hystéroscopique peut être envisagée en cas
de myomes sous-muqueux ou intramuraux de type II, ne Antagonistes de la Gn-RH
dépassant pas 4 cm. [15]
Quelle que soit la voie d’abord chirurgicale, il paraît indis- L’utilisation des antagonistes de la Gn-RH durant 3 mois a
pensable de réduire au minimum le risque hémorragique. permis de mettre en évidence une diminution du volume
Différents moyens médicaux et plusieurs techniques chirurgica- utérin, [30] qui faciliterait le clivage du myome et permettrait
les en pré- et/ou peropératoire peuvent être employés afin de une diminution du saignement peropératoire [31] chez des
réduire l’hémorragie peropératoire et d’éviter ses complications. femmes non ménopausées. Ces molécules, intéressantes sur le
Cet article a pour but de décrire et de faire le point sur ces plan physiopathologique, n’ont pas été suffisamment évaluées
différentes méthodes. dans ce contexte.

Misoprostol
■ Moyens hémostatiques
L’administration d’une dose unique de misoprostol de 400 µg
préopératoires par voie vaginale chez 25 patientes une heure avant la myo-
mectomie a montré une réduction des pertes sanguines peropé-
Certains moyens préopératoires ont pour but d’augmenter la
ratoires et du temps opératoire. [32] Son utilisation apparaît
masse sanguine disponible. D’autres peuvent être utilisés afin de
prometteuse et nécessite des études complémentaires. [33]
réduire le volume de l’utérus ou du processus tumoral pour
limiter le risque hémorragique.
Antiprogestérones (mifépristone)
Autotransfusion et administration Sur une série de 30 patientes, l’administration de 25 à 50 mg
d’érythropoïétine humaine recombinante par jour de RU 486 pendant 3 mois montre une diminution du
volume des myomes [34] par diminution du flux dans les artères
Le recours à l’autotransfusion peut être envisagé lorsque le utérines [35] par comparaison avec les analogues de la GnRH.
temps et l’état général de la patiente le permettent. Une Cependant, aucune donnée fiable sur son intérêt en préopéra-
stratégie d’épargne sanguine est élaborée dans la période toire afin de réduire la spoliation sanguine n’est disponible.
préopératoire. Les modalités de cette procédure doivent être
abordées lors de la consultation avec le chirurgien et de
l’entretien préanesthésique. Des règles strictes encadrent cette Embolisation préopératoire des myomes
procédure. En effet, elle ne peut pas être mise en place en utérins
présence de contre-indications cardiaques (angor instable,
Cette technique est utilisée dans le cadre des chirurgies
sténose serrée du tronc commun, rétrécissement ou insuffisance
potentiellement hémorragiques et difficiles. Une échographie
aortique syncopale, index cardiaque non contrôlé) ou d’anémie
doppler avant embolisation est réalisée afin de visualiser le
sévère, d’hémoglobinopathie, d’infection bactérienne active, de
réseau vasculaire périmyomateux. [36]
sténose carotidienne, d’ischémie cérébrale transitoire, d’hypo-
Elle consiste en l’oblitération transitoire (72 heures en
volémie, de déshydratation ou de malnutrition. [16]
moyenne) des deux artères utérines et de leurs branches
L’utilisation préopératoire d’érythropoïétine humaine recom-
proximales par des particules résorbables, permettant de réaliser
binante permet la correction d’une éventuelle anémie en
une chirurgie quasiment exsangue. L’embolisation doit absolu-
prévention d’une hémorragie peropératoire. [17]
ment être effectuée de façon bilatérale afin d’éviter les échecs
En dépit de leur intérêt potentiel, aisément compréhensible,
inhérents à la richesse du réseau vasculaire anastomotique
ces procédures impliquent de différer la chirurgie et ne mettent
périmyomateux. [37] L’embolisation pratiquée immédiatement
pas à l’abri d’une transfusion sanguine hétérologue complé-
avant la chirurgie semble permettre une diminution des pertes
mentaire. De plus, elles souffrent d’un défaut d’évaluation
sanguines en peropératoire. [37-39]
spécifique.

Agonistes de la gonadotrophin releasing ■ Moyens hémostatiques


hormone (Gn-RH)
peropératoires
L’utilisation d’agonistes de la Gn-RH en préopératoire a fait
l’objet de plusieurs études visant à déterminer si leur utilisation Le volume du saignement peropératoire dépend de plusieurs
apportait un avantage. Les résultats retrouvés dans la littérature critères. Pour Vercellini et al., il augmente de manière significa-
sont controversés. Le mécanisme d’action des agonistes de la tive lorsque la taille de l’utérus est supérieure à celle de
Gn-RH passe par un état d’hypo-œstrogénie entraînant une 12 semaines d’aménorrhée et lorsque la longueur totale des
diminution du volume des myomes. En outre, ils induisent une incisions réalisées sur l’utérus dépasse 10 cm. [24] Comme pour
diminution du flux artériel utérin par diminution du diamètre Ginsburg et al., [40] le volume total des myomes retirés influe
et de l’épaisseur des parois vasculaires des vaisseaux artériels sur les pertes sanguines peropératoires, mais pas le nombre de
pouvant induire des phénomènes thrombotiques et une hyali- myomes. Le temps opératoire semble également être corrélé au
nisation des myomes. [18, 19] Cependant, leur utilisation peut volume des pertes sanguines. [40] Les risques hémorragique et de

2 Techniques chirurgicales - Gynécologie


Myomectomies : prévention de l’hémorragie ¶ 41-666

transfusion semblent augmenter lorsque le poids total de Moyens chimiques


l’utérus est supérieur ou égal à 500 g, avec des pertes sanguines
au moins égales à 500 ml. [41] Du fait d’effets secondaires non négligeables que comportent
les moyens mécaniques, des procédés pharmacologiques ont été
proposés.
Moyens mécaniques Injection in situ de produits vasoconstricteurs
L’interruption temporaire du flux sanguin vers le corps utérin Des produits tels que la vasopressine, l’ornithine 8 vasopres-
permet une réduction de l’hémorragie peropératoire. Plusieurs sine, la néosynéphrine ont été étudiés. Ils produisent un spasme
techniques ont été rapportées. vasculaire, aussi bien des vaisseaux utérins que des branches
vasculaires provenant des anastomoses des ligaments utéro-
Clampage de la région cervico-isthmique ovariens, ainsi qu’une contraction du muscle utérin. L’adréna-
Technique de Bonney (1922) line a été abandonnée du fait d’effets secondaires trop sévères.
Leur utilisation doit être prudente sans être intravasculaire. [50]
Elle consiste en un clampage antéropostérieur de l’isthme à Ces produits sont contre-indiqués en cas d’angor, d’hyperten-
l’aide d’un clamp de Shirodkar. [42] sion artérielle ou d’épilepsie, car les effets systémiques ne sont
pas nuls. Il n’y aurait a priori pas d’effet rebond sur l’hémorra-
Technique de Rubin [43, 44]
gie ni de risques de nécrose tissulaire. Ces produits sont
Cette technique, encore appelée technique du tourniquet, interdits d’utilisation en France.
consiste en la mise en place puis le serrage d’un garrot élastique Une injection de 20 UI de vasopressine diluées dans 20 ml de
(drain en latex) en passant près de la base de chaque ligament sérum physiologique est réalisée en peropératoire dans la séreuse
large, en restant en dehors des pédicules utérins. Au cours de la et/ou le myomètre avant les incisions. Smith et Uhlir [51]
technique décrite par Rubin, le serrage est lâché toutes les recommandent la dilution de 20 UI de vasopressine dans
10 minutes pour éviter la sécrétion de substances toxiques qui 200 ml de sérum physiologique. Russel [52] utilise 20 UI de
pourraient être à l’origine d’une hypotension lorsqu’elles vasopressine diluées dans 10 ml de sérum physiologique sans
diffusent dans la circulation générale. Monaghan [45] préconise complications délétères. Une réduction significative des pertes
le desserrage du garrot toutes les 20 minutes seulement. Ces sanguines peropératoires dans le groupe « vasopressine » a été
moyens de compression mécaniques peuvent cependant être à montrée versus placebo. [53] D’autre part, Fletcher et al., [44] à
l’origine de complications thromboemboliques, ischémiques l’aide d’une étude randomisée comparant la technique de Rubin
(notamment tubaires), nécrotiques, ainsi que de coagulopathies (tourniquet) à l’utilisation de vasopressine en peropératoire, ont
et de chocs lors de la compression de l’isthme. Certains auteurs mis en évidence une différence significative concernant les
insistent sur le fait que l’ischémie artificielle ne doit pas être pertes sanguines et le nombre de patientes avec pertes sanguines
continue. Pour d’autres, une ischémie continue de 1 heure ou supérieures à 1 l en faveur du groupe « vasopressine ».
plus ne serait pas préjudiciable. [44] Lors des myomectomies par voie hystéroscopique, Corson et
al. [7] montrent qu’une injection de vasopressine dans le col
Ligature des artères utérines utérin avant le geste opératoire réduit le saignement peropéra-
toire par rapport au groupe « contrôle ».
Après repérage des deux artères utérines et des uretères, une
double ligature à l’aide d’un fil résorbable (polyglactine, Vicryl® Injection par voie générale d’ocytociques
2/0, Ethicon) est réalisée à la partie ascendante de ces artères
avant de débuter la myomectomie. Contrairement aux métho- Le bénéfice d’une injection d’ocytociques en peropératoire
des mécaniques (cf. supra), cette technique reste encore active (15 UI dans 500 ml de sérum physiologique), débutée lors de
après la fin de l’intervention car les fils sont laissés en place. l’incision utérine, a été étudiée par Baldoni et al. [54] L’injection
Cela semble jouer également un rôle dans la diminution de la intraveineuse d’un dérivé de la prostaglandine E2 en peropéra-
spoliation sanguine en postopératoire immédiat. toire, durant une myomectomie par voie cœlioscopique, semble
Liu et al. [46] ont montré une diminution significative du permettre une diminution des pertes sanguines peropératoires.
temps opératoire et des pertes sanguines dans le groupe « myo- Plus récemment, Agostini et al. [55] dans une étude prospec-
mectomie et ligature artérielle » par rapport au groupe « myo- tive, randomisée, effectuée en double aveugle, sur une série de
mectomie », les deux groupes ayant bénéficié d’une injection 84 patientes ayant bénéficié d’une myomectomie, ne retrouvent
locale de vasopressine. aucune différence significative entre le groupe « ocytocine » et
Sapmaz et al. [47] comparent l’efficacité de la ligature des le groupe « placebo » sur le plan de l’hémorragie peropératoire
artères utérines (groupe 1) à la technique du tourniquet (groupe et du taux de transfusion. Cependant, d’autres études doivent
2) dans le cadre des myomectomies par laparotomie. Ils mettent être réalisées afin de permettre une évaluation de ce produit
en évidence un avantage en termes de volume des pertes utilisé dans cette indication.
sanguines en peropératoire et de taux d’hémoglobine en
postopératoire en faveur du groupe 1.
■ Autres techniques
Clampage vasculaire électif des artères ovariennes La technique de myolyse par laser Yag peut être proposée en
De Lancey [48]
utilise la technique du tourniquet couplée à la alternative à la myomectomie cœlioscopique chez des patientes
ligature élective du ligament utéro-ovarien. Cette dernière porteuses de myomes intramuraux multiples non désireuses de
technique ne semble pas apporter d’avantages si elle est utilisée grossesses ultérieures. Elle permet une réduction du volume des
seule. En revanche, son couplage à une autre technique paraît myomes d’environ 40 %, mais semble être pourvoyeuse d’adhé-
avoir le mérite d’obtenir une excellente hémostase rences denses aux sites de coagulation. [56] La myomectomie par
peropératoire. laser CO2 semble permettre une diminution des phénomènes
adhérentiels, ainsi qu’une meilleure hémostase. [57] Pour Mac
Laughlin, cette technique permet de minimiser le saignement
Utilisation d’un « cell-saver »
postopératoire tout en augmentant la conservation de tissu
L’utilisation d’un cell-saver peut être discutée en peropératoire. sain. [58]
Son utilisation est étudiée au cas par cas et semble apporter un Le traitement par ultrasons focalisés, guidé par imagerie par
bénéfice lorsque l’intervention est particulièrement hémorragi- résonance magnétique, est un moyen permettant d’obtenir la
que. [49] Toutefois, ces cas semblent difficiles à identifier avant nécrose de la tumeur. [59]
l’intervention et une utilisation systématique mériterait une La cryomyolyse, effectuée après traitement par agonistes de la
évaluation plus sérieuse, notamment du fait d’un manque de Gn-RH, semble entraîner une stabilisation, voire une diminu-
disponibilité de cet appareillage. tion de la taille des myomes. [60]

Techniques chirurgicales - Gynécologie 3


41-666 ¶ Myomectomies : prévention de l’hémorragie

Cependant, ces différentes techniques n’offrent pas la possi- [13] Takeuchi H, Kuwatsuru R. The indications, surgical techniques, and
bilité d’une analyse histologique du processus tumoral. En limitations of laparoscopic myomectomy. JSLS 2003;7:89-95.
outre, aucune donnée à long terme n’a été rapportée concer- [14] Benhaim Y, Ducarme G, Poncelet C. The limits of laparoscopic
nant la fertilité. myomectomy. Gynecol Obstet Fertil 2005;33:44-9.
[15] Cravello L, Agostini A, Blanc B. Results of hysteroscopic
myomectomy. Gynecol Obstet Fertil 2004;32:825-8.
■ Conclusion [16] Hardy JF, Bélisle S. In: Réduction péri-opératoire du saignement et des
transfusions allogènes par des moyens non pharmacologiques. SFAR.
La myomectomie est une intervention fréquemment réalisée. Conférences d’actualisation; 1998. p. 235-46.
Sa principale complication est l’hémorragie peropératoire. La [17] Rock Jr. WA, Meeks GR. Managing anemia and blood loss in elective
mise en œuvre de moyens médicaux et/ou chirurgicaux semble gynecologic surgery pateints. J Reprod Med 2001;46:507-14.
permettre, pour certains d’entre eux, une diminution significa- [18] Vercellini P, Trespide L, Crosignani PG. The use of LHRH agonists and
tive de l’hémorragie peropératoire. Certains dépendent de l’état antagonists in the treatment of myomata. Infertil Reprod Med Clin
de la patiente, du plateau technique à disposition et de la voie North Am 2001;12:195-214.
d’abord chirurgicale. Toutefois, nombre d’entre eux nécessitent [19] Demopoulos RI, Jones KY, Vamvakas EC. Histology of leiomyomata
des investigations complémentaires. Enfin, la part de l’expé- in patients treated with leuprolide acetate. Int J Gynecol Pathol 1997;
rience de l’opérateur n’est sûrement pas à négliger. Les alterna- 16:131-7.
tives à la myomectomie sont intéressantes, mais demandent une [20] Deligdisch L, Hirschmann S, Altchek A. Pathologic changes in
gonadotropin releasing hormon agonist analogue treated uterine
évaluation plus précise.
leiomyomata. Fertil Steril 1997;67:837-41.
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myomectomy and the risk of short term myoma recurrence. Br J Obstet
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fibroids by using gonadotropin-releasing hormone agonists. Acta Eur
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• La myomectomie est une intervention dont la [23] Lethaby A, Vollenhoven B, Sowter M. Efficacy of pre-operative
principale complication est l’hémorragie peropératoire. gonadotropin hormone releasing analogue for women with uterine
fibroids undergoing hysterectomy or myomectomy: a systematic
• L’utilisation de moyens pré- et peropératoires visant à review. BJOG 2001;109:1097-108.
réduire les pertes sanguines s’avère indispensable. [24] Vercellini P, Trespidi L, Crosignani PG. Gonadotropin releasing
• Les techniques préopératoires reposent principalement hormon agonist treatment before abdominal myomectomy: a controlled
sur l’utilisation des moyens médicamenteux. L’embo- trial. Fertil Steril 2003;79:1390-5.
lisation préopératoire des myomes constitue également [25] Golan A, Bukovsky I, Caspi E. Pre-operative gonadotrophin releasing
un moyen efficace. hormone agonist treatment in surgery for uterine leiomyomata. Hum
Reprod 1993;8:450-2.
• Les moyens peropératoires employés peuvent être
[26] Zullo F, Pellicano M, Mastrantonio P. A prospective randomised study
chimiques ou mécaniques. to evaluate leuprolide acetate treatment before laparoscopic myomec-
tomy: efficacy and ultrasonographic predictors. Am J Obstet Gynecol
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4 Techniques chirurgicales - Gynécologie


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83-6. Laparosc 1998;5:33-8.

C. Davitian, Chef de clinique-assistant.


G. Ducarme, Chef de clinique-assistant.
A.-B. Rodrigues, Praticien hospitalier.
A. Tigaizin, Chef de clinique-assistant.
H. Dauphin, Chef de clinique-assistant.
M. Benchimol, Chef de clinique-assistant.
N. Seince, Praticien hospitalier.
M. Uzan, Professeur des Universités, praticien hospitalier.
C. Poncelet, Maître de conférences des Universités, praticien hospitalier* (christophe.poncelet@jvr.ap-hop-paris.fr).
Service de gynécologie obstétrique du Pr Uzan, Centre hospitalier universitaire Jean Verdier, avenue du 14 Juillet, 93143 Bondy, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Davitian C., Ducarme G., Rodrigues A.-B., Tigaizin A., Dauphin H., Benchimol M., Seince N., Uzan M.,
Poncelet C. Myomectomies : prévention de l’hémorragie. EMC (Elsevier SAS, Paris), Techniques chirurgicales - Gynécologie, 41-666, 2005.

Disponibles sur www.emc-consulte.com


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décisionnels supplémentaires Animations légaux au patient supplémentaires évaluations

Techniques chirurgicales - Gynécologie 5


¶ 41-736

Reconstruction vaginale par lambeau


perforant basé sur le pédicule
épigastrique inférieur après pelvectomie
antérieure
J.-P. Binder, P. Méria, F. Desgrandchamps, M. Revol, J.-M. Servant

La reconstruction vaginale par deep inferior epigastric perforator flap (DIEP) est l’aboutissement des
évolutions techniques récentes de prélèvement des lambeaux sur des vaisseaux perforants. Cette
méthode permet l’apport de tissus de bonne qualité tout en préservant la paroi abdominale. La qualité et
le volume des tissus sont particulièrement utiles dans un contexte de radiothérapie ou dans les exérèses
pelviennes élargies. Le dessin préopératoire et les gestes techniques sont exposés en détail ainsi que les
suites opératoires et les éventuelles complications. Cette technique nous apparaît aujourd’hui comme une
technique sûre devant occuper une place de choix dans les reconstructions vaginales après pelvectomie
antérieure ou totale.
© 2006 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Mots clés : Reconstruction vaginale ; Lambeau perforant ; Pelvectomie antérieure ; Pelvectomie totale

Plan Lors d’une pelvectomie antérieure ou totale pour cancer,


l’amputation d’une partie ou de la totalité du vagin compromet
l’activité sexuelle de femmes parfois jeunes qui se trouvent déjà
¶ Introduction 1
stériles du fait de l’hystérectomie. La reconstruction vaginale
¶ Historique 1 permet la restauration d’une activité sexuelle ; l’utilisation d’un
Reconstruction vaginale 1 lambeau correctement vascularisé et de bon volume est particu-
Lambeaux basés sur les vaisseaux épigastriques 1 lièrement indiquée dans ces defects pelviens, d’autant plus
¶ Principes 2 qu’une radiothérapie est souvent nécessaire.
Avantages du lambeau 2
Inconvénients du lambeau 2
Limites et contre-indications du lambeau 2 ■ Historique
¶ Rappel anatomique 2
Paroi abdominale 2
Vascularisation 3 Reconstruction vaginale
Innervation 4 Plusieurs techniques chirurgicales ont été décrites [1]: greffes
¶ Description technique 4 cutanées dérivées de la technique de McIndoe, [2, 3] lambeaux de
Stratégie 4 sigmoïde, [4] lambeaux musculocutanés (gracilis), [5] fasciocuta-
Dessin 4 nés. Ces techniques ne permettent pas un apport de tissu
Technique opératoire 4 suffisant et leur vascularisation est plus aléatoire que celle des
lambeaux de grand droit.
¶ Complications 6
À court terme 6
Les lambeaux de muscle grand droit à pédicule inférieur
peuvent être utilisés pour la reconstruction pelvienne, inguinale,
À moyen terme 6
périnéale et vulvovaginale. Décrits par Tobin [6-9] pour la
¶ Indications 6 première fois dans la reconstruction vaginale, ce sont les
¶ Conclusion 7 lambeaux de choix après chirurgie d’exentération pelvienne,
surtout sur terrain radique.

Lambeaux basés sur les vaisseaux


■ Introduction épigastriques
La chirurgie carcinologique pelvienne nécessite des résections Abondamment utilisés en chirurgie reconstructrice mam-
parfois étendues pouvant atteindre de façon variable les organes maire, les lambeaux de grand droit ont fait l’objet de multiples
génitaux, les voies urinaires ou digestives. évolutions depuis les premières descriptions. Les raffinements

Techniques chirurgicales - Gynécologie 1


41-736 ¶ Reconstruction vaginale par lambeau perforant basé sur le pédicule épigastrique inférieur après pelvectomie antérieure

Figure 1. Muscle grand droit et son réseau vasculaire issu des artères
épigastriques supérieures et inférieures.
Figure 2. Le prélèvement d’un lambeau peut s’effectuer avec le muscle
sous-jacent (lambeau musculocutané) (A) ou seulement avec les vaisseaux
successifs ont permis d’accroître la sécurité vasculaire tout en traversant le muscle (lambeau perforant) (B).
diminuant les séquelles au niveau de la paroi abdominale.
L’évolution la plus récente consiste à prélever un lambeau sur
les perforantes transmusculaires (DIEP : deep inferior epigastric En haut le muscle s’insère, de dehors en dedans, par trois
perforator) sans prélever de patch aponévrotique (Fig. 1). Ce
digitations charnues sur les cinquième, sixième et septième
lambeau est un peu moins bien vascularisé qu’un lambeau
cartilages costaux, et sur l’appendice xiphoïde.
musculocutané car il contient moins de vaisseaux perforants,
mais il permet de respecter le muscle et l’aponévrose au prix Le muscle présente deux à cinq intersections tendineuses
d’une dissection très minutieuse. Dans le cas de la reconstruc- transversales, le plus souvent incomplètes car elles s’étendent
tion vaginale, la palette cutanée correspond à celle d’un rarement à la fois à toute la largeur et à toute l’épaisseur du
lambeau de Taylor [10] et non à la région sous-ombilicale comme muscle. Ces intersections tendineuses correspondent à des
c’est le cas dans les reconstructions du sein. condensations de la face antérieure de l’aponévrose du muscle
grand droit, et lorsqu’il existe deux ou trois intersections, ce qui

■ Principes est habituel, l’une d’elles est au niveau de l’ombilic et les deux
autres se situent au-dessus de l’ombilic, avec classiquement
l’une au niveau du rebord costal inférieur et la seconde à
Avantages du lambeau mi-distance entre l’ombilic et le rebord costal.
Il permet le comblement de pertes de substance pelviennes Chacun des muscles grands droits est contenu dans une gaine
mieux que tout autre lambeau tout en protégeant les structures aponévrotique constituée par les aponévroses des muscles grand
viscérales et vasculaires, et en diminuant l’incidence des oblique, petit oblique et transverse :
infections et des fistules en terrain irradié.
Il respecte la paroi abdominale, ne nécessite pas la mise en • dans les deux tiers ou les trois quarts supérieurs du muscle,
place de plaque car il n’y a pas de perte de substance de la gaine est formée en arrière par l’aponévrose d’insertion du
l’aponévrose. Le risque d’éventration n’est donc pas augmenté. transverse, unie au feuillet postérieur de celle du petit
oblique, et en avant par l’aponévrose d’insertion du grand
Inconvénients du lambeau oblique, unie au feuillet antérieur de celle du petit oblique.
De fortes adhérences unissent les intersections tendineuses du
Le site donneur laisse une cicatrice abdominale supplémen- muscle à la partie correspondante de la gaine antérieure (il
taire, mais il épargne d’autres régions comme les cuisses. n’y a pas d’adhérence en arrière) ;

Limites et contre-indications du lambeau • dans le tiers ou le quart inférieur du muscle, les lames
tendineuses des muscles grand oblique, petit oblique et
Une cicatrice abdominale sur le site de prélèvement peut transverse passent en totalité en avant du muscle droit. La
limiter la surface de lambeau utile ou rendre impossible sa partie postérieure de la gaine est uniquement constituée par
réalisation. le fascia transversalis, feuillet aponévrotique qui recouvre la
Une chirurgie de la paroi abdominale ou du petit bassin peut face profonde du transverse et l’abandonne pour passer en
avoir lésé le pédicule dans son trajet intra- ou extramusculaire ; arrière du muscle grand droit. La paroi postérieure de la
il faudra effectuer une vérification première de la présence du gaine des droits est donc tendineuse en haut et fibrocellu-
pédicule épigastrique après le temps de résection. leuse en bas. La limite entre ces deux zones est indiquée
par l’arcade de Douglas, qui est le bord inférieur concave,
■ Rappel anatomique en bas, de la partie tendineuse de la paroi postérieure de la
gaine. Elle est située à peu près à mi-distance entre le pubis
et l’ombilic.
Paroi abdominale
En bas, il existe un espace prismatique triangulaire à base
Le muscle grand droit [11, 12] de l’abdomen s’étend le long de inférieure, rempli de graisse, l’espace sus-pubien.
la ligne médiane, du pubis au thorax. Son tendon inférieur,
généralement divisé en deux faisceaux distincts (interne et Les deux muscles droits sont séparés l’un de l’autre sur la
externe), s’insère de la symphyse à l’épine pubienne (Fig. 2). ligne médiane par un raphé tendineux appelé « ligne blanche ».

2 Techniques chirurgicales - Gynécologie


Reconstruction vaginale par lambeau perforant basé sur le pédicule épigastrique inférieur après pelvectomie antérieure ¶ 41-736

Ce raphé est constitué par l’entrecroisement des fibres tendi- Les artères épigastriques supérieure et inférieure s’anastomo-
neuses des muscles grand oblique, petit oblique et transverse. sent donc entre elles dans l’épaisseur du muscle, nettement
Large à l’étage sus-ombilical (jusqu’à 2 cm) où les deux muscles au-dessus de l’ombilic, par l’intermédiaire de vaisseaux de petit
sont distants l’un de l’autre, la ligne blanche est étroite et calibre (choke vessels décrits par Taylor).
linéaire en sous-ombilical, où les deux muscles présentent Taylor a pu ainsi définir trois modes de distribution vasculaire
d’intimes adhérences. de l’AEIP, correspondant aux branches descendantes de
l’AES [14]:
Vascularisation • type I (29 % des cas) : les deux artères donnent une branche
unique qui se ramifie au-dessus de l’ombilic, à l’artère
La vascularisation du muscle grand droit de l’abdomen est opposée, avec une moyenne de cinq branches anastomoti-
assurée par deux pédicules dominants : ques ;
• les vaisseaux épigastriques supérieurs ;
• type II (57 % des cas) : chaque artère donne deux branches.
• les vaisseaux épigastriques inférieurs profonds. L’AEIP se divise au-dessous de l’arcade de Douglas et donne
La vascularisation du muscle grand droit de l’abdomen a été en moyenne neuf anastomoses avec les deux branches
très bien étudiée par Boyd et Taylor. [13] Leurs études anatomi- homologues de l’AES ;
ques servant de références ont permis, grâce aux travaux de
• type III (14 % des cas) : l’AEIP se divise en trois branches ou
Taylor, de préciser :
plus qui donnent en moyenne 13 anastomoses avec les trois
• les variations anatomiques des artères épigastriques supérieure
branches homologues de l’AES.
et inférieure profondes, avec une attention toute particulière
pour les anastomoses entre ces deux réseaux vasculaires ; Il existe de nombreuses branches vasculaires destinées à la
• les relations entre cet axe vasculaire épigastrique et l’aponé- peau, qu’elles atteignent en perforant le feuillet antérieur de
vrose antérieure de la gaine du muscle droit, ses intersections la gaine du muscle (perforante musculocutanée) ou bien le
tendineuses et ses implications chirurgicales ; bord interne ou externe de la gaine (perforantes fasciocuta-
• la richesse vasculaire des différentes zones de la paroi nées interne et externe). Le plus grand nombre de vaisseaux
abdominale avec leur lambeau correspondant, avec une étude perforants de gros calibre se trouve dans la région périombi-
toute particulière des connexions vasculaires lors du croise- licale, surtout vers les deux tiers internes du muscle. Le tiers
ment de la ligne médiane abdominale ; externe du feuillet antérieur de la gaine peut donc être
• l’innervation du muscle, ses rapports avec le corps muscu- raisonnablement laissé en place pour faciliter la réparation de
cette gaine.
laire, mais aussi avec les perforantes musculaires ;
• le rôle des cicatrices de l’abdomen dans l’apparition d’une Les vaisseaux perforants proviennent pour l’essentiel de
nécrose de lambeau. l’épigastrique inférieure et s’anastomosent en un réseau sous-
cutané qui irradie autour de l’ombilic vers les vaisseaux
Vascularisation artérielle perforants intercostaux (connexion la plus importante),
perforants de la circonflexe iliaque profonde, circonflexe
Artère épigastrique supérieure (AES)
iliaque superficielle, sous-cutanée abdominale et honteuse
Elle est la branche de bifurcation terminale interne de la externe.
mammaire interne, la branche de division externe étant l’artère Il existe aussi des anastomoses profondes entre le système
musculophrénique qui se dirige obliquement, en bas et en épigastrique et les branches vasculaires de petit calibre qui
dehors, en arrière des septième, huitième et neuvième cartilages accompagnent les nerfs intercostaux par les perforantes fascio-
costaux. cutanées externes.
L’AES naît derrière le sixième cartilage costal et passe derrière
le septième. Son calibre à l’origine est en moyenne de 1,6 mm
Retour veineux
(veine : 1,2 mm). Poursuivant le trajet de la mammaire interne,
elle passe entre les chefs sternal et costal du diaphragme et Le drainage veineux, particulièrement bien étudié par Carra-
pénètre dans la gaine du muscle droit. Arrivée à mi-distance menha, [15] s’effectue de la palette cutanéograisseuse du lambeau
entre le sternum et l’ombilic, elle pénètre dans le muscle où elle vers le système veineux épigastrique profond à travers des
s’anastomose avec la suivante. perforantes verticales essentiellement périombilicales. L’essentiel
Artère épigastrique inférieure profonde (AEIP) du retour veineux est ensuite assuré par la veine épigastrique
supérieure, puis la veine mammaire interne.
Elle naît de l’artère iliaque externe juste au-dessus
La veine épigastrique superficielle, dans sa partie supérieure,
de l’arcade crurale, à sa face postéro-interne, à l’opposé de
a un diamètre avoisinant 1,8 mm. Tout le long de son trajet,
l’origine de l’artère circonflexe profonde. Cette AEIP, ou artère
elle donne des branches anastomotiques croisant la ligne
épigastrique classique, ne doit pas être confondue avec l’artère
médiane avec son homologue controlatéral. Elle donne surtout
épigastrique superficielle ou sous-cutanée abdominale classi-
des branches perforantes qui traversent le feuillet antérieur de
que. Le calibre à l’origine de l’AEIP est en moyenne de
la gaine du droit et le muscle pour s’anastomoser dans le
3,4 mm (veine double dans un quart des cas, de 2,5 à
système veineux épigastrique profond. Ces perforantes sont
4,4 mm). Elle se porte en dedans puis s’infléchit et monte
essentiellement concentrées en périombilical.
vers l’ombilic en décrivant une crosse à concavité supérieure
qui contourne l’orifice inguinal profond. Veines épigastriques profondes supérieure et inférieure
Dans son segment oblique, l’épigastrique suit une direction
donnée par une ligne menée du milieu de l’arcade crurale à Elles suivent le réseau artériel épigastrique profond et sont
l’ombilic. Dans ce trajet, elle se rapproche du muscle grand situées latéralement par rapport à l’artère, d’un côté ou de
droit, croise son bord externe et s’engage peu à peu sous l’autre. Au niveau des tiers supérieur et inférieur du muscle,
l’arcade de Douglas. Jusqu’à cette arcade, l’artère est située en elles cheminent entre le muscle et le feuillet postérieur de sa
avant du fascia transversalis. À partir de l’arcade, elle monte gaine.
dans la gaine, en arrière du corps musculaire, jusqu’à l’ombilic
Veine épigastrique supérieure profonde
où elle pénètre dans le muscle et va s’anastomoser avec la
précédente. Le plus souvent, dans 71 % des cas, l’artère se divise De 2 mm de diamètre environ, elle est formée par deux
en sous-ombilical en donnant deux branches, voire trois, de branches, ensuite elle conflue avec la veine musculophrénique
division. et devient la veine mammaire interne.

Techniques chirurgicales - Gynécologie 3


41-736 ¶ Reconstruction vaginale par lambeau perforant basé sur le pédicule épigastrique inférieur après pelvectomie antérieure

Veine épigastrique inférieure profonde


Elle est aussi constituée de deux veines qui s’unissent dans la
région inguinale. Leur diamètre moyen est de 2,8 mm. Ces deux
veines sont en règle situées de part et d’autre de l’artère avec de
nombreux shunts entre elles.
Il existe de nombreuses anastomoses avec les veines épigas-
triques inférieures profondes controlatérales, surtout dans la
région périombilicale et sus-pubienne.
L’injection du système veineux épigastrique superficiel
entraîne une opacification du système veineux épigastrique
profond et ce, de façon bilatérale. En revanche, l’injection du
système veineux profond n’atteint pas le système veineux
superficiel, mais le réseau profond veineux controlatéral.
La circulation veineuse se fait donc du réseau veineux
épigastrique superficiel vers l’axe veineux profond par les
perforantes verticales. Le sang veineux gagne le réseau veineux
épigastrique supérieur puis la veine mammaire interne, mais il
existe à l’évidence un flux rétrograde par le réseau veineux
épigastrique inférieur profond.

Innervation Figure 3. Dessin d’une palette cutanée dans l’axe ombilic-pointe de


l’omoplate avec un « M » paraombilical permettant un prélèvement large
Elle est segmentaire et provient des branches terminales des dans cette zone riche en perforantes et respectant l’ombilic.
six derniers nerfs intercostaux. Ces nerfs cheminent, avec les
branches terminales des artères intercostales, entre les muscles
petit oblique et transverse. Ils pénètrent au bord externe de la
gaine musculaire et cheminent à la face profonde du muscle,
dans laquelle ils pénètrent à environ 3 cm du bord externe.
Duchateau [16] a bien démontré, contrairement aux notions
classiques, que ces nerfs ne donnent pas d’autre branche, en
particulier cutanée.

■ Description technique
Stratégie
Les modalités de l’intervention de reconstruction doivent être
discutées entre l’équipe reconstructrice et l’équipe qui effectue
la résection. Le premier temps d’exérèse peut nécessiter un geste
urologique ou digestif (dérivation des urines ou stomie) qui doit
épargner le site de prélèvement et de dissection du lambeau. Les
dessins du lambeau et des éventuelles stomies doivent être
réalisés en début d’intervention pour que les différents gestes de
résection respectent le muscle grand droit et son pédicule du
côté du prélèvement. Figure 4. Enroulement en spirale du lambeau.
L’intervention d’exérèse se fait par une incision médiane
sous-ombilicale, car celle-ci permet aussi de disséquer le pédicule
épigastrique au travers de son trajet musculaire. La dissection des vaisseaux perforants est plus ou moins
Les perforantes sont repérées au doppler avant l’intervention. difficile suivant la complexité du réseau vasculaire intramuscu-
laire. Elle s’effectue jusqu’au pédicule épigastrique inférieur qui
Dessin est libéré suffisamment pour permettre le basculement du
lambeau vers le bas pour atteindre le pelvis sans tension
Après avoir repéré l’axe unissant l’ombilic à la pointe de excessive sur le pédicule.
l’omoplate, il faut dessiner une palette cutanée centrée sur cet
axe, mesurant environ 10 à 12 cm de large (la plus grande Modelage
largeur possible permettant une suture directe) pour 20 à 25 cm
de long. Le fuseau se termine en externe par une pointe qui Le lambeau cutané est enroulé en colimaçon ou spirale pour
permet la fermeture sans oreille cutanée. Dans la zone paraom- reconstruire un vagin suffisamment large et éviter une suture
bilicale, site de prédilection des vaisseaux perforants, la palette linéaire source de rétraction axiale. La mise en place de points
se termine en M pour permettre une fermeture en Y dans le but de traction sur la tranche vaginale permet de répartir correcte-
de conserver une largeur suffisante de la palette (Fig. 3). ment les points. Le diamètre intérieur doit être de 4 cm et la
longueur totale du vagin doit être de 12 cm environ (Fig. 4).
Technique opératoire Fermeture pariétale
Levée du lambeau L’incision pararectale est refermée par des points séparés en
X par un fil de gros calibre. L’incision médiane est fermée selon
Après avoir pratiqué une incision des berges supérieure et les techniques habituelles (Fig. 5).
inférieure du lambeau, la palette est décollée jusqu’au niveau de
la ou des perforantes au niveau de leur traversée dans l’aponé-
Pansement
vrose. Celle-ci est incisée verticalement dans l’axe de la ou des
perforantes en emportant un petit patch autour de chaque Le pansement abdominal est modérément compressif. Il n’est
perforante pour éviter de léser les vaisseaux. pas nécessaire de réaliser un pansement de contention vaginal

4 Techniques chirurgicales - Gynécologie


Reconstruction vaginale par lambeau perforant basé sur le pédicule épigastrique inférieur après pelvectomie antérieure ¶ 41-736

Figure 5.
A, B. Suture sur les tranches vaginales. Fermeture
du site donneur en Y.

Figure 7. Pièce de résection.

Figure 6. Repérage d’une perforante au doppler (marquée par une


croix) et dessin de la palette cutanée.

car le lambeau se met en place tout seul en se collabant. Un


simple pansement de protection dans le slip suffit à tamponner
les saignements des sutures vaginales.
Les Figures 6–23 résument les principaux aspects techniques.
Figure 8. Vagin.

Suites opératoires
Le premier pansement est réalisé 24 heures après l’interven- reprise des rapports sexuels après une période d’environ 2 mois
tion. La surveillance du lambeau s’effectue par examen au si la suture vaginale est de bonne qualité et en l’absence de
spéculum, mais la difficulté de l’accès peut rendre difficile un complications. Elle se fera en réalité plus tardivement compte
examen minutieux de la coloration du lambeau et quasiment tenu de la durée des phénomènes de cicatrisation.
impossible l’examen du temps de recoloration cutanée. Un
aspect violacé, signe de souffrance veineuse, doit évoquer une La situation du lambeau et le risque de macération nécessi-
compression ou une rotation du pédicule et motiver un tent une surveillance régulière et un contrôle anticipé en cas
contrôle chirurgical. d’apparition de la moindre anomalie (écoulement vaginal,
Les consultations postopératoires permettent le contrôle des hyperthermie, douleurs) pouvant révéler une nécrose du
cicatrices abdominales et vaginales. Il est possible d’autoriser la lambeau, une fistule ou une récidive tumorale. Il est alors

Techniques chirurgicales - Gynécologie 5


41-736 ¶ Reconstruction vaginale par lambeau perforant basé sur le pédicule épigastrique inférieur après pelvectomie antérieure

Figure 9. Urètre.

Figure 11. Repérage des tranches vaginales.

Figure 10. Bricker.

nécessaire de réaliser un examen gynécologique avec prélève-


ments et éventuellement une imagerie (scanner, imagerie par
résonance magnétique).

■ Complications
À court terme
• Une nécrose partielle du lambeau dans sa partie distale
impose une excision des tissus nécrotiques. Figure 12. Incision des berges du lambeau.
• La nécrose totale est rarissime dans un lambeau pédiculé, sauf
si le calibre des perforantes est très petit. Le contrôle doppler
préopératoire permet d’éviter cette situation.
À moyen terme
• L’écoulement vaginal sérosanglant est fréquent car il est • Brides cicatricielles sur les sutures vaginales nécessitant des
difficile de réaliser une suture complètement imperméable. plasties en Z ou des dilatations.
• L’écoulement louche ou l’infection du néovagin nécessite un
traitement antibiotique adapté avec irrigations et un contrôle
du lambeau à la recherche de nécrose partielle ou totale.
■ Indications
• Les complications thromboemboliques sont prévenues par un Les indications que nous retenons actuellement sont essen-
traitement anticoagulant. tiellement les récidives centropelviennes des cancers du col

6 Techniques chirurgicales - Gynécologie


Reconstruction vaginale par lambeau perforant basé sur le pédicule épigastrique inférieur après pelvectomie antérieure ¶ 41-736

Figure 13. Levée du lambeau.

Figure 14. Les vaisseaux perforants traversent le muscle et l’aponévrose


pour se rendre dans le tissu sous-cutané.

utérin après chirurgie et radiothérapie qui nécessitent une


pelvectomie antérieure. Dans certains cas, l’intervention peut
être réalisée après colpohystérectomie élargie suivant une
radiochimiothérapie pour cancer du col utérin localement
avancé. [17]
La cystectomie qui est associée en fait un geste d’exentération Figure 15.
pelvienne antérieure qui nécessite par ailleurs une dérivation A, B. Levée du lambeau.
urinaire qui est le plus souvent une urétérostomie cutanée
transiléale (Bricker). Dans de rares cas, il peut être nécessaire de
compléter le geste par une exérèse rectale qui réalise une ■ Conclusion
exentération pelvienne totale. Au total, la reconstruction vaginale par lambeau perforant
Les patientes doivent être informées du principe et des basé sur les vaisseaux épigastriques inférieurs que nous venons
conséquences de ce type d’intervention dont l’objectif est de décrire nous semble fiable au prix de séquelles esthétiques
carcinologique et fonctionnel. relativement limitées.
En plus de la reconstruction vaginale, le lambeau pédiculé La technique chirurgicale est simple et assez rapide (environ
permet de combler la perte de substance en apportant du tissu 2 heures pour le prélèvement et le modelage du lambeau), mais
vascularisé et indemne de lésions radiques. Ce geste nécessite nécessite un bon entraînement de la dissection du réseau
une prise en charge multidisciplinaire. vasculaire intramusculaire.

Techniques chirurgicales - Gynécologie 7


41-736 ¶ Reconstruction vaginale par lambeau perforant basé sur le pédicule épigastrique inférieur après pelvectomie antérieure

Figure 16.
A, B. Le lambeau est pédiculé sur les vaisseaux épigastriques.

Figure 17. Suture sur le moignon vaginal. Figure 18. Enroulement en spirale.

8 Techniques chirurgicales - Gynécologie


Reconstruction vaginale par lambeau perforant basé sur le pédicule épigastrique inférieur après pelvectomie antérieure ¶ 41-736

Figure 21. Aspect postopératoire de la suture vaginale.

Figure 19. Fermeture du néovagin et pédicule.

Figure 22. Cicatrices abdominales.

Figure 23. Aspect à distance en endoscopie : parois latérales du néo-


vagin en haut et fond au centre.

Figure 20. Fermeture de la paroi abdominale.

Techniques chirurgicales - Gynécologie 9


41-736 ¶ Reconstruction vaginale par lambeau perforant basé sur le pédicule épigastrique inférieur après pelvectomie antérieure

■ Références
.

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Surg 1977;59:319-29. que. Paris: Flammarion; 1994.
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absence of the vagina. J Obstet Gynaecol Br Emp 1938;45:490-4. et esthétique. Paris: Pradel; 1993. p. 94-103.
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In: Strauch B, Vasconez LO, Hall-Findlay EJ, editors. Grabb’s chemotherapy and radiotherapy for cancer of the uterine cervix: a
encyclopedia of flaps. Philadelphia: Lippincott-Raven; 1998. systematic review and meta-analysis. Lancet 2001;358:781-6.

J.-P. Binder, Chef de clinique-assistant (jpbinder@wanadoo.fr).


Service de chirurgie plastique, reconstructrice et esthétique, Hôpital Saint-Louis, 1, avenue Claude-Vellefaux, 75475 Paris cedex 10, France.
P. Méria, Praticien hospitalier.
F. Desgrandchamps (Professeur des Universités, praticien hospitalier).
Service d’urologie, Hôpital Saint-Louis, 1, avenue Claude-Vellefaux, 75475 Paris cedex 10, France.
M. Revol (Professeur des Universités, praticien hospitalier).
J.-M. Servant (Professeur des Universités, praticien hospitalier).
Service de chirurgie plastique, reconstructrice et esthétique, Hôpital Saint-Louis, 1, avenue Claude-Vellefaux, 75475 Paris cedex 10, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Binder J.-P., Méria P., Desgrandchamps F., Revol M., Servant J.-M. Reconstruction vaginale par lambeau
perforant basé sur le pédicule épigastrique inférieur après pelvectomie antérieure. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris), Techniques chirurgicales - Urologie,
41-176, 2006, Techniques chirurgicales - Gynécologie, 41-736, 2006.

Disponibles sur www.emc-consulte.com


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10 Techniques chirurgicales - Gynécologie


¶ 41-733

Technique des lymphadénectomies


pelviennes laparoscopiques
E. Leblanc, D. Querleu, F. Narducci, G. Cartron

La lymphadénectomie pelvienne laparoscopique est un geste diagnostique important pour la plupart des
carcinomes pelviens, en particulier urogynécologiques. La technique exposée est celle de l’approche
transpéritonéale qui vise à prélever l’ensemble des ganglions de la région dite interiliaque, zone cible
d’extension de ces cancers. Les extensions possibles de ce geste, ses variantes ainsi que les complications
immédiates courantes sont également développées.
© 2005 Elsevier SAS. Tous droits réservés.

Mots clés : Lymphadénectomie pelvienne ; Laparoscopie ; Col ; Endomètre ; Annexe ; Vessie ;


Prostate (cancer de)

Plan ■ Anatomie chirurgicale


L’anatomie lymphatique pelvienne est constituée de trois
¶ Introduction 1
lymphocentres iliaques externe, interne et primitif eux-mêmes
¶ Anatomie chirurgicale 1 constitués à partir de réseaux de ganglions encore appelés
¶ Préparation à l’intervention 2 lymphonœuds (Fig. 1).
Au plan fonctionnel, le plus important pour le chirurgien,
¶ Technique opératoire 2
tous les ganglions situés dans l’espace pyramidal réalisé par les
Instrumentation 2
vaisseaux iliaques internes et externes et la paroi pelvienne
Installation 2
jusqu’au plan du nerf obturateur constituent le groupe des
Intervention standard 2
ganglions interiliaques. Ils correspondent anatomiquement aux
L’étendue du prélèvement peut être modifiée 4 groupes moyens et internes du lymphocentre iliaque externe et
L’abord extrapéritonéal peut être préféré 5 sont les premiers relais des carcinomes pelviens et en particulier
¶ Difficultés-complications possibles 5
État de la malade 5
État de l’abdomen 5
Hémorragie 5
Ganglion volumineux ou fixé 5
Lésions nerveuses, urétérales, digestives 5
¶ Morbidité 5
¶ Conclusion 5

■ Introduction
Malgré le perfectionnement sans cesse croissant des méthodes
d’imagerie, la lymphadénectomie reste encore à ce jour le
meilleur moyen d’obtenir une information ganglionnaire fiable.
La lymphadénectomie pelvienne est particulièrement impor-
tante car elle constitue le premier relais ou au moins un des
relais de dissémination de tous les carcinomes gynécologiques
pelviens (mais également urologiques : vessie, prostate). C’est
Daniel Dargent qui a réalisé, par voie extrapéritonéale, la Figure 1. Anatomie lymphatique pelvienne. 1. Artère iliaque externe ;
première lymphadénectomie pelvienne laparoscopique. [1] Denis 2. veine iliaque externe ; 3. nerf obturateur ; 4. artère ombilicale (vésicale
Querleu, en 1991, [2] a popularisé une approche transpérito- supérieure) ; 5. artère iliaque interne (tronc antérieur) ; 6. veine iliaque
néale, transombilicale qui, par sa simplicité et sa fiabilité, est interne ; 7. artère obturateur antérieur ; 8. veine obturatrice antérieure ; 9.
devenue un standard pour cette procédure que nous nous branche iliopubienne et ligament de Cooper ; 10. veine circonflexe anté-
proposons de décrire. rieure. a. extension latéroartérielle.

Techniques chirurgicales - Gynécologie 1


41-733 ¶ Technique des lymphadénectomies pelviennes laparoscopiques

gynécologiques. [3] D’autres groupes ganglionnaires sont des


seconds relais de drainage. Ainsi, le groupe externe (ou latéroar-
tériel) des ganglions situés entre l’artère iliaque externe et le
muscle psoas participe également au drainage du membre
inférieur. Le lymphocentre iliaque commun, dernier relais avant
l’atteinte para-aortique, est constitué de trois groupes ganglion-
naires : externe ou latéroartériel, interne sous la bifurcation
aortique et moyen devant les articulations sacro-iliaques
(fossette de Cunéo et Marcille).
Une lymphadénectomie pelvienne standard s’attache en
premier lieu à prélever les ganglions interiliaques. Cette
dissection, à but diagnostique, est suffisante pour les tumeurs
du col de petit volume et la plupart des tumeurs endométriales.
Elle est volontiers étendue en iliaque externe latéroartériel. Elle
ne sera prolongée en iliaque commun et en para-aortique qu’en
cas de positivité interiliaque, ou d’emblée pour les tumeurs
cervicales de gros volume ou en cas de tumeur annexielle. [4]
Le lymphocentre iliaque interne regroupe les ganglions
profonds situés entre les branches de division des vaisseaux
hypogastriques et divisés en groupes fessiers supérieur, inférieur
et présacré. Sa dissection plus délicate appartient au concept de
chirurgie élargie des cols utérins. [5]

■ Préparation à l’intervention
Aucun régime alimentaire ni préparation digestive n’est utile.
Une antibiothérapie à large spectre, unique, est réalisée au cours
de l’anesthésie générale. L’injection d’héparine de bas poids
moléculaire à dose isocoagulable est débutée le jour de l’inter-
vention et est poursuivie quotidiennement pendant une dizaine
de jours. Figure 2. Installation de la patiente, position de l’équipe et des trocarts.

■ Technique opératoire Intervention standard


Comme pour toute chirurgie vasculaire, l’abord péritonéal est
large. La recherche des limites de la dissection ganglionnaire
Instrumentation précède toujours la dissection ganglionnaire. [6] La résection
Elle consiste en une optique de 10 mm d’angle de 0°, deux ganglionnaire est réalisée si possible en bloc : en évitant tout
pinces fenêtrées atraumatiques de 5 mm, une paire de ciseaux morcellement, on réduit les suintements lymphohématiques
monopolaires, à lames courtes, une pince à coagulation bipo- ainsi que le risque de dissémination tumorale si les ganglions
sont envahis.
laire de 3 mm ou de 5 mm fenêtrée (préhensile), et un système
d’irrigation-lavage. La pince à clips est optionnelle. L’intervention décrite du côté droit est symétrique à gauche.
Elle peut se décomposer en plusieurs temps.
Quatre trocarts sont nécessaires : un trocart de 10 mm pour
l’optique ombilicale, deux trocarts de 5 mm pour les instru-
ments et un trocart de 10-12 mm avec réducteur pour un Ouverture péritonéale
instrument et l’extraction des ganglions. Elle est globalement de forme trapézoïdale (Fig. 3). À l’aide
d’une pince fenêtrée insérée dans le trocart iliaque droit,
Installation (Fig. 2) l’assistant saisit et soulève le ligament rond au niveau de son
croisement avec l’axe iliaque externe, ce qui détermine un repli
La patiente, le matériel et les intervenants sont disposés péritonéal vertical. L’opérateur incise ce repli au plus près du
comme sur la Figure 2. Comme le Trendelenburg excède ligament rond à l’aide des ciseaux introduits par le trocart sus-
rarement 10-15°, le blocage des épaules est inutile, voire nocif pubien. Cette moucheture initiale est prolongée en dehors le
(étirement du plexus brachial). L’insufflation est réalisée à l’aide long du ligament rond. Puis l’opérateur saisit l’annexe dans une
d’une aiguille de Veress introduite dans l’hypocondre gauche pince fenêtrée insérée par le trocart iliaque gauche et l’écarte de
sous le rebord costal, de préférence à l’ombilic. La pression l’axe vasculaire. L’ouverture péritonéale longe ensuite les
maximale de l’insufflation est réglée à 10-12 mm de mercure. Le vaisseaux iliaques externes et se recourbe en dehors et en haut
positionnement à vue des trocarts opérateurs a la disposition le long du ligament infundibulopelvien pour se terminer au
habituelle de la chirurgie gynécologique : optique ombilicale, niveau de la base cæcale. Plus l’incision remonte haut, plus
trocarts de 5 mm en dedans des épines iliaques, trocart de facile est la dissection postérieure. Les petits vaisseaux sous-
10-12 mm sus-pubien médian. péritonéaux sont soigneusement coagulés au fur et à mesure à
Un prélèvement de liquide péritonéal pour cytologie est la pince bipolaire.
réalisé au tout début de l’intervention. L’exploration complète
de la cavité abdominopelvienne à la recherche d’une atteinte Recherche des limites
métastatique viscérale ou péritonéale et d’éventuelles adénomé- de la dissection interiliaque : fosse paravésicale
galies fixées évite parfois une dissection ganglionnaire inutile ou
dangereuse. L’exposition complète du pelvis nécessite, après Latérales
avoir éloigné l’épiploon, de repousser dans la cavité abdomi- Vaisseaux iliaques externes et artère ombilicale. L’assistant
nale, avec des pinces fermées, les anses grêles distales et le maintient le ligament rond soulevé : l’artère iliaque externe et
sigmoïde, en les rangeant au-dessus du promontoire. sa veine située juste au-dessous sont rapidement visualisées dès

2 Techniques chirurgicales - Gynécologie


Technique des lymphadénectomies pelviennes laparoscopiques ¶ 41-733

Figure 3. Incision péritonéale. Figure 4. Dissection sous-veineuse antérieure. 1, 2. Artère et veine


iliaques externes ; 3. nerf obturateur. Flèche : axe de poussée de la pince
de l’aide.
l’ouverture péritonéale. Elles sont dégagées en balayant délica-
tement à l’aide d’une pince fermée d’avant en arrière le tissu
l’iliaque externe. En cas de difficulté, il est également possible
celluloadipeux qui les recouvre, ainsi que le psoas plus latérale-
de découvrir cette bifurcation en remontant vers le haut le long
ment. L’artère ombilicale se trouve en dedans des vaisseaux
de l’ombilicale.
iliaques externes. Parfois spontanément visible dans le tissu
celluleux de l’espace, elle est toujours plus externe qu’on ne le
Dissection ganglionnaire interiliaque
pense. En cas de découverte difficile, on la repère en mobilisant
son relief antérieur sous le péritoine pariétal. Dissection sous-veineuse iliaque externe, dite encore
« obturatrice »
Antérieure
On commence habituellement par les temps antérieurs
Branche iliopubienne du pubis et ligament de Cooper. En sépa- (Fig. 4). L’aide ouvre l’espace paravésical en refoulant l’artère
rant, en avant, la lame ganglionnaire de la veine iliaque ombilicale vers le dedans. L’opérateur saisit le paquet cellulo-
externe, on palpe rapidement la dureté osseuse et on découvre ganglionnaire à la partie moyenne de la veine iliaque externe,
la blancheur fibreuse du ligament de Cooper qui couvre la perpendiculairement à celle-ci. Ce paquet est séparé de l’adven-
partie antérieure de la branche iliopubienne. tice veineuse en la refoulant doucement vers le dehors par une
Profonde pince atraumatique ou les ciseaux. On dégage ce premier paquet
d’avant en arrière le long de la veine puis vers la profondeur en
Nerf obturateur et son pédicule satellite. L’assistant, à l’aide de longeant la paroi pelvienne jusqu’au nerf obturateur. En
sa pince fermée, repousse l’artère ombilicale vers le dedans, ce présence d’une veine obturatrice antérieure, on peut, soit diviser
qui a pour effet d’ouvrir largement la fosse paravésicale. Le nerf la chaîne ganglionnaire à son niveau, soit coaguler et sectionner
obturateur est reconnaissable à sa forme de cordon de 1-2 mm la veine. En profondeur, la coagulation de petits vaisseaux
de diamètre, tendu, et de couleur spécifique blanc nacré. pariétaux est souvent nécessaire. En dedans, les ganglions sont
Plusieurs méthodes peuvent être employées pour le mettre à déjà séparés de l’ombilicale au temps de l’exposition. La chaîne
nu : on peut suivre vers le dehors et la profondeur le plan est interrompue en avant au niveau du ligament de Cooper par
avasculaire qui fait suite à l’artère ombilicale. Le nerf est coagulation-section juste en aval du ganglion rétrocrural
découvert après 2-3 cm de dissection. On peut aussi, en lon- interne. La lame ganglionnaire saisie à cette extrémité antérieure
geant la paroi pelvienne antérieure sous la veine iliaque, est attirée vers le haut et le dedans, ce qui facilite sa séparation
découvrir, juste sous la branche iliopubienne, le nerf lorsqu’il en douceur du nerf obturateur. L’utilisation du courant électri-
rejoint le foramen obturateur. Enfin, on peut suivre vers la que au contact du nerf sera évitée car source de mouvements
profondeur une veine obturatrice antérieure dont l’origine est parasites et de possibles dysesthésies postopératoires.
satellite du nerf. Il peut être utile à ce stade d’approfondir Les temps postérieurs (Fig. 5) sont plus délicats, l’aide refoule
l’ouverture du tissu celluleux sous le nerf afin d’éviter que le le ligament infundibulopelvien et l’uretère vers l’arrière et le
suintement lymphohématique de la dissection ganglionnaire ne haut. En suivant le bord inférieur de la veine iliaque externe, on
noie les repères anatomiques. dégage l’aisselle de la bifurcation veineuse et l’origine de la
veine iliaque commune. La chaîne élevée à pleine pince est
Postérieures
attirée vers le dedans et l’avant. Elle va être progressivement
Bifurcation iliaque commune, pédicule hypogastrique et uretère. libérée des vaisseaux iliaques internes et leurs branches externes
L’assistant, avec une pince atraumatique fermée, remonte le (vaisseaux obturateurs) en alternant tractions douces et coagu-
long de l’artère iliaque externe pour repousser vers l’arrière et le lations bipolaires-sections. La chaîne est interrompue au point
dedans l’ensemble du pédicule infundibulopelvien en le soule- où le nerf obturateur croise cette aisselle veineuse. Ces premiers
vant légèrement de l’axe iliaque. Cette manœuvre a pour effet ganglions sont stockés dans l’espace de dissection.
de remonter le rideau péritonéal postérieur et d’exposer, à sa
Dissection interartérioveineuse iliaque externe (Fig. 6)
croisée avec la bifurcation iliaque commune, l’uretère, repéré
aussi par son péristaltisme. La découverte de la bifurcation L’aide refoule doucement l’artère iliaque externe vers le
artérielle est alors souvent évidente par cette exposition, dehors. L’interstice interartérioveineux va être agrandi par la
l’origine de l’artère iliaque interne se situant entre l’uretère et pince atraumatique de l’opérateur. Le tissu cellulolymphatique

Techniques chirurgicales - Gynécologie 3


41-733 ¶ Technique des lymphadénectomies pelviennes laparoscopiques

Dissection latéroartérielle iliaque externe


Elle ne présente pas de difficultés majeures. On saisit la
chaîne au niveau de la partie moyenne de l’artère, dont elle est
détachée de l’adventice selon les principes déjà décrits. On
s’attache à préserver les deux branches du nerf génitofémoral
qui courent sur le psoas et longent l’artère iliaque externe. En
aval, la chaîne est interrompue après le ganglion rétrocrural
externe qui recouvre souvent une veine circonflexe antérieure,
source potentielle d’hémorragie. En amont, on s’arrête au
niveau de la bifurcation artérielle iliaque commune.

Dissection pelvienne gauche


Les positions opérateur-aide peuvent être interchangées. Il est
souvent nécessaire de sectionner des adhérences sigmoïdoparié-
tales et/ou sigmoïdotubaires avant d’aborder la fosse paravési-
cale. Cette séparation est menée aux ciseaux froids. Le côlon est
mis en tension par une pince saisissant son méso ou une frange
épiploïque afin de ne pas léser sa paroi fragile. Le reste de la
procédure est ensuite superposable à celle décrite à droite.

Extraction des spécimens et fermeture


Elle s’effectue au travers du trocart sus-pubien transparent
dont on ouvre la valve pour faciliter l’ablation en bloc. L’utili-
sation d’un sac endoscopique est recommandée en cas de
ganglion suspect ou de paquet volumineux. Un examen extem-
porané est parfois nécessaire pour guider la suite du geste. En
Figure 5. Dissection sous-veineuse postérieure. 1. Artère iliaque ex- fin d’intervention, les sites de dissection pelvienne sont irrigués
terne ; 2. veine iliaque externe ; 3. nerf obturateur ; 4. artère ombilicale et l’hémostase est vérifiée. Le péritoine de chaque côté est laissé
(vésicale supérieure) ; 5. artère iliaque interne. Flèche : axe de poussée de largement ouvert, seule manœuvre utile afin d’éviter au maxi-
la pince de l’aide. mum la constitution d’une lymphocèle postopératoire. Après
exsufflation par le trocart ombilical, les orifices du trocart,
irrigués à la Bétadine®, sont refermés (en deux plans pour les
orifices de 10 mm).

L’étendue du prélèvement
peut être modifiée
Dissection iliaque commune
Bien que généralement liée à la dissection para-aortique, son
approche élective peut être nécessaire en cas de ganglion
suspect. Si l’approche d’un ganglion iliaque commun proche de
la bifurcation artérielle ne nécessite pour son exposition que de
repousser un peu plus haut le ligament infundibulopelvien, il
est nécessaire pour des ganglions plus hauts situés, proches de
la bifurcation, de changer la disposition opératoire. L’opérateur
se place entre les jambes de la patiente avec un aide à gauche ;
un moniteur vidéo est installé à la tête de la malade. L’approche
ganglionnaire s’effectue par incision du péritoine postérieur
(Fig. 3) couvrant la bifurcation aorticocave. Elle débute au
niveau iliaque commun droit au-dessus de l’uretère et remonte
sur l’aorte terminale. Les ganglions externes et internes sont
alors aisément exposés. En revanche, l’abord des ganglions
iliaques communs moyens situés dans la fossette de Cunéo et
Figure 6. Dissection interartérioveineuse. 1. Artère iliaque externe ; 2. Marcille oblige à une mobilisation prudente des vaisseaux
veine iliaque externe ; 3. nerf obturateur. Flèche : axe de poussée de la iliaques.
pince de l’aide.
Dissection hypogastrique profonde
est saisi à la partie moyenne, séparé de l’artère en dehors, du
psoas et de la veine en bas (on rejoint la dissection sous- Elle consiste à réséquer les ganglions situés entre les branches
veineuse). On remonte ainsi jusqu’à la bifurcation iliaque terminales des vaisseaux iliaques internes. En pratique, on
commune et on enlève en dehors les derniers ganglions inter- prélève en dedans le tissu celluloganglionnaire sous le nerf
iliaques externes à l’origine de la veine hypogastrique. Cette obturateur jusqu’au releveur de l’anus de part et d’autre de l’axe
dernière manœuvre est facilitée par la mobilisation en bloc et hypogastrique. En dehors, les vaisseaux iliaques sont refoulés en
en dedans de tout le pédicule iliaque externe. dedans et le tissu celluloganglionnaire est prélevé jusqu’à la
La dissection interiliaque est alors terminée. Toutes les partie haute de la fosse ischiatique repérée sous l’épine ischiati-
structures vasculaires principales et le nerf obturateur sont que par la cinquième racine nerveuse du plexus lombosacré.
parfaitement isolés. Les ganglions réséqués sont réunis dans la Cette dissection est menée avec grande prudence en raison du
fosse paravésicale avant extraction. risque hémorragique difficile à contrôler dans cette région.

4 Techniques chirurgicales - Gynécologie


Technique des lymphadénectomies pelviennes laparoscopiques ¶ 41-733

Recherche du ganglion sentinelle (col utérin, la pression est relâchée et la zone nettoyée des caillots. Souvent,
endomètre) le saignement a stoppé ou s’est au moins réduit et son origine
est plus facilement localisée. L’hémostase est alors obtenue par
D’apparition récente, cette méthode est encore en investiga- coagulation bipolaire élective, clip ou ligature. Toutefois, en cas
tion en gynécologie pelvienne et, à ce jour, elle ne dispense pas de lésion vasculaire majeure, une laparotomie rapide doit être
d’une lymphadénectomie complète. Elle consiste en l’ablation entreprise tout en maintenant si possible un tamponnement sur
ciblée d’un ou quelques ganglions pelviens repérés par une la plaie. D’où la nécessité de disposer, en salle, d’une instru-
injection cervicale préalable d’un traceur radioactif et/ou coloré mentation pour laparotomie et d’un set de chirurgie vasculaire
(bleu). L’abord direct est préféré chaque fois que possible en de base.
suivant les canaux lymphatiques injectés de bleu. À défaut, il
faut ouvrir le péritoine de la fosse paravésicale pour une
dissection profonde. Ce geste apparemment facile peut être Ganglion volumineux ou fixé
dangereux car, afin de préserver les voies lymphatiques, la Sa dissection expose à une double complication : la plaie
recherche systématique des repères n’est pas faite. Un appren- vasculaire majeure et la rupture tumorale avec dissémination. La
tissage est indispensable. dissection dans le plan de l’adventice vasculaire permet souvent
la séparation du ganglion sans dommage particulier. On utilise
L’abord extrapéritonéal peut être préféré de préférence les pinces atraumatiques maniées en dissecteur.
L’irrigation-lavage et la coagulation bipolaire aideront à trouver
Plus difficile techniquement en raison d’un espace de dissec-
le bon plan. L’extraction se fait toujours dans un sac endosco-
tion réduit et mal drainé (risque de lymphocèle), cette approche
pique au travers de l’orifice du trocart sus-pubien en veillant au
offre l’avantage de l’absence de pénétration péritonéale. Moins
besoin à l’élargir. Toutefois, lorsque le diamètre de l’adénopathie
adhésiogène, elle est donc intéressante lorsque la fertilité est à
excède 3 cm, en cas de fixation par envahissement ou de coulée
préserver ou si l’on craint un abdomen adhérentiel. Deux
néoplasique, il est préférable de ne pas s’obstiner. Une ponction
approches peuvent être distinguées : l’une imaginée par Dargent
cytologique confirme le diagnostic et des clips autour du
qui consiste, à partir d’un abord suprapubien médian, à aborder
ganglion pathologique permettront de centrer l’irradiation.
après décollement péritonéal chacune des deux fosses paravési-
cales. [1] Une autre approche, plus « urologique », [7] consiste à
aborder l’espace extrapéritonéal et les deux fosses paravésicales Lésions nerveuses, urétérales, digestives
d’emblée à partir de la région sous-ombilicale. Le décollement
Rares, elles surviennent surtout en cas de dissection de
péritonéal médian initié au doigt est complété par les instru-
ganglions fixés. Seules les lésions urologiques et digestives sont
ments et le gaz. L’usage de ballons n’est pas absolument
réparées, idéalement sous laparoscopie. Le problème essentiel est
nécessaire. La vessie étant décollée, on repère latéralement les
de les reconnaître.
vaisseaux iliaques externes et épigastriques, ce qui permet de
placer sans danger les trocarts opérateurs latéraux. L’exposition
de la partie haute des vaisseaux iliaques externes et hypogastri-
ques oblige à reconnaître et sectionner les ligaments ronds, clé ■ Morbidité
du décollement péritonéal latéral. La dissection ganglionnaire L’intervention est largement pratiquée dans le monde. Bien
est alors similaire à celle de la voie transpéritonéale. que le recueil des données ne soit pas exhaustif, la mortalité est
exceptionnelle (un cas rapporté dans la littérature gynécologi-
■ Difficultés-complications que). [10] Les résultats de notre expérience pionnière portant sur
608 lymphadénectomies pelviennes laparoscopiques de décem-
possibles bre 1988 à septembre 2004 ont révélé 11 échecs (obésité
majeure : trois, ganglion fixé : six, trouble du rythme cardiaque :
État de la malade un, adhérences : une), huit plaies vasculaires toutes traitées par
laparoscopie, six complications viscérales (trois dysesthésies
L’obésité modérée [8] (indice de masse corporelle [IMC] < 35) obturatrices, une plaie du nerf génitofémoral, un uretère, une
ou l’âge supérieur à 75 ans [9] constituent des indications de hernie sur orifice), 38 lymphocèles symptomatiques, dix
choix de la voie laparoscopique. Des aménagements techniques lymphœdèmes durables, quatre récidives sur orifice du trocart
sont toutefois nécessaires : installation haute des trocarts ombilical (un endomètre, un col, un vagin, une trompe) toutes
opérateurs et de l’optique (sus-ombilicale) chez l’obèse, la de survenue tardive et synchrones d’une évolution carcinoma-
dissection prudente (artères sinueuses et tissus fragiles) sous un teuse péritonéale. [11]
pneumopéritoine chez la patiente âgée.

État de l’abdomen ■ Conclusion


La carcinomatose péritonéale ou l’existence de métastases La lymphadénectomie pelvienne laparoscopique est un geste
hépatiques de surface, prouvées en extemporané, rendent le désormais standardisé dont les résultats en termes de fiabilité et
geste de lymphadénectomie superflu. de sécurité supportent tout à fait la comparaison avec la
L’existence de cicatrices abdominales peut faire modifier laparotomie. Elle offre l’avantage d’un geste peu adhésiogène, à
l’installation de la laparoscopie en utilisant la technique coût équivalent à la laparotomie, mais dont les suites opératoi-
d’opencœlioscopy, et en favorisant l’utilisation de trocarts res sont significativement plus simples. Elle peut être réalisée à
spécialement étudiés (Endotip [Storz], Visiport [Tyco]). La titre isolé dans le cadre d’une stadification préthérapeutique ou
notion de plaque prothétique propéritonéale pour hernie, de être le temps préalable à une exérèse utérine (élargie ou non).
chirurgie vasculaire, est une difficulté majeure qui peut faire Dans ce dernier cas, la dissection complète de l’espace paravé-
renoncer à l’usage de la laparoscopie. En cas d’hystérectomie sical facilite considérablement les gestes d’hémostase et de
récente, l’abord des fosses paravésicales est plus difficile. La dissection ultérieurs.
section des ligaments ronds, s’ils ont été préservés, aide à
trouver le plan vasculaire. Sinon, il faut réaliser une dissection
centripète à partir du psoas. ■ Références
Hémorragie [1] Dargent D. L’envahissement ganglionnaire pelvien. New York:
McGraw Hill; 1986.
Le contrôle premier d’un saignement s’effectue par le tam- [2] Querleu D, Leblanc E, Castelain B. Laparoscopic pelvic
ponnement en utilisant les tissus de voisinage ou une com- lymphadenectomy in the staging of early carcinoma of the cervix. Am
presse passée par le trocart de 12 mm. Après quelques minutes, J Obstet Gynecol 1991;164:579-81.

Techniques chirurgicales - Gynécologie 5


41-733 ¶ Technique des lymphadénectomies pelviennes laparoscopiques

[3] Plentl AA, Friedman EA. Lymphatic system of the female genitalia. [8] Scribner Jr. DR, Walker JL, Johnson GA, McMeekin DS, Gold MA,
Philadelphia: WB Saunders; 1971. 257p. Mannel RS. Laparoscopic pelvic and paraaortic lymph node dissection
[4] Querleu D. Techniques chirurgicales en gynécologie. Paris: Masson; in the obese. Gynecol Oncol 2002;84:426-30.
1998. 282p. [9] Scribner Jr. DR, Walker JL, Johnson GA, McMeekin DS, Gold MA,
[5] Querleu D, Narducci F, Poulard V, Lacaze S, Occelli B, Leblanc E, et al. Mannel RS. Surgical management of early stage endometrial cancer in
Modified radical hysterectomy with or without nerve sparing the elderly: is laparoscopy feasible? Gynecol Oncol 2001;83:563-8.
dissection: a comparative study. Gynecol Oncol 2002;85:154-8. [10] Scribner Jr. DR, Walker JL, Johnson GA, McMeekin DS, Gold MA,
[6] Narducci F, Occelli B, Leblanc E, Querleu D. La lymphadénectomie Mannel RS. Laparoscopic pelvic and paraaortic node dissection:
interiliaque par cœlioscopie. J Chir (Paris) 2003;140:104-9. analysis of the first 100 cases. Gynecol Oncol 2001;82:498-503.
[7] Das S. Extraperitoneal laparoscopic staging pelvic lymph node dissec- [11] Cartron G. Morbidité des lymphadénectomies laparoscopiques. [thèse
tion. J Urol 1994;151:1321-3. médecine], Toulouse, 2004.

E. Leblanc (e-leblanc@o-lambret.fr).
Département de cancérologie gynécologique, Centre Oscar Lambret, 3, rue Frédéric-Combemale, BP 307, 59020 Lille cedex, France.
D. Querleu.
Centre Claudius Regaud, 20-24, rue du Pont-Saint-Pierre, 31052 Toulouse cedex, France.
F. Narducci.
Département de cancérologie gynécologique, Centre Oscar Lambret, 3, rue Frédéric-Combemale, BP 307, 59020 Lille cedex, France.
G. Cartron.
Centre Claudius Regaud, 20-24, rue du Pont-Saint-Pierre, 31052 Toulouse cedex, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Leblanc E., Querleu D., Narducci F., Cartron G. Technique des lymphadénectomies pelviennes
laparoscopiques. EMC (Elsevier SAS, Paris), Techniques chirurgicales - Gynécologie, 41-733, 2005.

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6 Techniques chirurgicales - Gynécologie


41-710
Encyclopédie Médico-Chirurgicale 41-710 (2004)

Technique et résultats du prélèvement


du ganglion sentinelle dans les cancers
du col et du corps de l’utérus
E. Barranger
S. Fay
A. Cortez
Résumé. – Dans les cancers de l’utérus, le statut ganglionnaire constitue un facteur pronostique important,
S. Uzan
ainsi qu’un critère décisionnel majeur de traitement adjuvant, rendant l’exploration ganglionnaire
E. Daraï
indispensable. La détection du ganglion sentinelle, qui s’est développée dans le dessein de réduire la
morbidité de la chirurgie, représente une avancée majeure dans la prise en charge chirurgicale de plusieurs
cancers. Cette technique a rapidement été adoptée dans le mélanome, le cancer de la vulve et récemment
dans le cancer du sein. Dans les cancers du col et de l’endomètre, cette procédure est au stade de faisabilité.
Dans cet article, nous évoquons les aspects techniques, les résultats ainsi que les applications potentielles de
la technique de la détection du ganglion sentinelle dans les cancers du col de l’utérus et de l’endomètre.
© 2004 Elsevier SAS. Tous droits réservés.

Mots-clés : Cancer du col ; Cancer de l’endomètre ; Cancer utérin ; Ganglion sentinelle ;


Lymphoscintigraphie ; Technétium-99m ; Bleu patenté

Introduction L’évaluation non chirurgicale du statut ganglionnaire des cancers


utérins par la lymphographie, le scanner ou l’imagerie par résonance
magnétique (IRM) n’est pas satisfaisante en termes de sensibilité. [8]
Les cancers du col de l’utérus et de l’endomètre sont les cancers L’IRM est l’examen qui semble aujourd’hui le plus performant, bien
gynécologiques les plus fréquents. Le cancer du col est actuellement que sa sensibilité soit modérée. Ce manque de sensibilité est dû au
le deuxième cancer gynécologique, après le cancer de l’endomètre. fait que l’IRM ne permet pas de déceler des métastases
Son incidence standardisée dans la population mondiale est égale à ganglionnaires qui ne sont pas associées à une augmentation de la
9,5/100 000/an, ce qui constitue 1 500 nouveaux cas annuels. [1] Le taille des ganglions. Or, plus de la moitié des ganglions envahis
cancer de l’endomètre est devenu le cancer gynécologique le plus mesurent moins de 1 cm et 29 % des ganglions indemnes ont une
fréquent, avec une incidence standardisée sur la population taille supérieure à 1 cm. [4] Récemment, la tomodensitométrie par
européenne de 13,6/100 000/an, soit 4 500 nouveaux cas par an. [2] émission de positons au fluorodésoxyglucose (FDG) a été proposée
Classiquement, le traitement d’une tumeur cervicale à un stade dans l’évaluation de l’atteinte ganglionnaire des cancers du col avec,
précoce (IA2 et IB1) est radiochirurgical. [1, 3] Il débute par une colpo- semble-t-il, de bons résultats, notamment en termes de sensibilité
hystérectomie élargie aux paramètres avec lymphadénectomie pouvant atteindre 75 %, avec une spécificité de 92 %. [5]
pelvienne iliaque externe et parfois lomboaortique. Celle-ci est le Les formes précoces des cancers du col et de l’endomètre ont un
plus souvent associée à une radiothérapie postopératoire. Pour les risque d’envahissement ganglionnaire faible, évalué entre 10 et 25 %
cancers de l’endomètre à un stade précoce, le traitement habituel selon les séries. [1, 2] On peut, par conséquent, supposer que plus de
consiste, dans un premier temps, à effectuer une hystérectomie totale deux tiers des patientes ne tirent aucun bénéfice du curage pelvien.
non conservatrice associée à une lymphadénectomie pelvienne Par ailleurs, la réalisation d’une lymphadénectomie pelvienne, par
iliaque externe bilatérale. L’irradiation pelvienne et ganglionnaire laparotomie ou cœlioscopie, augmente la morbidité de l’intervention
n’est indiquée que pour les cas présentant des facteurs de pronostic chirurgicale, avec des complications non négligeables, en particulier
défavorable, comme une profondeur d’invasion myométriale si une radiothérapie est associée au traitement chirurgical. [6]
supérieure à 50 %, un grade élevé ou des métastases
Une alternative à la lymphadénectomie s’est développée au début
ganglionnaires. [2]
des années 1990 [7] avec le prélèvement du ganglion sentinelle (GS),
L’évaluation du statut ganglionnaire a un intérêt majeur dans les correspondant au premier relais ganglionnaire de drainage d’une
cancers utérins, tant sur le plan diagnostique que pronostique. Elle tumeur. Cette technique peu invasive permet de prédire le statut
est d’autant plus importante qu’elle peut modifier la prise en charge ganglionnaire sur la base d’un prélèvement ganglionnaire sélectif
thérapeutique des cancers du col de l’utérus et de l’endomètre. avec une morbidité moindre qu’une lymphadénectomie. La
technique de détection du ganglion sentinelle (GS) est aujourd’hui
validée dans les mélanomes, [7] les cancers de la vulve [8] et du sein. [9]
La technique de détection et de prélèvement du GS dans les cancers
E. Barranger, S. Fay
du col de l’utérus et de l’endomètre est en cours de d’évaluation,
Service de gynécologie–obstétrique et médecine de la reproduction, Hôpital Tenon, AP-HP, Cancer Est, 4, rue c’est-à-dire systématiquement associé au curage pelvien et
de la Chine, 75020 Paris, France.
A. Cortez
éventuellement lomboaortique. Plusieurs équipes s’intéressent à
Service d’anatomopathologie, Hôpital Tenon, AP-HP, Cancer Est, 4, rue de la Chine, 75020 Paris, France. cette alternative à la lymphadénectomie pelvienne dans la prise en
S. Uzan, E. Daraï
Service de gynécologie–obstétrique et médecine de la reproduction, Hôpital Tenon, AP-HP, Cancer Est, 4, rue
charge des cancers utérins et les études de la faisabilité et des
de la Chine, 75020 Paris, France. performances diagnostiques de cette technique se multiplient. [10-24]
Technique et résultats du prélèvement du ganglion sentinelle
41-710 Techniques chirurgicales
dans les cancers du col et du corps de l’utérus
Cancer du col de l’utérus TECHNIQUE DE DÉTECTION ET DE PRÉLÈVEMENT
DU GANGLION SENTINELLE
Les études évaluant la technique du GS dans les cancers du col ont
INTÉRÊT POTENTIEL DU PRÉLÈVEMENT été réalisées à l’aide d’un colorant bleuté et/ou d’un
DU GANGLION SENTINELLE radiopharmaceutique lymphophile injecté en intracervical,
Les techniques d’imagerie actuelle ne pouvant déterminer avec péritumoral ou en péricervical. Le radiopharmaceutique utilisé
précision le statut ganglionnaire des cancers utérins, [25] le curage correspond soit à un nanocolloïde de sulfure de rhénium et de
ganglionnaire reste le geste de référence, bien que sa valeur technétium maqué au technétium-99m, soit à des nanosphères
thérapeutique soit discutée. [3] La pratique du prélèvement du GS d’albumine technétiées. Dans chacune de ces séries, le GS était
dans le cancer du col de l’utérus pourrait apporter de nombreux recherché en début d’intervention par voie laparotomique ou, plus
avantages dans la prise en charge de ces patientes. En premier lieu, récemment depuis l’introduction des sondes de détection
le prélèvement du GS pourrait permettre d’éviter, dans certaines endoscopique, par voie cœlioscopique, puis il était pratiqué un
situations, la réalisation d’un « curage inutile ». En effet, le taux curage pelvien bilatéral, associé ou non à un curage lomboaortique.
d’envahissement ganglionnaire pelvien des cancers du col utérin est En effet, comme cette technique est en cours d’évaluation, elle est
estimé de 0 à 17 % pour les tumeurs cervicales de stade I et de 12 à actuellement toujours associée à une lymphadénectomie pelvienne
27 % pour les tumeurs cervicales de stade II. [26, 27] Par conséquent, bilatérale permettant d’évaluer le taux de faux négatifs (FN), qui
environ deux tiers des patientes n’ont pas de métastases constitue le principal écueil à cette technique. Un résultat FN de la
ganglionnaires et ne tirent donc aucun bénéfice de ce geste technique correspond à une patiente ayant un GS indemne de
chirurgical. De plus, le fait d’éviter un curage pelvien systématique métastases alors que le reste du curage contient une ou plusieurs
permettrait également de réduire la durée opératoire. Par ailleurs, la métastases. Ce taux de FN doit être le plus faible possible
morbidité des curages ganglionnaires pelviens est évaluée entre 0 et (probablement inférieur à 5 % comme il a été décidé dans le cancer
15 % selon les séries, que ce soit par voie laparotomique ou du sein) afin de proposer cette technique en routine, c’est-à-dire sans
cœlioscopique, en particulier si la radiothérapie est indiquée en curage systématique.
postopératoire. [6] La suppression des curages pelviens systématiques
pourrait réduire la fréquence de ces complications. Cependant, le TAUX D’IDENTIFICATION
bénéfice semble moindre que dans les cancers du sein où le curage
axillaire a une morbidité plus élevée. En effet, les complications des Les premières études sur le prélèvement du GS ont été réalisées
curages pelviens sont essentiellement aiguës et entraînent peu de après injection de bleu seul. [10, 18, 29, 30] Il semble que la technique
conséquences fonctionnelles à long terme. combinée associant colorant et radiopharmaceutique permette
d’améliorer nettement ce taux de détection.
Enfin, la technique du GS pourrait apporter de nouvelles
En 2000, Kamprath et al. [17] ont été les premiers à publier leur
informations. En effet, il a été démontré que 5 à 10 % des patientes
expérience de repérage du GS dans les cancers utérins par une
sans atteinte ganglionnaire et ayant des marges d’exérèse saines
méthode de détection radioactive. Quatre injections intracervicales
avaient un risque de récidive pelvienne. [28] Ces récidives peuvent
de 50 MBq de radiopharmaceutique marqué au technétium 99m
être expliquées de plusieurs façons :
étaient réalisées chez 18 patientes ayant un cancer du col stades I et
– curage initial incomplet : il est admis que les curages pelviens II. Pendant l’intervention, les ganglions étaient prélevés et analysés
laissent en place environ 10 % des ganglions présents dans le en extracorporel à l’aide d’une sonde de détection standard à
territoire exploré. Cela a peu de conséquence si la patiente ne rayonnement gamma. Ainsi, un ou plusieurs GS ont été détectés
présente pas d’envahissement ganglionnaire ou si un envahissement chez 16 patientes (89 %), avec une moyenne de 2,1 ganglions
est décelé sur les ganglions prélevés puisqu’une irradiation pelviens et 1,4 ganglions lomboaortiques par patiente. Les deux
complémentaire est délivrée. En revanche, si les ganglions laissés en échecs de détection avaient reçu une activité de technétium 99m plus
place sont les seuls métastatiques, la patiente risque d’être sous- faible (13 et 25 MBq). Lantzsch et al. [13] ont également effectué une
traitée. La technique du GS, en identifiant les premiers relais méthode purement radio-isotopique en injectant quatre doses
ganglionnaires du col, pourrait réduire ce risque ; intracervicales de radiopharmaceutique technétié (activité variant de
60 à 111 MBq) chez 14 patientes présentant un cancer du col stade
– ganglions atteints situés en dehors du territoire intéressé par le IB1. Un ou plusieurs GS ont pu être retrouvés chez 13 patientes, ce
curage : il a été montré que les premiers relais ganglionnaires du col qui représente un taux de détection de 93 %. La patiente chez
peuvent être situés en dehors des zones classiquement explorées par laquelle aucun GS n’avait été détecté, ni à la lymphoscintigraphie,
les curages pelviens. Ainsi, on peut observer un drainage initial vers ni en peropératoire, avait reçu une injection de traceur incorrecte,
les ganglions glutéaux supérieurs, les ganglions du groupe externe c’est-à-dire trop superficielle, ce qui a entraîné une perte de produit.
de la chaîne iliaque externe, les ganglions iliaques communs ou ceux
du promontoire ou des aires lomboaortiques. [26] La technique du La comparaison des deux techniques de détection du GS
GS pourrait mettre en évidence ces drainages inhabituels et (colorimétrique et isotopique) a été menée par Malur et al. [31] sur
permettre de ne pas ignorer une métastase située en dehors des 50 patientes ayant un cancer du col stades I, II et IV. Le premier
limites du curage pelvien classique ; groupe, constitué de 21 patientes, a reçu une injection de 50 MBq de
radiopharmaceutique technétié, le deuxième groupe avec neuf
– analyse histologique plus approfondie des ganglions : la pratique patientes a reçu du bleu seul en intracervical et les 20 autres
du GS permettrait d’appliquer, sur un nombre très réduit de patientes ont bénéficié de la méthode combinée. Le taux global de
ganglions, des techniques plus sensibles que l’analyse histologique détection était de 78 %. Les auteurs ont montré que le meilleur taux
standard d’un curage complet, en recherchant la présence de d’identification du GS était obtenu après double détection : 56 %
métastases « occultes ». Cependant, la valeur pronostique de ces avec le bleu seul, 76 % avec le radiopharmaceutique seul et 90 %
métastases occultes est discutée. avec la méthode combinée. Par ailleurs, il semblerait que le taux
L’analyse peropératoire des ganglions du curage pelvien dans les d’échec de détection du GS soit en partie dû au stade évolué de la
cancers du col constitue une procédure classique permettant de tumeur : en effet, les auteurs expliquent qu’une atteinte massive des
modifier, dans certains cas, la stratégie chirurgicale qui est le curage ganglions dans les tumeurs évoluées avec une taille ganglionnaire
lomboaortique ou de renoncer à l’hystérectomie élargie type supérieure à 3 cm pourrait modifier le réseau lymphatique et ainsi
Wertheim en cas de ganglion pelvien métastatique. Cette analyse empêcher le passage du traceur vers le GS.
des ganglions pelviens est fondée sur leur aspect, et leur analyse De la même manière, en 2002, Levenback et al. [11] confirment que la
extemporanée est effectuée au hasard. La procédure du GS méthode de détection combinée est plus fiable. Trente-neuf patientes,
permettrait de sélectionner un ou deux ganglions pour une analyse présentant un cancer du col de stade I ou IIA, ont bénéficié d’un
peropératoire histologique plus rapide et plus spécifique. prélèvement du GS par laparotomie après double détection. Le taux

2
Technique et résultats du prélèvement du ganglion sentinelle
Techniques chirurgicales 41-710
dans les cancers du col et du corps de l’utérus
Tableau 1. – La procédure du ganglion sentinelle (GS) dans le cancer du col : revue de la littérature
Auteurs Nombre Stade Technique Technique de Taux Taux Nb Nb de FN (%)
de d’injection prélèvement d’ID par d’ID par moyen patientes
patientes du GS patiente hémi- de GS avec GS
(%) pelvis (%) positif

Echt [29]c 13 Ib B Laparotomie 15 NS 1,5 2 0


Medl [30] c 3 NP B Laparotomie 100 NP NP 3 0
O’Boyle [18] c 20 Ib, IIa B Laparotomie 60 33 1,9 3 0
Dargent [10] c 35 Ia2, Ib B Cœlioscopie 85a NP 1,8 11 0
Verheijen [12] c 10 Ib B et R Laparotomie 80 50 2,3 1d 0
Kamprath [17] c 18 I, II R Cœlioscopie b 89 NP 2,1 1 0
Lantzsch [13] c 14 Ib1 R Laparotomie 93 39 2 2d 0
Malur [31] c 50 I, II, IV B et/ou R Laparotomie 78 NP 2,7 5 17
Cœlioscopie
Levenback [11] c 39 Ia, Ib, IIa B et R Laparotomie 100 95 4,7 8d 12
Rhim [32] 26 Précoce B et R Laparotomie 100 NP 1,9 4 20
Van Dam [50] 25 Précoce R Laparotomie 84 NP 1,5 5d 0
Lambaudie [15] 12 Ia, Ib1 B et R Cœlioscopie 92 92 3,2 2d 0
Chung [51] 26 I-IIa B et R Laparotomie 100 19 NP 5 0
Plante [19] 29 Ia, Ib, IIa B et R Cœlioscopie 93 60 1,7 12 d 0
41 B 79
Martinez-Palones [52] 18 I-IIa B et R Laparotomie 100 64 2,5 3d 0
7 Cœlioscopie
Buist [37] 25 Ia, Ib, IIa B et R Cœlioscopie b 100 88 2,2 10 d 11
Barranger [53] 36 Ia, Ib, II B et R Cœlioscopie 94 44 2 8d 0
Niikura [54] 20 Ib, IIa B et R Laparotomie 90 NP 2,3 3d 0

Nb : nombre ; GS : ganglion sentinelle ; B : détection colorimétrique au colorant bleu ; R : détection radio-isotopique ; NP : non précisé ; ID : identification ; FN : faux négatifs.
a Le taux d’identification était calculé par côté et non par patiente.
b L’identification des GS était effectuée ex vivo après la lymphadénectomie.
c Si l’analyse peropératoire des GS était négative, la colpohystérectomie était effectuée par laparotomie.
d Analyse immunohistochimique des GS en cas d’analyse hématoxyline-éosine négative.

d’identification par la méthode combinée était de 100 %. La injection intracervicale rapporté dans la littérature varie entre 19 et
supériorité de la méthode de détection combinée a également été 95 %. L’influence de la technique d’injection cervicale sur le taux
mise en évidence par Rhim et al. [32] qui retrouvent un taux d’identification de GS bilatéraux est confirmée par Plante et al. : [19]
d’identification de 100 %. Récemment, Plante et al. [19] ont également dans leur série, le taux de bilatéralité augmente avec l’expérience du
démontré un taux de détection de 93 % dans un sous-groupe de chirurgien. En effet, il est de 51 % pour les 55 premières patientes et
29 patientes bénéficiant de la méthode combinée, contre 79 % après de 93 % pour les 15 dernières. Il est, selon ces auteurs, capital de
injection de bleu seul. réaliser une injection intracervicale profonde afin d’éviter que le
Le col de l’utérus est une structure médiane qui peut avoir un produit de détection ne reste bloqué superficiellement dans le
drainage bilatéral. Cette notion de bilatéralité a été prouvée par stroma du col. Il semble également que la voie d’injection
plusieurs auteurs. En effet, Michel et al., [33] en étudiant 421 patientes intracervicale permette un meilleur taux de détection que la voie
ayant un cancer du col de l’utérus stades IB et II, ont observé des d’injection péricervicale. Cette constatation a été confirmée par
métastases ganglionnaires pelviennes de façon bilatérale chez 44 % Dargent et al. [34] qui ont dû modifier la voie d’injection en cours
des patientes. De la même manière, Sakuragi et al. [26] retrouvent, d’étude : en effet, sur une série de 70 patientes, le taux d’échec était
dans une étude portant sur 208 patientes ayant un cancer du col de 25 %, pour les premières patientes ayant reçu une injection de
stades IB à IIB, 55 % de métastases pelviennes bilatérales. bleu péricervicale. Il était de 8 % pour les patientes suivantes, pour
lesquelles la voie d’injection intracervicale a été adoptée. Cependant,
Le drainage lymphatique identifié par la procédure du GS reflète le
les injections péricervicales ont le principal avantage d’être
statut ganglionnaire d’un seul côté. C’est pourquoi nous pensons
facilement reproductibles et faisables sans difficulté après conisation.
qu’au moins un GS doit être identifié par « hémi-pelvis ». Il semble
donc plus juste de rapporter le taux d’identification « par côté »
plutôt que « par patiente ». Cette réflexion portant sur le taux QUANTITÉ DE PRODUIT D’IDENTIFICATION INJECTÉE
d’identification « par côté » a des implications cliniques dans la prise Il semble que la quantité de bleu nécessaire à injecter pour obtenir
en charge chirurgicale. En effet, si la procédure du GS devait être le meilleur taux d’identification soit de 4 ml. En effet, Dargent et
adoptée en routine dans le cancer du col, c’est-à-dire sans curage al. [34] ont démontré, en modifiant la quantité de bleu injectée en
pelvien systématique en cas de GS indemne de métastases, cours d’étude, que le taux d’échec était de 50 % pour les premières
l’identification du GS devrait être interprétée « par côté ». En cas de patientes n’ayant reçu qu’un volume de 1,5 ml et de seulement 17 %
GS identifié d’un seul côté seulement, la patiente devrait bénéficier avec un volume de 2 ml, puis de 7 % avec un volume de 4 ml.
d’un curage pelvien controlatéral complet du côté où aucun GS n’a De la même manière, l’activité injectée du radiopharmaceutique
été retrouvé. Il est vrai que cette approche réduit les bénéfices de la technétié doit également être suffisante afin de détecter les GS à la
procédure du GS dans les cancers du col. Cela signifie qu’il faut lymphoscintigraphie, puis en peropératoire. Kamprath et al. [17] et
s’astreindre à obtenir un drainage sentinelle bilatéral. Ce taux de Lantzsch et al. [13] ont rapporté des échecs de détection secondaires à
bilatéralité dépend essentiellement du site d’injection. Dans la une injection insuffisante de radiopharmaceutique. Il semblerait que
littérature, ce taux varie considérablement, de 19 à 95 % (Tableau l’activité minimale soit de 50 MBq.
1). [3, 7, 10, 12-14, 18, 20, 25, 26, 29, 35, 36, 39, 41, 50-54]

LOCALISATION DES GANGLIONS SENTINELLES


SITES D’INJECTION Les GS sont le plus souvent localisés dans la région iliaque externe
Deux types d’injection peuvent être réalisés : péricervicale ou sous-veineuse. Certains auteurs ont détecté des GS para-aortiques.
intracervicale. La plupart des équipes pratiquent l’injection Ainsi, Malur et al. [31] ont mis en évidence des GS lomboaortiques
intracervicale. Celle-ci a l’avantage de reproduire au mieux le chez 11 patientes (22 % des cas), chez lesquelles un ou plusieurs GS
drainage lymphatique de la tumeur, mais sa réalisation est pelviens avaient été individualisés. De la même façon, Levenback et
impossible après conisation. Le taux de drainage bilatéral après al. [11] ont retrouvé 12 GS para-aortiques (9 %).

3
Technique et résultats du prélèvement du ganglion sentinelle
41-710 Techniques chirurgicales
dans les cancers du col et du corps de l’utérus
La procédure du GS permet difficilement d’individualiser des GS semble parfois être la cause d’effets indésirables. Dans la plupart
paramétriaux. En effet, ces ganglions, étant situés très proches du des cas, il est observé une coloration des urines bleue-verte pendant
col donc du site d’injection, induisent un bruit de fond important, 1 à 2 jours après l’injection de bleu. Une fausse désaturation en
ce qui gêne leur identification. Certains auteurs relatent tout de oxygène peut survenir de façon assez fréquente après l’injection de
même dans leur série la mise en évidence de GS paramétriaux. bleu. La contrôle immédiat des gaz du sang montrerait une
Ainsi, Lantzsch et al. [13] individualisent un GS au niveau du oxygénation sanguine normale. [19]
paramètre sur les 26 GS prélevés (4 %), Malur et al. [31] en détectent Quelques cas de réactions allergiques secondaires à l’injection de
13 sur 105 (12,4 %), Levenback et al. [11] en retrouvent 12 sur 132 (9 %) bleu ont été rapportées. Les effets indésirables les plus fréquemment
et Plante et al. [ 1 9 ] trois sur 135 (2 %). La détection de GS rencontrés sont les réactions cutanées, comme des rashs généralisés,
paramétriaux est pourtant intéressante puisqu’il a été démontré que, des urticaires, des taches bleutées ou un prurit. Ainsi, Plante et al. [19]
dans 5 à 22 % [34-36] des cancers du col stades IB et II, des métastases rapportent un cas de réaction cutanée allergique, à type de taches
étaient observées au niveau des ganglions paramétriaux. bleues urticariennes sur l’abdomen, spontanément résolutives. Des
cas de chocs anaphylactiques au colorant bleu après la procédure
FAUX NÉGATIFS du GS ont été rapportés dans les séries de Plante et al. [34] et
Un FN est défini comme un cas où le GS est indemne de métastase, Verheijen et al., [ 1 2 ] qui décrivent chacun un cas de choc
alors que l’un au moins des autres ganglions issus du curage est anaphylactique survenant quelques minutes après l’injection de
métastatique. Dans la littérature, les taux de FN sont variables (entre colorant bleu et nécessitant l’arrêt de l’intervention. D’après de
0 et 20 %). larges séries de prélèvements de GS effectuées dans le cancer du
Malur et al. [31] rapportent un cas de FN (17 %) concernant une sein incluant 2 392 patientes [43] et dans le mélanome incluant 406
patiente pour laquelle la méthode colorimétrique seule avait été patients, [44] il semble que des chocs anaphylactiques secondaires à
utilisée avec deux GS négatifs. Le curage pelvien a retrouvé un l’injection de colorant bleu surviennent dans 1 à 2 % des cas. D’après
ganglion métastatique, de localisation non précisée. Levenback et ces auteurs, ces réactions sont doses-dépendantes et surviennent
al. [11] et Buist et al. [37] rapportent tous les deux un cas de FN, chez quand le volume d’injection de colorant bleu est supérieur à 4 ml.
deux patientes ayant bénéficié de la méthode combinée, avec un De plus, le massage du col après injection de bleu ou de
ganglion paramétrial non sentinelle métastatique prélevé dans la radiopharmaceutique pourrait augmenter le risque de métastase
pièce de colpo-hystérectomie, alors que les GS étaient négatifs. Pour ganglionnaire.
ces quelques cas de FN de la technique du GS dans les cancers du
col, il n’est pas clairement rapporté si le ganglion non sentinelle
métastatique était situé du même côté que le ou les GS indemnes de Approche laparoscopique
métastases ou controlatéraux.
Si cette procédure du GS devait être adoptée en routine, elle devrait Dargent et al. [10] ont rapporté, en 2000, la première expérience du
s’appliquer à des patientes ayant un cancer de petite taille sans prélèvement du GS après injection de bleu patenté par cœlioscopie,
radiochimiothérapie néoadjuvante et en associant une double dans une série de 35 patientes ayant un cancer du col au stade IA2
détection ainsi qu’une analyse immunohistochimique des GS, afin ou IB. La technique du GS par la méthode isotopique est également
de réduire au maximum le risque de FN. De plus, une absence réalisable par laparoscopie grâce à l’emploi de sondes
d’identification de GS d’un côté doit conduire à pratiquer un curage cœlioscopiques à rayonnement gamma. Les avantages sont
systématique de ce côté. En théorie, le taux de FN acceptable pour multiples. La visualisation percœlioscopique permet une dissection
proposer cette technique en routine serait de 5 %, comme il a été minutieuse de l’espace rétropéritonéal. De plus, l’optique offre un
défini dans les cancers du sein. [38] agrandissement de la zone de dissection facilitant la visualisation
des canaux lymphatiques bleutés. Également, si le GS est positif lors
ANALYSE HISTOLOGIQUE DU GANGLION SENTINELLE de l’analyse histologique peropératoire, un curage lomboaortique
pourrait être réalisé par cœlioscopie et permettre d’effectuer la
Il semble que les métastases « occultes » interviennent dans le risque
radiochimiothérapie avec un minimum de délai. Enfin, la prise en
de récidive et la survie des patientes. Une étude menée sur les
charge cœlioscopique réduit la morbidité du traitement chirurgical
cancers colorectaux a retrouvé une différence significative dans la
des cancers du col utérin.
survie à 5 ans des patientes avec et sans micrométastases, détectées
par polymerase chain reaction (PCR). [39] Dans les cancers du col de
l’utérus, Van Trappen et al. [40] ont suivi, pendant 21 mois, Cancer de l’endomètre
32 patientes ayant un cancer du col. Trois d’entre elles ont récidivé
dans cet intervalle de temps. Chez ces trois patientes, des ganglions Actuellement, peu d’études sur le prélèvement du GS dans les
micrométastatiques avaient été détectés par PCR, alors que l’analyse cancers de l’endomètre ont été publiées (Tableau 2). [8, 10, 12, 13, 15-17, 28,
standard n’avait retrouvé aucune atteinte ganglionnaire. En 55, 56]
Il est aujourd’hui difficile de pouvoir tirer des conclusions de
revanche, parmi les quatre patientes chez lesquelles l’histologie ces différentes études car le nombre de patientes incluses est
classique avait détecté des métastases ganglionnaires, aucune n’a relativement faible.
récidivé durant cette période. Deux études récentes dans le cancer
de la vulve [41, 42] ont démontré un risque de récidive plus élevé dans
TAUX D’IDENTIFICATION
le groupe de patientes ayant des micrométastases dans les GS et qui
n’ont pas reçu de traitement adjuvant. Ces deux études rapportent Les premières études sur la détection du GS dans le cancer de
le cas de récidives ganglionnaires de deux patientes survenant moins l’endomètre ont été effectuées par méthode colorimétrique seule
de 2 ans après un traitement chirurgical d’un cancer de la vulve : après injection intramyométriale. La première série a été rapportée
dans les deux cas, l’histologie standard avait conclu à des GS par Burke et al., [20] en 1996, sur 15 patientes chez lesquelles une
inguinofémoraux indemnes et aucun curage ni traitement adjuvant laparotomie était effectuée. En début d’intervention, des injections
n’avait été réalisé. L’analyse immunohistochimique de ces mêmes myométriales superficielles de bleu isosulfan étaient réalisées. Un
GS, faite rétrospectivement devant la récidive, a retrouvé la présence ou plusieurs GS ont été identifiés chez 10 patientes, ce qui représente
de micrométastases chez ces deux patientes. un taux d’identification de seulement 67 %.
Comme dans la détection du GS dans les cancers du col, la méthode
Complications combinée permettrait d’obtenir le meilleur taux d’identification. Les
premiers auteurs à utiliser la méthode combinée ont été Pelosi et
La procédure du GS n’est pas totalement dénuée de risque. Aucun al. [46] qui ont réalisé des injections intracervicales de bleu et de
effet secondaire n’a été rapporté de fait de l’utilisation de produit radioactif chez 11 patientes. Leur taux de détection était de
radiopharmaceutique technétié. En revanche, l’injection de bleu 100 %.

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Technique et résultats du prélèvement du ganglion sentinelle
Techniques chirurgicales 41-710
dans les cancers du col et du corps de l’utérus
Tableau 2. – Principales études sur le prélèvement du ganglion sentinelle (GS) dans les cancers de l’endomètre
Auteurs Nombre Site Méthode Voie Taux d’iden- Nb moyen Nb de FN
de patientes d’injection de d’abord tification de GS patientes (%)
détection (%) GS+

Burke [20] 15 M B Laparotomie 67 3,1 2 27


Echt [29] 8 M B Laparotomie 0 0 0 –
Holub [22] 13 M B Cœlioscopie 62 1,2 2 NP
12 M+C B Cœlioscopie 83 2,5 2 NP
Pelosi [21] 16 C B+R Cœlioscopie 94 1,6 3a 0
Barranger [24] 17 C B+R Cœlioscopie 94 2,6 5a 0
Niikura [23] 28 H R Laparotomie 82 3,1 2a 0
Raspagliesi [55] 17 H B+R Laparotomie 100 3 4a 0
Fersis [56] 10 H R Laparotomie 70 3 1 0

Nb : nombre ; GS : ganglion sentinelle ; M : injection myométriale ; C : injection intracervicale ; H : injection hystéroscopique ; B : détection colorimétrique au colorant bleu ; R : détection radio-isotopique ; NP: non précisé.
a Analyse immunohistochimique des GS.

Récemment, une autre voie d’injection a été utilisée par Niikura et


Si le produit d’injection utilisé semble important pour le taux al. [23] qui ont réalisé par hystéroscopie des injections dans
d’identification du GS, le site d’injection l’est tout autant pour la l’endomètre de radiopharmaceutique technétié associé à du bleu.
détection des GS dans le cancer de l’endomètre. Vingt-huit patientes ont été incluses dans cette étude. Les auteurs
argumentent en faveur de cette voie d’injection en expliquant que le
SITES D’INJECTION trajet produit, ainsi injecté, mime exactement le drainage naturel des
Deux sites d’injection sont possibles dans les cancers de cellules cancéreuses du cancer de l’endomètre. Le taux de détection
l’endomètre : intracervicale ou intramyométriale. du GS était de 82 %, le taux de FN de 0. Il semble malgré tout que
Les premières études rapportées ont été faites après réalisation cette voie d’injection soit difficilement réalisable en pratique, car elle
d’injections myométriales. Ainsi, Burke et al. [20] ont injecté à 15 alourdit la procédure du prélèvement du GS. De plus, l’injection
patientes, en début d’intervention, 3 ml de bleu isosulfan dans le sous l’endomètre revient à effectuer des injections myométriales
myomètre, au niveau de trois sites différents : le fond utérin, la face profondes. Récemment, nous avons rapporté la faisabilité par voie
antérieure et la face postérieure. Un ou plusieurs GS ont été laparoscopique du prélèvement du GS avec une technique
visualisés chez 10 patientes. Des métastases ganglionnaires d’identification combinée, dans une série de 17 patientes ayant un
pelviennes et/ou lomboaortiques ont été retrouvées chez quatre cancer de l’endomètre. [24] Après injection péricervicale, un ou
patientes. Dans seulement deux cas, le GS prélevé était positif. Chez plusieurs GS étaient identifiés dans 94 % des cas. Aucun cas de FN
la troisième patiente, un GS para-aortique avait été prélevé qui était n’était rapporté dans cette série.
négatif, alors qu’un des ganglions du curage, correspondant à un
ganglion obturateur, était métastatique, constituant un cas de FN.
LOCALISATION DES GANGLIONS SENTINELLES
La quatrième patiente avait de multiples ganglions pelviens positifs,
alors qu’aucun GS n’avait été préalablement repéré. Dans cette série, Comme pour le cancer du col, la majorité des GS dans les cancers
le taux de FN s’élevait à 27 %, incitant les auteurs à conclure que les de l’endomètre a été détectée dans la région iliaque externe sous-
injections myométriales n’étaient peut-être pas adaptées pour veineuse, puis au niveau de la bifurcation iliaque.
repérer le GS dans les cancers de l’endomètre. De la même manière, Il semblerait cependant que l’injection intramyométriale permette
Echt et al. [29] ont également réalisé des injections myométriales de de détecter davantage de GS para-aortiques. En effet, Burke et al. [20]
bleu. La série portait sur huit patientes ayant eu un prélèvement de et Niikura et al. [23] ont mis en évidence un nombre important de GS
GS après injection de bleu dans le fond utérin en début para-aortiques, après avoir injecté du bleu ou du
d’intervention. Aucun GS n’a été repéré lors de la laparotomie. radiopharmaceutique technétié dans le corps de l’utérus : Burke et
Pelosi et al. [45] rapportaient, en 2002, une série de 11 patientes, chez al. [20] ont repéré 12 GS bleus para-aortiques sur les 31 prélevés
lesquelles la voie d’injection intracervicale était choisie et la détection (38,7 %) après avoir réalisé des injections de bleu intramurales par
combinant colorant et radiopharmaceutique pratiquée. Le taux de laparotomie ; Niikura et al. [23] ont identifié des GS para-aortiques
détection était de 100 %. Le nombre de faux négatifs n’était pas chez 18 patientes sur 28 (64,3 %) après avoir injecté du
mentionné dans cette étude, ni le taux d’envahissement radiopharmaceutique technétié sous l’endomètre par hystéroscopie.
ganglionnaire, ce qui limite l’interprétation des résultats. L’année À l’inverse, Pelosi et al. [21] n’ont identifié aucun GS para-aortique
suivante, la même équipe publiait une série de 16 patientes [21] chez après avoir injecté du bleu et du radiopharmaceutique technétié en
lesquelles la recherche du GS était également faite après injection intracervical. Tous les GS identifiés étaient situés au niveau de
intracervicale de bleu et de radiopharmaceutique. Le taux de l’artère iliaque interne.
détection était de 94 %. Il existe un double drainage lymphatique dans les cancers de
Par la suite, Holub et al., [22] en 2002, publiaient une série de l’endomètre, pelvien et para-aortique. [46, 47] Récemment, Mariani et
25 patientes, visant à comparer les deux sites d’injection de bleu al. [48] ont montré, dans une étude de 625 patientes, que les ganglions
(cervicale et myométriale), en utilisant la voie cœlioscopique. Ainsi, iliaques externes sont les plus fréquemment envahis chez les
le premier groupe incluant 13 patientes recevait, en préopératoire, patientes avec un adénocarcinome de l’endomètre limité au corps
quatre injections intracervicales de 2 ml de bleu patenté dilué, puis, de l’utérus ou avec une invasion cervicale. Mais l’atteinte des
en début d’intervention, trois autres injections myométriales ganglions iliaques communs est plus fréquente lorsque le col est
superficielles (fond utérin, face antérieure et postérieure) du même envahi. L’atteinte des ganglions para-aortiques semble se faire via
produit. Le deuxième groupe de 12 patientes recevait uniquement les ganglions iliaques externes et obturateurs quand la tumeur est
les trois injections myométriales en début de laparoscopie. Le taux limitée au corps de l’utérus, alors qu’elle semble se faire via les
d’identification global était de 75 %. Dans le premier groupe, il était ganglions iliaques communs lorsqu’il y a une atteinte cervicale. Les
de 83 %, dans le deuxième groupe, de 61,5 %. Chez deux patientes, mêmes auteurs ont étudié l’atteinte ganglionnaire para-aortique chez
trois ganglions métastatiques étaient retrouvés dans le curage, dont 612 patientes présentant un cancer de l’endomètre. [49] Quarante-
deux étaient bleus, c’est-à-dire étaient identifiés comme GS. Les sept pour cent des patientes ayant des métastases ganglionnaires
auteurs concluent que l’injection de bleu dans le col et dans le pelviennes ont également une atteinte des ganglions para-aortiques.
myomètre permet d’améliorer le taux de détection du GS dans les Il existe une atteinte para-aortique isolée dans seulement 2 % des
cancers de l’endomètre. cas.

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Technique et résultats du prélèvement du ganglion sentinelle
41-710 Techniques chirurgicales
dans les cancers du col et du corps de l’utérus
TAUX DE FAUX NÉGATIFS offre de nombreux avantages, principalement la diminution de la
Dans la littérature, il varie entre 0 et 27 %. Il semblerait que le taux morbidité chirurgicale et l’analyse immunohistochimique des GS
de FN soit plus important quand l’injection est myométriale. prélevés qui constitue une voie de recherche fondamentale.
Cependant, il est actuellement difficile de conclure sur ces résultats Dans les cancers du col à un stade précoce, elle pourrait également
car d’autres équipes ont obtenu par la suite de meilleurs résultats s’intégrer dans le cadre d’une évaluation préthérapeutique de
par la même voie d’injection. [23] De plus, les séries publiées stadification ganglionnaire.
concernent peu de patientes. Dans les cancers de l’endomètre, le problème du site d’injection n’est
pas encore résolu et le nombre de séries est encore trop faible.
Conclusion Cependant, des études prospectives multicentriques sont nécessaires
avant de proposer cette procédure en routine à la place de la
La technique du ganglion sentinelle est actuellement en cours de lymphadénectomie pelvienne systématique. Que ce soit pour les cancers
faisabilité dans les cancers du col et du corps de l’utérus. Le nombre de du col ou du corps de l’utérus, les indications ne sont pas encore bien
séries, ainsi que de patientes incluses reste encore limité, surtout pour le définies et les méthodes d’injection non standardisées.
cancer de l’endomètre. La méthode combinée, associant l’injection de
bleu et de radiopharmaceutique, semble donner de meilleurs résultats en
termes de détection.
La version originale de cet article a été publiée dans Elsevier, Annales de chirurgie, 128, 2003 :
Le prélèvement du GS constitue une nouvelle avancée dans la réduction
680-687.
du caractère radical de la chirurgie du cancer du col. Cette technique

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7
ENCYCLOPÉDIE MÉDICO-CHIRURGICALE 41-825

41-825

Techniques de traitement chirurgical


des prolapsus génitaux par voie
abdominale
JP Lefranc R é s u m é. – Des trois directions possibles de fixation par voie abdominale, seules
J Blondon les fixations postérieures et latérales doivent être pratiquées.
J Rimailho La promontofixation consiste – dans ses principes – à rétablir les axes et les caps
J Hoff viscéraux, à traiter ou à prévenir une incontinence urinaire d’effort ou une pathologie
J Becue gynécologique bénigne associée, l’utilisation d’un matériel prothétique permettant de
remplacer les ligaments et fascias défaillants. Ainsi sont associés systématiquement :
une colpopexie rétropubienne selon le procédé de Burch, une promontofixation à
l’aide de deux prothèses : l’une intervésicogénitale, l’autre interrectovaginale et, dans
la majorité des cas : une hystérectomie – le plus souvent subtotale –, une
périnéorraphie postérieure, et, en cas de cul-de-sac de Douglas profond ou
d’élytrocèle, une douglassectomie.
La fixation latérale consiste à fixer aux épines iliaques antérosupérieures l’utérus ou le
vagin, à l’aide d’une prothèse. Une douglassectomie doit y être systématiquement
associée. Cette intervention est réalisable par voie cœlioscopique.

Introduction résorbable renforçant les structures naturelles défaillantes et devant


maintenir, à long terme, la correction anatomique.
Pour les prolapsus importants survenant chez la femme encore jeune ou Le risque, particulièrement pour les fixations postérieures, est plutôt
extériorisés, la simple réfection périnéale est insuffisante [2]. celui d’une hypercorrection, éventuellement source de troubles
fonctionnels, que d’une insuffisance.
Des trois directions possibles d’amarrage des viscères pelviens :
antérieure, latérale et postérieure, seules les deux dernières sont
pratiquées, la seconde vivant essentiellement des contre-indications à la Anatomie, statique et dynamique pelviennes
fixation postérieure. Les fixations antérieures, compte tenu au mieux de
leur insuffisance, au pire de leur nocivité représentée en premier lieu par (fig 1, 2A, 2B)
l’apparition d’une élytrocèle, ne doivent plus être pratiquées. La Elles ont été remarquablement décrites dans les années 1960 par les
suppression du cul-de-sac de Douglas, qui est presque constamment auteurs, tant français qu’étrangers, et il convient ici de rendre hommage
élargi et approfondi, s’avère indispensable. à l’école de Broca, et particulièrement à Alexis Béthoux dont les travaux
Le but des fixations par voie abdominale est de rétablir une statique et ont largement contribué à la compréhension de la dynamique pelvienne.
une dynamique les plus proches possibles de la normalité, au prix d’une Rien de déterminant n’a, depuis, été apporté.
morbidité la plus faible possible, le recours à un matériel de fixation non Seule une brève synthèse sera rappelée ici.

Jean-Pierre Lefranc : Professeur des Universités, praticien hospitalier.


Anatomie
Jean Blondon : Professeur des Universités, praticien hospitalier.
Service chirurgical et gynécologique, hôpital Pitié-Salpêtrière, 47-83, boulevard de Contenu viscéral
l’Hôpital, 75651 Paris cedex 13, France. Il se compose d’avant en arrière des structures suivantes.
Jacques Rimailho : Maître de conférences des Universités, praticien hospitalier.
Jean Hoff : Professeur des Universités, praticien hospitalier.
Jean Becue : Professeur des Universités, praticien hospitalier.
Vessie
Service de chirurgie générale et gynécologique, hôpital de Rangueil, 1, avenue Jean- – Sa taille, sa forme et ses rapports avec les structures voisines
Poulhès, 31000 Toulouse, France. dépendent de son état de réplétion.
© Elsevier, Paris

– Sa loge est limitée : en haut, par le péritoine pelvien ; en bas et en


Toute référence à cet article doit porter la mention : Lefranc JP, Blondon J, Rimailho arrière, par le plancher pelvien constitué par la cloison vésicovaginale,
J, Hoff J et Becue J. Techniques de traitement chirurgical des prolapsus génitaux structure dont la faible résistance explique la fréquence des cystocèles ;
par voie abdominale. Encycl Méd Chir (Elsevier, Paris), Techniques chirurgicales –
Gynécologie, 41-825, 1998, 12 p.
latéralement, par la portion antérieure des lames sacro-recto-génito-
pubiennes ; en avant, par l’aponévrose ombilicoprévésicale.
41-825 TECHNIQUES DE TRAITEMENT CHIRURGICAL DES PROLAPSUS GÉNITAUX Techniques chirurgicales
PAR VOIE ABDOMINALE

3 1 2 3 2A
4

5 6 7 8 9 10
1
1 Coupe sagittale du pelvis féminin au repos. Noter les trois caps viscéraux.
1. Promontoire. 2. Partie supérieure des lames sacro-recto-génito-pubiennes 2B
(ligament utérosacré). 3. Partie inférieure des lames sacro-recto-génito- 2 A. Dynamique pelvienne : coupe sagittale du petit bassin féminin au repos.
pubiennes. 4. Ligament vésico-utérin. 5. Ligament pubo-vésico-urétral. Noter les trois caps viscéraux. 1. Cap vésico-urétral. 2. Cap vaginal. 3. Cap
6. Faisceau élévateur du releveur de l’anus. 7. Aileron viscéral commun. anorectal.
8. Faisceau sphinctérien du releveur. 9. Noyau fibreux central du périnée. B. Dynamique pelvienne : coupe sagittale à l’effort de poussée. Noter l’efface-
10. Raphé anococcygien. ment des caps vésico-urétral et vaginal.

– Elle est prolongée par l’urètre, dont la brièveté et l’amarrage très Moyens de fixité
solide de ses parties moyenne et inférieure expliquent qu’elles soient
plus rarement impliquées dans les troubles de la statique et de la Moyens de soutien
dynamique pelviennes.
• Périnée profond ou diaphragme pelvien

Utérus et vagin Il est constitué des muscles élévateurs de l’anus, divisés en un faisceau
externe, dit iliococcygien, et surtout un faisceau plus interne, dit
– Ils sont situés dans la loge génitale ouverte au niveau de l’hiatus pubococcygien ou puborectal, s’amarrant sur le vagin et le rectum,
génital et limitée : en arrière, par la cloison rectovaginale ; en avant, par créant ainsi les caps vaginal et rectal et obturant l’hiatus pelvien ; et, plus
la cloison vésicovaginale ; latéralement, par les lames sacro- en arrière, le muscle ischiococcygien ; ils sont recouverts, sur leur face
recto-génito-pubiennes. supérieure, par l’aponévrose pelvienne.
– Ils présentent trois caps : antéflexion du corps sur le col utérin de 120°, • Périnée moyen ou diaphragme urogénital
antéversion de l’axe de l’utérus sur celui du vagin de 90° et cap vésico-
urétral dont l’existence et l’importance sont fonction de l’état de Il est constitué de l’aponévrose périnéale moyenne avec son feuillet
contractilité des muscles élévateurs de l’anus, solidaires du vagin. inférieur résistant et, sus-jacents, le mucle transverse profond et le
sphincter strié de l’urètre.
Rectum et canal anal • Périnée superficiel
– Pour ce qui concerne l’ampoule rectale, longue de 12 à 14 cm, elle est Il est constitué de l’aponévrose périnéale superficielle et des muscles
située dans une loge limitée, en avant par la cloison rectovaginale, en transverse superficiel, ischiocaverneux, bulbocaverneux et constricteur
arrière par le fascia rétrorectal, et latéralement par les lames de la vulve.
sacro-génito-pubiennes.
Moyens de suspension
– Pour ce qui concerne le canal anal, long de 3 à 5 cm, il se situe au-
dessous du plan des élévateurs de l’anus, entre les fosses ischiorectales. • Lames sacro-recto-génito-pubiennes
Ils sont coudés l’un par rapport à l’autre selon un angle de 90 à 100°, le Elles comprennent le plexus hypogastrique et limitent latéralement la
rectum comblant la concavité sacrée, le canal anal étant très oblique en loge viscérale, échangent des fibres avec les différents organes,
bas et en arrière. constituant ainsi des « ligaments » utérosacrés, pubo-vésico-utérins.

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Techniques chirurgicales TECHNIQUES DE TRAITEMENT CHIRURGICAL DES PROLAPSUS GÉNITAUX 41-825
PAR VOIE ABDOMINALE
• Structures à direction médiale Le colpocystogramme (ou la cystographie rétrograde) n’est réalisé que
Elles sont issues de la tente de l’artère hypogastrique, renforcées de devant certaines récidives ; le bilan urodynamique l’est systéma-
condensations mésenchymateuses ou ailerons : rectal, génital et vésical tiquement, même en l’absence d’incontinence urinaire, afin de
avec les tentes des artères ombilicale, utérine et hémorroïdale moyenne, diagnostiquer un éventuel effondrement de la pression de clôture qui
et les cloisons séparant les viscères les uns des autres, du sacrum au exposerait à un risque d’incontinence après suppression de l’effet pelote
pubis. de la cystocèle, en l’absence de geste préventif efficace.
L’urographie intraveineuse est systématique ; en cas de contre-
Moyens d’orientation indication, elle sera remplacée par une échographie rénale.
Les ligaments ronds et utérosacrés sont responsables de l’antéflexion et Au plan de la préparation, un régime sans résidu, les jours précédant
de l’antéversion utérines. l’intervention, un lavement évacuateur, voire la prise d’une potion type
Ainsi existe-t-il deux systèmes différents : X-Prept sont systématiques.
– l’un, musculaire et contractile ; La prescription d’une œstrogénothérapie locale est systématique chez
– l’autre, fibreux et inerte. les femmes ménopausées.
Statique et dynamique
Les positions respectives des viscères qui reposent, par le biais des caps, Technique opératoire type : promontofixation
les uns sur les autres, et les moyens précédemment rappelés, expliquent par prothèses de MersylèneT avec hystérectomie
les statiques, dynamiques normales et pathologiques du pelvis féminin. subtotale, colpopexie rétropubienne
et périnéorraphie postérieure pour prolapsus
À l’état normal associant cystocèle et hystérocèle
La contraction des faisceaux élévateurs des releveurs de l’anus majore
l’angulation des caps vaginal (et donc vésico-urétraux) et anorectal (et Incision
donc la superposition des viscères pelviens), élève le noyau fibreux
central du périnée, rétrécit la fente urogénitale. Sauf antécédent chirurgical contraignant à une voie d’abord médiane,
l’incision doit être une incision horizontale la moins traumatique
À l’effort de poussée, le vagin s’horizontalise, le cap anorectal tend à possible, et ce d’autant qu’il existe souvent une faiblesse pariétale,
s’effacer, l’ensemble du combiné viscéral à se déplacer vers l’arrière et l’association d’une hernie inguinale n’étant pas exceptionnelle.
à s’appuyer sur le noyau fibreux central du périnée, dont la solidité L’incision de Pfannenstiel, qui ne lèse pas les muscles grands droits,
apparaît alors essentielle, particulièrement col utérin et partie haute du éventuellement large, garde notre préférence. Après avoir incisé les deux
vagin, aboutissant ainsi à l’effacement du cul-de-sac de Douglas. feuillets aponévrotiques des muscles abdominaux, au moins 1 cm au-
À l’état pathologique dessus de leur insertion inférieure, afin de permettre une réparation
solide, les muscles grands droits et pyramidaux droits et gauches sont
L’altération d’une ou de plusieurs des structures concourant à la statique séparés, afin d’aborder l’espace de Retzius pour réaliser la colpopexie
pelvienne (cloisons et fascias, lames sacro-génito-pubiennes, ailerons rétropubienne, premier temps abdominal.
viscéraux, muscles élévateurs de l’anus), aboutit à l’apparition des
ptôses et bombements – éléments constitutifs des prolapsus génitaux –
et, pour une bonne partie, de l’incontinence urinaire d’effort. Certains Colpopexie rétropubienne
prolapsus génitaux, au premier rang desquels les volumineuses Elle dérive directement de la technique décrite par Burch en 1961 [3] :
cystocèles, peuvent cependant masquer l’incontinence (effet « pelote ») fixation de la face antérieure du vagin en direction des ligaments de
qui pourra se révéler après correction du prolapsus, en l’absence de Cooper, à l’aide de matériel non résorbable.
traitement préventif spécifique. L’introduction dans le vagin d’un corps étranger – doigts du chirurgien
notamment –, permettant de bien en exposer la face antérieure, facilite
les temps de dissection et de fixation des points.
Fixations postérieures
Abord et dissection des structures anatomiques
Principes L’abord des ligaments de Cooper se fait en règle générale aisément, de
Initiées en France dans les années 1960 pour le traitement des prolapsus la ligne médiane vers l’extérieur, de la pointe des ciseaux longs, en
vaginaux et rectaux [1, 4, 6, 7, 14], elles ont été progressivement modifiées s’arrêtant immédiatement avant le relief facilement reconnaissable de la
pour aboutir à la technique actuelle [10, 11, 15]. veine iliaque externe. Le relief blanc nacré du ligament de Cooper, plus
Elles consistent à : ou moins saillant, prismatique triangulaire, est plus marqué et plus solide
– rétablir, par l’intermédiaire des moyens de suspension et dans sa partie moyenne qu’à ses extrémités ; l’hémostase d’une petite
d’orientation, les axes viscéraux : antéflexion et antéversion utérines en veine courant sur le ligament peut s’avérer nécessaire.
cas de conservation utérine, angle vésico-urétral ; La découverte du ligament de Cooper est plus laborieuse chez l’opérée
– assurer, par l’utilisation de matériel prothétique, le renforcement des obèse ou en cas de réintervention et peut nécessiter, pour éviter de la
fascias et cloisons intervésico- et interrectovaginales déficients ; traumatiser, de dégager la face interne de la veine iliaque externe.
– adjoindre, presque constamment, dans le cadre du soutènement des L’abord de la face antérieure du complexe vésico-urétral et du vagin doit
viscères, une périnéorraphie postérieure ; être réalisé délicatement de la pointe des ciseaux longs, afin d’éviter de
– réséquer les hernies périnéales constituées essentiellement de blesser les veines souvent volumineuses courant sur le vagin. La face
l’élytrocèle ou les culs-de-sac de Douglas trop profonds ; antérieure de la jonction vésico-urétrale et du vagin, doit être dégagée le
plus bas et le plus latéralement possible, le but étant de corriger les
– prévenir ou traiter une incontinence urinaire d’effort. parties moyennes et basses de la cystocèle et non pas seulement une
L’ensemble aboutissant à la restitution, à long terme, d’une statique et incontinence urinaire d’effort. La vascularisation et l’innervation du
d’une dynamique pelviennes normales et particulièrement, lors de la sphincter strié urétral doivent être au maximum préservées.
poussée, une migration vers le sacrum (notamment S3) du combiné
génito-urinaire, avec effacement du cul-de-sac de Douglas. Points de fixation vaginale
Elles consistent enfin à prévenir ou traiter une pathologie gynécologique
bénigne associée. Trois points – en X afin de les rendre plus solides et de faire l’hémostase
– de fil non résorbable, de type Mersylènet, prennent le fascia et la
musculeuse vaginale, en évitant d’être transfixiants : le point le plus bas
Bilan préopératoire et préparation à l’intervention le plus interne, un point intermédiaire, le point le plus haut et le plus
Le bilan doit systématiquement comprendre des frottis cervicovaginaux, externe au niveau du bord inférieur du col vésical. Cette disposition en
complétés au besoin d’une colposcopie avec biopsies, afin d’éliminer V à pointe inférieure des six points, avec de chaque côté un point assez
toute pathologie cervicale. externe, permet une bonne répartition des forces de pulsion vers le bas

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41-825 TECHNIQUES DE TRAITEMENT CHIRURGICAL DES PROLAPSUS GÉNITAUX Techniques chirurgicales
PAR VOIE ABDOMINALE
mesure de leurs passages ou tous en même temps, l’introduction de
doigts intravaginaux permettant de guider le degré d’ascension de la face
antérieure du vagin et de soulager la tension avant que tous les fils ne
soient noués.
Le temps de colposuspension ainsi réalisé permet de traiter les parties
basse et moyenne de la cystocèle, ainsi que l’incontinence urinaire
d’effort patente ou potentielle. Le degré d’ascension de la voûte vaginale
devra être suffisant pour obtenir un bon résultat anatomique en évitant
l’hypercorrection qui compromettrait l’eupareunie et entraînerait une
dysurie invalidante. Il devra être modulé par l’anatomie de l’opérée et
des considérations urodynamiques, telles la pression maximale de
clôture – une pression basse justifiant une colposuspension « serrée »,
voire l’association d’une opération « fronde » – et l’efficacité du
détrusor. Un bon résultat anatomique et fonctionnel résulte d’un
compromis entre ces différents paramètres et relève essentiellement de
l’expérience de l’opérateur, la tendance naturelle étant à
l’hypercorrection.
Une fois la colposuspension terminée, l’hémostase révisée et le compte
des champs et compresses effectué, on se porte sur la cavité péritonéale.

Hystérectomie et promontofixation
Après ouverture verticale du péritoine pariétal antérieur, les anses
intestinales sont refoulées par des champs abdominaux, afin de
parfaitement visualiser l’appareil génital, les parois latérales du pelvis,
en repérant les deux uretères, et plus particulièrement le droit, et d’avoir
un accès aisé à la région du promontoire.

Douglassectomie (fig 3, 4A, 4B, 5)

3 Incision à l’aplomb du promontoire du péritoine prévertébral. • Abord du promontoire et du cul-de-sac de Douglas


Après avoir refoulé sur la gauche le rectosigmoïde, repéré par la vue et
et une correction efficace des parties basse et moyenne de la cystocèle. la palpation la saillie du promontoire – qui ne devra pas être confondue
Un point trop externe entraînerait un effet de haubanage de la face avec un faux promontoire –, l’uretère droit et la veine iliaque primitive
postérieure du fourreau vaginal non physiologique et risquerait, de plus, gauche, le péritoine prévertébral, saisi entre deux pinces fines type
de moins bien corriger l’incontinence urinaire d’effort patente ou Bengoléa, est incisé verticalement sur 3 à 4 cm.
potentielle. De ce fait, la position de ce point est un compromis entre les L’effondrement et le refoulement prudents du tissu celluleux
importances relatives de la cystocèle, qui justifie un étalement plus prérachidien permet de dégager, jusqu’à être à son contact immédiat, le
important des points, et de l’incontinence urinaire. ligament vertébral antérieur, aisément reconnaissable à sa texture et à sa
couleur blanc nacré toujours parcourue de petits vaisseaux présacrés à
Fixation dans le ligament de Cooper direction verticale.
Les fils de Mersylènet prennent solidement l’arête des ligaments de Deux fils non résorbables, type Mersylènet de fort calibre (n° 1), sont
Cooper, la faible épaisseur de ces structures, dans leur portion alors passés transversalement dans l’épaisseur du ligament à, au
antérieure, justifiant souvent d’utiliser leurs portions moyennes et minimum, 5 mm l’un au-dessus de l’autre, l’aiguille devant, pour ne pas
postérieures, en prenant garde, particulièrement chez les malades risquer d’être trop profond et de léser le disque L5-S1 lui-même, être
grasses, à la veine iliaque externe ou à ses branches, particulièrement « visible par transparence » et le refoulement de la veine iliaque gauche
l’anastomose avec la veine obturatrice. Les fils sont noués au fur et à évitant sa blessure. Les chefs de ces deux fils sont gardés sur pince.

4
A B
4 A. Dégagement du ligament prévertébral. 1. Péritoine pariétal prévertébral. 2. Graisse sous-péritonéale. 3. Veines présacrées. 4. Ligament prévertébral.
B. Passage des fils dans l’épaisseur du ligament prévertébral. Noter que l’aiguille est visible « par transparence ». Une veine présacrée a été liée.

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Techniques chirurgicales TECHNIQUES DE TRAITEMENT CHIRURGICAL DES PROLAPSUS GÉNITAUX 41-825
PAR VOIE ABDOMINALE
La dissection, réalisée de la face dorsale des doigts ou à l’aide de ciseaux
longs à bout mousse, se trouve considérablement aidée par
l’introduction d’une grosse bougie de Hegar ou de la main gauche de
l’opérateur droitier, permettant ainsi de bien étaler la face postérieure du
vagin.
La préparation des prothèses. Nous utilisons, sauf en cas de risque
septique, des prothèses non résorbables en Mersylènet, bien tolérées,
taillées en forme de triangle isocèle à pointe inférieure et à grand axe
perpendiculaire au sens d’extensibilité de la plaque, et adaptées à la
surface à couvrir. Elles sont systématiquement enduites d’antiseptique
de type Bétadinet.
La fixation des prothèses (fig 6, 7, 8, 9). Elle se fait par une dizaine de
points simples ou en X de fil non résorbable type Mersuturet sur la face
antérieure du col utérin et sur les faces antérieures et postérieures du
vagin. La présence d’une grosse bougie de Hegar ou des doigts de
l’opérateur permet un montage solide sans points transfixiants au niveau
du vagin.
Mise en tension du montage et péritonisation « idéale » (fig 10, 11).
Débuter par la péritonisation « idéale », c’est-à-dire bord à bord, au fond
du pelvis, la rend plus aisée. Elle est réalisée par un hémisurjet de fil
lentement résorbable affrontant les bords, avivés, du péritoine du fond
du cul-de-sac de Douglas et du dôme vésical, passant en pont au-dessus
du col utérin, et des prothèses qui devront être parfaitement exclues de
la cavité péritonéale. Cette péritonisation doit être solide et tendue lors
de sa réalisation car l’ablation de la valve autostatique la relâchera.
La promontofixation amarre directement la face postérieure de la partie
haute du col utérin à l’aide de l’un des deux fils de Mersylènet et,
indirectement, col utérin et faces antérieure et postérieure du vagin par
l’intermédiaire des deux prothèses. Le montage s’avère particulièrement
solide et son danger est toujours plus celui d’une hyper- que d’une
hypocorrection.
5 Incision de la douglassectomie. Il faut se rappeler que le décubitus et la position de Tredelenburg
durant l’intervention corrigent déjà, dans la majorité des cas, le
prolapsus et particulièrement l’hystérocèle. L’hypercorrection
Le péritoine prévertébral incisé, trois éventualités sont envisageables gênant la surveillance colpocytologique et pouvant entraîner des
concernant le péritoine latéropelvien droit et le cul-de-sac de Douglas : troubles fonctionnels, notamment urinaires (incontinence,
– incision de ce péritoine, de l’ouverture en regard de L5-S1 jusqu’au impériosités...), il convient de respecter certains points. Ainsi, le col
Douglas qui sera ouvert prudemment, en visualisant en permanence utérin ne doit en aucun cas être amené au contact ou même à
l’uretère jusqu’à son entrée dans le paramètre, en passant au-dessus du proximité du promontoire. Une certaine laxité doit être laissée, et ce
relief du ligament utérosacré droit ; d’autant que la fixation naturelle se fait en direction de S3 et non de
L5-S1. Le toucher vaginal doit permettre d’atteindre aisément le col
– simple tunnellisation à l’aide d’un clamp courbe du trajet de passage utérin qui doit rester légèrement en avant du plan frontal, passant par
des prothèses ; les épines iliaques antérosupérieures et retrouver, nettement marqué,
– douglassectomie ou, plus souvent, hémidouglassectomie droite, selon le cap vésico-urétral créé par la colposuspension réalisée auparavant.
Jamain et Letessier respectant au maximum le tissu conjonctif sous- Il nous est en effet apparu que la réalisation première de la
péritonéal et permettant une péritonisation sans tension. promontofixation limitait plus les possibilités de correction de
l’incontinence urinaire d’effort et de la partie moyenne/basse de la
• Hystérectomie cystocèle.
La conservation ovarienne sera fonction de l’âge. Sauf cas particuliers – La promontofixation réalisée, l’hémostase contrôlée, la péritonisation
surtout des antécédents de pathologie cervicale –, il s’agit d’une bord à bord est complétée au fil lentement résorbable, en évitant d’être
hystérectomie subtotale ou immédiatement supra-isthmique menée de trop près de l’uretère et de laisser un hiatus, source éventuelle
façon classique, le relief cervical restant devant être suffisamment d’occlusion intestinale.
volumineux pour éviter les points transfixiants et éviter tout risque – au Tout le matériel prothétique et le col utérin doivent être parfaitement
moins théorique – de sepsis. La section légèrement en entonnoir vers le sous-péritonisés.
bas et non strictement horizontale permet une meilleure fermeture du
moignon cervical qui sera traité à l’aide d’un antiseptique type Fermeture de la paroi abdominale et périnéorraphie
Bétadinet.
Fermeture de la paroi abdominale
• Décollements vésico- et rectogénitaux et pose des prothèses
Elle se fait plan par plan au fil lentement résorbable sur un drainage
Le décollement vésicocervical, amorcé lors du temps d’hystérectomie, aspiratif de la région sous-aponévrotique et éventuellement du
est prolongé sur la face antérieure du col utérin et du vagin, en général Retzius.
sur ses 3 à 4 premiers centimètres, en fait jusqu’où la dissection entre
vagin et vessie devient difficile – témoignant de la persistance à ce Périnéorraphie postérieure
niveau de structures anatomiques solides –, en restant médian à distance Presque toujours justifiée, elle doit éviter de rejoindre le décollement
des deux uretères et en respectant les piliers externes de la vessie. rectovaginal mené par voie abdominale. Sa technique n’offre aucune
Le décollement rectovaginal, amorcé lors de l’ouverture du cul-de- particularité.
sac de Douglas, est prolongé jusqu’à la sangle des élévateurs de
l’anus et doit dégager le plus largement possible la face postérieure Variantes techniques
du vagin. Ce décollement, s’il est réalisé dans le bon plan, doit être
pratiquement exsangue et ne pas laisser de tissu adipeux périrectal Elles concernent les différents temps opératoires, les conditions de
contre le vagin. l’intervention, le matériel utilisé et les gestes éventuellement associés.

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41-825 TECHNIQUES DE TRAITEMENT CHIRURGICAL DES PROLAPSUS GÉNITAUX Techniques chirurgicales
PAR VOIE ABDOMINALE

6 Promontofixation avec hystérectomie subtotale : mise en place de la prothèse


antérieure.
8 Promontofixation après hystérectomie subtotale : les deux prothèses antérieure
et postérieure ont été fixées. Noter la douglassectomie essentiellement droite.

1 1

9 Promontofixation avec hystérectomie subtotale : fixation directe et indirecte par


deux prothèses. Vue sagittale.

Colposuspension (fig 12, 13)


7 Promontofixation avec hystérectomie subtotale : fixation directe et indirecte. Dans le cadre du traitement des cystocèles, la fixation du vagin par un
Une seule prothèse antérieure a été fixée.
seul point apparaît insuffisante.

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PAR VOIE ABDOMINALE

10 Promontofixation avec conservation du corps utérin : péritonisation « idéale ». 11 Péritonisation après hystérectomie subtotale. Noter la sous-péritonisation
La prothèse postérieure et la promontofixation directe n’ont pas été représentées. complète du matériel prothétique.

12 Association d’une colpopexie et d’une fronde aux ligaments de Cooper.


Trois points, de chaque côté, amarrent le vagin para-urétral aux ligaments de Coo-
per. À noter, la disposition en triangle des points vaginaux, le plus haut étant 13 Association d’une colpopexie et d’une fronde aux ligaments de Cooper.
latéralisé. La bandelette a été passée sous le col vésical et n’est pas encore fixée. La fronde a été fixée aux ligaments de Cooper.

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41-825 TECHNIQUES DE TRAITEMENT CHIRURGICAL DES PROLAPSUS GÉNITAUX Techniques chirurgicales
PAR VOIE ABDOMINALE

14 Promontofixation directe (1) et indirecte (2) par l’intermédiaire de deux prothè- A


ses en cas de conservation du corps utérin : l’une, antérieure, divisée en deux
branches cravatant le col utérin et l’autre, postérieure. Le fil (2) amarrera les deux
prothèses.

Les antécédents chirurgicaux peuvent rendre difficile l’abord de l’espace


de Retzius. L’ouverture, délibérée et contrôlée, de la face antérieure de
la vessie permet alors de repérer col vésical et méats urétéraux, de
dégager sans risque la face antérieure du vagin. L’abord des ligaments
de Cooper peut également être gêné par la fibrose, exposant la veine
iliaque externe à sa blessure si les points d’amarrage sont trop
postérieurs. Bien que d’autres points de fixation latérale soient possibles
(élévateurs de l’anus, ligaments de Gunsee notamment), l’utilisation des
ligaments de Cooper reste préférable et presque toujours possible.
L’incontinence urinaire peut justifier une opération fronde (récidive,
pression de clôture basse, etc). La cystocèle ne sera pas corrigée ;
l’adjonction de points de colpopexie apparaît alors justifiée.

Promontofixation, hystérectomie et péritonisation (fig 14, 15A,


15B, 16, 17)
Le niveau de fixation des prothèses peut – et devrait – être situé plus bas
que L5-S1, la fixation physiologique se faisant vers S3.
Le ligament vertébral antérieur s’amincissant progressivement,
l’amarrage doit être réalisé à petits points suffisamment solides sans
prendre le périoste et, de ce fait, en règle sur S1.
La conservation du corps utérin nécessite de séparer la partie postérieure
de la prothèse antérieure en deux branches qui contourneront, en dehors
des pédicules utérins, l’isthme utérin. Le degré de correction doit
permettre, malgré l’antéversion induite, l’exploration aisée de la cavité B
utérine. Dans ces conditions, la péritonisation – au fil non résorbable – 15 A. Promontofixation après hystérectomie totale.
reste plus difficile et moins solide, exposant à un risque plus important B. Promontofixation après hystérectomie totale par deux prothèses, avec
colpopexie aux ligaments de Cooper. Vue sagittale.
de lâchage et donc d’occlusion intestinale.
Ce risque doit, comme tous les autres, être explicité à l’opérée et mis en 55t (à l’aide d’agrafes résorbables), doublée d’un surjet au fil lentement
balance avec les avantages de la conservation utérine. résorbable, toilette au sérum antiseptique (Bétadinet), utilisation de
La réalisation d’une hystérectomie totale contemporaine de la prothèses de type Vicryl/compositet (afin que le matériel non résorbable
promontofixation, systématique pour certains, réservée à des cas ne soit pas immédiatement au contact direct d’une zone septique) dont
particuliers (antécédents de néoplasie cervicale intraépithéliale la fixation n’intéressera pas la tranche de section vaginale, les points ne
notamment) pour d’autres, justifie des mesures particulières, compte devant pas être perforants.
tenu du risque septique – au moins théorique – pouvant conduire à une Chez une patiente opérée antérieurement d’une hystérectomie totale, la
spondylodiscite : suture du dôme vaginal à la pince automatique type TA fixation du vagin, et plus particulièrement de son dôme, appelle les

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Techniques chirurgicales TECHNIQUES DE TRAITEMENT CHIRURGICAL DES PROLAPSUS GÉNITAUX 41-825
PAR VOIE ABDOMINALE
grosse bougie de Hegar et doit rester pratiquement exsangue si elle est
menée dans le bon plan ; les points vaginaux doivent être suffisamment
solides sans être transfixiants, et la fixation des prothèses doit intéresser
le dôme vaginal et le maintenir à sa place sans raccourcir, ou allonger les
parois, l’une au détriment de l’autre.
Une seule prothèse en U, fixée sur le dôme et les deux faces du vagin,
peut être utilisée. Comme dans le cas type décrit, l’apex du vagin doit
rester en avant du plan frontal, passant par les épines iliaques
antérosupérieures. La péritonisation est particulièrement aisée et la sous-
péritonisation par tunnellisation parfaitement adaptée à cette situation.
D’autres matériels prothétiques peuvent être utilisés : Gore-Text,
Prolènet etc, voire, en cas de risque septique, bandelette d’aponévrose.
En cas d’impossibilité, la péritonisation « idéale » sera remplacée par
l’accolement cologénital selon Charrier-Gosset.

Gestes associés
La rectopexie selon Orr-Loygue et Cerbonnet peut être associée, en cas
de prolapsus rectal, à la fixation de l’appareil génital.
Une hernie de l’aine, particulièrement inguinale, non exception-
nellement associée au prolapsus génital, peut aisément bénéficier d’une
cure par voie endopelvienne.

Incidents et accidents peropératoires


En dehors des incidents et accidents peropératoires communs à
l’ensemble de la chirurgie pelvienne, la contamination du pelvis par
l’ouverture d’un viscère expose à un risque septique, notamment de
spondylodiscite, variable avec le viscère considéré : si, lors du temps de
dissection précédant la promontofixation, une effraction vaginale ou
vésicale ne compromet pas la poursuite de l’intervention, sous couvert
d’une suture étanche – et, pour la vessie, d’un drainage suffisant –,
éventuellement complétée d’une épiplooplastie et de l’utilisation d’une
prothèse Vicryl/compositet, une effraction du rectosigmoïde doit faire
surseoir à toute promontofixation. Une plaie de la face antérieure de la
vessie n’empêche pas la réalisation de la colpopexie rétropubienne.
16 Péritonisation, selon Charrier-Gosset, après conservation du corps utérin.

Fixations latérales
La fixation transversale par voie abdominale, décrite par Kapandji en
1967, fait appel à une bandelette de tissu non résorbable qui amarre
l’isthme utérin aux épines iliaques antérosupérieures [8, 9] . Cette
hystéropexie d’orientation antérolatérale n’agit pas sur la béance du cul-
de-sac de Douglas et impose un traitement exhaustif de la composante
postérieure du prolapsus [13]. Cette technique simple, fiable, grevée d’une
faible morbidité [13], occupe une place de choix dans la palette des
techniques qui corrigent le système de suspension utérovaginal.
Facilement reproductible, elle est maintenant accessible par
cœliochirurgie [5].

Principes
Le principe de l’opération repose sur la fixation transversale de l’utérus
ainsi que du vagin et de la vessie à la paroi antérolatérale de l’arc osseux
pelvien. L’utilisation d’une prothèse de tissu non résorbable
(Crinorubant) permet l’amarrage de l’appareil urogénital aux épines
iliaques antérosupérieures. Cette technique est venue en complément de
la douglassorraphie ligamentopéritonéale étagée et croisée, qui ne
s’adresse qu’à la composante postérieure du prolapsus [8, 9]. L’opération
que nous décrivons maintenant est une modification de la description
initiale, car seul l’isthme utérin est amarré à la bandelette.

Bilan préopératoire et préparation à l’intervention


Avant l’intervention, il faut s’assurer de l’absence de pathologies
17 Promontofixation directe et indirecte (deux prothèses) avec conservation du organiques qui compromettraient la conservation utérine par un frottis
corps utérin, colpopexie aux ligaments de Cooper, péritonisation « idéale ». Vue cervicovaginal, voire une hystéroscopie.
sagittale. Parmi les examens complémentaires à effectuer, le bilan urodynamique
doit être le plus souvent réalisé, même en l’absence d’incontinence
commentaires suivants : la découverte des plans de dissection entre urinaire patente, afin de ne pas méconnaître cette composante du
dôme vaginal-rectum et surtout vessie – compte tenu de la prolapsus qui pourrait être démasquée par la correction anatomique
péritonisation-, parfois délicate, est facilitée par l’introduction d’une chirurgicale.

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41-825 TECHNIQUES DE TRAITEMENT CHIRURGICAL DES PROLAPSUS GÉNITAUX Techniques chirurgicales
PAR VOIE ABDOMINALE
Une œstrogénothérapie, tout au moins locale, ainsi qu’une rééducation
des releveurs, ne peuvent qu’améliorer la trophicité tissulaire.
Une antibioprophylaxie de 24 heures, débutée avant l’intervention, est
systématiquement associée en raison de l’utilisation d’un matériel
prothétique.

Technique opératoire type avec conservation


utérine (fig 18)
Incisions cutanées
L’intervention est le plus souvent réalisée par incision de Pfannenstiel
en décubitus dorsal, après le temps périnéal, s’il y a lieu, et en l’absence
de voie d’abord médiane antérieure.
L’extériorisation et la fixation de la bandelette aux épines iliaques
antérosupérieures nécessitent deux voies d’abord complémentaires
longues de 2 à 3 centimètres, légèrement obliques en bas et en dedans,
situées à un travers de doigt en dedans de l’épine iliaque.

Douglassectomie (fig 19)


L’exclusion du cul-de-sac de Douglas en est le premier temps. Le
péritoine est incisé en regard des ligaments utérosacrés, puis ses berges
inférieures sont suturées conjointement et adossées au péritoine du
rectosigmoïde, constituant un premier cloisonnement. Les ligaments
utérosacrés sont ensuite rapprochés, ainsi que les berges supérieures du 19 Suture de la douglassectomie après rapprochement des utérosacrés.
péritoine, avec un surjet finissant de cloisonner l’espace compris entre
l’isthme utérin et le rectosigmoïde par un troisième plan. Le
rectosigmoïde doit être remonté prudemment vers la cavité abdominale,
avant d’adosser la suture de ce dernier plan à sa face antérieure.

Hystéropexie
La suspension de l’appareil génital constitue le deuxième temps de
l’opération. Après avoir ouvert le cul-de-sac vésico-utérin, la vessie est
décollée de l’isthme utérin et du vagin. Une bandelette de tissu non
résorbable en polyamide est fixée à la face antérieure de l’isthme par
quatre points de fils non résorbables (Prolènet 2/0), en prenant garde de
ne pas fragiliser la bandelette au passage de l’aiguille, ce qui exposerait
à une rupture précoce.

Extrapéritonisation de la bandelette (fig 20, 21)


Enfin, le troisième et dernier temps est constitué par la confection des
tunnels sous-péritonéaux et l’amarrage latéral de la bandelette. Une
incision cutanée est pratiquée sur 2 centimètres environ, décalée d’un
travers de doigt, en dedans de l’épine iliaque antérosupérieure (EIAS).
Après ouverture de l’aponévrose des muscles grand oblique, petit

20 Hystéropexie antérolatérale : sous-péritonisation de la bandelette.

oblique et transverse, on arrive sur le péritoine dont l’ouverture doit être


évitée. La tunnellisation sous-péritonéale est ensuite effectuée grâce à
une pince longue et recourbée dont l’extrémité doit être atraumatique,
dirigée de dehors en dedans vers l’isthme utérin, en évitant
soigneusement les vaisseaux, ce qui permet la récupération des
extrémités distales de la bandelette et leur extériorisation par la contre-
incision. La bandelette est alors mise en tension de manière à
repositionner l’isthme utérin au centre de la cavité pelvienne et les
18 Hystéropexie antérolatérale : fixation de la bandelette à l’isthme utérin et aux extrémités sont amarrées au périoste de l’EIAS. L’hypercorrection doit
épines iliaques antérosupérieures.
être soigneusement évitée.

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Techniques chirurgicales TECHNIQUES DE TRAITEMENT CHIRURGICAL DES PROLAPSUS GÉNITAUX 41-825
PAR VOIE ABDOMINALE

22 Risque de lésion du nerf cutané latéral de la cuisse lors de l’amarrage latéral de


la bandelette à l’épine iliaque antérosupérieure. 1. Épine iliaque antérosupérieure.
2. Nerf cutané latéral de la cuisse.

21 Suture du péritoine vésico-utérin. prolapsus, s’il y a lieu. Quand un temps vaginal est nécessaire, il est
préférable de le faire précéder d’un temps abdominal, pour ne pas
L’opération se termine par une repéritonisation soigneuse de l’espace détériorer la récente fixation. Le statut hormonal de la patiente doit être
vésico-utérin qui exclut totalement la prothèse de la cavité pris en considération avant de décider d’une éventuelle ovariectomie
abdominale. préventive.

Variantes après hystérectomie Fixation latérale et cœliochirurgie


L’hystérectomie, si elle nécessaire, qu’elle soit totale ou subtotale, peut La cœliochirurgie ouvre des perspectives intéressantes dans le
être effectuée au cours de la même intervention, avant la traitement des prolapsus génito-urinaires [12]. Si la promontofixation a pu
douglassectomie. être reproduite, il semble que la fixation transversale soit moins
dangereuse en cœliochirurgie et procure d’aussi bons résultats que la
Colpopexie laparotomie [5]. Il s’agit toutefois d’une procédure en évaluation non
Après hystérectomie totale, une colpopexie peut être réalisée par une encore validée, malgré l’intérêt qu’elle suscite.
variante technique, avec amarrage de la partie moyenne de la bandelette
à la face postérieure du dôme vaginal. Si l’hystérectomie est ancienne, il
est parfois utile de repérer le dôme vaginal par un mandrin. Il est alors Incidents et complications postopératoires
fondamental d’éviter la transfixion du vagin qui pourrait induire un
sepsis postopératoire. Outre la morbidité inhérente à toute chirurgie abdominale et pelvienne,
la fixation de l’appareil génital selon la technique de Kapandji expose
Cervicopexie aux complications septiques, liées à l’utilisation d’une prothèse, sans
que celles-ci ne revêtent jamais la gravité des spondylodiscites.
De même, après hystérectomie subtotale, il est possible d’amarrer la
prothèse à la face postérieure du moignon cervical. La fixation des extrémités latérales de la prothèse aux épines iliaques
peut entraîner des névralgies paresthésiques de la face antérieure de la
Gestes associés cuisse, par compression du nerf cutané fémoral de la cuisse (fig 22). Ce
nerf est en effet très proche de l’épine iliaque antérosupérieure lorsqu’il
L’hystéropexie ne corrigeant que le système de suspension, des gestes quitte le bassin. Il devra donc être préservé lors de la mise en place des
complémentaires doivent être effectués sur les autres composantes du points de fixation sur le périoste.

Références ➤

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41-825 TECHNIQUES DE TRAITEMENT CHIRURGICAL DES PROLAPSUS GÉNITAUX Techniques chirurgicales
PAR VOIE ABDOMINALE

Références
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¶ 41-690

Traitement chirurgical des béances


et des déchirures du col utérin,
en dehors de la grossesse
N. Heiss, S. Blanc, S. Braig, D. Tardif

L’incompétence cervico-isthmique concerne 0,1 à 1 % des femmes enceintes. Les cerclages peuvent être
réalisés par laparotomie, par cœlioscopie ou par voie vaginale. L’intervention peut être proposée pendant
ou en dehors de la grossesse pour toutes les techniques décrites. Les indications de cerclage cervico-
isthmique sont plusieurs fausses couches tardives ou menace d’accouchement prématuré avec
incompétence cervicale. Le choix de la technique est surtout lié aux habitudes chirurgicales. Les déchirures
cervicales sont actuellement peu fréquentes et ne nécessitent qu’exceptionnellement d’autres
interventions que le cerclage.
© 2008 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Mots clés : Cerclage cervico-isthmique ; Cerclage préconceptionnel ; Bandelette cervico-isthmique ;


Incompétence cervicale ; Fausse couche tardive

Plan lectomie ainsi que les déchirures postobstétricales ou postcu-


retage. Le mécanisme physiopathologique est ici double,
¶ Introduction 1 incompétence vraie et infection ascendante.
Au cours du XXe siècle, différentes solutions de réparation chi-
¶ Techniques chirurgicales 2
rurgicale des incompétences cervicales ont été développées.
Cerclage isthmique par laparotomie 2
Mise en place d’une bandelette prothétique cervico-isthmique Durant les années 1940-1950, la reconstruction cervico-
par voie cœlioscopique 3 isthmique par voie abdominale a été décrite par Lash [1] ; 45 %
Cerclage cervico-isthmique par voie vaginale 3 des femmes étaient infertiles après l’intervention. Le cerclage
Traitement des déchirures du col utérin 4 par voie vaginale en cours de grossesse, décrit en 1955 par
Shirodkar [2] puis simplifié dans la technique de McDonald [3] en
¶ Résultats 6
1957, est aujourd’hui proposé dans de nombreuses variantes
Efficacité 6
techniques. En 1965, Benson et Durfee [4] ont publié le cerclage
Complications 8
cervico-isthmique par voie abdominale, cette technique pouvant
¶ Discussion 9 être utilisée au cours ou en dehors de la grossesse. Plus récem-
¶ Conclusion 9 ment, la mise en place de cerclage par voie cœlioscopique a été
décrite.
Le diagnostic d’incompétence cervico-isthmique est très
difficile à affirmer. Il se pose en général en cours de grossesse
■ Introduction devant une modification cervicale au deuxième trimestre en
dehors de contractions utérines. Quelques critères diagnostiques
Le traitement des béances cervico-isthmiques a pour but de peuvent néanmoins être proposés :
prévenir l’accouchement prématuré ; 7 % des naissances en • antécédents de modifications cervicales précoces et mécon-
France surviennent avant 37 semaines d’aménorrhée (SA) nues aboutissant à un accouchement au 2e trimestre ;
chaque année. Entre 0,1 et 1 % des femmes enceintes présen-
• test à la bougie de Hegar n° 8 ou une largeur isthmique de
tent une incompétence cervicale.
plus 10 mm à l’hystérographie (Fig. 1).
Trois grandes causes d’incompétence cervico-isthmique sont
observées : Le cerclage cervical par voie vaginale selon la technique de
• des anomalies tissulaires, par exemple dans le cadre de Shirodkar ou de McDonald au cours du 2 e trimestre de la
maladies systémiques comme le syndrome de Marfan, provo- grossesse reste, pour la plupart des praticiens, l’intervention de
quent une insuffisance de la clôture cervicale et conduisent, première intention. Il existe trois grandes études comparant les
avec l’augmentation du volume utérin au deuxième trimestre, issues de grossesse avec ou sans cerclage cervical bas [5-7] : un
à une ouverture prématurée du col ; bénéfice du cerclage était retrouvé uniquement chez des
• des infections ascendantes peuvent être à l’origine de fausses patientes à haut risque, c’est-à-dire ayant au moins trois
couches tardives ou d’accouchements prématurés. Ces infec- antécédents d’accouchements prématurés [7].
tions sont favorisées par des anomalies du col, soit anatomi- En cas de fausses couches tardives à répétition ou après échec
ques ou fonctionnelles, avec des cols courts ou béants, ou des du cerclage au deuxième trimestre, ainsi que chez les femmes
anomalies de glaire cervicale ; présentant une longueur de col intravaginal insuffisante,
• les causes les plus fréquentes d’incompétence cervico- l’indication d’un cerclage cervico-isthmique est posée. Les cols
isthmique sont les causes chirurgicales : conisation et traché- de longueur insuffisante ont pour origine les raccourcissements

Techniques chirurgicales - Gynécologie 1


41-690 ¶ Traitement chirurgical des béances et des déchirures du col utérin, en dehors de la grossesse

• Les inconvénients de la voie abdominale sont d’indiquer un


accouchement par césarienne et la nécessité d’une deuxième
intervention quand il faut retirer le cerclage (essentiellement
en cas d’infection du matériel).
• La technique de mise en place d’une bandelette synthétique
haut sur l’isthme par voie vaginale simplifie l’intervention.
Des accouchements par voie basse après retrait du cerclage
sont décrits.
• L’intervention avant grossesse a autant de chances de préve-
nir un nouvel accident qu’un cerclage en début de grossesse.
Les complications des techniques laparotomiques et laparos-
copiques sont les hémorragies peropératoires, les séquelles
douloureuses et les fistules rectovaginales. Toutes les complica-
tions sont moins fréquentes dans les séries effectuées en dehors
de la grossesse.
En raison de la rareté de l’indication, le choix entre les
différentes voies d’abord reste avant tout une question d’habi-
tude chirurgicale.

Figure 1. Béance cervicale vue à l’hystérographie. ■ Techniques chirurgicales


Cerclage isthmique par laparotomie
congénitaux, mais surtout les causes chirurgicales, comme par
exemple une conisation large ou une trachélectomie. D’autres L’abord chirurgical est réalisé préférentiellement par une
étiologies sont les déchirures obstétricales et, plus rares, les incision transversale basse, de type Pfannenstiel. L’incision du
cervicites chroniques et les fistules cervicovaginales. Il n’existe péritoine vésico-utérin est prolongée latéralement au-delà de
pour l’instant que deux publications comparant l’efficacité du l’isthme utérin, jusqu’au feuillet antérieur du ligament large,
cerclage isthmique au cerclage cervical bas [8, 9]. Dans l’étude de afin d’exposer la totalité de l’isthme utérin, les pédicules utérins
Davis, le taux d’accouchement après 35 SA est de 82 % dans le et le feuillet postérieur du ligament large. La bifurcation entre
groupe cerclage transabdominal cervico-isthmique versus 58 % la branche ascendante de l’artère utérine et les artères cervico-
dans le groupe cerclage conventionnel (p = 0,04). La revue de vaginales est identifiée, en regard de l’isthme utérin. Entre ces
Zaveri montre que le cerclage cervico-isthmique peut être deux branches artérielles et le tissu conjonctif de l’isthme utérin
associé à un meilleur pronostic néonatal mais aussi à un risque se trouve un espace avasculaire [4] à travers lequel le cerclage est
plus élevé de complications chirurgicales qu’en cas de cerclage mis en place (Fig. 3).
cervical bas [9] . En effet, dans toutes les séries publiées, le L’exposition des vaisseaux utérins est facilitée par la traction
pronostic obstétrical est amélioré de façon spectaculaire après crâniale sur l’utérus à l’aide de fils tracteurs passés dans les
cerclage isthmique. La revue de cas anglais rapporte une ligaments ronds. Il s’agit ici d’un point clé de l’intervention [11].
amélioration du pronostic passant de 12 % de naissances La dissection est menée prudemment dans l’espace avasculaire,
vivantes avant la pose du cerclage isthmique, malgré la présence médialement aux vaisseaux, jusqu’à atteindre le feuillet posté-
d’un cerclage cervical bas dans la plupart des cas, à 100 % après rieur du ligament large [12] (Fig. 4). Novy recommande de palper
mise en place de cerclage transabdominal [10] (Fig. 2). les vaisseaux entre le pouce et l’index puis de les éloigner de
Différentes techniques sont décrites. l’isthme utérin au moment de la dissection, afin de diminuer le
• La voie transabdominale permet la mise en place haute avec risque de plaie vasculaire et de réduire ainsi les saignements
enfouissement partiel du matériel synthétique ; l’intervention peropératoires [13].
peut être proposée par laparotomie ou par laparoscopie, en Le cerclage est passé au travers du feuillet postérieur du
début ou en dehors de la grossesse. ligament large, sous contrôle de la vue ; il contourne la face

Figure 2. Placement des différentes formes du cerclage.


A. Cerclage cervical bas (McDonald, Hervet).
B. Cerclage cervical bas avec décollement vésical (Shirodkar). Position au-dessous de l’insertion des ligaments utérosacrés.
C. Cerclage cervico-isthmique.

2 Techniques chirurgicales - Gynécologie


Traitement chirurgical des béances et des déchirures du col utérin, en dehors de la grossesse ¶ 41-690

Figure 3. Repères anatomiques (vue antérieure). 1. Artères cervicova- Figure 6. Face antérieure : la fronde est serrée sur une bougie introduite
ginales ; 2. artère utérine ; 3. col utérin. dans le col.

Hegar n o 6, placée dans le col afin d’assurer une certaine


perméabilité cervicale lors de la mise en tension du cerclage
(Fig. 6).
Une antibioprophylaxie peropératoire par 2 g de céfazoline
est recommandée selon la Société française d’anesthésie et de
réanimation [14].

Mise en place d’une bandelette prothétique


cervico-isthmique par voie cœlioscopique
L’intervention est menée sous anesthésie générale.
La patiente est installée en décubitus dorsal, jambes semi-
fléchies afin de permettre un accès vaginal satisfaisant.
La réalisation d’une canulation endo-utérine par une bougie
de Hegar n° 6 ou tout autre manipulateur utérin de même
calibre présente un double intérêt :
• d’une part elle permet de mobiliser l’utérus et de faciliter
Figure 4. Vue postérieure : incision du feuillet postérieur des ligaments l’exposition ;
larges. • d’autre part elle permet de maintenir la perméabilité cervicale
lors de la suture de la bandelette.
Le reste de l’installation est habituel : un trocart optique de
10 mm au niveau ombilical, une à deux voies de 5 mm en fosse
iliaque droite et/ou gauche, un trocart médian de 10 mm pour
les sutures.
L’intervention débute par l’ouverture du péritoine vésico-
utérin et le refoulement de la vessie.
L’incision péritonéale doit être poursuivie latéralement
au-delà de l’isthme utérin, jusqu’au feuillet antérieur du
ligament large, afin d’exposer la totalité de l’isthme, les
pédicules utérins et le feuillet postérieur du ligament large.
La prothèse est passée au travers des ligaments larges, autour
de l’isthme utérin, au-dessus et en dehors des ligaments
utérosacrés certifiant la nature isthmique du cerclage réalisé.
Une fenêtre est créée dans le paramètre à l’aide du dissecteur
cœlioscopique, en dedans de la branche ascendante de l’artère
utérine, jusqu’à perforer le feuillet postérieur du ligament large.
La même procédure est réalisée du côté controlatéral.
Figure 5. Face postérieure : passage de la fronde à travers les La bandelette de polypropylène de 5 mm de largeur et d’une
paramètres. longueur suffisante (minimum 10 cm selon von Théobald [15])
est passée autour de l’isthme à travers les espaces de dissection
créés, au-dessus des ligaments utérosacrés.
postérieure de l’utérus au-dessus de l’insertion des ligaments On récupère les deux extrémités de la bandelette qui sont
utérosacrés et ressort au travers de l’espace disséqué controlaté- nouées ou suturées ensemble au niveau de l’espace vésico-
ral (Fig. 5). utérin, sans tension (le but n’est pas de fermer l’orifice interne
Le cerclage peut être réalisé à l’aide d’un fil serti non résor- mais d’empêcher son ouverture prématurée).
bable de type Mersilène® 5 mm, ou d’une bandelette prothéti- En cas de suture de la bandelette, on utilise un fil non
résorbable (Prolène® ou Mersuture® 3/0) ou des agrafes.
que de polypropylène.
La péritonisation antérieure est réalisée par un surjet de fil
Le passage du cerclage au travers du ligament large peut être
résorbable 2/0.
réalisé à l’aide d’un passe-fil de Deschamps ou d’une aiguille de
Reverdin.
Le cerclage est noué en avant de l’isthme utérin, s’il s’agit
Cerclage cervico-isthmique par voie
d’un fil. En cas de bandelette prothétique, les deux extrémités vaginale
de la bandelette sont nouées ensemble ou suturées. La procédure chirurgicale reprend les premières étapes de
Lorsque la procédure est réalisée en dehors de la grossesse, l’hystérectomie par voie vaginale. Cette intervention peut être
certains auteurs recommandent l’utilisation d’une bougie de menée sous anesthésie générale ou locorégionale.

Techniques chirurgicales - Gynécologie 3


41-690 ¶ Traitement chirurgical des béances et des déchirures du col utérin, en dehors de la grossesse

Figure 9. Colpotomie postérieure.

Figure 7. Infiltration du vagin.

Figure 10. Passage du cerclage.

n o 6 ou Ethibond ® n o 7 [17, 18] ) autour de l’isthme utérin,


au-dessus de l’insertion des ligaments utérosacrés, en dessous et
en dedans de la crosse de l’artère utérine. Le fil est passé d’avant
en arrière à l’aide d’une aiguille de Deschamps, au travers de
l’espace avasculaire, entre la boucle de l’artère utérine et le bord
supérieur du ligament cardinal. Il est ensuite récupéré en avant
et passé du côté controlatéral puis noué en arrière. La colpoto-
mie antérieure est fermée par un surjet de fil résorbable
(Polysorb® 0). Le péritoine du cul-de-sac de Douglas est suturé
Figure 8. Colpotomie antérieure.
de la même façon avant de fermer la colpotomie postérieure [17].
Deffieux et al. proposent une technique qui consiste à
substituer au fil non résorbable une bandelette synthétique en
Après avoir saisi le col utérin par deux pinces de Pozzi, polypropylène (dans 12 cas les auteurs ont utilisé une bande-
placées sur les lèvres antérieures et postérieures du col, on lette de type UraTape® ou ObTape® et dans 12 cas une bande-
réalise une infiltration des tissus vaginaux paracervicaux avec lette de type I-STOP® [16]).
10 ml d’un mélange sérum physiologique/lidocaïne (5 %) [16] Après l’exposition de la jonction cervico-isthmique comme
(Fig. 7). Après colpotomie antérieure semi-circulaire (Fig. 8), on nous l’avons précédemment décrite, la bandelette est mise en
dissèque l’espace vésicovaginal permettant ainsi le refoulement place, soit à l’aide d’une aiguille d’Emet, soit grâce aux intro-
de la vessie à l’aide d’une valve. La dissection reste toujours ducteurs courbes spécifiques fournis avec la bandelette [16]
dans la ligne médiane jusqu’à l’exposition du péritoine à la (Fig. 10). Après mise en place de la bandelette, l’opérateur serre
jonction cervico-isthmique. et fixe les extrémités sur l’isthme par un fil non résorbable
L’opérateur effectue ensuite une colpotomie postérieure puis (Prolène® 3/0 ou Mersuture® 3/0). Le péritoine et le vagin sont
ouvre le cul-de-sac de Douglas pour y introduire une valve fermés de façon habituelle (Fig. 11).
vaginale. Les incisions de colpotomie mesurent 2 à 3 cm et ne Comme pour le cerclage par voie abdominale, nous
sont pas confluentes (Fig. 9). conseillons ici une antibioprophylaxie par 2 g de céfazoline en
La palpation du ligament large se fait entre les faces palmaires préopératoire.
des deux index. L’opérateur repère ainsi successivement la
boucle de l’artère utérine puis les insertions du ligament
cardinal et du ligament utérosacré.
Traitement des déchirures du col utérin
L’intervention consiste alors à placer un fil non résorbable de Il existe plusieurs techniques chirurgicales de reconstruction
polypropylène (selon les équipes : Mersilène® no 5, Mersuture® du col en cas de déchirure, habituellement d’origine obstétri-

4 Techniques chirurgicales - Gynécologie


Traitement chirurgical des béances et des déchirures du col utérin, en dehors de la grossesse ¶ 41-690

Traitement par voie abdominale


Après dissection de l’espace vésico-utérin, on refoule la vessie
et on incise le vagin de manière à attirer le col à travers la
brèche vaginale afin de pouvoir apprécier l’importance des
lésions et de réparer la brèche cervico-isthmique. Les bords en
sont avivés par résection des tissus scléreux. Puis on la suture à
l′aide de points séparés affrontant exactement les bords de la
déchirure, de son point le plus élevé jusqu’au bord de l’orifice
externe par un fil résorbable. La suture et l’isthme sont ensuite
renforcés, par le passage autour de l’isthme, d’une bandelette
prothétique comme décrit auparavant [19, 20] (Fig. 12).

Traitement par voie vaginale


Trachélorraphie simple (Emmet) (Fig. 13)
Après désinsertion du vagin du côté de la déchirure, on
Figure 11. Suture de la colpotomie. effectue une exérèse des bords inflammatoires, tout particuliè-
rement de la partie supérieure qui est excisée en losange. La
déchirure est ensuite progressivement suturée, de sa partie
cale. La reconstruction du col en dehors de la grossesse pour des supérieure jusqu’à l′orifice externe, par une série de points
raisons obstétricales ne nous semble plus indiquée compte tenu séparés d’un fil résorbable [20, 21].
de l’efficacité et la faisabilité des techniques de cerclage cervico-
Trachélorraphie élargie (Musset) [20, 22] (Fig. 14)
isthmique décrites auparavant. Les seules indications pour ces
techniques restent les très rares cas de déchirures symptomati- Après une colpotomie antérieure, la paroi vaginale antérieure
ques. En conséquence, ces techniques ne sont que très briève- est disséquée très largement de part et d′autre de la face
ment décrites. postérieure de la vessie comme lors d′une cure de cystocèle.

Figure 12.
A, B. Exposition de la lésion cervico-isthmique après dissection de l’espace vésico-utérin, refoulement de la vessie et colpotomie.
C. Ablation de la face antérieure de l’isthme : avivement suivi d’isthmorraphie.
D. Suture cervico-isthmique.

Techniques chirurgicales - Gynécologie 5


41-690 ¶ Traitement chirurgical des béances et des déchirures du col utérin, en dehors de la grossesse

Figure 13. Trachélorraphie selon Emmet.


A. Colpotomie antérieure.
B. Décollement vésico-utérin.
C, D, E. Suture cervico-isthmique après avivement des berges.

Dans un deuxième temps, on effectue un décollement vésico- renforce l’affrontement des berges de la déchirure. On vérifie la
utérin large qui remonte jusqu’au cul-de-sac vésico-utérin. perméabilité de l’isthme par des passages répétés d’une bougie
Le troisième temps est celui d′une incision circulaire de la n° 6 à 8.
paroi vaginale, à l′aide de ciseaux de Mayo. À la face postérieure Les bandelettes utérosacrées préalablement mises en tension
du col, la paroi vaginale est largement décollée de façon à bien sont ensuite amarrées en avant de l’isthme. Le clamp qui étreint
dégager et mettre en évidence le cul-de-sac de Douglas et la bandelette droite est attiré au bord gauche de la face anté-
l’insertion utérine des ligaments utérosacrés. rieure de l’isthme auquel la bandelette est fixée à l’aide de deux
Après libération en collerette de la paroi vaginale des bords points de fil résorbable.
latéraux du col utérin, on ouvre largement le cul-de-sac de Après avoir répété la manœuvre en sens opposé sur la
Douglas transversalement jusqu’au contact des ligaments bandelette gauche, les deux bandelettes sont encore réunies par
utérosacrés. Dès lors, le col et l’isthme se trouvent parfaitement un point fixé à la face antérieure de l′isthme utérin. Le vagin est
libérés. ensuite réinséré par une suture de fil résorbable.
Le cinquième temps consiste à préparer, à la manière de
Shirodkar, deux bandelettes de ligaments utérosacrés, longues et
solides. ■ Résultats
Les artères cervicovaginales sont ensuite pincées au-dessous
de la crosse de l’utérine, sectionnées et liées.
Les déchirures cervico-isthmiques sont ensuite avivées avec
Efficacité
une résection en losange des tissus à son extrémité supérieure. Le cerclage cervico-isthmique n’est indiqué qu’en cas
Au temps suivant, on effectue la suture des déchirures à l′aide d’incompétence cervico-isthmique avérée, chez des patientes
de points séparés de dedans en dehors de manière à ce que les aux antécédents de fausses couches tardives à répétition, après
points soient noués à l’intérieur du canal isthmique et cervical. échec de cerclage cervical bas (McDonald), cols utérins extrême-
Un second plan de points séparés noués à l’extérieur parfait et ment courts après trachélectomie ou amputation du col ou

6 Techniques chirurgicales - Gynécologie


Traitement chirurgical des béances et des déchirures du col utérin, en dehors de la grossesse ¶ 41-690

Figure 14. Trachélorrhaphie élargie selon Musset (A à F).

exposition in utero au diéthylstilbestrol [8, 23]. Hors chirurgie, le Il n’existe qu’une série comparant le taux de survie néonatale
taux de grossesses avec survie de l’enfant est inférieur à 20 % après cerclage conventionnel prophylactique et cerclage cervico-
dans tous ces cas. isthmique transabdominal après échec du cerclage de sauve-
Depuis sa première description par Benson et Durfee [4] en tage [8] . Dans le groupe cerclage transabdominal, le taux
1965, le cerclage cervico-isthmique par voie abdominale a fait d’accouchement après 35 SA est de 82 % versus 58 % dans le
preuve de son efficacité : 21 séries de cerclage ont été rapportées groupe cerclage conventionnel (p = 0,04).
chez des femmes à haut risque d’accouchement prématuré, avec
un taux de survie fœtale global proche de 90 %. Pour de nombreuses équipes, le cerclage cervico-isthmique
En 1991, Novy publie une série de 22 cerclages (dont 20 réa- par laparotomie constitue donc la référence en termes d’effica-
lisés en début de grossesse) chez des patientes à haut risque cité (Tableau 1).
d’accouchement prématuré ou de fausse couche tardive ; ses Depuis 1998, l’abord laparoscopique a été décrit dans le but
résultats confirment l’efficacité du cerclage avec un taux de d’éviter une laparotomie et de diminuer ainsi la morbidité de la
survie fœtale proche de 90 % [13]. prise en charge [15, 26-30]. Il n’existe à ce jour aucune étude
Une importante cohorte rétrospective de 101 patientes comparative entre l’efficacité du geste réalisé par laparoscopie
publiée en 2006 fait état de 93,5 % de survie néonatale glo- versus laparotomie. Néanmoins, toutes les séries de cerclages par
bale [24], ainsi qu’une série rétrospective de 75 cerclages cervico- voie cœlioscopique réalisés en cours de grossesse [27, 30] ou en
isthmiques publiée en 2007 qui trouve un taux de survie
préconceptionnel [15, 26, 28, 29] confirment son efficacité avec un
néonatale de 96 % [25]. Enfin, une série rétrospective récente de
taux de survie fœtale global variant de 95 à 100 % (Tableau 2).
12 cerclages abdominaux chez des patientes à haut risque
rapporte un taux de survie fœtale de 93 % en comparaison à Concernant la voie vaginale, la plus grande série est publiée
17 % avant la pose du cerclage [11]. par Katz [18] à propos de 56 cerclages cervico-isthmiques par

Techniques chirurgicales - Gynécologie 7


41-690 ¶ Traitement chirurgical des béances et des déchirures du col utérin, en dehors de la grossesse

Tableau 1.
Résultats de grossesse après cerclage par laparotomie.
Auteur Nombre femmes % survie enfants % survie enfants % accouchement % accouchement
incluses avant après après 36 SA avant 32 SA
Benson 1965 10 11 82 62 38
Novy 1991 20 20 90 90 5 (< 35 SA)
Lotgering 2006 101 27,5 93,5 75 7
SA : semaines d’aménorrhée.

Tableau 2.
Résultat de grossesse après cerclage par cœlioscopie.
Auteur Nombre femmes % survie enfants % survie enfants % accouchement % accouchement
incluses avant après après 36 SA avant 32 SA
Mingione 2003 11 100 80 0
Cho 2003 20 5,6 95 70
SA : semaines d’aménorrhée.

Tableau 3.
Résultat de grossesse après cerclage isthmique par voie basse.
Auteur Nombre femmes % survie enfants % survie enfants % accouchement % accouchement
incluses avant après après 36 SA avant 32 SA
Katz 2005 53 100 68 21 (< 30 SA)
Golfier 2001 20 18 79 0
Deffieux 2006 21 40 100 81 4
SA : semaines d’aménorrhée.

voie vaginale : l’auteur rapporte une survie fœtale de 100 % indication reste limitée par la morbidité qui, bien que rare, lui
avec 68 % d’accouchements après 36 SA versus 7 % avant le est attribuée [17]. On lui reproche la nécessité d’au moins deux
cerclage. laparotomies et un risque hémorragique [12]. Lotgering rapporte,
Après cerclage cervico-isthmique par voie basse, Deffieux et dans sa série, trois hémorragies de 800, 850 et 1 500 ml, à
al. observent une survie fœtale de 95 % ; 76 % des accouche- chaque fois dues à des lésions de veines paramétriales pendant
ments ont lieu après 36 SA et un seul accouchement avant la dissection du ligament large. Les saignements cessaient
32 SA dans un suivi de 21 grossesses [16]. habituellement après que le fil a été noué ou après application
Golfier et al. distinguent les 20 patientes suivies en un groupe de points ou clips hémostatiques. Quatre patientes ont été
curatif avec des antécédents de fausse couche tardive ou transfusées dans la série de Cammarano (17 %) [32], dont trois
d’accouchement prématuré et un groupe prophylactique sans du fait de la procédure opératoire.
antécédent obstétrical, mais avec une absence complète du col. La majorité des complications hémorragiques sont secondai-
Le groupe curatif montrait, chez 19 grossesses, une survie fœtale res à des plaies vasculaires lors du passage dans le paramètre.
de 79 %, tous les enfants vivants étant nés après 32 SA [17]. Il y Dans la série de Novy, on trouve un saignement de 450 ml
avait trois fausses couches tardives entre 16 et 24 SA (16 %) et et une thrombophlébite pelvienne 2 jours après l’intervention
une avant 16 SA. Avant le cerclage cervico-isthmique, la survie ainsi que deux cas de mort fœtale après la mise en place du
fœtale était, dans ce groupe, de 18 %. Dans le groupe prophy- cerclage [13].
lactique, on observait une survie fœtale de 83 % contre 76 % La première publication concernant la réalisation d’un
sans cerclage. cerclage cervico-isthmique par laparoscopie date de 1998 [26].
Mathevet et Dargent ont suivi 56 grossesses après un traite-
Les deux séries les plus importantes sont rapportées par Cho
ment chirurgical conservateur par trachélectomie élargie pour
(20 cas) [27] et Mingone (11 cas) [28]. La durée moyenne de
cancer du col précoce (stade Ia2, Ib1) chez des patientes jeunes
l’intervention est 60 minutes. Dans la série de Mingone, la
souhaitant préserver leur fertilité. Trente-quatre grossesses
moyenne des saignements est inférieure à 40 ml. La seule
(60,7 %) ont évolué normalement. Les auteurs trouvaient
complication opératoire rapportée est une plaie de vessie
cependant un accroissement important du taux de fausse
survenue dans un contexte d’adhérences pelviennes sévères.
couche tardive, lié à l’opération. Après avoir introduit un
Deux complications hémorragiques ont été rapportées, dont
cerclage isthmique par voie vaginale lors de la trachélectomie,
une lors d’une procédure réalisée en début de grossesse : dans
le taux de fausse couche tardive est passé de 50 à 22 %. Après
introduction de la fermeture de l’orifice cervical selon Saling [31], les deux cas, le saignement a été facilement contrôlé sans
au troisième mois de grossesse, ce chiffre a encore régressé à laparoconversion, ni transfusion.
10 %. Ces résultats restent pour l’instant non publiés ; nous les La principale difficulté est le passage de la bandelette à travers
citons en accord avec l’auteur (P. Mathevet). les paramètres du fait de la proximité des pédicules utérins et
Toutes ces études confirment l’efficacité d’un cerclage isthmi- de l’uretère. Pour limiter les risques hémorragiques et urologi-
que par abord vaginal (Tableau 3). ques, Théobald [15] propose de passer la bandelette en dehors
Si toutes les études rapportées ci-dessus semblent confirmer des vaisseaux utérins au travers du ligament large : ce procédé
l’efficacité de chacune des voies d’abord décrites, il faut rappeler ne semble pas entraîner d’insuffisance vasculaire utérine. Aucun
qu’il n’existe actuellement aucune étude comparative entre ces retard de croissance intra-utérin n’est rapporté par l’auteur sur
différentes techniques chirurgicales. une petite série de cinq cas.
Les complications étaient rares dans les études concernant le
cerclage par voie vaginale. Trois équipes [16-18] proposent une
Complications technique par voie vaginale qui permettrait d’effectuer un
Le cerclage isthmique par voie abdominale est reconnu pour cerclage efficace, car placé aussi haut sur l’isthme que par voie
être efficace chez des patientes à haut risque. Cependant, son abdominale, tout en réduisant la morbidité de l’intervention.

8 Techniques chirurgicales - Gynécologie


Traitement chirurgical des béances et des déchirures du col utérin, en dehors de la grossesse ¶ 41-690

La voie vaginale permettrait, selon Golfier et al. [17], d’éviter prématuré, c’est-à-dire avec plusieurs antécédents de fausses
une laparotomie (et sa morbidité) et de diminuer la durée de couches tardives ou accouchements prématurés, après des
l’intervention et de l’hospitalisation. échecs de cerclage cervical et des raccourcissements congénitaux
L’auteur rapporte un temps opératoire moyen de 33 minutes ou acquis du col. Il n’existe pas d’étude comparant les différen-
(n = 12) contre 68 minutes par laparotomie (n = 10), rapporté tes voies d’abord (laparotomie, cœlioscopie, voie basse) ; après
d’une étude non publiée concernant dix cerclages cervico- revue de la littérature, elles semblent comparables en termes
isthmiques avant 1990 dans le même service [17] . Aucune d’efficacité avec un avantage de la voie basse en termes de
hémorragie per- ou postopératoire n’était survenue pendant le complications et de temps opératoire. À notre avis, il est
cerclage par voie vaginale [16-18]. Katz rapporte dans sa publica- préférable d’effectuer l’intervention en dehors de la grossesse,
tion une lésion vésicale intraopératoire, les deux autres auteurs afin de limiter le risque hémorragique ; le choix de la technique
ne rapportent aucune complication peropératoire [18]. chirurgicale dépend des habitudes chirurgicales du praticien.
En postopératoire, il y avait deux abcès pelviens [16-18], un
hématome dans l’espace vésico-utérin [18] et trois cas de dysurie
transitoire [16, 18].
Toutes ces études confirment donc la faisabilité d’un cerclage
isthmique par voie vaginale et démontrent la survenue rare de
complications.
“ Point fort
Indications du cerclage cervico-isthmique
■ Discussion abdominal, selon [32, 35]
• raccourcissement congénital ou acquis du col ;
Toutes les études rapportées ci-dessus confirment l’efficacité • col cicatriciel lacéré par un précédent cerclage ;
du cerclage cervico-isthmique chez des patientes à haut risque • cervicite chronique ;
d’accouchement prématuré. • conisation large ou amputation du col ;
Si les résultats en termes d’efficacité semblent être compara- • fistules cervicovaginales ;
bles entre les différentes voies d’abord, il faut rappeler qu’il • un ou plusieurs échecs du cerclage vaginal.
n’existe actuellement aucune étude comparative entre ces
différentes techniques chirurgicales. Cependant, la mise en
place du cerclage par voie basse paraît avantageuse en termes de
durée opératoire (33 min par voie basse versus 68 min par
laparotomie) et de taux de complications (plusieurs hémorragies Remerciements : Les auteurs remercient monsieur le professeur Patrice
Mathevet pour son aide et pour avoir mis à notre disposition les résultats de ses
graves avec transfusion dans les séries de laparotomie, pas recherches sur le cerclage cervico-isthmique par voie basse au cours d’une
d’hémorragie dans les séries voie basse). Cette voie est, à notre trachélectomie.
avis, préférable, par les chirurgiens expérimentés en chirurgie .

vaginale, même pour des cols très courts ou inexistants. Pour


Golfier et al., l’amputation du col ne limite pas cette ■ Références
méthode [17]. Pour Katz et al., la voie abdominale est préférable
en cas d’importantes cicatrices vaginales après chirurgie ou [1] Lash AF, Lash SR. Habitual abortion; the incompetent internal os of the
irradiation afin d’éviter des plaies vésicales [18]. Dans ces cas, la cervix. Am J Obstet Gynecol 1950;59:68-76.
cœlioscopie paraît être la voie d’abord privilégiée, en raison de [2] Shirodkar VN. A new method of operative treatment for habitual
sa faisabilité et de son faible taux de complications rapporté abortions in the second trimester of pregnancy. Antiseptic 1955;52:299.
dans la littérature. Il n’existe également aucune étude compara- [3] McDonald IA. Suture of the cervix for inevitable miscarriage. J Obstet
tive de l’efficacité du geste de cerclage cervico-isthmique Gynecol Br Emp 1957;64:346-50.
pendant et en dehors de la grossesse. [4] Benson RC, Durfee RB. Transabdominal cervicouterine cerclage
during pregnancy for the treatment of cervical incompetency. Obstet
La mise en place du cerclage cervico-isthmique en dehors de
Gynecol 1965;25:145-55.
la grossesse présente plusieurs avantages.
[5] Lazar P, Gueguen S, Dreyfus J, Renaud R, Pontonnier G, Papiernik E.
• Il diminue le nombre d’interventions en cours de grossesse.
Multicentred controlled trial of cervical cerclage in women at moderate
Il nécessite l’accouchement par césarienne mais peut ensuite risk of preterm delivery. Br J Obstet Gynaecol 1984;91:731-5.
rester en place pour une grossesse ultérieure. [6] Rush RW, Isaacs S, McPherson K, Jones L, Chalmers I, Grant A. A
• Même s’il n’existe aucune étude comparative, moins de randomised controlled trial of cervical cerclage in women at high risk
complications hémorragiques sont décrites lorsque le geste est of spontaneous preterm delivery. Br J Obstet Gynaecol 1984;91:
réalisé en dehors de la grossesse [10, 28, 33]. Pour certains, les 724-30.
risques hémorragiques seraient majorés par l’hypervasculari- [7] MRC / RCOG Working Party on Cervical Cerclage. Final report of the
sation liée à la grossesse. Medical Research Council/Royal College of Obstetricians
• Dans les séries anciennes de cerclage antéconceptionnel par Gynaecologists multicentre randomised trial of cervical cerclage. Br
laparotomie, des cas de dysménorrhée et de stérilité secon- J Obstet Gynaecol 1993;100:516-23.
daire ont été rapportés. Ces complications n’ont pas été [8] Davis G, Berghella V, Talucci M, Wapner RJ. Patients with a prior
décrites dans les cas les plus récents et dans les séries failed cerclage: a comparison of obstetric outcomes with either
cœlioscopiques. transabdominal or transvaginal cerclage. Am J Obstet Gynecol 2000;
En cas de fausse couche spontanée précoce après cerclage, 184:836-9.
l’étude de Groom rapporte sept fausses couches spontanées dont [9] Zaveri V, Aghajafari F, Amankwah K, Hannah M. Abdominal versus
l’évacuation s’est déroulée sans difficulté en conservant le vaginal cerclage after a failed transvaginal cerclage: A systematic
cerclage dont cinq ayant nécessité un curetage. review. Am J Obstet Gynecol 2002;187:868-72.
En cas de fausse couche tardive, toutes les équipes confirment [10] Groom KM, Jones BA, Edmonds DK, Bennet PR. Preconception
la nécessité de retirer le cerclage (comme dans le cadre d’un transabdominal cervicoisthmic cerclage. Am J Obstet Gynecol 2004;
cerclage pergravidique) ; deux équipes ont réalisé l’ablation de 191:230-4.
ce cerclage par cœlioscopie [30, 34]. [11] Gesson-Paute A, Berrebi A, Parant O. Cerclage par voie abdominale
pour la prise en charge des incompétences cervicales chez les femmes
à haut risque. J Gynecol Obstet Biol Reprod (Paris) 2007;36:30-5.
[12] Marx PD. Transabdominal cervicoisthmic cerclage: a review. Obstet
■ Conclusion Gynecol Surv 1989;44:518-22.
[13] Novy MJ. Transabdominal cervicoisthmic cerclage: a reappraisal 25
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efficacité chez des patientes à haut risque d’accouchement 1635-42.

Techniques chirurgicales - Gynécologie 9


41-690 ¶ Traitement chirurgical des béances et des déchirures du col utérin, en dehors de la grossesse

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Gynecol 2006;107:779-84. Jour Gynecol Obstet 2001;25:153-82.

N. Heiss.
S. Blanc.
S. Braig.
D. Tardif (d.tardif@ch-annecy.fr).
Service de gynécologie-obstétrique, Centre hospitalier de la région d’Annecy, 1, avenue de l’hôpital, BP 90074 Metz-Tessy, 74374 Pringy cedex.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Heiss N., Blanc S., Braig S., Tardif D. Traitement chirurgical des béances et des déchirures du col utérin, en
dehors de la grossesse. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris), Techniques chirurgicales - Gynécologie, 41-690, 2008.

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10 Techniques chirurgicales - Gynécologie


41-800
Encyclopédie Médico-Chirurgicale 41-800

Traitement chirurgical des prolapsus


génitaux par la voie vaginale
D Dargent
P Mathevet
G Mellier
Résumé. – L’opération standard à opposer au prolapsus génital est la triple opération périnéale avec
hystérectomie. Les trois temps de cette opération sont décrits dans les modalités dans lesquelles ils sont
exécutés par l’équipe de l’hôpital Édouard-Herriot de Lyon.
L’hystérectomie vaginale est le premier de ces temps. Elle est réalisée selon la technique conventionnelle.
Après la péritonisation, une résection triangulaire est faite sur la partie haute de la paroi vaginale postérieure
et le point de Mac Call est préparé dans l’objectif de fixer le dôme vaginal aux ligaments suspenseurs
(ligaments utérosacrés et paramètres).
On enchaîne ensuite sur la plastie vaginale antérieure, qui est exécutée en utilisant l’artifice du clivage des
lambeaux vaginaux avec l’objectif d’individualiser le fascia de Halban qui est ensuite plicaturé en « paletot ».
On termine par le temps postérieur en exécutant sur la paroi vaginale une incision en Y renversé, dont
l’extrémité supérieure correspond au point le plus bas de la résection faite immédiatement après
l’hystérectomie. Les fosses pararectales sont ouvertes. Les muscles releveurs sont aiguillés. La colpotomie est
fermée en commençant par le point de Mac Call et en finissant à l’orifice vulvaire après avoir, à mi-parcours,
serré les points de myorraphie.
Selon la nature et l’importance des lésions, on peut être conduit à exécuter, au cours du temps de plastie
postérieure, une sacrospinofixation de la voûte vaginale. Concernant la plastie postérieure on doit, en cas
d’incontinence urinaire d’effort associée, ajouter, dépendant de l’état des muscles releveurs, soit une plastie
ventrale de ces muscles, soit une suspension au pubis faite selon la technique du « Burch inversé ».
Sont décrites, en complément de la triple opération périnéale avec hystérectomie, l’opération de fixation
sacroépineuse de l’utérus et l’opération de vulvocolpocléisis qui, aux deux extrêmes de la vie, trouve de rares
indications : prolapsus avec éversion chez la femme jeune désirant garder des chances de maternité et
prolapsus de tous types chez la femme très âgée acceptant l’oblitération vaginale.
© 2002 Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS. Tous droits réservés.

Mots-clés : prolapsus génital, incontinence d’effort, hystérectomie vaginale, colporraphie antérieure,


myorraphie ventrale des releveurs, colposuspension rétropubienne, opération fronde,
colporraphie postérieure, myorraphie dorsale des releveurs, fixation sacroépineuse,
vulvocolpocléisis.

Introduction Principes du traitement des prolapsus

Les Francais, pour traiter le prolapsus génital, utilisent volontiers la Le prolapsus génital est dû à une inversion dans les rapports qui
voie abdominale (laparotomie, et maintenant laparoscopie). Ils ne opposent les forces de pression aux mécanismes de résistance.
pratiquent plus la ventrofixation. C’est déjà un progrès. Ils font la L’excès des forces de pression est rarement seul en cause et on est
fixation au promontoire. C’est moins mal. Mais ils ont encore des de toute façon désarmé (la seule réponse serait de refuser d’opérer
progrès à faire. On peut en effet traiter tous les prolapsus en utilisant les constipées, les fumeuses, les tousseuses etc, certains le font, mais
la voie basse. On obtient des résultats au moins aussi bons [3, 4] et les ce n’est pas très charitable). La seule chose qu’on puisse faire est de
coûts de toutes natures sont très inférieurs. restaurer les mécanismes de résistance.

MÉCANISMES DE RÉSISTANCE
Les moyens de fixité des organes génitaux féminins sont classés en
deux systèmes : le système de suspension et le système de soutien.
Daniel Dargent : Professeur à l’université Claude-Bernard, gynécologue-accoucheur des hôpitaux de Lyon,
chef de service.
Patrice Mathevet : Praticien hospitalier. – Le système de soutien est représenté par le diaphragme urogénital
Georges Mellier : Professeur à l’université Claude-Bernard, gynécologue-accoucheur des hôpitaux de Lyon, et le diaphragme pelvien dont les éléments, de valeurs inégales (la
chef de service.
Service de gynécologie-obstétrique, hôpital Édouard-Herriot, pavillon K, place d’Arsonval, 69437 Lyon cedex
fronde des puborectaux est l’élément principal), convergent sur le
03, France. noyau fibreux central du périnée qui repousse vers l’avant le « cap

Toute référence à cet article doit porter la mention : Dargent D, Mathevet P et Mellier G. Traitement chirurgical des prolapsus génitaux par la voie vaginale. Encycl Méd Chir (Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS, Paris,
tous droits réservés), Techniques chirurgicales - Gynécologie, 41-800, 2002, 18 p.
41-800 Traitement chirurgical des prolapsus génitaux par la voie vaginale Techniques chirurgicales

vaginal » (angle ouvert en bas et en arrière existant normalement


entre la portion intradiaphragmatique et la portion 1 Statique pelvienne nor-
male. Le système autoblo-
supradiaphragmatique du vagin). quant. Les pressions s’exer-
– Le système de suspension est représenté par les ligaments çant sur l’utérus repoussent
cardinaux (les paramètres) et les ligaments utérosacrés. Les premiers, le dôme vaginal en arrière et
plus courts, plus épais, et plus riches en fibres élastiques, jouent un suscitent une réponse des
muscles pelvipérinéaux.
rôle beaucoup plus important que les seconds. Les uns et les autres
L’angulation du « cap vagi-
« suspendent » mais, surtout, attirent dans la concavité sacrée le nal » s’accentue. L’intus-
dôme vaginal. susception devient impossi-
Le tissu cellulaire pelvien joue un rôle considérable. C’est un tissu ble.
dont les qualités mécaniques sont assez extraordinaires [11].
Grâce à son élasticité les viscères pelviens, au gré des variations de
leur état de réplétion, peuvent se déplacer l’un par rapport à l’autre.
Grâce à sa résistance, ces mêmes viscères restent étroitement
solidaires.
Les fascias vaginaux sont des entités contestées. On se dispute en
effet pour savoir si le fascia de Halban en avant et le fascia de
Denonvilliers en arrière (l’équivalent du fascia de Denonvilliers qui,
en fait, n’existe que chez l’homme) ont une autonomie réelle. Mais
personne ne conteste que ces lames musculoaponévrotiques jouent
un rôle déterminant dans la statique pelvienne.
L’aponévrose pelvienne se voit aujourd’hui attribuer un grand
rôle [3, 12]. Il s’agit d’une condensation du tissu cellulaire pelvien
particulièrement bien visible au point où elle s’insère sur la paroi
pelvienne latérale. L’arcus tendineus fasciae pelvi, qui matérialise
cette insertion, se présente comme un petit cordon blanc courant sur La restauration du système de suspension est un autre impératif.
la paroi pelvienne en dessous de la ligne d’insertion du muscle Mais les modalités en sont variables en fonction de la présentation
releveur. Les deux lignes, en fait, ne sont pas parallèles. L’arcus anatomoclinique : remodelage des fascias vaginaux (plasties
tendineus est situé nettement en dessous de la ligne d’insertion du antérieure et postérieure) et remodelage du dôme vaginal avec
muscle releveur en avant, et il la rejoint en arrière au niveau de remise en tension de ses ligaments suspenseurs ou, en cas de faillite
l’épine sciatique. Cette « ligne blanche » est incontestablement une complète, suspension directe du dôme à la paroi pelvienne.
ligne d’amarrage commode et solide si on veut fixer par des points La triple opération périnéale avec hystérectomie représente une
le dièdre du vagin à la paroi pelvienne latérale. Nous ne sommes réponse idéale à l’ensemble des problèmes posés.
pas convaincus en revanche que l’aponévrose qui s’insère à son L’hystérectomie résoud les problèmes qui, dans le syndrome de
niveau joue un grand rôle dans la statique des organes sur lesquels ptose génitale, concernent spécifiquement l’utérus (rétrodéviation du
elle envoie ses prolongements. En témoigne la facilité avec laquelle, corps, allongement du col). Elle règle aussi la question des
chez une patiente sans prolapsus génital, cette aponévrose s’effondre pathologies associées (fréquentes dans les tranches d’âges
quand on réalise une hystérectomie élargie, et la rareté des prolapsus concernées).
secondaires après une telle désinsertion.
Les plasties antérieure et postérieure ainsi que la plastie du fond du
La statique pelvienne est conditionnée par une sorte de mécanisme
vagin se font, en opérant par la voie basse « sur mesure »
autobloquant. Les pressions qui, toujours, se font dans l’axe
exactement, y compris dans le cas où une suspension à la paroi
ombilicococcygien s’exercent d’abord sur le fond utérin dont
pelvienne s’impose.
l’antéflexion s’accentue. Le col, en revanche, est maintenu en
position postérieure grâce au tonus des ligaments cardinaux et des Le traitement des troubles fonctionnels liés au prolapsus génital ou
ligaments suspenseurs. La pression exercée sur le fond utérin est associés à lui se fait, en outre, très bien au cours de la triple
transmise par l’intermédiaire de la vessie au fascia de Halban puis, opération périnéale, quitte à ajouter un temps abdominal
du fait du caractère virtuel de la cavité vaginale, aboutit au fascia de généralement minimal et, en tout cas, toujours extrapéritonéal.
Denonvilliers et au diaphragme des releveurs. Dans les à-coups de L’hystérectomie, c’est un fait d’expérience, augmente par ailleurs les
pression, une contraction réflexe de ces derniers ferme le cap vaginal chances de succès des opérations fonctionnelles qu’on exécute en
(fig 1). Plus l’excès de pression est fort et plus l’angle se referme : tel complément des plasties vaginales.
est le mécanisme autobloquant qui empêche que le vagin se retourne
sur lui-même.
Triple opération périnéale
RESTAURATION DES MÉCANISMES DE RÉSISTANCE avec hystérectomie
La physiopathologie des prolapsus fait intervenir des mécanismes
complexes, et on peut dire qu’il y a autant de types de prolapsus Nous décrivons ici la triple opération périnéale avec hystérectomie
qu’il y a de malades atteintes de prolapsus. dans l’ordre où les gestes s’enchaînent naturellement. Nous
La destruction de l’appareil de soutien est quasi constante mais avec décrivons également les gestes complémentaires au moment où on
de grandes variations d’un cas à l’autre. Le traumatisme obstétrical les exécute.
en est la cause la plus fréquente.
La dégradation de l’appareil de suspension est très souvent en cause HYSTÉRECTOMIE VAGINALE
mais non constamment ou, en tout cas, d’une façon très variable. La Elle peut se faire de cent façons. Beaucoup de chirurgiens, quand il
privation œstrogénique et le vieillissement en sont les causes. Les s’agit de faire une hystérectomie vaginale dans le cadre du
altérations du tissu cellulaire pelvien et des fascias vaginaux sont traitement d’un prolapsus génital, adoptent un procédé différent de
une autre conséquence de ces phénomènes physiologiques. celui qu’ils utilisent habituellement. Tel n’est pas notre cas, y
La réparation des prolapsus doit pallier toutes ces insuffisances. compris pour l’incision initiale. Nous n’utilisons jamais la
La restauration du système de soutien est une obligation. On ne peut célébrissime incision en T de Crossen et nous désinsérons le vagin
pas traiter un prolapsus génital sans faire de myorraphie des du col par la même incision circulaire qui est utilisée dans
releveurs et de périnéorraphie. l’opération standard.

2
Techniques chirurgicales Traitement chirurgical des prolapsus génitaux par la voie vaginale 41-800

2 Hystérectomie vagi- 3 Hystérectomie vagi-


nale. Mobilisation du pôle nale. Aiguillage de l’artère
inférieur de la vessie. La utérine en appui entre le
cloison supravaginale est moignon des ligaments
sectionnée sur la ligne mé- suspenseurs dont les
diane. connexions avec le dôme va-
ginal ont été respectées.

La désinsertion du vagin est donc faite par une incision circulaire


qui, en avant et en arrière, concerne toutes les épaisseurs de la paroi
vaginale, mais sur les côtés, ne concerne que la « peau » du vagin 4 Hystérectomie vagi-
nale. Annexectomie. Le
(respecte les couches musculoadventicielles). En agissant de cette ligament rond a été sec-
façon, on préserve la solidarité entre les ligaments suspenseurs tionné. Le ligament infun-
(ligaments utérosacrés et ligaments cardinaux) et le dôme vaginal. dibulopelvien a été indivi-
Le traitement du pôle inférieur de la vessie peut, dans dualisé avant d’être clampé.
l’hystérectomie pour prolapsus, être rendu difficile par les altérations
du col utérin et les modifications consécutives des rapports
anatomiques que cet organe contracte avec le trigone vésical.
– Dans les cas d’allongement hypertrophique de la portion
intravaginale, le pôle inférieur de la vessie est généralement situé
assez haut, la paroi antérieure du vagin est épaisse et la « cloison
supravaginale » est également épaisse.
– Dans les cas d’allongement atrophique de la portion
supravaginale, le pôle inférieur de la vessie descend très bas. La
paroi vaginale antérieure est amincie, la cloison supravaginale est
tendue et étalée.
Dans un cas comme dans l’autre, il faut être très prudent en faisant
l’incision initiale. Il ne faut pas la faire trop bas (on pénétrerait dans
le myomètre). Il ne faut pas, non plus, la faire trop haut (on
pénétrerait dans la vessie). Il faut être très prudent aussi quand on
éloigne le col de la vessie en coupant la cloison supravaginale : rester
au contact de l’utérus et ne pas dévier de la ligne médiane (fig 2)
pour éviter de blesser la vessie et/ou ses piliers (les ligaments
vésico-utérins).
Le traitement de la base des ligaments larges est fait par nous selon
une technique dérivée de la technique décrite par Peham et Amreich deuxième temps. Il n’y a rien de plus simple. Le ligament rond est
et qui nous a été transmise par Centaro. Cette technique (fig 3) saisi en amont du clamp qui enserrait l’ensemble des éléments
consiste à aiguiller la base du ligament large à deux reprises en insérés sur la corne utérine. On coupe le ligament rond en aval de la
passant la première fois dans la petite fossette qui est située en pince et on le sépare de l’annexe. Le ligament infundibulopelvien
dessous de la crosse de l’artère utérine, et en passant la deuxième s’individualise : on le clampe (fig 4) et on le coupe.
fois à l’intérieur de la crosse de cette artère utérine. Cette double La péritonisation doit, en cas de prolapsus, être faite selon une
ligature a, en priorité, un objectif hémostatique (les ligaments technique particulière. Il s’agit en effet de traiter l’élytrocèle qui
cardinaux sont deux fois contrôlés et l’artère utérine sera, une accompagne la ptose génitale, ou de faire la prévention des
deuxième fois, contrôlée par une ligature élective). L’autre objectif élytrocèles secondaires. Le procédé sera décrit dans les lignes
de la double ligature est de renforcer la cohésion entre les ligaments consacrées au traitement du dôme vaginal.
suspenseurs de l’utérus et le dôme vaginal.
L’annexectomie est impérative quand on opère une femme de plus PLASTIE VAGINALE ANTÉRIEURE OU CYSTORRAPHIE
de 50 ans et c’est presque toujours le cas pour les patientes atteintes La plastie de la paroi antérieure du vagin a pour but de réduire le
de prolapsus génital. Nous conseillons de faire d’abord une déroulement qui définit la colpocèle antérieure. Elle vise surtout à
hystérectomie interannexielle et de réaliser l’annexectomie dans un restaurer le socle sur lequel repose le pôle inférieur de la vessie :

3
41-800 Traitement chirurgical des prolapsus génitaux par la voie vaginale Techniques chirurgicales

c’est la cystorraphie. C’est en complément de ce temps qu’on doit


également repositionner la jonction vésico-urétrale : c’est la 6 Plastie antérieure. Mo-
bilisation du pôle inférieur
cervicocystopexie. La cystorraphie doit être faite, dans tous les cas, de la vessie. La vessie est dé-
selon la même technique. La cervicocystopexie, en revanche, est à tachée de la face profonde du
moduler en fonction de chaque situation particulière. lambeau vaginal.
¶ Cystorraphie
L’ouverture de l’espace vésicovaginal est le prélude à la
cystorraphie. La plupart des chirurgiens ouvrent cet espace en avant
(en avant pour le chirurgien, en arrière pour l’anatomiste) du fascia
de Halban qui reste connecté avec la base vésicale. Nous préférons
l’ouvrir en arrière de lui. C’est avec le fascia de Halban que sera
faite la cystorraphie. Dans la technique courante ce fascia est, soit
godronné par une ou plusieurs bourses circulaires qui repoussent la
base vésicale, soit plicaturé par une ou plusieurs rangées de points
qui visent au même effet. Dans notre technique, le fascia de Halban
est coupé en même temps que la paroi vaginale au cours de la
colpotomie antérieure. Il sera ensuite séparé d’elle au niveau de
chacun des lambeaux latéraux, et les deux lambeaux aponévrotiques
pourront être superposés en « paletot » au-dessous de la base
vésicale. Cette plastie en double épaisseur a l’avantage de se faire
en diminuant la tension sur les fibres musculaires lisses, ce qui leur
permet de retrouver leur tonus, alors que la plastie classique
augmente la tension.
L’identification de cet espace se fait en retournant la paroi vaginale
antérieure. Deux pinces à plateau sont installées côte à côte de part
et d’autre de la ligne médiane. Et on tire vers le haut. On voit
apparaître le relief du pôle inférieur de la vessie. C’est dans la
dépression située entre ce relief et le lambeau vaginal qu’il faut La mobilisation du pôle inférieur de la vessie est faite en exerçant
attaquer de la pointe des ciseaux (fig 5A). Une fois l’espace des tractions divergentes sur cet organe d’une part, et sur chacun
vésicovaginal pénétré, le lambeau est retourné et on glisse avec les des deux lambeaux vaginaux d’autre part. Le lambeau vaginal est
ciseaux sur la ligne médiane jusqu’à la jonction tiers moyen-tiers mis en traction à l’aide de trois pinces à plateau disposées sur son
inférieur (fig 5B). Une fois la paroi vaginale décollée, on la coupe en bord libre. La vessie est saisie avec la pince anatomique et tirée en
restant toujours sur la ligne médiane. Ce procédé est, par rapport au sens inverse. La dissection est faite du tranchant du bistouri. On
procédé classique (l’incision en T de Crossen) doublement commence à la partie dorsale (fig 6). C’est là que la dissection est la
avantageux. On ne fait la colpotomie qu’au moment où il est indiqué plus facile. Puis on progresse vers la partie ventrale jusqu’à
de la faire (si on la fait dès le début de l’intervention on sera gêné percevoir une résistance qui correspond au point où l’urètre
pendant tout le déroulement de l’hystérectomie par les deux postérieur franchit le diaphragme urogénital. Selon qu’on a décidé
lambeaux latéraux qui encombrent le champ opératoire). On fait ou non de faire une cervicocystopexie, cette résistance est tranchée
surtout la séparation du vagin et de la vessie dans le bon plan d’un coup de bistouri ou respectée. Quand on tranche, un
exactement et c’est la paroi vaginale dans toute son épaisseur qu’on saignement survient de façon quasi inéluctable. C’est « l’artère du
sépare ensuite du pôle inférieur de la vessie. col vésical » qu’on sectionne. On en saisit le moignon « latéral » avec

5 Plastie antérieure. Dissection de l’espace vésicovaginal


sur la ligne médiane. Après l’hystérectomie, le lambeau vagi-
nal antérieur est retourné et l’espace vésicovaginal est ouvert
(A), puis disséqué (B).

*
A
*
B

4
Techniques chirurgicales Traitement chirurgical des prolapsus génitaux par la voie vaginale 41-800

qu’il s’agit d’une structure épaisse et bien vascularisée qu’on utilise


7 Plastie antérieure. Le
avec profit pour restaurer le plancher sur lequel repose le pôle
lambeau vaginal antérieur
est clivé. Le « fascia » est sé- inférieur de la vessie.
paré de la « peau ». La plastie en « paletot » du fascia de Halban est facile à faire. Le
bord libre du lambeau musculoadventiciel côté gauche est suturé à
la face profonde du lambeau musculoadventiciel côté droit (fig 8A).
Puis on rabat le lambeau musculoadventiciel côté droit sur le
lambeau musculoadventiciel côté gauche (fig 8B). On peut, au choix,
faire des points séparés ou une suture continue. On a intérêt à
utiliser les fils synthétiques tressés à résorption lente (nous nous
servons habituellement du Vicrylt 0).

¶ Stabilisation du col vésical


La stabilisation du col vésical n’est pas obligatoire quand on opère
une femme atteinte de prolapsus génital. S’il n’y a ni incontinence
clinique, ni incontinence instrumentale (incontinence « potentielle »
par hypermobilité du col), on se gardera de faire quelque geste que
ce soit sur le col vésical. Quand le bilan urodynamique révèle une
incontinence potentielle chez une patiente qui ne présente aucune
incontinence clinique, la cervicocystopexie est en théorie indiquée.
On conseille cependant de se baser sur la clinique plutôt que sur la
manométrie. Si l’épreuve de Bonney est positive (fuite d’urine à la
toux quand le prolapsus est réduit), la cervicocystopexie s’impose.
Dans le cas contraire (à condition que l’épreuve de Bonney soit bien
faite : ne pas obstruer l’urètre avec les deux doigts qui réduisent le
prolapsus) la cervicocystopexie n’est pas obligatoire. Si on la fait il
faut, en tout cas, veiller à ne pas altérer le sphincter de l’urètre (on
la pince anatomique. On applique une pince à angle droit. Et on risque de créer de toute pièce une incontinence) et à ne pas induire
ligature autour de cette pince à angle droit. une sténose (on crée une dysurie, syndrome qui, certes, est moins
Le dédoublement de la paroi vaginale représente le temps suivant si désagréable que l’incontinence mais qui, chez une femme qui, avant
on a décidé, comme nous le préconisons, de faire une plastie en l’intervention, ne présentait aucun trouble urinaire... est
« paletot » du fascia de Halban. Pour exécuter ce dédoublement, on généralement très mal vécu). C’est finalement dans les seuls cas où
remplace les pinces à plateau par des pinces d’Allis avec lesquelles il existe une incontinence urinaire d’effort caractéristique que la
on saisit la « peau » du vagin. La pince à disséquer saisit, quant à cervicocystopexie ne se discute pas.
elle, la couche musculoadventicielle. Et en utilisant le tranchant du Avant de prendre la décision de la cervicocystopexie, il faut évaluer
bistouri, on sépare cette couche musculoadventicielle de la peau soigneusement la situation et tenir compte de toutes les anomalies,
(fig 7). Le plan anatomique dans lequel on travaille est un plan morphologiques ou fonctionnelles, qui peuvent coexister avec le
artificiel. Mais il est facile à créer si, du moins, on a fait correctement prolapsus. Les contractions vésicales non inhibées peuvent être dues
l’ouverture initiale de l’espace vésicovaginal. Le « fascia » que l’on à la ptôse vésicale (contractions vésicales en réponse à une
détache est, selon certains auteurs, une structure autonome sollicitation hydraulique de l’urètre postérieur au cours des à-coups
(l’homologue du corps spongieux de l’urètre masculin selon Hoang- de pression). Elles peuvent aussi être liées à un dysfonctionnement
Ngoc Minh [6] qui a souligné sa richesse en « corpuscules de la vésico-urétral neurogène autonome. L’insuffisance sphinctérienne est
volupté »). Il ne s’agit, pour d’autres, que de la couche l’anomalie la plus redoutable. Toutes les cervicocystopexies, à
musculoadventicielle de la paroi vaginale antérieure. L’important est l’exception de celles faites par la voie abdominale uniquement

8 Plastie antérieure. Plastie en paletot du fascia de Halban.


Le bord libre du lambeau musculoadventiciel côté gauche est
fixé à la face profonde du lambeau musculoadventiciel côté
droit (A). Puis le lambeau musculoadventiciel côté droit est ra-
battu au devant du lambeau musculoadventiciel qu’on vient
de fixer (B).

*
A
*
B

5
41-800 Traitement chirurgical des prolapsus génitaux par la voie vaginale Techniques chirurgicales

(opération de Burch), aggravent l’insuffisance sphinctérienne. Il faut incontestablement, est moins facile et moins élégante que sa
donc, quand on est en présence d’un tel syndrome, soit renoncer à réalisation par voie haute laparotomique ou, surtout,
la cervicocystopexie soit, si on pense que cette opération est laparoscopique. La dissection de la face inférieure de la vessie est
susceptible, malgré tout, d’améliorer l’état de la patiente, la faire en poussée bien au-delà de la ligne au niveau de laquelle le fascia de
précisant à l’intéressée que le résultat en est incertain. La sténose de Halban s’insère sur la vessie. On ouvre l’espace paravésical et on
l’urètre, enfin, est une anomalie qu’il faut savoir dépister ; elle ne se aborde la paroi latérale du pelvis au niveau de laquelle on repère
traduit pas toujours par une dysurie. Elle peut donner lieu à une l’arcus tendineus, sur lequel on réalise trois à quatre points alignés
pseudo-incontinence. Si elle est isolée, la cervicocystopexie, bien d’avant en arrière pour suspendre la paroi vaginale. Une telle
évidemment, n’est pas indiquée : il faut dilater par un procédé ou opération nécessite une ouverture large des espaces latéraux. Cette
par un autre. ouverture, en beaucoup de circonstances, crée de toute pièce
Les procédés de stabilisation du col vésical sont innombrables. On l’anomalie qu’elle prétend traiter (la désinsertion du fascia pelvien).
peut les classer en deux catégories : les plasties sous-urétrales et les Elle n’est de toute façon pas facile à faire. La suspension au ligament
colposuspensions. de Cooper est plus simple (cf infra).
¶ Choix du procédé de stabilisation
Plastie sous-urétrale
Le choix du procédé de stabilisation, dans les cas où celle-ci semble
Le principe des plasties sous-urétrales est de reconstituer un s’imposer, est question d’école. Les procédés de plastie sous-urétrale
plancher empêchant le col vésical de s’abaisser excessivement quand ne souffrent pas la médiocrité, la médiocrité du chirurgien comme
augmente la pression intra-abdominale. la médiocrité des tissus. Les procédés de colposuspension sont plus
Les plicatures sous-urétrales dérivent de l’opération de Kelly facile à mettre en œuvre. Tous les chirurgiens peuvent les pratiquer
(connue en France sous le nom d’opération de Marion !). Ces et chez toutes les malades.
opérations ont mauvaise presse. Si on se contente d’aiguiller « à Les indications respectives des deux types de procédés devraient se
l’aveugle » des tissus situés de part et d’autre du relief de l’urètre poser en fonction de l’état des tissus. L’évaluation des muscles
pour les rapprocher sur la ligne médiane, le taux des succès ne puborectaux est la clé de la sélection. On la réalise comme on réalise
dépasse pas 60 %. Si on cherche à identifier les ligaments pubo- le classique « testing périnéal ». Après avoir vérifié par la pression
urétraux postérieurs et à les rapprocher sur la ligne médiane (plastie vers l’arrière que les muscles sont contractés, on les palpe avec les
diaphragmatique de Richter, short arms plasty de Lahodny), on doigts, en crochet, à la face postérieure de l’os ischiopubien.
obtient des résultats qui égaleraient ceux obtenus avec les procédés
Si les muscles puborectaux sont de bonne qualité (3/5 ou +) on
plus sophistiqués.
n’aura pas de difficulté à les mettre en évidence, à les dégager et à
Les plasties lévatoriennes peuvent être ajoutées aux précédentes ou les juxtaposer sur la ligne médiane. Dans le cas contraire, il faudra,
utilisées isolément. Les premières visent à reconstruire le pour les dégager, pousser plus loin la dissection latérale. Cela est
diaphragme urogénital. Les secondes utilisent les muscles releveurs facile sur la face craniale : on navigue dans la fosse paravésicale.
de l’anus. La technique de référence est celle d’Ingelman-Sundberg, Cela est beaucoup plus difficile sur la face caudale : on chemine dans
qui a été le premier à proposer d’aborder les faisceaux puborectaux l’espace virtuel situé entre le muscle releveur et le muscle obturateur
des muscles releveurs. Dans le procédé qui porte son nom, deux interne.
bandelettes sont taillées dans les muscles en question en coupant
Les muscles qu’on a eu de la difficulté à mobiliser sont aussi
chacun des muscles transversalement à une faible distance de son
difficiles à rapprocher sur la ligne médiane. Le fil de rapprochement
insertion pubienne, puis en isolant du corps musculaire le trousseau
coupe comme le fil à couper le beurre. On peut, plutôt que de tenter
de fibres qu’on a coupé et qui reste pédiculisé sur le pubis. Les deux
une plastie directe, mettre en place une prothèse (Mouchel). Cet
bandelettes sont ensuite juxtaposées ou, mieux, superposées sur la
artifice n’est pas totalement satisfaisant (risque d’expulsion). Mieux
ligne médiane. Lahodny a proposé une modification dans laquelle
vaut se porter sur les procédés de colposuspension.
les deux muscles ne sont pas entamés mais simplement juxtaposés,
Si un procédé de colposuspension est choisi, la question se pose de
leur large mobilisation latérale préalable permettant d’obtenir cette
savoir si on doit recourir à la colposuspension abdominale (Pereyra
juxtaposition sans tension excessive.
et dérivés) ou à la colposuspension pelvienne. Le deuxième type de
Colposuspension technique offre plus de garanties. Il a notre préférence.
Le choix ayant été fait, dans cet article, de renoncer à l’exhaustivité,
En suspendant la paroi antérieure du vagin à la paroi abdominale nous décrivons, dans les paragraphes suivants les deux techniques
ou au squelette du bassin, on stabilise le col vésical par un « effet qui ont notre préférence : la plastie lévatorienne ventrale selon
hamac ». Les suspensions à la paroi abdominale dérivent toutes de Lahodny et la colposuspension au ligament de Cooper.
l’opération de Pereyra. Cet auteur est le premier à avoir proposé de
faire les colposuspensions sans ouvrir l’espace de Retzius. Dans la Plasties sous-urétrales. Plastie lévatorienne ventrale
technique initiale, une aiguille spéciale était, à partir de deux micro- (ou myorraphie ventrale des releveurs)
incisions réalisées de part et d’autre de la ligne médiane juste au- L’abord des muscles puborectaux, dont la juxtaposition sur la ligne
dessus du pubis, poussée de haut en bas jusqu’à perforer le vagin médiane constitue le principe même de la myorraphie ventrale des
de part et d’autre de la jonction urétrovésicale pour saisir les fils releveurs, peut être obtenu de diverses façons. Ingelman-Sundberg
d’amarrage. Des variantes ont ensuite été décrites (Stamey, Raz, préconisait une incision en U renversé qui permettait d’accéder aux
Gittes, Cobb...) qui portent sur l’abord de la jonction vésico-urétrale os ischiopubiens et aux muscles localisés en arrière d’eux. Lahodny
(colpotomie plus ou moins profonde et plus ou moins longue) et sur aborde les muscles par une colpotomie longitudinale médiane en
les modalités de l’amarrage inférieur de fils (un ou plusieurs points, utilisant le plan qui sépare la paroi vaginale du fascia de Halban
face profonde du vagin ou fascias péri-urétraux). Dans toutes ces sous-jacent. C’est le même plan que nous utilisons mais,
opérations, c’est sur la paroi abdominale antérieure que repose la contrairement à Lahodny qui l’aborde directement en laissant le
suspension. On l’aborde par une mini-incision cutanée transversale fascia au contact de la vessie, nous l’abordons en deux temps :
suprapubienne (ou par deux mini-incisions qu’on relie par un séparation de la vessie d’abord et séparation du fascia ensuite, de
tunnel) et on sert sur l’aponévrose des droits avec un risque d’effet façon à pouvoir réaliser la plastie en « paletot », qui est le prélude à
« fil à couper le beurre ». la colporraphie et à la myorraphie. Quelle que soit la stratégie
Les suspensions au squelette pelvien n’encourent pas le même utilisée, le résultat est le même pour ce qui concerne l’abord de la
reproche. Elles peuvent se concevoir de deux façons : suspension face supérieure (ou craniale) du muscle. Sitôt passée la ligne au
aux arcs tendineux du fascia pelvien ou suspension aux ligaments niveau de laquelle le fascia s’insère sur la vessie, on pénètre dans
iliopelviens (ligaments de Cooper). Le premier procédé est décrit l’espace latérovésical et on libère avec le doigt la face supérieure du
comme « réparation paravaginale ». Sa réalisation par voie basse, muscle.

6
Techniques chirurgicales Traitement chirurgical des prolapsus génitaux par la voie vaginale 41-800

9 Plastie sous-urétrale (A, B). Ouverture de l’espace para-


urétral gauche : en utilisant l’espace situé entre la « peau » et
le « fascia » (qui prolonge l’aileron vasculaire nourricier), on
aborde le muscle pubococcygien sans provoquer de saigne-
ment.

*
B

*
A

10 Plastie sous-urétrale. Le muscle pubococcygien est dissé-


qué sur 2 à 3 cm (A) puis sectionné transversalement pour iso-
ler une bandelette d’1 cm d’épaisseur environ (B).

*
A *
B

Pour aborder le bord médial du muscle, on saisit avec une pince à Les deux muscles ayant été repérés et aiguillés doivent ensuite être
lambeau le volet vaginal en appliquant l’extrémité de cette pince au libérés. On le fait en exerçant sur le fil-repère une traction centripète
fond du dièdre vaginal, à la jonction tiers inférieur-tiers moyen, au et en introduisant les ciseaux dans l’espace libéré immédiatement,
point où on sait que le vagin croise le muscle puborectal. On exerce et qu’on approfondit et élargit à la fois pour y introduire le doigt.
sur cette pince une traction dirigée vers le dehors tout en ayant placé Avec ce doigt, on poursuit le travail jusqu’à dépasser le bord latéral
l’index de la main qui n’opère pas, juste au-delà de l’extrémité de la de la face postérieure de l’os, et à palper la face postérieure du trou
pince. Ce doigt fait saillie à la face profonde du volet vaginal. C’est à obturateur. L’objectif est de mobiliser le muscle sur une distance
son contact qu’on incise la gaine du muscle puborectal verticalement suffisante pour que son bord médial puisse être amené sur la ligne
avec un bistouri à lame de 11 (fig 9). Une fois cette boutonnière
médiane. Il n’est pas toujours possible de le faire. Si le muscle
réalisée, on introduit dans la plaie les ciseaux de Mayo, qui sont
controlatéral peut être libéré plus largement et peut être amené au-
poussés de dedans en dehors en les ouvrant et en les fermant
delà de la ligne médiane, cela n’a pas d’importance. Sinon…c’est
successivement, jusqu’à obtenir le contact avec l’os ischiopubien. Une
fois le contact obtenu, le doigt indicateur pousse d’avant en arrière la que l’indication a été mal posée. Une fois les muscles mobilisés, leurs
lame des ciseaux sur le manche desquels l’autre main continue à fils tracteurs sont posés et on procède à la plastie en « paletot » du
exercer la même pression dirigée en dehors. L’extrémité des ciseaux fascia de Halban, puis on réalise les colpectomies et on démarre la
glisse sur le bord postérieur de la face médiale de l’os, et s’enfonce colporraphie : si on n’entreprenait pas la colporraphie avant que soit
au contact de sa face postérieure dont le muscle puborectal se trouve serrée la myorraphie, on serait ensuite dans l’incapacité de la faire ;
séparé. Une profondeur de 2 cm étant atteinte, on exerce sur les mais il faut, en revanche, l’arrêter aussitôt la jonction tiers moyen-
ciseaux un mouvement de levier du premier genre dans lequel le tiers inférieur atteinte de façon à ménager une petite fenêtre par où
coin est représenté par l’os ischiopubien. Ce geste étant exécuté, c’est on pourra faire et serrer la myorraphie. Il faut aussi, avant de
une bandelette musculaire épaisse de 2 cm qui est amenée dans le réaliser ces gestes ultimes, démarrer la colporraphie postérieure et
champ opératoire et qui peut être aiguillée (fig 10). pour les mêmes raisons.

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41-800 Traitement chirurgical des prolapsus génitaux par la voie vaginale Techniques chirurgicales

• Abord du point de suspension


11 Plastie sous-urétrale.
Les extrémités libres des Le point de suspension est abordé par voie mixte. On commence
deux bandelettes sont sutu- par la voie transvaginale et on finit par une micro-incision inguinale.
rées l’une à l’autre sur la li-
gne médiane.
La partie transvaginale de l’abord du point de suspension est faite
après que la vessie ait été séparée de la face profonde du vagin. La
dissection est poussée vers le haut et vers le dehors au-delà du point
de résistance, sur lequel on bute naturellement quand on arrive sur
la ligne où le fascia de Halban s’insère sur la paroi vésicale. En
forçant la résistance, on pénètre dans l’espace de Retzius. Il faut le
faire en regard du point où la vessie rejoint l’urètre postérieur. Il
faut le faire sur une largeur limitée. Les ciseaux sont utilisés
d’abord : ciseaux de Mayo qu’on pousse vers le haut et vers le côté
en contournant de la concavité de l’instrument la face postérieure
de l’os. Une fois le tunnel foré, on l’élargit un peu avec le doigt
(fig 12A).
Une fois le tunnel creusé de bas en haut, le fil de colposuspension
est fixé à la face profonde du vagin (fig 12B). Nous utilisons une
aiguille demi-cercle de 26 mm sertie sur un fil d’Ethibon de calibre
0. Ce sont les couches profondes de la paroi vaginale qui sont
aiguillées comme elles le sont dans l’opération de Burch. On
commence à hauteur de la zone où la face profonde du vagin
adhérait au col vésical, c’est-à-dire à la jonction tiers inférieur-tiers
moyen, puis on fait un deuxième point au tiers moyen et un
troisième au tiers supérieur. Ce dernier point qui prend le pilier
Pour faire la myorraphie (fig 11), on tire sur le fil tracteur du muscle
externe de la vessie, concourt à la correction de la cystocèle : c’est
qui se mobilise le moins bien. L’aiguille qu’on avait utilisée pour
non seulement le col vésical mais toute la base de la vessie qui se
harponner le muscle est une aiguille de 26 mm demi-cercle sertie de
trouve suspendue au squelette pubien. Le procédé de suspension,
Vicrylt 0, c’est-à-dire exactement celle qui convient pour faire la
en même temps qu’il stabilise le col vésical, contribue à la correction
myorraphie. Avec cette aiguille, on va ensuite harponner de la
de la cystocèle. Le fil étant gardé en attente (les fils : un de chaque
profondeur vers la surface le muscle controlatéral. C’est un geste
côté) on procède ensuite au clivage des lambeaux vaginaux selon le
dont l’exécution n’est pas facile, et c’est la raison pour laquelle il
procédé qui a été décrit plus haut (fig 12C).
faut le faire sur le muscle qui se mobilise le mieux. Une fois ce
deuxième muscle aiguillé, le fil tracteur est ôté. Le premier point de L’abord direct du point de suspension se fait par une incision de
myorraphie est serré et on mesure de la pointe d’un instrument 3 cm environ qui doit être ouverte à l’aplomb de l’épine du pubis,
quelconque la hauteur des espaces situés en avant (celui qui laisse c’est-à-dire à l’extrémité médiale du pli inguinocrural. La patiente
passer l’urètre) et en arrière (celui qui laisse passer le fourreau étant en position lithotomique, le pli en question se confond avec le
vaginal) du premier point. Selon que l’un ou l’autre de ces espaces pli génitocrural et c’est finalement en incisant obliquement,
apparaît trop étroit ou trop large, on place le deuxième point en perpendiculairement au relief du tendon du muscle grand
avant ou en arrière du premier à quelques millimètres seulement, adducteur, qu’on doit couper au bistouri froid avant de dissocier
l’objectif étant de renforcer le montage sans exposer la patiente à la aux ciseaux la graisse peu abondante qui recouvre le pubis. La
dysurie ou à la dyspareunie. Concernant ces deux problèmes dissociation doit être faite dans le même axe oblique, et les écarteurs
potentiels deux remarques s’imposent. La dysurie est un phénomène de Farabeuf doivent être utilisés pour écarter en dehors le nerf
fréquent dans les suites immédiates de la myorraphie ventrale des génitocrural dont l’entrappement peut être à l’origine d’algies
releveurs. Elle est due initialement à l’œdème qui entoure l’urètre postopératoires intenses. On arrive ainsi sur l’épine du pubis, au
postérieur : nous avons l’habitude de donner, à partir du troisième niveau de laquelle on perçoit bien l’insertion du ligament inguinal.
jour, un traitement corticoïde « à demi-dose » et d’enlever la sonde Pour amener dans la mini-incision inguinale le fil de
au matin du sixième jour seulement. Cette dysurie peut persister colposuspension (fig 13A), on utilise un passe-fil de Stamey ou une
au-delà des suites immédiates mais il est rare qu’elle persiste au- aiguille de Deschamps « vaginale » avec laquelle on transfixie la
delà du sixième mois. Quant aux dyspareunies, la meilleure façon paroi abdominale juste en dedans de l’aiguille du pubis. L’index de
de les éviter est de s’abstenir de faire en fin d’intervention la la main gauche, introduit dans le tunnel qu’on a creusé
colpopérinéorraphie qui est décrite plus loin. Elle est généralement précédemment, guide la pointe de l’instrument et permet de
inutile car le corps périnéal, sous l’effet de la myorraphie ventrale l’extérioriser. Le fil de colposuspension est passé dans le chas de
des releveurs, « ascensionne » fortement. Seule une plastie l’instrument. Cet instrument est retiré ensuite en inversant le geste
d’élargissement-réamarrage est, en cas de rectocèle « moyenne », qu’on avait fait pour l’introduire. Le fil de colposuspension apparaît
éventuellement indiquée : incision elliptique à grand axe vertical au ainsi dans l’incision inguinale (fig 13B) en même temps que l’aiguille
niveau du tiers moyen, excision de la muqueuse et suture qui est sertie sur lui et qui monte « à la traîne du fil ». L’amarrage et
transversale du fascia. le serrage des points de colposuspension (fig 14) sont précédés par
la plastie en « paletot » du fascia de Halban. On procède comme il a
Colposuspensions. Burch inversé été dit précédemment. On fait ensuite la colpectomie « sur mesure »
Le thème de la colposuspension paraît a priori bien cadré. Il n’est et on réalise la colporraphie. C’est à ce moment-là seulement qu’on
pourtant guère de domaines où l’imagination des chirurgiens ait aiguille, avec l’aiguille sertie d’Ethibon 0, le ligament inguinal au
donné lieu à autant de variations. Comment suspendre la paroi point où il s’insère sur l’épine du pubis. Il faut faire la manœuvre
antérieure du vagin ? Par en haut ou par en bas ? À la paroi avec précaution (pousser avec le porte-aiguille et tirer avec un
abdominale ou au squelette pelvien ? À proximité de la ligne deuxième porte-aiguille). Il faut manœuvrer de la profondeur vers
médiane ou à distance plus ou moins grande de cette ligne ? Avec la surface du côté gauche et, pour des raisons ergonomiques, de la
des prothèses ou des fils ? Avec un fil, deux fils, trois fils ? etc. Nous surface vers la profondeur du côté droit de la malade. Le serrage
ne décrivons ici que le procédé « maison ». Dans ce procédé, c’est des nœuds est fait de façon symétrique. On doit éviter les
aux branches iliopubiennes des os coxaux que le vagin est suspendu. hypercorrections. Le plancher de la vessie ne doit pas dépasser le
La suspension est faite par deux fils non résorbables, un de chaque plan horizontal (la patiente étant en position couchée : en position
côté de la ligne médiane, au niveau de l’épine du pubis exactement. debout il serait dangereusement verticalisé).

8
Techniques chirurgicales Traitement chirurgical des prolapsus génitaux par la voie vaginale 41-800

*
A *
B

*
C

12 Préparation de la colposuspension rétropubienne.


A. Le tunnel rétropubien latéral gauche est préparé au doigt.
B. Le fil de colposuspension est passé à la face profonde du lambeau vaginal latéral gauche.
C. Le lambeau vaginal gauche est clivé (le fascia sera ensuite superposé au fascia controlatéral).

13 Réalisation de la colposuspension rétropubienne.


A. L’aiguille de Deschamps est introduite de haut en bas
à la faveur d’une mini-incision faite dans le pli génitofé-
moral.
B. Le fil de colposuspension est passé à l’insertion du li-
gament inguinal sur l’épine du pubis.

*
A *
B

Opération fronde La mise en place du drain-guide se fait après qu’ait été achevée la
L’opération de Gœbell-Stœckel, comme la colposuspension par voie plicature en « paletot » du fascia de Halban. On creuse d’abord deux
mixte, peut se faire de mille et une façons. La variante de Michon a tunnels latéraux. Le principe est identique à celui du transfert des
notre préférence. Elle simplifie beaucoup la procédure, dans la fils de colposuspension. Mais on utilise là les ciseaux (le Mayo pour
mesure où elle se fait en deux temps successifs plutôt qu’à deux ouvrir l’aponévrose pelvienne de part et d’autre du col vésical et
équipes (la chirurgie à deux équipes est inconfortable et introduit pénétrer dans l’espace de Retzius). Il faut que le tunnel ait une
un risque septique qu’il vaut mieux éviter). certaine largeur (la bandelette aponévrotique mesure 1 cm de large).

9
41-800 Traitement chirurgical des prolapsus génitaux par la voie vaginale Techniques chirurgicales

*
A

14 Serrage des points de colposuspension.

15 Opération fronde. Un
drain-guide est passé
autour du col vésical. Ses
deux extrémités affleurent
la paroi abdominale.

*
B

16 Opération fronde. Une bandelette verticale taillée dans l’aponévrose des droits (A)
est passée autour du col vésical (B) en utilisant le drain-guide dont les deux extrémités
ont été retrouvées dans l’espace de Retzius.

aponévrotique en utilisant le feuillet antérieur de la gaine du muscle


grand droit côté gauche. Cette bandelette doit avoir 1 cm de large
environ. Il faut la dégraisser soigneusement tout en prenant garde
de ne pas la blesser et l’affaiblir. On descend jusqu’à l’insertion
pubienne. Le muscle pyramidal reste adhérent à la face profonde de
la bandelette. On peut le préserver. Une fois la bandelette
Mais il ne faut pas que cette largeur soit excessive (pour éviter que complètement dégagée, un orifice est créé à travers les fibres du
la bandelette glisse soit vers le bas où elle risque de couder l’urètre, muscle grand droit. L’extrémité libre du drain-guide est amenée à
soit vers le haut où elle risque de couder les uretères). Une fois les travers cet orifice. Et on y fixe l’extrémité libre de la bandelette. Il
deux tunnels creusés, on dispose autour du col vésical un petit drain suffit alors de tirer sur l’autre extrémité pour voir la bandelette se
vaseliné dont les extrémités viennent toucher la paroi abdominale mettre en place autour du col vésical (fig 16). Il ne reste plus, a ce
(fig 15). moment-là, qu’à la fixer au pied du muscle grand droit controlatéral.
La confection et la mise en place de la bandelette aponévrotique se On le fait en transfixiant ce muscle comme on a transfixié son vis-à-
font après que soit complètement achevée l’opération périnéale. vis et en amarrant l’extrémité de la bandelette à l’aponévrose par
L’incision cutanée est, classiquement, une incision médiane sous- trois à quatre points.
ombilicale. Nous avons, depuis de nombreuses années, recours à Le problème principal, dans la réalisation d’une opération fronde
une incision transversale suprapubienne. Les lambeaux cutanés sont est celui de la tension à exercer sur cette fronde. Nous avons
décollés : jusqu’à l’ombilic en ce qui concerne le lambeau supérieur. l’habitude, à la fin du temps périnéal de l’opération, de tasser dans
L’incision pariétale, en revanche, est une incision verticale médiane le vagin une mèche de grande longueur sous pression maximale.
(en réalisant une incision aponévrotique médiane on évite à tout Cette mèche est censée positionner le col vésical à la hauteur voulue.
coup les éventrations postopératoires). La fronde, ensuite, doit simplement être posée (sans aucune tension).
L’espace de Retzius est ouvert. Les deux extrémités du drain-guide La colpectomie et la colporraphie terminent la plastie antérieure du
sont retrouvées. On confectionne ensuite la bandelette vagin. Elle se fait de la même façon quel qu’ait été le procédé utilisé

10
Techniques chirurgicales Traitement chirurgical des prolapsus génitaux par la voie vaginale 41-800

pour faire (ou ne pas faire) la cervicocystopexie. C’est un temps ¶ Plastie directe du fond du vagin
purement « cosmétique ». Dans la grande majorité des cas nous ne
pratiquons aucune résection vaginale. Nous suturons la peau du La plastie du dôme vaginal est une opération qui comporte trois
vagin en partant de l’extrémité ventrale de la colpotomie et la suture temps successifs : cloisonnement du Douglas, résection vaginale
s’arrête juste en avant de l’insertion des ligaments cardinaux sur le postérieure triangulaire haute et plastie à proprement parler.
dôme vaginal. Dans les cas où existe un excès flagrant de la peau Le cloisonnement du Douglas est une nécessité quand on traite un
vaginale, une résection triangulaire est faite éventuellement à prolapsus génital. C’est un geste curatif quand existe une élytrocèle.
l’extrémité dorsale de chacun des lambeaux. Mais il faut en être C’est un geste préventif dans les autres cas : l’élytrocèle secondaire
économe. Car la conséquence, si on est trop généreux, sera la sténose doit être évitée. La technique couramment utilisée pour faire le
du fond du vagin. Nous sommes, pour la même raison, opposés à cloisonnement du Douglas est celle dite des « points de Richter ».
l’utilisation de la paroi vaginale en tant que matériel de suspension On réalise d’abord deux points d’angle qui extrapéritonisent les
(opération de Bologna), tout en reconnaissant que ce procédé a, sur ligaments suspenseurs de l’utérus (ligaments cardinaux et ligaments
le plan urologique, d’incontestables avantages. utérosacrés) en même temps que les moignons annexiels (moignon
La colpotomie, dans l’opération de Bologna, est arrêtée en amont du du ligament rond et moignon du ligament infundibulopelvien). Mais
col vésical. Deux bandelettes vaginales latérales de 15 mm de large au lieu de se contenter de faire, entre ces deux points d’angle, un
sont confectionnées de part et d’autre de la ligne médiane, puis surjet rapprochant au voisinage de leur extrémité libre le péritoine
amenées à la paroi abdominale au travers de deux tunnels rectal en arrière et le péritoine vésical en avant, on réalise trois points
rétropubiens. L’absence de dissection du col vésical évite la séparés qui faufilent les surfaces péritonéales le plus haut possible
dégradation du tonus urétral. Mais le prélèvement des deux (fig 17A). Le geste se fait de la surface vers la profondeur pour le
bandelettes entraîne obligatoirement une sténose du vagin, et dans péritoine vésical (fig 17B). Il se fait dans le sens inverse pour le
sa partie la plus sensible. péritoine postérieur après qu’on l’ait abaissé en se servant de deux
pinces anatomiques (fig 17C). On peut aussi, et c’est la technique
PLASTIE DU FOND DU VAGIN que nous privilégions actuellement, se servir de l’aiguille avec
La plastie du fond du vagin est un temps important, obligatoire. laquelle on a fait le point d’angle gauche pour tenter d’imiter par la
Mais elle ne se fait pas de la même façon dans tous les types de voie vaginale, ce qu’on fait par la voie abdominale sous le nom de
prolapsus. On rappelle qu’il existe, du point de vue « péritonisation colovésicale » : après avoir aiguillé le péritoine situé
physiopathologique, deux types de prolapsus : les prolapsus du dans le sinus séparant le ligament large de la face antérolatérale
fourreau et les prolapsus du dôme. Les prolapsus du fourreau sont gauche du rectum, on aiguille la séreuse de cet organe lui-même et
dus essentiellement à la faillite du système de soutien. Les prolapsus on attire progressivement la jonction rectosigmoïdienne et la boucle
du dôme sont dus, avant tout, à la faillite du système de suspension. sigmoïdienne qu’on faufile et qu’on fixe au péritoine vésical (trois
Dans les prolapsus du fourreau, on peut se contenter d’une plastie aiguillages sur la boucle sigmoïdienne, un aiguillage sur le péritoine
directe utilisant les propres tissus de la patiente qu’on traite d’une vésical, trois aiguillages sur la boucle sigmoïdienne, etc) jusqu’à
façon appropriée. Dans les prolapsus du dôme il faut, en revanche, arriver au niveau où a été préparé le point d’angle droit. Ce procédé
remplacer les ligaments suspenseurs défaillants et suspendre le fond permet d’abaisser la boucle sigmoïdienne au-devant du point
du vagin à la paroi pelvienne. d’angle droit et obture le plan incliné par où les anses grêles
Sur le plan clinique, la sélection est assez facile à faire. Quand, dans pourraient s’engager et faire pression sur le montage. Reste ensuite
l’épreuve de Valsalva, on voit les parois antérieure et postérieure du à réséquer le péritoine redondant.
vagin se dérouler et le col utérin éventuellement apparaître mais La résection du Douglas se fait avant ou après le cloisonnement,
sans dépasser l’orifice vulvaire, la plastie directe suffit. Quand c’est selon qu’on a utilisé le procédé de Richter ou la péritonisation
le col utérin qui apparaît le premier et, a fortiori, quand ce col est colovésicale. C’est, de toute façon, un temps à ne pas négliger : on
constamment extériorisé, la suspension à la paroi pelvienne est ne traite pas une hernie en laissant le sac en place. Pour identifier et
nécessaire : c’est, comme il a été dit plus haut, la fixation préparer la surface péritonéale à réséquer, l’opérateur applique sur
sacroépineuse qui a notre préférence. la face antérieure du rectum la face palmaire de l’index de sa main

*
C

*
B

*
A

17 Plastie du dôme vaginal. 1er temps : cloisonnement du Douglas par les « points de Richter » (A, B, C).

11
41-800 Traitement chirurgical des prolapsus génitaux par la voie vaginale Techniques chirurgicales

18 Plastie du dôme vaginal. 1er 19 Plastie du dôme vagi-


temps : cloisonnement du Douglas. nal. 2e temps : colpectomie
Résection du péritoine redondant (A, triangulaire postérieure
B). haute.

*
A

20 Plastie du dôme vagi-


nal. 2e temps : le 1er point
autoplastique. C’est le point
de départ de la suture conti-
nue qu’on fait d’arrière en
avant après la colpectomie
triangulaire postérieure
haute. Ce point est appuyé
sur les ligaments utérosa-
crés et sur la face antérieure
du rectum, juste en dessous
du Douglas reconstitué.

*
B

gauche, puis il exécute un mouvement tournant en fléchissant le


doigt (fig 18A), l’extrémité du doigt, appuyée sur le fond du
Douglas, extériorise le cul-de-sac et l’éloigne du rectum auquel il
adhère en arrière : il ne reste plus qu’à couper les petits tractus qui
relient le péritoine à la paroi intestinale puis à réséquer le lambeau
péritonéal (fig 18B).
La colpectomie postérieure triangulaire haute se fait entre trois
pinces-repères. Les deux premières sont mises en place juste en
dedans de l’insertion de chacun des ligaments utérosacrés. La
troisième est mise en place sur la ligne médiane, à un niveau tel que
le triangle délimité par les trois instruments soit, grosso modo, un
triangle équilatéral (fig 19). La section est faite au bistouri. Elle rapprochés l’un de l’autre. La plastie, dans le même temps, retend
concerne les trois couches de la paroi vaginale. Le lambeau isolé est les ligaments et attire le fond du vagin dans la position postérieure
réséqué d’arrière en avant. qui convient.
La plastie à proprement parler est confiée à un point unique qui
aiguille successivement la paroi vaginale elle-même, puis le ligament ¶ Fixation sacroépineuse du dôme vaginal
utérosacré gauche au point où il s’insère sur elle (piquer largement
L’idée de fixer le dôme vaginal à la paroi pelvienne postérieure
pour faire solide mais pas trop largement pour ne pas blesser les
basse revient à l’Autrichien Amreich qui, en 1942, a décrit la
vaisseaux inclus dans le ligament cardinal). On transfixie ensuite sur
la ligne médiane le cul-de-sac péritonéal de Douglas reconstitué. « vaginae fixura sacrotuberalis vaginalis ». Amreich fixait le tube
Puis on transfixie le ligament utérosacré droit et la paroi vaginale génital au grand ligament sacrosciatique. Son élève Richter [13] a
adjacente (fig 20). Ce point n’est pas noué immédiatement. Il ne sera choisi d’utiliser le petit ligament sacrosciatique ou ligament
noué qu’après préparation de la plastie postérieure. Son objectif est sacroépineux. Nichols s’est fait le promoteur de cette opération aux
de rétrécir le cul-de-sac postérieur du vagin (c’est le seul endroit où États-Unis. Elle connaît maintenant un grand succès et les
on puisse se permettre de rétrécir le vagin). Il est aussi de rapprocher indications s’en sont considérablement élargies. Elle était
les ligaments utérosacrés l’un de l’autre au devant du cul-de-sac de initialement réservée aux prolapsus du dôme vaginal après
Douglas reconstitué. Les forces de pulsion s’exerçant sur le cul-de- hystérectomie. Cette indication reste, bien entendu, tout à fait
sac péritonéal viendront s’épuiser sur les ligaments suspenseurs actuelle. Mais on peut et on doit également utiliser la fixation

12
Techniques chirurgicales Traitement chirurgical des prolapsus génitaux par la voie vaginale 41-800

sacroépineuse dans tous les cas où, comme dans les prolapsus du
dôme vaginal après hystérectomie, existe une faillite majeure des 21 Spinofixation du
dôme vaginal (A, B). Effon-
moyens de suspension du tube génital. drement du ligament recto-
Le petit ligament sacrosciatique est une structure fibreuse insérée en vaginal et recherche du re-
dehors sur l’épine sciatique et s’élargissant en éventail pour aller lief de l’épine sciatique.
s’insérer en dedans sur le bord des dernières pièces sacrées et des
pièces coccygiennes. Les fibres en sont mêlées avec celles des parties
tendineuses du muscle coccygien qui est un petit muscle tapissant
la face interne du ligament et qui prolonge vers l’arrière le
diaphragme pelvien (il fait suite au muscle iliococcygien qui fait
suite lui-même au muscle pubococcygien). C’est un appui solide et
qui est situé en des lieu et place qui conviennent exactement : dans
le plan horizontal qui passe par le bord inférieur de la symphyse
pubienne et l’articulation sacrococcygienne et pas trop loin en arrière
(la tension serait trop forte) et en dedans (l’ampoule rectale serait
bridée par les points de fixation).
Les rapports de la face dorsale du petit ligament sacrosciatique sont
bien connus... et dangereux. Le pédicule vasculaire honteux interne
contourne le ligament à son origine, accompagné par le nerf du
même nom qui est une branche du plexus sciatique. Les racines du
plexus sciatique convergent obliquement vers le canal sous-
pyramidal dont la limite supérieure est représentée par le muscle
pyramidal et la limite inférieure par le ligament sacroépineux lui-
même. Cette convergence se fait en arrière du rebord osseux. *
A
L’abord du ligament sacroépineux se fait à la faveur d’une
colpotomie postérieure en Y renversé. Cette colpotomie, dans sa
partie dorsale, est réalisée sur la ligne médiane. Quand on arrive à
la jonction du tiers moyen et du tiers inférieur, on branche sur la
colpotomie deux contre-incisions divergentes aboutissant sur le
vestibule vulvaire au point où on a décidé d’arrêter la résection
muqueuse nécessaire pour la plastie périnéale (cf infra). Les vastes
lambeaux qui se trouvent de part et d’autre de cette grande incision
sont saisis sur leur versant libre par deux séries de pinces à plateau.
Ils sont écartés de l’ampoule rectale. Mais on ne tarde pas à se
heurter à la résistance des « ligaments rectovaginaux » ou « piliers
du rectum ». La résistance de ces structures, en réalité, est assez
faible. Et en utilisant la pointe des ciseaux fermés et le doigt on
pénètre assez vite dans la fosse pararectale (fig 21). Nous avons *
B
l’habitude d’aborder le petit ligament sacroépineux gauche
(l’aiguillage, pour un droitier, est plus facile). Nichols, comme
Richter le faisait, aborde préférentiellement le ligament sacroépineux 22 Spinofixation du
droit. On peut également, comme le fait Jacquetin, aborder les deux dôme vaginal. Aiguillage
ligaments. du ligament sacroépineux.
L’aiguillage du ligament sacroépineux peut se faire, comme Nichols La valve postérieure écarte
le fait, « à l’aveugle » : le majeur de la main qui n’opère pas est placé le muscle iliococcygien. La
valve antérieure écarte le li-
sur l’épine sciatique et on fait glisser le long de l’index une aiguille
gament cardinal. La valve
de Deschamps qu’il suffit, une fois l’extrémité de l’index contournée, médiale écarte le rectum.
de ficher dans les structures situées en arrière du point repéré par le
majeur. Jacquetin fait également une fixation « à l’aveugle » en
utilisant l’endostitch (Tycot) entre les mors de laquelle on saisit le
ligament sacroépineux repéré au doigt avant de pousser la petite
aiguille droite sertie sur un fil et qui vient se ficher dans l’autre mors
de la pince après avoir transfixié le ligament. Nous préférons faire
l’aiguillage à « ciel ouvert ». Il faut, pour cela, exposer bien le
ligament sacroépineux. Une valve adéquate (valve en baïonnette
dessinée spécialement par Richter) refoule en avant le ligament
cardinal. Une valve de même type refoule en dedans l’ampoule
rectale. Et une troisième valve (nous nous servons de la valve de
Mangiagali qui a exactement la forme et les dimensions qui
conviennent) refoule le muscle iliococcygien qui est toujours en
surplomb sur le muscle coccygien et sur le ligament sacroépineux.
La préparation doit être une véritable préparation anatomique. On
doit identifier clairement le ligament sacroépineux et le canal sous-
pyramidal qui est situé juste au-dessus de lui. Cette identification
étant faite, une aiguille sertie est fichée transversalement (fig 22)
dans le ligament en l’installant obliquement sur le porte-aiguille et pour assurer un ancrage solide sans risquer de blesser les éléments
en la poussant de bas en haut en même temps qu’on exécute un vasculonerveux qui sont en arrière du ligament (artère, veine et nerf
« tour de spire » (on part avec l’aiguille parallèle au ligament ou pudendals). Il faut aussi, et pour les mêmes raisons, piquer à une
presque et on redresse dans un sens antihoraire en même temps distance suffisante de l’épine sciatique (15 à 20 mm) en dedans
qu’on pousse). Il faut utiliser des aiguilles de 30 mm (3/8e de cercle) d’elle.

13
41-800 Traitement chirurgical des prolapsus génitaux par la voie vaginale Techniques chirurgicales

*
C

*
A *
B

23 Passage transvaginal des points de spinofixation.


A. Le fil n° 1 (fil résorbable) est passé à travers la paroi vaginale à proximité du moignon des ligaments suspenseurs.
B. Le fil n° 2 (fil non résorbable) est passé au voisinage du premier, mais sans transfixier la peau du vagin.
C. Le fil n° 1 (fil résorbable) est noué à l’intérieur de la cavité vaginale.
D. Le fil n° 2 (fil non résorbable) est noué à l’intérieur du périnée.

*
D

Pour assurer la fixation, ce sont deux, et non un seul fil que nous La technique qui vient d’être décrite procède d’une conception
ancrons dans le ligament sacroépineux (fig 23). Le premier est un fil restrictive des indications de la spinofixation. Nous ne faisons cette
de Vicrylt 0 serti sur deux aiguilles. Ces deux aiguilles sont passées spinofixation que dans les cas où existe un prolapsus vrai de la
à travers la paroi vaginale en la transfixiant de part et d’autre de la voûte vaginale. Si on décide de faire la spinofixation dans les cas où
ligne médiane : le nœud de fixation sera fait à l’intérieur de la cavité la voûte vaginale n’est pas franchement extériorisée, on aura de la
vaginale. Le second fil est un fil de Prolènet 0. Les aiguilles serties peine à la faire venir au contact de la paroi pelvienne. Il faut utiliser
sur ce fil sont passées à travers la paroi vaginale sans la transfixier : des artifices. Jacquetin qui, de plus, fait une fixation bilatérale, utilise
le nœud de fixation sera fait à l’intérieur du périnée. Le premier des prothèses. Crépin utilise quant à lui un lambeau taillé dans la
point est passé plus près de l’extrémité de la voûte vaginale et le partie haute de la paroi vaginale, lambeau qui lui permet d’allonger
second un peu en dessous. L’objectif est de mettre la voûte vaginale cette paroi. Le lambeau est désépidermisé, inversé et appliqué contre
au contact du ligament sacroépineux. Il faut pour cela bien le ligament sacroépineux.
sélectionner les indications, et choisir avec précision l’endroit où est
faite la transfixion de la paroi vaginale postérieure. En faisant un PLASTIE VAGINALE POSTÉRIEURE
point transfixiant, on évite de couper la paroi vaginale. En utilisant La plastie de la paroi postérieure du vagin ou colpopérinéorraphie
un fil résorbable, on évite les désagréments qu’entraîne est un temps obligatoire du traitement chirurgical des prolapsus
obligatoirement la présence d’un corps étranger à l’intérieur de la génitaux. Tout le monde en est d’accord. Mais personne ne la fait de
cavité vaginale. Le deuxième point n’est là que pour assurer le la même façon. Les divergences les plus grandes concernent la
maintien du montage après que le premier se soit résorbé. Il n’est myorraphie des releveurs. La mode est actuellement de s’en abstenir.
pas nécessaire de le serrer très fortement. On évite de couper la Nous pensons que cette mode est préjudiciable. Il faut, en revanche,
musculeuse vaginale. Un détail important concernant le serrage des faire la myorraphie selon une technique correcte, ce qui sous-
points : il n’est à faire qu’après qu’ait été fermée la colpotomie non entend : aborder correctement et largement le noyau fibreux central
pas complètement mais presque complètement. Si on serre avant du périnée et les muscles releveurs.
que soit faite la colporraphie il sera impossible de faire cette
colporraphie. Si on serre après l’avoir réalisée complètement on ne ¶ Abord du noyau fibreux central du périnée
pourra pas serrer le deuxième point. En pratique, arrêter la Il se fait classiquement en commençant par une incision vestibulaire
colporraphie quand on arrive à la jonction tiers moyen-tiers transversale et en disséquant le vagin de bas en haut. Nous pensons
inférieur, serrer les points de spinofixation puis finir la colporraphie. qu’il est mieux de faire autrement.

14
Techniques chirurgicales Traitement chirurgical des prolapsus génitaux par la voie vaginale 41-800

24 Plastie postérieure. Résection triangulaire de la peau du


vagin (A) et résection triangulaire de la peau du périnée (B).

*
A
*
B

L’incision vaginale basse en V renversé permet d’aborder le versant 25 Plastie postérieure.


vaginal du noyau fibreux central du périnée. L’angle supérieur est Ouverture de la fosse para-
situé sur la ligne médiane à la jonction tiers moyen-tiers inférieur rectale gauche. Le rectum
est séparé de la face pro-
(c’est le point où diverge l’incision en Y renversé qu’on réalise quand
fonde du lambeau vaginal.
on fait une fixation sacroépineuse). Une première pince-repère est
fixée en ce point. Deux autres pinces sont mises en place à la jonction
« vagin-périnée » de part et d’autre de la ligne médiane, et à une
distance telle qu’en les rapprochant on rétrécisse l’orifice vulvaire
sans le sténoser (on doit laisser le passage pour deux doigts). Les
deux incisions obliques sont faites franchement (à la partie haute le
tissu cellulaire qui sépare le vagin du rectum est abondant, et à la
partie basse on s’éloigne de plus en plus de l’ampoule rectale). Le
lambeau vaginal limité par les deux incisions est ensuite décollé de
haut en bas (fig 24A). En faisant la dissection de haut en bas on va
du plus facile vers le plus difficile. Dans la partie haute, en effet, il
est facile de séparer le lambeau vaginal du rectum : on est dans une
zone libre de remaniements cicatriciels. Plus on descend, plus le
risque augmente. Mais comme on a démarré dans le bon plan, ce
risque est très diminué. Il est en tout cas beaucoup plus faible que
dans le mode opératoire habituel.
L’incision périnéale en V évasé est faite dès que le lambeau vaginal
en V renversé a été complètement libéré. On dissèque cette fois de
bas en haut (fig 24B) et on arrive sur les dernières structures qui
relient le lambeau losangique au noyau fibreux central du périnée.
quand l’une des fosses pararectales est ouverte (et la deuxième peut
¶ Abord des muscles releveurs
être plus facile à ouvrir que la première) l’ouverture de l’autre ne
Une fois le noyau fibreux central du périnée dégagé sur son versant pose aucun problème.
vaginal et son versant périnéal, on aborde les muscles releveurs. Cet L’ouverture de la partie haute des fosses pararectales constitue le
abord se fait en deux temps. deuxième temps de l’abord des muscles releveurs. Quand on a fait
L’ouverture de la partie basse des fosses pararectales constitue le une fixation sacroépineuse, cette ouverture est déjà faite. Dans les
premier temps. Une pince à plateau est disposée sur le lambeau autres cas, c’est maintenant qu’il faut la faire. On décolle le rectum
vaginal. Ce lambeau est mis en traction. Le rectum est saisi avec la de la face profonde du vagin sur la ligne médiane (c’est facile). Puis,
pince à disséquer et écarté du lambeau. Les fibres qui séparent le on le coupe jusqu’à aboutir à la pointe du V renversé, qu’on avait
rectum du lambeau sont coupées de la pointe du bistouri. Le excisé à la partie haute de la paroi vaginale postérieure pour
protocole est le même que celui utilisé dans la plastie de la paroi préparer la plastie directe du fond du vagin. Les deux grands
antérieure du vagin pour séparer le pôle inférieur de la vessie de la lambeaux latéraux sont séparés complètement de l’ampoule rectale
face profonde des lambeaux vaginaux. On ne tarde pas à pénétrer (en effondrant les « piliers du rectum ») et les muscles releveurs
dans un tissu « arachnéen » (fig 25). On abandonne alors la pointe peuvent être abordés largement.
du bistouri et on se sert du manche, puis du doigt pour ouvrir plus
¶ Myorraphie et périnéorraphie
largement la fosse pararectale. Quand on éprouve des difficultés (en
général parce qu’on a disposé la première pince-repère trop bas), on La myorraphie des releveurs, quand on a dégagé les lambeaux
a intérêt à ne pas insister et à passer à l’autre côté. En tout cas, vaginaux aussi largement que nous le préconisons, n’a pas

15
41-800 Traitement chirurgical des prolapsus génitaux par la voie vaginale Techniques chirurgicales

26 Plastie postérieure.
Myorraphie des releveurs. Le 1er aiguillage est fait en
profondeur et à proximité du rectum (A). Le 2e aiguillage
(B) est plus superficiel et plus proche du vagin.

*
A *
B

d’effet sténosant. Elle concourt, en revanche, à restaurer le cap 27 Plastie postérieure.


vaginal. Cette restauration sera complétée ensuite par la Périnéorraphie. Le 1er point
de la suture périnéale est
périnéorraphie. appuyé sur le sphincter ex-
L’aiguillage des muscles releveurs peut se faire avec n’importe terne de l’anus.
quel instrument. Nous sommes restés fidèles à l’antique aiguille
d’Emmet qui, grâce à sa robustesse et à l’importance du rayon de
sa courbure, permet de charger largement les muscles. L’extrémité
du doigt qui n’opère pas est placée dans la fosse pararectale et ce
doigt écarte l’ampoule rectale. L’aiguille charge largement le
muscle (fig 26A). Le fil (nous nous servons d’un fil tressé
synthétique à résorption lente : le Vicrylt n° 2) est passé. Puis on
charge l’autre muscle de la même façon. Le premier point est un
point très profond proche du rectum et loin du vagin. Le deuxième
point est un point plus superficiel (fig 26B), passé plus loin du
rectum et plus près du vagin. Les deux points, une fois passés, ne
sont pas noués.
La colporraphie est réalisée sur toute la hauteur. On commence en
serrant le point qui avait été préparé pour faire la plastie directe du
fond du vagin. Et on descend jusqu’à l’orifice vulvaire. Cette suture
(Vicrylt 0) rétrécit le vagin au niveau de son tiers supérieur et au
niveau de son tiers inférieur, mais respecte complètement son calibre
au niveau du tiers moyen : c’est le plus important. À noter que, dans
les cas où on a réalisé une fixation sacroépineuse, le tiers inférieur
de la suture reste, au point où on en est de l’intervention, le seul à
exécuter. Une fois la colporraphie terminée, et à ce moment-là
seulement, les points de myorraphie sont serrés. Et on peut passer à
la périnéorraphie.
La périnéorraphie peut être faite par un surjet en va-et-vient qui est
commencé à l’extrémité postérieure en se servant d’une aiguille Autres opérations
sertie d’un fil tressé synthétique à résorption lente fin (2/0) et
incolore (risque de tatouage si on utilise un fil coloré). On commence La triple opération périnéale avec hystérectomie permet de faire face
par le point postérieur qu’on réalise selon la technique de Campbell, à toutes les situations ou presque. Il faut, certes, en moduler les
c’est-à-dire en aiguillant les tissus périnéaux du côté gauche d’abord, différents gestes en fonction des lésions et des dysfonctions. Tout
le pôle ventral du sphincter strié de l’anus ensuite et les tissus ceci a été dit dans les lignes précédentes. Certaines situations
périnéaux du côté droit pour finir. En serrant ce point on réinsère le appellent des réponses plus spécifiques. Mais on reste dans le même
sphincter de l’anus au corps du périnée et on renforce le sphincter cadre conceptuel.
en question (fig 27). Une fois le point de Campbell réalisé, on L’hystérocèle isolée... n’est pratiquement jamais isolée. Il faut savoir
poursuit la réfection du périnée en réalisant avec la même aiguille résister, en cette circonstance, à la tentation qui est celle de ne faire
une suture continue. Arrivé à l’extrémité antérieure, on revient sur qu’une hystérectomie vaginale : la plastie antérieure et la plastie
ses pas en se servant toujours de la même aiguille pour faire un postérieure s’imposent.
surjet intradermique, qu’on arrête quand on est revenu au point de La cystocèle isolée existe bel et bien. Il faut être, chez ces patientes,
départ. particulièrement vigilant dans le temps de plastie antérieure.

16
Techniques chirurgicales Traitement chirurgical des prolapsus génitaux par la voie vaginale 41-800

*
B

*
A

28 Spinofixation de l’utérus (A, B). Les fils sont passés à l’insertion des ligaments utérosacrés sur la face postérieure de l’isthme utérin.

Mais il ne faut s’abstenir ni de l’hystérectomie, ni de la plastie 29 Vulvocolcléisis selon


postérieure. Conill-Serra. Après adosse-
La rectocèle isolée existe elle aussi bel et bien. Quand il y a une ment des bords mitoyens
hernie vraie de la muqueuse rectale à travers la musculeuse, il faut des surfaces avivées, les fas-
savoir faire appel au chirurgien coloproctologue qui sera cias sont aiguillés transver-
salement (fascias de la
éventuellement le seul à intervenir.
grande lèvre et vaginaux).
L’élytrocèle isolée est une entité rare chez les femmes dont l’utérus
est toujours en place. Il faut, bien entendu, être spécialement vigilant
dans le traitement du Douglas et du dôme vaginal (indication de la
fixation sacroépineuse quasi systématique). Mais ce serait une erreur
de négliger la plastie antérieure, l’hystérectomie et la plastie
postérieure.
Le prolapsus après hystérectomie ne se singularise que par le fait
que l’hystérectomie est déjà réalisée. Dans cette forme
étiopathogénique, encore plus que dans les autres, il ne faut négliger
aucun des temps de la triple opération.
Les seules femmes qui, selon nous, sont à traiter autrement que par
la triple opération périnéale sont les femmes très jeunes et désireuses
de maternité d’une part, et les femmes très âgées et très fragiles
d’autre part.

FIXATION SACROÉPINEUSE DE L’UTÉRUS


L’Américain Richardson [13] a proposé, chez les femmes jeunes, de
recourir à la fixation sacroépineuse de l’utérus. La technique n’est sous anesthésie locale, s’applique parfaitement au traitement des
pas compliquée. On opère par une colpotomie en Y renversé partant prolapsus extériorisés qu’on observe chez les patientes grabataires
du fond du cul-de-sac vaginal postérieur. On ouvre le Douglas, dont ou quasi grabataires. On réalise deux avivements rectangulaires à la
on peut réséquer la partie redondante, et on le reconstitue par une partie basse des parois antérieure et postérieure du vagin. Le bord
suture en bourse appuyée sur la face postérieure de l’isthme utérin. supérieur du rectangle antérieur doit être situé à 1,5 cm au-dessous
On ouvre ensuite les fosses pararectales, et on prépare la fixation du méat. La hauteur de chacun des rectangles doit être de 3 cm
sacroépineuse en amarrant les fils à la face postérieure de l’isthme environ et leur largeur de 4 cm environ. On fait ensuite deux
utérin au point où s’insèrent les ligaments utérosacrés. On réalise avivements vulvaires se rejoignant par leurs extrémités caudales. On
ensuite, si besoin, une amputation intravaginale du col. On ferme la rapproche les bords contigus par des sutures continues. Puis on
colpotomie aux deux tiers. On serre les points de colposuspension aiguille grande lèvre, fascia vaginal et grande lèvre opposée en
(fig 28) et on termine par la myorraphie des releveurs et la utilisant trois à cinq aiguillées du même fil (fig 29). Le serrage crée,
périnéorraphie. au-devant du canal vaginal, un épais rideau tissulaire qui suffit à
assurer la contention du prolapsus.

CLOISONNEMENT VULVOVAGINAL
SELON CONILL-SERRA Conclusion
Le procédé imaginé par le nationaliste espagnol Conill-Serra à
l’époque où les républicains lui avaient interdit d’opérer dans son La question du traitement chirurgical des prolapsus génitaux mérite à
service hospitalier, et où il était contraint d’opérer à son domicile et elle seule une encyclopédie. On ne peut, en tout cas, en faire le tour

17
41-800 Traitement chirurgical des prolapsus génitaux par la voie vaginale Techniques chirurgicales

dans ce chapitre. Quant à conclure après un survol aussi rapide, c’est vaginale et les coûts économiques en dépendent. Il serait paradoxal qu’à
évidemment un exercice aux limites de l’absurde. Nous nous notre époque où se répand la chirurgie « minimalement invasive »
contentons, en guise de conclusion, d’argumenter sur deux concepts (petites cicatrices), la chirurgie « nullement invasive » (pas de
fondamentaux : primauté de la voie d’abord vaginale et intérêt de la cicatrices) n’emporte pas la préférence.
simplification technique. La voie d’abord vaginale, plus que la voie d’abord abdominale, a excité
La voie d’abord vaginale, en France, a mauvaise réputation. Les l’imagination des opérateurs, et les procédés chirurgicaux sont
résultats anatomiques seraient aléatoires et éphémères. Les résultats innombrables. Les adversaires de la voie d’abord vaginale y trouvent un
fonctionnels seraient franchement mauvais. Les opérées, en particulier, argument de poids : si on a décrit 100 procédés, c’est qu’aucun d’entre
seraient dans l’impossibilité d’avoir, après l’opération, une vie sexuelle eux ne donne satisfaction. Notre opinion est qu’on doit non seulement
normale. L’équipe de Jacquetin [4, 5] a démontré à partir d’une étude privilégier la voie d’abord vaginale, mais également s’efforcer d’en
prospective et randomisée qu’il n’en était rien : les résultats
standardiser les procédures. C’est la raison pour laquelle nous avons
anatomiques et fonctionnels sont équivalents.
décrit la seule « triple opération périnéale avec hystérectomie ». Cette
Notre préférence, néanmoins, va à la voie d’abord vaginale et pour deux
raisons. La première est d’ordre anatomopathologique : la combinaison opération s’applique à tous les cas ou presque (les opérations
« restauration du cap vaginal + plastie du dôme (avec ou sans fixation alternatives, exceptionnellement indiquées, ont également été décrites).
sacroépineuse) » est, de toute évidence, plus naturelle que la Mais elle ne s’applique pas à tous les cas de la même façon. Chaque cas
promontofixation. La deuxième raison de notre préférence est d’ordre est un cas particulier. Mais plutôt que de lui appliquer une opération
économique : même si les risques de la chirurgie abdominale sont particulière, il faut, pour chaque cas, moduler de façon appropriée
actuellement très bas, ils restent supérieurs à ceux de la chirurgie l’opération standard.

Références
[1] Bautrant E, Nadal F, Mollard P, Khouzami A, Boubli L, Blanc [6] Hoang-Ngoc Minh A, Smadja A, Herve De Sigalony JP. [12] Petros PE, Ulmsten U. An integral theroy of female urinary-
B. Traitement de l’incontinence urinaire d’effort par un Réalité et utilité du fascia de Halban. J Gynécol Obstet Biol incontinence. J Acta Obstet Gynecol Scand 1990 ; Suppl
procédé de Pereyra modifié : l’intervention de Chrub. Rev Reprod 1991 ; 20 : 51-59 153 : 1-79
Fr Gynécol Obstet 1992 ; 87 : 91-97
[7] Jacquetin B. Endosuspension du col vésical par voie vagi-
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sinkontinenz. Geburtsh Fraunheilkd 1981 ; 41 : 769-776 sinsuffizienz beruhenden Irikontinenz der Frau. Geburtsh u
[4] Fatton B, Grunberg P, Ohana M, Mansoor S, Descamps C,
Jacquetin B. Cure de prolapsus chez la femme jeune : la voie [9] Mouchel J. La fixation aux tendons pubo-coccygiens d’une Frauenheilk 1969 ; 29 : 101-126
abdominale n’a pas d’avantage sur la voie vaginale. À fronde de Gore-Tex : une technique simple de la cure
propos d’une étude prospective et randomisée. d’incontinence urinaire d’effort par voie vaginale pure. [15] Richter K, Dargent D. La spino-fixation (vaginae fixatio
1 -Résultats anatomiques et sexuels. JOBGYN 1993 ; 1 : J Gynécol Obstet Biol Reprod 1987 ; 16 : 507-512 sacro-spinalis) dans le traitement des prolapsus du dôme
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Jacquetin B. Cure de prolapsus chez la femme jeune: la voie stress incontinence. Am J Obstet Gynecol 1973 ; 115 :
abdominale n’a pas d’avantage sur la voie vaginale. À [16] Stamey TA, Schaeffer AJ, Condy M. Clinical and roentgeno-
123-128
propos d’une étude prospective et randomisée. -2 graphic evaluation of endoscopic suspension of the vesical
-Résultats fonctionnels et évaluation de la qualité de la vie. [11] Nichols DH, Randall CL. Vaginal surgery. Baltimore : neck for urinary incontinence. Surg Gynecol Obstet 1975 ;
JOBGYN 1993 ; 1 : 133-143 Williams and Wilkins, 1989 140 : 355-360

18
¶ 41-730

Traitement chirurgical du cancer du col


utérin par laparotomie
F. Foucher, K. Morcel, F. D’Halluin, J.-P. Harlicot, J. Coiffic, D. Cariou, J. Levêque

La colpohystérectomie élargie avec lymphadénectomie pelvienne reste l’intervention de référence dans les
stades précoces du cancer du col utérin. La sécurité de l’intervention repose sur une dissection réglée des
espaces contenant les viscères pelviens et de leurs limites représentées par des lames conjonctives porte-
vaisseaux. De même, la dissection de l’uretère de son entrée dans le pelvis à son abouchement vésical
permet de le protéger. La lymphadénectomie pelvienne doit être complétée d’un curage iliaque primitif et
lomboaortique en cas d’atteinte métastatique ganglionnaire pelvienne. La technique de l’intervention est
détaillée et illustrée de schémas successifs des différents temps opératoires. La prise en charge
périopératoire est décrite, ainsi que les principaux écueils et complications du geste chirurgical.
© 2007 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Mots clés : Colpohystérectomie ; Lymphadénectomie ; Cancer du col utérin ; Laparotomie ; Pelvis

Plan trouve néanmoins à s’appliquer dans de nombreuses autres


indications allant par exemple de la chirurgie de l’endométriose
¶ Avant-propos 1 pelvienne sévère à la chirurgie de réduction tumorale des
cancers ovariens. La maîtrise de sa technique offre donc au
¶ Introduction 1
chirurgien l’assurance d’une certaine aisance dans le pelvis
¶ Indications de la chirurgie dans les cancers du col utérin 2 féminin qui trouve à s’employer dans de nombreuses circons-
Bilan d’extension préthérapeutique 2 tances dramatiques : en ce sens, cette intervention doit conti-
Indications thérapeutiques dans le cancer du col utérin 3 nuer à être enseignée et connue malgré la diminution de
¶ Principes de la chirurgie dans les cancers du col utérin 4 l’incidence du cancer du col utérin et l’apparition de techniques
Anatomie chirurgicale simplifiée 4 innovantes, cœlioscopiques notamment. Ainsi, les auteurs ont
Objectifs de l’intervention 5 délibérément choisi d’abandonner les descriptions méticuleuses
Difficultés classiques du geste 5 anatomochirurgicales, laissant le soin aux lecteurs perfection-
¶ Technique de la colpohystérectomie élargie Piver III nistes de les consulter, tout en s’inspirant de celles-ci pour
avec lymphadénectomie iliopelvienne 6 décrire l’intervention comme le ferait un mode d’emploi d’un
Préparation 6 objet du commerce en privilégiant l’Esprit à la Lettre [1-3]. Enfin,
Instrumentation spécifique 6 pour nos jeunes collègues qui vont reprendre le flambeau et à
Intervention proprement dite 6 qui sont destinées en premier lieu ces quelques pages, les
¶ Cas particuliers 11 auteurs redisent que rien ne remplace le compagnonnage (soit
Colpohystérectomie élargie proximale 11 l’apprentissage sous la férule d’un chirurgien expérimenté... et
Conservation-transposition latéropariétale ovarienne 11 patient) où sont transmises les petites astuces et autres façons
Colpocervicectomie élargie sur col restant 11 propres à chacun : nous avons seulement tenté de les préparer
Hystérectomie élargie avec colpectomie totale 11 à cet enseignement de la colpohystérectomie élargie avec
Lymphadénectomie iliaque primitive et lomboaortique 11 lymphadénectomie pelvienne et lomboaortique.
¶ Suites postopératoires 12
Complications 12

■ Introduction
Surveillance carcinologique 13

Le cancer du col de l’utérus est le deuxième cancer de la


femme dans le monde (Fig. 1) avec 493 243 nouveaux cas par
■ Avant-propos an, à 80 % dans les pays en voie de développement, responsable
de 274 000 décès (troisième cause de mortalité) [4]. En France,
La colpohystérectomie élargie par voie abdominale est une en 2000, ont été diagnostiqués 3 367 nouveaux cas (plaçant le
intervention classique décrite par Wertheim en 1898 (la lym- cancer du col au huitième rang des cancers incidents) avec
phadénectomie ayant été ajoutée en 1900 par Reis), proposée 1 004 décès imputés (quinzième cause de mortalité par can-
dans les stades « chirurgicaux » du cancer du col utérin : elle cer) [5]. Le développement du dépistage cytologique [6], et une

Techniques chirurgicales - Gynécologie 1


41-730 ¶ Traitement chirurgical du cancer du col utérin par laparotomie

Tableau 1.
Incidence Mortalité
Classification des cancers du col utérin selon la Fédération internationale
Afrique de l'Est 42,7 34,6
de gynécologie et obstétrique.
Afrique du Sud 38,2 22,6
Mélanésie 38,1 21,7 Stade Description
Caraïbes 32,6 16,0
0 Carcinome in situ
Amérique centrale 30,6 15,0
Afrique de l'Ouest 29,3 23,8
I Carcinome limité au col
Amérique du Sud 28,6 12,9 IA Carcinome invasif préclinique
Afrique centrale 28,0 23,0 Toute lésion macroscopique est un stade IB
Centre Sud de l'Asie 26,2 15,0
IA1 Invasion du stroma < 3 mm en profondeur et < 7 mm hori-
Micronésie - Polynésie 19,4 10,5
Asie du Sud-Est 17,7 10,3
zontalement
Europe de l'Est 14,5 7,1 IA2 Invasion du stroma entre 3 et 5 mm en profondeur et infé-
Afrique du Nord 12,1 9,8 rieur à 7 mm horizontalement
Europe du Sud 10,7 3,3
IB Tumeur limitée au col mais > un IA2
Europe de l'Ouest 10,0 3,4
Europe du Nord 9,0 3,6 IB1 Tumeur limitée au col de moins de 4 cm
Japon 8,0 2,8 IB2 Tumeur limitée au col de plus de 4 cm
Amérique du Nord 7,7 2,3 II Tumeur dépassant le col mais n’atteignant pas la paroi
Australie - Nouvelle-Zélande 7,4 2,0 pelvienne ni le tiers inférieur du vagin
Chine 6,8 3,8
Asie de l'Ouest 5,8 2,9 IIA Sans envahissement du paramètre
IIB Avec envahissement du paramètre
50 40 30 20 10 0 10 20 30 40 50
III Lésion atteignant la paroi pelvienne
et/ou le tiers inférieur du vagin
Figure 1. Taux standardisés pour 100 000 selon l’âge d’incidence et de
mortalité dans le monde. et/ou présence d’une hydronéphrose
IIIA Lésion atteignant le tiers inférieur du vagin sans atteindre la
paroi pelvienne
meilleure connaissance de l’histoire naturelle de la maladie avec IIIB Lésion atteignant la paroi pelvienne
la découverte des dysplasies cervicales et du rôle de la persis- et/ou présence d’une hydronéphrose
tance de l’infection par les human papilloma virus (HPV) à haut
IV Tumeur dépassant le pelvis ou atteignant la vessie ou le
risque [7, 8], ont permis d’obtenir une importante diminution de rectum
l’incidence de ce cancer dans les pays développés, en notant
toutefois que les mesures de prévention secondaire représentées IVA Lésion atteignant la vessie ou le rectum
par le dépistage restent encore imparfaitement appliquées [9]. La IVB Métastase à distance
vaccination prophylactique contre les virus HPV 16 et 18 qui est
proposée aux jeunes filles et femmes (les autorités gouverne-
mentales ayant donné l’AMM) représente un espoir de préven-
tion primaire, en particulier dans les pays où la prévention 4
secondaire est peu opérationnelle [10, 11], mais ses bénéfices ne
5
se feront sentir qu’après qu’une génération ait été vaccinée. Le
traitement des cancers du col de l’utérus fait appel à la chirur- 6
gie, la radiothérapie et la chimiothérapie, en particulier radio-
sensibilisante [12] : la place de la chirurgie est majeure dans les
formes débutantes (stades I et II selon la Fédération internatio- 7
nale de gynécologie et obstétrique [FIGO]) (Tableau 1) et à 8
l’opposé dans les stades évolués sous la forme d’exentérations 1 9
pelviennes antérieures, postérieures ou totales dans le cadre de
la maladie initiale ou des récidives. Les colpohystérectomies 2
élargies ont été classées par Piver et Rutledge [13] en cinq types 3
selon l’importance de la résection du paramètre médian (Fig. 2). 10
Nous aborderons les indications, les principes et la technique
chirurgicale de la colpohystérectomie avec lymphadénectomie 11
iliopelvienne et lomboaortique par laparotomie dans les cancers 12
du col utérin en prenant pour modèle le geste le plus couram-
ment réalisé, soit l’intervention dite de Piver III.
13

■ Indications de la chirurgie
dans les cancers du col utérin Figure 2. Représentation schématique des colpohystérectomies élar-
gies selon Piver et Rutledge.
1. Paramètre médian ; 2. tronc ombilico-utérin ; 3. vaisseaux iliaques ; 4.
Bilan d’extension préthérapeutique pubis ; 5. lame sacro-recto-génito-vésico-pubienne de Delbet ; 6. vessie ;
7. pilier interne de vessie ; 8. pilier externe de vessie ; 9. utérus-vagin ; 10.
Le bilan préthérapeutique comprend un examen clinique ligament utérosacré ; 11. rectum ; 12. ligament recto-utérin ; 13. sacrum.
sous anesthésie (staging) préparé par un traitement anti-
inflammatoire et anti-infectieux dans les lésions à fort volume
infectées, associé à des explorations endoscopiques urinaires et résonance magnétique (IRM) sont les principaux examens
rectales si la clinique l’impose. L’imagerie renseigne sur l’exten- utilisés (Fig. 3) : leur précision diagnostique est bonne dans les
sion locorégionale (paramétriale, et vers le rectum et l’appareil stades précoces, mais ne dépasse guère 50 % de sensibilité dans
urinaire, soit uretères et vessie), ganglionnaire rétropéritonéale les formes évoluées, là où pourtant elles sont le plus utiles et
et métastatique, en particulier hépatique et pulmonaire. Outre doivent alors être confrontées au staging clinique [14] . Les
la radiographie thoracique, l’uroscanner et l’imagerie par marqueurs sériques SCC, CA199 et CA 125 (ces deux derniers en

2 Techniques chirurgicales - Gynécologie


Traitement chirurgical du cancer du col utérin par laparotomie ¶ 41-730

Figure 3. Imagerie par résonance magnétique révélant une lésion cer-


vicale de 5 cm chez une patiente enceinte de 17 semaines d’aménorrhée. Figure 4. Aspect du pelvis après lymphadénectomie iliopelvienne
droite cœlioscopique : vaisseaux iliaques externes et pédicule vasculoner-
veux obturateur, l’artère ombilicale étant réclinée par une pince.

“ Points essentiels
Classification des colpohystérectomies élargies
selon Piver et Rutledge [13].
• Type I : hystérectomie extrafasciale décrite par Te Linde
où le dôme vaginal est dégagé et le paramètre sectionné
au ras du complexe vagin/utérin, sans décroisement
uretère/artère utérine.
• Type II : intervention de Wertheim où la dissection de
l’uretère jusqu’à son entrée dans la vessie permet
d’exposer une large portion du vagin et où l’artère utérine
est liée lors du décroisement uretère/artère utérine.
• Type III : suivant Meigs, où le paramètre est lié en
dehors de l’uretère.
• Type IV : d’après Magara, où le paramètre est contrôlé
au ras de la paroi pelvienne.
• Type V : comportant une cystectomie partielle associée.

cas de sous-type adénocarcinomateux) et NSE en cas de carci-


nome à petites cellules sont corrélés à la taille tumorale, à
l’extension ganglionnaire, et à l’invasion stromale et vascu- Figure 5. Lymphadénectomie lomboaortique : aorte et veine cave in-
laire [15] ; ils sont de plus utiles pour la surveillance carcinolo- férieure, naissance de l’artère mésentérique, exposition de la veine rénale
gique postopératoire. Enfin, outre le classique bilan gauche.
anesthésique préopératoire, un ionogramme sanguin avec
créatininémie renseigne sur une éventuelle souffrance rénale
associée. La cœlioscopie trouve une place grandissante en patientes ayant un désir de grossesse, sélectionnées sur des
chirurgie carcinologique, en particulier comme outil d’évalua- critères de bon pronostic, en particulier stade précoce, IA voire
tion préthérapeutique : les procédures codifiées comprennent IB1, absence d’atteinte ganglionnaire, absence d’emboles
l’exploration de la cavité abdominopelvienne, la réalisation vasculolymphatiques et résection chirurgicale in sano [19], et
d’une cytologie péritonéale éventuellement après rinçage et la certainement en deuxième lieu aux équipes maîtrisant la
réalisation d’une lymphadénectomie pelvienne (Fig. 4) et/ou technique. La conservation annexielle, avec transposition
lomboaortique (Fig. 5) par voie transpéritonéale ou sous- percœlioscopique (Fig. 6) lorsqu’une radiothérapie est envisagée,
péritonéale, ce dernier geste étant systématique pour certains, peut être envisagée chez les patientes de moins de 40 ans, ayant
effectué en cas d’atteinte des ganglions pelviens pour une lésion de petite taille dont l’histologie est de type épider-
d’autres [16]. Cette stadification aboutit à un classement de la moïde (pas de composante adénocarcinomateuse ni à petites
lésion selon la FIGO (Tableau 1). cellules) sans atteinte ganglionnaire [20, 21]. Les stades IA2 avec
emboles vasculaires et IB1 et II de volume inférieur à 4 cm, sans
Indications thérapeutiques dans le cancer atteinte ganglionnaire relèvent d’une colpohystérectomie
du col utérin d’emblée (IB1 de moins de 2 cm) ou après curiethérapie (entre
2 et 4 cm) pour les équipes associant les traitements radiochi-
Elles doivent être adaptées au cas particulier de chaque rurgicaux. Le fort volume tumoral (supérieur à 4 cm) et/ou
patiente discuté lors des réunions de concertation pluridiscipli- l’existence d’une atteinte ganglionnaire pelvienne et/ou lom-
naire associant les médecins représentant l’ensemble des boaortique conduisent à un traitement premier par radiothéra-
spécialités intéressées par la maladie, mais reposent sur les pie chimiosensibilisée par sels de platine hebdomadaire qui a
standards, options et recommandations [17]. La chirurgie conserva- fait la preuve de son intérêt en termes de survie sans récidive
trice (trachélectomie élargie [18]) est réservée en premier lieu aux et survie globale [22]. Dans ces circonstances particulières, le

Techniques chirurgicales - Gynécologie 3


41-730 ¶ Traitement chirurgical du cancer du col utérin par laparotomie

5
6
7

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1 9
2 10
3
4
11
12
13

Figure 6. Transposition ovarienne en regard de l’épine iliaque antéro-


14
supérieure avec clips radio-opaques.

Figure 8. Schéma de l’anatomie chirurgicale du pelvis.


1. Ligament rond ; 2. paramètre médian ; 3. tronc ombilico-utérin ; 4.
vaisseaux iliaques ; 5. pubis ; 6. lame sacro-recto-génito-vésico-pubienne
de Delbet ; 7. vessie ; 8. pilier interne de vessie ; 9. pilier externe de vessie ;
10. utérus-vagin ; 11. ligament utérosacré ; 12. rectum ; 13. ligament
recto-utérin ; 14. sacrum.

sont fréquents et diffèrent d’un pays à l’autre. Pour se compren-


dre, voici un lexique des principaux termes employés en
s’orientant sur un sujet debout, de face.

Fosse paravésicale
C’est un espace clivable limité par :
• en avant, la joue vésicale ;
• en dedans, l’artère ombilicale ;
• en arrière, le paramètre latéral ;
Figure 7. Greffon iléal pour dérivation urinaire selon Bricker. • en dehors, les vaisseaux iliaques externes.
Son toit est le péritoine tendu par le ligament rond (qui est
une lame porte-vaisseau).
problème du geste chirurgical reste controversé : faut-il effectuer
une hystérectomie « de clôture » et quel type d’hystérectomie
faut-il réaliser ? La réponse à cette question ne peut être
Fosse pararectale
apportée que par la réalisation d’un essai prospectif randomisé C’est un espace clivable entre :
qui reste à faire malgré une tentative multicentrique française. • en avant, le paramètre latéral ;
Enfin, les interventions élargies (pelvectomies antérieures, • en dehors, l’artère iliaque interne ;
postérieures, et totales avec dérivations urinaires et digestives) • en arrière, la concavité sacrée ;
sont réservées aux tumeurs récidivantes, ou ne répondant pas • en dedans, le paramètre postérieur.
aux traitements médicaux et physiques (Fig. 7).
Son toit est le péritoine tendu par le ligament lombo-ovarien.

■ Principes de la chirurgie Paramètre latéral


dans les cancers du col utérin C’est une lame porte-vaisseau oblique de dehors en dedans et
d’arrière en avant qui :
• naît du tronc ombilico-utérin (première branche de division
Anatomie chirurgicale simplifiée de l’artère iliaque interne) ;
• se termine au contact du col utérin ;
Idée phare
• présente une expansion à mi-longueur vers la vessie, dénom-
Le pelvis féminin est une excavation que l’on pourrait mée pilier externe de vessie, contenant les vaisseaux de la
comparer (en faisant fi de toute galanterie...) à un casier à corne vésicale ;
bouteilles comblée par trois groupes d’organes : vessie, utérus- • présente une expansion postérieure vers le rectum, dénommé
vagin, rectum, unis entre eux par des septa antéropostérieurs, et ligament recto-utérin.
enfin liés aux parois pelviennes latérales par trois lames porte- Elle contient :
vaisseaux transversales médiane, antérieure et postérieure, ces • en superficie proche du péritoine, le tronc ombilico-utérin
deux dernières nées de la lame médiane vont se fondre aux qui va se diviser en artère utérine et en artère ombilicale ;
septa lorsqu’elles arrivent au contact des viscères (Fig. 8). • plus en profondeur, le complexe artérioveineux des vaginales
L’obscurité vient des imprécisions terminologiques : on longues non individualisable (branches nées de l’artère
appelle ligament une « lame porte-vaisseau » ; les noms propres utérine avec des branches vésicales).

4 Techniques chirurgicales - Gynécologie


Traitement chirurgical du cancer du col utérin par laparotomie ¶ 41-730

La base du paramètre est nettement plus individualisable à


proximité de la paroi, où elle est située au-dessus du plancher
des releveurs de l’anus, dont elle est séparée par un espace libre
faisant communiquer la fosse paravésicale et la fosse pararectale.

Paramètre antérieur
Il comprend deux éléments :
• le pilier externe de vessie, expansion à mi-longueur du
paramètre latéral contenant les vaisseaux de la corne vésicale
(issus de l’artère utérine) ;
• le pilier interne de vessie, tendu de la jonction cervicovagi-
nale jusqu’à l’entrée vésicale de l’uretère qui est la portion
génitovésicale de la lame sacro-recto-génito-vésico-pubienne
de Delbet.

Paramètre postérieur
Il comprend deux éléments intimement liés :
• le ligament recto-utérin, expansion postérieure du paramètre
latéral ; Figure 9. Adénopathie métastatique iliaque adhérente à la veine iliaque
• la portion rectogénitale des lames de Delbet. externe.

Espace rectovaginal Enfin, une consultation anesthésique préopératoire est


indispensable et est le garant d’une collaboration chirurgien-
C’est un espace clivable ayant une direction oblique d’arrière anesthésiste au service de la patiente : à ce titre, un protocole
en avant et de haut en bas dont les limites sont : d’autotransfusion peut être proposé, et le mode d’anesthésie
• le toit : le cul-de-sac de Douglas ; peut combiner une anesthésie générale à une anesthésie
• latéralement les ligaments rectovaginaux des ligaments péridurale utile en postopératoire.
utérosacrés ;
• le fond délimité par les muscles releveurs de l’anus. Difficultés classiques du geste
Cloison vésicovaginale Elles sont d’ordre cancérologique et anatomique.

Elle est aussi avasculaire mais paraissant plus dense : Infiltration tumorale
• son toit est le cul-de-sac péritonéal vésico-utérin ; Elle peut constituer un obstacle au geste chirurgical,
• son fond correspond au trigone de Lieutaud ; puisqu’une intervention pour être carcinologique doit passer au
• elle est limitée par les deux piliers internes de vessie large : il s’agit alors d’un défaut d’appréciation de l’extension
latéralement. tumorale préopératoire et l’indication opératoire doit être
repensée lors de l’examen peropératoire. Ainsi, lorsqu’il y a
Objectifs de l’intervention atteinte distale des paramètres latéraux, ou atteinte rectale ou
vésicale, le geste chirurgical doit être beaucoup plus élargi,
L’exérèse doit porter sur l’utérus, les annexes et le tissu devenant alors une pelvectomie, car l’intervention de Wertheim
celluloganglionnaire adjacent pouvant être atteint de proche en est insuffisante, ou plus fréquemment la chirurgie doit être
proche ou par le réseau lymphatique, le tiers supérieur du vagin, abandonnée au profit des traitements physiques ou médicaux
le paramètre et les ganglions iliopelviens iliaques externes qui font aussi bien à moindres frais pour la patiente (en se
(groupes artériel et veineux) avec possibilité d’extension ilaque souvenant que la radiothérapie semble moins efficace sur des
primitive et lomboaortique du curage. L’intervention va donc tissus cicatriciels et alors présente un taux de complications
consister après ouverture du « capot péritonéal » à : supérieur).
• séparer l’utérus et le dôme vaginal de leurs proches voisins
sans blesser ceux-ci (c’est-à-dire le rectum en arrière et la Traitements antérieurs
vessie en avant) en passant au milieu dans les espaces Ils sont sources d’un blindage pelvien, d’une fragilité vascu-
clivables avasculaires ; laire, en particulier des petits vaisseaux, et d’une difficulté à la
• isoler (pour les contrôler) latéralement les lames porte- cicatrisation en particulier lorsque l’on opère trop tôt après la
vaisseaux que sont le paramètre médian et les paramètres radiothérapie ou trop tard, le délai optimal du geste chirurgical
antérieurs et postérieurs en disséquant les fosses paravésicales se situant entre 4 et 6 semaines après la fin des traitements.
et pararectales, et isoler les septa unissant les organes pelviens
entre les espaces de dissection aménagés entre fosse paravési- Pièges anatomiques vasculaires
cale et espace intervésicogénital en avant, et fosse pararectale
et espace intergénitorectal en arrière ; Ils sont fréquents, en particulier les plaies veineuses de la
• repérer pour le protéger l’uretère, ce qui va impliquer sa veine iliaque interne lors de la dissection de la fosse pararectale
dissection dans son trajet pelvien de son croisement de la (virtuelle sur le plan anatomique et qui n’est qu’une création
bifurcation iliaque à son entrée dans la vessie ; chirurgicale) et de la veine obturatrice lors de la dissection du
• pratiquer la colpohystérectomie élargie et la lymphadénecto- nerf obturateur lors du curage. L’extirpation d’un ganglion
mie iliopelvienne. pelvien adhérent à la paroi veineuse (Fig. 9) peut être complexe
Une information préopératoire doit être délivrée à la patiente et imposer une résection pariétale vasculaire par un patch (en
sans hésiter à s’appuyer sur des schémas dessinés, et l’ensemble cas d’inextirpabilité, il peut être utile de repérer l’adénopathie
du projet thérapeutique doit être compris et accepté par la laissée en place par des clips radio-opaques pouvant aider le
patiente, et inscrit dans le Plan personnalisé de soins voulu par radiothérapeute à diriger une surimpression localisée).
le Plan cancer. L’aide à la patiente et à son entourage doit être
Plaies urétérales
. proposée sur les plans tant matériel que psychologique : les
consultations d’annonce à ce titre sont une opportunité pour Les plaies urétrales (section, plaie latérale, contusion ou
repérer les demandes et y répondre. brûlure avec risque de fistule secondaire) sont la complication

Techniques chirurgicales - Gynécologie 5


41-730 ¶ Traitement chirurgical du cancer du col utérin par laparotomie

la plus redoutée. L’uretère croise l’artère iliaque primitive à


gauche au-dessus de la bifurcation, à droite en dessous de la
bifurcation iliaque, et le paramètre médian de dehors en dedans
et d’arrière en avant, en dessous de l’artère utérine dont il est
tout proche à 15 mm en dehors de l’utérus. L’artère utérine est
solidaire de l’uretère par la branche vaginale longue sous-
urétérale, la branche urétérique en T latéralement et la branche
utérovésicale au-dessus. Après avoir croisé l’artère utérine,
l’uretère chemine juste au-dessus de l’espace virtuel, situé entre
les piliers externe et interne de vessie, et il entre dans la vessie
à l’insertion du pilier interne de vessie. Le décroisement uretère
artère utérine expose le pilier externe de vessie, le contrôle du
pilier externe de vessie va exposer le paramètre latéral et permet
l’exposition du pilier interne. Le contrôle du pilier interne de
vessie permet d’éloigner définitivement le trigone vésical et de
faire, en toute sécurité, un décollement très bas vésicovaginal.

■ Technique
de la colpohystérectomie élargie
Piver III avec lymphadénectomie
iliopelvienne Figure 10. Instrumentation spécifique.

Préparation Intervention proprement dite


La préparation préopératoire dans le service comporte :
• une préparation digestive par un wash-out et un lavement
Incision
évacuateur ; L’incision préférée est la médiane sous-ombilicale prolongée
• une toilette vaginale et abdominale ; en latéro- et sus-ombilical selon les besoins, en particulier en cas
• un rasage abdominal et pelvipérinéal. de curage lomboaortique.
L’installation de la patiente au bloc opératoire est les bras en L’inspection peropératoire est incontournable, validant
croix, avec un léger Trendelenburg, les jambes écartées laissant l’indication opératoire : on recherche méthodiquement des
libre l’accès vaginal. Des piquets de Toupet qui vont amarrer les signes d’envahissement métastatique intra-abdominal et rétro-
écarteurs d’Ollier par des compas sont disposés à hauteur des péritonéal, ou de carcinose péritonéale, selon une procédure
cuisses de la patiente et de ses épaules. L’opérateur peut se réglée (comparable en tous points à celle recommandée avant
placer à gauche de la patiente, son aide principal en face de lui, chirurgie pour cancer de l’ovaire) ; on effectue une cytologie
un deuxième aide entre les jambes de la patiente : ces positions péritonéale (éventuellement par rinçage par une solution salée
ne sont pas fixes, l’important étant un bon confort opératoire physiologique), et on s’assure de l’extirpabilité des lésions par
(ainsi, il est possible d’alterner le côté pour le curage ganglion- une palpation manuelle attentive des paramètres, et des cloisons
naire pelvien ou que le chirurgien préfère se placer entre les rectovaginales et génitovésicales.
jambes de la patiente pour le curage lomboaortique). Il est utile L’exposition se fait après mise en place d’une jupette stérile
de pratiquer un ultime examen pelvien sur une patiente disposée sur les berges de la paroi abdominale ouverte : on
endormie. dispose une valve sus-pubienne fixée sur piquets de Toupet, un
Le badigeonnage stérile se fait après une première toilette écarteur de Gosset latéralement (Fig. 11). L’exposition pelvienne
antiseptique, et concerne la peau (du sillon sous-mammaire aux proprement dite peut se trouver facilitée par un début de
genoux jusqu’à la table latéralement), et le périnée et la cavité décollement colique droit et gauche refoulant vers le haut les
vaginale avec un second badigeon stérile. Le champage recouvre éléments digestifs qui sont protégés par un premier champ
les zones badigeonnées en prenant soin latéralement de descen- digestif humide, et maintenus par deux champs digestifs roulés
dre suffisamment près de la table pour permettre une dérivation et une lame malléable disposée en arc de cercle à concavité vers
digestive ; la région périnéale est champée stérilement et isolée le pelvis fixée par les valves de l’écarteur de Gosset.
de la région abdominale par un champ disposé transversale- À ce stade, la décision opératoire a été prise.
ment en regard du mont de Vénus. Un champ autocollant
plastifié peut être utile en cas de paroi potentiellement septique. Ouverture du capot péritonéal
Un sondage urinaire stérile est pratiqué, permettant un recueil
urinaire horaire accessible au médecin anesthésiste. • Mise en place de deux fils tracteurs de fil n° 1 sur chaque
corne utérine : ces fils sont réunis sur une pince Leriche et
permettent un amarrage sur l’écarteur de Gosset tractant
Instrumentation spécifique l’utérus en arrière et en dehors.
• Contrôle des ligaments ronds au plus près de la paroi pel-
Elle comporte (Fig. 10) : vienne : un fil tracteur est gardé sur la portion distale du
• un dissecteur d’O’Shaughnessy à bout mousse (qui peut servir ligament rond pour exposition de la fosse paravésicale et des
à la dissection urétérale) ; vaisseaux iliaques externes.
• une pince de Babcock destinée à la préhension de l’uretère • Contrôle des ligaments lombo-ovariens le plus en amont
pouvant remplacer des lacs ; possible du pédicule (ceci est facile si un décollement colique
• une pince forte à griffes (type JL Faure, Rogers) ; a minima a eu lieu préalablement).
• un écarteur à paupière de Papin pour récliner les vaisseaux ; • Décision de pratiquer une annexectomie si les annexes sont
• des pinces automatiques telles que pince à clips, GIA et TA ; gênantes (en orientant les pièces).
• des écarteurs d’Ollier. • Ouverture du péritoine latéral entre les deux ligatures
Des clamps vasculaires et des sondes urétérales doivent être à précédentes et prolongation de cette ouverture vers la ligne
disposition. médiane en direction du cul-de-sac vésico-utérin.

6 Techniques chirurgicales - Gynécologie


Traitement chirurgical du cancer du col utérin par laparotomie ¶ 41-730

Figure 13. Ouverture de la fosse paravésicale.

Figure 11. Installation des écarteurs. On utilise des ciseaux mousses fermés, amorçant le décolle-
ment entre la vessie et la paroi pelvienne en restant en dehors
de l’artère ombilicale que l’on repère.
On doit ensuite, au doigt, descendre le plus bas possible
jusqu’aux releveurs de l’anus, percevoir la corde du nerf
obturateur, et cliver au doigt jusqu’à la paroi pelvienne en
dehors et au vagin latéralement et en avant : ainsi, on a préparé
la lymphadénectomie iliaque externe.
À ce stade, le paramètre antérieur est préparé entre ses deux
espaces avasculaires et la lymphadenectomie iliaque peut
commencer.

Lymphadénectomie iliaque externe


L’uretère est contrôlé à la bifurcation iliaque et récliné en
dedans sur un lacs ou une pince de Babcock.
Exposition de la bifurcation iliaque en regard de l’artère
iliaque primitive.
Réalisation du curage celluloganglionnaire :
• artériel, en se mettant dans la gaine de l’artère et en préser-
vant en dehors sur le psoas la branche génitale du nerf
génitocrural ;
• sous-veineux ou ilio-obturateur en réclinant la veine iliaque
externe par des écarteurs de Papin.
Figure 12. Dissection de l’espace vésicovaginal. On va disséquer une loge limitée :
• en haut par la veine iliaque externe dont on va disséquer le
bord inférieur jusqu’à la paroi pelvienne ; les ciseaux sont
placés concavité vers l’avant et on prend garde à l’existence
À ce stade, l’espace rétropéritonéal est ouvert latéralement et d’anastomoses veineuses entre les systèmes iliaques et
en avant. obturateurs ;
• en bas, le nerf obturateur, que l’on va disséquer et en arrière
Dissection de l’espace vésicovaginal (Fig. 12) duquel il est prudent de ne pas aller ;
• en dehors, la paroi pelvienne ;
On reste médian, l’espace étant avasculaire : le décollement
• en dedans, l’artère ombilicale que l’on va disséquer jusqu’au
peut se faire aux ciseaux à pointe mousse ou au doigt. Le
décollement doit être poursuivi le plus bas possible afin de tronc ombilico-utérin, ce qui va permettre de contrôler
dégager une collerette vaginale confortable. Latéralement, on l’artère utérine à son origine ;
s’arrête dès qu’un saignement apparaît. • en arrière, l’artère iliaque interne ;
À ce stade, la limite interne du paramètre antérieur est • en avant, l’orifice crural.
définie. On emporte les lames celluloganglionnaires artérielle et sous-
veineuse en partant de la région rétrocrurale et en remontant
Ouverture de la fosse paravésicale (Fig. 13) jusqu’à la bifurcation iliaque primitive en portant un soin
particulier sur ces derniers ganglions sous-veineux en particu-
On s’expose en tractant l’utérus du côté opposé à la fosse que lier : l’utilisation de clips est possible.
l’on dissèque et en arrière, et en tractant en dehors et en avant À ce stade, la face antérieure du paramètre médian est
le moignon distal du ligament rond. exposée.

Techniques chirurgicales - Gynécologie 7


41-730 ¶ Traitement chirurgical du cancer du col utérin par laparotomie

Figure 14. Contrôle de l’artère utérine à son origine.

Figure 16. Ouverture du cul-de-sac de Douglas.

La position du dissecteur
en dedans, bas et en
arrière de l’uretère
permet de
ménager celui-ci.
Si la pointe du dissecteur
regarde en dehors les
risques sont grands
de charger l’uretère

Figure 17. Tunnellisation de l’uretère intraparamétrial. L’uretère sous-


croise l’artère utérine : de dehors en dedans ; en passant entre paramètre
et paracervix.
Figure 15. Ouverture de la fosse pararectale. 1. Uretère ; 2. artère utérine ; 3. paramètre ; 4. paracervix ; 5. paracolpos ;
6. col utérin.

Contrôle de l’artère utérine à son origine (Fig. 14)


appliqués contre le rectum : on s’enfonce jusqu’aux releveurs de
On peut s’aider de l’artifice de Novak : traction vers le dôme l’anus.
vésical permettant de repérer l’artère ombilicovésicale qui est Il est alors beaucoup plus aisé de poursuivre le décollement
suivie jusqu’au tronc ombilico-utérin. vésicovaginal médian amorcé tout à l’heure : on empoigne le
L’artère utérine est contrôlée à son origine. col de l’utérus et on va décoller avec le pouce, ongle vers la
vessie, la vessie du vagin (la vessie pouvant être tendue vers
Ouverture de la fosse pararectale (Fig. 15) l’avant par l’aide).
Ce paramètre postérieur est sectionné entre deux pinces de
On se place juste en dedans de l’artère iliaque interne et en Kocher et secondairement aiguillé au fil résorbable n°1 ou bien
arrière du paramètre médian, qui est exposé par une traction de sectionné à la pince mécanique GIA après la tunnellisation de
l’utérus en dedans et en avant. l’uretère (pour éviter que l’uretère ne monte trop avec la pièce
On ouvre la fosse pararectale (virtuelle) aux ciseaux à bout et se coude pendant la tunnellisation).
mousse puis au doigt jusqu’au paramètre médian en avant, au À ce stade, le paramètre postérieur est préparé et le rectum
paramètre postérieur et au rectum latéralement, à la concavité protégé par la dissection rectovaginale.
sacrée en arrière.
À ce stade, la face postérieure du paramètre médian est Tunnellisation de l’uretère intraparamétrial
exposée, ainsi que la face antérieure du paramètre postérieur. (Fig. 17)

Ouverture du cul-de-sac de Douglas (Fig. 16) On repère l’uretère à son entrée dans le pelvis en le laissant
sur son feuillet péritonéal postérieur et on le saisit avec pince
L’utérus est tiré en avant, et le rectum en arrière et en haut : de Babcock à son entrée dans le paramètre latéral.
le cul-de-sac de Douglas se tend et on l’ouvre aux ciseaux La dissection se fait avec un dissecteur de O’Shaughnessy à
(concavité dirigée vers l’avant). bout mousse que l’on va placer par rapport à l’uretère à son
On va décoller le rectum du vagin au doigt avec l’index et le contact, mais en bas, en arrière et en dedans de celui-ci ; cette
majeur recourbés se déployant vers l’avant, les ongles étant orientation en dedans doit être impérativement conservée car

8 Techniques chirurgicales - Gynécologie


Traitement chirurgical du cancer du col utérin par laparotomie ¶ 41-730

Figure 18. Décroisement uretère/artère utérine.

elle est le garant que l’uretère sera épargné : si la pointe du Figure 19. Section du paramètre antérieur.
dissecteur s’oriente en dehors, on risque de passer sous l’uretère
de dedans en dehors et de le sectionner dans la prise située
entre les deux mors du dissecteur mal orienté.
On va tunnelliser le toit du paramètre médian qui contient à
sa partie superficielle le tronc ombilico-utérin, puis l’artère
utérine, et à sa partie plus profonde proche de l’uretère l’enche-
vêtrement des branches des vaginales longues.
La tunnellisation se fait en ouvrant et en fermant alternati-
vement le dissecteur en faisant légèrement becquer la pointe en
dedans, tout en suivant le trajet supposé de cet uretère dans sa
portion intraparamétriale ; on va déboucher ainsi dans l’espace
que l’on a préalablement aménagé entre vessie et col de l’utérus.
À l’aide du dissecteur, on va passer deux fils résorbables
n°2 ou 3 (fils fins pour ne pas attirer et couder l’uretère lors de
l’exécution du nœud) permettant le contrôle des fibres superfi-
cielles du paramètre médian.
On peut être amené à effectuer plusieurs prises pour
tunnelliser.
À ce stade, l’uretère sous-paramétrial est exposé, et le décroi-
sement entre uretère et artère utérine est possible.

Décroisement uretère et artère utérine


et résection de l’artère utérine
L’artère utérine va être contrôlée en ayant l’uretère sous
contrôle de la vue et réséquée entre ses deux ligatures (Fig. 18) : Figure 20. Section du paramètre postérieur.
• celle qui avait été faite au tronc ombilico-utérin ;
• celle que l’on vient de faire à la partie tout interne du À ce stade, l’uretère est écarté en dehors, la vessie totalement
paramètre. dégagée, le paramètre antérieur contrôlé.
On pratique l’exérèse de l’artère utérine et de l’atmosphère
celluloganglionnaire s’y rattachant en contrôlant ses branches Contrôle du paramètre postérieur (Fig. 20)
latérales que sont les branches de la vaginale longue, l’artère
urétérique et l’artère de la corne vésicale. On exerce une traction divergente entre utérus en avant et
À ce stade, l’uretère peut être refoulé en dehors et en avant rectum en arrière : les deux mors des pinces de Kocher ou d’une
du paramètre médian. GIA se placent dans les espaces préalablement disséqués, soit
l’espace rectovaginal en dedans et la fosse pararectale en dehors,
Contrôle du paramètre antérieur (Fig. 19) et s’inclinent vers l’avant sous peine de blesser les joues rectales.
Le contrôle du paramètre postérieur effectué, la dissection
La dissection urétérale se poursuit jusqu’à l’entrée de l’uretère rectovaginale est aisée et peut être poursuivie aussi bas que
dans la vessie selon les mêmes modalités que précédemment, nécessaire.
avec le dissecteur placé en dedans et en bas de l’uretère pointe À ce stade, le complexe vagin/utérus n’est fixé que par le
tournée vers le dedans. La traction divergente de l’utérus en paramètre médian, et l’uretère est dégagé en dehors et en haut
arrière et de la vessie en avant refoulée par une valve malléable de lui.
incurvée glissée dans l’espace intervésicovaginal médian préala-
blement disséqué facilite l’exposition ; on va ainsi contrôler Contrôle du paramètre médian (Fig. 21)
successivement entre deux ligatures par du fil n°2 résorbable le
pilier externe de vessie et le pilier interne de vessie. On réalise une traction latérale de l’utérus en dedans permet-
Il est aisé alors de poursuivre la dissection vésicovaginale tant d’exposer le paramètre.
aussi bas que nécessaire pour exposer la paroi antérieure du On va placer une première pince sur le paramètre médian en
vagin. dedans légèrement inclinée vers l’avant dont l’extrémité est au

Techniques chirurgicales - Gynécologie 9


41-730 ¶ Traitement chirurgical du cancer du col utérin par laparotomie

vessie et du paracolpos. Une vérification de l’intégrité vésicale


(épreuve au bleu de méthylène), urétérale (après injection
veineuse de rouge carmin) et rectale (injection d’air par l’anus,
le pelvis étant noyé par du sérum tiède) peut être effectuée en
cas de doute. Une toilette péritonéale complète l’intervention
après ablation des champs et compte de ceux-ci. Un drainage
aspiratif est disposé dans le néo-Douglas et d’un côté de la
lymphadénectomie iliaque. La fermeture pariétale se fait selon
la technique habituelle en quatre plans (péritoine pariétal,
aponévrose musculaire, graisse sous-cutanée et peau).

Soins postopératoires
L’ablation des drains est effectuée vers j3 lorsque leur
production se tarit et s’éclaircit, et la cicatrice est mise à l’air à
cette occasion. La sonde urinaire est gardée 7 jours : la reprise
des mictions peut s’avérer difficile, et il convient de vérifier les
résidus postmictionnels à l’ablation de la sonde et l’absence de
constitution d’un globe vésical (accompagné parfois de mictions
par rengorgement).
Le lever précoce est encouragé, associé aux mesures de
prévention de la pathologie thromboembolique (anticoagulation
Figure 21. Contrôle du paramètre médian. prophylactique, port de bas de contention, kinésithérapie active
et passive).
L’ablation des fils ou agrafes se fait vers j8, la sortie en règle
vers j10 avec une convalescence de 1 mois.

Complications peropératoires
Elles sont principalement observées lorsque le terrain est à
risque (patiente âgée, excès pondéral), en cas de traitement
préopératoire (radiothérapie chimiosensibilisée) notamment face
à des lésions localement évoluées et surtout si l’extension a été
sous-estimée par le chirurgien.

Mortalité
Elle est dans les séries anciennes de 1 %, principalement en
relation avec les complications thromboemboliques et
infectieuses.

Plaies vésicales et rectales


Elles ne sont graves que lorsqu’elles sont méconnues car alors
sources de fistules : au moindre doute, il faut pratiquer une
Figure 22. Pièce opératoire de colpohystérectomie élargie.
épreuve de remplissage vésical au bleu de méthylène ou d’injec-
tion d’air à la seringue dans le canal anal, le pelvis étant noyé.
Ces plaies doivent être suturées immédiatement avec du fil
contact du vagin sur le paramètre latéral : cette première pince
résorbable 2/00 ou 3/00 avec drainage vésical de 10 à 20 jours
est tractée en dedans, permettant de mettre derrière elle un peu
selon l’existence ou non d’une radiothérapie antérieure, la
plus en dehors une deuxième pince au contact de la paroi
colostomie de décharge étant exceptionnellement pratiquée.
pelvienne.
On réalise une section aux ciseaux entre ces deux pinces avec Plaies urétérales
aiguillage de la pince en dehors au fil résorbable n°1.
Il est parfois nécessaire de pratiquer une hémostase au fil Elles peuvent être reconnues après injection intraveineuse de
résorbable n°3 serti au niveau de la colonne vaginale. carmin indigo mais plus sûrement par dissection de l’uretère et
examen soigneux de celui-ci : elles sont réparées par du fil
Section vaginale résorbable 3/00 à 5/00 sur une sonde urétérale mise en place
après cystotomie (Fig. 23) et laissée en place 20 jours (un
La traction vers le haut de l’utérus permet d’exposer le vagin contrôle urographique à 6 semaines est indispensable). Les
disséqué. plaies ou sections distales proches de la vessie nécessitent une
Le vagin est sectionné sur deux pinces de JL Faure ou avec réimplantation urétérale sur vessie psoïque : dissection du dôme
une pince mécanique articulée. vésical ; cystotomie transversale ; fixation de la néocorne
La pièce est adressée en anatomopathologie pour une étude vésicale sur le muscle psoas homolatéral ; réimplantation de
extemporanée de ses limites latérales paramétriales et vaginales l’uretère sans tension en lui faisant décrire un trajet sous-
(Fig. 22). muqueux après mise en place d’une sonde urétérale ; cystorra-
Le vagin est fermé par deux hémisurjets de Vicryl® n°1 en phie longitudinale.
réalisant un X sur les angles.
Plaies vasculaires
Fermeture
Elles sont essentiellement veineuses (plaies directes ou plaies
La péritonisation a été abandonnée afin d’éviter les lympho- par arrachement d’une veine secondaire), et imposent un
cèles postopératoires [23]. Une vérification de l’hémostase est contrôle d’amont et d’aval à l’aide de clamps vasculaires pour
souvent nécessaire, en particulier de la face postérieure de la une réparation avec du fil non résorbable 5/00.

10 Techniques chirurgicales - Gynécologie


Traitement chirurgical du cancer du col utérin par laparotomie ¶ 41-730

Figure 23. Les deux extrémités de l’uretère droit sectionné sont Figure 24. Lambeau de muscle gracilis (droit interne).
repérées.

sont réels. On peut s’aider de fils tracteurs placés en arrière du


■ Cas particuliers col restant au niveau des utérosacrés en général accessibles et
d’une bougie vaginale placée dans le cul-de-sac vaginal anté-
rieur. L’amorce du décollement vésicovaginal doit se faire en
Colpohystérectomie élargie proximale arrière au-dessus des utérosacrés ; il peut être facilité par un
C’est l’hystérectomie élargie de type II de Piver : le paramètre remplissage vésical qui permet de mieux localiser la vessie et
médian et l’artère utérine sont contrôlés à l’aplomb de l’uretère doit rester au début strictement médian dans l’espace
sans véritable décroisement uretère/artère utérine, tandis que les avasculaire.
espaces paravésicaux et pararectaux n’ont pas besoin d’être
ouverts. L’avantage théorique est l’absence de dévascularisation
de l’uretère et de dénervation vésicale source des dyskinésies Hystérectomie élargie avec colpectomie
vésicales postopératoires, mais l’élargissement de l’hystérectomie totale
est limité au tiers interne du paramètre médian et de la partie
supérieure du dôme vaginal. Cette intervention peut être Les temps opératoires sont identiques jusqu’à la section
proposée pour les petits cancers du col utérin, et après radiothé- vaginale qui n’est pas réalisée. Il convient de poursuivre la
rapie chimiosensibilisée et curiethérapie premières. dissection du fourreau vaginal en refoulant rectum et vessie
jusqu’au plan des releveurs de l’anus en s’aidant de tampons
montés. Latéralement, le paracolpos est contrôlé par des pinces
Conservation-transposition latéropariétale de JL Faure ou de Rodgers, et aiguillé au fil résorbable 1/0 afin
ovarienne d’assurer l’hémostase des pédicules vaginaux issus de l’artère
vaginale longue et de l’artère hémorroïdale moyenne. Le vagin
La technique la plus employée est la transposition latérale des est sectionné sur le plan des releveurs. Il peut être nécessaire
ovaires [24]. Elle s’adresse aux patientes jeunes (moins de 40 ans d’effectuer une colpectomie totale avec vulvectomie : dans ces
en raison du risque d’insuffisance ovarienne ischémique dans cas, un abord mixte abdominopelvien comme lors des amputa-
les tranches d’âge supérieures), porteuses d’une petite tumeur tions abdominopérinéales du rectum est nécessaire, et le defect
(moins de 2 cm) de nature épithéliale et de bon pronostic créé par l’intervention peut être comblé par un lambeau de
histologique (sous-type favorable et absence d’atteinte gan- muscle gracilis en particulier lorsque le geste succède à une
glionnaire pelvienne). Le péritoine pelvien est incisé du liga- radiothérapie chimiosensibilisée (Fig. 24).
ment rond au pédicule lombo-ovarien et poursuivi dans le plan
du fascia de Toldt (un décollement colique facilite l’exposition
et la libération du pédicule lombo-ovarien). Le pédicule utéro- Lymphadénectomie iliaque primitive
ovarien est lié et sectionné au ras de l’ovaire, et le mésovarium et lomboaortique
et le mésosalpinx sont contrôlés, permettant de libérer l’ovaire
qui va être pédiculisé sur son ligament lombo-ovarien. Les Ce temps succède à l’hystérectomie élargie et au curage
ovaires sont fixés en regard de l’épine iliaque antérosupérieure ganglionnaire iliaque externe, et ne peut se concevoir qu’avec
par des points séparés de fil non résorbable en veillant à ne pas une incision médiane sous-ombilicale prolongée en sus-
faire effectuer un tour de spire au ligament lombo-ovarien et ombilical (trois travers de doigt ou plus à façon). Il nécessite
restent donc intrapéritonéaux. De plus, le pôle inférieur des une réinstallation en utilisant une valve sus-pubienne en haut
ovaires est repéré par des clips radio-opaques. Lors de la visite dont le compas est fixé sur des piquets de Toupet disposés en
postopératoire, des dosages hormonaux (œstradiolémie et taux regard des épaules de la patiente, tandis que latéralement un
de FSH) peuvent être pratiqués. Enfin, des kystes fonctionnels écarteur de Ricard est disposé. L’opérateur se place à droite de
dystrophiques peuvent compliquer cette transposition, impo- la patiente tourné vers la tête et proche de son membre
sant un paradoxal blocage ovarien. inférieur, l’aide à gauche tourné vers le bassin et proche de son
membre supérieur, l’instrumentiste faisant face à l’opérateur. Les
Colpocervicectomie élargie sur col restant temps opératoires se succèdent comme suit.

Les différents temps opératoires ne diffèrent pas de ceux Décollement colique droit
décrits lorsque l’utérus est en place. La principale difficulté est
de repérer le plan de dissection vésicocervical. Le col restant est L’aide tient le côlon délicatement dans ses doigts et présente
en règle recouvert par la vessie et les risques d’effraction vésicale le fascia de Toldt droit qui est ouvert à la pointe du bistouri

Techniques chirurgicales - Gynécologie 11


41-730 ¶ Traitement chirurgical du cancer du col utérin par laparotomie

électrique. Il est plus facile de remonter le plus haut possible, et partie supérieure en disséquant la face antérieure puis le bord
de mobiliser l’angle colique droit et le côlon transverse en latéral gauche de l’aorte (en contrôlant l’artère ovarienne
incisant le péritoine sous le bord inférieur du foie et de la gauche à son origine). On sépare ensuite la lame du bord
vésicule biliaire. Le décollement est aisé de dehors en dedans et inférieur de la veine rénale gauche en pratiquant une hémostase
de bas en haut : le piège principal est de passer sous le bord et une lymphostase pas à pas par des clips : la veine ovarienne
inférieur du rein droit si l’on n’a pas pris garde de palper celui- gauche est liée à son abouchement dans la veine rénale gauche
ci. Ce décollement aboutit à mobiliser le bloc duodénopancréa- et un lacis veineux présent à la partie supérieure du curage dans
tique que l’on aborde par en arrière. À ce stade de l’inter- le coin délimité par aorte et veine rénale gauche impose une
vention, il va être possible d’éviscérer la patiente : on place un dissection prudente. La partie inframésentérique est réséquée
champ humide sur l’écarteur d’Ollier sur lequel on dispose plus aisément en s’arrêtant à la face supérieure de l’artère iliaque
l’épiploon flottant, le côlon droit et transverse et les anses primitive gauche.
grêles ; les bords latéraux du champ sont rabattus de manière à
recouvrir et emprisonner les structures digestives ; l’aide va Lymphadénectomie iliaque primitive
disposer des écarteurs de Leriche pour refouler avec douceur le
bloc duodénopancréatique et offrir ainsi une vue dégagée des Dans la suite du curage lomboaortique, on prélève les
gros vaisseaux abdominaux. ganglions du promontoire situés à la bifurcation aortique : il
convient de respecter la bifurcation cave située en arrière et à
Exposition des gros vaisseaux gauche de la bifurcation aortique, ainsi que le pédicule présacré
situé sur le ligament vertébral antérieur en avant du promon-
À droite, on repère l’uretère et le pédicule ovarien droit qui toire. À gauche, le curage iliaque primitif est plus aisé à réaliser
avait été lié lors de la colpohystérectomie élargie : ces deux en partant du curage iliaque externe préalablement réalisé : on
éléments sont disséqués de bas en haut et le pédicule ovarien décolle au doigt le péritoine du mésosigmoïde qui forme un
droit est lié au contact des gros vaisseaux (en particulier la veine pont entre les deux curages iliaque externe et lomboaortique. À
ovarienne à son abouchement dans la veine cave inférieure). À droite, le décollement colique droit expose parfaitement les
gauche, on va refouler le côlon gauche en dehors et suivre à vaisseaux iliaques et le curage iliaque primitif droit est réalisé en
l’identique uretère et pédicule ovarien gauche de bas en haut : préambule au curage latérocave droit.
la ligature de la veine ovarienne gauche se fait ultérieurement
lorsque le bord inférieur de la veine rénale gauche a été libéré. Suites du curage lomboaortique
Les gros vaisseaux sont ainsi exposés : on va suivre aorte et
L’habitude est de placer un drainage aspiratif dans l’espace
veine cave inférieure en repérant le pédicule mésentérique
latéroaortique gauche (qui remplace le drain disposé dans le
inférieur, puis la veine rénale gauche qui croise par en avant
curage pelvien gauche). Les éléments digestifs sont disposés
l’aorte. Le bord inférieur de la veine rénale gauche va être
soigneusement en leur place habituelle sans péritonisation.
disséqué et la veine ovarienne gauche contrôlée : la limite
L’impact du temps lomboaortique semble assez faible : tout au
supérieure du curage est définie. Il convient de repérer une
plus constate-t-on un léger retard à la reprise du transit sans
éventuelle veine rénale polaire inférieure afin de la respecter.
doute dû à l’éviscération imposée par ce geste.

Prélèvements ganglionnaires aorticocaves


Curage latérocave droit ■ Suites postopératoires
La lame ganglionnaire latérocave droite qui comprend le
pédicule ovarien va être prélevée après ouverture de la gaine Complications
vasculaire de la veine cave inférieure, l’uretère étant la limite
externe de ce curage en règle peu productif.
Complications immédiates (j0 et j1)
Curage interaorticocave
Elles sont principalement hémorragiques, se manifestant par
L’ouverture de la gaine vasculaire aortique se fait à la un choc hémodynamique avec épanchement liquidien intrapé-
bifurcation iliaque et l’on remonte le long de l’aorte jusqu’à la ritonéal (plus ou moins extériorisé par les drains de Redon), et
veine rénale gauche en contrôlant l’artère ovarienne droite qui nécessitent une reprise pour décaillottage et hémostase (en
naît du bord antérolatéral droit de l’aorte. On va ainsi exposer règle, on double de principe tous les pédicules, en particulier
l’origine de l’artère mésentérique inférieure située à 3 cm de la lorsque l’origine du saignement n’a pas été fermement mise en
bifurcation aortique. La lame ganglionnaire comprend les évidence).
ganglions précaves et interaorticocaves, en particulier la citerne
de Pecquet à sa partie supérieure, et la lymphostase est assurée
Complications précoces
par des clips. L’exérèse nécessite de récliner en dehors les deux
axes vasculaires en s’aidant des écarteurs à paupière de Papin : Survenant lors de l’hospitalisation, elles comprennent les
le danger est une plaie directe ou par arrachement des vaisseaux fistules urinaires et digestives, et sont précédées souvent par un
lombaires disposés transversalement sur l’aponévrose pic thermique inexpliqué : une fois le diagnostic posé (vers j10,
prévertébrale. syndrome fébrile, douleurs abdominopelviennes, troubles du
transit et enfin survenue d’un écoulement urinaire ou de
Curage latéroaortique gauche
matières par la cicatrice vaginale), elles imposent une dérivation
La lame ganglionnaire est limitée en haut par la veine rénale (urinaire par une sonde vésicale ou urétérale, voire néphrosto-
gauche, en dehors par le pédicule ovarien gauche et l’uretère, et mie percutanée, ou digestive par colostomie ou iléostomie selon
en bas par l’artère iliaque primitive gauche. L’artère mésentéri- sa localisation). Les hématomes sont un point pour l’infection
que inférieure divise la lame en deux parties : on dissèque et peuvent nécessiter une reprise chirurgicale après appréciation
l’origine du pédicule mésentérique inférieur mis en tension par de leur siège et importance par scanner ou IRM. On évalue
l’aide qui tracte avec douceur le côlon gauche avec les valves de également le haut appareil urinaire (par échographie) en
Leriche et qui dispose l’écarteur de Papin en crochet sous le recherchant une dilatation franche pouvant témoigner d’une
pédicule mésentérique, ce qui permet de séparer le curage en ligature (syndrome douloureux majeur) ou d’une plicature
deux parties, supérieure et inférieure. L’exérèse débute par la urétérale.

12 Techniques chirurgicales - Gynécologie


Traitement chirurgical du cancer du col utérin par laparotomie ¶ 41-730

partenaire inquiet des conséquences physiques et psychiques


des rapports. Les rapports peuvent reprendre environ 1 à 2 mois
après la fin des traitements, une aide médicamenteuse peut être
proposée (lubrifiants, substitution hormonale) et un soutien
sexologique est souvent le bienvenu, intéressant les deux
partenaires.

Surveillance carcinologique
Elle est mise en place dans le cadre du Plan personnalisé de
soins : elle comprend une information des patientes, et une
1
recherche des complications évolutives liées à la maladie et
iatrogènes. L’examen clinique revêt une importance particulière
en recherchant des signes évocateurs d’une localisation métas-
tatique pulmonaire hépatique ou osseuse en particulier, et une
2 récidive pelvienne par l’examen au spéculum, les touchers
pelviens et l’examen des aires ganglionnaires inguinales et sus-
claviculaires gauches : il est important de diagnostiquer les
récidives locales précocement qui, isolées, peuvent bénéficier
3
d’un traitement curatif (radiothérapique plus ou moins chimio-
sensibilisé, ou chirurgical alors radical à type de pelvectomie en
particulier pour les récidives centropelviennes survenant à
distance du traitement initial). Les récidives ganglionnaires
peuvent se révéler par un syndrome de compression principale-
Figure 25. Schéma de l’innervation sympathique et parasympathique ment veineux (œdème d’un membre inférieur, phlébite),
pelvienne. nerveux avec cruralgies, et sont diagnostiquées par l’IRM et la
1. Plexus de Frankenhäuser ; 2. innervation parasympathique : troisième tomographie à émission de positons. Les patientes sont revues
et quatrième racines sacrées ; 3. plexus sympathique aortique. tous les 6 mois pendant les 5 premières années, puis annuelle-
ment par la suite. Un bilan complémentaire peut être proposé
annuellement, comprenant un dosage des marqueurs (en
Complications tardives particulier s’ils étaient élevés lors du diagnostic initial), une
radiographie thoracique et une échographie ou IRM
Elles sont dominées par les fistules et sténoses, en particulier abdominopelvienne.
urétérales (qui posent parfois le problème de leur nature
secondaire au geste chirurgical ou à une évolution locale
péjorative), les troubles fonctionnels urinaires et digestifs liés à
la dissection chirurgicale des deux réservoirs, les lymphœdèmes ■ Références
des membres inférieurs en particulier lorsqu’une radiothérapie [1] Lansac J, Body G, Magnin G. La pratique chirurgicale en gynécologie
externe est venue s’adjoindre à la lymphadénectomie, les obstétrique. Paris: Masson; 2004.
lymphocèles postopératoires dont la meilleure prévention réside [2] Villet R. La chirurgie des cancers du col utérin. Paris: Vigot; 1991.
en l’absence de péritonisation [23]. La radiologie intervention- [3] Frobert J. L’hystérectomie élargie. Lyon: Université Claude Bernard;
nelle a transformé la prise en charge des complications urinaires 1981.
de l’intervention : le diagnostic de fistule ou sténose est posé [4] Parkin DM, Bray F, Ferlay J, Pisani P. Global cancer statistics, 2002.
par l’urographie intraveineuse ou l’urétéropyélographie rétro- CA Cancer J Clin 2005;55:74-108.
grade avec mise en place d’une sonde urétérale ou d’une [5] Hill C, Doyon F. Cancer mortality in France: the number of deaths is
dérivation haute percutanée : parfois le geste suffit à traiter la increasing but the risk of dying from cancer is decreasing. Presse Med
complication, en particulier en l’absence de radiothérapie ; le 2007;36:383-7.
plus souvent la dérivation transitoire permet d’attendre le [6] Papanicolaou G, Traut H. Diagnosis of uterine cancer by the vaginal
traitement chirurgical second 3 à 6 mois plus tard sous la forme smear. Monograph of the Commonwealth Foundation; 1943.
d’une réimplantation ou d’une résection de la sténose. Les [7] Muñoz N, Bosch FX, de Sanjosé S, Herrero R, Castellsagué X,
dyskinésies urinaires avec rétentions postopératoires sont Shah KV, et al. Epidemiologic classification of human papillomavirus
fréquentes, d’autant plus que la résection chirurgicale des types associated with cervical cancer. N Engl J Med 2003;348:518-27.
paramètres a été étendue : le drainage urinaire d’attente tant [8] Zur Hausen H, Gissmann L, Schlehofer JR. Viruses in the etiology of
que les résidus postmictionnels sont supérieurs à 100 ml permet human genital cancer. Prog Med Virol 1984;30:170-86.
d’éviter la surdistension vésicale et en règle la récupération [9] Bergeron C, Cartier I, Guldner L, Lassalle M, Savignoni A, Asselain B.
vésicale complète survient en quelques semaines. Des instilla- Lésions précancéreuses et cancers du col de l’utérus diagnostiqués par
tions vésicales de prostaglandines de synthèse E2 biquotidiennes le frottis cervical, Ile-de-France, enquête Crisap. Bull Epidémioll Hebd
permettent d’accélérer le processus. 2005;2:5-6 (2002).
[10] Harper DM, Franco EL, Wheeler CM, Moscicki AB, Romanowski B,
Retentissement sexuel des traitements Roteli-Martins CM, et al. Sustained efficacy up to 4.5 years of a bivalent
L1 virus-like particle vaccine against human papillomavirus types 16
C’est un sujet qui doit être abordé avec le couple lors des and 18: follow-up from a randomised control trial. Lancet 2006;367:
consultations postopératoires. Les causes sont multiples et 1247-55.
intriquées : physiques, liées à la dénervation sympathique et [11] Villa LL, Costa RL, Petta CA, Andrade RP, Paavonen J, Iversen OE,
parasympathique propre à l’élargissement de la colpohystérec- et al. High sustained efficacy of a prophylactic quadrivalent human
tomie qui lèse par essence les plexus (Fig. 25), à la castration, papillomavirus types 6/11/16/18 L1 virus-like particle vaccine through
au raccourcissement du fourreau vaginal et à la sclérose pel- 5 years of follow-up. Br J Cancer 2006;95:1459-66.
vienne post-thérapeutique ; psychiques, dues à l’angoisse de la [12] Haie-Meder C, Fervers B, Fondrinier E, Haugh M, Lhomme C,
patiente vis-à-vis de la maladie cancéreuse (des modifications Guastalla JP. SOR guidelines for concomitant chemoradiotherapy for
anatomiques post-thérapeutiques et des schémas simples patients with uterine cervical cancers: evidence update bulletin 2004.
permettent souvent de dédramatiser) ; Elles touchent aussi le Ann Oncol 2005;16:1100-8.

Techniques chirurgicales - Gynécologie 13


41-730 ¶ Traitement chirurgical du cancer du col utérin par laparotomie

[13] Piver MS, Rutledge F, Smith JP. Five classes of extended hysterectomy [19] Morice P, Petrow P, Pomel C. Radical trachelectomy: a need for a
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carcinoma patients. Cancer 2000;88:1877-82. 1983;109:55-60.

F. Foucher.
Pôle femme-enfant (directeur Pr J.-Y. Grall), Centre hospitalier Anne de Bretagne, 16 boulevard de Bulgarie, BP 90347, 35203 Rennes cedex 2, France.
Centre régional de lutte contre le cancer Eugène Marquis (directeur Pr P. Bourguet), avenue de la bataille Flandres Dunkerque, CS 44229, 35042 Rennes
cedex, France.
K. Morcel.
F. D’Halluin.
J.-P. Harlicot.
J. Coiffic.
D. Cariou.
Pôle femme-enfant (directeur Pr J.-Y. Grall), Centre hospitalier Anne de Bretagne, 16 boulevard de Bulgarie, BP 90347, 35203 Rennes cedex 2, France.
J. Levêque (jean.leveque@chu-rennes.fr).
Pôle femme-enfant (directeur Pr J.-Y. Grall), Centre hospitalier Anne de Bretagne, 16 boulevard de Bulgarie, BP 90347, 35203 Rennes cedex 2, France.
Centre régional de lutte contre le cancer Eugène Marquis (directeur Pr P. Bourguet), avenue de la bataille Flandres Dunkerque, CS 44229, 35042 Rennes
cedex, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Foucher F., Morcel K., D’Halluin F., Harlicot J.-P., Coiffic J., Cariou D., Levêque J. Traitement chirurgical du
cancer du col utérin par laparotomie. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris), Techniques chirurgicales - Gynécologie, 41-730, 2007.

Disponibles sur www.emc-consulte.com


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14 Techniques chirurgicales - Gynécologie


41-700
Encyclopédie Médico-Chirurgicale 41-700

Traitement chirurgical et endoscopique


des synéchies utérines
S Jacob
J Barbot

Résumé. – Les synéchies utérines sont, dans 90 % des cas, d’origine traumatique. Avant tout traitement, un
bilan préopératoire doit être réalisé afin de déterminer le siège, l’étendue des synéchies ainsi que l’état de
l’endomètre et les lésions associées. L’hystéroscopie diagnostique en ambulatoire est l’examen de première
intention et sera complétée par une échographie et/ou une hystérographie si nécessaire. L’indication
opératoire est posée en fonction de la symptomatologie de la patiente et du désir ou non de grossesse.
Différentes techniques d’hystéroscopie opératoire existent pour traiter les synéchies (ciseaux endoscopiques,
micropointe électrique, laser, système Versapoint). La principale complication opératoire est la perforation
utérine. Le risque est d’autant plus élevé que les synéchies sont complexes et que le nombre d’hystéroscopies
antérieures est grand. Un dispositif intra-utérin peut être mis en place afin de prévenir un réaccolement
éventuel. Une antibiothérapie ainsi qu’un œstrogène ou une association œstroprogestative sont prescrits en
postopératoire. Un contrôle hystéroscopique à distance est nécessaire. Dans plus de 80 % des cas, une
menstruation normale est obtenue. Le taux de grossesses obtenues est en moyenne de 60 %, dont 75 % sont
menées à terme.
La cure de synéchies par laparotomie est exceptionnellement indiquée. Il faut continuer à améliorer la
prévention des synéchies ainsi que leur dépistage précoce.
© 2000 Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS. Tous droits réservés.

Mots-clés : synéchie utérine, hystéroscopie diagnostique, hystéroscopie opératoire, perforation utérine,


infertilité, grossesse.

Introduction échecs des cures de synéchies étendues. Le principe d’interposer


temporairement un corps étranger entre les surfaces que l’on vient
de séparer reste d’actualité, même si son efficacité n’a jamais été
Le traitement des synéchies a été simplifié et rendu plus précis grâce démontrée de façon formelle.
au contrôle visuel des gestes intra-utérins qu’a permis
l’hystéroscopie à partir des années 1970. La chirurgie En fait, le progrès essentiel a porté sur le rétablissement de
conventionnelle (intervention de Musset, hystérotomie) n’est plus l’anatomie normale de la cavité utérine en causant le minimum de
qu’exceptionnellement indiquée devant des synéchies complexes, traumatismes aux structures adjacentes.
après échec de plusieurs interventions endoscopiques. La rupture des synéchies à l’aide d’une bougie, d’une curette ou
Depuis que Fritsch [13] a décrit il y a un siècle la première observation lors d’une hystéroscopie diagnostique, n’a de chances d’être efficace
d’aménorrhée due à une synéchie, les méthodes thérapeutiques ont que si les lésions sont récentes. La section à l’aveugle des
évolué par étapes vers une meilleure efficacité, mais semblent aussi accolements plus anciens par un instrument tranchant a
avoir atteint une limite. La première tentative de traitement réalisée l’inconvénient, outre le risque de perforation, de pouvoir laisser en
par Kustner et Wertheim en 1815 ne cherchait pas à rétablir la place une partie des symphyses et d’aggraver les lésions muqueuses.
menstruation en supprimant la synéchie, mais en créant une fistule La voie abdominale décrite par Asherman ou la voie mixte,
entre le vagin et la partie de la cavité utérine demeurée libre. En abdominovaginale, préconisée par Musset [19], ont l’avantage de
1929, Strassman [26] interpose une des trompes entre les parois de la permettre une dissection précise, moins traumatisante pour la
cavité utérine reconstituée. Il espère ainsi éviter le réaccolement, muqueuse intacte, mais au prix d’une chirurgie sanglante fragilisant
principal écueil de cette chirurgie, mais aussi favoriser la l’utérus. L’endoscopie, alliant la simplicité de la voie d’abord à la
régénération de l’endomètre par métaplasie de l’épithélium tubaire. précision de l’acte chirurgical, a peu à peu supplanté les techniques
Si le mythe de la transplantation tissulaire [1] a vécu, le problème de précédentes. Dès 1978, Sugimoto [27] publiait une série de 192 cas
la régénération de la muqueuse persiste et rend compte de bien des traités par hystéroscopie panoramique avec, il est vrai, des résultats
évalués en termes de grossesses obtenues (41,2 %) qui n’étaient pas
supérieurs à ceux des traitements classiques. Les perfectionnements
Sandrine Jacob : Chef de clinique-assistante des hôpitaux de Paris, service de chirurgie gynécologique du matériel et des techniques ont permis une nette amélioration des
(Professeur Dubuisson), clinique universitaire Baudelocque, centre hospitalier Cochin-Port Royal, 123, résultats, avec des taux de grossesses de l’ordre de 75 % pour
boulevard de Port-Royal, 75014 Paris, France.
Jean Barbot : Gynécologue-obstétricien, ancien chef de service à l’hôpital Marcellin Berthelot, centre
certains auteurs [14, 16]. Il n’en demeure pas moins que le traitement
hospitalier Neuilly-Courbevoie, 30, rue Kilford, 92400, Courbevoie, France. des synéchies anciennes et étendues est l’un des plus délicats de

Toute référence à cet article doit porter la mention : Jacob S et Barbot J. Traitement chirurgical et endoscopique des synéchies utérines. Encycl Méd Chir (Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS, Paris, tous droits réservés),
Techniques chirurgicales – Gynécologie, 41700, 2000, 10 p.
41-700 Traitement chirurgical et endoscopique des synéchies utérines Techniques chirurgicales

l’hystéroscopie opératoire. Il demande une bonne expérience de compartiments communiquant plus ou moins les uns avec les autres.
l’hystéroscopie, une technique rigoureuse et l’utilisation d’un Certaines logettes peuvent même être totalement isolées du reste de
matériel adéquat. la cavité utérine. Leur dissection peut poser des problèmes de
repérage préalable difficiles.
Les synéchies localisées à l’isthme peuvent être complètes et forment
Indications opératoires alors un diaphragme qu’il faut distinguer d’une synéchie corporéale
totale. Cette distinction étant faite, le traitement ne pose pas de
Le traitement des synéchies a pour but de rétablir un cycle difficulté. Lorsqu’elles sont incomplètes, elles se traduisent par un
menstruel normal, lorsque celui-ci est perturbé, et de permettre la trajet en « baïonnette » du défilé isthmique. Ces synéchies de
survenue d’une grossesse et son évolution favorable vers un l’isthme ont la particularité d’entraîner parfois une aménorrhée,
accouchement à terme. C’est dire que l’indication opératoire doit être probablement d’origine réflexe, alors que l’endomètre sus-jacent est
nuancée. Les troubles du flux menstruel à type d’oligoménorrhée, normal. Il suffit de les rompre pour rétablir les menstruations.
voire d’aménorrhée, sont parfois bien tolérés et certaines femmes,
Les synéchies englobant le fond et les cornes sont d’une gravité
rassurées de connaître la cause de ces anomalies, choisissent d’en
particulière pour la fonction de reproduction car elles touchent une
rester là. L’association à des douleurs pelviennes, souvent à type de
région essentielle à la migration intra-utérine de l’embryon avant
dysménorrhée, peut pousser à l’intervention mais, si une
son implantation. Leur traitement présente le maximum de
amélioration du flux menstruel suit généralement l’acte chirurgical,
difficultés.
le résultat sur la douleur est moins constant et la patiente doit être
informée. En revanche, lorsqu’il y a désir de maternité, l’indication
opératoire est impérative car, outre la stérilité, de nombreuses ¶ Étendue des synéchies
complications menacent le cours de la grossesse et de La surface totale symphysée doit être évaluée proportionnellement
l’accouchement. Cependant, il faut savoir que les synéchies à la surface de la cavité utérine. Cette appréciation peut être difficile
anciennes et étendues sont difficiles à traiter et que le résultat sur la en cas de synéchies complexes morcelant l’espace intra-utérin. Elle
fertilité est encore souvent décevant. La patiente doit être prévenue nécessite alors le concours de plusieurs techniques d’imagerie
du risque de récidive et de la possibilité de réinterventions. D’où la médicale.
nécessité d’un bilan préopératoire soigneux, afin d’évaluer les
chances de succès et de prévoir les difficultés opératoires. ¶ État de l’endomètre
La reprise de cycles normaux et les possibilités de grossesse
BILAN PRÉOPÉRATOIRE dépendent des qualités de l’endomètre restant. Celui-ci peut être
Les principaux éléments qu’il faut rassembler au cours de ce bilan normal et fonctionnel, mais il n’est pas rare que la muqueuse ait
sont : l’ancienneté des lésions, leur étiologie, leur siège, leur étendue, perdu sa réceptivité hormonale. De nombreuses anomalies ont été
l’état de l’endomètre restant et les éventuelles lésions associées. La décrites (atrophie, sclérose du stroma, endométrite, trouble de
gravité des synéchies dépend de l’étendue, de l’ancienneté et de revascularisation…).
l’histologie.
¶ Lésions associées
¶ Ancienneté des synéchies
Leur présence peut compliquer l’acte chirurgical. Leur traitement
C’est un élément majeur dont dépendent la difficulté du traitement simultané ou au cours d’un autre temps opératoire est affaire de
et le pronostic. Le temps ne joue pas en faveur de l’opérateur. Les circonstances. Les polypes peuvent être retirés sans problème lors
synéchies récentes sont purement muqueuses et leur rupture dans de la cure de synéchie. On peut avoir intérêt à réaliser la résection
le bon plan est facile. Après environ 6 mois d’évolution, les endoscopique d’un myome sous-muqueux lors d’un temps différent,
synéchies deviennent fibreuses, puis musculeuses à 1 an. Le plan de de façon à ne pas augmenter les surfaces cruentées, source
clivage qui guidait l’opérateur n’existe plus et toute trace de la cavité d’accolements postopératoires. Les foyers d’adénomyose ne sont pas
primitive a disparu [11]. rares, favorisés par l’incarcération d’îlots muqueux dans la fibrose.
Ils peuvent expliquer les cas de douleurs pelviennes associées.
¶ Étiologie
Toute agression utérine peut être à l’origine d’une synéchie et 90 %
MOYENS D’INVESTIGATION PRÉOPÉRATOIRES
d’entre elles sont la conséquence d’un traumatisme du post-partum
ou du post-abortum [8] . Il faut s’efforcer de retrouver un tel Outre les données fondamentales tirées de l’interrogatoire
événement qui permet de dater le point de départ des lésions. (ancienneté, étiologie, retentissement fonctionnel…) et celles,
L’origine tuberculeuse, rare de nos jours, mérite d’être isolée car généralement peu parlantes, de l’examen clinique, l’établissement
l’acte chirurgical doit être précédé du traitement médical du bilan nécessite le recours à une ou plusieurs techniques de
antibiotique approprié. Grâce à la fécondation in vitro, les lésions visualisation de la cavité utérine. L’hystéroscopie est l’examen de
tubaires associées n’interdisent plus comme autrefois tout espoir de première intention. Dans les cas simples, elle permet de rassembler
grossesse, à condition de pouvoir rétablir l’anatomie normale de la la totalité des informations nécessaires. En cas de synéchies
cavité utérine. complexes, l’hystérographie et éventuellement l’échographie
apportent le complément d’informations qui échappent à l’examen
¶ Siège visuel.
Les synéchies centrales soudent les parois sur une surface plus ou
¶ Examen hystéroscopique [23]
moins large mais respectent les cornes, le fond et les bords. Elles
conservent donc les repères essentiels au rétablissement de Il est facilement réalisé au cabinet de consultation en utilisant de
l’anatomie normale. Le traitement s’en trouve facilité et les risques petites optiques atraumatiques et la distension par le gaz
de complications sont faibles. carbonique. Il peut être réalisé, soit par un hystéroscope rigide de
Les synéchies marginales s’incorporent à un bord utérin. Parfois 3 ou 5 mm, soit par un hystéroscope flexible de 3 mm au sérum
circulaires, elles étranglent alors la cavité utérine. Le traitement en physiologique. Le diagnostic de synéchie ne prête guère à confusion.
est plus délicat car rien ne distingue plus la limite externe du bord Les synéchies centrales (fig 1) forment des colonnes plus ou moins
utérin proprement dit. massives aux bases évasées. Les synéchies marginales (fig 2) forment
Les synéchies complexes associent, à des degrés variables, synéchies des ressauts le long des bords dont l’avancée masque plus ou moins
centrales et marginales. Elles divisent alors la cavité utérine en la vue des cornes. Les caractères physiques des synéchies

2
Techniques chirurgicales Traitement chirurgical et endoscopique des synéchies utérines 41-700

1 Synéchie centrale. 2 Synéchie marginale.


A. Aspect hystérosco- A. Aspect hystérosco-
pique. pique.
B. Aspect hystérogra- B. Aspect hystérogra-
phique. phique.

*
A *
A

*
B
*
B

renseignent sur leur ancienneté et sur les difficultés qui attendent le 3 Association d’une sy-
chirurgien. Les synéchies dépressibles laissent présager un clivage néchie marginale du bord
facile. Les synéchies nacrées, denses, résistantes sont anciennes, gauche et d’un polype du
bord droit.
fibromusculaires, et leur séparation est difficile. L’aspect de
l’endomètre, épais et bien coloré ou hypotrophique et blanchâtre,
reflète son état fonctionnel. Une biopsie complète l’impression
visuelle. Mieux que tout examen, l’analyse hystéroscopique est
capable de discerner une lésion associée telle la saillie d’un polype
(fig 3) ou d’un myome sous-muqueux. Les diverticules
d’adénomyose sont plus difficiles à détecter (fig 4). Cependant, en
cas de synéchies complexes, l’examen visuel, soumis aux lois de la
propagation rectiligne de la lumière, ne peut explorer les zones
d’ombre qui se cachent derrière les chicanes cicatricielles ou au sein
des récessus. De plus, les distorsions optiques imposées par la vision
en perspective se prêtent mal à la juste appréciation des surfaces
couvertes par les accolements. L’hystérographie devient alors le
complément indispensable.
¶ Examen hystérographique
¶ Examen échographique
L’approche hystérographique est fondamentalement différente [3].
Elle réalise une projection cartographique de la cavité utérine qui La distinction entre synéchie isthmique complète et symphyse totale
conserve les proportions et fournit l’exacte mesure des surfaces de la cavité utérine ne peut être faite ni par l’hystéroscopie, ni par
symphysées et des déformations. Elle permet de dépister des lésions l’hystérographie. Et pourtant, le traitement et le pronostic en sont
associées, ce qui est fondamental dans le cadre d’un bilan de stérilité. bien différents. Seul l’examen échographique, révélant une ligne de
En cas de synéchie récente, lâche et fragile, l’injection de produit de vacuité normale au-dessus de l’isthme, permet de résoudre
contraste peut faire céder cette synéchie. Une synéchie peut se élégamment cette difficulté. Bien que le diagnostic en soit délicat, les
traduire par différentes images hystérographiques telles que : lacune petites cavités isolées par des synéchies complexes peuvent être
« à l’emporte-pièce », accolement des deux bords de la cavité, détectées par cette méthode (fig 5). Une synéchie apparaît comme
soustraction d’un bord, rétrécissement du canal cervical, aspect en une zone hyperéchogène en échographie. L’échographie est un
« doigt de gant ». Ces images sont stables sur tous les clichés. La examen non invasif, ayant, pour certains auteurs [10], une bonne
fluidité du produit de contraste lui permet de traverser les moindres spécificité et une bonne sensibilité dans le diagnostic de synéchies
orifices et de mouler les logettes qui échappent à l’examen visuel. utérines, mais nécessite des radiologues entraînés.
Elle seule peut parfois apporter la preuve que le fond utérin et les
cornes sont libres et les orifices tubaires perméables.
L’hystérographie atteint ses limites en cas de loges totalement CLASSIFICATION
exclues de la cavité utérine et qui, par conséquent, ne peuvent être Elle devrait être réalisée au terme du bilan préopératoire en s’aidant
injectées. Leur connaissance est cependant nécessaire à la de l’ensemble des données qui ont pu être rassemblées. La
reconstruction de la cavité utérine lors du geste chirurgical. Dans de classification idéale devrait rendre compte sous une forme abrégée
tels cas, la contribution de l’échographie paraît intéressante. de la gravité et du pronostic des lésions en intégrant le maximum

3
41-700 Traitement chirurgical et endoscopique des synéchies utérines Techniques chirurgicales

4 Synéchie du fond utérin et des diverticules d’adénomyose.


A. Aspect hystéroscopique.
B. Aspect hystérographique : les diverticules apparaissent
mieux sur l’hystérographie.

*
B

*
A

5 A. L’hystérographie n’injecte que le canal cervical.


B. L’échographie, en révélant une ligne de vacuité au-
dessus de l’isthme, permet d’éliminer une synéchie totale
de la cavité utérine.

*
A *
B

d’informations. Malheureusement, malgré de nombreuses tentatives,


aucune classification ne s’est imposée. Certaines sont basées sur les 6 Classification des sy-
données de l’hystérographie [29], d’autres sur celles de néchies selon le score de la
Société américaine de
l’hystéroscopie [18]. Celles de la Société américaine de fertilité [28]
fertilité.
prennent en compte les données de ces deux examens, ainsi que les
troubles fonctionnels (fig 6). En l’absence d’une classification
universellement admise, les principaux facteurs de gravité devraient
figurer dans le compte rendu opératoire. En effet, aucune
exploitation des résultats obtenus ni aucune étude comparative de
l’efficacité d’une technique ne sont valables si la sévérité des lésions
n’est pas mentionnée.

¶ Facteurs de gravité à prendre en compte


Ancienneté, superficie et topographie sont les trois éléments de base.
Très schématiquement, on peut dire que la texture des synéchies,
appréciée visuellement et tactilement par l’endoscope, est le premier
facteur à considérer. Ce n’est qu’en cas de synéchies solidement
organisées, que l’étendue des surfaces symphysées et l’atteinte du
fond des cornes acquièrent leur pleine importance.
Les synéchies jeunes apparaissent toujours minces, peu cohérentes,
et le plan de clivage est facilement trouvé. Ici, l’étendue des
accolements est d’un intérêt plus secondaire car les chances de
régénération de la muqueuse sont bonnes.
Les synéchies anciennes sont fibreuses, résistantes, non clivables par
pression. Leur superficie et leur topographie sont alors
déterminantes car leur section laisse des zones dépourvues de valeur
fonctionnelle et les possibilités de régénération sont médiocres.
Nous considérons comme de faible gravité les synéchies fines, peu
résistantes, clivables par pression, respectant le fond et les cornes,
ou les synéchies résistantes limitées à l’isthme. Les synéchies de
gravité moyenne peuvent être fines, clivables par pression, mais Traitement des synéchies
englobant le fond et les cornes, ou alors résistantes, non clivables,
mais épargnant le fond et les cornes. Enfin, les synéchies les plus
PRINCIPE
graves sont fibreuses, résistantes, non clivables et englobent le fond
et les cornes. Le traitement des synéchies ne se limite pas à l’acte chirurgical qui
consiste à séparer les symphyses pour retrouver la cavité utérine
La mention au sein de chaque catégorie de la superficie estimée des
primitive. Il comporte quatre volets :
symphyses par rapport à la superficie totale de la cavité utérine
permet d’affiner encore davantage le degré de gravité. – le rétablissement de l’anatomie normale de la cavité utérine ;

4
Techniques chirurgicales Traitement chirurgical et endoscopique des synéchies utérines 41-700

7 Hystéroscope opératoire. Les différents canaux pour


l’irrigation et le passage des instruments sont totalement iso-
lés les uns des autres.

*
B

*
A

– la prévention du réaccolement des parois ;


8 Hystéromat de Ha-
– l’aide à la régénération de l’endomètre ; mou.

– le contrôle à distance des résultats anatomiques.

MATÉRIEL ET INSTALLATION

¶ Milieu opératoire
Hormis les cas de petites synéchies muqueuses qui peuvent être
rompues facilement par simple pression lors d’une hystéroscopie
diagnostique au CO2 faite en ambulatoire (extrémité biseautée d’un
hystéroscope rigide), l’intervention doit être réalisée en salle
d’opération équipée pour la vidéo. En cas de complication, rares lorsque les pertes sont inférieures à 1 L. L’intervention ne doit
l’infrastructure chirurgicale et les qualifications de l’opérateur pas dépasser 45 minutes et doit être interrompue avant si les pertes
doivent permettre de réaliser immédiatement une cœlioscopie, voire sont supérieures à 1 L, avec nécessité d’un contrôle d’ionogramme
une laparotomie. Par ailleurs, l’hystéroscopie opératoire peut sanguin.
également se compliquer de troubles plus ou moins graves liés à Le sérum physiologique peut être utilisé comme milieu de
l’absorption du fluide de distension. Un ionogramme sanguin doit distension uniquement avec des électrodes bipolaires du système
pouvoir être obtenu rapidement si nécessaire, et toutes les conditions Versapoint.
pour une éventuelle réanimation doivent être remplies [2]. C’est pour
ces différentes raisons que notre préférence va à l’anesthésie Ciseaux endoscopiques
générale.
La section d’une synéchie à l’aide des ciseaux est la technique
permettant d’optimaliser le plus les chances de régénération
¶ Équipements et instruments
tissulaire. Cependant, leur indication est limitée aux synéchies de
petite taille du fait des risques hémorragiques et de leur manque de
Hystéroscope opératoire
puissance de coupe pour les synéchies épaisses.
Il doit permettre à la fois le passage des instruments dans la cavité
utérine, la distension de celle-ci et son irrigation permanente par un Micropointe électrique
double courant de liquide. La gaine opératoire doit posséder
L’électrode-pointe du résectoscope est un instrument de référence
plusieurs canaux totalement isolés les uns des autres afin de remplir
pour sectionner ou effondrer une synéchie. Elle fonctionne en
les différentes fonctions (fig 7).
monopolaire et permet de sectionner les ponts fibreux. L’action de
Certains opérateurs [12] utilisent le résecteur à anse électrique pour coupe du courant électrique est essentiellement due à un effet
séparer les parois symphysées. En fait, les synéchies ne doivent pas thermique à forte densité d’énergie. Son inévitable diffusion entraîne
être réséquées mais simplement sectionnées, car la cavité utérine une nécrose de coagulation de part et d’autre du trait de section
étant de nature virtuelle, les soudures de ses parois n’ont pas dont l’étendue est variable et dépend du type de courant produit
d’épaisseur propre. Les aspects en « colonne » ne sont que des par le générateur (fréquence, forme de l’onde…), de la puissance
artefacts dus à la distension utérine qui étire les accolements. Leur affichée, de la géométrie de l’électrode utilisée et du temps
résection enlève de la paroi utérine et risque d’emporter le fond des d’exposition tissulaire. Un effet d’hémostase peut s’y superposer. La
glandes restantes, pourtant si nécessaires au recouvrement muqueux forte densité de courant que génère la micropointe doit inciter à la
des surfaces fraîchement libérées. Seuls les instruments purement prudence. Le trajet du courant à travers le corps de la patiente est
tranchants sont indiqués. capricieux et imprévisible. Des accidents à type de brûlure
intestinale ont même été rapportés en l’absence de toute perforation
Système de distension de la cavité utérine utérine.
Il est possible d’utiliser la pression fournie par la pesanteur en
élevant les sacs contenant le liquide de distension au-dessus du plan Laser
de la patiente. En ce qui nous concerne, nous utilisons le système Dans la mesure où il est disponible, le laser est intéressant car ses
d’irrigation comportant un hystéromat de Hamou, permettant une effets tissulaires sont parfaitement contrôlés, sans diffusion aux
irrigation à débit variable, fonction de la pression intra-utérine et ne tissus avoisinants. Le choix de la longueur d’onde est fondamental.
dépassant pas 100 mm de mercure. L’aspiration est réglée à 0,2 bar Elle doit idéalement posséder des effets tissulaires alliant un
(fig 8). excellent effet de coupe à une destruction thermique minimale. Les
Quant au milieu de distension, c’est actuellement le glycocolle à lasers Nd-YAG, émettant à la longueur d’onde de 1,06 ou 1,32 µm,
1,5 % présenté en sacs plastiques de 3 L que nous utilisons. Un sont le plus couramment utilisés [9]. La fibre d’un laser Nd-YAG peut
contrôle des entrées et des sorties est nécessaire à chaque être introduite par le canal collatéral d’un hystéroscope opératoire
changement de sac afin de vérifier l’importance du déficit en classique. Le facteur limitant de l’utilisation du laser reste le coût
glycocolle, lié à l’intravasation de ce dernier. Les complications sont élevé de ce matériel.

5
41-700 Traitement chirurgical et endoscopique des synéchies utérines Techniques chirurgicales

9 Système Versapoint. 11 Champ à usage unique comprenant une poche destinée à recueillir les pertes
du liquide d’irrigation.

10 Électrodes du système
Versapoint (spirale, torsade, gêne à la vision. La prescription préopératoire d’un traitement
boule). atrophiant la muqueuse remédie généralement à cet inconvénient.
Dans le cas des synéchies, l’action du traitement atrophiant risque
de contrarier la régénération de l’endomètre et de favoriser le
réaccolement, et nous n’y avons pas recours. Nous essayons
simplement d’opérer à une date aussi proche que possible de la fin
des règles lorsque celles-ci existent encore. Lorsque des lambeaux
muqueux gênent la visibilité en préopératoire, nous en pratiquons
l’exérèse à la demande, à l’aide de la pince endoscopique.

¶ Préparation à l’intervention

Installation
La patiente anesthésiée est placée en position gynécologique. Il faut
veiller à ce que le périnée dépasse suffisamment de l’extrémité de la
Système Versapoint table d’opération afin de ne pas entraver la liberté de manœuvre
C’est un matériel nouveau d’électrochirurgie bipolaire en milieu des instruments.
physiologique. Le système Versapoint est constitué d’une Le rasage du pubis et de la vulve n’est pas habituel.
microélectrode de 1,6 mm de diamètre, qui est facilement placée La plaque souple du bistouri électrique est collée sur un membre
dans un canal opérateur d’hystéroscope de 5 French. Cette électrode inférieur, au voisinage du champ opératoire.
utilise un courant bipolaire grâce à un générateur spécifique activé
Après désinfection de l’abdomen, du périnée et du vagin, un champ
par une pédale (fig 9). Les électrodes utilisées (boule, torsade ou
à usage unique, comprenant une poche destinée à recueillir les
spirale) sectionnent, vaporisent ou coagulent (fig 10). L’électrode
pertes de liquide d’irrigation, est mis en place (fig 11). La poche est
torsadée est adaptée au traitement des synéchies. Le milieu de
reliée à un bocal gradué et le liquide récupéré est comptabilisé avec
distension utilisé est le sérum physiologique. La dilatation du col
celui recueilli directement du canal d’évacuation de la gaine
n’est pas nécessaire et l’intervention peut se faire sous anesthésie
opératoire lors du bilan périodique des fluides.
locale.
Un simple sondage évacuateur vésical est réalisé. Il peut être
Cette nouvelle technique semble intéressante mais est trop récente
nécessaire de mettre une sonde urinaire à demeure pour évaluer la
pour avoir le recul nécessaire. Elle ne peut être utilisée que pour des
diurèse en cas de pertes de liquide importantes.
lésions de petite taille. Son coût est encore élevé, d’autant plus que
les électrodes sont à usage unique. Son intérêt majeur est l’utilisation Après déploiement du champ, un spéculum est introduit dans le
du sérum physiologique comme milieu de distension. vagin, le col est saisi par une pince de Pozzi et l’on procède à la
dilatation cervicale par bougies métalliques, jusqu’à la bougie n° 10.
Équipement vidéo La dilatation peut être facilitée par la prescription de Cytotect en
Les caméras vidéo sont indispensables lors d’une hystéroscopie préopératoire.
opératoire. Le travail sur écran améliore la précision des gestes, L’hystéroscope opératoire muni de la caméra vidéo est introduit
permet une aide opératoire efficace, augmente le confort de dans l’utérus. Le débit et la pression de remplissage de la cavité
l’opérateur, évite le port de lunettes de protection lors de l’utilisation utérine sont réglés au niveau de la pompe électrique. L’intervention
du laser, et facilite considérablement l’enseignement. De plus, il peut commencer lorsque le liquide est devenu parfaitement
permet de réaliser des photos pré- et postopératoires si nécessaire. transparent.
Échographie
Elle doit pouvoir être disponible au bloc opératoire car, en cas de TECHNIQUE OPÉRATOIRE
synéchies complexes, elle peut être d’un précieux apport. Pour rétablir l’anatomie normale de la cavité utérine, l’opérateur
Comme pour toute hystéroscopie, l’existence d’une muqueuse dispose de deux techniques : rupture des synéchies par pression de
épaisse se déployant dans le liquide de distension constitue une l’hystéroscope ou section simple dans le plan de l’accolement.

6
Techniques chirurgicales Traitement chirurgical et endoscopique des synéchies utérines 41-700

12 A. Rupture des synéchies


par pression de l’extrémité
de l’hystéroscope.
B. La synéchie est mise en
tension et s’étire.
C. Après rupture, les deux
extrémités se rétractent
sur les faces.
*
A

*
B *
C

¶ Rupture des synéchies par pression de l’hystéroscope


Cette méthode a l’avantage de la simplicité mais ses indications sont
limitées. Elle ne s’adresse, en effet, qu’aux synéchies récentes,
muqueuses ou encore peu organisées, n’englobant ni le fond, ni les
cornes, ni les bords. Ces conditions étant remplies, il s’agit d’une
technique rapide et sûre, qui ne requiert aucun instrument
particulier. La synéchie étant retirée par la distension de la cavité
utérine, on voit apparaître en son centre, sous forme d’un
amincissement, une zone de moindre résistance. Il suffit d’y amener
l’extrémité de l’hystéroscope et d’y exercer une pression douce et
régulière en contrôlant soigneusement son intensité. Le tissu
*
A
cicatriciel étant encore peu organisé, sa cohérence par rapport au 13 A. Section des synéchies centrales
myomètre est faible et la pression ouvre automatiquement le bon aux ciseaux endoscopiques.
plan de clivage qu’il suffit de suivre jusqu’à séparation complète de B. Section des synéchies centrales
la synéchie, dont les parties opposées se rétractent progressivement à la fibre laser.
sur les faces. La force nécessaire à la rupture étant peu intense, le
risque de perforation est réduit dans la mesure où on se limite aux
synéchies centrales (fig 12).
Les hystéroscopes panoramiques n’étant pas conçus pour conserver
la netteté de la vision au contact des tissus, il est nécessaire, en cas
de synéchies étendues, de procéder par touches successives
entrecoupées de contrôles visuels obtenus en reculant l’optique, de
façon à toujours savoir où l’on se trouve.
*
B

¶ Section des synéchies


C’est la technique de choix en cas de synéchies anciennes, déjà 14 Section d’une synéchie marginale
organisées et résistantes. Elle est la moins traumatisante et la plus à la fibre laser. Les bulles s’accumulent
précise. La coupe peut être obtenue par effet mécanique, électrique sur la face supérieure.
ou électromagnétique. Le choix de l’instrument le plus approprié est
affaire de circonstances et des habitudes de l’opérateur. Les
difficultés techniques sont très variables et peuvent être prévues en
fonction de la classification des lésions effectuées lors du bilan
préopératoire.

Synéchies centrales (fig 13)


La synéchie en « colonne », lorsqu’elle est isolée et bien
individualisée, constitue une excellente indication pour l’utilisation
des ciseaux qui préservent au mieux l’intégrité des tissus sains. La
simplicité et la rapidité du geste permettent de réaliser l’intervention
avec un minimum de matériel et de préparation. La synéchie est synéchie vers le bord utérin. La seule difficulté est d’apprécier à quel
sectionnée dans sa partie la plus étroite, à égale distance des deux moment on atteint le bord utérin. On arrête la section lorsqu’on
faces de la cavité utérine. estime que toute saillie a disparu et que le bord a retrouvé sa
Il n’y a généralement aucun saignement et les deux extrémités continuité et la cavité utérine son aspect symétrique.
sectionnées se rétractent immédiatement sur les faces. Les synéchies
plus étendues et très fibreuses peuvent être sectionnées à l’électrode- Synéchies du fond
pointe ou au laser.
La section aux ciseaux retrouve ici son efficacité car le plan de coupe
est perpendiculaire à l’axe de l’instrument. Le point délicat est
Synéchies marginales (fig 14)
l’appréciation du moment où il faut cesser la coupe afin de ne pas
Elles se prêtent moins bien à l’utilisation des ciseaux car leur bord pénétrer dans le myomètre. On peut se baser sur la vue des deux
libre n’est pas dans l’axe de l’instrument, ce qui rend la prise difficile cornes qui doivent paraître alignées. Un éperon non diagnostiqué
et favorise le dérapage. La fibre laser, l’électrode-pointe ou du fond utérin peut constituer une source d’erreur. La survenue
l’électrode torsadée Versapoint sont plus faciles à manier et plus d’un saignement et le changement de texture des tissus peuvent
efficaces. La section est menée transversalement du bord libre de la également servir d’indicateurs. L’utilisation du laser ou de

7
41-700 Traitement chirurgical et endoscopique des synéchies utérines Techniques chirurgicales

*
B

*
A *
C
15 A. L’hystéroscopie ne permet pas de savoir si le fond et les cornes sont libres ou symphysés.
B. L’hystérographie montre que le fond et les cornes sont libres et communiquent avec la partie inférieure de la cavité utérine par un très petit canal.
C. La fibre laser a sectionné le diaphragme fibreux et l’on accède au fond utérin.

l’électrode-pointe permet d’éviter les saignements et ne modifie pas


l’aspect des tissus. Dans les cas difficiles, l’échographie peropératoire 16 Échographie peropéra-
peut apporter une aide intéressante. toire par sonde rectale.
Le liquide d’irrigation rem-
Synéchies complexes plit la cavité utérine et
baigne le pelvis grâce à la
Les différentes techniques peuvent être également utilisées et perméabilité des trompes.
associées si nécessaire. Le choix du matériel dépend essentiellement La paroi utérine se dessine
des habitudes de l’opérateur. nettement. La fibre optique
La fibre laser, en raison de son très faible diamètre, permet de passer est bien visible.
par les plus petits orifices et d’accéder aux cavités les plus exiguës.
Lorsque les cornes utérines sont oblitérées, nous préférons terminer
la section aux ciseaux à partir du moment où nous nous
rapprochons suffisamment du site présumé des orifices tubaires, par
crainte que la diffusion thermique ne puisse les léser.

¶ Difficultés techniques
Elles se présentent essentiellement en cas de synéchies anciennes, • Monitorage cœlioscopique
lorsque l’amorce d’un clivage par pression n’est pas possible et que
Cette technique alourdit l’intervention. La cœlioscopie n’est effectuée
les repères que constituent les cornes et le fond utérin ne sont pas
que si elle est nécessaire pour une autre raison.
localisables d’emblée en hystéroscopie. Parfois, on sait que le fond
et les cornes sont libres grâce à l’hystérographie préopératoire qui a
permis de les injecter par de minuscules orifices de communication, • Guidage échographique
difficilement repérables par l’examen visuel qui donne l’impression Il est de réalisation plus simple et peut fournir une aide appréciable.
d’un mur fibreux continu. Il suffit alors de percer cette barrière pour Il est réalisé par une sonde vésicale ou rectale. Le contraste est
y parvenir (fig 15). D’autres fois, l’hystérographie n’a injecté ni le d’autant meilleur que la cavité utérine est remplie de liquide et que
fond ni les cornes et ne permet pas de savoir s’il persiste un espace ce dernier passe dans la cavité péritonéale lorsque les trompes sont
libre totalement exclu ou si l’oblitération est complète. L’échographie perméables. La paroi utérine se dessine alors nettement entre les
faite alors en complément de l’hystérographie a parfois permis deux milieux liquides. Le matériel utilisé est également bien visible
d’identifier une ligne de vacuité dans cette région. Dans tous les cas, (fig 16).
la difficulté essentielle est de choisir dès le départ le bon plan de On peut ainsi évaluer à tout moment la distance séparant le front de
coupe qui mène à la cavité exclue, et de s’y maintenir jusqu’au bout. coupe des parois utérines. Le guidage des instruments tranchants
Le risque est de s’égarer dans le myomètre, ce qui conduirait à une vers un reliquat de cavité utérine non visible en hystéroscopie est
impasse, sinon à la perforation. L’opérateur dispose d’un certain parfois facilité et le risque de perforation minimisé. L’échographie
nombre de moyens, petits ou grands, qui peuvent l’aider à est d’autant plus utile en cas de synéchies sévères [4].
surmonter ces difficultés.
Moyens de guidage du plan de dissection
¶ Cas particulier des synéchies complètes de l’isthme
L’échographie est ici doublement intéressante. Elle permet, lors du
• Courants liquidiens bilan préopératoire, de distinguer la synéchie limitée à l’isthme de
Apparaissant spontanément lorsque toute irrigation de la cavité la synéchie totale de la cavité utérine. Une fois établie l’existence
utérine a été arrêtée, ils peuvent parfois guider vers les orifices d’une cavité utérine perméable au-dessus de l’isthme, il suffit
tubaires lorsque la perméabilité tubaire est conservée. Le fil d’Ariane d’effondrer le diaphragme fibreux lors de l’intervention. Le guidage
doit être recherché par l’observation soigneuse du liquide de échographique permet alors de pousser la bougie ou l’hystéroscope
distension laissé au repos pendant quelques minutes. dans la bonne direction et d’éviter une fausse route.

• Bleu de méthylène
Il se fixe électivement sur la muqueuse restante et non sur le tissu COMPLICATIONS
cicatriciel. Son injection dans la cavité utérine peut ainsi aider à L’hystéroscopie opératoire peut être la source essentiellement de
baliser le bon plan de clivage qui se colore en bleu. complications mécaniques (perforation utérine, plaie viscérale, plaie

8
Techniques chirurgicales Traitement chirurgical et endoscopique des synéchies utérines 41-700

vésicale), mais aussi métaboliques ou hémorragiques pouvant mettre Lorsqu’il s’agit uniquement de rétablir les menstruations, un résultat
en jeu le pronostic fonctionnel, voire vital, de la patiente. anatomique médiocre est acceptable dans la mesure où la patiente
Le taux de perforations utérines est statistiquement plus élevé pour est satisfaite du flux menstruel retrouvé.
les cures de synéchies (8,1 %) par rapport aux résections de fibrome,
endométrectomie ou polype. Le risque de perforation est d’autant
INTERVENTION PAR VOIE ABDOMINALE OU MIXTE
plus élevé que la synéchie est complexe et que le nombre
d’hystéroscopies opératoires déjà réalisées sans succès est élevé. Celles-ci ne sont justifiables qu’après plusieurs tentatives sans
L’expérience de l’opérateur est également un facteur influençant le résultat de la voie endoscopique chez les patientes qui ne veulent
taux de perforation utérine. La majorité des publications ne rapporte pas admettre l’échec et désirent aller jusqu’au bout des possibilités
qu’un taux faible de complications, mais qui sont difficilement thérapeutiques, tout en étant prévenues que les chances de réussite
interprétables du fait des différentes techniques utilisées, des sont extrêmement faibles.
différents milieux de distension et de l’expérience de chaque
opérateur. ¶ Principes de l’intervention
Les perforations utérines lors de la dilatation cervicale peuvent être Après laparotomie faite de préférence par incision de Pfannenstiel,
prévenues par une préparation cervicale préopératoire (Cytotect). plusieurs types d’hystérotomie sont réalisables : incision arciforme
Lors d’une perforation utérine, le contrôle cœlioscopique immédiat de la face antérieure d’un ligament rond à l’autre (Asherman),
est quasi systématique (suture utérine simple éventuelle, recherche incision transversale fundique (Musset), hémisection sagittale de
de plaie viscérale). l’utérus (Musset, Bret). Lorsqu’elles sont bien mises en évidence, les
L’avènement récent, en hystéroscopie opératoire, du système synéchies sont sectionnées au bistouri ou aux ciseaux. Lorsqu’il n’est
d’électrode bipolaire utilisant du sérum physiologique comme pas possible de retrouver la cavité utérine, la voie mixte permet
milieu de distension devrait permettre la disparition des d’ouvrir l’utérus sur une bougie métallique poussée par voie
complications hydroélectrolytiques. vaginale. L’utérus est ensuite refermé en laissant un drain ou un
ballonnet dans la cavité utérine.

PRÉVENTION DU RÉACCOLEMENT
Le réaccolement est d’autant plus à craindre que les synéchies sont Résultats des cures de synéchies
plus anciennes, les surfaces libérées étendues et la muqueuse
restante atrophique. La mise en place de divers matériels (stérilet, Ils sont fonction des critères retenus pour juger de l’efficacité du
drain souple, lame de silastic, sonde de Foley) a été proposée en fin traitement : restauration de l’anatomie normale, rétablissement d’un
d’intervention afin d’éviter la récidive. Leur intérêt n’a jamais été flux menstruel satisfaisant, obtention d’une grossesse suivie d’un
formellement démontré et leur indication reste une affaire d’école. accouchement normal à terme. Encore faudrait-il savoir ce qu’aurait
été l’évolution des troubles en l’absence de traitement.
En revanche, une antibiothérapie est nécessaire pendant 10 jours
(amoxicilline, cycline) afin d’éviter toute endométrite postopératoire.
ÉVOLUTION SPONTANÉE DES SYNÉCHIES
NON TRAITÉES
AIDE À LA RÉGÉNÉRATION DE L’ENDOMÈTRE
À l’occasion d’une importante revue de la littérature, Schenker et
La régénération de l’endomètre sur les surfaces dénudées Margalioth [25] ont rassemblé les données concernant la fertilité de
fraîchement libérées est un élément déterminant du succès. La 292 femmes qui désiraient une grossesse et dont les synéchies n’ont
réépithélialisation ne peut se faire qu’à partir des glandes résiduelles pas été traitées : 45,5 % ont été enceintes, mais seulement 30 % des
qui ont été sauvegardées, d’où le souci d’être le moins agressif grossesses ont été à terme. On note 40 % d’avortements, 23 %
possible lors de la libération des symphyses. L’utilisation des d’accouchements prématurés, 13 % de placenta accreta.
œstrogènes en postopératoire pour stimuler la réponse de la
muqueuse semble donc logique, même si aucune étude comparative
n’a vraiment prouvé son efficacité. Elle fait appel, pendant deux RÉSULTATS APRÈS TRAITEMENT
cycles, soit à une pilule séquentielle, soit à l’association d’un
œstrogène naturel à un progestatif. ¶ Critères anatomiques
La constatation d’une cavité utérine ayant retrouvé une forme
CONTRÔLE À DISTANCE DE LA CAVITÉ UTÉRINE normale au contrôle hystéroscopique du deuxième ou troisième
mois, bien que satisfaisante pour l’opérateur, n’est pas un critère
Ce contrôle doit être considéré comme partie intégrante du suffisant de bon résultat car rien ne prouve que l’utérus ait retrouvé
traitement. Le rétablissement des menstruations ne permet pas l’intégralité de ses fonctions. Des séquelles à type de sclérose
d’affirmer que la cavité utérine a retrouvé une morphologie normale, pariétale, de troubles de la vascularisation, de dystrophie de
l’expérience montrant que des règles satisfaisantes peuvent l’endomètre peuvent persister. Par ailleurs, les lésions sont volontiers
réapparaître alors que le résultat anatomique est très imparfait. Ce évolutives et un réaccolement tardif n’est pas exclu.
contrôle doit être effectué avant d’autoriser une grossesse, car
nombre de complications après cure de synéchies peuvent être ¶ Rétablissement du flux menstruel
attribuées à une restauration insuffisante de la cavité utérine.
Nous effectuons le contrôle hystéroscopique après deux ou trois Il s’agit d’un critère peu discriminatif. Dans la revue précédemment
cycles. Il est aisément réalisé en ambulatoire avec l’hystéroscope citée [25], 1 250 patientes souffrant de troubles des règles ont été
diagnostique au CO2. Il permet également de traiter une éventuelle traitées par des techniques essentiellement non endoscopiques et
synéchie muqueuse précoce. Si les anomalies sont importantes, il ne 84 % d’entre elles ont retrouvé une menstruation normale. Une
faut pas hésiter à proposer une véritable réintervention avant de compilation des résultats de différents auteurs [8, 11, 14, 19, 22] ayant traité
conclure à un échec. Il nous est arrivé d’avoir à réintervenir à 485 femmes par des techniques purement hystéroscopiques montre
plusieurs reprises en cas de synéchies sévères. On doit être d’autant que 83 % ont retrouvé des règles normales. La technique utilisée ne
plus exigeant sur le résultat anatomique que le but de l’intervention semble pas jouer ici un grand rôle.
était d’obtenir une grossesse.
¶ Résultats sur la fertilité
Un contrôle par hystérographie peut être effectué ; celle-ci ne permet
pas de lever une synéchie précoce mais permet d’apprécier le L’obtention d’une grossesse évoluant sans complication jusqu’à son
caractère fonctionnel des ostiums. terme est finalement le critère le plus sensible pour juger du

9
41-700 Traitement chirurgical et endoscopique des synéchies utérines Techniques chirurgicales

Tableau I. – Traitement des synéchies par hystéroscopie. Tableau II. – Répartition des résultats suivant la gravité des
synéchies.
Taux Taux
Références Nombre
Année de grossesse de viabilité Types Nombres Nombre
Auteurs de cas Viabilité
(%) (%) des synéchies de synéchies de grossesses
Sugimoto 1978 192 41,2 56,7 Légères 36 (21,3 %) 32 (88,8 %) 30 (93,7 %)
Hamou 1983 39 51,3 75 Moyennes 60 (35,6 %) 42 (70,0 %) 38 (90,4 %)
March 1981 38 100 87,2 Graves 73 (43,1 %) 33 (45,2 %) 23 (69,6 %)
De Cherney 1986 30 80 70,7 Total 169 107 91
Valle 1988 187 76,4 79,7

Parent-Barbot 1977 55 32,7 83

Parent-Barbot 1989 102 61,è 85,7


En se basant sur les critères de gravité définis précédemment, nous
avons classé les synéchies en trois catégories appariées aux résultats
Lancet 1986 137 49 64,4 correspondants chez 169 patientes traitées par hystéroscopie
Roger 1994 56 56 70,6 opératoire à l’aide de ciseaux miniatures ou du laser Nd-YAG
1,32 µm [15]. On s’aperçoit qu’ils sont excellents pour les synéchies
Tenon 1997 31 67,75 52,3
récentes et limitées, acceptables pour les synéchies de gravité
moyenne mais qu’ils demeurent médiocres pour les synéchies
fibreuses englobant les cornes (tableau II).
rétablissement des capacités anatomiques et fonctionnelles de
l’utérus. L’étude de Schenker et Margalioth, portant sur 860 femmes
opérées pour infertilité par des techniques n’utilisant pratiquement
pas l’hystéroscopie, montre un taux de grossesses de 53,6 % parmi Conclusion
lesquelles 54 % ont été à terme. On déplore 24 % d’avortements,
10 % d’accouchements prématurés et 8 % de placenta accreta. On L’hystéroscopie opératoire est une technique incontournable dans la
constate que les grossesses allant à terme ont presque doublé par prise en charge thérapeutique des synéchies utérines. Les progrès
rapport à l’évolution spontanée, mais seulement le tiers des opérées technologiques de ces dernières années ont permis d’améliorer les
mènent leur grossesse à terme. Si on groupe les résultats de résultats obtenus, surtout dans les cas de synéchies graves. Le choix de
643 femmes infertiles opérées plus récemment par hystéroscopie par la technique dépend du type de synéchie et de l’opérateur.
différents opérateurs [6, 8, 11, 14, 19, 22], on trouve un taux de grossesses Les complications propres au milieu de distension disparaîtront peut-
de 59,8 %, parmi lesquelles 78 % ont eu un accouchement à terme, être dans les années à venir avec le développement du système bipolaire
et on ne déplore que cinq placenta accreta (tableau I). Le progrès Versapoint.
apporté par l’endoscopie porte essentiellement sur le pourcentage Cependant, malgré les améliorations techniques au cours des années, il
des grossesses allant à terme et la diminution des complications n’en demeure pas moins que les résultats obtenus après traitement des
graves. Malheureusement, l’absence de classification des lésions synéchies anciennes et étendues restent toujours médiocres du fait de
traitées limite la portée des comparaisons entre les différentes lésions tissulaires irrécupérables. Par conséquent, il faut continuer à
techniques. améliorer la prophylaxie des synéchies ainsi que le dépistage précoce de
Plus intéressante que les résultats globaux, la répartition des ces dernières par une hystéroscopie diagnostique en ambulatoire au
résultats suivant la gravité des lésions reflète mieux la réalité. moindre doute.

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10
¶ 41-720

Traitement conservateur du cancer


du col utérin
F. Goffin, M. Plante, M. Roy

Donner la vie représente une étape importante de l’existence d’une femme. La tendance à retarder la
première grossesse à la quatrième décennie et l’incidence du cancer du col dans cette tranche de la
population féminine exposent de plus en plus de patientes aux conséquences des traitements
oncologiques sur la fertilité. Sensible à cette problématique, le corps médical a mis l’accent sur la
recherche de solutions alternatives qui allient les bons résultats oncologiques à la conservation de la
fertilité. La trachélectomie vaginale élargie répond à ces exigences et tend à s’imposer dans le contexte
d’une néoplasie cervicale débutante chez une patiente manifestant un désir de grossesse. La littérature
rapporte une faible morbidité associée à cette intervention et des résultats oncologiques comparables aux
traitements radicaux traditionnels en termes de survie et de récidive. Le point de vue obstétrical est
également prometteur puisque récemment, des taux encourageants de grossesses et de naissances
d’enfants en bonne santé ont été rapportés.
© 2006 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Mots clés : Cancer du col débutant ; Trachélectomie élargie vaginale ; Fertilité

Plan 1, 39 % avaient moins de 40 ans [3]. Une proportion significa-


tive de femmes sont donc diagnostiquées à un stade débutant
et pendant leur période de fécondité.
¶ Introduction 1
En parallèle, on note une nette tendance à retarder l’âge de
¶ Trachélectomie élargie par voie vaginale : « opération la première grossesse vers la fin de la trentaine ou au début de
de Dargent » 2 la quarantaine. En effet, entre 1990 et 2002, le pourcentage de
Aspects techniques 2 première grossesse a augmenté de 31 % chez les femmes de 35
Résultats oncologiques 6 à 39 ans et de 51 % chez les femmes de 40 à 45 ans [4].
Résultats obstétricaux 7 Le cancer du col de stade débutant (FIGO 1A-1B1) a généra-
Résultats sur la fertilité 8 lement un pronostic très favorable puisqu’on rapporte un taux
¶ Alternatives chirurgicales 9 de survie à 5 ans supérieur à 90 % [5]. Cependant, ce succès a
Trachélectomie élargie abdominale 9 un prix car les options thérapeutiques « classiques » engendrent
Trachélectomie élargie laparoscopique et vaginale 10 irrémédiablement le deuil de la fertilité. Chez les jeunes
Trachélectomie élargie laparoscopique totale 10 patientes, guéries de leur affection, la préservation de la fertilité
Évolution de la technique 10 représente un élément clé déterminant la qualité de vie de celle-
ci. Il y a une quinzaine d’années, la trachélectomie élargie a été
¶ Chimiothérapie néoadjuvante pour cancer du col localement proposée pour permettre de respecter la fertilité des jeunes
avancé 10 femmes souffrant d’un cancer du col débutant en préservant le
¶ Approche chirurgicale ultraconservatrice pour lésions corps utérin et les annexes. Longtemps cette technique est
débutantes de petits volumes 11 restée marginale et seules quelques privilégiées en ont bénéficié.
¶ Conclusions 11 Cependant, Sonoda et al. ont récemment publié une étude dans
laquelle ils évaluent la proportion de patientes qui, atteintes de
cancer du col débutant, seraient éligibles à cette procédure [6].
Au total, 43 % des patientes (186/435) avaient moins de 40 ans,
et étaient donc potentiellement intéressées par la préservation
■ Introduction de leur fertilité, et parmi elles, 48 % auraient répondu aux
critères de sélection pour bénéficier d’une trachélectomie
En 2002, l’incidence du cancer du col utérin plaçait ce cancer élargie. Ces résultats indiquent qu’une proportion significative
au quatrième rang chez les femmes âgées de 15 à 39 ans, de patientes atteintes d’un cancer du col débutant sont poten-
précédé du cancer du sein, du mélanome et du cancer thyroï- tiellement candidates à une technique qui prend en compte la
dien [1]. Selon les données du Surveillance Epidemiology and préservation de la fertilité.
End Results (SEER), une femme sur 128 est affectée par un L’évaluation de la qualité de vie des jeunes femmes survivant
cancer du col durant sa vie, soit approximativement 10 520 au cancer en général et au cancer du col en particulier doit
nouveaux cas par an aux États-Unis [2]. En 2000, 28 % des impérativement prendre en compte la fertilité. Longtemps
patientes souffrant d’un cancer du col avaient moins de 40 ans négligé, cet aspect est actuellement davantage pris en considé-
et, parmi les patientes atteintes de cancer du col de stade FIGO ration. Lors de l’initiation d’un traitement curatif, les femmes

Techniques chirurgicales - Gynécologie 1


41-720 ¶ Traitement conservateur du cancer du col utérin

regrettent souvent de ne pas avoir été suffisamment informées ciseaux ou pinces à traction-préhension). Une troisième contre-
sur les options qui leur permettraient de prendre des décisions incision de 10 mm est placée en région sus-pubienne. Elle
éclairées concernant le respect de leur fertilité. L’impact accueille une pince de traction, manipulée par l’aide. La
psychologique de l’infertilité des patientes traitées pour cancer lymphadénectomie ilio-obturatrice laparoscopique suit les
gynécologique est majeur et est associé à des états de dépres- mêmes règles et principes qu’en laparotomie : excision des
sion, de stress et de troubles sexuels [7]. Les femmes confrontées ganglions iliaques externes entre la veine circonflexe iliaque
à cette infertilité iatrogène regrettent le manque de considéra- profonde et la bifurcation iliaque, excision des ganglions
tion de la part du corps médical vis-à-vis de cette problématique obturateurs sous la veine iliaque externe jusqu’au nerf obtura-
ressentie comme majeure [8]. teur, excision des ganglions iliaques internes et interiliaques.
Dans ce chapitre, nous passons en revue les options chirurgi- Une fois celle-ci complétée, la patiente est repositionnée pour le
cales qui prennent en compte l’avenir obstétrical en insistant temps vaginal de la procédure. Après avoir rebadigeonné le
sur la trachélectomie élargie vaginale et en incluant les résultats périnée et le vagin, on met délicatement le col sous tension
oncologiques, obstétricaux, de même que les impacts sur la avec une pince de Museux. Lorsque la tumeur est macroscopi-
fertilité. Les autres techniques de trachélectomie élargie seront que, il ne faut pas la morceler afin d’éviter tout risque
discutées à la lumière des avantages et désavantages de chacune d’essaimage.
d’entre elles.
Phase préparatoire
■ Trachélectomie élargie par voie La première étape de la procédure est la phase préparatoire.
D’apparence simple, cette étape est cruciale car elle facilite
vaginale : « opération de Dargent » l’identification ultérieure des espaces avasculaires. On débute
par la délimitation d’une collerette vaginale en saisissant la
À la fin des années 1980, le professeur Daniel Dargent
muqueuse du vagin autour du col avec huit pinces de Kocher,
développe la technique de la trachélectomie élargie par voie
placées circonférentiellement à intervalles réguliers (Fig. 2A). On
vaginale. Il associe un temps laparoscopique permettant l’exé-
injecte 10-20 ml d’une solution de Xylocaïne® 1 % et d’épi-
rèse des ganglions lymphatiques pelviens, ainsi que la dissection
néphrine au 1/100 000e entre chaque pince de Kocher afin
du paramètre distal, à un temps vaginal, où l’on résèque le col,
d’assurer une meilleure hémostase et de faciliter l’identification
une collerette vaginale et les paramètres proximaux (Fig. 1) [9].
des plans de dissection. La muqueuse vaginale est incisée au
Le corps utérin est ainsi préservé avec ses pédicules vasculaires,
bistouri froid au-dessus des pinces et de façon circonférentielle
autorisant le maintien de la fertilité. Au cours des premières
années qui suivent l’introduction de cette technique novatrice, (Fig. 2B). Les muqueuses vaginales antérieure et postérieure
la communauté oncologique gynécologique a réservé un accueil peuvent alors être amenées au-devant du col et saisies par
plutôt froid à cette procédure. La rigueur et la ténacité de quatre ou cinq pinces de Kroback (Fig. 2C). Cela permet de
quelques équipes françaises, canadiennes et anglaises ont permis créer un manchon qui recouvre le col et évite l’essaimage
d’améliorer la technique chirurgicale, d’en préciser les indica- tumoral tout en autorisant une traction efficace sur le spécimen
tions sécuritaires et d’accumuler des résultats rassurants. Ce (Fig. 2D).
faisant, la procédure, après ses débuts timides, s’impose progres-
sivement dans le domaine de l’oncologie gynécologique. Les Phase antérieure
résultats oncologiques, obstétricaux et les résultats en termes de La deuxième étape est la phase antérieure de la procédure qui
fertilité sont prometteurs.
consiste à ouvrir les espaces paravésicaux, à identifier puis à
mobiliser le segment distal des uretères depuis le croisement
Aspects techniques avec les vaisseaux utérins jusqu’à leur implantation vésicale.
La procédure débute par une laparoscopie et une lymphadé- Le spécimen est attiré vers le bas par une traction ferme sur
nectomie pelvienne complète afin de s’assurer de l’absence de les pinces de Kroback, alors que la muqueuse vaginale anté-
métastases ganglionnaires, auquel cas la trachélectomie est rieure est soulevée à 12 h 00 par une pince anatomique à dents.
annulée au profit d’un traitement de radiochimiothérapie L’espace vésico-utérin est défini aux ciseaux Metzenbaum
concomitante. La technique de lymphadénectomie pelvienne perpendiculairement au col. On prend soin de ne pas entrer
laparoscopique a été amplement décrite [10] . L’installation dans la cavité péritonéale antérieure comme on le ferait lors
nécessite quatre incisions de trocarts. Un trocart de 10 mm est d’une hystérectomie vaginale classique (Fig. 3A).
placé en région ombilicale pour accueillir l’optique. Nous L’espace paravésical est ouvert de la manière suivante : le
utilisons trois contre-incisions. Deux trocarts de 5 mm sont spécimen est attiré vers le bas et vers le côté opposé à l’espace
situés à mi-distance entre l’épine iliaque supérieure et l’ombilic. concerné. Deux pinces de Kocher sont placées au niveau de la
Ils accueillent les instruments de l’opérateur (pince bipolaire, muqueuse vaginale antérieure (à 1 h 00 et 3 h 00 pour l’espace
paravésical gauche et à 11 h 00 et 9 h 00 pour l’espace paravé-
sical droit). Cette prise permet de délimiter un triangle formé
par le pilier vésical, la muqueuse vaginale et les pinces de
Kroback. La pointe des ciseaux de Metzenbaum, appliquée au
centre de ce triangle, est dirigée vers le haut et latéralement
dans un axe oblique pour perforer le fascia pelvien profond et
ainsi pénétrer dans la fosse paravésicale (Fig. 3B). L’accès à la
fosse est élargi à la faveur d’un mouvement de rotation des
ciseaux sous l’os pubien. Ceci représente sans doute un des
temps les plus délicats de la technique. Il permet la délimitation
du pilier vésical dans lequel chemine l’uretère distal. En effet, le
« genou » de l’uretère est palpé avec précaution au sein des
piliers vésicaux par la pression du doigt sur les ciseaux situés
dans la fosse paravésicale (Fig. 3C).
Un rétracteur de Breisky est positionné dans la fosse paravé-
sicale et un rétracteur de Deaver dans l’espace vésicovaginal
(Fig. 4A). Il est essentiel de localiser avec précision la position
de l’uretère avant d’exciser les piliers. Le pilier vésical, alors mis
Figure 1. Représentation schématique de la trachélectomie élargie sous tension, est disséqué aux ciseaux bipolaires à mi-distance
vaginale : exérèse du col utérin avec une collerette vaginale et les para- entre la base de la vessie et la portion ventrale du spécimen
mètres. (Fig. 4B). Lorsque le « genou de l’uretère » apparaît, il est saisi

2 Techniques chirurgicales - Gynécologie


Traitement conservateur du cancer du col utérin ¶ 41-720

Figure 2. Réalisation de la collerette vaginale.


A. Disposition des pinces de Kocher et délimitation de la collerette vaginale.
B. Incision circonférentielle de la collerette vaginale.
C. Fermeture progressive de la collerette vaginale par la réapproximation des berges vaginales
antérieure et postérieure à l’aide des pinces de Kroback.
D. Le manchon vaginal est complété, permettant une bonne traction.

Figure 3. Temps antérieur de la procédure.


A. Dissection de l’espace vésicovaginal.
B. Ouverture de l’espace paravésical gauche.
C. L’uretère distal gauche est palpé dans le pilier vésical.

et mis sous tension par une pince de Babcock (Fig. 4C,D). Cela Phase postérieure
facilite la mobilisation de sa portion distale et aide à la mobili-
sation de la base de la vessie. Cette étape est répétée de part et La troisième étape est la phase postérieure qui consiste à
d’autre. clamper les paramètres et la branche descendante de l’artère

Techniques chirurgicales - Gynécologie 3


41-720 ¶ Traitement conservateur du cancer du col utérin

Figure 4. Mobilisation de l’uretère distal.


A. Le pilier vésical gauche est exposé.
B. Ouverture du pilier vésical gauche aux ciseaux bipolaires.
C. Le « genou » de l’uretère distal est exposé après dissection du pilier vésical.
D. L’uretère est saisi par une pince de Babcock et mobilisé alors que le pilier vésical latéral est disséqué.

Figure 5. Temps postérieur de la procédure.


A. Ouverture du cul-de-sac de Douglas.
B. Ouverture de la fosse pararectale gauche.
C. Clampage du ligament utérosacré gauche.

utérine. Pour ce faire, le péritoine postérieur est ouvert comme vésicovaginal. Le col est attiré latéralement par une traction des
on le ferait pour une hystérectomie vaginale (Fig. 5A). Après pinces de Kroback permettant la mise sous tension des paramè-
ouverture de la fosse pararectale (Fig. 5B), les ligaments utéro- tres. Un clamp incurvé de type Heaney est placé au niveau du
sacrés sont identifiés, clampés, sectionnés et ligaturés en paramètre proximal permettant à un second de clamper le
utilisant une aiguillée de fil synthétique résorbable, tressé, type paramètre plus distalement, c’est-à-dire au contact du genou de
Vicryl ® -0. La position de l’uretère est reprécisée avant de l’uretère (Fig. 6A). Après section, le paramètre est ligaturé au
clamper les paramètres ou plus précisément la portion inférieure Vicryl® 2-0. Vient ensuite le moment du clampage des branches
du paramètre, à savoir le paracolpos (Fig. 5C). Au besoin, descendantes des artères utérines au niveau de l’isthme utérin.
l’uretère peut être mobilisé davantage si l’on désire une résec-
Ce temps est spécifique à la trachélecomie et la distingue de
tion plus large des paramètres. Ensuite, on identifie et on
l’hystérectomie élargie au cours de laquelle l’artère utérine est
clampe la branche descendante de l’artère utérine après avoir
localisé la boucle ascendante de l’artère utérine. Cette dernière sectionnée à son émergence du tronc hypogastrique. En effet, la
est préservée autant que possible afin de maximiser la vascula- préservation de la crosse de l’artère utérine et de sa branche
risation utérine et d’optimiser les résultats obstétricaux. ascendante est susceptible de concourir à la vascularisation
adéquate de l’utérus et de l’unité fœtoplacentaire à venir. Ainsi,
Phase latérale et phase d’exérèse après identification de l’isthme utérin et de la crosse utérine, un
La quatrième étape est la phase d’exérèse du spécimen. clamp courbe à angle droit saisit la branche descendante de
Les espaces avasculaires sont à nouveau précisés par le l’artère utérine (Fig. 6B). Après section, celle-ci est liée au
replacement de rétracteurs au niveau des espaces paravésical et Vicryl® 2-0.

4 Techniques chirurgicales - Gynécologie


Traitement conservateur du cancer du col utérin ¶ 41-720

Figure 6.
A. Clampage du paramètre proximal gauche.
B. Clampage du paramètre et de l’artère cervico-
vaginale, sous la crosse de l’artère utérine.

Figure 7.
A. Visualisation de la jonction cervico-isthmique.
B. et C. Section de la pièce de trachélectomie élargie sous la jonction cervico-isthmique.

Figure 8.
A. Spécimen de trachélectomie élargie.
B. Réalisation de l’anastomose cervico-isthmique
avec la muqueuse vaginale.

Le spécimen est maintenant prêt à être excisé (Fig. 7A) : une recoupe de col résiduel peut être réalisée. Si la marge est
alors que l’isthme est localisé et, si la lésion le permet, positive, il est préférable de compléter la procédure par la
la partie distale du col est sectionnée, à 5 à 10 mm sous réalisation d’une hystérectomie radicale afin de minimiser les
l’isthme, au bistouri froid. Ceci permet de conserver une courte risques de récidive.
portion de col sain (Fig. 7B,C).
Un curetage endocervical est prélevé pour confirmer l’absence Phase de reconstruction
de néoplasie résiduelle. Si le cancer a été complètement excisé
lors de la conisation diagnostique préalable, le spécimen n’est La cinquième phase est la phase de reconstruction. Lorsque les
pas envoyé pour examen extemporané mais est gardé intact marges sont sécuritaires, on débute la fermeture par un point en
pour échantillonnage extensif par le pathologiste. En revanche, bourse fermant le péritoine postérieur au Vicryl® 2-0. Ensuite,
si une lésion macroscopique persiste sur le col, un examen on place un cerclage permanent autour du col avec un fil de
extemporané est réalisé sur le spécimen entier (Fig. 8A) pour Prolene-1 visant à prévenir la dilatation prématurée du col lors
préciser le statut de la tranche supérieure du spécimen et pour d’une éventuelle grossesse. Ensuite, la muqueuse vaginale est
mesurer la distance entre la marge endocervicale et le pôle suturée au stroma cervical par des points séparés de Vicryl® 2-0
supérieur de la lésion en réalisant une coupe longitudinale de (Fig. 8B). En routine, nous retournons ensuite au temps laparo-
l’exocol vers l’endocol. Si la distance est inférieure à 8-10 mm, scopique pour vérifier l’hémostase.

Techniques chirurgicales - Gynécologie 5


41-720 ¶ Traitement conservateur du cancer du col utérin

Tableau 1.
Résultats oncologiques après trachélectomie élargie vaginale.
Auteurs n Suivi médian (mois) Récidives Décès Trachélectomies avortées
Dargent [17] 95 76 (4-176) 4 (4,2 %) 3 (3,1 %)* 13/108 (12 %)
Covens [18] 93 30 (1-103) 7 (7,3 %) 4 (4,2 %) 0/93 (0 %)
Plante [19] 72 60 (6-156) 2 (2,8 %) 1 (1,4 %)* 10/82 (12 %)
Shepherd [20] 30 23 (1-64) 0 0 4/30 (13 %)
Burnett [21] 19 31 (22-44) 0 0 2/21 (10 %)
Schlaerth [22] 10 47 (28-84) 0 0 2/12 (17 %)
Total 319 44 (1-176) 13 (4,1 %) 8 (2,5 %) 31/346 (9 %)
*À l’exclusion d’un cas de tumeur à petites cellules neuroendocrines.
Adapté d’après M. Plante et al. Gynecol Oncol 2004;94(3):614-23.

Résultats oncologiques iliaque. La tumeur initiale était un adénocarcinome de stade


FIGO IB1, mesurant 2,1 × 2,0 cm. Les ganglions lymphatiques
Critères de sélection pelviens (n = 30) étaient tous négatifs mais la marge de sécurité
chirurgicale n’était que de 5 mm [24]. La seconde récidive est
En 1998, les critères de sélection pour l’opération de Dargent
survenue dans la cloison rectovaginale et vésicovaginale 4 ans
ont été proposés afin de sélectionner les patientes susceptibles
après la trachélectomie. Il s’agissait d’une lésion épidermoïde de
de bénéficier de cette technique conservatrice sans compromet-
stade IB1 mesurant 1,5 cm et les 14 ganglions lymphatiques
tre les résultats oncologiques [11]. La plupart ont été maintenus
étaient négatifs. Les marges de sécurité chirurgicales étaient
jusqu’à ce jour. L’intervention s’adresse principalement aux
supérieures à 10 mm mais il y avait une invasion des espaces
femmes présentant une tumeur de taille inférieure à 2,0-
vasculaires [25] . La troisième récidive est apparue sur le col
2,5 cm. Cependant, en cas de lésion majoritairement exophyti-
restant près de 7 ans après réalisation d’une trachélectomie pour
que, elle peut éventuellement être proposée aux patientes ayant
un adénocarcinome cervical et ce, en dépit d’un suivi régulier
des tumeurs plus volumineuses.
tous les 6 mois [26]. On peut se demander s’il s’agit réellement
Une résonance magnétique nucléaire (RMN) pelvienne est
d’une récidive ou d’un second primaire.
réalisée dans le bilan préopératoire. Elle permet de documenter
Le risque de récidive semble corrélé au volume tumoral. En
l’extension endocervicale et isthmique de la tumeur par rapport
effet, nos données personnelles confirment celles de Dargent et
à l’orifice interne du col. Ce paramètre est difficile à préciser
indiquent qu’une lésion de taille supérieure à 2 cm est statisti-
cliniquement et la RMN est l’outil le plus performant pour
quement associée à un plus grand risque de récidive [27] .
prédire l’extension endocervicale d’une tumeur cervicale. De
L’invasion des espaces lymphovasculaires est également un
manière évidente, la procédure ne pourra être proposée si les
facteur de risque de récidive, quoique ce facteur ne représente
marges de sécurité supérieures ne sont pas garanties [12]. La
pas une contre-indication absolue à la réalisation de la procé-
RMN permet également de détailler le diamètre et le volume
dure. Le type histologique, à l’exception des sous-types particu-
tumoral ainsi que l’extension paramétriale avec une précision
lièrement agressifs comme les tumeurs à petites cellules,
supérieure à l’examen clinique [13, 14]. Le statut des ganglions
n’apparaît pas associé au risque de récidive. Même s’il est
lymphatiques pelviens est en revanche évalué avec une préci-
localisé plus fréquemment à l’endocol, l’adénocarcinome
sion limitée puisque la sensibilité et la spécificité de la RMN
n’apparaît pas clairement lié à un risque accru de récidive.
sont de 73 et 93 % et la valeur prédictive positive n’atteint que
Le statut ganglionnaire représente le facteur pronostique
53 % [15].
indépendant le plus significatif en termes de survie et de
Dans notre service, comme dans la plupart des autres services,
récidive. La découverte de métastases ganglionnaires fortuites
10 % des trachélectomies vaginales élargies planifiées sont
modifie radicalement le type d’intervention. En effet, on
abandonnées en cours d’intervention à la suite de la découverte
abandonne la procédure conservatrice à la faveur d’une radio-
peropératoire, soit de métastases ganglionnaires, soit d’une
chimiothérapie concomitante dont la limite du champ d’irra-
extension endocervicale plus importante que prévue [16]. Dans
diation sera définie par le statut des ganglions para-aortiques.
l’éventualité d’une extension endocervicale ou isthmique,
Nous réalisons dès lors une lymphadénectomie para-aortique
l’intervention est convertie en une hystérectomie élargie par
inframésentérique par laparoscopie pour documenter histologi-
voie vaginale préparée par laparoscopie (Coelio-Schauta).
quement la région para-aortique. Les ovaires peuvent être
L’information exhaustive préopératoire des patientes et l’obten-
transposés dans les gouttières pariétocoliques dans l’espoir de
tion d’un consentement éclairé sont donc des éléments dont
sauvegarder la fonction ovarienne et d’éviter ainsi la survenue
l’importance ne sera jamais assez rappelée.
d’une ménopause précoce induite par la radiothérapie. Lors de
Récidives l’intervention, l’analyse extemporanée du ganglion sentinelle
est la méthode de choix pour la détection des métastases
Le taux de récidives à moyen et à long terme qui suit une ganglionnaires [28, 29].
opération de Dargent a été récemment publié (Tableau 1) [16, 21, Un bilan préopératoire précis est donc essentiel afin :
22]. Il est inférieur à 5 % et le taux de décès est de 2,5 %. Ces
• de préciser l’éligibilité des patientes (volume tumoral,
résultats sont comparables à ceux rapportés après la réalisation extension para-/supracervicale) ;
d’une hystérectomie élargie pour néoplasie de même stade. • de réduire les risques de conversion en procédures non
Dans notre expérience québécoise, le taux de survie à 5 ans est conservatrices (Fig. 9).
de 95 % [16]. La moitié des récidives reste localisée dans le pelvis
(paramètres et paroi pelvienne), les autres se manifestent à
Suivi
distance (métastases intra-abdominales et métastases ganglion-
naires para-aortiques ou supraclaviculaires). L’équipe torontoise Le suivi des patientes après l’opération de Dargent est
de Covens a comparé la survie des patientes ayant bénéficié identique à celui proposé aux patientes après hystérectomie
d’une trachélectomie élargie vaginale à celle de patientes ayant élargie. Il comprend un examen clinique tous les 3 mois au
subi, pour une lésion similaire, une hystérectomie élargie cours des deux premières années, puis tous les 4-6 mois les
abdominale. Aucune différence n’apparaît en termes de 3 années suivantes, et ensuite un examen annuel. Un examen
survie [23]. colposcopique après le prélèvement d’une cytologie cervicova-
Récemment, trois récidives locorégionales ont été rapportées. ginale est idéalement réalisé. L’utilisation d’une cytobrosse est
La première est survenue 26 mois après la trachélectomie, elle préférable pour le prélèvement endocervical, particulièrement
était localisée dans le pelvis, au niveau vésical et ganglionnaire chez les patientes présentant une ouverture cervicale étroite.

6 Techniques chirurgicales - Gynécologie


Traitement conservateur du cancer du col utérin ¶ 41-720

La RMN s’avère également utile dans le suivi des patientes


après une trachélectomie élargie. Elle décrit les remodelages
Critères de sélection anatomiques postopératoires comme l’anastomose terminoter-
- Désir de fertilité minale entre l’utérus et le vagin, la formation des culs-de-sac de
- Lésion < 2,0 cm la paroi vaginale postérieure, un éventuel hématome, les
- Adénocarcinome artefacts liés au cerclage permanent, une possible sténose
- Carcinome épidermoïde isthmique, un épaississement des parois vaginales, etc. Sahdev
et al. ont illustré avec détails ces modifications anatomiques
postopératoires [31]. La connaissance par les cliniciens et les
Résonance magnétique pelvienne radiologues de ces modifications anatomiques post-
trachélectomie est nécessaire de façon à pouvoir les distinguer
des véritables récidives. La RMN est également utile pour
Extension endocervicale haute Extension endocervicale limitée dépister ou documenter une récidive pelvienne. Cependant, la
fréquence avec laquelle cet examen complémentaire doit être
proposé lors du suivi des patientes reste à préciser [31].
Hystérectomie élargie Laparoscopie
lymphadénectomie pelvienne
bilatérale ± GS
Résultats obstétricaux
Nous avons récemment publié les résultats obstétricaux des
patientes ayant bénéficié d’une trachélectomie vaginale élargie
Absence de métastases dans notre centre. Nos résultats sur 50 grossesses sont encoura-
Métastases ganglionnaires
ganglionnaires geants [19]. En résumé, une grossesse sur trois se termine au
premier ou au deuxième trimestre alors que les deux tiers se
terminent au troisième trimestre dont un quart se soldent par
une naissance prématurée (< 37 semaines). Les trois quarts des
- Biopsie ganglionnaire Trachélectomie élargie vaginale grossesses évoluant jusqu’au troisième trimestre atteignent donc
para-aortique leur terme. Une revue de 16 séries totalisant 161 grossesses post-
- Suspension ovarienne trachélectomie a montré un résultat similaire [32]. Le Tableau 2
- Radiochimiothérapie reprend les résultats publiés jusqu’à ce jour.
concomitante Examen extemporané
Fausses couches du premier trimestre
En général, le taux de fausses couches du premier trimestre
Marges endocervicales + Marges endocervicales - après trachélectomie est comparable au taux habituel de fausses
couches dans la population, soit environ 16 %. Heureusement,
la plupart des fausses couches peuvent être traitées par l’expec-
tative. Dans nos séries, six des huit fausses couches ont été
Recoupe du col restant Cerclage traitées initialement de façon conservatrice et, parmi celles-ci,
versus et anastomose cinq patientes ont avorté spontanément, la sixième nécessitant
hystérectomie élargie vaginale cervicovaginale
finalement du misoprostol (Cytotec ® ) puis un curetage en
(Schauta) raison d’une élimination incomplète accompagnée d’une
endométrite. Les deux autres reçurent d’emblée du misoprostol ;
l’une s’élimina spontanément tandis que l’autre nécessita un
Figure 9. Arbre décisionnel. GS : ganglion sentinelle. curetage. Si un curetage s’avère nécessaire, le col est dilaté
précautionneusement et a minima de façon à éviter la rupture
Une surveillance à long terme s’impose pour dépister les du cerclage. En cas de rupture, un autre cerclage peut être placé
récidives tardives de même que de nouvelles tumeurs primitives, lors d’une grossesse ultérieure à 14-16 semaines de grossesse.
parfois de nombreuses années après la trachélectomie élar-
gie [26]. Cependant, il n’y a pas d’argument solide pour proposer Fausses couches du deuxième trimestre
une hystérectomie totale une fois la famille complétée. Le choix
Le taux d’interruptions de grossesse au deuxième trimestre est
appartient à la patiente et à son médecin.
actuellement supérieur à celui rencontré dans la population
Une des complications reconnues de la trachélectomie
générale (10 versus 4 %). Leur prise en charge est plus problé-
vaginale élargie est la sténose du canal cervical. Le suivi
matique. Un traitement conservateur doit être tenté en première
colposcopique et le prélèvement cytologique en sont affectés.
intention. Dans notre expérience, deux patientes ont avorté
Singh et al. rapportent les résultats de 197 prélèvements
spontanément [19]. En cas de rupture prématurée de la poche
cervicaux réalisés chez 32 patientes après trachélectomie
des eaux ou de dilatation prématurée du col, le travail peut être
élargie [30]. Ils signalent la présence de cellules endométriales
induit par misoprostol (Cytotec ® ) avec ou sans retrait du
dans 58 % des frottis et déplorent 2 % de faux positifs. Ils
cerclage de façon à permettre la voie basse [23]. En cas d’échec,
notent également 76 % de frottis insatisfaisants ne contenant
une dilatation et une évacuation peuvent être réalisées avec ou
pas de cellules glandulaires endocervicales. La plupart du temps,
sans retrait du cerclage. En ultime recours, une hystérotomie
les patientes dont les prélèvements cytologiques sont non
peut s’avérer nécessaire si les paramètres maternels l’imposent et
satisfaisants ou présentent des atypies cellulaires sont en
si les autres mesures conservatives ont échoué.
rémission clinique. Cependant, les mêmes auteurs rapportent
deux cas de récidives pelviennes précédées de longtemps par des
Accouchements du troisième trimestre
anomalies cytologiques [30].
En conclusion, les anomalies cytologiques post-trachélectomie La revue de six études totalisant plus de 100 grossesses
doivent être considérées avec précaution, d’autant plus si elles indique que les deux tiers des grossesses atteignent le troisième
persistent. Dans nos séries, plusieurs patientes présentent des trimestre [19] . Environ 25 % de ces patientes accouchent
degrés variables d’atypies cellulaires, souvent glandulaires, dont prématurément (< 37 semaines). Heureusement, les grands
l’origine est vraisemblablement liée à une réaction inflamma- prématurés (< 28 semaines) ne représentent que 10 % des
toire glandulaire du segment inférieur de l’utérus. La détection naissances. Il est important de signaler que, parmi les grands
du génome des virus human papilloma virus (HPV) à haut risque prématurés, on compte trois grossesses gémellaires qui représen-
par les méthodes sensibles (hybrid capture II, polymerase chain tent, indépendamment de l’antécédent de trachélectomie, un
reaction [PCR]) pourrait représenter un outil utile pour discrimi- plus grand risque d’accouchement prématuré. Réciproquement,
ner les anomalies cytologiques significatives des faux positifs. 75 % des patientes qui ont atteint le troisième trimestre ont

Techniques chirurgicales - Gynécologie 7


41-720 ¶ Traitement conservateur du cancer du col utérin

Tableau 2.
Revue de la littérature. Avenir obstétrical après trachélectomie élargie vaginale.
Schlaerth [22] Burnett [21] Shepherd [20] Dargent [17] Covens [18] Roy/Plante [19] Total
n = 12 n = 21 n = 30 n = 95 n = 80 n = 72 n = 310
Grossesses/patientes 4/4 3/3 14/8 56/34 22/18 50/31 149/98
FC 1er trimestre
Spontanée 0 0 4 (29 %) 9 (16 %) 3 (14 %) 8 (16 %) 24 (16 %)
Thérapeutique 0 0 0 3 0 2 5 (3,4 %)
Ectopique 0 0 0 2 0 0 2 (1,3 %)
FC 2e trimestre 2 (50 %) 1 (33 %) 1 (7 %) 8 (14 %) 1 (4,5 %) 2 (4 %) 15 (10 %)
Accouchement 2 (50 %) 2 (66 %) 9 (64 %) 34 (61 %) 18 (82 %) 36 (72 %) 101 (68 %)
3e trimestre
24-28 semaines - 1 (gémellaire) 3 N/A 2 (gémellaire) 2 8
29-32 semaines 1 – 1 N/A 5 1 1* 45
33-36 semaines - – 3 N/A 3 5 11
> 37 semaines 1 (50 %) 1 (50 %) 2 (22 %) 29 (85 %) 12 (67 %) 28 (78 %)** 73 (72 %)
FC : fausse couche ; *Décès néonatal, septicémie à E ; **Grossesse gémellaire, réduction embryonnaire.
Adapté d’après M. Plante et al. Gynecol Oncol 2005;98(1):3-10.

accouché à terme par césarienne élective. Les nouveau-nés de la littérature concernant la rupture prématurée des membra-
présentent un poids attendu pour l’âge gestationnel. Ceci est en nes et l’incompétence cervicale en obstétrique générale [19, 36,
accord avec les données rapportées par Klemm et al. qui 37]. Ces recommandations sont brièvement livrées ci-dessous.

montrent par échographie doppler endovaginale que la perfu- L’abstention de cytologies endocervicales de routine lors de la
sion utérine demeure inchangée après trachélectomie élargie grossesse (à moins de raisons particulières) pourrait réduire le
vaginale [33]. risque d’infection ascendante. On déconseille également les
La voie d’accouchement préconisée est la césarienne prophy- rapports sexuels entre la 20e et la 36e semaine de grossesse.
lactique. Cependant, sur le plan strictement technique, le L’administration prophylactique d’antibiotiques entre 14 et
cerclage peut être sectionné et l’accouchement se dérouler par 16 semaines et la réalisation de cultures vaginales toutes les
voie basse si la patiente le désire. Cependant, cela s’inscrit dans 2 semaines tout au long de la grossesse ont été recommandées
un contexte de col remanié et cicatriciel qui peut présenter des par Shepherd [20]. L’efficacité de cette approche n’est cependant
difficultés de dilatation de sorte qu’un traumatisme cervical lors pas démontrée. La réalisation systématique d’une cure de
d’un accouchement eutocique ou assisté par manœuvre peut maturation pulmonaire par corticothérapie est également
s’avérer délicat à réparer ou entraîner une hémorragie significa- débattue et doit plutôt être envisagée au cas par cas [20]. Ces
tive difficile à juguler si la déchirure s’étend vers les pédicules options doivent être discutées de concert entre l’obstétricien et
utérins. De plus, si une patiente désire avoir plus d’une gros- le néonatologue.
sesse, il peut être préférable de ne pas retirer le cerclage. Il est L’indication de l’intervention de Saling, proposée par Dar-
en effet rassurant de constater qu’il est possible d’entreprendre gent, est également débattue [38]. Cette intervention consiste à
plusieurs grossesses après trachélectomie. Dans notre série, en recouvrir le col par l’interposition de muqueuse vaginale devant
effet, 16 % des patientes ont eu jusqu’à trois ou quatre grosses- l’orifice cervical. Elle crée de facto un vagin borgne et vise à
ses après une trachélectomie [19]. prévenir l’infection ascendante [17]. Cependant, l’intervention
elle-même, habituellement réalisée à la 14e semaine de gros-
Accouchements prématurés et fausses couches sesse, n’est pas sans risques. Nous ne la réalisons pas de routine
du deuxième trimestre mais la réservons aux patientes ayant présenté un accouche-
ment prématuré lors de leur première grossesse post-
L’accouchement prématuré et la fausse couche du deuxième trachélectomie.
trimestre représentent une complication significative pour les La fréquence des touchers vaginaux peut être limitée,
patientes ayant bénéficié d’une trachélectomie élargie. Deux d’autant plus que sa performance à dépister le risque d’accou-
explications sont proposées [20]. La première est mécanique et chement prématuré est médiocre. L’échographie transvaginale
implique une incompétence cervico-isthmique liée au raccour- en ce sens s’avère supérieure dans l’évaluation de la longueur du
cissement important du col et à l’anastomose cervicovaginale. col [39]. Particulièrement entre 14 et 24 semaines de gestation,
La seconde est infectieuse et suggère que le raccourcissement
les examens échographiques transvaginaux possèdent une
cervical l’empêche de jouer son rôle de barrière naturelle contre
meilleure valeur prédictive du risque d’accouchement prématuré
les infections ascendantes. En conséquence, une chorioamnio-
pour les grossesses à haut risque [40]. Le rôle bénéfique potentiel
nite chronique et subaiguë s’accompagne d’une activation des
des suppositoires de progestérone et des suppléments d’acides
cytokines et éventuellement d’une rupture prématurée des
gras de type oméga-3 reste à démontrer [41-44].
membranes. Il n’est pas certain que le cerclage en lui-même
Les grossesses qui font suite à une trachélectomie élargie sont
puisse être une source de contamination bactérienne, quoiqu’un
à risque plus élevé de prématurité. Leur surveillance doit
cas d’infection par Actinomyces associée au cerclage ait été
s’intégrer dans un contexte multidisciplinaire associant l’obsté-
rapporté [34].
tricien en charge des problèmes de grande prématurité, de
concert avec le néonatologue.
Surveillance d’une grossesse après trachélectomie
Le risque d’accouchement prématuré avant 37 semaines est Résultats sur la fertilité
étroitement corrélé à la longueur du col utérin et ce risque
s’accroît significativement pour un col mesurant moins de À l’introduction de la technique, le maintien de la fertilité
2,5 cm [35]. Il n’est donc pas surprenant que la trachélectomie après trachélectomie a fait couler beaucoup d’encre. Avec du
élargie représente un risque accru d’accouchement prématuré recul, on observe que la plupart des femmes désirant une
comme l’est d’ailleurs la conisation du col. Il n’y a pas de grossesse l’obtiennent sans recourir aux techniques de procréa-
consensus concernant la surveillance obstétricale après traché- tion médicalement assistée [19, 32].
lectomie. Nous avons cependant proposé quelques recomman- L’infertilité post-trachélectomie élargie s’explore de manière
dations fondées sur notre propre expérience et sur les données traditionnelle. Les causes anovulatoires, les anomalies tubaires,

8 Techniques chirurgicales - Gynécologie


Traitement conservateur du cancer du col utérin ¶ 41-720

l’endométriose, l’infertilité masculine, doivent être explorées. Si niveau de la tranche de section envahie [48]. Cette étude incluait
aucune cause n’est décelée, l’infertilité est alors mise en relation notamment cinq patientes de stade 1B2, avec des lésions
avec un facteur cervical secondaire à la trachélectomie, comme mesurant jusqu’à 6 cm ! Près de 66 % des patientes furent
une sténose cervicale, une fibrose, une insuffisance de produc- transfusées de deux unités de sang en moyenne, ce qui est
tion de mucus cervical, etc. Les patientes présentant une rarement nécessaire lors d’une trachélectomie élargie vaginale.
infertilité consécutive à un facteur cervical peuvent répondre La durée d’hospitalisation oscillait entre 12 et 22 jours alors
favorablement à un traitement par insémination intra-utérine qu’elle est de 2 à 3 jours lors de l’approche vaginale. Une plaie
(IIU) ou à une fécondation in vitro avec transfert d’embryon urétérale fut décrite. La grande majorité des patientes, à
(FIVETE) [18, 19]. Lors des fécondations in vitro, la survenue de l’exception de deux d’entre elles, retrouvèrent des cycles
grossesses multiples représente cependant un risque supplémen- menstruels réguliers. Un syndrome d’Asherman et une sténose
taire d’accouchement prématuré particulièrement important cervicale furent les causes des aménorrhées secondaires rappor-
dans ce contexte d’insuffisance cervico-isthmique induite par la tées [48]. Des cinq patientes qui tentèrent activement d’obtenir
trachélectomie. Une de nos patientes, enceinte de jumeaux suite une grossesse, trois y parvinrent dont une par FIV. Une patiente
à une FIV, a choisi de subir une réduction embryonnaire et fit une fausse couche au premier trimestre et deux accouchèrent
accoucha à terme d’un enfant en bonne santé. Elle entreprit à terme par césarienne. Les résultats obstétricaux, quoique
ensuite une nouvelle grossesse survenue... spontanément. limités, apparaissent prometteurs [48].
Globalement, dans notre expérience, sept patientes ont présenté D’un point de vue oncologique, les auteurs ont rapporté leur
une infertilité post-trachélectomie. Cinq d’entre elles ont première récidive [49]. La patiente présentait une lésion exophy-
obtenu une grossesse, soit par IIU ou par FIV... ou tique de 3,8 cm. Les ganglions et la tranche de section étaient
naturellement [19]. négatifs, la tumeur impliquait le premier tiers du stroma cervical
Une histoire d’infertilité n’est donc pas une contre-indication et les espaces angiolymphatiques étaient libres. L’examen de
à la trachélectomie élargie. On rapporte le cas de patientes contrôle, à 4 mois de la chirurgie, était normal. À 6 mois, la
considérées infertiles qui, à la suite d’une trachélectomie, furent patiente développa une récidive vaginale mesurant 6 cm. Après
enceintes spontanément ou avec l’aide des techniques de un traitement de rattrapage de radiochimiothérapie concomi-
procréation médicalement assistée [23]. La chirurgie de préserva- tante, la patiente présenta une rémission clinique complète. Les
tion de la fertilité ne doit donc pas être refusée chez ces auteurs se posent la question de savoir si cette récidive précoce
patientes. peut être attribuée à un essaimage de cellules cancéreuses
durant le temps opératoire [49]. Un autre cas de récidive locale
Sténose cervicale précoce, au niveau du col lui-même, à la suite d’une trachélec-
La sténose cervicale suite à une trachélectomie demande une tomie abdominale, a récemment été rapporté. Il s’agit d’un
attention particulière. Certaines patientes présentent des carcinome épidermoïde mesurant 4 × 10 mm impliquant les
douleurs et des crampes abdominales menstruelles de novo. Une espaces angiolymphatiques, mais pas les tranches de section. Six
dilatation du canal cervical peut être réalisée sous anesthésie, mois après la chirurgie, une cytologie cervicale documente des
idéalement lors des menstruations, de façon à repérer plus cellules suspectes et la pièce d’hystérectomie contenait une
facilement l’orifice cervical. La dilatation peut nécessiter le récidive isolée de 3 mm au niveau du col résiduel [50]. Un autre
concours d’une échographie et d’une laparoscopie pour éviter groupe rapporte son expérience de trois cas de trachélectomie
une fausse route ou une perforation [45] . Chez les femmes abdominale élargie [51] dont une patiente accouche à terme et
asymptomatiques, rien ne doit être entrepris. Si l’infertilité poursuit une seconde grossesse.
semble être consécutive à une sténose cervicale, une FIV peut Abu-Rustum et al., du Memorial Sloan-Kettering Cancer
représenter une solution si la dilatation du col et l’insémination Center de New York, décrivent une application originale et
intra-utérine ne peuvent être réalisées. Il faut se rappeler que le exceptionnelle de la trachélectomie abdominale élargie dans
transfert d’embryon peut également être délicat. Un cas de une population pédiatrique. En effet, ils rapportent le cas de
sténose cervicale a été résolu par l’utilisation d’un cathéter de deux fillettes de 6 et 8 ans porteuses de néoplasie cervicale à
Malécot placé dans le col après dilatation, de façon à le cellules claires pour lesquelles une approche vaginale est
maintenir ouvert pendant la période d’induction de inappropriée [52] . La capacité de procréation future reste à
l’ovulation [46]. préciser chez ces enfants prépubaires.
L’avantage principal de la trachélectomie abdominale élargie
réside dans ses aspects techniques. En effet, à l’exception de la
■ Alternatives chirurgicales conservation du corps et de l’isthme utérin puis de l’anastomose
isthmovaginale, l’intervention est similaire à l’hystérectomie
La première trachélectomie élargie a été décrite par Dargent abdominale élargie. Elle est ainsi plus aisée à maîtriser pour les
qui favorise l’approche vaginale suite à l’accessibilité naturelle gynécologues oncologues familiers des chirurgies radicales
du col par le vagin. Cependant, l’enseignement de cette abdominales puisqu’elle ne réclame pas de compétence particu-
technique et sa longue courbe d’apprentissage restent un lière en chirurgie laparoscopique ni en chirurgie vaginale. La
obstacle à sa diffusion, particulièrement en Amérique du Nord, courbe d’apprentissage est donc plus rapide pour les gynécolo-
où les gynécologues oncologues pratiquent peu la chirurgie gues oncologues formés aux États-Unis. À l’opposé, Dargent
vaginale. La popularité et l’accessibilité de cette technique ont affirme qu’il est plus bénéfique d’améliorer l’expertise chirurgi-
donc souffert des limitations dues à l’acquisition des habiletés cale que de modifier la technique [53]. Ungar et al. répliquent en
nécessaires à la chirurgie vaginale et laparoscopique. En consé- argumentant que l’excision des paramètres est plus radicale par
quence, des alternatives ont vu le jour ces 10 dernières années voie abdominale et peut donc s’appliquer aux lésions de taille
pour contourner ces difficultés. plus importante [48]. À propos de ces lésions plus volumineuses,
il faudra attendre la publication des résultats oncologiques en
termes de taux de survies et de récidives avant de proposer des
Trachélectomie élargie abdominale traitements conservateurs pour des lésions plus avancées. À
En 1997, Smith et al. décrivent la trachélectomie élargie par l’opposé, une question provocatrice est récemment posée et
voie abdominale au cours de laquelle ils sectionnent les artères questionne la véritable nécessité de disséquer largement les
utérines, puis tentent vainement une réanastomose vascu- paramètres pour des néoplasies très précoces et de faible volume
laire [47]. Plus tard, ils simplifient la technique et les artères dont le risque d’extension paramétriale est faible [54]...
utérines sont sectionnées sans tentative d’anastomose. Il semble Les désavantages de l’intervention abdominale sont les pertes
que la perfusion utérine résiduelle via les pédicules ovariens soit sanguines significativement plus importantes, le taux de
suffisante pour le maintien d’un utérus viable. transfusions sanguines supérieur et la nécessité d’une incision
Le même groupe a récemment publié son expérience totali- abdominale. La ligature des artères utérines peut entraîner une
sant 33 patientes dont trois (9 %) furent exclues, deux pour sténose cervico-isthmique par ischémie et une aménorrhée
ganglions positifs et la troisième pour extension tumorale au secondaire, en plus de nouveau-nés de poids plus faible. Les

Techniques chirurgicales - Gynécologie 9


41-720 ¶ Traitement conservateur du cancer du col utérin

Tableau 3.
Temps opératoires de la trachélectomie élargie vaginale assistée par laparoscopie.
I. Temps laparoscopiques Recherche des ganglions sentinelles
Lymphadénectomie ilio-obturatrice
II. Temps vaginaux
1. Phase préparatoire de la collerette vaginale
2. Phase antérieure Ouverture des espaces vésicovaginaux, paravésicaux, et mobilisation des ure-
tères
3. Phase postérieure Ouverture du cul-de-sac et des espaces pararectaux
4. Phase d’exérèse Excision des paramètres et des branches descendantes des artères utérines
5. Phase de reconstruction Mise en place d’un cerclage permanent et anastomose cervicovaginale.

Tableau 4.
Approches chirurgicales de la trachélectomie élargie*.
Maîtrise de la voie Maîtrise de la voie vaginale Résultats obstétricaux
laparoscopique et oncologiques
Trachélectomie élargie vaginale + +++ +++
Trachélectomie élargie abdominale – – ++
Trachélectomie élargie vaginale assistée par laparoscopie ++ ++ +
Trachélectomie élargie abdominale assistée par laparoscopie +++ + –
* Ne tient pas compte de la lymphadénectomie.

résultats à long terme détermineront si cette technique a un « hybride » (Tableau 4). Chaque approche possède ses propres
impact bénéfique sur la fertilité et sur le poids de naissance des avantages et inconvénients. L’approche vaginale est la plus
nouveau-nés. documentée dans la littérature, et il est donc nécessaire d’obte-
nir des résultats à long terme pour assurer la sécurité des autres
Trachélectomie élargie laparoscopique approches chirurgicales. Il est invraisemblable qu’une étude
randomisée puisse voir le jour dans ce domaine, de sorte que
et vaginale seules l’accumulation des résultats et leurs analyses rétrospecti-
Les progrès en chirurgie laparoscopique ont repoussé les ves permettront de comparer les résultats des différentes
limites techniques associées à cette approche. Récemment, techniques d’un point de vue obstétrical et oncologique.
l’hystérectomie élargie par voie vaginale cœlioassistée (LAVRH) D’ici là, chacun se doit de pratiquer la technique qu’il
a été adaptée par Lee et al. [55]. Dans cette technique, 80 % de maîtrise. Nous pensons que la voie d’approche importe moins
cette intervention est réalisée par laparoscopie et le reste par que la précision de l’indication et la qualité du geste réalisé. La
voie vaginale. L’ouverture des espaces avasculaires paravésicaux, finalité reste le maintien de la fertilité sans compromis oncolo-
pararectaux ainsi que la dissection de la partie supérieure des gique en termes de récidive et de complications chirurgicales.
paramètres, la section des ligaments utérosacrés et vésico- Cette technique chirurgicale doit être plus largement diffusée
utérins est réalisée par voie laparoscopique. L’amputation du dans la communauté des oncologues-gynécologues, elle ne doit
col, la réalisation de la collerette vaginale, la dissection de la plus être réservée à quelques centres d’expertises en chirurgie
partie inférieure des paramètres et enfin la réanastomose laparoscopique et vaginale radicale.
utérovaginale sont réalisées par voie vaginale. Les pertes de sang
sont respectivement de 900 et 400 ml et il n’y a pas de compli-
cations peropératoires décrites [55]. Il n’y a ni grossesses ni
■ Chimiothérapie néoadjuvante
récidives rapportées. Quoique les données disponibles soient pour cancer du col localement
encore anecdotiques, cette technique est intéressante. Elle
demande une grande habileté en chirurgie laparoscopique mais
avancé
une habileté plus limitée en chirurgie vaginale. La trachélectomie élargie est généralement réservée aux
patientes présentant des lésions cervicales débutantes de moins
Trachélectomie élargie laparoscopique de 2 cm. Qu’en est-il des patientes dont la tumeur cervicale
mesure plus de 2 cm ? Doivent-elles se résoudre avec fatalité à
totale (Tableau 3) une inévitable infertilité iatrogène ?
La tendance actuelle au « tout par laparoscopie » n’a pas Au cours de la dernière décennie, une alternative a vu le jour
épargné la trachélectomie radicale. Cibula et al. décrivent leur concernant le traitement des cancers du col localement avancés.
approche laparoscopique complète au cours de laquelle la Elle consiste à administrer une chimiothérapie néoadjuvante
totalité de la procédure est réalisée par laparoscopie et l’accès (NACT) suivie d’une chirurgie radicale (RS). Une étude italienne
vaginal n’est utilisé que pour le retrait du spécimen [56]. Dans le récente, multicentrique et randomisée, a comparé cette appro-
cas rapporté, ils ne signalent pas de complications peropératoi- che à la radiothérapie pelvienne conventionnelle et a montré
res et les pertes de sang sont estimées à 250 ml. Cette approche un avantage en termes de survie pour le bras NACT [57]. Une
réclame également de grandes habilités laparoscopiques mais revue de la littérature étaye cette hypothèse [58].
aucune maîtrise de la voie vaginale. En octobre 2004, Maneo et al. ont présenté, à l’occasion du
congrès de l’« International Gynecologic Cancer Society » (IGCS)
Évolution de la technique tenu à Edimbourg, des données préliminaires provocatrices sur
l’utilisation d’une chimiothérapie néoadjuvante suivie d’une
Nous avons assisté à une évolution importante dans l’appro- conisation associée à une lymphadénectomie pelvienne chez des
che technique de la trachélectomie élargie au cours de la jeunes femmes présentant une lésion cancéreuse cervicale
dernière décennie. Elle était initialement réalisée par voie inférieure à 3 cm [59]. La chimiothérapie néoadjuvante combine
vaginale pure, puis par voie abdominale, et ensuite la laparo- paclitaxel, ifosfamide et cisplatine, selon le protocole mis au
scopie s’immisça progressivement jusqu’à devenir une technique point par le groupe de Monza [60]. Sur les 18 patientes traitées,

10 Techniques chirurgicales - Gynécologie


Traitement conservateur du cancer du col utérin ¶ 41-720

sept (39 %) ne présentent plus de tumeur invasive résiduelle, chirurgicales radicales proposées par Wertheim et Piver, et ainsi
sept (39 %) présentent une tumeur résiduelle inférieure à 3 mm de respecter le désir de fertilité chez les jeunes patientes
de profondeur, et quatre (22 %) présentent une tumeur rési- atteintes de lésions précoces.
duelle entre 3 et 10 m de profondeur. Aucune patiente n’a Jusqu’à tout récemment, les options préservant la fertilité ont
présenté de progression tumorale sous chimiothérapie. À la suite été réservées aux patientes présentant un stade très précoce.
du traitement, huit patientes tentent une grossesse et cinq Dans le futur, des traitements multimodaux incluant la chimio-
réussissent pour un total de six bébés [59]. Suivant le même thérapie néoadjuvante et une chirurgie individualisée permet-
protocole, nous avons traité trois patientes pour des lésions tront d’ouvrir de nouvelles voies de préservation de la fertilité
mesurant 3 à 4 cm. Toutes ont présenté une réponse complète pour les patientes atteintes de lésions plus avancées. Récipro-
après trois cycles et le spécimen de trachélectomie était vierge quement, la chirurgie élargie avec résection des paramètres et
de tumeur résiduelle [61]. des ganglions lymphatiques est peut-être trop radicale et trop
La préservation de la fertilité devient donc une possibilité morbide dans les stades très précoces tandis que la conisation
raisonnable après une chimiothérapie néoadjuvante, mais des seule avec détection du ganglion sentinelle pourrait s’avérer
résultats à long terme, concernant la sécurité et l’efficacité de adéquate dans de tels cas. Une collaboration internationale doit
cette approche, sont indispensables avant de tirer des conclu- être encouragée de façon à collecter les données utiles sur ces
sions définitives. Ces données restent encore très préliminaires sujets importants et controversés.
et expérimentales, mais elles ont le mérite d’ouvrir la voie à À l’heure où les techniques chirurgicales conservatrices
d’autres approches dans la prise en charge de cancers cervicaux, traitant les lésions cancéreuses précoces sont au point et sont
particulièrement chez des femmes jeunes chez qui la fonction reconnues, les gynécologues-oncologues sensibles à cette
ovarienne peut être préservée. problématique centrale de notre pratique, doivent se tenir au
courant de ces nouvelles options. La sélection minutieuse des
indications et une maîtrise chirurgicale adéquate sont les
■ Approche chirurgicale facteurs clés conditionnant les résultats oncologiques. Le partage
ultraconservatrice pour lésions des expériences de chacun dans les différentes voies d’approches
de la trachélectomie élargie déterminera le développement futur
débutantes de petits volumes de cette chirurgie.
Inversement, l’expérience montre que, pour les lésions très Nous souhaitons terminer ce texte en témoignant notre
précoces, l’absence de tumeur résiduelle dans la pièce de sincère gratitude et admiration envers le « Père » de la chirurgie
trachélectomie ou d’hystérectomie élargie après une large conservatrice de la fertilité dans le traitement du cancer du col
conisation et l’absence d’extension paramétriale sont des utérin. Le professeur Daniel Dargent, par son travail visionnaire
arguments supplémentaires en faveur d’une chirurgie moins et son enthousiasme de pionnier, a gagné le respect et l’admi-
extensive [16, 54]. Nous avons en effet noté jusqu’à 60 % de ration de l’ensemble de la communauté oncologique gynécolo-
patientes indemnes de tissu tumoral résiduel dans les pièces de gique. Son inlassable ténacité nous a permis de repenser les
trachélectomie après une conisation diagnostique [16]. concepts depuis longtemps établis pour le traitement de ces
D’autres rapports récemment publiés décrivent des interven- affections. Que dorénavant la trachélectomie vaginale élargie
tions chirurgicales conservatrices pour des cancers cervicaux très soit appelée « opération de Dargent » n’est qu’une modeste
précoces incluant une conisation au laser ou de simples résec- manière d’honorer sa mémoire.
tions par anses diathermiques. Des données complémentaires
sont nécessaires pour évaluer la sécurité oncologique de ces
techniques ultraconservatrices. L’impact obstétrical des conisa-
tions larges doit également être évalué avec recul. Certaines
études suggèrent que les traitements avec anse diathermique
n’augmentent pas le taux d’accouchements prématurés [62],
“ Abréviations
d’autres, dont une récente méta-analyse, montrent que le risque FIGO : Fédération Internationale des gynécologues et
d’accouchement prématuré est accru après conisation [63-65]. obstétriciens.
Berghella et al. ont récemment suivi des patientes après conisa- FIVETE : fécondation in vitro et transfert d’embryon.
tion par une série d’échographies transvaginales entre 16 et
HPV : human papilloma virus.
24 semaines de gestation [66] . Ils ont trouvé que 30 % des
patientes présentant un col inférieur à moins de 2,5 cm ont
IGCS : International Gynecologic Cancer Society.
accouché prématurément, ce qui est similaire au taux d’accou- IIU : insémination intra-utérine.
chements prématurés après trachélectomie élargie [19, 66]. LAVRH : laparoscopic assisted vaginal radical hysterectomy.
Pour les lésions très précoces, le risque de dissémination NACT : neo adjuvant chemotherapy.
microscopique paramétriale est rare [54]. Cependant, le risque de PCR : polymerase chain reaction.
métastases lymphatiques reste possible même dans les stades RMN : résonance magnétique nucléaire.
IA1 [67, 68]. Particulièrement pour les lésions IA2, il semble plus SEER : surveillance epidemiology and end results.
sécuritaire de combiner une conisation avec une lymphadénec-
tomie laparoscopique ou en y associant le repérage du ganglion
sentinelle. Le problème majeur de ces approches ultraconserva-
trices réside dans la sélection très prudente des patientes selon ■ Références
des critères rigoureux. Le choix d’un traitement ultraconserva-
[1] Surveillance Epidemiology and End Results, SEER. http:
teur pour préserver la fertilité est un pari certes important mais //seer.cancer.gov/.
qui ne doit en aucun cas compromettre les résultats [2] Jemal A, Murray T, Ward E, Samuels A, Tiwari RC, Ghafoor A, et al.
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Le traitement du cancer du col utérin a vécu diverses révolu- 1-16.
tions au cours de la dernière décennie. L’avènement de la [5] Benedet JL, Odicino F, Maisonneuve P, Beller U, Creasman WT,
radiochimiothérapie concomitante pour les lésions localement Heintz AP, et al. Carcinoma of the cervix uteri. J Epidemiol Biostat
avancées est l’une d’entre elles. Par ailleurs, le développement 2001;6:7-43.
de la chirurgie vaginale et laparoscopique radicale a littérale- [6] Sonoda Y, Abu-Rustum NR, Gemignani ML, Chi DS, Brown CL,
ment révolutionné la prise en charge du cancer cervical débu- Poynor EA, et al.Afertility-sparing alternative to radical hysterectomy:
tant. Ces innovations permettent d’affiner les options how many patients may be eligible? Gynecol Oncol 2004;95:534-8.

Techniques chirurgicales - Gynécologie 11


41-720 ¶ Traitement conservateur du cancer du col utérin

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F. Goffin, Chef de clinique.


Unité d’oncologie gynécologique, service de gynécologie-obstétrique, université de Liège, hôpital de la Citadelle, Liège, Belgique.
M. Plante, Professeur associée.
M. Roy, Professeur titulaire.
Service d’oncologie gynécologique, centre hospitalier universitaire de Québec (CHUQ), L’Hôtel-Dieu de Québec, université Laval, Québec, Canada.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Goffin F., Plante M., Roy M. Traitement conservateur du cancer du col utérin. EMC (Elsevier Masson SAS,
Paris), Techniques chirurgicales - Gynécologie, 41-720, 2006.

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Techniques chirurgicales - Gynécologie 13


Techniques chirurgicales - Gynécologie
[41-870]

Fistules rectovaginales

Daniel Dargent : Professeur des Universités, chef de service


Thierry Adam : Résident étranger
Patrice Mathevet : Praticien hospitalier des Universités
Fédération Femme Mère Nouveau-né, hôpital Edouard-Herriot, Pavillon JKL, place d'Arsonval, 69437
Lyon cedex 03 France

Résumé

Le traitement chirurgical des fistules rectovaginales est un domaine où, fort logiquement,
gynécologues et proctologues se partagent les faveurs des patientes. Les uns et les autres
ont à disposition d'innombrables procédés techniques. On dit souvent que la prolifération
des méthodes signifie qu'aucune d'entre elles ne donne de bons résultats. Dans le
domaine qui nous occupe c'est l'inverse qui se produit : gynécologues et proctologues
obtiennent, dans les fistules dites simples, d'excellents résultats, et on peut considérer
que toutes les méthodes se valent. Il faudrait donc, en théorie, les décrire toutes. Nous
nous contentons, en fait, d'énumérer celles dont nous n'avons pas la pratique et, pensant
rendre un meilleur service au lecteur, nous décrivons en détail les techniques que nous
utilisons couramment.

© 1995 Elsevier, Paris. Tous droits réservés.

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BASES É TIOLOGIQUES

Les fistules rectovaginales reconnaissent deux causes principales : séquelles du


traumatisme obstétrical et évolution ultime de certaines suppurations développées dans le
périnée ou dans la cloison rectovaginale. Plus accessoirement se rencontrent des fistules
d'origine traumatique et/ou iatrogène.

Les fistules d'ordre obstétrical représentent, grosso modo, 2 cas sur 3. Mais elles sont
d'une grande rareté. Les déchirures complètes compliquées du périnée (déchirure de grade
III) sont en effet devenues très rares : 0,6 % dans l'étude multicentrique publiée en 1987
[1]
. Quant aux fistules qui se développent à la suite d'une réfection défectueuse de ces
déchirures de grade III, elles sont exceptionnelles.

Les fistules d'origine infectieuse représentent le deuxième grand chapitre. Elles sont la
conséquence d'une ouverture dans la cavité vaginale d'abcès développés dans le périnée à
partir d'une « cryptite suppurée ». Ces cryptites suppurées et les « fistules rectales » qui
en sont la conséquence, sont relativement fréquentes. Mais l'ouverture des fistules en
question dans le canal vaginal est exceptionnelle : 5 % seulement des fistules rectales. On
peut observer également des fistules rectovaginales dans les suites de certaines
suppurations de la glande de Bartholin (fistules qui, plutôt qu'à l'infection elle-même, sont
dues généralement aux excès d'une chirurgie disproportionnée).

Les fistules rectovaginales qui peuvent survenir dans le cadre de la maladie de Crohn ou
de la rectocolite ulcérohémorragique (RCUH) sont à mentionner à part : elles sont rares,
moins rares peut-être en cas de maladie de Crohn où elles ne concernent cependant que
0,2 à 2 % des patientes, et sont toujours l'indice soit d'une poussée évolutive soit d'une
extension importante du processus pathologique.

Les fistules traumatiques et iatrogènes sont les plus rares. Les fistules traumatiques
peuvent être la conséquence d'un « faux pas du coït » ou d'un empalement. Les fistules
iatrogènes peuvent s'observer dans les suites de l'hystérectomie et plus spécialement de
l'hystérectomie élargie pour cancer. Dans le domaine de l'oncologie, on peut également les
observer dans le cadre d'une pathologie évoluée ou évolutive non traitée, ou traitée par la
radiothérapie (ou l'association radiochirurgicale).

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BASES ANATOMIQUES

La classification anatomoclinique proposée par Rosenshein en 1980 [6] fait autorité. Elle
distingue les fistules du tiers inférieur avec destruction du corps périnéal (type A) ou avec
préservation du corps périnéal (type B), les fistules du tiers moyen (type C) et les fistules
du tiers supérieur (type D). Les trois premiers types représentent à eux seuls près de 90
% de l'ensemble.

Rothenberger a présenté en 1983 une classification qui est à la fois anatomoclinique et


étiologique et qui est beaucoup plus intéressante sur le plan pratique [7]. Le principe en
est énoncé dans l'encadré ci-dessous :

Classification de Rothenberger
Fistules simples
Tiers inférieur ou tiers moyen du vagin
Diamètre inférieur ou égal à 2,5 cm
Causes traumatiques ou infectieuses banales
Fistules complexes
Tiers supérieur du vagin
Diamètre supérieur à 2,5 cm
Crohn, RCUH, tissus irradiés, cancers
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BASES CLINIQUES

L'examen clinique est en général éloquent chez les patientes atteintes de fistules
rectovaginales. L'anamnèse permet facilement de remonter à l'étiologie. Les examens
paracliniques n'ont guère de place. La maladie de Crohn et la rectocolite
ulcérohémorragique imposent un inventaire complet. Dans les autres cas, deux examens
seulement sont intéressants.

L'imagerie par résonance magnétique nucléaire est intéressante dans tous les cas
où il existe une discordance entre l'anamnèse et l'examen clinique. Elle permet surtout
d'explorer avec beaucoup de précision les fistules rectales complexes d'origine
infectieuse.
La manométrie anorectale et la défécographie devraient être pratiquées
systématiquement. Les délabrements sphinctériens associés aux fistules sont en effet
fréquents. Et les dyschésies rectales, même si elles n'ont aucun lien étiopathogénique
avec la fistule sont importantes à connaître avant de prendre la décision thérapeutique.

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CLASSIFICATION DES TECHNIQUES CHIRURGICALES

Les techniques chirurgicales sont très nombreuses et difficiles à classer. On peut les
répertorier en fonction de la voie d'abord et distinguer les opérations faites par la voie
vaginale et/ou par la voie endorectale, les opérations faites par la voie périnéale et les
opérations faites par la voie abdominale.

Voie vaginale et/ou voie endorectale

Les procédés que l'on met en oeuvre par la voie endovaginale et par la voie endorectale
sont très différents dans leur modalité d'exécution mais très voisins dans leur principe. On
peut les classer en trois grandes catégories.

L'incision périorificielle et l'inversion de la fistule dans le viscère opposé est un


procédé simple. On incise les tuniques de la paroi vaginale (ou rectale) à 1 cm du bord
de la fistule. On mobilise légèrement le lambeau périphérique. Puis on suture en deux
plans en inversant l'orifice fistuleux en direction du viscère opposé. Les deux rangées
de points sont faites soit dans le sens transversal soit dans le sens longitudinal selon
les conditions locales (éviter les tractions excessives).
L'excision du trajet fistuleux et la suture plan par plan est le plus classique des
procédés applicables par la voie endovaginale ou la voie endorectale. L'incision
périorificielle est plus profonde et permet d'extirper complètement le trajet fistuleux.
Les parois sont ensuite mobilisées. Et les différentes couches en sont fermées plan par
plan.
L'excision du trajet fistuleux et l'abaissement d'un lambeau muqueux ou
myomuqueux est un procédé plus sûr. Il est très populaire auprès des chirurgiens
proctologues qui, par la voie endorectale, excisent le trajet fistuleux, ferment la couche
musculeuse de la paroi vaginale puis mobilisent un lambeau rectal supérieur qui peut
être soit purement muqueux soit myomuqueux (muqueuse + sphincter interne),
lambeau qui est ensuite abaissé en arrière de la suture vaginale et fixé à la berge
inférieure de l'incision circulaire initiale.

Voie périnéale
Les opérations faites par voie périnéale sont celles dans lesquelles le trajet fistuleux est
abordé à la faveur d'une périnéotomie qui peut être faite soit dans le sens transversal soit
dans le sens longitudinal.

La périnéotomie transversale suivie d'un clivage rectovaginal et d'une suture plan


par plan est un procédé dont la logique anatomique est irréprochable mais dont la
réalisation chirurgicale n'est pas aisée. Il faut inciser le périnée en avant du sphincter
externe, puis cliver la paroi vaginale postérieure jusqu'à atteindre et dépasser l'orifice
fistuleux. La fistule ainsi abordée peut être traitée soit par inversion, soit par excision
et suture plan par plan, avec ou sans abaissement d'un lambeau.
L'incision longitudinale suivie du clivage et de la suture plan par plan est une
opération dont la logique anatomique est choquante car elle inclut une section des
sphincters de l'anus. Mais sa réalisation pratique est extrêmement facile et sûre. C'est
cette technique qui a la préférence des gynécologues et spécialement des gynécologues
français qui la désignent sous le nom d'opération de Musset. C'est cette opération que
nous décrirons en détail.
L'incision (transversale ou longitudinale) suivie d'un clivage et d'une suture plan
par plan avec interposition d'un transplant est une variante des opérations précédentes.
Les deux transplants les plus communément utilisés sont le muscle bulbocaverneux et
le muscle droit interne (musculus gracilis). Nous décrirons en détail une opération
qu'on peut appeler opération de Musset avec interposition du muscle droit interne.

Voie abdominale

Les opérations abdominales sont de deux types : conservatrices ou radicales. Dans les
deux variantes l'opération commence par une mobilisation et un clivage. Selon le résultat
obtenu après ces manoeuvres préliminaires on peut ensuite soit faire une suture plan par
plan, soit faire une résection suivie d'un rétablissement de la continuité.

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OPÉ RATION DE MUSSET

L'opération que l'on appelle en France opération de Musset est une opération menée par la
voie périnéale et qui est caractérisée par une périnéotomie longitudinale première qui
sectionne les sphincters de l'anus. Cette opération a été décrite en 1937 par Miller et
Brown [3] et popularisée par Te Linde qui en a fait la promotion dans la troisième édition
de son livre « Operative Gynecology » [8]. Musset, quant à lui, plutôt qu'une technique, a
décrit une stratégie qui est inspirée de la technique décrite par Miller et Brown. Cette
stratégie sera évoquée dans le chapitre « Indications ». La technique comporte six temps.

Premier temps : l'incision paradoxale

La périnéotomie longitudinale médiane est faite sur une sonde cannelée introduite dans le
trajet fistuleux d'arrière en avant (de l'intestin vers le vagin). On sectionne complètement
le corps périnéal et les sphincters de l'anus. On sectionne également le callus fistuleux sur
son méridien inférieur ou podalique (fig. 1).

On a intérêt, avant de faire la périnéotomie, à infiltrer le corps périnéal avec une solution
ischémiante. La périnéotomie donne parfois lieu à un saignement qu'il est difficile de tarir
par des points hémostatiques et qui, en fait, ne cessera vraiment qu'au moment de la
périnéorraphie finale.

C'est au cours de la périnéotomie que l'on doit, dans les fistules d'origine infectieuse,
exciser tous les trajets fistuleux visibles et les poursuivre jusqu'à leur extrémité, ce qui
peut conduire assez loin en direction de la graisse ischiorectale.

Deuxième temps : division du callus, mobilisation des parois rectale et


vaginale et excision du callus

La périnéotomie longitudinale première déroule sous les yeux de l'opérateur le callus


fistuleux. Elle en facilite l'identification et la résection, résection qu'on fait suivre
immédiatement d'une mobilisation des parois viscérales.

Avant d'aborder le corps scléreux du callus, on commence en mobilisant légèrement les


parois viscérales adjacentes. On le fait en exerçant sur la paroi à mobiliser une traction
divergente appliquée grâce à une pince d'Allis à une distance suffisante mais pas trop
lointaine (fig. 2). On se sert alternativement de la pointe et du manche du bistouri qui
doit être armé d'une lame de 11. On ne cherche pas à en faire trop : dégager chacune des
parois sur 5 à 10 mm suffit amplement.

La première mobilisation des parois viscérales a pour seul objectif d'exposer mieux le
callus afin de faire à un niveau convenable l'incision transversale qui permet de le
sectionner en deux et de pénétrer ensuite dans l'espace rectovaginal. Cette section est
faite avec la lame de 11 manoeuvrée dans le plan horizontal à mi-distance des deux
organes que le callus avait symphysé l'un à l'autre et qu'il faut séparer (fig. 3).

Le callus étant divisé on reprend la mobilisation des parois vaginale et rectale. Il faut
progresser à mi-distance. C'est sur la ligne médiane que cela est le plus difficile. Il faut
donc travailler en faisant alterner les gestes : un geste de chaque côté puis un geste sur la
ligne médiane, un nouveau geste de chaque côté, etc. en modifiant à chaque occasion la
position de la pince de traction. Il faut poursuivre jusqu'à dégager des tissus sains et
souples. Mais il n'est pas nécessaire de les dégager sur une longueur trop grande : 5 à 10
mm suffisent.

Une fois le callus complètement séparé en deux, il peut être excisé. On fait cette excision
aux ciseaux en réséquant successivement le croissant dorsal (rectal) et le croissant ventral
(vaginal) (fig. 4). Il faut exciser tous les tissus scléreux. Mais il ne faut pas en faire trop.
Un fois le callus excisé et les parois vaginale et rectale saines exposées, on se trouve en
face d'une situation identique à celle des déchirures complètes compliquées du périnée, à
cette nuance près que la déchirure est une déchirure chirurgicale : la suture ne pose pas
un problème technique difficile. Cette suture se fait en quatre temps.

Troisième temps : suture du rectum et du canal anal

Elle se fait en employant la technique standard des sutures digestives. On utilise des
aiguilles serties d'un fil à résorption lente (nous nous servons personnellement du PDS
000®). Les points sont faits en prenant toute l'épaisseur de la paroi sauf la muqueuse (ils
incluent donc le sphincter interne). Il faut les faire en partant d'assez loin (5 mm environ
du bord de la plaie), et d'une façon telle qu'ils soient noués à l'extérieur de la lumière
intestinale. Il faut les faire aussi de façon à ce qu'ils ne raccourcissent pas la longueur du
canal anal. Les points séparés nous paraissent, de ce point de vue, préférables à la suture
continue (fig. 5).

Quatrième temps : préparation de la périnéorraphie et de la


sphinctéroplastie

La périnéorraphie se fait par rapprochement des deux moitiés du bloc périnéal qu'on a
séparées lors de la périnéotomie initiale. Il ne doit pas s'agir d'une simple réparation de
voie d'abord mais d'une véritable plastie. Dans la plupart des cas existe en effet une
destruction plus ou moins importante du corps périnéal et pour reconstruire il faut réaliser
une véritable plastie en cherchant à rapprocher les fibres puborectales des muscles
pubococcygiens. Pour ce faire, on mobilise les lambeaux cutanés latéraux comme on a
mobilisé, dans le temps initial, les parois antérieure et postérieure du bloc périnéal (la
paroi vaginale et la paroi rectale). Il faut le faire de façon complète mais sans exagérer de
façon à éviter les dévitalisations (fig. 6).

Une fois identifiées les fibres puborectales (ou ce qu'il en reste) on les transfixie
transversalement (fig. 7). Nous nous servons d'une aiguille demi-cercle de 26 mm de
longueur qui permet une prise suffisamment généreuse. Ces aiguilles sont serties d'un fil
synthétique à résorption lente : le Vicryl 1®. Deux fils, généralement, suffisent.

Le troisième point de plastie musculaire concerne le sphincter externe de l'anus. Pour


fermer le sphincter externe de l'anus il faut identifier les deux extrémités du muscle qui,
du fait de la pathologie causale d'une part et du fait de la sphinctérotomie d'autre part, se
sont rétractées. Pour les identifier, on a recours à l'artifice décrit par Musset. La peau est
saisie en regard du dernier pli radié et attirée vers le haut (vers l'ogive pubienne).

Les tissus sont faufilés avec une aiguille sertie en allant de haut en bas et en restant au
contact de la face profonde de la peau, perpendiculairement aux plis radiés. L'aiguille
utilisée est une aiguille demi-cercle de 26 mm de long. Dès que cette aiguille est
totalement enfoncée dans les tissus (fig. 8) on exécute une rotation de 180° et on
récupère la pointe de l'aiguille dans le bloc périnéal. En exécutant ce geste on est sûr de «
harponner » la corne sphinctérienne qui est restée adhérente aux téguments (la présence
des plis radiés en témoigne) et on évite les délabrements qui se produiraient si on
cherchait à disséquer le muscle.

Une fois les deux cornes sphinctériennes harponnées (on peut utiliser pour cela n'importe
quel fil : catgut), on exerce sur le fil une traction qui élève la corne sphinctérienne et on
transfixie cette corne transversalement de dehors en dedans (fig. 9). On exécute les
mêmes gestes de l'autre côté. Le troisième point de myorraphie est ainsi préparé. On le
met en réserve comme les deux points précédents : ils ne seront serrés qu'après
réalisation de la suture vaginale.

Cinquième temps : suture du vagin

La suture de la paroi vaginale est faite comme a été faite la suture de la paroi rectale. On
a intérêt, comme pour la paroi rectale, à faire des points séparés totaux extramuqueux en
utilisant un fil à résorption lente et en nouant les points à l'intérieur du bloc périnéal (fig.
10).

Sixième temps : serrage de la myorraphie et suture du périnée superficiel

Le serrage des points de myorraphie est fait après achèvement de la suture vaginale (en
agissant de la sorte on oblige la suture vaginale à s'adapter à la périnéorraphie alors qu'en
agissant autrement c'est la périnéorraphie qui se serait adaptée à la plastie vaginale, ce
qui n'est pas souhaitable).

Une fois serrés les points de myorraphie, il ne reste plus qu'à réaliser sur la partie
superficielle du périnée un surjet en va-et-vient : graisse sous-cutanée dans le premier
mouvement et derme dans le deuxième mouvement (fig. 11). On utilise pour ce faire un
fil à résorption rapide de calibre 00.

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OPÉ RATION DE MUSSET AVEC INTERPOSITION DU MUSCLE


DROIT INTERNE

L'opération de Musset ne permet pas de faire face à toutes les situations (voir plus loin le
chapitre « Indications »). On peut, dans les situations qui dépassent les possibilités de
l'opération périnéale simple, recourir aux opérations abdominales. Mais il est, le plus
souvent, possible de répondre au problème posé en utilisant la voie périnéale sous
condition d'interposer entre les sutures rectale et vaginale un matériel anatomique sain :
le muscle bulbocaverneux (et la graisse de la grande lèvre) ou le muscle droit interne. Ce
deuxième procédé, proposé initialement par Ingelman-Sundberg [2] est celui qui a notre
préférence.

Anatomie du muscle droit interne (musculus gracilis)

Le muscle droit interne (musculus gracilis) (fig. 12), fait partie des muscles dits de la
patte d'oie. Il s'insère en haut sur la branche ischiopubienne. Sa projection cutanée n'est
pas repérable directement. On repère, en revanche, très facilement la saillie du muscle
moyen adducteur qui marque l'angle entre la face antérieure et la face interne de la cuisse
quand le sujet est en position de flexion abduction des membres inférieurs. C'est juste en
arrière de la saillie du muscle moyen adducteur que se trouve le bord antérieur du muscle
droit interne.

La vascularisation du muscle droit interne est assurée par trois pédicules. Les artères sont
des branches de l'artère fémorale profonde. Elles arrivent à la face profonde du muscle au
voisinage de son bord antérieur après avoir croisé la face profonde du muscle moyen
adducteur. Le pédicule supérieur touche le muscle à 8 cm en dessous de l'épine du pubis.

Abord du muscle droit interne et individualisation de son pédicule


vasculaire supérieur

L'abord du muscle droit interne se fait par une incision de 5 à 6 cm de long, tracée
parallèlement à la saillie du muscle moyen adducteur, juste en arrière d'elle et centrée sur
un point situé à 8 cm en dessous de l'épine du pubis. Le tissu cellulaire sous-cutané et
l'aponévrose crurale sont incisés. Le relief du muscle moyen adducteur est repéré. On
s'insinue dans l'espace situé en arrière de ce relief.

Sous la protection de valves de Farabeuf attirant vers le haut le muscle moyen adducteur
on progresse dans l'interstice situé entre ce muscle et le muscle vaste interne. Et on ne
tarde pas à découvrir le pédicule vasculaire supérieur et le pédicule nerveux (fig. 13). Une
fois identifié le pédicule, on libère complètement le muscle en dessous du point d'impact et
on dispose autour du corps musculaire un lacs qui permettra d'exercer une traction sans
léser le pédicule.

Section de l'extrémité inférieure du muscle droit interne et libération du


corps musculaire

Pour repérer le lieu où faire l'incision qui permettra de sectionner l'extrémité inférieure du
muscle, on exerce sur le lacs disposé dans le temps précédent une traction dirigée vers le
haut : cette traction fait apparaître une dépression en regard du condyle interne du fémur.
C'est sur cette dépression qu'on exécute une incision longitudinale de 3 à 4 cm de long qui
permet d'identifier le tendon du muscle et de le sectionner.

Une fois le tendon sectionné on dégage le corps musculaire en accentuant les tractions sur
le lacs et en dégageant le muscle de ses connexions aponévrotiques par des manoeuvres
de divulsion digitale exécutées aussi bien par la plaie supérieure que par la plaie inférieure
(fig. 14). Ce « stripping » conduit à arracher le pédicule vasculaire inférieur et le pédicule
moyen. Le saignement consécutif est en général faible ou inexistant. Il faut néanmoins,
avant de fermer les plaies, mettre en place un drain de Redon.

Transfert du muscle et mise en place dans le foyer périnéal

Pour amener le muscle dans le foyer périnéal, on creuse un tunnel qui doit passer en
arrière du muscle puborectal (ou de ce qu'il en reste) et qui, selon les cas, passera soit en
avant soit en arrière de la branche ischiopubienne : tout dépend du niveau de la fistule.
Pour les fistules basses on passe en avant de la branche ischiopubienne. On dégage, dans
un premier temps, le muscle puborectal en utilisant bistouri et/ou ciseaux. Puis on
prolonge avec le doigt l'espace créé en arrière du muscle et on s'enfonce en direction de
l'os dont on contourne le bord antérieur. Le tunnel ainsi créé rejoint un autre tunnel qu'on
réalise au doigt à partir de la plaie crurale supérieure. Quand on a affaire à une fistule
haute, le geste n'est pas plus compliqué : on passe en arrière de la branche ischiopubienne
à travers la membrane obturatrice. La dissection digitale, ici, est insuffisante et il faut se
servir d'une forte pince, légèrement courbe. Mais le geste n'est pas plus compliqué ni plus
dangereux.

Une pince forte à extrémité courbe est introduite dans le tunnel de dedans en dehors (fig.
15). Quand son extrémité apparaît dans la plaie crurale elle saisit une ligature
transfixiante que l'on a disposée à l'extrémité inférieure du muscle, et elle attire cette
extrémité dans la plaie périnéale.

La plaie périnéale est traitée comme habituellement. Dès la suture de la paroi rectale
réalisée, on dispose le corps du muscle droit interne au devant de cette suture et on en
fixe l'extrémité libre à la face profonde du muscle puborectal controlatéral en réalisant un
ou deux points à résorption lente (fig. 16). Et l'intervention est terminée comme à
l'habitude.

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INDICATIONS THÉ RAPEUTIQUES

Les considérations sur les indications thérapeutiques sont résumées dans l'algorithme qui
répond aux trois questions fondamentales : qui opérer ? quand opérer et comment opérer
? (tableau I).

Qui opérer ?

Toutes les malades présentant une fistule rectovaginale doivent se voir proposer une
opération à visée curatrice sauf celles atteintes de maladie de Crohn ou de rectocolite
ulcérohémorragique qu'il faut traiter par les moyens médicamenteux en se contentant, sur
le plan chirurgical, d'une mise à plat.

Quand opérer ?

Intervalle entre le traumatisme initial et l'intervention curative

Les fistules rectovaginales (il en est de même des fistules vésicovaginales) ne doivent pas
être opérées avant que l'orifice fistuleux soit ourlé. Certains conseillent d'attendre 2 mois,
d'autres 3 mois, d'autres encore 6 mois, voire 1 an. Il faut, en réalité, se baser sur
l'observation des faits anatomocliniques : attendre que l'orifice fistuleux soit cerclé par un
bourrelet cicatriciel stable.

Indications de la colostomie

Les indications de la colostomie première sont devenues exceptionnelles. On peut être


amené à la pratiquer en urgence dans les empalements. Elle est également indiquée dans
le traitement des fistules sur tissus irradiés. On la fait dans la séance opératoire au cours
de laquelle on traite la fistule : colostomie latérale et lavage immédiat du bout inférieur
juste avant la cure radicale.

Indications de la stratégie de Musset (opération en deux temps)

Musset a proposé d'opérer systématiquement en deux temps : périnéotomie longitudinale


première, suivie après 6 semaines d'une réparation conduite comme la réparation d'une
déchirure complète compliquée ancienne du périnée.

L'avantage de la stratégie de Musset est de permettre de traiter toutes les fistules y


compris celles d'origine infectieuse (la mise à plat permet la guérison du processus
suppuratif). Elle permet aussi de traiter les fistules importantes et relativement haut
situées : la cicatrisation attire vers le bas le pôle supérieur de l'orifice fistuleux et favorise
l'opération curative.

Les fistules d'origine infectieuse et les fistules complexes doivent toujours être traitées
selon la stratégie imaginée par Musset. Mais les fistules simples d'origine traumatique
peuvent être traitées en un temps. Les nouveaux matériaux de suture autorisent cette
audace (et permettent de simplifier la technique : il n'est plus besoin comme Musset le
recommandait, de nouer tous les points à l'extérieur et de les couper secondairement). La
préparation intestinale concourt également à la simplification de la stratégie.

Préparation préopératoire

L'opération doit être précédée d'une préparation intestinale qui est assurée par une
solution d'X-Prep® ou un équivalent administré la veille de l'intervention et complétée, le
matin même par un lavement. Une antibiothérapie est donnée en « flash » une heure
avant l'intervention. Nous sommes restés fidèles à la combinaison pénicilline (5 M d'unités)
et Flagyl® (500 mg).

Les soins postopératoires, après ce type de préparation sont réduits à la plus simple
expression : favoriser l'émission la plus précoce possible des selles les plus molles
possibles par l'administration d'huile de paraffine donnée dès le matin du deuxième jour.

Comment opérer ?

L'opération de Musset et sa variante comportant une transposition du muscle droit interne


permettent de faire face à toutes les situations ou presque.

L'opération de Musset permet de traiter (après périnéotomie première ou colostomie


première [cf. supra]) toutes les fistules du tiers inférieur et du tiers moyen sous condition
que le diamètre soit inférieur à 2,5 cm.

Quand les fistules sont situées plus haut ou le diamètre égal ou supérieur à 2,5 cm,
l'interposition du muscle droit interne permet de résoudre le problème.

Les indications du traitement par la voie haute se résument finalement au cas des fistules
néoplasiques qui relèvent de l'exentération pelvienne postérieure palliative ou curative.

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RÉ SULTATS

Les taux de succès dans le traitement des fistules simples sont voisins de 100 %... quel
que soit le procédé utilisé. C'est une raison pour privilégier les procédés les plus simples.
Musset, dans l'article qui a précédé celui-ci dans l'Encyclopédie Médico-Chirurgicale [4]
faisait état de 86 succès définitifs pour 88 malades opérées en deux temps pour une fistule
du tiers inférieur ou du tiers moyen. Nous avons, entre 1970 et 1991, traité 30 patientes
en utilisant l'opération de Musset. Aucun échec n'a été enregistré ni dans la première
période au cours de laquelle nous avons opéré en deux temps (17 observations) ni au
cours de la deuxième période au cours de laquelle nous avons opéré en un temps (13
observations). Mais il convient de noter que pour les 10 dernières malades opérées et
questionnées sur ce point particulier on a observé qu'existait une incontinence aux gaz 5
fois (permanente 1 fois et épisodique 4 fois), une incontinence aux selles molles 4 fois
(épisodique) et une incontinence aux selles dures 3 fois (épisodique). Ces résultats
imparfaits plutôt qu'à condamner la méthode, incitent à étudier mieux l'appareil
sphinctérien tant sur le plan morphologique que sur le plan fonctionnel avant d'opérer de
façon à adapter le geste de sphinctéroplastie.

Le traitement des fistules complexes expose à un taux d'échec qui varie entre 50 et 20 %
selon les statistiques. Dans notre pratique nous avons essuyé 3 échecs pour 8 cas. Il
s'agissait dans les 3 cas d'une fistule sur tissus irradiés et nous n'avions pas pris la
précaution de faire une colostomie d'amont. Cette colostomie réalisée au moment du
lâchage a permis dans les 3 cas d'obtenir une cicatrisation par deuxième intention, et la
continuité intestinale a pu être rétablie secondairement. Nos malades ont eu plus de
chance que les malades des successeurs d'Ingelman-Sundberg [2] qui ont dû, dans 6 cas
sur 12, laisser la colostomie en place après traitement de la fistule observée sur tissus
irradiés.

Références

[1] BUEKENS P, BERNARD N, BLONDEL B Episiotomie et prévention des déchirures complètes et


compliquées. Une étude dans 3 pays européens. J Gynecol Obstet Biol
Reprod 1987 ; 16 : 513-517
[2] INGELMAN-SUNDBERG A. Repair of vesicovaginal and rectovaginal fistula following
fulguration and reccurent cancer of the cervix after radiation. Meigs JV Editor operative
treatment of cancer of the cervix. Grune and Stratton. New York. 1954 ; chap 12 : p 419
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© 1995 Elsevier, Paris. Tous droits réservés.

Fig 1 :
Fig 1 :

Opération dite de Musset : la périnéotomie longitudinale première ou « incision paradoxale ».

Fig 2 :
Fig 2 :

Première mobilisation des parois viscérales : mobilisation de la paroi vaginale postérieure à


droite de la ligne médiane.

Fig 3 :
Fig 3 :

Division du callus fistuleux.

Fig 4 :
Fig 4 :

Excision du callus fistuleux : excision du croissant ventral (rectal).

Fig 5 :
Fig 5 :

Suture de la paroi intestinale.

Fig 6 :
Fig 6 :

Préparation des muscles puborectaux.

Fig 7 :
Fig 7 :

Préparation de la périnéorraphie.

Fig 8 :
Fig 8 :

Harponnage de l'extrémité gauche du sphincter externe de l'anus.

Fig 9 :
Fig 9 :

Préparation de la sphinctéroplastie.

Fig 10 :
Fig 10 :

Suture de la paroi vaginale.

Fig 11 :
Fig 11 :

Suture du périnée superficiel.

Fig 12 :

Fig 12 :

Anatomie du muscle droit interne (musculus gracilis).


Fig 13 :

Fig 13 :

Dissection du pédicule supérieur du muscle droit interne.

Fig 14 :
Fig 14 :

Dégagement du corps musculaire après section de l'extrémité inférieure du muscle droit interne.

Fig 15 :
Fig 15 :

Transfert du muscle droit interne dans le foyer périnéal.

Fig 16 :
Fig 16 :

Mise en place du muscle droit interne au devant de la suture rectale.


¶ 41-865

Fistules urogénitales
G. Eglin, J. Blanchot, J.-M. Colas, C.-H. Rochat

Solutions de continuité entre le tractus urinaire et le vagin, les fistules urogénitales se divisent en fistules
obstétricales essentiellement rencontrées dans les pays en voie de développement et les fistules après
chirurgie ou radiothérapie qui constituent l’essentiel des cas de fistules dans les pays développés. Les
fistules obstétricales surviennent à la suite de dystocies prolongées dues à des difficultés d’accès à des
soins adaptés, que ce soit pour des raisons culturelles ou d’organisation sanitaire. Elles sont la
conséquence d’une nécrose ischémique qui peut toucher tous les étages du tractus urinaire pelvien. Il
s’agit le plus souvent de fistules complexes ou graves. Elles peuvent être associées à des lésions rectales,
utérines ou neurologique. La cause peut être une dystocie osseuse, mais aussi une dystocie de
présentation de la multipare. Leur prévention passe par une amélioration des conditions de la naissance
dans les pays pauvres. Leur traitement chirurgical est effectué essentiellement par voie vaginale et tout
doit être mis en œuvre pour les fermer en un seul temps. Ce traitement doit être accompagné d’un soutien
psychologique et d’une démarche de réinsertion. Les fistules après chirurgie et radiothérapie sont rares,
avec une incidence maximum après les hystérectomies élargies précédées d’une irradiation. Leur
traitement est le plus souvent réalisé par voie abdominale.
© 2008 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Mots clés : Fistules obstétricales ; Fistules urogénitales ; Fistules vésicovaginales ; Fistules urétrovaginales ;
Fistules vésico-utérines ; Destruction urétrale ; Dystocie

Plan La très grande majorité des fistules obstétricales survient dans


des pays où les systèmes de soins ne permettent pas une prise
en charge efficace de la dystocie que ce soit au stade de son
¶ Introduction 1
dépistage ou au stade de son traitement ; l’incidence de la
¶ Physiopathologie 1 fistule obstétricale est, dans ces pays, l’un des meilleurs mar-
Fistules obstétricales 1 queurs de l’accessibilité à un système de soins.
Fistules chirurgicales et/ou radiques 2 Dans ces conditions, s’intéresser aux fistules obstétricales
¶ Classification 3 nécessite de prendre en compte des paramètres ethnologiques,
Fistules simples 3 économiques et politiques qui débordent largement le champ
Fistules complexes 3 médical habituel. Les possibilités de prise en charge thérapeuti-
Fistules graves 3 que de ces patientes sont, par définition, limitées par la
¶ Examen clinique 4 défaillance des structures sanitaires locales malgré l’aide
apportée par un certain nombre d’institutions internationales et
¶ Examens complémentaires 5
d’organisations non gouvernementales (ONG) pour lesquelles la
¶ Prévention 5 santé de la mère et de l’enfant est souvent un axe d’action
¶ Traitement 6 prioritaire.
Traitement préventif des fistules obstétricales 6 Mais rencontrer ces patientes, c’est également remonter dans
Traitement chirurgical des fistules obstétricales 6 le temps, retrouver les conditions de la naissance qui préva-
Traitement des fistules après chirurgie 7 laient avant l’ère de la césarienne et mesurer les progrès qui en
ont résulté, même si la banalisation de celle-ci dans l’obstétrique
¶ Conclusion 7
moderne peut en inquiéter certains.

■ Physiopathologie
■ Introduction Fistules obstétricales
Les fistules urogénitales se définissent comme une solution de Les fistules obstétricales encore observées dans les pays
continuité histologiquement organisée entre les tractus urinaires développés sont secondaires à des déchirures franches, le plus
et génitaux. souvent après des manœuvres instrumentales, ou à des plaies
Selon leur étiologie, elles peuvent se diviser en deux grandes vésicales au cours de césariennes. La fistule peut alors se
catégories : les fistules d’origine obstétricale et les fistules constituer si la déchirure n’a pas été diagnostiquée lors de
survenant après chirurgie pelvienne et/ou radiothérapie. l’accouchement ou en cas d’échec de sa réparation.

Techniques chirurgicales - Gynécologie 1


41-865 ¶ Fistules urogénitales

En revanche, les fistules obstétricales observées dans les pays La pratique montre que plus l’incidence des fistules est
en voie de développement sont le plus souvent secondaires à élevée, plus la part relative des formes graves est importante,
une nécrose ischémique des organes pelviens consécutive à leur reflétant l’augmentation des délais moyens d’intervention sur la
compression prolongée par la tête du fœtus. Cette compression dystocie.
peut se faire au niveau du détroit supérieur si la tête n’est pas
franchement engagée et aboutir à des nécroses rétrotrigonales
ou rectales hautes.
Fistules chirurgicales et/ou radiques
Mais elle peut également se faire sur toute la hauteur du petit L’étiopathogénie des fistules chirurgicales et/ou radiques peut
bassin en cas d’enclavement céphalique prolongé ; dans cette correspondre à trois mécanismes :
situation, les lésions pourront toucher la région trigono-cervico- • le traumatisme chirurgical, réparé ou méconnu ;
urétrale et anorectale, plus rarement les racines sciatiques. Au • la radionécrose débutant par des atteintes de la microcircula-
bout de 4 à 5 jours, cette nécrose devient irréversible et la fistule tion et aboutissant à une perforation ;
apparaît. • la thermonécrose consécutive à la diffusion locale de la
La dystocie osseuse est habituellement mise en avant comme chaleur par les systèmes de coagulation utilisés principale-
cause principale de ces compressions prolongées [1], mais elle ne ment en cœliochirurgie.
semble pas pouvoir rendre compte de l’ensemble de cette Si les plaies urinaires, essentiellement vésicales, sont relative-
pathologie. En effet, la primiparité n’est observée que dans 31 ment fréquentes, en particulier après la chirurgie gynécologique,
à 60 % des cas [2, 3] et une étude des bassins de patientes les fistules sont rares et sont habituellement la conséquence de
porteuses de fistules réalisée au Sénégal n’a retrouvé que 6 % de l’absence de reconnaissance d’une plaie en général vésicale.
bassins osseux dystociques [4]. Il est donc probable qu’un certain Ainsi aux États-Unis, la chirurgie gynécologique est responsable
nombre de fistules soit secondaires à des dystocies de présentation de 82 % de toutes les fistules urinaires [12]. La chirurgie urolo-
et en particulier à l’enclavement de la présentation du front gique est, quant à elle, responsable de 6 % des fistules. Ces
négligée. Le blocage à différentes hauteurs du bassin rend fistules postopératoires sont à révélation précoce du 3 au
compte de l’étagement des lésions observées, tant urinaires 12e jour, période où elles ne sont pas encore histologiquement
qu’anorectales ; le blocage au détroit inférieur peut aboutir à un organisées et pourront être reprises sous certaines conditions.
cloaque périnéal par nécrose pratiquement totale des régions
trigono-urétrales et anorectales. La compression intrapelvienne Fistules après chirurgie pour lésions bénignes
des racines des nerfs sciatiques peut également ajouter un
tableau de souffrance neurologique. Cette atteinte neurologique Quatre-vingt-dix pour cent du total des fistules urogénitales
peut avoir une traduction clinique patente avec un steppage, surviennent après hystérectomie pour lésions bénignes et, dans
mais elle est le plus souvent infraclinique [5]. Certains auteurs 70 % des cas, il s’agit d’hystérectomie par voie abdominale [12].
attachent un rôle prépondérant à la réplétion vésicale, la réten- L’incidence moyenne est de 1/1 200 hystérectomies, mais
tion et la surdistension vésicale évoluant pendant plusieurs certaines séries rapportent des taux plus élevés de 0,5 à 2 %
jours pourraient, à elles seules, induire une ischémie de la paroi d’hystérectomies compliquées de fistule [13]. Si, pour certains
vésicale, puis une nécrose et enfin une fistule, sans faire auteurs, le risque relatif de fistule est identique entre la
intervenir la notion de compression directe des tissus vésicova- voie haute et la voie basse, Harkki-Sinen [14], sur une série de
ginaux entre la tête fœtale et le bassin osseux [6]. 62 379 hystérectomies, observe respectivement des taux de 0,2,
Un certain nombre de fistules sont rencontrées après des 0,1 et 0,02 % après hystérectomie cœlioscopique, voie haute et
césariennes réalisées alors que la mort fœtale in utero remonte voie basse. Mathevet [15], sur 3 076 hystérectomies par voie
à plusieurs jours. Ces césariennes tardives, inadaptées à la basse, rapporte quatre fistules vaginales après 54 plaies vésicales
situation obstétricale, constituent certainement un risque de ayant compliqué la dissection par voie vaginale, soit 0,13 % de
fistulisation supplémentaire dans des tissus ischémiés ; elles fistules après hystérectomie vaginale et 7,7 % de fistules après
devraient pouvoir être remplacées par des évacuations utérines plaie vésicale, mais c’est l’hystérectomie par voie cœlioscopique
par voie basse à condition que ces techniques soient suffisam- qui semble comporter le risque le plus important, en particulier
ment enseignées. dans la phase d’apprentissage ; les lésions peuvent être vésicales,
non diagnostiquées en peropératoire ou urétérales, secondaires
Il faut différencier ces fistules vésicovaginales concomitantes
à une lésion thermique lors de la coagulation trop longue et/ou
à une césarienne qui sont une situation fréquente en Afrique et
trop proche d’un uretère.
les fistules vésico-utérines après césarienne qui réalisent le
syndrome de Youssef, plus rare.
Ces lésions de nécrose initiale vont évoluer pendant 2 à Chirurgie élargie pour cancer du col
3 mois : la perte de substance au centre de la nécrose va se La chirurgie élargie du cancer du col entraîne un risque de
pérenniser par la constitution d’une continuité irréversible entre fistule plus élevé que la chirurgie non cancérologique en raison
les muqueuses urinaires et génitales. En périphérie de cette perte de la dissection étendue de la base de la vessie et de l’uretère
de substance, les zones qui n’ont pas été entièrement nécrosées pelvien. Cette dissection comporte un risque accru de nécrose
subissent néanmoins des remaniements tissulaires postischémi- ischémique et il est aggravé par la curiethérapie préopératoire.
ques, aboutissant à une sclérose rétractile du tissu conjonctif L’incidence des fistules vésicovaginales reste faible : 1 sur
pelvien. 918 hystérectomies pour Methfessel [16] et aucune sur 172 pour
Cette sclérose, souvent extensive, peut atteindre les uretères Landoni [17], mais l’uretère est, ici, particulièrement exposé avec
et avoir une répercussion sur le haut appareil urinaire dont le un risque de fistule atteignant 2 % pour la chirurgie élargie par
diagnostic est souvent matériellement difficile et la fréquence laparotomie [16-18].
diversement appréciée, allant de 15 à 30 % [7].
Les lésions utérines sont fréquentes et secondaires aux Césarienne
nécroses cervicales et aux endométrites. Le taux global d’amé-
La césarienne est en cause dans 4 % de l’ensemble des fistules
norrhées est estimé à 50 % [8].
dans les pays développés. Il s’agit d’une fistule haute, rétrotri-
Dans environ 10 % des cas de fistules urogénitales, des gonale, souvent consécutive à un point d’hystérorraphie
lésions rectales hautes ou basses sont associées. transfixiant la vessie.
La fréquence des fistules obstétricales est estimée, dans les
régions les moins favorisées, à 1 ou 2 pour 1 000 accouche-
Chirurgie de l’incontinence urinaire
ments [9, 10] : 50 à 100 000 nouveaux cas apparaîtraient chaque
année. Leur nombre total serait de 2 millions sur l’ensemble de La chirurgie de l’incontinence urinaire est très rarement
l’Afrique [11]. compliquée de fistule. La pause de bandelettes sous-urétrales par

2 Techniques chirurgicales - Gynécologie


Fistules urogénitales ¶ 41-865

voie rétropubienne entraîne une perforation vésicale dans


environ 5 % des cas, mais la constitution de fistule vésicovagi-
nale semble exceptionnelle : une seule fistule vésicovaginale a
été publiée ; elle a été traitée par ablation de la bandelette et
excision du trajet [19]. Il est rapporté quelques cas de fistules
urétrovaginales par nécrose sur une bandelette tension-free en
polypropylène [20, 21] ou en polyester tricoté [22].
D’autres gestes chirurgicaux peuvent se compliquer de
fistules : la cure de diverticule urétral et l’endoscopie opératoire
urologique, mais cela reste exceptionnel.

Fistules postradiques
Les fistules postradiques s’observent avec une incidence de 1
à 5 % [23]. Elles sont de diagnostic souvent difficile, souvent
multiples, et se constituent de manière tardive, de 1 an à parfois
plus de 10 ans après l’irradiation. Elles sont favorisées par un
surdosage radiothérapique, un colpostat trop antérieur. Elles
sont habituellement associées à des stades tumoraux avancés et Figure 2. Fistule rétrotrigonale simple.
en particulier à des extensions de cancer du col à la cloison
vésicovaginale. Elles doivent faire éliminer une reprise évolutive
de cette tumeur par un bilan en imagerie et des biopsies.
Enfin on peut occasionnellement observer des fistules :
• après traumatisme du bassin et plaie pénétrante ;
• par ulcération sur une sonde à demeure chez un patient
neurologique ou par envahissement tumoral d’un cancer
vésical ou cervical, sans qu’il y ait eu irradiation.

■ Classification
Les fistules obstétricales sont plus difficiles à classer que les
fistules après chirurgie.
De nombreuses classifications ont été proposées, entre autres
par A. Le Guyader, K. Waaldijk, A. Benchekroun, L. Falandry,
M. Camey. Elles doivent rendre compte du siège et de la taille
de la fistule, mais aussi des éléments qui rendront son traite-
ment plus ou moins difficile : la proximité du col ou des orifices
urétéraux, la longueur de l’urètre restant, le degré de sclérose
vaginale. Pour être complètes, elles devraient mentionner les
lésions associées digestives, utérines, neurologiques. Figure 3. Fistule cervico-urétrale. La face postérieure de l’urètre proxi-
Par ailleurs, les fistules hautes vésico-utérines (Fig. 1) ou plus mal et du col est détruite ; bonne trophicité vaginale permettant la
rarement urétéro-utérines sont en général classées de façon reconstruction d’un « néo-urètre en vagin ».
isolée, en raison de la spécificité de leur abord abdominal.
Nous proposons ici la classification de M. Camey.
fistules rétrotrigonales (Fig. 2), mais certaines petites fistules
Fistules simples trigonales peuvent rentrer dans ce cadre (Fig. 3).

Elles siègent à la face postérieure de la vessie, à distance du


col et des orifices urétéraux. Leur taille est inférieure à 3 cm et Fistules complexes (Fig. 4)
elles n’ont jamais été opérées. Il s’agit la plupart du temps de
Ce groupe englobe toutes les fistules de plus de 3 cm, celles
proches du col et des orifices urétéraux et toutes celles intéres-
sant la région trigono-cervico-urétrale (Fig. 5), mais qui respec-
tent la paroi antérieure ou rétropubienne du tractus urinaire
(Fig. 6). Les fistules résiduelles ou récidivées font également
partie de ce groupe.

Fistules graves
Elles sont la conséquence d’une destruction totale d’un étage
du tractus urinaire, intéressant la paroi postérieure et la paroi
antérieure de la vessie et du col dans une lésion circonférentielle
dite de transsection.
L’urètre est partiellement détruit dans sa partie proximale, le
plus souvent borgne (Fig. 7), mais sa destruction peut également
être totale (Fig. 8).
Au niveau de la transsection, la face postérieure de la sym-
physe est recouverte d’un fin néoépithélium.
La sclérose associée est en général majeure, rendant difficile
Figure 1. Fistule vésico-utérine. l’abord de la fistule et c’est la réparation circonférentielle de

Techniques chirurgicales - Gynécologie 3


41-865 ¶ Fistules urogénitales

Figure 4. Fistule trigonale de 10 mm avec sclérose modérée de la paroi Figure 6. Fistule cervico-urétrale : la face postérieure de l’urètre est
vaginale. Le col vésical est à moins de 10 mm : elle doit être classée en complètement détruite ; la face antérieure, rétropubienne est intacte :
fistule complexe. fistule complexe nécessitant une plastie de reconstruction de l’urètre.

Figure 5. Fistule trigono-cervico-urétrale : la nécrose a touché le tri- Figure 7. Fistule grave ou transsection : destruction circulaire du pôle
gone ainsi que la face postérieure du col et de l’urètre proximal. inférieur de la vessie et de la partie proximale de l’urètre.

ces lésions avec, au minimum un néocol et souvent un néo-


urètre, qui pose les problèmes chirurgicaux les plus difficiles
(Fig. 9, 10).
Les fistules après chirurgie peuvent être classées de la même
manière, mais elles sont, en moyenne, plus petites : dans une
population de 154 fistules vaginales après chirurgie sans
radiothérapie, Flores-Carreras [24] observe 52,3 % de petites
fistules inférieures à 1 cm, 45,7 % de fistules moyennes entre
1 et 3 cm et 2 % de fistules supérieures à 3 cm.
En cas d’hystérectomie par voie basse, le siège le plus fré-
quent est le trigone où la lésion peut être créée lors de la
dissection de la cloison supravaginale, en particulier en cas
d’antécédent de césarienne. La chirurgie utérine par voie
abdominale aboutira plus volontiers à des atteintes
rétrotrigonales.

Figure 8. Transsection avec destruction totale de l’urètre.


■ Examen clinique
L’interrogatoire d’une patiente porteuse d’une fistule dans un nouveau-né ; il doit également rechercher d’éventuelles inter-
pays en voie de développement est effectué, dans la plus grande ventions antérieures sur la fistule, ses répercussions gynécologi-
majorité des cas, par le truchement d’un interprète parlant le ques (aménorrhée), une hématurie antérieure à la grossesse
dialecte de la patiente. faisant suspecter une lithiase urinaire ou une bilharziose alors
Il doit préciser les circonstances de survenue de la fistule : qu’une hématurie périodique après une césarienne fera suspecter
durée du travail, césarienne, manœuvres obstétricales, état du une fistule utérovésicale. Enfin, l’interrogatoire devra évaluer les

4 Techniques chirurgicales - Gynécologie


Fistules urogénitales ¶ 41-865

après une césarienne, d’une fistule urétéro-utérine : dans ce cas,


l’écoulement d’urine claire persistera et une urographie intra-
veineuse devient indispensable pour établir le diagnostic.
Enfin, si l’épreuve au bleu est négative, il faut également
penser à une incontinence par insuffisance sphinctérienne,
surtout lorsque la patiente a déjà été opérée d’une fistule ; le
retrait de la sonde à vessie pleine de bleu, associée à une
épreuve de toux, fait le diagnostic.
Cet examen clinique au spéculum peut être rendu impossible
en cas de sclérose vaginale importante, réalisant un véritable
diaphragme par une bride prérectale située à mi-hauteur du
vagin. Le bilan ne sera alors possible qu’après l’effondrement
prudent de cette bride sous anesthésie.
L’examen clinique doit également évaluer les éventuelles
lésions associées : rectales, gynécologiques et plus rarement
neurologiques associées.
En cas d’aménorrhée, il est intéressant de pouvoir évaluer, de
Figure 9. Fistule trigonale en pseudocystocèle : hernie du dôme vésical façon simple, l’état fonctionnel de l’endomètre, par le déclen-
à travers un trigone détruit. chement de métrorragies de privation après la prise d’une
association œstroprogestative.
À la fin de l’examen clinique, le bilan lésionnel complet avec
schéma doit être établi : taille et siège de la ou des fistules,
distance par rapport au col vésical et aux orifices urétéraux qui
sont parfois visibles d’emblée au bord de la fistule (Fig. 10),
voire en dehors lorsque la transsection a intéressé un des
uretères, longueur de l’urètre. L’importance et le siège de la
sclérose doivent être notés.

■ Examens complémentaires
La cystoscopie est difficile à réaliser et de peu d’intérêt dans les
cas de grosse fistule, mais peut être utile pour repérer l’orifice
vésical d’une fistule simple ou dans le cas d’une petite fistule
résiduelle à trajet en baïonnette.
L’échographie pratiquée par voie vaginale peut avoir un intérêt
dans l’exploration du trajet des petites fistules, mais n’est
habituellement pas réalisable dans un environnement médical
insuffisant.
L’urographie intraveineuse est toujours nécessaire pour vérifier
le haut appareil et explorer les fistules impliquant un uretère.
L’uroscanner permet une bonne visualisation des fistules
urétérales et du tissu périfistulaire.
L’urétrocystographie rétrograde avec clichés en remplissage
Figure 10. Fistule trigonale grave après réduction de la hernie vésicale :
progressif sous différentes incidences, permet, en général, de
les uretères s’abouchent au bord de la fistule ; leur cathétérisme est
voir une fistule vésicovaginale.
impératif avant de débuter le clivage vésicovaginal.
L’hystérographie et -scopie permettent d’affirmer une fistule
vésico-utérine.
L’imagerie par résonance magnétique trouve sa place dans
répercussions psychosociales secondaires à une répudiation, le
l’exploration des fistules survenant dans l’évolution d’un cancer
plus souvent synonyme d’exclusion de la communauté et de
pelvien, en particulier s’il existe une insuffisance rénale.
toute ressource économique.
L’examen clinique se fait habituellement dans des conditions
sommaires où le recours aux examens complémentaires (écho-
graphie ou urographie intraveineuse) est souvent problématique. ■ Prévention
Dans la plupart des cas, le diagnostic peut être porté par la
simple inspection : le raccourcissement habituel du vagin La prévention des fistules obstétricales, dans les pays en voie
permet, en général, d’inspecter sa paroi antérieure sur toute sa de développement, nécessite d’être envisagée sur les plans
hauteur à l’aide d’un spéculum de Sims. Dans les fistules qui ethnologiques, économiques et politiques.
n’ont pas encore été opérées, la visualisation directe de la La prévention primaire est envisagée par l’Organisation
lésion, le plus souvent médiane, est alors relativement aisée. mondiale de la santé (OMS) très en amont. Elle vise à rééquili-
L’utilisation d’un béniqué peut s’avérer utile, en particulier pour brer la disparité alimentaire entre garçons et filles pendant la
vérifier le caractère borgne de l’urètre dans les transsections. période de croissance péripubertaire. En effet, dans les régions
Le toucher vaginal permet d’évaluer le degré de sclérose où les apports nutritionnels sont globalement insuffisants, on
vaginale et de confirmer le diagnostic de transsection par le constate habituellement un déficit alimentaire plus important
toucher direct de la face postérieure de l’os pubien recouvert chez les petites filles alors que leur participation précoce aux
d’un simple épithélium. tâches communautaires est plus importante (pilage du mil) : un
Une épreuve au bleu de méthylène permettra de visualiser apport nutritionnel spécifique pendant cette période pourrait
une petite fistule rétrotrigonale haute ou de rechercher une améliorer la croissance de leur bassin.
fistule à trajet multiple, en particulier chez les patientes déjà Plus en aval, la prise en charge de la dystocie nécessite une
opérées. information des futures mères et de leur entourage, une
Si l’épreuve au bleu est négative, il faut s’assurer que le formation des intervenants dans les structures de soins primai-
ballonnet ne bouche pas l’orifice interne d’une petite fistule ou res, sur les indicateurs de transfert des parturientes, des moyens
que l’on n’est pas en présence d’une fistule urétérovaginale ou, de communication adaptés.

Techniques chirurgicales - Gynécologie 5


41-865 ¶ Fistules urogénitales

Au niveau des structures secondaires, il faut aller vers : Voie vaginale


• un minimum de plateau technique pour faire une évacuation
Elle est de loin la plus utilisée car elle donne un accès aisé
utérine, réaliser une césarienne ou traiter une fistule simple ;
aux fistules trigono-cervico-urétrales qui sont les plus fréquentes
• une formation des médecins appelés à prendre en charge ces
dystocies. Cette formation doit intégrer les techniques et les plus étendues.
d’embryotomie et de césarienne, la prise en charge immédiate Elle permet l’utilisation de lambeaux d’interposition ou de
des accouchées à risque de nécrose pelvienne, l’examen comblement par un lambeau graisseux de grande lèvre (lambeau
clinique et le classement des fistules en fonction de leur de Martius) ou du muscle droit interne.
gravité et enfin le traitement chirurgical d’une fistule simple. Elle entraîne moins de risques opératoires que les abords
Il ne faut pas négliger les solutions matérielles et humaines transpéritonéaux dans les conditions d’asepsie relative souvent
adaptées au milieu : au niveau du village, l’intervention rencontrées.
financière de micromutuelles communautaires permettra un L’installation la plus utilisée se fait dans la position de
transfert ; des groupes de patientes fistuleuses guéries pourront lithotomie de la chirurgie périnéale classique.
faire de l’information aux parturientes [25]... Certains auteurs [27] utilisent la position ventrale dite
La prévention des fistules chirurgicales est simple dans la du « jockey » ; elle permet un abord plus aisé de la région
chirurgie pour lésions bénignes. Elle repose essentiellement sur rétropubienne dans la chirurgie des fistules graves. Elle a
la reconnaissance en peropératoire des plaies de la vessie, ce qui l’inconvénient d’inverser les rapports classiques, mais le
permet leur réparation immédiate. Le test peropératoire du prélèvement d’un greffon de Martius reste possible.
remplissage vésical au bleu de méthylène, s’il n’est pas systéma-
tique, doit être effectué au moindre doute et dans toutes les Voie abdominale
situations à risques et être complété si nécessaire d’une
C’est la voie de choix pour la réparation des fistules vésico-
cystoscopie.
utérines postcésariennes et la réimplantation des uretères.
La prévention des fistules urétérales en cœliochirurgie passe
Elle peut permettre de traiter les fistules vésicovaginales grâce
par une bonne maîtrise du système de coagulation utilisé pour
en particulier aux lambeaux de rotation vésicaux, mais elle ne
les hémostases utérines et en chirurgie du cancer par une
dissection la plus atraumatique possible des uretères. permet pas de traiter les lésions urétrales.
La prévention des fistules radiques passe, elle aussi, par la
rigueur des procédures en radiothérapie. Traitement des fistules simples
Elles sont abordées en position de lithotomie et, en
l’absence de sclérose importante, permettent une bonne
■ Traitement exposition sur le ballonnet d’une sonde de Foley. Une
incision circonscrit l’orifice fistuleux à la jonction des
Nous rappellerons ici les principes généraux des traitements. épithéliums vésicaux et vaginaux ; le dédoublement vésicova-
ginal doit être suffisant pour pouvoir suturer par points
séparés et sans tension vessie et vagin. La sonde urinaire sera
Traitement préventif des fistules maintenue en place 2 semaines.
obstétricales
Chez les patientes prises en charge au décours d’un accou- Traitement des fistules complexes
chement difficile, souvent après l’expulsion d’un enfant mort-
Elles posent le problème de la proximité des uretères, de la
né, avec ou sans césarienne, le drainage des urines jusqu’à la
réparation de pertes tissulaires sur la face postérieure du col et
cicatrisation complète de la nécrose, associé à des apports
de l’urètre, de fermeture du vagin.
nutritionnels et éventuellement à une antibiothérapie, peut
éviter l’organisation d’une fistule [26]. Le dédoublement vésicovaginal doit être le plus large possi-
ble, latéralement contre les branches ischiopubiennes, vers les
espaces latérovésicaux et, en haut, sous le col utérin. Les
Traitement chirurgical des fistules uretères sont protégés par un cathéter. La suture vésicale peut
obstétricales être réalisée transversalement ou longitudinalement. L’orifice
proximal de l’urètre est anastomosé à la partie inférieure de la
À quelle date opérer les fistules obstétricales ? suture longitudinale ou à la partie médiane de la suture
Dans la grande majorité des cas, les fistules sont vues des transversale. L’interposition d’un greffon entre les plans
mois, voire des années après leur constitution et le problème du urinaires et vaginaux semble souhaitable, sans preuve abso-
délai ne se pose plus.
lue [28] . Un greffon à composante cutanée peut faciliter la
Pour les fistules prises en charge dans le post-partum immé- fermeture vaginale.
diat, après l’échec du sondage, la plupart des auteurs recom-
mandent un délai minimal de 3 mois. Plus rarement [26], il a été
proposé une intervention précoce, dès l’élimination de la Traitement des fistules graves
nécrose, à condition qu’il n’y ait pas d’atteinte urétrale. Cette La perte de substance est ici circonférentielle, le col complè-
stratégie a l’avantage de précéder la constitution de la sclérose tement détruit et il ne persiste que la portion distale de l’urètre,
vaginale qui est l’obstacle majeur en cas d’abord secondaire des mais celui-ci peut être également complètement détruit.
grandes fistules postnécrotiques.
Le clivage vésicovaginal doit être complété par une libé-
ration de la face ventrale de la vessie du plan osseux rétro-
Techniques chirurgicales symphysaire ; la suture vésicale ménage un néocol qui peut
La chirurgie des fistules urogénitales nécessite une approche être anastomosé directement à l’urètre si celui-ci mesure plus
globale du pelvis, urologique et gynécologique, mais aussi de 3 cm, sinon il faudra au préalable reconstituer un
digestive, compte tenu de la fréquence des lésions rectales néo-urètre.
associées. Elle nécessite également une bonne pratique de la
voie périnéale qui doit être privilégiée dans les fistules Résultats
obstétricales.
Elle doit obéir aux principes énoncés par R. Couvelaire : Le taux global de guérisons varie de 80 à 85 %.
« bien voir, bien dédoubler, bien affronter les tissus, bien drainer Pour les fistules simples, il est proche de 95 % avec 5 %
les urines » et tout doit être mis en œuvre pour assurer la d’incontinence résiduelle ; la plupart sont guéries après la
fermeture de la fistule dès la première tentative. première intervention.

6 Techniques chirurgicales - Gynécologie


Fistules urogénitales ¶ 41-865

Le taux de guérisons des fistules complexes et graves est de Les fistules urogénitales sont rares dans les pays développés,
l’ordre de 80 %. Dans 50 % des cas, la guérison est obtenue mais elles peuvent toujours menacer la fonction rénale ou
après plusieurs interventions ; le taux d’incontinences résiduel- aboutir à une dérivation urinaire définitive. Leur prévention
les varie de 5 % [29] à 30 % [30]. passe par la rigueur chirurgicale, le diagnostic et la réparation
En cas d’échecs successifs souvent associés à une aggravation immédiate des plaies vésicales, le respect des règles de sécurité
de la sclérose vaginale, la situation locale peut apparaître telle en cœliochirurgie et en radiothérapie.
que toute nouvelle tentative de fermeture semble vouée à .

l’échec ; il faut alors peser l’indication d’une dérivation urinaire


en tenant compte des risques opératoires, de la nécessité de la ■ Références
prise en charge de l’acidose hyperchlorémique et des risques
[1] Docquier J. Fistules vésico-vaginales d’origine obstétricale. À propos
tumoraux digestifs à long terme. Le taux global de dérivations de 417 cas. Acta Urol Belg 1982;50:91-100.
est inférieur à 5 %. [2] Gueye SM, Ba M, Sylla C, Diagne BA, Mensah A. Les fistules vésico-
vaginales; aspects étiopathogéniques et thérapeutiques au Sénégal.
Traitement des fistules après chirurgie J Urol 1992;98:148-51.
[3] Benchekroun A, Lakrissa A, Essakalli HN, Faik M, Abakka T,
Sans radiothérapie Hachimi M, et al. Les fistules vésico-vaginales : à propos de 600 cas.
J Urol 1987;93:151-8.
Elles peuvent bénéficier de la même approche thérapeutique [4] Sylla S. La place de la dystocie osseuse dans les fistules vésico-
que les fistules obstétricales. Elles sont généralement plus faciles vaginales. Med Afr Noire 1975;2:756.
à opérer car il y a moins de sclérose et ce, plus souvent par voie [5] Mensah A. Les aspects neurologiques de la fistules obstétricale d’ori-
haute du fait de leur topographie plus volontiers rétrotrigonale gine obstétricale. Prog Urol 1996;6:398-402.
et de conditions chirurgicales moins précaires. Certains auteurs [6] Monseur J. In: Grandes nécroses urogénitales du post-partum. In:
proposent une approche laparoscopique [31, 32], avec, sur de Journées Urologiques de Necker. Paris: Masson; 1982. p. 133-41.
petites séries, des taux de succès identiques à ceux des autres [7] Lagundoye SB, Bell D, Gill G, Ogunbode O. Urinary changes in
voies. obstetric vesico-vaginal fistulae: a report of 216 cases studied by
intraveinus urography. Clin Radiol 1976;27:531-9.
Leur fermeture spontanée sous drainage est possible (7 %) [12].
[8] Yenen E, Babuna C. Genital fistula: a study based on 197 consecutive
La suture précoce d’une plaie vésicale négligée est réalisable
cases. Obstet Gynecol 1965;26:219-24.
dans les 72 heures [33]. Les résultats sont en général très bons
[9] Falandry l. La fistule vésico-vaginale en Afrique : 230 observations.
tant sur le plan anatomique que fonctionnel et semblent Presse Med 1992;21:241-5.
améliorés par l’utilisation d’interposition type Martius. Les taux [10] Hilton P, Ward A. Epidemiological and surgical aspects of urogenital
de succès vont de 90 à 95 % et sont identiques pour la voie fistulae: a review of 25 years experience in southeast Nigeria. Int
haute, la voie basse et la voie laparoscopique. Urogynecol J Pelvic Floor Dysfunct 1998;9:189-94.
[11] United Nations Population Fund (UNPFA). Presented at the second
Après radiothérapie Meeting of the Working Group for the Prevention and Treatment of
Obstetrical Fistula, Addis Ababa, October 30, 2002. Addis Ababa,
Leur fermeture spontanée est illusoire. Elles doivent être Africa, 2003.
drainées longtemps, afin de permettre une détersion complète [12] Huang WC, Zinman LN, Bihrle 3rd W. Surgical repair of vesicovaginal
des tissus nécrotiques. Elles ne constituent pas une contre- fistulas. Urol Clin North Am 2002;29:709-23.
indication absolue à l’approche vaginale [24], mais une interpo- [13] Hilton P. Vesico-vaginal fistula: new perspectives. Curr Opin Obstet
sition est, ici, indispensable : lambeau de Martius, muscle Gynecol 2001;13:513-20.
gracilis, péritoine, épiploon. Enfin, le traitement de ces fistules [14] Harkki-Siren P, Sjoberg J, Tiitinen A. Urinary tract injuries after
laisse une très large place aux dérivations urinaires qui sont hysterectomy. Obstet Gynecol 1998;92:113-8.
rendues plus difficiles du fait de l’irradiation digestive. [15] Mathevet P, Valencia P, Cousin C, Mellier G, Dargent D. Operative
Les résultats sont moins bons que pour les fistules postchi- injuries during vaginal hysterectomy. Eur J Obstet Gynecol Reprod
rurgicales. Langkilde [34] rapporte 90 % de succès pour les Biol 2001;97:71-5.
fistules postchirurgicales contre 14 % après radiothérapie. [16] Methfessel HD, Retzke U, Methfessel G. Urinary fistula after radical
L’utilisation d’un lambeau musculaire semble préférable à celle hysterectomy with lymph node excision. Geburtshilfe Frauenheilkd
d’un lambeau de Martius. 1992;52:88-91.
[17] Landoni F, Maneo A, Colombo A, Placa F, Milani R, Perego P, et al.
Randomised study of radical surgery versus radiotherapy for stage
Ib-IIa cervical cancer. Lancet 1997;350:535-40.
■ Conclusion [18] Mattingly RF, Borkowf HI. Acute operative injury to the lower urinary
tract. Clin Obstet Gynecol 1978;5:123-49.
Les fistules obstétricales posent un véritable problème de [19] Kuuva N, Nilsson CG. A nationalwide analysis of complications
santé publique en particulier en Afrique subsaharienne. Leur associated with the tension-free vaginal tape (TVT) procedure. Acta
incidence est directement liée aux mauvaises conditions d’accès Obstet Gynecol Scand 2002;81:72-7.
et aux insuffisances des soins primaires. Cette situation obsté- [20] Golomb J, Leibovitch I, Mor Y, Nadu A, Ramon J. Fascial patch repair
tricale est aggravée par les endémies infectieuses de ces régions. of complicated urethrovaginal fistula. Urology 2006;68:1115-8.
Leur prévention passe par une action pluridirectionnelle, allant [21] Siegel AL. Urethral necrosis and proximal urethro-vaginal fistula
de l’amélioration de la situation de la femme en Afrique à la resulting from tension free vaginal tape. Int Urogynecol J Pelvic Floor
constitution de réseaux de soins primaires pouvant réaliser les Dysfunct 2006;17:661-4.
actes obstétricaux de base en passant par l’amélioration des [22] Kobashi KC. Erosion of wovenpolyester pubovaginal sling. J Urol
1999;162:2070-2.
transports, ce qui implique un minimum de croissance écono-
[23] Angioli R, Penalver M, Muzii L, Mendez L, Mirhashemi R, Bellati F,
mique et de stabilité politique.
et al. Guidelines of how to manage vesico-vaginal fistula. Crit Rev
Le traitement chirurgical des patientes fistuleuses doit Oncol Hematol 2003;48:295-304.
bénéficier d’une prise en charge par des plateaux techniques [24] Flores-Carreras O, Cabrera JR, Galeano PA, Torres FE. Fistulas of the
adaptée au niveau de gravité de la lésion, mais elle est aussi urinary tract in gynecologic and obstetric surgery. Int Urogynecol
indissociable d’un accompagnement spécifique de ces patientes. J Pelvic Floor Dysfunct 2001;12:203-14.
Cette démarche doit comprendre deux volets correspondant, [25] Kelly J. Ethiopia: an epidemiological study of vesico-vaginal fistula in
d’une part, à un soutien psychologique avec une explication des Addis Ababa. World Health Stat Q 1995;48:15-7.
différentes phases du traitement chirurgical et, d’autre part, à [26] Waadijk K. The immediate management of fresh obstetric fistulas. Am
une démarche de réinsertion sociale de ces patientes. J Obstet Gynecol 2004;191:795-9.

Techniques chirurgicales - Gynécologie 7


41-865 ¶ Fistules urogénitales

[27] Guirassy S, Diallo IS, Bah I, Diallo MB, Sow KB, Diabate I, et al. [32] Wong C, Lam PN, Lucente VR. Laparoscopic transabdominal
Epidemiologic and therapeutic features of urogenital fistulae in Guinea. transvesical vesicovaginal fistula repair. J Endourol 2006;20:240-3.
Prog Urol 1995;5:684-9. [33] Hilton P. Vesicovaginal fistulas in developing countries. Int J Gynecol
[28] Browning A. Lack of value of the Martius fibrofatty graft in obstetric Obstet 2003;82:285-95.
fistula repair. Int J Gynecol Obstet 2006;93:33-43. [34] Langkilde NC, Pless TK, Lundbeck F, Nerstrom B. Surgical repair of
[29] Ahmad S. Management of vesico-vaginal fistulas in women. Int vesicovaginal fistulae--a ten-year retrospective study. Scand J Urol
J Gynecol Obstet 2005;88:71-5. Nephrol 1999;33:100-3.
[30] Murray C, Goh JT, Fynes M, Carey MP. Urinary and faecal inconti-
nence following delayed primary repair of obstetric genital fistula.
BJOG 2002;109:828-32. Pour en savoir plus
[31] Ou CS, Huang UC, Tsuang M, Rowbotham R. Laparoscopic repair of
vesicovaginal fistula. J Laparoendosc Adv Surg Tech A 2004;14:17-21. Camey M. Les fistules obstétricales. Progrès en Urologie 1998:218-9.

G. Eglin, Gynécologue (georges.eglin@wanadoo.fr).


Clinique Champeau, 32, avenue Enseigne-Albertini, 34500 Béziers, France.
J. Blanchot, Gynécologue.
Clinique de la Sagesse, 4, place Saint-Guénolé, 35000 Rennes, France.
J.-M. Colas, Urologue.
Polyclinique du Parc, rue Herberling, 39100 Dôle, France.
C.-H. Rochat.
12, chemin Beau-Soleil, 1206 Genève, Suisse.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Eglin G., Blanchot J., Colas J.-M., Rochat C.-H. Fistules urogénitales. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris),
Gynécologie, 220-A-10, Techniques chirurgicales - Gynécologie, 41-865, 2008.

Disponibles sur www.em-consulte.com


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8 Techniques chirurgicales - Gynécologie


Techniques chirurgicales - Gynécologie
[41-855-A]

Malformations vaginales (I)

Bernard J Paniel : Professeur des Universités, praticien hospitalier


Service de gynécologie obstétrique, centre hospitalier intercommunal de Créteil, 40, avenue de
Verdun, 94000 Créteil France
Bassam Haddad : Praticien hospitalier
Eric Meneux : Chef de clinique-assistant

© 1996 Elsevier SAS. Tous droits réservés.

Les malformations vaginales sont variées. Chacune pose des problèmes thérapeutiques
particuliers.

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AMBIGUÏTÉ SEXUELLE

Des troubles de la différenciation des voies génitales s'observent en cas :

de pseudohermaphrodisme féminin dont l'étiologie la plus fréquente est


l'hyperplasie surrénale congénitale ;
ou de pseudohermaphrodisme masculin.

Après avis multidisciplinaire, ces sujets intersexués peuvent bénéficier d'une génitoplastie
féminisante pour faciliter leur adaptation à la vie.

Pseudohermaphrodisme féminin

En cas de pseudohermaphrodisme féminin, les organes génitaux internes sont normaux et


la génitoplastie doit toujours être féminisante pour permettre relations et conception. Elle
comporte la périnéoplastie et la réduction de l'hypertrophie clitoridienne.

La périnéoplastie peut se faire de trois manières.


Périnéotomie simple

Elle est préconisée par Hendren (fig 1) et indiquée dans les stades II et III de Prader
lorsque le sinus urogénital est superficiel, proche de la peau périnéale, et lorsque l'orifice
vaginal et le bas-vagin paraissent normalement conformés.

Elle consiste à inciser sur la ligne médiane, sur le repère d'une sonde cannelée, les
grandes lèvres accolées. Le méat urétral puis l'orifice vaginal sont ainsi exposés.
L'épithélium du sinus urogénital est ensuite éversé et suturé à la peau périnéale.

La périnéotomie reconstitue le vestibule, procure à la vulve un aspect voisin de la normale


et autorise un accouchement par les voies naturelles.

Mais la cicatrice linéaire en forme de U peut se rétracter et déterminer une sténose


orificielle. Pour prévenir ce risque, il convient de disséquer largement la paroi vaginale
postérieure, de l'extérioriser et de l'éverser comme en cas de vulvopérinéoplastie.

Lambeau cutané périnéal

Il est décrit en 1964 par Fortunoff (fig 2) convient aux stades III et IV de Prader, lorsque
le sinus urogénital est profondément situé (fig 2 A). Le bas-vagin est alors constamment
malformé : il a une conformation conique avec un calibre allant en se rétrécissant jusqu'à
l'orifice vaginal dont le diamètre est parfois inférieur à 1 cm. Il convient là encore de faire
une vulvovaginoplastie et non une vulvoplastie simple.

Le lambeau cutané périnéal en forme de U renversé est tracé sur la peau périnéale (fig 2
A), sa pointe affleure l'orifice du sinus urogénital et sa base est à hauteur de la marge
anale. Il doit être large et le plus long possible. Puis il est disséqué d'avant en arrière (fig
2 B), en veillant à lui conserver une épaisseur et un support graisseux convenables pour
préserver sa vascularisation. La paroi muqueuse interne du sinus urogénital est ensuite
incisée sagittalement. Cette incision est prolongée par la section de l'anneau hyménéal
puis par une colpotomie postérieure médiane intéressant tout le segment rétréci du vagin,
atteignant si besoin le haut-vagin mais respectant le cul-de-sac vaginal postérieur pour
éviter la constitution d'une bride cicatricielle source éventuelle de dyspareunie profonde.

Le relief de l'épais noyau fibreux central du périnée doit alors être amenuisé par incisions
radiaires et digitoclasie, voire par larges résections fibromusculaires faites sur le repère
d'un doigt intrarectal et respectant le sphincter anal.

De part et d'autre de la colpotomie postérieure, la paroi postérieure du vagin est clivée de


la paroi rectale. La colpotomie s'entrouvre et une perte de substance vaginale postérieure
en forme de V se dessine.

Le lambeau cutané périnéal triangulaire est alors rabattu à l'intérieur du conduit vaginal
(fig 2 C). Il vient tapisser parfaitement la perte de substance vaginale postérieure.
L'approximation des berges cutanées et muqueuses est assurée par des points séparés
d'acide polyglycolique000. L'orifice vaginal et le bas-vagin recouvrent ainsi un calibre
normal.

A hauteur de la vulve, une perte de substance latérale persiste. Parfois la tranche vaginale
et la berge latérale du sinus urogénital largement libérée peuvent être affrontées sans
tension inopportune. Ailleurs cela n'est pas possible ; il convient alors d'abaisser, après les
avoir mobilisés, les plis labioscrotaux de part et d'autre du nouvel orifice vaginal. Une
plastie en W se trouve ainsi réalisée (fig 2 D).

Une sténose orificielle secondaire n'est pas à craindre, car la suture cutanéomuqueuse se
fait en ligne brisée. La perméabilité vulvovaginale procurée n'a généralement pas besoin
d'être améliorée par la pratique de dilatations intrusmentales et autorise rapidement une
vie sexuelle active. La morphologie de la vulve demeure toutefois inhabituelle, car l'arc
postérieur du vestibule est cutané et non muqueux. La survenue rare d'un kyste du canal
de la glande de Bartholin conduit à son exérèse. Un accouchement par les voies
naturelles, facilité par une large épisiotomie, peut parfois être envisagé ; habituellement
cependant une césarienne est mise en œuvre pour ne pas compromettre le résultat de la
plastie orificielle.
Abaissement transpérinéal du vagin

Décrit par Hendren il s'adresse aux formes très masculinisées où le vagin s'ouvre dans
l'urètre, plus ou moins près du sphincter strié. Le sinus urogénital est alors employé pour
prolonger l'urètre. L'abouchement urétral du vagin profondément situé est refermé et trois
lambeaux cutanés périnéaux vont à l'encontre du vagin abaissé, après clivage et résection
périnéale.

Pseudohermaphrodisme masculin

En cas de pseudohermaphrodisme masculin, la génitoplastie est également féminisante


lorsque l'assignation du genre féminin fait espérer la meilleure adaptation à la vie. Outre la
périnéoplastie et la réduction de l'hypertrophie clitoridienne, elle comporte également la
création d'un néovagin. Les techniques sont identiques à celles mises en œuvre en cas
d'aplasie utérovaginale.

La forme incomplète d'insensibilité périphérique aux androgènes exige, après la puberté,


l'ablation des gonades devenues contradictoires en raison du risque de développement
tumoral. L'incision esthétique de Pfannenstiel permet d'extirper les gonades sises à
proximité ou à l'intérieur des canaux inguinaux, tout en autorisant une exploration
correcte de la cavité pelvienne. Mais la castration peut également être réalisée, comme
Strafford et Cleary l'ont suggéré, au cours de la clitoridoplastie évitant ainsi toute cicatrice
abdominale.

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CLOISONS TRANSVERSALES DU VAGIN

Les cloisons transversales ou diaphragmes congénitaux du vagin ont une épaisseur


variable, notamment au niveau de leur base d'insertion, plus importante lorsque plus haut
situés, mais toujours inférieure à 1 cm.

Leur siège est également variable : peu au-dessus de l'hymen ou au tiers supérieur du
vagin (46 % des cas).

Ils sont parfois multiples et étagés. On distingue les diaphragmes complets et les
diaphragmes perméables.

Diaphragmes complets

Ils provoquent à la période pubertaire une rétention menstruelle complète. A


l'hématocolpos peuvent s'associer une hématométrie, voire un hématosalpinx.

Le traitement chirurgical, rapidement mis en œuvre, consiste à débrider largement la


cloison en son centre. Un liquide comparable à du sirop de cassis ou à du chocolat s'écoule
en lourdes volutes. Une aspiration peut faciliter son évacuation.

Il importe :

de favoriser l'évacuation d'un hématomètre associé par une perfusion


d'ocytociques ;
et surtout de prévenir l'infection ascendante par l'administration générale et
locale, immédiate et prolongée, d'antibiotiques.

Une cœlioscopie précédant habituellement le geste chirurgical ou le suivant en cas de


volumineux hématocolpos est conseillée pour préciser parfaitement le retentissement en
amont : hématométrie, hématosalpinx, reflux tubaire du sang des règles, dépôts
hématiques, greffes endométriosiques, adhérences pelviennes. La fertilité ultérieure en
dépend.

L'opération correctrice définitive du diaphragme sera entreprise :

dans le même temps opératoire, lorsque la distension vaginale est modérée ;


ou dans un second temps, quelques semaines plus tard, lorsque le vagin sus-
strictural aura recouvré des dimensions normales, mais après avoir pris la
précaution de réséquer une pastille centrale de diaphragme pour assurer la
pérennité de la perméabilité et prévenir la reconstitution d'un hématocolpos, voire
d'un pyocolpos.

Diaphragmes perméables

Ils peuvent être annulaires ou semi-circulaires.

Les diaphragmes annulaires intéressent toute la circonférence du vagin et ont un orifice


centré ou excentré de dimensions fort variables. Bas situés, ils réduisent la longueur
fonctionnelle du vagin et interdisent ou perturbent la mise en place de tampons
périodiques et plus tard les rapports sexuels. Ils réclament un traitement curatif. Haut
situés, ils sont asymptomatiques.

Les diaphragmes semi-circulaires ou falciformes sont habituellement parfaitement tolérés


et découverts fortuitement lors d'un examen au spéculum.

Les diaphragmes muets sur le plan fonctionnel pourraient être respectés, mais les
perspectives obstétricales représentent une indication d'intervention prophylactique. En
effet, si certains diaphragmes vaginaux, en se ramollissant en fin de grossesse et en
s'incorporant lors du travail au canal utérovaginal, permettent de façon surprenante
l'accouchement par les voies naturelles, il faut redouter le traumatisme obstétrical qui
aboutit à l'éclatement étoilé du diaphragme suivi d'un rétrécissement plus serré parce que
cicatriciel, et fait d'une jeune mère une infirme sexuelle. Une obligation de résultat
s'impose donc à l'opération prophylactique. En effet, avant la survenue d'une grossesse,
on ne saurait admettre qu'elle transforme une sténose congénitale souple en une sténose
cicatricielle épaisse et fibreuse.

Des procédés thérapeutiques divers ont été proposés.

Dilatations

Les dilatations digitales ou instrumentales sont à déconseiller. En effet, le résultat qu'elles


procurent est trop souvent éphémère. En érodant la muqueuse, elles peuvent même
constituer un facteur supplémentaire de sténose.

Interventions correctrices

Elles seront effectuées de préférence peu après les règles pour prévenir une éventuelle
greffe endométriosique. On a le choix entre la résection du diaphragme, le procédé des
crevés ou diverses interventions plastiques.

Résection du diaphragme

Suivie de la suture des tuniques vaginales sus-et sous-jacentes proposée par Lecène
(1928) puis par Faure, elle est surtout employée dans les pays anglo-saxons (fig 3).

Le diaphragme étant correctement exposé, une incision verticale faite à partir de l'orifice
central le divise en deux hémidiaphragmes. Un index introduit dans le vagin sus-strictural
permet de définir l'ampleur de ce dernier, de palper le col utérin, et surtout d'apprécier
l'épaisseur du diaphragme.

Chaque hémidiaphragme est ensuite réséqué, le trait de section passant quelques


millimètres en dedans de son insertion périphérique. La muqueuse vaginale ainsi
préservée permettra ultérieurement une approximation sans tension.

La base circulaire fibroconjonctive du diaphragme, plus ou moins épaisse, est ensuite


réséquée (fig 3 B) de façon complète en évitant de blesser la vessie ou le rectum et de
faire une résection latérale excessive.

Les berges vaginales supérieure et inférieure doivent venir au contact l'une de l'autre sans
tension inopportune. Au besoin elles seront disséquées vers le haut et vers le bas sur une
distance suffisante. Elles sont suturées par des points séparés de fil à résorption lente 3-0
ou 4-0 chargeant au passage le tissu conjonctif sous-jacent.

Un moule fait d'une éponge imbibée d'antiseptique et maintenue dans un condom est
inséré dans le vagin les 10 premiers jours postopératoires puis remplacé par un moule en
polyéthylène ou relayé par de fréquents rapports sexuels.

Plusieurs auteurs reprochent cependant à cette technique de nombreux échecs par


lâchage des sutures et constitution secondaire d'un cylindre cicatriciel sténosant.

Procédés plastiques

Pour pallier ces échecs, divers procédés plastiques se proposent de préserver la précieuse
étoffe muqueuse.

Procédé de l'Y-V (fig 4)

Décrit par Granjon [2] en 1947 à l'instigation de Mocquot, il possède un effet de


glissement. Une incision triangulaire en V, correpondant aux branches
divergentes de l'Y, est tracée sur la face inférieure du diaphragme (fig 4 A) ; la
pointe est à hauteur de son bord libre, l'extrémité des branches dépasse sa base
d'insertion se prolongeant légèrement sur la muqueuse vaginale. Le lambeau
triangulaire ainsi délimité est disséqué par clivage de l'épaisseur du diaphragme.

Une incision rectiligne, formant la branche verticale de l'Y (fig 4 B), est ensuite
menée sur la muqueuse du versant supérieur du diaphragme. Les lèvres de cette
incision rectiligne s'écartent en V, leur dissection favorise et accroît encore cet
écartement.

Le lambeau triangulaire inférieur est alors couché dans l'écartement de l'incision


supérieure.

La suture des berges muqueuses à l'aide de points séparés de fil à résorption


lente 000 provoque l'effacement du diaphragme. Le premier point est passé au
sommet du lambeau triangulaire. On constate alors un excès de muqueuse aux
extrémités distales du lambeau inférieur qui pourra être économiquement
réséqué.

L'affrontement et la suture des muqueuses procurent un effet d'allongement un


peu supérieur de chaque côté à la moitié de la longueur des branches
divergentes du Y. Le procédé peut être répété sur la partie antérieure ou latérale
du diaphragme.

L'avantage de ce procédé est de préserver la muqueuse. Certains inconvénients


peuvent toutefois lui être reprochés :

la minceur éventuelle des lambeaux décollés ;


le lâchage du point cardinal au sommet du lambeau triangulaire, la
désunion étant facilitée par la tension de la suture en ce point et par la
tendance au sphacèle de la pointe du lambeau triangulaire. Une nouvelle
bride rétractile peut en résulter.

Ce procédé paraît plus particulièrement indiqué en cas de diaphragme arciforme


et saillant.

Plastie en Z (fig 5)

Proposée par Musset [3] en 1956, à la suite des travaux de Morel-Fatio, elle
possède un double effet de transposition et d'allongement.

Une valve postérieure tenue légèrement mais bien fixement par le second aide
expose le diaphragme. L'emplacement du ou des Z est alors estimé.

La bride est mise en tension entre deux fils tracteurs repères (fig 5 A) et la
branche centrale BC est tracée en premier tout au long de l'arête faîtière ainsi
déterminée. Il importe d'inciser franchement non seulement la muqueuse en son
entière épaisseur mais encore et surtout le tissu conjonctif qui forme le corps du
diaphragme jusqu'à pénétration dans le tissu cellulaire de l'espace décollable
sous-jacent.

A partir d'une des extrémités de la branche transversale, une incision AB (fig 5


B) faisant avec celle-ci un angle d'au moins 60 degrés et de longueur
rigoureusement égale, est menée sur le versant inférieur du diaphragme.

A partir de l'extrémité opposée, la troisième branche CD du Z est conduite selon


les mêmes règles sur le versant supérieur du diaphragme.

Les deux lambeaux triangulaires symétriques sont ensuite soulevés (fig 5 C) à


l'aide de fins crochets puis disséqués à l'aide de ciseaux courbes mousses et fins
(Metzenbaum) en veillant à ne pas les traumatiser et à leur conserver une solide
épaisseur. La dissection sera poursuivie légèrement dans le plan souple sous-
jacent à l'armature fibroconjonctive du diaphragme. Les zones de décollement
saignent habituellement peu ; s'il en était besoin, l'hémostase serait assurée par
de fines coagulations.

Les lambeaux décollés sont alors mobilisés et entrecroisés (fig 5 D) de manière à


ce que chacun comble l'aire de décollement de l'autre. Il en résulte un effet de
transposition, la nouvelle branche centre du Z prenant une direction
perpendiculaire à la première, et un effet d'allongement dû à l'élasticité des
téguments combinée au creusement.

Après la fixation des points des lambeaux, la suture du nouveau Z qui a subi une
rotation de 90 degrés se fait par des points séparés de fil à résorption lente 000
ou 0000.

Si nécessaire, d'autres plasties en Z centrées sur l'arête du diaphragme sont


ensuite pratiquées.

Aucun pansement n'est nécessaire. Par précaution un tampon hémostatique ou


un mandrin souple peuvent être laissés en place 24 à 48 heures. Des ovules
gynécologiques préviendront une éventuelle surinfection. La guérison se fait
rapidement et dans de bonnes conditions et à distance, il est habituellement
impossible de retrouver trace des cicatrices.

La plastie en Z convient parfaitement aux diaphragmes falciformes, semi-


circulaires peu ou moyennement saillants.

Z en série (fig 6)

[1]
Ce procédé décrit en 1967 par Garcia utilise le principe de la plastie en Z.

Une incision circulaire est tracée sur le bord libre du diaphragme (fig 6 A) qui est
divisé en deux parties par dissection poussée jusqu'à la paroi vaginale, au-delà
même de l'insertion vaginale du diaphragme. Les deux hémidiaphragmes
s'écartent spontanément l'un de l'autre en laissant entre eux une zone dénudée.

Chacun de ces deux hémidiaphragmes est ensuite sectionné en quatre portions


égales triangulaires à sommet interne et régulièrement décalées de 45 degrés.

L'hémidiaphragme inférieur est incisé de préférence en croix, lorsque le


diaphragme est sus-hyménéal, pour éviter que les branches d'un X ne viennent
blesser les orifices des canaux des glandes de Bartholin. Les quatre lambeaux
inférieurs ainsi individualisés sont repérés par des fils passés près de leur pointe
et éversés (fig 6 B).

L'hémidiaphragme supérieur est ensuite incisé en X.

Les huit lambeaux ainsi délimités sont rabattus et entrecroisés sur la zone
dénudée puis suturés entre eux par des points séparés de fils à résorption lente
000 et 0000. La suture obtenue en fin d'intervention réalise une ligne brisée en
étoile.

Dans un but hémostatique, un tampon compressif ou mieux un mandrin souple


peuvent être laissés en place 24 à 48 heures, sous couvert d'une sonde vésicale à
demeure.

Ce procédé convient surtout aux diaphragmes annulaires.

Procédé des crevés* (fig 7)

[4]
Il a été remis à l'honneur en 1972 par Musset . Il est le plus simple et convient
à la plupart des types de diaphragmes.

Des incisions radiaires (fig 7 A) sont effectuées au bistouri ou aux ciseaux, tous
les 45 à 60 degrés environ en cas de diaphragme annulaire ou à la demande, en
cas de cloison falciforme, en partant du centre ou de l'orifice spontané et en
entamant légèrement la muqueuse vaginale sus- et sous-stricturale, car il
convient de débrider complètement la base fibreuse du rétrécissement.

Par rétraction élastique, les bords de l'incision s'écartent en losange et le


rétrécissement s'efface ce qu'il importe de vérifier au toucher.

Mais la cicatrisation des crevés ne doit pas être abandonnée à son évolution
spontanée. Pour ne pas entraver leur épithélisation et prévenir la rétraction
cicatricielle, il est indispensable d'introduire dans le vagin un mandrin souple,
léger, lisse, non adhérent et non compressif :

soit une prothèse habituellement utilisée dans le traitement chirurgical


des aplasies vaginales ;
soit un condom dans lequel est introduite une éponge imprégnée d'eau
stérile ou de solution antiseptique qui la rend malléable tout en procurant
les dimensions souhaitées ainsi qu'une forme et une consistance bien
adaptées. Le condom est introduit dans la cavité vaginale au-dessus de la
sangle des releveurs et après que le liquide en excès se soit écoulé, il est
obturé par une ligature ou un nœud à la base de l'éponge.
Le moule est extirpé 48 heures après l'opération, éventuellement sous
anesthésie générale pour évacuer d'éventuels caillots puis
immédiatement réinséré. La patiente est avertie de son risque d'expulsion
lors des efforts abdominaux, en particulier ceux de défécation. Il est
conseillé de prévenir cette expulsion en maintenant le mandrin à l'aide
d'un doigt, ou si elle est survenue, de remettre le mandrin immédiatement
en place après l'avoir nettoyé à l'eau et enduit de pommade antibiotique.
Le moule est changé chaque semaine, car le condom se comporte à la
longue comme une membrane semi-perméable et car l'éponge a tendance
à se rétracter. Celle-ci peut être conservée, il suffit de l'imprégner à
nouveau de solution antiseptique avant de l'introduire dans un nouveau
préservatif.
Au bout de 4 voire de 6 semaines, l'épithélialisation complète à partir des
bandes muqueuses intermédiaires aux crevés et la perméabilité vaginale
sont généralement obtenues. De fréquents rapports sont alors
recommandés car ils sont un véritable relais physiologique du traitement.

Cas particulier des diaphragmes sous-cervicaux

Les diaphragmes sous-cervicaux, appelés de façon imagée par Legay « phimosis


du col » doivent être individualisés en raison de leurs particularités
anatomiques.

Le vagin sus-strictural présente un vice de conformation : la voûte vaginale est


infundibulaire, dénuée de véritables culs-de-sac. Le cul-de-sac antérieur est
inexistant et le cul-de-sac postérieur a l'aspect d'un récessus étriqué s'effilant
latéralement de part et d'autre du « museau de tanche ».

L'épithélium tapissant le diaphragme et la voûte vaginale peut être malphigien


ou cylindrique et connaître alors une métaplasie pavimenteuse : régulière,
jamais dysplasique. Il est volontiers remanié par la stagnation et/ou l'infection
des produits de sécrétions utérines et par une greffe endométriosique favorisée
par la gêne à l'écoulement du liquide menstruel.

Ces diaphragmes sous-cervicaux ne peuvent pas être traités correctement par


les techniques précédemment décrites. Les procédés plastiques ne peuvent pas
être mis en œuvre. Le port du mandrin après réalisation de crevés prévient mal
la rétraction secondaire et la reconstitution du diaphragme. Un procédé
particulier s'impose.

L'intervention [5] consiste en l'exérèse monobloc du diaphragme sous-cervical et


du dôme vaginal, suivie, après minime amputation du col utérin, d'une
anastomose utérovaginale (fig 8).

Le diaphragme étant correctement exposé à l'aide de valves, deux incisions


radiaires à 3 heures et 9 heures le divisent en deux hémidiaphragmes.

L'hémidiaphragme postérieur est saisi par une pince en cœur et une colpotomie
transversale arciforme est faite au pied de sa base d'implantation. La dissection
est menée aux ciseaux courbes et mousses sans jamais perdre le contact de la
face profonde de la muqueuse vaginale. On arrive ainsi dans la partie toute
supérieure du plan de clivage rectovaginal celluleux et avasculaire. Le
dédoublement est poursuivi, et plus haut mais parfois d'emblée, le vagin est
disséqué du péritoine du cul-de-sac de Douglas.

L'hémidiaphragme antérieur est alors saisi et la colpotomie circulaire poursuivie


en avant, toujours à proximité du diaphragme. La paroi antérieure du dôme
vaginal répond au bas-fond vésical. Elle en est séparée par le septum
vésicovaginal (ou fascia de Halban). Les uretères pelviens longent cette cloison
vésicovaginale, mais lorsqu'ils pénètrent dans la vessie, à la base du triangle de
Lieutaud, ils reposent directement sur la paroi antérieure du vagin. Il convient
donc, là encore, de rester au contact de la face profonde de la muqueuse
vaginale ; fort heureusement la dissection s'effectue sur une très courte
distance.

Latéralement, le dôme vaginal répond au paravagin, constitué essentiellement du


pédicule conjonctivovasculaire sous-urétéral. Le vagin est fortement repoussé du
côté opposé à l'aileron que l'on veut lier, ce dernier est étreint en plusieurs
prises étagées jusqu'à proximité du col utérin, à l'aide de pinces longues,
courbes et résistantes type De Bakey ou Palmer, placées au contact du dôme
vaginal afin de rester à distance de la crosse de l'artère utérine et de l'uretère
ordinairement situés au-dessus et en dehors du cul-de-sac latéral. L'hémostase
est aussitôt assurée par des ligatures transfixiantes.

Le « museau de tanche » est ensuite dépouillé de sa tunique muqueuse et une


minime amputation du col est réalisée au bistouri. La ligature préalable des
pédicules cervicovaginaux fait en sorte que le saignement soit modéré, mais on
n'hésitera pas à placer une ligature appuyée sur un vaisseau saignant en jet.
Une anastomose utérovaginale est alors effectuée. La dilatation préalable du col
utérin constitue une garantie contre une sténose ultérieure ; elle sera mesurée
pour ne pas créer de béance cervico-isthmique. L'hémostase et le recouvrement
partiel du moignon cervical sont assurés :

soit par des surjets antérieur et postérieur de catgut no 1 ;


soit par deux points de Sturmdorf antérieur et postérieur.

L'aiguille, lorsqu'elle transfixie le col utérin, ressort, non dans le canal cervical,
mais sur la tranche de section à proximité de la muqueuse endocanalaire de
manière à appliquer intimement mais à ne pas invaginer le lambeau vaginal.
Latéralement, un large point en X vient reprendre toute la région de la
commissure.

Les soins postopératoires se résument en l'administration locale d'ovules


antiseptiques. Les rapports sexuels sont autorisés 4 à 6 semaines après
l'intervention.

Chez la femme enceinte, la correction de la cloison est entreprise au cours du


premier trimestre. Au-delà, il faut s'abstenir.

Rappelons que l'accouchement par voie basse ne peut être accepté que dans les
cas de diaphragmes souples et larges, en raison du risque d'aggravation de leur
état anatomique et de leur symptomatologie fonctionnelle.

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CLOISONS LONGITUDINALES DU VAGIN (FIG 9)

Elles divisent le vagin en deux cavités perméables .

Dans 40 % des cas, elles sont cause de dyspareunie, d'apareunie ou


d'hémorragie lors de la défloration. Chez l'adolescente, l'inefficacité d'un tampon
périodique ou la nécessité d'en placer un second permettent d'évoquer
précocement le diagnostic.

Dans 60 % des cas, elles sont parfaitement tolérées et découvertes fortuitement.

En dehors de la grossesse

La suppression de la cloison est entreprise :

à titre curatif si elle occasionne des troubles fonctionnels ;


ou à titre préventif si, épaisse ou partielle, elle fait redouter une dystocie
des parties molles.

Le traitement chirurgical est simple :

sonde vésicale à demeure ;


exposition de la cloison par l'introduction dans chaque hémivagin de deux
valves étroites et longues type valve de Pozzi, l'une antérieure, l'autre
postérieure, maintenues écartées par deux aides se tenant de part et
d'autre de l'opérateur.

On a le choix entre les deux techniques suivantes .


Section de la cloison

A l'aide de ciseaux droits, on incise la cloison à mi-chemin entre le méat urétral


et la fourchette puis on progresse en direction du col jusqu'à ce que la cloison
soit entièrement sectionnée. Les deux tranches de section se rétractent sur les
faces correspondantes du vagin. Elles sont alors suturées à l'aide de surjets ou
mieux de points séparés de catgut 0 ou 00.

Résection de la cloison (fig 10)

La membrane sagittale étant exposée, une pince de Kocher (fig 10 A, B) étreint


la cloison à 3 ou 4 mm de son insertion postérieure. Une seconde pince, parallèle
à la précédente, est placée à quelques millimètres de l'insertion antérieure. La
cloison est d'abord sectionnée entre la pince postérieure et la paroi vaginale (fig
10 C), au contact de la pince. La traction sur la pince et le retrait mesuré des
valves permettent d'extérioriser à la vulve la tranche de section postérieure (fig
10 D). L'hémostase et l'affrontement muqueux sont alors assurés (fig 10 E) :

soit par un surjet simple ou à points passés de catgut 0 ou 00, en prenant


soin de ne pas trop serrer le nœud final pour éviter une rétraction
excessive ;
soit par des points séparés, simples ou en X, de catgut 0 ou 00. Une
œuvre identique est accomplie en avant.

Puis la cloison est à nouveau mise en tension et parfaitement exposée à l'aide


des quatre valves et deux nouvelles pinces de Kocher viennent l'étreindre en
amont des deux premières (fig 10 F), toujours à quelques distances de ses
attaches antérieure et postérieure. On progresse ainsi en direction du massif
cervical.

A hauteur de ce dernier, la cloison est sectionnée :

au niveau de son insertion sur le septum qui sépare le col en deux


hémicols en cas d'utérus cloisonné ;
entre les deux cols, en cas d'utérus bicorne-bicervical.

Au dôme vaginal, il est essentiel de conduire la résection tout au fond des culs-
de-sac antérieur et postérieur (fig 10 G) de façon à libérer entièrement le ou les
« museaux de tanche ». En effet, il convient d'éviter dans ces culs-de-sac la
création de brides sagittales médianes sources éventuelles de dyspareunie
profonde.

La résection de la cloison sera toujours mesurée, car elle comporte des


inconvénients :

le risque d'une perte de substance muqueuse trop importante suivie d'un


processus de rétraction avec rétrécissement important du calibre vaginal
et éventuellement dyspareunie ;
le risque d'effraction des parois vésicale ou rectale : il est faible, voisin de
0,5 %, mais non nul. La rigueur et la minutie apportées à la réalisation de
ce procédé permettent d'éviter ces fâcheux incidents.

La cicatrisation est très rapidement obtenue. Les bourrelets muqueux antérieur


et postérieur s'estompent progressivement. Après l'intervention il convient de
prévenir la survenue d'une synéchie entre les cicatrices muqueuses par la mise
en place quotidienne, pendant 2 semaines, profondément dans le vagin, d'ovules
gynécologiques. Du reste un semblable accolement pourrait être aisément levé
au doigt lors de la consultation postopératoire précoce. Les rapports sexuels sont
autorisés 3 semaines après l'opération.

A distance, ces interventions procurent d'excellents résultats aussi bien sur le


plan anatomique que fonctionnel. Après résection de la cloison, le vagin recouvre
généralement une morphologie rigoureusement normale, sans la moindre
cicatrice.
Le principal intérêt du diagnostic de cloison longitudinale du vagin est d'évoquer
l'existence d'une malformation utérine sus-jacente, qu'il importe de rechercher
par la pratique d'une hystérographie (HSG), puis de définir. Aussi, lors du même
temps opératoire, une HSG, une hystéroscopie, une cœlioscopie peuvent-elles
s'avérer nécessaires.

Au cours de la grossesse [7]

En début de grossesse, la découverte d'une cloison jusqu'alors méconnue fait


envisager sa suppression dans un but préventif et rechercher une anomalie
utérine par la pratique d'une échographie.

En fin de grossesse, la vascularisation accrue de la cloison et/ou parfois,


l'engagement de la présentation, contre-indiquent l'intervention.

Lors de l'accouchement, en cas de dystocie il faut se contenter de sectionner en


son milieu la cloison, l'hémostase et la résection éventuelle dans les culs-de-sac
antérieur et postérieur étant réalisées après la délivrance.

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HÉ MIVAGIN BORGNE

En cas d'hémivagin borgne (fig 11), une cloison anormale, épaisse et résistante,
partie du massif cervical, entre les orifices cervicaux, se dirige obliquement, en
bas et en dehors, pour s'unir sous hiatus à l'une des parois latérales du vagin, à
hauteur variable. Elle délimite :

d'un côté, un hémivagin perméable, de forme normale, fonctionnel ;


de l'autre côté, un hémivagin imperforé de forme tronconique, dans lequel
se développe une rétention menstruelle à la puberté.

L'hémivagin borgne est tapissé d'une muqueuse volontiers cylindrique, toujours


remaniée par la rétention menstruelle et, en cas d'utérus bicorne-bicervical
communicant sus-jacent, par des phénomènes inflammatoires et par des greffes
endométriosiques.

Il existe constamment un reliquat d'uretère qui, en bas, s'ouvre dans la poche


rétentionniste, ou s'il ne s'y abouche pas, adhère à elle, et, en haut, s'éparpille
en minces tractus dans le tissu cellulaire lombaire, après avoir croisé l'artère
utérine. Le rein et l'uretère opposés sont habituellement normaux.

Ce cloisonnement longitudinal asymétrique du vagin est surmonté de façon


constante d'un utérus malformé :

utérus bicorne-bicervical le plus souvent ;


utérus bicorne-bicervical communicant isthmique parfois ;
utérus cloisonné total exceptionnellement.

Le traitement exclusivement chirurgical doit être entrepris sans hâte inopportune


au terme d'une exploration complète comportant :

une échographie pelvienne ;


une échographie rénale ou une urographie intraveineuse (UIV) ;
une HSG pour ne pas méconnaître un utérus communicant. Mais le jeune
âge des patientes ou le refoulement en haut et en dehors du col rendent
sa réalisation délicate.

La patiente et ses parents étant avertis de la fréquente nécessité d'une


défloration chirurgicale, l'intervention commence habituellement par une
cœlioscopie.

Cœlioscopie

Elle montre une volumineuse tumeur abdominopelvienne sous-péritonéale,


médiane dans le pelvis : l'hématocolpos, surmonté :

de deux cornes utérines divergentes ;


ou exceptionnellement d'un utérus en masse unique.

Elle précise parfaitement le retentissement en amont.

Traitement conservateur

En l'absence de retentissement en amont le traitement conservateur est légitime.

Dans ces cas reconnus précocement où il n'existe ni hématosalpinx, ni


endométriose associée, et où les deux hémi-utérus ont une égale valeur
fonctionnelle, l'identification du côté en rétention est souvent impossible. Ceci
explique les fausses manœuvres opératoires qui ont pu être commises.
L'insertion des ligaments utérosacrés sur l'hémi-utérus qui n'est pas en rétention
pourrait servir de guide, mais il est parfois malaisé de la définir. Les données de
l'échographie rénale ou de l'UIV (aplasie rénale homolatérale à la poche
rétentionniste) prennent alors toute leur valeur et constituent un guide
infaillible.

Premier temps : incision de l'hématocolpos (fig 12) par les voies naturelles. Le
débridement large est fait dans la zone ou il bombe le plus souvent au bistouri
pointu puis aux ciseaux introduits fermés dans la brèche puis retirés en les
ouvrant. Un liquide analogue à du sirop de cassis ou à du chocolat s'écoule
lentement. L'aspiration hâte la vidange de la poche en rétention.

Il importe :

de favoriser l'évacuation d'un hématomètre associé par une perfusion


d'ocytociques ;
et surtout de prévenir l'infection ascendante par l'administration générale
et locale, immédiate et prolongée d'antibiotiques.

L'orifice de drainage étant agrandi par divulsion ou aux ciseaux, l'exploration


digitale permet d'apprécier :

l'ampleur résiduelle de l'hémivagin borgne ;


l'épaisseur et les dimensions de la cloison de séparation ;
et la conformation du col utérin : normale ou évasée en entonnoir par la
rétention.

Deuxième temps : résection de la cloison (fig 13).

Il est réalisé immédiatement lorsque la rétention n'est pas surinfectée et lorsque


l'hémivagin borgne évacué paraît reprendre ses dimensions originelles.

Il convient de réséquer la cloison dans son intégralité, en procédant comme en


cas de cloison longitudinale du vagin de manière à assurer une unification à plein
canal des deux hémivagins. L'hémostase et l'approximation des berges vaginales
ainsi affleurées sont réalisées par des points séparés, simples ou en X, de catgut
0.

La cloison étant réséquée, une HSG ou une hystéroscopie peuvent être aisément
réalisées pour visualiser la communication isthmique d'un utérus bicorne-
bicervical communicant. Cette exploration est systématique ou suggérée par
l'existence d'un écoulement hématique noirâtre postmenstruel, voire
intermenstruel.

La marsupialisation a également été proposée : la cloison est largement fenêtrée


par résection d'une grande pastille laissant en place le centimètre le plus proche
de son insertion périphérique, la tranche de section circulaire étant
soigneusement suturée par des points séparés. Cette technique fort simple peut
toutefois être compliquée : de rétention partielle puis de surinfection de la glaire
cervicale, et de dystocie des parties molles lorsqu'une grossesse s'est
développée dans l'hémi-utérus surmontant l'hémivagin antérieurement borgne.

L'examen anatomopathologique de la cloison de séparation montre qu'elle est


revêtue d'un épithélium cylindrique du côté borgne et d'un épithélium
malphigien du côté perméable. La muqueuse cylindrique laissée en place peut se
manifester dans les suites opératoires par une leucorrhée glaireuse d'abondance
accrue et parfois surinfectée. Elle sera remplacée en quelques années par
l'épithélium malphigien. Cette adénose congénitale contrairement à celle induite
par le diéthylsilbestriol (DES) n'a jamais été associée à un adénocancer à cellules
claires.

Le deuxième temps de résection de la cloison est différé lorsque la rétention est


surinfectée ou lorsque l'hémivagin borgne demeure vaste et ample. Il sera mis
en œuvre 1 à 3 semaines plus tard. Mais pour éviter la cicatrisation et la
fermeture de l'orifice de drainage suivie de la reconstitution de l'hématocolpos et
de son éventuelle surinfection le transformant en pyocolpos, il convient de
réséquer à partir de l'incision, une pastille de cloison de 1 à 2 cm de diamètre
puis de suturer les berges de ce hublot par des points séparés de fil à résorption
lente.

Traitement radical d'exérèse

En cas de retentissement en amont le traitement radical d'exérèse est indiqué.

En effet lorsque la rétention menstruelle s'accentue, elle détermine :

la constitution d'un hématosalpinx altérant de façon irréversible la


trompe ;
la greffe de foyers endométriosiques sur l'ovaire et/ou le péritoine ;
la survenue d'adhérences périannexielles. Ces lésions unilatérales
indiquent le côté atteint mais altèrent grandement la valeur fonctionnelle
de l'hémimatrice homolatérale. Il peut en être de même lorsqu'une
intervention inadéquate a été pratiquée antérieurement. Une hémi-
hystérocolpectomie est alors mise en œuvre (fig 14) :
sous anesthésie générale ;
sous perfusion d'ocytociques et d'antibiotiques ;
en position à deux équipes ;
avec mise en place d'une sonde vésicale à demeure.

Une HSG ou une hystéroscopie permettent de ne pas méconnaître une


communication isthmique entre les deux hémimatrices.

Par voie vaginale, un hystéromètre flexible en gomme souple ou en plastique


(bougie de Dalsace) est introduit dans l'hémicavité utérine surmontant
l'hémivagin perméable et temporairement fixé. Il permet d'identifier
parfaitement le défilé cervico-isthme devant être préservé.

Par voie abdominale (incision transversale sus-pubienne et non laparotomie


médiane parfaitement injustifiée chez cette adolescente), l'intervention débute
par le bilan anatomique de la malformation et du retentissement en amont.

Au niveau de l'annexe, suivant le siège et l'importance des lésions peuvent être


réalisées :

soit une salpingectomie, l'ovaire sain étant conservé ;


soit une annexectomie, la ligature du ligament lombo-ovarien étant
dénuée de tout danger urétéral.

L'hémihystérectomie est d'une grande simplicité. Après ligature-section du


ligament rond, du pédicule annexiel ou du seul ligament utéro-ovarien en cas de
salpingectomie isolée, le ligament large puis le cul-de-sac vésico-utérin sont
ouverts. La vessie est refoulée le plus bas possible surtout du côté atteint pour
exposer la face antérieure de l'hémivagin soumis à rétention. L'étreinte, la
section et la ligature du pédicule utérin sont là encore dépourvues de tout risque
urétéral (fig 14 A, B).

La séparation des deux hémi-utérus se fait à hauteur de l'isthme et du col (fig 14


C). Pour assurer une bonne paroi musculaire au défilé cervico-isthmique de
l'hémi-utérus (restant repéré par l'hystéromètre flexible), la section doit se faire
aux dépens de l'hémi-utérus à enlever, sur toute la hauteur de l'accolement,
affectant une forme de dièdre ou de coin. En général, cette section saigne peu. La
bougie de Dalsace ne doit pas être entrevue, on évite ainsi de léser le col et
l'isthme de l'hémi-utérus sain et de perturber les chances ultérieures de
grossesse. En cas d'utérus bicorne-bicervical communicant, la communication
isthmique repérée est excisée a minima avant d'être suturée. La séparation des
deux hémi-utérus conduit souvent à l'ouverture de la poche vaginale borgne ou à
la section de la cloison vaginale reconnue grâce à la bougie de Dalsace.

L'exérèse de l'hémivagin borgne (fig 14 D) est plus ou moins difficile mais


d'autant plus délicate que son pôle inférieur est plus bas situé. La dissection est
menée progressivement en demeurant au contact de sa paroi et en liant les
vaisseaux rencontrés. L'uretère vestigial est alors parfois identifié sous forme
d'un cordon blanchâtre, ferme, roulant sous le doigt, mais dépourvu de
mouvements de reptation. Le large décollement latéropelvien est ensuite
poursuivi en arrière sous le péritoine du Douglas, puis en avant par un clivage
vésicovaginal prudent. Lorsque le pôle inférieur est proche de l'hymen, sa
dissection s'avère plus aisée par voie vaginale. La cloison de séparation entre les
hémivagins peut théoriquement être dédoublée sur le billot d'un index introduit
dans le vagin perméable ; en fait elle est régulièrement sectionnée. Son
inévitable exérèse sera la plus économique possible. Grâce à l'étoffe préservée,
mais après s'être assuré de l'exérèse complète de la muqueuse cylindrique, un
bord vaginal et un cul-de-sac latéral ample pourront être reconstitués ;
l'hémostase et l'approximation des berges vaginales étant réalisées par des
points séparés ou un surjet de fil à résorption lente.

Le bord médian de l'hémi-utérus restant est suturé à l'aide de points séparés


chargeant le myomètre qui a tendance à se rétracter. Le décollement pelvien est
drainé :

soit par une lame ondulée de Delbet empruntant l'extrémité inférieure


non suturée de la brèche vaginale ;
soit par un drain aspiratif sous-péritonéal extériorisé par une contre-
incision iliaque homolatérale. Le ligament rond et éventuellement le
ligament utéro-ovarien sont arrimés à l'isthme de l'hémi-utérus restant,
puis une suture péritonéale soigneuse enfouissant les moignons et
reconstituant les feuillets antérieur et postérieur du ligament large est
réalisée.

Variantes

Lorsque l'atteinte tubaire ou ovarienne compliquant la rétention


menstruelle unilatérale est modérée, un traitement conservateur peut
être réalisé. La cœliochirurgie dispense alors d'une laparotomie.
Un hémivagin borgne affaissé par une fistule dans la cloison vaginale peut
être difficile à identifier. Il faut se souvenir qu'il est antérolatéral, car la
stratégie opératoire demeure inchangée.
Lorsque la rétention menstruelle unilatérale est surmontée d'un utérus
cloisonné total et compliquée d'une atteinte tubaire et/ou ovarienne, la
résection de la cloison vaginale par voie basse associée au traitement des
lésions annexielles par voie haute (Pfannenstiel ou cœliochirurgie), doit
être préférée à une hémi-hystérocolpectomie.
La rétention menstruelle unilatérale est plus impressionnante que grave,
lorsqu'elle est parfaitement traitée. Les résultats à distance de ces opérations
sont très satisfaisants : une ou plusieurs grossesses pouvant être menées à
terme dans l'hémi-utérus préservé, voire dans l'hémi-utérus qui a surmonté la
rétention.

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© 1996 Elsevier SAS. Tous droits réservés.

Fig. 1 :
Fig. 1 :

Périnéotomie médiane (Hendren).

A. Ambiguïté sexuelle.

Périnéotomie médiane (Hendren).

B. Coupe sagittale, sinus urogénital superficiel.

C. Une pince à disséquer étant introduite jusqu'au fond du sinus urogénital, incision médiane
sur le repère d'une sonde cannelée.

D. Le sinus est ouvert : suture cutanéomuqueuse.

Fig 2 :

Fig 2 :

Lambeau cutanéopérinéal (Fortunoff).

A. Sinus urogénital profondément situé (on ne peut pas faire saillir l'extrémité des branches de
la pince à disséquer sous la peau périnéale) ; tracé d'un lambeau cutané en U renversé, la base
est à hauteur de la marge anale, la pointe affleure l'orifice du sinus urogénital.

B. Dissection du lambeau cutané périnéal incision médiane du sinus urogénital.

C. Le lambeau périnéal est invaginé venant tapisser la perte de substance triangulaire


postérieure.

D. Vue latérale, suture en ligne brisée.


Fig 3 :

Fig 3 :

Résection du diaphragme vaginal.

A. Après incision verticale, section circulaire passant à quelques millimètres de l'insertion


périphérique.

B. Résection de la base fibroconjonctive circulaire, suivie de suture sans tension.

Fig 4 :
Fig 4 :

Procédé de l'Y-V (Granjon).

A. Incision triangulaire en V renversé sur la face inférieure du diaphragme.

B. Dissection du lambeau triangulaire, incision rectiligne de la face supérieure du diaphragme.

C. Le lambeau triangulaire inférieur est couché dans l'écartement de l'incision supérieure.

Fig 5 :
Fig 5 :

Plastie en Z (Musset).

A. Mise en tension de la branche BC suivie du dédoublement du diaphragme.

B. Incision AB faisant avec la branche BC un angle de 60°, dissection du lambeau triangulaire


inférieur.

C. Les deux lambeaux triangulaires sont disséqués.

D. Puis entrecroisés et suturés.

Fig 6 :
Fig 6 :

Procédé des Z en série (Garcia).

A. A partir de l'orifice central, division du diaphragme en deux hémidiaphragmes, incision de


l'hémidiaphragme inférieur en croix.

B. Les quatre lambeaux inférieurs sont repérés et éversés, incision de l'hémidiaphragme


supérieur en X.

C. Huit lambeaux sont ainsi individualisés.

D. Schéma montrant le dédoublement du diaphragme puis l'individualisation des huit lambeaux


qui sont entrecroisés et suturés en ligne brisée.

Fig 7 :
Fig 7 :

Procédé des crevés (Musset).

A. Incisions radiaires entamant la muqueuse vaginale sus- et sous-stricturale.

B. Effacement du diaphragme par rétraction élastique.

C. Mandrin souple (éponge ou compresses dans un condom).

Fig 8 :
Fig 8 :

Diaphragmes sous-cervicaux.

Fig 9 :
Fig 9 :

Cloisons longitudinales du vagin complètes ou partielles, surmontées d'un utérus cloisonné ou


d'hémimatrices.

Fig. 10 :
Fig. 10 :

Résection de la cloison longitudinale du vagin.

A. Cloison longitudinale complète surmontée d'un utérus bicorne bicervical.

B. Mise en place de deux pinces de Kocher à proximité des insertions antérieure et postérieure
de la cloison.

Résection de la cloison longitudinale du vagin.

C. Coupe sagittale correspondante. Section de la cloison au contact de la pince postérieure.

D. Le retrait mesuré des valves et la traction sur la pince de Kocher postérieure exposent la
tranche de section postérieure qui est suturée.

E. Suture par des points séparés.

F. Mise en place de deux nouvelles pinces de Kocher.

G. Résection de la cloison dans le cul-de-sac postérieur.

H. Aspect final.

Fig 11 :
Fig 11 :

Hémivagin borgne.

Fig 12 :

Fig 12 :

Premier temps : incision de l'hématocolpos.

A. Hémivagin borgne droit.

B. Incision : issue de sang menstruel en rétention.


Fig 13 :

Fig 13 :

Deuxième temps : résection de la cloison.

A. Unification à plein canal des deux hémivagins.

B. Coupe sagittale, l'hémivagin borgne est tapissé d'une muqueuse cylindrique.

C. Coupe transversale.

D. Aspect du massif cervical en fin d'intervention.

Fig 14 :
Fig 14 :

Hémi-hystérocolpectomie.

A. Au-dessus de l'hémivagin borgne, l'hémi-utérus et la trompe gauches sont distendus par la


rétention menstruelle.

B. Salpingectomie suivie d'hémihystérectomie (*dôme de l'hémivagin borgne).

C. La séparation des deux hémi-utérus à hauteur de l'isthme et du col se fait aux dépens de
l'hémi-utérus enlevé.

D. Exérèse de l'hémivagin borgne.

E. Péritonisation et reconstitution d'un ligament large gauche.

* crevé : ouverture longitudinale que l'on pratique dans une étoffe et qui laisse
apercevoir une étoffe d'une autre couleur cousue en dessous.
Techniques chirurgicales - Gynécologie
[41-855-B]

Malformations vaginales (II)

Bernard J Paniel : Professeur des Universités, praticien hospitalier


Service de gynécologie obstétrique, centre hospitalier intercommunal de Créteil, 40, avenue de
Verdun, 94000 Créteil France
Bassam Haddad : Praticien hospitalier
Eric Meneux : Chef de clinique-assistant

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APLASIE UTÉ ROVAGINALE

L'aplasie utérovaginale (fig 1) dont le syndrome de Mayer, Rokitansky-Küster-Hauser


représente plus de 90 % des cas, est rare. Sa fréquence est de 1/4 000 à 1/8 000 filles.

La fertilité est compromise mais une vie sexuelle normale peut être procurée aux jeunes
femmes affligées de cette anomalie par la création d'un néovagin.

Celle-ci est entreprise lorsque la patiente en exprime le désir. Sa maturité psychique et


sexuelle, ses motivations, sa détermination, sa coopération sont en effet indispensables,
voire déterminantes pour le succès du traitement.

De nombreux procédés ont été préconisés avec des fortunes diverses. On a le choix
entre :

la méthode non opératoire de Frank ;


et les diverses méthodes chirurgicales.

Méthode non opératoire de dilatation instrumentale de la cupule vaginale


Frank (1938)

La méthode non opératoire de dilatation instrumentale de la cupule vaginale a été décrite


en 1938 par Frank .
Les dilatations sont effectuées :

d'abord au doigt par le médecin ;


puis à l'aide de bougies de Hegar de calibre croissant (16 à 34) par le médecin
puis par la patiente elle-même (homework).

Il faut apprendre à cette dernière :

à s'installer confortablement
soit en décubitus dorsal, les cuisses en abduction et les genoux fléchis, avec un
oreiller sous les fesses,
soit en procubitus, un pied sur le siège d'une chaise ;
à localiser à l'aide d'un miroir la cupule, l'« endroit souple » situé juste en arrière
du méat urétral ;
à introduire la bougie enduite d'un lubrifiant hydrosoluble (Try®, Sensilub®, etc,
voire lait démaquillant) d'abord en direction du coccyx (fig.2.A) puis en direction
de S2-S3 (fig.2.B), parallèlement à l'urètre, selon l'axe normal du vagin et à
exercer une pression jusqu'à ce qu'une sensation de tension intense mais non de
douleur survienne. La pression est alors entretenue de façon pulsatile.

Chaque jour, une à trois séances de 15 à 20 minutes sont ainsi effectuées, la bougie étant
simplement nettoyée à l'eau et au savon.

Une variante a été proposée par Ingram [15] (Tampa, Floride) en 1975. Vingt bougies en
lucite de longueur et de calibre croissants (1,5-2,5-3,5 cm) sont utilisées successivement.
La bougie choisie est placée de manière à dépasser l'orifice vulvaire de 1 à 2 cm, et
maintenue in situ par une gaine-culotte. La patiente s'assoit ensuite, le tronc penché en
avant, sur une selle de bicyclette de course fixée sur un pied métallique de chaise ou de
fauteuil, pendant au moins 2 h/j, en une ou plusieurs séances. Le poids du corps exerce
une pression continue et se substitue à l'effort manuel supprimant ainsi l'inconfort de la
position de dilatation et autorisant une activité concomitante.

Les consultations, tous les 15 jours puis tous les mois, permettent :

de vérifier que la patiente a pris conscience de la direction normale du vagin et de


la différence de sensibilité entre la cupule vaginale et le méat urétral, évitant ainsi
les fausses routes urétrales ;
de mesurer les progrès et d'encourager la patiente à persévérer ;
de lui confier une bougie de calibre supérieur.

Au début, les progrès sont généralement rapides. Ce qui est gagné en profondeur est
légèrement et transitoirement diminué lors de l'emploi de la bougie de calibre supérieur.
Les derniers centimètres sont en revanche plus laborieusement acquis. Le but à atteindre
est l'introduction aisée d'une bougie de Hegar no 34 sur une longueur de 8 voire 10 cm.
Mais dès que la profondeur atteint 6-7 cm, les rapports sexuels sont autorisés et les
dilatations espacées puis abandonnées lorsque relayées par des coïts réguliers et
satisfaisants pour les deux partenaires.

La méthode de Frank façonne ainsi en 4 à 8 mois [10], un récessus élastique


intervésicorectal tapissé d'une muqueuse génitale sensible aux incitations hormonales. Elle
requiert :

de la part de la patiente, une coopération sans faille donc une maturité psychique
certaine (ne correspondant pas toujours à l'âge chronologique) et une motivation
forte ;
de la part de l'équipe soignante, des avis thérapeutiques, un soutien
psychologique et des conseils sexuels ;
enfin le concours d'une patiente traitée avec succès et servant de modèle de
motivation.

La méthode ayant pour but non pas de créer un organe artificiel mais d'aménager
progressivement une fonction sexuelle, les résultats ne s'apprécient pas en longueur et
gabarit vaginal. Ils sont satisfaisants lorsque les rapports sexuels sont possibles,
indolores, gratifiant pour le couple, la réponse sexuelle aboutissant à l'orgasme des deux
partenaires. Ils sont acceptables, en cas de dyspareunie profonde modérée ne justifiant
pas une retouche chirurgicale. Ainsi, l'appréciation des résultats se fait plus sur des
critères fonctionnels qu'anatomiques.

Les complications sont rares .

En cas de léger saignement par fissure de la muqueuse de la voûte vaginale, les


dilatations sont temporairement interrompues puis reprises avec une ardeur plus
contenue.
Les urétrites et les urétrocystites sont maîtrisées par les antibiotiques et l'arrêt
momentané des dilatations.
Les fausses routes urétrales s'observent surtout en cas de Frank naturel. Ce risque
est nul en cas de Frank instrumental lorsque la patiente est parfaitement
conseillée et suivie.
Les fistules recto- ou vésicovaginales parfois rapportées sont en fait
exceptionnelles, car prévenues par l'inconfort extrême ou la douleur en cas de
pression excessive.
Les prolapsus secondaires [16] surtout à type de colpocèle postérieure seraient dus
à l'allongement de la cavité vaginale par soulèvement progressif des structures du
plancher pelvien sans ancrage du dôme vaginal.

Dans une méta-analyse de 312 dilatations instrumentales, les complications étaient :


aucune fausse route urétrale, aucune fistule, quatre prolapsus.

La méthode de Frank est simple, dépourvue de risque opératoire et de rançon cicatricielle.


Elle peut être interrompue à tout moment, ne contrariant nullement la mise en œuvre
d'autres procédés. Surtout le résultat obtenu ne nécessite aucune maintenance : la
dépressibilité persiste après l'arrêt des dilatations instrumentales ou des rapports sexuels.

On peut lui reprocher cependant d'être longue et fastidieuse et surtout d'échouer dans un
tiers des cas par défaut de dépressibilité ou de coopération initié parfois par un médecin
non averti qui a immédiatement affirmé que le seul salut était chirurgical.

La méthode de Frank est indiquée lorsque le profil psychologique de la patiente l'autorise


et chaque fois que la cupule est dépressible. La profondeur de la cupule originelle peut
servir de guide :

supérieure à 4 cm, les rapports sexuels sont autorisés [11]. Parfois douloureux au
début, ils ne tarderont pas à procurer une dépressibilité compatible avec une
sexualité normale ;
comprise entre 2 et 4 cm, c'est pour de nombreux auteurs (Lees, Chervenak,
Bryans, Vecchietti...) [18] l'indication par excellence de la méthode. En cas
d'hymen bien individualisé mais charnu ou membraniforme, la réalisation première
d'incisions radiaires est nécessaire ;
inférieure à 2 cm, elle ne saurait faire renoncer de façon arbitraire à la méthode.
Certes les résultats sont plus aléatoires, mais de façon surprenante, parfois
fonctionnellement très satisfaisants. De plus, l'approfondissement même modéré
de la cupule n'est pas dénué d'intérêt lors de la réalisation seconde d'un procédé
chirurgical.

La méthode de Frank est contre-indiquée en cas de « mur rétrohyménéal » dépourvu de


toute dépressibilité ou après une malheureuse incision de la cupule source de sclérose.
L'aplasie postérieure de la vulve signalée par certains auteurs, mais difficile à apprécier,
serait également une contre-indication. Une solution chirurgicale est alors envisagée.

Méthodes opératoires

Elles sont nombreuses, témoignant de l'imagination féconde des chirurgiens.

La plupart comportent :

un premier temps, de clivage intervésicorectal ;


un deuxième temps, de recouvrement de ce clivage.

Nous les envisagerons par ordre de difficulté croissante selon leur abord périnéal ou
abdominopérinéal.

Premier temps : clivage intervésicorectal

Le clivage intervésicorectal peut être réalisé :

par voie basse ;


par voie combinée abdominopérinéale ;
par voie haute uniquement.

Par voie basse

C'est le procédé le plus ancien et le plus simple (fig 3) :

patiente en position de la taille ;


sonde vésicale à ballonnet (Foley no 16) mise à demeure et placée ou maintenue
par un aide en position érigée ;
rectum préalablement vidé ;
petites lèvres maintenues écartées par les assistants lorsque leur dimension le
nécessite, en s'aidant éventuellement de pinces d'Allis mais jamais par des fils
transfixiants ou par suture temporaire aux grandes lèvres ou aux racines des
cuisses.

L'exposition de la cupule vaginale se fait, selon sa profondeur :

soit en déployant la vulve, l'opérateur et ses aides exerçant une traction digitale
divergente sur les grandes lèvres et le périnée ;
soit à l'aide d'écarteurs de Farabeuf ;
soit encore à l'aide de petites valves vaginales étroites.

L'incision de la muqueuse de la cupule vaginale et uniquement de cette dernière est faite


au bistouri, plus rarement aux ciseaux, entre le méat urétral et la fourchette vulvaire. Elle
est volontiers transversale, allant de 9 heures à 3 heures et passant horizontalement au
fond de la cupule dans sa partie la plus dépressible, là où existe précisément le maximum
de muqueuse transitionnelle (fig 3 A). Mais elle peut être verticale, allant du méat urétral
à la fossette naviculaire ou dessiner une croix, un X ou un H avec deux branches latérales
verticales. Lorsqu'elle affecte une forme de U inversé à base périnéale et à sommet sous-
méatique, la muqueuse de la cupule est disséquée des plans sous-jacents et préservée.
Rabattue ultérieurement sur la face postérieure du néovagin, elle participera à son
épithélialisation. On peut également utiliser deux pinces d'Allis placées sur le pourtour de
la cupule de façon diamétralement opposée. Leur traction divergente soulève une crête
muqueuse qui est incisée ou sectionnée aux ciseaux transversalement en son milieu. Le
clivage doit être réalisé à mi-chemin entre l'urètre et la vessie en avant et le canal anal
puis le rectum en arrière. La dissection initiale est toujours délicate, car l'urètre se dirige
en haut et en arrière, et le canal anal, à l'inverse, en haut et en avant, aussi leur blessure
est-elle à craindre. La sonde urinaire en avant et un index coiffé d'un doigtier et introduit
dans le rectum sont des repères et des guides précieux. Il convient surtout de débuter la
dissection latéralement (fig 3 B). La berge supérieure de l'incision transversale étant
saisie et attirée vers l'avant par une pince à disséquer, la pointe mousse des ciseaux
courbes de Metzenbaum est enfoncée à une extrémité latérale de l'incision puis retirée en
ouvrant ces derniers. Ce geste simple est répété plusieurs fois jusqu'à ce qu'il puisse être
relayé par l'introduction d'un index qui par digitoclasie prudente progresse en direction de
la face interne du muscle releveur. Une cavité est ainsi créée entre l'urètre en avant et le
canal anal en arrière, sans danger viscéral mais avec un risque hémorragique en raison de
la proximité du bulbe vestibulaire. Un clivage identique est réalisé à l'autre extrémité de
l'incision. L'index et le majeur repliés en crochet, introduits dans ces pertuis et s'écartant
l'un et l'autre, ou deux écarteurs de Farabeuf permettent de mettre en tension la zone
médiane plus dense et de l'inciser en son milieu (fig 3 C). Ce raphé médian est assez
condensé pour être désigné fascia recto-urétral.

Dès que le cap anal est franchi, le clivage initial donne accès à l'espace décollable
rectovésical. Le clivage est alors poursuivi aux doigts : les deux index juxtaposés,
cheminent parallèlement, refoulant et effondrant à tour de rôle le tissu lâche fibroaréolaire
compris entre le fascia sous-vésical et le fascia prérectal. Ils progressent selon l'axe
physiologique du vagin en direction du cul-de-sac de Douglas (fig 3 E). Ce clivage est
pratiquement exsangue. La cavité ainsi formée est agrandie :

par pression latérale concomitante et divergente des index ;


à l'aide de bougies de Hegar de calibre croissant (25 à 35) ;
par l'introduction de valves vaginales de différentes tailles (Doyen, Mangiagalli en
arrière, Breisky en avant). Le clivage peut être interrompu à proximité du cul-de-
sac de Douglas ou poursuivi jusqu'à ce que le péritoine soit identifié. Un écarteur
soulevant la vessie, un second refoulant le rectum, le péritoine est libéré selon un
cercle de 2 à 3 cm de diamètre mais guère plus, car une dissection trop large peut
favoriser la survenue d'une élytrocèle.

L'hémostase doit être minutieuse, car l'hémorragie est source de réintervention et de


défaut d'accolement d'un éventuel tissu de recouvrement. Deux valves exposant la cavité,
elle est effectuée par des électrocoagulations sur pince fine, par des ligatures ou par
compression à l'aide d'une mèche imbibée de sérum chaud. Les saignements les plus
fréquents sont observés à hauteur de l'incision initiale et sur les bords latéraux.

Une cœlioscopie concomitante précise l'état du haut appareil génital.

Le clivage intervésicorectal par voie basse est une intervention relativement simple et
rapide, effectuée en 10 à 15 minutes. Le risque de brèche rectale ou vésicale est faible,
mais accrû lorsque du tissu cicatriciel a remplacé le plan de clivage à la suite d'une
malencontreuse intervention antérieure.

Cependant, il a l'inconvénient d'être aveugle et limité dans sa profondeur et surtout de


s'égarer volontiers trop en arrière, et de ne pas toujours se faire dans le bon plan
correspondant à l'espace embryonnaire müllérien du vagin normal.

Par abord mixte abdominopérinéal

Il a été judicieusement préconisé par Rochet (fig 4).

Par voie abdominale

La majeure partie de l'intervention est réalisée par voie abdominale. Après incision
transversale sus-pubienne et exploration de la cavité pelvienne, chacune des cornes
utérines rudimentaires est transfixiée par un fil de catgut 0 dont les chefs gardés longs
sont repérés par une pince. La traction divergente exercée sur ces pinces met en tension
le repli péritonéal médian reliant les cornes utérines. Sa berge antérieure est incisée aux
ciseaux selon une courbe allant d'un ligament rond à l'autre comme lors de la section du
péritoine vésico-utérin en cas d'hystérectomie. Cette incision ouvre un plan de clivage
entre la face postérieure de la vessie et la face antérieure de la partie haute, utérine, de la
lame vestigiale utérovaginale (fig 4 A). Cette portion de lame, située sous la partie
médiane du repli péritonéal transversal, de consistance fibreuse ou fibromusculaire, de
forme quadrilatère et de dimensions variables, ayant une hauteur et une largeur de 20 à
40 mm et ayant une épaisseur modeste ou notable, voit de frêles ligaments utérosacrés
venir s'insérer sur le bord inférieur de sa face postérieure. Cette structure médiane
rétrovésicale est parfois identifiée en échographie mais dépourvue de ligne de vacuité et
de dimensions réduites, elle ne saurait être considérée comme un utérus hypoplasique ou
infantile. Le clivage vésico-utérin est fait à l'aide de ciseaux mousse après de fines
électrocoagulations préventives. Il est facile dans la partie haute, plus délicat dans la
partie basse où il convient de rester dans la région médiane pour éviter une blessure
urétérale et de passer en avant des pédicules utérins aisément repérés. Arrivé au bord
inférieur de la portion utérine de la lame vestigiale indiqué par l'insertion à sa face
postérieure des ligaments utérosacrés, le clivage est poursuivi au doigt et aux ciseaux
dans l'espace décollable rectovésical. Il prend alors une orientation plus conforme à celle
physiologique du vagin. On parvient ainsi sous le trigone vésical repéré par le ballonnet de
la sonde, voire à proximité de la cupule vaginale. Lorsque la vessie est en semi-réplétion,
sa face postérieure est plus aisément identifiée et le clivage facilité. Il convient donc de
mettre un clamp sur la sonde vésicale en début d'intervention ou d'emplir la vessie de
sérum physiologique éventuellement coloré.
Par voie périnéale

Après incision de la cupule vaginale, le clivage interurétrorectal, mené comme lors de


l'intervention par voie basse isolée, se rapproche rapidement du clivage réalisé par voie
abdominale. Il est dilaté à l'aide de bougies de Hegar de calibre croissant (20 à 30).

Les tissus qui séparent les deux clivages sont amenuisés et leur faible épaisseur affirmée
par transillumination, en orientant le faisceau du scialitique accessoire sur la bougie
translucide engagée dans le clivage inférieur. Puis sur le repère de cette dernière, ils sont
incisés en croix ou de façon radiaire. La cavité unique ainsi obtenue mesure 12 à 15 cm.
Son calibre est agrandi par dilatation à l'aide de bougies de Hegar de calibre croissant (30
à 35). L'hémostase doit être rigoureuse. L'exposition est assurée par des valves de
diverses tailles ou par une mèche à prostate empruntant le clivage et nouée lâchement
au-dessus du pubis. A la jonction des deux clivages, la blessure de grosses veines
latérales est assez hémorragique et leur ligature en profondeur parfois délicate.

Dans le clivage par voie haute isolée, la dissection est effectuée comme dans le clivage à
deux voies. Elle est poussée le plus bas possible, à proximité de la vulve, sans toutefois
ouvrir la muqueuse de la cupule vaginale.

Quelle que soit la voie d'abord utilisée, la cavité créée se comble rapidement si elle reste
livrée à elle-même. Un second temps opératoire de maintien de la cavité néoformée est
donc nécessaire.

Deuxième temps : recouvrement du clivage vésicorectal

Epithélialisation spontanée sur moule

Ce procédé mis en œuvre pour la première fois par Dupuytren en 1817 a été
véritablement codifié par Wharton en 1938.

Simple, il consiste après clivage intervésicorectal par voie basse à laisser en place un
moule intravaginal (fig 5) : ceci autorise une épithélialisation :

soit ascendante, à partir de la muqueuse vestibulaire ;


soit par métaplasie de cellules indifférenciées qui se trouvent dans l'espace
embryologique correspondant au clivage.

De nombreux types de moule ont été fabriqués :

condoms bourrés de gaze ;


cylindres en caoutchouc ;
conformateur en balsa ;
mandrin en acrylique pourvu à sa base de tunnels en croix permettant à des lacets
d'en assurer le maintien.

La tendance actuelle est d'utiliser des appareils souples, non menaçants pour les cloisons
rectale ou vésicale et aussi légers que possible :

éponge polyvinylique contenue dans un condom ;


mandrin cylindrique gonflable en plastique.

Leur taille est variable, mais pour faciliter son port, le mandrin doit avoir des dimensions
telles qu'il puisse être introduit entièrement dans la néocavité et maintenu au-dessus de la
sangle des releveurs.

Les suites de cette opération simple sont cependant longues et difficiles. Le premier
changement de mandrin, vers le 7e jour, nécessite une nouvelle anesthésie. Les suivants
sont effectués par le médecin tous les 7 à 10 jours pendant 1 à 2 mois. La prothèse est
enlevée, nettoyée à l'eau et au savon, puis après une abondante irrigation de la néocavité
avec du sérum physiologique, réinsérée. L'introduction concomitante d'ovule antibiotique
prévient une éventuelle infection. L'apparition de bourgeons charnus hypertrophiques
incite à appliquer localement du nitrate d'argent ou à enduire le mandrin d'une noisette de
dermocorticoïde de classe I (Dermoval®, Diprolène®, guère plus d'une fois/jour). On
apprend à la patiente comment prévenir l'expulsion du mandrin, en le maintenant
éventuellement d'un doigt, lors d'efforts abdominaux importants puis à effectuer elle-
même quotidiennement le changement de mandrin.

En raison de la tendance extrême à la rétraction de la cavité, il est indispensable pour le


succès de la méthode que le mandrin soit maintenu en place :

de façon permanente pendant 6 mois ;


puis uniquement la nuit pendant 6 autres mois, voire pour certains pendant 1 an.
Suivant l'évolution de l'épithélialisation le port du mandrin peut être relayé par des
dilatations instrumentales à l'aide de bougies de Hegar de fort calibre une à deux
fois par jour. Cette contrainte peut être tempérée, dès le 2e mois postopératoire,
par la pratique de rapports sexuels fréquents aussitôt suivis de la remise en place
du mandrin.

En effet, le recouvrement de la cavité cruentée est toujours long à s'établir. Après une
longue période de suintements déplaisants, l'épithélialisation demeure incomplète : la
cicatrisation du tiers supérieur du vagin ou de la seule voûte vaginale tarde à survenir
(plus de 6 mois). De plus le vagin ne manque guère de se rétrécir grandement par rapport
à ses dimensions opératoirement créées et la cupule vaginale procurée doit être
approfondie par la méthode de Frank pour permettre une vie sexuelle normale. Parfois
même, l'épithélialisation est rapidement compromise, lorsqu'au cours des premiers mois,
le mandrin est expulsé. S'il n'est pas aussitôt réinséré, on peut observer le comblement
rapide parfois en quelques heures de la néocavité. Une reprise chirurgicale est alors
nécessaire.

Cette technique fort simple, uniquement périnéale, dépourvue de risques, procure une
cavité fonctionnelle, tapissée d'une muqueuse de type vaginale, rose, souple et humide.

Mais les suites opératoires sont longues et fastidieuses. Le port prolongé du mandrin est
une servitude indéniable, non dépourvue de retentissement psychologique. De plus le
résultat de l'intervention demeure longtemps indécis.

Quoique de nombreux succès doivent être portés au crédit de cette technique, des
procédés plus performants doivent lui être préférés.

Membranes ovulaires

L'emploi des membranes ovulaires d'un œuf à terme a été préconisé par Brindeau [21] en
1934. Un lambeau fait de chorion et d'amnios était disposé en tente sur une bougie de
Hegar, l'amnios étant en dehors. Une fois introduit, le sommet était fixé à la voûte du
néovagin et le bas du sac suturé au vestibule. Une mèche était laissée en place 7 jours
puis des dilatations matinales quotidiennes étaient entreprises.

Depuis 20 ans, ce procédé est réutilisé en employant uniquement l'amnios .

1er temps : clivage rectovésical par voie basse ; l'hémostase doit être parfaite et la
néocavité exsangue ;
2e temps : recouvrement par l'amnios.

Le recueil des membranes ovulaires est fait idéalement lors d'une césarienne programmée
mais il peut être réalisé lors d'une césarienne faite en urgence ou lors d'un accouchement
naturel sous réserve que la poche des eaux ne soit pas rompue depuis plus de 12 heures.

L'amnios est individualisé en décollant le chorion, une petite bande marginale de ce


dernier étant toutefois gardée pour servir de repère, puis il est lavé à plusieurs reprises
avec du sérum physiologique.

L'amnios est conservé de diverses manières :

soit à 4 °C, dans du sérum physiologique contenant de la pénicilline (5 000 000 U


pour 100 mL) ou l'association : polymixine, ampicilline, gentamicine,
amphotéricine B ;
soit dans une solution d'hypochlorite de sodium à 1/40 ;
soit par lyophylisation, formolinisation ou dans l'azote liquide, mais ces méthodes
n'ont pas d'intérêt lorsque l'on peut disposer aisément de membranes
amniochoriales en salle de naissance.

Lors de son utilisation, l'amnios est lavé de nouveau avec du sérum physiologique et un
prélèvement bactériologique est fait. Un mandrin vaginal est choisi ou confectionné ; ses
dimensions doivent permettre d'appliquer parfaitement l'amnios sur les parois de la
néocavité sans toutefois excercer de pression inopportune sur la vessie ou le rectum.
L'amnios est drapé sur ce mandrin, sa surface mésenchymateuse étant en dehors ; le
repère du fragment de chorion laissé en place trouve ici toute son utilité : quelques points
de catgut 000 assurent le maintien du greffon sur le mandrin.

Le mandrin habillé d'amnios est alors inséré dans la néocavité vaginale et pour le
maintenir en place, les grandes lèvres sont rapprochées l'une contre l'autre par 2 ou 3
points de nylon. Une antibioprophylaxie est indiquée par certains pendant 1 semaine, mais
jugée inutile pour d'autres.

Le 7e jour postopératoire et non auparavant le mandrin est retiré sous anesthésie générale
ou sous analgésie. L'épanchement qui s'est accumulé entre l'amnios et le mandrin est
l'objet d'un prélèvement bactériologique puis la néocavité est lavée du sérum
physiologique. L'amnios apparaît comme une membrane accolée aux parois de clivage
rectovésical. Certains comme Asworth [20], Morton [26] et Dewhurst, recouvrent alors le
mandrin d'un nouveau lambeau d'amnios avant de le réinsérer et de suturer les grandes
lèvres.

Le 14e jour postopératoire, le mandrin est retiré sous légère sédation. Le tapissage de la
néocavité apparaît le plus souvent complet et un troisième lambeau d'amnios est bien
rarement nécessaire. Des dilatations vaginales à l'aide d'une bougie de Hegar de bon
calibre sont alors mises en œuvre 3 fois/jour, pendant 15 minutes, en utilisant un
lubrifiant.

Un mois après l'intervention, l'épithélialisation est habituellement assez satisfaisante pour


autoriser la pratique de rapports sexuels. Dhall a montré qu'au bout de 8 à 10 semaines,
l'épithélium de revêtement était identique à un épithélium vaginal normal. Le résultat final
dépend cependant grandement de la motivation de la patiente à faire des dilatations
vaginales, car un rétrécissement secondaire est à craindre comme après l'emploi de
greffes cutanées mais ce risque paraît toutefois moins sévère. Les recherches
postopératoires d'anticorps circulants demeurent négatives [19].

L'amnios est une membrane biologique aisément disponible et peu onéreuse qui a été
utilisée pour le revêtement des brûlures et des pertes de substance cutanées infectées.

Cette allogreffe n'est pas responsable de véritables réactions de rejet mais son élimination
progressive actuellement certaine, peut être induite par les antigènes mineurs
d'histocompatibilité et par les antigènes de classe I.

Elle semble promouvoir la réépithélialisation : les kératinocytes greffés stimulent les


kératinocytes du receveur et Faulk et al [24] pensent que l'amnios produit également un
facteur angiogénique.

L'amnios aurait des propriétés antibactériennes grâce à des enzymes comme le lysozyme.

Enfin, il n'y a pas le problème de site donneur douloureux comme en cas de greffe
cutanée.

Mais, bien qu'il n'y ait pas de cas rapporté de transmission virale après utilisation
d'amnios, rappelons qu'en France, l'emploi des homogreffes est soumis au Décret 94-416
du 24 mai 1994 relatif à la prévention de la transmission de certaines maladies
infectieuses. Il est obligatoire de rechercher chez le donneur la présence des marqueurs
biologiques d'infection et, lorsque cela est techniquement possible, d'infectivité pour les
affections suivantes :

infections pour les virus VIH 1 et 2 ;


hépatites B et C ;
infections par le cytomégalovirus et le virus Epstein-Barr ;
syphilis ;
toxoplasmose.

Avant toute greffe de tissus, le médecin responsable de l'intervention est tenu de prendre
connaissance des résultats de la recherche de la présence des marqueurs pour ces
affections.

Une sérologie de contrôle sera pratiquée chez le receveur à 6 mois et à 1 an. Si l'on tient
compte de la longue période de séroconversion de certaines contaminations virales,
l'utilisation de cette homogreffe ne pourra désormais se faire que par l'intermédiaire de
banques de tissus offrant toutes les garanties de sécurité.

Films protecteurs

Lors des cures chirurgicales de stérilité, on a proposé d'appliquer sur les zones
dépéritonisées des films protecteurs : Interceed TC7-Ethicon , Poloxamer 407-BASF, Gore-
Tex® [33] pour prévenir la formation d'adhérences.

Lors de la création d'un néovagin, Jackson a eu recours à de l'Interceed TL7. L'hémostase


du clivage vésicorectal doit être parfaite. Deux feuilles humidifiées sont appliquées sans
être suturées sur un mandrin gonflable avant sa mise en place. 4 à 6 jours plus tard, sous
anesthésie générale, le mandrin est retiré — le vagin apparaît alors tapissé d'une couche
gélatineuse translucide — puis après une irrigation abondante au sérum physiologique,
réinséré. Après la sortie vers le 7e, 8e jour postopératoire, le médecin puis la patiente
procèdent régulièrement à ces manipulations jusqu'à ce qu'en 3 à 6 mois,
l'épithélialisation complète soit obtenue. La patiente utilise alors un mandrin en acrylic
enduit de pommade estrogénique pendant 15 minutes, 3 fois/j.

Ces films protecteurs peu coûteux, disponibles en permanence et complètement


biodégradables peuvent remplacer avantageusement l'amnios mais, bien que les rares
résultats obtenus soient encourageants, des séries plus importantes sont nécessaires pour
mieux évaluer leur intérêt.

Dédoublement des petites lèvres

Le procédé utilisant les petites lèvres a été décrit pour la première fois par Roux de
Lausanne (1890), vulgarisé par Graves (1908) et Grossmann (1939), puis perfectionné
par Davis et Cron (1928) et par Brady (1945) avant d'être rapporté par Tescher (1977)
[34]
.

Il est indiqué en cas d'hypertrophie des petites lèvres.

incision de la cupule vaginale en U inversé (fig 6 A) à base périnéale et à sommet


sous-méatique suivie de dissection du lambeau muqueux ainsi délimité ;
clivage intervésicorectal par voie basse (ou par voie mixte).

Premier temps : tracé des incisions (fig 6 B)

L'une des petites lèvres est déployée latéralement. Deux pinces de Halsted sont
placées sur son bord libre, l'une à l'union tiers antérieur, tiers moyen, la seconde
à l'union tiers moyen, tiers postérieur. Elles peuvent être secondairement
légèrement déplacées mais la traction latérale qu'elles permettent d'exercer, doit
exposer un lambeau labial quadrilatère fait de la majeure partie de la petite
lèvre. Ce quadrilatère a pour bord inférieur oblique le bord libre de la petite
lèvre, pour bord interne, la berge muqueuse vestibulaire, et pour bords
supérieurs, le bord libre de la petite lèvre prolongé par une sacrification
muqueuse jusque dans la région sous- et paraméatique. Seul un petit segment
labial sous-clitoridien est laissé en place.
Deuxième temps : dédoublement de la petite lèvre

Après section aux ciseaux de la petite lèvre suivant le trajet de la scarification


jusqu'à hauteur du sillon interlabial, le dédoublement est entrepris à l'aide des
ciseaux de Metzenbaum. Il débute par la dissection de la muqueuse vestibulaire
à partir de la berge interne, puis se prolonge entre les feuillets labiaux interne et
externe sur le billot de deux doigts glissés sous sa face externe jusqu'à son bord
libre pigmenté. Après section de ses bords supérieur et inférieur, le lambeau
labial est déplié en déplaçant les pinces de Halsted sur ses angles vifs, et étalé,
ce qui permet une hémostase minutieuse par de fines électrocoagulations (fig 6
D).

La nymphe dédoublée étant protégée par un champ inhibé de sérum


physiologique, une œuvre identique est réalisée du côté opposite (fig 6 E).

Troisième temps : confection d'un manchon (fig 6 F)

Les lambeaux labiaux droit et gauche sont rapprochés sur la ligne médiane et
leurs bords libres supérieur et inférieur suturés l'un à l'autre par des points
séparés de Vicryl® 4/0 noués à l'extérieur, en commençant à 2 cm de l'insertion
labiale. Les chefs des derniers points supérieur et inférieur les plus distaux, sont
gardés longs.

Quatrième temps : habillage de la néocavité (fig 6 G, F)

Le chef muni d'une aiguille du point supérieur est glissé à l'intérieur du cylindre
muqueux, passé avec tact et mesure dans la paroi vésicale à proximité de la
voûte du clivage et extériorisé en empruntant de nouveau l'étui muqueux. Le
chef muni d'une aiguille du point inférieur est passé de manière identique dans la
paroi rectale. Lorsque l'on noue ces fils, le tube muqueux se retourne en doigt de
gant et invaginé, vient tapisser les parois de la néocavité. Le lambeau muqueux
vestibulovaginal, préservé lors du clivage initial, est rabattu dans le décollement
vésicorectal, recouvrant ainsi partiellement sa face postérieure, et fixé par
quelques points. Après avoir complété le rapprochement des divers lambeaux
entre eux et à la muqueuse vestibulaire, un mandrin souple est mis en place pour
les appliquer sur les parois du clivage et favoriser leur accolement.

L'intervention se termine par la suture ou la réinsertion des petits segments


labiaux antérieurs laissés en place (fig 6 I).

Sur le plan physiologique, la petite lèvre se comporte comme un lambeau-greffe.


Sa face externe est un lambeau dont le riche réseau vasculaire s'incurve
lorsqu'elle devient vaginale inférieure. Sa face interne vascularisée désormais
par le seul réseau dermique richement anastomotique se comporte plutôt comme
une greffe. Mais il s'agit d'une greffe de peau totale ayant donc peu tendance à
se rétracter.

Habituellement, en fait, la taille des petites lèvres ne permet pas le


recouvrement complet de la néocavité. Mais l'habillage de l'orifice vaginal et du
clivage vésicorectal sur une hauteur de 3 à 5 cm permet l'emploi, bien plus
confortable pour la patiente, d'un mandrin strictement intravaginal sans risque
de sténose orificielle secondaire.

Pour tapisser le haut vagin, on peut avoir recours :

au port prolongé d'un mandrin. Comme dans la méthode Dupuytren-


Wharton, il est indispensable sous peine d'obturation inexorable du fond
cruenté de la néocavité mais sa durée est avantageusement diminuée (6
mois) ;
à l'application d'une greffe de peau totale provenant d'un fuseau cutané
prélevé dans le pli de l'aine et dont la cicatrice linéaire se confondra
bientôt avec le pli inguinal naturel ;
à l'emploi des pavillons tubaires [35]. Un abord abdominal est alors
nécessaire. Après section du ligament rond, deux incisions péritonéales
parallèles, allant de la margelle du petit bassin en arrière au ligament
rond en avant, sont faites à 0,5 cm au-dessus et au-dessous du ligament
lombo-ovarien. Les lèvres péritonéales pariétales sont suturées. Puis
l'ovaire est passé sous, en dehors et enfin au-dessus du ligament lombo-
ovarien, entraînant ainsi une certaine torsion de ce dernier, avant d'être
fixé par son pôle supérieur au péritoine pariétal. La trompe, désormais
aisément mobilisable, est fendue sur toute la hauteur du bord antimésial
de l'ampoule, procurant ainsi deux palettes muqueuses bien
vascularisées. Après hémostase des berges, le bord distal pavillonnaire
est solidarisé au bord supérieur des petites lèvres dédoublées et les deux
ampoules sont suturées en voûte au-dessus du mandrin. Dans le cas
rapporté, la profondeur du néovagin s'est toutefois amenuisée durant la
première année.

Le procédé est parfaitement esthétique. L'aspect postopératoire de la vulve est


normal et même amélioré en cas d'hypertrophie nymphéale.

Il permet le recouvrement de la cavité par un tissu génital rose, lisse, humide,


dont la principale propriété est d'être sensible aux incitations hormonales.

Malheureusement la technique est utilisable seulement en cas de petites lèvres


bien développées (flèche supérieure ou égale, à 3 cm) ce qui en réduit
l'indication.

Colpoplastie par expansion cutanée

On peut rapprocher de la technique précédente la colpoplastie par expansion


cutanée .

Lors d'une première intervention, une incision inguinale permet de créer un


tunnel sous-cutané au-dessous et légèrement en dedans de chaque petite lèvre,
dans lequel est glissé un ballon d'expansion en élastomère de silicone, muni
d'une valve, ayant une forme rectangulaire et une contenance de 75 à 100 mL.

Le gonflage du ballon d'expansion commence le 15e jour et est progressif :


chaque jour 5 mL de sérum physiologique sont ajoutés en utilisant une petite
aiguille pour éviter les fuites au niveau de la valve. Il convient de respecter le
seuil de tolérance capillaire qui se manifeste dans un blanchiment de la peau et
une sensation de douleur, pour éviter l'ischémie et la nécrose tégumentaire, et
d'observer une asepsie rigoureuse pour prévenir l'inflammation, voire l'infection
favorisée par la proximité des émonctoires. En raison de la déformation
pseudoscrotale induite, de la gêne ou de la douleur locales, une hospitalisation
est bientôt nécessaire. La durée du gonflage dépend de la surface tissulaire
désirée. Au bout de 4 à 6 semaines, lorsque chaque ballon contient environ 80
mL, le gain tissulaire est suffisant pour envisager l'habillage de la néocavité.

Lors de la colpoplastie, les ballons sont encore gonflés, d'environ 10 % de leur


volume, pour briser la pseudocapsule qui les entoure puis ils sont retirés. Après
clivage vésicorectal, la muqueuse vestibulaire et les petites lèvres distendues
sont utilisées comme en cas de nymphomégalie.

Ce procédé a les mêmes avantages que le dédoublement des petites lèvres mais
il peut être envisagé quelle que soit la taille de ces dernières.

Il a deux inconvénients majeurs :

l'hospitalisation prolongée (4 à 7 semaines) qui avec les modifications


locales nécessitées par l'expansion, ne manquent pas de perturber
l'adolescente ;
le risque infectieux évalué à 10 %.

L'infection impose l'ablation du ballon et le recours à une autre technique.


Greffe cutanée

Cette technique décrite par Abbe [38] en 1898, puis modifiée et popularisée par
McIndoe et Bannister [44] en 1938, a longtemps supplanté toutes les autres
méthodes chirurgicales, notamment aux Etats-Unis .

Ses dimensions sont importantes : 20 à 25 cm de long × 10 cm de large.

Différents types peuvent être utilisés (fig 7) :

la greffe mince (Ollier, Thiersch) a été employée par Abbe. Elle emporte
l'épiderme jusqu'au niveau des papilles dermiques et a une épaisseur de
1,5 à 2,5 dixièmes de mm. La zone donneuse cicatrise spontanément à
partir de la basale ;
la greffe demi-épaisse a été préconisée par McIndoe. Elle emporte la
membrane basale et une partie plus ou moins importante du derme lui
procurant plus de solidarité tout en préservant son élasticité. Elle laisse
en profondeur une partie des annexes cutanées : pilaires, sudorales ou
sébacées et a de 3 à 6 dixièmes de mm d'épaisseur (3-4 Blair-Brown, 5-6
Padgett). La zone donneuse cicatrise spontanément à partir des enclaves
épidermiques annexielles ;
la greffe en filet (Tanner, Vandeput 1964) est une greffe mince ou demi-
épaisse qui est transformée en résille en la passant dans un instrument
qui fait des incisions en quinconce (ampligreffe). En étirant la greffe
perpendiculairement aux incisions, on obtient un filet dont les mailles
sont constituées par de minces bandes de peau. Elles s'épidermiseront en
quelques jours, selon les règles de la cicatrisation dirigée, lorsque la
greffe en filet aura pris. Suivant la longueur des incisions, la surface du
filet est trois à six fois plus grande que celle de la bande cutanée
d'origine. Ce gain est fort appréciable, car il permet de réduire
notablement la surface de la greffe.

Zone de prélèvement

La greffe dermoépidermique était habituellement prélevée :

sur la face interne ou postérieure des cuisses ;


ou sur l'abdomen entre l'ombilic et le pubis.

Mais l'évolution de la mode vestimentaire leur fait préférer des sites plus
discrets, moins souvent exposés au regard, notamment les fesses. Les limites du
slip seront tracées au crayon dermographique avant l'intervention (mais leur
taille s'amenuise...).

Mode de prélèvement

La greffe cutanée se prélève au rasoir ou au dermatome.

Les rasoirs à garde (Lagrot, Dufourmentel) sont pourvus d'une vis


micrométrique permettant de régler l'épaisseur de la greffe. La zone de
prélèvement est présentée bien à plat : la peau est tendue à l'aide de
plaques de Gabarro, d'écarteurs de Farabeuf recouverts d'une compresse
ou d'un champ repoussé d'une main. La peau rasée et le rasoir sont
recouverts d'huile de vaseline. Le rasoir est posé bien au contact, le
méplat situé à l'avant présentant la peau au tranchant de la lame. On
progresse alors par de petits mouvements transversaux de va-et-vient
réguliers. Bien que le dermatome soit réglé, après avoir soulevé un petit
lambeau, il faut contrôler l'épaisseur de la greffe en appréciant le
saignement du site donneur : un piqueté hémorragique très fin signe une
greffe mince, un piqueté plus gros, une greffe demi-épaisse. Le derme
doit être respecté et des lobules graisseux jamais entrevus.
Les dermatomes électriques ou pneumatiques (Brown-Gosset, Gate) sont
des instruments munis également de vis micrométriques, mais dans
lesquels la lame est animée par un moteur d'un mouvement de va-et-
vient très rapide. Ils permettent de prélever de longues bandes de peau
quel que soit l'emplacement de la zone donneuse. Leur manipulation est
simple et nécessite peu d'entraînement.
Le dermatome à tambour de Padgett (fig 8 A) est composé d'un demi-
cylindre et d'une lame reliée à l'axe du tambour et pouvant effectuer des
mouvements de va-et-vient à une distance du tambour réglable par une
vis micrométrique. La zone de prélèvement est rasée, soigneusement
dégraissée à l'éther puis, comme le tambour du dermatome, enduite d'une
colle spéciale que l'on laisse sécher quelques minutes. Autour de cette
zone, la peau est recouverte d'une mince couche de vaseline. Une main,
tenant le tambour par son axe, applique son bord inférieur à l'extrémité
de la zone à prélever. L'autre main amène la lame au contact de la peau
puis coupe cette dernière à l'épaisseur choisie en effectuant un
mouvement de va-et-vient très régulier. On progresse en faisant rouler le
tambour qui soulève la peau accolée et la présente à la lame. La greffe
prélevée est d'excellente qualité en raison de sa grande taille et de son
épaisseur parfaitement uniforme mais le maniement de ce dermatome
exige une expérience certaine.

La greffe peut être utilisée immédiatement ou bien placée d'abord dans du sérum
tiède et appliquée ensuite.

Pansement de la zone donneuse

La zone donneuse est recouverte temporairement de compresses imbibées de


sérum tiède ou immédiatement d'un pansement. Ce dernier, pour ne pas gêner la
repousse épithéliale, doit être non adhérent et laissé en place jusqu'à
l'épithélialisation complète (8 jours pour une greffe mince, 15 à 21 jours pour
une greffe demi-épaisse).

De nombreux types de pansement ont été employés :

feuille de cellulose ;
pansement plastique adhésif (Op Site®) ;
Lyomousse® ;
Tulle gras® ;
Corticotulle®, etc.

Après quelques jours, le pansement est ouvert, sans le défaire complètement,


pour vérifier l'absence d'infection. Celle-ci exigerait des soins locaux et
entraînerait un retard de cicatrisation.

Mise en place de la greffe

Elle peut être réalisée de deux manières.

La première utilise un tuteur. On en a utilisé de beaucoup de sortes : ceux


qui ont paru préférables sont :
un modèle de Plexiglas, creux et perforé de nombreux trous
permettant de faire des lavages ;
un mandrin gonflable en plastique . Le calibre est de 35 mm, la
longueur de 15 cm, car on a intérêt à créer une néocavité plus
profonde qu'un vagin normal.

Si l'on dispose d'un lambeau unique de dimensions suffisantes, il est


drapé autour du tuteur, sa face dermique étant à l'extérieur (fig 8 B). La
greffe doit recouvrir complètement le moule et l'épouser étroitement,
pour qu'elle n'ait pas tendance à glisser. Ses bords latéraux sont suturés
avec de fins fils de catgut ou de nylon noués en dedans et l'excès de
greffe est réséqué.
Si l'on a plusieurs lambeaux, il faut les suturer les uns aux autres en les
utilisant au mieux.
Pendant l'habillage du tuteur, la ou les greffes sont fréquemment
humidifiées avec du sérum physiologique tiède.
Après avoir retiré la mèche vaginale et au besoin parfait l'hémostase, le
moule revêtu de la greffe est introduit dans la néocavité. S'il s'agit d'une
prothèse gonflable, son gonflement facilite l'application de la greffe sur
les parois du clivage mais doit éviter tout excès de pression source de
nécrose. Le bord libre de la greffe peut être suturé à la muqueuse
vestibulaire mais ce temps n'est pas indispensable, car la greffe ne prend
pas sur une surface épithélialisée.
Pour immobiliser le tuteur et la greffe, les lèvres sont rapprochées l'une
de l'autre sur la ligne médiane, par quelques points séparés de fil non
résorbable, lâchement noués (fig 8 C). D'autres ont recours à un bandage
en T assuré par une ceinture.

La seconde manière consiste à suturer la greffe autour d'un spéculum


cylindrique (Fergusson) ou d'un rectoscope, sa face épidermique étant à
leur contact. Le spéculum revêtu de la greffe cutanée est inséré dans la
néocavité, puis il est progressivement retiré, tandis que l'on pousse et
tasse méticuleusement dans l'étui cutané une mèche de gaze ou une
mousse expansée, afin que la greffe soit parfaitement appliquée contre
les parois du clivage intervésicorectal. L'excès de greffe, de mèche ou de
mousse est réséqué et l'immobilisation du greffon est assurée par suture
des lèvres ou par un bandage en T.
Certains pensent améliorer la prise de greffe en employant du Tissucol®.
La rétention des urines par compression urétrale est prévenue par la mise
en demeure d'une sonde de Foley ou d'un cathéter sus-pubien (qui
prévient la nécrose de l'urètre distal par compression entre le mandrin et
la sonde).

Soins postopératoires

La patiente observe un repos absolu, les pieds du lit étant surélevés, pour
prévenir l'expulsion prématurée du mandrin. Un régime sans résidu est instauré
et une antibioprophylaxie préconisée par certains.

Lorsqu'un mandrin creux et perforé a été utilisé, les multiples orifices permettent
le drainage de discrètes sécrétions qui se collectent dans le mandrin. Elles sont
enlevées à la compresse puis la cavité du mandrin est nettoyée à l'aide
d'antiseptiques et séchée à l'éther.

Le mandrin, qu'il soit creux et multiperforé ou en masse unique, est enlevé vers
le 14e jour. Parfois l'inconfort procuré par les sutures labiales et/ou un
écoulement vaginal malodorant, incite à l'enlever auparavant, vers le 10e jour.
Sous anesthésie générale, après ablation des fils vulvaires et extraction délicate
du mandrin, un spéculum est mis en place. Il permet d'irriguer le néovagin avec
du sérum physiologique et surtout d'apprécier la qualité de la prise de greffe. Elle
est parfaite lorsque la greffe adhère au sous-sol et a une coloration rose
homogène. Mais des complications peuvent être observées :

le sérome : la greffe est partiellement décollée par un exsudat mais


demeure rose, vivante, car nourrie par imbibition ;
hématome : la greffe décollée étant plus ou moins nécrosée, apparaît
violacée ou noirâtre ;
l'infection.

De grandes incisions sont alors réalisées pour évacuer la collection séreuse,


hématique ou purulente et laver abondamment la zone décollée au sérum
physiologique, puis, selon la vitalité, la peau décollée est appliquée de nouveau
ou excisée. Un mandrin est remis en place. Périodiquement il sera ôté pour
surveiller l'évolution de l'épithélialisation et la faciliter en appliquant du nitrate
d'argent sur d'éventuels bourgeons charnus hypertrophiques. Les rapports sont
autorisés dès que l'épithélialisation est jugée complète (4 à 8 semaines).

Port d'un mandrin


stabilise. Aussi pour prévenir le rétrécissement, voire l'oblitération de la cavité,
est-il indispensable que la patiente porte un mandrin vaginal pendant de longs
mois : nuit et jour pendant 3 mois, puis seulement la nuit pendant 3 mois, voire 6
mois et même 1 an pour certains auteurs ? Chaque jour, le mandrin est enlevé
pour être nettoyé puis, après une toilette intime, il est remis en place,
éventuellement enduit d'une pommade estrogénique (dont l'effet bénéfique n'a
pas été prouvé). Lorsqu'une vie sexuelle régulière s'est instaurée, le port du
mandrin peut être relayé par des dilatations régulières à l'aide de bougies.

Devenir du greffon

Il est incertain. Pour certains, lorsque la greffe prend, elle garde ses
caractéristiques. La vagin apparaît tapissé d'un épithélium blanchâtre, sec,
dépourvu de glycogène et il ne tarde pas à se racornir. En revanche, lorsque le
vagin paraît tapissé d'une muqueuse génitale normale, il semble que la greffe
cutanée a été entièrement éliminée pour être remplacée par un épithélium
provenant du vestibule. La greffe servirait ainsi de pansement biologique.

La colpoplastie par greffe cutanée est une technique intéressante par sa


simplicité, son peu d'agressivité et sa faible morbidité. Les résultats à long terme
sont séduisants comme l'atteste Bryan [39] en recueillant 73 % de satisfaction
sur 100 cas étudiés.

Mais l'inconvénient essentiel de ce procédé est le potentiel de rétraction [45] de


la greffe qui doit être absolument prévenu par le port d'un conformateur puis par
des dilatations à l'aide de bougies.

Les séquelles sur le site du prélèvement sont d'autant plus importantes que la
greffe est plus épaisse. La cicatrice est souvent dyschromique mais parfois
hypertrophique, voire chéloïdienne et fort disgracieuse. Elle est affligeante
lorsqu'elle affecte des zones érogènes. Autrefois cette rançon cicatricielle a pu
paraître minime à divers chirurgiens. De nos jours et malgré l'emploi de greffes
en filet, elle peut constituer un motif de refus de ce procédé pour ces jeunes
femmes déjà intimement affectées. Les cultures de tissus à partir de
prélèvements vestibulaires pourraient y remédier, mais c'est une voie encore
inexplorée et à évaluer.

Lambeaux cutanés

Les autoplasties étendues utilisant un ou deux grands lambeaux pris sur les
cuisses (Fraenkel 1924, Grad 1932, Frank et Geist) ou des lambeaux
périnéofessiers (Sicard 1943) sont abandonnées car bien trop délabrantes et
parfois gênées dans leur réalisation par l'épaisseur de la greffe.

Lambeaux vulvopérinéaux

Des lambeaux vulvopérinéaux ont été utilisés par Crede en 1884, puis par
Kovacks, El Tannir, Song,... mais leur tracé doit les faire considérer comme des
« lambeaux de hasard » vascularisés de façon précaire par le seul réseau
dermique.

L'emploi de lambeaux cutanés axiaux vascularisés par des artères cutanées


directes est plus récent . Le dessin du lambeau est centré sur l'axe vasculaire et
le pédicule nourricier pouvant être plus étroit, la mobilisation du lambeau est
facilitée.

L'artère honteuse interne, à sa sortie du canal d'Alcock, se dirige obliquement en


haut et en avant, le long de la branche ischiopubienne pour se terminer par la
dorsale du clitoris. Peu après son coude, en regard du bord postérieur du muscle
transverse superficiel du périnée elle fournit l'artère périnéale superficielle (fig 9
A) qui contourne le muscle et se porte en avant sous l'aponévrose périnéale
superficielle dans le triangle ischiobulbaire. Ses branches terminales sont les
artères labiales postérieures qui vascularisent les grandes et petites lèvres et la
peau périnéale adjacente.

L'artère périnéale superficielle émerge à mi-distance entre la vulve et la


tubérosité ischiatique. Elle constitue l'axe médian d'un lambeau rectangulaire
ayant 8 cm de long et 3 cm de large, dessiné sur la grande lèvre étalée, son
extrémité postérieure étant à hauteur de la fourchette vulvaire.

Le bord externe est incisé en premier jusqu'à ce que soit identifié le tendon du
muscle grand adducteur, facilitant l'identification puis l'incision du fascia de ce
muscle prolongées par celles de l'aponévrose périnéale superficielle recouvrant
les muscles périnéaux. Le lambeau est alors soulevé (fig 9 B) ayant à sa face
profonde l'aponévrose parcourue par l'artère périnéale superficielle et ses
branches. Le bord interne est incisé en dernier. Un lambeau fasciocutané est
ainsi individualisé.

Un tunnel sous-cutané reliant la partie postérieure de la zone de prélèvement au


clivage intervésicorectal est crée pour être emprunté par le lambeau tourné en
dedans.

Une œuvre identique étant réalisée du côté opposé, les deux lambeaux sont
assemblés (fig 9 C) en une poche en forme de condom introduite dans le clivage
et fixée. La partie postérieure des lambeaux demeurant enfouie dans les tunnels
sous-cutanés est désépidermisée.

Une mèche est mise en place pour une durée de 7 jours et les zones de
prélèvements sont refermées sans tension (fig. 9 D). Les rapports sexuels sont
autorisés 3 semaines plus tard.

Lorsque le calibre vaginal est insuffisant une petite greffe cutanée peut être
interposée entre les lambeaux.

Ces lambeaux sensibles, souples, laissent peu de cicatrices apparentes au niveau


de leur site de prélèvement, évitent une suture circulaire orificielle mais
procurent un vagin velu. L'atrophie secondaire des poils est espérée, mais une
dépilation préopératoire est préférable.

Autres lambeaux

Musculocutanés de droit interne (gracilis).


Musculocutané ou musculopéritonéal de grand droit de l'abdomen.
Lambeau libre aux dépens de la région scapulaire avec anastomose
vasculaire aux vaisseaux fémoraux.
Etc.

Ils sont affaires de chirurgien plasticien.

Péritoine pelvien

Le recouvrement du clivage intervésicorectal par le péritoine pelvien a été


imaginé et réalisé par Bloch [51] de Lausanne en 1948. Ce procédé a eu plusieurs
adeptes dont Davydov [52], Muller [54], Tsirulnikov [59]... Il exige un abord mixte
abdominopérinéal.

Premier temps : clivage intervésicorectal (fig 10 A)

Il est réalisé par voie basse jusqu'au contact du péritoine pelvien qui est
respecté. Ce dernier est ensuite largement libéré par dissection mousse, dans
toutes les directions : en arrière du rectum, latéralement au plancher pelvien, en
avant de la lame vestigiale utérine ou de la vessie. Cette dissection doit être très
décollée lors du temps abdominal.

Deuxième temps : incision du péritoine

L'abord par voie abdominale, de préférence par incision transversale sus-


pubienne montre le péritoine du cul-de-sac de Douglas refoulé par la mèche
vaginale, bombant entre le rectum en arrière et le rudiment utérin médian ou le
repli péritonéal transversal unissant les cornes utérines, en avant. Cette saillie
péritonéale est incisée transversalement (fig 10 B) sur une longueur de 3 à 4 cm.
Tamaya recommande de poursuivre alors le décollement du péritoine pour
faciliter encore son abaissement à la vulve. Lorsque la portion utérine de la lame
vestigiale utérovaginale limite la dissection antérieure du péritoine, il conseille
d'en pratiquer l'exérèse et de libérer le péritoine vésical.

Troisième temps : abaissement du péritoine (fig 10 C)

Quatre fils repères à résorption lente 00 dont les chefs sont gardés longs sont
placés sur les tranches péritonéales : soit deux fils sur chacune des berges
antérieure et postérieure de l'incision, soit un fil sur chacune de ces berges et un
fil à chaque extrémité de l'incision péritonéale transversale. Une pince à
pansement courbe passée à travers la néocavité permet d'attirer un à un ces
quatre fils. La traction, qu'ils permettent d'exercer, invagine à l'intérieur du
clivage les feuillets péritonéaux. Cet abaissement doit se faire aisément sans
tension excessive jusqu'à l'ouverture vaginale inférieure, permettant un
recouvrement complet des surfaces cruentées sans solution de continuité. Le
rapprochement des tranches péritonéales et vestibulovaginales est réalisé à
l'aide de ces fils puis l'amarrage est complété par des points séparés disposés
sur le pourtour de l'orifice.

Quatrième temps : fermeture du fond vaginal (fig 10 D)

Le péritoine étant ainsi invaginé, la néocavité vaginale communique largement


avec la grande cavité péritonéale. Il convient donc de les isoler totalement et de
constituer un dôme vaginal en rapprochant le péritoine vésical du péritoine
rectal. En faisant ceci, il est important de s'assurer [56] :

que la fermeture est à un niveau tel que le vagin aura une profondeur
adéquate (8 à 12 cm) ;
que les trompes et les ovaires demeurent libres dans le pelvis ;
qu'il n'y a aucun récessus péritonéal entre la vessie et le rectum,
exposant à la survenue d'une élytrocèle. L'accolement rectovésical est
réalisé à l'aide :
de bourses en un ou deux plans ;
ou de points séparés.

Friedberg [53] recommande des points séparés, car, à son avis, ils donnent plus
d'ampleur à la voûte vaginale et préservent la vascularisation du péritoine
transplanté.

Un mandrin de taille adéquate, souple ou rigide, ou une mèche imprégnée ou non


d'antibiotiques est mis en place puis régulièrement changé pendant 1 mois.

Les rapports sont autorisés au bout de 3 à 4 semaines.

Les premiers jours, le péritoine apparaît rouge vif puis il prend progressivement
une teinte rosée. Pour Muller, au bout de 2 à 3 mois, le péritoine invaginé dans la
néocavité est remplacé par une muqueuse génitale provenant de l'épithélium
vestibulaire.

La cœlioscopie permet d'éviter une laparotomie (Adamyan). Le péritoine


largement disséqué par voie basse, puis saisi dans sa partie la plus mobile à
l'aide d'une pince atraumatique, sous contrôle cœlioscopique, est abaissé à la
vulve où il est incisé et suturé. Un tamponnement vaginal empêchant la fuite
gazeuse, deux bourses superposées permettent de constituer un dôme vaginal.
L'aiguille courbe introduite par un trocart latéral faufile la corne rudimentaire
puis le péritoine pelvien latéral, colique et vésical, le nœud extracorporel est
ensuite abaissé et noué.

L'intérêt principal de la méthode de Bloch est d'éviter le raccourcissement


secondaire du néovagin, car la suture rectovésicale se trouve à plus de 10 cm de
l'orifice vulvaire. De plus, grâce au recouvrement péritonéal, la manipulation du
mandrin est plus aisée d'où un confort postopératoire amélioré pour l'opérée.

Mais il faut insister toutefois sur l'importance d'une vie sexuelle active et
régulière, de dilatations instrumentales pluriquotidiennes, voire du port d'un
mandrin pendant de longs mois pour préserver le résultat à distance.

Technique de Vecchietti

Cette technique , comme la méthode de Frank, utilise l'élasticité et la


distensibilité de la cupule vaginale, mais au lieu d'agir par pression, elle exerce
une traction de bas en haut. Elle nécessite une olive pourvue d'un pertuis central
emprunté par de forts fils de nylon et un appareil de traction à ressort réglable
(fig 11 A).

Premier temps de clivage intervésicorectal (fig 11 B)

Il est réalisé par voie abdominale uniquement. L'incision pariétale doit être
transversale sus-pubienne et avoir une longueur identique à celle de l'appareil de
traction. Le clivage vésicorectal, mené de haut en bas, est poursuivi sous l'urètre
jusqu'à proximité de la cupule vaginale qui est préservée.

Deuxième temps

Il consiste à introduire un instrument porte-fil :

soit une longue aiguille de Reverdin ;


soit une aiguille mousse fenestrée type aiguille de Deschamps droite,
dans le clivage ainsi réalisé en direction de l'index de l'opérateur qui
repousse la muqueuse de la cupule et sert ainsi de guide. La muqueuse
est perforée dans sa partie centrale de dedans en dehors. Le porte-fil
étant en place, on vérifie par un toucher rectal l'intégrité du rectum. Les
deux fils de nylon décimale 4 fixés à l'olive acrylique de 3 cm de diamètre
sont alors passés successivement dans le chas du porte-fil et attirés à
travers le clivage vésicorectal dans la cavité pelvienne (fig 11 C).

Troisième temps

Ces deux fils sont ensuite extériorisés au niveau de chaque angle de l'incision
abdominale transversale en empruntant un trajet sous-péritonéal. Pour ce faire
un porte-fil courbe est introduit sous le péritoine depuis l'angle de l'incision
pariétale, en évitant les vaisseaux épigastriques, puis il passe sous le péritoine
pariétal latéral et ensuite vésical selon un trajet proximal et caudal par rapport
aux ligaments ronds, pour arriver aux angles de l'incision péritonéale
transversale. Cette manœuvre est facilitée par la traction médiane sur les
ligaments ronds.

Quatrième temps (fig 11 D)

Après péritonisation et fermeture de la laparotomie sans drainage pelvien,


lacération du dôme vaginal : l'olive étant en place, fils tendus, une pression
digitale sur son pôle inférieur doit permettre son enfoncement élastique sur
environ 1 cm.

La traction sur les fils est ensuite ajustée chaque jour, pour obtenir une
ascension progressive de l'olive et par conséquent l'allongement du néovagin.
Cette mise en tension des fils est en général douloureuse et nécessite la
prescription d'antalgiques majeurs. La traction progressive permet ainsi
d'obtenir en 8 à 10 jours un néovagin de 5 à 7 cm de long. De meilleurs résultats
sont obtenus chez les patientes qui ont une élasticité tissulaire accrue. L'ablation
de l'olive se fait par section des fils au niveau de la paroi abdominale puis par
traction sur le fil apparent à la vulve. La sonde de Foley est également retirée.

Il convient alors d'approfondir le récessus vaginal obtenu par des dilatations


instrumentales pluriquotidiennes ou par le port nocturne d'une prothèse vaginale
à ressort de 11 cm de long et de 2,5 cm de diamètre, tous les jours pendant 10 à
15 jours puis tous les 4 à 5 jours, jusqu'aux premiers rapports sexuels qui, s'ils
sont réguliers, rendent l'emploi de la prothèse inutile.

Variantes endoscopiques

Après Popp [65], Gauwerky , Fedele [61] et Laffargue [64]


ont proposé de réaliser
cette intervention par voie cœlioscopique.

Après mise en place d'une sonde de Foley, l'intervention débute par une
cœlioscopie qui permet de faire le bilan de la malformation. L'appareil de traction
de Vecchietti est placé momentanément sur la région sus-pubienne pour
marquer l'emplacement des orifices d'émergence des deux fils tracteurs. A leur
niveau, un trocart de 5 mm est placé en évitant les vaisseaux épigastriques.

Fedele, après retrait de l'un deux, introduit dans son trajet, une aiguille
porte-fil qui, comme dans la technique originelle, passe dans le tissu
conjonctif lâche sous-péritonéal, vers le bas et le centre, jusqu'à ce
qu'elle atteigne le repli médian tendu entre les rudiments utérins. A ce
niveau, l'aiguille change de direction qui de latéromédiale devient
craniocaudale, et traverse l'espace vésicorectal sous le contrôle d'un doigt
intrarectal jusqu'à proximité de la cupule vaginale. Avant de la perforer et
de charger un fil, une cystoscopie vérifie l'intégrité de la vessie.
Laffarge utilise une aiguille à ponction employée habituellement pour les
prélèvements ovocytaires en fécondation in vitro (longueur 30 cm, gauge
17). Celle-ci perfore la cupule en son centre, puis progresse dans l'espace
rectovésical, guidée par un doigt intrarectal et sous contrôle
cystoscopique ; elle émerge enfin dans le pelvis au milieu du repli
péritonéal transversal en ligament large. Les deux fils de nylon amarrés à
une olive prothétique perforée de 2 cm de diamètre, sont enfilés
successivement dans la lumière de l'aiguille et, parvenus dans le pelvis,
sont saisis par les pinces introduites par les trocarts latéraux de 5 mm et
attirés à l'extérieur.
Les temps ultérieurs sont identiques à ceux de la technique originelle.
La technique de Vecchietti réalise en quelques jours ce que la méthode de
Frank procure en quelques semaines. La paroi étirée de la cupule vaginale
recouvre progressivement l'espace de clivage mais bien plus rapidement
qu'en cas d'épithélialisation spontanée sur moule .
Mais c'est une intervention chirurgicale abdominale jamais dénuée de
risques. La mise en tension de la cupule est douloureuse exigeant parfois
des antalgiques majeurs. L'hospitalisation est longue : 10 à 12 jours et le
résultat procuré imparfait, nécessitant pour le compléter la mise en
œuvre de dilatations instrumentales répétées. Parfois même, le dôme
vaginal trop étiré peut se nécroser. La rétraction de la cupule vaginale et
la disparition de l'olive dans le clivage commandent alors le recours à un
autre procédé.
Les variantes endoscopiques, dépourvues de cicatrices abdominales sont
minimalement invasives mais la durée d'hospitalisation ne s'en trouve
nullement diminuée. Dans la technique de Laffarge, la présence de fils
intrapéritonéaux pendant 8 à 10 jours expose au risque d'occlusion
mécanique, ce dernier semble cependant théorique.
Transplantations viscérales

Pour pallier l'absence congénitale de vagin, diverses transplantations viscérales


ont été préconisées :

transplantation d'un segment d'intestin grêle (procédé de Baldwin). Elle a


été abandonnée en raison de l'affligeante extériorisation d'importantes
sécrétions intestinales [70] ;
transplantation rectale (procédé de Schubert). Elle comporte des risques
de fistule rectovaginale et surtout de séquelles fontionnelles rectales ;
transplantation sigmoïdienne. Cette technique demeure toujours fort
séduisante. Réalisée par Albrecht par voie sacrée puis par Ruge par voie
abdominale. elle a été parfaitement décrite par Champeau et Schmid ainsi
que par les auteurs russes.

Colpoplastie sigmoïdienne

Examens préopératoires

Un lavement opaque ou une coloscopie s'assurent que l'anse sigmoïde est longue
et dépourvue de pathologie. Une échographie pelvienne ou une urographie
intraveineuse vérifient l'absence de rein pelvien, en particulier à gauche, contre-
indiquant l'intervention.

Préparation colique

Pour minimiser le risque infectieux inhérent à la chirurgie colique, une


préparation antibiotique et mécanique est indispensable.

L'antibiothérapie, débutée la veille de l'intervention ou au moment de l'induction,


comporte en général un imidazolé (Flagyl® ou Tibéral®) à visée antianaérobie,
associé à un antibiotique à large spectre (tétracycline ou céphalosporine de 3e
génération) ou à de la néomycine. Il semble inutile de poursuivre cette
antibiothérapie plus de 24 heures après l'intervention (Vacher 1990, Rodary
1991).

La vidange colique est à l'heure actuelle obtenue soit grâce au polyéthylène


glycol (PEG) : ingestion de 3 à 6 L en 1 à 3 jours (Di Palma 1989), soit de plus en
plus par ingestion de sennosides (X Prep®) : 120 mg dans un verre d'eau la veille
de l'intervention (Fingerhut 1993). Les sennosides sont particulièrement bien
tolérés, en particulier en raison de leur simplicité d'administration, et donnent
des résultats comparables sinon supérieurs aux techniques plus anciennes
(Vacher 1990). La vidange colique peut être avantageusement complétée par un
lavement à 5 % de polyvidone iodée, pratiqué la veille et 2 à 4 heures avant
l'intervention. La pratique de ces lavements diminue les infections, les abcès de
paroi, et les déhiscences d'anastomose (Rodary 1991, Fingerhut 1993).

L'association de la vidange colique, des lavements à la polyvidone iodée et de


l'antibioprophylaxie, permet de minimiser le risque infectieux du geste colique de
cette intervention.

Voie d'abord

L'opération est réalisée par une double voie , abdominale et périnéale, par une
seule équipe ou simultanément par deux équipes chirurgicales. La patiente est
placée en décubitus dorsal et Trendelenburg modéré, les membres inférieurs
légèrement relevés sur des supports de jambe et les cuisses mises en abduction
maximale. Une sonde vésicale de Foley est mise à demeure.

La laparotomie est faite :

par incision transversale sus-pubienne (Pfannenstiel, Cherney ou


transrectale) procurant un accès suffisant à la cavité pelvienne et laissant
une cicatrice plus esthétique, mais au besoin agrandie en J ;
ou par incision médiane sous-ombilicale prolongée éventuellement au-
delà de l'ombilic, lorsque l'anse sigmoïde paraît de longueur insuffisante
et oblige à mobiliser le côlon gauche, voire à décrocher l'angle colique
gauche afin de réaliser une anastomose sans tension.

L'exploration de la cavité pelvienne permet un bilan gynécologique et digestif :

reliquats müllériens ;
longueur et vascularisation de l'anse sigmoïde.

L'abord périnéal se fait par une incision entre le méat urétral et la fourchette
vulvaire dans l'aire de la muqueuse vestibulovaginale.

Clivage rectovésical

Il est réalisé par voie basse de préférence ou par voie mixte abdominopérinéale.

Par voie basse, l'incision de la cupule vaginale peut être classique : transversale,
verticale, en H... mais il a grand intérêt à la faire en U, soit à base périnéale et à
sommet sous-méatique, soit à base latérale gauche. Ces lambeaux muqueux
permettront une suture colovestibulaire en ligne brisée prévenant une sténose
orificielle secondaire. Le clivage vésicorectal est ensuite mené en profondeur
jusqu'au cul-de-sac de Douglas. Il peut être réalisé avant la laparotomie
exploratrice, car si cette dernière conduisait à modifier l'indication opératoire, le
décollement pourrait être utilisé pour un autre procédé. Lorsque la colpoplastie
sigmoïdienne paraît réalisable, le péritoine est secondairement largement libéré
par voie basse, un écarteur soulevant la vessie, un second refoulant le rectum,
car il n'y a pas d'élytrocèle à craindre ultérieurement ; puis il est largement
incisé voire réséqué par voie haute, sur le repère d'une bougie ou d'un tampon
monté introduit dans le décollement vésicorectal.

Lorsque le clivage intervésicorectal est réalisé par abord mixte abdominopérinéal


selon la technique de Rochet, la portion utérine de la lame vestigiale
utérovaginale s'interpose sur le trajet du greffon colique. Il convient donc de
réséquer cette lame quadrilatère, voire les cornes utérines rudimentaires (pour
prévenir le développement rare de fibromes aux dépens de ces dernières).
L'intervention est alors conduite comme une hystérectomie avec conservation
annexielle, la ligature des pédicules utérins à proximité des uretères étant
précautionneuse. Le relief du torus uterinum reliant les grêles ligaments
utérosacrés est amenuisé par incisions radiaires et digitoclasie, pour que le
greffon sigmoïde épouse au mieux la concavité sacrée.

Individualisation du greffon sigmoïde

Mieux que les examens préopératoires, l'exploration abdominale apprécie les


possibilités de réalisation de l'intervention.

Le côlon pelvien ou anse sigmoïde commence au niveau du bord interne du psoas


gauche et se continue avec le rectum, à hauteur de la troisième vertèbre sacrée.
Habituellement il est long de 40 cm, très mobile, suspendu à la paroi par un long
mésocolon pelvien et décrit une courbe dont la concavité regarde en arrière et en
haut. Il est parfois plus long pelviabdominal mais il peut être aussi plus court,
peu mobile, relié à la paroi par un méso très court, faisant renoncer alors à
l'intervention.

Le mésocôlon pelvien a une racine en forme de V inversé avec deux segments :


l'un vertical, atteignant le promontoire sur la ligne médiane, l'autre oblique,
longeant les artères iliaques, primitive et externe, gauches. En soulevant l'anse
sigmoïde, et en observant son méso par transillumination (fig 12 A), on peut
entrevoir sa vascularisation (fig 12 B). En règle générale l'artère mésentérique
inférieure longe la racine interne du mésocolon pelvien donnant deux branches
terminales à l'extrémité supérieure du rectum sur le milieu de sa face
postérieure : les artères hémorroïdales supérieures droite et gauche. Peu après
son émergence, elle a donné deux branches collatérales :

l'artère colique gauche supérieure ou artère de l'angle colique gauche, et


très près de celle-ci ;
l'artère colique gauche inférieure ou tronc des artères sigmoïdes. Cette
dernière se divise rapidement en trois branches qui sont les artères
sigmoïdes supérieure, moyenne et inférieure.

L'artère sigmoïde supérieure longe la racine gauche du mésocolon pelvien. Les


artères sigmoïdes moyenne et inférieure parcourent le méso de façon radiaire et
de même que la supérieure se divisent à proximité du tube intestinal en une
branche ascendante et une branche descendante qui s'anastomosent avec les
branches correspondantes des artères voisines. Ainsi est formée une arcade
artérielle paracolique d'où partent des vaisseaux droits qui se ramifient sur les
parois du côlon. Il existe même à la partie moyenne de l'anse sigmoïde, des
arcades artérielles de second ordre. Mais la vascularisation du côlon sigmoïde est
sujette à de multiples variations. Celles des origines des artères sigmoïdes n'ont
pas d'application pratique pour ce qui est de l'utilisation d'un transplant
sigmoïde. La présence ou l'absence d'une arcade bordante bien individualisée est
en revanche importante.

Un segment de côlon sigmoïde de 15 à 20 cm de long doit être isolé puis mobilisé


de manière à faire un montage antipéristaltique, comme l'a préconisé Champeau,
pour prévenir un prolapsus colique. Il convient donc de préserver un pédicule
vasculaire distal contenant une artère et une veine majeure, habituellement le
pédicule sigmoïde inférieur et de s'assurer, par une épreuve de clampage des
autres artères sigmoïdes, (à l'aide de bull-dog placés bien en amont de leur
division en branches ascendante et descendante), de la qualité de l'arcade
paracolique et de la bonne vascularisation du segment colique choisi.

Le mésocôlon pelvien est incisé de façon radiaire. L'incision interne passe entre
les artères mésentérique inférieure et sigmoïde inférieure. L'incision externe part
de la future section colique supérieure et réunit les diverses fenêtres
mésocoliques faites lors de l'épreuve de clampage. Après incision du feuillet
superficiel nécessitant quelques points de coagulation, les petits vaisseaux
coliques accessoires sont sectionnés entre deux ligatures ou électrocoagulation
puis le feuillet séreux profond est incisé. L'utilisation pour l'hémostase de pinces
porte-clips ou d'agrafeuse est possible mais la ligature sur pinces est préférable
surtout si le méso est épais, gras ou fragile.

La section colique inférieure est faite légèrement en aval du pédicule nourrissier


choisi, à 4 ou 5 cm de la jonction colorectale. Après avoir repéré les bords
mésentérique et antimésentérique par des fils ou de fines pinces, elle est
réalisée :

soit au bistouri, en incisant une face puis l'autre. La musculeuse se


rétracte et expose le plan sous-muqueux et ses vaisseaux qui sont
coagulés au fur et à mesure ;
soit aux ciseaux droits, ce qui donne une coupe plus nette mais moins de
débord muqueux.

La section colique supérieure est faite 15 à 20 cm plus en amont (les pinces à


disséquer habituellement utilisées ont une longueur de 18 cm).

Après hémostase des tranches, une compresse imbibée d'antiseptiques


enveloppe chacune des extrémités du greffon colique laissé en attente dans la
cavité pelvienne. Lors des sections coliques, la présence de débris fécaux
nécessite un nettoyage à la compresse humide, voire le recours à l'aspiration
puis un lavage péritonéal abondant.

Les conditions locales peuvent imposer d'utiliser le greffon en position


péristaltique. Il est alors pédiculisé sur l'artère sigmoïde supérieure.

Rétablissement de la continuité digestive (fig 12 C)


exige des tranches coliques saines, bien vascularisées, venant au contact l'une
de l'autre sans tension. L'anastomose peut être manuelle ou mécanique.

L'anastomose manuelle aussi efficace que la mécanique mais moins onéreuse se


fait au fil à résorption lente 3 ou 4/0 en un seul plan extramuqueux :

soit par des points séparés : après mise en place des points mésocolique
et antimésocolique, elle commence sur la face antérieure et se poursuit
sur la face postérieure après retournement de la zone anastomotique. Le
fil étant mouillé ou pour certains huilé, l'aiguille charge largement la
musculeuse et la sous-muqueuse présentée par une pince à disséquer
saisissant la muqueuse en regard de son trajet, de dehors en dedans sur
une tranche, et de dedans en dehors sur la tranche opposée. Les
extrémités coliques doivent être affrontées simplement, sans hiatus, sans
éversion de la muqueuse et la nœud serré sans excès. L'espacement des
points varie avec les habitudes de l'opérateur. On peut les écarter
d'autant qu'ils changent d'épaisseur pariétale, c'est la suture au carré ;
soit par des surjets habituellement au nombre de deux, l'un antérieur,
l'autre postérieur, passés comme les points séparés, les points d'arrêt
étant noués en dehors.

Une anastomose colique mécanique peut également être réalisée, en utilisant


des pinces agrafeuses automatiques (GIA,...).

La brèche du mésosigmoïde est refermée. Sa face antérieure voire ses deux faces
sont suturées par un surjet ou par des points séparés, volontiers en X, de fil fin à
résorption lente, allant jusqu'au contact de l'anastomose.

Abaissement du transplant colique

En cas de montage antipéristaltique, l'extrémité inférieure (distale ou rectale) de


l'anse isolée est fermée :

par des points séparés extramuqueux ;


ou par un surjet de fil à résorption lente 3/0 ;
ou encore, à l'aide d'une pince agrafeuse automatique. Cette extrémité
constitue désormais le fond du néovagin.

L'extrémité supérieure (proximale) de l'anse isolée, est saisie par une pince
atraumatique introduite dans le clivage intervésicorectal puis attirée dans ce
dernier et abaissée jusqu'à l'orifice périnéal.

Le greffon colique doit être couché dans le lit du clivage sans tension, striction
ou torsion de son pédicule vasculaire latéral gauche. Une ou deux incisions de
refend intéressant le péritoine du mésocôlon pelvien mais préservant les
vaisseaux sigmoïdes sont parfois nécessaires.

Certains fixent le greffon colique au bord interne des muscles releveurs par deux
points de suture à 3 heures et à 9 heures. Nous le fixons à l'arceau des
utérosacrés par quelques points de fil à résorption lente 000.

A hauteur de la vulve, le côlon lorsqu'il est en excès, est réséqué. La suture


colovestibulaire (fig 12 E) doit se faire sans tension inopportune. Elle est
habituellement circulaire, faite de multiples points séparés de fil à résorption
lente 3/0. Mais il est préférable de l'élargir par un trait de refend colique
postérieur ou latéral gauche dans l'écartement duquel viendra s'inscrire le
lambeau muqueux vestibulovaginal initialement préservé. Cette suture en ligne
brisée est moins sujette aux brides et à la sténose.

Quelques points de suture ou un surjet unissent les tranches de la brèche


péritonéale ou le péritoine vésical (en cas de clivage par abord mixte
abdominopérinéal) au greffon colique. Le bord gauche de la portion du
mésosigmoïde destinée au greffon est fixé par des points séparés au péritoine
pelvien.
Le sommet de l'anse exclue peut être arrimé au péritoine pariétal postérieur
voire au disque lombosacré par l'intermédiaire de matériel prothétique.

Certains ne drainent pas ou rarement, d'autres toujours, au minimum par un


drain aspiratif de Redon glissé derrière ou à proximité de l'anastomose, sortant
par une contre-incision latérale et laissé en place jusqu'à l'évacuation de la
première selle normale.

Après lavage péritonéal abondant, la paroi abdominale est refermée de façon


habituelle.

Certains mettent en place un mandrin souple, pendant 10 à 30 jours, pour


favoriser l'accolement colique. D'autres pensent que cela est inutile, voire
dangereux, car source d'ischémie. Mais la plupart préconisent des dilatations
instrumentales postopératoires précoces.

Complications

La nécrose ischémique du transfert colique est rare, elle impose son exérèse. S'il
n'y a pas de rétrécissement de l'anse abaissée, la sténose de la suture
sigmoïdovestibulaire, source de dyspareunie, voire d'apareunie, est un souci
plusieurs fois rapporté. Elle fait préférer aux sutures circulaires linéaires, des
sutures en lignes brisées et préconiser des dilatations postopératoires précoces
bientôt relayées par des rapports sexuels réguliers.

Une dyspareunie profonde à type de douleur périombilicale transitoire a été


rapportée par Pratt et Martinez-Mora.

L'accumulation de mucus dans la partie supérieure de l'anse exclue s'explique


par le montage antipéristaltique. Elle s'observe rarement. Pour Pratt, la
formation de ces bouchons muqueux peut être prévenue par des irrigations
vaginales 1 ou 2 fois/semaine. Laub pense au contraire que de telles irrigations
accentuent la production de mucus.

Le prolapsus du greffon sigmoïdien [72] est très rare mais s'observe même après
montage antipéristaltique. Il semble plus fréquent à gauche, du côté du
mésosigmoïde, les autres faces contractant plus aisément des adhérences avec
les parois du clivage intervésicorectal. Lorsque la résection du sigmoïde
redondant s'avère insuffisante, la suspension au ligament de Cooper gauche ou
au promontoire doit être mise en œuvre.

Avantages et inconvénients

La colpoplastie sigmoïdienne procure un vagin fonctionnel en 4 à 6 semaines


sans contrainte postopératoire. En effet, il n'y a pas de rétrécissement progressif
de la profondeur et du calibre de la néocavité devant être prévenu par des
dilatations instrumentales ou des rapports sexuels répétés. La vulve garde un
aspect normal. Le côlon sécrète une quantité modeste de mucus non irritant
assurant une lubrification naturelle.

Mais cette technique n'est pas dénuée de risques. Ceux d'occlusion intestinale
sont inhérents à toute laparotomie. Ceux de plaies vésicale ou rectale sont plus
en rapport avec le procédé de clivage intervésicorectal. Ce sont surtout ceux de
fistule anastomotique suivie de péritonite stercorale qui doivent être pris en
compte.

Gigouskis et Alexandrov, à propos respectivement de 195 et de 110 cas, ont


rapporté des taux de mortalité de 1,7 et de 1 % incompatibles avec une chirurgie
fonctionnelle. Mais ces séries sont anciennes et de nos jours, le pronostic est
celui d'une suture colocolique sans dérivation, ni drainage, sur un côlon sain,
bien vascularisé, jeune.

Toutes les techniques de colpopoiesis (du grec « colpos » : vagin, « poïesis » :


créer) ont des avantages et des inconvénients et il est vain d'affirmer que l'une
est supérieure aux autres. La méthode de Frank doit toujours être tentée. En cas
d'échec, les procédés nécessitant le port d'un mandrin ou la pratique de
dilatations instrumentales pourront être proposés aux patientes coopérantes et
déterminées en s'efforçant d'éviter les suites longues et fastidieuses de
l'épithélialisation spontanée sur moule. Des procédés plus risqués seront
entrepris chez les patientes pressées. La mise en œuvre de semblables
traitements doit s'accompagner d'un soutien psychologique. Enfin, il ne faut pas
oublier que les résultats fonctionnels sont plus importants que les résultats
anatomiques.

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APLASIE VAGINALE AVEC UTÉ RUS FONCTIONNEL

Dans 8 % des cas, l'aplasie vaginale, totale ou partielle, est surmontée d'un
utérus pourvu d'un endomètre fonctionnel s'exprimant bruyamment à la puberté
par une rétention menstruelle complète mais offrant la possibilité de grossesse .

Le traitement chirurgical de ces aplasies est indispensable et souvent pressant


mais ne doit jamais pour autant être effectué dans la précipitation. L'instauration
d'une aménorrhée thérapeutique permet aisément d'en différer le moment. En
raison de ses difficultés et de l'importance de ses conséquences fonctionnelles, il
nécessite l'établissement préalable d'une stratégie fondée sur des explorations
complètes et explicitée à la patiente et à ses parents.

Contrairement à l'opinion de certains auteurs anglo-saxons, une chirurgie


restauratrice nous semble devoir être toujours tentée.

Aplasies totales du vagin

Avec utérus fonctionnel

Le traitement se propose de créer un néovagin puis de le faire communiquer avec


l'utérus pour rétablir le cours normal des règles et ménager la possibilité de
grossesse.

Les interventions par voie basse exclusive ont été longtemps les seules
pratiquées. Après clivage vésicorectal jusqu'à l'utérus et ouverture de ce dernier
par simple trocardisation ou par incision cervico-isthmique, le maintien de la
perméabilité cervicovaginale était assuré par un drainage de la cavité et par le
port prolongé d'un mandrin ou l'application de greffes cutanées. Comme en
témoigne la littérature plusieurs grossesses ont ainsi été obtenues, mais ces
opérations sont :

aveugles, ne permettant pas d'établir le bilan de la malformation et de


son éventuel retentissement pelvien ;
imprécises, quant au repérage et à l'individualisation du col utérin
imperforé ;
et surtout exposées à la sténose secondaire imposant des forages itératifs
et bientôt l'ablation de l'utérus.

Un abord mixte abdominopérinéal est donc préférable :

voie basse : par une incision transversale de la cupule vaginale, un clivage


intervésicorectal est mené jusqu'à proximité du tractus d'aplasie ;
incision transversale sus-pubienne ; l'exploration pelvienne autorise un
bilan précis de la malformation et de son retentissement pelvien ;
une courte hystérotomie fundique permet d'évacuer l'hématomètre puis
d'introduire à tergo une bougie de Hegar de faible calibre pour repérer la
partie déclive de la cavité ;
après incision du cul-de-sac vésico-utérin, le clivage entre la vessie et
l'utérus est poussé très bas sur la face antérieure du tractus d'aplasie ;
une incision du cul-de-sac de Douglas permet de séparer ce dernier de la
face antérieure du rectum ;
le clivage périnéal est alors largement mis en communication avec les
clivages abdominaux antérieur et postérieur sur le repère d'un doigt les
empruntant ;
le tractus d'aplasie cervicovaginal est dès lors isolé sur ses faces
antérieure et postérieure. Le long de ses bords latéraux, les pédicules
cervicovaginaux sont étreints par des pinces hémostatiques introduites
dans le clivage intervésicorectal sous contrôle visuel périnéal, lorsque le
col atrétique peut être abaissé à proximité de la vulve, ou abdominal
lorsque sa mobilisation est insuffisante. Ils sont sectionnés puis liés ;
la résection de la partie obturée du col est faite par sections transversales
successives, en « saucisson » jusqu'à l'ouverture large du pôle inférieur
de la cavité utérine indiqué par la bougie de Hegar. En fait, à proximité de
la cavité utérine, il y a intérêt à conclure l'exérèse de la portion atrétique
du col par une résection cunéiforme sagittale préservant ainsi la
vascularisation utérine et prévenant la survenue ultérieure d'une sténose
orificielle, l'anastomose utérovaginale se faisant en ligne brisée ;
ces jeunes filles étant à un âge où le port d'un mandrin et la pratique de
dilatations instrumentales sont mal supportés, voire incongrus et où il
n'est guère question d'entretenir des relations sexuelles, l'opération se
termine, à la manière de Kazancigil [79] par l'anastomose de la tranche
utérine aux berges muqueuses vaginales ou vestibulaires (fig 13). Celle-ci
est accomplie par deux points de Sturmdorf antérieur et postérieur,
complétés par deux points latéraux de fil à résorption lente 0 ou 1. Les
chefs gardés longs permettent d'arrimer un tuteur (segment de sonde de
Foley no 16 ou plus) qui restera en place le temps de leur résorption ;
un petit vagin infundibulaire se creuse du fait de la tension des attaches
utérines. Ultérieurement la méthode de Frank et/ou les rapports sexuels
permettront de l'approfondir [76].

Aplasies vaginales partielles

Avec utérus fonctionnel

Elles sont nettement distinctes des simples diaphragmes, car leur hauteur est
toujours supérieure à 1 cm.

Elles peuvent être basses, moyennes ou hautes.

Aplasies partielles basses

Elles s'étendent plus ou moins loin vers le haut mais elles respectent toujours le
dôme vaginal ce qui leur confère leur particularité clinique associant symptômes
d'absence congénitale de vagin et symptômes de rétention menstruelle.

Le clivage intervésicorectal permet d'atteindre le pôle inférieur de la poche en


rétention qu'il convient de libérer largement avant de l'inciser pour évacuer le
sang menstruel en rétention.

Quatre procédés permettent alors le recouvrement de la zone cruentée :

le port prolongé d'un moule vaginal en attendant que la cicatrisation se


fasse de proche en proche à partir des muqueuses vestibulaire et vaginale
haute ;
le déboublement des petites lèvres lorsqu'elles sont bien développées ;
la pose de greffe cutanée demi-épaisse ;
l'abaissement de la muqueuse du haut vagin largement disséquée et
suturée à la muqueuse vestibulaire. Cet advancement of upper vagina
préconisé par Jeffcoate se conçoit lorsqu'après évacuation de la rétention,
la muqueuse vaginale apparaît saine, souple, normalement ridée. Car,
comme l'a fait remarquer Minh [78], il peut s'agir d'une poche de
rétention : une cavité que le sang menstruel a créée au sein de la cloison
rectovaginale et qui est entourée d'une coque fibreuse conjonctive, lisse,
épaisse, rigide. Malgré le port d'un mandrin, sa rétraction est inéluctable,
n'entravant pas toujours l'écoulement menstruel mais interdisant les
rapports sexuels. Il est donc préférable d'en pratiquer l'exérèse et d'avoir
recours à un autre procédé.

Aplasies partielles moyennes

Elles s'étendent sur une longueur de 1 à 4 cm. Au-dessous d'elles, la cavité


vaginale est de plus ou moins grande capacité. Au-dessus, siège la rétention.

Après clivage de la zone aplasique, plusieurs traitements ont été proposés :

l'épithélialisation spontanée sur moule ;


la pose de greffe cutanée dermoépidermique ;
comme en cas de cloison transversale du vagin, Te Linde après
décollement de la partie aplasique a réuni bout à bout avec succès la
muqueuse du haut et du bas vagin.

Lorsque l'ampleur du bas vagin le permet, il est préférable d'avoir recours à la


technique décrite par Robert : clivage intervésicorectal de la zone aplasique,
dissection puis exérèse de la poche rétentionniste, puis le col utérin est abaissé
et anastomosé à la muqueuse du bas vagin.

La cœlioscopie précise l'état des organes génitaux internes et permet le


traitement d'une éventuelle complication.

Aplasies vaginales hautes

Elles doivent être assimilées aux aplasies du « museau de tanche ». Le conduit


vaginal de plus ou moins grande longueur se termine en haut en voûte
infundibulaire. L'utérus sus-jacent est soumis à rétention lorsqu'il est pourvu
d'un isthme.

L'intervention se déroule par voie mixte abdominopérinéale comme en cas


d'aplasie vaginale totale avec utérus fonctionnel. Après extirpation du bloc
conjonctif de la zone aplasique, une anastomose utérovaginale à la manière de
Sturmdorf permet de rétablir la continuité.

Le traitement chirurgical de ces rares anomalies doit être précoce, adapté et


conservateur contrairement à l'opinion de certains auteurs. Au prix parfois de
réinterventions, il permettra la survenue de grossesse . Avec Musset et Poitout
nous en avons observé 25 cas : sur les 16 femmes susceptibles de devenir
enceintes, 9 ont eu 16 enfants...

Références : Cloisons transversales du vagin

[1] Garcia RF Z plasty for correction of congenital transverse vaginal septum. Am J Obstet
Gynecol 1967 ; 99 : 1164-1165
[2] Granjon A Etude radiologique et traitement chirurgical des cloisons transversales du vagin
d'origine congénitale. Gynecol Obstet 1947 ; 46 : 303-322
[3] Musset R Traitement chirurgical des cloisons transversales du vagin d'origine congénitale par
la plastie en Z. Indications thérapeutiques. Gynecol Obstet 1956 ; 55 : 382-395
[4] Musset R, Poitout P Traitement chirurgical des diaphragmes congénitaux du vagin par
perfectionnement du procédé des incisions radiées. Résultats éloignés. J. Gynecol Obstet Biol
Reprod 1975 ; 4 : 995-1000
[5] Paniel BJ, Truc JB, Robichez B, Bourgin C, Poitout P Traitement chirurgical des diaphragmes
congénitaux sous-cervicaux du vagin. J Gynecol Obstet Biol Reprod 1984 ; 13 : 189-195

Références : Cloisons longitudinales

[6] Buttram VV Mullerian anomalies and their management. Fertil Steril 1983 ; 40 : 159-163
[7] Haddad B, Touboul C, El Medjadji M, Poitout P, Paniel BJ Cloisons longitudinales du vagin et
grossesses. J Gynecol Obstet Biol Reprod 1994 ; 23 : 605-608
[8] Heinonen PK Longitudinal vaginal septum. Eur J Obstet Gynecol Reprod Biol 1982 ; 13 : 253-
258 [crossref]
[9] Paniel BJ, Truc JB, Poitout P Cent dix cloisons longitudinales du vagin. J Gynecol Obstet Biol
Reprod 1985 ; 14 : 1011-1024

Références : Méthode de Frank

[10] Broadbent TR, Woolf RM Congenital absence of the vagina : reconstruction without
operation. Br J Plast Surg 1977 ; 30 : 118-122 [crossref]
[11] Broadbent TR, Woolf RM, Hebertson R Non-operative of the vagina : two unusual cases. Plast
Reconstr Surg 1984 ; 1 : 117-123
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© 1996 Elsevier SAS. Tous droits réservés.

Fig 1 :

Fig 1 :

Exposition du vestibule et de la cupule vaginale, en saisissant les grandes lèvres à mi-hauteur


entre le pouce et l'index et en excercant une traction divergente.

Fig 2 :
Fig 2 :

Méthode de dilatation instrumentale de Frank.

A. La bougie est introduite en direction du coccyx.

B. Puis la pression est excercée selon l'axe normal du vagin.

Fig.3 :
Fig.3 :

Clivage intervésicorectal par voie basse.

A. Incision de la muqueuse de la cupule vaginale.

B. La dissection débute latéralement.

Clivage intervésicorectal par voie basse.

C. Incision du raphé médian.

D. Le clivage intervésicorectal est poursuivi aux doigts.

E. Le péritoine du cul-de-sac étant atteint, le clivage est agrandi à l'aide de valves.

F. Coupe sagittale.

Fig 4 :
Fig 4 :

Clivage intervésicorectal par voie mixte abdominopérinéale.

A. Clivage entre la vessie et la portion utérine de la lame vestigiale utérovaginale.

B. Le clivage est poursuivi au doigt dans l'espace décollable rectovésical, puis le clivage
interurétrorectal est entrepris.

Fig 5 :

Fig 5 :
Epithélialisation spontanée sur moule (Dupuytren - Wharton).

fig. 6 :
fig. 6 :

Dédoublement des petites lèvres.

A. Incision de la cupule en U inversé suivie de la dissection du lambeau muqueux et du clivage


intervésicorectal.

B. Tracé des incisions.

C. Dédoublement.

Dédoublement des petites lèvres.

D. Hémostase.

E. Dédoublement de la seconde petite lèvre.

F. Confection d'un manchon labial et invagination du lambeau muqueux postérieur.

G. Invagination du cylindre labial.

Dédoublement des petites lèvres.

H. Coupe sagittale. I. Aspect en fin d'intervention.

Fig 7 :
Fig 7 :

Différents types de greffe cutanée.

Fig 8 :
Fig 8 :

Greffe cutanée.

A. Prélèvement.

B. Habillage du tuteur, face dermique à l'extérieur.

C. Immobilisation du tuteur et de la greffe par suture des lèvres.

fig 9 :

fig 9 :

Lambeau vulvopérinéal fasciocutané.

A. Trajet de l'artére périnéale superficielle et tracé du lambeau.

B. Dissection du lambeau fasciocutané et création d'un tunnel sous-cutané.


Lambeau vulvopérinéal fasciocutané.

C. Les deux lambeaux sont assemblés en une poche.

D. Invagination du manchon fasciocutané et fermeture des zones donneuses.

Fig 10 :

Fig 10 :

Péritoine pelvien.

A. Clivage intervésicorectal jusqu'au péritoine pelvien qui est largement libéré. Tamponnement
de la cavité.

B. Incision transversale de la saillie péritonéale.

C. Abaissement du péritoine (les berges péritonéales sont fixées à la mèche qui est
progressivement retirée).

D. Après suture péritonéovestibulaire, fermeture du fond vaginal.

Fig 11 :
Fig 11 :

Technique de Vecchietti.

A. Appareil de traction.

B. Clivage intervésicorectal par voie abdominale jusqu'à proximité de la cupule ; transfixion de


la cupule par une aiguille de Deschamps permettant de passer les fils de traction.

C. Les deux fils de traction sont attirés dans le clivage vésicorectal.

D. Les fils extériorisés à la peau sont mis en tension à l'aide de l'appareil de traction.

Fig 12 :
Fig 12 :

Colpoplastie sigmoïdienne.

A. Observation du mésosigmoïde.

B. Vascularisation du greffon sigmoïde.

C. Rétablissement de la continuité digestive-abaissement du transfert colique.

D. Coupe sagittale.

E. Anastomose colovestibulaire en ligne brisée.

fig 13 :
fig 13 :

Opération de Kazancigil.

Opération de Kazancigil.
Techniques chirurgicales - Gynécologie
[41-886]

Chirurgie des cancers intra-épithéliaux de la vulve

BJ. PANIEL
JB. TRUC
B. ROBICHEZ
A. MALOUF
Ph POITOUT : Service du Professeur
Chaire de Gynécologie-Obstétrique. Hôtel-Dieu de Paris. 2, rue d'Arcole 75181 Paris Cedex 04
France

Résumé

Les cancers intra-épithéliaux comprennent, selon la classification de l'I.S.S.V.D.* :

la maladie de Paget de la vulve,


le carcinome in situ vulvaire (C.I.S.V. ou maladie de Bowen).

Leur traitement est essentiellement chirurgical. Il doit réaliser une résection à la fois
carcinologiquement satisfaisante et comportant le minimum de séquelles fonctionnelles ou
esthétiques.

Il nécessite pour ce faire un temps d'exérèse et un temps de réparation

© 1981 Elsevier, Paris. Tous droits réservés.

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EXÉ RÈSE
Principe

Comme pour tous les cancers tégumentaires non invasifs, l'exérèse doit être étendue en
surface, le trait de section passant au large des lésions en tissu sain. En revanche, elle n'a
pas besoin d'être profonde, la dissection se faisant dans le tissu cellulaire sous-cutané
puisque, par définition, les lésions n'ont pas franchi la membrane basale. L'évidement
inguinal est inutile, car le risque d'essaimage à distance est nul. La seule exérèse
superficielle ou tégumentaire est donc l'intervention logique.

L'étendue de l'exérèse en surface a opposé autrefois les partisans des interventions larges
systématiques, qui comportaient 7 à 25 % de récidives, aux partisans des opérations plus
limitées, qui comportaient 25 à 50 % de récidives. En fait, l'analyse rétrospective des
pièces opératoires a montré que le cancer intra-épithélial est parfois plus étendu dans sa
réalité histologique que dans son aspect clinique. La lésion visible peut être entourée de
téguments apparemment sains, mais siège d'atypies épithéliales sévères, moyennes ou
mineures, et les récidives sont plus fréquentes lorsque la tranche de section renferme de
semblables anomalies.

Avant l'intervention, il convient donc de définir parfaitement la topographie et l'étendue du


ou des foyers d'atypie cellulaire par la mise en oeuvre de biopsies. Celles-ci sont guidées
par l'examen à la loupe ou au colposcope et, uniquement en cas de C.I.S.V., par des tests
colorés.

Le test d'induction de la fluorescence par la tétracycline de Bethoux (T.I.F.T.)


repose sur l'affinité de la tétracycline pour les noyaux ayant une grande activité
mitotique et sur la fluorescence jaune verte de cet antibiotique sous lumière de Wood.
Le test au bleu de toluidine de Collins : ce colorant se fixe sur les noyaux
cellulaires. Une solution aqueuse à 1 % de bleu de toluidine est appliquée sur la vulve.
Après avoir laissé sécher pendant une à deux minutes, la vulve est rincée doucement
avec une solution aqueuse à 1 % d'acide acétique. La peau saine est alors décolorée et
les tissus pourvus de noyaux superficiels apparaissent bleutés. Le vagin et la portion
vestibulaire de la vulve, revêtus d'un épithélium malpighien non kératinisé dont les
couches cellulaires superficielles consistent en squames nucléées prennent
normalement une coloration bleu clair. Mais surtout, les zones d'hyperkératose
parakératosique que la plupart des cancers exhibent précocement prennent une
coloration bleu foncé.

Les zones suspectes situées au pourtour ou à distance de la lésion macroscopique et ainsi


dévoilées par la colposcopie ou les tests colorés font alors l'objet de biopsies. Elles seules
permettent d'affirmer ou d'infirmer la présence en leur sein d'atypies cellulaires. Certains
auteurs ont même proposé de cerner de façon systématique la lésion visible d'une myriade
de biopsies.

La topographie et l'étendue des anomalies cytologiques étant précisées, les limites de


l'exérèse peuvent être adaptées à chaque cas, en tenant compte également de l'âge, de
l'état général et de la vie sexuelle des patientes. On sera ainsi amené à mettre en oeuvre :

une vulvectomie superficielle totale,


une vulvectomie superficielle partielle,
une exérèse locale large.

Vulvectomie superficielle totale

Sous anesthésie générale, la patiente est placée en position de la taille, dite encore de
lithotomie et le champ opératoire est préparé.

Tracé de l'incision (fig. 1)

Il est fait au crayon dermographique, au violet de gentiane, à l'encre de Chine ou


directement au bistouri. Il passe soit au large de la lésion macroscopique lorsque
les anomalies cellulaires sont limitées à celle-ci, soit au large des atypies
cellulaires l'entourant ou mises à jour à distance. La pratique d'un nouveau test
au bleu de toluidine et la lecture conjointe des résultats anatomopathologiques
des diverses biopsies sont alors fort utiles. Il importe d'observer toujours une
marge de sécurité de un à deux centimètres au moins, sans se préoccuper des
difficultés de réparation de la perte de substance qui sera créée, afin que
l'incision traverse un épithélium parfaitement sain.

Le tracé de l'incision périphérique ou externe part, en avant, de la commissure


antérieure de la vulve qui dessine une arcade au pied du Mont de Vénus, puis
progresse sur la face externe convexe de la grande lèvre près de son bord libre
ou à proximité du sillon génito-crural. En arrière, il rejoint la commissure
postérieure ou fourchette que la fossette naviculaire sépare de la base de
l'hymen ; dans d'autres cas, il traverse le périnée à mi-distance de la vulve et de
l'anus, ou encore longe la marge anale. De l'autre côté, bien que les lésions y
soient parfois moins étendues, le tracé est poursuivi de façon symétrique ou
presque, dans la perspective d'une réparation équilibrée. L'incision périphérique
a ainsi une forme ovale, mais devant une lésion vulvo-périnéale, on peut avoir
recours au tracé préconisé par Collins [4] (fig. 2). Les incisions latérales sont
reliées par une incision arciforme circonscrivant la marge anale.

Le tracé de l'incision centrale ou interne est inscrit dans le précédent. Il est


vestibulo-vaginal. Il traverse ou évite la gouttière vestibulaire, contourne le méat
uréthral, l'enclavant si possible dans un îlot muqueux suffisant pour faciliter la
réparation. Mais l'extension des lésions à la papille uréthrale peut fort bien
nécessiter la résection de cette dernière. Le tracé descend ensuite sur la face
latérale du vagin, généralement en arrière de l'hymen ou de ses vestiges, mais
parfois à l'intérieur du conduit vaginal aussi loin qu'il est nécessaire.

L'incision (fig. 3) est faite au bistouri. Dans les zones normalement ombragées de
poils, on prendra soin de la faire bien perpendiculaire à la surface cutanée. En
effet, la section en biais des follicules pileux expose à l'enfouissement post-
opératoire des poils, le long de la ligne de suture.

Dissection

L'exérèse profonde n'est pas justifiée (fig. 4), nous l'avons vu. Seuls l'épiderme
et le derme doivent être enlevés.

Contrairement à la vulvectomie totale classique ou radicale qui s'étend jusqu'au


plan osseux pubien et à l'aponévrose moyenne du périnée, la vulvectomie totale
superficielle ne va guère au-delà du plan sous-cutané.

La dissection (fig. 5) commence à la périphérie. La peau étant attirée et tendue à


l'aide de crochets, elle se fait dans un plan relativement avasculaire, à la face
profonde du derme, dans le tissu cellulaire sous-cutané. L'extrémité mousse des
ciseaux isole des tractus qui sont ensuite sectionnés. L'aspect blanchâtre luisant,
de la face profonde de la couverture tégumentaire indique que l'on est dans le
bon plan chirurgical.

Le clitoris peut être préservé. Le capuchon clitoridien, ce manchon cutané en


hémi-cône, peut être enlevé, laissant en place le ligament suspenseur, le coude
et le corps du clitoris. Le gland clitoridien peut être pelé lorsque son revêtement
est pathologique. La réépithélialisation seconde se fera sans perte de la
sensibilité [7].

Les bulbes vestibulaires, autres organes érectiles vulvaires sont également


préservés. En effet, sous le bord adhérent ou base de la petite lèvre, la dissection
reste superficielle par rapport au plan du muscle bulbo-caverneux.

La glande de Bartholin reste en place mais son canal excréteur est sectionné lors
de la dissection. Cela est sans importance chez la femme âgée, car la glande s'est
graduellement atrophiée, mais chez la femme encore jeune la survenue d'un
kyste ou d'un abcès est à craindre. Pour éviter ces complications et si la
topographie des lésions le permet, l'incision interne contournera l'orifice
vestibulaire du canal.

La dissection postérieure périnéale est habituellement réalisée en dernier. Dans


cette zone, en effet, il est difficile d'établir un bon plan de dissection.

Hémostase

Le saignement n'est pas important, hormis au voisinage du clitoris, à proximité


du bulbe et surtout dans la région périnéale où de nombreux petits vaisseaux
sont rencontrés. L'hémostase est faite minutieusement par de fines ligatures au
catgut ou par électrocoagulation sur pinces.

La vulvectomie superficielle totale préserve ainsi les reliefs vulvaires et les


organes érectiles. Elle laisse un sous-sol souple bien vascularisé, relativement
uniforme qui se prêtera aisément à la réparation.

Vulvectomie superficielle partielle

Elle est définie comme l'ablation de plus de 25 % mais de moins de 90 % des


téguments vulvaires avec préservation du clitoris. Il s'agit :

soit d'une hémi-vulvectomie (fig. 6),


soit d'une excision en croissant ou en H périnéo-vulvaire...

Excision locale large

Elle est définie comme l'ablation de moins de 25 % des téguments vulvaires.


L'incision affecte souvent une forme elliptique circonscrivant le foyer d'atypies
cellulaires d'une marge de peau saine. L'excision locale peut être unique ou
multiple.

Examen histologique

Dans tous les cas, la pièce opératoire correctement orientée est confiée à
l'anatomopathologiste. L'examen histologique extemporané est alors idéal.

Un ou plusieurs prélèvements sont effectués dans le territoire de la lésion, là où


son épaisseur est la plus importante. On peut ainsi confirmer le diagnostic et en
explorer l'extension en profondeur. La découverte d'une micro-invasion ou d'une
invasion exige la mise en oeuvre d'une chirurgie élargie.

Le contrôle minutieux des limites de l'exérèse est indispensable. Lorsque le trait


de section passe en tissu pathologique, une deuxième coupe est pratiquée de
façon identique. Une deuxième voire une troisième recoupe peuvent ainsi être
nécessaires.

La précision apportée par le microscope rend alors licite la reconstruction dans le


même temps opératoire.

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RÉ PARATION
Le recouvrement tégumentaire de la perte de substance chirurgicale peut se faire
de trois manières : suture primitive, autoplasties locales, greffes cutanées.

Suture primitive

La suture primitive (fig. 7) représente la solution la plus simple pour rétablir la


continuité du revêtement cutanéo-muqueux. Elle peut souvent être réalisée chez
les femmes âgées dont les grandes lèvres sont minces et flasques comme
flétries. La peau périphérique saine est largement décollée puis déployée et
appliquée sur la perte de substance après mise en place d'un drainage aspiratif.
L'approximation des berges est effectuée sans tension inopportune d'arrière en
avant. La peau est suturée aux muqueuses vaginales, péri-uréthrales et
vestibulaires à l'aide de points séparés de fils non résorbables ou à résorption
lente, puis les berges cutanées sont réunies entre elles, soit par des points
séparés, soit par un surjet simple ou mieux en U. La ligne de suture dessine ainsi
une raquette, comme en cas de vulvectomie totale radicale, mais le relief des
grandes lèvres ainsi qu'une fente vulvaire sont préservés. La guérison se fait
habituellement en une dizaine de jours et n'exige pas d'immobilisation
prolongée.

Dans la partie antérieure de la vulve, la suture primitive est effectuée de façon


généralement satisfaisante, en raison de la laxité tégumentaire locale. En
revanche, dans la partie postérieure de la vulve et surtout à hauteur du périnée,
la suture immédiate s'accomplit sous tension. Elle est souvent suivie de désunion
et la cicatrisation seconde peut être vicieuse, hypertrophique et scléreuse, source
de disgrâce et de dyspareunie. Il faut alors savoir adjoindre à une suture partielle
antérieure une autoplastie locale ou une greffe cutanée postérieure.

Autoplasties locales

En cas de cancer intra-épithélial localisé à la fourchette et/ou au périnée, on peut


avoir recours à un lambeau d'avancement ou à un lambeau d'échange.

Lambeau d'avancement vaginal : vulvo-périnéoplastie (fig. 8)

Le procédé préconisé pour les sténoses de la vulve permet de recouvrir d'une


étoffe vaginale la perte de substance périnéale. Le lambeau vaginal postérieur
largement disséqué est abaissé jusqu'à la marge de l'anus. La réduction
importante du relief du noyau fibreux central du périnée le permet aisément, de
plus, elle agrandit l'orifice vaginal et prévient ainsi un éventuel rétrécissement
secondaire. Les suites opératoires sont habituellement simples et brèves. Le
résultat fonctionnel est excellent, en revanche le résultat esthétique est moins
satisfaisant, l'aspect procuré étant parfois celui d'une déchirure périnéale
ancienne du troisième degré.

Lambeau d'échange : L.L.L. ou lambeau en L pour losange [2]

Le L.L.L., ainsi baptisé par Dufourmentel, ou lambeau rhomboïde (fig. 9), est une
autre variété d'autoplastie de voisinage dans laquelle un petit lambeau de
rotation angulaire est taillé et vient combler une perte de substance périnéale de
forme losangique.

Une première ligne d'incision est tracée à partir de l'angle où l'on a décidé de
tailler le lambeau. Sa longueur est égale à celle de l'un quelconque des côtés du
losange. Sa direction emprunte la bissectrice de l'angle formé par le
prolongement de l'un des côtés du losange et par le prolongement de la petite
diagonale de celui-ci.

La deuxième ligne d'incision qui va délimiter le lambeau en L, est tracée à partir


de l'extrémité de cette première ligne. Sa longueur est, là encore, égale à celle de
l'un quelconque des côtés du losange. Elle est parallèle à la grande diagonale de
ce dernier.

Suivant ces deux lignes, la peau est incisée sur une profondeur de 0,6 à 1,2 cm,
puis la face profonde du lambeau est disséquée au bistouri. Le lambeau
complètement libéré est alors aisément mobilisé, il vient s'encastrer dans la
perte de substance losangique tandis que sa bascule entraîne déjà la fermeture
de la plaie d'emprunt.

L'avantage de ce procédé est la congruence parfaite existant entre les diverses


lignes d'incision qui bordent d'une part la perte de substance à combler et d'autre
part le lambeau réparateur. En effet, les berges qui doivent être suturées
ensemble ont toutes exactement la même longueur. Par ailleurs, la tension est
répartie dans les deux axes du plan, il y a aussi beaucoup moins de déformations
tégumentaires. En particulier, il y a peu de saillies aux extrémités de la cicatrice,
là où s'est produit la fermeture d'un angle d'exérèse cutanée. S'il existe toutefois
une légère « oreille », elle s'estompe en règle spontanément dans les suites
opératoires.

Des pertes de substance périnéales plus grandes peuvent être recouvertes de


lambeaux rhomboïdes bilatéraux (fig. 10), l'approximation des bords médians se
faisant avec une discrète tension ou en cas de chevauchement après résection
triangulaire partielle.

Lambeau de translation

Le lambeau de translation (fig. 11) permet de recouvrir une perte de substance


plus ou moins triangulaire. Il est tracé sur les téguments sains et bien
vascularisés situés au voisinage immédiat de la plaie opératoire. Sa forme est
généralement quadrilatère :

la longueur est celle de la perte de substance,


la largeur est supérieure à la moitié de la longueur pour ne pas
compromettre la vascularisation,
le pied se trouve dans une zone de laxité cutanée pour faciliter sa
migration.

Les lambeaux à pédicule antérieur sont à éviter, leur vascularisation est aléatoire
et la plaie d'emprunt qui devra être greffée est située dans la région qui supporte
le poids du corps en position assise. Les lambeaux à pédicule postérieur ischio-
fessier sont plus fiables.

Après incision cutanée, dissection profonde et hémostase parfaite, le lambeau est


basculé sur la perte de substance. La rotation du pédicule est discrète, elle se fait
suivant un angle fermé évitant ainsi toute distorsion du lambeau et toute
perturbation de sa vascularisation.

Pour éviter les espaces morts, le transplant est fixé au tissu cellulaire sous-
cutané et un drainage aspiratif est mis en place. Des points séparés affrontent les
berges. L'emploi de fils non résorbables ou à résorption lente prévient la
désunion précoce communément observée avec le catgut. La perte de substance
née du prélèvement est fermée par un simple VY (fig. 12) si elle est relativement
petite ou recouverte d'une greffe si elle est importante. Les pansements
compressifs qui peuvent altérer la vascularisation du lambeau doivent être
évités. Les points de suture seront retirés progressivement du dixième au
quatorzième jour.

Incisions de décharge [19]


Elles sont à rapprocher des lambeaux de translation (fig. 13). Pour faciliter la
suture d'une perte de substance vulvaire elliptique, deux incisions parallèles sont
tracées de part et d'autre de cette dernière, près du sillon génitocrural. La
largeur du lambeau ainsi délimité doit être supérieure à la moitié de sa hauteur
pour assurer largement sa vascularisation. Ce procédé est valable quant à son
apport cutané si la perte de substance reportée latéralement est greffée ou
refermée dans un plan différent et non suturée après avoir diminué la flexion des
cuisses sur le bassin en inclinant les porte-jambes. En fait, ces lambeaux de
translation pédiculée sont souvent mauvais.

Greffes cutanées

Des greffes cutanées minces et des greffes de peau totales peuvent être utilisées.

Greffe cutanée mince

Après vulvectomie superficielle, l'application immédiate sur la perte de substance


d'une greffe cutanée mince a été réalisée pour la première fois, en 1968, par
Rutledge et Sinclair [22]. Candiani [3], Dufourmentel [8] et surtout Marchac en ont
ensuite précisé la technique opératoire, qui comporte la préparation du lit
récepteur, le prélèvement de la greffe, la mise en place du greffon.

Préparation du lit récepteur

Il faut obtenir un lit récepteur exsangue et plat. Une hémostase soigneuse à la


pince à coaguler très fine est d'abord réalisée. Les irrégularités de surface, les
anfractuosités sont ensuite supprimées :

une fissure étroite sera refermée en rapprochant ses berges par quelques
points inversés de catgut 0000 ;
les crevasses plus profondes seront comblées en utilisant le tissu
graisseux ; la graisse est étalée, on peut même réaliser des petits lambeaux
de glissement graisseux après un léger décollement.

Prélèvement de la greffe

Type de greffe : on utilise une auto-greffe dermo-épidermique moyenne ou


intermédiaire (« thick split graft ») enlevant la moitié de l'épaisseur de la peau,
soit en moyenne trois à quatre dixièmes de millimètre. Elle est continue ou
parfois discontinue (greffe en filet ou « mesh-graft » proposée par Desmons [6].

Le choix du site donneur (fig. 14) dépend de la qualité de la peau désirée et de la


technique opératoire. Le tapissage de la vulve nécessite une peau mince, pâle et
glabre. Pour la simplicité de l'acte opératoire, la greffe est prélevée de
préférence, au voisinage de la perte de substance, en tenant compte du confort
de la patiente, car la zone donneuse est souvent plus douloureuse que la région
greffée elle-même. On a le choix entre :

la face interne de la cuisse : elle permet de vastes emprunts cutanés mais,


malgré la facilité qu'elle offre au labourage du dermatome, la face interne
velvétique des cuisses doit être respectée pour certains chez les femmes
jeunes, car la cicatrice même la plus discrète peut les affecter
psychologiquement ;
la fesse, dans la région cachée par le slip, à la partie haute de préférence
pour certains, à condition que la peau soit lisse et non grenue ;
la prise pubienne fournit une peau de belle qualité et sera invisible
lorsque les poils repousseront ; mais le prélèvement de la greffe dans l'aire
occulte de l'écusson pubien doit être prudent : si la greffe est trop épaisse et
si le terrain est chéloïdien, la cicatrice peut être fort gênante ; de plus, la
repousse anarchique des poils et la présence d'un gîte staphylococcique
périnéal peuvent faire craindre la survenue d'une folliculite.

Les dimensions de la greffe doivent être suffisantes pour recouvrir toute la perte
de substance. Il faut apprécier la surface nécessaire, en hypercorrigeant plutôt et
reporter cette surface sur le site donneur avant le prélèvement.

La technique de prélèvement dépend des préférences de l'opérateur. L'emploi du


rasoir à main de Lagrot-Dufourmentel est particulièrement commode et sûr. Les
dermatomes électriques sont également utilisés : dermatome de Brown à moteur
fixe relié à l'appareil par un flexible ou dermatome de Gosset à moteur incorporé.
L'application d'une feuille plastique adhésive améliore la prise de greffe.

Pansement de la zone de prélèvement : la zone donneuse doit régénérer et


l'important est surtout d'éviter son infection, c'est pourquoi il est de bonne règle
de prélever la greffe et de faire le pansement de la zone de prélèvement avant de
se porter secondairement vers la surface réceptrice.

L'hémorragie demande habituellement un certain temps de compression avant


d'être parfaitement contrôlée.

Lorsque l'hémostase est parfaite, on applique soit du celloderme, soit du


tulle sec et par-dessus cette surface protectrice des champs légèrement
imbibés de sérum physiologique, puis un vaste pansement à l'élastoplast.
Lorsque la surface reste légèrement hémorragique, on applique une
couche de biogaze ou une lame de surgicel et un pansement légèrement
humide, immobilisant, compressif et occlusif. Celui-ci est enlevé 48 heures
plus tard. Le saignement est alors en général contrôlé et l'on peut appliquer
sans inconvénient le pansement au celloderme recouvert de compresses
imbibées de sérum.

Mise en place du greffon (fig. 15)

Des mouchetures sont effectuées dans la greffe pour faciliter ultérieurement le


drainage et l'évacuation d'un éventuel épanchement, puis le greffon cutané est
appliqué sur la perte de substance en laissant largement ses bords dépasser sur
la peau jugée saine et en veillant à ce que ce soit bien la face profonde de la
greffe qui repose sur le lit récepteur.

La greffe est cousue (fig. 16) en périphérie soit à cheval sur le bord d'union peau-
greffon, soit en chargeant uniquement la peau en dehors du bord. La fixation est
assurée soit par des points séparés de prolène 000 placés tous les deux à trois
centimètres (l'un des chefs est gardé long, il servira ultérieurement à assujettir
le bourdonnet), soit par un surjet périphérique de prolène 000. Enfin, des points
séparés de prolène 00000, prenant le greffon et la graisse sous-jacente,
permettent de bien appliquer la greffe sur son sous-sol et d'assurer un contact
parfait là où il y a une dépression. L'aiguille transfixe toujours le greffon en
premier puis le tissu sur lequel il est appliqué.

Pansement (fig. 17) : la greffe doit être soumise à une pression régulière, égale
et continue qui applique le transplant sur la zone réceptrice et s'oppose à la
survenue de tout épanchement hématique ou séreux qui aurait pour conséquence
le décollement du greffon et sa nécrose, mais cette pression ne doit pas être
excessive, car elle aussi pourrait être suivie de nécrose du greffon. Le pansement
classique appliquant un bourdonnet reste une bonne méthode :

une sonde vésicale de Foley est mise en place,


un bourdonnet composé d'un fond de tulle gras et d'un rembourrage de
compresses humides essorées et froissées est confectionné,
il est soigneusement appliqué sur la greffe et on renoue par-dessus les fils
laissés longs, de place en place sur la périphérie, pour assurer une pression
uniforme.

La patiente est installée dans son lit, les membres inférieurs maintenus
légèrement fléchis et écartés par des sacs de sable. Des désinfectants urinaires,
des antibiotiques, un régime pauvre en résidu et un traitement anti-coagulant
peuvent être prescrits.

Soins post-opératoires

Des soins post-opératoires attentifs sont essentiels pour éviter deux


complications :

l'hématome qui décolle la greffe,


la macération qui la lyse.

Il est indispensable d'enlever le bourdonnet avant la quarante-huitième heure,


c'est le délai au-delà duquel, une greffe décollée par un hématome ne prendra
plus. Il faut donc enlever le pansement, vérifier la greffe et évacuer un éventuel
épanchement en réalisant des mouchetures.

Ensuite commence une période de cinq à six jours où des soins pluri-quotidiens
sont nécessaires pour éviter la macération : nettoyage doux et séchage de la
greffe puis pansement se limitant à une feuille de biogaze recouverte de
quelques compresses sèches qui appliquent la greffe et évitent le contact entre
les faces internes des lèvres. Ce pansement doit être changé plusieurs fois par
jour, dès qu'il est un peu humide. La patiente ne doit toujours pas se lever mais
remuer les jambes et pieds en bénéficiant éventuellement de massages.

Au huitième jour, on peut estimer que la prise de greffe est suffisante pour
autoriser le lever. La sonde est enlevée. Le transit reprend et après ablation des
fils, la sortie peut se faire au dixième jour en moyenne.

Lors de la sortie, la patiente est informée de la nécessité de garder une gaze


sèche appliquée sur les greffes jusqu'à ce que la guérison soit complète.

Evolution

Il se produit dans tous les cas une contraction rapide de la greffe lui faisant
perdre 30 à 40 % de sa surface en un mois. Cependant, cette rétraction est moins
importante que celle à laquelle on pourrait s'attendre dans cette région lâche.
Ensuite, la greffe se stabilise et s'assouplit progressivement.

L'évolution ne se fait jamais vers les greffes gaufrées et plissées. Au contraire,


elle se fait toujours vers la formation en quelques mois d'un tégument ayant une
consistance et une apparence voisines de celles de la muqueuse.

Avantages - Inconvénients

Les avantages de cette technique sont doubles.

Elle autorise l'exérèse de très vastes lésions. On peut porter l'incision en


zone saine et prendre une marge de sécurité importante. Cette technique est
également intéressante pour les lésions périnéales où il est impossible de
rapprocher les berges de la perte de substance.
Elle procure des résultats esthétiques et fonctionnels très satisfaisants.
Les téguments ont rapidement une consistance et une apparence voisine de
celles de la muqueuse vestibulaire. Une vie sexuelle normale est tout à fait
possible.

L'inconvénient de la greffe cutanée est représenté par le risque d'échec, car il


s'agit d'une zone délicate à greffer où l'immobilisation est difficile et la
macération fréquente.
Greffe de peau totale

Généralement la greffe de peau totale n'est pas indiquée. Toutefois lorsque les
petites lèvres sont bien développées et indemnes, il est tentant de les utiliser
(Paniel) (fig. 18). Selon l'étendue de la perte de substance, une nymphectomie
ou une nymphoplastie de réduction bilatérale est réalisée. L'aspect de la vulve en
sera certes modifié, mais nullement altéré et parfois même amélioré. Les
fragments labiaux ainsi prélevés sont ensuite dédoublés, taillés et appliqué sur la
perte de substance. Un véritable travail de marqueterie est alors nécessaire :

la forme et les dimensions de la greffe doivent répondre rigoureusement à


celles de la perte de substance,
la juxtaposition de deux ou trois greffons est parfois indispensable.

Le greffon contracte rapidement des adhérences nutritives. En effet, la petite


lèvre ne contient pas de graisse, obstacle à la revascularisation du greffon à
partir du lit. Sa rétraction est presque nulle, c'est là l'une des qualités plastiques
importantes de la greffe de peau totale.

Cependant, cette technique peut être envisagée uniquement en cas de cancers


intra-épithéliaux de dimensions modérées et en présence de petites lèvres
indemnes et de bonne taille.

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AUTRES MODALITÉ S THÉ RAPEUTIQUES

La vulvectomie totale radicale a été souvent mise en oeuvre. En surface,


elle est aussi étendue que la vulvectomie superficielle ; en profondeur en
revanche, elle atteint le pubis et l'aponévrose moyenne du périnée. Elle est
assez fréquemment suivie de désunion de la plaie. Elle est inutilement
délabrante et mutilante pour ce qui est de la fonction sexuelle et de l'image
corporelle de la patiente. De plus, elle ne prévient guère mieux les récidives.
Aussi, appliquée aux cancers intra-épithéliaux, est-elle désormais illogique.
La chimiothérapie locale par application de 5-fluorouracile est souvent mal
tolérée, rapidement discontinue (75 % des cas), ou prématurément
interrompue. Par ailleurs, elle est peu efficace sur les lésions vulvaires
hyperkératosiques fréquemment observées.
L'électrocoagulation peut être effectuée sous anesthésie locale ; elle
s'adresse à des lésions peu étendues, mais la plaie est lente à cicatriser,
nécessitant des soins simples mais prolongés. Surtout la qualité de l'exérèse
ne peut pas être vérifiée histologiquement puisque dans la technique de
l'exérèse en corbeille, la coagulation peut détruire les berges ; quant à
l'électrocoagulation en masse elle ne permet même pas la confirmation du
diagnostic.
La cryothérapie a été utilisée dans quelques cas isolés et anecdotiques.
Le laser est une thérapeutique nouvelle, peu mutilante, plus ou moins bien
tolérée et laissant peu de séquelles. Ses résultats sont souvent discordants
selon les séries et, comme les autres méthodes de destruction, elle ne permet
aucune étude anatomopathologique précise, ni de la nature des lésions, ni de
la qualité de la destruction.

Les indications de ces traitements non chirurgicaux naissent souvent des contre-
indications de la chirurgie.

Références

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© 1981 Elsevier, Paris. Tous droits réservés.

Fig 1 :
Fig 1 :

Vulvectomie superficielle totale. Tracé de l'incision.

Fig 2 :
Fig 2 :

Vulvectomie superficielle totale. Tracé de l'incision préconisé par Collins en cas de lésion vulvo-
périnéale.

Fig 3 :
Fig 3 :

Vulvectomie superficielle totale. Incision.

Fig 4 :

Fig 4 :
Schéma montrant la différence entre la vulvectomie radicale et la vulvectomie superficielle.

Fig 5 :

Fig 5 :

Vulvectomie superficielle totale. Dissection.

Fig 6 :

Fig 6 :

Vulvectomie superficielle partielle. Hémi-vulvectomie.


Fig 7 :

Fig 7 :

Réparation. Suture primitive en raquette.

Fig 8 :

Fig 8 :

Autoplastie locale. Vulvo-périnéoplastie.

Fig 9 :
Fig 9 :

Autoplastie locale. Lambeau en L pour losange.

Fig 10 :

Fig 10 :

Autoplastie locale. Lambeaux rhomboïdes bilatéraux.

Fig 11 :
Fig 11 :

Autoplastie locale. Lambeau de translation.

Fig 12 :

Fig 12 :

Lambeau de translation. Fermeture de la perte de substance en VY.

Fig 13 :
Fig 13 :

Autoplastie locale. Incisions de décharge.

Fig 14 :

Fig 14 :

Greffe cutanée mince. Choix du site donneur : face interne de la cuisse, fesse ou pubis.
Fig 15 :

Fig 15 :

Mise en place de la greffe cutanée mince.

Fig 16 :

Fig 16 :

Divers modes de fixation de la greffe cutanée mince.

Fig 17 :
Fig 17 :

Greffe cutanée mince. Pansement à l'aide d'un bourdonnet.

Fig 18 :

Fig 18 :

Greffe de peau totale.

* International Society for the Study of Vulvar Disease


¶ 41-890

Chirurgie du cancer de la vulve


E. Leblanc, F. Narducci, M. Boukerrou, D. Querleu

Le cancer de la vulve est un cancer rare mais grave qui touche préférentiellement la femme âgée mais
parfois aussi la femme jeune, voire l’enfant. Le traitement chirurgical est la pierre angulaire de sa prise en
charge. Il repose sur la réalisation de vulvectomies pour lesquelles l’obtention de berges saines avec
marges d’exérèse suffisantes, est le point clé de leur succès. Les lymphadénectomies inguinales font partie
du traitement des carcinomes invasifs. La morbidité de cette chirurgie inguinovulvaire est importante et
laisse des séquelles parfois durables et invalidantes. La réalisation combinée d’une chirurgie radicale
vulvaire adaptée et ganglionnaire de plus en plus ciblée, le recours facile aux lambeaux de couverture
ainsi que l’amélioration de la prise en charge périopératoire de ces malades, contribuent, à des degrés
divers, à la réduction en fréquence et en gravité de ses complications, sans perdre en efficacité
thérapeutique. De plus, l’utilisation judicieuse de la radio- et/ou de la chimiothérapie participe au succès
thérapeutique des formes les plus avancées. Un meilleur dépistage des formes précoces par l’écoute des
patientes, et l’examen de leur vulve avec biopsie au moindre doute, ainsi que la surveillance régulière des
formes traitées permettront de réduire l’incidence des formes graves encore trop souvent rencontrées
aujourd’hui. Il est également probable que la vaccination HPV réduise l’incidence des formes viro-
induites.
© 2007 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Mots clés : Cancer de la vulve ; Lymphadénectomie inguinale ; Ganglion sentinelle ; Lambeau ;


Radiothérapie ; Chimiothérapie

Plan ■ Introduction
¶ Introduction 1 Avec une fréquence comprise entre 3 et 5 %, le cancer de la
¶ Chirurgie de la lésion vulvaire 2 vulve est une des plus rares néoplasies féminines. Il touche
Principes et définitions 2 majoritairement la femme âgée, dont l’état général est volon-
Technique de la vulvectomie totale radicale 2 tiers fragilisé, ce qui inévitablement influe sur les modalités de
Cas particuliers 4 prise en charge. À l’opposé, ce cancer peut s’observer chez les
¶ Chirurgie ganglionnaire 4
femmes beaucoup plus jeunes, pour lesquelles outre l’enjeu de
Principes généraux 4 guérison, la restauration d’une anatomie compatible avec une
Technique de la lymphadénectomie inguinofémorale complète 4 vie sexuelle la plus normale possible est essentielle. Les carcino-
Ganglion sentinelle 5 mes épidermoïdes représentent 90 % des étiologies, suivis par
les mélanomes. En raison de son efficacité locale, et en dépit
¶ Techniques de reconstruction 6
d’une morbidité significative parfois durable (image corporelle,
Greffes de peau mince 6
troubles sexuels, incontinence, prolapsus, lymphœdèmes etc.),
Lambeaux rhomboïdes d’avancement cutané 6
la chirurgie est et reste, à ce jour, le traitement de choix des
Lambeaux fascio- ou myocutanés 6
cancers de la vulve, en particulier dans leurs formes invasives.
¶ Soins postopératoires 10 Elle repose sur la réalisation d’une vulvectomie dont l’étendue
¶ Indications 10 et le degré de radicalité dépendent de la taille de la tumeur, de
Carcinomes invasifs (épidermoïdes ou glandulaires) 10 son histologie et de son association éventuelle à d’autres lésions
Autres formes histologiques 13 vulvaires. Comme les lésions invasives sont lymphophiles, et
¶ Mortalité/morbidité de la chirurgie du carcinome vulvaire 13 que l’imagerie actuelle est insuffisante pour définir fiablement
un statut ganglionnaire, la lymphadénectomie inguinale, dont
¶ Surveillance 14
l’importance est également modulable, fait partie intégrante de
¶ Conclusion 14 cette prise en charge. Les traitements non chirurgicaux, la
radiothérapie et la chimiothérapie adjuvantes sont discutés en
fonction des résultats de la chirurgie initiale. Toutefois, l’éten-
due et l’évolutivité des lésions ainsi que l’état général des
patientes, souvent précaire, doivent être pris en compte et

Techniques chirurgicales - Gynécologie 1


41-890 ¶ Chirurgie du cancer de la vulve

finalement moduler les indications relatives de ces trois traite- Si pour des raisons d’exposé la vulvectomie est décrite en
ments pour toute lésion primitive ou récidive. premier ci-dessous, en pratique, en cas d’exploration ganglion-
Sont envisagés successivement dans cet article les principes naire celle-ci est toujours réalisée en préalable à la vulvectomie,
des vulvectomies, les méthodes de réparation des pertes de afin de réduire les risques infectieux inguinaux.
substance, la chirurgie ganglionnaire, les résultats et traitement
des complications, les indications thérapeutiques et enfin les
modalités de surveillance.
Technique de la vulvectomie totale radicale
(Fig. 1, 2)

■ Chirurgie de la lésion vulvaire Incision


L’incision dite en « ailes de papillon » circonscrivant la vulve
Principes et définitions et se prolongeant vers les régions inguinales, proposée initiale-
ment par Basset dès 1912, a prouvé son efficacité mais aussi sa
Une exérèse radicale vulvaire emporte la lésion, une quantité morbidité importante. Elle n’est actuellement plus utilisée que
de peau saine autour (marges d’exérèse superficielle) et le tissu de façon exceptionnelle et de nécessité devant un bloc tumoral
graisseux sous-jacent jusqu’au diaphragme urogénital et l’apo- inguinovulvaire [4].
névrose périnéale superficielle. La règle actuelle est donc de séparer les incisions de curage
Une exérèse superficielle consiste en l’ablation de la peau ganglionnaire de l’incision de vulvectomie [5] . Cette triple
seule (skinning vulvectomy des Anglo-Saxons) ou la partie toute incision est légitime car elle a permis de réduire la morbidité
superficielle du tissu sous-cutané (habituellement sans dépasser cicatricielle et n’a pas augmenté le risque potentiel de récidive
les 5 premiers millimètres). du pont cutané entre la cicatrice de vulvectomie et celle des
Les berges tumorales précisent l’état pathologique ou non des curages, risque estimé à moins de 2 % [6].
tranches de section chirurgicale (elles peuvent ou non être Aussi pour la vulvectomie radicale, les tracés d’incision
atteintes par le processus tumoral). cutanée et vaginale sont effectués en tenant compte de la marge
Les marges d’exérèse constituent la distance (en millimètres) saine nécessaire. En commençant à la périphérie, la section de
de tissu sain entre la tranche de section chirurgicale (ou berge) la peau circonscrit la vulve de façon globalement elliptique, la
et la limite histologique d’extension de la lésion. Selon le type graisse sous-cutanée est incisée à l’aplomb, au bistouri électri-
histologique, cette valeur peut varier, ce dont le chirurgien doit que. Elle est poursuivie jusqu’au plan profond constitué en
être informé afin de bien « calibrer » le geste initial ou envisager dehors et latéralement par la couche blanc nacré de l’aponé-
une reprise éventuelle en cas de marge atteinte ou insuffisante. vrose périnéale superficielle.
Pour les carcinomes, une marge inférieure à 8 mm sur pièce
fixée expose à un risque important de rechute locale. Il a été Dissection
montré qu’une marge de 1 cm in vivo devenait inférieure à
8 mm après fixation. Pour cette raison, il est recommandé, en Puis, refoulant la pièce vers le dedans, on se dirige de façon
cas de carcinome invasif, d’inciser la peau avec une marge centripète vers le vagin jusqu’à rencontrer les fibres du muscle
d’exérèse de plus de 1 cm (et, idéalement, de 2 cm) dans toutes bulbocarverneux qui entoure le vagin terminal. L’hémostase
les directions [1]. Le souci cosmétique ne doit en effet jamais vasculaire des branches honteuses est réalisée pas à pas au
prendre le pas sur l’impératif oncologique qui est d’obtenir dans bistouri électrique ou au fil. À noter qu’en dedans, la croisée des
tous les plans, d’une part des berges saines, seule garantie corps spongieux du bulbe vestibulaire est assez hémorragique,
d’absence de récidive rapide possiblement mortelle [2] mais nécessitant souvent des ligatures appuyées.
également des marges saines suffisantes qui mettent à l’abri de En arrière, la séparation cutanéo-sous-cutanée ménage les
récidives tardives [3]. fibres superficielles du sphincter anal externe. En avant, la
dissection du mont de Vénus conduit aux deux racines du
Préparation de la malade clitoris et son ligament suspenseur qui sont sectionnés après
une ligature appuyée, sous l’arche pubien en évitant toute
Une préparation périopératoire est indispensable afin de remontée en arrière de l’arche sous peine de léser une veine de
réduire le risque de complications, en particulier septique, l’espace de Retzius. On se situe alors juste en avant de l’urètre.
véritable fléau pour cette chirurgie. Une préparation digestive L’anneau vulvaire dont on a achevé la section périphérique est
sous forme d’un régime sans résidu est recommandée 1 semaine ensuite incisé sur un rayon sain afin de pouvoir terminer la
avant l’admission. La veille de l’intervention, une vidange section vaginale prévue en respectant le pourtour du méat
colique par laxatifs puissants est réalisée (mais avec précaution urétral.
chez les patientes fragiles), ainsi que, si possible, le rasage du
site. Le matin de l’intervention, une irrigation vulvovaginale Fermeture
antiseptique est réalisée avant la prémédication anesthésique.
La fermeture de la plaie périnéale est réalisée d’emblée si la
Installation tension de fermeture n’est pas jugée excessive. Pour faciliter ce
rapprochement, on s’aide du décollement latéral externe des
Après anesthésie péridurale et/ou générale, la patiente est tissus périnéaux. Dans tous les cas, la fermeture débute par le
installée en position gynécologique avec douceur et prudence centrage du méat urétral aux berges cutanées périnéales par des
en cas d’arthrose sévère (ou de prothèse de hanche) avec flexion points séparés totaux au fil résorbable fin (4.0). Ailleurs selon
des cuisses de 30-40° et flexion des jambes de 45°. Un examen l’épaisseur, la fermeture périnéale s’exécute en un ou deux
soigneux de la lésion et des aires ganglionnaires inguinales est plans, par points séparés. Nous privilégions une fermeture par
effectué qui précise l’opérabilité locorégionale et les modalités surjets de fil résorbable lent (2.0). Les points capitonnent
de reconstruction. À ce stade, la découverte d’une infiltration du l’espace sous-cutané limitant ainsi les espaces morts, sources
méat urétral au-delà du premier centimètre ou l’atteinte anale d’hématomes postopératoires, et ils évitent ainsi le recours au
profonde doivent faire reconsidérer la stratégie. Dans ces cas, il drainage. L’aiguille pénètre dans le derme de la berge externe,
peut être préférable de ne pas continuer et de rediscuter les capitonne par petites prises successives le tissu sous-cutané
options avec la patiente, sa famille et le réanimateur. jusqu’à remonter sur la berge dermique opposée pour la partie
Après badigeonnage antiseptique, un sondage vésical évacua- antérieure (mont de Vénus – urètre) ou au vagin qui est
teur est réalisé si possible. La disposition des champs « chargé » en sous-muqueux pour les sutures latérales, après
doit permettre à la fois la réalisation des gestes d’exérèse et capitonnage du tissu spongieux. La peau n’est donc pas fermée
de reconstruction. Le sondage à demeure est installé en fin hermétiquement pour permettre les écoulements secondaires
d’intervention. éventuels. Si l’application de pansement est impossible à ce

2 Techniques chirurgicales - Gynécologie


Chirurgie du cancer de la vulve ¶ 41-890

Figure 1. Vulvectomie totale radicale.


A. Le tracé circonscrit la vulve et la (les) tumeur(s)
avec des marges d’au moins 1 cm interne (côté
vagin), externes (côté périnée), et profondes (plan
aponévrotique).
B. Exérèse terminée, l’aponévrose périnéale super-
ficielle et les ligatures appuyées des racines et du
ligament clitoridien sont visibles.
C. Fermeture après centrage du méat urétral.
D. Aspect final.

Figure 2. Vulvectomies partielles.


A. Hémivulvectomie antérieure et postérieure.
B. Exérèse radicale respectant les marges.

Techniques chirurgicales - Gynécologie 3


41-890 ¶ Chirurgie du cancer de la vulve

niveau, l’utilisation de colles biologiques a montré un intérêt, de survie de la chirurgie sur la radiothérapie inguinale seule en
au moins au début, pour maintenir les sutures à l’abri des cas d’envahissement ganglionnaire [8]. Ce résultat justifie, sauf si
souillures. La sonde à demeure est mise en place à ce moment l’état de la patiente ne le permet pas, la réalisation systématique
et sera maintenue à demeure jusqu’à cicatrisation suffisante de lymphadénectomie(s) inguinale(s) dans les cancers invasifs
(7 jours). de la vulve.
Une meilleure connaissance de l’anatomie lymphatique
vulvaire [9] et l’étude des modalités d’envahissement [10, 11] ont
Cas particuliers permis de mieux codifier cette chirurgie.
Formes très limitées sur vulve saine Récemment, à l’instar des cancers du sein, la recherche d’un
ganglion sentinelle inguinal dans les carcinomes de vulve [12]
Une exérèse radicale partielle est légitime pourvu qu’elle permet de détecter le premier relais de drainage, parfois situé en
respecte la marge minimale de 1 cm. Il est même possible
position atypique. Cette méthode encore en évaluation dans
d’épargner le clitoris pour les formes latérales [7] . Pour des
cette indication est prometteuse et pourrait à terme réduire la
lésions médianes, une hémivulvectomie est réalisée qui, selon
morbidité de cette chirurgie ganglionnaire qui reste significative,
les cas, est antérieure, latérale ou postérieure. La fermeture
tant en postopératoire qu’à distance.
primitive d’emblée est encore souvent possible.
Comme énoncé plus haut, la chirurgie ganglionnaire précède
Formes intraépithéliales toujours la chirurgie vulvaire.

Elles autorisent la réalisation d’exérèses très superficielles


emportant la peau seule (skinning vulvectomy), voire le tissu sous- Technique de la lymphadénectomie
cutané jusqu’à une profondeur n’excédant pas 5 mm. La marge
latérale à respecter dépend de la variété histologique : elle est en
inguinofémorale complète
moyenne de 5 mm pour les lésions des néoplasies intraépithé-
liales (VIN) ou Bowen et de 1 cm ou plus pour le Paget. La Incision
couverture est assurée selon l’importance du defect par rappro-
chement direct, greffe ou lambeau (rare). Elle est parallèle au pli de flexion de la cuisse, à 2 cm
au-dessous... ou à distance d’une zone de macération chez
Formes étendues l’obèse. Elle mesure 4-6 cm de longueur et sa moitié externe est
centrée sur les battements du pédicule fémoral.
Atteinte des berges ou marges d’exérèse limites (< 5 mm) La graisse sous-cutanée est incisée jusqu’à visualiser le fascia
Il est préférable chaque fois qu’elle est techniquement de Camper sous lequel se trouvent les ganglions superficiels. Les
possible de proposer une reprise chirurgicale des cicatrices. Des lambeaux cutanés supérieur et inférieur sont décollés sous ce
lambeaux locaux de couverture peuvent alors devenir nécessai- fascia, afin d’avoir suffisamment de tissu sous-cutané bien
res. En cas d’impossibilité, on discute une irradiation locale vascularisé et éviter une nécrose secondaire.
complémentaire sous forme d’irradiation externe limitée ou de Les limites de dissection sont celles du triangle de Scarpa
curiethérapie. délimité en haut par l’aponévrose du grand oblique et l’arcade
crurale, en dehors par le muscle sartorius (couturier), en dedans
Atteinte de l’urètre et de l’anus ou du vagin par le muscle long adducteur. Au milieu de ce triangle sous le
L’atteinte vaginale nécessite une résection dans le prolonge- fascia cribriformis chemine le pédicule fémoral avec de dehors
ment de la vulvectomie. La reconstruction fait appel aux en dedans, le nerf crural (non visible car dans l’aponévrose du
lambeaux locaux. psoas et rapidement divisé), l’artère et la veine fémorale
En cas d’atteinte urétrale distale ou de lésion atteignant commune rejointe sous l’arcade par la veine saphène interne ±
l’urètre, l’obtention d’une marge suffisante est difficile. L’urètre une saphène accessoire.
féminin peut être sacrifié sur 1 cm sans entraîner de trouble
sphinctérien majeur pourvu que sa réparation mucocutanée, Curage superficiel
s’effectue sans tension. Elle est modelée sur la sonde urinaire
par des points séparés résorbables fins. Si une résection plus Il procède de l’exérèse des ganglions situés autour de la veine
importante est nécessaire, il faudrait reconsidérer l’indication saphène et de sa crosse jusqu’au plan du fascia cribriformis qui
chirurgicale vers une exentération pelvienne antérieure. entoure les vaisseaux fémoraux en profondeur, entre le bord
L’atteinte anale pose les mêmes contraintes. Si la résection interne du sartorius en dehors [13], l’arcade crurale en haut et le
cutanée de la marge anale ne pose d’autre problème que celui relief du moyen adducteur en dedans. Il n’est pas indispensable
de sa cicatrisation, la résection sphinctérienne de nécessité de sacrifier systématiquement la veine saphène, car elle pourrait
malgré sa réparation entraîne souvent des troubles de la éviter certaines complications lymphatiques postopératoires [14].
continence. Dans les cas où la muqueuse du canal anal est
atteinte, l’exentération postérieure est à envisager qui peut Curage profond
d’ailleurs être exécutée par voie périnéale pure (sous couvert
d’une colostomie sigmoïdienne latérale) chez les patientes à Il enlève les ganglions situés au contact du bord interne de
l’état précaire. la veine fémorale et du fascia du muscle moyen adducteur, en
remontant sous l’arcade crurale pour ôter le ganglion de
Atteinte osseuse ou périostée Cloquet s’il est présent. Ce geste nécessite l’ouverture du fascia
Sa découverte peropératoire justifie d’en tenter l’exérèse si elle cribriformis et l’exposition des vaisseaux fémoraux. Afin d’éviter
est possible et d’installer des tubes-guides en vue d’une une hernie directe secondaire, l’orifice crural est fermé, par
curiethérapie postopératoire complémentaire ou d’opter pour abaissement de l’arcade au ligament de Gimbernat à l’aide d’un
une irradiation ciblée sur des clips. point en U en dedans de la veine fémorale.

Fermeture
■ Chirurgie ganglionnaire (Fig. 3)
Elle s’effectue en deux plans sur drainage aspiratif.
Principes généraux En cas de dissection inguinale large avec mise à nu complète
des vaisseaux fémoraux, leur couverture par le muscle couturier
Une méta-analyse récente des essais randomisés et études cas- (sartorius) les protège d’une exposition directe en cas de
témoins a confirmé la supériorité en termes de contrôle local et désunion secondaire de la cicatrice inguinale. À cet effet, la

4 Techniques chirurgicales - Gynécologie


Chirurgie du cancer de la vulve ¶ 41-890

Figure 3. Lymphadénectomie inguinale.


A. Coupe de la cuisse passant par le haut du
triangle de Scarpa. 1. Fascia de Camper ; 2. veine
saphène interne ; 3. ganglions superficiels ; 4. gan-
glions profonds ; 5. fascia cribriformis ; 6. veine
fémorale commune ; 7. artère fémorale com-
mune ; 8. nerf crural. a : pectiné ; b : psoas ;
c : fémur.
B. Ganglions inguinaux profonds. 1. Pli de flexion
de la cuisse ; 2. incision cutanée à 2 cm sous le pli
de flexion avec moitié externe sur les vaisseaux
fémoraux.
C. Ganglions superficiels. 1. Aponévrose du grand
oblique ; 2. veine circonflexe iliaque superficielle ;
3. veine épigastrique superficielle ; 4. couturier ;
5. veine saphène antérieure ; 6 ; veine saphène
interne ; 7. long abducteur.
D. 1. Artère fémorale commune ; 2. veine fémorale
commune ; 3. crosse de la veine saphène ;
4. ganglion de Cloquet.

gaine du sartorius est ouverte et le tendon supérieur du muscle proposent, en cas de ganglions inguinaux envahis, d’effectuer
est désinséré de l’épine iliaque antérosupérieure. Le corps systématiquement cette dissection pelvienne sous lapa-
musculaire peut alors être mobilisé et transposé, sans section roscopie [16].
pédiculaire, en avant des vaisseaux fémoraux. Son extrémité
supérieure est fixée par quelques points à l’aponévrose du grand Ulcération cutanée
oblique. Ce procédé avait été proposé pour réduire les compli-
En cas de masse ganglionnaire infiltrant la peau, l’exérèse
cations cicatricielles des curages, ce qui n’a pas été confirmé par
une étude randomisée récente [15]. peut s’avérer quand même utile au moins à titre de débarras
car l’irradiation est insuffisante pour guérir ces patientes.
Les rapports de cette masse avec les vaisseaux fémoraux
Cas particuliers
sont précisés au mieux par un scanner avec injection. La
Adénopathie iliaque fermeture de l’incision peut nécessiter la réalisation d’un
lambeau fasciocutané de fascia lata, très fiable dans cette
Détectée à l’imagerie préopératoire en cas de ganglions indication [17].
inguinaux cliniquement suspects ou positifs, elle justifie la
réalisation d’une lymphadénectomie ou au moins le « débarras »
de toute adénomégalie. Ce geste est réalisé par une incision Ganglion sentinelle
dans l’aponévrose du grand oblique parallèle à l’arcade crurale
de préférence à la section de celle-ci et du tendon conjoint. Les Technique
fibres du petit oblique et du transverse sont séparées jusqu’à
exposer les vaisseaux iliaques par une voie extrapéritonéale. En Comme pour le sein, la double injection d’un traceur (radio-
cas de faiblesse évidente de la paroi, la fermeture de l’incision colloïde marqué au 99mTc puis du bleu patenté) en intradermi-
sera doublée d’une plaque prothétique propéritonéale. Certains que aux quatre points cardinaux de la jonction tumeur-peau

Techniques chirurgicales - Gynécologie 5


41-890 ¶ Chirurgie du cancer de la vulve

saine-tumeur permet de le(s) repérer dans plus de 90 % des cas, Lambeaux fascio- ou myocutanés
et est supérieure à l’injection de bleu seul [18].
L’injection de radiocolloïde est pratiquée quelques heures Principes
avant l’intervention. Après application d’une pommade anes-
thésique, une injection intradermique péritumorale de 0,1 ml Ils sont indiqués pour des pertes de substance larges et
de radiocolloïde de 400 microCi d’activité, est réalisée aux profondes. Le lambeau fasciocutané exploite l’extension sous-
quatre points cardinaux de la lésion. Deux clichés de scintigra- cutanée orientée d’un réseau vasculaire plus profond alors que
phie, l’un précoce à 30’ et l’autre 3 heures plus tard sont réalisés le lambeau myocutané exploite l’irrigation cutanée en regard
afin de détecter le(s) premier(s) ganglion(s) atteint(s) (points d’un corps musculaire. Afin de préserver la vascularisation
chauds). superficielle d’un effet de cisaillement durant la manipulation
De retour au bloc opératoire, et en l’absence d’allergie du lambeau, il est recommandé de solidariser au fur et à
connue, 4 injections de 1 ml de bleu patenté dilué à 50 % sont mesure, par des points séparés, la palette cutanée au fascia ou
pratiquées aux mêmes sites d’injection que le radiocolloïde. au muscle prélevé. La fermeture du site donneur en deux plans
La radioactivité de base (« bruit de fond ») est mesurée à sur drainage aspiratif, nécessite au préalable une mobilisation
distance à l’aide d’une gamma-sonde manuelle. L’incision large des deux berges restantes.
inguinale est pratiquée avec recherche des points chauds
(l’activité est au moins le double du bruit de fond). On vérifie Lambeau de Gracilis
s’ils correspondent aussi à des ganglions bleus. Les ganglions
Décrit initialement par Mc Graw en 1976 pour reconstruire le
sentinelles (chauds et/ou bleus) sont réséqués électivement et
vagin, c’est un lambeau facile à prélever, mais de fiabilité
adressés en pathologie. Le nombre de ganglions détectés doit
inconstante [22]. Le muscle, membre des muscles de la patte
être au moins égal au nombre de ganglions repérés en scintigra-
d’oie, se situe en arrière d’une ligne joignant l’épine ou
phie. On vérifie ensuite l’absence de radioactivité résiduelle.
tubercule pubien à la face interne de la tubérosité tibiale interne
La suite de l’intervention (cf. curage standard) dépend du homolatérale. Son pédicule vasculaire principal, proximal, est
résultat extemporané. Il est également possible de discuter d’une issu de la fémorale profonde à 8-10 cm sous l’épine pubienne.
reprise dès l’obtention des résultats définitifs des ganglions Chez la patiente en position gynécologique, le tendon distal du
sentinelles (associant un examen standard et en immunohisto- muscle est facilement repéré sous la peau en arrière du condyle
chimie à la recherche de micrométastases) réalisant une procé- fémoral interne. L’incision cutanée permet de l’isoler et le
dure en deux temps. sectionner après avoir repéré son corps musculaire par traction
sur le tendon. Le prélèvement de la palette cutanée s’effectue en
arrière de la ligne décrite plus haut qui en constitue la limite
■ Techniques de reconstruction antérieure. Il débute à l’union tiers distal-deux tiers proximaux
de la cuisse. La taille maximale utile de cette palette mesure
(Fig. 4) 15-20 cm de longueur sur 6-8 cm de largeur, elle est centrée sur
le corps musculaire. Pour atteindre le defect à combler, le
En cas de résection étendue d’une lésion primaire ou récidi- lambeau est passé sous le pont cutané proximal sauf en cas de
vée, la fermeture des plaies sous tension se solde inévitablement vitalité précaire par compression vasculaire qui impliquerait de
par une désunion secondaire, de cicatrisation toujours très l’inciser [23].
longue. Le recours à une plastie de recouvrement est prudent si
par exemple un fil monobrin de 4.0 casse lors du rapproche- Lambeau glutéal
ment direct des berges. On peut néanmoins réduire la surface à
Ce lambeau initialement décrit par Hurwitz [24] est très fiable
combler par rapprochement partiel des extrémités de la plaie.
et polyvalent dans la chirurgie vulvopérinéale. Son pédicule
Les techniques de plastie sont diverses et dépendent de la
principal naît de l’artère fessière inférieure, branche de l’ischia-
localisation du defect, de la superficie à couvrir et de l’état
tique, qui cravate la tubérosité ischiatique et se distribue au
trophique des tissus (Fig. 5) [19]. muscle puis à la peau de la face postérieure de la cuisse dans
l’axe du membre bien au-delà du muscle. Il s’agit donc plutôt
d’un lambeau fasciocutané. La zone de prélèvement cutanée est
Greffes de peau mince centrée sur une ligne unissant la tubérosité ischiatique à la
partie moyenne du creux poplité. Son extrémité distale se situe
Elles sont choisies de préférence pour couvrir une perte de
au maximum à la jonction deux tiers proximaux-tiers distal de
substance après une exérèse superficielle. Le prélèvement
cette ligne, ce qui, selon la taille des patientes, offre une
s’effectue à la cuisse soit en peau totale, prise dans une zone
longueur maximale de 20 à 25 cm [25]. Afin de réaliser une
facile à refermer, soit en peau mince à l’aide d’un dermatome.
fermeture simple du site donneur, la largeur maximale du
L’agrandissement en filet du prélèvement cutané augmente les
lambeau ne doit pas excéder 8 cm. Selon la surface à combler,
possibilités de couverture. ce lambeau peut être prélevé complet ou en îlot postérieur [26].
Sa levée s’effectue de la partie distale vers la tubérosité ischiati-
que. La peau, le tissu sous-cutané et le fascia sont incisés et
Lambeaux rhomboïdes d’avancement levés du plan musculaire sous-jacent. En se rapprochant de la
cutané tubérosité ischiatique, le muscle fessier est repéré par ses fibres
à orientation oblique externe en position gynécologique, bien
Du fait de la richesse du réseau honteux, la peau fessière ou différente de celles des muscles de la loge postérieure de cuisse
du sillon génitocrural se prête à ce type de reconstruction. La (ischiojambiers), orientées dans l’axe exact du membre. Les
taille du lambeau ne doit pas excéder 4 × 4 cm sous peine de fibres les plus inférieures du fessier étant incisées, on découvre
rencontrer des difficultés de fermeture de la zone donneuse [20]. à sa face profonde le pédicule vasculaire qu’il faut ménager. La
Ce procédé est choisi en cas de chirurgie partielle en lambeau rotation du lambeau vers le dedans va amener l’extrémité
simple ou bilatéral, si la surface à couvrir le nécessite [21]. Un distale du lambeau au mont de Vénus auquel il peut être suturé
tracé géométrique préalable est nécessaire. La peau et le tissu ainsi qu’aux berges latérales du defect.
sous-cutané sont incisés jusqu’au fascia exclu. Pour garantir une
bonne viabilité en cas de lambeau géométrique, leur longueur Lambeaux d’avancement en V-Y
ne doit pas excéder deux fois leur largeur à la base. Le large
décollement périphérique de la zone donneuse facilite le Bien que de mobilité inférieure aux précédents, ils ont pour
rapprochement des angles échangés (Fig. 6). eux la simplicité d’exécution car la dissection du pédicule est

6 Techniques chirurgicales - Gynécologie


Chirurgie du cancer de la vulve ¶ 41-890

A1 B1

A2
B2

A3 B3
Figure 4. Principes des lambeaux de couverture.
A. Droit interne (gracilis). 1. Épine du pubis ; 2. tubercule interne du tibia ; 3. gracilis.
B. Grand fessier (gluteus maximus). 1. Tubérosité ischiatique ; 2. milieu du creux poplité ; 3. muscle fessier entamé et pédicule fasciocutané.

inutile. En effet, le comblement procède d’un simple glissement dont la hauteur correspond à la largeur de la perte de substance
musculocutané. Ils sont particulièrement adaptés aux pertes de à combler et dont le sommet se situe le long du corps muscu-
substances périnéales plus larges que longues et n’intéressant laire du gracilis. L’insertion proximale du gracilis est reconnue
pas le vagin. Le lambeau d’avancement de gracilis [27] consiste dans la perte de substance, et sa mobilisation permet de repérer
à partir de la berge externe périnéale à tracer un triangle isocèle le corps du muscle. Le corps musculaire du gracilis est sectionné

Techniques chirurgicales - Gynécologie 7


41-890 ¶ Chirurgie du cancer de la vulve

C1 D1

C2 D2

E1 E2
Figure 4. (suite) Principes des lambeaux de couverture.
C. Lambeau en V-Y de gracilis.
D. Lambeau en V-Y de pli fessier. La hauteur du triangle est égale à la largeur du defect.
E. Grand droit vertical (VRAM).

8 Techniques chirurgicales - Gynécologie


Chirurgie du cancer de la vulve ¶ 41-890

≥ 5 cm

F2
F1
Figure 4. (suite) Principes des lambeaux de couverture.
F. Fascia lata.

Figure 5. Arbre décisionnel. Choix d’un lam-


beau de couverture (d’après [19]).
Proposition de choix d'un mode de couverture cutanée
périnéale après chirurgie vulvaire radicale
en fonction de la surface de la perte de substance (PDS)

PDS < 20 cm2 PDS ≥ 20 cm2

Lambeau(x) cutané(s) Lambeau(x)


rhomboïde(s) myo/fasciocutané(s)

Vulve Aine +/- vulve

Antérieure Postérieure Latérale Totale

Gracilis V-Y V-Y Fessier total Fascia lata


en îlot Fessier Gracilis ou en îlot
Grand droit Gracilis
Grand droit
si defect
complet
et laparo

Figure 6.
A. Couverture par lambeau rhomboïde. 1 : Vagin ; 2 : anus.
B. Taille des lambeaux.
C. Sutures.

Techniques chirurgicales - Gynécologie 9


41-890 ¶ Chirurgie du cancer de la vulve

à l’aplomb du sommet du triangle. Les angles supérieurs et


inférieurs ne dépassent pas le corps musculaire de plus de 2 à
■ Indications
3 centimètres. Cette mobilisation, centrée sur le pédicule s’arrête
lorsque la base du triangle atteint la berge vaginale à laquelle Carcinomes invasifs
elle sera suturée. La fermeture cutanéo-sous-cutanée sur un (épidermoïdes ou glandulaires)
drainage aspiratif du site donneur figure 1’Y de l’avancement.
Le lambeau fasciocutané en V-Y de pli fessier a été décrit plus Qu’ils soient le résultat de la dégénérescence d’un lichen
récemment [28]. L’axe du lambeau ou hauteur du V se situe sur atrophique chez les patientes les plus âgées ou l’évolution de
la ligne du pli fessier. L’avantage de ce lambeau est sa fiabilité lésions viro-induites par human papillomavirus (HPV) chez les
par la richesse vasculaire honteuse interne, la préservation de plus jeunes, la prise en charge des carcinomes vulvaires doit
l’innervation et la discrétion de la cicatrice fessière. Il est adapté tenir compte du stade FIGO/TNM (Tableau 1), de l’existence ou
aux pertes de substance périnéales postérieures et/ou latérales. non de lésions associées précancéreuses et de l’état général
de la patiente. Les indications sont résumées dans les Figures 7,
Lambeau de fascia lata 8 et 9.
S’il a été proposé pour combler la vaste perte de substance
périnéo-inguinale d’une intervention de Basset [29], il est plutôt Stades précoces (FIGO I et II)
indiqué désormais aux comblements inguinaux purs. Il se situe
Une tumeur T1-T2 sans autre anomalie est traitée par exérèse
à la partie externe de la cuisse. Le muscle tenseur du fascia lata
large, voire hémivulvectomie radicale avec marge au moins
s’insère sur la crête iliaque et descend jusqu’au tiers supérieur de
centimétrique. En cas de lésion cutanée associée controlatérale
cuisse. Son pédicule vasculaire principal est issu de la circon-
(VIN ou lichen), une totalisation évite une récidive controlaté-
flexe antérieure, situé à 10 cm sous l’épine iliaque antérosupé-
rale. En cas de marges insuffisantes ou de berges atteintes, une
rieure (EIAS) et irrigue la partie fasciocutanée. La limite
reprise chirurgicale systématique de la cicatrice est discutée, ou
antérieure du lambeau est la ligne unissant l’épine iliaque
à défaut une irradiation.
antérieure au bord antérieur du condyle fémoral externe. La
Une lymphadénectomie inguinale est indiquée dès que la
limite postérieure est représentée par une horizontale passant
profondeur d’invasion tumorale dépasse le millimètre [33]. Elle
par le relief du grand trochanter. La limite supérieure est à
est homolatérale en cas de lésion latéralisée, et bilatérale en cas
10-15 cm de la crête iliaque, sa limite inférieure est au tiers
de lésion médiane ou arrivant à 1 cm de la ligne médiane.
inférieur de la cuisse. La taille maximale de ce lambeau est de
Idéalement, l’examen extemporané des ganglions superficiels
20-25 cm de longueur sur 6 cm de largeur distale et 8 cm de
guide, en cas d’envahissement, l’indication d’exérèse des
largeur proximale. Sa rotation en dedans permet de couvrir
ganglions inguinaux profonds et de controlatéralisation d’un
toute perte de substance inguinale et vulvaire antérolatérale. La
prélèvement unilatéral [34]. Mais le taux de faux négatifs du
fermeture du site donneur est directe si la largeur n’excède pas
curage superficiel est estimé à 5-7 % alors qu’il n’est que de 1 %
8 cm.
en cas de curage inguinofémoral complet [35]. Or, la technique
du ganglion sentinelle, pratiquée en l’absence de ganglion
Autres lambeaux possibles palpable ou suspect, permettrait de détecter ces drainages
Ils sont d’utilisation plus rare dans cette indication. atypiques. Une étude histologique complète (classique et
Le lambeau myocutané vertical de grand droit (VRAM) [30] ou immunohistochimique) de ces ganglions sentinelles est indis-
transverse inférieur (TRAM) [31] est réputé pour sa fiabilité et la pensable. Cette option permettrait d’éviter la morbidité d’un
possibilité de couvrir de grandes surfaces. Mais il nécessite un curage plus étendu si l’absence d’envahissement se confirmait,
abord abdominal. Participant au comblement pelvien, il est donc en particulier pour des patientes fragiles. Cette politique
plutôt utilisé dans la réparation vaginale et/ou périnéale après prometteuse [36, 37] n’est pas encore validée à grande échelle.
exentération, ou les pertes de substances larges antérieures. Elle ne saurait donc à ce jour prévaloir chez une patiente à l’état
Le lambeau du mont de Vénus a aussi été utilisé avec succès
pour des pertes de substance antérieures avec comme argument
d’apporter une pilosité normale à cette région [32]. Tableau 1.
Des lambeaux libres sont réalisables à tous niveaux mais il Classification des carcinomes de la vulve UICC et FIGO.
s’agit de procédures complexes, à envisager quand aucune
solution locale n’est possible. Ils sortent du cadre de cet article. TNM (UICC) FIGO
Tumeur primitive (pT)
Tis Carcinome in situ
■ Soins postopératoires T1 Limitée à la vulve < 2 cm I
T1a Invasion stroma ≤ 1 mm
Ils sont primordiaux pour obtenir une cicatrisation la plus T1b Invasion stroma > 1 mm
rapide possible. Au retour du bloc, la patiente est installée dans
T2 Limitée à la vulve/périnée ≥ 2 cm II
un lit antiescarres. Les morphiniques en seringue autopulsée
T3 Atteinte urètre inférieur, vagin, III
sont relayés dès que possible par des antalgiques non morphi-
marge anale
niques. L’antibioprophylaxie est, sauf indication particulière,
T4 Atteinte muqueuse vésicale, rectale IV
limitée à la durée de l’intervention. L’anticoagulation par
urètre supérieur ou fixation osseuse
héparine de bas poids moléculaire initiée la veille de l’interven-
tion est poursuivie pour 6 semaines. Les vasodilatateurs type Ganglions régionaux ou
buflomédil sont prescrits en cas de lambeaux fascio- ou myocu- inguinofémoraux (pN)
tanés. L’alimentation parentérale initiale est rapidement relayée N0 Pas d’adénopathie régionale
par une alimentation sans résidus stricte. métastatique
Le premier pansement est réalisé à la 48e heure. Les drains N1 Adénopathies régionales III
sont ôtés, les plaies nettoyées à la polyvidone moussante, métastatiques unilatérales
rincées au sérum et enfin aseptisées à l’éosine aqueuse à 5 % et N2 Adénopathies régionales IV
asséchées au séchoir à cheveux. Ces soins sont effectués au métastatiques bilatérales
minimum matin et soir et après chaque exonération. Statut métastatique
Les lymphocèles inguinales sont ponctionnées au trocart avec M0 Pas de métastase à distance
une asepsie rigoureuse. Toute cellulite précoce est traitée par
M1 Métastase à distance IVB
antibiothérapie et si nécessaire le débridement des plaies.

10 Techniques chirurgicales - Gynécologie


Chirurgie du cancer de la vulve ¶ 41-890

Stade I clinique (T1 N0 M0) unilatéral

Lésion latérale Lésion médiane ou à moins


de 1 cm de la ligne médiane

Selon taille de T/taille de vulve Hémivulvectomie*


Exérèse radicale limitée antérieure ou postérieure
ou hémivulvectomie* latérale

Curage inguinal superficiel** Curage inguinal superficiel**


unilatéral bilatéral
+ extemporané + extemporané

pN0 pN1 pN1 pN0

Pas d'autre Curage profond Curage profond


Pas d'autre
traitement ipsilatéral et superficiel du (des) côté(s)
traitement
controlatéral atteint(s)
(+/- profond si pN1
de ce côté aussi)

RTE** postopératoire

Figure 7. Arbre décisionnel. Prise en charge d’un carcinome de la vulve. * La vulvectomie est totale en cas de lésions cutanées controlatérales ou diffuses
associées. ** Recherche de ganglion sentinelle. RTE : radiothérapie externe.

général encore conservé [38], pour laquelle, en dehors d’une En cas d’atteinte urétrale étendue ou anale, une exentération
étude clinique, un curage classique doit être maintenu. En effet, pelvienne avec périnéectomie peut être proposée si les bilans
des faux négatifs du ganglion sentinelle sont possibles par court- d’extension (TEP scanner) et d’opérabilité l’autorisent. Selon
circuit lymphatique en cas de ganglion sentinelle entièrement l’état/désirs de la patiente, elle peut être discutée avec une
occupé par la tumeur [39]. Ainsi, en l’absence de marquage radiochimiothérapie néoadjuvante. En effet, ce traitement est
inguinal unilatéral pour une lésion latéralisée, ou bilatéral en efficace en termes de contrôle local et de survie et évite bon
cas de lésion médiane [40] ou encore en cas de marquage nombre d’exentérations [44], toujours douloureusement vécues,
ectopique (en dehors des aires inguinales), une dissection au profit d’exérèses limitées au résidu tumoral éventuel. Mais il
inguinale classique doit être effectuée. n’est pas sans risques locaux [45] et/ou généraux graves, ce dont
La lymphadénectomie pelvienne systématique est en revan- la patiente doit être informée. La chimiothérapie néoadjuvante
che inutile en cas d’absence d’envahissement inguinal [41]. Elle par cisplatine-5 FU semblerait aussi donner de bons résultats sur
peut se discuter surtout à titre de réduction tumorale en cas de la préservation sphinctérienne, mais sans les effets des
masse pelvienne avant irradiation. irradiations [46].
En effet l’essai du Gynecology Oncology Group (GOG) a
clairement montré que l’irradiation régionale (inguinale et Récidives
iliaque) adjuvante était utile en cas de curage positif car elle En cas de récidive, la chirurgie d’exérèse est, chaque fois
augmente la survie, même lorsqu’un seul ganglion est atteint [42, qu’elle est techniquement possible, le meilleur traitement à
43] . Compte tenu du surcroît de morbidité, son intérêt est
proposer d’emblée. Sinon, en l’absence d’irradiation antérieure
discuté en cas de micrométastase (≤ 2 mm) unique. à ce niveau, l’alternative est la radiothérapie (externe et/ou
curiethérapie interstitielle).
Stades avancés (FIGO III et certains IV) Si les récidives périnéales de petite taille peuvent être
guéries par des exérèses limitées itératives, l’atteinte à
La chirurgie vulvaire reste, tant qu’elle est possible, le répétition, étendue ou l’échec de la radiothérapie peut
meilleur moyen de soulager les patientes d’une évolution justifier la réalisation d’exérèses étendues, voire d’exentéra-
locale inexorablement douloureuse et invalidante. Dans ces tions. Plus que jamais, un bilan d’extension, d’opérabilité et
cas, le sacrifice tissulaire est souvent important et le recours un examen sous anesthésie générale sont indispensables avant
aux lambeaux décrits plus haut est presque systématique. Le d’entreprendre de telles procédures qui, bien indiquées,
choix est fonction de la taille et de la localisation de la perte suppriment une évolution locale catastrophique et offrent des
de substance. En cas de berges atteintes ou limites (< 5 mm), taux de survie de plus de 30 % [47].
une irradiation complémentaire est envisagée. La chirurgie En revanche, une rechute précoce (dans la première année),
ganglionnaire répond aux mêmes principes que précé- la présence de nodules de perméation [48] ou encore d’une
demment. inflammation majeure autour de la récidive sont des facteurs

Techniques chirurgicales - Gynécologie 11


41-890 ¶ Chirurgie du cancer de la vulve

Stade I multifocal ou stade II Stades III


(T1-2, N0 M0) (T1-2, N1, M0 ; T3, N0-1, M0)

Vulvectomie totale radicale élargie


Vulvectomie totale radicale
à l'urètre terminal ou à la peau anale

Curage inguinal bilatéral Curage inguinal bilatéral superficiel +/- profond systématique
superficiel* +/- profond ou selon extemporané +/- résection
selon extemporané de toute adénomégalie pelvienne visible en TDM préopératoire
+/- RTE en fonction du statut N et de l'état des berges

Option : radiochimiothérapie
RTE complémentaire selon
concomitante +/- chirurgie
résultats pathologiques définitifs
du résidu tumoral
A B
Figure 8. Arbre décisionnel. Prise en charge
d’un carcinome de la vulve de stade II (A), de
Stades IV stade III (B) ou de stade IV (C). RTE : radiothé-
rapie externe ; TDM : tomodensitométrie ;
AG : anesthésie générale.

IVA (T4, N0-1 M0 ; N2, M0) IVB (tout M1)

Examen sous AG / avis Selon symptômes


multidisciplinaire et patiente et état général

Exentération pelvienne Radiochimiothérapie Chimiothérapie Soins de support


(si T4, N0-1, M0) concomitante
+/- RTE +/- chirurgie
en fonction de l'état du résidu tumoral
des berges et du N
C

Figure 9. Arbre décisionnel. Protocole déci-


sionnel du ganglion sentinelle. * Selon état pré-
Protocole ganglion sentinelle (GS) inguinal caire de la patiente. RTE : radiothérapie ex-
terne.

GS inguinal recherché au bleu +/- technétium

Pas détecté ou marquage ectopique


Détecté(s)
ou incomplet (unilatéral pour lésion médiane)

pN0 pN1
Prélèvement du ganglion
marqué si ectopique : si pN0
ou si GS non détecté
Rien ou curage Curage complet Curage inguinal classique
superficiel* homolatéral ipsilatéral +/- controlatéral
et superficiel (systématique si marquage
controlatéral incomplet)
ou RTE*

de mauvais pronostic qui témoignent d’une agressivité particu- chirurgicale au profit d’un traitement radio- et/ou chimiothé-
lière de la tumeur [49]. Ils doivent faire reconsidérer l’indication rapique exclusif, voire de soins de support.

12 Techniques chirurgicales - Gynécologie


Chirurgie du cancer de la vulve ¶ 41-890

Le traitement chirurgical des récidives ganglionnaires, en Tumeurs rares


l’absence d’extension à distance, est possible, quoique plus
complexe et surtout beaucoup plus aléatoire sur ses chances de Carcinome verruqueux et carcinome basocellulaire
succès [50]. Le carcinome verruqueux représente une forme très différen-
ciée de carcinome épidermoïde lié à l’infection virale par HPV 6.
Autres formes histologiques Ce carcinome à l’allure de condylome géant (parfois appelé
condylome géant de Buschke-Löwenstein) ne pénètre pas la
basale et donc le risque ganglionnaire est nul. Il est l’indication
Néoplasie intraépithéliale (VIN), carcinome in situ du traitement chirurgical exclusif même en cas de récidive, qui
et maladie de Bowen vulvaire consiste en une exérèse large à marge centimétrique sans curage
de principe [57]. Toutefois le curage peut être reconsidéré si
Comme ces formes sont non invasives, une exérèse superfi- l’examen définitif révélait la présence d’une zone invasive vraie.
cielle (skinning vulvectomy) sans curage ganglionnaire est Le carcinome basocellulaire est plutôt observé au niveau des
justifiée. Selon l’étendue des lésions la chirurgie est à discuter zones exposées au soleil. Présent sous la forme d’une petite
avec d’autres méthodes comme la thérapie photodynamique ou tumeur, à ulcération centrale, comme tout basocellulaire, il est
le laser [51] , mais elle seule permet une étude histologique d’évolution locale lente et non invasif. Une exérèse superficielle
complète. La perte de substance est en général facilement large simple est suffisante avec fermeture d’emblée, voire
recouverte par rapprochement des berges, toutefois en cas greffe [58].
d’exérèse étendue, la couverture par greffe de peau peut être
indiquée. Bien que rare, l’association à un carcinome invasif est Lésions sarcomateuses
possible et est prise en charge de manière classique. Les Toutes les formes de sarcome peuvent s’observer au niveau de
récidives sont fréquentes justifiant une surveillance régulière de la vulve. Toutefois si le rhabdomyosarcome est plutôt l’apanage
ces patientes avec biopsies au moindre doute. Des traitements de l’enfant et relève le plus souvent d’une chimiothérapie
non chirurgicaux comme le laser ou l’imiquimod à 5 % peuvent assortie, en cas de résidu tumoral, d’un traitement local
éviter des exérèses itératives [52]. (radiothérapie ou chirurgie) [59], le léiomyosarcome est la forme
la plus fréquente des sarcomes vulvaires de l’adulte. Souvent
Maladie de Paget volumineux, son traitement est si possible chirurgical avec pour
objectif l’exérèse complète de la lésion et des marges d’exérèse
Cette maladie d’origine inconnue réalise une néoplasie saines suffisantes réalisant souvent une « compartimentecto-
intraépithéliale non épidermoïde. Elle se présente cliniquement mie ». La radiothérapie est indiquée en cas de berges limites ou
comme une zone rouge brillante eczématoïde. Elle pose trois de formes trop étendues et la chimiothérapie en cas de métas-
problèmes : tases ou de lésion inopérable [60] . Une forme particulière,
• la possibilité de développement en son sein, dans 15 % des l’angiomyxome agressif peut naître à la vulve. D’évolution
cas environ, d’un adénocarcinome invasif (des glandes lente, il peut avoir un développement endopelvien impression-
apocrines ou de la glande de Bartholin) ; nant. Son traitement est chirurgical mais du fait de limites
• l’association à certains cancers (rectum en cas de localisation imprécises, les récidives locales ne sont pas rares. La fréquente
périanale, vésical en cas de localisation antérieure) ; positivité des récepteurs hormonaux de cette tumeur fait
• la difficulté de réséquer en zone saine cette lésion dont les discuter l’intérêt des traitements hormonaux en adjuvant ou en
limites ne sont pas visibles. cas de récidive (antiestrogènes ou analogues de la GnRH) [61].
En effet, les cellules de Paget migrent par voie sous-dermique,
rendant impossible leur détection clinique. Le but du traitement
chirurgical est donc d’éradiquer la plaque de Paget visible avec ■ Mortalité/morbidité
une marge d’exérèse au moins centimétrique. Leur couverture de la chirurgie du carcinome
peut nécessiter un lambeau. En l’absence de carcinome invasif,
deux attitudes sont possibles en cas de berges pathologiques, vulvaire
soit une reprise chirurgicale de la cicatrice qui est tout aussi
aléatoire et forcément plus mutilante, soit une surveillance L’exérèse en bloc inguinovulvaire selon Basset-Taussig était à
locale rapprochée. Certains ont rapporté l’efficacité du traite- l’origine de 5-20 % de décès hospitaliers, 18-91 % de désunions
ment par imiquimod 5 % dans ces cas ainsi qu’en cas de cicatricielles ou d’infection, 8-70 % de lymphœdème, 0-31 % de
récidive non invasive [53]. lymphocèles, 0-14 % de prolapsus génitaux, 0-12 % de phlébi-
tes, 0-5 % de hernie inguinale et 0-5 % de ruptures artérielles
fémorales [18].
Mélanome Ces résultats ont contribué à modifier ces grandes exérèses de
principe au profit de gestes plus limités, adaptés à la taille et à
C’est la tumeur la plus fréquente après le carcinome (5 à la localisation tumorale, et à séparer la chirurgie inguinale de la
7 % des cas). Trois formes anatomopathologiques peuvent chirurgie vulvaire. Cette tendance a été acceptée car, bien que
être rencontrées : le mélanome à extension superficielle (SSM), non satisfaisants, les taux de complications s’en trouvent réduits
la forme nodulaire (NM) et la forme acrolentigineuse (ALM). et le risque théorique de récidive du pont cutané entre la
À l’instar du mélanome cutané, son pronostic est lié à cicatrice de la vulvectomie et celles des curages est très faible,
l’épaisseur d’invasion et/ou la présence d’un envahissement inférieur à 2 % [6]. La série de Gaarenstroom est assez exem-
ganglionnaire. Son exérèse obéit aux règles chirurgicales des plaire à ce sujet [62]. Cent une patientes ont été traitées par
mélanomes cutanés auxquelles on se réfère [54]. Pour une vulvectomie radicale modifiée avec curages inguinofémoraux
lésion T1-2, une vulvectomie radicale partielle a la même bilatéraux menés par incisions séparées. Le taux de complica-
valeur thérapeutique qu’une vulvectomie radicale totale de tions de la vulvectomie a été de 18 % par désunions et/ou
principe [55]. En accord avec les standards, options et recom- infections. Pour les mêmes raisons, le taux de complications des
mandations (SOR) mélanomes 2005, la marge à observer curages a été de 57 %. Elles ont entraîné une mortalité hospi-
dépend de l’épaisseur d’invasion du mélanome soit 1 cm pour talière de 1 %. À distance, un lymphœdème clinique a été
une épaisseur ≤ 1 mm, 2 cm pour une épaisseur de 1-4 mm observé dans 28 % des cas, compliqué de lymphangite pour 2 %
et, si possible, de 2-3 cm si l’épaisseur dépasse 4 mm. La d’entre eux. Les troubles sexuels ne sont pas rares en raison des
marge profonde est toujours supérieure à 1 cm. La chirurgie sténoses orificielles dans 20 % des cas. Finalement, avec cette
ganglionnaire n’est pas systématique et dépend de l’aspect technique, seules 24 % des patientes n’auront présenté aucune
clinique et de la profondeur d’invasion [56]. complication.

Techniques chirurgicales - Gynécologie 13


41-890 ¶ Chirurgie du cancer de la vulve

La chirurgie de reconstruction n’est pas non plus sans risques. gique, et de l’état général de la patiente. La radiochimiothérapie
On déplore souvent non seulement la nécrose du lambeau mais ou la chimiothérapie doivent être envisagées en alternative aux
aussi la désunion au niveau du site donneur, d’autant que le exentérations en cas de lésion localement étendue ou en cas de
prélèvement a été « généreux ». lésion disséminée.
L’obésité, l’âge très avancé avec ses comorbidités vasculaires Compte tenu du terrain sur lequel il se développe, une prise
en particulier, une tumeur volumineuse et/ou une chirurgie en charge multidisciplinaire est nécessaire, afin de préparer ces
extensive, l’antécédent d’irradiation locale sont déjà tous malades à une intervention parfois délicate par des équipes
séparément des facteurs de risque de complications, qui s’aggra- rompues à la réalisation d’exérèses parfois étendues et à leurs
vent en cas d’association.
reconstructions ainsi qu’au traitement des complications.
Une meilleure sélection des techniques opératoires ou des
Une surveillance clinique prolongée est justifiée afin de
stratégies en fonction des facteurs de risque de complications
peut toutefois en réduire l’incidence ou la gravité. Ainsi, la détecter des récidives locales, seules réellement curables, à un
réalisation de chirurgies radicales partielles en cas de petite stade précoce.
tumeur isolée et la pratique d’incisions séparées pour les curages
ganglionnaires sont déjà des méthodes reconnues de moindre
morbidité [63]. De plus, une utilisation plus large des lambeaux ■ Références
de couverture, s’ils n’ont pas modifié le taux de complications
immédiates, celles-ci sont moins graves et laissent moins de [1] De Hullu JA, Hollema H, Lolkema S, Boezen M, Boonstra H,
séquelles à type de prolapsus ou de sténoses orificielles. Burger MP, et al. Vulvar carcinoma. The price of less radical surgery.
Enfin, bien que non évaluée prospectivement, une bonne Cancer 2002;95:2331-8.
préparation des malades à l’intervention [64] et l’amélioration [2] Rutledge FN, Mitchell MF, Munsell MF, Atkinson EN, Bass S,
des soins infirmiers contribuent à la réduction de l’infection McGuffee V, et al. Prognostic indicators for invasive carcinoma of the
postopératoire et des complications cicatricielles. vulva. Gynecol Oncol 1991;42:239-44.
Ainsi, la prise en charge des désunions précoces a connu [3] Rouzier R, Haddad B, Plantier F, Dubois P, Pelisse M, Paniel BJ, et al.
récemment une amélioration par l’usage de la cicatrisation Local relapse in patients treated for squamous cell vulvar carcinoma:
assistée par le vide [65]. Ce procédé mécanique de détersion, incidence and prognostic value. Obstet Gynecol 2002;100:1159-67.
procède par aspiration permanente, en circuit fermé, des [4] Cavanagh D. Vulvar cancer-continuing evolution in management.
sérosités au site de la désunion cicatricielle. L’aspiration douce Gynecol Oncol 1997;66:362-7.
est régulée électroniquement afin de n’être pas douloureuse. Elle [5] Hacker NF, Leuchter RS, Berek JS, Castaldo TW, Lagasse LD. Radical
s’effectue au travers de mousses synthétiques stériles installées vulvectomy and bilateral inguinal lymphadenectomy through separate
dans les zones désunies et qui peuvent être reliées entre elles. groin incisions. Obstet Gynecol 1981;58:574-9.
L’étanchéité est obtenue par la couverture de ces mousses à [6] Rose PG. Skin bridge recurrences in vulvar cancer: frequency and
l’aide d’un film adhésif au travers duquel est installé le système management. Int J Gynecol Cancer 1999;9:508-11.
d’aspiration. Le produit d’aspiration est enfin collecté dans un [7] Chan JK, Sugiyama V, Tajalli TR, Pham H, Gu M, Rutgers J, et al.
bac régulièrement changé. Les mousses sont changées toutes les Conservative clitoral preservation surgery in the treatment of vulvar
48 heures. Cette méthode permet d’obtenir rapidement un tissu squamous cell carcinoma. Gynecol Oncol 2004;95:152-6.
de granulation de qualité, propice soit au passage à une [8] Van der Velden K, Ansink A. Primary groin irradiation vs primary groin
cicatrisation dirigée soit à la mise en place d’une greffe de peau. surgery for early vulvar cancer. Cochrane Database Syst Rev 2001(4)
Cette technique est mise en route dès qu’une désunion pro- (CD002224).
fonde apparaît. Elle demande certes des soins infirmiers impor- [9] Micheletti L, Preti M, Zola P, Zanotto Valentino MC, Bocci C,
tants pour installer et gérer le système mais le séjour hospitalier Bogliatto F. A proposed glossary of terminology related to the surgical
s’en trouve significativement raccourci. treatment of vulvar carcinoma. Cancer 1998;83:1369-75.
[10] Iversen T, Aalders JG, Christensen A, Kolstad P. Squamous cell
carcinoma of the vulva: a review of 424 patients, 1956-1974. Gynecol
■ Surveillance [11]
Oncol 1980;9:271-9.
Iversen T, Aas M. Lymph drainage from the vulva. Gynecol Oncol
1983;16:179-89.
Le risque de récidive après vulvectomie-curage est maximal au
[12] Levenback C, Burke TW, Gershenson DM, Morris M, Malpica A,
cours des 2 premières années et estimé entre 20-50 % selon les
Ross MI. Intraoperative lymphatic mapping for vulvar cancer. Obstet
données cliniques (stade, type de chirurgie) et histologiques [66].
Gynecol 1994;84:163-7.
Elles sont plus fréquentes après chirurgie limitée et les récidives
[13] Micheletti L, Levi AC, Bogliatto F, Preti M, Massobrio M. Rationale
ganglionnaires sont plus précoces et de plus mauvais pronos-
and definition of the lateral extension of the inguinal lymphadenectomy
tic [34]. Ces résultats justifient une consultation gynécologique
for vulvar cancer derived from an embryological and anatomical study.
clinique trimestrielle durant cette période avec biopsie sous
J Surg Oncol 2002;81:19-24.
anesthésie locale au moindre doute. Mais des récidives tardives,
[14] Dardarian TS, Gray HJ, Morgan MA, Rubin SC, Randall TC.
en particulier vulvaires, sont également observées au-delà qui
Saphenous vein sparing during inguinal lymphadenectomy to reduce
justifient un suivi prolongé et l’éducation de la patiente sur les
morbidity in patients with vulvar carcinoma. Gynecol Oncol 2006;101:
signes de récidive. À noter que bien qu’elle permette de détecter
140-2.
des récidives locales plus petites et encore asymptomatiques,
[15] Judson PL, Jonson AL, Paley PJ, Bliss RL, Murray KP, Downs Jr. LS,
son effet bénéfique probable sur la survie, n’est pas encore
et al.Aprospective, randomized study analyzing sartorius transposition
clairement établi [67].
following inguinal-femoral lymphadenectomy. Gynecol Oncol 2004;
95:226-30.
[16] Klemm P, Marnitz S, Kohler C, Braig U, Schneider A. Clinical impli-
■ Conclusion cation of laparoscopic pelvic lymphadenectomy in patients with vulvar
cancer and positive groin nodes. Gynecol Oncol 2005;99:101-5.
Le cancer de la vulve est un cancer rare et grave, mais [17] Goldberg MI, Rothfleisch S. The tensor fascia lata myocutaneous flap
accessible à un dépistage par la recherche du prurit à l’interro- in gynecologic oncology. Gynecol Oncol 1981;12:41-50.
gatoire et l’examen de la vulve ou lors de tout examen gynéco- [18] Makar AP, Scheistroen M, van den Weyngaert D, Trope CG. Surgical
logique de routine. La biopsie de toute lésion suspecte à management of stage I and II vulvar cancer: the role of the sentinel node
l’emporte-pièce (punch biopsy) sous anesthésie locale est un geste biopsy. Review of literature. Int J Gynecol Cancer 2001;11:255-62.
facile et non traumatisant. [19] Salgarello M, Farallo E, Barone-Adesi L, Cervelli D, Scambia G,
La chirurgie est le traitement essentiel de cette pathologie. Il Salerno G, et al. Flap algorithm in vulvar reconstruction after radical,
est individualisé en fonction du stade évolutif, du type histolo- extensive vulvectomy. Ann Plast Surg 2005;54:184-90.

14 Techniques chirurgicales - Gynécologie


Chirurgie du cancer de la vulve ¶ 41-890

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E. Leblanc (e-leblanc@o-lambret.fr).
F. Narducci.
M. Boukerrou.
Centre Oscar Lambret, 3, rue Frédéric-Combemale 59020 Lille, France.
D. Querleu.
Département de chirurgie, centre Claudius-Regaud, 20-24, rue du Pont-Saint-Pierre,31052 Toulouse cedex, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Leblanc E., Narducci F., Boukerrou M., Querleu D. Chirurgie du cancer de la vulve. EMC (Elsevier Masson
SAS, Paris), Techniques chirurgicales - Gynécologie, 41-890, 2007.

Disponibles sur www.emc-consulte.com


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16 Techniques chirurgicales - Gynécologie


41-900
Encyclopédie Médico-Chirurgicale 41-900

Césariennes
C Racinet
M Meddoun

Résumé. – L’opération césarienne est une intervention de plus en plus pratiquée du fait d’un élargissement
de ses indications, d’une sécurité maternelle accrue et d’une simplification technique. Après un rappel sur
l’anatomie de l’utérus gravide, il est souligné l’intérêt de la césarienne abdominale segmentaire.
Les modalités anesthésiques sont brièvement présentées car elles méritent d’être bien intégrées par
l’accoucheur qui doit faire un choix concerté avec l’anesthésiste.
Les techniques opératoires sont développées de façon exhaustive.
Parmi les différentes modalités d’ouverture pariétale, l’accent est mis sur l’ouverture transversale selon
Pfannenstiel, Mouchel ou Joël Cohen.
La technique standard décrite est celle de la césarienne segmentaire transpéritonéale.
Les modalités de l’extraction fœtale sont variées et nécessitent la connaissance des diverses manœuvres
obstétricales (manuelles ou instrumentales).
Des variantes techniques sont décrites : la césarienne abdominale extrapéritonéale et la césarienne vaginale.
Des gestes associés sont parfois proposés ; parmi eux, les ligatures vasculaires sont décrites de façon détaillée
car leur connaissance est impérative.
Les complications maternelles et néonatales sont rapidement évoquées.
Enfin, l’indication fréquente de la césarienne itérative, qui comporte parfois des difficultés spécifiques, conduit
à une description détaillée de la technique.
© 2001 Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS. Tous droits réservés.

Mots-clés : césarienne, accouchement opératoire, hystérotomie, manœuvres obstétricales, morbidité


maternelle postopératoire, césarienne segmentaire transpéritonéale, césarienne
extrapéritonéale, césarienne vaginale, césarienne itérative, Mouchel, Stark, Pfannenstiel,
niveau de preuve.

Introduction Données épidémiologiques


Depuis les années 1970, les indications de césarienne se sont
L’opération césarienne réalise l’accouchement artificiel après modifiées et ont abouti à une augmentation considérable de leur
ouverture chirurgicale de l’utérus. fréquence dans de nombreux pays. On a assisté, dans le monde en
général, à une véritable inflation de l’opération qui a atteint des taux
Elle s’exécute essentiellement par voie abdominale, nationaux de 24,1 % aux États-Unis en 1986 et de 17,5 % en France
exceptionnellement par voie vaginale. Il s’agit d’une opération en 1998.
obstétricale très ancienne dont l’origine reste controversée et qui a
De façon étonnante, des pays à faible mortalité périnatale comme
subi peu d’innovations techniques à travers les temps.
les Pays-Bas ou l’Irlande, malgré une politique de prise en charge
La césarienne est une intervention banale à force d’être fréquente. différente, gardent un taux de césarienne relativement bas, de l’ordre
de 6 à 8 %.
Elle est réputée facile. Il s’agit de l’intervention chirurgicale En fait, le taux, qui avait une croissance constante jusqu’au début
essentielle de l’obstétrique puisque l’on dénombre plus de des années 1990, a vu celle-ci se ralentir sous la pression des
100 000 césariennes par an en France [20]. recommandations des diverses sociétés savantes, et même amorcer
une légère décroissance aux États-Unis où l’objectif annoncé est de
Certaines circonstances particulières entraînent des difficultés dans
redescendre à 15 % après l’année 2000 [6]. Cependant, on ne peut
le choix et la réalisation de la technique et justifient donc un
encore mesurer les conséquences récentes de l’impact lié à
développement particulier de toutes les variantes. l’information généralisée des patientes et à leur libre choix du mode
d’accouchement.
La lutte contre la mortalité périnatale a représenté pendant
Claude Racinet : Professeur, attaché aux CHG de Toulon et Voiron, Le Clos, 38320 Brié et Angonnes, longtemps le principal moteur de cette augmentation de fréquence
France.
Mamoun Meddoun : Gynécologue-obstétricien, médecin attaché au CHU de Grenoble, hôpital Sud, avenue de la césarienne. En fait, l’évolution chronologique des taux de
de Kimberley, 38130 Echirolles, France. césarienne et des taux de mortalité périnatale montre que celle-ci

Toute référence à cet article doit porter la mention : Racinet C et Meddoun M. Césariennes. Encycl Méd Chir (Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS, Paris, tous droits réservés), Techniques chirurgicales - Gynécologie,
41-900, 2001, 20 p.
41-900 Césariennes Techniques chirurgicales

continue à décroître malgré une stabilisation du taux de nacré, facilement clivable mais difficilement reconnaissable,
césarienne [34], ce qui implique l’intervention d’autres facteurs que la représente, après reconstitution chirurgicale, l’élément essentiel de
césarienne. la solidité de la cicatrice d’hystérotomie.
La césarienne a permis, à une époque, une amélioration du taux de La vascularisation du segment inférieur est moins riche que celle du
mortalité périnatale. Il ne faut pas oublier que cet accouchement corps utérin. Les artères du segment inférieur sont essentiellement
opératoire n’est pas dénué d’une mortalité propre et surtout d’une des branches des cervicovaginales plus nombreuses, sinueuses, de
morbidité nettement supérieure à celle de l’accouchement par voie direction transversale [13].
basse. Il importe de méditer sur les conclusions de l’Organisation
mondiale de la santé (OMS) qui, lors d’une conférence tenue en 1985 RAPPORTS PÉRITONÉAUX
sur la technologie appropriée pour la naissance, estimait qu’il n’y Le péritoine pelvien se moule sur les reliefs de la vessie, du rectum,
avait aucune justification, pour quelque pays que ce soit, à avoir un de l’utérus et des annexes.
taux plus haut que 10 à 15 % [34]. Derom [7] estime que la limite
devrait être aux alentours de 10 % plutôt que 15 %, et Savage [29] Tout en étant solidaire de la face supérieure de la vessie, du corps
estime que celle-ci devrait être plutôt inférieure à 10 % dans les pays utérin et de la face antérieure du rectum, il est libre et décollable au
développés. niveau du cul-de-sac vésico-utérin.
Au cours des 6 premiers mois de la grossesse, l’accroissement du
volume de la cavité utérine se fait exclusivement aux dépens du
Bases anatomiques corps utérin ; les rapports ne sont pas modifiés.
Au troisième trimestre, la distension isthmique déplace vers le haut
Les conséquences de la grossesse sur le pelvis sont multiples : le repli vésico-utérin.
Au cours du travail, le cul-de-sac vésico-utérin accentue encore son
– le péritoine viscéral est hypertrophié ; ascension et la moitié inférieure du segment inférieur est alors en
– la vascularisation artérielle et veineuse subit une inflation rapport avec la face postérieure de la vessie dont elle reste
considérable ; facilement clivable (fig 1).
– l’imbibition gravidique facilite les clivages ; C’est la connaissance anatomique de ces modifications qui a permis
la technique de la césarienne segmentaire, possible dès la formation
– enfin, l’utérus et ses rapports avec les organes pelviens se du segment inférieur, donc exceptionnellement avant 6 mois de
modifient au cours de la grossesse. grossesse (soit 28 semaines d’aménorrhée) en dehors de tout travail.
L’utérus gravide mesure à terme de 30 à 33 cm de long, ce qui amène
le fond utérin en contact avec les coupoles diaphragmatiques. RAPPORTS ANTÉRIEURS
Mais, plus encore que l’augmentation globale du volume de L’ascension de la vessie n’est pas due seulement aux variations
l’organe, c’est la formation du segment inférieur qui bouleverse topographiques du péritoine ; lors de l’ampliation vésicale, la face
l’anatomie de la région. supérieure de cet organe ascensionne au-dessus du pubis et la face
antérieure du segment inférieur répond ainsi presque en totalité à la
SEGMENT INFÉRIEUR face postérieure de la vessie, le cul-de-sac vésico-utérin étant peu
C’est une entité propre à l’utérus gravide, mais ce n’est pas une profond, d’où la nécessité d’une vidange vésicale par sonde urinaire
entité anatomique définie [26] car il est de forme et de taille très pour assurer la sécurité de l’abord chirurgical de la cavité
variables. péritonéale. L’ascension vésicale s’accompagne d’une élongation de
Il se constitue à partir du sixième mois chez une primipare, l’urètre (fig 2).
beaucoup plus tard chez une multipare, aux dépens de l’isthme et
de la partie supérieure du col. Le segment inférieur correspond à la RAPPORTS LATÉRAUX
partie amincie de l’utérus gravide comprise, à terme, entre le corps Le ligament large est épaissi et l’utérus est proche de la paroi
et le col utérins [18]. pelvienne.
La paroi antérieure qualifiée de « face chirurgicale » par Kamina L’uretère, solidaire du péritoine, pénètre dans le pelvis en croisant
mesure environ 8 cm de hauteur sur 10 cm de largeur. Son épaisseur les vaisseaux iliaques primitifs à gauche et les vaisseaux iliaques
est de 0,3 à 0,5 cm. Sa limite supérieure est délimitable et correspond externes à droite, et se trouve ainsi en arrière de l’artère utérine à
à la limite inférieure de l’accolement du péritoine sur l’utérus. gauche et en avant de l’artère utérine à droite. De ce côté, il doit la
Le segment inférieur est formé de trois tuniques : croiser en « X » très allongé pour se placer derrière elle à l’abord du
feuillet postérieur du ligament large.
– la séreuse est faite du péritoine viscéral qui tapisse tout l’utérus ;
Cette portion rétroligamentaire est raccourcie en fin de grossesse.
en cette zone, il est décollable ;
Dans le paramètre (base du ligament large), l’uretère chemine
– la musculeuse a deux couches : obliquement, en avant et en dedans, et croise le bord latéral du vagin
– la couche superficielle, composée de fibres longitudinales, est très
réduite ; 1 Le canal utérocervical
a ascensionné lors de l’en-
– la couche profonde ou interne est constituée par l’archéo- et le trée en travail, attirant le
paléomyomètre dont les fibres sont à direction principalement cul-de-sac vésico-utérin (1)
transversale et enserrent des plexus veineux beaucoup moins et la vessie (2).
développés qu’au niveau du corps utérin ; la direction de ces
veines est également transversale.
Cette disposition anatomique justifie l’hystérotomie segmentaire
transversale qui se fait dans le sens des fibres.
Il faut souligner que :
– le segment inférieur est riche en éléments conjonctifs, ce qui
favorise la cicatrisation ;
– la muqueuse est ici moins épaisse ;
– le segment inférieur est recouvert étroitement par le fascia
présegmentaire, émanation du fascia précervical ; cette lame blanc

2
Techniques chirurgicales Césariennes 41-900

L’uretère se met en rapport avec la face antérolatérale du vagin au-


dessous du niveau de l’insertion cervicale.
La césarienne segmentaire est rendue possible par toutes ces
modifications anatomiques.

Indications
La grande variation des indications d’un pays à l’autre, d’une région
à l’autre, prouve à l’évidence que poser une indication de césarienne
est un acte résultant d’une démarche intellectuelle propre à chaque
obstétricien et non d’un consensus universellement adopté. Cette
démarche devrait, de façon optimale, adopter des méthodes
d’analyse décisionnelle, à défaut d’adopter les résultats des essais
randomisés qui manquent cruellement.
Les indications de la césarienne ont beaucoup évolué et cette
évolution n’est pas terminée. Les conditions obstétricales se sont
améliorées, la pathologie osseuse est devenue rare et moins grave.
Cependant, deux éléments modifient la situation : les raisons
médicales, qui conduisent à terminer plus souvent la grossesse
chirurgicalement dans l’intérêt de la mère et de l’enfant, et la
meilleure surveillance biophysique de l’état fœtal ; ces deux facteurs
concourent à l’augmentation, souvent scientifiquement non
2 Lors de la réplétion vésicale, la quasi-totalité du segment inférieur (1) est en rap- argumentée, du taux de césarienne.
port avec la face postérieure de la vessie (2) et le cul-de-sac vésico-utérin est très ascen- Les indications de la césarienne recouvrent toute la pathologie
sionné (3). obstétricale et ne peuvent être développées dans un traité de
technique chirurgicale. Elles se trouvent détaillées dans le traité
d’obstétrique de l’Encyclopédie Médico-Chirurgicale, fascicule
3 Modifications des rap- 5-102-A-10.
ports uretère-artère utérine
lors du développement du
segment inférieur. 1. Ves-
sie ; 2. section du col uté- Anesthésie (1)
rin ; 3. rectum ; 4. uretère ;
5. artère utérine. Ce court chapitre ne vise aucunement à une revue générale. Notre
but, ici, est d’exposer aux obstétriciens les problèmes qui se posent à
l’anesthésiste lors d’une césarienne et les solutions qu’il peut
envisager. L’opérateur et l’anesthésiste doivent se comprendre et
adapter leurs techniques à leurs exigences réciproques.

CONSULTATION D’ANESTHÉSIE
La consultation d’anesthésie est devenue obligatoire pour toute
femme enceinte :
– elle a lieu au huitième mois ou avant si nécessaire ;
– elle permet de prendre connaissance de la pathologie obstétricale
éventuelle ;
à 15 mm environ de ce dernier ; l’uretère est à égale distance de la
paroi et du cul-de-sac latéral du vagin, l’artère utérine plongeant de – elle permet de dépister les cas à risque d’anesthésie ;
dehors en dedans pour gagner l’utérus et émettre peu après les – elle permet l’information selon les recommandations de la Société
artères cervicovaginales. française d’anesthésie-réanimation (SFAR) ;
Le dôme vaginal, distendu en fin de grossesse, se rapproche de – elle permet de donner à la parturiente une ordonnance
l’uretère et entre en contact avec celui-ci sur toute sa face latérale. préopératoire à faire dans les 3 semaines qui précèdent le terme
L’artère utérine s’étire, déroule ses spires et ainsi augmente sa présumé (groupe sanguin phénotypé, numération formule
longueur ; quand la délivrance est effectuée, elle se rétracte et plaquettaire, recherche d’agglutinines irrégulières, éventuellement
augmente alors de calibre. bilan de coagulation).
L’expansion de l’utérus tend à accoler à sa paroi l’artère utérine et
ses branches. La prise de contact de l’artère avec la paroi utérine est PARTICULARITÉS DE L’ANESTHÉSIE OBSTÉTRICALE
plus en arrière à gauche qu’à droite du fait de la dextrorotation de Elles sont dues :
l’utérus. Le point de rencontre de l’artère utérine et du muscle utérin
se trouve ascensionné et se déplace latéralement. – à la prise en compte du fœtus en préservant au mieux la perfusion
utéroplacentaire et en évitant l’hypotension maternelle ;
Plus le segment inférieur s’étire en hauteur, plus l’artère tend à se
libérer de l’uretère et à s’éloigner du cul-de-sac vaginal (fig 3). Ainsi, – au passage transplacentaire des substances anesthésiques et à leur
quand le segment inférieur est bien formé, son point déclive se action sur le fœtus ;
trouve à 2,5 cm du cul-de-sac vaginal. La crosse de l’artère utérine – aux modifications physiologiques qui existent chez la femme
est à environ 0,5 cm au-dessous du plan du détroit supérieur. enceinte pendant le dernier trimestre et en particulier aux conditions
L’origine de la branche cervicovaginale de l’artère utérine et son d’intubation qui se révèlent plus difficiles ;
point de pénétration isthmique remontent de telle façon que cette
artère perd tout contact avec l’uretère [13].
Dès l’évacuation de l’utérus, les vaisseaux reprennent un trajet (1) Rédigé par Christine Chirossel, praticien hospitalier d’anesthésie-réanimation, centre
proche de la disposition habituelle. hospitalier universitaire, Grenoble.

3
41-900 Césariennes Techniques chirurgicales

– à l’urgence fréquente, qui limite le bilan, l’information et la en obstétrique dans le but théorique de combiner les avantages des
préparation de la patiente (ce qui souligne l’importance de la deux techniques sans en additionner les inconvénients : meilleur
consultation obligatoire d’anesthésie en fin de grossesse) ; contrôle de la limite supérieure avec ainsi moins d’effets
– enfin, à la pathologie obstétricale qui motive la césarienne. hémodynamiques et réduction des doses d’anesthésiques locaux
dans l’espace péridural avec diminution du risque de toxicité.
L’inconvénient réside dans l’impossibilité de vérifier le bon
TECHNIQUES D’ANESTHÉSIE POUR CÉSARIENNE
positionnement du cathéter de péridurale pendant la durée de la
Quatre techniques sont actuellement possibles pour la réalisation rachianesthésie et de perdre l’intérêt de la rapidité d’installation de
d’une césarienne avec, pour chacune d’elles, des avantages et des l’anesthésie.
inconvénients. Dans l’urgence, une communication permanente
entre obstétriciens, sages-femmes et anesthésistes est essentielle pour ¶ Anesthésie générale
éviter qu’une perte de temps initiale n’aboutisse à un mauvais choix
quant à l’anesthésie employée. Elle est de moins en moins utilisée au profit de l’anesthésie
locorégionale.
Les anesthésies locorégionales permettent à la mère de rester
consciente, minimisent le risque d’inhalation et évitent au Il reste quelques situations où la césarienne doit être effectuée sous
nouveau-né la dépression médicamenteuse d’une anesthésie anesthésie générale :
générale. L’essor de ces techniques, actuellement très répandues – urgence extrême ;
(90 % des césariennes programmées et 72 % des césariennes non
– contre-indication à l’anesthésie locorégionale ;
programmées), est à l’origine de la diminution des morbidité et
mortalité maternelles. – refus argumenté de la parturiente.
La réalisation de l’anesthésie générale pourrait obéir à des règles
¶ Anesthésie péridurale strictes : administration orale d’un agent antiacide associé à du
Cette technique, la plus répandue, est réalisée en injectant une dose citrate de soude, préoxygénation maternelle de bonne qualité,
d’anesthésique local dans l’espace péridural avec éventuellement induction en séquence rapide et intubation orotrachéale. L’injection
des morphiniques liposolubles afin de potentialiser l’analgésie per- de morphinique ne se fait qu’après le clampage du cordon, sauf
et postopératoire. Le bloc moteur et sensitif ainsi obtenu en 20 à dans les cas particuliers où l’anesthésiste redoute une poussée
30 minutes permet alors la réalisation de la césarienne. hypotensive nocive à l’induction (exemple : éclampsie). Le pédiatre,
alors prévenu, peut agir en conséquence.
Si la décision de césarienne a lieu pendant le travail et que le
cathéter a été mis en place pour assurer une analgésie, l’anesthésie De réalisation rapide, en moins de 5 minutes, l’anesthésie générale
peut être obtenue en 8 à 12 minutes, après avoir fait une dose expose néanmoins la parturiente au risque majeur d’hypoxie si
complémentaire. L’inconvénient de cette technique réside dans le l’intubation est difficile ou s’il survient une inhalation bronchique
délai variable d’installation et le risque gravissime de toxicité chez ces patientes à l’estomac plein.
systémique en cas d’injection intravasculaire accidentelle. L’analgésie postopératoire peut être réalisée par des produits
morphiniques injectés sur un mode contrôlé par le patient.
¶ Rachianesthésie Par ailleurs, au moment de toute césarienne, l’anesthésiste prend
Il s’agit d’une ponction de l’espace sous-arachnoïdien au niveau soin de préparer du Lénitralt qui sera injecté à la demande de
L2-L3 ou L3-L4. L’anesthésique injecté en intrarachidien, associé ou l’obstétricien en cas de difficulté d’extraction de l’enfant (hypertonie
non à un morphinique liposoluble, réalise en moins de 5 minutes un de l’utérus ou rétention de tête dernière, en cas d’extraction par le
bloc permettant la réalisation de la césarienne. L’inconvénient siège).
essentiel de la rachianesthésie réside dans la difficulté de prédire
STRATÉGIE DÉCISIONNELLE POUR LE CHOIX
d’une manière exacte le niveau supérieur du bloc sensitif et ENTRE ANESTHÉSIE GÉNÉRALE
d’induire ainsi une hypotension maternelle profonde préjudiciable ET ANESTHÉSIE LOCORÉGIONALE
pour l’enfant (le remplissage préventif, l’utilisation de
En pratique, les deux critères principaux de choix sont, d’une part
vasoconstricteurs, le décubitus latéral pour prévenir le syndrome
les risques maternels et fœtaux de la technique envisagée, et, d’autre
cave, préviennent en général les effets secondaires de ce type
part, le degré d’urgence de la césarienne. Si celui-là est inférieur à
d’anesthésie).
5 minutes (procidence, rupture utérine, souffrance fœtale aiguë), le
Les céphalées post-ponctions dure-mériennes sont devenues seul choix possible pour sauver le fœtus est l’anesthésie générale. Si
nettement moins fréquentes (0,4 %) avec l’emploi généralisé celui-la est supérieur à 10 minutes, on peut réaliser soit une
d’aiguilles fines. rachianesthésie, soit une péridurale.
La consultation d’anesthésie « à froid » a su dépister les cas à risque
¶ Périrachianesthésie combinée anesthésique (allergie, intubation difficile…) et proposer alors
Il s’agit de réaliser par la même aiguille, d’une part la l’installation d’une péridurale efficace dite « prophylactique » dès le
rachianesthésie avec une petite dose d’anesthésique local et, d’autre début de la phase active du travail. Dans 90 % des cas, cette
part, la pose de cathéter dans l’espace péridural afin de compléter le analgésie pourrait être transformée immédiatement en anesthésie
niveau supérieur de l’anesthésie. Cette technique s’est développée dès la décision opératoire prise.

Technique opératoire [25, 26, 27]

Remarque préalable : chaque fois que cela est disponible, le Préparation à l’intervention
niveau de preuve de l’efficacité et/ou du danger des techniques
envisagées est précisé par le sigle NP assorti du chiffre 1 à 5, PRÉPARATION DU CHIRURGIEN
selon la force décroissante de la preuve (par exemple, l’ablation Le premier lavage des mains de la journée doit durer 5 minutes,
manuelle systématique du placenta n’est pas recommandée car alors que les suivants peuvent se contenter de 2 minutes
ses effets délétères ont été démontrés de façon rigoureuse : NP1). (recommandation du Center for Disease Control, 1985), délai

4
Techniques chirurgicales Césariennes 41-900

suffisant pour éradiquer 98 % de la flore manuportée. En revanche, 30 % des cas). Dans toutes les situations où la disponibilité
le lavage postopératoire, trop souvent négligé, devrait devenir une pédiatrique permanente n’est pas assurée, ce qui est très fréquent,
pratique routinière, car 30 % des gants du chirurgien sont perforés l’accoucheur juge si la présence du pédiatre est nécessaire, comme il
en fin d’intervention. Le port de lunettes et de deux paires de gants le fait lors des accouchements par voie basse [21].
est fortement recommandé pour éviter d’éventuelles contaminations
septiques du chirurgien.
Techniques d’ouverture pariétale
PRÉPARATION DE LA PATIENTE

¶ Installation de la patiente Le type d’incision abdominale est dicté par plusieurs facteurs :

Quel que soit le type d’incision pariétale, la patiente est placée en – antécédents chirurgicaux ;
décubitus dorsal avec une légère inclinaison latérale gauche de – adiposité pariétale ;
l’ordre de 10° à 15° (obtenue simplement par un drap roulé et placé
sous le flanc droit ou par un roulis de la table d’opération). Cette – degré d’urgence ;
recommandation repose sur le risque de compression de la veine – accessoirement, les préférences de la patiente et/ou du chirurgien.
cave inférieure par l’utérus gravide, induisant une baisse du débit Certains objectifs doivent être respectés :
cardiaque par diminution du retour veineux et une hypoxie fœtale
potentielle. Cependant, les bénéfices fœtaux n’ont pas été – exposition adéquate de l’utérus ;
formellement démontrés par des essais randomisés [23, 31] : ils ont été
– accès facile au fœtus ;
réalisés essentiellement sous anesthésie générale et n’ont pas évalué
les conséquences hémodynamiques de la rachianesthésie. En cas de – minimisation des risques d’infection et de déhiscence
césarienne en cours de travail, il paraît souhaitable que les membres postopératoire.
inférieurs soient placés en abduction suffisante pour qu’un deuxième Il est donc important de prendre en compte les facteurs de risque
aide-opérateur puisse éventuellement effectuer une manœuvre par infectieux, plus spécialement présents chez les femmes diabétiques,
voie périnéovaginale. malnutries ou présentant une rupture prolongée des membranes.

¶ Prévention de la maladie thromboembolique INCISIONS TRANSVERSALES


L’embolie pulmonaire est une cause importante de morbidité et L’incision transversale est plus esthétique et certainement plus solide
mortalité maternelles. Certaines disciplines chirurgicales ont conduit que l’incision médiane, ce qui expose à un risque d’éventration
des essais prouvant la réduction de ce risque par l’administration postopératoire moins important.
préopératoire de dose isocoagulante d’héparine [9]. Les données Cependant, elle présente certains inconvénients : ouverture de
disponibles ne montrent pas d’augmentation du risque multiples couches de fascia et d’aponévrose, formation d’espaces
hémorragique lors de la césarienne. La mise en place de bas de virtuels, incision éventuelle des muscles et blessure potentielle des
contention veineuse lors de l’installation sur table est une mesure nerfs pariétaux. Le temps opératoire est, selon les cas, sensiblement
prophylactique actuellement adoptée très largement. plus long que celui d’une incision médiane.

¶ Sondage vésical ¶ Incision de Pfannenstiel


Il doit être réalisé après la mise en route de l’anesthésie (sauf en cas L’incision sus-pubienne de Pfannenstiel est encore la méthode
d’anesthésie générale). Son but est de maintenir la vacuité vésicale traditionnelle d’ouverture pariétale lorsque l’on réalise une
pendant le temps opératoire, car, à vessie pleine, le dôme vésical est césarienne segmentaire.
présegmentaire.
Pour avoir un jour suffisant, il faut et il suffit que le décollement de
¶ Préparation du site opératoire l’aponévrose, qui permet l’abord de l’interstice des droits, remonte
jusqu’à 15 mm de l’ombilic. La longueur totale de l’incision cutanée
Une douche préalable avec un antiseptique (Bétadinet Scrub) est doit être d’environ 12 à 14 cm : elle reste très à distance des épines
réalisée avant toute césarienne, programmée la veille ou le matin de iliaques antérosupérieures dont les points extrêmes de l’incision sont
l’intervention. séparés par trois épaisseurs de doigt. Elle se situe à environ 3 cm
Le taux d’infection du site est plus important après rasage qu’en au-dessus du rebord supérieur du pubis, au-dessous de la limite
l’absence de celui-ci. Cependant, la pratique du rasage des poils supérieure de la pilosité. L’incision est tracée soit horizontalement,
pubiens reste encore largement réalisée bien que les preuves soient soit de façon arciforme à légère concavité supérieure. Il est souvent
suffisantes pour la condamner. Seuls les poils gênant la réalisation facile de suivre les plis cutanés qui adoptent spontanément cette
de la suture cutanée peuvent être ébarbés aux ciseaux ou à la disposition. En pratique, on peut la réaliser totalement transversale
tondeuse. en exerçant simultanément, avec la main libre de l’opérateur, une
L’application d’une solution antiseptique (premier passage par traction médiane en direction du haut. Après relâchement de cette
l’infirmière, deuxième passage par le chirurgien) est une mesure traction, l’incision adopte une disposition spontanément arciforme.
classique, qui reste insuffisante pour réduire les effets néfastes du L’incision cutanée est menée de la gauche vers la droite, l’opérateur
rasage. étant situé à gauche de la patiente, et inversement pour celui qui est
L’application d’un champ plastique adhésif sur la peau est une situé à droite.
mesure inconstamment pratiquée, car son utilité dans la prévention Le tissu cellulaire sous-cutané est incisé obliquement vers le haut au
de l’infection pariétale n’a pas été démontrée rigoureusement. bistouri électrique. Il nous paraît inutile de faire une section
complète de tous les éléments sous-cutanés et spécialement au
PRÉSENCE DU PÉDIATRE niveau des angles où courent des veines sous-cutanées abdominales.
L’approche périnatale multidisciplinaire a entraîné une présence Il est en revanche aisé de faire charger par l’aide, au moyen de deux
plus fréquente du néonatologue en salle d’accouchement. En cas de écarteurs de Farabeuf, la masse du tissu sous-cutané incisé jusqu’à
césarienne, cette présence est jugée bénéfique et est constante dans l’aponévrose sur la ligne médiane. Par tractions divergentes, on
les centres de niveau III où l’équipe pédiatrique est fortement récline celle-ci sans qu’il soit nécessaire de sectionner les vaisseaux
structurée. Cependant, il a été démontré (NP3) que la probabilité de visibles et éventuellement les nerfs, moins visibles.
réanimation néonatale n’était supérieure à celle des accouchements Sur l’aponévrose sous-jacente, on réalise une boutonnière centrale,
spontanés par voie basse que lorsque la césarienne était réalisée sous soit au bistouri électrique, soit au bistouri à lame, 4 à 5 cm au-
anesthésie générale et/ou pour une indication fœtale (soit environ dessus du bord supérieur du pubis et 2 cm au-dessus du niveau de

5
41-900 Césariennes Techniques chirurgicales

4 L’incision aponévroti- 6 Incision de Mouchel.


que (2) est pratiquée 2 cm A. Section transversale
au-dessus de l’incision cu- transrectale.
tanée (1) et arrive à 2-3 cm B. Exposition utérine
de l’épine iliaque antéro sans écarteur.
supérieure (3).

*
A

5 Incision de Pfannen-
stiel : décollement musculo
aponévrotique.

*
B

Quelques précautions doivent être envisagées : saisie du péritoine


par des éléments tracteurs de façon à réaliser un pli transversal dont
on s’assure, par contrôle digital, qu’il ne contient aucun élément
dangereux, incision prudente du péritoine par la pointe des ciseaux
qui sont ensuite introduits, puis retirés ouverts.
La saisie des berges péritonéales peut être effectuée sous contrôle de
la vue et l’agrandissement de l’incision, vers le haut puis vers le
l’incision cutanée sur environ 3 cm de chaque côté, permettant bas, devient une simple formalité. Elle est faite soit au bistouri
d’avoir accès aux muscles droits (fig 4). électrique, soit aux ciseaux.
La section de l’aponévrose est poursuivie latéralement après L’incision vers le bas doit s’arrêter à 1 cm de la vessie.
décollement selon un trajet oblique en haut et en dehors, réalisant Après avoir protégé la paroi par un champ circulaire en plastique
une incision plus arciforme que celle de la peau. Sa longueur totale ou par des champs de bordure classiques, on met en place l’écarteur
est de presque 16 cm. Pour ce faire, il faut que l’aide écarte les tissus dont les préférences sont variables selon les chirurgiens.
sous-cutanés et soulève les plans sus-jacents à l’aponévrose au Notre préférence va soit au grand écarteur de Gosset, soit à
moyen des écarteurs de Farabeuf, afin que l’opérateur puisse l’écarteur de Ricard, selon les cas et les disponibilités. Il arrive
pousser son incision aponévrotique jusqu’au point souhaité. parfois que l’on soit amené, devant une femme dont la paroi est
Cette section aponévrotique est réalisée aux ciseaux de Mayo, pour particulièrement épaisse et adipeuse, à utiliser l’écarteur à cadre de
certains au bistouri électrique. Il faut réaliser l’hémostase des Kirchner muni de ses quatre valves, moyennes ou grandes.
vaisseaux latéraux. Quand le champ opératoire est dégagé, certains chirurgiens
Après ouverture de l’aponévrose, on pratique ensuite le décollement préfèrent introduire dans les gouttières pariétocoliques de grandes
de celle-ci vers le haut : la gaine aponévrotique n’est pas adhérente compresses après les avoir imbibées de sérum physiologique, évitant
l’issue dans la cavité abdominale d’une quantité importante de
aux muscles droits et il est facile de libérer ces muscles sur toute la
liquide amniotique lors de l’incision de l’utérus. La valve sus-
hauteur nécessaire ; pour ce faire, on place deux pinces de part et
pubienne en cas d’incision de Pfannenstiel n’est pas commode. En
d’autre de la ligne médiane et on les fait tirer verticalement par
plus, elle peut gêner l’extraction fœtale. Elle peut être maniée par la
l’aide.
main de l’aide qui peut modifier sa position et la retirer en cas de
Le clivage est digital de part et d’autre de la ligne blanche unissant besoin.
l’aponévrose sur la ligne médiane à l’espace fibreux entre les
muscles grands droits. On sectionne ces attaches progressivement ¶ Incision de Mouchel
vers le haut, soit aux ciseaux, soit au bistouri électrique (fig 5). Il est
inutile de réaliser un décollement trop étendu latéralement qui Il s’agit d’une adaptation à la pratique gynéco-obstétricale de
risquerait de sectionner un certain nombre de vaisseaux perforants l’incision transrectale de Maylard. Elle offre un avantage décisif sur
et de filets nerveux, sans gain appréciable pour l’extraction fœtale, l’incision de Pfannenstiel en donnant un jour plus important sur
l’utérus, à tel point qu’il est très souvent possible de se dispenser
et qui pourrait compromettre la qualité des suites opératoires.
d’écarteurs pariétaux (fig 6). La preuve de son efficacité et de son
Vers le bas, le décollement est commencé latéralement grâce aux innocuité par rapport à l’incision de Pfannenstiel a été fournie par
ciseaux et cela permet de bien repérer l’insertion des pyramidaux une étude randomisée [2].
qui doivent être laissés de préférence accolés aux muscles droits. Elle comporte une incision totalement transversale de tous les plans.
Ensuite, ceux-là sont totalement séparés aux ciseaux jusqu’à leur Après l’ouverture cutanée, sous-cutanée et aponévrotique identique
insertion pubienne. à celle de l’incision de Pfannenstiel, les muscles grands droits sont
L’ouverture du péritoine pariétal s’effectue le plus haut possible et sectionnés de dedans en dehors sur une courte distance, au-dessus
ne diffère en rien de l’ouverture habituelle effectuée lors des de la naissance des pyramidaux. Le péritoine est alors ouvert et,
laparotomies médianes. sous contrôle digital, l’ouverture musculaire est complétée à la

6
Techniques chirurgicales Césariennes 41-900

un jour suffisant pour l’extraction fœtale. On accède ainsi au


7 Incision de Bastien :
péritoine pariétal qui est ouvert par dilacération digitale. Une
aspect après suture muscu-
loaponévrotique (d’après
nouvelle traction craniocaudale à l’aide des index permet une
Phelan [25]). 1. Vaisseaux ouverture transversale de celui-ci.
épigastriques. Un essai randomisé de cette incision versus incision de Pfannenstiel
a été réalisé par Franchi et al [14]. Le temps d’ouverture est raccourci
en moyenne de 2 minutes et le temps opératoire total de 10 minutes.
Il n’y a pas de différence des taux de complications per- et
postopératoires, sauf pour les infections de paroi qui sont nettement
plus fréquentes dans l’incision de Pfannenstiel [3]. Aucune évaluation
des conséquences à long terme n’est actuellement disponible. Cette
incision séduisante a l’avantage certain d’être rapide et peu
hémorragique. Cependant, le jour obtenu est quelquefois insuffisant
pour l’extraction aisée et atraumatique du fœtus et peut nécessiter
alors une incision musculaire complémentaire.

INCISIONS VERTICALES
demande après localisation des vaisseaux épigastriques que l’on Elles sont théoriquement indiquées lorsqu’une exploration de la
s’efforce de respecter. Il est important de n’effectuer aucun cavité abdominale est nécessitée par un état pathologique associé à
décollement musculoaponévrotique sous peine de compromettre la la grossesse ou qu’il existe une tumeur dont le diagnostic étiologique
cicatrisation musculaire. est incertain : toutefois, les incisions de Mouchel ou de Bastien
Dans notre expérience, ce type d’incision a remplacé la technique de représentent maintenant une alternative intéressante.
Pfannenstiel en raison de sa rapidité et de la qualité de l’exposition Elles peuvent être médianes ou paramédianes.
obtenue.
¶ Incision médiane
¶ Incision de Bastien La laparotomie médiane sous-ombilicale est rapide, facile, peu
hémorragique. Elle peut être utilisée dans les cas d’urgence extrême
Elle comporte une ouverture transversale de tous les plans pariétaux ou d’obésité maternelle, ou de difficultés prévisibles dans l’abord
superficiels avec désinsertion sus-pubienne des muscles droits. Il n’y utérin et dans l’extraction fœtale ; la seule indication authentique de
a aucun point particulier concernant l’incision cutanée et sous- cette incision est la réfection d’une cicatrice médiane antérieure
cutanée. L’incision aponévrotique doit se situer à l’aplomb des défectueuse sur le plan esthétique ou fonctionnel.
incisions précédentes.
L’incision cutanée commence à 2 cm au-dessus du bord supérieur
La désinsertion des droits s’avère très facile : elle se fait par section du pubis, elle est menée franchement jusqu’à un travers de doigt de
aux ciseaux courbes ou au bistouri électrique ; les chefs des muscles l’anneau ombilical.
sont alors réclinés vers le haut, permettant d’accéder facilement sur
Le prolongement de l’incision cutanée en latéro-ombilical gauche
le péritoine qui est également incisé transversalement (fig 7).
paraît exceptionnellement justifié en cas de brièveté congénitale de
Le jour obtenu est très important et permet de faire face à toutes les la distance ombilicopubienne.
difficultés prévisibles d’extraction. La graisse sous-cutanée est parcourue par quelques vaisseaux
Ce type d’incision est rarement pratiqué et reste un procédé de choix transversaux, notamment à la partie inférieure où l’on rencontre
lorsque l’on désire réaliser une césarienne par voie extrapéritonéale. souvent une anastomose veineuse sus-pubienne dont l’hémostase
Les chefs tendineux des muscles grands droits sont ensuite suturés doit être effectuée au moyen de deux ligatures.
aux structures fibreuses sus-pubiennes. Curieusement, ce type L’incision de l’aponévrose est ensuite menée verticalement de bas
d’abord, qui paraît séduisant, est de moins en moins pratiqué. en haut, en débordant les limites de l’incision cutanée. Elle tombe
en haut sur le diastasis entre les muscles droits et l’on rejoint ensuite
¶ Incision de Rapin-Küstner le protocole de séparation des muscles et d’ouverture du péritoine
déjà exposé.
Elle n’a de commun avec l’incision de Pfannenstiel que l’incision
cutanée. Il s’agit ensuite d’une laparotomie médiane qui nécessite Chez la femme obèse, l’incision médiane peut être faite en abaissant
donc un vaste décollement sous-cutané, poussé le plus haut et le le pannicule adipeux en bas par des pinces de traction placées de
plus bas possible. part et d’autre de la ligne médiane au-dessus du pubis.
Les hématomes de paroi seraient fréquents malgré un drainage ¶ Incision paramédiane
aspiratif systématique de l’espace sous-cutané, ce qui explique
Guillou et al [25] , dans une étude prospective, ont trouvé une
qu’elle soit tombée en désuétude. Cependant, certaines équipes
différence significative vis-à-vis des infections, des complications
continuent à la pratiquer en alternative à l’incision de Pfannenstiel.
respiratoires et des déhiscences en faveur de l’incision paramédiane.
Elle est cependant exceptionnellement pratiquée.
¶ Incision de Joël Cohen
Cette incision transversale a été proposée dans les années 1970
comme voie d’abord pour les hystérectomies. Elle a été étendue à la Techniques de la césarienne
césarienne par Stark, à l’hôpital Misgav Ladach de Jérusalem [16].
CÉSARIENNE TRANSPÉRITONÉALE
L’incision cutanée est tracée à environ 3 cm au-dessous de la ligne
unissant les deux épines iliaques antérosupérieures sur une largeur Le choix de l’incision utérine est dicté par des conditions cliniques
variable, au moins de 12 cm. Le tissu cellulaire sous-cutané est incisé ou des constatations faites au moment de la réalisation de
transversalement jusqu’à l’aponévrose uniquement dans la partie l’intervention.
médiane ; il en est de même pour l’incision de l’aponévrose des
¶ Péritoine viscéral
grands droits sur 2 cm environ pour permettre l’introduction des
deux index du chirurgien. Des tractions divergentes sont exercées Le premier temps consiste à repérer le segment inférieur, le cul-de-
dans le sens craniocaudal, ce qui permet d’accentuer la séparation sac vésico-utérin et la vessie qui réalise un renflement discret.
des droits. Ensuite, l’opérateur et son aide introduisent chacun Le décollement du péritoine viscéral est débuté par une incision aux
l’index et le médius sous les grands droits et exercent une traction ciseaux sur la ligne médiane, après avoir soulevé un pli longitudinal
transversale qui suffit à écarter les éléments pariétaux et à donner 2 ou 3 cm au-dessus de la vessie (fig 8).

7
41-900 Césariennes Techniques chirurgicales

8 Le péritoine vésico-
¶ Hystérotomies
utérin est incisé transversa-
lement (d’après Phelan [25]).
Incision transversale basse ou incision de Kerr
Elle est réalisée dans plus de 90 % des césariennes (NP1). Le principe
général est de réaliser l’incision utérine au niveau du pôle fœtal qui
se présente, à l’aplomb de son plus grand diamètre. Il n’y a donc
pas de repère fixe, la hauteur de l’hystérotomie dépendant de celle
du niveau de la présentation en s’efforçant toutefois de rester
segmentaire. Cette incision arciforme à concavité supérieure offre
différents avantages :
– le risque de rupture utérine ou de déhiscence des cicatrices lors
des prochaines grossesses est minimisé ;
– la perte sanguine est minime ;
– les adhérences postopératoires sont exceptionnelles ;
– la réparation est facile à réaliser.
Un problème cependant existe lorsque le segment inférieur est mal
amplié tant dans le sens de la hauteur que dans le sens transversal :
dans ce cas, les risques d’extension latérale avec atteinte des
pédicules vasculaires latéraux n’est pas négligeable et majore le
9 Libération vésicale du risque de complications hémorragiques peropératoires. Dans ce cas-
segment inférieur (d’après là, il vaut mieux pratiquer une incision verticale basse.
Phelan [25]). Après le décollement vésicosegmentaire, la vessie se rétracte
spontanément vers le pubis ; sinon on pourrait la récliner avec une
valve.
L’incision utérine peut être réalisée sans difficulté dans la mesure où
le segment inférieur est très bien amplié. Elle est commencée à
environ 3 à 4 cm au-dessous de la ligne de solide attache du
péritoine. L’incision du segment inférieur est réalisée par une
moucheture transversale de 3 à 4 cm faite au bistouri à lame froide,
en prenant bien garde de ne pas blesser une partie fœtale sous-
jacente. Assez souvent, les membranes font une hernie dans cette
moucheture, et un doigt est introduit dans celle-ci permet, en
protégeant le fœtus sous-jacent, de réaliser la section aux ciseaux,
avec légère incurvation en dehors et vers le haut.
L’incision est conduite des deux côtés pour réaliser une ouverture
d’environ 15 cm de large. L’agrandissement par écartement des
index placés dans la moucheture ne nous paraît pas devoir être
conservé, surtout si le segment inférieur est mal amplié. En effet, si
l’incision est un peu étroite, le risque d’extension se fait vers le bas
alors que, lors de l’incision franche aux ciseaux, un tel risque est
Cette incision doit être réalisée franchement, sans hésitation. Elle écarté (NP5).
intéresse plusieurs plans car la séreuse se dissocie en plusieurs
Pendant tout le temps de l’ouverture, l’aide prend soin d’aspirer le
épaisseurs du fait de l’œdème gravidique.
sang et le liquide amniotique en suivant le tracé de l’incision faite
À travers la boutonnière ainsi créée, on glisse les ciseaux longs par l’opérateur, gardant ainsi le champ propre et permettant d’éviter
fermés, latéralement en direction du bord utérin droit (ou gauche, de léser le fœtus.
selon la position de l’opérateur). L’abord du segment inférieur est variable d’un chirurgien à l’autre :
Le clivage sous-péritonéal est en général d’une extrême simplicité. Il certains recommandent la section médiane sur 2 à 3 cm et sur toute
est complété par le retrait des ciseaux ouverts. On poursuit par le l’épaisseur du segment inférieur, puis ils continuent l’incision aux
décollement du côté opposé et l’on peut ensuite inciser sans ciseaux ; d’autres préconisent le tracé préalable de toute l’incision
difficulté la séreuse en se gardant de réaliser une ouverture trop menée au bistouri de gauche à droite sur toute l’épaisseur du
grande. segment inférieur (fig 10).
On poursuit le décollement du lambeau supérieur par clivage des L’agrandissement par écartement des index, prôné par Stark, est
légères adhérences jusqu’au voisinage de la zone d’accolement effectivement de plus en plus souvent pratiqué. En fait, il n’existe
aucun essai comparatif évaluant les avantages respectifs de
solide du péritoine.
l’ouverture utérine aux doigts ou aux ciseaux (NP5).
Du côté inférieur, le clivage intervésicosegmentaire est également
très facile. Il est effectué par les ciseaux fermés dont la concavité est Incision verticale basse ou incision de Krönig
tournée vers le segment inférieur. Selon le type d’incision utérine
Elle est préférée lorsque le segment inférieur est peu développé
choisi, ce décollement inférieur est plus ou moins poursuivi (fig 9). transversalement ou lorsqu’il existe un placenta antérieur
Actuellement se dessine une tendance à ne pas effectuer de recouvrant, permettant ainsi d’aborder les membranes au-dessus du
décollement péritonéal. L’incision est faite à 2 cm au-dessus du repli placenta.
vésico-utérin et se poursuit immédiatement par celle du segment Elle est également théoriquement segmentaire. Elle a les mêmes
inférieur. Cette procédure a pour but de court-circuiter une étape avantages théoriques que l’incision transversale, mais il est très
non indispensable avec comme bénéfice un gain de temps minime. difficile de rester strictement segmentaire et cette incision déborde
Si la présentation fœtale est déjà engagée, il nous paraît plus prudent toujours plus ou moins sur la partie inférieure du corps utérin,
de réaliser un décollement vésicosegmentaire qui passe par le temps faisant perdre ainsi l’avantage d’une incision strictement
préalable du décollement péritonéal. segmentaire. Elle présente également l’inconvénient possible d’une

8
Techniques chirurgicales Césariennes 41-900

10 Incision utérine segmentaire transversale.

extension basse avec possibilité de lésions du col, du vagin, de la Ce procédé nécessite la réalisation d’une boutonnière première par
face postérieure de la vessie. Cela incite à abaisser plus la vessie que le bistouri à lame sur le segment inférieur, en essayant au maximum
dans l’incision transversale basse. Elle garde de nombreux partisans de ne pas rompre les membranes, à travers laquelle l’index est
qui affirment la plus grande solidité de la cicatrice. Cependant, les introduit pour protéger le fœtus et guider ce dispositif pendant
travaux expérimentaux de Waniorek [30] et les travaux cliniques de l’incision utérine qui prend le même trajet déjà décrit. Pendant la
Benbassa et Racinet [1] prouvent la meilleure qualité de la cicatrice fermeture de cette pince, deux rangées d’agrafes sont placées sur
de césarienne transversale. toutes les couches utérines et le segment inférieur est incisé entre les
Après l’incision transversale du péritoine, on effectue un deux lignes d’agrafes.
décollement très poussé vers le haut, puis surtout vers le bas sur la La méta-analyse de quatre essais randomisés incluant 526 patientes
ligne médiane, en chargeant profondément la vessie pour obtenir le relève seulement une diminution minime de la perte sanguine, au
dégagement quasi complet de toute la face antérieure du segment prix d’un délai d’extraction fœtale plus long et pour un surcoût
inférieur. indiscutable (NP1).
L’incision débute également le plus bas possible où il existe du
myomètre. La moucheture initiale de quelques centimètres permet • Agrandissement de l’hystérotomie
d’introduire deux doigts protégeant le fœtus et l’incision est Lors de l’hystérotomie transversale, il peut être nécessaire de réaliser
continuée verticalement au bistouri à lame, en arrêtant l’incision un agrandissement pour favoriser une extraction fœtale difficile. Il
avant la ligne de solide attache du péritoine, sur une hauteur de 10 nous semble moins traumatisant de prolonger les extrémités
à 12 cm. latérales par une incision dirigée en haut et en dehors, uni- ou
bilatérale, plutôt que d’effectuer une incision médiane et verticale
Incision classique ou corporéale de la berge supérieure exposant à une cicatrisation plus aléatoire.
Elle est rarement pratiquée, essentiellement en cas d’hystérectomie Lors de l’hystérotomie verticale, il faut s’efforcer de réaliser
programmée ou de difficultés majeures dans l’abord du segment l’agrandissement vers le bas en direction du vagin, plutôt que vers
inférieur. le haut en plein corps utérin.
L’incision cutanée doit être médiane et peut contourner l’ombilic sur
la gauche. Elle le dépasse plus ou moins selon la distance ¶ Vaginotomie
ombilicopubienne qui peut être courte. L’intervention de Auguste Baudelocque (décrite dans sa thèse de
Que l’on extériorise ou non l’utérus, la cavité péritonéale doit être 1823) a été réactualisée par Goodlin [15].
protégée par une série de champs humidifiés disposés entre l’utérus L’incision antérieure du vagin peut être proposée lorsque la
et la paroi, destinés à éviter l’épanchement du liquide issu de dilatation du col est complète, avec une présentation fœtale encore
l’incision utérine, et en particulier du sang. mobile associée à une ascension abdominale du vagin. Cette incision
L’incision est faite sur la face antérieure du corps utérin, à travers est parfois réalisée de façon involontaire, alors que l’on croit être sur
un myomètre qui est toujours épaissi et très hémorragique. Elle est un segment inférieur très amplié. Aucune évaluation de cette
verticale et s’étend sur une longueur d’environ 15 cm en débutant à technique n’a été réalisée. Il est important de mentionner cette
la partie supérieure de la vessie qui n’a pas été décollée et en procédure exceptionnelle sur le compte rendu opératoire, qui précise
remontant verticalement vers le haut jusqu’à approcher le fond l’absence de cicatrice utérine.
utérin.
L’incision est faite au bistouri de la même façon que l’incision ¶ Extraction du fœtus
verticale segmentaire. Temps délicat de l’intervention, l’extraction fœtale n’a aucune raison
Habituellement, les membranes sont incisées et le fœtus est extrait (sauf exception) d’être une course contre la montre et doit être
très simplement par le siège. effectuée avec la même lenteur réfléchie que l’on adopte
Cette incision présente des inconvénients (difficultés de réparation, spontanément pour l’extraction par voie basse.
fréquente formation d’adhérences, taux d’infection plus important)
qui expliquent un risque de rupture utérine plus élevé lors des Présentation céphalique
grossesses ultérieures. Dans tous les cas, le rôle de l’aide s’avère très utile, en effectuant
une expression fundique bimanuelle, bien répartie sur toute la
Variantes techniques largeur du fond utérin, commandée par l’opérateur au moment du
dégagement de la tête. Dans le cas le plus simple, la tête fœtale peut
• Incision par dispositif mécanique sortir facilement, guidée par une main de l’opérateur (gauche ou
La réalisation de l’hystérotomie par du matériel mécanique aurait droite selon sa position opératoire), qui l’empaume pour l’aider à
l’avantage d’inciser et d’agrafer les deux berges, réalisant ainsi une franchir l’incision utérine selon la technique du levier manuel
bonne hémostase. (fig 11).

9
41-900 Césariennes Techniques chirurgicales

11 Technique de l’extraction du fœtus en présentation céphalique par le levier manuel.

12 Extraction par forceps 13 Extraction par forceps


d’une tête en variété d’une tête en variété
occipito-antérieure. occipitopostérieure.

*
A

*
B

Lorsque la tête est très haute par rapport à l’incision et que


l’expression fundique ne suffit pas à l’amener au niveau de
En cas de difficulté à introduire la main pour empaumer la tête et
l’hystérotomie, la ventouse obstétricale peut s’avérer très utile.
pour ne pas risquer une déchirure incontrôlable du segment
Son application doit se faire au plus près de l’occiput pour
inférieur, on peut glisser une branche de forceps de Pajot, qui joue
favoriser au maximum la flexion de la tête et la tracter vers
le rôle d’une glissière orientant la présentation vers l’ouverture
l’ouverture utérine, toujours en maintenant l’expression fundique
utérine. Cependant, cette manœuvre ne doit en aucun cas faire office
(fig 14).
de levier, risquant alors de conduire à des lésions traumatiques
fœtales ou segmentaires. Lorsque la tête est profondément engagée après un travail déjà
avancé, il est souvent malaisé pour l’opérateur de la faire remonter
Si la main ou la branche de forceps ne peuvent suffire à dégager la jusqu’à l’hystérotomie. Un assistant, placé entre les jambes écartées
tête fœtale, il faut alors recourir à une extraction par forceps. Son de la patiente, glisse une main dans le vagin et refoule la
application sur la tête fœtale doit obéir aux mêmes principes que présentation pour la désenclaver du pelvis, tandis que l’opérateur
par voie basse, en limitant ce protocole à deux variétés : occiput en exerce une pression vers le haut sur l’épaule fœtale antérieure
avant ou occiput en arrière, toutes les autres positions occipitales (fig 15). Cette manœuvre a l’avantage d’être non traumatisante pour
pouvant être ramenées à ces deux cas. Le petit forceps de Pajot nous l’utérus. Lorsque la tête est désenclavée, elle est alors facilement
paraît le plus approprié. Les branches sont introduites extraite, comme décrit précédemment. En cas d’échec, le fœtus est
successivement, gauche puis droite, puis articulées. La concavité de extrait par version podalique et grande extraction du siège (cf infra).
la courbure pelvienne est dirigée vers le haut pour les variétés
occipitales antérieures, qui doivent être défléchies (fig 12). Elle est Présentation non céphalique
dirigée vers le bas pour les variétés occipitales postérieures où la – En cas de présentation du siège, l’extraction peut être quasi
face fœtale se présente à l’ouverture et qui doivent être fléchies spontanée grâce à l’expression fundique. S’il surgit une difficulté,
(fig 13). des tractions inguinales sont suffisantes pour dégager un siège

10
Techniques chirurgicales Césariennes 41-900

14 Application de la ven- 15 Désenclavement d’une


touse obstétricale au niveau présentation céphalique enga-
de l’occiput fœtal. gée.
A. Refoulement par voie
vaginale.
B. Préhension de la tête
par l’opérateur.

*
A

décomplété, ainsi que l’abaissement des deux pieds pour un siège


complet.
– En cas de présentation transverse (ou céphalique et siège
inaccessibles), il faut recourir à la version podalique suivie de grande
extraction (fig 16, 17). On constate donc que l’apprentissage de cette
manœuvre reste toujours d’actualité, car elle est la seule à permettre
l’extraction fœtale à moindre traumatisme pour la mère et pour
l’enfant. En cas d’oligoamnios et/ou d’utérus rétracté, on recourt à
l’utilisation de dérivés nitrés (Lénitralt) à la dose de 300 µg en bolus
intraveineux, éventuellement renouvelable après 1 à 2 minutes si
nécessaire. Il devient rare d’être contraint à pratiquer un *
B
agrandissement de l’hystérotomie (cf supra), qui est associé à une
augmentation du taux de complications per- et postopératoires, donc Soins à la naissance
de la durée d’hospitalisation [5].
S’il n’y a pas de nécessité de réanimation, le nouveau-né est déposé
D’une façon générale, la plupart des difficultés d’extraction fœtale
sur le champ opératoire, la tête en position déclive. Dans la grande
sont résolues par la version podalique.
majorité des cas, il faut laisser l’enfant ainsi pendant quelques
Il faut savoir enfin, en cas de difficulté d’extraction fœtale, que secondes avant de le toucher pour éviter les apnées secondaires.
l’incision peut être convertie en « J » ou « T » en l’agrandissant vers Dans le cas d’une souffrance indiscutable, le clampage doit être
le haut, soit sur les bords latéraux, soit sur la ligne médiane, mais précoce. La technique de Dellenbach est vivement recommandée
alors cette extension de l’incision transforme souvent la césarienne dans la préparation du cordon ombilical. Elle consiste en l’utilisation
segmentaire en segmentocorporéale qui expose à un risque de d’un clamp courbe intestinal placé à quelques centimètres de
rupture lors des grossesses ultérieures. l’ombilic fœtal et de deux pinces de Kocher placées à 10-15 cm de ce

*
B *
*
A C

16 Extraction du fœtus par version.


A. Saisie du pied antérieur.
B. Abaissement du pied antérieur.
C. Version.
D. Dégagement du siège.

*
D

11
41-900 Césariennes Techniques chirurgicales

La main libre exerce une traction douce sur le cordon pour


17 Extraction du fœtus
extérioriser la masse placentaire. Les membranes suivent en général
par le siège.
A. Traction sur le
sans grande difficulté, aidées par la pose de pinces en « cœur » pour
membre inférieur anté- éviter leur déchirure.
rieur. Rappelons qu’une traction forcée sur le cordon peut créer une
B. Dégagement de la inversion utérine si l’utérus est très hypotonique et s’associe à des
tête par manœuvre adhérences solides du placenta à l’endomètre. Il est plus sage
similaire, à celle de d’attendre sans hâte, mais également sans temporisation, le
Bracht.
dégagement « spontané » du placenta. Cependant, l’extraction
manuelle du placenta n’est pas recommandée [32] : elle accroît
l’importance de la perte sanguine maternelle ainsi que le risque
d’infection (NP2).
En cas de fragments membranaires adhérents, nous conseillons de
*
A pratiquer la révision utérine avec la main gauche, la main droite
fixant solidement le fond utérin (ou inversement). Certains auteurs
conseillent l’utilisation d’une grande compresse au moment de la
révision utérine pour éliminer plus sûrement quelques éléments
ovulaires. D’autres la contre-indiquent formellement vu le risque de
synéchie postopératoire (NP5).
La vacuité utérine étant totalement assurée, le globe utérin se
constitue instantanément, exception faite des grandes inerties
utérines parfois induites par certains agents anesthésiques.
Il est souvent constaté que les berges de l’hystérotomie présentent
un saignement persistant.
Les gros vaisseaux, branches de la cervicovaginale, peuvent saigner
près des angles de l’incision utérine et une pince de Faure en réalise
l’hémostase temporaire.
Il faut réaliser rapidement la suture utérine qui assure
définitivement le tarissement du saignement.
Une manœuvre inutile et septique est à proscrire : le forage digital
du col.
Si le col est long et fermé, l’ouverture peut être réalisée par
*
B
cathétérisme par une bougie de Hegar ou une pince longue, type
Faure, qui est introduite sur toute la longueur du canal cervical et
ouverte successivement dans plusieurs diamètres afin de réaliser
clamp : la section est effectuée entre les deux pinces de Kocher. Le une dilatation de ce canal (NP5).
segment funiculaire en relation avec le fœtus est ensuite Dans le cas où la dilatation s’avérerait irréalisable, ce qui est
suffisamment turgescent pour permettre une éventuelle intervention exceptionnel, on place par voie haute une sonde de Foley n° 10,
thérapeutique à ce niveau. Le clampage précoce entraîne une baisse dont on gonfle le ballonnet avec 5 à 10 mL de sérum physiologique
du taux d’hémoglobine, qui est minime après 6 semaines de vie, et qui assure l’évacuation des lochies pendant les 2 ou 3 premiers
ainsi qu’une bilirubinémie plus basse, mais cependant sans jours du post-partum (NP5).
conséquences cliniques mesurables. En cas de prématurité, le
clampage retardé après 30 secondes environ est considéré ¶ Suture de l’utérus
théoriquement comme étant bénéfique ; cependant on ne dispose
pas d’essai clinique probant. Faut-il ou non extérioriser l’utérus pour en faciliter la suture ?
C’est à ce moment-là qu’intervient en général l’antibioprophylaxie Trois essais randomisés regroupant 680 patientes ne permettent pas
dont la preuve de l’efficacité préventive sur l’infection postopératoire de savoir si une technique est préférable pour minimiser la
est maintenant parfaitement prouvée [12, 28] (NP1). morbidité maternelle per- ou postopératoire : dans ces conditions,
De même, la perfusion ocytocique peut être accélérée ou installée l’obstétricien choisit en toute liberté la méthode qui lui paraît la plus
pour stimuler la contraction utérine et réduire la perte sanguine. adéquate pour chaque situation [8, 10].
Quel que soit le délai observé pour sectionner le cordon, le La suture utérine est le temps, sinon le plus difficile, du moins le
nouveau-né est ensuite confié à une sage-femme habillée stérilement plus important pour garantir au mieux la qualité de la cicatrice.
et présentant à bras tendus un champ stérile suffisamment ample. Les berges de l’incision utérine sont repérées préalablement par
Il ne paraît pas inutile d’insister sur la coordination entre chirurgien deux pinces en « cœur », ce qui permet leur traction verticale et
et sage-femme pour ne pas avoir à déplorer un accident par latéralisée et l’exposition successive de chaque angle.
« mauvaise réception ». Certains auteurs utilisent une poire Les difficultés ne sont pas les mêmes selon que l’ouverture a été
d’aspiration pour la désobstruction nasopharyngée immédiate. Nous transversale ou longitudinale.
déconseillons cette technique. Si l’enfant doit être désobstrué, il l’est Dans le cas où l’hystérotomie est transversale : pour poser correctement
sur la table de réanimation sur laquelle il est immédiatement le premier point, il faut écarter la vessie au moyen d’une valve (de
transporté. Le lieu de la réanimation néonatale doit être proche, Leriche).
sinon dans la salle d’opération elle-même. La réanimation est
L’aiguille de Reverdin doit être abandonnée au profit de l’aiguille
assurée par le pédiatre ou, à défaut, par l’anesthésiste ou la
sertie, moins traumatisante. On n’utilise pratiquement que les fils
sage-femme.
polyglycoliques à résorption lente (Ercedext, Vicrylt, Polysorbt).
¶ Délivrance Comme en chirurgie digestive, la simplification de la technique de
Il est préférable d’assurer le décollement rapide du placenta en suture a conduit à la généralisation du monoplan.
appliquant la technique de la délivrance assistée qui consiste en une À partir des travaux expérimentaux de Waniorek [30], il paraît
injection intraveineuse d’une ampoule de 5 UI d’oxytocine lors du maintenant définitivement prouvé que la technique de suture en un
dégagement de l’enfant. La face fœtale du placenta apparaît très vite plan extramuqueux offre une cicatrice de meilleure qualité
dans l’incision utérine. histologique que la suture en deux plans. Les études

12
Techniques chirurgicales Césariennes 41-900

18 Suture de l’hystérotomie.
A. Cas habituel. 1. Fascia présegmentaire ; 2. myomètre ; 3.
endomètre.
B. En cas d’incongruence des berges.

*
A *
B

19 Suture de l’hystérotomie corporéale.


A. En un plan.
*
B B, C. En deux plans.

*
A *
C

hystérographiques de Benbassa et Racinet [1] ont également


démontré, sur des études cas-témoins, la supériorité de la suture en 20 Affrontement de la sé-
reuse péritonéale selon
un plan qui induit moins de déformations radiologiques de l’isthme Cushing.
utérin (NP4).
Il en est de même quant à la supériorité des points simples sur les
points en « X » ou les surjets, accusés d’être plus ischémiants.
Des essais cliniques randomisés portant sur 1 006 patientes ont
analysé les avantages respectifs de la suture en un plan et en deux
plans : il n’a pas été possible d’identifier de différence de morbidité
maternelle, mais en revanche le temps d’intervention est réduit en deux plans est comparable à la couverture péritonéale des sutures
moyenne de 5,6 minutes pour la suture en un plan, qui entraîne segmentaires : le revêtement péritonéal est en effet indissociable du
également moins d’anomalies radiologiques de la cicatrice (NP1). muscle utérin et n’assure aucune protection contre la transmission
Dans une de ces études, 145 patientes ont eu un accouchement de l’infection à la grande cavité.
ultérieur : il n’a pas été observé de différences dans les issues
¶ Péritonisation
maternelles et néonatales.
La nécessité d’une péritonisation tant pariétale que viscérale est
Les points d’angle sont d’abord placés : les chefs sont gardés longs
sérieusement remise en question. Plusieurs essais randomisés
pour réaliser une traction sur ceux-ci et présenter ainsi des lèvres
réunissant environ 1 200 patientes [33] ont permis de constater que
utérines parfaitement affrontées.
l’absence de péritonisation raccourcit le temps opératoire de
Chaque point s’efforce de prendre successivement le fascia 6 minutes en moyenne sans altérer la qualité du post-partum, avec
présegmentaire, le myomètre et évite soigneusement l’inclusion de des besoins analgésiques diminués (NP1).
la caduque utérine dans la suture. Une telle éventualité conduirait à Cette absence de péritonisation est d’ailleurs préconisée par Stark
un risque d’endométriose, donc d’affaiblissement de la cicatrice, et à dans sa technique simplifiée de césarienne.
des algies secondaires.
Pour les cas encore fréquents où l’on estime plus prudent de
La suture de l’incision est réalisée en un plan par des points espacés recouvrir la suture utérine (risque infectieux), on conseille un
d’environ 1 à 2 cm en débutant aux angles de l’incision utérine. rapprochement lâche des deux lambeaux péritonéaux par trois ou
Après avoir été noués, les brins sont gardés longs sur une pince et quatre points. En aucun cas on ne réalise une suture en tension avec
servent de tracteurs qui permettent d’exposer parfaitement l’incision un surjet serré qui peut être responsable d’algies postopératoires. Si
sur toute sa longueur. indiquée, elle est faite après avoir vérifié soigneusement l’hémostase
Dans un souci de rapidité, certains préfèrent réaliser la suture par utérine.
un surjet non passé. En l’absence d’essais cliniques probants, le choix Dans la plupart des cas, les deux lèvres de l’incision sont aisément
entre points séparés et surjet reste donc ouvert. appliquées bord à bord ou, mieux, en affrontant leurs faces séreuses
En cas de berges utérines épaisses, il est possible de réaliser une selon Cushing (fig 20).
suture en deux plans non enfouissants, le premier plan chargeant On évite soigneusement toute technique qui a pour effet une
uniquement le myomètre et le deuxième chargeant le fascia ascension vésicale au niveau de la suture utérine, qui exposerait à
présegmentaire en l’amarrant sur le plan sous-jacent de façon à ne des adhérences vésico-utérines.
pas créer d’espace virtuel.
En cas d’incongruence des deux berges, il est simple d’utiliser ¶ Fermeture pariétale
l’artifice schématisé dans la figure 18. Sur le plan pratique, pour Après avoir enlevé les éventuels champs intra-abdominaux et vérifié
bien apprécier l’épaisseur du tissu chargé par l’aiguille, il peut être le compte des compresses, il faut effectuer un nettoyage péritonéal
utile de réaliser le passage de l’aiguille sous contrôle d’un doigt soigneux : pour ce faire, on aspire dans les culs-de-sac péritonéaux
glissé sous la suture utérine. Ce doigt permet de s’assurer le sang et le liquide amniotique et, éventuellement, on remet la
simultanément de l’absence d’interstice créé par un espacement trop femme en position horizontale, voire en position proclive, pour que
grand des points. le sang intrapéritonéal se draine vers le bas.
En cas d’hystérotomie verticale segmentaire, la difficulté réside parfois On vérifie ensuite les annexes.
dans la mise en évidence de l’angle inférieur de l’incision qui peut Le péritoine pariétal est ensuite fermé par un surjet de fil résorbable
avoir filé très bas jusqu’au col et se trouve ainsi caché par la vessie. fin, ou laissé ouvert selon la tendance actuelle. Avant de serrer le
Pour poser correctement le premier point, il faut donc écarter la dernier point, on chasse l’air qui se trouve dans la cavité péritonéale
vessie au moyen d’une valve et s’aider d’un fil tracteur placé sous en pressant sur l’abdomen.
contrôle de la vue le plus bas possible sur les deux berges, dont la Dans l’incision de Pfannenstiel, les muscles droits sont rapprochés
traction permet d’attirer vers le haut l’angle inférieur de l’incision. par deux ou trois points lâches placés sur leur partie inférieure.
On procède à la suture de l’incision selon la même technique L’aponévrose est ensuite fermée à points séparés ou par surjet au
(cf supra). moyen d’un fil résorbable (Vicrylt ou Ercedext…).
Quand il s’agit d’une incision classique corporéale, la suture de l’utérus Dans l’incision de Mouchel, la suture des sections des muscles droits
peut être réalisée en un ou deux plans (fig 19) par des points séparés est inutile car elle est source d’un traumatisme musculaire et
modérément serrés, mais il faut se garder de croire que la suture en n’améliore pas la qualité de la cicatrice.

13
41-900 Césariennes Techniques chirurgicales

Dans l’incision de Joël Cohen où les muscles ne sont pas sectionnés


mais simplement écartés, toute suture musculaire est évidemment 21 Césarienne extrapéri-
tonéale avec un abord par
exclue. incision de Mouchel. 1. Ré-
Quand l’incision est médiane, les muscles sont rapprochés comme flexion du péritoine ; 2.
dans l’incision de Pfannenstiel. La suture aponévrotique est muscle grand droit incisé
particulièrement soigneuse en raison du risque plus grand transversalement ; 3. uté-
d’éventration (il vaut mieux recourir à l’utilisation de points séparés). rus ; 4. vessie.
Le drainage par un drain aspiratif de Redon ne nous paraît pas
justifié de façon systématique. Cependant, si le décollement
musculaire a été assez hémorragique, on peut laisser un drain sous-
aponévrotique et parfois un drain sous-cutané qui sont enlevés au
deuxième ou troisième jour postopératoire.
Le tissu sous-cutané est rapproché par des points séparés, au fil
résorbable fin, placés au niveau du fascia superficialis : on évite ainsi
des dépressions inesthétiques de la cicatrice cutanée et/ou la
perception désagréable de granulomes entourant le matériel de
suture sous-jacent.
Quant à la peau, elle est fermée soit par des agrafes, soit par un
surjet intradermique, cette dernière technique ne nous paraissant pas
avoir un avantage esthétique décisif sur la première. En fait, toute
technique de fermeture de la peau vaut essentiellement par le soin
– présentation transverse ;
qu’on y apporte.
– nécessité d’exploration abdominale ou de chirurgie annexielle ou
de stérilisation ;
Variantes opératoires
– souffrance fœtale aiguë.
CÉSARIENNE EXTRAPÉRITONÉALE
¶ Technique
Toutes les complications infectieuses graves de la césarienne
proviennent de la propagation à la cavité péritonéale des germes La vessie est remplie par du sérum physiologique (300 à 500 mL)
pathogènes qui se développent dans la cavité utérine. Après rupture avec une ampoule de bleu de méthylène.
des membranes supérieure à 6 heures, 90 % des liquides L’ouverture de la peau peut être faite par une incision paramédiane
amniotiques sont bactériologiquement contaminés par des germes gauche car la dissection à gauche de la vessie est plus facile. De
anaérobies associés ou non à des aérobies. L’objectif de la césarienne plus, l’exposition est meilleure que par incision médiane
extrapéritonéale est d’éviter la dissémination des produits infectés sous-ombilicale.
d’origine endo-utérine dans la cavité péritonéale. Il paraît donc L’incision de Pfannenstiel peut causer un allongement du temps
logique, dans certaines situations à très haut risque infectieux, de opératoire ; c’est pourquoi elle est délaissée dans ce type de
privilégier un abord extrapéritonéal. césarienne.
L’objectif de la césarienne extrapéritonéale est d’éviter la C’est l’incision de Mouchel, qui donne un jour très appréciable pour
dissémination du produit infecté d’origine endo-utérine dans la l’extraction fœtale, que nous préférons.
cavité péritonéale, de limiter le risque de réintervention et, en
définitive, de ménager les possibilités reproductrices. ¶ Voie d’abord paravésicale de Norton
Cet abord a été décrit pour la première fois par Waters en 1940 dont Elle est privilégiée.
l’abord du segment inférieur a été fait en supravésical. Latzko et Après ouverture pariétale selon la technique de Mouchel et après
Norton ont décrit une autre approche du segment inférieur en avoir évité soigneusement l’ouverture péritonéale, on pratique un
contournant latéralement la vessie. clivage digital du tissu conjonctif lâche latérovésical gauche amorcé
Williamson [ 2 5 ] a comparé les résultats de la césarienne très latéralement. Ce clivage progresse en haut, en dedans et en
extrapéritonéale avec la césarienne classique chez les patientes arrière sous l’aileron antérieur du ligament large et atteint la face
présumées infectées et a montré qu’il n’y a pas de différence, antérolatérale gauche du segment inférieur.
concluant ainsi que ce type d’intervention a un avantage minime. Pour prévenir les lésions des vaisseaux latéraux de l’utérus, le
Cependant, les travaux de Norton à propos de 160 cas, ainsi que les chirurgien doit palper continuellement cette région para-utérine et
travaux de Randall et de Keetel ont montré que la mortalité la surface de l’utérus.
maternelle était abaissée, mais que la morbidité postopératoire était Une fois que cette surface est repérée au-dessous de la réflexion
pratiquement la même que par voie transpéritonéale [25]. péritonéale, la vessie est dégonflée, l’aide-opérateur, grâce au
Elle peut être indiquée dans le cas de : maniement des valves souples, récline le cul-de-sac péritonéal et la
vessie pour permettre un abord suffisant du segment inférieur.
– patiente en travail depuis plus de 12 heures ou ayant subi de
Après avoir protégé la vessie pour ne pas la blesser, on pratique une
nombreux examens ;
hystérotomie, le plus souvent transversale basse, à 3 cm de la
– patiente en travail avec rupture des membranes supérieure à réflexion du péritoine (fig 21).
6 heures ; Il faut toujours examiner la réflexion péritonéale pour dépister
– infection amniotique patente ; d’éventuelles déchirures qui doivent être réparées par un fil
résorbable.
– absence de contre-indication.
L’hystérotomie est réparée selon la manière habituelle. Une fois que
Certains auteurs ont insisté sur le fait que toute césarienne peut être l’incision utérine est fermée, la vessie est de nouveau remplie par
faite en extrapéritonéale car sa transformation en transpéritonéale du sérum physiologique teinté de bleu de méthylène pour dépister
est facile. Cependant, certaines circonstances rendent cette d’éventuelles brèches vésicales qui seraient passées inaperçues et qui
intervention impraticable : doivent être réparées immédiatement. Dans ce type de césarienne,
– placenta prævia antérieur ; les promoteurs préconisaient un drainage rétrovésical et sous-
aponévrotique : cette pratique nous paraît le plus souvent inutile.
– utérus cicatriciel ; L’aponévrose, le fascia transversalis et la peau sont fermés selon les
– enfant de gros poids (plus de 4 000 g) ; procédés déjà décrits.

14
Techniques chirurgicales Césariennes 41-900

22 Césarienne vaginale.
A. Ouverture médiane du cul-de-sac vaginal antérieur.
B. L’espace vésico-utérin s’ouvre spontanément.

*
A *
B

La sonde vésicale est enlevée le lendemain s’il n’y a pas de brèche Certaines conditions sont impératives :
vésicale, sinon elle doit être laissée 5 à 7 jours.
– absence formelle de disproportion fœtopelvienne (arbitrairement,
Bourgeois et Phaneuf [25] ont modifié la césarienne extrapéritonéale fœtus de poids estimé inférieur à 3 000 g avec bassin cliniquement
selon un nouveau procédé : la libération paravésicale se fait de façon normal) car l’extraction fœtale doit se faire par manœuvres
bilatérale, ainsi la séparation de la vessie du segment inférieur se manuelles ou instrumentales par voie basse ;
fait facilement, tout comme le clivage du péritoine du dôme vésical.
Ricci [25] a présenté aussi certaines modifications : il réalise une – col partiellement dilaté ;
incision transversale du péritoine pariétal, comme dans la procédure – segment inférieur bien amplié.
transpéritonéale, puis il réalise une suture de la berge supérieure du Les suites opératoires sont tout à fait simples, plus simples que celles
péritoine pariétal avec le péritoine viscéral sur la face antérieure du d’une césarienne abdominale ou d’un accouchement laborieux.
segment inférieur, excluant ainsi l’hystérotomie de la cavité
La béance cervico-isthmique secondaire, théoriquement possible, n’a
péritonéale.
pas été confirmée (NP5).
¶ Avantages postopératoires (NP5) Un cas d’endométriose sur la cicatrice vaginale a été observé dans
notre expérience.
– La reprise du transit est plus précoce que celle de la
transpéritonéale. ¶ Technique
– La reprise de l’alimentation se fait aussi précocement selon les On décrit l’opération de Dührssen modifiée par Schauta et rapportée
habitudes de chaque chirurgien. par Lacomme [19].
– Le séjour hospitalier est moindre que celui de la transpéritonéale. L’opérée doit être installée en position de lithotomie, les cuisses très
fléchies sur le bassin, les fesses débordant largement le bord de la
CÉSARIENNE VAGINALE table. Une légère bascule de celle-ci en position de Trendelenburg
Cette intervention, bien que très simple, est curieusement tombée peut faciliter l’éclairement axial du vagin.
dans l’oubli ou fait l’objet d’une certaine réticence d’une partie du Il est confortable de disposer de deux aides ; si l’on dispose d’un
corps médical. seul aide, celui-ci se place à gauche de l’opérateur et l’absence du
Il s’agit pourtant d’une césarienne segmentaire totalement deuxième aide est palliée par l’utilisation d’une valve à poids.
extrapéritonéale pratiquée par voie vaginale, dont les suites Le matériel utilisé est réduit. Il faut disposer de six pinces de
maternelles sont comparables à celles d’un accouchement naturel. Museux, d’un jeu de valves vaginales classiques et d’un jeu de
valves de Schauta qui permettent d’avoir un bon jour sur le segment
¶ Indications inférieur.
Chez une femme en travail dont la dilatation du col n’est pas L’intervention se déroule en plusieurs temps.
avancée, menacée par un risque pathologique grave ou lorsque le
fœtus doit être extrait rapidement, ou lorsque l’on veut éviter le Premier temps : exposition du segment inférieur (fig 22)
traumatisme surajouté du travail sur un fœtus fragile, la césarienne
On procède à une désinfection soigneuse du périnée, du vagin et à
vaginale permet, en levant l’obstacle cervical, d’extraire dans les plus
la mise en place de quatre champs circonscrivant la région
brefs délais, avec un minimum de traumatisme, un fœtus dont
vulvopérinéale. La vessie n’est vidée par sondage que juste avant
l’extraction par voie basse est mécaniquement possible.
l’extraction fœtale. La valve à poids est mise en place et l’aide
Il s’agit par exemple de complications de l’hypertension, d’un introduit la valve vaginale courte pour écarter la paroi antérieure
syndrome hémorragique grave, de rupture prématurée des du vagin, ce qui permet l’exposition du col. L’opérateur fixe deux
membranes avec infection amniotique, d’une procidence du cordon, pinces de Museux de part et d’autre de la ligne médiane sur la lèvre
d’une grossesse multiple, d’une mort fœtale in utero remontant à antérieure du col. À l’aide des ciseaux droits, il incise franchement,
plusieurs jours ou plusieurs semaines. strictement sur la ligne médiane, en progressant vers le haut. On
Cette intervention n’est possible qu’en dehors de toute dystocie voit s’ouvrir spontanément l’espace vaginosegmentaire qui conduit
mécanique prévisible et lorsque les conditions locales s’y prêtent rapidement sur la vessie. Cet espace est agrandi par écartement
(segment inférieur formé). horizontal des ciseaux, puis le décollement vésical est réalisé par

15
41-900 Césariennes Techniques chirurgicales

23 Césarienne vaginale : 24 Césarienne vaginale :


incision segmentaire. suture utérine par points
séparés extramuqueux.

digitoclasie. Une valve de Schauta charge la vessie et facilite la


poursuite du décollement. Il est éventuellement possible de 25 Césarienne vaginale :
fermeture vaginale par
remonter jusqu’à la ligne de solide attache du péritoine, ce qui points séparés.
permet d’exposer le segment inférieur dans sa totalité.
L’exposition large du segment inférieur nécessite le remplacement
de la valve étroite par une valve plus large et très longue. Cette
mise en place peut justifier un complément d’incision vaginale
horizontale.

Deuxième temps : ouverture cervicosegmentaire (fig 23)


L’incision du segment inférieur doit se faire sur la ligne médiane
aux ciseaux droits sous contrôle de la vue et de deux doigts de
l’opérateur glissés en arrière du segment inférieur. Pour ce faire, il
importe d’abaisser progressivement l’angle supérieur de l’incision,
au moyen de deux pinces de Museux symétriquement appliquées
sur les lèvres de la brèche utérine. On remonte aussi haut qu’il est
nécessaire, compte tenu des difficultés prévisibles de l’extraction
fœtale. L’incision peut ainsi varier de 10 à 15 cm.

Troisième temps : extraction fœtale


Les pinces de Museux, puis les valves sont enlevées et l’on précise,
par un toucher profond, la situation exacte du fœtus. Lorsque la
présentation est céphalique engagée, il est possible d’effectuer une
application de forceps aidée par d’éventuels efforts expulsifs. Dans
les autres cas, lorsque la présentation est podalique ou encore La césarienne vaginale est une intervention sûre, rapide, mais non
céphalique mobile, on procède à une extraction du siège, précédée dénuée de complications qui peuvent être de deux ordres et
ou non de version, et qui ne s’avère pas plus difficile que lors d’une résultent toujours d’une erreur d’indication ou de technique :
hystérotomie abdominale. La délivrance assistée n’offre aucune
particularité. L’exploration systématique précise l’absence – les hémorragies s’observent surtout lorsque l’incision du segment
d’extension de l’hystérotomie. inférieur n’est pas strictement médiane ou que le segment inférieur
est mal amplié ;
Quatrième temps : sutures segmentocervicales
– les lésions de la vessie s’observent essentiellement lors du temps
Les deux valves sont remises en place et les bords de la plaie utérine d’extraction fœtale, lorsque l’incision cervicosegmentaire a été
sont abaissés à nouveau par les pinces de Museux jusqu’à exposition insuffisante ; une extension irrégulière de cette incision peut se
de l’angle supérieur. La suture est menée de haut en bas en un plan produire et se propager à la face postérieure de la vessie ; étant
extramuqueux par des points séparés. Le fascia est chargé sans donné que le sondage vésical n’emporte pas la conviction, il ne faut
difficulté. La réparation s’avère facile et rapide car la rétraction de pas hésiter à faire un test au bleu de méthylène pour vérifier
l’utérus réduit de moitié la longueur de l’incision et il est rare que
l’intégrité vésicale.
l’on ait à placer plus de quatre à six points (fig 24, 25).
La reconstitution du « museau de tanche » et la fermeture du vagin CÉSARIENNE-HYSTÉRECTOMIE
ne présentent aucune difficulté. Si le suintement persiste dans le
décollement utérovaginal, une lame ondulée est placée et n’est ôtée Cette technique est détaillée dans l’article « Hystérectomie sur utérus
qu’au bout de 24 heures. gravide » de l’Encyclopédie Médico-Chirurgicale, fascicule 41-905.
En postopératoire, l’alimentation normale est donc reprise le jour
même et le lever peut être quasi immédiat, comme après tout GESTES ASSOCIÉS
accouchement non compliqué. La césarienne peut être associée à une intervention gynécologique.

16
Techniques chirurgicales Césariennes 41-900

¶ Stérilisation tubaire 26 Ligature de l’artère hypogastrique. 1.


Elle ne doit en aucun cas motiver l’opération césarienne, la Artère et veine iliaques externes ; 2. veine
morbidité de celle-ci étant supérieure à celle d’une stérilisation à hypogastrique ; 3. artère hypogastrique ;
distance de la période puerpérale par voie cœlioscopique. 4. uretère.

La ligature des trompes pendant la césarienne est classiquement


associée à un nombre important d’échecs par rapport aux ligatures
en dehors de la grossesse. Cependant, actuellement, Husbands [17] a
trouvé un seul échec dans une série de 400 cas, ce qui est comparable
à la ligature des trompes par voie cœlioscopique loin des
accouchements. Le taux bas d’échec est dû à la performance des
techniques utilisées.
Plusieurs procédés sont utilisés qui sont décrits dans l’article
« Chirurgie de la stérilité tubaire » de l’Encyclopédie Médico-
Chirurgicale, fascicule 41-550.

¶ Myomectomie
En dehors des indications pergravidiques qui restent succès). Il s’agit d’une technique de radiologie interventionnelle qui
exceptionnelles, c’est essentiellement au cours du travail que se pose est décrite dans l’Encyclopédie Médico-Chirurgicale, fascicule
le problème de l’indication thérapeutique, et cela dans trois 5-103-A-10.
circonstances :
Ligature de l’artère utérine
– le myome réalise un obstacle à l’accouchement par son siège
cervical ou isthmique ; Sur une revue de 200 patientes ayant eu une ligature bilatérale des
artères utérines à la suite d’une hémorragie importante, O’Leary [24]
– le myome corporéal est à l’origine d’une dystocie de présentation a trouvé qu’elle est efficace dans 95 % des cas. Son indication
et d’une anomalie contractile ; majeure est l’atonie utérine.
– le myome est découvert seulement lors de la césarienne. Après avoir exposé le ligament large, la ligature est réalisée au fil
Il existe actuellement un consensus (recommandations du CNGOF, résorbable, par un point simple, chargeant l’artère utérine au début
décembre 1999) pour éviter la myomectomie du fait de la majoration de son trajet ascendant au contact du bord latéral de l’utérus en
des complications per- et postopératoires. Il n’est licite de réaliser regard de l’incision d’hystérotomie. Certains auteurs recommandent
une myomectomie que si celle-ci s’avère nécessaire et/ou facile. de prendre 1 à 2 cm de la paroi utérine avec l’artère utérine quand
Dans ce cas, et dans toute la mesure du possible, la myomectomie on réalise la ligature.
suit la césarienne et ne la précède pas. L’aiguille est introduite sur la face antérieure et extraite par la face
Le myome est abordé par l’extérieur et jamais à travers la cavité postérieure, puis dirigée d’arrière en avant dans un espace
utérine, à l’exception des myomes endo-utérins. avasculaire du ligament large. Du fait d’éventuelles anastomoses
entre les artères ovarienne et utérine, une seconde ligature haute est
La technique propre est développée dans l’article « Myomectomie » souvent placée au niveau des ligaments utéro-ovariens en évitant
de l’Encyclopédie Médico-Chirurgicale, fascicule 41-660. de compromettre la vascularisation tubaire.
L’incidence des complications est faible (1 %) et associée à
¶ Kystectomie de l’ovaire l’inexpérience de l’opérateur.
Un kyste ovarien praevia en début de travail est une raison
suffisante pour faire pratiquer une césarienne prophylactique, si l’on Ligature de l’artère hypogastrique
ne peut le refouler par manœuvre vaginale au-dessus du détroit Les branches de la division antérieure de l’artère hypogastrique
supérieur et si son volume paraît constituer un obstacle à la permettent la vascularisation de la majorité des organes du pelvis.
progression fœtale (en pratique, diamètre supérieur à 4 ou 5 cm). Dans le but d’éviter l’hystérectomie, la ligature de ces vaisseaux a
Le plus souvent, le kyste ovarien est en situation abdominale et a été recommandée pour contrôler l’hémorragie obstétricale. La
été découvert lors des échographies prénatales ou, plus rarement, ligature unilatérale de l’artère hypogastrique réduit le débit distal
lors de l’examen systématique des annexes après réalisation de la du sang de 48 % avec une diminution de 85 % de la pression distale
césarienne. après la zone de ligature.
A priori, la nature du kyste ovarien en fin de grossesse peut être Elle est efficace dans 50 % des cas en cas d’hémorragie secondaire à
considérée comme organique et justifie, en cas de césarienne, son une atonie utérine et/ou de placenta accreta, et de loin moins
exérèse élective. Il est en effet le plus souvent possible de conserver efficace en ce qui concerne les déchirures du ligament large et du
une partie du stroma ovarien qui est ensuite apte à fonctionner dôme vaginal.
normalement. On aborde en premier lieu le trépied iliaque droit (fig 26). L’uretère
S’il n’y a pas d’indication de césarienne, il est préférable de revoir la est facilement repéré au-dessous du péritoine pariétal auquel il est
stratégie thérapeutique après le post-partum, sauf s’il y a des adhérent ; il est soigneusement récliné en dedans et isolé par un lacs.
arguments en faveur de la malignité. L’isolement de l’artère est réalisé sur 2 cm depuis son origine et au-
dessus de l’émergence de l’artère fessière. Le seul danger réel est
¶ Ligatures vasculaires représenté par la veine iliaque interne accolée à l’artère en arrière
d’elle. L’artère reçoit une double ligature sans section avec du fil
L’hémorragie per- ou postopératoire résistant au traitement médical résorbable.
conservateur peut justifier le recours soit à l’embolisation artérielle
Le côté gauche présente une difficulté supplémentaire liée à
sélective, soit aux ligatures vasculaires, ou à l’hystérectomie.
l’insertion plus ou moins basse du mésosigmoïde.
L’embolisation artérielle utérine sélective a été proposée depuis Il faut une aspiration continue durant la dissection. La libération de
1979 [11]. Elle nécessite une infrastructure radiologique qui n’est pas l’artère hypogastrique se fait toujours par un dissecteur à angle
toujours présente ou disponible, ce qui en fait la principale limite. droit.
Elle doit être envisagée précocement, ce qui est la meilleure garantie
Quatre pièges peuvent être rencontrés :
de son succès. Elle peut être réalisée même en cas de troubles de la
coagulation. Elle offre l’avantage d’éviter une réintervention et son – la ligature de l’artère iliaque externe, qui est grave, entraînant une
efficacité semble supérieure à celle de la ligature vasculaire (96 % de ischémie des membres inférieurs ; pour éviter cette complication,

17
41-900 Césariennes Techniques chirurgicales

une dissection soigneuse, l’identification des repères anatomiques et – compression de l’aorte ;


la palpation du pouls fémoral avant et après la ligature sont – révision utérine associée à un massage utérin bimanuel tant que
essentielles ; l’utérus n’est pas refermé ; après la suture de l’utérus, le massage
– la déchirure des veines iliaques interne et externe est difficile à du corps utérin, saisi à deux mains, est également efficace ;
réparer, source d’hémorragie compromettant la vie de la patiente ; – injection de produits ocytociques par voie veineuse ou par voie
pour éviter cette complication, le bout du dissecteur doit passer intramurale (Syntocinont, Naladort).
contre l’artère de la partie latérale à la partie médiale et non pas
dans le sens contraire ; L’examen des voies génitales basses avec des valves vaginales doit
être effectué en cas d’hémorragie persistante postopératoire, surtout
– la plaie urétérale peut être évitée en isolant l’uretère et en le si la césarienne a succédé à des tentatives infructueuses d’extraction
basculant en dedans ; fœtale par voie basse.
– l’hématome rétropéritonéal est rencontré si l’hémostase n’est pas Si l’hémorragie persiste malgré ces moyens, on a le choix entre une
adéquate. ligature des artères hypogastriques et/ou utérines ou une
En conclusion, le taux de succès de la ligature de l’artère embolisation sélective du même territoire (moins aisée à mettre en
hypogastrique ne dépasse pas 50 % et le risque de complication pratique du fait des contraintes matérielles). En cas d’échec de ces
sévère associée à l’échec de la ligature et de l’hystérectomie tentatives, il ne faut pas hésiter à réaliser une hystérectomie
conséquente est relativement élevé, d’autant plus que l’embolisation d’hémostase.
artérielle n’est plus possible. Le risque est probablement acceptable
uniquement chez les patientes avec une parité basse qui veulent Plaies intestinales
d’autres grossesses. Chez ces patientes, il faut réaliser d’abord une Les plaies intestinales sont très rares et ne se produisent que lorsqu’il
ligature des artères utérines. S’il y a échec, une ligature des artères existe des adhérences à la paroi.
hypogastriques est alors réalisée. Elles doivent être soigneusement recherchées en cas de libération
Chez les patientes qui ne répondent pas à ces critères, il vaut mieux d’anses digestives.
abandonner la ligature en faveur de l’hystérectomie. Toute adhérence qui ne gêne pas la réalisation de l’hystérotomie ne
doit pas être réséquée avant l’extraction fœtale. Lorsque la plaie est
franche, visible, elle doit être isolée par deux champs intestinaux
Complications imbibés de sérum bétadiné et fixés par une pince atraumatique. La
suture digestive n’est pratiquée qu’après la fermeture de la tranche
MORTALITÉ MATERNELLE d’hystérotomie.
Celle-ci s’est considérablement réduite au fil des années grâce aux
différents progrès techniques, à l’antibiothérapie et à la réanimation. Plaies urinaires
La mortalité maternelle liée directement à la césarienne a été estimée Elles sont moins rares (0,6 %) [22]. Il s’agit essentiellement d’une plaie
en France à 50 pour 100 000 césariennes [4], ce qui entraîne un odds- au niveau du dôme vésical, plus rarement d’une plaie urétérale,
ratio de 2,7 en défaveur de la césarienne par rapport à la voie basse, surtout du côté gauche.
si l’on admet un taux de césarienne de 15 %. Cela signifie que 20 % La plaie vésicale est facilement réparée, si elle est diagnostiquée, par
des décès maternels sont directement dus à la césarienne, une suture soigneuse en un plan extramuqueux au fil résorbable qui
essentiellement du fait des complications hémorragiques et est assurée après la suture de la tranche d’hystérotomie.
emboliques. Une sonde à demeure est laissée en place 7 à 10 jours, en veillant à
L’estimation de la létalité due à la césarienne a été réalisée par sa perméabilité constante. Les suites sont en général excellentes, sans
Welsch (registre de Bavière, données 1983-1992) : elle est de 1/5 000 séquelles. En revanche, la plaie urétérale nécessite souvent
alors que celle de la voie basse est de 1/37 000, ce qui entraîne un l’intervention conjointe d’un urologue. Ces lésions une fois
risque relatif (RR) de 7 (RR × 4 pour césarienne primaire et × 10 reconnues doivent être réparées par un fil résorbable 6.0 sur sonde
pour césarienne en travail). urétérale.
Les plaies urinaires peuvent être parfois découvertes en période
MORBIDITÉ MATERNELLE postopératoire lorsque la patiente est fébrile ou lors de l’apparition
d’une incontinence urinaire ou d’hématurie menstruelle plusieurs
¶ Complications peropératoires mois après l’opération, ou encore de fistule vésicovaginale, surtout
Dans notre expérience (centre hospitalier universitaire de Grenoble, pour les plaies de la face postérieure de la vessie.
1995-1997), elles sont répertoriées dans 9,8 % des césariennes [22].
¶ Complications postopératoires
Complications hémorragiques et/ou traumatiques
Le taux de morbidité postopératoire varie d’un auteur à l’autre (de
Elles sont dues à des facteurs généraux (troubles de la coagulation 10 à 42 %) suivant qu’ils prennent ou non en compte les incidents
et de l’hémostase) ou des facteurs locaux (d’origine placentaire, mineurs qui émaillent très souvent les suites de couches.
utérine, lésions traumatiques) et représentent la très grande majorité Dans notre série [22] , on note une fréquence de complications
des complications peropératoires. postopératoires de 16,8 %.
Le diagnostic précis de l’origine de l’hémorragie doit être réalisé
afin d’adapter un traitement adéquat, la cause la plus fréquente Complications infectieuses
étant une déchirure du segment inférieur par extension de L’infection urinaire est la complication la plus fréquente chez les
l’hystérotomie. patientes césarisées. Elle doit être recherchée systématiquement lors
Le traitement doit comporter : de l’ablation de la sonde urinaire ou lors de toute pyrexie en période
– l’hémostase chirurgicale des lésions utérines ; postopératoire. Elle est majorée en cas d’analgésie péridurale. Sa
fréquence est très variable en fonction de l’application de mesures
– des mesures médicales qui sont du domaine de l’anesthésiste- spécifiques (drainage vésical clos…).
réanimateur dont le rôle est de corriger les désordres de la L’endométrite : l’association pyrexie, lochies sales et nauséabondes,
coagulation connus avant l’intervention, de maintenir une utérus douloureux mal involué est évocatrice. Les prélèvements
hémodynamique correcte et de prévenir l’apparition d’une cervicovaginaux ne permettent pas toujours d’identifier réellement
coagulopathie dont le traitement, une fois qu’elle est installée, est le germe en cause. Elle ne représente pas plus de 5 % des
difficile ; complications lorsque l’on s’astreint à réaliser une antibio-
– des procédés conservateurs avec : prophylaxie systématique [12].

18
Techniques chirurgicales Césariennes 41-900

L’infection pelviabdominale : le tableau clinique le plus habituel est césarienne (avec une fréquence moindre). L’extraction fœtale impose
celui d’une péritonite ou d’une pelvipéritonite d’allure insidieuse, la parfaite connaissance des manœuvres obstétricales pour
associée ou non à un état septicopyohémique où domine la fièvre. minimiser ce risque.
L’infection pariétale : sa fréquence varie de 4 à 8 % [12]. Elle est
soupçonnée vers le quatrième jour après l’intervention devant une Césarienne itérative
fièvre oscillante élevée. L’examen de la cicatrice, indurée et
douloureuse à la palpation, confirme le diagnostic et l’évacuation Ce type de césarienne peut poser à l’opérateur un certain nombre
d’une collection purulente rapidement formée est nécessaire. de problèmes techniques liés à la fibrose des plans et à la distorsion
Il faut retenir que les complications infectieuses consécutives à la des rapports anatomiques. Ces difficultés peuvent survenir à tous
césarienne sont nettement plus fréquentes qu’après un les temps de l’opération, depuis l’ouverture pariétale jusqu’à la
accouchement par les voies naturelles et que ce sont elles qui grèvent fermeture.
le plus la qualité de la guérison (fréquence multipliée par un facteur
de 2 à 5). LAPAROTOMIE
Sauf exception, on doit reprendre la même incision cutanée en
Hémorragies postopératoires réséquant la cicatrice antérieure. Du fait de la difficulté de la
dissection, on recommande d’utiliser la technique de Mouchel qui
Cette complication ne se voit plus que dans environ 1 % des
pose moins de problèmes que celle de Pfannenstiel. L’incision de
césariennes. Il s’agit essentiellement d’hématome de paroi qui
Joël Cohen n’est pas recommandée du fait des adhérences
devrait être évité par la pose adéquate de drainage type Redon.
viscéropéritonéales potentielles.
Le saignement de la tranche d’hystérotomie par hémostase En revanche, si une incision utérine verticale de type
insuffisante entraîne la constitution d’un hématome du ligament segmentocorporéal ou franchement corporéal est envisagée compte
large ou d’un hémopéritoine. tenu des conditions connues de la précédente intervention, ou a
Enfin peut survenir (rarement) une hémorragie secondaire après fortiori si l’ancienne cicatrice est une médiane sous-ombilicale, il
césarienne au 10e-15e jour de l’intervention, due à un lâchage nous paraît préférable de faire la laparotomie par incision médiane.
secondaire de la suture avec nécrose du myomètre. L’ouverture du péritoine doit être extrêmement prudente en
réalisant une boutonnière très discrète et toujours le plus haut
Maladie thromboembolique
possible vers l’ombilic.
Elle est devenue classiquement très rare depuis l’utilisation En effet, deux types d’accidents guettent l’opérateur imprudent :
systématique de la prévention par héparine à bas poids moléculaire
– la blessure de la vessie : il faut reconnaître que la vessie peut
(moins de 1 %).
remonter jusqu’à mi-hauteur, rarement plus, de la distance
Dans notre série [ 2 2 ] , on a retrouvé 0,4 % de complications ombilicopubienne ;
thromboemboliques malgré une prévention systématique.
– la blessure de l’intestin grêle, totalement imprévisible : l’ouverture
Complications digestives péritonéale doit être réalisée très progressivement en palpant
soigneusement, entre pouce et index, l’épaisseur du péritoine qui
En dehors de l’iléus fonctionnel postopératoire dont le traitement n’est souvent que discrètement épaissi par une adhérence intestinale
médical est bien codifié, la survenue d’une occlusion semble plutôt très aplatie.
le fait des césariennes corporéales ou segmentocorporéales car elles
exposent à un risque plus grand d’adhérences intestinales. ABORD ET OUVERTURE DU SEGMENT INFÉRIEUR
Une revue systématique de la Cochrane Collaboration démontre Le cul-de-sac vésico-utérin étant en général ascensionné, le segment
l’absence de nocivité de la réalimentation liquidienne précoce (NP2). inférieur prend alors contact avec la vessie sur une plus grande
hauteur.
Complications diverses L’incision du péritoine présegmentaire est réalisée très haut au
Les troubles psychiatriques ne sont pas fréquents, mais un syndrome niveau du pli de réflexion.
dépressif transitoire et bénin se développe assez souvent, d’autant Le décollement vésical doit être mené avec la plus grande prudence
plus que la césarienne a été faite prématurément et qu’il y a transfert aux ciseaux atraumatiques courbes, à bout mousse, la concavité
du nouveau-né en réanimation infantile. tournée vers le segment inférieur. La libération se fait millimètre par
L’embolie gazeuse et l’embolie amniotique sont très rares, mais de millimètre, par section des adhérences fibreuses et non par essai de
pronostic sombre. Elles se caractérisent par une défaillance clivage en force.
cardiocirculatoire et respiratoire gravissime associée à des troubles Il faut repérer le niveau de l’ancienne cicatrice ; on note parfois un
neurologiques. amincissement fibreux avec des aspects stellaires disposés selon une
ligne plus ou moins régulière représentant la cicatrice qui est le plus
¶ Morbidité néonatale souvent en légère dépression par rapport au segment avoisinant.
L’ouverture est alors extrêmement facile ; elle est prolongée
Il existe une morbidité directement liée à l’indication de la
obligatoirement aux ciseaux et l’on doit s’abstenir formellement de
césarienne (souffrance fœtale aiguë ou chronique...).
la divulsion digitale qui entraînerait des déchirures irrégulières en
Les conséquences propres de la césarienne sur l’adaptation tous sens, difficiles ensuite à réparer.
néonatale sont maintenant bien connues. Il existe une augmentation Il est habituellement conseillé de réséquer l’ancienne cicatrice de
de la fréquence de la détresse respiratoire idiopathique expliquée façon à retrouver du muscle sain, ce qui garantit la qualité de la
par la stagnation du liquide pulmonaire. En effet, l’accouchement réparation.
par césarienne court-circuite le véritable essorage physiologique que
C’est lors de ces césariennes itératives que l’on observe le plus
représente le passage du fœtus à travers la filière pelvigénitale. Il
souvent des déchirures utérines au-delà de l’incision, par extension
s’agit cependant d’une complication mineure dont la fréquence se
de celle-ci lors de l’extraction fœtale.
situe actuellement aux alentours de 5 % et dont la guérison est
spontanée dans la majorité des cas. Elles intéressent les bords utérins dans les incisions transversales ou
le col utérin dans les incisions longitudinales.
L’incidence de la détresse respiratoire est plus faible en cas de
césarienne réalisée en cours de travail qu’en cas de césarienne PÉRITONISATION
prophylactique. Lorsque l’étoffe péritonéale recouvrant la vessie est réduite à deux
Enfin, il ne faudrait pas croire que la césarienne évite tout lambeaux totalement séparés ou réunis par un mince tractus
traumatisme fœtal : toutes les complications traumatiques décrites péritonéal, la reconstitution du cul-de-sac vésico-utérin nécessite une
après accouchement par voie basse le sont également après véritable intervention plastique dont l’utilité est controversée.

19
41-900 Césariennes Techniques chirurgicales

Une fois les deux lambeaux péritonéaux isolés, le péritoine pariétal conséquent, il n’y a pas de limites au nombre de césariennes
paraît se continuer avec la lèvre supérieure du péritoine viscéral ; il itératives strictement segmentaires (NP3).
faut repérer le rebord séreux et exclure la suture utérine sous- Un nombre important de césariennes peut être effectué si la femme
jacente par des points placés de proche en proche. le désire et si la qualité de la cicatrice utérine le permet.
En fait, la tendance actuelle à ne plus péritoniser offre une solution La qualité de la cicatrice peut être vérifiée par hystérographie avant
de facilité pour éviter ce temps opératoire, d’autant plus volontiers d’autoriser une nouvelle grossesse, en cas de complications per- et
que les sutures peuvent être sous tension et aboutir à des distorsions postopératoires [1] . En son absence, l’échographie du segment
génératrices d’algies postopératoires. inférieur peut apporter une information sur son épaisseur dont la
Avant la fermeture, il faut compléter la section des adhérences signification clinique reste cependant à évaluer.
épiploïques et vérifier soigneusement les anses grêles qui ont été
libérées initialement.
Conclusion
FERMETURE DE LA PAROI
Les plans aponévrotiques sont ensuite soigneusement avivés, de Il n’y a pas de technique standard de la césarienne.
façon à réaliser une reconstruction anatomique en tissu sain le plus Il est nécessaire de s’adapter à chaque cas particulier et, par conséquent,
soigneusement possible. de bien connaître toutes les variantes techniques de l’intervention.
Cependant, il faut bien reconnaître que, dans la très grande majorité des
COMBIEN DE CÉSARIENNES PEUT-ON PRATIQUER ? cas, l’intervention se fait selon les principes suivants : abord abdominal
Le dogme de la stérilisation tubaire après trois césariennes repose par une incision transversale, de préférence selon Mouchel ou Joël
sur l’hypothèse d’une cicatrice utérine défectueuse augmentant le Cohen ; hystérotomie par incision segmentaire transversale.
risque de rupture utérine. Il n’existe aucune preuve formelle en Il est toutefois utile de connaître la possibilité de l’abord abdominal
faveur de ce risque. En fait, les études disponibles semblent extrapéritonéal, de l’abord vaginal et d’être parfaitement apte à réaliser,
démontrer que le risque de rupture d’un utérus multicicatriciel n’est en cas de complication, les diverses ligatures vasculaires, voire
pas supérieur à celui d’un utérus monocicatriciel et que, par l’hystérectomie.

Références
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20
Encyclopédie Médico-Chirurgicale 41-898

41-898

Déchirures obstétricales récentes


O Parant
JM Reme
X Monrozies
Résumé. – Les déchirures obstétricales surviennent dans 20 à 60 % des accouchements par voie basse et
sont considérées comme sévères dans 2 à 8 % des cas. Les principaux facteurs de risque sont les extractions
instrumentales, le poids de naissance élevé, la nulliparité, le travail prolongé et l’épisiotomie médiane. Leur
description et leur mode de réparation n’ont pas fondamentalement changé ces dernières années. On
s’intéresse davantage aux séquelles lointaines ainsi qu’aux lésions sphinctériennes et nerveuses infracliniques
à périnée intact. Les techniques de réparation chirurgicale sont décrites. Le pronostic fonctionnel à court
terme des déchirures périnéales dépend de leur reconnaissance et de la qualité de leur réparation immédiate.
À long terme, les séquelles fonctionnelles anorectales sont fréquentes. Les mesures préventives sont
essentielles et comprennent une bonne conduite de l’accouchement (raccourcir la deuxième phase du travail,
proscrire l’épisiotomie médiane, limiter les manœuvres dangereuses et les extractions instrumentales …) et la
pratique d’une épisiotomie adéquate. L’épisiotomie médiolatérale, qui a notre préférence, réduit la fréquence
des déchirures périnéales sévères immédiates. Elle n’évite cependant pas les lésions sphinctériennes
anorectales et aucune étude ne permet actuellement d’évaluer à long terme ses bénéfices sur les troubles de la
statique pelvienne ou de la continence.
© 2001 Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS. Tous droits réservés.

Mots-clés : périnée, complication de l’accouchement, déchirures, sphincter anal, technique chirurgicale.

Introduction s’observent en effet au cours du premier accouchement qui joue un


rôle déterminant dans la survenue ultérieure d’un trouble de la
Les déchirures obstétricales, observées dans 20 à 60 % des statique pelvienne ou d’une incontinence. L’incidence des déchirures
accouchements, constituent une préoccupation quotidienne des périnéales sévères serait deux à dix fois supérieure chez la
obstétriciens. Leur description et leur mode de réparation n’ont pas primipare. Les dégâts sont cumulatifs et la fréquence globale de
fondamentalement changé ces dernières années. En revanche, on l’incontinence augmente avec l’âge et la parité. Lorsque les
s’intéresse davantage aux séquelles lointaines ainsi qu’aux lésions accouchements se sont accompagnés de déchirures non ou mal
infracliniques (nerveuses, aponévrotiques ou sphinctériennes). Les réparées, cette corrélation n’existe plus et le prolapsus (ou
déchirures périnéales sévères sont heureusement rares et l’incontinence urinaire d’effort [IUE]) apparaît plus précocement. Le
surviennent en moyenne dans 2 à 8 % des accouchements par voie périnée de la multipare peut lui aussi être fragilisé par une déchirure
basse. Certaines séries anglo-saxonnes rapportent des fréquences antérieure réparée ou par une cicatrice d’épisiotomie ; il se constitue
nettement plus élevées, atteignant 23,9 % [27]. Après avoir rappelé les un « bloc cicatriciel » exposant la patiente à une nouvelle déchirure.
principaux facteurs de risque, nous envisageons les différentes
présentations cliniques et les modalités de prise en charge. ¶ Texture du périnée
– Le périnée peut être trop fragile ; soit œdématié par un travail
prolongé, des touchers répétés ou une toxémie gravidique, soit
Facteurs de risque constitutionnellement fragile, en particulier chez les femmes rousses.
Les facteurs de risque sont de trois ordres [18]. – À l’inverse, un périnée trop résistant, se laissant mal distendre
par le mobile fœtal, comme les périnées cicatriciels ou celui de la
FACTEURS MATERNELS primipare âgée et, exceptionnellement dans nos régions, le périnée
des femmes ayant subi une infibulation ou une excision rituelle est
¶ Primiparité également exposé aux déchirures.
Le périnée de la primipare est moins souple car il n’a pas encore été
distendu. Soixante-quinze pour cent des déchirures obstétricales ¶ Conformation du périnée
– Il en est de même des périnées hypoplasiques. Il a en effet été
montré qu’une distance entre l’anus et le bord inférieur de la
Olivier Parant : Praticien hospitalier. symphyse pubienne inférieure à 5 ou 6 cm expose la parturiente à
Jean-Michel Reme : Professeur des Universités, praticien hospitalier.
Xavier Monrozies : Professeur des Universités, praticien hospitalier.
une déchirure grave malgré une épisiotomie préventive. Pour
Fédération de gynécologie-obstétrique, hôpital La Grave, place Lange, 31052 Toulouse cedex, France. Musset, une distance anopubienne inférieure à 4 cm est une

Toute référence à cet article doit porter la mention : Parant O, Reme JM et Monrozies X. Déchirures obstétricales récentes. Encycl Méd Chir (Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS, Paris, tous droits réservés), Techniques
chirurgicales – Gynécologie, 41-898, 2001, 7 p.
41-898 Déchirures obstétricales récentes Techniques chirurgicales

indication de césarienne prophylactique [17]. Cette distance doit l’ont démontré plusieurs études de cohortes [1, 2, 3, 9, 14, 22, 23, 27]. Le
théoriquement être mesurée en dehors de la grossesse, ce qui est risque de déchirure du deuxième ou du troisième degré serait ainsi
rarement fait en pratique. augmenté d’un facteur 2 à 3. L’épisiotomie médiolatérale aurait en
– Un périnée anormalement distendu du fait d’une anomalie revanche un effet protecteur (cf infra) [1, 19].
osseuse sous-jacente, comme dans l’exceptionnelle luxation
congénitale bilatérale des hanches, qui entraîne un étirement ¶ Analgésie péridurale
périnéal par écartement des branches ischiopubiennes, est exposé L’analgésie péridurale et l’allongement de la deuxième partie du
aux déchirures. De la même manière, le périnée postérieur peut être travail ont également été incriminés par certains auteurs [3, 8, 19] ; ces
mis en tension du fait d’une ogive pubienne étroite, obligeant le deux facteurs étant probablement liés entre eux et avec le taux
fœtus à occuper la portion postérieure de l’excavation pelvienne. d’extractions instrumentales.

FACTEURS FŒTAUX ¶ Position de la parturiente


La position de la parturiente lors de l’accouchement peut enfin avoir
¶ Excès de volume fœtal
un rôle favorisant. Le risque de déchirure périnéale sévère semble
Il fait craindre une déchirure périnéale lors du dégagement de la majoré (multiplié par 7) dans les accouchements debout
tête ou de l’épaule postérieure car le diamètre biacromial est souvent comparativement aux accouchements assis [9].
important chez les fœtus macrosomes (surtout lorsque le poids de
naissance dépasse 4 000 g).
Formes anatomocliniques
¶ Présentations
Certaines présentations peuvent être à l’origine de lésions périnéales Les déchirures obstétricales récentes comprennent les lésions
du fait d’une mauvaise accommodation ; c’est le cas : périnéales proprement dites mais également des déchirures
vulvaires, vaginales ou cervicales fréquemment associées. La
– des présentations occipitosacrées où le diamètre de dégagement fréquence de ces lésions associées justifie la pratique systématique
fronto-occipital (12,5 cm), supérieur à celui d’une présentation d’un bilan rigoureux nécessitant souvent un examen sous valve,
occipitopubienne, aborde le périnée avec un angle inadéquat ; avant de réparer une déchirure périnéale.
– des présentations de la face ;
– des présentations du siège, où le dégagement de la tête est DÉCHIRURES PÉRINÉALES RÉCENTES
souvent brutal.
Il est classique de distinguer les déchirures ouvertes et les déchirures
¶ Accouchements rapides fermées sortant théoriquement du cadre de la question. Concernant
les déchirures ouvertes, la classification française distingue trois
Les accouchements très rapides, en « boulet de canon », souvent degrés lésionnels. C’est celle que nous utilisons pour la suite de
d’un enfant de petit volume, entraînent une distension brutale du l’exposé [17, 18]. Les Anglo-Saxons utilisent une classification selon
périnée par une présentation souvent mal fléchie dont les diamètres quatre degrés lésionnels [6]. Cette différence de terminologie peut être
sont augmentés. Celui-ci n’a pas le temps de s’assouplir et de à l’origine de confusion dans la lecture des publications anglo-
s’amplier, et risque de se déchirer lors de sa mise en tension. saxonnes. Le tableau I rend compte de la correspondance entre les
deux classifications.
FACTEURS OPÉRATOIRES
¶ Déchirures simples, incomplètes ou du premier degré
¶ Extractions instrumentales (fig 1)

Les manœuvres instrumentales sont d’autant plus traumatisantes Elles intéressent la peau anovulvaire, les muscles superficiels du
pour le périnée qu’elles sont brutales, que la présentation est haute, périnée et la muqueuse vaginale en respectant le sphincter anal.
que la prise est asymétrique (dégagement en oblique), que les tissus Elles débutent au niveau de la fourchette vulvaire et peuvent
sont œdématiés et que l’on effectue une grande rotation de la s’étendre sur un côté ou sur les deux côtés du vagin, formant alors
présentation [5, 6]. Le forceps constitue dans toutes les séries un une plaie triangulaire irrégulière, ou vers le bas en direction du
facteur de risque indépendant de déchirures périnéales sévères ou sphincter anal. Par ordre croissant de gravité, on distingue trois
d’incontinence anale [3, 4, 24, 25]. Les forceps à branches parallèles sont subdivisions [17] :
souvent responsables de déchirures en « rail ». La ventouse apparaît – seules la peau et la muqueuse vaginale sont déchirées au niveau
moins traumatisante pour le périnée que le forceps comme l’ont de la fourchette ;
montré des études randomisées récentes [24]. Il n’existe pas d’études
comparatives randomisées entre spatules et forceps. – le muscle bulbocaverneux et la partie ventrale du centre tendineux
du périnée sont atteints ;
Dans notre expérience, les déchirures sévères du périnée (deuxième
et troisième degré) représentent 0,6 % des accouchements. Elles sont
observées trois fois sur quatre après extraction instrumentale Tableau I. – Correspondance des classifications française et anglo-
(spatules) [18] . L’épisiotomie doit être systématique lors d’une saxonne des déchirures périnéales.
extraction par spatules.
Classification française Classification
Lésions
classique anglo-saxonne
¶ Manœuvres obstétricales
Cutanéomuqueuses (fourchette 1er degré
La manœuvre de Jacquemier ou la grande extraction du siège vulvaire) Déchirure simple, incomplète
(1er degré)
provoque une distension périnéale trop rapide et trop précoce qui Muscle bulbocaverneux
peut être préjudiciable. Centre tendineux du périnée 2e degré

¶ Épisiotomie médiane Spincter anal Déchirure complète (2e degré) 3e degré

Muqueuse du canal anal Déchirure complète 4e degré


La réalisation d’une épisiotomie médiane est fortement corrélée à la compliquée (3e degré)
survenue de déchirures périnéales sévères chez la primipare, comme

2
Techniques chirurgicales Déchirures obstétricales récentes 41-898

1 Déchirure périnéale du 3 Déchirure périnéale du


premier degré (simple). troisième degré (complète
compliquée).

4 Déchirure centrale du
périnée.

2 Déchirure périnéale du
deuxième degré (complète).
En cartouche : déchirure
du sphincter externe.

– le centre tendineux du périnée est complètement rompu. Le


sphincter anal intact est perceptible au toucher rectal (l’index en supérieur de la plaie digestive remontant en général jusqu’à 2 à 3 cm
« crochet » le fait saillir). La tonicité du sphincter n’est pas toujours de la marge anale. La déchirure anale a la forme d’un « V » à pointe
évidente à apprécier chez une patiente sous péridurale. supérieure et ne pose pas de problème diagnostique. La déchirure
vaginale associée est souvent plus étendue en hauteur.
¶ Déchirures périnéales complètes ou du deuxième
¶ Cas particuliers
degré (fig 2)
En plus des déchirures précédemment décrites, le sphincter externe Déchirure centrale du périnée (fig 4)
de l’anus est atteint. La rupture est latérale et s’arrête au niveau de Cette forme anatomique est rare [17] et se voit lorsque la tête vient
la marge anale. L’espace pelvirectal est béant, avec des lésions buter au milieu du périnée lors de l’expulsion. Il s’agit d’une
vaginales importantes, souvent bilatérales. Les plis radiés de l’anus déchirure périnéale oblique, respectant un point cutané vers le vagin
sont effacés, l’extrémité latérale du sphincter n’est pas visualisable et vers le rectum. Elle se rencontre lors des présentations du bregma
car rétractée dans sa gaine alors que l’extrémité médiale est ou de la face.
facilement visualisée. Le toucher rectal s’assure de l’intégrité de la
paroi digestive, seule structure séparant alors vagin et canal anal. Déchirure sur épisiotomie

¶ Déchirures périnéales complètes compliquées Dans l’épisiotomie médiolatérale, elle complique une incision
incomplète ou insuffisante, n’ayant que partiellement sectionné le
ou du troisième degré (fig 3)
muscle releveur. La déchirure débute au niveau du muscle
Dans ces déchirures, la paroi anale est rompue, mettant directement bulbocaverneux, part à 90° du trajet de l’épisiotomie pour se diriger
en communication vagin et rectum (atteinte de la cloison vers le sphincter strié de l’anus, qu’elle va rompre. Dans
rectovaginale et de la muqueuse anale). L’anus est béant et forme l’épisiotomie médiane, elle prolonge le trajet de l’incision, atteignant
avec le vagin un véritable cloaque. Le toucher rectal évalue le niveau le sphincter de manière quasi systématique.

3
41-898 Déchirures obstétricales récentes Techniques chirurgicales

Déchirure fermée (occulte)


5 Déchirure vulvaire.
Il peut exister des lésions périnéales sous-jacentes importantes dites
« à périnée intact », c’est-à-dire sans déchirure cutanéomuqueuse
(périnée « cache-misère »). En effet, il a été bien établi que les
structures musculoaponévrotiques sont les premières à céder.
Lorsqu’il y a rupture, elle intéresse chronologiquement les structures
musculaires, puis le vagin et enfin la peau. L’existence d’éraillures
vaginales isolées doit donc toujours faire suspecter l’existence de
lésions périnéales sous-jacentes qui peuvent affecter les muscles,
l’aponévrose périnéale, le centre tendineux du périnée ou l’appareil
sphinctérien anal. La particulière gravité de ces lésions provient de
la difficulté du diagnostic immédiat et des possibilités
thérapeutiques nulles à distance. Le périnée perd sa tonicité et son
élasticité du fait de la sclérose cicatricielle, la vulve devient béante
aux dépens du périnée postérieur, le testing périnéal est déficitaire
et la rééducation périnéale ne permet pas, à ce stade, une guérison
complète car les lésions sont constituées.

DÉCHIRURES DU SPHINCTER ANAL


Les lésions sphinctériennes anales d’origine obstétricale ont été
récemment évaluées par d’importantes séries prospectives et font
l’objet de nombreuses publications [3, 4, 8, 24, 26]. Il faut distinguer les
lésions ouvertes déjà évoquées dans le chapitre précédent et les
lésions occultes, trois fois plus fréquentes, de diagnostic difficile.
– les déchirures nymphéales : il s’agit le plus souvent d’une éraillure
Dans l’accouchement dit « normal » de la primipare, l’incidence des superficielle d’une petite lèvre, mais parfois d’une lésion plus
lésions sphinctériennes occultes de novo dépistées par l’échographie sévère : déchirure transfixiante ou désinsertion ; ces lésions peuvent
endorectale varie de 18 à 35 % selon les séries. Les lésions intéressent fuser jusqu’à la face interne des grandes lèvres.
essentiellement le sphincter externe (secteur antérieur). Les facteurs
de risque individualisés sont l’application de forceps, la survenue Dans le cas particulier des patientes ayant subi des mutilations
d’une déchirure périnéale sévère, la réalisation d’une épisiotomie rituelles (excision, infibulation), les déchirures sont quasi
médiane, la pauciparité, l’allongement de la deuxième phase du systématiques, même avec une épisiotomie, et de réparation le plus
travail et dans certaines études, le recours à l’analgésie péridurale souvent aisée. Elles ne constituent pas un obstacle à l’accouchement
[3, 4, 19, 25, 28]
. Neuf à 13 % des parturientes développent des urgences par voie vaginale.
défécatoires et/ou une incontinence anale de novo ; seulement 45 %
des femmes incontinentes ont des lésions sphinctériennes [3, 28]. ¶ Déchirures vaginales
L’application de forceps a des conséquences délétères marquées Elles sont rarement isolées. Elles accompagnent le plus souvent une
avec, pour Sultan, 81 % de déchirures échographiques et 38 % de déchirure périnéale, sont toujours postérieures et parfois bilatérales,
symptômes défécatoires (versus 21 % et 4 % dans le groupe ou fusent à partir d’une épisiotomie au cours d’une extraction
contrôle) [26] . L’épisiotomie ne protège pas contre les lésions instrumentale. Leur réparation est le premier temps du traitement
sphinctériennes. des déchirures obstétricales.
En cas de déchirure périnéale complète ou compliquée, le pronostic Les déchirures hautes, du dôme vaginal, sont exceptionnelles. Elles
fonctionnel à moyen et long termes reste réservé ; malgré la sont dues, soit à un traumatisme instrumental, soit à une déchirure
réparation immédiate, 85 % des patientes ont une atteinte cervicale qu’elles prolongent. Elles nécessitent un bilan soigneux, en
échographique résiduelle du sphincter anal. Quarante-sept à 50 % milieu chirurgical. Si la lésion reste sous-péritonéale, sans rupture
d’entre elles présentent des manifestations d’incontinence ou utérine associée, elle peut être suturée par voie basse. S’il existe une
d’impériosité persistantes [ 2 5 ] . Vingt ans après une rupture rupture utérine associée, il faut alors réaliser une laparotomie.
obstétricale du sphincter anal reconnue et réparée immédiatement,
les symptômes proctologiques sont trois fois plus fréquents que dans
un groupe témoin [12]. Plus d’un quart des patientes présentent une DÉCHIRURES CERVICALES (fig 6)
incontinence anale. Comme les déchirures vaginales hautes, elles nécessitent un bilan
rigoureux. Il s’agit le plus souvent de déchirures cervicales isolées,
DÉCHIRURES VULVAIRES ET VAGINALES sous-vaginales. Seules les déchirures hémorragiques nécessitent une
suture.
¶ Déchirures vulvaires (fig 5) Parfois, il s’agit d’exceptionnelles déchirures hautes favorisées par
Les déchirures vulvaires sont, soit associées à une épisiotomie ou un travail long avec œdème cervical ou par les manœuvres
une déchirure périnéale et sont alors superficielles, soit isolées, sur d’extraction avant dilatation complète. Elles peuvent se compliquer
périnée intact, et sont volontiers plus profondes et hémorragiques. de volumineux hématomes pelviens fusant dans le ligament large
En effet, les lésions périnéales protègent la vulve. On distingue : ou bien réaliser de véritables ruptures utérines, par propagation vers
le corps utérin.
– les déchirures hyménéales, pratiquement constantes chez les
primipares ; la destruction complète de l’hymen, à l’origine des
caroncules myrtiformes, ne s’effectue qu’au cours du premier FORMES COMPLIQUÉES (COMPLICATIONS IMMÉDIATES
accouchement ; ET PRÉCOCES)

– les déchirures clitoridiennes, latérales, pouvant intéresser le ¶ Hémorragie


capuchon ou le frein clitoridien ; ces lésions sont hémorragiques, le
plus souvent unilatérales ; elles peuvent fuser en arrière vers la Elle est en général due à une hémostase insuffisante. Les pertes
région périméatique de l’urètre ; il est alors nécessaire de cathétériser sanguines sont souvent sous-estimées et peuvent être très
l’urètre pour le repérer lors de la réparation chirurgicale ; importantes. Le bilan lésionnel initial est essentiel afin de ne pas

4
Techniques chirurgicales Déchirures obstétricales récentes 41-898

6 Déchirure cervicale.
A. Déchirure sous-vaginale isolée.
B. Déchirure cervicale haute.

*
A *
B

méconnaître l’étendue de la déchirure vaginale (en particulier l’angle Technique de réparation


supérieur) dont la suture constitue le premier temps chirurgical.
Comme pour l’épisiotomie, la suture précoce est essentielle pour
prévenir l’anémie du post-partum. Nous préconisons la délivrance BILAN DES LÉSIONS ET INSTALLATION
dirigée (5 unités de Syntocinont en intraveineuse directe lors du L’examen systématique du périnée, du vagin et du col, après la
dégagement des épaules) qui permet une délivrance plus rapide et délivrance, doit être systématique afin d’établir un inventaire précis
moins hémorragique. Il est également possible de pratiquer une des lésions à traiter. Cet examen nécessite une bonne analgésie et
délivrance artificielle avec révision utérine de principe, chez les une exposition correcte : patiente installée en position gynécologique
patientes bénéficiant d’une analgésie péridurale, afin de débuter sur table, vessie vidée, utilisation de valves, éclairage adapté. Un
plus rapidement la réparation. Enfin, l’hémostase élective à la pince, aide est souvent utile.
d’un vaisseau qui saigne en « jet », permet de réduire les
Le bilan périnéal et vulvaire est facile. Dans tous les cas, il faut
déperditions sanguines avant la réalisation de la suture chirurgicale.
s’aider du toucher rectal. Le dôme vaginal et le col sont plus
difficiles à examiner. Le toucher vaginal évalue la limite supérieure
¶ Hématome périgénital ou puerpéral
d’une déchirure vaginale, explore les culs-de-sac et le col à la
(thrombus génitaux) [13] recherche d’une brèche. Il est complété par l’inspection des culs-de-
Il s’agit d’une collection sanguine siégeant dans le tissu cellulaire de sac vaginaux. Il faut explorer les quatre culs-de-sac, en s’aidant pour
la vulve, du vagin ou du paramètre et ayant tendance à diffuser cela d’une valve vaginale et d’un tampon monté sur une pince.
sans aucune tendance spontanée à l’hémostase. Le point de départ L’examen du col est souvent plus facile en saisissant la lèvre
est le plus souvent une rupture vasculaire vulvovaginale (veines antérieure et la lèvre postérieure dans une pince de Museux.
vulvovaginales, bulbe vestibulaire). Dans le cadre des déchirures Il faut réparer dans l’ordre : les déchirures cervicales et du dôme
périnéales, ils sont d’apparition précoce et peuvent être vulvaires, vaginal, les déchirures vaginales, les lésions périnéales puis les
vaginaux ou sous-périnéaux. En cas d’hématome volumineux, de lésions vulvaires.
constitution rapide ou compliquée, le traitement doit être
rapidement interventionniste (drainage chirurgical, embolisation). Il
[6, 11, 17, 20, 28]
est médical dans les autres cas. RÉPARATION DES DÉCHIRURES PÉRINÉALES

¶ Douleur postopératoire ¶ Réparation des déchirures du premier degré

C’est la complication la plus fréquente, mais les douleurs ne Elle s’apparente à la réfection des épisiotomies. Mais ici, les berges
semblent pas plus importantes qu’après une épisiotomie [23]. Ces tissulaires sont contuses et l’on résèque d’éventuels lambeaux mal
phénomènes douloureux sont souvent dus à un simple œdème, vascularisés. Pour l’ensemble des sutures périnéales, nous utilisons
régressant facilement sous traitement médical, ou à de petites le Vicrylt rapide (polyglactine 910), fil tressé résorbable, copolymère
éraillures négligées au niveau des petites lèvres et de la région d’acide lactique et d’acide glycolique. Le premier temps de réfection
clitoridienne, qui rendent les mictions du post-partum douloureuses. est le plan vaginal. Nous l’effectuons par un surjet de Vicrylt rapide
Un hématome requérant un drainage chirurgical doit cependant être déc 3,5 (anciennement 0). Il est essentiel de bien suturer l’angle
éliminé. supérieur de la déchirure, afin d’obtenir une hémostase parfaite. La
suture vaginale est menée jusqu’à l’anneau hyménéal, qui constitue
¶ Infection un repère important pour la symétrie. Le deuxième temps est le
rapprochement des muscles périnéaux. Nous le réalisons par points
Elle est favorisée par un hématome qui se surinfecte ou la présence séparés, simples ou en « X », au Vicrylt rapide déc 4 (anciennement
d’un point transfixiant le rectum. L’infection est responsable d’un 1). L’absence de point transfixiant est vérifiée par le toucher rectal.
lâchage des sutures dont le traitement initial relève de la cicatrisation Le troisième temps consiste à suturer la peau du périnée par points
dirigée. Une éventuelle reprise chirurgicale à distance peut être séparés de Blair-Donatti au Vicrylt rapide, déc 3 ou 3,5
effectuée. Les cellulites graves à point de départ périnéal ont été (anciennement 00 ou 0). Certains auteurs ont proposé, avec de bons
décrites, mais restent exceptionnelles. Un abcès doit être évacué puis résultats sur de courtes séries, d’utiliser pour le plan cutané de la
traité par soins locaux. colle biologique [21] ou de ne pas le suturer [10].

5
41-898 Déchirures obstétricales récentes Techniques chirurgicales

sont ceux d’une déchirure du deuxième degré. Cette réparation est


conduite sous antibioprophylaxie (céphalosporine de première
génération ou bien ampicilline + acide clavulanique).
Les principales erreurs à éviter sont les suivantes.
– Installation incorrecte (mauvais éclairage, mauvaise exposition,
mauvaise analgésie …) ; il ne faut pas hésiter à effectuer la
réparation des déchirures complexes au bloc opératoire avec un aide
opératoire si possible. Ne pas oublier que le pronostic fonctionnel
7 Réparation des déchi-
rures du deuxième degré :
des déchirures périnéales dépend de leur reconnaissance immédiate
suture du sphincter externe et de la qualité de leur réparation.
de l’anus. – Mauvaise suture de la partie supérieure des plaies vaginales, siège
En cartouche : technique
fréquent d’un petit saignement artériolaire. Les plaies vaginales
de suture.
peuvent être bilatérales ou s’étendre vers le fornix latéral et même
remonter plus haut vers le méat urétral. Le bilan lésionnel doit être
systématique et complet avant de débuter la réparation. Une suture
incomplète favorise le passage des lochies dans l’espace sous-
vaginal et donc l’infection secondaire. Pour la même raison, il est
déconseillé de drainer l’espace paravaginal [20].
– Embrochage du rectum dans la suture du plan musculaire
périnéal. C’est l’erreur la plus fréquente du débutant qui justifie la
réalisation systématique d’un toucher rectal de contrôle.
– Mauvaise « prise » du faisceau latéral du sphincter externe, qui
tend à se rétracter dans sa gaine. À l’inverse, une dissection trop
profonde des extrémités sphinctériennes peut fragiliser la suture
musculaire.
– Suture trop superficielle de la paroi anale dans les déchirures
compliquées. Suturer uniquement la muqueuse sans prendre les
fibres du sphincter interne expose au risque de lâchage muqueux et
de suppuration secondaire.
– L’opérateur débutant ne doit pas hésiter à faire appel à un
praticien plus expérimenté en cas de réparation sphinctérienne jugée
délicate. Il a même été suggéré par certains auteurs de différer une
réparation sphinctérienne complexe imposant le recours à un
spécialiste en chirurgie coloproctologique.

RÉPARATION DES LÉSIONS ASSOCIÉES


Les déchirures vulvaires, hormis quelques déchirures très
8 Réparation des déchi- superficielles, doivent également être réparées car elles peuvent être
rures du troisième degré :
très hémorragiques et sources de dyspareunies. Elles sont suturées
suture de la paroi anorec-
tale. par points simples séparés au Vicrylt rapide déc 2.
En cartouche : technique Les plaies cervicales, le plus souvent latérales et sous-péritonéales,
de suture. peuvent être suturées par voie basse. La visualisation de l’angle
supérieur nécessite un aide qui refoule la paroi vaginale à l’aide
¶ Réparation des déchirures du deuxième degré (fig 7) d’une valve et de deux pinces de type Museux, fixées sur chacune
des berges et tirant le col vers l’extérieur. Le col est suturé par points
Le premier temps est la suture du sphincter strié anal. Les deux séparés en « X » au Vicrylt déc 3,5 ou 4 (anciennement 0 ou 1), en
extrémités sont repérées par des pinces de Kocher ou par un fil prenant bien soin de réparer l’extrémité supérieure de la déchirure.
repère. Son extrémité latérale, souvent rétractée, doit être recherchée Les petites plaies non hémorragiques peuvent être respectées. À
le long du canal anal. Sa mise en traction retend les plis radiés de l’inverse, la plaie peut se propager vers le corps utérin réalisant alors
l’anus, qui s’étaient affaissés du fait de la rupture du sphincter. Nous une véritable rupture utérine ou se compliquer d’un hématome
suturons les deux extrémités par deux points en « U » à l’aide d’un pelvien extensif du ligament large [13] ; la réparation est toujours
fil résistant : fil tressé à résorption lente (Vicrylt déc 4). Les fils de difficile et impose le plus souvent une laparotomie en urgence.
suture doivent prendre la gaine aponévrotique du sphincter.
Certains auteurs préconisent une suture du sphincter en « paletot »
plutôt qu’une suture bout à bout afin d’améliorer la qualité de la SOINS POSTOPÉRATOIRES
réparation [16]. Les temps ultérieurs sont les mêmes que ceux de la Les soins postopératoires, essentiellement locaux, sont communs à
réparation des déchirures du premier degré. ceux préconisés après une épisiotomie :

¶ Réparation des déchirures du troisième degré (fig 8) – irrigations vaginales avec toilette périnéale biquotidienne, à l’aide
d’une solution antiseptique ;
Ici, la réparation commence par la suture de la paroi digestive. Nous
la réalisons par points séparés au fil tressé à résorption lente (Vicrylt – toilette périnéale après chaque miction et chaque selle ;
déc 2). Il s’agit d’une suture de type digestif, prenant toute la paroi – application locale d’éosine aqueuse à 2 %, port de sous-vêtements
rectale et anale en ayant soin de bien charger la musculeuse. Les lâches pour éviter la macération, et surtout séchage de la cicatrice à
nœuds sont effectués à l’extérieur de la cavité digestive. Les points l’aide d’un sèche-cheveux ; en cas de douleur ou d’œdème,
doivent être rapprochés, afin que la paroi soit parfaitement étanche. l’application locale d’Opalgynet (benzydamine) a un effet
Le dernier point est réalisé sur la marge anale. Les temps ultérieurs antalgique et anti-inflammatoire local.

6
Techniques chirurgicales Déchirures obstétricales récentes 41-898

Dans le cadre des déchirures complètes ou compliquées, toute s’appliquent aux épisiotomies médianes rarement pratiquées en
mesure visant à obtenir une constipation est à proscrire, car elle Europe. Il existe une forte corrélation entre épisiotomie médiane et
durcit les selles qui deviennent traumatisantes pour les sutures, survenue d’une déchirure périnéale sévère [1, 2, 3, 9, 14, 22, 23, 27]. Ce type
notamment lors de la première émission. Il est préférable d’obtenir d’épisiotomie doit donc être proscrit. L’épisiotomie médiolatérale
des selles molles (laxatifs lubrifiants ou osmotiques) et de prescrire aurait en revanche un effet protecteur vis-à-vis du risque de
un régime sans résidu pendant 8 jours. L’antibioprophylaxie est déchirure périnéale sévère [1, 14, 19, 27]. Il semble que l’usage large de
recommandée en cas de plaie du canal anal. l’épisiotomie ne prévienne pas les déchirures périnéales sévères par
Ultérieurement, une rééducation instrumentale de type biofeedback rapport à un usage plus restreint et qu’un taux d’épisiotomie aux
sera prescrite de manière quasi systématique lors de la visite alentours de 30 % des accouchements soit raisonnable [2, 7, 15, 23, 28]. Il
postnatale. L’existence d’un defect échographique du sphincter anal est essentiel de noter cependant que les résultats de ces études ne
ne constitue pas une contre-indication. peuvent porter que sur les effets immédiats de l’épisiotomie et ne
concernent pas les bénéfices lointains éventuels (troubles de la
statique pelvienne, incontinence…). Le rôle et les indications de
Traitement préventif l’épisiotomie sont discutés dans un autre chapitre de ce traité [18].
La prévention découle des facteurs de risque déjà décrits et reste – Ce risque périnéal a fait discuter par certains auteurs la césarienne
primordiale. prophylactique, non seulement en cas d’antécédent de déchirure
grave du périnée mais également chez les primipares qui en font la
– Elle passe par une bonne conduite de l’accouchement : il faut éviter
demande.
un travail prolongé, qui œdématie et fragilise les tissus et raccourcir
autant que possible la deuxième partie du travail. Le dégagement
du fœtus doit être progressif et il faut se méfier des déchirures
inapparentes du noyau fibreux central du périnée qui sont aussi Conclusion
graves à long terme que les déchirures externes.
– Les manœuvres obstétricales potentiellement dangereuses doivent Les déchirures périnéales sévères devraient rester exceptionnelles
être réduites. Les applications instrumentales doivent être effectuées (moins de 5 % des accouchements) et il faut insister sur leurs moyens
en respectant les recommandations actuelles : dilatation complète, de prévention : bonne conduite de l’accouchement, épisiotomie
vessie vidée, présentation parfaitement connue, pas d’extraction sur adéquate. Le pronostic des déchirures, du moins à court et moyen
un fœtus engagé à la partie haute de l’excavation pelvienne, termes, dépend de leur reconnaissance immédiate et de la qualité de leur
réalisation des grandes rotations par un opérateur expérimenté… réparation. Ceci souligne la nécessité d’une technique de réparation
Les ventouses sont moins traumatisantes pour le périnée que les soigneuse réalisée par un opérateur entraîné. Cependant, la fréquence
forceps. des lésions infracliniques (musculaires, aponévrotiques, neurologiques
– Les données concernant le rôle préventif de l’épisiotomie sont et sphinctériennes) non prévenues par l’épisiotomie et non traitées est
discordantes. Les principales séries sont anglo-saxonnes et probablement sous-estimée.

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7
41-897
Encyclopédie Médico-Chirurgicale 41-897

Épisiotomie
O Parant
JM Reme
X Monrozies
Résumé. – L’épisiotomie correspond à la section de l’anneau vulvaire et du faisceau puborectal du muscle
releveur. Elle a pour objectif théorique de prévenir les déchirures périnéales sévères et les troubles de la
statique pelvienne. Elle permet également d’abréger l’expulsion fœtale et de faciliter les manœuvres
obstétricales. Après avoir passé en revue les indications, les auteurs détaillent les techniques de réalisation et
de réparation. L’épisiotomie médiolatérale droite est la plus pratiquée. Elle réduit la fréquence des déchirures
périnéales sévères immédiates (deuxième et troisième degrés) mais pas les lésions sphinctériennes
anorectales. Elle reste indispensable dans certaines circonstances (souffrance fœtale, manœuvres
obstétricales, extractions instrumentales), mais son usage intensif n’apporte pas de bénéfice supplémentaire,
et une fréquence aux alentours de 30 % des accouchements semble raisonnable. Aucune étude ne permet
actuellement d’évaluer à long terme les bénéfices de l’épisiotomie sur les troubles de la statique pelvienne ou
de la continence. Les complications, non exceptionnelles, soulignent que l’épisiotomie n’est pas un geste
mineur et elle doit être réparée avec soin pour ne pas être délétère.
© 2000 Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS. Tous droits réservés.

Mots-clés : épisiotomie, périnée, grossesse, technique chirurgicale.

Introduction plus en plus discutés comme en témoigne le nombre important de


publications récentes sur ce sujet. Sa morbidité n’est pas nulle,
notamment en ce qui concerne les phénomènes hémorragiques et
La première description de l’épisiotomie remonte au XVIIIe siècle douloureux. Ceci souligne l’importance d’une réalisation et d’une
(Fielding Ould,1742). réparation correctes.
Sa réalisation était alors exceptionnelle et non suturée. C’est à partir
des publications de Pommeroy (1918) et Lee (1920) que sa pratique
se généralise. Actuellement la fréquence de l’épisiotomie n’est pas Indications
connue de manière précise et varie selon les pays, les écoles et les
périodes de 9 à 80 % des accouchements [17]. La fréquence le plus Elles sont superposables aux facteurs de risque des déchirures
couramment observée se situe entre 30 et 60 % dans les pays périnéales que l’épisiotomie est sensée prévenir. Elles sont
industrialisés (30 % en Europe et 60 % aux États-Unis). maternelles, fœtales et opératoires [10].
L’épisiotomie se définit comme la section de l’anneau vulvaire et du
faisceau puborectal du muscle releveur. Son but est double à la fois
INDICATIONS MATERNELLES
maternel et fœtal.
Deux types d’indications peuvent être décrites : les indications de
– sur le plan maternel : éviter à court terme les déchirures périnéales nécessité et les indications prophylactiques.
sévères et prévenir à plus long terme les troubles de la statique
pelvienne (prolapsus génito-urinaires, incontinence urinaire d’effort, ¶ Indications de nécessité
lésions anorectales...) ;
Elles dépendent essentiellement de la texture et de la conformation
– sur le plan fœtal : abréger l’expulsion (et donc réduire le risque du périnée, certains périnées étant particulièrement exposés aux
d’acidose fœtale), diminuer le traumatisme fœtal, surtout en cas de déchirures obstétricales.
prématurité, et faciliter la réalisation des manœuvres obstétricales.
L’épisiotomie est probablement le geste chirurgical le plus pratiqué Primiparité
en France avec une fréquence estimée à 390 000/an. Cependant, son
Le périnée de la primipare est moins souple car il n’a pas encore été
bénéfice réel et son rôle préventif sur les lésions périnéales sont de distendu. Soixante-quinze pour cent des déchirures obstétricales
s’observent en effet au cours du premier accouchement qui joue un
rôle déterminant dans la survenue ultérieure d’un trouble de la
Olivier Parant : Praticien hospitalier. statique pelvienne ou d’une incontinence. Le périnée de la multipare
Jean-Michel Reme : Professeur des Universités, praticien hospitalier.
Xavier Monrozies : Professeur des Universités, praticien hospitalier.
peut lui aussi être fragilisé par une déchirure antérieure ou par une
Fédération de gynécologie-obstétrique, hôpital de La Grave, place Lange, 31052 Toulouse, France. cicatrice d’épisiotomie.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Parant O, Reme JM et Monrozies X. Épisiotomie. Encycl Méd Chir (Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS, Paris, tous droits réservés), Techniques chirurgicales -
Gynécologie, 41897, 2000, 6 p.
41-897 Épisiotomie Techniques chirurgicales

Texture du périnée – des présentations du siège, où le dégagement de la tête est


Le périnée peut être trop fragile : soit œdématié par un travail souvent brutal.
prolongé, des touchers répétés ou une toxémie gravidique, soit Les accouchements très rapides, en « boulet de canon », souvent d’un
constitutionnellement fragile, en particulier chez les femmes rousses. enfant de petit volume, entraînent une distension brutale du périnée
À l’inverse, un périnée trop résistant, se laissant mal distendre par par une présentation souvent mal fléchie dont les diamètres sont
le mobile fœtal, comme les périnées cicatriciels ou celui de la augmentés. Celui-ci n’a pas le temps de s’assouplir et de s’amplier,
primipare âgée et, exceptionnellement dans nos régions, le périnée et risque de se déchirer lors de sa mise en tension.
des femmes ayant subi une infibulation ou une excision rituelle est Le raccourcissement de la durée d’expulsion dans le but de réduire le
également exposé aux déchirures. risque de souffrance fœtale peut enfin justifier une épisiotomie
(souffrance fœtale aiguë, prématuré, hypotrophe, accouchement du
Conformation du périnée siège).
Il en est de même des périnées hypoplasiques. Il a en effet été
montré qu’une distance entre l’anus et le bord inférieur de la
symphyse pubienne inférieure à 5 ou 6 cm expose la parturiente à INDICATIONS OPÉRATOIRES
une déchirure grave malgré une épisiotomie préventive. Pour Lors des extractions instrumentales l’épisiotomie doit être
Musset, une distance anopubienne inférieure à 4 cm est une systématique, notamment en ce qui concerne les spatules de Thierry.
indication de césarienne prophylactique. Cette distance doit Elle n’est pas obligatoire pour les extractions par ventouses
théoriquement être mesurée en dehors de la grossesse, ce qui est obstétricales ou certains forceps. Le risque de déchirure est d’autant
rarement fait en pratique. plus important que la présentation est haute, que la prise est
Un périnée anormalement distendu du fait d’une anomalie osseuse asymétrique (dégagement en oblique), que les tissus sont œdématiés
sous-jacente, comme dans l’exceptionnelle luxation congénitale et que l’on effectue une grande rotation de la présentation [10].
bilatérale des hanches, qui entraîne un étirement périnéal par
Il en est de même pour les manœuvres obstétricales. La manœuvre de
écartement des branches ischiopubiennes, est exposé aux déchirures.
Jacquemier ou la grande extraction du siège provoquent une
De la même manière, le périnée postérieur peut être mis en tension
distension périnéale trop rapide et trop précoce qui peut être
du fait d’une ogive pubienne étroite, obligeant le fœtus à occuper la
préjudiciable.
portion postérieure de l’excavation pelvienne.
Certaines indications sont formelles : manœuvres obstétricales,
présentation du siège ou de la face, dégagement en occipitosacré.
INDICATIONS PROPHYLACTIQUES Dans d’autres cas, l’épisiotomie nous paraît recommandée :
Le bénéfice périnéal de l’épisiotomie, surtout à long terme, est macrosomie fœtale, tissus fragiles, périnée résistant (rigide) ou
actuellement contesté au vu de certaines grandes séries cicatriciel, signes prémonitoires de déchirure, protection fœtale
internationales. Aucune étude publiée n’a permis d’apporter à ce (prématurité).
jour une réponse claire concernant l’effet préventif possible sur les
troubles de la statique pelvienne et l’incontinence urinaire [7, 14].
L’épisiotomie médiolatérale paraît protéger contre les déchirures Technique
périnéales sévères [1] alors que l’épisiotomie médiane, à l’inverse, les
favorise. Cependant elle ne prévient pas efficacement les déchirures
interstitielles du sphincter anal [15]. Il semble exister une forte TYPES D’INCISION
corrélation entre épisiotomie médiane et survenue d’une déchirure
périnéale sévère [4, 5, 9, 16, 17]. Ce type d’épisiotomie semble constituer Différentes techniques d’épisiotomie ont été décrites (fig 1).
également un risque indépendant d’incontinence anale du
post-partum [13]. ¶ Épisiotomie médiolatérale
Les études randomisées comparant épisiotomie systématique et
C’est la plus répandue en France. L’incision part de la fourchette
absence d’épisiotomie ne sont pas réalisables en pratique. Il est en
vulvaire avec un angle de 45° avec l’horizontale, en direction de la
revanche possible de comparer un groupe où l’épisiotomie est
tubérosité ischiatique. Elle est réalisée à droite pour les droitiers (et
d’indication large, quasi systématique (42 à 84 % des
inversement pour les gauchers) à l’aide de ciseaux droits et sur 4 cm
accouchements) à un groupe où l’épisiotomie est d’indication
sélective, de nécessité (10 à 34 % des accouchements). Les études environ. La surface des branches des ciseaux doit être
randomisées menées selon ce modèle montrent que l’usage large de perpendiculaire au plan des tissus périnéaux qui doivent être
l’épisiotomie n’est pas efficace pour prévenir les déchirures sectionnés en un coup.
périnéales sévères par rapport à un usage plus restreint [2, 3, 14]. Elle doit sectionner la peau périnéale, le vagin, les muscles
L’usage libéral de l’épisiotomie ne semblerait pas non plus prévenir superficiels et surtout le faisceau puborectal du releveur. La section
à long terme l’incontinence urinaire ni la dyspareunie secondaire. du faisceau puborectal doit être complète. « Il n’y a pas de petites
L’épisiotomie ne doit pas être systématique et le taux « raison- épisiotomies, il n’y a qu’une épisiotomie : la bonne. »
nable » d’épisiotomies semble se situer autour de 30 % des
Au cours des extractions instrumentales, l’axe de section doit être
accouchements [17].
horizontalisé compte tenu de la déformation liée à la mise en place
des spatules ou des forceps et du fait de l’absence d’ampliation
INDICATIONS FŒTALES périnéale. Nous la réalisons après la mise en place des spatules en
L’excès de volume fœtal fait craindre une déchirure périnéale lors du horizontalisant l’axe de section. Certaines équipes effectuent
dégagement de la tête ou de l’épaule postérieure car le diamètre l’épisiotomie avant l’introduction des spatules. Par ailleurs, en raison
biacromial est souvent important chez les fœtus macrosomes. de la mauvaise ampliation périnéale, la section doit être le plus
souvent effectuée en deux temps : un premier coup de ciseau
Certaines présentations peuvent être à l’origine de lésions périnéales
sectionne la peau et le vagin et un deuxième coup sectionne le
du fait d’une mauvaise accommodation ; c’est le cas :
faisceau puborectal.
– des présentations occipitosacrées où le diamètre de dégagement Les avantages de ce type d’incision sont nombreux. Elle peut être
fronto-occipital (12,5 cm) supérieur à celui d’une présentation facilement prolongée à la demande vers la fosse ischiorectale. Elle
occipitopubienne, aborde le périnée avec un angle inadéquat ; respecte le centre tendineux du périnée et protège au mieux contre
– des présentations de la face ; les déchirures périnéales sévères [1, 17].

2
Techniques chirurgicales Épisiotomie 41-897

blanchir, les lésions interstitielles sont déjà installées. Le blanchiment


du périnée correspond à un arrêt de sa vascularisation par la
présentation ;
– épisiotomie trop latérale (cf Épisiotomie latérale).

¶ Épisiotomie médiane
Ce type d’épisiotomie a la faveur des équipes anglo-saxonnes et
consiste à sectionner verticalement le centre tendineux du périnée.
Certains auteurs, peu nombreux, conseillent de sectionner
délibérément le sphincter externe de l’anus.
Ce type d’incision a comme avantages d’être peu hémorragique,
d’être plus anatomique et facile à réparer que les incisions
médiolatérales, et enfin d’être moins douloureuse dans le post-
partum ou à la reprise des rapports sexuels.
L’inconvénient majeur à l’origine de l’abandon de cette technique
par la majorité des écoles françaises est le risque de propagation de
l’incision au sphincter anal (disparition du rempart constitué par le
centre tendineux du périnée). Le nombre de fistules rectovaginales
est également majoré. Si on la pratique, le volume de la présentation
ainsi que la distance anovulvaire doivent être soigneusement
évalués.
L’analyse de la littérature internationale n’est pas favorable à ce type
d’épisiotomie en raison de la forte corrélation avec la survenue
d’une déchirure périnéale complète ou de troubles sphinctériens
anorectaux [9, 13, 17]. Le risque de déchirure du deuxième ou du troi-
sième degré serait ainsi augmenté d’un facteur 2 à 3.

¶ Épisiotomie latérale
Elle débute au niveau de la fourchette vulvaire et se dirige
horizontalement, à 90° vers la branche ischiopubienne. Ce type
d’incision comporte un risque de section du canal excréteur de la
1 Différents types d’épi- glande de Bartholin, à l’origine de kystes. Par ailleurs, sa réparation
siotomie est délicate avec possibilité de déhiscence vulvaire asymétrique. Elle
a. Latérale ; b. médiolaté- n’apporte aucun avantage par rapport à l’épisiotomie médiolatérale
rale ; c. médiane.
et n’est jamais employée par notre équipe.
(En cartouche : section du
muscle puborectal). Nous ne ferons que citer l’épisiotomie bilatérale, décrite mais jamais
pratiquée. Son objectif théorique est d’agrandir au mieux l’anneau
vulvaire, et de faciliter la réalisation de certaines manœuvres
(certaines dystocies des épaules insurmontables). En réalité, le gain
apporté par cette deuxième incision est faible. Elles sont plus
hémorragiques, affaiblissent le centre tendineux du périnée et
surtout entraînent une ischémie du coin périnéovulvaire postérieur
(nécroses cutanées, cicatrices vicieuses).

MOMENT DE L’INCISION
Le moment de réalisation de l’épisiotomie est essentiel. Elle ne doit
être effectuée ni trop tôt, ni trop tard. Les épisiotomies de rattrapage,
après installation de lésions musculaires internes irréversibles, sont
inutiles. Elle doit être effectuée à « petit couronnement », quand la
Les inconvénients résident dans les douleurs postopératoires présentation commence à distendre le périnée à l’acmé d’une
fréquentes et le caractère souvent hémorragique. La réparation est contraction et d’un effort expulsif. À ce stade, la mise en tension du
également moins aisée qu’une épisiotomie médiane. muscle puborectal provoque un allongement du périnée postérieur
et l’ouverture du canal anal. La distension du périnée superficiel
Les principales erreurs commises dans sa réalisation pratique sont doit être telle que le faisceau puborectal du releveur soit intégré dans
les suivantes [11] : le plan superficiel.
Dans le cas particulier de l’accouchement en présentation du siège
– épisiotomie trop petite ne sectionnant pas le faisceau puborectal décomplété, l’incision doit être effectuée quand la hanche antérieure
du releveur. Elle ne protège pas le périnée et expose la patiente à est calée sous la symphyse. La région périnéale du fœtus doit être
une déchirure du sphincter anal. La déchirure se prolonge, en effet, visible de manière à réduire au mieux le risque de blessures
vers l’anus, en suivant la direction des fibres musculaires du périnéales fœtales.
releveur ;

– épisiotomie trop précoce, sur un périnée non amplié. Elle est le RÉPARATION
plus souvent hémorragique et ne sectionne pas complètement le Elle doit être la plus anatomique possible, afin de restituer une
faisceau musculaire ; fonction musculaire normale et d’éviter toute cicatrisation
pathologique. Elle est réalisée sous asepsie chirurgicale :
– épisiotomie trop tardive alors que les dégâts périnéaux sont déjà badigeonnage du périnée, champs et gants stériles, tampon vaginal
constitués. On considère que lorsque le périnée commence à évitant la souillure par les lochies.

3
41-897 Épisiotomie Techniques chirurgicales

2 Suture du plan vagi-


nal.

La réparation nécessite cependant une analgésie de bonne qualité


qui peut être obtenue, en l’absence d’analgésie péridurale, par de la
lidocaïne à 1 % (infiltration des différents plans, délai d’attente
3 Suture du plan musculaire (en cartouche : suture terminée).
suffisant).
Nous utilisons, comme la majorité des auteurs, des fils à résorption
rapide, type acide polyglycolique (Vicryl rapidet). L’accouchée
restant en position gynécologique, l’épisiotomie est suturée le plus
tôt possible. Il paraît raisonnable d’attendre la délivrance. Certaines
équipes commencent la suture dès l’expulsion fœtale. Mais la
réparation est alors gênée par un écoulement sanguin contemporain
du décollement placentaire. De plus, si une délivrance artificielle
et/ou une révision utérine doivent être effectuées, une désunion des
sutures est presque systématique.
La majorité des auteurs insistent sur la nécessité d’une suture en
trois plans : muqueux, musculaire et cutané. La réalisation de ces
trois plans est variable :
– suture du vagin par surjet au fil tressé à résorption rapide (Vicryl
rapidet, déc. 3,5) débutant au sommet du l’incision vaginale (fig 2).
Durant cette suture, il convient de noter que l’on dispose toujours
de davantage d’étoffe du côté de la berge interne. Le dernier point
prend les deux bords de la section vulvaire au niveau de l’insertion
hyménéale de manière à restaurer au mieux la symétrie vulvaire ;
– suture du plan musculaire : deux à quatre points simples ou en
« X » au fil tressé à résorption rapide (déc. 3,5 ou 4) rapprochent les
muscles (fig 3). Il est important de bien visualiser le muscle releveur
et de respecter l’obliquité du faisceau puborectal du releveur de 4 Suture du plan superficiel par un surjet mené de haut en bas (en cartouche : su-
manière à réunir correctement les faisceaux musculaires. Les points ture terminée).
doivent donc être passés dans un axe perpendiculaire à celui de
l’épisiotomie. Il faut prendre soin, à la fin de ce plan, de réaliser un peut s’étendre vers le fornix latéral et même remonter plus haut,
toucher rectal, afin de s’assurer qu’aucun point ne transfixie le exposant l’urètre. Ce qui souligne l’intérêt du bilan lésionnel précis
rectum ; avant de débuter la réparation. Une suture incomplète favorise le
– suture de la peau : elle se fait en deux plans, par un double surjet passage des lochies dans l’espace incisé et donc l’infection
continu, mené d’une seule aiguillée (Vicrylt, déc. 3 ou 3,5). Le surjet secondaire. Pour la même raison, il est déconseillé de drainer
profond rapproche les deux lèvres de la plaie (fig 4). Le retour est l’espace paravaginal. La réparation doit s’effectuer en un plan sans
effectué par un surjet intradermique mené de l’angle inférieur à drainage ;
l’angle supérieur où on l’arrête à l’aide de l’un des chefs du plan – embrochage du rectum dans la suture du plan musculaire
vaginal, que l’on a conservé (fig 5, 6). périnéal. C’est l’erreur la plus fréquente du débutant qui justifie la
La suture de la peau peut être faite avec les même avantages par réalisation systématique d’un toucher rectal de contrôle ;
des points séparés cutanés de Blair-Donati. Un des avantages de ce – insuffisance de suture du plan musculaire, laissant un espace mort
type de suture est la possibilité de désunion partielle en cas favorisant les hématomes ;
d’hématome ou d’infection. L’utilisation de fils résorbables semble
préférable aux fils non résorbables au niveau cutané [6]. – mauvaise suture, trop horizontale, du muscle élévateur favorisant
Des techniques simplifiées ont été décrites, mais non évaluées, les troubles secondaires de la statique pelvienne (« aspect oblique »
comme les sutures « en 1 fil » assurant la réparation successive des du périnée).
plans vaginal, musculaire et cutané ou l’utilisation de colles
biologiques [12]. SOINS POSTOPÉRATOIRES
Les principales erreurs à éviter [11] :
L’antibioprophylaxie ne paraît pas nécessaire. Les soins
– mauvaise suture de la partie supérieure de la plaie vaginale, siège postopératoires sont uniquement locaux (toilette à l’eau deux fois
fréquent d’un petit saignement artériolaire. De plus, le plan vaginal par jour, ainsi qu’après chaque selle, application locale d’éosine à

4
Techniques chirurgicales Épisiotomie 41-897

dégagement des épaules) qui permet une délivrance plus rapide et


5 Suture intradermique
moins hémorragique. Il est également possible de pratiquer une
de bas en haut avec le même
surjet. délivrance artificielle avec révision utérine de principe, chez les
patientes bénéficiant d’une analgésie péridurale, afin de suturer
l’épisiotomie plus rapidement. Enfin, l’hémostase élective à la pince,
d’un vaisseau qui saigne en « jet », permet de réduire les
déperditions sanguines avant la réalisation de la suture chirurgicale.

Déchirure sur épisiotomie


Dans l’épisiotomie médiolatérale, elle complique des incisions
incomplètes ou insuffisantes, n’ayant que partiellement sectionné le
muscle releveur. La déchirure débute au niveau du muscle
bulbocaverneux, part à 90° du trajet de l’épisiotomie pour se diriger
vers le sphincter strié de l’anus, qu’elle va rompre. Dans
l’épisiotomie médiane, elle prolonge le trajet de l’incision, atteignant
le sphincter de manière quasi systématique.
Plus rarement peuvent être observées des blessures fœtales, une
augmentation du risque de transmission maternofœtale de maladies
virales, une augmentation du risque de blessure pour l’équipe
obstétricale.

COMPLICATIONS PRÉCOCES,
6 Réparation de l’épisiotomie terminée : DANS LE POST-PARTUM IMMÉDIAT
on réunit le dernier point vaginal au der-
nier point du surjet intradermique. Hématomes puerpéraux (thrombus périnéovulvaires) [8]
Ils sont rares et le plus souvent liés à une insuffisance d’hémostase.
Leur symptomatologie est en général bruyante : douleur, anémie,
tuméfaction vulvaire, ténesme… En cas d’hématome volumineux,
de constitution rapide ou compliqué, une reprise chirurgicale est
nécessaire pour décaillotage et complément d’hémostase éventuel.
L’embolisation par radiologie interventionnelle a été proposée par
certaines équipes.
L’épisiotomie constitue un des facteurs de risque majeur (retrouvée
dans 85 à 93 % des thrombus) avec les extractions instrumentales et
la primiparité. Mais ils peuvent également survenir au décours d’un
accouchement spontané sans épisiotomie. Les hématomes simples
sont en revanche plus fréquents (douleurs, œdème, induration) et
cèdent en quelques jours sous traitement anti-inflammatoire.

Douleurs et œdème périnéal


Cet incident est d’autant plus fréquent que l’épisiotomie est
pratiquée sur un périnée déjà œdématié. Ces phénomènes
l’eau à 2 %, port de sous-vêtements lâches pour éviter la macération douloureux sont souvent dus à un simple œdème, régressant
et surtout séchage de la cicatrice à l’aide d’un sèche-cheveux). En facilement sous traitement médical (glace, antalgiques, anti-
cas de douleur ou d’œdème, l’application locale d’Opalgynet inflammatoires), ou à de petites éraillures négligées au niveau des
(benzydamine) a un effet antalgique et anti-inflammatoire local. petites lèvres et de la région clitoridienne, qui rendent les mictions
du post-partum douloureuses.

Évolution et complications Infections et désunions


Cette éventualité survient dans 0,5 à 3 % des cas. Les facteurs
Elles se superposent aux complications des déchirures périnéales. favorisants reconnus sont l’insuffisance d’asepsie, l’existence d’un
On distingue les complications immédiates, précoces et les hématome, d’un point transfixiant le rectum ou une hygiène
complications à distance séquellaires. postopératoire insuffisante. Les désunions, le plus souvent en
rapport avec une surinfection locale, peuvent relever d’une
réintervention précoce avec parage chirurgical de la plaie et suture
COMPLICATIONS IMMÉDIATES anatomique, mais se traitent le plus souvent par cicatrisation dirigée.
Elles sont le plus souvent liées à une faute technique. Les prélèvements bactériologiques sur épisiotomie doivent être
interprétés avec prudence du fait de la fréquence des contaminations
Hémorragies bactériennes asymptomatiques. Des cas exceptionnels de cellulites
Elles sont surtout le fait des épisiotomies médiolatérales et sont périnéales, ayant pour point de départ une épisiotomie, ont été
favorisées par une réalisation trop précoce sur un périnée mal décrits. Un abcès doit être évacué et traité par soins locaux.
amplié, trop latérale avec risque de lésion des bulbes vestibulaires
ou lorsqu’il se produit une déchirure associée (périnéale ou COMPLICATIONS TARDIVES
vulvaire). Les pertes sanguines, souvent sous-évaluées sont estimées
à plus de 300 mL dans 10 % des cas [10]. La suture précoce apparaît – Elles sont essentiellement représentées par les douleurs périnéales
donc comme une nécessité afin d’abréger le saignement et prévenir et les dyspareunies secondaires.
au mieux l’anémie du post-partum. Nous préconisons la délivrance – Elles sont parfois dues à une erreur technique lors de la réparation
dirigée (5 UI de Syntocinont en intraveineuse directe lors du (asymétrie vulvaire par mauvais affrontement des berges) ou à un

5
41-897 Épisiotomie Techniques chirurgicales

trouble de la cicatrisation (granulome inflammatoire autour d’un fil, rectopérinéales sont exceptionnelles après une épisiotomie non
endométriose, névrome). Mais les facteurs psychologiques sont compliquée ; elle sont le plus souvent secondaires à un point
souvent au premier plan : mauvaise connaissance du schéma transfixiant et peuvent guérir spontanément après l’ablation du
corporel, crainte concernant la suture, gêne vis-à-vis du partenaire. point.
Le traitement préventif est essentiel.
– Les béances ou sténoses vulvaires (brides asymétriques) en rapport
avec une cicatrice vicieuse peuvent bénéficier d’un geste chirurgical
Conclusion
réparateur lorsqu’il existe un retentissement fonctionnel important.
L’épisiotomie, geste simple et banalisé, n’est cependant pas un acte
– Rarement, d’autres complications tardives peuvent être observées : mineur. Cette intervention est pratiquée, au moins dans les centres
endométriose sur cicatrice d’épisiotomie, kyste de la glande de hospitaliers universitaires, par un personnel disparate (médecin senior,
Bartholin, résultat d’une incision trop horizontale sectionnant le médecin en formation, sage-femme, élève sage-femme…). C’est dire
canal excréteur, suppurations récidivantes qui doivent faire éliminer l’importance de son enseignement et la nécessité d’une technique
une fistule rectovaginale. Les fistules rectovaginales ou soigneuse réalisée par un opérateur entraîné.

Références
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Gynaecol 1986 ; 25 : 502-8 1-303 Gynecol Surv 1995 ; 50 : 806-835

6
41-902
Encyclopédie Médico-Chirurgicale 41-902 (2004)

Évolutions techniques de la césarienne


L. Dessolle
E. Daraï

Résumé. – La césarienne est l’une des interventions les plus fréquentes et sa technique a été standardisée par
de nombreuses générations de chirurgiens gynécologues obstétriciens. Elle a bénéficié d’évolutions au cours
des deux dernières décennies. Ces évolutions techniques ont pour but de diminuer à la fois la morbidité et la
mortalité.
© 2004 Elsevier SAS. Tous droits réservés.

Mots-clés : Césarienne ; Grossesse ; Misgav ; Technique de Ladach ; Technique de Stark ; Technique de


Joël-Cohen

Introduction d’une portion musculaire amincie, peu vascularisée, au sein de


laquelle les vaisseaux, issus essentiellement de collatérales de l’artère
La césarienne est l’intervention obstétricale la plus fréquente. Elle vaginale, ont une direction transversale prédominante. C’est le siège
consiste en un accouchement par ouverture chirurgicale de l’utérus, privilégié où l’hystérotomie doit être réalisée. Le segment inférieur
le plus souvent après laparotomie. La fréquence de la césarienne n’a comprend trois couches anatomiques de la superficie à la
cessé d’augmenter depuis 25 ans dans les pays industrialisés. [13, 63, profondeur :
64, 67]
En France aujourd’hui, environ 19 % des enfants naissent par – une séreuse lâche sous laquelle on trouve facilement le plan de
césarienne (Tableau 1). [8] L’anesthésie et la chirurgie sont devenues
décollement vésico-utérin ;
plus sûres mais le risque de mortalité associé à la césarienne reste
sept fois plus élevé que lors d’un accouchement normal. [3, 19, 31, 46, 47, – un fascia blanc nacré qui fait la solidité de la cicatrice utérine ;
85, 86]
De même, la morbidité maternelle est aussi plus élevée après
– le myomètre, en double couche entre lesquelles passent les
césarienne que lors d’un accouchement normal. [3, 19, 31, 46, 47, 86] De ce
vaisseaux. En superficie, la majorité des fibres musculaires ont une
fait, les avantages et les inconvénients de ce mode d’accouchement
direction longitudinale. Au contact de la muqueuse utérine, la
doivent être explicités à la patiente par le biais d’une information
couche musculaire est plus épaisse et présente une orientation
« loyale, claire et appropriée » (article 35 du Code de déontologie).
transversale prédominante. [57]
La technique chirurgicale a, quant à elle, évolué ces dernières années
vers une simplification des gestes permettant de contribuer à la Les anses intestinales étant refoulées latéralement du fait du volume
réduction à la fois de la morbidité et de la mortalité. utérin, la vessie est le principal rapport dangereux lors de l’abord
pour la césarienne. Elle s’étale sur la partie basse de la face
antérieure de l’utérus où sa situation est variable au cours de la
Rappels anatomiques grossesse et présente de nombreuses variations interindividuelles.
Son anatomie est parfois très modifiée chez les patientes déjà
Les modifications anatomiques associées à la grossesse doivent opérées.
rester à l’esprit car elles imposent des précautions lors de l’abord de Les rapports latéraux de l’utérus comprennent l’uretère pelvien,
l’utérus et de la conduite opératoire pour la césarienne. l’artère utérine et ses collatérales. L’anatomie est modifiée par la
Le débit utérin total, de l’ordre de 500 à 800 ml min–1, est 10 fois gestation et variable en fonction du terme. À son entrée dans le
plus important à terme qu’en dehors de la grossesse. [59] Un pelvis, l’uretère surcroise à droite les vaisseaux iliaques externes et à
important réseau variqueux pelvien est parfois présent au niveau gauche les vaisseaux iliaques primitifs. Il chemine donc en avant de
des annexes, des ligaments larges, voire de la paroi utérine. L’utérus l’artère utérine à droite et en arrière de celle-ci à gauche. Dans sa
présente une dextrorotation variable parfois importante qui expose partie sous-ligamentaire, l’uretère se dirige en dedans et en avant
le pédicule utérin gauche. [57] Les hémorragies obstétricales sont la vers la vessie. À cet endroit, en dehors de la grossesse, il est surcroisé
première cause de mortalité maternelle en France. [15] de dehors en dedans par l’artère utérine à environ 15 mm au-dessus
Au 3e trimestre de la grossesse, le segment inférieur se développe et en dehors du dôme vaginal. Lors de la grossesse, l’artère utérine
dans la région isthmique, entre le corps et le col utérins. Il s’agit suit l’ascension de l’utérus, sa boucle est attirée vers le haut et tend
à se libérer de l’uretère et à s’éloigner du cul-de-sac vaginal. L’artère
cervicovaginale voit sa naissance déportée latéralement et c’est elle
qui vient surcroiser l’uretère en fin de grossesse. La distension du
L. Dessolle (Praticien hospitalier, ancien chef de clinique-assistant des hôpitaux de Paris) dôme vaginal le rapproche de l’uretère mais ces deux éléments
Service de gynécologie-obstétrique, centre hospitalier intercommunal de Montreuil, 56, boulevard de la
Boissière, 93105 Montreuil-sous-bois cedex, France.
restent séparés par du tissu cellulaire facilement clivable. À gauche,
E. Daraï (Professeur des Universités, praticien hospitalier) l’uretère est également menacé par la dextrorotation de l’utérus.
Adresse e-mail: emile.darai@tnn.ap-hop-paris.fr
Service de gynécologie-obstétrique, UFR Saint-Antoine, université Paris-VI, hôpital Tenon, 4, rue de la Chine,
Immédiatement après l’accouchement, la distance entre l’uretère et
75020 Paris, France. l’artère utérine se réduit. [57]
41-902 Évolutions techniques de la césarienne Techniques chirurgicales

Tableau 1. – Évolution du taux de césariennes en France entre 1970 et 2003 (Données Inserm [64] et réseau sentinelle Audipop [8])
Année 1972 1981 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003

TC (%) 6,1 10,9 13,97 14,43 14,36 15,55 16,1 16,27 16,37 17,83 17,62 18,74
Avant travail 6,47 7,23 7,22 8,2 7,83 8,23 7,76 8,98 9,82 9,26
Pendant travail 7,5 7,2 7,14 7,35 8,27 8,04 8,61 8,85 7,8 9,48

TC : taux de césariennes pour 100 naissances. 1972, 1981 : données des enquêtes nationales de la Direction générale de la santé (DGS) et de l’Inserm.

Indication de la césarienne La prévention du risque infectieux nosocomial est aujourd’hui


organisée et évaluée au sein des structures de soins. La
L’indication de la césarienne est complexe et multifactorielle. Sa contamination manuportée par le personnel soignant doit être
discussion dépasse le cadre de cet article. Elle doit prendre en limitée. Le lavage des mains doit être respecté comme pour toute
compte la probabilité de succès d’un accouchement normal, les chirurgie, de même que le changement des gants après la mise en
risques immédiats et à long terme pour la mère et l’enfant dans les place des champs opératoires. Le lavage postopératoire des mains
deux éventualités, l’urgence à extraire l’enfant et, si possible, la est trop souvent négligé.
préférence de la patiente. Elle met en jeu une double balance de Le personnel intervenant en salle d’opération doit aussi être protégé
bénéfices et de risques avec parfois un conflit d’intérêt maternofœtal. d’une éventuelle contamination septique émanant de la patiente.
Elle a un impact indéniable sur le vécu de la naissance par la mère.
Elle a des conséquences socioéconomiques et de santé publique. Elle
met en jeu la responsabilité juridique de l’obstétricien. Anesthésie pour césarienne
L’anesthésie pour césarienne doit être adaptée au degré d’urgence,
présenter le moins de risque pour la mère et l’enfant, permettre de
Préparation à l’intervention s’adapter à d’éventuelles difficultés peropératoires, favoriser la
qualité des suites et correspondre si possible au souhait de la
En cas d’intervention programmée, une consultation d’anesthésie est
patiente.
obligatoire (décret n° 94-1050 du 5 décembre 1994, article D 712-40)
et doit précéder de plusieurs jours le geste opératoire (article D 712- La césarienne peut être réalisée sous anesthésie générale ou
41). La consultation d’anesthésie doit donc faire partie des locorégionale (ALR). Cette dernière doit être privilégiée chaque fois
consultations systématiques de fin de grossesse. Si elle n’a pas eu que possible car sa morbidité est inférieure [87] et les complications
lieu, elle sera réalisée dès l’admission. Elle permet de déceler les sévères exceptionnelles estimées à 2 10 000–1. [29, 74] L’anesthésie
facteurs de risque anesthésique et de délivrer à la patiente une locorégionale peut être menée par voie rachidienne, par voie
information sur les différentes modalités d’analgésie et d’anesthésie péridurale ou par combinaison de ces deux techniques. [27, 76] La
possibles ainsi que sur le risque transfusionnel. L’évaluation rachianesthésie prend effet plus rapidement mais s’accompagne plus
individuelle du risque thromboembolique peut être modélisée. [61] fréquemment d’une hypotension artérielle. [71] En présence d’un
cathéter de péridurale, l’administration de 20 ml de lidocaïne à 2 %
Une information sur la technique opératoire, son indication, les
permet d’atteindre en 5 à 10 minutes un niveau d’anesthésie
bénéfices attendus et les risques encourus est délivrée à la patiente
chirurgicale. L’anesthésie locorégionale permet en outre d’assurer
afin d’obtenir son consentement éclairé, et de la faire participer
l’analgésie postopératoire précoce. [24, 29] Elle serait associée à une
autant que possible à la décision. Une fiche de renseignements peut
diminution du risque thromboembolique. [29]
compléter les informations orales. Dans certaines situations
d’urgence, l’information préalable aux actes anesthésiques et En cas d’urgence ou en cas d’échec ou de contre-indication à l’ALR,
chirurgicaux n’a pas toujours pu être réalisée. On doit néanmoins par sa rapidité, l’anesthésie générale reste irremplaçable.
s’efforcer d’obtenir le consentement éclairé de la patiente ou de sa L’intubation de la femme enceinte est néanmoins une intubation à
famille. risque : il existe un œdème des voies aériennes supérieures et un
risque d’inhalation du contenu gastrique. Une administration
Sauf indication médicale contraire, il est recommandé de ne réaliser d’antiacide per os dans l’heure précédant l’intervention, et la
une césarienne programmée avant travail qu’à partir de 39 semaines compression du cartilage cricoïde au moment de l’intubation
d’aménorrhée. [22] La patiente pourra être hospitalisée la veille ou le diminuent le risque d’inhalation. [74] Malgré les progrès des
matin de l’intervention en respectant une période de jeûne. Un techniques et de la surveillance anesthésique, la mortalité associée à
enregistrement du rythme cardiaque fœtal sera effectué à l’anesthésie générale est estimée entre 1/5 000 et 1/6 000
l’admission. Une voie d’abord veineuse de calibre suffisant est césariennes. [15, 51, 87]
indispensable. La préparation pariétale comprend une douche
antiseptique en insistant sur les régions ombilicale et pubienne. Elle
est au mieux réalisée juste avant l’intervention. Bien que toujours Installation
largement pratiqué, le rasage des poils pubiens s’accompagne d’un
risque accru d’infection locale (niveau de preuve [NP] 1). [78] Seuls Au bloc opératoire, la patiente doit être installée en décubitus latéral
les poils gênant la suture cutanée peuvent être sectionnés ou tondus. gauche jusqu’à la naissance. [22] Cette position lève la compression
Une sonde vésicale à demeure sera mise en place avec asepsie et si cave par l’utérus gravide, qui peut être source d’hypotension
possible, pour le confort de la patiente, après l’induction de artérielle maternelle et de diminution de la perfusion
l’anesthésie. En cours de travail, dans les situations à risque, la utéroplacentaire. L’anesthésie locorégionale majore le risque
préparation doit être réalisée dès qu’une césarienne est pressentie. d’hypotension artérielle maternelle. [74, 76] Néanmoins, les bénéfices
La patiente opérée d’une césarienne cumule le risque sur le fœtus de l’inclinaison maternelle gauche ne sont pas
thromboembolique associé à la grossesse, au post-partum et à l’acte démontrés. [95]
opératoire. [43] En prophylaxie de la maladie thromboembolique, la La césarienne nécessite une parfaite coopération et coordination
mise en place de bas de contention veineuse est actuellement entre les intervenants : infirmière de bloc opératoire,
largement répandue. La prévention médicamenteuse du risque anesthésiste–réanimateur, opérateur, sage-femme et/ou pédiatre
thromboembolique au cours de la grossesse et du post-partum est assurant le recueil, la prise en charge et l’éventuelle réanimation du
encore insuffisamment évaluée. [36] L’attitude actuelle consiste à nouveau-né. Il faut s’assurer de la disponibilité de chacun.
adapter la prévention au risque individuel et fait une large place Avant la préparation du champ opératoire, le rythme cardiaque
aux héparines de bas poids moléculaire débutées en fœtal et, dans les situations où le travail est déjà avancé, la dilatation
postopératoire. [5, 43] cervicale et la présentation seront contrôlés.

2
Techniques chirurgicales Évolutions techniques de la césarienne 41-902

Certaines situations d’urgence peuvent nécessiter un accès au dans une étude randomisée. [11] L’incision de Pfannenstiel reste
périnée et au vagin. L’installation de la patiente, les champs et la probablement la plus utilisée en France, suivie de celle de
table d’opération doivent permettre de placer rapidement les jambes Joël-Cohen.
de la patiente en abduction. Cette position peut aussi être choisie La médiane sous-ombilicale a été supplantée par les incisions
systématiquement. transversales. Même en cas d’antécédent de laparotomie médiane,
Le bon fonctionnement du système d’aspiration, la position de la une incision transversale est préférée par certains auteurs. [77]
patiente, de la plaque du bistouri électrique et de la sonde vésicale L’incision sus-pubienne transversale permet une cicatrice pariétale
doivent être vérifiés avant l’intervention. plus solide que l’incision médiane sous-ombilicale. [42, 69] Elle est
aussi plus esthétique. La morbidité des incisions transversales est
inférieure à celle des incisions médianes chez les patientes obèses. [55,
Matériel 93]
Les inconvénients des incisions transversales sont représentés par
la nécessité d’ouvrir plus de structures anatomiques, la section
éventuelle des muscles, la formation d’espaces virtuels, la blessure
Il n’y a pas eu d’innovation technique récente sur ce chapitre.
potentielle des vaisseaux et des nerfs pariétaux. Un antécédent de
L’utilisation de champs opératoires spécifiques, à usage unique, tend
médiane et les troubles de la coagulation restent des indications
à se généraliser. Le caractère imprévisible des complications
classiques d’incision médiane. C’est une voie d’accès aisée et rapide
opératoires impose la prudence : une boîte d’hystérectomie doit
à l’utérus, sans décollement musculoaponévrotique, permettant un
toujours être à disposition. De même, un petit forceps (de Pajot ou
accès à l’étage sus-mésocolique, utile lorsqu’il existe une tumeur de
de Suzor) ou une ventouse doivent toujours être disponibles en salle
diagnostic incertain associée à la grossesse.
d’opération en cas de difficulté d’extraction.
L’incision transversale de Joël-Cohen a été décrite initialement pour
l’hystérectomie, [56] puis adaptée par Stark à la césarienne dans
l’hôpital Misgav Ladach à Jérusalem. [83] Dans cette technique, le
Technique de la césarienne chirurgien droitier se place à droite de la patiente. Une incision
par laparotomie cutanée transversale est réalisée à 3 cm environ sous la ligne
virtuelle joignant les épines iliaques antérosupérieures. Le trait est
Nous insisterons au cours de la description des temps opératoires donc situé un peu plus haut que lors d’une incision de Pfannenstiel ;
sur les apports de la technique de Misgav Ladach, rapportée par M. c’est un trait rectiligne après traction sur la peau qui le place dans le
Stark en 1984, [83] qui est considérée à ce jour comme la technique de respect des lignes de force de Langer. [54] Seule la peau est ouverte
référence. [22] Elle est le fruit d’une évaluation critique de chaque sur toute la longueur, en respectant le tissu sous-cutané. L’incision
temps chirurgical (Encadré 1). est approfondie au centre sur 2 à 3 cm jusqu’à l’aponévrose des
muscles droits, ouverte également sur 2 cm. À l’aide des index,
l’opérateur écarte les berges aponévrotiques vers le haut et le bas
Encadré 1 Technique de Misgav Ladach pour exposer la ligne blanche. En miroir, l’opérateur et son aide
introduisent l’index et le majeur d’une main entre les muscles droits
pour la césarienne [83, 54] et écartent ensemble muscles, aponévrose et tissu sous-cutané
Incision cutanée transversale à 3 cm sous la ligne interépineuse. jusqu’à obtenir l’ouverture souhaitée. Cette manœuvre est
Ouverture pariétale par écartement digital. habituellement non hémorragique. Le péritoine pariétal est alors
Ouverture transversale aux doigts du péritoine pariétal. accessible. Un orifice y est réalisé le plus haut possible par
Pas de champs abdominaux. dilacération digitale puis il est agrandi transversalement en exerçant
Incision du péritoine vésico-utérin et décollement au doigt. une traction divergente dans l’axe craniocaudal. [54]
Hystérotomie segmentaire transversale. L’ouverture selon la technique de Joël-Cohen réduit le temps
Délivrance manuelle immédiate. d’extraction fœtale par rapport à l’incision de Pfannenstiel. [7, 12, 25, 30,
Extériorisation utérine après la délivrance.
34, 37, 84]
L’ouverture pariétale avec cette technique n’est
Massage utérin. habituellement pas hémorragique et, si nécessaire, l’hémostase peut
Hystérorraphie par surjet en un plan. être repoussée à la fermeture. [54]
Pas de péritonisation.
Fermeture aponévrotique par surjet continu non passé. EXPOSITION
Pas de rapprochement sous-cutané. La facilité d’extraction fœtale est directement corrélée à la taille de
Pas de drainage. l’ouverture pariétale, mesurée comme l’ouverture maximale obtenue
Fermeture cutanée par quelques points espacés. entre les deux valves d’un écarteur placé après ouverture du
péritoine pariétal. Les difficultés d’extraction sont significativement
moindres lorsque la taille de l’ouverture est d’au moins 15 cm. [33]
INCISION
Dans une étude randomisée, une difficulté d’extraction était
Les critères majeurs de choix du type d’incision pour la césarienne rencontrée dans 75 % des cas lorsque la taille de l’ouverture était
sont le délai d’accès à l’utérus, la qualité de l’exposition qui inférieure à 13 cm. À taille d’incision identique, il n’y avait pas de
conditionne la facilité d’extraction fœtale et la morbidité associée : différence en termes de difficulté d’extraction entre une incision
risque infectieux, risque de déhiscence secondaire. Plusieurs facteurs transrectale de Maylard et une incision de Pfannenstiel, mais la taille
interfèrent avec ces objectifs : le degré d’urgence, les antécédents moyenne de l’incision transrectale était significativement plus
chirurgicaux, l’existence d’une obésité importante, les considérations grande que celle de Pfannenstiel (18,3 cm versus 14 cm). [9] Avec la
esthétiques et la préférence de la patiente. technique de Misgav Ladach, le jour obtenu est quelquefois
Les différentes voies d’abord pour la césarienne par laparotomie insuffisant pour l’extraction aisée du fœtus et il peut s’avérer
sont l’incision médiane sous-ombilicale et les incisions sus- nécessaire de compléter l’ouverture par une section musculaire
pubiennes transversales : incision de Pfannenstiel, [57] incision partielle. Le paramètre difficulté d’extraction n’est pas mentionné
transrectale avec (Maylard [66] ou Morley) ou sans (Mouchel) [68] dans les études comparant l’incision de Joël-Cohen à l’incision de
ligature des vaisseaux épigastriques, incision de Bastien [57] Pfannenstiel. À notre connaissance, l’incision de Joël-Cohen n’a pas
(ouverture transversale des plans superficiels, désinsertion sus- été comparée aux incisions transversales avec section musculaire.
pubienne des muscles grands droits), incision de Joël-Cohen. [32, 56] Il n’est pas obligatoire d’utiliser un écarteur abdominal pour une
L’incision de Mouchel [68] donne un large jour et a fait la preuve de césarienne. Dans la plupart des cas, une valve sus-pubienne suffit.
son efficacité et de son innocuité par rapport à celle de Pfannenstiel La berge pariétale supérieure est refoulée par l’aide ou par

3
41-902 Évolutions techniques de la césarienne Techniques chirurgicales

l’opérateur. Classiquement, un décollement vésico-utérin est décrit branchée « en T », au milieu de l’incision transversale, ou « en J »
pour avoir accès à un espace suffisant sur le segment inférieur et sur une de ses extrémités. [18] Cette dernière façon a notre préférence
réaliser l’hystérotomie. [78] Après avoir saisi le péritoine viscéral à mais les deux pratiques n’ont pas été comparées. La cicatrice utérine
environ 2 cm sous la zone de réflexion, on l’ouvre transversalement. ainsi créée est plus fragile et il est important de bien le mentionner
Les ciseaux sont glissés de chaque côté sous le péritoine pour le sur le compte rendu opératoire.
décoller avant de l’inciser sur 5 à 6 cm. On tend la berge péritonéale Lors d’une césarienne réalisée à un terme précoce, l’absence de
inférieure, ce qui permet de lever les fines adhérences vésico- formation du segment inférieur peut imposer la réalisation d’une
utérines. Ce clivage, amorcé aux ciseaux, est complété latéralement hystérotomie corporéale verticale. Cette dernière nécessitera une
au doigt, avec douceur. Dans la technique originale de Misgav césarienne itérative avant travail pour les accouchements suivants.
Ladach [67], le péritoine viscéral n’est pas amplement décollé mais Dans la méta-analyse de Rosen, [80] le risque de rupture utérine en
seulement incisé au bistouri au-dessus du repli vésico-utérin et cas d’épreuve du travail sur cicatrice corporéale verticale a été
refoulé doucement aux doigts. [83] Lorsque la vessie est bas située,
évalué à 12 %.
un bon accès au segment inférieur est possible au-dessus du repli
du péritoine vésico-utérin, sans aucun décollement. Il n’y a pas, à Récemment ont été mis sur le marché des dispositifs mécaniques
notre connaissance, de travail publié comparant ces habitudes. Il permettant d’inciser et d’agrafer simultanément le segment inférieur,
semble logique de s’adapter aux conditions anatomiques au cas par avec pour objectif de diminuer les pertes sanguines. Ce bénéfice
cas afin d’accéder en sécurité au segment inférieur en limitant le attendu n’a pas été prouvé et la technique s’accompagne d’une
risque vésical. augmentation du délai d’extraction fœtale et du coût opératoire. [96]
Dans certains cas (utérus infecté, adhérences chez une patiente En présence d’un placenta recouvrant la zone d’hystérotomie, on
multiopérée), un abord utérin par voie sous-péritonéale peut être aborde la cavité amniotique en glissant sa main entre la paroi utérine
utilisé. La technique la plus classique, courante aux États-Unis, [94] et le placenta, en refoulant ce dernier vers le bas pour atteindre les
comporte un abord latérovésical gauche. [78] La vessie est remplie membranes. Parfois, il peut être nécessaire de passer à travers le
avec du sérum coloré par du bleu de méthylène afin de repérer une placenta pour atteindre le fœtus. Cette procédure doit être rapide
éventuelle plaie peropératoire. Le péritoine n’est pas ouvert ; la car elle s’accompagne d’une hémorragie importante avec saignée
vessie est refoulée latéralement pour accéder au segment inférieur. fœtale, qui peut être limitée par un clampage premier du cordon.
L’espace serait légèrement moindre que celui obtenu par voie Exceptionnellement pendant la césarienne, l’accès au fœtus peut être
transpéritonéale. [78] obtenu sans hystérotomie par incision du vagin seul lorsque ce
Une inspection du segment inférieur en apprécie la qualité, en dernier est ascensionné dans la cavité pelvienne à dilatation
particulier lors d’une césarienne itérative, afin de préciser le complète. [41]
pronostic obstétrical ultérieur.

EXTRACTION FŒTALE
HYSTÉROTOMIE
L’extraction fœtale ne doit être ni brutale ni précipitée, ce qui
La connaissance de la localisation placentaire par l’opérateur est
nécessite de respecter la mécanique obstétricale. Elle expose par
impérative lors de la réalisation d’une césarienne afin de ne pas être
ailleurs l’utérus à des lésions traumatiques.
surpris par un placenta antérieur bas inséré. De même, en cas
d’utérus cicatriciel, l’évaluation du risque de placenta accreta est En cas de présentation céphalique, l’opérateur glisse sa main sous la
devenue de plus en plus pertinente grâce aux progrès de tête fœtale en épousant ses contours. Après avoir bien repéré son
l’échographie et de l’imagerie par résonance magnétique. [23, 60] orientation, on amène la présentation, occiput en haut et en avant
L’incision doit être segmentaire transversale, dans la direction des au niveau de l’ouverture utérine, sans faire levier sur la berge
fibres et des vaisseaux myométriaux (NP 1). [22] Son niveau est inférieure de l’hystérotomie pour ne pas provoquer de déchirure. La
adapté à celui du pôle fœtal, mais pas trop bas, au risque de rendre main reste suspendue et forme un toboggan sur lequel va glisser la
la suture utérine plus difficile, notamment en cas de refend vertical. présentation, propulsée par pression sur le fond utérin. Cette
Après avoir repéré le degré de bascule latérale droite de l’utérus pression, exercée par l’aide ou l’opérateur, doit se faire dans un axe
pour centrer le geste, on incise prudemment le segment inférieur longitudinal.
sur 2 ou 3 cm, bistouri tenu horizontal, jusqu’à l’apparition des En cas de difficultés d’extraction du fait d’une tête haute ou d’une
membranes ou l’irruption de liquide amniotique. Il faut prendre macrosomie, un forceps ou une ventouse peuvent être salutaires.
garde de ne pas blesser le fœtus avec la lame. En cas de suspicion Une version par manœuvre interne suivie d’une extraction par le
d’infection amniotique, un prélèvement de liquide peut être réalisé mode siège est aussi réalisable. En cas de difficulté d’extraction, il
pour examen bactériologique. On complète l’ouverture utérine à est important d’avoir vérifié qu’on dispose d’une ouverture pariétale
l’aide des deux index opposés écartant latéralement les berges. suffisante. Outre l’hystérotomie, les plans pouvant occasionner une
L’hystérotomie aux ciseaux, sur deux doigts introduits en protection, dystocie sont essentiellement le plan aponévrotique et la peau.
ne limite pas le risque d’extension latérale vers les pédicules L’incision, sous prétexte esthétique, ne doit pas être trop petite. Si la
utérins. [22] Il n’y a pas d’étude ayant évalué l’intérêt d’une pré- tête fœtale est très basse, enclavée dans le bassin, un aide peut la
incision arciforme du fascia segmentaire pour guider le trajet de refouler par voie vaginale pour faciliter les manœuvres.
l’hystérotomie et protéger les pédicules vasculaires. L’ouverture aux L’extraction du fœtus en siège est souvent plus simple. On
doigts est plus simple et permet de suivre le plan des fibres, plus extériorise les membres inférieurs l’un après l’autre, en respectant et
physiologique, ce qui pourrait garantir une cicatrisation plus en utilisant la physiologie des articulations puis, en douceur, le reste
solide. [54] Elle ne présente pas de risque de blessure de l’enfant. du corps, à l’aide de mouvements alternés de rotation. On peut
Une hystérotomie segmentaire verticale (incision de Krönig) est aider, d’un doigt en crochet placé dans le pli du coude, la sortie de
utilisée par certains auteurs, notamment en cas de particularité de la chaque membre supérieur. Si le dos est en avant, on peut faire
vascularisation utérine imposant de passer entre les vaisseaux. Cette basculer le corps de l’enfant vers le haut en le renversant sur le
incision nécessite un grand décollement vésico-utérin et présente un ventre de sa mère pour faciliter la sortie de l’extrémité céphalique,
risque de blessure vésicale, d’extension corporéale et vers le vagin. sous contrôle de la flexion céphalique par une traction sur la
Elle ne semble pas s’accompagner d’un risque accru de rupture au mandibule à l’aide d’un doigt glissé dans la bouche. On doit prendre
cours d’une grossesse ultérieure par rapport à l’incision segmentaire garde dans ces manœuvres au rachis cervical de l’enfant : des lésions
transversale. [40] neurologiques sont possibles. Le principe essentiel de leur
En cas de difficultés d’extraction, exceptionnellement, il peut s’avérer prévention est d’éviter toute hyperextension du rachis cervical. Si le
nécessaire d’agrandir l’hystérotomie par une incision dos est en arrière, la sortie se fait aisément en enroulant le fœtus.
segmentocorporéale verticale dirigée vers le haut. Elle peut être Toutes les manœuvres doivent être réalisées en douceur.

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Techniques chirurgicales Évolutions techniques de la césarienne 41-902

En cas de présentation transverse, une version avec extraction HYSTÉRORRAPHIE


podalique est réalisée. On se saisit du membre inférieur le plus La suture utérine est un temps opératoire très important de la
accessible pour amener l’enfant en siège. césarienne pour garantir la solidité de la cicatrice utérine. Le fascia
La plupart des difficultés d’extraction sont résolues par la version utérin en est l’élément de solidité. Un affrontement parfait des
podalique, qui reste une technique à connaître et à enseigner berges est nécessaire, sans aucune interposition muqueuse ou
(Racinet). musculaire. Par rapport à une réparation in situ, il n’y a pas
d’avantage ni d’inconvénient démontré à extérioriser l’utérus pour
L’aide de l’anesthésiste peut être demandée en cas de rétraction
sa fermeture. [98] En particulier, le retentissement sur la douleur
utérine gênant l’extraction fœtale. L’injection intraveineuse d’un
postopératoire n’a pas été étudié et il n’a pas été mis en évidence de
dérivé nitré permet généralement un relâchement rapide de l’utérus.
différence en termes de pertes sanguines peropératoires. [40, 98] Sous
Certaines situations imposent des mesures préventives à l’égard du anesthésie locorégionale, les nausées et vomissements peropératoires
fœtus. En cas de liquide méconial, outre l’amnio-infusion pendant sont plus fréquents en cas d’extériorisation utérine. [98] Dans la
le travail, qui améliore le pronostic néonatal, [52] une aspiration technique de Misgav Ladach, Stark extériorise l’utérus. [83] Cette
rhinopharyngée avec une sonde adaptée peut être réalisée avant tout manœuvre permet une bonne exposition, le contrôle de la rétraction
mouvement respiratoire pour diminuer le risque d’inhalation utérine, l’exploration de l’utérus et des pédicules vasculaires. Elle
méconiale. [48] En cas de césarienne chez une patiente infectée par le est néanmoins, à ce jour, insuffisamment évaluée.
virus de l’immunodéficience humaine (VIH), on essaie d’éviter au Une pince en cœur est placée sur chaque berge de l’hystérotomie et
maximum tout contact entre l’enfant et le sang maternel, notamment on vérifie l’absence de déchirure du segment inférieur. Un massage
en respectant la poche des eaux lors de l’hystérotomie. [88] de l’utérus stimule sa rétraction, essentielle à l’hémostase. [54] En cas
Le cordon est clampé et sectionné entre deux pinces de Kocher et de saignement au niveau des extrémités de la cicatrice utérine, on
l’enfant remis à la personne chargée du recueil. Un clampage retardé en réalise le contrôle premier par la pose de pinces ou de points
d’environ 30 secondes est considéré comme bénéfique en cas de hémostatiques. Une suture de l’hystérotomie par surjet non passé
prématurité (NP 5). [78] Dans les situations où une souffrance fœtale en un plan est aussi efficace que des points séparés en deux plans. [50]
est suspectée, un prélèvement de sang artériel peut être réalisé au Elle diminue le nombre de points d’hémostase complémentaire
niveau du cordon pour une analyse gazométrique et un dosage de nécessaires. [40] Elle n’expose pas à un risque accru d’endométrite [50]
lactates. ni de déhiscence ultérieure. [90] Il n’y a pas, à notre connaissance, de
données suffisantes permettant de comparer une suture utérine
extramuqueuse à une suture en un plan total en termes de solidité
DÉLIVRANCE de la cicatrice utérine. [ 2 8 ] Pour certains auteurs, la suture
L’injection d’ocytocique (5 à 10 unités de Syntocinont en extramuqueuse éviterait l’inclusion secondaire de caduque, exposant
intraveineuse directe [IVD]), au moment de l’extraction fœtale, à une fragilisation de la cicatrice et à une endométriose (NP 5). [78] Il
permet de réaliser une délivrance dirigée par traction douce sur le n’y a pas d’essai clinique probant permettant de comparer la suture
cordon et pression sur le fond utérin. On prend garde au risque utérine par points séparés à la suture par surjet non passé. Des
d’inversion utérine. Par rapport à une délivrance manuelle données expérimentales suggèrent que les points simples seraient
immédiate, cette technique s’accompagne d’une réduction du risque moins ischémiants que les points en X ou les surjets. [78]
d’endométrite postopératoire et pourrait minimiser les pertes Récemment, des études randomisées chez le chien et la brebis [44, 45]
sanguines peropératoires. [97] ont montré que l’absence de suture de l’hystérotomie segmentaire
En cas de délivrance incomplète ou douteuse, une révision utérine transversale était sans conséquence sur la morbidité postopératoire
est faite. Il n’y a pas d’intérêt démontré à changer de gants pour la et s’accompagnait de moins de nécrose musculaire et de fibrose
révision utérine. [97] Pour certains auteurs, la révision à l’aide d’une utérine dans ces espèces. Le devenir obstétrical des animaux n’était
compresse est déconseillée car elle s’accompagnerait d’un risque de pas mentionné. Les auteurs suggéraient d’envisager chez la femme
synéchie (NP 5). [78] une simplification des techniques d’hystérorraphie.
Si le col utérin est fermé, certains auteurs conseillent de le dilater
pour faciliter l’écoulement des lochies (NP 5). [78] On peut utiliser à EXPLORATION DE LA CAVITÉ ABDOMINALE, CONTRÔLE
cet effet une bougie de gros diamètre qui sera passée à travers le col DE L’HÉMOSTASE ET TOILETTE PÉRITONÉALE
et laissée dans le vagin pour être retirée par voie basse à la fin de Le corps utérin et la partie postérieure du segment inférieur, les
l’intervention. En cas de risque infectieux important ou de sténose annexes, le péritoine, et l’appendice doivent être examinés
cervicale, certains auteurs prônent un drainage de la cavité utérine systématiquement. On vérifie la qualité de la rétraction utérine, au
par une sonde de gros calibre passée dans le col vers le vagin [57] et besoin après compression et réinjection d’ocytocine. Des points
laissée pendant les deux ou trois premiers jours postopératoires pour complémentaires peuvent être nécessaires sur le segment inférieur
permettre l’évacuation des lochies. Le forage au doigt est déconseillé pour parfaire l’hémostase. On prend soin d’éliminer à la main ou
en raison du risque septique (NP 5). [78] par aspiration tous les caillots de la cavité péritonéale mais, selon
Si nécessaire, le placenta est adressé au laboratoire pour examen Stark et Holmgren, il n’est pas utile d’assécher celle-ci avec des
anatomopathologique ou bactériologique. champs car le liquide amniotique a un effet bactériostatique. [54] En
outre, une agression minimale du péritoine favorise une reprise plus
précoce du transit [54] et diminuerait le risque d’adhérences
ANTIBIOPROPHYLAXIE postopératoires. [26] Chez des patientes à bas risque, il ne semble pas
y avoir d’intérêt à réaliser une toilette péritonéale systématique au
Après clampage du cordon, l’injection d’une dose d’antibiotique sérum physiologique. [49]
diminue le risque de complications maternelles infectieuses
postopératoires : épisodes fébriles, endométrites, infections urinaires
et pariétales. [82] Pour cela, ampicilline et céphalosporines de 1re DIFFICULTÉS ET COMPLICATIONS PEROPÉRATOIRES
génération sont aussi efficaces. La SFAR (Société française
¶ Hémorragies
d’anesthésie et réanimation) recommande l’administration de 2 g de
céphazoline au clampage du cordon (ou 600 mg de dalacine en cas Elles peuvent être la conséquence d’une atonie utérine, d’une plaie
d’allergie). [74] Le bénéfice d’une antibiothérapie systématique plus ou d’une déchirure, et/ou d’une anomalie de l’insertion placentaire.
prolongée n’est pas établi. La couverture systématique des Elles sont favorisées par la multiparité, la surdistension utérine, le
mycoplasmes est aujourd’hui discutée et une étude randomisée travail prolongé, l’infection, les anomalies de la paroi ou de la cavité
récente montre une réduction du risque d’endométrite utérine, les anomalies constitutionnelles ou acquises de la
postopératoire si cette prophylaxie est réalisée. [6] coagulation et l’utilisation de médicaments utérorelaxants.

5
41-902 Évolutions techniques de la césarienne Techniques chirurgicales

La prise en charge d’une hémorragie doit être stéréotypée pour comprennent la résection de la zone accreta dans les formes
pouvoir être reproduite avec efficacité dans le contexte de l’urgence. partielles, l’embolisation des artères utérines et le traitement par
Il faut agir rapidement en synergie avec l’anesthésiste–réanimateur méthotrexate. [4, 39] Ces alternatives ont permis d’éviter une
qui prendra en charge l’évaluation du retentissement de hystérectomie dans 80 % des cas dans la série de Gielchinsky et al. Il
l’hémorragie sur l’hémodynamique et la coagulation, le remplissage n’y a pas actuellement de consensus concernant la prise en charge
vasculaire, l’administration des ocytociques, la commande et la de cette pathologie.
transfusion éventuelle de produits sanguins, la correction des
troubles de l’hémostase. Les gestes sont réalisés méthodiquement, ¶ Déchirures traumatiques génitales
par agressivité croissante mais sans perte de temps, avant
Elles surviennent le plus souvent lors de l’extraction fœtale et
l’installation de troubles de la coagulation. Les hémorragies
peuvent concerner l’utérus, voire le vagin et les ligaments larges.
obstétricales sont la première cause de mort maternelle en France, le
Leur prévention nécessite une hystérotomie de taille adaptée au
plus souvent en raison d’un retard de prise en charge. [15] Près de
volume fœtal ainsi que le respect de la mécanique obstétricale et des
90 % de ces décès seraient évitables par une prise en charge
principes d’extraction sus-décrits. La réparation nécessite une bonne
adaptée. [16] Malgré l’urgence, l’information de la patiente et de sa
exploration du segment inférieur et un repérage systématique des
famille ne doit pas être négligée. La tenue du dossier médical,
uretères.
mentionnant les gestes réalisés et les horaires, doit être rigoureuse.
Le versant chirurgical du traitement comporte : ¶ Plaie des voies urinaires
– la vérification de la vacuité utérine avec élimination des débris Une plaie vésicale peut survenir lors de l’abord de la cavité
placentaires et recherche de zones de placenta accreta ; péritonéale, du décollement vésico-utérin, d’une hystérotomie
– l’extériorisation de l’utérus, ce qui permet d’explorer ses deux verticale. Le risque de blessure vésicale est augmenté en cas de
faces, de le masser et d’injecter éventuellement dans le myomètre césarienne itérative, d’adhérences postopératoires, d’ascension
15 unités de Syntocinont ; anormale de la vessie. Reconnue en peropératoire et suturée
soigneusement, la plaie vésicale évolue vers la guérison sans
– la demande d’administration parentérale de Syntocinont ;
séquelle, sous antibiothérapie et un sondage à demeure de quelques
– en cas d’atonie utérine persistante après l’administration de jours. Méconnue, elle risque de donner une fistule vésico-utérine ou
60 unités de Syntocinont, en concertation avec l’équipe de vésicovaginale.
réanimation, la demande d’une perfusion de Naladort: 1 ampoule à Les plaies urétérales sont rares et surviennent essentiellement lors
500 µg en 1 à 2 heures à la seringue électrique, en l’absence de des gestes hémostatiques en urgence : suture à l’aveugle d’une
contre-indication cardiovasculaire ; déchirure du ligament large, hystérectomie, ou lors d’un geste
– le repérage par des pinces en cœur des limites de l’hystérotomie associé (myomectomie d’un fibrome du ligament large). Elles sont
et la recherche d’une déchirure traumatique ainsi que leur suture souvent méconnues en peropératoire et diagnostiquées
(l’exploration du segment inférieur peut nécessiter d’agrandir le secondairement. Leur prévention nécessite le repérage systématique
décollement vésico-utérin). Si la constatation de l’hémorragie a lieu des uretères dans toutes les situations à risque. La réparation de
après l’hystérorraphie, il ne faut pas hésiter à désunir la cicatrice l’uretère est au mieux réalisée par un chirurgien compétent en
pour la contrôler ; urologie.
– l’exploration des pédicules utérins et leur hémostase éventuelle [73] ¶ Plaie digestive
par un point passé au niveau du début du trajet ascendant de
l’artère utérine, au contact du bord latéral de l’utérus et prenant La réparation d’une plaie du grêle se fait après l’extraction fœtale,
éventuellement appui sur le myomètre ; sur une anse isolée sur un champ. Elle doit assurer une suture
étanche, non sténosante, en tissu sain. Elle est complétée par un
– la compression et le massage de l’utérus de façon continue pour
lavage abondant de la cavité péritonéale. En cas de plaie colique, les
stimuler sa rétraction ;
mêmes principes doivent être respectés et une antibiothérapie à
– en l’absence de réponse au bout de 30 minutes, la ligature élective large spectre est justifiée. L’éventualité d’un geste plus élaboré sur
bilatérale des vaisseaux utérins (artères utérines, tubo-ovariennes et le côlon impose de prendre l’avis d’un chirurgien digestif.
des ligaments ronds) selon la technique proposée par
Tsirulnikov ; [89]
GESTES ASSOCIÉS
– la ligature bilatérale du tronc antérieur des artères iliaques
internes, prônée d’emblée par certains dès l’étape précédente ; [72] La constatation d’une anomalie au cours de l’inspection
abdominopelvienne peut faire poser l’indication d’un geste
– en l’absence de troubles de la coagulation. Pour obtenir une chirurgical associé.
hémostase, il faut un utérus contractile et des facteurs de la Une tumeur ovarienne impose son exérèse pour examen
coagulation satisfaisants ; anatomopathologique. Le geste (kystectomie, ovariectomie) ne
– après les ligatures vasculaires, la compression des zones présente pas de particularité dans le contexte.
hémorragiques, le temps de la réanimation et de la correction des Les fibromes utérins peuvent augmenter de volume au cours de la
troubles de l’hémostase ; grossesse et leur vascularisation est importante. Il existe un
– pour certains auteurs, un capitonnage de l’utérus selon la consensus pour ne pas réaliser une myomectomie pendant une
technique décrite par B. Lynch ; [14] césarienne. [21] L’ablation des petits myomes de moins de 3 cm, qui
vont diminuer après l’accouchement, et celle des myomes du
– si les conditions hémodynamiques sont inquiétantes, une ligament large, en raison du risque opératoire, n’est pas
compression de l’aorte abdominale le temps du déchocage ; recommandée. Néanmoins, l’exérèse des gros myomes facilement
– une hystérectomie d’hémostase, dernière solution si la patiente a extirpables (pédiculés) ou compliqués de nécrobiose est légitime si
déjà été transfusée massivement et que les troubles de la coagulation elle peut éviter à la patiente une laparotomie ultérieure à court
se sont installés. terme.
En cas d’anomalie de l’insertion placentaire (placenta accreta ou Une appendicectomie n’est réalisée que si l’appendice paraît
percreta), l’opportunité d’une hystérectomie d’hémostase doit être pathologique. Le geste ne semble pas augmenter la morbidité de la
discutée rapidement dès le diagnostic établi. Le placenta accreta est césarienne. [75]
devenu la première cause d’hystérectomie d’hémostase dans les La réalisation d’une stérilisation tubaire est réglementée par la loi
études récentes. [39, 58] Les possibilités de traitement conservateur du 4 juillet 2001 (JO du 7 juillet). Elle autorise maintenant cet acte

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Techniques chirurgicales Évolutions techniques de la césarienne 41-902

sur demande de la patiente, alors qu’un motif médical était sous-aponévrotique qui peut être retiré au bout de 48 à 72 heures en
auparavant requis. Une information doit préciser les risques fonction de l’évolution. Un drainage sous-cutané ne semble pas
médicaux encourus et le caractère définitif de la procédure. Une diminuer le risque de suppuration pariétale, même chez des
confirmation écrite de la demande par la patiente est obligatoire, patientes à risque. [2] Ce risque dépend essentiellement de l’épaisseur
après un délai de réflexion de 4 mois. du tissu sous-cutané. [20]
Certaines modifications peuvent être apportées à la technique de
Misgav Ladach sans altérer ses avantages (Encadré 2). Cependant,
FERMETURE PARIÉTALE
ces modifications nécessitent une évaluation rigoureuse.
Après compte des compresses et des champs, on procède à la
fermeture pariétale.
L’absence de fermeture des feuillets péritonéaux (viscéral et pariétal) Encadré 2 Modifications pouvant être
est associée à une diminution de la morbidité postopératoire apportées à la technique de Misgav Ladach
précoce [70] et, dans certaines études, à une réduction de la douleur [53, Incision cutanée au même niveau que l’incision de Pfannenstiel.
79]
et des délais de reprise du transit. Elle pourrait diminuer le risque Pas de décollement vésico-utérin si l’anatomie le permet.
d’adhérences postopératoires. [54, 83] Elle est aujourd’hui considérée
Délivrance dirigée par injection d’ocytocine intraveineuse et
comme inutile (NP 1). [10]
traction sur le cordon.
Si l’hémostase pariétale n’a pas été réalisée à l’ouverture, elle est Hystérorraphie in situ sans extériorisation de l’utérus.
complétée au besoin à ce moment. Rapprochement sous-cutané par suture du fascia superficialis si le
Un rapprochement musculaire est conseillé par certains auteurs dans tissu sous-cutané est épais.
les incisions médianes et dans la partie caudale des incisions de Surjet intradermique résorbable en l’absence de risque infectieux.
Pfannenstiel (NP 5). [78] Dans les incisions comportant une section
des muscles grands droits, la suture musculaire est inutile. [38, 77]
Faut-il changer d’instruments, de gants et mettre des champs Césarienne par voie vaginale
propres au moment de la fermeture superficielle ? Ces principes de
base qu’on nous a enseignés en chirurgie ont été très peu évalués. Exceptionnellement pratiquée, il s’agit d’une césarienne segmentaire
En ce qui concerne le changement de gants, les données des études extrapéritonéale, réalisable en dehors de toute dystocie mécanique
récentes sont contradictoires. [91] sur un segment inférieur bien formé. L’indication principale est
l’urgence médicale avec un fœtus dont la naissance par voie basse a
Les feuillets aponévrotiques sont recousus par surjet ou points été jugée facile (diamètre bipariétal inférieur à 80 mm). Dans un
séparés de polyglactine. On peut enfouir les nœuds à chaque contexte de menace maternelle grave, de souffrance fœtale aiguë ou
extrémité du surjet par des points inversants pour éviter leur de grande prématurité, elle peut permettre l’accouchement dans un
perception sous la peau par la patiente. La suture aponévrotique délai bref avec un minimum de traumatisme fœtal. Les temps
doit être particulièrement soigneuse. Le risque d’éventration est plus opératoires comprennent une section verticale de la lèvre antérieure
important en cas d’incision médiane. du col, un décollement vésico-utérin facilité par une traction
Il n’y a pas d’intérêt démontré à irriguer la cicatrice avec un divergente des bords du col incisé, un refoulement de la vessie à
antiseptique juste avant de fermer les plans superficiels. C’est l’aide d’une valve, une hystérotomie segmentaire verticale dans le
l’antibioprophylaxie parentérale qui prévient les complications prolongement de l’incision cervicale. [57] Si nécessaire, une incision
infectieuses pariétales. [82] complémentaire peut être réalisée : soit une incision transversale en
Dans plusieurs études randomisées, un rapprochement sous-cutané avant, soit une incision longitudinale en arrière, cervicosegmentaire,
par suture du fascia superficialis diminue le risque de désunion après ouverture du cul-de-sac de Douglas. [57] L’extraction fœtale se
superficielle de paroi, en particulier lorsque le tissu sous-cutané est fait après retrait des valves. Les suites maternelles sont comparables
épais. [20] à celles d’un accouchement naturel. [78]
La fermeture cutanée est réalisée selon les habitudes de chaque
opérateur car le résultat dépend surtout du soin qu’on y apporte.
En dehors de situations particulières, nous utilisons volontiers un Surveillance postopératoire
surjet intradermique avec du fil résorbable, ce qui est confortable
pour les patientes et économise des actes infirmiers en À la fin de l’intervention, on vérifie la qualité de la rétraction utérine,
postopératoire. Stark conseille deux à trois points larges espacés l’abondance des pertes de sang, la diurèse et l’absence d’hématurie.
complétés par la pose pendant 5 minutes de pinces d’Allis. [83] On réalise un décaillottage de l’utérus et du vagin par pression sur
D’autres auteurs utilisent volontiers des agrafes. [37] Le résultat le fond utérin.
esthétique en fonction du type de suture cutanée (points séparés ou En collaboration avec l’anesthésiste sont décidées les prescriptions
surjet intradermique de PDSt) a été étudié sur une série prospective postopératoires : antalgiques, ocytociques, antibiothérapie
de 108 césariennes par incision médiane ou de Pfannenstiel et dans éventuelle, anticoagulants, transfusion éventuelle, numération
une étude randomisée comparant la suture par agrafes à un surjet globulaire de contrôle, date de retrait de la sonde vésicale et des
intradermique pour des incisions de Pfannenstiel. [35] Dans ces drains, et la reprise de l’alimentation. Ces consignes et celles de la
travaux, le surjet intradermique sur cicatrice sus-pubienne surveillance clinique sont mentionnées par écrit dans le dossier. Au
transversale donnait le meilleur résultat esthétique et la meilleure sein d’un service obstétrical, elles sont souvent standardisées.
satisfaction des patientes. Récemment, les colles biologiques, déjà L’antibiothérapie est poursuivie au cas par cas en fonction des
utilisées dans d’autres domaines de la chirurgie depuis plusieurs facteurs de risque infectieux (rupture prolongée des membranes,
années, commencent à être utilisées pour la fermeture cutanée. Dans infection génito-urinaire, fièvre pendant le travail), en attendant le
le cadre des larges incisions abdominales et de la césarienne en résultat des prélèvements bactériologiques éventuels. La fièvre et les
particulier, ces biomatériaux ne sont pas encore suffisamment infections sont les principales complications après césarienne. [59, 78]
évalués. [81] Actuellement, il n’y a pas de consensus quant à la La prévention thromboembolique est importante car la patiente
meilleure technique de fermeture cutanée pour la césarienne. [1] césarisée cumule les risques postopératoire et du post-partum. [43]
Un drainage pariétal systématique n’est pas justifié selon Stark. [83] Une anticoagulation par héparine de bas poids moléculaire est
En effet, la technique utilisée ne comporte pas de décollement adaptée en fonction du poids de la patiente et d’éventuels facteurs
aponévrotique. Dans les techniques comportant un décollement de risque. [5, 43] On insiste sur une mobilisation et un lever précoces.
musculaire hémorragique ou chez les patientes présentant un risque Des bas de contention sont utiles en cas de mauvais état veineux.
de saignement particulier, il nous semble prudent de laisser un drain Les anticoagulants sont poursuivis en fonction du risque individuel,

7
41-902 Évolutions techniques de la césarienne Techniques chirurgicales

en surveillant la numération plaquettaire. [43] L’incidence des Conclusion


accidents thromboemboliques rapportée au cours de la grossesse et
du post-partum varie de 0,5 à 2,94 pour 1000 naissances avec une
moyenne de l’ordre de 1/1000. [92] La mortalité par embolie La technique de la césarienne a évolué ces dix dernières années vers une
pulmonaire reste de 1 à 2 %, [15, 59, 92] ce qui représenterait près d’un simplification de l’acte opératoire, initiée par Stark dans la technique de
quart de la mortalité maternelle évitable. [ 1 7 ] Le risque Misgav Ladach. Ces modifications techniques (Encadré 2)
thromboembolique ne semble pas augmenté en cas de césarienne s’accompagnent d’une réduction du délai d’extraction fœtale, du temps
itérative. [62] et du coût de l’intervention, de la douleur postopératoire et de la
L’effet conjoint de l’intervention et de l’anesthésie locorégionale morbidité postopératoire maternelle précoce. Il n’est pas établi que ces
exposent à un risque de rétention d’urines. La sonde vésicale peut évolutions techniques s’accompagnent d’une amélioration du pronostic
être enlevée dans les heures qui suivent l’intervention. Toutefois, la pédiatrique. [34]
sonde à demeure est confortable pour la patiente la première nuit. Rappel sur les niveaux de preuve (NP)
Les drains sont habituellement retirés après 48 heures. Classification de l’efficacité d’une intervention médicale selon le groupe
Une alimentation légère est possible dès la 6e heure canadien sur l’examen médical périodique (Canadian Task Force).
postopératoire. [22, 65] Il n’y a pas d’argument à ce jour permettant de NP 1 : preuves obtenues d’au moins un essai clinique randomisé de
proscrire la prise de boisson après une césarienne non façon appropriée.
compliquée. [65] La reprise du transit se fait habituellement vers le 3e NP 2 : preuves obtenues d’essais cliniques bien menés sans
jour. randomisation.
La durée d’hospitalisation est d’environ 5 jours. [30] NP 3 : preuves obtenues d’études de cohortes ou d’études cas–témoins
bien menées, de préférence dans plus d’un centre ou par plus d’un
Compte rendu opératoire groupe de recherche.
Le chirurgien doit établir un compte rendu de l’intervention NP 4 : preuves obtenues de séries chronologiques multiples avec ou
précisant l’indication de la césarienne, la technique utilisée, l’état de sans intervention.
l’enfant à la naissance, les difficultés rencontrées éventuellement et NP 5 : preuves fondées sur la base d’opinions expertes reconnues, à
tous les renseignements pouvant avoir un impact sur la prise en partir de l’expérience clinique, d’études descriptives ou de rapports de
charge obstétricale ultérieure de la patiente. comités d’experts.

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9
41-910
Encyclopédie Médico-Chirurgicale 41-910 (2004)

Hémorragies graves de la délivrance :


ligatures vasculaires, hystérectomie
ou embolisation ?
F. Sergent
B. Resch
E. Verspyck
Résumé. – Cet article est une mise à jour des connaissances sur les différentes méthodes de prise en charge
B. Rachet
de l’hémorragie du post-partum réfractaire au traitement médical et obstétrical. Les sources de données qui
E. Clavier
sont informatiques sont celles de PubMed, Medlinet limitées aux publications en langues anglaise et
L. Marpeau
française. L’atonie utérine et les anomalies d’insertion placentaire (placenta praevia ou accreta) sont les
causes le plus couramment impliquées dans cette situation. Pour préserver l’utérus, nous disposons soit de la
radiologie interventionnelle avec l’embolisation, soit de la chirurgie avec les ligatures vasculaires.
L’embolisation est une méthode peu invasive réalisable par simple cathétérisme sous anesthésie locale. Les
ligatures vasculaires nécessitent le plus souvent une laparotomie. Elles intéressent les pédicules utérins ou les
artères iliaques internes. Les plicatures et les cloisonnements utérins sont des méthodes chirurgicales
récentes, faciles à réaliser, mais pour lesquelles nous manquons de recul. Sur l’atonie, la réussite de
l’embolisation et des ligatures des pédicules utérins est proche de 100 %. La ligature des artères iliaques
internes est sans doute un peu moins efficace et plus difficile à réaliser sur le plan technique. Elle demeure
intéressante dans les lésions traumatiques obstétricales qui ne concernent pas l’utérus. Sur les hémorragies
provenant du segment inférieur lors d’une césarienne, la ligature basse des artères utérines s’impose. Toutes
ces méthodes sont d’autant plus efficaces qu’elles sont réalisées précocement, avant la survenue de troubles
majeurs de la coagulation. Auquel cas, la dévascularisation utérine doit également s’appliquer aux pédicules
lombo-ovariens. En présence d’un placenta accreta, la portion adhérente du placenta peut être laissée en
place et l’embolisation ou les ligatures vasculaires effectuées. Néanmoins, quelle que soit la technique, la
principale cause d’échec du traitement conservateur est liée au placenta accreta. Les méthodes les plus
simples et les moins morbides doivent être retenues. Après un accouchement par voie naturelle, il s’agit de
l’embolisation, sous réserve que l’état hémodynamique de la patiente soit stable et que le centre de radiologie
interventionnelle soit proche. En cours de césarienne, il s’agit de la ligature progressive des pédicules utérins
adaptée à l’étiologie de l’hémorragie. En cas d’échec d’un traitement conservateur, il serait dangereux de
multiplier les techniques. L’hystérectomie d’hémostase doit alors garder sa place.
© 2004 Elsevier SAS. Tous droits réservés.

Mots-clés : Embolisation radiologique ; Hémorragie du post-partum ; Hystérectomie d’hémostase ; Ligatures


vasculaires

Introduction considérable la mortalité des parturientes. L’OMS estime à 150 000


le nombre de décès annuel dans le tiers monde par HPP. [5] En
France, cette mortalité est évaluée approximativement entre un et
Les hémorragies du post-partum (HPP) sont un sujet de
deux décès annuels pour 100 000 naissances. [6] Pour autant, le récent
préoccupation constant pour les obstétriciens et les anesthésistes de
maternité. Elles intéressent 4 à 5 % des accouchements. [1] Malgré rapport Bréart-Puech-Rozé sur la périnatalité affirme que l’HPP
l’identification de certains facteurs de risque, [2, 3] les HPP sont le demeure la première cause de mortalité maternelle dans notre pays
plus souvent imprévisibles. [3, 4] Les mesures obstétricales et et que huit à neuf décès sur dix par hémorragie seraient évitables. [7]
médicales habituelles, à savoir révision utérine, examen de la filière Dans les pays développés, les services d’obstétrique sont
génitale sous valves, massage utérin, perfusion d’ocytociques et de régulièrement confrontés à des situations où la prise en charge
prostaglandines, sont le plus souvent efficaces pour contrôler l’HPP. médicale n’est plus en mesure de contrôler le syndrome
Cette prise en charge optimale a permis de faire reculer de façon hémorragique massif. Il y a 10 ans, la ligature des artères
hypogastriques ou l’hystérectomie d’hémostase constituaient les
solutions de référence dans ces situations. Depuis, l’embolisation
radiologique et de nouvelles techniques chirurgicales se sont
développées et répandues. Dans ce domaine, l’expérience d’un
F. Sergent, B. Resch, E. Verspyck
Clinique gynécologique et obstétricale, hôpital Charles-Nicolle, 1, rue de Germont, 76031 Rouen cedex, certain nombre d’équipes est régulièrement rapportée par la
France. littérature. Le but de ce travail est de faire une mise au point sur les
B. Rachet
Département d’anesthésie–réanimation, hôpital Charles-Nicolle, 1, rue de Germont, 76031 Rouen cedex, différentes méthodes qui sont disponibles en 2003 dans la gestion
France. ultime de l’HPP sévère, d’évaluer leurs avantages et leurs limites,
E. Clavier
Service de neuroradiologie et radiologie interventionnelle, hôpital Charles-Nicolle, 1, rue de Germont,
de définir une attitude pratique face à cette urgence obstétricale sans
76031 Rouen cedex, France. faire courir un risque vital inconsidéré aux patientes, tout en
L. Marpeau
Clinique gynécologique et obstétricale, hôpital Charles-Nicolle, 1, rue de Germont, 76031 Rouen cedex,
conservant quand c’est possible et raisonnable leur potentiel de
France. fertilité.
Hémorragies graves de la délivrance :
41-910 Techniques chirurgicales
ligatures vasculaires, hystérectomie ou embolisation ?
Patientes et méthode rétrograde jusqu’à la bifurcation aortique, puis successivement un
cathétérisme de chaque axe hypogastrique sont réalisés de façon à
Notre expérience est celle d’une équipe de gynécologues- dresser après injection de produit de contraste une cartographie
obstétriciens et d’anesthésistes exerçant dans une maternité artérielle pelvienne. [8] L’artériographie peut visualiser le saignement
régionale et universitaire de niveau III dont le volume annuel sous la forme d’une extravasation ou d’une flaque du produit de
d’activité est de l’ordre de 3 000 accouchements. Nous travaillons en contraste. Elle peut aussi objectiver la lésion causale, par exemple
collaboration avec des radiologues interventionnels en astreinte en présence d’une hyperhémie focalisée d’un placenta accreta ou
permanente. Depuis 10 ans environ, nous pouvons proposer aux bien en présence d’une plaie vasculaire extra-utérine. Dans l’atonie
patientes que nous suivons ou qui nous sont confiées toutes les utérine, les aspects sont moins spécifiques : hypertrophie artérielle
possibilités actuelles de prise en charge de l’hémorragie de la utérine bilatérale, grosses veines de drainage stagnantes avec un
délivrance réfractaire au traitement médical. utérus qui reste anormalement augmenté de volume. Quand l’artère
à l’origine de l’hémorragie est identifiée, son cathétérisme sélectif
Notre réflexion est fondée sur notre expérience clinique, sur nos est effectué. Le plus souvent, les artères utérines sont impliquées.
différentes publications et communications, sur les thèses et Celles-ci sont embolisées de façon bilatérale par des fragments
mémoires que nous avons dirigés sur le sujet. [8-15] Notre pratique est d’éponge de gélatine porcine de 1 à 3 mm (Curaspont), et ce
adaptée aux données les plus récentes de la littérature anglophone systématiquement pour minimiser le risque de revascularisation
et francophone. anastomotique de l’artère concernée à partir de l’artère utérine
Nous la confrontons régulièrement à la base de données du controlatérale. Même si aucune anomalie évidente n’est visualisée,
Medline–interface PubMed avec comme algorithme de recherche les c’est le cas notamment dans les atonies utérines, l’embolisation des
mots-clés suivants : angiographic embolization, emergency peripartum deux artères utérines est réalisée. [29] Parfois, l’artériographie
hysterectomy, postpartum haemorrhage, vascular ligations. retrouve un spasme artériel diffus ou bien la conformation
anatomique des artères est telle qu’elle rend impossible le
cathétérisme sélectif, auquel cas l’embolisation porte sur le tronc
Techniques, résultats et limites antérieur des artères iliaques internes, mais sans doute avec un taux
de succès moindre. [37] En fin de procédure, une aortographie globale
Deux conduites d’hémostase conservatrices peuvent être discutées est utile pour apprécier l’efficacité de l’embolisation, rechercher une
lorsque les saignements graves ne répondent pas rapidement aux cause moins habituelle de saignement, en particulier au niveau des
mesures médicales appropriées. Il s’agit surtout des ligatures artères ovariennes, vaginales ou honteuses internes. [15, 29, 38, 39] Une
vasculaires ou de l’embolisation par voie endovasculaire. embolisation complémentaire est alors entreprise. En moyenne, la
Leur but est de diminuer transitoirement la pression de perfusion procédure est réalisée en 1 heure. [29, 39] Après embolisation, le désilet
pour que les mécanismes physiologiques d’hémostase et de peut être laissé en place jusqu’à correction des troubles de
coagulation prennent le relais et stoppent le saignement. L’action coagulation pour minimiser le risque d’hématome au point de
temporaire de ces deux procédés préserve la fertilité des patientes. ponction, voire pour certains pour une période systématique de 24
Les particules pour l’embolisation ou les fils pour les ligatures sont heures, au cas où une nouvelle séance d’embolisation s’avérerait
résorbables. La reprise des cycles est le plus souvent normale et nécessaire du fait d’une reprise secondaire des saignements. [38, 39]
plusieurs cas de grossesses après embolisation ou ligatures Cette récidive correspond à une levée de spasme artériel ou à une
vasculaires ont été rapportés, même après exclusion des pédicules reprise en charge de l’hémorragie par des réseaux anastomotiques.
lombo-ovariens. [16-34] Il n’y a pas d’insuffisance utéroplacentaire L’efficacité de l’embolisation est évaluée entre 70 et 100 % selon les
constatée pour les grossesses ultérieures. Seul un auteur rapporte séries. [13, 29, 40-44] Les résultats des principales séries sont rapportés
un cas d’hypotrophie fœtale sévère après embolisation pour HPP dans le Tableau 1. L’embolisation paraît particulièrement efficace
lors d’une grossesse précédente. [35] dans les atonies utérines réfractaires au traitement médical. Elle est
Afin que l’hémostase soit de la meilleure efficacité, l’obstruction du certainement intéressante dans les plaies délabrantes ou les thrombi
vaisseau responsable de l’hémorragie doit être réalisée de la façon de la filière cervicovaginale, là où la chirurgie est difficile à mettre
la plus distale possible pour éviter la reprise en charge de ce même en œuvre. [8, 36, 39, 44]
vaisseau par les systèmes d’anastomoses artérielles particulièrement Les résultats de l’embolisation seraient moins bons dans les
riches au niveau pelvien. [ 3 6 ] Sauf situation d’hémorragie anomalies d’insertion placentaire, surtout en cas de placenta accreta,
cataclysmique, toute la difficulté de l’évaluation de cette situation première cause d’échec dans 50 % des cas, [13, 15, 38, 44, 45] en cas de
d’HPP est de savoir à quel moment intervenir : ni trop tôt pour coagulopathie associée tout en gardant à l’esprit que même dans
laisser le temps aux mesures obstétricales et médicales de produire cette situation l’embolisation reste à risque moins élevé que la
leurs effets, ni trop tard pour éviter l’apparition des troubles de chirurgie, ou en cas de délai long avant accès à l’embolisation qui
l’hémostase sévères rendant plus aléatoires les chances de succès des majore le volume transfusionnel total. [13]
actes radiologiques ou chirurgicaux. [1] L’embolisation nécessite d’une part un plateau technique
radiologique performant, d’autre part la présence permanente d’une
équipe de radiologues compétents dans le domaine du cathétérisme
EMBOLISATION artériel interventionnel. C’est sans doute le facteur limitant essentiel
Par abord artériel fémoral unilatéral, le plus souvent droit sous à la diffusion de la technique. Il est impératif que la patiente soit
anesthésie locale et sous contrôle radioscopique, un cathétérisme hémodynamiquement stable. Quand l’HPP survient dans un centre

Tableau 1. – Résultats de l’embolisation


Auteur Nombre de patientes Arrêt des saignements Hystérectomie Causes des échecs
nombre (%) d’hémostase
secondaire nombre (%)

Greenwood 1987 6 5 (83) 1 (17) Accreta


Gilbert 1992 10 10 (100) 0 (0)
Mitty 1993 7 6 (86) 1 (14) Lacération génitale
Yamashita 1994 15 15 (100) 0 (0)
Merland 1996 15 14 (93) 1 (7) Accreta
Pelage 1999 37 36 (97) 1 (4) Accreta
Vandelet 2001 15 11 (73) 4 (26) Accreta 50 % des cas

2
Hémorragies graves de la délivrance :
Techniques chirurgicales 41-910
ligatures vasculaires, hystérectomie ou embolisation ?
Tableau 2. – Résultats de la ligature des artères hypogastriques
Auteur Nombre de Réussites Nombre d’échecs pour chaque pathologie concernée
patientes (%)
AT AIP RU DS LV

Evans 1985 14 6 (42) 3/6 (50) 5/5 (100)


Clark 1985 19 8 (42) 9/15 (60) 2/3 (67)
Thavarasah 1989 14 10 (72) 3/4 (75) 1/1 (100)
Chattopadhyay 1990 29 19 (65) 5/10 (50) 2/8 (25) 1/3 (33) 1/3 (33) 1/2(50)
Likeman 1992 12 12 (100)
Das 1998 15 14 (93) 1/4 (25)
Ledee 2001 49 44 (89) 2/18 (11) 2/12 (17) 1/3 (33)

AIP : anomalies d’insertion placentaire ; AT : atonie ; DS : déchirure segmentaire ; LV : lacération vaginale ; RU : rupture utérine.

ne disposant pas de l’embolisation, il faut tenir compte du temps de difficile la possibilité d’embolisation secondaire. [29, 38] Elle semble
transfert jusqu’à la salle de radiologie vasculaire. Celui-ci est encore apporter un bénéfice si elle est réalisée secondairement
rarement inférieur à 30 minutes [39] et s’additionne au temps consacré devant un saignement persistant après une hystérectomie
à la procédure. En moyenne, pour une patiente transférée, il ne faut d’hémostase. [23, 52]
pas compter obtenir une hémostase efficace en moins de 1 heure et
demie. Des cas d’arrêt cardiorespiratoire ont été rapportés pendant ¶ Ligature bilatérale des artères utérines
le transfert, voire pendant l’embolisation. [13] La présence d’un
Elle a été décrite dès 1952. [ 5 5 ] . Par voie abdominale après
anesthésiste–réanimateur et d’un obstétricien exclusivement alloués
décollement du péritoine vésico-utérin et traction vers le haut de
à la patiente pendant l’embolisation semble par conséquent
l’utérus, elle consiste à lier en masse en s’appuyant sur le myomètre,
nécessaire. Une salle d’opération à proximité du secteur
2 à 3 cm en dessous du niveau de l’hystérotomie, la branche
d’embolisation doit être disponible en permanence. Toutes ces
ascendante des artères utérines avec le paquet veineux qui
contraintes limitent bien sûr les possibilités de l’embolisation. Si les
l’accompagne en profondeur. [56] La procédure est possible par voie
conditions de sécurité ne sont pas réunies, l’option chirurgicale doit
vaginale après incision horizontale sur la lèvre antérieure du col
être privilégiée.
utérin, un centimètre en dessous du pli cervicovaginal juste sous la
Chez des femmes jeunes à artères saines, les complications de vessie, puis refoulement de celle-ci avec un tampon monté ou une
l’embolisation utérine pratiquée pour HPP sans ligature chirurgicale valve. [31, 57] Bien qu’elle évite une laparotomie chez une patiente
artérielle associée sont exceptionnelles. [39, 46] Une fièvre, des douleurs ayant accouché par voie basse, le risque urétéral n’est certainement
abdominales et un hématome du point de ponction sont les pas nul. [58, 59]
principales complications retrouvées. La nécrose utérine est
O’Leary rapporte une efficacité de 96 % sur une série de 265
exceptionnelle. Elle serait en relation avec l’emploi de particules
ligatures des artères utérines réalisées au cours d’une césarienne. [25]
d’embolisation inadaptées car trop petites en taille (50 à 1 000 µm)
L’atonie utérine était la principale indication. Il y a eu dix échecs en
et non résorbables comme le polyvinyl alcoolique (Ivalont). [37, 47]
rapport essentiellement avec des anomalies d’insertion placentaire
(placenta praevia, placenta accreta). Fahmy quant à lui rapporte une
LIGATURES VASCULAIRES efficacité de 80 % sur une série de 25 patientes. [20] Deux échecs
étaient liés à un placenta accreta, trois à une coagulopathie de
¶ Ligature bilatérale des artères hypogastriques consommation. Par voie vaginale, Hebisch et Huch rapportent une
efficacité de 92 % sur une faible série de 13 patientes pour laquelle
Son application dans l’hémorragie obstétricale remonte à plus de 40 l’étiologie principale de l’HPP était l’atonie utérine. [31] Le seul échec
ans. [48, 49] Après avoir extériorisé l’utérus en le tractant vers l’avant était consécutif à un placenta percreta.
et latéralement par rapport au côté concerné, la technique consiste à
La ligature bilatérale des artères et des veines utérines est une
aborder par voie transpéritonéale la bifurcation iliaque repérée au
technique simple, rapide, facilement reproductible. Elle est toujours
doigt. À gauche, la mobilisation du sigmoïde, le décollement
réalisable avant de pratiquer une hystérectomie ; elle constitue
colopariétal et du fascia de Toldt facilitent l’exposition des vaisseaux
d’ailleurs sa première séquence opératoire. Par conséquent, elle ne
iliaques. Les uretères sont impérativement identifiés. La chemise
saurait être tenue responsable d’une quelconque perte de chance
vasculaire des vaisseaux iliaques est largement ouverte et l’artère
dans le contrôle de l’hémorragie en différant le temps de
hypogastrique suffisamment disséquée pour minimiser le risque de
l’hystérectomie. Les anomalies d’insertion placentaire semblent être
plaie veineuse. La ligature est effectuée 2 cm sous la bifurcation pour
la principale cause d’échec de la technique, la faisant indiquer
éviter de lier les branches postérieures à destinée fessière. [50] La
préférentiellement dans les HPP d’origine corporéale par atonie.
ligature des artères hypogastriques peut être optimisée par la
ligature des pédicules lombo-ovariens et des ligaments ronds. [22]
¶ Triple ligature de Tsirulnikov
Son efficacité apparaît variable selon les auteurs. [1, 22, 23, 28, 51-53] Les
taux de succès sont de 42 à 100 % (Tableau 2). Les résultats seraient Cette technique est une variante de la ligature bilatérale des artères
meilleurs si elle était effectuée d’emblée et non pas après échec d’une utérines. Elle y associe de principe la ligature des ligaments ronds et
autre méthode. [1] La réalisation rapide de la ligature après la des ligaments utéro-ovariens (Fig. 1). Pour 24 patientes avec une
délivrance, minimisant le volume transfusionnel, semble être un HPP résistante au traitement médical, Tsirulnikov a obtenu 100 %
facteur pronostique essentiel à la réussite de la technique. [1, 23] Le de succès. [19] L’atonie utérine était la principale indication. Ses
caractère proximal de la ligature explique son efficacité inconstante limites sont celles de la ligature des artères utérines.
sur les hémorragies d’origine utérine (atonie, anomalies d’insertion
placentaire). Son intérêt réside dans la prise en charge des lésions ¶ Ligature étagée (« stepwise »)
délabrantes obstétricales telles les plaies cervicovaginales, les
Il s’agit d’une dévascularisation progressive des pédicules
thrombi vaginaux ou pelviens, là où les autres méthodes
vasculaires afférents de l’utérus. La procédure comprend cinq étapes
chirurgicales sont moins actives. Il s’agit d’un geste techniquement
facultatives. [24] Chaque étape n’est réalisée que si l’étape précédente
difficile car non pratiqué régulièrement et associé à une morbidité
n’assure pas dans un délai de 10 minutes l’arrêt de l’hémorragie :
certaine (plaie veineuse iliaque, ligatures urétérale ou de l’artère
iliaque externe, claudication fessière et lésion nerveuse – étape 1 : ligature unilatérale de la branche ascendante d’une seule
périphérique). [22, 36, 54] La ligature des artères hypogastriques rend artère utérine comme précédemment décrit ;

3
Hémorragies graves de la délivrance :
41-910 Techniques chirurgicales
ligatures vasculaires, hystérectomie ou embolisation ?
Figure 1 Triple liga-
ture de Tsirulnikov : liga-
ture des ligaments ronds
(flèche continue), ligature
des artères utérines (flèche
interrompue), ligature des
ligaments utéro-ovariens
(flèche pointillée).

Figure 3 Compression myométriale en bretelles selon B-Lynch.


Figure 2 Ligature éta-
gée ou stepwise : ligature
unilatérale puis bilatérale
des artères utérines (1 + 2),
ligature basse des deux ar-
tères utérines (3), ligature
unilatérale puis bilatérale
des pédicules lombo-
ovariens (4 + 5).

– étape 2 : ligature de l’artère utérine controlatérale ; Figure 4 Capitonnage utérin en cadre selon Cho.
– étape 3 : ligature basse des deux artères utérines et de leurs transfixiantes peuvent précéder la compression utérine pour
branches cervicovaginales, 3 à 5 cm sous les ligatures précédentes contrôler un saignement en rapport avec une anomalie d’insertion
après décollement vésico-utérin obligatoire ; placentaire sur le segment inférieur. [62] Actuellement, dans la
– étape 4 : ligature unilatérale d’un pédicule lombo-ovarien ; littérature, les effectifs des patientes traitées selon ces procédés sont
faibles ; ils se limitent à dix cas publiés. [6, 61, 62]
– étape 5 : ligature du pédicule lombo-ovarien controlatéral (Fig. 2).
AbdRabbo a pratiqué avec 100 % de succès 103 ligatures. [24] L’atonie
CAPITONNAGE OU CLOISONNEMENT UTÉRIN
utérine était la principale indication. L’étape 3 a été nécessaire pour OU SUTURES MULTIPOINTS
les anomalies d’insertion placentaire. L’étape 5 a été nécessaire pour
les coagulopathies. Aucune lésion urétérale n’a été rapportée. La L’objectif est également d’assurer l’hémostase par compression en
ligature des vaisseaux ovariens a pour but de contribuer à la appliquant entre elles les parois antérieure et postérieure de l’utérus
dévascularisation utérine qui peut être insuffisante après ligature des soit par des points de suture simples transfixiants, [62, 63] soit par des
artères utérines seules. [20] Contrairement aux ligatures bilatérales des sutures multipoints en cadre [64] (Fig. 4). L’expérience, là encore, est
artères utérines, cette technique dévascularise le segment inférieur faible. Les indications sont l’atonie utérine (plusieurs points sont
et la partie haute du col. Elle permet donc de prendre en charge la alors nécessaires du fond utérin au segment inférieur), mais aussi
pathologie du segment inférieur. les anomalies d’insertion placentaire notamment au niveau du
segment inférieur. Dans ce dernier cas, cette technique pourrait
avantageusement compléter la ligature basse des artères utérines.
PLICATURES OU COMPRESSIONS UTÉRINES Cho et al. rapportent une série de 23 patientes traitées par cette
Cette technique décrite par B-Lynch [60, 61] consiste à réaliser une méthode. [64] Douze patientes avaient une atonie utérine, sept un
suture médiolatérale en bretelle autour du corps utérin ayant pour placenta accreta (dont cinq accreta praevia) et quatre un placenta
seul but de comprimer de façon durable l’utérus (Fig. 3). Une praevia simple. Il n’y a eu aucun échec. Une complication à type de
hystérotomie est nécessaire. Hayman a modifié la technique initiale pyométrie avec évolution ultérieure vers un syndrome d’Asherman
en substituant à la suture unique deux bretelles médiolatérales a récemment été décrite. [65]
verticales indépendantes sans recours à une hystérotomie. [62]
L’indication de choix du B-Lynch est l’atonie utérine. Préalablement EXÉRÈSE D’UN SEGMENT UTÉRIN
à la réalisation du geste, une compression bimanuelle de l’utérus Le succès de cette technique a été rapporté à propos d’un cas
active sur l’hémorragie augure de l’efficacité ultérieure de la d’atonie utérine localisée au site d’implantation placentaire. [66] Il a
technique. Des sutures cervico-isthmiques transversales été effectué une résection de la zone hypotonique puis une fermeture

4
Hémorragies graves de la délivrance :
Techniques chirurgicales 41-910
ligatures vasculaires, hystérectomie ou embolisation ?
corporéale en trois plans. Nous avons nous-mêmes eu recours une l’autre. Cela tient au fait que les séries rapportées, aussi importantes
fois, également avec succès, à ce type de procédé dans un contexte soient-elles, affichent un nombre limité de patientes. Dans certaines
identique chez une primipare porteuse d’un utérus cloisonné après séries de ligatures vasculaires, les procédures ont parfois été
échec des ligatures vasculaires et du capitonnage. Un autre auteur a réalisées préventivement, selon des protocoles préétablis, voire de
utilisé cette méthode pour gérer le saignement d’une zone façon didactique, alors qu’il n’y avait pas de syndrome
d’accrétion placentaire. [67] hémorragique majeur ni de troubles de la coagulation. [1, 25] Les
atonies utérines n’ont pas toutes bénéficié de perfusion de
prostaglandines, ce qui pouvait majorer l’efficacité des ligatures. [24,
AUTRES ALTERNATIVES 25]

Elles ne peuvent se concevoir que comme des solutions d’attente Nous pensons que plusieurs paramètres doivent être intégrés dans
avant une embolisation ou des ligatures vasculaires chirurgicales qui le choix d’une technique conservatrice : le mode d’accouchement,
de toute façon devront être entreprises rapidement. Leur unique l’étiologie et la localisation de l’HPP, l’état hémodynamique de la
intérêt est de minimiser les pertes sanguines de la patiente et la patiente, la facilité et la rapidité du geste d’hémostase, les
survenue de troubles de l’hémostase. La cervicotorsion ou la possibilités du plateau technique.
forcipressure (traction sur le col utérin) ont pour effet de diminuer Si l’HPP est constatée en cours de césarienne, les ligatures
le débit sanguin dans les artères utérines. [9, 36] Les tamponnements vasculaires étant dans cette situation les plus rapides pour assurer
intra-utérins peuvent être utiles en cas d’anomalie d’insertion l’hémostase, ce sont elles qui doivent être entreprises en première
placentaire au niveau du segment inférieur. Ils sont réalisés avec les intention. Les ligatures des artères utérines sont les plus simples
ballonnets gonflés de sonde de Foley, Blakemore ou de Rüsch, voire techniquement à réaliser et les moins morbides. Nous considérons
avec des champs abdominaux ou de la gaze. [9, 68-72] que la ligature-section des ligaments ronds facilite l’exposition des
pédicules utérins. Pour une HPP provenant de l’utérus, la méthode
stepwise, par son caractère progressif, semble adaptée à la plupart
HYSTÉRECTOMIE D’HÉMOSTASE
des situations, que l’hémorragie soit corporéale, segmentaire
Dans les pays développés, en 30 ans son incidence a été divisée par inférieure ou cervicale. Cependant, il s’agit d’un stepwise modifié,
10. [36] Elle est aujourd’hui évaluée à 2/10 000 naissances. [36, 73] Ses les étapes 2 et 4 devant être supprimées dans un but d’efficacité et
principales causes se sont modifiées. Le placenta accreta est devenu de rapidité sur le contrôle de l’hémorragie. Si des troubles majeurs
son premier motif de réalisation (49 % des cas) devant l’atonie de la coagulation sont déjà présents, une dévascularisation avancée
utérine (29 %). [73, 74] La prise en charge plus satisfaisante de l’atonie de l’utérus avec ligature bilatérale des pédicules lombo-ovariens est
utérine par le traitement médical, la chirurgie ou la radiologie plus sécurisante (stepwise, étape 5). Quand l’origine pelvienne du
interventionnelle expliquent en partie ce constat. L’augmentation saignement est extra-utérine, en particulier dans les lésions
actuelle des taux de placenta praevia ou accreta liée à la modification traumatiques obstétricales, la ligature des hypogastriques reste la
de nos pratiques obstétricales (nous créons plus d’utérus cicatriciels technique de référence.
qu’il y a 10 ans) est une autre explication. [75-78] Les indications de Si l’HPP survient après un accouchement par voie naturelle, voire à
l’hystérectomie d’hémostase sont l’échec du traitement conservateur, distance d’une césarienne, et qu’une prise en charge médicale et
le délabrement utérin majeur notamment en cas de rupture utérine, obstétricale optimale est inefficace pour contenir l’hémorragie, avec
le placenta accreta étendu. Les ligatures vasculaires apparaissent parfois une réparation périnéale ou cervicovaginale difficile (plaie
discutables chez la femme plus âgée, multipare qui ne désire plus vaginale délabrante, plaie d’un cul-de-sac vaginal, plaie filante du
de grossesse ou qui aurait un utérus pathologique, en l’occurrence segment inférieur, thrombus pelvien extensif), il est préférable de
polymyomateux. L’hystérectomie d’hémostase doit conserver une s’orienter vers l’embolisation. La faible morbidité de l’embolisation,
place privilégiée dans ce cas et ce d’autant que le volume de même en présence de troubles de la coagulation, en est l’argument
l’hémorragie sera plus important si elle doit être réalisée après échec majeur. Dans ce cas, l’état hémodynamique de la patiente doit être
des ligatures vasculaires. [ 3 6 ] Si l’hémorragie persiste après impérativement stabilisé, le plateau d’embolisation proche.
hystérectomie, la ligature bilatérale des hypogastriques peut être Quand une option conservatrice a été retenue, celle-ci doit être
effectuée. En cas d’inefficacité, un tamponnement pelvien peut se rapidement efficace sur l’hémorragie ; un délai de 30 minutes semble
concevoir avec ablation des champs à distance de l’épisode aigu raisonnable. Il nous apparaît dangereux de multiplier les procédures.
(24 à 72 heures), quand les troubles de la coagulation sont L’échec d’une procédure est pour nous l’indication formelle à une
corrigés. [79] hystérectomie d’hémostase. Dans le cas précis d’une récidive des
La technique de l’hystérectomie d’hémostase quand elle est totale, saignements à distance d’une première embolisation efficace, une
hormis le fait qu’il y ait des plexus veineux importants, est la même ultime tentative n’apparaît pas déraisonnable.
que celle d’une hystérectomie classique extrafasciale. L’œdème des Les anomalies d’insertion placentaire sont un facteur de risque
tissus gravides facilite même le repérage des plans de dissection. d’échec des méthodes conservatrices. En présence d’un placenta
Après un accouchement par voie naturelle, l’identification du col praevia, si l’option chirurgicale a été retenue, les sutures multipoints
utérin est parfois difficile. On peut s’aider du positionnement par en cadre sur le lit d’insertion placentaire complètent efficacement un
voie basse, sur les lèvres antérieure et postérieure du col, de pinces- stepwise, étape 3. En présence d’un placenta suspecté d’être accreta,
repères atraumatiques. L’ablation du col utérin n’est pas une tentative douce de délivrance est effectuée afin de s’assurer de
indispensable si l’origine du saignement ne provient pas du segment la réalité de l’accrétion. La sensibilité et la valeur prédictive actuelles
inférieur. Certains auteurs considèrent que l’hystérectomie subtotale des examens complémentaires comme l’échographie même avec
est plus rapide, d’autres non. [ 8 0 ] De même, pour certains, emploi du doppler couleur ou l’imagerie par résonance magnétique
l’hystérectomie subtotale serait moins morbide avec moins de plaies ne sont pas toujours suffisantes pour affirmer le caractère accreta
vésicales ou urétérales ; [80] pour d’autres, il n’y aurait pas de d’un placenta. [36, 83, 84] Pour nous, comme pour d’autres auteurs, la
différence. [74] Cependant, l’hémostase de la tranche vaginale est partie accreta du placenta peut être laissée en place, le cordon
certainement plus efficace que celle d’un col utérin. [81, 82] L’ablation sectionné à son maximum. [11, 12, 84, 85] Ensuite, en fonction des
du col évite tout risque de pathologie cervicale ultérieure. circonstances, la patiente est orientée soit vers une embolisation, soit
vers une chirurgie de ligatures vasculaires avec exclusion d’emblée
des lombo-ovariens voire réalisation d’un stepwise, étape 5 s’il s’agit
Discussion et attitude pratique d’un accreta praevia. À distance, le reliquat placentaire, lorsqu’il
n’est pas expulsé spontanément, est traité par injection de
Nous ne disposons pas à l’heure actuelle d’étude comparative méthotrexate et curetage évacuateur ou par résection
apportant un niveau de preuve suffisant pour affirmer la supériorité hystéroscopique. [84, 85] Le risque d’endométrite est prévenu par une
en termes d’efficacité d’une méthode conservatrice par rapport à couverture antibiotique. Certains auteurs ont proposé une prise en

5
Hémorragies graves de la délivrance :
41-910 Techniques chirurgicales
ligatures vasculaires, hystérectomie ou embolisation ?
charge préventive des situations à haut risque hémorragique
repérées en anténatal, tels les placentas accreta, par une embolisation Tableau 3. – Prise en charge conservatrice de l’hémorragie du post-
partum réfractaire au traitement médical et obstétrical
artérielle prophylactique des utérines ou des hypogastriques. [15, 42,
86]
L’embolisation est réalisée après l’extraction fœtale si l’hémorragie Atonie utérine ou hémorragie provenant du corps utérin
est effective. L’autre alternative est la mise en place de ballonnets En cours de césarienne :
dans les artères hypogastriques par voie endovasculaire, qui ne sont ligature bilatérale des artères utérines et des ligaments ronds
gonflés que si la situation hémorragique se confirme. [45, 87] Cette si échec ou CIVD, ligature bilatérale des ligaments lombo-ovariens
AVB ou à distance de la césarienne :
prise en charge minimise les pertes sanguines et le taux des embolisation si hémodynamique stable
hystérectomies d’hémostase, mais pas toujours, illustrant les Hémorragie du segment inférieur (praevia, plaie)
difficultés pour prédire les artères qui doivent être En cours de césarienne
préférentiellement embolisées. [86] Par ailleurs, le risque de ligature basse des artères utérines + ligaments ronds ± ligaments lombo-ovariens
déplacement des cathéters ou des ballonnets d’embolisation existe ± sutures hémostatiques multipoints du segment inférieur (praevia)
et nous connaissons la valeur prédictive limitée du diagnostic de AVB ou à distance de la césarienne
embolisation ± ballonnet intra-utérin (praevia)
placenta accreta pouvant conduire à des gestes préventifs inutiles.
Lésions de la filière génitale (plaies périnéo-cervico-vaginales, thrombi vaginaux
En revanche, il apparaît licite d’envisager le transfert anténatal des ou pelviens)
situations à risque d’HPP graves vers les centres disposant de toutes réparation chirurgicale des déchirures vaginales complexes, tamponnement vaginal
les possibilités de prise en charge. Il est bien établi que les patientes des thrombi
avec un antécédent de placenta accreta ou bien porteuses d’un si échec, embolisation (hémodynamique stable)
sinon ligature des hypogastriques
utérus cicatriciel avec un placenta praevia antérieur ont un risque Placenta accreta
élevé de développer un accreta. [15, 84, 88] L’American College of placenta laissé en place
Obstetricians and Gynecologists (ACOG) souligne que le risque section maximale du cordon
d’être confronté à un accreta en cas de placenta antérieur sur utérus césarienne : ligature des artères utérines (basse si praevia) + ligaments lombo-
bicicatriciel est évalué à 40 %. [88] ovariens
AVB : embolisation
L’ensemble de ces réflexions est résumé sous forme d’un protocole
de service appliqué par notre équipe dans la gestion de l’HPP grave AVB : accouchement par voie basse ; CIVD : coagulation intravasculaire disséminée.

après échec des mesures médicales et obstétricales appropriées. Ce


protocole concernant le traitement conservateur de l’HPP est exposé dehors du cadre de la césarienne, l’embolisation est sans doute la
dans le Tableau 3. En cas d’inefficacité de cette prise en charge, méthode la plus satisfaisante, mais elle n’est envisageable que chez des
l’hystérectomie d’hémostase garde toute sa place. Actuellement, elle patientes hémodynamiquement stables et à proximité d’un centre
peut encore sauver la vie de parturientes. d’embolisation. Dans le cas contraire, le recours à la chirurgie s’impose.
La ligature progressive des vaisseaux utérins, qui est facilement
reproductible, est également efficace sur l’atonie. Reste le problème du
Conclusion placenta accreta, qui est devenu la première cause d’hystérectomie
d’hémostase et sur lequel les méthodes conservatrices quelles qu’elles
Les hémorragies graves de la délivrance sont trop souvent la soient sont moins actives, d’autant plus qu’un retard à la prise en
conséquence d’un retard ou d’une insuffisance thérapeutique. L’absence charge aura été pris. Il nous incombe à nous obstétriciens de diminuer
d’amélioration clinique doit conduire à une décision d’intervention l’incidence des utérus cicatriciels pourvoyeurs reconnus de placenta
vasculaire d’hémostase qu’il faut savoir prendre assez tôt avant accreta. L’évolution actuelle de l’obstétrique, avec l’augmentation des
l’installation de lésions viscérales multiples irréversibles, le plus taux de césariennes, ne semble pas nous y conduire.
souvent mortelles. Les anomalies d’insertion placentaire, notamment le
placenta accreta et les atonies utérines, sont les étiologies dominantes de
ces hémorragies. Des techniques simples et rapides à mettre en œuvre La version originale de cet article a été publiée dans Elsevier, Gynécologie Obstétrique Fertilité,
existent pour traiter l’atonie utérine résistante aux prostaglandines. En 32,2004 :320-9.

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7
41-905
Encyclopédie Médico-Chirurgicale 41-905

Hystérectomie sur utérus gravide


M Meddoun
C Racinet
Résumé. – L’hystérectomie sur utérus gravide correspond à une hystérectomie totale ou subtotale effectuée
pendant la période gravidopuerpérale.
Les progrès de la réanimation et de l’antibiothérapie ont rendu caduque un grand nombre d’indications,
mais, comme autrefois, persistent les indications pour sauvetage maternel. Cependant, l’utilisation des
prostaglandines dans les atonies utérines et le recours récent à l’embolisation des vaisseaux pelviens ont
considérablement réduit l’incidence de cette intervention.
Les fréquences extrêmes se situent de 0,4 ‰ à 2,8 ‰ des accouchements.
Les indications sont classées en « nécessaires » (anomalies placentaires, hémorragie incontrôlable, rupture
utérine) ou « opportunes » (pathologies gynécologiques associées à la grossesse). En cas d’indication de
nécessité, on peut se contenter le plus souvent d’une hystérectomie subtotale avec conservation annexielle,
dont la réalisation est rendue aisée par l’œdème gravidique. L’essentiel est de ne jamais différer sa réalisation.
En cas d’indication d’opportunité, c’est le plus souvent une césarienne-hystérectomie par incision
transversale transrectale selon Mouchel.
Les complications hémorragiques et urinaires sont toujours à craindre et doivent faire l’objet d’une prévention
de tous les instants.
© 2001 Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS. Tous droits réservés.

Mots-clés : hystérectomie, césarienne, césarienne-hystérectomie, grossesse, accouchement, post-partum,


hémorragie obstétricale, rupture utérine, anomalies placentaires.

Définition hémorragiques et infectieuses, voire à une pathologie médicale


sévère, comme par exemple la tuberculose pulmonaire.
On entend par hystérectomie sur utérus gravide toute hystérectomie C’est vers les années 1950 qu’apparaît l’inflation américaine de
totale ou subtotale réalisée pendant la période gravidopuerpérale. l’intervention, qui est expliquée par la demande accrue de
stérilisation et l’opportunité de réaliser celle-ci de façon radicale et
Nous limitons notre étude à la période périnatale s’étendant de la définitive au décours d’une césarienne. Cette tendance s’est
28e semaine d’aménorrhée jusqu’à la fin de la première semaine du manifestée également dans d’autres pays comme l’Allemagne et
post-partum. En deçà et au-delà de ces limites, les conditions de Israël, mais n’a jamais eu droit de cité en France. Il faut signaler que
l’hystérectomie rejoignent celles de la période non gravide. l’indication de césarienne-hystérectomie pour stérilisation est
actuellement en diminution dans les pays qui la prônaient.
Les progrès de la réanimation et de l’antibiothérapie ont rendu
Évolution des idées caduque un grand nombre d’indications, mais comme autrefois,
persistent les indications pour sauvetage maternel. Cependant,
En 1866, Storer [21] réalise la première hystérectomie après césarienne l’utilisation des prostaglandines dans les atonies utérines et le
sur une patiente vivant aux États-Unis. La patiente meurt 3 jours recours récent à l’embolisation des vaisseaux pelviens ont
après l’intervention. considérablement réduit l’incidence de cette intervention.
En 1876, Porro [15] décrit la fameuse opération qui l’a immortalisé, et Il convient, néanmoins, de conserver cette intervention dans le
après laquelle mère et enfant survécurent (hystérectomie subtotale programme d’enseignement des étudiants en spécialité. Elle doit se
avec extériorisation du moignon cervical). réaliser dans un environnement contrôlé avec l’aide d’un opérateur
expérimenté. Il est important que ne tombe pas dans l’oubli une
L’évolution des idées [13, 15, 19, 21, 22] permet de rendre compte en partie technique qui peut rendre d’éminents services.
de la disparité qui règne dans la fréquence de cette intervention.
Initialement, l’hystérectomie sur utérus gravide était réalisée pour
une indication de sauvetage maternel lié à des conditions Fréquence
Il n’existe aucun consensus sur les indications de cette intervention,
ce qui explique l’extrême variabilité de la fréquence de l’indication.
Mamoun Meddoun : Médecin attaché, service de gynécologie-obstétrique, hôpital Sud, CHU de Grenoble,
38130 Échirolles, France.
L’interrogation du fichier de données Medline nous a permis de
Claude Racinet : Professeur émérite de gynécologie-obstétrique, Le Clos, 38320 Brié-et-Angonnes, France. sélectionner les grandes séries rapportées dans les années 1990 avec

Toute référence à cet article doit porter la mention : Meddoun M et Racinet C. Hystérectomie sur utérus gravide. Encycl Méd Chir (Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS, Paris, tous droits réservés), Techniques chirurgicales
- Gynécologie, 41-905, 2001, 10 p.
41-905 Hystérectomie sur utérus gravide Techniques chirurgicales

Tableau I. – Fréquence des hystérectomies sur utérus gravide.

Auteurs Période Nombre des accouchements Fréquence des césariennes Fréquence des hystérectomies
[20]
Stanco 1985-1990 94 615 13 996 (14,8 %) 123 (1,3 ‰)
Lau [9] 1984-1994 73 819 12 032 (16,3 %) 52 (0,7 ‰)
Chanrachakul [4] 1985-1994 80 266 ? 48 (0,6 ‰)
Konrad [10] 1990-1995 12 227 2 708 (22 %) 34 (2,8 ‰)
Chew [6] 1986-1996 35 700 ? 14 (0,4 ‰)
Powolny [16] 1985-1997 13 636 746 (5,5 %) 15 (1,1 ‰)
Wong [23] 1993-1997 15 474 ? 7 (0,45 ‰)

Tableau II. – Indications des hystérectomies de nécessité.


Hémorragie
Auteurs Nombre de cas Rupture utérine Anomalies placentaires Divers
incontrôlable
Powolny [16] 15 1 (7 %) 3 (20 %) 8 (53 %) 3 (20 %)
Stanco [20] 123 14 (11 %) 39 (32 %) 61 (50 %) 39 (32 %)
Zorlu [24] 67 14 (21 %) 28 (42 %) 17 (25 %) 8 (12 %)
Lau [11] 52 3 (6 %) 10 (19 %) 27 (52 %) 11 (21 %)
Chanrachakul [4] 48 9 (19 %) 22 (46 %) 13 (27 %) 4 (8 %)

Total 305 41 (13 %) 102 (33 %) 126 (41 %) 65 (21 %)

référence au nombre d’accouchements et de césariennes (tableau I). ¶ Rupture utérine


Les fréquences extrêmes se situent de 0,4 ‰ [6] à 2,8 ‰ [10] des
L’augmentation des taux de césariennes a pour corollaire une
accouchements, soit un rapport de 1 à 14.
élévation simultanée des cas de rupture de la cicatrice utérine lors
La seule série française rapportée [19] ne concerne que quatre cas d’une grossesse ultérieure, traités de plus de façon conservatrice.
d’hystérectomie en urgence, ce qui témoigne du caractère de plus Sur les séries récentes, cette condition représente environ 15 % des
en plus marginal de cette intervention en France. indications [20, 24].
Seules les cicatrices verticales, corporéales ou segmentocorporéales,
comportent un risque réel de rupture en cours de travail, voire en
Indications fin de grossesse. Les cicatrices segmentaires transversales sont
beaucoup moins dangereuses, et leur risque de rupture beaucoup
Nous conserverons la classification classique [18] en indications de
mieux contrôlé.
nécessité et d’opportunité.
La rupture utérine franche en plein myomètre, évitable par une
césarienne prophylactique, est une urgence absolue qui peut faire
INDICATIONS DE NÉCESSITÉ discuter l’hystérectomie d’hémostase volontiers subtotale, ou la
Elles sont représentées par quatre rubriques, par ordre de fréquence simple suture assortie de stérilisation tubaire. La rupture d’une
décroissante. Elles ont évolué récemment, avec une croissance très cicatrice segmentaire conduit plus souvent à une réparation aisée
nette des anomalies placentaires et une réduction concomitante des après résection des tissus cicatriciels fibreux, et ne représente plus
ruptures et des atonies utérines. (tableau II). une indication d’hystérectomie, sauf en cas d’insertion placentaire
défectueuse plus ou moins accreta, qui prime sur la rupture.
¶ Anomalies placentaires La rupture spontanée d’un utérus intact et les ruptures utérines
provoquées par un traumatisme sont des événements très
L’accroissement du taux des césariennes a entraîné une importance délabrants, mais qui heureusement sont des circonstances
accrue des insertions vicieuses du placenta de type accreta ou actuellement exceptionnelles, nécessitant parfois une
percreta au niveau des cicatrices utérines. césarienne-hystérectomie.
Ces anomalies placentaires représentent actuellement plus de 40 %
des indications d’hystérectomie de nécessité, soit un doublement du ¶ Causes diverses
taux en 10-15 ans. En effet, le massage utérin, les ocytociques (même La chorioamniotite sévère peut être encore une indication très rare
les analogues des prostaglandines), les tamponnements et la suture d’hystérectomie. Les traitements médicaux tels qu’antibiothérapie
hémostatique sont souvent des méthodes dépassées par l’importance adaptée, les drainages avec extrapéritonisation, permettent
du saignement. L’embolisation des vaisseaux n’étant pas facilement théoriquement d’éviter l’hystérectomie. Celle-ci n’est indiquée que
disponible, ces saignements obligent finalement à une hystérectomie dans des situations, là aussi très exceptionnelles, où l’utérus est
d’hémostase. devenu un véritable abcès.

¶ Hémorragie incontrôlable INDICATIONS D’OPPORTUNITÉ


Elle représente presque un tiers des indications. Dans le passé, la Les indications d’opportunité sont principalement réalisées pour une
plupart des hystérectomies de la période péripartale étaient réalisées pathologie gynécologique associée lorsqu’il existe simultanément
pour un saignement en relation avec un décollement placentaire. une indication pour césarienne.
Cette indication a maintenant beaucoup diminué, avec une meilleure Il s’agit essentiellement d’utérus polymyomateux ou de néoplasie
connaissance du mécanisme des hémorragies par coagulopathie et cervicale intraépithéliale. Cette dernière indication est en fait très
la possibilité d’un traitement médical adapté. discutable, car on peut éventuellement préférer une conisation après
Il est maintenant exceptionnel d’avoir à enlever l’utérus atteint d’un la période du post-partum. Dans certains cas où la surveillance est
syndrome de Couvelaire. Seule l’atonie utérine du post-partum reste difficile, voire impossible à réaliser, il peut être préférable de
une indication non exceptionnelle d’hystérectomie après échec des programmer une césarienne-hystérectomie qui permet de réaliser
manœuvres conservatrices habituelles, notamment l’utilisation des dans un même temps opératoire le traitement de la néoplasie
prostaglandines et de l’embolisation pelvienne. intracervicale.

2
Techniques chirurgicales Hystérectomie sur utérus gravide 41-905

Il a également été proposé de réaliser des césariennes-hystérectomies


chez des patientes présentant des troubles menstruels ou une 1 Rapports antérieurs
du segment inférieur. 1.
endométriose pelvienne sévère, ou encore une maladie Cul-de-sac vésico-utérin ;
inflammatoire pelvienne. Ces conditions sont en réalité très 2. segment inférieur ; 3.
théoriques, car elles ne coexistent pratiquement pas avec la vessie.
possibilité de développement d’une grossesse.
Parmi les indications très controversées, on peut également citer
l’hystérectomie pour cicatrice utérine défectueuse, qui pourrait
rendre dangereuse une éventuelle grossesse ultérieure. En fait, il
nous paraît préférable de réparer ces cicatrices en les réséquant et
en réalisant une stérilisation tubaire.
L’indication de césarienne-hystérectomie pour stérilisation féminine
a été responsable d’une élévation importante de la fréquence de
l’intervention, particulièrement aux États-Unis. Cette indication est
maintenant très controversée.
La justification théorique de cette indication est l’existence d’une
incidence élevée d’hystérectomies pour des pathologies
gynécologiques variées, chez les patientes qui ont subi une
césarienne associée à une stérilisation tubaire. On peut cependant Au troisième trimestre, la distension isthmique déplace vers le haut
critiquer le fait d’enlever un organe pour éviter qu’il ne développe le repli vésico-utérin. Le péritoine revêt la plus grande partie du
ultérieurement une pathologie hypothétique. segment inférieur et est aisément décollable.
Plauché [14] retient comme indication persistante de la césarienne- Pendant le travail, le cul-de-sac vésico-utérin accentue encore son
hystérectomie le désir de stérilisation exprimé par la patiente, ainsi ascension, et la moitié inférieure du segment inférieur est alors en
que l’existence d’une indication obstétricale indiscutable et d’une rapport avec la face postérieure de la vessie dont elle reste
pathologie gynécologique associée. facilement clivable (fig 1).
L’ascension de la vessie n’est pas due seulement aux variations
topographiques du péritoine. Lors de l’ampliation vésicale, la face
Bases anatomiques supérieure de cet organe ne peut trouver place au-dessus du pubis,
et la face antérieure du segment inférieur répond ainsi presque en
L’utérus gravide présente des modifications volumétriques et totalité à la face postérieure de la vessie, le cul-de-sac vésico-utérin
structurales conditionnant des rapports plus étendus, une étant peu profond, d’où la nécessité d’une vidange vésicale par
hypervascularisation intrinsèque et extrinsèque et l’individualisation sonde urinaire pour assurer la sécurité de l’abord chirurgical de la
à terme du segment inférieur, résultant de l’amincissement cervico- cavité péritonéale.
isthmique. L’hystérectomie sur utérus gravide doit s’adapter à cette L’ascension vésicale est responsable d’un allongement de l’urètre.
nouvelle situation.
RAPPORTS LATÉRAUX
SEGMENT INFÉRIEUR Ils sont essentiels : leur connaissance conditionne la facilité de la
C’est la formation du segment inférieur qui va bouleverser technique chirurgicale.
l’anatomie de la région, expliquant certains aspects techniques de Le ligament large est épaissi et l’utérus est proche de la paroi
l’hystérectomie sur utérus gravide. Mais le segment inférieur lui- pelvienne.
même présente une cinétique de développement qui impose des
« astuces » chirurgicales appropriées. ¶ Rapports uretère-artère utérine
« Ce n’est pas une entité anatomique définie « (Lacomme) car, de L’uretère, solidaire du péritoine, pénètre dans le pelvis en croisant
forme et de taille très variables, il se constitue à partir du sixième les vaisseaux iliaques primitifs à gauche et les vaisseaux iliaques
mois chez la nullipare, beaucoup plus tard chez la multipare, aux externes à droite. Il se trouve en arrière de l’artère utérine à gauche
dépens de l’isthme et de la partie supérieure du col utérin. Le et en avant de l’artère utérine à droite, qu’il va croiser selon un « X »
segment inférieur correspond à la partie amincie de l’utérus gravide très allongé, de façon à se placer derrière l’artère utérine droite lors
à terme, comprise entre le corps et le col utérin [9]. de l’abord du feuillet postérieur du ligament large. Cette portion
Le développement du segment inférieur entraîne les éléments rétroligamentaire est raccourcie en fin de grossesse.
anatomiques qui lui sont habituellement contigus et plus ou moins Dans le paramètre (base du ligament large), l’uretère chemine en
adhérents par l’intermédiaire du tissu conjonctif sous-péritonéal. avant et en dedans et croise le bord latéral du vagin à 15 mm
Il est recouvert étroitement par le fascia présegmentaire, émanation environ de ce dernier. L’uretère est à égale distance de la paroi et du
du fascia précervical. Cette lame blanc nacré est parfois difficilement cul-de-sac latéral du vagin. L’artère utérine l’enjambe de dehors en
individualisable. dedans pour gagner l’utérus et émettre peu après les artères
Les artères du segment inférieur sont essentiellement des branches cervicovaginales (fig 2).
des artères cervicovaginales [9]. Elles sont peu nombreuses, sinueuses Le dôme vaginal distendu en fin de grossesse se rapproche de
et de direction transversale. l’uretère et entre en contact avec celui-ci sur toute sa face latérale.
L’uretère, solidement fixé à la paroi vésicale, ne contracte avec le
vagin que des rapports de contiguïté. Le tissu cellulaire dense
RAPPORTS ANTÉRIEURS contenant l’uretère peut être latéralement décollé du segment
Le péritoine pelvien se moule, en dehors de la grossesse, sur les inférieur sans effusion de sang.
reliefs de la vessie, du rectum, de l’utérus et des annexes. L’artère utérine s’étire, déroule ses spires, et ainsi augmente sa
Tout en étant solidaire de la face supérieure de la vessie, du corps longueur. Quand la délivrance est effectuée, elle se rétracte et
utérin et de la face antérieure du rectum, il est libre et décollable au augmente alors de calibre.
niveau du cul-de-sac vésico-utérin. L’expansion de l’utérus tend à accoler à sa paroi l’artère utérine et
Au cours des 6 premiers mois, l’accroissement du volume de la ses branches ; la prise de contact de l’artère avec la paroi utérine est
cavité utérine se fait exclusivement aux dépens du corps utérin. Les plus en arrière à gauche qu’à droite du fait de la dextrorotation de
rapports ne sont pas modifiés. l’utérus.

3
41-905 Hystérectomie sur utérus gravide Techniques chirurgicales

DÉBIT UTÉRIN
2 Rapports de l’uretère
et de l’artère utérine en dé- L’augmentation du débit pendant la grossesse est favorisée par
but de grossesse. 1. Vessie ; l’absence des spires artérielles et l’augmentation de la perméabilité
2. section du col ; 3. rec- capillaire et veineuse. Ainsi, le débit passe d’environ 100 mL/min à
tum ; 4. uretère ; 5. artère 800 mL/min (troisième trimestre). Cette augmentation du débit
utérine. utérin explique l’importance du contrôle des pédicules
artérioveineux, dont l’hémostase approximative entraîne très
rapidement une déperdition sanguine majeure.
On ne doit cependant pas se laisser impressionner par ces énormes
dilatations vasculaires qui se développent dans tous les mésos
utérins.

Technique
3 Modification des rap-
ports uretère-artère utérine Après la nécessaire évaluation préopératoire, nous envisageons la
lors du développement description détaillée de la césarienne-hystérectomie, en reprenant
du segment inférieur. 1. certains détails techniques destinés à éviter les complications
Vessie ; 2. section du col ; 3. habituellement rencontrées. Nous envisageons ensuite
rectum ; 4. uretère ; 5. ar- l’hystérectomie subtotale de nécessité, l’hystérectomie en « bloc » et
tère utérine.
l’hystérectomie élargie.

ÉVALUATION PRÉOPÉRATOIRE
Il paraît nécessaire d’informer la patiente sur l’importance de
l’intervention, les risques et les conséquences de celle-ci, et, si la
patiente n’est pas en état de recevoir cette information, de la
transmettre à la famille. Cette précaution d’information préalable
devrait être étendue à toute femme devant subir une césarienne
itérative.
Un bilan de coagulation est évidemment nécessaire, ainsi qu’une
réserve de sang (au moins deux unités de culot globulaire s’il n’y a
Le point de rencontre de l’artère utérine et du muscle utérin se
pas urgence extrême). La transfusion sanguine est en effet encore
trouve ascensionné et se déplace latéralement.
nécessaire dans la majorité des cas d’urgence, mais en fait rarement
Plus le segment inférieur s’étire en hauteur, plus l’artère tend à se requise dans les cas d’opportunité.
libérer de l’uretère et à s’éloigner du cul-de-sac vaginal (fig 3). Ainsi,
L’anesthésie péridurale ou la rachianesthésie [5] sont réalisables dans
quand le segment inférieur est bien formé, son point déclive peut se
près d’un tiers des cas. Dans la majorité des cas, l’urgence
trouver à 2,5 cm du cul-de-sac vaginal. La crosse de l’utérine est à
commande l’anesthésie générale.
environ 0,5 cm au-dessous du plan du détroit supérieur. L’étirement
du segment inférieur tend donc à rapprocher la crosse de l’utérine La mise en place d’une sonde vésicale de Foley et la préparation
de la pince hémostatique de l’opérateur, et à l’éloigner de l’uretère abdominale et vaginale sont routinières.
et du vagin.
L’origine de la branche cervicovaginale de l’artère utérine et son TECHNIQUE OPÉRATOIRE
point de pénétration isthmique remontent de telle façon que cette DE LA CÉSARIENNE-HYSTÉRECTOMIE
artère perd tout contact avec l’uretère.
Dès l’évacuation utérine, les vaisseaux reprennent un trajet proche ¶ Incision abdominale et césarienne
de la disposition habituelle. Le choix de l’incision est dicté par plusieurs facteurs :
Selon Couvelaire : « une pince placée au ras de l’utérus, là où l’artère
va cesser d’être libre pour s’accrocher à l’utérus, se trouve en amont – antécédents chirurgicaux ;
des branches cervicovaginales, alors que sur l’utérus non puerpéral – adiposité pariétale ;
elle est placée en aval de l’émergence des cervicovaginales. » – degré d’urgence ;
La plupart des veines du corps et du col aboutissent au tronc
– éventuellement, préférences de la patiente et/ou du chirurgien.
collecteur latéro-utérin (plexus veineux), réalisant un véritable corps
caverneux qui englobe l’uretère. En pratique, le choix est limité à deux modalités :
– la laparotomie médiane sous-ombilicale (LMSO), prolongeable
¶ Pédicules tubo-ovariens éventuellement en latéro- et sus-ombilicale ;
L’augmentation de calibre de l’artère ovarique va croissant de son – l’incision transverse de Mouchel [2] qui donne un abord presque
origine à sa terminaison pour atteindre dans la région sous- aussi satisfaisant que la LMSO.
annexielle un calibre égal à celui de l’utérine et s’anastomose à plein L’incision de Pfannenstiel nous paraît donner un jour insuffisant.
canal avec sa branche tubaire moyenne. L’incision de Joël Cohen est sujette à la même réserve.
Les veines ovariques présentent un développement exceptionnel en Le péritoine pariétal est ouvert le plus haut possible et les
calibre et en longueur au cours du troisième trimestre. adhérences éventuelles sont libérées.
Après inspection de l’utérus et des annexes, un écarteur type Gosset
¶ Pédicule funiculaire (ligament rond) ou Ricard expose la moitié inférieure de l’utérus.
L’importance fonctionnelle de l’artère funiculaire est tout à fait L’incision du péritoine viscéral est identique à la technique de
négligeable dans le cas de l’utérus gravide, mais l’hémostase du césarienne. Elle est cependant prolongée jusqu’aux ligaments ronds.
ligament rond doit cependant être précise. Après décollement vésico-utérin et pose d’une valve sus-pubienne,

4
Techniques chirurgicales Hystérectomie sur utérus gravide 41-905

4 Extériorisation de 6 Section des pédicules


l’utérus par traction digi- utéro-ovarien et tubaire.
tale.

5 Section du ligament
rond et du péritoine anté-
rieur. 7 Double ligature distale des pédicules
utéro-ovarien et tubaire.

Le feuillet antérieur du ligament large est incisé jusqu’à rejoindre


l’incision péritonéale transversale réalisée lors de la césarienne
première (fig 5).
On exerce ensuite une traction utérine vers le haut permettant
d’exposer la face postérieure du ligament large et de sélectionner
l’hystérotomie est effectuée dans le sens vertical, sans craindre une une zone avasculaire.
éventuelle extension corporéale puisque l’utérus ne restera pas en
place. L’ovaire est immobilisé par une pince en cœur et discrètement attiré
en dehors.
L’extraction fœtale et placentaire réalisée, cette incision est utilisée
pour repérer le col utérin, après hémostase rapide des berges de Si les annexes sont à conserver, deux pinces de Dixon-Lovelace sont
l’incision par un surjet, chargeant la totalité de l’épaisseur des placées sur la trompe et le ligament propre de l’ovaire, de telle façon
berges. L’opérateur peut ensuite facilement mobiliser l’utérus à que leurs extrémités soient situées dans la zone avasculaire.
volonté par traction digitale à travers cette incision (fig 4). Si l’on décide une castration, les clamps distaux sont placés sur le
L’adjonction d’ocytociques est recommandée si l’hystérotomie a un ligament suspenseur de l’ovaire juste au contact du pôle
caractère hémorragique. supéroexterne de l’ovaire. Le pédicule annexiel est alors sectionné
En cas d’hémorragie utérine excessive, Axelsson [1] préconise la pose (fig 6). On réalise une ligature simple entre les pinces distales, et une
temporaire d’une ligature avec un lacs de caoutchouc passé à travers deuxième ligature appuyée qui transfixie le pédicule en dehors de
les paramètres et enserrant le segment inférieur. la deuxième pince distale (fig 7).
Après la césarienne, il est souvent nécessaire de refaire le bilan Les vaisseaux utérins sont maintenant abordés. Avec la pointe des
anatomique et de redisposer des champs, voire de changer ciseaux, on incise, selon une direction oblique en bas et en dedans,
d’écarteur. le feuillet postérieur du ligament large, puis on libère les éléments
périvasculaires. Il faut bien se garder de ne pas ouvrir les larges
¶ Hystérectomie veines para-utérines au cours de ce temps de dissection. L’utérus
L’utérus est extériorisé par traction digitale (fig 4) et/ou par traction est tracté au maximum vers le haut pour placer la pince de Faure
bilatérale avec deux pinces de Dixon-Lovelace placées verticalement sur les vaisseaux utérins, le mors de cette pince devant aborder le
au contact des bords latéraux de l’utérus sur une hauteur de 8 cm mur utérin selon un angle droit. La pince de Faure doit s’appuyer
environ (fig 5). Chaque pédicule est clampé avec une pince sur le myomètre en s’aidant des doigts intra-utérins qui repèrent le
hémostatique de Faure. relief du col et exposent parfaitement le niveau de cette prise. Il n’y
La première prise concerne le ligament rond droit à 2 cm de son a aucun risque d’atteinte urétérale si la prise reste au-dessus du col
insertion utérine. Une deuxième prise est placée 2 cm plus loin. Une (fig 8).
section est effectuée entre les deux prises et l’hémostase appuyée est Une pince est placée sur le retour vasculaire si la pince de Dixon-
immédiatement réalisée. Lovelace ne descend pas suffisamment.

5
41-905 Hystérectomie sur utérus gravide Techniques chirurgicales

8 Manière de réaliser 9 Repérage du relief cer-


l’hémostase de l’artère uté- vical par le palper bidigital.
rine.

Le même protocole est alors réalisé à gauche, selon le même ordre


(pédicules funiculaire, annexiel ou ovarien et utérin). La libération
des pinces hémostatiques utérines est pratiquée en dernier, après
avoir dégagé aux ciseaux le bec des pinces de Faure. On pratique À cet effet, la suture des angles vaginaux doit être particulièrement
une double ligature appuyée de chaque pédicule utérin. soigneuse. Elle permet un rapprochement des murs antérolatéral et
Il est alors recommandé de bien inspecter toutes les ligatures pour postérolatéral du vagin, ainsi que des ligaments utérosacraux dans
vérifier la qualité de l’hémostase. un premier passage et du ligament rond lors du second passage
d’un point en « X » : l’efficacité de cette pratique n’a jamais été
La dissection vésicale est ensuite réalisée proche de la ligne médiane
évaluée. Le rapprochement des extrémités antérieures des
pour minimiser les risques de saignement.
utérosacraux renforcerait le dispositif de suspension et diminuerait
On utilise des ciseaux fins dont la concavité est tournée vers l’utérus le risque d’élytrocèle.
et l’on essaie de progresser dans le plan intrafascial. L’émanation du
Les pédicules annexiels ne sont jamais incorporés dans la ligature-
fascia précervical est une lame plus ou moins résistante qui protège
suspension, pour éviter le risque exceptionnel de grossesse après
contre les risques de blessures vésico-urétérales.
hystérectomie !
Après dissection suffisante de la vessie, on réalise une section-
La fermeture vaginale peut être réalisée par un surjet intéressant les
ligature de proche en proche des éléments vasculofibreux de la base
deux berges, ou de façon partielle autour d’un drain, après avoir
du ligament large (ligature appuyée). La dernière prise est toujours
réalisé un surjet sur chacune des berges. Le drain utilisé peut être
réalisée en dedans de la précédente.
une lame multitubulée fixée à une berge vaginale et ressortant par
La section-ligature des ligaments utérosacraux se fait de façon le vagin. Celui-ci est laissé en place 24 à 48 heures.
conventionnelle, au mieux par une ligature appuyée.
Il faut ensuite réviser l’hémostase de chaque pédicule et contrôler le
Le cylindre utérovaginal est alors bien dégagé et l’on va pouvoir reste de l’abdomen. La repéritonisation du pelvis ne s’impose qu’en
procéder à la désolidarisation utérine. cas de drainage vaginal. Dans ce cas, les berges antérieure et
Nous abordons alors une zone à risque septique élevé. Il est postérieure du péritoine sont prises dans un surjet débutant au
nécessaire d’employer un matériel qui n’est utilisé que pour cette niveau d’un pédicule annexiel qui reste extrapéritonisé.
phase chirurgicale (pinces, ciseaux, compresses, gants). Il est important de réaliser un compte exact des compresses
La section vaginale est débutée au niveau du mur postérieur. On abdominales et champs abdominaux à ce moment précis de
doit alors s’aider du palper entre pouce et index au-dessous de l’intervention et d’être intransigeant quant au nombre, une
l’hystérotomie pour bien délimiter le relief du col (fig 9). Parfois, il compresse imbibée pouvant largement passer inaperçue.
faut avoir recours à deux doigts intravaginaux qui utilisent Fermeture plan par plan de façon tout à fait conventionnelle.
l’hystérotomie et qui repoussent le vagin en arrière et vers le haut
afin d’identifier le lieu de l’incision à la partie haute du vagin. ¶ Complications de l’hystérectomie
Cette section est réalisée avec des ciseaux de Mayo ou au bistouri Le tableau III donne la revue des complications publiées depuis
électrique. 1990. Elles sont dominées par l’hémorragie per- et postopératoire, et
Une compresse abdominale peut être placée dans le cul-de-sac de les complications urinaires, qui sont beaucoup moins fréquentes en
Douglas, permettant le plus souvent de collecter les sécrétions et cas d’hystérectomie subtotale.
donc de limiter les souillures du champ opératoire.
Après section du mur postérieur, sur lequel on place une pince de Prévention des complications hémorragiques
Museux, on complète l’incision latéralement et en avant, en ayant La compression aortique, la ligature élastique péricervicale, voire la
soin de laisser au vagin toute sa longueur. Le mur antérieur est saisi ligature des artères hypogastriques peuvent être utilisées (de façon
également par une pince de Museux. exceptionnelle) si l’hémorragie menace l’équilibre hémodynamique.
On réalise l’ablation de la pièce qui est adressée en Une attention particulière doit être portée à l’hémostase des
anatomopathologie. La muqueuse vaginale est généralement mince pédicules utéro-ovariens et tubaires, où la rétraction d’un vaisseau
et facilement déchirée par les pinces si la traction est excessive. est la cause la plus fréquente des hémorragies postopératoires.
Les prochains objectifs du chirurgien sont d’assurer une bonne Le double clampage des pédicules et la ligature transfixiante
hémostase vaginale et de réaliser une bonne suspension vaginale appuyée après le clamp distal assurent une bonne prévention de cet
pour éviter le prolapsus génital. accident.

6
Techniques chirurgicales Hystérectomie sur utérus gravide 41-905

terrain gravidique, il présente une atonie et une dilatation qui le


Tableau III. – Complications chirurgicales de la césarienne- rendent en fait difficile à identifier. Lorsque l’on doit disséquer les
hystérectomie. À propos de 219 cas [4, 11, 20].
vaisseaux ovariens au niveau du ligament infundibulopelvien, au-
Nombre Pourcentage dessus d’un hématome qui dissocie le ligament large, on doit
prendre un grand soin d’identifier l’uretère pour éviter de
Transfusion sanguine 194 89 %
l’incorporer dans la ligature. Lors de la dissection des artères
CIVD 30 14 %
Lésions urinaires 15 7%
hypogastriques, on doit également se rappeler qu’en ouvrant le
Infections 35 16 % péritoine l’uretère reste plaqué contre le feuillet péritonéal médial. Il
Réintervention 15 7% peut toujours être assez facilement vu et palpé.
Mortalité maternelle 4 2% Le risque le plus important se situe au niveau des ligatures dans la
CIVD : coagulation intravasculaire disséminée.
base du ligament large. La ligature haute des vaisseaux utérins met
théoriquement à l’abri de ce risque. Toutes les ligatures successives
sont ensuite faites en dedans et contre le mur utérin, ce qui a pour
La tranche vaginale peut également être le siège d’hémorragies effet d’éloigner toujours plus l’uretère de la zone dangereuse.
tardives. Une embolisation artérielle sélective est proposée en Finalement, le risque majeur se situe au niveau de la ligature des
premier lieu afin d’éviter une réintervention [8, 12]. En cas d’échec ou ligaments utérosacraux, qui doivent être clampés et ligaturés de
d’impossibilité, la suture est réalisée et doit parfaitement inclure façon élective. En dernier lieu, la suture des angles latéraux du vagin
l’épithélium vaginal afin d’être sûr de bien obturer les vaisseaux représente l’ultime circonstance de blessure urétérale.
sous-muqueux.
L’éventualité d’une blessure urétérale nécessite l’appel à un
consultant d’urologie en vue d’urétérostomie ou d’urétéro-néo-
Prévention des blessures urinaires
cystostomie.
La vessie et les uretères peuvent être blessés lors de la dissection ou
lors de la mise en place des pinces hémostatiques, ou encore lors de
HYSTÉRECTOMIE SUBTOTALE INTERANNEXIELLE
la réalisation des sutures. Ce risque doit être toujours présent à DE NÉCESSITÉ
l’esprit lorsque l’on réalise une intervention chez une patiente ayant
eu des interventions antérieures ou des hématomes secondaires à Nous décrivons cette intervention dans le cadre d’une hémorragie
une rupture utérine. Le tissu aréolaire lâche situé entre le mur utérine incoercible, qu’elle succède à une césarienne ou qu’elle soit
postérieur de la vessie et la région segmentovaginale est en effet décidée après un accouchement par voie basse.
souvent remplacé par un tissu très dense et fibreux. La dissection à Les différentes mesures conservatoires [17] ont été tentées et ont été
la compresse est formellement prohibée, et doit être réalisée un échec :
exclusivement avec des ciseaux fins travaillant essentiellement sur – révision utérine et massage bimanuel ;
la ligne médiane. Il est malgré tout possible de réaliser une effraction
vésicale, parfois facilement détectée, d’autres fois inapparente. Toute – traitements médicamenteux systémiques ou locaux ;
dissection difficile doit s’accompagner d’un contrôle après réplétion – cervicotorsion prolongée après voie basse ou ligature
vésicale avec un colorant (bleu de méthylène). Les blessures du périsegmentaire temporaire après voie haute ;
dôme vésical sont en général simples à réparer avec un fil résorbable – ligatures électives selon Tsirulnikow ;
en points séparés prenant la totalité de l’épaisseur de la vessie. La
vessie est ensuite drainée de façon continue par un cathéter de Foley – ligature des artères hypogastriques.
laissé en place pendant 1 semaine. Le défaut de reconnaissance Dans notre expérience, cette dernière technique donne des résultats
d’une plaie vésicale peut conduire à une fistule vésicovaginale inconstants, contrairement aux données de la littérature.
secondaire. Plus récemment, ont été proposées des techniques conservatrices
L’uretère peut être lésé à différents niveaux lors de cette d’hémostase utérine. La technique de B-Lynch [3] est illustrée par la
intervention : près du détroit supérieur lors de la ligature du figure 10. Celle de Ho Cho [7] réalise des sutures transfixiantes
ligament infundibulopelvien, dans le ligament large si l’on procède disposées en carré en regard des zones hémorragiques.
à une ligature de l’artère hypogastrique, et surtout, lors de En fait, pour chacun de ces temps, le premier principe fondamental
l’hémostase et de la ligature des vaisseaux utérins et des ligaments doit être impérativement respecté : il ne faut jamais différer
cardinaux et utérosacraux. l’indication.
Comme nous l’avons vu dans le rappel anatomique, la position de L’installation des troubles de la coagulation sanguine entraîne
l’uretère par rapport aux autres structures pelviennes n’est guère l’échec des mesures conservatoires et la difficulté de l’hystérectomie
modifiée dès que l’utérus a été vidé de son contenu ovulaire. Sur ce d’hémostase.

*
B *
C

*
A
10 Technique d’hémostase utérine selon B-Lynch. B. Vue postérieure. C. Vue antérieure après serrage du fil.
A. Vue antérieure.

7
41-905 Hystérectomie sur utérus gravide Techniques chirurgicales

¶ Principes section est réalisée en dedans de cette ligature, puis l’artère utérine
est identifiée et liée à nouveau électivement sur pince.
Trois principes dominent ce geste chirurgical facile :
– Ne pas retarder son exécution. Hystérotomie
L’hystérectomie d’hémostase est un geste chirurgical simple et
Elle est menée comme lors d’une césarienne segmentaire
salvateur, alors que la réanimation d’une coagulation intravasculaire
transversale.
disséminée (CIVD) est complexe et de résultat inconstant.
La section latérale passe, bien entendu, au-dessus de l’hémostase
– Toutes les ligatures doivent être appuyées, très serrées et doublées. des pédicules utérins.
En effet, le retour veineux d’un utérus gravide emprunte des
En arrière, cette section est prolongée de manière circulaire, sans se
vaisseaux de calibre impressionnant dont la taille régresse
soucier de l’hémostase des cervicovaginales postérieures qui sont
rapidement en post-partum. Il convient, à notre sens, de se méfier
prises dans le temps suivant.
des fils dont le serrage est imparfait et dont le blocage sur le second
nœud est fréquent.
Suture
L’œdème des tissus est majeur après échec des mesures
conservatoires et domine le troisième principe. – Si le geste est satisfaisant et l’hémostase correcte, fermeture du
– Ligatures aussi électives que possible. moignon cervicovaginal par points en « X » avec suspension aux
En 48 heures, les tissus se désengorgent de leur œdème et les ligaments ronds.
ligatures flottent d’autant plus que les prises ont été larges. – Si l’hémostase est douteuse, un surjet de godronnage de la tranche
est recommandé, avec mise en place d’un drain vaginal sous-
¶ Technique péritonéal ou d’un drain de Redon intra-abdominal.
Abord – Si l’hémostase est mauvaise, ce qui est le cas lorsqu’on a tardé à
poser l’indication, le salut de la patiente passe par l’installation d’un
C’est celui d’une hystérectomie interannexielle conventionnelle.
drainage abdominal de Mikulicz serré, assorti d’un tamponnement
En cas de césarienne antérieure, on repasse par la même voie : vaginal bien serré.
LMSO, Pfannenstiel ou Mouchel. Si le Pfannenstiel s’avère trop
étroit, il est préférable de désinsérer les grands droits selon la Repéritonisation
technique de De Cherney, plutôt que de réaliser une section
transrectale. La péritonisation est fortement contestée, car son absence ne semble
En cas de laparotomie primitive, nous conseillons une incision de pas délétère.
Mouchel. Nous n’avons pas d’expérience concernant l’incision de
Fermeture pariétale
Joël Cohen dans cette indication qui nécessite un abord large pour
une bonne exposition du pelvis. Elle est assurée plan par plan comme à l’accoutumée.
La position jambes écartées de la patiente est avantageuse, comme Le drainage prémusculaire est licite, du fait de la fréquence des
dans la ligature des artères hypogastriques, permettant à un troubles de la coagulation pré- et postopératoires.
troisième opérateur de maintenir l’utérus extériorisé et plaqué contre
la symphyse pubienne. Cette compression symphysaire de l’utérus
pendant le geste opératoire permet une économie notable de sang. HYSTÉRECTOMIE EN « BLOC »
L’hystérectomie en « bloc » est le traitement héroïque des
Ligature des ligaments larges physométries et autres infections et putréfactions endo-utérines. Elle
Elle est menée pas à pas, sans avoir crainte d’être obsessionnel. permet l’ablation de l’ensemble utérofœtal en « vase clos ».
Les multiples veines du mésovarium et du mésosalpinx sont l’objet L’incision cutanée est médiane et très longue pour permettre une
d’hémostases individuelles. extériorisation facile de l’utérus. La section des ligaments ronds et
La pince de Faure devrait être ici évitée et laisser place au fil serti des ligaments suspenseurs de l’ovaire (la conservation annexielle
d’emblée ou au double passage du dissecteur de Razemont. n’est pas possible) ne pose pas de problème particulier. L’artère
La ligature-section du ligament rond doit être réalisée au ras de ce utérine est liée et coupée à 2 ou 3 cm du point où elle aborde
dernier du fait de sa vascularisation inhabituelle. Ce n’est qu’une l’utérus : l’uretère ne risque rien, il en est séparé par toute la hauteur
fois son hémostase parfaitement réalisée, et cet élément gardé en du segment inférieur, étroitement appliqué, en général, sur la
attente pour la suspension ultérieure, qu’est réalisé ce qui suit. présentation.
Le péritoine est ouvert aux ciseaux fins, en ne cherchant pas à tout Libéré de ses attaches vasculaires, l’utérus monte aisément. On
prix son décollement large, responsable de plaies veineuses décolle alors avec soin la vessie, découvrant la face antérieure du
dispendieuses de sang. canal génital qui doit être sectionné assez bas, à 1 ou 2 cm de la
limite inférieure de la présentation. Latéralement, au contraire, il y a
L’hémostase du retour utérin est assurée rapidement par la mise en
grand danger, et d’autant plus que le volume utérin rend assez
place, après les ligatures distales, d’une ou de deux pinces de
difficile la dissection du péritoine postérieur. Les deux uretères sont
Dixon-Lovelace.
portés en tireté, solidaires du feuillet postérieur du ligament large et
Ouverture du cul-de-sac vésico-utérin se rapprochant du bord latéral du vagin (cf fig 12).
Elle est étonnamment facile du fait de l’œdème tissulaire. L’artifice suivant permet d’agir en toute sécurité :
Les grosses veines prévésicales peuvent être négligées, mais la – repérage très exact d’un des bords latéraux immédiatement au
courbure des ciseaux doit être dirigée sans danger vers le fascia contact de la présentation ;
préutérin. – les ciseaux fermés trouvent facilement, derrière la présentation, le
Il est inutile et dangereux de tenter la dissection du péritoine plus haut possible, le plan de clivage postérieur qui sépare le feuillet
postérieur au-dessus des ligaments utérosacraux, là où passent les séreux de l’utérus ;
veines cervicovaginales postérieures.
– clampage du vagin (fig 11) jusqu’en son milieu : les clamps
Ligature des pédicules utérins urologiques coudés destinés au pédicule rénal sont assez commodes
pour cet usage ;
Elle est réalisée d’abord par une prise large par un point en « X » de
fil serti en piquant dans le muscle cervico-utérin 3 à 5 cm en dessus – section au bistouri au ras des clamps, en fixant la tranche vaginale
de la ligne de réflexion de la vessie. Cette ligature étant faite, la inférieure avec des pinces (en petit nombre) (fig 12) ;

8
Techniques chirurgicales Hystérectomie sur utérus gravide 41-905

11 Clampage du vagin.

13 Tactique opératoire en cas d’hystérectomie élargie. 1. Uretère contre le feuillet pos-


térieur du ligament large ; 2. section du ligament utérosacral ; 3. ligature de l’artère
utérine à son origine ; 4. visualisation de l’uretère au bord du vagin ; 5. vessie libérée ;
6. traction sur le moignon cervical.

Le second principe est de faire monter le col restant par section


première des utérosacraux, ce qui permet l’abord de l’origine de
12 Temps terminal de l’artère utérine et la dissection facile du paramètre et de la lame
l’hystérectomie en « bloc ». vasculaire vésicovaginale (fig 13).
(Le trajet des uretères, soli-
– Premier temps : isolement de l’uretère solidaire du feuillet
daire du feuillet postérieur
du ligament large, est indi- postérieur du ligament large.
qué par un tireté). – Second temps : l’uretère étant écarté en dehors, section sur pince
de haut en bas du ligament utérosacral. Même manœuvre du côté
opposé.
– Troisième temps : le moignon cervical monte et expose toute la
longueur de l’artère utérine qui est liée à son origine.
La vessie est libérée de son pédicule vasculaire de dehors en dedans,
le trajet de l’uretère étant repéré au fur et à mesure. Dans sa zone
juxtavésicale, l’uretère est mis en évidence par décollement large de
la vessie sur la ligne médiane et mise sous valve, ce qui tend le
conduit urinaire et permet de le retrouver au bord du vagin.
Il ne reste plus en règle générale qu’à couper quelques tractus au
ras de la vessie et à refouler doucement l’uretère en le faisant glisser
vers le bas, jusqu’au-dessous du niveau choisi pour la section
vaginale.
Il est assez fréquent d’avoir à libérer enfin le col de solides attaches
sous-urétérales qui appartiennent à la région la plus bas située des
utérosacraux.

Conclusion
L’hystérectomie sur utérus gravide est une intervention rarement
– les deux clamps sont alors rabattus vers le haut, tandis que l’aide pratiquée en France. Ses principales indications restent le traitement
maintient l’utérus qui n’est plus fixé que par le péritoine postérieur. d’hémorragies obstétricales incoercibles, soit à la suite d’une atonie, soit
On peut alors, sans difficulté et sans aucun risque, couper ce feuillet à la suite de lésions traumatiques, ou plus fréquemment du fait
aussi haut qu’on le désire, sous contrôle de la vue (fig 12). d’anomalies placentaires. Ces circonstances devenant de plus en plus
rares et la prise en charge des hémorragies étant plus souvent
radiologique, il n’est pas étonnant de constater la faible fréquence de
HYSTÉRECTOMIE ÉLARGIE réalisation de cette intervention.
L’opération est d’une grande simplicité si l’on prend la précaution Il demeure néanmoins indispensable à tout gynécologue accoucheur de
de se débarrasser d’abord par hystérectomie subtotale d’un utérus savoir réaliser une telle intervention et d’en connaître parfaitement le
encombrant. La tranche segmentaire est solidement fixée par protocole. De temps à autre, cette intervention risque d’être le geste
quelques fils qui vont servir de tracteur tout au long de l’opération. salvateur incontournable.

Références ➤
9
41-905 Hystérectomie sur utérus gravide Techniques chirurgicales

Références
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10
41-895
Encyclopédie Médico-Chirurgicale 41-895

Techniques de cerclage du col utérin


A Gervaise
MV Senat
Y Ville
Résumé. – Une des étiologies des fausses couches tardives et des accouchements prématurés est la béance
H Fernandez
cervico-isthmique. Pour lutter contre cette incompétence cervicale, certains ont recours au cerclage du col
utérin. L’indication et l’efficacité des cerclages dans la prise en charge des béances cervico-isthmiques ne sont
pas encore clarifiées. Le traitement chirurgical par cerclage du col utérin a d’abord utilisé la voie
transabdominale en dehors de la grossesse, puis l’abord transvaginal pendant la grossesse par les techniques
de Shirodkar et de McDonald. Parmi les cerclages par voie vaginale, les techniques de McDonald et Hervet
sont les plus utilisées en prophylaxie, au début du deuxième trimestre ou lors de cerclages à chaud, avec
éventuellement l’aide d’un ballonnet permettant de refouler les membranes de façon atraumatique, en cas de
dilatation cervicale ou de protrusion des membranes. Les techniques de Shirodkar et ses variantes permettent
de cercler des patientes ayant eu des échecs de cerclages standards en utilisant le fascia lata de la patiente
comme suture (selon Shirodkar) ou une bandelette de polyamide (crinoruban) qui est simplement enfouie en
sous-muqueux. Certains préconisent de réaliser des décollements antérieur et postérieur plus importants
(Mann) afin de placer le cerclage plus proche de l’isthme. Ce type de cerclage pourrait être une alternative au
cerclage par voie haute. Le cerclage par voie transabdominale consiste à placer un cerclage entre les branches
ascendante et descendante de l’artère utérine au niveau de la jonction cervicocorporéale. Ce type de cerclage
présente les inconvénients d’avoir à recourir à deux laparotomies et pourrait par ailleurs être incriminé en cas
de stérilité. L’indication semble réservée aux patientes ayant un col très court et cicatriciel. D’autres
techniques réparatrices de cols lésés ont été décrites ou de fermeture cervicale après trachélectomie. Les
complications immédiates des cerclages sont l’hémorragie (plus fréquente dans les techniques avec
décollement comme celle de Shirodkar) ; la rupture des membranes (traumatique ou réactionnelle) survient
dans 1 à 9 % et jusqu’à 30 % dans les cerclages à chaud. Les complications tardives sont dominées par le
risque infectieux (chorioamniotites, septicémies, endométrites).
© 2000 Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS. Tous droits réservés.

Mots-clés : cerclage du col utérin ; cerclage de Shirodkar ; cerclage transabdominal ; incompétence


cervicale.

Introduction béance, des antécédents d’avortements tardifs à répétition, évoluant


rapidement, typiquement sans contraction utérine, sans saignement,
avec rupture prématurée des membranes ou protrusion de la poche
La notion de béance cervico-isthmique (BCI) est connue depuis le des eaux et naissance d’un fœtus vivant [20, 36, 43].
milieu du XVIIe siècle [20]. Palmer et Lacomme [42] en ont décrit la cure
Une hystérographie ou une hystéroscopie pratiquées dans les suites
chirurgicale, en 1948, même si celle-ci avait été antérieurement
d’un avortement tardif peuvent confirmer le diagnostic de béance
réalisée [21]. Le terme anglo-saxon d’« incompétence cervicale »
ou découvrir une malformation utérine [8].
proposé par Lash et Lash en 1950 [29] paraît préférable, car il est
moins restrictif sur le plan physiopathologique. La dilatation du col est mise en évidence par des tests utilisant des
bougies de Hegar ou une sonde de Foley. Une dilatation du col de
Cette pathologie touche 0,05 à 1 % des femmes enceintes [4, 10, 17, 27] et 1 à 2 cm se voit chez 16 % des primipares et 17 à 35 % des
15 à 20 % de celles présentant un avortement du deuxième multipares, mais n’est pas synonyme de BCI [44] et n’a pas de valeur
trimestre [56]. pronostique sur le terme de l’accouchement. Cependant,
Plusieurs éléments contribuent au diagnostic de BCI et aucun n’est l’accouchement survient exceptionnellement avant 37 semaines
fiable à 100 % [31]. L’interrogatoire retrouve, dans 25 % des cas de d’aménorrhée (SA) quand le col mesure plus de 3 cm au deuxième
trimestre [60].
La protrusion des membranes à travers le col dilaté sans
Amélie Gervaise : Chef de clinique assistant. contractions [53] est un bon signe de béance, quel que soit le terme.
Marie-Victoire Senat : Praticien hospitalier.
Hervé Fernandez : Professeur des Universités, praticien hospitalier. De nombreuses études [7, 16, 19, 25] ont démontré la bonne valeur
Service de gynécologie-obstétrique (professeur Frydman), hôpital Antoine Béclère, 157, rue de la Porte-de- prédictive de l’échographie endovaginale du col utérin sur le risque
Trivaux, 92141 Clamart cedex, France.
Yves Ville : Professeur des Universités, praticien hospitalier, chef de service. 10, chemin du Champ-Gaillard,
d’accouchement prématuré. Ce risque est directement corrélé à la
78300 Poissy, France. longueur et à l’anatomie échographique du col (ouverture en

Toute référence à cet article doit porter la mention : Gervaise A, Senat MV, Ville Y et Fernandez H. Techniques de cerclage du col utérin. Encycl Méd Chir (Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS, Paris, tous droits réservés),
Techniques chirurgicales – Gynécologie, 41 895, 2000, 7 p.
41-895 Techniques de cerclage du col utérin Techniques chirurgicales

« entonnoir », sacculation de la poche des eaux dans le col) qui ont explorations orientées. Le cerclage est pratiqué au mieux entre 13 et
une excellente valeur prédictive. Néanmoins, aucune étude ne 16 SA [43, 45] : en effet, les avortements spontanés précoces sont
rapporte de résultats de ces mesures au premier trimestre, date à fréquents et sans relation avec la BCI et il faut donc pratiquer une
laquelle il serait utile d’avoir des arguments pour sélectionner échographie pour apprécier la vitalité fœtale vers 12 ou 13 SA,
d’éventuelles populations à haut risque d’accouchement prématuré mesurer l’épaisseur de la nuque fœtale dans le cadre du dépistage
et de poser alors l’indication d’un cerclage prophylactique. de la trisomie 21, dater la grossesse et éliminer une malformation
Le traitement chirurgical a d’abord utilisé la voie transabdominale fœtale évidente à ce terme (comme l’anencéphalie). De plus, le
en dehors de la grossesse [28] puis l’abord transvaginal pendant la diagnostic prénatal peut être nécessaire et être pratiqué précocement
grossesse, par les techniques de Shirodkar et de McDonald [36, 55]. par ponction de trophoblaste.
Depuis, de nombreuses variantes de ces techniques ont été Le cerclage tardif « à chaud » peut être proposé lorsqu’un cerclage
proposées [6, 22], de façon à simplifier cette chirurgie. électif n’avait pas pu être réalisé ou lorsqu’il ne paraissait pas
L’intérêt et les indications du cerclage ont récemment été remis en initialement indiqué, et il est alors pratiqué entre 18 et 25 SA [45].
question [33]. Son efficacité, suggérée par des études rétrospectives L’évaluation de l’échographie du col entre 14 et 24 SA pourrait avoir
qui comparaient les mêmes femmes avec ou sans cerclage lors de ici tout son intérêt. Une récente étude [7] semble montrer que
grossesses successives, ne tient pas compte de l’évolution des autres l’échographie du col serait un bon critère prédictif d’accouchement
moyens de lutte contre la prématurité au cours de la même prématuré dans une population à haut risque (sans d’ailleurs
période [31]. Ces études rétrospectives sont d’ailleurs discordantes montrer de bénéfice du cerclage type McDonald dans cette étude
[3, 38, 46, 49]
. non randomisée).
Pour les grossesses monofœtales, les études contrôlées sont peu Si le col est effacé et dilaté, cela implique quelques contraintes
nombreuses mais de grande qualité méthodologique et ne techniques spécifiques.
reconnaissent aucun avantage à cercler des patientes pour lesquelles L’extension de cette indication aux métrorragies dues à un placenta
l’anamnèse gynéco-obstétricale ne retrouve qu’un faible risque de prævia avant 30 SA a été proposée et reste à évaluer sur une plus
béance [18, 30, 49, 51]. Le cerclage peut même s’avérer nuisible pour ces grande échelle [2].
patientes, puisqu’il allonge la durée d’hospitalisation et augmente
le recours à la tocolyse [51]. Les techniques dérivées de celle de McDonald sont les plus utilisées
aujourd’hui pour leur simplicité.
En revanche, en cas de risque important défini par deux antécédents
obstétricaux sévères, deux avortements tardifs et/ou accouchements Les techniques type Shirodkar ou par bandelette prothétique ne
prématurés [51], les résultats d’une étude multicentrique [37] montrent, semblent indiquées que pour des populations à haut risque
dans le groupe de femmes ayant antérieurement accouché avant d’accouchement prématuré et ayant eu au moins un échec de
33 SA, un allongement significatif de la durée de la gestation, une cerclage type Hervet ou McDonald.
diminution de la mortalité néonatale et du nombre d’enfants de L’abord transabdominal du col a été décrit en 1965 par Benson [6]
moins de 1 500 g. Au-delà (33-36 SA), le cerclage n’apporte aucun lorsque l’abord transvaginal est rendu impossible par des lésions ou
bénéfice. un effacement cervical important, en particulier après amputation
Les études contrôlées de l’intérêt du cerclage dans les grossesses cervicale ou en présence d’une malformation utérine. Ces indications
gémellaires sont aussi discordantes [12, 61]. Il semble donc qu’il faille ont été étendues par Novy [39] au cerclage à chaud avec effacement
adopter l’attitude définie pour les grossesses uniques [12, 47]. Enfin, complet du col rendant l’abord par voie vaginale impossible. En
une seule étude contrôlée des grossesses triples retrouve un dehors de la grossesse, nous ne retiendrons que les techniques
avantage à cercler ces patientes en début de grossesse, mais ce réparatrices de Lash [28].
travail porte sur de petits effectifs [63].

Étiologie des béances Contre-indications du cerclage


cervico-isthmiques – Le travail actif, qu’il faut différencier d’une béance diagnostiquée
tardivement.
ORIGINE TRAUMATIQUE
– Les anomalies fœtales.
Cinq pour cent d’entre elles se retrouvent chez des primipares et
70 % de ces patientes ont un antécédent de dilatation cervicale [36, 54] – Un saignement d’origine endo-utérine inexpliqué.
avec un risque relatif de 2 à 10 par rapport à la population générale – Une infection locale ou une chorioamniotite (dans le premier cas,
enceinte [58]. la date du cerclage est différée après un traitement local).
Les traumatismes obstétricaux [20] et les conisations élargies ont aussi
été incriminés [29].

ORIGINE CONGÉNITALE
Techniques du cerclage
Elles représentent 2 % de l’ensemble des BCI , et sont surtout
[36]

retrouvées chez les primipares, associées à des malformations POSITION DE LA PATIENTE


utérines pouvant être en rapport avec une exposition au Distilbènet
(diéthylstilbestrol) in utero [20] ; ces béances sont souvent difficiles à La patiente est placée en position gynécologique, en léger
distinguer des menaces d’accouchement prématuré. Trendelenburg.

ORIGINE FONCTIONNELLE
INSTRUMENTATION (EN FONCTION DU TYPE
Elles sont discutées tant est floue la limite avec les menaces DE CERCLAGE)
d’accouchement prématuré dans les grossesses multiples, les
placentas bas insérés [53] et les maladies de système (lupus, – Une sonde évacuatrice vésicale.
diabète) [20]. – Un spéculum.
– Des valves vaginales type Bresky.
Indications du cerclage
– Des pinces de Pozzi.
Les seules indications actuelles du cerclage en début de grossesse
– De longues pinces en « cœur ».
sont donc les femmes à haut risque de BCI et les béances certaines,
objectivées avant ou au début de la grossesse par une ou plusieurs – Un porte-aiguille.

2
Techniques chirurgicales Techniques de cerclage du col utérin 41-895

1 Technique de McDonald-Hervet.
A. Passage du fil.
B. Nouage et situation du fil.

*
A *
B

– Une pince à disséquer à griffe longue. – Position de Trendelenburg.


– Une paire de ciseaux. – Repousser les membranes au doigt.
– La ligature choisie et des compresses. – Suspension-traction du col par des points simples non noués à 3,
– Un ballonnet. 6, 9 et 12 heures [45].
– Introduction d’une sonde de Foley n° 16 dont l’extrémité est
coupée au ras du ballonnet que l’on gonfle avec 30 mL. Le ballonnet
ANESTHÉSIE sera dégonflé à la fin de l’intervention [24].
Tous les types d’anesthésie, générale, locorégionale, locale, ont été – Remplissage de la vessie par 800 à 1 000 mL [45].
utilisés dans le cerclage, voire même l’absence d’anesthésie [13].
Aucune étude randomisée n’a jamais été réalisée pour les évaluer. – Amniocentèse à travers la hernie cervicale des membranes [17].
Le choix de l’anesthésie apparaît donc très personnel et fonction de – Prescription d’anti-inflammatoires non stéroïdiens pendant
la technique utilisée. 48 heures à visée tocolytique et afin de diminuer la pression
Dans les cerclages pratiqués selon les techniques dérivées de intra-amniotique.
McDonald, l’anesthésie générale paraît trop lourde. Nous préférons En cas de dilatation cervicale et de protrusion des membranes dans
la simple prémédication par une benzodiazépine par voie générale le canal cervical, un ballonnet initialement utilisé en endoscopie
ou l’infiltration du tissu paracervical par du sérum, ou de la pour la dissection prépéritonéale (référence OMS PDB 1000,
Xylocaïnet diluée non adrénalinée ou une application d’un gel de Autusuture France) peut aider à la manipulation des membranes.
Xylocaïnet. Si une rachianesthésie ou une péridurale sont Le col est saisi par de longues pinces en « cœur » à 3 et 9 heures. Le
pratiquées, le niveau D10 est suffisant. ballonnet est gonflé en fonction de la dilatation cervicale et il est
délicatement introduit dans le canal cervical, permettant le
refoulement des membranes dans la cavité utérine. Un cerclage type
CERCLAGE PAR VOIE VAGINALE
McDonald est alors réalisé autour du mandrin à l’aide d’un fil non
¶ Techniques de McDonald et Hervet (fig 1A, B) résorbable type Mersuture n° 2. Le ballon est ensuite dégonflé et
retiré progressivement, tout en serrant le fil de cerclage. Si les
La technique de McDonald ne nécessite aucune dissection membranes sont toujours visualisées, un deuxième cerclage est placé
paracervicale ; la soie montée sur aiguille de Mayo initialement au-dessus du premier. Dans certains cas, il est recommandé de
utilisée par McDonald en 1957 [36] a été remplacée par du fil non réaliser un deuxième cerclage 48 heures après le premier afin de
résorbable type Mersuture n° 2. permettre de placer un fil plus haut sur le col, après contrôle
L’entrée se fait à la face antérieure du col, à la jonction exocol-vagin échographique de la persistance d’une protrusion.
rugueux. Le cerclage du col est fait en cinq à six prises mordant le
col profondément sans atteindre le canal cervical. ¶ Technique de Shirodkar et variantes (fig 3A à E)
Le nœud est placé à 12 heures, en laissant les chefs assez longs. Décrite en 1955 [55], cette technique de cerclage par voie vaginale,
McDonald recommandait de mordre profondément en postérieur car qui utilisait primitivement le fascia lata de la patiente comme suture,
c’est le lieu privilégié des déplacements de suture. est maintenant réalisée à l’aide d’une bandelette de Crinorubant.
La variation de Hervet, qui est devenue la technique la plus L’intervention consiste en une technique de cerclage selon la
répandue en France, utilise un trajet strictement sous-muqueux et méthode décrite par Shirodkar, mais simplifiée à l’aide de la mise
fait entrer et sortir l’aiguille par les mêmes points passant en séton en place d’une bandelette autour de l’orifice interne du col.
aux quatre points cardinaux. Il est également possible de placer deux Au bloc opératoire, sous anesthésie générale, la patiente est installée
sutures parallèles distantes de 1 cm [41, 44]. en position gynécologique, en léger Trendelenburg. Deux valves
vaginales (antérieure et postérieure) sont mises en place. Le col est
Cerclages à chaud (fig 2 A, B, C)
saisi par deux pinces de Babcock. Quatre incisions longitudinales à
Dans les cas où il existe une protrusion de la poche des eaux dans le 12, 3, 6 et 9 heures sont réalisées au niveau du repli vaginal du col,
vagin, plusieurs artifices techniques ont été décrits pour le réduire après instillation de Xylocaïnet à 1 % adrénalinée, diluée dans
et faciliter le cerclage. 20 mL de sérum physiologique dans le but de réaliser une

3
41-895 Techniques de cerclage du col utérin Techniques chirurgicales

*
A *
B

2 A. Gonflage du ballon en rapport avec l’ouverture du col.


B. Insertion du ballonnet permettant de refouler la poche des eaux.
C. Cerclage autour du mandrin qui est ensuite retiré, ballonnet dégonflé.

*
C

vasoconstriction locale et de faciliter le décollement (fig 3A, B). La technique n’est que rarement utilisée et a été décrite en dehors de la
dissection paracervicale peut être réalisée à l’aide de ciseaux et on grossesse ; c’est une alternative au cerclage cervico-isthmique par
utilise un dissecteur pour passer un Crinorubant sous les ponts ainsi voie transabdominale, lorsque le col est très court et cicatriciel.
réalisés (fig 3C, D). Le Crinorubant est alors noué à 12 heures La technique de Palmer diffère de celle de Shirodkar par le fait
(fig 3E). On ferme les quatre incisions avec un fil résorbable 2/0 en qu’après la colpotomie antérieure horizontale, un fil de Nylont serti
points inversés qui permettent d’enfouir les nœuds dans la paroi est passé autour du col dans le tissu paracervical en six fois, en
vaginale. repassant dans l’orifice par lequel il vient de sortir.
Un cerclage type Hervet est également associé, permettant de fixer
le Crinorubant et d’éviter son déplacement secondaire. CERCLAGE PAR VOIE TRANSABDOMINALE (fig 4)
Une antibioprophylaxie est réalisée de façon systématique en L’abord intra-abdominal et sa fermeture sont sans particularité, la
peropératoire par 1 g d’Augmentint. Les patientes sont mises voie d’abord est indifférente.
48 heures sous anti-inflammatoires non stéroïdiens de façon L’abord de l’isthme nécessite une dissection en regard de l’orifice
systématique, à visée tocolytique. interne, ce qui correspond au taurus uterinum en arrière.
La sortie se fait à j1 après réalisation d’une échographie du col pour L’ouverture du péritoine vésico-utérin et son décollement sont
vérifier la position du cerclage, la longueur du col, la fermeture de réalisés transversalement en restant très médian, pour limiter le
l’orifice interne et la vitalité fœtale. saignement de cet espace richement vascularisé pendant la
Une variante décrite par Mann [35] est un cerclage cervico-isthmique grossesse. L’aide facilite la dissection au dissecteur mousse de
qui pousse plus loin la dissection antérieure et postérieure du col, l’espace compris entre les branches ascendantes et descendantes de
jusqu’à la réflexion péritonéale. La suture transfixie les ligaments l’artère utérine, au niveau de la jonction cervicocorporéale [4] en
utérosacrés au niveau de l’orifice interne. Le nœud est antérieur et tractant l’utérus vers le haut pour exposer la région et mettre les
serré sur une bougie de Hegar n° 4, une deuxième suture est vaisseaux en tension. Cet espace est tunnellisé sous les vaisseaux
réalisée, plus distale de 1 à 2 cm par rapport à la première. Cette latéralement vers le conjonctif de l’isthme. L’aiguille pénètre ensuite

4
Techniques chirurgicales Techniques de cerclage du col utérin 41-895

*
A *
B *
C

3 A. Instillation de Xylocaïnet.
B. Incision longitudinale.
C. Dissection paracervicale.
D. Passage du Crinorubant.
E. Nœud à 12 heures.

*
D *
E

le feuillet postérieur du ligament large sous contrôle de la vue, sous Saling [52] propose une technique de fermeture cervicale après
le feuillet péritonéal postérieur au niveau de la jonction des désépidermisation de l’orifice externe et réalisation de points
utérosacrés et ressort dans l’espace disséqué opposé. La bandelette inversés de fils résorbables. Cette technique a été reprise par Dargent
est nouée par un seul nœud antérieur dont les chefs sont suturés à pour cercler les patientes enceintes après trachélectomie.
la bandelette par un fil fin non résorbable [4, 39, 40]. D’autres techniques ont été décrites dans le traitement des BCI par
Cette technique présente plusieurs inconvénients : elle nécessite voie transvaginale en dehors de la grossesse et sont plus des
deux interventions puisque l’accouchement devra se faire par techniques réparatrices que des cerclages.
césarienne. Cette technique ne se conçoit qu’en dehors de la La technique de Lash et Lash [29] est indiquée en cas de béance avec
grossesse, et pourra être incriminée en cas de stérilité et nécessiter déchirure antérieure importante du col. Une incision longitudinale
son ablation également par une deuxième laparotomie. est pratiquée sur la muqueuse du col jusqu’à 2 cm au-dessus de
En urgence, il est possible d’ôter ce cerclage par voie transvaginale l’orifice externe, en repoussant la vessie si nécessaire.
par culdotomie au prix d’un gros risque hémorragique. En cas de béance très importante, on peut réséquer une portion
La principale variante technique a été décrite par Mahran [34], plus triangulaire du col. Une plicature de cette muqueuse est ensuite
simple et possible pendant la grossesse puisqu’elle ne nécessite pratiquée par des points séparés de fil résorbable 2/0, réduisant le
aucune mobilisation de l’utérus et ne dissèque pas l’espace diamètre du canal cervical.
intervasculaire, mais repousse les branches artérielles latéralement
au doigt pour passer une bandelette montée sur aiguille mousse.
La voie cœlioscopique [32] a été décrite. La durée d’intervention a été Complications
de 2 heures 20 minutes. Les suites opératoires ont été simples et la
patiente a accouché à 35 SA par césarienne. PRÉCOCES
Un cerclage doit rester indolore en postopératoire [13, 57]. La morbidité
AUTRES TECHNIQUES immédiate du cerclage en dehors du risque anesthésique est due à
Le procédé de Wurm est une occlusion cervicale à l’aide de deux l’hémorragie qui est plus fréquente dans la technique de
points de Nylont transfixiant le col et passés perpendiculairement. Shirodkar [20].

5
41-895 Techniques de cerclage du col utérin Techniques chirurgicales

Le risque d’accouchement prématuré est important dans les


4 Technique du cerclage
cerclages à chaud puisque le délai séparant le cerclage de
transabdominal : position
de la bandelette. l’accouchement dans cette indication est de 2 à 14 semaines [62].
1. Branche ascendante de À part l’échec du cerclage, difficilement quantifiable, les autres
l’artère utérine; 2. branche complications sont le déplacement de la suture qui peut occasionner
descendante de l’artère uté- des plaies du col (1 à 13 %) [20] et des douleurs cervicales [1, 14].
rine ; 3. ligament utérosa-
cré ; 4. ligament cardinal ; Les dystocies dynamiques ou la fibrose du col [20] peuvent conduire
5. espace avasculaire ; à l’extraction par césarienne dans 2 à 5 % des cas [20, 40] ou à la
6. bandelette de Mersilènet. dilacération du col.
La rupture utérine peut survenir si la suture n’a pas été ôtée en
début de travail.
Enfin, les nécroses du trigone et les fistules vésico- ou utérovaginales
[5, 59]
ont été décrites [22, 33, 43]. Des morts fœtales in utero ont été
rapportées après cerclage transabdominal ayant lié les deux
pédicules utérins [35].

Surveillance
Une étude contrôlée a montré l’innocuité du cerclage pratiqué en
ambulatoire avec sortie 2 à 4 heures après l’intervention [13].
Il est préférable de revoir la patiente 15 jours à 1 mois après le
cerclage pour surveiller l’apparition des complications déjà décrites.
La tocolyse et l’antibioprophylaxie n’ont pas fait la preuve de leur
efficacité. Il faut penser à faire une injection de gammaglobulines
anti-D chez les femmes à Rhésus négatif.

Ablation du cerclage
La rupture traumatique ou réactionnelle des membranes survient
L’ablation du cerclage est réalisée au mieux à 37 SA ou si la patiente
dans 1 à 9 % des cerclages toutes techniques confondues [40], mais
entre en travail, ou encore lors de la survenue d’une complication.
peut atteindre jusqu’à 30 % dans les cerclages tardifs à chaud [11].
On n’oublie pas d’envoyer le fil de cerclage pour examen
Des contractions utérines peuvent être prévenues par une tocolyse
bactériologique, car son ablation peut révéler et disséminer un foyer
sans qu’aucune étude contrôlée n’ait démontré l’efficacité de cette
infectieux latent, a fortiori si l’ablation du cerclage est réalisée en
mesure sur des contractions qui seraient spontanément
contexte fébrile.
résolutives [20].
Dans le cas des cerclages avec bandelette de Crinorubant, le cerclage
peut être laissé en place pour une grossesse ultérieure. Seul le fil de
TARDIVES Hervet est alors retiré et dans ce cas, la césarienne est inéluctable.
Les complications tardives sont dominées par le risque infectieux
qui peut se manifester jusqu’à 1 mois après l’intervention [14] et sont
d’autant plus précoces que le cerclage est tardif. Conclusion
Tout a été décrit, depuis la vulvovaginite et l’endométrite jusqu’à
l’abcès placentaire [23, 33, 46, 48]. Une chorioamniotite survient dans 1 à Le cerclage est un geste chirurgical simple qui peut être réalisé en
8 % des cas si le cerclage est précoce et jusqu’à 40 % s’il est tardif [9]. ambulatoire sous anesthésie locale le plus souvent, mais dont la
Des septicémies maternelles, des phlébites pelviennes [14] et des morbidité potentielle est importante et est prévenue par une asepsie
péritonites [3, 33] ont été rapportées. Les conséquences de ce geste rigoureuse.
simple peuvent donc être gravissimes et soulignent la nécessité Son indication doit être réservée aux béances vraies en dehors des
d’une asepsie rigoureuse. Les signes d’appel de l’infection peuvent malformations utérines. Il apparaît nuisible dans toute autre indication.
être frustes et se résumer à l’apparition de contractions utérines Chez ces patientes sélectionnées qui ne représentent plus que moins de
retardées [20, 41]. La plupart des chorioamniotites sont cliniquement 1 % des parturientes, le cerclage sélectif est pratiqué entre 12 et 16 SA.
muettes [23]. Le taux plus important d’infection dans les suites d’un Dans le cas où persiste un doute sur l’indication du cerclage, un
cerclage à chaud traduit peut-être une infection latente responsable bénéfice n’apparaît que pour une femme sur 20 [5]. Ceci laisse donc
de la dilatation cervicale [23, 48]. entrevoir un faible intérêt du cerclage pour ces patientes.

6
Techniques chirurgicales Techniques de cerclage du col utérin 41-895

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7
ENCYCLOPÉDIE MÉDICO-CHIRURGICALE 41-950

41-950

Chirurgie des lésions


bénignes du sein
F Suzanne R é s u m é. – Nous exposons un panorama de la chirurgie du sein en dehors du
C Emering cancer. Celui-ci se veut complet et actuel. Il tend à montrer que la chirurgie bénigne
M Fernandez du sein doit englober dans le même temps les composantes curatives,
D Gallot prophylactiques, reconstructives et esthétiques.
Après un rappel de l’anatomie et des voies d’abord du sein, nous présentons la
chirurgie tumorale bénigne, la chirurgie diagnostique, la chirurgie prophylactique et
l’apport de la chirurgie plastique dans la chirurgie bénigne.
© 1999, Elsevier, Paris.

Anatomie chirurgicale du sein deuxième à la sixième côte. Leur base correspond à un disque à peine
ovoïde de 11 à 13 cm de diamètre, pour une épaisseur de 4 à 7 cm.
Embryologie et développement De forme variable, plat, rond ou en « poire » (fig 1), il garde des
standards et des constantes qui sont importants dans la chirurgie du sein.
La glande mammaire est une annexe cutanée d’origine ectodermique. Le sillon sous-mammaire est fixe et ne varie jamais tout au long de la
Son bourgeon primitif est enchâssé dans le fascia superficialis du grand vie. Les aréoles, de 3 à 6 cm de diamètre, sont surmontées par un
pectoral dès la septième semaine du développement embryonnaire. Au mamelon de 1 à 3 cm de hauteur, toujours au sommet du sein.
cinquième mois, on assiste à l’apparition de 15 à 20 canaux mammaires L’écartement intermamelonnaire pour des seins standards de
qui forment les futurs canaux galactophores. De la naissance à la 250-350 mL (bonnets B et C) est quasiment constant entre 20 et 22 cm,
puberté, on note peu de modifications, le sein ne se développe qu’à partir la hauteur de la fossette sus-sternale au mamelon est de 18 à 20 cm
de la puberté pour avoir sa forme normale de nulligeste. Le (fig 2).
développement complet s’effectue au cours de la grossesse pour
s’achever à la première lactation. Le volume des seins, s’ils restent variables, se situe pour 80 % des
femmes, dans un créneau de 200 à 400 mL et correspond aux fameux
À l’issue de son développement, la glande mammaire est composée de bonnets B et C. Les petits seins hypotrophiques correspondant au
12 à 20 lobes séparés par les cloisons conjonctives. Ces lobes ne sont bonnet A sont de l’ordre de 100 à 200 mL, les gros seins
pas individualisables. À chaque lobe correspond un galactophore qui hypertrophiques commençant vers 450 mL pour les bonnets D, E et F.
s’ouvre au niveau du mamelon. La taille extrême variant pour des seins de moins de 50 mL jusqu’à des
seins de plus de 3 500 mL (fig 3 à 5).
Situation et morphologie externe Bien qu’ils apparaissent de forme sphérique en morphologie externe, la
dissection de la glande montre qu’il existe une asymétrie marquée pour
Les seins, généralement au nombre de deux, sont situés sur la face le quadrant supéroexterne dont il faut tenir compte dans les
antérieure du thorax de chaque côté du sternum. Ils s’étendent de la mastectomies (fig 6). On retrouve ainsi une asymétrie importante des
quadrants du sein : le supéroexterne étant le plus grand et l’inféro-
interne le plus petit, ce qui explique les difficultés à rétablir le galbe du
sein, en particulier dans les quadrants inféro-internes. Enfin, il existe
François Suzanne : Chirurgien gynécologue, chirurgien plasticien, chef de l’unité de toujours une asymétrie entre les seins qui devient visible dès que la
sénologie, service de gynécologie-obstétrique I (Pr Jacquetin), centre hospitalier différence de volume excède 15 à 20 % (fig 7).
universitaire (CHU) de Clermont-Ferrand, chargé de cours à la faculté de médecine de
Clermont-Ferrand, visiting-professor à Stanford school of medicine, University of
Stanford, California, États-Unis.
Chantal Emering : Chirurgien plasticien, assistant au CHU de Clermont-Ferrand, chef
Anatomie topographique
de clinique à la faculté de médecine de Clermont-Ferrand.
Maryline Fernandez : Gynécologue-obstétricien, assistant au CHU de Clermont- La glande mammaire est rattachée aux structures de voisinage :
Ferrand, chef de clinique à la faculté de médecine de Clermont-Ferrand.
Denis Gallot : Interne des Hôpitaux au CHU de Clermont-Ferrand. – en avant, à la peau grâce aux crêtes de Duret. Elles sont de structure
Hôtel-Dieu, CHU de Clermont-Ferrand, boulevard Léon-Malfreyt, 63003 Clermont- fibroglandulaire, constituée du feuillet superficiel du fascia superficialis
Ferrand cedex, France.
© Elsevier, Paris

et de prolongements de tissu conjonctif d’origine intraglandulaire.


L’espace à travers les crêtes, entre la peau et la glande mammaire est
Toute référence à cet article doit porter la mention : Suzanne F, Emering C, rempli par du tissu adipeux. Sans qu’il y ait une vraie zone de clivage,
Fernandez M et Gallot D. Chirurgie des lésions bénignes du sein. Encycl Méd Chir
(Elsevier, Paris), Techniques chirurgicales – Gynécologie, 41-950, 1999, 26 p.
c’est dans cet espace que se situe la voie d’abord antérieure permettant
une dissection préglandulaire ; il s’agit de la voie de pénétration
41-950 CHIRURGIE DES LÉSIONS BÉNIGNES DU SEIN Techniques chirurgicales

1 A. Morphologie standard. B. Morphologie standard, sein rond. C. Morphologie standard, sein en « poire ».

4 Sein standard :
bonnet B ou C.

2 Mensurations nor-
males du sein.

5 Hypertrophie mam-
maire : bonnets D, E, F.

Vascularisation
3 Hypotrophie mam-
maire : bonnet A ou La vascularisation artérielle, le drainage veineux et le drainage
moins. lymphatique se repartissent selon le même schéma, caractérisé par de
très nombreuses anastomoses.
Cinq pédicules artériels regroupés en deux pédicules principaux
antérieure du sein. La plaque aréolomamelonnaire est la seule zone (supéroexterne et supéro-interne) et trois pédicules accessoires
d’adhérence directe de la glande à la peau sans interposition de tissu (inféroexterne, inféro-interne et supérieur) perfusent la glande de la
cellulaire sous-cutané ; périphérie vers le mamelon selon un trajet radiaire. Ces pédicules sont
– en arrière, la glande mammaire est rattachée à la paroi thoracique par anastomosés par quatre réseaux de niveaux différents (fig 9, 10) :
la bourse séreuse de Chassaignac, véritable plan de glissement entre la – réseau sous-dermique ;
glande et l’aponévrose du muscle grand pectoral. Cette bourse constitue
le véritable plan de clivage postérieur rétroglandulaire. Il permet l’abord – réseau préglandulaire ;
postérieur chirurgical tant pour la chirurgie tumorale que pour la – réseau intraglandulaire ;
chirurgie plastique (fig 8). – réseau rétroglandulaire.

page 2
Techniques chirurgicales CHIRURGIE DES LÉSIONS BÉNIGNES DU SEIN 41-950

6 Répartition glandulaire par qua-


drant.

Chacun de ces réseaux s’anastomose avec les réseaux adjacents. Les


crêtes de Duret sont ainsi le lieu de passage des anastomoses, reliant le
réseau préglandulaire au réseau sous-dermique.
Les incisions radiaires sont celles qui préservent le mieux la
vascularisation, mais les multiples anastomoses autorisent les incisions
arciformes sans risque de nécrose cutanée. De même, les décollements
8 Coupe anatomique
dans le plan des crêtes de Duret impliquent une section des anastomoses transversale du sein.
entre les réseaux préglandulaire et sous-dermique, mais la peau reste 1. Crêtes de Duret ;
suffisamment vascularisée par le seul réseau sous-dermique. Autour de 2. muscle aréolaire;
l’aréole se trouve un cercle anastomotique, permettant l’incision sur une 3. mamelon ; 4. sinus
galactophore ; 5. ca-
hémicirconférence sans préjudice ischémique. naux galactophores ;
La peau, et surtout l’aréole, sont innervées par les branches cutanées des 6. tissu adipeux sus-
deuxième au septième nerfs intercostaux contrairement au parenchyme interne ; 7. bourse sé-
glandulaire qui est très peu sensible : il est donc possible de pratiquer les reuse de Chassai-
gnac ; 8. tissu adipeux
exérèses glandulaires sous anesthésie locale de la peau seulement. Le postérieur ; 9. petit pec-
mamelon est innervé par le quatrième nerf intercostal. Le drainage toral ; 10. grand pecto-
lymphatique du sein s’effectue vers la chaîne axillaire principalement et ral.
vers la chaîne mammaire interne.
Leur composition peut varier selon les habitudes de chacun mais certains
instruments nous paraissent indispensables. Nous vous présentons notre
Instrumentation pour la chirurgie type de boîte spécifique au sein (fig 11, 12).
bénigne du sein
Même si un matériel spécifique pour la chirurgie du sein n’est pas Écarteurs (fig 11)
obligatoire, des boîtes à composition adaptée au sein paraissent
souhaitables et permettent de pratiquer tous les types de chirurgie Deux paires de Farabeuf (grand modèle, petit modèle).
sénologique. Un écarteur d’Ollier.

A B

7 Asymétrie en volume.
A. De moins de 10 %.
B. De plus de 20 %.
C D C, D. Majeure.

page 3
41-950 CHIRURGIE DES LÉSIONS BÉNIGNES DU SEIN Techniques chirurgicales

12 Ciseaux : Dubost suédois (22 et 18 cm), Nelson, Metzembaum.

9 Vascularisation superficielle. 1. Ré-


seau préglandulaire ; 2. réseau sous- Pinces à disséquer
dermique ; 3. anastomoses dans les
crêtes de Duret ; 4. voie de clivage. Deux pinces à disséquer sans griffe : une de 26 cm, une fine de 20 cm.
Quatre pinces à disséquer à griffes : une dent de souris de 18 cm, une
fine de 14 cm, un Adson de 14 cm, une fine de 22 cm.

Ciseaux (fig 12)


Cinq ciseaux : un Nelson de 22 cm, un Metzenbaum de 20 cm, un
10 Vascularisation Dubost suédois de 18 cm, un Dubost suédois de 22 cm, un Mayo à fil de
profonde et ponts vas- 17 cm.
culaires. 1. Réseau su-
perficiel ; 2. réseau
postérieur ; 3. réseau Autres instruments
intraglandulaire.
Un dissecteur d’O’Shaughnessy.
Six Kocher.
Deux pinces en « cœur » de 16 cm.
Cinq Christophe.
Six Leriche droites.
Quatre pinces à champs.
Une canule d’aspiration.
Un Chéron.
Deux cupules.
Deux Bengolea sans griffe.

Voies d’abord
Les voies d’abord au niveau du sein peuvent être directes ou indirectes,
cachées ou non cachées.
La chirurgie bénigne a pour but d’enlever le plus facilement possible la
tumeur avec une rançon cicatricielle le plus minime possible.

Incisions

11 Écarteurs Ollier. Crochets de Gillies, Wolkmann, Farabeuf, Papin.


De nombreuses incisions sont décrites (fig 13) : périaréolaire, radiée,
circulaire, sous-mammaire, axillaire.

Deux écarteurs de Wolkmann. Incisions périaréolaires


Un écarteur de Papin. Même si ce ne sont pas les plus simples, ce sont les voies d’abords les
Quatre crochets de Gillies. plus fréquentes pour la chirurgie bénigne. L’abord obtenu est
relativement limité. On décrit plusieurs types d’incisions périaréolaires.
Porte-aiguilles Incision périaréolaire simple (fig 14)
Quatre porte-aiguilles : un Mayo 24 cm, deux Mayo 18 cm, un Mors fins Il s’agit d’une incision circulaire pratiquée 1 mm en dedans de la limite
26 cm. entre l’aréole (de couleur brunâtre) et le plan du sein (plus clair). Nous

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Techniques chirurgicales CHIRURGIE DES LÉSIONS BÉNIGNES DU SEIN 41-950

16 Incision périaréolaire avec trait de re-


fend externe.

13 Types d’incision. 1. Périaréo-


laire ; 2. radiée ; 3. circulaire ; 4. sous-
mammaire ; 5. axillaire.

14 Incision périaréolaire.

17 Incision aréolaire
avec résection cutanée.

18 Incision transaréo-
laire.

Incision périaréolaire avec agrandissement distal (fig 15)


L’agrandissement est réalisé aux extrémités de l’incision aréolaire par
un refend (fig 16) perpendiculaire de 1 à 2 cm. Ceci permet d’améliorer
l’abord chirurgical et autorise l’ablation de tumeurs plus volumineuses
et plus périphériques (jusqu’à 6 cm de l’aréole). La cicatrice est un peu
plus visible.

Incision aréolaire avec une résection cutanée (fig 17)


15 Incision périaréo- • Avantages
laire avec refend distal.
Elle permet d’améliorer l’exposition rendant l’abord lésionnel plus
facile. De plus, la résection cutanée est parfois nécessaire pour certains
types d’abcès périaréolaires.
réalisons l’incision en regard du territoire tumoral. Sa longueur ne doit
pas dépasser la demi-circonférence aréolaire. Au-delà, elle n’améliore • Inconvénients
pas la voie d’abord mais s’expose à un risque de nécrose aréolaire par L’exposition n’est pas considérablement améliorée par rapport à
une insuffisance vasculaire. l’incision périaréolaire simple. Le résultat esthétique est quelquefois
décevant.
• Avantages
Incision transaréolaire (fig 18)
L’incision, de l’ordre de 3 à 7 cm, permet un abord facile pour toute
lésion située en dessous de l’aréole ou à 3-4 cm de celle-ci. Peu ou pas Elle traverse l’aréole en contournant la base du mamelon. C’est une voie
visible après 6 mois, elle présente un intérêt esthétique évident. d’abord relativement restreinte mais invisible. Elle est utilisée
préférentiellement pour la chirurgie des galactophores ou pour la pose
de prothèses gonflables.
• Inconvénients

Elle est difficile et inadaptée pour l’ablation des lésions à plus de 4 cm


Incision verticale sur le mamelon et l’aréole (fig 19)
de l’aréole ou pour celles d’un volume important. Des propositions Elle est très peu visible et permet une voie d’abord extrêmement
d’amélioration ont été données à cette voie périaréolaire permettant de importante sur les galactophores et la profondeur du sein ; elle est idéale
l’agrandir. Plusieurs variantes sont décrites. pour les pyramidectomies.

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41-950 CHIRURGIE DES LÉSIONS BÉNIGNES DU SEIN Techniques chirurgicales

A
19 A. Incision transma-
melonnaire et aréo-
laire.
B. Incision verticale
sous le mamelon et
l’aréole.

20 Incision périaréo-
laire avec trait de refend
médian.

Incision périaréolaire avec refend médian radié (fig 20)


Le refend radié est initié au milieu de l’incision périaréolaire et s’étend
sur 1 à 3 cm. Cette incision représente notre voie d’abord préférée car
elle améliore beaucoup l’exposition important et permet la chirurgie des
tumeurs bénignes jusqu’à 7-8 cm de l’aréole. Elle est surtout
intéressante pour les tumeurs du quadrant supéro-interne car les
incisions radiaires ou circulaires y sont très visibles et inesthétiques, elle
ne déforme pas le sein, est peu visible donc très esthétique. 22 Incision circulaire (A), avec ou sans
Toutefois, le refend doit être limité à 3 cm pour ne pas perdre l’intérêt B résection cutanée (B).
esthétique.
Sa meilleure indication est l’abord de lésions situées à la limite des
Incision radiée (fig 21A, B) quadrants supérieurs et inférieurs.

C’est l’incision la plus classique de la chirurgie du sein. Elle peut être Incision circulaire (fig 22)
utilisée selon tous les rayons du sein, dans les quatre quadrants. Elle Elle est aussi extrêmement utilisée, surtout pour les quadrants
permet un abord direct, autorisant un agrandissement et est supérieurs. Elle permet un abord direct et peut être agrandie. Elle est
techniquement facile. En revanche, elle reste relativement visible en techniquement facile et n’entraîne pas de déformation du sein dans les
particulier dans le quadrant supéro-interne. Elle a tendance à déformer quadrants supérieurs. En revanche, elle engendre des déformations
le sein dans les quadrants supéroexternes (fig 21C), surtout si la cicatrice fréquentes et importantes dans les quadrants inférieurs. Elle est bien
se rapproche de l’aréole ou la rejoint. Elle déforme moins le sein que la adaptée à la chirurgie des quadrants supéroexternes et supéro-internes
cicatrice circulaire dans les quadrants inférieurs. quand la voie périaréolaire ne peut être utilisée.

21 Incision radiée (A)


avec ou sans résection cu-
tanée (B), déformant le
A B C sein et l’aréole (C).

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Techniques chirurgicales CHIRURGIE DES LÉSIONS BÉNIGNES DU SEIN 41-950

A A

B 23 Incision sous-mammaire. B 24 Incision axillaire verticale.

Incision sous-mammaire (fig 23) Voie sous-cutanée (fig 27)


Il s’agit d’une très bonne incision car elle associe plusieurs avantages : La première est une voie sous-cutanée. Elle se trouve entre la glande
mammaire et la peau, dans l’espace graisseux enchâssé par les crêtes de
– elle est relativement cachée surtout sur les seins légèrement ptôsés ; Duret. Elle permet une progression facile et relativement exsangue
– elle peut être agrandie facilement ; puisqu’elle s’insinue entre les deux réseaux vasculaires superficiels. Elle
– elle permet un abord large de la glande mammaire par voie rend possible un grand décollement, ce qui autorise un abord tumoral
postérieure. indirect, à partir d’une incision périaréolaire par exemple. Cette voie doit
Elle est utilisée de façon préférentielle pour toutes les tumeurs situées être utilisée au maximum dans toute la chirurgie du sein (fig 27).
dans la partie inférieure du sein. Il faut éviter de la prolonger
médialement car elle devient très visible et inesthétique. On peut Voie rétromammaire (fig 28)
l’utiliser facilement pour les tumeurs volumineuses. C’est la deuxième voie de pénétration du sein. Elle est surtout utilisée à
partir de la cicatrice sous-mammaire ou axillaire. Elle permet un large
Incisions axillaires décollement entre la glande et la face supérieure du grand pectoral. Elle
autorise l’abord par la face postérieure du sein de toutes les tumeurs
Incision axillaire verticale (fig 24) mammaires. C’est une voie de choix car elle est pratiquement exsangue.
Ce décollement est facile et permet aussi les abords endoscopiques du
Elle est réalisée légèrement en arrière du bord externe du grand pectoral.
sein.
La cicatrice est relativement cachée. Cette incision ne peut être utilisée
que pour les tumeurs très externes du quadrant supéroexterne et pour les Dans tous les cas, ces deux voies de pénétration du sein sont celles qui
tumeurs à la base du creux axillaire. Elle peut être utile pour la pose de permettront ensuite l’abord réel de la glande et les incisions
prothèses. Elle a une indication limitée à notre sens. transglandulaires jusqu’à la tumeur.

Incision axillaire circulaire (fig 25)


Chirurgie des tumeurs du sein
L’incision circonférencielle supéroexterne du sein est en général plus bénignes palpables
esthétique car elle ne déforme pas le sein et permet éventuellement un
abord supéroexterne de la glande et axillaire. Il est souvent nécessaire de recourir à la chirurgie pour des lésions du
sein a priori bénignes. Certaines de ces lésions sont palpables et nous
Voies de pénétration du sein (fig 26) allons maintenant décrire les techniques chirurgicales permettant d’en
réaliser l’exérèse.
On peut progresser dans le sein au niveau de deux voies : sous-cutanée Pour décrire la chirurgie typique des tumeurs bénignes nous avons choisi
et rétromammaire. l’exérèse d’un fibroadénome de moins de 3 cm de diamètre à proximité

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41-950 CHIRURGIE DES LÉSIONS BÉNIGNES DU SEIN Techniques chirurgicales

A 27 Pénétration sous-cutanée.

B 25 Incision axillaire circulaire.


28 Pénétration rétromammaire.

Indications et choix des incisions


À éviter (fig 29) :
• axillaire débordant sur le sein
• radiaire externe atteignant l’aréole
• circulaire interne
• radiaire interne
• sous-mammaire interne
• circulaire inférieure
Réaliser plutôt (fig 30, 31) :
• axillaire verticale
• axillaire circulaire
• circulaire quadrant supéroexterne
• périaréolaire (surtout pour quadrant interne)
• radiaire pour les quadrants inféroexterne et inféro-interne
• sous-mammaire pour le territoire inférocentral

26 Voies de pénétration du sein. 1, On peut observer des fibroadénomes uniques ou multiples, uni- ou
2. Sous-cutanée ; 3. postérieure.
bilatéraux et de taille variable. Lorsque la chirurgie est jugée nécessaire,
il faut alors relever deux défis a priori contradictoires :
de l’aréole. Nous nous attacherons ensuite à préciser les adaptations de
la technique aux cas de polyadénomatose, de fibroadénome géant ainsi – réaliser une exérèse complète de la lésion, de manière à éviter la
qu’aux exérèses de lipome, de tumeur phyllode ou d’hamartome. récidive et à obtenir une analyse anatomopathologique de tout le tissu
tumoral ;
– réaliser un geste le plus discret possible de manière à ne pas abîmer le
Exérèse d’un fibroadénome sein par une exérèse trop large ou par une cicatrice disgracieuse.
Le fibroadénome est la tumeur bénigne la plus fréquente chez la femme En préopératoire, il est indispensable de bien repérer la lésion palpable
jeune et l’adolescente. et nous avons l’habitude de tracer ses contours à l’aide d’un crayon

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Techniques chirurgicales CHIRURGIE DES LÉSIONS BÉNIGNES DU SEIN 41-950

A B
31 A. À éviter. 1. Axillaire débordant le sein ; 2. radiaire externe atteignant l’aréole ;
3. circulaire interne ; 4. radiaire interne ; 5. sous-mammaire interne ; 6. circulaire
inférieure.
B. À réaliser plutôt. 1. Axillaire verticale ; 2. axillaire circulaire ; 3. circulaire
29 Incision à éviter.
quadrant supéroexterne ; 4. périaréolaire surtout pour quadrant interne ;
5. radiaire inféroexterne ou interne ; 6. Sous-mammaire pour inférocentrale.

32 Patiente couchée.
Fibroadénome repéré.

30 Incision à privilégier. 33 Marquage de la lésion et inci-


sion debout ; contrôle position
couchée.
dermique (fig 32). Ce tracé doit avoir lieu debout (fig 33). De même, on
choisira dans cette même position le tracé de l’incision. C’est ainsi que de l’aire tumorale. L’espace de décollement décrit ainsi un triangle dont
l’on peut utiliser au mieux le galbe du sein et juger de l’emplacement le sommet est l’incision cutanée et dont la base se situe au-delà de la
d’une incision la plus discrète possible en tenant compte de la position tumeur.
naturelle du sein (fig 34). Il est impératif de contrôler les dessins en L’hémostase doit être soigneuse mais il ne faut pas redouter un
position allongée (position peropératoire). Cette précaution permet de décollement large car le réaccolement est toujours satisfaisant en
vérifier que la tumeur reste techniquement accessible par les tracés postopératoire.
choisis, car le décubitus peut majorer la distance tumeur-tracé. Après avoir vérifié au doigt que le décollement est suffisant pour accéder
Dans le cadre d’une localisation juxta-aréolaire, il est commode de à la tumeur, nous plaçons un fil transtumoral afin d’exercer une traction
réaliser une voie d’abord par incision périaréolaire simple ou avec sur le nodule (fig 38) (ce fil peut être remplacé par une pince à champ
refend radiaire. Nous pratiquons cette incision à la lame froide serrée directement dans le nodule).
légèrement en dedans de la limite floue séparant la zone pigmentée L’exérèse de la lésion débute alors sous traction (fig 39). Les berges
aréolaire de la peau du sein (fig 35). cutanées sont refoulées par des écarteurs de Farabeuf. La simple
Nous complétons alors l’incision au bistouri électrique de manière à énucléation est suffisante et nous réalisons habituellement une exérèse à
dégager le plan des crêtes de Duret. marge étroite au ciseau type Mayo. La dissection est facilitée par la
Deux crochets de Gillies permettent de tracter le plan cutané au zénith traction qui est le geste « clé » de ce temps opératoire.
(fig 36) favorisant son décollement superficiel à travers les crêtes de Après l’exérèse, il s’agit de contrôler la qualité de l’hémostase. Nous
Duret (fig 37). Nous menons ce décollement aux ciseaux, bien au-delà limitons ainsi la durée du drainage aspiratif. L’inconvénient majeur du

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41-950 CHIRURGIE DES LÉSIONS BÉNIGNES DU SEIN Techniques chirurgicales

34 Incision périaréo-
laire plus refend médian.

37 Décollement. Incision des crêtes de Duret.

35 Incision jusqu’à la graisse.

38 Repérage et traction du fibroadénome.

Variante de la technique

En fonction de la position de la tumeur


Lorsque la tumeur est juxta-aréolaire, nous utilisons l’incision
périaréolaire. Elle est pratiquée en regard du quadrant porteur de la
tumeur, quel que soit ce quadrant.
En revanche, si la tumeur est plus périphérique, la seule incision
périaréolaire est insuffisante pour permettre un décollement satisfaisant.
Il est alors utile d’associer à l’incision périaréolaire un trait de refend
radiaire sur 10 à 30 mm. Ce trait de refend permet d’obtenir une
exposition bien plus satisfaisante, même pour des tumeurs situées loin à
la périphérie. De même, en cas de tumeur localisée dans les quadrants
36 Traction avec crochet de Gillies. inférieurs, nous utilisons une incision dans le sillon sous-mammaire qui
permet d’accéder à presque tout le sein grâce à un décollement
rétroglandulaire. En cas de tumeur dans le prolongement axillaire, nous
drainage est le risque d’induire une adhérence du plan superficiel à la pratiquons une incision circulaire axillaire. Pour satisfaire au mieux les
cavité d’exérèse avec déformation cutanée persistante (fig 40). impératifs esthétiques, nous nous interdisons la pratique d’incisions
radiées ou circulaires dans le cas des fibroadénomes. Nous nous
La fermeture se réalise alors en un ou deux plans. Il est préférable de astreignons à n’utiliser que trois types d’incisions :
combler la cavité d’exérèse grâce à quelques points rapprochant les
berges glandulaires. – périaréolaire avec éventuel refend ;
– sous-mammaire ;
Sur le plan cutané, nous pratiquons une suture par points inversés de fils
résorbables (Monocrylt 4.0) mais il est également possible de suturer – circulaire axillaire.
au fil non résorbable le plus souvent par points séparés. Cette limitation nous impose des décollements sous-cutanés étendus qui
sont invisibles en postopératoire mais nous empêchent une chirurgie
Le pansement doit être compressif et nous appliquons fréquemment du sous simple anesthésie locale. Nous avons fait le choix de privilégier la
Stéri-Stript et de la Biogazet sur la peau (fig 41). La sortie est possible discrétion de la cicatrice, même si cela implique le plus souvent une
dans les 12-24 heures. chirurgie sous anesthésie générale.

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Techniques chirurgicales CHIRURGIE DES LÉSIONS BÉNIGNES DU SEIN 41-950

41 Pose de Stéri-StripT pour une bonne cicatrisation sans traction.

3,5 cm de diamètre (ou 5 cm selon les auteurs) ou lorsque sa masse


dépasse les 50 g, on parle de fibroadénome géant. Ces fibroadénomes
géants sont souvent polylobés. Le plus souvent, le volume tumoral
A déforme le sein. Toutefois, la peau conserve suffisamment d’élasticité
pour que le sein retrouve son galbe et son volume initial après l’exérèse.
Le recours à des techniques de chirurgie plastique est exceptionnel.

Cas des fibroadénomes multiples


Cette situation appelée polyadénomatose ou maladie polyadénomateuse
se présente chez moins de 5 % des patientes porteuses de
fibroadénomes [13].
Il ne serait pas raisonnable de multiplier les voies d’abord pour pratiquer
indépendamment l’exérèse de chaque localisation lésionnelle. On doit
donc faire le choix d’une ou deux incisions, les plus économes possible.
La voie d’abord dans le sillon sous-mammaire permet d’accéder à un
maximum de territoires. De plus, la voie choisie doit permettre une
éventuelle reprise chirurgicale en cas de récidives (fréquentes dans les
cas de polyadénomatose). L’usage des techniques de chirurgie plastique
est très intéressant car elles permettent d’exposer l’ensemble du sein en
peropératoire.

Chirurgie des autres tumeurs


Tumeur phyllode [14, 29]
39 A. Dissection sous Il s’agit d’une tumeur rare (1 % des tumeurs du sein) dont l’âge moyen
traction et ablation.
B. Dissection du fibro-
de survenue est de 45 ans.
B adénome. Cette tumeur est solide, nodulaire, constituée comme le fibroadénome
d’une double prolifération épithéliale et conjonctive. Mais elle est
caractérisée par une plus grande cellularité de la composante
conjonctive lui donnant, à la coupe, une structure en « feuille », d’où le
nom de tumeur phyllode. L’évolution peut être bénigne, récidivante,
maligne ou métastatique. Au fil des récidives, l’anatomopathologie peut
révéler une évolution maligne ; la chirurgie initiale doit donc être
suffisamment large pour éviter la récidive. Nous pratiquons une
zonectomie comparable aux situations néoplasiques. L’usage des
incisions cachées n’est pas toujours possible. Dans ce cas, nous
préférons l’incision sous-mammaire ou circulaire (fig 42). Cette
zonectomie débute par un décollement sous-cutané aux ciseaux, celui-ci
est mené au travers des crêtes de Duret et dépasse l’aire tumorale
(fig 43). Nous réalisons, dans un deuxième temps, une incision verticale
transglandulaire jusqu’à l’aponévrose du grand pectoral (fig 44) ; cette
incision respecte une marge d’environ 1 cm par rapport à la tumeur.
Dans un troisième temps, nous décollons au doigt la face profonde de la
glande au travers de la bourse séreuse de Chassaignac.
Il est alors possible de réaliser le toucher tumoral entre pouce et index.
Nous complétons alors la zonectomie en libérant la tumeur du tissu
avoisinant (marge de 1 cm) (fig 45).
40 Fermeture sous-cutanée et drainage par voie mamelonnaire.
Il est indispensable de toujours tenir la tumeur entre pouce et index
En fonction du volume de la tumeur pendant la dissection, afin de bien percevoir ses limites. Si l’examen
extemporané révèle une exérèse non in sano ou limite, il faudra élargir
Le fibroadénome est parfois plus volumineux. Lorsque sa taille dépasse l’exérèse.

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41-950 CHIRURGIE DES LÉSIONS BÉNIGNES DU SEIN Techniques chirurgicales

42 Zonectomie sous repérage.


Incision.

44 Traction sur la tumeur


avec incision glandulaire
verticale postérieure.

43 Décollement au ni-
veau des crêtes de Duret.

Lipome [14] 45 Zonectomie avec mar-


ge tumorale.
Toute la complexité de cette chirurgie réside dans deux difficultés :
– réaliser un bon repérage préopératoire ; Le cas du fibroadénome de taille normale en position périaréolaire pose
– éviter les « fausses routes » lors de la dissection par confusion lipome- peu de difficultés opératoires. En revanche, d’autres localisations parfois
graisse périglandulaire. multiples, des tailles importantes ou des histologies particulières
Pour s’affranchir de la première difficulté, il est utile de tracer les (tumeurs phyllodes) peuvent compliquer le geste opératoire.
contours du lipome grâce à un stylo dermique en préopératoire. Il est Nous avons proposé quelques artifices pour contourner ces difficultés. Il
alors possible de prendre son temps et de se faire aider par la patiente faut malgré tout rappeler que la chirurgie pour tumeur bénigne peut
qui, souvent, connaît précisément la localisation de son lipome. révéler l’existence d’une lésion néoplasique. Dans ces cas, il est alors
La deuxième difficulté est atténuée si on prend soin de disséquer la nécessaire de prévoir une conversion de la pratique chirurgicale pour
glande mammaire au doigt et non pas au ciseau. Ceci permet d’éviter respecter les impératifs de la chirurgie carcinologique [34, 37].
l’effraction du lipome. Toute effraction rend impossible la visualisation
des vrais plans de clivage.
Chirurgie diagnostique
Hamartome [2, 16]
Il s’agit d’une tumeur rare (4,8 % des tumeurs bénignes du sein), de Avec le développement du dépistage mammographique, la chirurgie
consistance souple et de contours bien limités, généralement supérieure diagnostique prend une place de plus en plus importante devant la
à 1 cm de diamètre. Son diagnostic est le plus souvent histologique, découverte de tumeurs et de lésions impalpables.
justifiant le recours à une chirurgie diagnostique et à un examen La chirurgie diagnostique des lésions non palpables du sein permet
extemporané. Techniquement, nous réalisons une zonectomie comme d’affiner la bénignité ou au contraire un cancer du sein à un stade
pour la tumeur phyllode. précoce. Il s’agit, dans tous les cas, d’une chirurgie délicate, parfois
difficile, car elle doit être fiable à 100 %.
Conclusion La découverte de lésions infracliniques doit conduire à une sélection des
La chirurgie des tumeurs bénignes palpables du sein doit donc concilier patientes par la radiologie diagnostique interventionnelle afin de limiter
deux impératifs : réaliser une exérèse complète de la lésion sans nuire à celles qui vont nécessiter une exérèse chirurgicale et d’éviter les
l’esthétisme du sein. interventions inutiles.

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Techniques chirurgicales CHIRURGIE DES LÉSIONS BÉNIGNES DU SEIN 41-950

Lésions
Les lésions le plus fréquemment présentes sont les foyers de
calcifications, plus rarement les petites images stellaires ou
désorganisations architecturales, enfin des opacités à contours flous ou
des asymétries de densité.

Microcalcifications
De taille inférieure à 0,5 mm, elles correspondent à un processus qui
peut être bénin ou malin. Elles résultent d’une précipitation calcique
dans un produit de sécrétion ou d’une calcification de nécrose tumorale
ou inflammatoire.
Plusieurs paramètres radiographiques permettent de suspecter la
malignité des microcalcifications :
– leur morphologie : classification de Le Gal en cinq types de valeur
prédictive positive de malignité croissante ;
– leur polymorphisme : il est évocateur de malignité ;
46 Repérage avant zonectomie.
– leur groupement : plus elles sont groupées, plus elles risquent d’être
malignes ;
– leur disposition intramammaire : triangulaire dans le carcinome
intracanalaire ;
– leur nombre : corrélé au risque de malignité.

Images stellaires
Elles doivent être considérées comme des cancers jusqu’à la preuve du
contraire. Il en existe deux types :
– à centre clair, secondaire à un centre prolifératif d’Aschoff et/ou à un
carcinome tubuleux (association fréquente) ;
– à centre dense.
La désorganisation architecturale étant le stade ultime du
polymorphisme des lésions stellaires.

Opacités à contours flous et asymétries de densité


Ce sont des anomalies mammographiques qui, lorsqu’elles
correspondent à une pathologie maligne, ont une traduction
échographique péjorative (zone d’échostructure hétérogène,
hypoéchogène, hyperabsorbante à contours flous).

Procédure de l’exérèse chirurgicale


47 Zonectomie avec re-
L’indication doit être posée en fonction des données de l’anamnèse, de pérage par harpon.
l’interrogatoire, de l’examen clinique, de l’âge de la patiente, de
l’imagerie du sein (mammographie, échographie) et du résultat des
Les harpons sont placés la veille de l’intervention ou en ambulatoire
techniques d’imagerie interventionnelle (cytoponction, microbiopsie
sous anesthésie locale. Leur position est contrôlée par un cliché de face
échoguidée ou sous stéréotaxie, biopsie au Mammotome) ou avec le
et un de profil.
système Abbi afin d’éviter de multiplier les interventions chirurgicales
inutiles. Les premiers harpons étaient de simples fils d’acier introduits dans une
aiguille et se déployant à son extrémité. Ces systèmes pouvaient se
Cette chirurgie diagnostique doit retrouver un taux de lésions déplacer et n’étaient pas repositionnables. Par ailleurs très fins, ils
cancéreuses égal ou supérieur à 50 %. étaient parfois sectionnés pendant l’intervention.
Cette chirurgie est confrontée à trois difficultés : Les systèmes les plus récents utilisent un harpon stable, rétractable et
– la localisation préopératoire des lésions infracliniques ; repositionnable.
– une cicatrice à la fois esthétique et permettant une éventuelle chirurgie Les colorants doivent être injectés peu de temps avant l’intervention car
secondaire ; ils diffusent rapidement. Le plus couramment utilisé est le bleu de
– l’ablation certaine de la lésion. méthylène à 1 %, mais pour certains il détruirait les récepteurs
œstrogéniques lui faisant préférer alors le bleu de toluidine.
Repérage préopératoire (fig 46) [34] Pour les écoulements galactophoriques, le canal est repéré au niveau du
Il peut être pratiqué sous échographie ou sous radiologie avec mamelon par un mandrin ou par une injection de colorant, le plus
stéréotaxie au mammographe. souvent en peropératoire.
Exérèse chirurgicale [32]
Sous échographie [35]
Il s’agit de réaliser une zonectomie limitée autour du crochet du harpon,
C’est le geste le plus simple et le plus rapide, mais il nécessite la de manière à enlever la lésion suspecte, mais en faisant une économie
présence d’une cible échographique (30 à 40 % des cas). La position de maximale de glande mammaire.
l’aiguille se traduisant par un spot hyperéchogène (tip-echo) qui doit se La zonectomie dans les lésions infracliniques est réalisée selon une
trouver dans la lésion sur deux incidences orthogonales ; le repérage technique comparable à celle des lésions palpables. Le grand problème
s’effectue par injection de colorant ou mise en place d’un harpon. est l’évaluation de la partie intramammaire du harpon, car l’incision doit
être positionnée en fonction de l’emplacement du foyer de
Sous stéréotaxie radiologique
microcalcifications et non pas de l’entrée cutanée du harpon (fig 47).
Il s’agit du seul moyen de localiser avec précision les foyers de Elle doit de préférence être la plus esthétique possible. Nous utilisons le
microcalcifications. Le repérage s’effectue par la mise en place d’un plus souvent une incision périaréolaire avec refend, une incision sous-
harpon seul ou associé à un colorant [35]. mammaire ou circulaire externe (fig 48).

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41-950 CHIRURGIE DES LÉSIONS BÉNIGNES DU SEIN Techniques chirurgicales

On débute par une incision glandulaire verticale jusqu’au grand


pectoral, puis on réalise un décollement rétromammaire au doigt. On
pratique alors la zonectomie en effectuant le classique toucher
glandulaire entre le pouce et l’index (fig 51A, B, C) qui permet de
contrôler exactement la zonectomie à réaliser. Une fois la pièce enlevée
(fig 51D), on pratique un repérage de la pièce avec des clips. Un cliché
radiographique peropératoire de la pièce permet de s’assurer de
l’ablation de la lésion.
La totalité des microcalcifications doit être visualisée sur le cliché
radiographique. Les clichés sont réalisés avec un appareil en salle type
au Faxitron (fig 52) ou en salle de radiologie. En cas d’ablation
incomplète, au pire d’absence de la lésion, la chirurgie doit être reprise
jusqu’à l’ablation totale. C’est dans ce cas que cette chirurgie peut
devenir périlleuse et mutilante, d’où l’importance d’un bon repérage
initial.
Cette chirurgie apparaît simple, mais elle se heurte en fait à plusieurs
difficultés :
48 Incision décalée. – un problème esthétique : le plus facile est d’inciser la peau là, ou entre
le harpon, et de le suivre jusqu’à sa pointe, mais la cicatrice est souvent
en position inesthétique. Il faut choisir volontiers une incision
périaréolaire ou sous-mammaire, en rapport avec la position exacte de
la pointe du harpon ou de la lésion ;
– un problème d’économie du tissu mammaire tout en enlevant la
totalité du foyer ;
– un problème d’exérèse complète de la lésion, c’est pourquoi cette
chirurgie apparemment simple, doit être réalisée par des chirurgiens
ayant une grande expérience de la chirurgie sénologique.

Suites chirurgicales
En revanche, les suites sont souvent simples à l’exception des
hématomes fréquents, d’où l’importance d’un drainage de type
Monovact avec pansement compressif.
La sortie peut être effectuée le plus souvent dès le lendemain. Enfin, cette
chirurgie peut être le point de départ d’une chirurgie de lésions malignes.

Pyramidectomie
49 Incision périaréolaire avec refend.
Dissection au niveau des crêtes de Duret. Il s’agit d’une chirurgie diagnostique particulière concernant
essentiellement l’écoulement galactophorique unipore. Elle permet de
réaliser une chirurgie diagnostique à la recherche d’une ectasie
galactophorique, d’un papillome bénin, ou d’un carcinome
intragalactophorique, mais aussi de supprimer l’écoulement [11].
Technique : on plébiscite un temps de repérage du galactophore
incriminé (fig 53A). Chacun possède sa technique particulière :
injection de bleu de méthylène, cathétérisme avec un crin, cathétérisme
avec une bougie de 2 à 4 mm (fig 53B). En ce qui nous concerne, après
avoir pressé le mamelon pour obtenir l’écoulement et repérer le
galactophore, nous introduisons une bougie très fine. Sa rigidité permet
une incision très facile sur ce repère. Nous mettons en place deux
tracteurs (fig 53C) sur le mamelon et nous débutons l’intervention par
l’incision qui peut être périaréolaire mais que nous préférons radiée sur
le mamelon et l’aréole en débutant directement sur l’orifice du
galactophore (fig 53D, E). Ce type d’incision particulièrement peu
visible permet une dissection parfaite, précise et qui peut être agrandie.
L’incision se fait jusqu’au galactophore sans l’ouvrir. Puis celui-ci est
disséqué et séparé des autres aux ciseaux dissecteurs (fig 53F).
Avec une traction légère, il est disséqué en profondeur en enlevant
l’arbre galactophorique (fig 53G) sous forme d’une pyramide d’où le
nom de cette intervention (fig 53H). La pièce d’exérèse étant enlevée, il
50 Sortie et centrage du harpon. faut refermer soigneusement en reconstituant le sein. Nous mettons en
place un Monovact, fermons la glande par des points rapprochés, puis
nous suturons l’aréole et le mamelon par des points inversants.
Une fois l’incision dessinée et réalisée, on commence par un L’intervention s’achève par la pose de Stéri-Stript et d’un pansement
décollement cutanéoglandulaire jusqu’au niveau d’entrée cutanée du légèrement compressif. Il s’agit d’une technique simple, de grande
harpon (fig 49). Celui-ci est dégagé afin de se retrouver en position sous- efficacité concernant le diagnostic et l’écoulement, pouvant facilement
cutanée et être centré sur la glande. On poursuit ensuite le décollement être réalisée en chirurgie ambulatoire.
au-delà du harpon en fonction de l’importance de la zonectomie. Une Il est possible, en préopératoire, de réaliser des galactographies [7], mais
traction est réalisée sur la glande avec une pince à champs ou avec un fil surtout des galactoscopies qui commencent à permettre le diagnostic
(fig 50). La zonectomie peut alors être réalisée, centrée sur le harpon, préopératoire. Dans notre expérience, nous considérons que la
soit au bistouri électrique soit au bistouri froid et aux ciseaux. galactoscopie reste actuellement une technique en évolution, à évaluer.

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Techniques chirurgicales CHIRURGIE DES LÉSIONS BÉNIGNES DU SEIN 41-950

A B

51 A. Zonectomie.
B. Zonectomie par toucher glandulaire.
C. Totalisation de la zonectomie.
D. Pièce de zonectomie avec le harpon.

C D

d’être incisés et drainés car ils ne guérissent pas spontanément et


l’antibiothérapie est inefficace. Ces abcès sont souvent bilatéraux. Les
récidives se font selon des cycles variant de quelques semaines à
quelques mois. La première description a été faite par Haagensen en
1951 [14].
Le primum movens est l’oblitération de la lumière du canal galactophore
par l’épithélioma malpighien des canaux terminaux entraînant une stase
et une dilatation du canal. Il apparaît alors un écoulement mamelonnaire
intermittent jaunâtre épais puis, progressivement, les canaux vont
s’épaissir, entraînant une fibrose et une infiltration de lymphocytes.
Secondairement, apparaît une rétraction mamelonnaire d’importance
variable. Dans un troisième temps, se produit une rupture des canaux
galactophores avec apparition d’une vraie mastite à plasmocytes et des
abcès récidivants.

Traitement chirurgical de l’abcès du sein


52 Contraste Faxitron. du post-partum ou en dehors du post-partum [17]

Le traitement chirurgical représente le stade terminal de l’abcès du sein


Chirurgie des abcès du sein (fig 54) après échec de l’antibiothérapie et des traitements locaux. La mastite
aboutit à un abcès superficiel avec une peau luisante, tendue, rouge,
œdémateuse. Il existe une fluctuation douloureuse. Le traitement
Il existe essentiellement deux types d’abcès :
chirurgical est simple, incision circulaire sous anesthésie générale à la
– l’abcès du sein qui apparaît essentiellement au cours de la lactation, partie supérieure du sein, radiée à la partie inférieure. Ceci va entraîner
exceptionnel en dehors du troisième trimestre de la grossesse. Il rapidement une guérison sans séquelle.
complique un allaitement mal conduit entraînant un engorgement des
acini et une galactophorite aiguë qui, non ou mal traitée, évolue vers Si l’abcès est près de l’aréole, une voie périaréolaire est préconisée. Si,
l’abcès après rupture des galactophores ; en revanche, l’évolution de l’abcès s’est faite plus en profondeur, on
utilise une voie sous-mammaire (incision dans le sillon sous-
– l’abcès périaréolaire récidivant [ 2 6 ] associé à une ectasie mammaire). Dans tous les cas, la collection purulente est effondrée au
galactophorique, une mastite à plasmocytes, une mastite doigt, on vidange l’ensemble de son contenu et on avive les parois avec
granulomateuse, ces entités semblent être équivalentes et conduisent à une large curette avant de laver abondamment à l’eau oxygénée et au
l’apparition d’abcès récidivants périaréolaires sans relation avec la Dakin. On draine avec une lame de Silastict. Le pansement est changé
lactation mais favorisés par les mamelons ombiliqués. Ils nécessitent tous les jours. La guérison survient dans un délai d’une huitaine de jours.

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41-950 CHIRURGIE DES LÉSIONS BÉNIGNES DU SEIN Techniques chirurgicales

A B 54 Abcès du sein.

C D

55 Ablation du galactophore : incision.

56 Abcès périaréolaire du sein. Incision


périaréolaire.
E F

57 Dissection des canaux galacto-


phores.

G H La véritable solution thérapeutique consiste en l’ablation de l’arbre


galactophorique.
53 A. Repérage du galactophore.
B. Traction sur mamelon. Introduction de la bougie dans le galactophore. L’intervention doit être pratiquée en dehors d’une période aiguë
C. Traction sous le mamelon. infectieuse, on la réalise en faisant une incision périaréolaire en zone
D. Incision verticale. saine (fig 56). L’ablation d’une zone cicatricielle périaréolaire due à des
E. Incision verticale sur mamelon et aréole.
F. Dissection du galactophore.
abcès antérieurs peut être pratiquée.
G. Dissection de l’arbre galactophorique. On décolle l’aréole par rapport au sein, on dégage au ciseau les canaux
H. Pyramidectomie. galactophores principaux (fig 57) que l’on isole avant de les sectionner
au ras de la peau mamelonnaire (fig 58). En retournant en « doigt de
gant » le mamelon, on peut vérifier qu’il ne reste pas de galactophore.
Traitement chirurgical de l’abcès périaréolaire (fig 55) On compléte l’exérèse si nécessaire. Les galactophores ainsi sectionnés
sont tractés et on réalise alors une véritable pyramidectomie de
Le traitement chirurgical de ces abcès récidivants a toujours été simple l’ensemble de l’arbre galactophorique descendant assez en profondeur
mais décevant : ponction à l’aiguille, parfois complétée d’un drainage dans le sein (fig 59), puis une hémostase soigneuse et un rapprochement
avec excision plus ou moins importante de l’abcès et de la zone fibreuse glandulaire de manière à redonner une consistance centrale au sein et à
périabcédée. la projection rétromamelonnaire. On met en place un drainage soit par
En réalité, toutes ces techniques ont toujours abouti, à plus ou moins un Redon, soit par un Manovac, essentiel afin de redonner un galbe
long terme, à une chirurgie itérative de plus en plus mutilante et sans correct au sein. Puis on suture la glande et la peau par points inversants
impact réel sur la guérison. avant d’installer un pansement compressif.

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Techniques chirurgicales CHIRURGIE DES LÉSIONS BÉNIGNES DU SEIN 41-950

58 Section des galactophores (A).


A Ablation des galactophores (B).

A B

C D

59 Traction sur galactophore et


pyramidectomie.
60 A. Gynécomastie.
B. Incision péri-
aréolaire avec re-
Ce type de chirurgie enlevant dans sa totalité l’arbre galactophorique, fend.
permet un traitement esthétique et fonctionnel tout en évitant les C. Décollement du
récidives. Dans notre série, nous avons opéré plus de 30 patientes sans galactophore et sec-
tion.
aucune récidive, en particulier pour les abcès périaréolaires chez des D. Décollement en-
femmes porteuses de seins volumineux. Dans certains cas, nous utilisons tre peau et glande
une technique de réduction mammaire avec lambeau porte-aréole type au niveau des crê-
Pitanguy décollant également les canaux galactophores en dessous de tes de Duret.
E. Ablation glandu-
l’aréole. Cette réduction est réalisée à la demande de la patiente, et on laire après décolle-
repose l’aréole sur la glande mammaire. L’exérèse de tissu mammaire E ment postérieur.
(en « quille de bateau inversée ») enlève tout l’arbre galactophorique.
Bien entendu, on doit associer, dans ce cas particulier, une réduction
bilatérale. toute la peau de la glande comme dans les mastectomies sous-cutanées.
(Il s’agit en réalité de la technique de mastectomie sous-cutanée
appliquée à l’homme) (fig 60D). On réalise ensuite le décollement de la
Gynécomastie (fig 60A) glande par rapport à la face antérieure du grand pectoral.
Le traitement chirurgical de la gynécomastie réalise une véritable Une traction concomitante sur la glande permet son extraction
mastectomie sous-cutanée de manière à enlever toute la glande progressive puis celle-ci est complètement enlevée (fig 60E). On vérifie
mammaire hypertrophique et à redonner au thorax son aspect masculin l’hémostase puis on réalise la fermeture simple périaréolaire par point
avec l’aréole à plat sur le muscle grand pectoral. Suivant l’importance inversant et un pansement compressif sans drainage avec de la Biogazet
de la gynécomastie, on réalise une technique avec ou sans résection sur aréole.
cutanée.
Gynécomastie avec excès cutané (cas plus rare)
Gynécomastie sans excès cutané
Le sac cutané en excès nécessite une résection comme dans les
(cas le plus fréquent) hypertrophies chez la femme. La meilleure technique est celle qui
L’incision préférentielle reste la cicatrice périaréolaire avec ou sans s’adapte bien à la résection cutanée et permet une incision verticale pour
refend médian (fig 60B). On réalise un décollement au ciseau entre peau les gynécomasties moyennes, en L voire en T inversé pour certaines
et aréole puis la section des galactophores (fig 60C). Éventuellement, un gynécomasties volumineuses.
peu de glande rétroaréolaire est conservé pour éviter toute nécrose Le repositionnement de l’aréole se fait par une désépidermisation
aréolaire et maintenir une certaine projection. Un décollement de la périaréolaire et un lambeau porte-aréole, permettant un transport du
glande est fait en sectionnant les crêtes de Duret de manière à détacher mamelon.

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41-950 CHIRURGIE DES LÉSIONS BÉNIGNES DU SEIN Techniques chirurgicales

61 A. Sein surnuméraire.
B. Emplacements des
seins surnuméraires.
C. Ablation de sein sur-
A B C numéraire.

Après l’ablation glandulaire, on pratique la suture selon le type de


cicatrice et l’aréole est repositionnée. (La technique est exactement la
même qu’une mastectomie sous-cutanée chez la femme avec résection
cutanée).

Ablation du sein surnuméraire (fig 61A)


Il existe fréquemment chez la femme des seins surnuméraires, soit de
façon bilatérale, soit de façon unilatérale. Ils sont situés sur une ligne
qui va du creux axillaire jusqu’au pli inguinal. Les localisations les plus
fréquentes sont axillaires, sous-mammaires et thoraciques (fig 61B).
Leur ablation est fonction de plusieurs éléments. Soit ils représentent
une gêne par leur emplacement ou par les douleurs qu’ils entraînent, soit
ils représentent un élément disgracieux par leur emplacement ou par leur
survenue chez l’homme. 62 Mastectomie sous-
cutanée.
Leur ablation pose en général peu de problèmes techniques. Il s’agit soit
de l’ablation d’un mamelon et d’une aréole surnuméraire sans glande
mammaire en dessous (polythélie) : une résection simple est suffisante.
Soit il s’agit d’une véritable glande mammaire (polymastie) : on doit Premier temps opératoire [12]
pratiquer une mastectomie simple avec résection d’un croissant de peau La patiente est installée en décubitus dorsal ou légèrement proclive.
en limitant la taille de la cicatrice (fig 61C). En général le drainage n’est Trois incisions sont possibles (fig 63, 64) :
pas nécessaire, sous réserve de maintenir un pansement compressif.
– incision sous-mammaire (sans dépasser le méridien du sein en
Cas particulier de la dystopie aréolaire : elle nécessite la transposition dedans) ;
de l’aréole avec greffe libre. Le site donneur est refermé par deux
lambeaux. – incision périaréolaire inférieure et verticale sous-aréolaire ;
– incision type round-block .
Chirurgie prophylactique Dans notre pratique, nous utilisons préférentiellement l’incision sous-
mammaire qui offre une meilleure exposition et une plus grande
Indications sécurité. La peau est incisée à la lame froide. Nous complétons l’incision
au bistouri électrique jusqu’à l’aponévrose du grand pectoral. Nous
On assiste actuellement à un regain d’intérêt de la chirurgie réalisons un décollement rétroglandulaire au travers de la bourse séreuse
prophylactique sous la forme de mastectomies sous-cutanées (fig 62). de Chassaignac. Le décollement se mène depuis le pôle inféroexterne
En effet, si le concept de l’ablation du tissu mammaire à titre préventif du sein jusqu’à dépasser le pôle supérieur. Il impose l’hémostase des
est connu depuis de nombreuses années, la médiocrité des résultats avait pédicules perforants, la section des adhérences avec le sternum et la
entraîné une grande diminution de ses indications, que ce soit pour les section du ligament cléidopectoral. Le décollement préglandulaire est
mastopathies multikystiques invalidantes ou les hyperplasies mené au travers des crêtes de Duret. C’est ce décollement qui est le plus
épithéliales avec atypie cellulaire. Actuellement, l’indication reste difficile car l’opérateur est confronté à deux dangers :
discutable chez des patientes cancérophobes ; chez celles porteuses des – réaliser un décollement trop superficiel qui augmente le risque de
gènes BR CA I ou BR CA II, il semble s’agir d’une nouvelle et meilleure nécrose cutanée ;
indication.
– réaliser un décollement trop profond qui laisse en place un volume
glandulaire important.
Technique opératoire
Il est commode de tracter le parenchyme glandulaire au moyen d’une à
Principe général [10] deux pinces pour présenter correctement le plan de dissection, surtout
L’objectif est de séparer la peau de la glande mammaire sous-jacente dans la moitié supérieure du sein.
dont l’exérèse doit être complète. Une reconstruction est réalisée dans Le décollement doit permettre l’exérèse d’éventuels prolongements
le même temps opératoire ou à distance. glandulaires (axillaire notamment) dont le volume ne doit pas être

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Techniques chirurgicales CHIRURGIE DES LÉSIONS BÉNIGNES DU SEIN 41-950

63 Mastectomie sous-cutanée. Incision


sous-mammaire.
A. Incision sous-mammaire.
B. Incision périaréolaire.
A B C C. Incision après désépidermisation.

A B C D

64 Mastectomie sous-cutanée. Abord sous-


mammaire.
A. Abord sous-mammaire.
B. Décollement rétroglandulaire.
C. Décollement périglandulaire avec section des
ligaments de Cooper.
D. Dissection rétromamelonnaire (aréole et ma-
melon sont attirés par deux fils).
E. Libération du pôle supérieur de la glande.
F. Mise en place d’une prothèse prépectorale.
E F G G. Mise en place d’une prothèse rétropectorale.

négligé. Une exérèse, même très méticuleuse, n’est jamais complète et immédiatement sauf si le mamelon ou la peau semblent menacés de
Goldwyn a prouvé, sur le cadavre, qu’il est quasiment impossible de nécrose. Nous pratiquons une incision transpectorale afin de réaliser une
retirer plus de 96 à 98 % de la glande [9]. loge rétropectorale destinée à recevoir un implant (fig 65).
La libération de la plaque aréolomamelonnaire se fait à la lame froide et Cette loge est limitée en bas par le sillon sous-mammaire, en dedans par
très superficiellement (l’épaisseur de l’aréole doit être comparable à une l’insertion interne du grand pectoral, en dehors par les digitations du
greffe de peau totale). Il ne reste plus qu’à contrôler l’hémostase de la grand dentelé. Dans certains cas, la reconstruction par prothèse peut être
face profonde du plan cutané et de la paroi thoracique. pratiquée avec un double lambeau cutanéograisseux des grands droits
de l’abdomen.
Deuxième temps opératoire Après contrôle soigneux de l’hémostase, nous positionnons l’implant et
C’est le temps de la reconstruction mammaire qui aura lieu suturons la brèche musculaire sur drainage. La suture cutanée se fait par

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41-950 CHIRURGIE DES LÉSIONS BÉNIGNES DU SEIN Techniques chirurgicales

A B

C D

F
65 Prothèse dans la chirurgie de mastectomie sous-cutanée. E

points inversés de fils résorbables (Monocryl 3/0 dans le service) le plus


souvent avec un drainage sous-cutané.
Il est parfois nécessaire de réaliser une plastie cutanée pour repositionner
l’aréole au sommet du volume reconstruit, surtout chez les patientes
porteuses de seins volumineux ou ptôsés. 66 Artifices d’incision.
G
On utilise soit la technique de round-block, ou une cicatrice verticale ou A. Incision transaréolaire transversale.
en T inversé. B. Transaréolaire verticale.
C. Incision après résection cutanée.
D. Surjet froncé.
Conclusion E. Incision périaréolaire et refend externe.
F. Fermeture.
G. Incision périaréolaire et refend médian.
Au cours des mastectomies sous-cutanées, l’opérateur rencontre donc H H. Fermeture.
trois difficultés principales :
– pratiquer l’exérèse la plus complète possible ; galbe du sein. On revoit l’intérêt du choix de la cicatrice recherchée
– réaliser un décollement préglandulaire ni trop superficiel (risque de avant l’intervention en position debout et dessinée au crayon dermique.
nécrose cutanée), ni trop profond (risque de résidu glandulaire trop Les voies d’abord cachées ne font plus partie de la chirurgie esthétique
important) ; mais doivent être de routine comme nous en avons parlé dans le
– reconstruire un volume mammaire capable de diminuer le préjudice paragraphe « Incisions ».
esthétique. Un certain nombre d’artifices plastiques sont cependant à rappeler :
– la voie transaréolaire est une voie privilégiée pour tout ce qui est
Apport de la chirurgie plastique directement en arrière de l’aréole, en particulier la chirurgie des
galactophores. Deux types d’incision sont pratiqués, transverse en
dans la chirurgie bénigne du sein [6] contournant le mamelon (fig 66A), verticale en ouvrant mamelon et
aréole (fig 66B) ;
On ne peut pas actuellement prétendre faire de la chirurgie du sein sans – l’utilisation systématique des surjets froncés qui permettent une
l’apport des techniques de la chirurgie plastique. meilleure adéquation de deux berges asymétriques en longueur tout en
La chirurgie du sein doit de plus en plus tenir compte du désir d’un diminuant la longueur cicatricielle. Il existe des plis radiés qui
traitement esthétiquement acceptable pour les patientes. Ceci s’impose disparaîtront rapidement (fig 66C, D) ;
par une diffusion large des notions des techniques de chirurgie plastique. – pour les cicatrices périaréolaires avec refend, une résection cutanée
Tout chirurgien se doit de donner le traitement le plus adapté à sa permet de supprimer les refends médians ou latéraux. Elles contribuent
patiente compte tenu de l’évolution des techniques [31]. à supprimer ou diminuer une partie de la cicatrice en y associant un surjet
Dans la chirurgie des lésions bénignes, l’impératif esthétique nous intradermique froncé (fig 66E, F, G, H) ;
semble de premier ordre pour que le traitement ne soit pas pire que la – technique du round-block : elle peut être utilisée très couramment dès
pathologie à traiter. Des techniques de chirurgie plastique sûres existent, lors que l’on s’adresse à des seins un peu ptôsés avec un excès cutané
à nous d’en faire bénéficier nos patientes. modéré. Elle permet, tout en corrigeant l’esthétique du sein, de faire un
De nombreux points et techniques peuvent être utilisés quotidiennement prélèvement caché d’une lésion. Après désépidermisation périaréolaire,
dans la chirurgie bénigne provenant de la chirurgie plastique nous réalisons l’incision (à l’intérieur de celle-ci) en regard de la lésion
concernant : et l’ablation est menée de façon classique (fig 67A). On suture l’incision
– les techniques d’incision et d’abord du sein ; par un surjet sous-dermique périaréolaire avec froncement de la cicatrice
– les lambeaux glandulaires ; externe permettant l’adaptation à la circonférence périaréolaire
(fig 67B). On termine par un surjet intradermique simple au fil
– les plasties de réduction ; résorbable, ce qui entraîne des plis radiés qui disparaîtront en quelques
– la correction des séquelles ; semaines (fig 67C).
– les techniques de sutures cutanées.
Lambeaux glandulaires
Techniques d’incision et d’abord du sein
Lorsque la tumeur bénigne est de faible volume et bien limitée, la perte
Comme nous l’avons déjà vu, on doit choisir la voie d’abord en fonction de substance liée à son exérèse est faible. Son comblement est en général
de la localisation de la lésion. Le sein étant soumis à la loi de la pesanteur spontané et on réalise une suture simple des deux berges.
et donc aux déformations cicatricielles, les incisions cutanées doivent En cas d’exérèse large, la suture n’est pas possible, car le rapprochement
être judicieusement placées, de façon à ne pas se déformer et altérer le sans tension ou sans induire une déformation du sein est difficile. Il faut

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Techniques chirurgicales CHIRURGIE DES LÉSIONS BÉNIGNES DU SEIN 41-950

A
B

68 Lambeaux par rapprochement.


A. Lambeau de glissement sim-
ple.
A B B. Lambeau de glissement avec
décollement pré- et rétroglandu-
laire.
C. Rapprochement et suture. C

A B
67 Round-block.
A. Désépidermisation et cicatrice.
B. Surjet passée.
C C. Fermetures avec fronces.

cependant éviter l’apparition d’un defect glandulaire par l’absence


d’accolement des berges et l’apparition d’une déformation ou d’une
perte du galbe du sein.
Les objectifs des lambeaux glandulaires sont d’éviter un « trou » dans le
sein, des berges disharmonieuses, une déformation ou une perte du D
galbe, afin de réaliser dans la chirurgie bénigne de véritables traitements C
conservateurs en termes d’esthétique mammaire.
Il existe deux types de lambeau :
– par rapprochement ;
– par comblement après rotation. 69 Lambeau de rotation.
A. Décollement.
Par rapprochement B. Incision des épaisseurs de la glande.
C. Rotation et comblement et fermeture.
C’est la technique la plus simple et qui doit toujours être utilisée dès que E D, E. Lambeau de rotation vu de dessus.
la suture glandulaire se fait sous tension ou avec déformation. Le
principe est un double décollement glandulaire (fig 68A), en avant entre
le plan cutané et la glande à travers les crêtes de Duret et, en arrière, entre La peau au total, grâce à ses capacités élastiques, se rétracte et s’adapte
la glande et le muscle pectoral. Le décollement nécessaire de chaque au contenu. En dehors des tumorectomies simples de fibroadénome
côté est identique à la perte de substance (fig 68B). petit, les lambeaux glandulaires doivent être utilisés systématiquement
Les deux lambeaux ainsi décollés peuvent glisser, se rapprocher et être dans les zonectomies glandulaires.
suturés sans tension (fig 68C).
Si le simple glissement est insuffisant, il faut recourir au lambeau de Plasties de réduction
rotation et de comblement.
Dans le cadre de la chirurgie des lésions bénignes, le chirurgien peut
Par comblement après rotation également s’aider pour faciliter le geste et optimiser le résultat
On débute par un décollement identique, antérieur et postérieur, comme esthétique des techniques de mammoplastie de réduction.
pour le lambeau de glissement ou d’avancement (fig 69A). Puis on Toutes les fois où il existe un excès glandulaire, une ptôse mammaire,
incise la glande dans son épaisseur afin de déterminer une tranche une tumeur volumineuse, l’utilisation de techniques de réduction
glandulaire (fig 69B). Celle-ci est alors incisée de manière à réaliser une cutanéoglandulaire a beaucoup d’intérêt. Elles facilitent le geste et
languette mobile sur sa base (fig 69C). Les deux lambeaux ainsi optimisent le résultat en particulier pour les grosses résections.
déterminés sont rapprochés et suturés au niveau du defect, ce qui permet Au total, ces techniques peuvent être utilisées largement dès que le
un comblement au moins partiel (fig 69D, E). volume mammaire le permet, que ce soit pour une large excision, ou
Il est important, dans la réalisation de ces comblements internes, de pour une asymétrie. Elles autorisent un très large abord en évitant un
décoller largement l’enveloppe cutanée pour éviter des impressions de résultat esthétique catastrophique.
capitonnage sur la limite du décollement. Deux bons artifices peuvent Ces techniques doivent répondre à cinq impératifs :
être associés : la section aux ciseaux de toute crête de Duret qui attire la
peau, la conservation de la graisse préglandulaire au moment de – une résection cutanée ;
l’incision permettant de l’utiliser à la fin dans le comblement en avant – une résection glandulaire ;
de la peau. – l’ablation de la lésion ;

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41-950 CHIRURGIE DES LÉSIONS BÉNIGNES DU SEIN Techniques chirurgicales

70 Round-block (A).
Types d’incision pour
plastie de réduction (B,
A C).
71 Cicatrice verticale
(A). Incision verticale plus
A surjet froncé (B, C).

B C

B C

– la préservation de la vascularisation aréolomamelonnaire ;


– la conservation d’une vascularisation suffisante du sein. Cicatrice verticale (fig 71A)
Trois types d’incision peuvent être utilisés :
Elle est réservée aux seins moyens avec ptôse et excès cutané plus
– le round-block ; important (fig 71B, C).
– la verticale ;
– la cicatrice en T inversé. • Technique
Deux techniques de résection sont bien adaptées en utilisant un On réalise une incision cutanée en forme de « trou de serrure » poursuivi
décollement cutané important : vers le bas selon un tracé arciforme pour se rejoindre environ 1 à 2 cm
– la voûte dermique pour les tumeurs inférieures et antérieures ; au-dessus du sillon sous-mammaire.
– la technique de Mouffarege pour les quadrants extérieurs et • Avantages
supérieurs.
– Elle autorise un bon accès du sein quel que soit le quadrant.
Types d’incisions – La résection est faite à la demande.
– Elle réduit la ptôse.
Ils dépendent uniquement de la quantité de résection cutanée qui doit – La cicatrice est peu visible car l’incision verticale est la cicatrice qui
être effectuée. s’estompe le mieux.
La résection cutanée plus importante que pour le round-block, permet
« Round-block » (fig 70) en plus de répartir mieux la tension cicatricielle ce qui soulage la suture
Il est réservé aux petits seins avec ptôse et excès cutané modéré (fig 70B, périaréolaire,
C).
• Inconvénients
• Technique La cicatrice inférieure est toujours un peu longue ; elle nécessite
Cf supra. l’utilisation systématique d’un surjet intradermique froncé qui réduit la
longueur de la verticale mais qui entraîne une déformation momentanée
• Avantages du sein. Il est nécessaire parfois d’avoir recours à une recoupe cutanée
– Permet un accès du sein dans tous les quadrants, particulièrement horizontale.
recommandé pour le quadrant supéro-interne. • Indications
– Réduit la ptôse.
Pour tous les seins avec une hypertrophie et ptôse moyenne voire
– Permet une résection glandulaire. Il s’agit d’une technique facile avec importante, mais avec peau élastique, épaisse peu vergeturée.
cicatrice périaréolaire.
• Inconvénients Cicatrice en « T inversé » ou verticale (fig 72)
Le round-block entraîne trois types d’inconvénients qui deviennent L’incision se fait selon un dessin préétabli, comportant une incision
importants si la désépidermisation est trop large. Des plis radiés, mais cutanée en forme de « trou de serrure » et une incision latérale rejoignant
qui disparaissent avec le temps, un sein un peu aplati, dit sein « tomate » le sillon sous-mammaire puis une incision sous-mammaire.
et le risque d’élargissement de la cicatrice périaréolaire, ce qui la rend Ce type d’incision peut être adapté à toutes les techniques de résection
visible. mammaire, que ce soit :

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Techniques chirurgicales CHIRURGIE DES LÉSIONS BÉNIGNES DU SEIN 41-950

72 Cicatrice en « T in- A B
versé » ou verticale (A, B,
A C).

B C C D
73 Réduction type voûte dermique.
A. Désépidermisation.
– voûte dermique ; B. Incision verticale.
– Pitanguy ; C. Résection glandulaire inférieure.
D. Résection sur clamp de la peau.
– Mac Kissock ;
– Moufarrège ;
– Thoreck ;
Techniques de résection
Pour notre part, deux techniques paraissent bien adaptées aux résections
tumorales et glandulaires, la voûte intradermique et la technique de
Moufarrège, car ces deux méthodes conservent l’accolement
aréologlandulaire et permettent d’atteindre n’importe quelle zone du
sein.
Voûte dermique (fig 73)
Elle doit être utilisée de préférence pour une résection glandulaire et 74 Technique de Mou-
tumorale inférieure et postérieure. farrège.

• Technique
– Incision verticale ou en « T inversé ». • Indications
– Désépidermisation périaréolaire.
La voûte dermique est utilisable pour toute la chirurgie avec des seins
– Décollement cutanéoglandulaire des quadrants inférieurs puis
gros ou volumineux quel que soit le type de sein avec tumeur inférieure
décollement entre le pectoral et la face postérieure du sein.
ou postérieure.
– Résection latérale et postérieure.
Enfin, elle est bien adaptée dans les symétrisations.
– Adaptation cutanée avec un clamp digestif au volume glandulaire
restant.
Technique de Moufarrège (fig 74, 75)
• Avantages
On débute par une incision verticale ou en T inversé, puis une
Elle est adaptée quel que soit le volume du sein et l’importance de la désépidermisation périaréolaire et inférieure. On réalise un décollement
peau et de la glande à réséquer. cutané glandulaire complet en latéral externe, interne et supérieur, au
Elle entraîne une bonne adéquation glande-peau après la résection. niveau des crêtes de Duret pour séparer glande et peau. Le décollement
L’aspect du sein est incomparable, il existe toujours un haut degré de dégage complètement la glande mammaire de ses attaches cutanées.
satisfaction. On réalise la résection tumorale puis la résection glandulaire maximale
• Inconvénients en externe, peu importante en interne et à la demande en supérieur.
Il s’agit d’une technique assez longue avec une cicatrice plus étendue, On pratique un remodelage glandulaire par rotation d’interne en externe
une cicatrice horizontale volontiers hypertrophique, un débordement à l’intérieur de l’étui cutané restant.
cicatriciel interne, disgracieux quand il existe. Fermeture par drapage de la peau avec des surjets internes.

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41-950 CHIRURGIE DES LÉSIONS BÉNIGNES DU SEIN Techniques chirurgicales

• Indications
Cette technique peut être adaptée à tous les volumes de sein : le meilleur
choix est son utilisation pour les résections glandulaires et tumorales
plutôt supérieure, qu’elles soient supéroexterne ou interne.

Correction des séquelles

Déformations
Parmi les séquelles de la chirurgie bénigne, une des plus fréquentes est
la déformation mammaire avec perte du galbe. Elle peut être modérée
ou importante, posant des problèmes complètement différents.
• Déformations modérées
Il s’agit le plus souvent de la conséquence d’une perte de substance non
ou insuffisamment comblée, en particulier dans les quadrants inférieurs.
Le déficit glandulaire s’accompagne généralement d’une rétraction
A B cicatricielle sous-cutanée.
La correction passe par une reprise de la cicatrice avec décollement
sous-cutané large au niveau des crêtes de Duret. Les defects glandulaires
comblés après rapprochement des berges glandulaires ou grâce à un
lambeau de rotation glandulaire sera nécessaire. Il est souvent opportun
d’associer un décollement sous-cutané aréolaire.

• Déformations importantes

Les problèmes sont différents selon qu’il s’agit de gros seins ou de seins
petits ou moyens.
– En cas de defect important sur des seins de volume suffisant, le bon
choix pour rattraper une grosse déformation est de réaliser une plastie
de réduction remodelante et une réduction identique controlatérale.
Dans ce cas, la technique de réduction type Mouffarège semble la plus
C D adaptée car elle désolidarise toute la glande mammaire de la peau,
permettant ainsi un modelage parfait de la glande et un recouvrement
adapté de la peau.
– En cas de déformation sur des petits seins ou des seins moyens avec
impossibilité de réduire le sein controlatéral, on se trouve devant un
problème technique très difficile. Deux voies sont possibles :
– remodelage complet de la glande en sous-cutané et prothèse sous-
pectorale pour retrouver un volume suffisant ;
– lambeau musculocutané pédiculé sur le grand dorsal permettant un
comblement musculaire du defect associé ou non à un apport cutané.
La description de cette technique est à revoir dans le chapitre
correspondant de l’Encyclopédie Médico-Chirurgicale.
E F
Asymétries
Toute chirurgie du sein, lorsqu’elle s’adresse à des seins déjà
75 A. Réduction type Mouffarège avec
modérément asymétriques ou lorsqu’elle nécessite une exérèse
cicatrice en T inversé.
B. Après désépidermisation péri- importante, révèle une asymétrie qui peut être disgracieuse.
aréolaire et verticale, décollement Deux reprises sont possibles :
de la peau au niveau des crêtes de
Duret. – si le sein controlatéral est un peu gros et volontiers ptôsé, on réalise
C. Décollement terminé. 1. Glan- une plastie de réduction permettant de retrouver le volume et la forme
de ; 2. peau restante ; 3. désépider- du sein le plus petit ;
misation ; 4. aréole.
D. Résection glandulaire large en – en cas de seins peu volumineux, le volume mammaire du plus petit
externe, modérée en supérieur et sein est augmenté par une prothèse rétromammaire ou rétropectorale
G interne. associée ou non à une correction de la ptôse controlatérale.
E, F. Rotation glandulaire.
G. Drapage cutané et fermeture.
Cicatrices vicieuses ou chéloïdes
La correction des cicatrices peut se faire très aisément sous anesthésie
• Avantages locale en chirurgie ambulatoire. Sauf en cas de problèmes cicatriciels
aigus, il faut éviter de reprendre les cicatrices avant 6 mois, au risque de
Le Mouffarège traite très bien les tumeurs des quadrants supérieurs et voir réapparaître les mêmes problèmes cicatriciels.
externes avec un bon résultat. Il s’agit d’une technique rapide, sûre et
facile, où la résection glandulaire ou tumorale est effectuée à la • Cicatrices vicieuses
demande. Elle conserve la sensibilité aréolaire et la possibilité d’allaiter.
Elles nécessitent une excision en bloc de toute la cicatrice et des tissus
• Inconvénients fibreux sous-jacents, jusqu’en tissu sain et souple. La suture se fait
ensuite impérativement en faible tension et au mieux en deux plans :
Cette technique nécessite un « tour de main » pour un bon résultat sous-cutané et cutané.
cosmétique, plus difficile à obtenir que la voûte dermique, il existe Dans les suites, la cicatrice peut être nettement assouplie par des
quelques risques de nécrose cutanée, en particulier le long de la cicatrice massages-pétrissages réalisés par la patiente elle-même ou par un
verticale. kinésithérapeute.

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Techniques chirurgicales CHIRURGIE DES LÉSIONS BÉNIGNES DU SEIN 41-950

• Cicatrices chéloïdes
Elles sont un aléa cicatriciel très difficile à corriger et souvent mal
supporté par les patientes. Si elles sont difficilement évitables dans
certains cas, elles sont tout au moins prévisibles et peuvent bénéficier de
moyens de prévention.
Facteurs favorisants :
– peaux noires ;
– peaux jeunes et très élastiques ;
– antécédents de chéloïdes ;
– cicatrices horizontales du fait de la plus grande épaisseur de la peau
thoracique par rapport à celle du sein ;
– région sternale et parasternale ;
– cicatrices suturées sous tension.
Les excisions de chéloïdes vraies se font en intracicatriciel en laissant
1 à 2 mm en périphérie. Les sutures se font après injection
intracicatricielle dans les berges de la plaie de corticoïdes retards avant
la suture, ensuite fermeture en deux plans. Il est, dans les suites, 76 Différents types de suture.
important d’exercer une compression cicatricielle longue de plusieurs
mois à 1 an par un soutien-gorge spécialement renforcé ou par des
plaques de silicone dures ou souples.
Les mois suivant la reprise chirurgicale nécessitent une surveillance Plusieurs types de suture peuvent être utilisées, soit des points inversants
étroite et, en cas de récidive, on peut être amené à faire des injections dermodermiques (fig 76), soit des surjets sous-cutanés intradermiques,
intracicatricielles mensuelles (exemple : Diprostènet) jusqu’à soit des surjets intradermiques et froncés en excluant si possible les
l’atrophie cicatricielle de corticoïdes. points cutanés externes.
Ces différents types de sutures peuvent être pratiqués séparément ou en
Techniques de sutures cutanées (fig 76) association. Ils concourent tous à l’obtention de cicatrices fines et
réduisent leur longueur. Toutes ces sutures doivent être impérativement
Le préalable à toute suture cutanée qui se veut fine et esthétique est une réalisées au fil résorbable monobrin type Monocrylt, Maxont ou PDSt.
incision nette. La suture cutanée doit se faire avec du matériel peu Cette précaution évite les suppurations sous-cutanées, qu’il faut
traumatisant pour la peau. Nous conseillons l’usage de pinces à griffes absolument éviter. Pour protéger les cicatrices, l’usage intensif du Stéri-
fines type pince Adson. Stript et des pansements gras est primordial.

Références ➤

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41-950 CHIRURGIE DES LÉSIONS BÉNIGNES DU SEIN Techniques chirurgicales

Références
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ENCYCLOPÉDIE MÉDICO-CHIRURGICALE 45-667-41-940

45-667
41-940

Chirurgie des malformations du sein


JL Grolleau R é s u m é. – Les malformations congénitales des seins ont un retentissement
JP Chavoin psychologique grave chez les adolescentes qui justifie qu’une intervention
M Costagliola chirurgicale leur soit proposée. Pour caractériser les anomalies, l’on se réfère à
l’anatomie morphologique d’un sein jugé idéal qui est défini par des paramètres
objectifs mesurables.
On distingue deux grands types de malformations : les anomalies de volume et les
anomalies de forme et asymétries.
Parmi les anomalies de volume, l’hypertrophie bilatérale est la pathologie la plus
fréquente et la seule à pouvoir entraîner un préjudice fonctionnel alors que les
hypoplasies majeures bilatérales malformatives sont rares.
Les asymétries mammaires, en combinant hypertrophie, hypotrophie, uni- ou
bilatérales, déterminent de nombreuses formes cliniques, pour lesquelles une
stratégie opératoire associant différentes techniques est nécessaire. L’utilisation d’un
dessin de résection cutanée préétabli est d’une grande utilité pour traiter de tels cas.
Les anomalies malformatives caractérisées comptent essentiellement le syndrome de
Poland et les seins tubéreux.
Le syndrome de Poland correspond à une entité clinique qui associe une hypoplasie
mammaire et une malformation thoracique d’importance variable, dont l’expression
minimale est une agénésie du chef sternal du muscle grand pectoral. Dans les formes
modérées, l’implantation d’une prothèse mammaire doit être associée à une prothèse
sous-claviculaire ou à une transposition du muscle grand dorsal. Le traitement des
formes majeures du syndrome de Poland est difficile et relève de techniques issues
de la reconstruction mammaire après cancer.
Les seins tubéreux sont caractérisés par une déficience de la base mammaire
prédominant au pôle inférieur de la glande et par un développement antérieur
exagéré du sein. L’anomalie est souvent asymétrique et peut être classifiée selon
trois stades qui relèvent de méthodes chirurgicales différentes. Cependant, quel que
soit le volume des seins, le principe de base du traitement reste la restauration de la
base mammaire et la redistribution harmonieuse du volume glandulaire associée
selon les cas à une diminution ou une augmentation de volume.
© 1999, Elsevier, Paris.

Introduction fréquentes hypertrophies et des hypoplasies, les anomalies de taille et


de forme des seins se combinent pour réaliser le plus souvent des
asymétries mammaires au traitement complexe. Le traitement de ces
Les malformations congénitales des seins entraînent un retentissement
anomalies sous-entend de connaître parfaitement les bases anatomiques
psychologique grave chez les adolescentes. En dehors des très
et les techniques opératoires des anomalies élémentaires que sont
l’hypertrophie et l’hypotrophie. Comme dans la reconstruction
mammaire après cancer, c’est par l’analyse de la déformation comparée
à un sein défini comme idéal que l’on peut imaginer et réaliser une
Jean-Louis Grolleau : Praticien hospitalier universitaire. intervention correctrice en combinant différentes techniques
Jean-Pierre Chavoin : Professeur des Universités, praticien hospitalier. élémentaires. Ces interventions, même si leurs résultats demeurent
Michel Costagliola : Professeur des Universités. imparfaits, entraînent bien souvent une métamorphose psychologique
Service de chirurgie plastique réparatrice et esthétique, hôpital Rangueil, centre
hospitalier universitaire de Toulouse, 1, avenue Jean-Poulhès, 31054 Toulouse cedex,
des jeunes patientes.
France.
© Elsevier, Paris

Toute référence à cet article doit porter la mention : Grolleau JL, Chavoin JP et
Embryologie et croissance du sein [19, 22]
Costagliola M. Chirurgie des malformations du sein. Encycl Méd Chir (Elsevier, L’embryon humain de 6 semaines (9 mm) présente une crête linéaire
Paris), Techniques chirurgicales - Chirurgie plastique reconstructrice et esthétique,
45-667, Techniques chirurgicales - Gynécologie, 41-940, 1999, 15 p.
s’étendant verticalement du creux axillaire à la région inguinale de façon
bilatérale. Ces constatations rendent compte de la présence

150 437 EMC [276]


45-667 CHIRURGIE DES MALFORMATIONS DU SEIN Techniques chirurgicales
41-940

1 Rappel anatomique du sein « idéal » en position debout.


A. 1. Segment I ; 2. segment II ; 3. plaque aérolomamelonnaire (PAM) ; 4. segment III ; 5. segment IV ; 6. clavicule ; 7. sillon sus-mammaire ; 8. pôle supérieur de la PAM ;
9. pôle inférieur de la PAM ; 10. sillon sous-mammaire.
B. Base mammaire.

occasionnelle de tissu mammaire ou aréolaire chez l’adulte dans ces entraîneront toujours une tendance progressive vers la ptose mammaire,
zones. Les crêtes mammaires involuent rapidement avec la croissance survenant d’autant plus rapidement que le volume des seins est
embryonnaire, à l’exception de celles situées dans la région pectorale. important. L’harmonie relève d’une perception globale de la forme du
Avant le quatrième mois le développement de la glande mammaire s’est sein et de ses relations avec le thorax. Des paramètres morphologiques
poursuivi avec un épaississement ectodermique vers le bas à l’intérieur ont donc été définis pour rationaliser l’analyse des déformations du sein
du mésoderme sous-jacent. Une vingtaine de ces processus commencent et orienter leur traitement chirurgical.
à former un bourgeon solide composé de canaux galactophoriques qui
se développent, s’arborisent et se perméabilisent. Avant le septième
mois, les acini se sont formés, les canaux principaux se sont concentrés Base mammaire
et confluent vers une zone déprimée de la peau. Cette zone présente des
modifications du mésoderme avec une prolifération de fibres Elle correspond à la zone d’implantation du sein sur le thorax. En
musculaires lisses disposées de façon circulaire et longitudinale qui position debout, elle s’étend du bord inférieur de la deuxième côte
constituent l’ébauche de la plaque aréolomamelonnaire. La peau jusqu’au sixième cartilage costal et transversalement du bord latéral du
aréolaire pigmentée est d’origine ectodermique individualisable à partir sternum jusqu’à la ligne axillaire antérieure. Elle est relativement mobile
du cinquième mois. Elle contient des glandes apocrines qui sont en fait en situation physiologique, mais peut révéler une certaine fixité lors de
des lobules mammaires rudimentaires, les glandes de Montgomery. certaines situations pathologiques comme les seins tubéreux. Son
Rapidement après la naissance, le mamelon se surélève en raison de la pourtour marque la zone de démarcation entre la peau mammaire qui
contraction des fibres musculaires lisses sous l’effet de stimulations présente histologiquement des ligaments de Cooper et la peau
extérieures. thoracique qui n’en présente pas. Elle s’inscrit entre le sillon sous-
Au total, le bourgeon mammaire est assimilable à une annexe cutanée mammaire relativement fixe où la peau décrit une angulation
d’origine ectodermique, enchâssé sous le derme dans le fascia suffisamment nette pour être marquée, et le sillon sus-mammaire qui
superficialis. À la puberté et sous l’effet des hormones qui la régulent - n’est pas clairement défini en position debout. Ce n’est qu’en luxant le
œstrogènes, progestérone, stéroïdes surrénaliens, prolactine, insuline, sein vers le haut que l’on peut le tracer. Il en est de même des limites
thyroxine et hormone de croissance - l’accroissement glandulaire va internes et externes de la base du sein qui sont tracées par luxation du
scinder le fascia superficialis en deux feuillets de part et d’autre de la sein en dedans et en dehors.
glande. En avant, la glande est étroitement liée au derme par les
ligaments de Cooper, structures conjonctives véhiculant des éléments Quatre segments du sein
vasculonerveux. Ces ligaments de Cooper sont séparés par des lobules
graisseux et suspendent la glande au plan cutané. Ils constituent On définit quatre segments sur le profil du sein :
d’ailleurs son principal moyen de fixité. Les zones d’amarrage des – le segment I entre le bord inférieur de la clavicule et le sillon
ligaments de Cooper à la glande l’attirent localement, déterminant les sus-mammaire ;
crêtes de Duret. En arrière, la face postérieure de la glande est lisse et
repose sur le fascia prépectoral qui correspond à l’aponévrose – le segment II entre le sillon sus-mammaire et le pôle supérieur de la
musculaire. Il existe entre ces deux structures un plan de glissement plaque aréolomamelonnaire. Les segments I et II correspondent aux
permettant des mouvements limités du sein par rapport au plan pectoral. deux tiers supérieurs environ de la projection sur la base mammaire ;
– la plaque aréolomamelonnaire qui regarde habituellement légèrement
en haut et en dehors ;
Anatomie morphologique du sein (fig 1) – le segment III qui s’étend du pôle inférieur de la plaque
aréolomamelonnaire au sillon sous-mammaire. Sa jonction avec le
Plutôt que de parler de sein normal, mieux vaut essayer de définir un sein segment thoracique sous-mammaire (segment IV) forme le dièdre sous-
idéal, c’est-à-dire un sein harmonieux, non ptosé, que l’on rencontre mammaire qui doit être supérieur 90° sur un sein non ptosé. La taille de
chez l’adolescente en fin de puberté et chez la jeune adulte. Les ces différents segments sur une patiente en position debout bras le long
variations de volume hormonodépendantes et l’effet de la pesanteur du corps est donnée dans la figure 1.

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Techniques chirurgicales CHIRURGIE DES MALFORMATIONS DU SEIN 45-667
41-940

A B
2 A. Hypoplasie mammaire bilatérale chez une jeune fille de 16 ans réglée depuis B. Résultat après implant rétromusculaire mis en place par voie axillaire.
4 ans résistante à l’hormonothérapie.

Anomalies de volume sévères peuvent être considérés comme des malformations mammaires.
Le thorax d’aspect masculin accompagne souvent une anomalie
chromosomique ou une endocrinopathie. En l’absence de
Hypertrophie mammaire développement mammaire, malgré une hormonothérapie œstrogénique
bien conduite, la mise en place d’implants mammaires de petit volume
C’est la pathologie la plus fréquente et la seule qui s’accompagne de
selon les mêmes modalités qu’en cas d’augmentation mammaire
manifestations fonctionnelles. Les douleurs dorsales sont non seulement
esthétique est légitime (fig 2). La position rétropectorale de l’implant est
liées à l’excès de poids des seins, mais surtout à un trouble de la statique
souvent préférable pour éviter de marquer le sillon sus-mammaire de
vertébrale consécutif à une attitude cyphotique et une projection
façon excessive. La difficulté de fixer précisément la position du futur
antérieure des épaules destinées à dissimuler la poitrine exubérante.
sillon sous-mammaire fait souvent préférer les abords aréolaires ou
L’anomalie posturale et les douleurs disparaissent de façon
axillaires. Dans certains cas, comme le syndrome de Turner, la distance
spectaculaire et rapide après l’intervention.
interaréolaire est excessive (dystopie aréolaire externe), la mise en place
Les techniques de réduction mammaire chez l’adolescente n’ont rien de des prothèses par une voie hémi-périaréolaire interne associée à
différent de celles utilisées chez l’adulte, elles sont exposées dans un l’excision d’un croissant cutané interne, permet alors un recentrage des
autre chapitre. En revanche, opérer tôt les hypertrophies mammaires, aréoles.
c’est-à-dire dès que la morphologie des seins est stabilisée, permet
d’éviter que les qualités mécaniques de la peau ne s’altèrent sous le poids
des seins. On entend par morphologie stabilisée l’absence de Asymétrie et anomalie de forme
modification importante du volume des seins depuis 1 an chez une
patiente réglée depuis au moins 3 ans. L’absence de vergetures garantit
une meilleure pérennité du résultat dans le temps et, en particulier, Asymétries
l’absence de ptose secondaire rapide. L’élasticité cutanée permet de
limiter l’étendue des cicatrices horizontales, voire de s’en passer dans Classification des asymétries
les hypertrophies modérées. Classiquement, l’adolescence et Les asymétries mammaires modérées sont très fréquentes et peuvent être
l’imprégnation œstrogénique qui l’accompagne, constituent une considérées comme physiologiques. Elles ne sont considérées
situation à risque de cicatrices hypertrophiques ou chéloïdes. Il semble pathologiques que lorsqu’elles sont nettement visibles. Vandenbussche
que l’incidence des cicatrices hypertrophiques ne soit pas supérieure à a proposé en 1984 une classification séparant les asymétries en quatre
celle rencontrée chez l’adulte jeune, ce qui paraît logique car ces enfants variétés [53] dont seules deux sont primitives :
à la morphologie d’adulte subissent un climat hormonal similaire à celui
des adultes [23]. – les asymétries initiales précoces sur hypertrophie mammaire ;
Après une plastie de réduction mammaire, le résultat est acquis de façon – les asymétries malformatives : agénésie ou hypoplasie d’un sein ou
définitive dans l’immense majorité des cas, mais il existe des cas décrits s’intégrant dans un syndrome malformatif comme le syndrome de
d’hypertrophie mammaire souvent gigantesque et récidivant après Poland ou le syndrome des seins tubéreux que nous décrirons plus loin.
plastie mammaire. Dans de tel cas, dénommés hypertrophie virginale,
les auteurs conseillent d’adjoindre un traitement antiœstrogénique Asymétries avec hypertrophie, intérêt d’un dessin préétabli
postopératoire [46] ou de réaliser une mastectomie sous-cutanée associée Le traitement des asymétries mammaires avec hypertrophie relève des
à une reconstruction par implants mammaires [11] , ce qui semble techniques de réduction mammaire. L’apparition rapide d’une asymétrie
exagérément agressif. Dans nos populations essentiellement d’origine chez une jeune fille doit faire suspecter l’existence d’un fibroadénome
caucasienne cette pathologie est rare. parfois très volumineux et faire réaliser un bilan échographique et
mammographique.
Hypoplasie mammaire Nous insistons sur les techniques de dessin préétabli pour rétablir la
symétrie. En effet, si l’on considère que l’essentiel des moyens de fixité
L’amastie (absence totale de sein et de plaque aréolomamelonnaire) du sein est constitué par la peau, on peut concevoir que c’est la forme et
ainsi que l’aplasie mammaires (absence totale de glande avec une plaque la surface de l’enveloppe cutanée qui vont déterminer la forme et le
aréolomamelonnaire rudimentaire) sont exceptionnellement bilatérales. volume du sein. L’adaptation du volume glandulaire se fait alors en
Dans leurs formes unilatérales, elles seront envisagées au chapitre des faisant varier l’ampleur de la résection glandulaire, voire en modulant le
asymétries mammaires. Seuls quelques rares cas d’hypoplasie bilatérale volume d’une prothèse que l’on met en place. La technique décrite par

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A B
3 A. Hypertrophie mammaire unilatérale. B. Résultat 1 an après réduction unilatérale selon un dessin préétabli.

A B C

4 Technique de mesure, peau tendue, pour la réali-


4 A. Hypertrophie mammaire unilatérale. sation d’un dessin préétabli.
A. Mesure de la distance a clavicule-pôle supérieur
de l’aréole.
B. Mesure de la distance b ligne médiane-pôle
interne de l’aréole.
C. Mesure de la distance c plan de la table-pôle
externe de l’aréole.
D. Mesure de la distance d sillon sous-mammaire-
pôle inférieur de l’aréole.
E. Report des mesures pour établir le dessin de
D E résection cutanée préétabli.

Hypoplasies mammaires unilatérales


l’un d’entre nous, dite « technique du sein restant », qui consiste à bâtir
un dessin de résection en ne tenant compte que des mensurations de la Dès que le sein hypoplasique a un volume acceptable, la discussion
peau qui sera conservée [12], nous paraît la plus adaptée au traitement des préopératoire doit privilégier une reconstruction par diminution du sein
asymétries mammaires. Dans certains cas, un sein seulement est le plus gros, car l’évolution à terme d’une reconstruction utilisant une
hypertrophique et ce sont alors les mensurations de ce sein normal qui prothèse unilatérale sera médiocre.
serviront de patron cutané à la réduction du sein controlatéral (fig 3). Si le sein hypoplasique a un volume insuffisant, on a plusieurs
Toutes les manœuvres visant à reconstruire cet étui cutané, qu’il s’agisse possibilités de correction selon le volume du sein non touché :
des mesures de distance clavicule-aréole, aréole-sillon ou de la classique – lorsque le sein non touché est de petit volume, on n’hésite pas à mettre
manœuvre de Biesenberger, relèvent du même principe, c’est-à-dire en place deux prothèses de tailles différentes, voire deux prothèses
fixer la longueur des différents segments à partir de points thoraciques d’expansion ;
fixes. Une particularité liée aux asymétries mammaires est que la tension
cutanée est toujours plus importante du côté du sein le plus gros. Si l’on – lorsque le sein non touché est de volume normal, on doit augmenter le
ne tient pas compte de cet élément, les longueurs cutanées seront sein hypoplasique (fig 5). La mise en place d’une prothèse d’expansion
toujours plus courtes en fin d’intervention du côté du sein le plus gros. temporaire avant l’implantation de la prothèse définitive permet
Un artifice consiste à toujours comparer les longueurs mesurées de d’intervenir sans attendre la fin de la croissance mammaire, d’augmenter
chaque côté en tendant la peau au maximum pour faire disparaître le le diamètre de l’aréole et parfois d’éviter la dystopie aréolaire [3] ;
paramètre pesanteur. Quelle que soit la méthode utilisée, il convient de – lorsque le sein non touché est hypertrophique, on doit combiner
contrôler peau tendue la longueur clavicule-aréole, la distance ligne augmentation-réduction ou expansion-réduction.
médiane-ligne interne de résection, la distance plan du lit-ligne externe Dans les cas d’hypoplasie mammaire unilatérale, on arrive bien souvent
de résection et la longueur du futur segment III (fig 4). à restaurer un volume et une forme mammaire satisfaisantes. Le

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A B

C D E
5 A. Hypoplasie mammaire unilatérale. D. Lambeau de transposition aréolaire sur un pédicule cutané désépidermisé.
B. Prothèse d’expansion en place. E. Résultat final après recentrage de l’aréole.
C. Après mise en place d’un implant définitif, persistance d’une dystopie aréolaire
supéroexterne.

problème le plus fréquemment rencontré est l’existence d’une aréole de Description


petit diamètre et d’une dystopie aréolaire supéroexterne du sein après
implantation de la prothèse. On peut minimiser ce phénomène, en Anomalie thoracique
plaçant le dispositif d’expansion très tôt avant la fin de la croissance L’absence de portion sternocostale du muscle grand pectoral correspond
mammaire et en le gonflant sur plusieurs années en suivant la croissance à l’expression minimale du syndrome. Le muscle petit pectoral est le
du sein controlatéral. Malgré tout, on est très souvent conduit à réaliser plus souvent absent. Les muscles grand dentelé et oblique externe
secondairement un recentrage de l’aréole par une autoplastie locale peuvent être hypoplasiques. Le muscle grand dorsal, qui peut intervenir
(fig 5), voire une dépose-greffe de l’aréole [51]. dans la correction chirurgicale, peut être touché [5, 17, 28], en particulier
dans sa portion antéro-inférieure.
Le défaut de développement du relief costal par absence d’insertion des
Syndrome de Poland et syndromes apparentés muscles pectoraux est constant. Les formes sévères peuvent présenter
une hypoplasie de la deuxième à la sixième côte pouvant entraîner une
En 1941, Alfred Poland, disséquant le cadavre d’un condamné à mort, respiration paradoxale, voire une hernie pulmonaire antérieure.
fait la description d’une anomalie thoracique intéressant les muscles Chez la femme, la glande mammaire est généralement hypoplasique,
pectoraux associée à des anomalies de la main homolatérale [40]. Depuis, parfois totalement absente avec un tissu sous-cutané atrophique fibreux
de nombreux travaux ont précisé qu’il s’agit d’une malformation adhérant au plan costal. La plaque aréolomamelonnaire est
congénitale qui peut associer à des degrés divers des anomalies généralement de petit diamètre, dystopique en haut et en dehors et elle
thoraciques et des anomalies du membre supérieur homolatéral. La peut être totalement absente.
définition précise du syndrome fait l’objet de discussions passionnelles L’anhidrose et l’hypopilosité axillaire sont fréquentes. Une bride
pour savoir si l’on peut parler de syndrome de Poland en l’absence cutanée axillaire antérieure est plus rare.
d’anomalie du membre supérieur, mais, en ce qui concerne la réparation
thoracique, l’élément déterminant de la malformation est l’agénésie Anomalies du membre supérieur
musculaire du chef sternocostal du muscle grand pectoral. Il est simple
et classique de parler de syndrome de Poland face à cette anomalie L’anomalie la plus caractéristique est une brièveté des deuxièmes
musculaire, qu’elle soit isolée ou incluse dans un contexte syndromique phalanges (brachymésophalangie), parfois associée à une syndactylie,
plus large. mais de nombreuses anomalies ont été décrites allant jusqu’à
l’ectromélie [21].
Le syndrome touche les deux sexes. Il est exceptionnellement
bilatéral [30]. Aucun facteur génétique n’a été mis en évidence mais des Traitement du syndrome de Poland
cas familiaux ont été décrits [13]. Les anomalies rencontrées permettent
de préciser la date embryologique de l’atteinte entre la sixième et la Restauration de la glande mammaire
septième semaine de développement fœtal. Parmi les hypothèses La reconstruction du volume mammaire se fait à l’aide d’un implant
étiopathogéniques, l’origine vasculaire avec une anomalie de l’artère éventuellement préparé par la mise en place d’une prothèse d’expansion
sous-clavière embryonnaire est la plus convaincante [8, 50]. [3, 54] . Cependant, si la prothèse permet de reconstruire un galbe

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A1 A2

B1 B2
6 A. Syndrome de Poland sévère (agénésie musculaire étendue touchant le muscle grand dorsal).
B. Résultat après expansion cutanée puis implant définitif et plastie controlatérale (noter la dépression sous-claviculaire majeure en l’absence de reconstruction du plan
pectoral).

A B C
7 A. Syndrome de Poland (agénésie du chef sternoclaviculaire et hypoplasie mammaire).
B. Aspect postopératoire après prothèse mammaire, prothèse musculaire et réduction controlatérale (noter l’asymétrie initiale).
C. Résultat symétrique à 1 an.

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10 à 15 cm de long permet, en arrière, la dissection des deux faces du
muscle grand dorsal, la section du muscle en bas et en dedans et la
libération du pédicule thoracodorsal. En avant, on réalise un
décollement de toute la surface thoracique antérieure s’étendant du chef
claviculaire en haut, à la ligne médiane en dedans et s’arrêtant en bas au
niveau du futur sillon sous-mammaire. Dans la partie basse on conserve
une cloison entre les décollements antérieur et postérieur afin d’éviter
toute luxation externe de la prothèse. Le muscle est alors transposé en
avant et étalé, fixé sur des bourdonnets sur la ligne médiane, par des
points au chef claviculaire du grand pectoral en haut et par des points
prenant le derme à son bord inférieur afin d’éviter toute luxation de la
prothèse en avant du muscle transposé. À ce stade, il peut être utile de
remettre la patiente en décubitus dorsal, voire en position demi-assise
pour adapter au mieux le volume de la prothèse et la position du sillon
sous-mammaire. La fermeture est habituelle.
Hester recommande de sectionner le tendon du muscle grand dorsal et
de le réinsérer au périoste huméral juste sous l’insertion claviculaire du
grand pectoral [25].
Lorsque le muscle est suffisamment large, il peut entièrement couvrir la
prothèse et être amarré à l’aponévrose du grand oblique en bas et au
grand dentelé en bas et en dehors [39]. Cependant, il est des cas où le
volume mammaire dans le segment III ne nécessite pas une couverture
8 Prothèse de comblement du defect musculothoracique réalisée sur mesure. supplémentaire et il peut être préférable d’enrouler le muscle sur lui-
même afin d’obtenir une hypercorrection dans les segments supérieurs
satisfaisant dans les segments inférieurs du sein, il persiste le plus du sein [36]. En effet, une hypercorrection est toujours souhaitable dans
souvent une dépression dans la région sous-claviculaire et un sillon sus- la mesure où, même en conservant l’innervation musculaire, on assiste à
mammaire marqué (fig 6). Cette dépression est due au minimum à une fonte progressive de 20 à 30 % du volume musculaire dans les mois
l’insuffisance musculaire, mais elle est d’autant plus marquée qu’il qui suivent l’intervention.
existe une hypoplasie osseuse thoracique. La spécificité de la Malgré tout, le muscle grand dorsal est parfois hypoplasique, limité à
reconstruction du syndrome de Poland réside dans la correction de son faisceau postérosupérieur (fig 10B), voire totalement absent [5, 17, 28].
l’anomalie thoracique musculaire et/ou osseuse. Il est judicieux, avant d’envisager un transfert musculaire, de pratiquer
un examen clinique minutieux complété par un bilan scanographique ou
Reconstruction thoracomusculaire
en résonance magnétique [5, 29, 60].
• Implants
• Autres interventions
On peut utiliser un implant de comblement du defect
musculothoracique. Le principal aléa de la technique est qu’il est Lorsque le bilan révèle l’absence de grand dorsal, Hester a proposé
difficile d’obtenir un implant même souple qui remplisse sa fonction de d’utiliser le muscle grand dorsal controlatéral libre [25]. Dans les formes
comblement dans deux situations anatomiques aussi différentes que le sévères, toutes les techniques classiques de reconstruction mammaire
bras le long du corps et le bras en élévation. L’implant est toujours un peuvent être utilisées, y compris des lambeaux libres tels que les
compromis statique à une situation de defect dynamique. On peut lambeaux musculocutanés de fessiers ou de grand droit de
utiliser des implants de silicone rigides préfabriqués qui sont au besoin l’abdomen [32]. Lorsqu’un transfert libre est envisagé, Beer conseille la
retaillés en pré- ou peropératoire [27]. Ces implants sont généralement réalisation préopératoire d’une angiographie afin d’éliminer toute
introduits par voie axillaire soit au moment de l’implantation de la malformation vasculaire dans la région axillaire [9].
prothèse mammaire, soit lors d’un temps opératoire ultérieur (fig 7). On En cas d’anomalies costales majeures des ostéochondroplasties
peut aussi utiliser des implants sur mesure obtenus à partir d’un moulage thoraciques ont été décrites [42, 49].
thoracique selon les mêmes techniques que celles décrites dans les L’athélie, une aréole de petit diamètre ou une dystopie aréolaire
réparations thoraciques telles que les pectus excavatum (fig 8) [26]. Gatti supéroexterne peuvent être corrigées secondairement après stabilisation
recommande d’utiliser un polymère de silicone extrasouple et de du résultat par dermographie, dépose greffe de l’aréole ou transposition
diminuer de 20 % la taille de l’implant initial [20]. Il réalise une prothèse de la plaque aréolomamelonnaire. Un sein controlatéral volumineux
composite thoraco-musculo-mammaire certainement difficile à mettre peut faire l’objet d’une plastie de symétrisation.
en place, mais qui a au moins l’avantage de régler le problème de la
jonction entre thorax et sein dans les segments I et II. Quelle que soit la Stratégie thérapeutique
méthode utilisée, l’apparition d’un sérome autour de ces prothèses
survient dans au moins 40 % des cas et peut être prévenue par une • Âge
compression et la prescription d’anti-inflammatoire [27]. Malgré tout, les S’il est classique de traiter le syndrome de Poland chez la jeune fille
imperfections, les malpositions et les migrations de l’implant ne sont pas après la maturation mammaire complète, Argenta a démontré l’intérêt
rares et peuvent conduire à son ablation [48]. d’implanter précocement un expandeur sous-cutané gonflé
• Transposition musculaire du grand dorsal (fig 9, 10)
progressivement jusqu’à la fin de la croissance mammaire qui permet la
distension progressive de la peau, l’étalement de la plaque
Le muscle grand dorsal montre de grandes similitudes avec le muscle aréolomamelonnaire, et améliore la vie sociale des adolescentes [3].
grand pectoral. Ce sont tous deux des muscles plats qui présentent des Anderl et Kerschbaumer ont montré que le transfert du muscle grand
insertions costales et humérales et sont adducteurs de l’épaule. L’utilité dorsal pouvait être réalisé précocement sans retentissement sur la
de son transfert antérieur sur le pédicule thoracodorsal s’est imposée courbure vertébrale ni sur la mobilité de l’épaule et qu’il pourrait même
contemporainement à plusieurs auteurs [1, 25, 34, 37]. Flageul a proposé de minimiser les malformations sternocostales qui s’aggravent avec la
réduire la rançon cicatricielle à une seule voie d’abord sur la ligne croissance [2].
axillaire postérieure permettant à la fois de libérer le grand dorsal, de
créer un décollement antérieur et de mettre en place la prothèse [17]. • Indications thérapeutiques
L’avènement du prélèvement endoscopique du grand dorsal permettra Il est bien difficile de schématiser les indications car les formes cliniques
certainement de réduire encore la rançon cicatricielle du prélèvement sont très variées depuis la simple aplasie du chef sternal du grand
[18, 33]. Barnett a proposé d’utiliser un lambeau musculocutanéo-graisseux
pectoral en passant par les aplasies musculaires étendues jusqu’aux
pour éviter l’adjonction d’un implant [6]. grandes déformations thoraciques osseuses. Dans les formes modérées
L’intervention se déroule en décubitus latéral ou semi-latéral avec un et moyennes, la reconstruction du sein relève d’une prothèse, voire
simple billot pararachidien. L’incision sur la ligne axillaire moyenne de d’une expansion cutanée en cas de traitement précoce ou de dystopie

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A B

9 A, B. Technique de transposition du muscle grand


dorsal dans le syndrome de Poland.
C. Position du muscle lorsque le résidu glandulaire
est suffisant (muscle enroulé sur lui-même) ou si le
muscle grand dorsal est hypotrophique.
D. Position idéale du muscle lorsque le résidu
glandulaire est faible et le grand dorsal non hypotro-
C D phique.

aréolaire. Le lambeau de grand dorsal trouve ses meilleures indications environnantes (peau et plan musculaire) gênent l’augmentation
dans les dépressions sous-claviculaires moyennes, mais il n’est pas volumétrique de la glande, en particulier son expansion périphérique
justifié si la dépression est mineure car le « coup de hache » postérieur dans les quadrants inférieurs (fig 11). Von Heimburg suggère que ces
qu’induit son prélèvement est excessif. En cas de dépression mineure, zones sont plus fréquemment anormales parce qu’elles sont moins riches
les petites prothèses de comblement sur mesure trouvent leurs en canaux galactophoriques [56]. L’expansion mammaire qui se fait de
meilleures indications. Dans les grandes déformations façon préférentielle en avant et dans les segments supérieurs, détermine
thoracomusculaires où le muscle grand dorsal est bien souvent absent, l’aspect tubulaire du sein. Si la plaque aréolaire et le muscle mamillaire
les prothèses thoraciques et mammaires sont mal couvertes par une peau sont faibles, ils finissent par céder sous la pression et déterminent ainsi
fine, facilement décelables et le résultat global est souvent médiocre. Les une hernie aréolaire.
techniques issues de la reconstruction mammaire après cancer doivent
trouver leurs meilleures indications puisque l’état rencontré est Description anatomique (fig 12)
finalement proche du résultat d’une amputation de Halsted. L’anomalie commune à tous les seins tubéreux est une anomalie de la
base d’implantation du sein. Si l’on considère que cette base comporte
Seins tubéreux quatre quadrants - supéroexterne, supéro-interne, inféroexterne et
inféro-interne - on peut déterminer trois grades [24] [Grolleau JL, Lanfrey
Les seins tubéreux (tuberous breast Rees et Aston 1976 [43]) constituent E, Lavigne B, Chavoin JP, Costagliola M. Breast base anomalies :
une entité malformative qui regroupe différentes anomalies dont la treatment strategy for tuberous breasts, minor deformities and asymetry.
dénomination varie selon les auteurs (herniated areolar complex Bass Plast Reconstr Surg (à paraître)] qu’on superposera aux quatre stades de
1978 [7], snoopy diformity Gruber 1980 [24], tubular breast Williams la classification de von Heimburg seule publiée actuellement [56].
1981 [59], lower pole hypoplasia Brink 1990 [10], narrow based breast – Grade I (56 %) : le segment inféro-interne est seul déficient. L’aréole
Puckett 1990 [41]). regarde en bas et en dedans, ce qui correspond au type 1 de von
Aucune étiologie n’a pu être associée à ce syndrome qui n’existe que Heimburg. Il est à noter que dans cette forme le sein n’est pas toujours
chez la femme, contrairement au syndrome de Poland, et qui ne se révèle hypotrophique, mais il peut être de volume normal, voire
qu’avec la croissance mammaire à la puberté. Il semble que des hypertrophique. Dans ce cas, seul un aspect en S italique de la portion
anomalies de la glande ou de ses rapports avec les structures inféro-interne du sein confirme qu’il s’agit d’un sein tubéreux.

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A B

10 Lambeau de grand dorsal pour syndrome de Poland.


A. Installation en décubitus latéral et abord sur la ligne axillaire moyenne.
B. Lambeau de grand dorsal hypoplasique réduit à son faisceau postérosupérieur
transposé en avant.
C C. Lambeau fixé sur des bourdonnets et prothèse d’expansion en place.

B C

11 Développement de la glande mammaire.


A, B, C. Développement normal du sein à la puberté.
A. B’, C’. Développement d’un sein tubéreux. B’ C’

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C
12 Classification des seins tubéreux.
A. Grade I. B. Grade II. C. Grade III.

– Grade II (26 %) : les deux segments inférieurs peuvent être déficients. – les anomalies de la plaque aréolomamelonnaire : elle est toujours
Dans ce cas, l’aréole regarde en bas, ce qui correspond aux types 2 et 3 large par rapport au volume du sein. En revanche, la protrusion aréolaire
de la classification de von Heimburg. Pour cet auteur, il existerait en plus avec une véritable hernie du tissu glandulaire à travers l’aréole
dans le type 3 une insuffisance cutanée dans le segment inférieur du sein. déterminant un double contour du sein n’est présente que dans moins de
Cette distinction nous semble trop subjective pour être retenue. la moitié des cas. Cependant, elle est d’autant plus fréquente qu’il s’agit
d’une forme sévère ;
– Grade III (18 %) : les segments supérieurs et inférieurs peuvent être
déficients. Dans ce cas, la base mammaire est rétrécie dans les deux sens – les anomalies de volume mammaire. Les seins sont le plus souvent
et le sein prend un aspect de tubercule (type 4 de von Heimburg). hypotrophiques mais ils peuvent être de volume normal et, dans les
grades I et II, ils peuvent être hypertrophiques ;
Les autres critères de seins tubéreux sont :
– l’asymétrie mammaire est présente dans plus de deux tiers des cas.
– l’ascension du sillon sous-mammaire constante qui relève du même Les deux seins sont généralement tubéreux et tous les grades peuvent
processus que l’anomalie de la base mammaire ; être associés.

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13 Correction des seins tubéreux de grade I par une plastie mammaire à pédicule supérieur et comblement du segment inféro-interne par un lambeau dermoglandulaire externe.

B C
14 Technique de redistribution glandulaire dans les seins tubéreux de grades II et III. B. Technique de Puckett.
A. L’implantation seule d’une prothèse aboutit à un double sillon sous-mammaire. C. Technique de Ribeiro.

Traitement des seins tubéreux (fig 13 à 16) adhérent qui redevient normal dès que l’on atteint la position normale
Gestes à faire du sillon sous-mammaire.
– Redistribution maximale du volume glandulaire dans les segments
– Incision et concentration périaréolaire [4, 14, 43]. L’aréole est le plus déficients [35]. C’est surtout ce dernier point qui va varier selon les grades
souvent distendue, sinon le siège d’une hernie glandulaire. L’incision rencontrés.
périaréolaire doit toujours être préférée, qu’elle soit isolée, permettant
alors un abord du sein et la mise en place d’une prothèse, ou intégrée Correction des seins tubéreux selon le grade rencontré
dans une résection cutanée plus étendue. • Grade I
– Décollement sous-mammaire. Quel que soit le grade de l’anomalie,
la base mammaire doit être restituée. Le décollement inférieur permet Le traitement des seins tubéreux de grade I n’est détaillé dans aucune
d’abaisser le sillon sous-mammaire à son niveau normal. On est surpris publication. Le volume étant toujours suffisant, il convient de
en peropératoire de rencontrer, lors de ce décollement, un tissu très redistribuer la masse glandulaire dans la partie inféro-interne du sein.

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15 Technique d’enfouissement de la protrusion aréolaire.


A. Désépidermisation périaréolaire et décollement sous-cutané limité pour assu-
rer la vascularisation de l’aréole.
B. Pince verticale pour corriger un double sillon persistant. B

Deux situations peuvent se présenter : (fig 14C). L’avantage est la facilité avec laquelle on réalise le clivage
– le segment inféroexterne est distendu et ptosé et présente un excès par voie périaréolaire, ce clivage se faisant à partir de la face antérieure
cutané. On doit alors réaliser une plastie mammaire dans laquelle l’excès de la glande. En revanche, un décollement postérieur étendu pour mettre
adipoglandulaire externe permet de combler la cavité créée par le en place un implant risque fort de dévasculariser la languette glandulaire
décollement inféro-interne. Nous avons l’habitude d’utiliser une obtenue.
technique de plastie mammaire à pédicule supérieur (fig 13). Un • Grade III
lambeau dermoglandulaire à pédicule inféroexterne est conservé. Après
Ici, la hernie aréolaire est présente dans plus de trois quarts des cas [56].
avoir largement désinséré la glande du plan thoracique dans sa
La base mammaire est rétrécie dans les deux sens, mais le problème
partieinféroexterne, ce lambeau vient se glisser dans la zone de
vient surtout de l’insuffisance cutanée dans le sens transversal. La mise
décollement inféro-interne. Son extrémité est fixée au plan
en place d’une prothèse mammaire seule aboutit pratiquement toujours
musculoaponévrotique avant d’assurer la fermeture cutanée. Si une
à un double sillon du sein, quelles que soient les tentatives
résection glandulaire est nécessaire, il s’agira d’une résection
d’enfouissement glandulaire. Par la suite, la pression exercée par la
postérieure de la base d’implantation mammaire ;
prothèse aboutit rapidement à la récidive de la protrusion aréolaire et
– le segment inféroexterne est normal, on se contentera d’une incision souvent à une aréole qui tend à regarder en dehors.
périaréolaire et les techniques de redistribution glandulaire se Pour pallier ces inconvénients, on doit bien souvent réaliser une
rapprochent de celles utilisées dans les grades II. intervention en deux temps. Le premier temps consiste en la mise en
• Grade II place d’une prothèse par voie hémipériaréolaire inférieure, en
répartissant au mieux le résidu glandulaire par des incisions postérieures
Dans les grades II, que le volume soit suffisant ou insuffisant, la simple radiaires comme l’ont décrit de nombreux auteurs. Pour préserver la
mise en place d’une prothèse conduit à l’apparition d’un double sillon viabilité aréolaire, seule une concentration périaréolaire sans
dans le segment III du sein (fig 14A). Pour éviter ce phénomène, on doit décollement cutanéoglandulaire est raisonnable au moment de
cliver la glande mammaire de telle sorte qu’elle se répartisse de la façon l’implantation de la prothèse. Après plusieurs mois, lorsque la peau a
la plus harmonieuse possible sur la base mammaire qui vient d’être retrouvé une certaine souplesse, on réalise un recentrage et un
recréée (fig 1). Rees et Aston [43] préconisaient de réaliser des incisions enfouissement de l’aréole par voie périaréolaire comme l’a décrit
radiaires à la base de la glande mais ce sont Puckett en 1990 [41] et Ribeiro Rees [43]. Après avoir désépidermisé un anneau périaréolaire, on pratique
en 1998 [45] qui ont décrit les méthodes de clivage le plus précisément. un décollement sous-cutané qui doit rester limité pour ne pas
Tous deux réalisent une désépidermisation périaréolaire, un abord compromettre la vascularisation aréolaire (fig 15A, B). Rees préconisait
glandulaire par la portion hémipériaréolaire inférieure et un décollement de réaliser deux pinces latérales qui nous semblent inutiles. Pour
cutanéoglandulaire du segment III poursuivi jusqu’à la position du atténuer un double sillon persistant lors de la concentration périaréolaire,
néosillon sous-mammaire. Ils poursuivent alors par un clivage nous préférons réaliser une petite pince verticale dans le segment III
transversal de la glande mammaire mais procèdent de façon différent : comme l’avait proposé Reynaud (fig 15C) [44]. Teimourian proposait de
– Puckett [41] réalise un clivage à partir de la face postérieure de la réaliser quatre zones de résection glandulaire périaréolaire pour faciliter
glande. La languette glandulaire obtenue conserve un pédicule antérieur l’enfouissement glandulaire [52].
dans la région sous-aréolaire (fig 14B). L’avantage de cette technique Certains auteurs utilisent un dispositif d’expansion cutanée qui, certes,
réside dans la sécurité vasculaire de la languette glandulaire obtenue, peut supprimer par son gonflage progressif le double contour du sein
surtout lorsque l’on souhaite mettre en place un implant. En revanche, le [31, 38, 47, 57], mais au prix d’une distension aréolaire majeure qui ne prive

clivage de la glande à partir de sa face postérieure par voie périaréolaire, pas de réaliser un geste de concentration périaréolaire au moment du
est souvent difficile à réaliser ; changement de prothèse [55].
– Ribeiro [45] réalise le clivage à partir de la face antérieure de la glande. D’autres auteurs ont proposé, pour réaliser une reconstruction en un
La languette glandulaire obtenue conserve un pédicule postérieur temps, en transposant dans une incision verticale du segment III du sein,

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Techniques chirurgicales CHIRURGIE DES MALFORMATIONS DU SEIN 45-667
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16 Lambeau sous-mammaire proposé dans le traitement des seins tubéreux de


grade III.
A. Pédicule interne (Diner, von Heimburg).
B. Pédicule externe (Elliot). B

17 A. Seins tubéreux asymétriques de grade I avec


hypertrophie bilatérale.
B. Résultat à 1 an après plastie à pédicule
supérieur et lambeau dermoglandulaire
A B externe.

une languette cutanée provenant d’une zone située dans le sillon sous- petit (grade II ou III). Nous réalisons, par un abord hémipériaréolaire
mammaire, soit à pédicule interne (fig 16A) [15, 56], soit à pédicule externe inférieur, un décollement jusqu’au néosillon sous-mammaire et une
(fig 16B) [16]. Ces techniques induisent une rançon cicatricielle non répartition de la masse glandulaire résiduelle. Lorsque l’aréole est
négligeable qui a été vivement critiquée [58]. distendue, un anneau périaréolaire est désépidermisé puis concentré. Si
le volume est insuffisant, un implant est mis en place en position
Stratégie thérapeutique rétropectorale. Les mensurations du sein ainsi reconstruit servent de
patron pour la résection préétablie du sein le plus gros. Le plus souvent,
Nous pensons qu’il est préférable de se rapprocher le plus possible du il s’agit d’une déformation de type I et nous réalisons une plastie à
résultat final lors de la première intervention, tout en gardant en mémoire pédicule supérieur et à lambeau dermoglandulaire externe. De 6 à
qu’une retouche secondaire est bien souvent nécessaire pour corriger un 12 mois plus tard, il existe souvent une récidive de la protrusion
étalement de l’aréole ou un double sillon. aérolaire et parfois une dystopie. Un nouvel abord périaréolaire permet
Dans les rares formes symétriques, nous réalisons la même intervention alors de recentrer l’aréole et d’enfouir le résidu glandulaire protrus. Un
des deux côtés (fig 17). En cas d’asymétrie (fig 18, 19), ce qui est double sillon sous-mammaire nécessite parfois de réaliser une petite
beaucoup plus fréquent, nous débutons l’intervention par le sein le plus pince verticale sous la zone de concentration périaréolaire.

Fig 18, 19, Références ➤

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45-667 CHIRURGIE DES MALFORMATIONS DU SEIN Techniques chirurgicales
41-940

18 A. Seins tubéreux asymétriques grade II


à droite, grade I à gauche.
B. Résultat à 1 an : à droite, abord périaréolaire
remodelage selon Puckett et implant
de 175 mL ; à gauche, plastie à pédicule supé-
A B rieur et lambeau dermoglandulaire externe.

A B C
19 A. Seins tubéreux asymétriques grade III à droite, grade I à gauche.
B. Résultat à 1 an : à droite, remodelage et implant (noter la persistance d’un double sillon du côté droit). ; à gauche, plastie à pédicule supérieur.
C. 6 mois après recentrage et enfouissement aréolaire du côté droit.

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Techniques chirurgicales CHIRURGIE DES MALFORMATIONS DU SEIN 45-667
41-940

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page 15
41-970
Encyclopédie Médico-Chirurgicale 41-970

Chirurgie locorégionale des cancers du sein


KB Clough
D Heitz
RJ Salmon
Résumé. – La chirurgie est un pôle essentiel du traitement des cancers du sein. Elle permet le contrôle local de
la maladie, mais aussi d’établir des facteurs pronostiques. Elle requiert des connaissances anatomiques
précises de la vascularisation et du drainage lymphatique du sein.
Grâce à une prise en charge multidisciplinaire des cancers du sein, à un dépistage précoce et au
développement de techniques chirurgicales nouvelles, un traitement conservateur est de plus en plus souvent
réalisé, dans un double souci permanent : permettre d’améliorer le taux de guérison, en laissant un sein sans
déformation ni séquelle.
La chirurgie ganglionnaire fait encore largement appel au curage axillaire, mais la recherche du ganglion
sentinelle par méthode colorimétrique ou isotopique, pour les tumeurs de petite taille, tend à se développer en
raison d’envahissements axillaires de plus en plus rares.
Les techniques de références telles que la tumorectomie, la mastectomie, le curage axillaire sont ici abordées,
ainsi que les principes de la chirurgie oncoplastique et la technique du ganglion sentinelle.
© 2003 Elsevier SAS. Tous droits réservés.

Mots-clés : cancer du sein, chirurgie du sein, curage axillaire, chirurgie oncoplastique, ganglion sentinelle.

Introduction – les traitements radicaux ;


– la chirurgie ganglionnaire, avec la technique du GS.
Pendant des décennies, la chirurgie des cancers du sein s’est limitée
à la mastectomie. Deux éléments ont permis de faire évoluer la
chirurgie cancérologique mammaire : Généralités
– la prise en charge multidisciplinaire, qui a permis de proposer
des traitements préopératoires en cas de grosse tumeur, ou des
traitements complémentaires après chirurgie, en particulier RAPPELS
conservatrice ;
¶ Embryologie
– l’apparition du dépistage qui a permis la découverte de tumeurs
de plus en plus petites. La glande mammaire, d’origine ectodermique, est assimilée à une
annexe de la peau.
Ainsi, la mastectomie radicale élargie (Halsted) est devenue
exceptionnelle, remplacée par la mastectomie simple, et les Vers la septième semaine d’embryogenèse se forme la ligne
traitements conservateurs sont de plus en plus fréquents [1, 4, 8]. De mamelonnaire qui correspond à un épaississement de l’épiderme.
même, l’exérèse de tumeurs non palpables s’est développée. Le Elle s’étend de la racine du membre supérieur à la racine du membre
curage axillaire, jusqu’alors systématique pour tous les cancers inférieur. Puis cette ligne disparaît, sauf en un point de la région
infiltrants, pourrait à terme être remplacé par la recherche du thoracique où la prolifération cellulaire se poursuit en profondeur
ganglion sentinelle (GS) en cas de petite tumeur. dans le mésenchyme sous-jacent. C’est le bourgeon mammaire
Seront abordés ici les points suivants : primitif. Il se forme là 16 à 24 bourgeonnements qui donneront de
nouvelles évaginations pleines. Vers la fin de la vie prénatale, les
– les rappels anatomiques indispensables à la compréhension des bourgeons épithéliaux se creusent d’une lumière et forment les
principes chirurgicaux ; canaux galactophores, tandis que les évaginations périphériques
– les bases du traitement chirurgical ; forment les canalicules et les alvéoles de la glande. Les canaux
galactophores s’ouvrent dans une petite dépression formée par la
– les traitements conservateurs, ainsi que les principes de la ligne mamelonnaire primitive.
chirurgie oncoplastique ;
Il ne persiste habituellement qu’un seul segment de la ligne
mamelonnaire dans la région thoracique moyenne, mais la
persistance d’autres segments explique la formation de mamelons
Krishna B. Clough : Chef de service. surnuméraires.
Denis Heitz : Assistant.
Rémy J Salmon : Médecin spécialiste.
Lors de la puberté féminine, l’accroissement glandulaire va scinder
Service de chirurgie générale et sénologique, Institut Curie, 26, rue d’Ulm, 75005 Paris, France. le fascia superficialis, où était enchâssé le bourgeon mammaire

Toute référence à cet article doit porter la mention : Clough KB, Heitz D et Salmon RJ. Chirurgie locorégionale des cancers du sein. Encycl Méd Chir (Elsevier SAS, Paris, tous droits réservés), Techniques chirurgicales - Gynécologie,
41-970, 2003, 15 p.
41-970 Chirurgie locorégionale des cancers du sein Techniques chirurgicales

1 Anatomie de la glande
mammaire.
1. Clavicule ; 2. deuxième
côte ; 3. ligament de Coo-
per ; 4. muscle grand pecto-
ral ; 5. bourse séreuse de
Chaissaignac ; 6. lobules
glandulaires ; 7. canaux ga-
lactophores ; 8. crêtes de
Duret.

primitif, en deux feuillets. Avec eux sont refoulées les structures 2 Anatomie de l’aisselle
vasculonerveuses. Cela explique la solidarité entre peau et glande, 1. Accessoire du brachial cutané interne ; 2. perforant du deuxième espace intercostal ;
et la grande interdépendance des vascularisations cutanées et 3. pédicule scapulaire inférieur ; 4. vaisseaux mammaires internes ; 5. nerf du grand
glandulaires. dentelé ; 6. paquet vasculonerveux du grand dorsal ; 7. branche antérieure pour le mus-
cle grand dentelé (limite inférieure du curage axillaire) ; 8. muscle grand pectoral (ré-
cliné) ; 9. muscle petit pectoral ; 10. clavicule ; 11. anse des pectoraux ; 12. muscle sous-
¶ Constitution, rapport scapulaire ; 13. nerf du grand dorsal ; 14. veine axillaire.
La glande mammaire est constituée de tissu glandulaire épithélial et
conjonctif, et de tissu adipeux. La proportion varie selon l’âge, le – en dedans, par la paroi thoracique constituée des cinq premières
statut hormonal, le poids... côtes recouvertes par le muscle grand dentelé ;
La glande comporte dix à 15 lobes qui ne peuvent pas être – en arrière, par le muscle sous-scapulaire et le muscle grand
individualisés chirurgicalement. La chirurgie du sein n’est pas dorsal ;
segmentaire, mais obéit surtout à des impératifs vasculaires. – en dehors, par le bord antérieur du muscle grand dorsal.
La face antérieure de la glande comporte des crêtes Son sommet est une pointe.
fibroglandulaires, appelées crêtes de Duret, qui encadrent des L’aisselle comporte des éléments vasculaires et nerveux (fig 2) :
lobules adipeux et s’attachent à une lame conjonctive sous-cutanée
appelée ligament de Cooper. Ce plan des crêtes de Duret doit être – le nerf du grand dentelé (ou nerf de Charles Bell), qui descend le
suivi lors de la réalisation de la mastectomie et de la tumorectomie long du muscle grand dentelé, et qui constitue la limite interne du
(fig 1). curage. Sa section entraîne une ascension du moignon de l’épaule
par paralysie du muscle grand dentelé (scapula alata) ;
En périphérie de la glande, le tissu mammaire s’amincit
progressivement selon des limites floues. – les premier, deuxième et troisième nerfs perforants intercostaux
En arrière, la glande mammaire est séparée du grand pectoral par (ou nerfs inter-costo-brachiaux), qui traversent la paroi thoracique
un espace celluleux, ou bourse de Chassaignac, constitué en avant et l’aisselle transversalement pour innerver les téguments de la face
par le feuillet postérieur du fascia superficialis et en arrière par le interne de l’aisselle et du bras. Il existe une anastomose entre le
fascia prépectoral. Il s’agit d’un plan de clivage facilement deuxième perforant et le nerf accessoire du brachial cutané interne ;
individualisable, traversé par des vaisseaux perforants. – le nerf du grand dorsal, qui court verticalement le long du muscle
sous-scapulaire. L’artère scapulaire inférieure (artère subscapulaire)
¶ Anatomie accompagne ce nerf ; elle se divise pour donner une branche
scapulaire (artère circonflexe) et une branche thoracique (artère
La glande mammaire est située en avant du muscle grand pectoral. thoracodorsale). Cette branche thoracique se divise ensuite en une
Sa base s’étend du bord inférieur de la deuxième côte jusqu’au branche antérieure pour le grand dentelé, une branche externe pour
sixième cartilage costal, et transversalement du bord externe du le grand dorsal et une branche inférieure descendant vers la paroi
sternum à la ligne axillaire antérieure. Ces limites sont cependant thoracique. Cette dernière division constitue la limite inférieure du
variables d’un sujet à l’autre. curage axillaire. La branche thoracique accompagnée de sa veine
Elle comporte à son sommet la plaque aréolomamelonnaire (PAM) forme avec le nerf du grand dorsal le « pédicule vasculonerveux du
composée de l’aréole et du mamelon. grand dorsal » ;
L’aisselle est limitée : – la veine axillaire, transversale en dessous de l’artère, qui constitue
– en avant, par la face postérieure du grand pectoral en superficie, la limite supérieure du curage. L’artère axillaire, au-dessus de la
et par les muscles sous-clavier et petit pectoral en profondeur. Le veine, n’est pas vue lors de la réalisation du curage.
muscle petit pectoral divise l’aisselle en trois parties : sous-pectorale,
¶ Vascularisation de la glande mammaire
rétropectorale, et sus-pectorale, qui correspondent aux trois étages
de Berg. Entre le grand et le petit pectoral se trouve le ganglion Elle est associée à la vascularisation cutanée. Il existe trois réseaux
interpectoral de Rotter ; vasculaires (fig 3) :

2
Techniques chirurgicales Chirurgie locorégionale des cancers du sein 41-970

3 Vascularisation arté-
rielle superficielle du sein.
1. Plan cutané ; 2. réseau
artériel sous-dermique ; 3.
réseau anastomotique au
niveau des crêtes de Duret ;
4. réseau préglandulaire.

4 Vascularisation de l’aréole.
1. Derme de la plaque aréolomamelonnaire ; 2. derme ; 3. réseau vasculaire sous-
dermique ; 4. cercle périaréolaire ; 5. réseau anastomotique profond qui suit les canaux
– un réseau antérieur ou cutanéoglandulaire, composé du réseau galactophores.
sous-dermique (très richement anastomosé, plus dense à proximité
de la PAM), et du réseau préglandulaire à la surface de la glande. Ils sont divisés par les anatomistes en plusieurs groupes : mammaire
communiquent par l’intermédiaire des crêtes de Duret ; externe le long des vaisseaux mammaires externes, brachial le long
– un réseau rétroglandulaire ; des vaisseaux axillaires, scapulaire le long du pédicule scapulaire,
central en arrière du petit pectoral, et sous-claviculaire. Cependant,
– un réseau anastomotique intraglandulaire qui assure la ces groupes ne sont pas individualisés cliniquement dans l’aisselle.
distribution du réseau antérieur. Les ganglions mammaires internes sont situés au niveau des trois
Ces trois réseaux sont alimentés par : premiers espaces intercostaux, en arrière des cartilages costaux et
des muscles intercostaux et en avant de la plèvre.
– deux pédicules principaux : les branches de l’artère mammaire
externe, et les branches perforantes intercostales de l’artère Les ganglions axillaires et mammaires internes se jettent dans des
mammaire interne (deuxième, troisième et quatrième espaces ganglions de second niveau sus-claviculaires. Il existe parfois un
intercostaux) ; drainage direct du sein vers les ganglions sus-claviculaires.
– trois pédicules accessoires (pédicule supérieur en provenance de BASES ET PRINCIPE DU TRAITEMENT CHIRURGICAL
l’artère acromiothoracique, deux pédicules postérieurs et inférieurs
provenant des intercostales ou de la mammaire interne). La chirurgie des cancers du sein est le pôle essentiel du traitement.
Elle a pour objectifs :
Chaque pédicule peut assurer à lui seul la vascularisation de la
glande. La chirurgie conservatrice impose le respect d’au moins un – de pratiquer l’exérèse de la tumeur, soit par tumorectomie
de ces pédicules et du réseau antérieur. (traitement conservateur), soit par mastectomie (traitement radical) ;
La vascularisation de la PAM est double et se fait à partir : – de permettre un diagnostic histologique précis : la taille tumorale,
le type histologique, le grade histologique, la recherche d’emboles
– d’un réseau profond qui vascularise la PAM en suivant les canaux vasculaires ou lymphatiques intramammaires, la mesure de l’index
galactophores ; mitotique qui sont autant de facteurs pronostiques ;
– d’un réseau très superficiel sous-dermique. – de permettre une analyse biologique de la tumeur, avec recherche
Ces deux réseaux alimentent un réseau vasculaire anastomotique de récepteurs hormonaux, mesure de la phase S, dosage de
sous-dermique formant le cercle périaréolaire. marqueurs de prolifération cellulaire ;
Un seul de ces réseaux suffit à vasculariser l’aréole. On peut donc, – d’analyser les ganglions qui drainent la tumeur (GS, ou ganglions
selon les cas, décoller totalement la PAM de la glande mammaire du curage axillaire). L’exérèse de ces ganglions permet d’améliorer
par une incision semi-aréolaire, si on prend soin de conserver le le contrôle local de la maladie et de guider les traitements
réseau sous-dermique en passant à 0,5 à 1 cm sous la peau. À complémentaires ;
l’inverse, on peut réaliser une incision circonférentielle – de minimiser les séquelles esthétiques, en associant parfois à
circumaréolaire. L’aréole est alors vascularisée par les branches du l’exérèse des procédés de chirurgie plastique, qui permettent de
réseau profond (fig 4). laisser un sein d’aspect normal en cas de traitement conservateur,
ou de réaliser une reconstruction mammaire (immédiate ou différée)
¶ Drainage lymphatique en cas de traitement radical.
Le temps chirurgical doit être intégré dans une approche
Drainage mammaire
thérapeutique multidisciplinaire. Si la chirurgie est le plus souvent
Il est constitué : réalisée en première intention, on peut également être amené à
opérer une patiente après un traitement préopératoire (ou
– d’un réseau cutané superficiel, plus dense vers le mamelon,
néoadjuvant).
s’anastomosant autour de la PAM en un réseau périaréolaire (de
On distingue la chirurgie du sein et celle de l’aisselle. La chirurgie
Sappey) ;
reconstructrice fait l’objet d’un autre chapitre.
– d’un réseau glandulaire profond.
INDICATIONS
Ganglions lymphatiques
Elles sont fonction d’école, et l’objet de ce chapitre n’est pas de les
Le drainage lymphatique du sein converge vers deux groupes détailler. Elles dépendent de nombreux facteurs, en particulier du
essentiels. Les ganglions axillaires forment le groupe principal : ils type histologique [21].

3
41-970 Chirurgie locorégionale des cancers du sein Techniques chirurgicales

¶ Carcinomes in situ
5 Différents types d’incision.
1. Incision périaréolaire ; 2. incision péria-
Carcinomes lobulaires in situ réolaire avec branche radiée ; 3. incision
De découverte le plus souvent fortuite, ces lésions sont actuellement directe radiée ; 4. incision arciforme ; 5. in-
considérées plus comme un facteur de risque de cancer du sein que cision sous-mammaire ; 6. incision oblique
dans le prolongement axillaire.
comme une véritable lésion précancéreuse. Pour la plupart des
équipes, ils ne justifient aucun traitement.

Carcinomes intracanalaires
– Localisés, ils sont traités par une tumorectomie [18, 31]. En cas
d’atteinte des berges d’exérèse, on peut envisager une reprise par
tumorectomie si le volume du sein le permet, ou une mastectomie.
– Étendus, ils sont traités par mastectomie, avec reconstruction
mammaire immédiate le plus souvent.
En cas de carcinome intracanalaire strict, le curage axillaire n’est pas
indiqué, le risque d’envahissement axillaire étant proche de zéro [54].

¶ Carcinomes infiltrants
Les tumeurs de petite taille (moins de 4 cm), unifocales, justifient une
tumorectomie associée à un curage axillaire [56, 57, 58, 60]. Cependant,
cette taille doit être rapportée au volume mammaire, et le traitement Le diagnostic de cancer peut être affirmé en préopératoire à l’aide
conservateur ne se conçoit que s’il laisse un sein d’aspect normal. d’une biopsie, ou en peropératoire grâce à un examen extemporané.
Par exemple, un traitement conservateur pour une tumeur de 3 cm
dans un petit sein peut entraîner une déformation majeure : on peut
parfois lui préférer une mastectomie ou une chimiothérapie TRAITEMENTS CONSERVATEURS
néoadjuvante pour réduire le volume tumoral [17, 24, 51]. On peut aussi
accepter une réduction importante du volume mammaire, à ¶ Tumorectomie
condition de laisser un sein de forme normale. Une plastie Elle réalise l’exérèse au large de la tumeur (1 à 2 cm de marges
mammaire de symétrisation est alors nécessaire. latérales macroscopiquement saines), en conservant le reste du
Il n’y a pas de différence de survie entre un traitement conservateur parenchyme mammaire [22] . La quadrantectomie (exérèse du
suivi de radiothérapie et une mastectomie [1, 4, 7, 15, 30, 56, 57, 58, 60]. quadrant où est située la tumeur) n’est qu’exceptionnellement
La recherche du GS reste discutée et ne constitue pas en 2003 un réalisée.
standard pour toutes les équipes.
Les tumeurs de plus grande taille étaient classiquement traitées par Incisions
mastectomie avec curage axillaire. Cependant, l’apport des Plusieurs types d’incisions peuvent être envisagés (fig 5).
traitements préopératoires permet dans un grand nombre de cas une
réduction du volume tumoral qui autorise ensuite une chirurgie – Incision périaréolaire, arciforme à la jonction de la zone pigmentée
conservatrice. de l’aréole et de la peau du sein. Elle s’adresse aux tumeurs proches
de l’aréole, mais peut être réalisée pour des tumeurs à distance. La
taille de l’incision est fonction de celle de la lésion et de la distance
Techniques chirurgicales entre le bord de l’aréole et la tumeur. Elle peut être circonférentielle
et peut également être agrandie par une branche radiée, ou par deux
branches en « X ».
INSTALLATION – Incision radiée, centrée sur la tumeur, selon un axe en « rayon de
La patiente est installée en décubitus dorsal, à proximité du bord roue » passant par le mamelon.
latéral de la table. Le bras homolatéral repose à angle droit sur un
– Incision concentrique à l’aréole, arciforme dans le sens des lignes
appuie-bras, avec un léger roulis vers le côté opposé.
de Langher et centrée sur la tumeur.
La désinfection cutanée doit être menée de la partie latérale du
thorax jusqu’au mamelon controlatéral, au cou, au coude, et à – Incision sous-mammaire, autorisant un bon abord des lésions des
l’abdomen. La totalité du sein et de l’aisselle doit apparaître dans quadrants inférieurs par décollement rétroglandulaire.
les champs opératoires qui délimitent un rectangle, avec la clavicule – Incision oblique en direction du creux axillaire, pour les tumeurs
en haut, la ligne médiane en dedans, les dernières côtes en bas, la du quadrant supéroexterne et du prolongement axillaire. Elle permet
racine du bras en dehors, et le relief du grand dorsal en arrière. de ne réaliser qu’une seule et même incision pour la réalisation du
Certains incluent la totalité du bras dans le champ opératoire en curage axillaire associé, lorsque la tumeur est très externe. Dans tous
enveloppant celui-ci dans une manchette de Jersey, afin de pouvoir les autres cas, il faut préférer deux incisions séparées.
le relever en cours d’intervention pour mieux exposer les structures – L’incision transaréolaire horizontale est utile pour l’abord des
en arrière du petit pectoral. galactophores, mais peu pour les tumorectomies.
Si un geste de symétrisation est prévu, ou que la tumorectomie est Le choix de l’incision doit se faire en fonction de la taille et la
importante, les deux seins doivent être visibles dans le champ localisation de la tumeur, la taille des seins, la présence d’une
opératoire afin de vérifier la symétrie mammaire en fin ancienne cicatrice, la taille de l’aréole. Elle est également fonction de
d’intervention, et la table doit permettre d’asseoir la patiente en la facilité à décoller la peau de la glande, qui peut être appréciée en
cours d’intervention. préopératoire par l’évaluation des connexions cutanéoglandulaires.
L’opérateur s’installe du côté de la lésion à opérer. Son aide s’installe Une exérèse cutanée n’est pas nécessaire le plus souvent. L’incision
de l’autre côté de la malade. peut être directe en regard de la tumeur, ou à distance. Elle doit
L’anesthésie est le plus souvent générale, cependant, pour des pouvoir être incluse en totalité dans le tracé d’une éventuelle
petites lésions facilement accessibles, l’exérèse peut se faire sous mastectomie ultérieure. Elle se doit d’être suffisante pour réaliser
anesthésie locale. une exérèse carcinologique de la tumeur, sans fragmentation, en

4
Techniques chirurgicales Chirurgie locorégionale des cancers du sein 41-970

On réalise ensuite la tumorectomie : la lésion palpée est immobilisée


6 Principes de la tumo-
sous l’index et le majeur de l’opérateur. La glande est incisée au
rectomie.
1. Décollement préglandu- bistouri électrique selon un tracé fusiforme qui passe à 1 ou 2 cm de
laire ; 2. exérèse tumorale ; la tumeur palpée. Cette incision glandulaire arrive en profondeur
3. décollement rétroglandu- jusqu’au plan du pectoral. On effectue ensuite un large décollement
laire et confection de deux prépectoral. Celui-ci est aisé et peut même se faire au doigt ; il doit
lambeaux glandulaires ; 4. être étendu en arrière de la tumeur et en arrière de toute la glande
suture des deux lambeaux décollée de la peau. Il faut coaguler les quelques vaisseaux
glandulaires. perforants, plus fréquents dans la partie basse du sein. On peut ainsi
bien palper la tumeur en la maintenant entre pouce et index, et
compléter l’exérèse au bistouri électrique.
Dans la majorité des cas, la pièce de tumorectomie est une pièce
ovoïde orientée vers le mamelon. Elle doit emmener la totalité des
tissus compris entre la peau et le grand pectoral. Les tranches de
section doivent être franches et verticales, pour permettre à
l’anatomopathologiste de mieux analyser la pièce opératoire, et au
chirurgien de bien remodeler la glande. La pièce est orientée dans
les trois plans de l’espace par des fils.
Une radiographie de la pièce peut être réalisée pour vérifier la
présence de microcalcifications ou d’une opacité mammographique.
Un examen anatomopathologique extemporané peut être réalisé
pour affirmer le caractère malin ou infiltrant de la lésion, ou pour
vérifier que l’exérèse est bien macroscopiquement en zone saine.
L’opérateur ne doit pas ouvrir la pièce tumorale, afin de permettre
son encrage par l’anatomopathologiste.
La palpation peropératoire de la glande après tumorectomie est
systématique, à la recherche d’une zone suspecte qui sera toujours
biopsiée. En cas de doute sur les berges d’exérèse, une recoupe est
pratiquée pour examen anatomopathologique. Cette recoupe est
orientée par un fil.
En fin d’intervention, on peut placer un clip métallique dans le lit
de tumorectomie, pour guider le radiothérapeute ou une éventuelle
passant au large. Elle doit également tenir compte de soucis reprise chirurgicale.
esthétiques en épargnant la zone du décolleté, et en restant aussi
limitée que possible. Remodelage
Ainsi, les lésions des quadrants supérieurs sont abordées par une Le remodelage glandulaire après tumorectomie est systématique,
incision périaréolaire supérieure éventuellement agrandie, ou l’absence de comblement donnant un mauvais résultat esthétique,
concentrique. Pour les cancers du quadrant supéroexterne, on et fait courir le risque de collection postopératoire.
choisira une incision directe radiée, se prolongeant parfois dans Le principe du remodelage est de confectionner deux lambeaux
l’aisselle pour les tumeurs du prolongement axillaire du sein. Pour glandulaires, qui comblent la zone de tumorectomie par glissement
les quadrants inférieurs, on préfère une incision périaréolaire (fig 7). La préparation des lambeaux glandulaires s’est faite lors du
inférieure ou une incision directe, radiée ou concentrique. décollement sous-cutané initial. Ce décollement peut également être
poursuivi dans la région rétroaréolaire : on peut en effet totalement
Exérèse tumorale décoller l’aréole qui reste vascularisée par les vaisseaux dermiques
si l’on prend soin de laisser 5 à 10 mm de tissu rétroaréolaire. On
Les principaux temps de l’exérèse sont les suivants (fig 6) :
complète ce décollement préglandulaire par un décollement
– large décollement sous-cutané ; rétroglandulaire. On confectionne ainsi deux lambeaux glandulaires
qui pourront combler la loge d’exérèse sans rétraction cutanée. Les
– incision de la glande jusqu’au pectoral ;
lambeaux sont suturés au fil résorbable 2/0. Ce décollement
– décollement postérieur ; antérieur et postérieur de la glande est sans risque (cf chapitre
– tumorectomie ; Vascularisation). Il doit être limité chez les patientes dont la glande
est en involution adipeuse.
– remodelage glandulaire. La confection de deux lambeaux de glissement permet de remodeler
Une excision cutanée sera réalisée en cas de tumeur rétractant ou la glande pour la majorité des tumorectomies. Pour des exérèses
envahissant la peau, ou d’excès cutané après la tumorectomie. plus larges, ou des tumeurs situées dans des zones à haut risque de
La peau est incisée au bistouri. déformation (quadrants inférieurs), ce remodelage simple n’est pas
On réalise un large décollement glandulaire sous-cutané superficiel, suffisant ; il faut alors faire appel à un lambeau glandulaire de
dans le plan des crêtes de Duret, en prenant soin de respecter le rotation, voire à un recentrage de la PAM.
réseau vasculaire sous-dermique. La peau est soulevée par des Plastie par lambeau glandulaire de rotation
crochets de Gillis puis des écarteurs de Farabeuf. Le décollement se
fait au bistouri électrique, parfois aux ciseaux de Mayo en tournant La confection de ce lambeau glandulaire n’est possible que si :
leur concavité vers la glande. On prendra garde de ne pas brûler la – la taille du sein est suffisante ;
peau, en évitant le contact direct du bistouri électrique, et
– le tissu mammaire est majoritairement glandulaire et non
l’écoulement de graisse chaude qui sera régulièrement essuyée. Le
graisseux ;
décollement est volontairement très large, passant en avant de la
tumeur, sans hésiter à décoller un quart du sein. On est – la base du lambeau est suffisamment large pour en assurer une
fréquemment amené à décoller la PAM, en respectant 0,5 à 1 cm bonne vascularisation.
d’épaisseur. Ce large décollement permet une bonne exérèse Sa préparation répond aux mêmes principes que ceux du
tumorale, et un remodelage dans des conditions optimales. remodelage glandulaire simple : décollement sous-cutané puis

5
41-970 Chirurgie locorégionale des cancers du sein Techniques chirurgicales

7 Remodelage glandulaire par confection de deux lambeaux


glandulaires de glissement.
A. Décollement glandulaire sous-cutané.
B. Remodelage glandulaire par deux lambeaux de rappro-
chement.

*
A *
B

*
A *
B *
C

8 Recentrage de la plaque aréolomamelonnaire (PAM). B. Recentrage de la PAM après désépidermisation de l’aire grisée.
A. Risque de déviation supéroexterne de la PAM. C. Résultat final.

rétroglandulaire. Un des lambeaux est sectionné transversalement. place, soit par drain aspiratif, soit par lame. Ce drain ne doit pas
Il est ensuite mobilisé par rotation, parfois par avancement, avant être sous-cutané pour ne pas créer de dépression cutanée en regard
d’être fixé dans la cavité de tumorectomie. de la zone de tumorectomie.
La fermeture se fait par quelques points dermiques inversants au fil
Recentrage de la PAM résorbable 3/0 ou 4/0, puis par un surjet intradermique au fil
Lors d’exérèses importantes, l’aréole peut être déviée vers le lit résorbable 3/0 ou 4/0.
tumoral. Il faut alors la repositionner au sommet du dôme Complications
mammaire, à l’opposé du lit tumoral. Il est nécessaire d’avoir pris
soin de placer les deux seins dans le champ opératoire, et de pouvoir Les hématomes sont rares. Ils peuvent justifier une reprise
asseoir la patiente en cours d’intervention. chirurgicale pour hémostase et mise en place d’une lame de
drainage. La lymphocèle du lit de tumorectomie se traite par
Le principe de ce recentrage est de réaliser deux cercles excentriques,
ponctions. La meilleure prévention des hématomes et des
l’un périaréolaire, l’autre décalé à l’opposé du lit tumoral.
lymphocèles repose sur une hémostase rigoureuse et sur le
L’incision est circumaréolaire, et suit le tracé des deux cercles comblement du lit de tumorectomie par la confection de lambeaux
dessinés. Elle est superficielle, en prenant soin de respecter le derme. glandulaires.
On désépidermise le croissant cutané situé entre les deux cercles, de L’abcès nécessite une reprise chirurgicale pour lavage et drainage.
manière à conserver la vascularisation dermique. Le recentrage se
Les déformations séquellaires sont de réparation difficile, en
fait ensuite par une succession de points inversants au fil résorbable
particulier après radiothérapie. La meilleure prévention de ces
placés sur les berges des deux cercles. On repositionne ainsi l’aréole
déformations réside dans le remodelage du sein lors de la
au sommet du sein (fig 8).
tumorectomie, qui doit être systématique. Ce remodelage peut faire
Lorsque ces techniques sont insuffisantes, il faut alors faire appel appel aux techniques de chirurgie plastique.
aux techniques de chirurgie oncoplastique.
Cas particuliers : tumeurs non palpables
Drainage et fermeture L’incidence des cancers non palpables découverts par
Dans la quasi-totalité des cas, le drainage n’est pas nécessaire si le mammographie ou échographie a augmenté ces dernières années
lit de tumorectomie est comblé et que l’hémostase est minutieuse. grâce au dépistage systématique.
Pour les plus grands décollements, ou en cas de troubles de La tendance actuelle est de réaliser des prélèvements percutanés afin
l’hémostase ou de suintement diffus, un drainage peut être laissé en de réduire le nombre d’interventions à visée diagnostique. Lorsque

6
Techniques chirurgicales Chirurgie locorégionale des cancers du sein 41-970

9 Plastie mammaire avec pé-


dicule porte-mamelon supérieur,
pour une lésion siégeant à
l’union des quadrants inférieurs
du sein droit.
A. Tracé préopératoire bila-
téral.
B. Aspect en peropératoire.
1. Pédicule porte-mamelon ;
2. désépidermisation péria-
réolaire ; 3. piliers glandu-
laires inférieurs.

*
B

*
A

ce prélèvement est positif, ou lorsqu’on ne dispose pas de ¶ Chirurgie oncoplastique


prélèvement percutané, une exérèse de l’ « image » est nécessaire.
Après tumorectomie et radiothérapie pour cancer du sein, on
Le chirurgien doit réaliser l’exérèse d’une lésion non visible et non
observe parfois une déformation ou une asymétrie source de
palpable. Un repérage préopératoire est donc indispensable. On
mauvais résultat esthétique. Les techniques de reconstruction
distingue deux cas :
partielle secondaire pour réparer ces déformations sont souvent
– image mammographique : difficiles et décevantes [3, 11, 53]. Il est donc indispensable d’obtenir le
meilleur résultat esthétique lors du traitement chirurgical initial.
– un repérage stéréotaxique est le plus souvent réalisé. Il permet Nous avons vu dans la technique de tumorectomie des procédés
la mise en place précise d’un fil métallique (« harpon ») au sein simples de remodelage glandulaire qui suffisent dans la majorité des
de la lésion, avant l’intervention ; cas [2]. Cependant, il peut être nécessaire de recourir à des techniques
– on peut, surtout pour les tumeurs centrales et paracentrales, plus élaborées de plastie mammaire pour redonner une forme plus
éviter le repérage métallique et effectuer un repérage orthogonal harmonieuse au sein, notamment lorsque la chirurgie porte sur les
sur table. Sur les clichés mammographiques de face et de profil, quadrants inférieurs [14, 45]. L’intégration de la chirurgie plastique lors
après repérage du mamelon (éventuellement grâce à une bille du temps initial du traitement des cancers du sein est parfois
métallique), le chirurgien détermine les coordonnées verticales et nécessaire : on parle alors de chirurgie oncoplastique [12, 13].
horizontales de la lésion par rapport au mamelon, qu’il reportera
sur le sein comprimé en position de mammographie. Ce repérage Plastie mammaire
orthogonal est pour nous toujours pratiqué, même en cas de
« harpon », afin de bénéficier en peropératoire d’un double Lorsque les techniques de remodelage par décollement ne suffisent
contrôle ; pas, on doit alors réaliser une plastie mammaire de remodelage,
dérivée des techniques de plastie mammaire de réduction. Ceci
– image échographique sans traduction mammographique : permet de réaliser de larges exérèses et de laisser un sein de forme
– un repérage par mise en place d’un fil métallique sous normale, mais plus petit, plus haut et plus rond que le sein
échographie est le plus souvent réalisé ; controlatéral. Une plastie mammaire controlatérale de symétrisation
est alors nécessaire. Dans notre service, cette symétrisation est
– l’échographie permet aussi de placer un repère cutané en regard réalisée dans le même temps opératoire, afin de ne pas imposer à la
de la lésion, en précisant la profondeur de celle-ci par rapport à la patiente deux interventions [34, 41, 50].
peau. Le chirurgien peut aussi s’aider d’une échographie
peropératoire, si un échographe est disponible au bloc opératoire. Cette décision doit toujours être prise lors de la consultation
préopératoire, afin de recueillir le consentement de la patiente.
La technique opératoire est identique à celle des tumeurs palpables.
Celle-ci doit être informée de la nécessité d’exérèse large, de la
Cependant, quelques précisions doivent être apportées :
modification de la taille et de la forme de ses deux seins, et de la
– l’incision ne se fait pas en regard du point d’entrée du fil nécessité d’un geste de symétrisation.
métallique, car la lésion est parfois distante du point de ponction. Nous prendrons pour exemple une plastie mammaire avec pédicule
Elle se situe en regard du siège présumé de la lésion, ou porte-mamelon supérieur, pour un cancer du sein des quadrants
périaréolaire ou sous-mammaire ; inférieurs (fig 9, 10). L’intervention suit des schémas préétablis. Les
– un contrôle radiologique de la pièce opératoire est obligatoire, dessins sont effectués la veille ou le matin de l’intervention, sur une
après orientation de la pièce par des clips radio-opaques. Ce contrôle patiente en position debout, selon les repères habituels de plastie de
comporte idéalement deux incidences. En cas de lésion visible réduction mammaire [48] . Ils délimitent en haut une aire de
uniquement en échographie, on peut aussi réaliser une échographie désépidermisation périaréolaire, et circonscrivent en bas la zone
de la pièce opératoire. tumorale. L’intervention est effectuée soit par un chirurgien qui
En cas de foyer de microcalcifications, une mammographie possède une double compétence de chirurgie oncologique et de
postopératoire est systématique à la recherche de microcalcifications chirurgie plastique, soit par deux équipes.
résiduelles. Les temps de l’intervention sont les suivants :

7
41-970 Chirurgie locorégionale des cancers du sein Techniques chirurgicales

10 A. Aspect après exérèse


tumorale. L’aréole est réas-
censionnée, et les deux
piliers glandulaires infé-
rieurs sont rapprochés.
B. Résultat en fin inter-
vention pour le côté droit.
Le sein droit est plus petit,
avec une aréole recentrée
en haut. À gauche, néces-
sité d’une plastie mam-
maire de réduction.

*
A

*
B

– désépidermisation du pédicule porte-mamelon, en respectant le


cercle périaréolaire ;
– incision sous-mammaire ;
– large décollement rétroglandulaire ;
– tumorectomie large, emportant la peau en regard afin de faciliter
le remodelage ;
– confection du pédicule porte-mamelon ;
– recentrage de la PAM après plicature du pédicule porte-mamelon ;
– rapprochement des piliers glandulaires inférieurs et suture
cutanée. *
A

La symétrisation du sein controlatéral est faite dans le même temps


opératoire, selon la même technique. La quantité de glande retirée
doit permettre d’obtenir un volume mammaire final équivalent. La
glande retirée est adressée pour examen histologique, et permet
parfois de découvrir des cancers occultes controlatéraux [44].
Pour des cancers des quadrants supérieurs, on peut réaliser une
intervention similaire, avec un pédicule porte-mamelon postérieur. *
B
Pour les tumeurs du quadrant inféroexterne, une plastie mammaire 11 Plaque aréolomamelonnaire (PAM)-ectomie pour tumeur centrale : incision et
avec une incision en J peut être réalisée. plastie glandulaire.
Plus généralement, toutes les techniques de réduction mammaire A. Incision fusiforme emportant la PAM.
peuvent être utilisées en chirurgie carcinologique d’exérèse, si une B. Rapprochement des lambeaux glandulaires qui sont éversés pour redonner au
sein sa projection.
tumorectomie « standard » n’est pas possible ou laisserait une
déformation importante. Ces techniques permettent d’éviter les
Dans ces deux cas, le comblement du defect central est primordial.
déformations postopératoires, mais surtout de réaliser de larges
La glande est décollée de la peau et du pectoral. Le defect est comblé
exérèses et de repousser les limites du traitement conservateur [12].
par deux lambeaux glandulaires supérieur et inférieur qui sont
éversés et adossés pour reconstruire la projection centrale du sein
Tumeurs centrales
(fig 11).
Contrairement à une idée largement répandue, les tumeurs centrales
– Incision selon un tracé de plastie mammaire (T inversé,
ne sont pas une contre-indication au traitement conservateur.
verticale…) : ce tracé permet une exérèse large de la tumeur et un
Lorsqu’elles sont profondes, à distance de la PAM, on réalise une
remodelage complet du sein. Un geste de symétrisation est alors
tumorectomie large sans résection de l’aréole. Pour des tumeurs très
nécessaire.
superficielles en arrière de l’aréole, ou en cas de maladie de Paget
du mamelon, on doit réaliser une exérèse monobloc de la tumeur et
de la PAM (PAMectomie). MASTECTOMIE
Trois types d’incision sont possibles pour emporter la PAM et la L’intervention de Halsted décrite en 1907 (mastectomie radicale
tumeur centrale (fig 11). élargie) réalisait une ablation des deux muscles pectoraux et un large
évidement axillaire [28]. Elle est actuellement abandonnée. Patey
– Courte incision fusiforme horizontale : la cicatrice sera rectiligne.
décrivit en 1948 la mastectomie conservant le grand pectoral, mais
– Incision périaréolaire sur 360° : la fermeture cutanée se fera par réséquant le petit pectoral et réalisant un curage des trois étages de
une bourse. Berg [43]. C’est Madden en 1972 qui proposa la mastectomie telle

8
Techniques chirurgicales Chirurgie locorégionale des cancers du sein 41-970

12 Mastectomie : tracé 13 Mastectomie : décolle-


d’incision de mastectomie. ment glandulaire sous-
cutané.

14 Mastectomie : décolle-
ment rétroglandulaire.

qu’elle est pratiquée actuellement, c’est-à-dire conservant les deux


muscles pectoraux et réalisant un curage axillaire des deux premiers
étages de Berg [36].

¶ Mastectomie radicale modifiée


Le principe de cette intervention est de pratiquer l’exérèse monobloc
de la glande mammaire et un curage axillaire des deux premiers
étages de Berg. Les muscles grand et petit pectoral sont respectés.

Incision
Elle doit répondre à des objectifs carcinologiques et esthétiques.
Elle doit emporter la plaque aréolomamelonnaire en totalité, ainsi
que les éventuelles cicatrices préalables de tumorectomie ou de
Le décollement cutané de la berge inférieure se fait de la même
biopsie, et la peau en regard de la tumeur si la lésion est
façon. Le plan est plus délicat à trouver : on doit prendre soin de
superficielle.
laisser deux lambeaux cutanés d’épaisseur identique et constante.
L’incision est fusiforme, oblique en haut et en dehors plutôt
qu’horizontale. Elle reste à distance du bord latéral du sternum et On réalise ensuite un décollement entre la glande et le muscle grand
de la ligne axillaire postérieure. Elle est menée jusqu’à la région pectoral (fig 14). On débute par la partie supérieure de la glande,
axillaire pour permettre la réalisation du curage. L’exérèse cutanée qu’on décolle en progressant vers la région parasternale. L’aide
doit être suffisante afin d’éviter un excès cutané disgracieux, en coagulera au fur et à mesure les vaisseaux perforants avant qu’ils ne
particulier au niveau des extrémités de l’incision (« oreilles » se rétractent, en particulier dans les quadrants internes du sein, d’où
cutanées). Elle doit aussi être limitée pour permettre une fermeture émergent des branches de l’artère mammaire interne. Désinsérée
sans tension excessive et ne pas gêner une reconstruction ultérieure. dans sa portion interne, la glande est soulevée et basculée en dehors,
facilitant le décollement prépectoral qui se présente sous forme d’un
Le tracé est fusiforme en dedans. Chez les patientes obèses ou qui feutrage blanc. Le fascia du grand pectoral peut être respecté en cas
présentent un excès cutané latérothoracique, cet excès cutané de tumeur superficielle, ce d’autant que l’on réalise une
axillaire doit être excisé. On est alors amené à élargir l’exérèse reconstruction mammaire immédiate avec mise en place de prothèse
cutanée externe par un tracé en forme de quadrilatère, qui permet rétropectorale. En revanche, si la tumeur envahit le plan profond,
de rabattre le lambeau cutané inférieur sur le lambeau supérieur, en on réalise une résection partielle du muscle grand pectoral en regard
décalant la partie inférieure vers le dedans (fig 12). de celle-ci. La dissection est poursuivie jusqu’au-delà du bord
externe du grand pectoral jusqu’à l’aponévrose clavi-pectoro-
Exérèse
axillaire. Celle-ci est largement ouverte le long des muscles grand et
L’incision cutanée est réalisée au bistouri froid, avec hémostase des petit pectoraux pour aborder l’aisselle.
vaisseaux sous-cutanés. L’abord axillaire est aisé, permettant de réaliser un curage monobloc,
On réalise un décollement entre la peau et la glande mammaire dans dont la technique est décrite (cf infra).
le plan des crêtes de Duret, en respectant le réseau vasculaire du
derme (fig 13). On débute par la partie supérieure du sein. L’aide, à Drainage et fermeture
l’aide de crochets, tend la peau à la verticale, tandis que l’opérateur
L’hémostase est soigneusement vérifiée. La fermeture se fait après
tire la glande de sa main gauche. On met alors en évidence un plan
mise en place de deux drainages aspiratifs, l’un dans la loge de
relativement peu vasculaire, formé de crêtes blanchâtres. Ces crêtes
mastectomie, l’autre dans l’aisselle en cas de curage axillaire, qui
seront sectionnées au bistouri électrique en prenant soin de rester
sortiront dans le bas de l’aisselle.
parallèle à la peau. L’opérateur vérifiera régulièrement l’épaisseur
du tissu sous-cutané qui doit être constante. Les deux écueils sont Pour une fermeture sans tension, on peut compléter le décollement
d’entrer en contact avec la face profonde du derme, avec risque de cutané vers le haut et vers le bas en dehors de la base d’implantation
nécrose cutanée, ou de laisser du parenchyme glandulaire. Le du sein.
décollement est mené jusqu’au bord supérieur de la glande, où on On réalise un rapprochement des berges par plusieurs points
prend contact avec le fascia prépectoral. dermiques inversants de fil lentement résorbable 2/0. Pour éviter la

9
41-970 Chirurgie locorégionale des cancers du sein Techniques chirurgicales

interpectoraux, et de toute l’atmosphère cellulolymphatique du


15 Tracés d’incision de
creux axillaire (trois niveaux de Berg). Elle n’est plus actuellement
mastectomie avec conserva-
tion de l’étui cutané. réalisée, car lourde de conséquences en termes esthétique et
1. Incision périaréolaire ou fonctionnel, et sans avantage sur le plan carcinologique [19, 38].
en « raquette » ; 2. incision Cependant, en cas de tumeur proche du muscle grand pectoral ou
fusiforme. l’envahissant, on peut être amené à en réaliser une ablation partielle
ou totale.
L’incision est identique à celle de la mastectomie radicale modifiée.
Le décollement cutané sera réalisé de la même manière, mais mené
jusqu’à l’insertion humérale du grand pectoral.
La section du muscle grand pectoral dans sa partie externe comporte
dans un premier temps la dissection de son bord supérieur puis de
son bord inférieur après avoir incisé l’aponévrose clavi-pectoro-
axillaire. Cette dissection effectuée, il est aisé de glisser sous le
tendon un instrument mousse, ou un doigt au-dessus duquel on
sectionne le muscle au bistouri électrique. Puis le tendon du grand
pectoral est ensuite récliné vers l’intérieur, de façon à être dégagé
du petit pectoral qui se trouve en arrière. Le grand pectoral est
ensuite désinséré de ses attaches costales, en prenant soin de lier les
artères perforantes provenant de l’artère mammaire interne.
formation d’excès cutanés externe ou interne, on débute ces points
de rapprochement par les angles. La légère incongruence est La réalisation du curage axillaire du troisième étage de Berg n’est
rattrapée sur la partie médiane. actuellement plus réalisée systématiquement. Lorsqu’elle est
nécessaire (adénopathies palpables), elle est facilitée par la section
La suture cutanée est réalisée par surjet intradermique au fil
du muscle petit pectoral, mais peut également être réalisée en
résorbable ou par points séparés selon chacun.
conservant ce muscle qui est récliné par un écarteur.
En cas de résection cutanée importante (tumeur très volumineuse,
mastectomie de propreté…), la fermeture peut faire appel aux
techniques de chirurgie plastique, par exemple au transfert d’un CHIRURGIE GANGLIONNAIRE
lambeau musculocutané de grand dorsal ou d’un lambeau L’exploration ganglionnaire fait partie intégrante de la chirurgie des
fasciocutané. cancers du sein. Elle a pour but principal de permettre une analyse
histologique des ganglions, afin d’établir un pronostic [16] et la
Complications stratégie thérapeutique ultérieure.
Elles sont essentiellement pariétales : Outre cette valeur d’information, le curage axillaire permet de
– les abcès, qui surviennent plus volontiers chez des femmes obèses, réduire le risque de récidive axillaire en pratiquant l’exérèse des
peuvent être source de désunion cutanée. Ils doivent être évacués et ganglions métastatiques [49]. Sa valeur thérapeutique en termes de
drainés ; survie reste cependant discutée [6, 20].

– les hématomes, qui nécessitent souvent une reprise chirurgicale ; ¶ Curage axillaire
– les désunions cutanées, en cas de fermeture sous tension excessive
ou d’antécédent d’irradiation ; Indications
– les nécroses cutanées, en cas de dissection trop proche du derme, La réalisation d’un curage axillaire doit être systématique pour tous
en particulier après radiothérapie ; les cancers du sein infiltrants. Le caractère infiltrant de la tumeur
doit être connu en préopératoire à l’aide d’une biopsie, ou en
– les lymphocèles qui peuvent nécessiter des ponctions après
peropératoire par un examen extemporané.
l’ablation du drainage.
Limites anatomiques
¶ Variantes
Les limites anatomiques de l’aisselle ont été développées plus haut,
Mastectomie avec conservation de l’étui cutané et sont rappelées sur la figure 16. Le curage axillaire doit respecter
le nerf du grand dentelé, le nerf du grand dorsal et le pédicule
En cas de reconstruction mammaire immédiate (avec mise en place vasculaire qui l’accompagne, et si possible les premier et deuxième
de prothèse ou d’un lambeau musculocutané), on peut réaliser une nerfs perforants intercostaux. En cas de traitement conservateur,
mastectomie conservant l’étui cutané (skin sparing mastectomy). Elle l’artère et la veine mammaire externe peuvent également être
consiste à réaliser une mastectomie totale avec ablation de la PAM, disséquées et respectées.
en conservant le maximum de peau.
Elle ne doit pas être confondue avec la mastectomie sous-cutanée, Incision
qui conserve l’aréole et la région rétroaréolaire, et qui de ce fait laisse
du tissu mammaire source de récidive. Celle-ci n’a donc pas En cas de mastectomie, l’incision permet toujours de réaliser
d’indication carcinologique. facilement un curage axillaire, même lorsqu’elle reste en dedans de
la ligne axillaire antérieure.
L’incision emportant la PAM peut être fusiforme, en raquette,
périaréolaire, ou en « T inversé » selon un dessin de plastie En cas de traitement conservateur, une incision distincte peut être
mammaire (fig 15). réalisée :
Le reste de l’intervention ne diffère pas de la mastectomie radicale – elle peut être transversale, située à un ou deux travers de doigt
modifiée. La réalisation d’un curage axillaire peut se faire par la sous le sommet de l’aisselle, dans l’axe des plis. Elle ne doit pas
même incision ou par un abord électif de l’aisselle. dépasser en avant le bord externe du grand pectoral. En arrière, elle
est prolongée jusqu’au bord externe du grand dorsal ;
Mastectomie avec ablation des muscles pectoraux
– elle peut aussi être verticale, en arrière du bord externe du grand
L’intervention d’Halsted comporte l’ablation de la glande pectoral. Elle doit alors rester à distance du sommet de l’aisselle afin
mammaire, des deux muscles pectoraux et des ganglions d’éviter des cicatrices rétractiles.

10
Techniques chirurgicales Chirurgie locorégionale des cancers du sein 41-970

18 Curage axillaire : libé-


ration de la face inférieure
de la veine axillaire et du
nerf du grand dentelé.

16 Limites du curage axillaire et éléments à respecter.


1. Muscle grand pectoral ; 2. deuxième nerf perforant intercostal ; 3. muscle sous-
scapulaire ; 4. muscle grand dorsal ; 5. muscle grand dentelé ; 6. nerf du grand dentelé ; L’aisselle est ainsi ouverte, exposée par l’aide qui récline le grand et
7. troisième perforant intercostal ; 8. vaisseaux mammaires externes ; 9. anse des pec- le petit pectoral par un écarteur de Hartmann ou d’Ollier.
toraux. L’exposition est essentielle, car la plupart des éléments sont
dissimulés en arrière du petit pectoral. On peut parfois mobiliser le
17 Curage axillaire : bras pour mieux exposer les structures rétropectorales. On va
ouverture de l’aponévrose ensuite rechercher les différents repères anatomiques qui
clavi-pectoro-axillaire selon délimiteront le curage, et les éléments vasculonerveux devant être
un « U inversé ». respectés.
1. Veine axillaire ; 2. muscle
grand dorsal ; 3. muscle
Le curage est séparé de la paroi thoracique en le décollant du muscle
grand pectoral ; 4. muscle grand dentelé (fig 18). En profondeur apparaît alors le nerf du grand
petit dorsal. dentelé, qui est plaqué sur le muscle sous-scapulaire : il constitue la
limite postérieure du curage. Il faut le séparer du curage et le
plaquer au doigt le long de la paroi sur toute la hauteur du curage,
en particulier vers le sommet de l’aisselle. Il faut prendre garde à ne
pas léser le nerf perforant du deuxième espace intercostal qui
émerge de la paroi thoracique et s’anastomose avec le nerf accessoire
du brachial cutané interne situé plus haut. Les vaisseaux associés à
ces nerfs perforants sont liés ou coagulés.
Le bord interne du curage étant ainsi délimité, on se reporte en
dehors et on prend contact avec le bord antérieur du muscle grand
dorsal qui constitue la limite externe du curage : le muscle est libéré
sur toute sa hauteur, en évitant de sectionner le nerf perforant du
deuxième espace intercostal à la base de l’aisselle.
On recherche ensuite le bord inférieur de la veine axillaire (fig 18).
Pour les tumeurs très latérales du quadrant supéroexterne ou du Plusieurs branches s’y jettent, en particulier la veine mammaire
prolongement axillaire, l’incision radiaire de tumorectomie peut être externe. Celle-ci est liée en cas de mastectomie, mais peut être
prolongée jusqu’à l’aisselle. conservée en cas de tumorectomie. Elle n’est liée qu’après repérage
du pédicule vasculonerveux du grand dorsal, situé un peu plus en
Technique arrière, et qu’il faut disséquer sur ses premiers centimètres (le
Après l’incision, on effectue un décollement sous-cutané dans toutes « pédicule vasculonerveux du grand dorsal », ou pédicule scapulaire
les directions. L’épaisseur du tissu sous-cutané est variable selon la inférieur, est constitué du nerf du grand dorsal accompagné des
corpulence de la patiente : la graisse sous-cutanée doit être respectée, vaisseaux scapulaires inférieurs) (fig 19).
afin d’éviter les adhérences postopératoires. On dissèque ainsi la veine axillaire sur toute sa largeur. Le bord
Tous les ganglions axillaires sont situés en arrière de l’aponévrose inférieur de la veine est libéré, en prenant garde de ne pas le peler,
clavi-pectoro-axillaire : le premier temps du curage consiste à ouvrir afin de conserver les lymphatiques périveineux.
le feuillet antérieur de cette aponévrose. On l’incise au bistouri Après avoir repéré en dedans le nerf du grand dentelé, et en dehors
électrique le long des muscles du grand et du petit pectoral, de bas le pédicule scapulaire inférieur, on délimite une lame ganglionnaire
en haut, en remontant en « U inversé » au sommet de l’aisselle. Ceci « internerveuse » qu’il faut lier et sectionner sous la veine axillaire
permet de découvrir le bord inférieur de la veine axillaire. Cette (fig 20). Pour ce faire, un dissecteur (ou une pince de Kelly) est
ouverture est facilitée si le curage axillaire est maintenu en traction placée au sommet de l’aisselle perpendiculairement à la veine
constante, saisi par une pince en cœur. On prolonge ensuite axillaire et jusqu’au muscle sous-scapulaire. Il faut vérifier, avant de
l’incision de l’aponévrose clavi-pectoro-axillaire en dehors en sectionner cette lame ganglionnaire, que le nerf du grand dentelé et
descendant le long du bord antérieur du muscle grand dorsal le nerf du grand dorsal sont exclus de la prise. Cette section peut
(fig 17). s’effectuer en plusieurs prises. Dans le plan antérieur à celui de la

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41-970 Chirurgie locorégionale des cancers du sein Techniques chirurgicales

19 Curage axillaire : 21 Curage axillaire : dis-


abord du pédicule scapu- section du deuxième perfo-
laire inférieur et du nerf du rant intercostal.
grand dorsal.

22 Curage axillaire : dis-


20 Curage axillaire : sec- section du pédicule scapu-
tion de la lame interner- laire inférieur. À noter que
veuse. la veine mammaire externe
est liée séparément de la
lame internerveuse.

veine axillaire existe une zone graisseuse (lipome préveineux) qui curage reste alors retenu par ses attaches inférieures. La libération
constitue le sommet du curage et qui peut être liée séparément. Il de la partie inférieure du curage se fait par ligature-section à la
faut prendre soin de ne pas léser l’anse des pectoraux qui court le partie basse de l’aisselle, au contact du prolongement axillaire du
long de la paroi thoracique. sein. Les ligatures permettent d’assurer la lymphostase et
La lame graisseuse axillaire est ainsi détachée en haut en en dedans. l’hémostase.
Tractée par une pince en cœur, il faut la détacher en dehors et en
Cette séparation du curage du prolongement axillaire du sein peut
bas. On décroise le curage du deuxième perforant intercostal en
également précéder la dissection du sommet de l’aisselle, et être
suivant ce nerf au dissecteur, et en sectionnant le paquet
réalisée dès les temps initiaux, après avoir repéré le nerf du grand
ganglionnaire transversalement pour pouvoir le faire passer en
dentelé et le bord antérieur du muscle grand dorsal : le curage est
arrière du perforant (fig 21).
ainsi facilité, car la lame ganglionnaire se mobilise alors facilement.
La lame graisseuse axillaire est ensuite réclinée en dehors. Il faut
alors disséquer la partie terminale du pédicule scapulaire inférieur. En fin d’intervention doivent être visibles : le bord inférieur de la
Ce pédicule doit être suivi au dissecteur jusqu’à sa division en trois veine axillaire, le nerf du grand dorsal qui chemine avec le pédicule
branches (une branche pour le grand dentelé, une pour le grand scapulaire inférieur, le nerf du grand dentelé, et les rameaux nerveux
dorsal, une thoracique). Le point d’entrée de l’artère dans le muscle perforants intercostaux s’ils ont pu être respectés.
grand dorsal constitue la limite inférieure du curage. Plusieurs L’hémostase doit être parfaite, et vérifiée en particulier au niveau
petites branches vasculaires émergent de ce pédicule vers le curage, du prolongement axillaire du sein, du sommet de l’aisselle, et des
et doivent être liées ou clipées (fig 22). branches du pédicule scapulaire inférieur.
Les attaches externes du curage se situent au sommet de l’aisselle La lymphostase doit aussi être soigneuse pour réduire le risque de
en dehors du pédicule scapulaire inférieur. Ces insertions seront lymphocèle, en particulier à la base de l’aisselle en cas de traitement
sectionnées après une succession de préhensions et de ligatures. Le conservateur.

12
Techniques chirurgicales Chirurgie locorégionale des cancers du sein 41-970

Tableau I. – Corrélation entre la taille tumorale et le risque d’envahissement ganglionnaire axillaire pour les petites tumeurs, d’après
Maibenco [37].
< 3 mm 4 mm 5 mm 6 mm 7 mm 8 mm 9 mm 10 mm
% d’atteinte ganglionnaire 7,4 8,2 9,9 9,8 10,6 12,8 13,3 17,4
n 337 477 1 171 1 054 1 321 1 941 1 299 4 416

Le curage se termine par la recherche de ganglions suspects


Tableau II. – Corrélation entre la taille tumorale et le risque d’enva-
résiduels, en particulier au-dessus de la veine axillaire (niveau III de hissement ganglionnaire axillaire, d’après Carter [9].
Berg) et au niveau de la loge interpectorale de Rotter. Tout ganglion
suspect doit être prélevé. Taille
% d’atteinte pNo pN1-3 pN > 3
Effectif ganglionnaire
clinique (cm) % % %
axillaire
Drainage et fermeture
< 0,5 339 21 79 16 5
Le drainage aspiratif est quasi systématique, et sera extériorisé par 0,5 - 0,9 996 21 79 14 7
le bas de l’aisselle. 1 - 1,9 6 984 33 67 22 11
Certains réalisent un capitonnage musculaire pour cloisonner 2 - 2,9 7 282 45 55 26 19
3 - 3,9 4 329 52 48 27 25
l’aisselle [10, 23] . Il aurait l’avantage de réduire le risque de
4 - 4,9 2 212 60 40 26 34
lymphocèle. Il consiste à adosser trois muscles : le grand pectoral, le ≥5 2 698 70 30 23 47
grand dentelé et le grand dorsal préalablement décollé de la peau. Total 24 740
Cet adossement est réalisé par plusieurs points au fil résorbable qui
permettent de combler l’espace mort.
La fermeture sera effectuée par quelques points de rapprochement plus rarement retrouvé (tableaux I, II). Compte tenu de la morbidité
sous-cutanés et par un surjet intradermique de fil résorbable. du curage axillaire, il est apparu nécessaire de trouver une
alternative qui apporterait les mêmes informations sur un éventuel
Complications envahissement métastatique ganglionnaire, tout en ayant des
conséquences moindres. C’est ainsi que s’est développé le concept
Elles peuvent être peropératoires, précoces ou tardives [27]. du GS, qui a fait l’objet de nombreuses publications depuis la
publication princeps de 1993 [25, 26, 32, 33, 35, 40].
• Peropératoires
La section du deuxième et troisième perforant intercostal ne Ganglion sentinelle axillaire
constitue pas en soi une réelle complication, mais leur conservation Le GS est le premier relais ganglionnaire d’une tumeur. S’il est le
peut parfois être difficile. Une plaie de la veine axillaire est possible, plus souvent axillaire, il peut aussi se situer au niveau de la chaîne
soit par arrachage d’une de ses branches, soit par traumatisme mammaire interne, voire en sus-claviculaire.
direct. Elle doit alors être suturée au Prolènet 5/0, après avoir
La mise en évidence du GS fait appel à l’injection péritumorale d’un
éventuellement été clampée à l’aide d’un clamp vasculaire courbe.
produit lymphotrope (colorant ou radiocolloïde) qui va migrer des
La section du nerf du grand dentelé ou du nerf du grand dorsal
lymphatiques du sein vers le GS. Trois méthodes de détection ont
nécessite une suture. Une section du pédicule scapulaire inférieur
été proposées : colorimétrique [25, 26], isotopique [32, 33], ou combinée [29,
ne justifie pas de réparation, mais doit être mentionnée sur le 55]
.
compte-rendu pour interdire ultérieurement une reconstruction par
lambeau de grand dorsal. Le site d’injection du marqueur reste source de controverses et fait
l’objet de plusieurs études. L’injection autour de la tumeur est la
• Précoces plus couramment pratiquée, et semble être la plus logique car elle
respecte la physiologie lymphatique [42]. Certains auteurs proposent
La lymphorrhée et la lymphocèle sont les principales contraintes une injection intratumorale, ou sous-cutanée en regard de la tumeur,
postopératoires. Le drainage par drain de Redont doit être conservé voire périaréolaire [5]. Cette dernière voie d’injection est moins bien
quelques jours tant qu’il est productif, et retiré dès qu’il produit documentée.
moins de 30 mL sur 24 heures. Nous le retirons dans tous les cas au
Une courbe d’apprentissage de 30 à 60 cas par opérateur est
septième jour postopératoire. Par la suite, le relais sera pris par
indispensable [55] : lors de cet apprentissage, la recherche du GS est
d’éventuelles ponctions de lymphocèle. Des troubles sensitifs variés
suivie d’un curage axillaire conventionnel pour pouvoir comparer
du thorax et de la face interne de bras (hypoesthésie, hyperesthésie,
les deux techniques, et évaluer la fiabilité de chaque opérateur en
paresthésie) sont fréquents, et seraient liés à la section des perforants
calculant le taux de détection et le taux de faux négatifs.
intercostaux. On retrouve aussi des hématomes, des retards à la
cicatrisation, des lymphangites.
• Méthode colorimétrique
• Tardives Le colorant lymphotrope (1 à 2 mL de Bleu Patentét pur) est injecté
autour de la tumeur en début d’intervention. Il peut être injecté sous
Elles constituent l’essentiel de la morbidité du curage axillaire, échographie pour les lésions non palpables. Après massage du sein
dominées par le lymphœdème dont la fréquence est estimée de 2 à et un délai de 5 à 15 minutes, on aborde la dissection de l’aisselle.
20 % [47]. Il est dû à la section des canaux lymphatiques du bras et
est aggravé par la radiothérapie axillaire. Sa prise en charge est La recherche du GS est visuelle. On réalise une courte incision
difficile. On retrouve aussi tardivement des raideurs de l’épaule, des transversale axillaire, suivie d’un décollement sous-cutané dans
troubles neurologiques (hypoesthésie de la face inférieure du bras, toutes les directions. L’aponévrose clavi-pectoro-axillaire est incisée
hyperesthésie, dysesthésie) et des troubles esthétiques (perte du le long du muscle grand pectoral sur une courte distance, en prenant
galbe de l’aisselle). garde de ne pas sectionner de lymphatique coloré. Puis on recherche
minutieusement à la partie basse de l’aisselle un vaisseau
¶ Ganglion sentinelle axillaire et extra-axillaire lymphatique bleuté. Dès qu’il est repéré, il est suivi jusqu’au premier
ganglion bleu (fig 23). Celui-ci est prélevé électivement, après avoir
Le dépistage des cancers du sein a permis de découvrir des tumeurs clipé les lymphatiques afférents et efférents. Un ou plusieurs
de plus en plus petites. L’envahissement ganglionnaire étant ganglions (deux en moyenne) peuvent être bleus. Leur repérage est
directement corrélé à la taille tumorale [9, 37], celui-ci est de plus en parfois facilité par un massage peropératoire du sein.

13
41-970 Chirurgie locorégionale des cancers du sein Techniques chirurgicales

23 Recherche du gan- 24 Recherche du gan-


glion sentinelle par méthode glion sentinelle par méthode
colorimétrique. Dissection isotopique. Exemple de
du canal lymphatique scintigraphie montrant un
bleuté qui est suivi jusqu’au drainage axillaire.
ganglion sentinelle coloré.
1. Ganglion sentinelle
bleuté ; 2. canal lymphati-
que afférent.

• Méthode combinée
Elle fait appel à l’injection d’un colloïde marqué et d’un colorant.
Cette méthode permet de diriger l’incision grâce à la recherche
percutanée du site de radioactivité. La recherche du GS est ensuite
L’intervention se termine par une exploration digitale de l’aisselle à guidée par le colorant. Une fois le ganglion identifié, on vérifie sa
la recherche d’un ganglion macroscopiquement suspect qui sera radioactivité ex vivo. Tous les ganglions colorés et chauds sont
prélevé. La fermeture cutanée se fait sans drainage. prélevés, mais aussi ceux uniquement chauds ou uniquement
colorés.
La non-détection du GS coloré peut relever d’une faute technique,
de conditions défavorables (obésité, tumeur interne, seins Cette méthode permet une augmentation du taux de détection, et
volumineux, patiente âgée), d’un drainage extra-axillaire de la une diminution du taux de faux négatifs [39]. Mais elle présente les
tumeur, ou d’un envahissement massif du ganglion qui réalise alors inconvénients des deux méthodes.
un obstacle à la diffusion du colorant [40, 42].
Biopsie ganglionnaire mammaire interne
Le principal avantage de cette méthode est sa simplicité et son faible
coût. Mais elle requiert de l’expérience de la part de l’opérateur, et Le curage mammaire interne n’était plus réalisé. Du fait de certains
ne permet pas de retrouver des GS extra-axillaires. Une coloration marquages isotopiques vers la chaîne mammaire interne lors de la
cutanée résiduelle est souvent observée, et de rares accidents recherche du GS, cet abord a repris un intérêt récent. La valeur de
allergiques ont été mentionnés. l’exérèse du GS à ce niveau est encore discutée, mais il est
intéressant d’en connaître la technique opératoire [59].
• Méthode isotopique L’espace intercostal où se situe le GS « chaud » est repéré en
Le colloïde marqué (sulfure de rhénium marqué au technétium 99) préopératoire. L’abord de l’espace intercostal se fait en parasternal,
est injecté de la même façon quelques heures avant l’intervention. au niveau des cartilages costaux. Le muscle grand pectoral est incisé
Une scintigraphie, avec clichés de face et de profil, permet de réaliser transversalement entre deux côtes, en regard du point chaud. Le
une cartographie des GS, d’en connaître le nombre et la localisation muscle intercostal est ouvert transversalement en prenant soin de
(axillaire, mammaire interne, ou mixte) (fig 24). ne pas léser le pédicule intercostal, situé au bord interne de l’espace
En préopératoire, on localise au travers de la peau à l’aide d’une intercostal. Une rugine est glissée sous la côte, afin de décoller le
sonde gamma, les zones de radioactivité correspondant aux GS (GS muscle intercostal. Le pédicule mammaire interne est ensuite repéré,
« chauds »). La sonde ne doit pas être orientée vers le site d’injection en prenant garde de ne pas le léser. Le GS « chaud » est disséqué et
du radio-isotope afin d’éviter tout parasitage. L’incision se fait prélevé. La fermeture se fait par quelques points séparés de fil
directement en regard de la zone de radioactivité. Le (ou les) résorbable au niveau du muscle pectoral.
ganglion « chaud » est disséqué et prélevé après mise en place de Si on souhaite réaliser un curage mammaire interne, les espaces
clips sur les lymphatiques afférents et efférents. Un contrôle de la intercostaux doivent être numérotés en préopératoire. On réalise un
radioactivité du ganglion sera effectué « ex vivo ». La sonde gamma abord et un prélèvement de la même manière sur les deuxième,
permet ensuite de contrôler l’absence de radioactivité résiduelle en troisième et quatrième espaces intercostaux. Le pédicule mammaire
fin d’intervention, et de mesurer le bruit de fond. interne peut être lié en haut au niveau du deuxième espace
L’avantage de cette méthode est de permettre une détection des intercostal, et en bas au niveau du quatrième.
ganglions extra-axillaires, de localiser le GS en percutané avant La plèvre peut parfois être lésée. On peut alors la suturer après avoir
l’intervention, d’inciser directement en regard du GS, et de vérifier rétabli le vide de la cavité pleurale par hyperpression. Le drainage
l’absence de radioactivité résiduelle en fin d’intervention. En n’est pas nécessaire. Une blessure du pédicule mammaire interne
revanche, la méthode est coûteuse et plus difficile à mettre en place, est aussi possible, et son hémostase peut être délicate, ce qui justifie
car nécessite le recours d’un service de médecine nucléaire. pour certains une ligature préventive.

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Techniques chirurgicales Chirurgie locorégionale des cancers du sein 41-970

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15
¶ 41-975

Oncoplastie avec conservation


mammaire dans le traitement
du cancer du sein
A. Fitoussi, S. Alran, B. Couturaud, H. Charitansky, G. Pollet, V. Fourchotte,
R.-J. Salmon

La chirurgie oncoplastique occupe une place à part entière dans le choix des traitements chirurgicaux des
cancers du sein, que ce soit des tumeurs palpables ou des lésions infracliniques radiologiques. Elle permet
de diminuer le nombre de mammectomie, et d’obtenir un meilleur contrôle local du cancer du sein, en
obtenant grâce à des exérèses au large des marges de sécurité suffisantes. Historiquement, la chirurgie
oncoplastique était réservée aux tumeurs des quadrants inférieurs (plastie mammaire en T inversé).
Actuellement toutes les localisations tumorales peuvent être concernées et en particuliers les lésions des
quadrants externes accessibles aux plasties mammaires par technique externe. Il s’agit d’une
intervention simple et reproductible avec des décollements cutanéoglandulaires a minima dont la
cicatrisation est facile. La chirurgie oncoplastique a pour but d’éviter ou de traiter les déformations parfois
majeures que peut donner le traitement conservateur. Ces déformations sont définies comme des
séquelles esthétiques du traitement conservateur (SETC) et peuvent aussi bénéficier de ces techniques
oncoplastiques pour améliorer leurs résultats. L’enseignement de ces nouvelles techniques d’oncoplastie
mammaire doit être rigoureusement encadré par une formation en cancérologie et en chirurgie
sénologique.
© 2008 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Mots clés : Cancer du sein ; Quadrantectomie ; Oncoplastie ; Tumeurs centrales ; Plasties mammaires ;
Séquelles esthétiques du traitement conservateur du sein

Plan ¶ Complications de la chirurgie oncoplastique 20


¶ Chirurgie oncoplastique des séquelles esthétiques
¶ Historique 1 du traitement conservateur 20
¶ Principes généraux d’oncoplastie 2 Séquelle esthétique de traitement conservateur de grade 1 20
Indications des gestes d’oncoplastie 2 Séquelle esthétique de traitement conservateur de grade 2 21
Contre-indications 2 Séquelle esthétique de traitement conservateur de grade 3 21
Consultation préopératoire 2 Séquelle esthétique de traitement conservateur de grade 4 22
Au bloc opératoire 3 Séquelle esthétique de traitement conservateur de grade 5 22
Suites postopératoires 4 Au total 22
Analyse histologique de la pièce opératoire 4 ¶ Conclusion 23
Consultation postopératoire 4
Radiothérapie postopératoire 4
¶ Différentes techniques « oncoplastiques » en fonction
de la localisation tumorale 4 ■ Historique
Tumeurs des quadrants inférieurs 4
Tumeurs des quadrants externes 8 Le traitement chirurgical conservateur dans le cancer du sein
Tumeurs des quadrants supérieurs 8 a été initié dans les années 1960 associé à la radiothérapie [1, 2].
Tumeurs des quadrants internes 11 Dans les années 1980, la taille moyenne des tumeurs lors du
Tumeurs du sillon sous-mammaire 11 diagnostic a diminué de façon continue, ce qui s’est traduit par
Tumeurs centrales : « pamectomie » 14 une augmentation de stades précoces (stades 0 et I) et une
diminution du nombre des stades plus avancés (II et III). Cette
¶ Reconstruction de la plaque aréolomamelonaire 16 diminution de taille s’est traduite par une augmentation du
Mamelon 16 nombre de traitements conservateurs dont l’efficacité thérapeu-
Aréole 18 tique a été démontrée par la publication d’études randomisées.
¶ Lambeaux fasciocutanés locaux 18 Ces études montraient des résultats similaires dans le taux de
Lambeau d’Holmström 18 survie chez les patientes ayant un cancer du sein opérable
Lambeau latéral thoracodorsal 19 d’emblée (c’est-à-dire les tumeurs unifocales ≤ 2-3 cm) et traitées
par mastectomie radicale ou traitement conservateur [3-7].

Techniques chirurgicales - Gynécologie 1


41-975 ¶ Oncoplastie avec conservation mammaire dans le traitement du cancer du sein

Dans les années 1990, les premiers résultats de trois essais anormale (généralement foyer de microcalcifications) nécessi-
nord-américain [8], européen [9] et danois [10] incluant de 120 à tant des incisions cutanées avec un repositionnement aréolaire
450 patientes par bras ont été publiés et ont permis d’élargir les et un remodelage glandulaire par lambeaux de rotation.
indications du traitement conservateur à des tumeurs infiltran- L’objectif principal est de prévenir les déformations mammaires.
tes de plus de 2 cm. Les techniques d’oncoplastie sont d’autant plus simples de
Les données à long terme issues de trois essais majeurs, réalisation que le volume mammaire est suffisant. Bien sur, une
NSABP-B06 (suivi à 12 ans), NCI (suivi à 10 ans) et EORTC108 fois remodelé, le sein est plus petit, plus ascensionné et sa base
(suivi à 10 ans), démontraient que le traitement conservateur est plus étroite, mais sa forme reste normale. Un geste de
est une option aussi efficace que la mastectomie radicale chez symétrisation sur le sein controlatéral est généralement néces-
les patientes ayant des tumeurs infiltrantes mesurant jusqu’à saire, si possible dans le même temps opératoire, parfois différé
5 cm [11-13] . Van Dongen précisait cependant un taux de à la fin du traitement et notamment à distance de l’irradiation.
récidive locorégionale à 10 ans plus élevé dans le groupe de Dans tous les cas, un traitement conservateur (tumorectomie
patientes ayant eu un traitement conservateur (20 % versus associée ou non à un geste oncoplastique) nécessite :
12 % ; p = 0,01). • une exérèse au large (> 1 cm macroscopique) en cas de
Par ailleurs, les traitements conservateurs ont également été tumeur palpable allant de la sous-peau jusqu’au plan pectoral,
réalisés en cas de carcinomes canalaires in situ (CCIS) [14-16] et et dans certains cas une exérèse cutanéoglandulaire monobloc
aux tumeurs rétroaréolaires [17, 18]. jusqu’au plan pectoral ;
Dans tous les cas, la radiothérapie postopératoire s’impose • une exérèse histologique complète (pas de cellules tumorales
dans les traitements conservateurs du sein (diminution signifi- au contact des berges, dans les limites de la localisation de la
cative du risque de récidive locorégionale de 39 à 14 %) [19]. tumeur au sein de la glande) ;
Le problème principal reste le compromis entre une exérèse • une radiothérapie postopératoire ;
large avec des marges saines et un résultat esthétique satisfai- • un résultat esthétique satisfaisant pour la patiente.
sant. En effet, les résultats esthétiques avec les techniques Les indications du traitement chirurgical de l’aisselle sont
chirurgicales classiques (tumorectomies simples) sont médiocres identiques à celles du traitement conservateur simple :
en cas de nécessité d’exérèse glandulaire importante ou située • pour les tumeurs infiltrantes ≤ 2 cm : exérèse du (des)
dans certaines localisations du sein (quadrants inférieurs et ganglion(s) sentinelle(s) ;
internes) [20, 21]. • pour les tumeurs infiltrantes > 2 cm : curage axillaire ;
Ainsi, de nouvelles techniques chirurgicales se sont dévelop- • pour les tumeurs infiltrantes après chimiothérapie néoadju-
pées à la fin des années 1990 associant deux spécialités : la vante : curage axillaire ;
chirurgie oncologique et la chirurgie plastique : la chirurgie • pour les carcinomes canalaires in situ purs : pas de geste
oncoplastique (W. Audretsch). Ces techniques se sont rapide- chirurgical axillaire [27], sauf en cas de CCIS nécessitant une
ment étendues en Europe [22-25]. Les poids moyens des résec- mammectomie.
tions glandulaires monobloc en cas d’oncoplastie réalisent des
exérèses plus importantes : 40 g pour les tumorectomies et Indications des gestes d’oncoplastie
220 g pour les résections glandulaires utilisant les techniques
d’oncoplastie [26]. Les indications sont réservées aux tumeurs palpables et foyers
Des tentatives de chirurgie oncoplastique après radiothérapie de microcalcifications dont le rapport taille tumorale ou
ont en revanche été abandonnées du fait des complications extension radiologique par rapport au volume ou à la forme du
postopératoires : défaut de cicatrisation, résultats esthétiques sein laisse présager d’une séquelle esthétique de traitement
médiocres. La radiothérapie est donc réservée aux traitements conservateur (SETC), quelle qu’en soit la localisation. Les
postopératoires. séquelles possibles sont de type asymétrie de volume, asymétrie
Les techniques d’oncoplastie ont également été développées de position de l’aréole, déformation du sein par perte de
pour certaines localisations bifocales de proximité et après substance glandulaire ou rétraction cutanée, cicatrice rétractile,
chimiothérapie néoadjuvante. inesthétique, bride cicatricielle.
Les gestes d’oncoplastie sont également indiqués dans les
Les techniques initiales étaient des plasties mammaires en T
localisations centrales aréolaires (lésions situées à moins de 2 cm
inversé à pédicule supérieur, issues des techniques de chirurgie
de l’aréole) et dans certains cas de reprise chirurgicale pour
plastique classique, puis les techniques en J ou en L se sont
exérèse histologique incomplète ou étroite (après un premier
développées.
traitement conservateur et avant radiothérapie).
D’autres techniques ont ensuite été développées, adaptées aux
Le type histologique (carcinomes canalaires infiltrants,
localisations tumorales : techniques à pédicule inférieur pour les
lobulaires et autres ou carcinomes canalaires in situ) n’intervient
tumeurs à l’union des quadrants supérieurs, techniques externes
pas dans les indications d’oncoplastie, mais dans les indications
pour les tumeurs des quadrants externes et techniques en
de symétrisation dans le même temps opératoire. En effet, le
« oméga » ou en « V » pour les tumeurs des quadrants supérieurs
risque de retrouver une multifocalité dans certains carcinomes
et supéro-internes.
lobulaires infiltrants fait recommander l’attente des résultats
Enfin, des techniques spécifiques pour les tumeurs du sillon
histologiques définitifs (berges) avant d’envisager une symétri-
sous-mammaire limitent la rançon cicatricielle et, si possible, la
sation. Il en est de même pour les carcinomes canalaires in situ
symétrisation du sein controlatéral.
révélés par des microcalcifications.

Contre-indications
■ Principes généraux d’oncoplastie
• Deux tumeurs localisées dans des quadrants séparés du sein.
L’exérèse glandulaire sans geste oncoplastique, encore appelée • Microcalcifications occupant plus d’un quart du volume du
tumorectomie (ou segmentectomie ou mastectomie partielle), sein.
consiste en une incision cutanée directe ou indirecte avec • Impossibilité de radiothérapie dans un délai de 2 mois :
exérèse glandulaire au large de la tumeur palpable ou de l’image 1er ou 2e trimestre de la grossesse, antécédent d’irradiation
radiologique anormale allant du plan sous-cutané jusqu’au plan mammaire.
pectoral. Cette exérèse est suivie d’un remodelage glandulaire, • Certaines contre-indications relatives : maladie de système
effectué après décollement de la glande mammaire du grand (intolérance à la radiothérapie), choix de la patiente.
pectoral et du plan superficiel cutané, avec réalisation de deux
lambeaux glandulaires permettant un rapprochement des
berges ; il n’y a pas de repositionnement aréolaire.
Consultation préopératoire
La chirurgie oncoplastique du sein est une exérèse glandulaire Examen clinique : la patiente est examinée en position
(± cutanée) au large de la tumeur ou de la zone radiologique debout, ce qui permet une meilleure appréciation du volume,

2 Techniques chirurgicales - Gynécologie


Oncoplastie avec conservation mammaire dans le traitement du cancer du sein ¶ 41-975

“ Point important
Segments et quadrants du sein
5cm Le sein est divisé en quatre quadrants (supéroexterne,
Segment
Segm
Seg
Se ment I
supéro-interne, inféro-interne et inféroexterne), centré sur
la plaque aréolomamelonaire ; le prolongement axillaire
du sein est la zone frontière entre le quadrant
supéroexterne et le creux axillaire (Fig. 1).
Segment
Seg
gment II
Le sein est constitué arbitrairement des segments
QSE
QS QSI
QS suivants (Fig. 1) :
Hauteur
Hauteur
Ha
Hau
PA
AM
AM
PAM mammaire
mammaire
ma e PAM
PAM
M • segment I : il correspond à la partie thoracique
antérieure allant de la clavicule jusqu’au sillon sus-
QIE
IE
E QII
QI Segment
Seg
Se
eggment III mammaire ;
• segment II (sillon sus-mammaire-bord supérieur de
Segment
e ment IV
Seg
Se l’aréole) ;
• plaque aréolomamelonaire (PAM) ;
• segment III (bord inférieur de la PAM-sillon sous-
mammaire) ;
• segment IV : du sillon sous-mammaire au rebord costal.
Principales dimensions du sein :
• les segments I et II additionnés mesurent environ 15,5 à
Figure 1. Les différents quadrants et segments du sein. 17 cm ;
• la PAM mesure 4 à 5 cm ;
• le segment III mesure 4 à 6 cm ;
• la distance séparant la ligne médiane du bord interne de
la PAM est d’environ 9 à 11 cm.
La hauteur mammaire est définie par la longueur des
segments II, III et de la PAM (Fig. 1, 2).
Les rapports anatomiques du sein qualifiés de standards
Segment II sont les suivants :
• hauteur/projection > 2 ;
• hauteur/largeur : 0,7 à 1,3.
Le sein est situé entre la 3e et la 7e côte.
Projection PAM

Un document écrit est remis à la patiente en fin de


consultation.
Segment III
Au bloc opératoire
Table de plastie.
Figure 2. De profil, les différents segments du sein. Les deux seins sont mis dans le même champ opératoire.
Les tracés sont préétablis sur une patiente en position assise
et debout.
La pièce opératoire est systématiquement orientée et pesée,
de la ptôse mammaire et la mesure des différents segments du
puis adressée en anatomopathologie pour examen extemporané
sein (Fig. 1, 2). La taille tumorale et sa localisation dans le sein
macroscopique des berges en cas de lésion(s) palpable(s). Une
sont précisées. L’examen se termine par la palpation des
recoupe est réalisée en cas de berges macroscopiques < 3 mm.
différentes aires ganglionnaires.
Une palpation manuelle bidigitale de la glande restante est
Un schéma est intégré au dossier clinique.
réalisée à la recherche d’une autre lésion palpable éventuelle.
Les mammographies sont réinterprétées par le chirurgien, La pièce opératoire est systématiquement radiographiée en
notamment en cas de microcalcifications (extension en cm, cas de microcalcifications pour s’assurer de leur exérèse
répartition dans un segment accessible à un traitement complète.
conservateur). Le lit de tumorectomie est largement clippé pour guider la
Les informations et explications sont clairement données à la radiothérapie ultérieure.
patiente : Des agrafes provisoires sont nécessaires pour bien reposition-
• sur le type de cicatrice : autour de l’aréole, verticale, oblique, ner l’aréole et affronter les berges cutanées.
axillaire, unique ou multiple ; Les sutures cutanées sont réalisées selon les habitudes
• sur la mise en place de drain au niveau du sein et de l’ais- chirurgicales de chacun.
selle ; Les drains de Redon sont laissés en place dans les zones de
• sur le geste controlatéral synchrone ou différé (à l’apprécia- large décollement (en prépectoral et/ou sous-cutané).
tion du chirurgien) ; En cas de mise en place de pansements occlusifs, il est
• nécessité dans certains cas de traitement chirurgical différé indispensable de laisser l’aréole en évidence (surveillance de
avec possibilités de mastectomie si l’examen histologique nécrose potentielle).
définitif retrouve des lésions au contact des berges Le compte-rendu opératoire doit décrire les techniques
chirurgicales. d’incision cutanée, le nombre de clips laissés en place, le type
Le chirurgien peut également donner la possibilité à la de résection glandulaire (± cutanée) et leur localisation, notam-
patiente de choisir entre un traitement conservateur ou un ment si les berges sont en bordure de glande) et le type de
traitement radical (mammectomie). remodelage.

Techniques chirurgicales - Gynécologie 3


41-975 ¶ Oncoplastie avec conservation mammaire dans le traitement du cancer du sein

Suites postopératoires
Les infirmières doivent être formée à la surveillance des suites
opératoires sénologiques et prévenir le chirurgien en cas de
douleur inhabituelle, d’augmentation brutale de volume du
(des) sein(s) opéré(s) (possibilité d’hématome).
Un soutien-gorge adapté à large bande élastique et sans
baleine est mis en place dès le lendemain et pour une durée de
1 mois minimum.

Analyse histologique de la pièce opératoire


Les berges sont encrées.
Le pathologiste doit avoir une bonne connaissance de
l’anatomie et de la chirurgie mammaire, notamment en cas de
résection cutanéoglandulaire monobloc ou dans les zones en
limite de glande (plan profond, superficiel, ou en bordure de
glande latérale).
La coopération chirurgien/pathologiste est indispensable : le
chirurgien peut être amené à faire un schéma, notamment
quand il est en limite de glande, pour préciser son geste et les
limites de l’exérèse. Figure 3. Dessin préétabli en « T inversé ».
Les qualités des berges sont clairement mentionnées dans le
compte-rendu.

Consultation postopératoire
Résultat esthétique immédiat : recherche d’ecchymoses,
hématomes, souffrance cutanée, désunion de cicatrice, douleur.
Informer la patiente des résultats histologiques et des traite-
ments complémentaires (radiothérapie ± chimiothérapie
± hormonothérapie).
Le résultat esthétique est définitivement jugé 6 mois après la
fin de l’irradiation.

Radiothérapie postopératoire
Le radiothérapeute doit connaître les techniques d’oncoplas-
tie, car les cicatrices cutanées ne témoignent pas des localisa-
tions tumorales initiales, d’où la nécessité de bien clipper le lit
de tumorectomie, de faire un compte-rendu opératoire précis
pour permettre au radiothérapeute de bien localiser les zones à
irradier, de calculer les champs d’irradiation dans de bonnes
conditions et faire si nécessaire des surimpressions dans des Figure 4. Désépidermisation du « trou de serrure ».
volumes bien définis.

■ Différentes techniques
« oncoplastiques » en fonction
de la localisation tumorale
Tumeurs des quadrants inférieurs
Il s’agit de techniques verticales à pédicule porte-mamelon
supérieur qui sont utilisées pour les tumeurs à l’union des
quadrants inférieurs, voire inféro-interne et inféroexterne, ou
proche du sillon sous-mammaire. Elles sont le plus souvent
situées entre les rayons de 4 h 30 et 7 h 30.

Plasties mammaires en « T inversé »


C’est la première technique utilisée en oncoplastie. Dérivée
des techniques de chirurgie de réduction, elle était particulière-
ment bien adaptée pour les tumeurs à l’union des quadrants Figure 5. Levée du pédicule porte-mamelon.
inférieurs.
Dessins préopératoires (Fig. 3) désépidermisé ne doit pas dépasser le double de sa largeur afin
Pour cette intervention, la plaque aréolomamelonaire (PAM) de ne pas compromettre la perfusion de la PAM.
est déplacée en haut après désépithélialisation d’un lambeau La glande mammaire est alors décollée du plan pectoral après
porte-mamelon à pédicule supérieur (Fig. 4) qui permet de incision dans le sillon sous-mammaire (Fig. 6) ; le sein reste
transposer l’aréole de plusieurs centimètres si nécessaire. Ce alors fixé au thorax par sa partie supérieure, perfusé par les
lambeau doit être suffisamment fin (quelques millimètres) pour branches de l’artère mammaire interne et externe (Fig. 7).
pouvoir se plier facilement et sans compression lors de la Enfin la résection de la glande est effectuée en tenant entre
remontée de la PAM (Fig. 5). La longueur de ce lambeau les doigts tout le volume mammaire ; elle permet de pratiquer

4 Techniques chirurgicales - Gynécologie


Oncoplastie avec conservation mammaire dans le traitement du cancer du sein ¶ 41-975

Figure 6.
A. De face : décollement glandulaire.
B. De profil : décollement glandulaire.

Figure 7. Décollement de la glande mammaire du plan pectoral. Figure 9. Fermeture glandulaire puis cutanée.

Figure 8. Résection de la tumeur à l’union des quadrants inférieurs.

une large quadrantectomie emmenant au large la tumeur à Figure 10. Symétrisation par la même technique.
l’union des quadrants inférieurs avec la peau en regard (Fig. 8).
Les piliers glandulaires latéraux restants sont alors rapprochés
et suturés l’un à l’autre pour reconstituer un nouveau volume
glandulaire de forme normale. Bien sûr, ce sein est de volume
plus petit, situé plus haut et à base plus étroite que le sein Si la tumeur est interne ou externe, un lambeau glandulaire
initial mais sa forme reste harmonieuse. Une fois le volume de rotation peut être confectionné afin de combler le defect
glandulaire reconstruit, la peau est suturée par-dessus (Fig. 9). glandulaire (Fig. 11). Pour cette localisation tumorale, d’autres
Lorsque la symétrisation du sein controlatéral est nécessaire, techniques verticales à pédicule porte-mamelon supérieur
elle est effectuée avec la même technique et la même résection peuvent être utilisées. Elle sont basées sur le même modèle que
glandulaire (la glande réséquée est pesée des deux côtés), si pour le « T inversé » ; seules les cicatrices du sillon sous-
possible dans le même temps opératoire (Fig. 10). mammaire sont alors moins importantes.

Techniques chirurgicales - Gynécologie 5


41-975 ¶ Oncoplastie avec conservation mammaire dans le traitement du cancer du sein

Figure 11. Lambeau glandulaire de rotation. Figure 13. Désépidermisation.

La rançon cicatricielle est donc périaréolaire, verticale et dans


le sillon sous-mammaire, en « T inversé ». La PAM est transpo-
sée en haut et le segment III sous l’aréole doit être supérieur à
5 cm.
En cas de gigantomastie ou si l’hypertrophie et la ptôse du
sein sont trop importantes, on peut avoir un lambeau porte-
mamelon trop long (supérieur à 10-12 cm), technique dite de
Thorek. La vitalité de la PAM peut être compromise en raison
du manque de perfusion au bout du lambeau porte-mamelon
(Fig. 12A).
Dans ce cas, on utilise parfois une technique de plastie
.
mammaire en « T inversé » avec prélèvement de la PAM en
greffe de peau totale (Fig. 12B). Celle-ci est immédiatement
greffée à sa nouvelle place en fin d’intervention (Fig. 12C).
Plasties mammaires verticales pures
Également utilisées pour les tumeurs à l’union des quadrants
inférieurs ou des quadrants inférieurs, sur des seins plus petits
et moins ptôsés.
Figure 14. Ablation au large de la tumeur et décollement de la glande
Cette technique repose sur la même base que le « T inversé »
du plan pectoral.
sans la cicatrice du sillon sous-mammaire (Fig. 13). Elle dérive
des techniques verticales comme celle de Lejour avec les mêmes
dessins préopératoires. Après désépidermisation en « trou de La PAM est transposée en haut et la verticale (segment III)
serrure », la glande mammaire est libérée du muscle pectoral .3
doit être supérieure à 5 cm.
(Fig. 14). La tumeur est réséquée au large entre les doigts. On La symétrisation du sein opposé est en général effectuée avec
confectionne parfois un lambeau glandulaire de rotation qui la même technique (Fig. 16).
permet de combler la zone de déshabitée comme pour le « T
.
inversé » (Fig. 15). Plasties mammaires en « J » ou « L »
La rançon cicatricielle est donc périaréolaire et verticale dans Elles ont les mêmes indications que les verticales pures. Elles
le rayon de 6 heures. sont adaptées aux tumeurs à l’union des quadrants inférieurs et

Figure 12.
A. Prélèvement de l’aréole en peau mince.
B. Résection en « T inversé » de la tumeur emmenant le site de la plaque aréolomamelonaire.
C. Greffe de l’aréole après désépidermisation.

6 Techniques chirurgicales - Gynécologie


Oncoplastie avec conservation mammaire dans le traitement du cancer du sein ¶ 41-975

Figure 15. Lambeau glandulaire de rotation. Figure 18. Ablation au large de la tumeur et décollement de la glande
mammaire du plan pectoral.

Figure 19. Lambeau glandulaire de rotation.

Figure 16. Suture et symétrisation.

Figure 17. Dessin préopératoire en « virgule » et désépidermisation.

surtout celles situées dans le quadrant inféroexterne ; les dessins Figure 20. Suture et symétrisation.
préopératoires sont identiques à ceux des verticales pures avec
un prolongement externe en virgule (Fig. 17).
La verticale sous l’aréole est alors prolongée vers l’extérieur ; .
La glande est décollée du muscle pectoral (Fig. 18) et un
elle permet de limiter la cicatrice du sillon sous-mammaire pour lambeau glandulaire peut être utilisé pour remplir le defect
des seins plus volumineux. .5 glandulaire (Fig. 19).
Ce sont des intermédiaires entre « T inversé » et verticale La symétrisation du sein opposé est en général effectuée avec
pure. la même technique (Fig. 20).

Techniques chirurgicales - Gynécologie 7


41-975 ¶ Oncoplastie avec conservation mammaire dans le traitement du cancer du sein

Figure 21. Dessin préopératoire et désépidermisation périaréolaire. Figure 23. Suture de la glande mammaire.

Figure 24. Suture et symétrisation.


Figure 22. Ablation au large de la tumeur et décollement de la glande
mammaire du pectoral. .

La PAM est transposée en haut et en dedans afin d’éviter


Tumeurs des quadrants externes l’attraction systématique de celle-ci en bas et en dehors, surtout
après radiothérapie (Fig. 24). La symétrisation du sein opposé
Les localisations tumorales des quadrants externes ou supé- .7
est en général effectuée avec la même technique ; parfois une
roexternes et inféroexternes sont les plus fréquentes. technique verticale peut être utilisée afin d’éviter la cicatrice
Il s’agit d’une intervention simple et fiable avec des décolle- radiaire externe, mais elle rend plus difficile la symétrisation.
ments cutanéoglandulaires minimes dont la cicatrisation est très
facile. Tumeurs des quadrants supérieurs
Plasties mammaires par technique externe Ces localisations tumorales sont les plus difficiles à traiter car
Le dessin préopératoire permet de repositionner l’aréole en le segment II du sein (sus-aréolaire) est la zone du sein où la
haut et en dedans car la pince externe attire l’aréole en bas et glande mammaire est la plus pauvre, surtout si la ptôse est
en dehors. importante.
On pratique donc une désépidermisation périaréolaire, sauf Plusieurs techniques opératoires sont adaptées pour ces
en regard de la tumeur (Fig. 21). Le pédicule porte-mamelon est tumeurs supérieures.
souvent court et interne, voire supéro-interne. Les techniques périaréolaires sont plutôt réservées aux
On pratique alors une incision cutanée et glandulaire allant tumeurs proches de l’aréole. La technique du pédicule inférieur
jusqu’au plan pectoral ; cette large quadrantectomie emmène la est particulièrement adaptée pour les tumeurs à l’union des
tumeur et la glande très largement en périphérie avec la peau quadrants supérieurs si elles sont situées à plus de 10 ou 11 cm
en regard (Fig. 22). de la clavicule (car l’aréole sera repositionnée trop haute si la
Cette pièce opératoire est pesée et peut être radiographiée si distance est trop courte).
nécessaire. La glande mammaire est ensuite complètement Dans les autres cas plus difficiles, une technique en « V » ou
libérée du plan profond pectoral. Les piliers glandulaires restants en « oméga » peut être utilisée, en particulier pour les tumeurs
inférieur et supérieur sont alors rapprochés et suturés l’un à supérieures et très internes où la glande mammaire est parfois
l’autre (Fig. 23). La peau est suturée afin de reconstruire un sein quasiment inexistante.
à base plus étroite, plus haut situé.
Le prélèvement axillaire peut être effectué par la même voie
Plasties mammaires par technique périaréolaire
d’abord. ou « round-block »
La rançon cicatricielle est donc périaréolaire et radiaire Elle est utilisée pour les tumeurs à l’union des quadrants
externe (sur le rayon de 2 à 4 h à droite et de 8 à 10 h à supérieurs, voire supéro-interne ou externe, mais assez proche
gauche). de l’aréole.

8 Techniques chirurgicales - Gynécologie


Oncoplastie avec conservation mammaire dans le traitement du cancer du sein ¶ 41-975

Figure 25. Dessin peropératoire et désépidermisation ovalaire.

Figure 27. Suture de la glande mammaire et de la peau avec fronces.

Figure 26. Ablation de la tumeur au large et décollement de la glande


mammaire des quadrants supérieurs.

Le dessin préopératoire reprend la limite externe de l’aréole


quand elle a une dimension normale et un second cercle plus Figure 28. Suture de la peau et symétrisation.
externe est tracé. Le plus souvent, il est ovalaire plus ou moins
haut situé en fonction de la ptôse et de la nouvelle position de
l’aréole souhaitée (Fig. 25). Plasties mammaires en « T inversé » à pédicule
L’intervention débute par une désépidermisation périaréolaire inférieur
plutôt ovalaire, sauf en regard de la tumeur si elle se trouve en Cette technique est particulièrement adaptée pour les
face de cette zone (Fig. 25). Cette zone de désépidermisation va tumeurs à l’union des quadrants supérieurs, surtout sur seins
servir à réadapter l’étui cutané au nouveau volume mammaire ptôsés, car l’aréole qui est repositionnée plus haut doit se situer
après la large tumorectomie. Bien sûr, cette zone peut ne pas au minimum à 10 ou 11 cm en dessous de la clavicule (cette
être extensible et le cercle périaréolaire doit s’adapter au cercle distance dépend bien sûr de la taille de la patiente).
externe (la circonférence du cercle externe est au maximum le Le dessin préétabli reprend le tracé des techniques en « T
double de celle du cercle interne). inversé » ; le trou de serrure de la clé représente alors la zone de
La peau est incisée à proximité du cercle externe, puis tumorectomie (Fig. 29).
décollée au niveau des quadrants supérieurs et la glande est Comme en chirurgie esthétique, cette technique permet de
décollée du plan pectoral (Fig. 26). réhabiter, grâce au pédicule inférieur dermoglandulaire, la zone
de segmentectomie à l’union des quadrants supérieurs.
Une tumorectomie large est effectuée plutôt en forme de
Le schéma préopératoire et la rançon cicatricielle sont
« calisson d’Aix » afin de rapprocher plus facilement les piliers
identiques à ceux des techniques en « T inversé » à pédicule
glandulaires. La rotation des piliers en dedans et en dehors
supérieur, ou verticale si la ptôse est modérée (Fig. 29). La zone
permet de reconstruire le massif glandulaire (Fig. 27). Ces piliers de tumorectomie ou de quadrantectomie correspond à la future
glandulaires sont ensuite suturés l’un à l’autre, ce qui permet de zone d’implantation de la PAM.
. reconstituer un sein plus petit, à base plus étroite et souvent L’incision cutanée suit le tracé arrondi et va en monobloc
plus haut situé. La peau est ensuite suturée en trichant avec des jusqu’au plan pectoral (Fig. 30). La peau est décollée latérale-
fronces pour adapter le cercle externe (le plus grand) au cercle ment le long des incisions verticales et horizontales inférieures
interne périaréolaire (plus petit) (Fig. 28). (Fig. 31). La glande est alors repoussée vers le haut après avoir
.9 La rançon cicatricielle est donc uniquement périaréolaire. La été libérée latéralement (Fig. 31). Elle reste perfusée par les
symétrisation du sein opposé est en général effectuée avec la artères perforantes profondes qui traversent le muscle pectoral
même technique opératoire. et entre dans la glande mammaire.

Techniques chirurgicales - Gynécologie 9


41-975 ¶ Oncoplastie avec conservation mammaire dans le traitement du cancer du sein

Figure 29. Dessin préopératoire et désépidermisation en « T », sauf en


regard de la tumeur.
Figure 32. Suture cutanée et symétrisation en « T inversé » à pédicule
supérieur.

Figure 33. Incision cutanée en « oméga ».

Figure 30. Ablation de la tumeur au large jusqu’au plan pectoral.


pectoral, ce qui simplifie les problèmes éventuels d’exérèse
limite en profondeur. La symétrisation du sein opposé est en
.12
général effectuée avec une technique à pédicule supérieur plus
simple à effectuer mais qui donne les mêmes résultats et les
mêmes cicatrices (Fig. 32).

Plasties mammaires par technique en « V »


ou en « oméga »
Elle sont surtout très utiles pour les tumeurs des quadrants
supérieurs et surtout supéro-interne sur des seins ptôsés. Le
dessin préopératoire est un V plus ou moins plat s’il est situé
très au-dessus de l’aréole. En revanche, s’il est plus proche d’elle,
il épouse la PAM à sa partie supérieure et prend donc une forme
d’oméga (Fig. 33).
L’incision cutanée suit le tracé préétabli et la résection
glandulaire est plutôt centrée sur la zone à réséquer. Il s’agit
d’une résection monobloc cutanée et glandulaire allant jusqu’au
plan pectoral emmenant largement la tumeur (Fig. 34). Les
quadrants inférieurs et la PAM sont ensuite ascensionnés et
suturés à la partie supérieure de la tranche de section (glandu-
Figure 31. Incision glandulaire jusqu’au plan pectoral latéralement et laire d’abord, puis cutanée) (Fig. 35).
.
libération latérale de la peau. Cette technique très simple permet de traiter facilement, sans
.
grand décollement cutanéoglandulaire, des tumeurs à localisa-
Le massif glandulaire reconstruit par cette ascension de la tion difficile (supéro-internes, parfois très haut situées).
.11
PAM permet de refermer la peau par-dessus en reconstruisant un La peau en regard de la tumeur est retirée et la rançon
sein plus petit, à base plus étroite et plus haut situé. .14
cicatricielle est nettement améliorée par la radiothérapie. La
Cette technique permet de retirer la peau en regard de la symétrisation du sein controlatéral est le plus souvent effectuée
tumeur. Cette résection va systématiquement jusqu’au plan par une autre technique opératoire (Fig. 36).

10 Techniques chirurgicales - Gynécologie


Oncoplastie avec conservation mammaire dans le traitement du cancer du sein ¶ 41-975

Figure 35. Suture glandulaire directe. Figure 37. Incision radiaire en regard de la tumeur.

Figure 36. Suture cutanée et symétrisation par une autre technique.


Figure 38. Repositionnement de l’aérole en haut et en dehors.

• pour les tumeurs supéro-internes, la plus adaptée est la


technique en « oméga » pour les tumeurs très internes ; la
technique est utilisée pour les tumeurs les plus proches de
l’aréole ;
• pour les tumeurs inféro-internes, les techniques verticales (« T
inversé » ou verticale pure) associées à un lambeau dermo-
glandulaire désépidermisé de rotation pour combler le defect
dû à la quadrantectomie ;
• dans les autres cas, une incision radiaire interne en regard de
la tumeur (emmenant la peau en regard) (Fig. 37), avec
repositionnement de l’aréole en haut et en dehors, est
indiquée (Fig. 38). C’est l’équivalent des techniques externes
ou verticales pures, mais avec une incision radiaire interne ;
• la glande mammaire est décollée, puis suturée directe-
ment (Fig. 39);
• la symétrisation se fait par une autre technique (Fig. 40).

Tumeurs du sillon sous-mammaire


Pour les tumeurs situées dans le sillon sous-mammaire, on
Figure 34. Ablation de la tumeur avec la glande en monobloc jusqu’au peut bien sûr utiliser les techniques déjà décrites pour les
plan pectoral. tumeurs des quadrants inférieurs, « T inversé » ou « J » et « L »
en fonction de la localisation tumorale.
Mais des techniques spécifiques ont été imaginées afin de
Tumeurs des quadrants internes traiter les tumeurs du sillon sous-mammaire en évitant les
Souvent extrêmement difficiles à traiter, ces localisations vont cicatrices périaréolaire et verticale. Elles peuvent en outre
pouvoir bénéficier de différentes techniques déjà décrites : permettre souvent d’éviter la symétrisation controlatérale.

Techniques chirurgicales - Gynécologie 11


41-975 ¶ Oncoplastie avec conservation mammaire dans le traitement du cancer du sein

Figure 39. La glande mammaire est décollée puis suturée directement. Figure 41. Incision cutanée 1 cm au-dessus et en dessous du sillon
sous-mammaire. Désépidermisation, sauf en regard de la tumeur.

Figure 42. Incision monobloc jusqu’au plan pectoral et décollement de


la glande mammaire.
Figure 40. Symétrisation par une autre technique.

Plasties mammaires par technique du sillon


sous-mammaire
Adaptée pour les tumeurs du sillon sous-mammaire ou
légèrement décalée au-dessus du sillon sous-mammaire, elle
peut permettre d’éviter des cicatrices importantes par abaisse-
ment du sillon sous-mammaire ; elle est particulièrement
adaptée pour les seins ptôsés.
Le dessin préopératoire passe 1 cm ou plus au-dessus et en
dessous de la tumeur (Fig. 41). L’incision cutanée suit ce tracé ;
la résection est large, jusqu’au plan pectoral emmenant la
tumeur (Fig. 42). On décolle ensuite la glande mammaire du
plan pectoral, puis on abaisse l’ensemble jusqu’au sillon sous-
mammaire (Fig. 43).
La cicatrice supérieure est suturée à la berge inférieure, ce qui
diminue de 1 cm ou plus le segment III tout en abaissant de
1 cm le sillon sous-mammaire (Fig. 44).
Cet artifice permet de peu modifier visuellement le pôle
.15
inférieur du sein traité, surtout s’il est ptôsé. La symétrisation
n’est donc pas toujours nécessaire ; au besoin elle est effectuée Figure 43. Abaissement de la glande et de la peau jusqu’au nouveau
avec la même technique. sillon sous-mammaire 1 cm en dessous.

Plasties mammaires par technique du sillon


sous-mammaire avec lambeaux glandulaires est important. Cette intervention est particulièrement adaptée
Cette technique est la même que la précédente, associée à un pour les tumeurs plus volumineuses ou plus hautes, dont
ou deux lambeaux dermoglandulaire(s) de comblement (dérivée l’exérèse entraînerait une perte de substance déformant le massif
de la technique de Holmström) (cf. infra) si le defect glandulaire glandulaire inférieur.

12 Techniques chirurgicales - Gynécologie


Oncoplastie avec conservation mammaire dans le traitement du cancer du sein ¶ 41-975

Figure 44. La symétrisation n’est pas toujours nécessaire ; sinon, elle est
effectuée de la même façon. Figure 46. Ablation au large de la tumeur et désépidermisation du
sillon sous-mammaire.

Figure 45. Incision cutanée identique à la technique du sillon


sous-mammaire.
Figure 47. Libération des deux lambeaux désépidermisés dermoglan-
L’incision est la même (Fig. 45) et la résection glandulaire est dulaires qui viennent combler le defect glandulaire.
large ; ensuite le sillon sous-mammaire est désépidermisé
(Fig. 46). La zone de tumorectomie est comblée par un ou deux
lambeaux dermoglandulaires (désépidermisé) à base centrale qui
remplissent ce defect glandulaire (Fig. 47).
.
L’abaissement du sillon sous-mammaire est ensuite effectué
comme décrit plus haut. La symétrisation est souvent nécessaire
(Fig. 48).
Les différentes possibilités opératoires sont résumées sur la
Figure 49, en fonction de la localisation tumorale. Elles peuvent
parfois être associées entre elles.

“ Points importants
• À chaque localisation correspond une technique
d’oncoplastie qui permet de pratiquer une exérèse large,
d’éviter toute déformation du sein, d’augmenter le
traitement conservateur en améliorant les marges d’exé-
rèse et en diminuant les déformations après radiothérapie.
• Il y a des techniques faciles à réaliser (technique
externe, omega) et d’autres plus complexes nécessitant
une formation chirurgicale plus poussée (T inversé,
pédicule inférieur...). Figure 48. Suture de la peau et symétrisation par la même technique
sans lambeaux glandulaires.

Techniques chirurgicales - Gynécologie 13


41-975 ¶ Oncoplastie avec conservation mammaire dans le traitement du cancer du sein

1 4

2 6

8
3

Figure 49. Technique utilisée en fonction de la localisation. 1. Techni- Figure 51. Tumorectomie monobloc jusqu’au plan pectoral et décolle-
que de round-block, technique en « T » à pédicule inférieur, technique en ment profond de la glande mammaire.
« oméga » ou en « V » ; 2. technique externe ; 3. technique du sillon
sous-mammaire ; 4. pamectomie ; 5. technique en « oméga » ou en
« V » ; 6. technique interne ; 7. technique en « T » avec lambeau glandu-
laire de rotation ; 8. technique en « T », « J », « L » ou verticale.

Figure 50. Incision cutanée et décollement de la peau en périphérie.

Tumeurs centrales : « pamectomie »


Les tumeurs centrales ont longtemps été considérées comme
plus graves, multifocales et plus récidivantes que pour les autres
localisations. En fait il n’en est rien ; le seul problème est de
conserver une forme « normale » au sein après traitement
conservateur suivi de radiothérapie. Elles peuvent donc, comme
les autres tumeurs périphériques, bénéficier d’un traitement
conservateur.
Le seul problème reste l’envahissement de l’aréole, très
fréquent quand la tumeur a été proche de la PAM (moins de
Figure 52.
2 cm de distance). Nous avons donc décidé de pratiquer
A. Suture glandulaire de la profondeur vers la superficie et désépidermi-
systématiquement son exérèse pour ces tumeurs proches de
sation controlatérale.
l’aréole. On exclut bien sûr les tumeurs centrales profondes
B. Bonne projection antérieure par remodelage glandulaire de la profon-
situées à plus de 2 cm de la PAM qui peuvent bénéficier d’un
deur vers la superficie.
traitement standard avec conservation de la PAM. Plusieurs
techniques sont utilisées, en fonction de la taille et de la forme
du sein. profondeur jusqu’au plan pectoral (Fig. 51). Ensuite la glande
mammaire est décollée à sa face profonde et libérée du muscle
pectoral.
« Pamectomie » par technique périaréolaire
La reconstruction du volume glandulaire est effectuée par
Cette technique est particulièrement adaptée pour les adossement des piliers glandulaires afin de reconstituer le cône
tumeurs centrales rétroaréolaires sur des seins de volume petit glandulaire (Fig. 52A). Elle démarre de la profondeur vers la
ou moyen, dont les aréoles ne sont pas trop larges. superficie afin de diminuer la base et d’augmenter la projection
Le dessin préopératoire est périaréolaire (Fig. 50) ; après du sein reconstruit (Fig. 52B). On évite ainsi l’aspect « plat » du
l’incision cutanée, la peau est décollée en périphérie ; la sein reconstruit après tumorectomie centrale sans remodelage
tumorectomie centrale monobloc emmenant la PAM va en glandulaire. Le décollement est drainé, la peau peut parfois être

14 Techniques chirurgicales - Gynécologie


Oncoplastie avec conservation mammaire dans le traitement du cancer du sein ¶ 41-975

Figure 55. Tumorectomie centrale monobloc jusqu’au plan pectoral et


décollement profond de la glande mammaire.

Figure 53. Fermeture en bourse serrée à droite et plastie de symétrisa-


tion gauche par technique périaréolaire.

Figure 56. Suture glandulaire de la profondeur vers la superficie avec


désépidermisation controlatérale.

Figure 54. Incision cutanée et décollement de la peau en périphérie.

décollée en superficie afin de faciliter sa fermeture en « bourse »


.
(Fig. 53). La symétrisation peut être effectuée dans le même
temps opératoire ou secondairement par une technique de
plastie mammaire périaréolaire.

« Pamectomie » par technique horizontale


Cette technique est en tout point similaire à la technique
périaréolaire ; seule la cicatrice cutanée varie. Il s’agit dans ce cas
d’une cicatrice horizontale courte biconcave en forme de
« calisson d’Aix » qui emmène la PAM (Fig. 54).
La tumorectomie centrale va jusqu’au plan pectoral (Fig. 55).
Le remodelage glandulaire est identique de la profondeur vers
la superficie (Fig. 56). La fermeture cutanée est directe, la
cicatrice horizontale et la symétrisation sont parfois pratiquées
dans le même temps opératoire (Fig. 57).
Le remodelage glandulaire après décollement prépectoral
permet de reconstruire un cône glandulaire à base moins large
mais avec une bonne projection antéropostérieure (Fig. 58).
Dans certains cas de ptôse plus ou moins prononcée, une Figure 57. Fermeture directe horizontale à droite et plastie de symétri-
.
incision plus longue peut être pratiquée. La technique se sation gauche par technique périaréolaire.
rapproche alors des techniques de plasties mammaires en « V »
ou en « oméga » sans conservation de la PAM.
de réduction peut être associée à la « pamectomie ». Le plus
« Pamectomie » associée à une plastie mammaire souvent verticale pure ou en « T inversé » (Fig. 59), on peut
Dans certains cas, quand la tumeur est plus grosse ou si elle aussi l’associer aux autres techniques de plasties : en « J », en
déborde de la PAM et si le volume du sein le permet, une plastie « oméga » ou technique externe.

Techniques chirurgicales - Gynécologie 15


41-975 ¶ Oncoplastie avec conservation mammaire dans le traitement du cancer du sein

Figure 58. Point de suture de la profondeur vers la superficie.

Figure 60. Tumorectomie très large emmenant les quadrants inférieurs


et la tumeur jusqu’au plan pectoral.

Figure 59. Incision en « T inversé » emmenant la plaque aréolomame-


lonaire droite et désépidermisation bilatérale.

La tumorectomie est très large et la glande mammaire est


ensuite décollée en haut au niveau des quadrants supérieurs en Figure 61. Rapprochement des piliers glandulaires.
respectant les pédicules mammaires interne et externe (Fig. 60).
Les piliers glandulaires sont ensuite abaissés et suturés entre eux
sur la ligne médiane (Fig. 61).
.21

■ Reconstruction de la plaque
Cette technique, comme dans les plasties pour cancer précé- aréolomamelonaire
. demment décrites, permet de reconstruire un sein plus petit,
plus haut situé, à base plus étroite (Fig. 62). .22
Aréole et mamelon peuvent être reconstruits dans le même
Une symétrisation du sein opposé est le plus souvent néces- temps opératoire ou à distance de la première intervention.
saire, soit immédiatement, soit dans un deuxième temps Plusieurs techniques peuvent être utilisées.
opératoire, après la radiothérapie, pour obtenir un volume
. identique. Toutes les techniques peuvent être utilisées en .23

Mamelon
fonction des besoins. On pratique généralement la même
technique que pour la « pamectomie » controlatérale. Pour le mamelon, on utilise une greffe du mamelon opposé
s’il est assez volumineux ; d’autres greffons peuvent être utilisés
dont certains après tatouage. On peut également utiliser des
lambeaux locaux (Fig. 63).

Reconstructions du mamelon par lambeau local

“ Points importants Lambeau F : lambeau à deux branches et une base centrale.


Il peut s’orienter différemment en fonction de la cicatrice de
mammectomie (Fig. 63A).
• Reconstruction du volume mammaire en commençant Lambeau Z : lambeau à deux branches et deux bases oppo-
à la face profonde du sein jusqu’à la peau. sées. Il est long à base étroite (Fig. 63B).
• Symétrisation dans le même temps si possible. Lambeau S : lambeau à deux branches et deux bases oppo-
sées, de bonne projection (Fig. 63C).

16 Techniques chirurgicales - Gynécologie


Oncoplastie avec conservation mammaire dans le traitement du cancer du sein ¶ 41-975

Lambeau de « Little » : lambeau à base centrale utilisant une


hémicirconférence de la future aréole soulevée en peau totale et
plicaturée sur elle-même. Dans ce cas, le tatouage de l’aréole
n’est pas possible. Une greffe est obligatoire pour reconstruire
l’aréole (Fig. 63F).
Tous ces lambeaux locaux doivent être tatoués avant si
possible ou après la levée des branches latérales. Une greffe de
cartilage ou externe peut être associée à distance pour en
augmenter la projection.

Reconstructions du mamelon par greffe


Elles sont dominées par la greffe du mamelon opposé, mais
les tissus suivants peuvent néanmoins être greffés (Fig. 64).
La greffe de l’hémimamelon opposé (Fig. 64A) : c’est la plus
fréquemment utilisée et celle qui donne le meilleur résultat. Elle
ne peut être utilisée que si le mamelon restant est assez
volumineux pour être divisé en deux. Les techniques de
prélèvement sont variables selon la forme et la taille du
mamelon et de l’aréole. Les plus fréquentes sont : décapitation,
prélèvement horizontal, prélèvement vertical avec parfois
prélèvement d’une partie de l’aréole pour augmenter le volume
Figure 62. Suture cutanée et symétrisation par la même technique. du greffon.
La greffe de peau tatouée (Fig. 64B) : cette peau est prélevée
Lambeau H : lambeau à deux branches et deux bases oppo- n’importe où ; elle doit être épaisse si possible, tatouée avant le
sées, souvent plus difficile à fermer (Fig. 63D). prélèvement et greffée au centre de la future aréole. Elle est
Lambeau fishtail : très proche du lambeau F, mais les branches souvent prélevée dans la zone de reconstruction mammaire
ne sont pas symétriques et opposées (Fig. 63E). (oreille externe, excès sous-axillaire...).
Lambeau C-V : lambeau à deux branches et une base centrale, La greffe du lobule de l’oreille (Fig. 64C) : le greffon est
plus délicat à réaliser (Fig. 63F). prélevé à la face postérieure du lobule de l’oreille si celui-ci est
Lambeau de starflap : lambeau à trois branches et une base assez volumineux. Le tatouage est effectué ultérieurement.
centrale, fermeture cutanée en « T » donnant plus de problème La greffe de petite lèvre (Fig. 64D) : c’est la seule qui ne
de cicatrisation, surtout sur des tissus irradiés (Fig. 63G). nécessite pas de tatouage.

b
a
d
a b

Figure 63. Reconstruction du mamelon par lambeau local (techniques les plus fréquentes) (A à H).

Techniques chirurgicales - Gynécologie 17


41-975 ¶ Oncoplastie avec conservation mammaire dans le traitement du cancer du sein

C E
D
Figure 64. Reconstruction du mamelon par greffe.
A. Greffe du mamelon opposé.
B. Greffe de peau tatouée.
C. Lobe de l’oreille tatoué.
D. Greffe de petite lèvre.
E. Greffe de pulpe d’orteil.

La greffe de pulpe d’orteil (Fig. 64E) : le greffon est prélevé en


général sur la pulpe du troisième ou quatrième orteil. La
fermeture est directe et peut parfois gêner la marche.

Aréole
L’aréole peut être également reconstruite soit par greffe, soit
par tatouage.

Reconstruction de l’aréole par tatouage


Elle nécessite l’utilisation d’une machine à tatouer et des
pigments de couleurs différentes. Le schéma de l’aréole est tracé,
souvent calqué sur la forme et la taille de l’aréole opposée, de
façon à ce qu’elle soit symétrique. On utilise bien sûr la vision
de face directe, mais également des mesures prises à partir de
points fixes (clavicule, sillon sous-mammaire, ligne médiane...)
(Fig. 65). Plusieurs coloris peuvent être utilisés en couche
multiple afin d’éviter le caractère monochrome du tatouage et
simuler au mieux la couleur controlatérale. Si le mamelon est
reconstruit par greffe, le centre du tatouage est désépidermisé en
son centre pour recevoir ce greffon. Si le mamelon est recons-
truit par lambeau local, les lambeaux latéraux sont prélevés sur
la zone tatouée, si possible en passant par la cicatrice de Figure 65. Positionnement de l’aréole : on s’aide des mesures par
mammectomie (Fig. 66), puis un complément de tatouage est rapport aux points fixes (clavicule, sillon sous-mammaire, ligne médiane,
nécessaire afin de recréer un nouvel ovale similaire à l’opposé etc.) pour positionner l’aréole et d’un calque pour la forme.
en compensant la déformation aréolaire créée par ce prélève-
ment local (Fig. 67).
■ Lambeaux fasciocutanés locaux
Reconstruction de l’aréole par greffe
Le prélèvement cutané est le plus souvent prélevé dans le pli
Lambeau d’Holmström
de l’aine après tatouage (Fig. 68). La fermeture cutanée est Décrit en 1986 par Holmström, il a été ensuite modifié par de
directe ; mais n’importe quelle autre pièce cutanée peut aussi nombreux auteurs en lambeau latéral thoracodorsal. Nous
être prélevée et tatouée avant la greffe. Après reconstruction du l’utilisons volontiers pour les tumeurs des quadrants inférieurs
mamelon par lambeau local ou greffe, un orifice central est sur des seins ptôsés, ceci afin d’éviter les cicatrices en « T
confectionné au centre de la greffe de peau (afin de recevoir le inversé » et la symétrisation du sein opposé. Une exérèse
mamelon) qui est ensuite fixé en périphérie (Fig. 69). triangulaire à base inférieure dans le sillon sous-mammaire est

18 Techniques chirurgicales - Gynécologie


Oncoplastie avec conservation mammaire dans le traitement du cancer du sein ¶ 41-975

Figure 66. Tracé des incisions selon les cicatrices : horizontale, oblique,
verticale.

Figure 70. Exérèse monobloc de la tumeur au large en « quartier


d’orange ».

Figure 67. Reconstruction du mamelon par lambeau local « F ».

Figure 68. Prélèvement cutané dans le pli de l’aisne.

Figure 71. Rotation du lambeau de Holström à pédicule interne prélevé


dans le sillon sous-mammaire.

Figure 69. Fixation de la greffe en périphérie après passage du


mamelon.

Figure 72. Suture du lambeau local et fermeture directe de la zone


donneuse.
réalisée ; elle permet la résection au large de la tumeur (Fig. 70).
On dessine alors au niveau du segment IV du sein traité un
triangle de même taille à pointe externe passant au-dessous du de grande modification de la forme et de l’aspect postopératoi-
sillon sous-mammaire (Fig. 71). On libère progressivement le res (Fig. 73). Aucun geste sur le sein controlatéral n’est généra-
lambeau en partant de la pointe jusqu’à sa base d’au moins lement nécessaire.
5 cm. On effectue ensuite une rotation de 90° pour positionner
sa pointe sous l’aréole (Fig. 71). La zone de prélèvement dans Lambeau latéral thoracodorsal
le sillon sous-mammaire est ensuite refermée par suture directe C’est un lambeau fasciocutané qui dérive de cette technique ;
(Fig. 72). On peut alors laisser le sein retomber sans entraîner il est plus latéral et plus grand. Il peut permettre dans certains

Techniques chirurgicales - Gynécologie 19


41-975 ¶ Oncoplastie avec conservation mammaire dans le traitement du cancer du sein

Tableau 1.
Complications après chirurgie oncoplastique et prise en charge.
Complications Prise en charge
Immédiates Hématomes Reprise chirurgicale :
évacuation-drainage
Abcès Reprise chirurgicale :
évacuation-drainage
Nécrose aréolaire Reprise chirurgicale : retirer et
microperforer l’aréole et la
greffer sur « un tissu vivant »
Nécrose cutanée Excision des zones nécroti-
ques et soins locaux quoti-
diens jusqu’à cicatrisation par
application de substance
grasse (Gelonet*, Tulle gras)
Désunion de cicatrice Cicatrisation dirigée ou suture
chirurgicale, voire reprise chi-
rurgicale.
Lymphocèle Ponction-évacuation

Figure 73. Résultat en fin d’intervention, la symétrisation est rarement Tardives Douleur Massage- drainage du sein
nécessaire. Cicatrices rétractiles douloureux par un kinésithé-
inesthétiques rapeute. Consultation dédiée à
la douleur. Antalgiques
Asymétrie mammaire
cas d’éviter le prélèvement d’un lambeau musculocutané bien Prévention par des massages
plus imposant pour la patiente. Les résultats peuvent être de des cicatrices effectués par un
bonne qualité dans certains cas adaptés à cette chirurgie, en kinésithérapeute, corticoïdes
particulier chez les patientes âgées, assez enrobées et avec une locaux, pansement siliconé
bonne laxité cutanée. À base inféroexterne, ce lambeau permet Reprise chirurgicale à différer
de recréer le galbe externe et de mettre en place une prothèse car de nouvelles asymétries
de volume moyen sans autre artifice chirurgical. Ces indications peuvent apparaître, en rapport
restent limitées à des cas particuliers comme le lambeau de avec une prise de poids, une
Holmström. sclérose du sein traité

■ Complications de la chirurgie
oncoplastique
Nous résumons les différentes complications après chirurgie
oncoplastique et leur prise en charge dans le Tableau 1.

■ Chirurgie oncoplastique
des séquelles esthétiques
du traitement conservateur
Toutes ces techniques ont pour but d’augmenter le nombre
de traitements conservateurs qui, on le sait, donnent la même
survie à long terme que les traitements radicaux. Elles permet-
tent en outre d’éviter les déformations du sein qui sont majo-
rées par la radiothérapie. Ces déformations doivent être
prévenues dès la tumorectomie par des gestes adaptés (incisions
adaptées, remodelage glandulaire, libération de l’aréole...). Dans
le cas contraire, ces séquelles restent souvent difficiles à traiter,
surtout si la radiothérapie a figé la glande mammaire.
Pour essayer de traiter au mieux ces séquelles et afin de
clarifier les indications opératoires en fonction du type de
déformation, nous avons classé ces déformations en cinq grades
avec une prise en charge adaptée selon le grade.

Séquelle esthétique de traitement


conservateur de grade 1 (Fig. 74)
Il s’agit de malformations très modérées, secondaires le plus
souvent à un manque de remodelage glandulaire après traite-
ment conservateur. Ces séquelles sont le plus souvent bien
acceptées par les patientes ; parfois elles sont moins bien
supportées, surtout si elles sont localisées en supéro-interne
dans le décolleté. Figure 74. Séquelle esthétique de traitement conservateur de grade 1.
Les techniques utilisées dans ces cas faisaient appel à des
lambeaux glandulaires de rotation et de comblement, toujours techniques de réinjection de graisse après centrifugation a
très difficiles à réaliser en territoires irradiés. L’apparition des permis de simplifier le traitement de ces déformations. Mais des

20 Techniques chirurgicales - Gynécologie


Oncoplastie avec conservation mammaire dans le traitement du cancer du sein ¶ 41-975

Figure 75. Séquelle esthétique de traitement conservateur de grade 2.

12 12 12 12

11 9 8 9 9 8 8 9

4 4 4 4

Figure 76. Séquelle esthétique de traitement conservateur de grade 2. Symétrisation en reportant les mesures du sein traité sur le sein indemne.
A. Plastie mammaire unilatérale, les mesures de gauche sont reportées sur l’étui à conserver.
B. Les mesures des différents segments ainsi que la taille de l’aréole sont identiques en postopératoire.

études sont encore en cours pour évaluer à long terme les avons pour habitude « d’hypercorriger » légèrement le tracé
bénéfices de cette technique simple dans le traitement de ces obtenu par les différentes mesures de ce sein. Les segments I et
séquelles de grade 1. III sont donc diminués de 1/2 à 1 cm en fonction de la taille et
D’autres « petits » gestes peuvent être utiles : plastie en Z, du poids du sein (Fig. 76B).
reprise de cicatrice, « ré-étalement » de l’aréole.... Pour les seins de très petit volume, cette déformation prend
un aspect différent car le sein opposé est généralement plat et
Séquelle esthétique de traitement légèrement ptôsé.
conservateur de grade 2 (Fig. 75) Une augmentation bilatérale avec des implants de volume et
de projection différentes, parfois avec une cure de ptôse du sein
La déformation du sein traité par chirurgie et radiothérapie controlatéral par technique périaréolaire dans la plupart des cas
entraîne une diminution du volume et de la ptôse. Le sein (une cicatrice verticale est parfois utile dans les cas de ptôse plus
conserve une forme « normale », mais il existe une asymétrie de marquée).
volume qui nécessite un geste sur le sein opposé afin de lui Ce cas particulier est souvent difficile à gérer, en raison des
donner une forme et un volume identiques à ceux du sein séquelles de la radiothérapie.
traité. Le résultat est donc souvent aléatoire et rarement très
Le traitement de ces anomalies est le plus souvent très satisfaisant. Les patientes doivent être informées de cette
simple ; en effet, les différentes techniques de plasties mammai- possibilité avant de prendre une décision opératoire.
res de réduction que nous utilisons également pour traiter Dans certains cas intermédiaires, en raison d’une asymétrie
certains cancers du sein (cf. plastie mammaire pour cancer) majeure, une réduction du sein non traité peut être associée à
permettent le plus souvent de corriger ces asymétries. Les une augmentation du sein irradié.
mesures des différents éléments du sein traité permettent de les
reporter sur le sein à réduire afin d’établir un dessin préétabli Séquelle esthétique de traitement
qui permettra de le simuler au mieux (Fig. 76A). En particulier
le report des segments I, II, III permet de retrouver une aréole
conservateur de grade 3 (Fig. 77)
de bonne taille et en bonne position par rapport au sein traité. Il s’agit dans ce cas de la même déformation que dans les
La pince du segment III permet de régler au mieux le degré de SETC de grade 2 avec une asymétrie au profit du sein non traité.
ptôse afin d’obtenir la meilleure symétrie possible. Mais dans ce cas, le sein traité n’a pas une forme normale ; cette
Toutefois, il faut prévenir une ptôse trop rapide en postopé- déformation nécessite donc une plastie de remodelage afin
ratoire du sein qui n’a pas été irradié. Pour cette raison, nous d’améliorer sa forme.

Techniques chirurgicales - Gynécologie 21


41-975 ¶ Oncoplastie avec conservation mammaire dans le traitement du cancer du sein

Figure 77. Séquelle esthétique de traitement


conservateur de grade 3.

Figure 78. Séquelle esthétique de traitement conservateur de grade 4.

Cette chirurgie souvent difficile sur un sein irradié doit rester ou supéroexterne. Cette situation est généralement associée à
minimale, en particulier en ce qui concerne les décollements une cicatrice rétractile et adhérente qu’il faut réséquer au large
cutanéoglandulaires. Les gestes le plus souvent pratiqués sont jusqu’au tissu mammaire sain. Dans ce cas, un lambeau muscu-
limités à des reprises de cicatrices avec enfouissement des zones locutané partiel en « patch » est généralement nécessaire. Le
fibreuses, parfois le recentrage de la PAM (le plus souvent en lambeau de grand dorsal autologue est souvent le plus adapté ;
haut et en dehors), voire son déplacement en greffe de peau parfois un lambeau abdominal peut être utilisé si le defect est
totale. Plus rarement, une plastie mammaire a minima peut être important. En fonction du résultat obtenu sur la forme, la
possible lorsque l’irradiation n’a entraîné que peu de séquelles ptôse, et le volume du sein traité, on évalue la nécessité de
sur le sein traité. réduction ou de remodelage du sein non traité (Fig. 77).
Ces gestes doivent rester limités car les réactions inflamma-
Séquelle esthétique de traitement
toires et les difficultés de cicatrisation, sur ces seins irradiés, sont
bien connues. conservateur de grade 5 (Fig. 79)
Le sein non traité est réduit de la même façon que pour les Il s’agit dans ce groupe des cas d’asymétrie majeure, avec des
SETC de grade II. seins traités impossibles à mobiliser en raison d’une sclérose
massive (« sein de marbre »). Dans ces cas, la seule solution est
l’ablation du sein traité avec reconstruction mammaire immé-
Séquelle esthétique de traitement diate par un lambeau de grand dorsal (souvent autologue) ou de
grand droit de l’abdomen. Nous nous reportons alors, pour la
conservateur de grade 4 (Fig. 78) technique utilisée, aux différents chapitres de cet ouvrage
Il s’agit du même type de déformation que pour les séquelles concernant la reconstruction par lambeau musculocutané.
de grade 3, mais la déformation du sein traité est alors beau-
coup plus marquée. Dans ces cas, le remodelage du sein est Au total
impossible car il manque une partie importante du volume Cette classification en cinq grades permet de mieux hiérar-
mammaire, le plus souvent au niveau des quadrants inférieurs chiser les SETC en fonction des modifications croissantes du

22 Techniques chirurgicales - Gynécologie


Oncoplastie avec conservation mammaire dans le traitement du cancer du sein ¶ 41-975

Les indications d’oncoplastie doivent être parfaitement


connues par tous les chirurgiens qui pratiquent la chirurgie
sénologique de façon régulière.

■ Références
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mineurs localisées du traitement conservateur. Danish Breast Cancer Cooperative Group. J Natl Cancer Inst Monogr
• Difficulté maximale pour les grade III et IV car il s’agit 1992;11:19-25.
d’une chirurgie sur sein irradié, toujours difficile à réaliser. [11] Fisher B, Anderson S, Redmond CK, Wolmark N, Wickerham DL,
Cronin WM. Reanalysis and results after 12 years of follow-up in a
randomized clinical trial comparing total mastectomy with
lumpectomy with or without irradiation in the treatment of breast
sein traité. Elle permet également de mieux définir les techni- cancer. N Engl J Med 1995;333:1456-61.
ques opératoires utilisées en fonction de la déformation séquel- [12] Jacobson JA, Danforth DN, Cowan KH, d’Angelo T, Steinberg SM,
laire. Le traitement de ces déformations est souvent facile dans Pierce L, et al. Ten-year results of a comparison of conservation with
les grades 1 et 2, des gestes simples permettant de symétriser le mastectomy in the treatment of stage I-II breast cancer. N Engl J Med
sein irradié. Dans les grades 3 et 4, le problème est plus 1995;332:907-11.
complexe car les gestes de remodelage du sein irradié ou [13] Van Dongen JA, Voogd AC, Fentiman IS, Legrand C, Sylvester RJ,
l’interposition d’un lambeau musculocutané sont très délicats et Tong D, et al. Long-term results of a randomized trial comparing breast-
sources de complications non négligeables. Quant au grade 5, il conserving therapy with mastectomy: European Organization for
présente les mêmes complications que les autres lambeaux. Research and Treatment of Cancer 1081 trial. J Natl Cancer Inst 2000;
92:1143-50.
Insistons sur le traitement préventif de ces déformations qui
[14] Fisher B, Dignam J, Wolmark N, Mamounas E, Costantino J, Poller W,
peuvent permettre de réduire les SETC et donc les traitements
et al. Lumpectomy and radiation therapy for the treatment of intraductal
parfois lourds qui en découlent.
breast cancer: findings from National Surgical Adjuvant Breast and
Les plasties glandulaires au minimum et parfois les plasties de
Bowel Project B-17. J Clin Oncol 1998;16:441-52.
remodelage (cf. plasties mammaires pour cancer) permettent de
[15] Julien JP, Bijker N, Fentiman IS, Peterse JL, Delledonne V, Rouanet P,
limiter ces complications et parfois de faciliter la surveillance de
et al. Radiotherapy in breast-conserving treatment for ductal carcinoma
ces seins traités.
in situ: first results of the EORTC randomized phase III trial 10853.
EORTC Breast Cancer Cooperative Group and EORTC Radiotherapy
Group. Lancet 2000;355:528-33.
■ Conclusion [16] Solin LJ, Kurtz J, Fourquet A, Amalric R, Recht A, Bornstein BA, et al.
Fifteen-year results of breast-conserving surgery and definitive breast
La chirurgie oncoplastique fait actuellement partie intégrante irradiation for the treatment of ductal carcinoma in situ of the breast.
de l’approche multidisciplinaire du traitement des cancers du J Clin Oncol 1996;14:754-63.
sein. La formation chirurgicale doit répondre à deux objectifs : [17] Horiguchi J, Koibuchi Y, Iijima K, Yoshida T, Takata D, Rokutanda N,
une exérèse carcinologique (au large des lésions tumorales) et et al. Local control by breast-conserving-surgery for patients with
un résultat esthétique satisfaisant pour la patiente. nipple resection. Anticancer Res 2005;25:2957-9.

Techniques chirurgicales - Gynécologie 23


41-975 ¶ Oncoplastie avec conservation mammaire dans le traitement du cancer du sein

[18] Cabioglu N, Krishnamurthy S, Kuerer HM. Feasibility of breast- [23] Petit JY, Rietjens M, Garusi C, Greuze M, Perry C. Integration of plastic
conserving surgery for patients with breast carcinoma associated with surgery in the course of breast-conserving surgery for cancer to improve
nipple discharge. Cancer 2004;101:508-17. cosmetic results and radicality of tumor excision. Recent Results
[19] Fisher B, Anderson S, Bryant J, Margolese RG, Deutsch M, Fisher ER, Cancer Res 1998;152:202-11.
et al. Twenty-year follow-up of a randomized trial comparing total [24] Clough KB, Nos C, Salmon RJ, Soussaline M, Durand JC.
mastectomy, lumpectomy, and lumpectomy plus irradiation for the Conservative treatment of cancers by mammoplasty and irradiation: a
treatment of invasive breast cancer. N Engl J Med 2002;347:1233-41. new approach to lower quadrant tumors. Plast Reconstr Surg 1995;96:
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sequelae after conservative treatment for breast cancer: classification
reduction mammaplasty and mammapexy in the conservative
and results of surgical correction. Ann Plast Surg 1998;41:471-81. treatments of breast cancers. Ann Chir Plast Esthet 1995;40:83-9.
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A. Fitoussi.
S. Alran (severine.alran@curie.net).
B. Couturaud.
H. Charitansky.
G. Pollet.
V. Fourchotte.
R.-J. Salmon.
Département de chirurgie, Institut Curie, 26 rue d’Ulm, 75005 Paris, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Fitoussi A., Alran S., Couturaud B., Charitansky H., Pollet G., Fourchotte V., Salmon R.-J. Oncoplastie avec
conservation mammaire dans le traitement du cancer du sein. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris), Techniques chirurgicales - Gynécologie, 41-975, 2008.

Disponibles sur www.em-consulte.com


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décisionnels supplémentaires Animations légaux au patient supplémentaires évaluations

24 Techniques chirurgicales - Gynécologie


¶ 41-976

Reconstruction mammaire différée


par lambeau de grand dorsal
N. Bricout

Le lambeau myocutané de grand dorsal est un lambeau très sûr qui permet des utilisations variées. C’est
le plus ancien lambeau myocutané connu et probablement le plus utilisé dans tout le domaine de la
chirurgie réparatrice. En reconstruction mammaire, ses possibilités et sa sûreté autorisent de nombreux
dessins. Il peut être utilisé pour des reconstructions autologues, mais la plupart du temps l’ajout d’une
prothèse est nécessaire. Lever le lambeau n’est pas une chirurgie très difficile ni très longue, les difficultés
viennent plutôt du bon choix de l’implant (avec le risque de rétraction périprothétique en cas de
radiothérapie), et de la chirurgie nécessaire sur l’autre sein. Toutes ces raisons font qu’une bonne
expérience de la chirurgie plastique du sein est nécessaire.
© 2005 Elsevier SAS. Tous droits réservés.

Mots clés : Reconstruction mammaire ; Reconstruction différée ; Lambeau myocutané ; Grand dorsal

Plan Malgré l’émergence de certaines techniques microchirurgica-


les (dont la sophistication n’a d’égale que l’importance des
moyens mis en œuvre et le risque de perte totale du lambeau
¶ Introduction 1
par nécrose...), deux lambeaux classiques, pédiculés, et donc
¶ Historique 1 réalisables aussi bien en pratique de ville qu’en milieu hospita-
¶ Anatomie 1 lier continuent de se partager la vedette dans cette indication :
le lambeau de grand dorsal et le lambeau de grand droit. Mais
¶ Action, test de fonction et viabilité 2
chacun d’entre eux a des indications électives et est rarement
¶ Examen préopératoire 2 réalisable avec le même bonheur chez la même patiente. Ils
¶ Choix de la palette cutanée 3 gardent donc l’un et l’autre des indications sélectives, des
¶ Dessin 3 conditions préférentielles de réalisation, voire des
contre-indications...
¶ Premier temps opératoire 4
Devenir du lambeau 5
¶ Deuxième temps opératoire 5
■ Historique
¶ Lambeau de grand dorsal sans prothèse 5 Le lambeau de grand dorsal est le plus ancien lambeau
myocutané utilisé, puisqu’il a été décrit et développé par
¶ Lambeau de grand dorsal avec expansion préalable 6
Tansini [1, 2] dès 1906, même s’il s’agissait probablement d’un
¶ Avantages et inconvénients du lambeau de grand dorsal 8 lambeau de grand dorsal couplé à un lambeau parascapulaire,
¶ Indications 8 conservant un pont cutané vers l’aisselle. Il a ensuite été oublié
¶ Conclusion 8 pendant des années, puis redécouvert par Olivari en 1976, [3]
puis par Mühlbauer et Olbrich en 1977 [4] mais c’est surtout
Bostwick [5, 6] et Lejour [7] qui lui ont redonné ses lettres de
noblesse en reconstruction mammaire. Il reste le lambeau
myocutané le plus utilisé en chirurgie plastique, son réseau
■ Introduction vasculaire performant autorisant différentes possibilités d’îlot
cutané, son arc de rotation lui permettant d’atteindre non
Reconstruire un sein nécessite de raisonner, comme d’ailleurs seulement le thorax, mais le cou et dans certaines conditions la
pour toute la chirurgie mammaire, en termes de surface et de face. Il doit également sa réputation à la sûreté de sa vasculari-
volume. En dehors du recours délibéré à une reconstruction sation, dès lors que le pédicule scapulaire inférieur a été
autologue, qui fournira en même temps par sa palette cutanéo- respecté, ce qui est la règle des mammectomies et curages
graisseuse surface et volume, l’apport d’un lambeau devient actuellement réalisés.
nécessaire pour recouvrir une prothèse dès que la qualité et la
quantité des tissus disponibles devant le gril costal sont
déficientes, et que l’on a besoin, soit d’ajouter l’étoffe man-
■ Anatomie
quante, soit d’exciser et de remplacer des tissus trop dystro- Le muscle grand dorsal (m. latissimus dorsi) est mince et
phiques. aplati : c’est le plus vaste muscle de l’organisme (Fig. 1). De haut

Techniques chirurgicales - Gynécologie 1


41-976 ¶ Reconstruction mammaire différée par lambeau de grand dorsal

est généralement satellite. Le nerf du grand dorsal se détache du


tronc secondaire postérieur, plus en dedans que l’origine du
pédicule scapulaire, et le rejoint à une distance variable avant
de pénétrer avec lui dans le muscle et s’y ramifier. La vasculari-
sation cutanée se fait de façon variable, selon la course du
muscle : dans la région lombaire, là où peau et muscle sont peu
mobiles, la peau est directement vascularisée par des rameaux
perforants venus des artères lombaires, traversant directement le
muscle sans s’y ramifier et ne doit pas sa survie au réseau
musculaire. Plus on se dirige en dehors, plus la course du
muscle devient grande, peau et muscle étant plus mobiles. La
vascularisation de la peau se fait alors par l’arborisation du
réseau vasculaire axial musculaire fournissant de nombreuses
petites artères myocutanées de plus en plus obliques vers
l’avant, capables de suivre les mouvements de la peau et du
muscle lors de sa contraction. Les îlots cutanés les plus sûrs ne
sont pas ceux qui sont situés entièrement à l’aplomb du muscle
(il vaut mieux ne pas trop compter sur la région lombaire), mais
au contraire il faudra les décaler vers l’avant et l’on peut sans
risque dépasser le bord antérieur musculaire.
Extensions graisseuses. Lorsque l’on souhaite réaliser une
reconstruction autologue, on prélèvera en même temps la
graisse située sous le fascia superficialis sur toute la surface du
muscle et ses extensions : zone scapulaire située au-dessus du
bord supéro-interne du muscle, extension en avant de son bord
antérieur, zone sus-iliaque vers le bas, graisse située à la face
profonde du muscle et notamment la zone située en regard de
Figure 1. Muscle grand dorsal. 1. Muscle trapèze (m. trapezius) ; la pointe de l’omoplate.
2. muscle grand rond (m. teres major) ; 3. muscle grand dorsal
(m. latissimus dorsi).

■ Action, test de fonction


en bas, il s’insère sur les quatre dernières côtes (intriqué à ce et viabilité
niveau avec les digitations du grand dentelé), puis par l’inter-
médiaire du fascia thoracolombaire sur les six dernières vertè- En prenant un point fixe sur ses origines, le muscle grand
bres dorsales, les cinq lombaires, le sacrum et le tiers postérieur dorsal est rotateur interne, adducteur et rétropulseur du bras ;
de la crête iliaque. De là, l’éventail des fibres musculaires se en prenant son point fixe sur l’humérus, il soulève le tronc. Il
dirige en haut et en dehors en se rétrécissant, recouvre l’angle joue un grand rôle dans le grimper, la marche avec béquilles, et
inférieur de l’omoplate (où il s’insère parfois), contourne et dans tout effort nécessitant une grande énergie des bras :
recouvre la partie inférieure du grand rond et se termine avec natation, aviron. Dans la vie quotidienne, ou lors de la pratique
lui dans la coulisse bicipitale de l’humérus. Deux éléments sont d’un exercice physique modéré, le prélèvement de ce muscle ne
intéressants à noter : plus il se rapproche de l’humérus, plus ses s’accompagne pas en réalité d’un déficit fonctionnel apprécia-
fibres se ramassent et s’enroulent de façon à former un muscle ble, l’ensemble des muscles de l’épaule, et en particulier le
de plus en plus cylindrique et épais ; d’autre part, lorsqu’il grand rond, en compensant la perte. La connaissance de la
rejoint le grand rond, il fusionne ou plutôt a une lame fibreuse fonction du muscle est surtout intéressante pour le chirurgien
d’insertion commune avec ce dernier muscle, plus ou moins pour tester son activité avant l’intervention : si l’on ne perçoit
importante, ce qui s’explique par une origine embryologique pas la contraction du muscle (elle est plus évidente à la partie
commune. [8] Il sera nécessaire de le cliver du grand rond le plus moyenne de son bord antérieur) lors du mouvement adéquat
loin possible vers le creux axillaire pour l’en libérer, minimiser (faire presser le poing contre la hanche, et tester dans la même
la sensation de gêne axillaire éventuelle et obtenir le meilleur position la rétropulsion contre résistance), c’est probablement
résultat esthétique à ce niveau. La course maximale de ce que son nerf a été sectionné lors du curage ; et si le nerf n’a pas
muscle étalé et mince se situe le long de son bord libre, à été respecté, le pédicule vasculaire ne l’a sans doute pas été non
l’aplomb de la peau thoracique latérale, tandis que sa course plus, et il faudra commencer l’intervention par la vérification
minimale se situe dans la région lombaire. Ces caractéristiques du pédicule. Cette éventualité, fréquente à l’époque héroïque
peuvent expliquer l’orientation, le trajet et la longueur de son des mammectomies selon Halsted, est heureusement devenue
pédicule principal et sa distribution vasculaire cutanée, à exceptionnelle de nos jours. Si la section du pédicule a été
l’aplomb et en avant du muscle, vers la région thoracique haute, le muscle peut encore être revascularisé à contre-courant
antérieure. Sa vascularisation est un type V selon la classifica- par la branche thoracique, et le lambeau peut éventuellement
tion de Mathes et Nahai, [9] le pédicule principal étant le être prélevé, mais il s’agit d’un lambeau dénervé, dont le muscle
pédicule thoracodorsal, issu du pédicule scapulaire inférieur, les mince n’a pas les mêmes qualités trophiques.
pédicules lombaires n’étant que des pédicules accessoires.
L’artère scapulaire inférieure se détache en effet de l’artère
axillaire entre l’artère thoracique latérale en dedans (ancienne ■ Examen préopératoire
artère mammaire externe) et l’artère circonflexe postérieure plus
en dehors, et se divise en deux branches, l’une scapulaire, Outre les données fournies par l’interrogatoire (comment se
l’artère circonflexe scapulaire, l’autre thoracique, l’artère sont déroulées les suites, y a-t-il eu ponctions itératives, qui
thoracodorsale, qui prolonge sa direction principale. La branche laissent souvent présager d’une fibrose locale, y a-t-il des
dorsale est destinée au muscle grand dorsal, la (ou parfois les) douleurs séquellaires, une anesthésie du bras etc.), on essaiera
branche thoracique est destinée au grand dentelé. Lorsque toujours de compléter ces informations en se procurant
l’artère a pénétré dans le muscle, elle se divise la plupart du comptes-rendus opératoire et histologique, le premier mention-
temps en deux branches d’égale importance, l’une cheminant le nant en principe le respect des différents pédicules, le second
long du bord antérieur du muscle, 2 cm en arrière, l’autre le pouvant fournir une indication sur l’importance de la dissection
long de son bord supérieur, 3,5 cm en arrière. Le réseau veineux axillaire.

2 Techniques chirurgicales - Gynécologie


Reconstruction mammaire différée par lambeau de grand dorsal ¶ 41-976

L’examen clinique proprement dit appréciera évidemment le (avec ses avantages et inconvénients propres) prélevant peu
degré de rigidité et le manque de surface des téguments thora- de peau, mais une grande surface de muscle supportant et
ciques restants, et recherchera l’existence de télangiectasies irriguant le tissu graisseux situé en dessous du fascia superfi-
témoins d’une radiothérapie un peu trop énergique : c’est un cialis ;
facteur en faveur d’un risque accru de rétraction périprothéti- • la surface disponible dépend également de l’orientation du
que, qui fait partie de l’information de la patiente. Il faut tracé : l’îlot le plus large par rapport à son grand axe est celui
également rechercher l’existence d’une fibrose axillaire (qui peut qui peut être prélevé selon un axe horizontal ; plus on se
laisser présager d’une dissection difficile, voire d’un risque de rapproche de la ligne axillaire antérieure, avec un axe de plus
compression du pédicule, surtout au niveau de la veine) car l’on en plus vertical, plus les dimensions de l’îlot cutané autori-
a pu observer des nécroses de lambeau par infarcissement, dues sant une fermeture directe de la zone de prélèvement seront
à une gêne au retour veineux. diminuées (dans le cadre particulier de la reconstruction
D’autres signes plus discrets méritent d’être recherchés : on mammaire, en raison de la tension existant à proximité dans
évoque toujours les risques d’insensibilité ou de dysesthésies, et l’aire mammaire) ;
de lymphœdème au niveau de la face interne du bras, mais l’on • la rançon cicatricielle doit être la plus discrète possible ; un
mentionne rarement que ces éléments se retrouvent à un degré îlot à cheval sur le bord antérieur du muscle donnerait certes
mineur au niveau de la partie basse du creux axillaire, plus ou la cicatrice la plus dissimulable, mais il est à éviter pour deux
moins étendus à la région thoracique latérale, car cela n’a pas raisons : il est proche de la zone de mammectomie, et la
de conséquence fonctionnelle comme cela peut être le cas au traction exercée directement par sa fermeture aggrave
niveau du bras. Or, il est important de noter ces éléments et de d’autant la tension dans cette région, et fait perdre une
les faire remarquer à la patiente avant l’intervention, car une bonne partie du bénéfice de l’apport de cette surface. Dessi-
fois un volume mammaire retrouvé, elle risque d’attribuer ces ner un îlot à cet endroit aggrave également, lors de la
séquelles à la dissection et au passage du pédicule à ce niveau, fermeture, la déformation dorsale en « coup de hache », que
alors qu’ils existaient auparavant et étaient l’une des consé- l’on évitera avec un artifice de dissection et un tracé horizon-
quences du curage. tal. Il reste cependant une indication éventuelle pour ce
tracé : la réalisation d’un grand dorsal après expansion
préalable.

■ Choix de la palette cutanée Il reste donc deux tracés utilisables : horizontal, oblique en
bas et en arrière, fuseau simple, ou avec des variantes : Y, en
« fleur de lys » etc.
La richesse des connexions entre peau et muscle fait que l’on
Dans le cas particulier du lambeau avec extension graisseuse,
peut dessiner des îlots cutanés variés (Fig. 2) à la surface du
un tracé en « banane », selon les lignes de Langer, est préco-
muscle ou débordant en avant de son bord antérieur (horizon-
nisé ; la palette cutanée est de faibles dimensions, car il ne faut
taux, obliques, verticaux, fusiformes ou plus complexes), mais
pas exercer de traction importante lors de la fermeture, pour
dans le cadre particulier de la reconstruction mammaire,
éviter une nécrose des berges de ces lambeaux cutanés amincis
plusieurs éléments vont conditionner ce choix :
et partiellement dévascularisés.
• les dimensions de la palette cutanée sont conditionnées par
Avec l’expérience, c’est le tracé horizontal que je préfère car
les possibilités de fermeture directe de la perte de substance ;
il combine les différents avantages à condition d’en bien placer
elles dépendent donc de l’élasticité cutanée, variable d’une
la cicatrice. Il donne la plus grande surface autorisant une
patiente à l’autre selon l’élasticité propre du derme et
fermeture directe, il y a moins de tension de fermeture, sans
l’épaisseur du pannicule adipeux. Plus la patiente est grasse et
retentissement sur la zone de reconstruction, et moins de
le pannicule épais, moins grande est la laxité, et plus petit
déformation à la partie basse et postérieure du creux axillaire (le
sera l’îlot autorisé. Chez ces patientes, en revanche, peut être
« coup de hache »). La cicatrice se dissimule dans la bande du
éventuellement utilisé un lambeau myocutanéograisseux
soutien-gorge ou d’un maillot de bain deux-pièces.
Le choix du tracé peut dépendre aussi de l’emplacement
souhaitable du débord musculaire associé, qui viendra étoffer les
téguments restants : en cas de lambeau oblique, le débord
musculaire sera situé de part et d’autre de l’îlot cutané ; en cas
de tracé horizontal, il sera essentiellement inférieur, et viendra
donc créer un effet de doublure prépondérant dans les qua-
drants supérieurs du sein reconstruit.

■ Dessin
Il est fait sur la patiente debout (Fig. 3) et détermine :
• tout d’abord, le sillon sous-mammaire du sein restant, puis
une ligne horizontale tangente au sillon se prolongeant dans
le dos ;
• l’îlot cutané sera dessiné à cheval sur cet axe, commençant 2
à 3 cm en dehors du rachis, et se terminant en moyenne à
l’aplomb de la ligne axillaire postérieure (mais il peut
déborder sans risque vasculaire, si cela est nécessaire, le bord
antérieur du muscle) ; la plus grande largeur possible de l’îlot
sera déterminée en pinçant verticalement les téguments au
milieu de son axe horizontal ;
• ces tracés seront complétés par celui de la ligne médiane, en
prenant comme repères le creux sus-sternal et l’appendice
xiphoïde, l’axe du sein opposé partant d’un point situé à
5 cm en dehors du creux sus-sternal, passant par le mamelon
et se terminant dans le sillon, et un axe symétrique sur le
sein à reconstruire, en se servant comme repères des deux
Figure 2. Îlots cutanés. extrémités de l’axe précédent.

Techniques chirurgicales - Gynécologie 3


41-976 ¶ Reconstruction mammaire différée par lambeau de grand dorsal

Figure 3. Dessin préopératoire. Patiente de 39 ans ayant subi, pour un


carcinome multifocal du sein gauche 18 mois auparavant, mammecto-
mie, curage et radiothérapie (terminée depuis 1 an). 1 m 64, 56 kg, 90 C.

Si le sein opposé n’a besoin ni d’être réduit ni d’être remonté,


cela permet de se rendre compte tout de suite de la hauteur
manquante du côté à reconstruire, et de déterminer si le Figure 4. Élévation du lambeau. Dimensions : 18 cm de long, 11 cm de
lambeau ne fera qu’ajouter l’étoffe manquante, ou s’il est haut, débord musculaire inférieur à 7 cm.
possible de remplacer en plus tout ou partie des téguments
dystrophiques entre la cicatrice de mammectomie et le sillon
sous-mammaire. facile, et peut être en partie fait au doigt. Puis la section du
muscle en bas permettra de libérer progressivement le lambeau
en remontant tout d’abord vers l’arrière, sectionnant le fascia
■ Premier temps opératoire thoracolombaire en réclinant, si cela est nécessaire, le trapèze
qui recouvre partiellement le grand dorsal. L’éventail du muscle
continue à être libéré vers l’avant, il est souvent adhérent à la
Deux positions sont nécessaires : décubitus latéral (strict, bras
pointe de l’omoplate, et à partir de ce point apparaît le muscle
surélevé au-dessus de la tête, ne dépassant pas 90° d’abduction,
grand rond. Tout en surveillant la position du pédicule scapu-
coude à 90° de flexion, avant-bras reposant sur un appui) pour
laire inférieur, il convient de libérer le plus loin possible dans
la levée du lambeau (Fig. 4), position assise pour sa mise en
l’aisselle le grand dorsal du grand rond, le long de leur lame
place. Si l’on a besoin de vérifier en premier l’intégrité du fibreuse commune. La gêne axillaire sera moindre, de même que
pédicule, l’incision sera commencée et limitée de part et d’autre la déformation en « coup de hache » sera ainsi minimisée, et le
de l’extrémité externe axillaire du lambeau, pour permettre lambeau viendra d’autant plus loin vers l’avant. On peut laisser
l’exploration, puis poursuivie indifféremment sur tout le intact le pédicule musculaire, ou le sectionner plus ou moins
pourtour du tracé. Le décollement du plan sous-cutané se fera complètement, et le réamarrer plus en dedans. Si le muscle est
au ras du périmysium en le respectant. C’est une dissection épais, cela a pour but de diminuer la gêne axillaire, faciliter le
facile dès lors que l’on a trouvé le bon plan, rapide, et qui peut positionnement interne du lambeau, et mieux délimiter le bord
être faite au bistouri électrique, prenant moins de 1 heure pour externe du sein reconstruit. Si l’on réalise une telle section, il
lever le lambeau. En bas, on prélèvera un débord musculaire de faut bien sûr veiller à la faire nettement au-dessus de la
5 à 7 cm en moyenne. Lorsque ce décollement est terminé, on pénétration du pédicule dans le muscle... Le lambeau est mis en
se porte en avant vers le bord antérieur du muscle, pour libérer attente en avant pendant que la zone donneuse est fermée,
sa face profonde. Avant d’amorcer la libération du muscle par après une vérification rigoureuse de l’hémostase (attention aux
sa face profonde, ce décollement antérieur sera poursuivi vers la perforantes lombaires) et mise en place d’un drainage aspiratif.
région de l’aire mammaire, en libérant les téguments de la paroi La patiente est réinstallée en position assise, bras le long du
au bord inférieur du pectoral, sans dépasser cependant le niveau corps, coudes très légèrement écartés pour ne pas comprimer le
du sillon sous-mammaire qui a été dessiné, et en passant pédicule. Tout d’abord, les tissus dystrophiques sont excisés.
également à la face profonde du muscle pectoral d’emblée. Classiquement, l’incision est une ligne convexe en bas et en
Cette loge ainsi ménagée servira de position d’attente pour le dehors, partant du bord inférieur du pectoral en dehors, et
lambeau avant de remettre la patiente en position assise pour arrivant en dedans dans le sillon sous-mammaire le plus près
le modelage, sans que l’on ait besoin d’une incision thoracique possible de son extrémité interne. En pratique, les meilleurs
complémentaire. L’asepsie sera de cette manière plus facilement résultats sont obtenus lorsque l’on peut remplacer toute la
respectée lors du changement de position. C’est au milieu du surface comprise entre la cicatrice de mammectomie et le sillon
bord antérieur que le décollement doit être amorcé, car il est sous-mammaire. Mais il ne faut pas exciser d’emblée les tissus

4 Techniques chirurgicales - Gynécologie


Reconstruction mammaire différée par lambeau de grand dorsal ¶ 41-976

dystrophiques depuis la cicatrice de mammectomie jusqu’au


niveau du sillon repéré ; il vaut mieux s’arrêter un peu au-dessus
du sillon, car l’ablation de ces tissus rigides va s’accompagner
d’un écartement des berges et abaisser le niveau réel du sillon.
Puis le débord musculaire inférieur (faible puisqu’il correspond
au bord supérieur du muscle) est amarré à la paroi thoracique à
hauteur du sillon. En haut, le débord musculaire vient le plus
souvent doubler le muscle pectoral à sa face profonde (j’évite le
plus souvent de décoller la peau des quadrants supérieurs du
muscle pectoral pour ne pas compromettre sa vitalité, surtout si
elle paraît très irradiée), la loge de la prothèse étant ainsi
rétropectorale en haut et rétrodorsale en bas. Certains préfèrent
laisser le pectoral accolé au gril costal, et décoller les téguments
supérieurs du pectoral, pour y interposer le débord du grand
dorsal. Cette façon de procéder a deux inconvénients possibles,
qu’il faut tenter d’évaluer avant d’agir ainsi : en cas de séquelles
importantes d’irradiation, le risque de nécrose du plan superfi-
ciel n’est pas négligeable ; si le muscle dorsal est mince, même
une prothèse en gel de silicone dit cohésif risque de faire des
vagues dans les quadrants supérieurs.
Une ouverture centrale est conservée temporairement pour
introduire la prothèse. Avant d’introduire celle-ci, le geste sur le
sein opposé, s’il est nécessaire, est réalisé à ce moment :
augmentation, correction de ptose, association de ces deux
gestes ou plastie de réduction : la distance de la clavicule au
sillon doit être la même des deux côtés. Il est en effet plus facile
de juger de la taille du sein restant si la ptose en est corrigée,
pour pouvoir évaluer au mieux le volume de la prothèse
nécessaire. C’est un peu plus facile avec une prothèse gonflable
dont le remplissage peut supporter dans certaines marques une Figure 5. Fin du premier temps opératoire : prothèse LS 90 280 (ronde,
marge de manœuvre, tandis que les prothèses en gel sont paroi texturée, profil modéré).
préremplies. Mais la consistance d’une prothèse en gel risque,
en dehors de tout phénomène de rétraction périprothétique,
d’être plus satisfaisante, non pas tellement sous le lambeau, qui compte, et pas forcément de manière parallèle. C’est l’une des
a une épaisseur certaine et rend moins palpable la prothèse, raisons pour lesquelles je préfère réaliser la plastie du sein
qu’en haut et en dedans, sous les tissus thoraciques résiduels, opposé dès le premier temps opératoire chaque fois que cela
plus ou moins amincis par les traitements antérieurs (associa- semble possible.
tion chirurgie-radiothérapie). L’intervention est terminée par la
mise en place de la prothèse (après avoir placé là également un
drainage aspiratif) et les sutures cutanées, en deux plans : points ■ Deuxième temps opératoire
dermiques inversants dans le derme profond, surjet intradermi-
que dans le derme superficiel, toutes les sutures dans notre C’est en effet le temps des retouches, et pas seulement celui
expérience étant réalisées avec des fils fins à résorption lente de la reconstruction de l’aréole et du mamelon (Fig. 6). Il sera
(Fig. 5). réalisé après un délai minimal de 4 mois, si l’état du sein
semble stabilisé. Ces retouches concernent souvent la position
des extrémités du lambeau : rapprocher l’extrémité interne de la
ligne médiane, remonter l’externe pour mieux galber le bord
Devenir du lambeau externe du sein. Des révisions de cicatrices peuvent être
La stabilisation de la forme et du volume demande en nécessaires, tant du côté du lambeau qu’au niveau du sein
moyenne 4 à 6 mois, et c’est pourquoi le deuxième temps opposé, qui mérite souvent d’être arrondi à nouveau, et dont la
opératoire ne sera pas réalisé avant ce délai. forme sera plus stable après ce deuxième geste.
Parfois une reprise de la loge de la prothèse sera nécessaire
Passé l’œdème postopératoire variable d’une patiente à
pour l’élargir s’il y a eu rétraction périprothétique, et s’accom-
l’autre, la forme et le volume apparent du sein reconstruit vont
pagnera d’un changement de volume s’il a été mal apprécié au
se modifier en raison de réactions inverses : le muscle, même si
premier temps. En dernier seront reconstruits l’aréole et le
son nerf n’est pas coupé, va avoir tendance à s’atrophier car il
mamelon. Une reconstruction est réussie si l’aréole est à la fois
n’est plus fonctionnel ; la palette cutanée va se détendre, plus
symétrique au côté opposé en taille et position, tout en se
ou moins selon l’épaisseur et la qualité du derme, et le sein
plaçant harmonieusement sur le volume reconstruit (Fig. 7).
devrait se galber, plus aplati dans les quadrants supérieurs, et
plus arrondi dans les quadrants inférieurs : il semble ainsi
diminuer de volume, sauf si se produit une rétraction péripro-
thétique, maintenant ou accentuant un aspect rond. Celle-ci ■ Lambeau de grand dorsal
aura l’effet contraire : pendant que la base se rétracte et devient sans prothèse
plus étroite, le sein s’arrondit en se projetant exagérément,
devient trop bombé dans ses quadrants supérieurs, et trop L’intérêt de ce lambeau est d’éviter l’emploi d’une prothèse et
ferme. Un volume plus rond, rétracté, donne l’illusion d’un sein ses inconvénients propres. [10] Mais c’est une technique plus
plus gros, en raison de l’augmentation de projection antérieure, longue, fastidieuse et plus difficile, aux suites immédiates
qui paraît plus évidente que la diminution parallèle de sa base. souvent douloureuses au niveau dorsal, compliquées par de
Ce risque est diminué par rapport à une reconstruction simple fréquentes et répétées ponctions du sérome dorsal. L’îlot cutané
par prothèse par le fait que la loge de la prothèse est entière- est de faibles dimensions, et l’on essaiera le plus souvent
ment rétromusculaire, et que l’on a pu remplacer le maximum possible de le désépidermiser pour l’enfouir totalement. Dans
de tissus dystrophiques et irradiés par un tissu sain ; mais sa cette indication, cela a l’avantage de respecter une unité
survenue et son intensité restent peu prévisibles. La forme du esthétique thoracique, mais encore faut-il des tissus suffisam-
sein opposé retouché va également évoluer pour son propre ment souples et en excédent pour réaliser cet avancement. Il

Techniques chirurgicales - Gynécologie 5


41-976 ¶ Reconstruction mammaire différée par lambeau de grand dorsal

Figure 6. Deuxième temps opératoire. Retouches : remodelage de la cicatrice supéro-interne et dégraissage sous-jacent, reprise de la loge prothétique et
agrandissement vers le bas, plastie cutanée périaréolaire droite (visant à concentrer la forme du sein et à réduire la distance verticale sous-aréolaire),
reconstruction d’aréole et de mamelon à l’aide d’une greffe du sillon génitocrural et de la moitié du mamelon opposé.

Figure 7. Reconstruction par lambeau de grand dorsal : résultat final.

joue alors le rôle d’une prothèse. Son volume semble également


se stabiliser au bout de quelques mois, mais certains ont observé
■ Lambeau de grand dorsal
des fontes prolongées et tardives. En cas de volume insuffisant, avec expansion préalable
on peut tenter ensuite un lipomodelage par injections d’adipo-
cytes, prélevés dans une autre région et centrifugés. Il n’y a pas,
pour le moment, un recul suffisant de ces deux techniques Il existe quelques situations où l’on souhaite utiliser un
associées pour en évaluer le devenir à long terme. lambeau de grand dorsal, mais sans disposer cependant d’une

6 Techniques chirurgicales - Gynécologie


Reconstruction mammaire différée par lambeau de grand dorsal ¶ 41-976

Figure 8. Reconstruction par lambeau de grand dorsal et expansion préalable : récidive dermique et sous-cutanée au niveau des quadrants supérieurs d’un
sein reconstruit ; demande par le cancérologue d’une exérèse large emportant la zone de récidive et la totalité des téguments résiduels de l’aire mammaire.
A. Lésion initiale (récidive à 9 ans, reconstruction datant de 7 ans, 1 m 55, 48 kg, soutien-gorge 85 B).
B. Mise en place de la prothèse d’expansion (la récidive locale avait fait déjà l’objet d’une exérèse, mais limitée à la zone concernée) : prothèse d’expansion
ronde de 1 l, remplie initialement avec 350 cm3.
C. Deux tracés de lambeaux sont utilisables, mais c’est le tracé horizontal qui est retenu (plus grande surface disponible, choix de la patiente pour la position
de la cicatrice) : palette cutanée de 20 × 12 cm.
D. Tracé de l’exérèse.
E, F. Aspect 6 mois plus tard, la prothèse LS 90 240 (ronde, paroi texturée, profil modéré, gel cohésif) ayant été mise en place dans le même temps (la patiente
souhaite attendre un peu avant la reconstruction de l’aréole et les retouches).

laxité dorsale suffisante pour assurer la fermeture directe de la ensuite prélever un lambeau oblique, ce qui redevient possible
perte de substance correspondant aux dimensions de l’îlot dans cette indication, en raison justement de l’expansion. Nous
cutané nécessaire. Il s’agit de situations où l’on doit remplacer utilisons, soit une prothèse ronde, soit une prothèse ovale. Dans
largement les tissus thoraciques restants. La solution consiste tous les cas, son volume doit être supérieur à 1 l. La prothèse
alors à commencer par un temps d’expansion avant de prélever est d’emblée remplie avec 200 à 300 ml, puis les injections se
le lambeau. [11] Trois temps opératoires sont cette fois-ci font au rythme d’une par semaine, en moyenne de 60 ml au
nécessaires : tout d’abord, la mise en place de la prothèse début, souvent plus à la fin. Une fois le remplissage terminé,
d’expansion sous le futur lambeau, c’est-à-dire sous le muscle nous attendons environ 6 semaines pour prélever le lambeau :
(Fig. 8). L’incision nécessaire doit être courte pour être discrète en général 3 mois séparent ces deux temps. Le lambeau est
et ne pas gêner le prélèvement ultérieur : on peut utiliser, soit ensuite prélevé avec les règles habituelles, il s’agit d’une
la partie la plus externe de la cicatrice de mammectomie, ce qui intervention à faible perte sanguine, d’autant que la face
a l’avantage de ne pas ajouter de cicatrice, soit une incision profonde est déjà tapissée par une membrane périprothétique,
complémentaire, axillaire basse. Une vaste loge est ensuite et la prothèse définitive est mise en place dans le même temps.
décollée sous le muscle, à cheval sous la bretelle du soutien- Selon l’expérience du chirurgien, les conditions de l’interven-
gorge si la palette future correspondra au dessin habituel, soit tion et l’indication, la plastie du sein opposé sera réalisée ou
sous et en arrière du bord antérieur du muscle, si l’on souhaite non dans le même temps opératoire.

Techniques chirurgicales - Gynécologie 7


41-976 ¶ Reconstruction mammaire différée par lambeau de grand dorsal

Figure 9. Reconstruction par lambeau de grand dorsal et augmentation controlatérale : mammectomie 18 mois auparavant avec curage et radiothérapie ;
1 m 56, 55 kg, soutien-gorge 80 A-B. Prothèses LS 90 280 à gauche, 220 à droite, et désépidermisation périaréolaire droite, pour la centrer un peu plus haut.

Le troisième temps associera comme d’habitude les retouches cette technique a ses inconvénients propres : il faut tout d’abord
éventuellement nécessaires et la reconstruction de l’aréole et du que la patiente dispose d’un pannicule adipeux suffisamment
mamelon. intéressant ; l’îlot cutané est limité car on ne peut exercer dans
ce cas de traction de fermeture. L’intervention est beaucoup
plus longue, les séquelles morphologiques et douloureuses
■ Avantages et inconvénients dorsales ne peuvent être ignorées, et les suites sont souvent
fastidieuses.
du lambeau de grand dorsal
C’est une intervention rapide, pour la technique qui reste la
plus utilisée, avec prothèse : la durée de l’intervention est en ■ Indications
moyenne de 2 heures, avec le changement de position. Il n’est
Dans tous les cas où l’apport d’un lambeau est nécessaire, et
pas nécessaire de prévoir une autotransfusion. Le lambeau dit
que l’on ne souhaite ni l’on ne peut prélever un lambeau de
graisseux est plus long, plus fastidieux, plus difficile à prélever.
grand droit. Le lambeau de grand dorsal est particulièrement
L’hospitalisation n’excède pas 1 semaine ; la récupération est
bienvenu lorsque le sein controlatéral est hypotrophique, car on
rapide, car les suites sont peu douloureuses ; une vie normale,
introduira une prothèse de chaque côté (Fig. 9) et l’on obtiendra
calme, est possible dès la sortie. La récupération fonctionnelle
d’autant plus facilement une symétrie de forme, en arrondissant
de l’épaule, si elle est limitée, à la sortie ne prend pas plus du
le sein opposé. Un geste cutané simple (correction de ptose) ou
mois de convalescence ; il n’y a pas de séquelles fonctionnelles
de volume (réduction) (Fig. 10) est souvent nécessaire sur le sein
dans la vie quotidienne et sportive habituelle.
opposé, et chaque fois que possible, il est réalisé dès le premier
Certaines patientes se plaignent parfois de sentir longtemps
temps opératoire, pour ne faire que des retouches au deuxième
une contraction du muscle lors de mouvements plus ou moins
temps, et s’approcher mieux ainsi d’un juste équilibre.
volontaires, ce qui amènera (exceptionnellement) à sectionner
ultérieurement le nerf. Elles signalent souvent une gêne axillaire
basse, mais bien souvent cette gêne et cette hypoesthésie sont
contemporaines du curage (et non identifiées à ce stade) et non ■ Conclusion
pas de la reconstruction. Si le muscle est très épais, il peut faire
une saillie près de son origine, à la partie la plus haute du Le lambeau de grand dorsal est une technique ni longue ni
passage du pédicule : c’est pourquoi certains chirurgiens difficile, tout au moins dans sa version classique, à partir du
sectionnent systématiquement le muscle au-dessus du pédicule, moment où l’on a bien évalué le dessin de l’îlot cutané. Ce sont
et en profitent pour le réamarrer plus en avant sur le thorax, plutôt les astuces de positionnement, le choix de la prothèse
délimitant ainsi davantage en haut et en dehors la loge prothé- adaptée et les gestes souvent nécessaires au niveau du sein
tique. L’inconvénient majeur de ce lambeau reste la présence controlatéral qui en font la difficulté et demandent une bonne
d’une prothèse : volume fixe dans le temps (alors que le sein expérience de la chirurgie plastique et réparatrice du sein pour
controlatéral ne va pas évoluer parallèlement, selon le vieillis- que le résultat en soit pleinement satisfaisant. Qualité et devenir
sement cutané et la prise de poids éventuelle), nécessité de de ce mode de reconstruction sont liés au risque de rétraction
surveillance et de changement en cas d’usure, et surtout risque prothétique associé à la radiothérapie, et à un vieillissement
de rétraction périprothétique. Ce risque est directement lié à harmonieux ou non des deux seins. La probable nécessité de
l’existence d’une radiothérapie, mais est sans doute minimisé remplacement ultérieur de la prothèse n’est pas uniquement
un peu par la position rétromusculaire de l’implant, et surtout péjorative dans la mesure où cela permet d’effectuer les retou-
par l’excision la plus vaste possible des tissus irradiés. Les ches nécessaires. Comme pour toute la chirurgie de reconstruc-
inconvénients liés à la prothèse renforcent l’attitude des tion, souhaitable mais non obligatoire, l’information et la
chirurgiens partisans du lambeau dans sa forme autologue, mais motivation de la patiente sont essentielles.

8 Techniques chirurgicales - Gynécologie


Reconstruction mammaire différée par lambeau de grand dorsal ¶ 41-976

Figure 10. Reconstruction par lambeau de grand dorsal et réduction controlatérale : mammectomie, curage, chimiothérapie 6 ans auparavant (ne se sentait
pas prête pour la reconstruction) ; 48 ans, 1 m 69, 66 kg ; lambeau de 18 × 11 cm, résection de 400 g. À droite, prothèse LS 90 360.

Techniques chirurgicales - Gynécologie 9


41-976 ¶ Reconstruction mammaire différée par lambeau de grand dorsal

■ Références [7] Lejour M, Alemanno P, De Mey A, Gerard T, Duchateau J, Eder H, et al.


Analyse de 56 reconstructions mammaires par lambeau de grand
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La Riforma Medica 1906; XXII(n°28). [8] Muller GH. Intérêt du lambeau antérieur de grand dorsal. Ann Chir
[2] Maxwell GP. Iginio Tansini and the origin of the latissimus dorsi Plast Esthet 1986;31:359-65.
musculocutaneous flap. Plast Reconstr Surg 1980;65:686-92. [9] Mathes SJ, Nahai F. Vascular anatomy of muscle: classification and
[3] Olivari N. The latissimus dorsi flap. Br J Plast Surg 1976;29:126-8. application. In: Clinical applications for muscle and musculocutaneous
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[5] Bostwick J, Nahai F, Wallace JG, Vasconez L. Sixty latissimus dorsi mammaire par lambeau de grand dorsal sans prothèse. Ann Chir Plast
flaps. Plast Reconstr Surg 1979;63:31-40. Esthet 1997;42:118-30.
[6] Bostwick J. Plastic and reconstructive breast surgery. St Louis: QMP; [11] Bricout N, Servant JM, Banzet P. Lambeau de grand dorsal « expansé »:
1990. étude préliminaire. Ann Chir Plast Esthet 1987;32:174-6.

N. Bricout.
96, avenue Victor-Hugo, 75016 Paris, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Bricout N. Reconstruction mammaire différée par lambeau de grand dorsal. EMC (Elsevier SAS, Paris),
Techniques chirurgicales - Gynécologie, 41-976, 2005.

Disponibles sur www.emc-consulte.com


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10 Techniques chirurgicales - Gynécologie


ENCYCLOPÉDIE MÉDICO-CHIRURGICALE 45-665-41-975

45-665
41-975

Reconstruction mammaire
Techniques et indications
J Masson M Ledanvic R é s u m é. – La reconstruction mammaire fait actuellement partie intégrante du
B Couturaud M Revol traitement du cancer du sein. Les prothèses mammaires sont le plus souvent
C Martinaud JM Servant utilisées. Seules les prothèses remplies de sérum physiologique sont autorisées.
Les lambeaux musculocutanés les plus utilisés sont le lambeau de grand dorsal
associé à une prothèse ou le lambeau de grand droit de l’abdomen.
Nous préférons la reconstruction mammaire secondaire en deux temps.

Introduction Reconstruction prothétique

La reconstruction mammaire fait actuellement partie intégrante du Législation - Généralités


traitement du cancer du sein. Elle doit être évoquée dès la première Un arrêté émanant du ministère des Finances et du ministère de la Santé
consultation du cancérologue. Elle est systématiquement proposée datant de mai 1994 interdit tous les implants mammaires en dehors de
chaque fois qu’elle est possible. Le but de la reconstruction mammaire ceux remplis de sérum physiologique.
est d’apporter un volume, de symétriser le sein controlatéral et de
reconstruire la plaque aréolomamelonnaire. La France est le seul pays en Europe à interdire l’usage des prothèses
préremplies de gel de silicone, avec quelques dérogations très
Les différentes techniques chirurgicales seront successivement décrites exceptionnelles du ministère de la Santé.
avant d’envisager les indications puis la chronologie des différents
temps opératoires. Aucune étude épidémiologique n’a pu, à ce jour, établir de façon
formelle une relation de cause à effet entre le gel de silicone et la
découverte d’une pathologie auto-immune [27, 48].
Reconstruction du volume mammaire Les études épidémiologiques ont en revanche éliminé le risque
carcinologique de la silicone en ce qui concerne la survie, le risque de
Lorsque les téguments restants sont de bonne qualité, la méthode la plus récidives et de métastases [44].
simple pour reconstruire le volume mammaire est l’utilisation d’un Les prothèses gonflables utilisées actuellement sont constituées d’une
implant prothétique. enveloppe en élastomère de silicone. Les prothèses utilisées sont rondes
ou de forme anatomique plus proche de la forme de la glande mammaire
(fig 1). Le remplissage de la prothèse se fait en peropératoire par du
sérum physiologique. Cela permet d’adapter le volume de la prothèse
au volume du sein controlatéral. La consistance liquidienne de ces
prothèses est moins naturelle que celle des prothèses préremplies de
Jean Masson : Praticien hospitalier. silicone.
Benoît Couturaud : Chef de clinique.
Catherine Martinaud : Attachée. En cas de fuite, dont la fréquence est relativement importante (20 % des
Michèle Ledanvic : Attachée. cas dans certaines séries), l’innocuité du sérum physiologique est totale.
Marc Revol : Professeur des Universités, praticien hospitalier. Aucune prothèse n’est idéale. Toutes présentent des avantages et des
Jean-Marie Servant : Professeur des Universités, praticien hospitalier. inconvénients et toutes peuvent entraîner une réaction périprothétique
Service de chirurgie plastique reconstructrice et esthétique, hôpital Saint-Louis,
plus ou moins importante (coque).
1, avenue Claude-Vellefaux, 75475 Paris cedex 10, France.
Certains chirurgiens, pour distendre la peau ou mettre un implant plus
gros, utilisent des prothèses d’expansion dont on peut progressivement
© Elsevier, Paris

Toute référence à cet article doit porter la mention : Masson J, Couturaud B,


Martinaud C, Ledanvic M, Revol M et Servant JM. Reconstruction mammaire. augmenter le volume, généralement par l’intermédiaire d’une petite
Encycl Méd Chir (Elsevier, Paris), Techniques chirurgicales – Chirurgie plastique chambre raccordée à la prothèse. Ce remplissage s’effectue une à deux
reconstructrice et esthétique, 45-665, Techniques chirurgicales – Gynécologie, fois par semaine jusqu’à l’obtention du volume désiré [9, 10].
41-975, 1998, 22 p.
Il existe également des prothèses préremplies de sérum physiologique.

150 422 EMC [276]


45-665 RECONSTRUCTION MAMMAIRE - TECHNIQUES ET INDICATIONS Techniques chirurgicales
41-975

1 Prothèses anatomiques à base large.


Face et profil.

Mise en place de la prothèse (fig 2 à 9)


La patiente est opérée en position demi-assise. Les prothèses sont mises
en place en général en position rétromusculaire (derrière le muscle grand
pectoral). Lorsque la cicatrice est de bonne qualité, la prothèse est
introduite en sous-musculaire en reprenant la partie externe ou moyenne
de l’incision. Lorsque la cicatrice est de mauvaise qualité ou rétractée,
elle est excisée et la prothèse est insérée en décalant l’incision
musculaire de la voie d’abord cutanée.

Limites du décollement
Il faut désinsérer partiellement les fibres inféro-internes du grand
pectoral en dedans, en ménageant les fibres les plus internes pour éviter
la création d’une fossette interne disgracieuse et difficile à traiter.
En bas, le décollement descend environ 2 cm au-dessous du sillon sous-
mammaire controlatéral car la prothèse a presque toujours tendance à A
remonter dans sa loge dans les semaines qui suivent l’intervention. La
texturation prononcée de certaines prothèses semble diminuer cette
migration dans la loge.
Lorsque la cicatrice est située très haut sur le thorax et lorsque la peau
est rétractée par la radiothérapie, la prothèse peut avoir tendance à
migrer vers le bas si le décollement inférieur est trop important.
Une prothèse dont le bord inférieur est situé un peu plus haut que le sillon
peut avoir un aspect très satisfaisant alors qu’une prothèse dont le bord
inférieur est trop bas est toujours inesthétique. Il est plus facile de
redescendre une prothèse trop haute que de remonter une prothèse trop
basse.

Complications

Complications immédiates
• Infection
Elle est rare. L’antibiothérapie prophylactique est systématique.
• Exposition de la prothèse
Elle survient quand une prothèse trop grosse a été utilisée sous des tissus
insuffisants ou de mauvaise qualité (séquelle de radiothérapie). Elle
impose l’ablation de la prothèse ou la réalisation en urgence d’un
lambeau.

Complications secondaires
• Rétraction périprothétique (coque)
Une membrane se forme toujours autour d’une prothèse. Elle peut être
fine et souple, ne modifiant ni la forme ni la consistance de la prothèse.
Lorsque la rétraction est importante, le sein reconstruit devient dur,
sphérique et douloureux (coque). La classification de Becker définit
quatre stades allant de l’absence de coque, stade I, à la rétraction B
maximale et douloureuse, stade IV. Cette rétraction peut être rapide ou
progressive, mais est imprévisible. Elle est gênante dans 20 à 30 % des 2 A. Installation de la patiente : position demi-assise, bras le long du corps.
cas, justifiant une reprise chirurgicale (capsulotomie, changement B. Rapports du muscle grand pectoral et du sein.
éventuel de prothèse). Les prothèses texturées semblent diminuer cette

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Techniques chirurgicales RECONSTRUCTION MAMMAIRE - TECHNIQUES ET INDICATIONS 45-665
41-975

3 Décollement du sillon sous-mammaire 2 cm plus bas que le sillon controlaréral. 5 Étendue du décollement rétropectoral et sous-mammaire.

4 A. Voie d’abord transpectorale dans l’axe des fibres.


B. Muscle grand pectoral décollé dans le plan des côtes et des muscles
intercostaux. B

rétraction périprothétique par modification de l’agencement des fibres changement de consistance de la prothèse, voire des signes
collagènes et des myofibroblastes autour de l’implant. inflammatoires locaux. Une rupture de la prothèse peut être objectivée
par une mammographie numérisée. La prothèse doit alors être enlevée
• Rupture de la prothèse et remplacée par un autre implant.
Le sein reconstruit s’aplatit brutalement ou progressivement en cas de
• Fossettes internes
rupture d’une prothèse gonflable. Le changement de prothèse doit être
effectué rapidement pour limiter la rétraction de la loge. La rupture d’un Après la mise en place d’une prothèse, une fossette peut se creuser
implant prérempli de silicone peut passer inaperçue ou entraîner un progressivement dans le quadrant interne du sein reconstruit.

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45-665 RECONSTRUCTION MAMMAIRE - TECHNIQUES ET INDICATIONS Techniques chirurgicales
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6 Drainage aspiratif du décollement avant la mise en place de l’implant.

7 Mise en place de l’implant en rétropectoral, en vérifiant la position idéale profilée.

8 Remplissage de l’implant à l’aide de sérum physiologique.

9 A. Prothèse rétropectorale en supéro-interne et sous-cutanée en inféroexterne.


B. En postopératoire immédiat, le sillon du côté reconstruit est plus bas.

9A 9B

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Techniques chirurgicales RECONSTRUCTION MAMMAIRE - TECHNIQUES ET INDICATIONS 45-665
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Elle provient d’un excès de libération des fibres internes du muscle
grand pectoral, et ce phénomène est très visible chez les patientes très
minces.
Le pectoral désinséré vient se réinsérer sur la capsule périprothétique, et
la contraction du muscle entraîne alors un aplatissement de la loge en
interne avec un « coup de hache » à ce niveau qui chasse la prothèse en
dehors.
Toute tentative de libération interne pour remettre la prothèse en place
fait courir un risque d’aggravation de la fossette par désinsertion
supplémentaire du grand pectoral.
La correction de cette fossette est très difficile. Les prothèses à
texturation importante qui se fixent à la paroi thoracique limitent ce
phénomène.
La mise en place d’une prothèse est la méthode la plus simple et la plus
fréquemment pratiquée en reconstruction mammaire. Elle nécessite une
information préopératoire rigoureuse et un suivi régulier.

Lambeau de grand dorsal (latissimus dorsi)


10 Anatomie du lambeau de grand dorsal. 1. Pédicule artérioveineux axillaire ;
Lorsque les téguments restants sont insuffisants, un lambeau 2. pédicule circonflexe scapulaire ; 3. pédicule thoracodorsal ; 4. branche thoracique
musculocutané de grand dorsal est souvent utilisé. Il est presque toujours du pédicule thoracodorsal ; 5. bord antérieur du muscle grand dorsal.
associé à une prothèse car, même en emportant la graisse de voisinage,
il ne peut en général pas, à lui seul, fournir un volume très important. moyenne 9 cm) après l’origine de la sous-scapulaire, et de 1 à 4 cm en
Utilisé pour la première fois par l’italien Tansini en 1896 pour la arrière du bord antérieur du muscle. Auparavant, elle donne le plus
fermeture d’une mammectomie, ce lambeau a été véritablement souvent une ou deux, exceptionnellement trois branches thoraciques
redécouvert ces dernières années en reconstruction mammaire. C’est pour le muscle grand dentelé. En abordant le muscle grand dorsal, le
actuellement le lambeau le plus universel de la chirurgie plastique, tant pédicule neurovasculaire se divise en un pédicule externe, parallèle au
par ses possibilités d’utilisation (musculaire ou musculocutané, pédiculé bord antérieur du muscle qu’il suit de 1 à 4 cm en arrière, et un pédicule
ou libre) que par sa très grande taille possible, sa simplicité technique et interne, qui s’en détache à 45° et suit le bord supérieur du muscle. Plus
sa très grande fiabilité. rarement, le pédicule se divise en trois ou quatre branches. Quel que soit
le mode de division, il faut remarquer, d’une part, la constance du
Rappel anatomique (fig 10) pédicule vasculonerveux satellite du bord antérieur du muscle, et d’autre
part la possibilité de fragmenter le muscle en autant d’unités
Le muscle grand dorsal est le plus grand muscle du dos. Il s’insère en fonctionnelles qu’il y a de pédicules vasculonerveux indépendants.
bas, d’une part sur la face externe des quatre dernières côtes, par quatre L’artère et la veine sous-scapulaires naissent en général au même niveau
languettes qui s’engrènent avec les digitations correspondantes du grand des vaisseaux axillaires.
oblique, d’autre part et surtout sur l’aponévrose lombaire, triangulaire,
tendue entre les apophyses épineuses des six dernières vertèbres Les variations anatomiques sont relativement fréquentes.
dorsales, des cinq vertèbres lombaires et des vertèbres sacrées, sur les
ligaments interépineux correspondants ainsi que sur le tiers postérieur Arc de rotation
de la crête iliaque. C’est le lambeau à pédicule proximal (dominant) qui est le plus utilisé
Le muscle recouvre l’angle inférieur de l’omoplate d’où se détache en pratique bien que le lambeau de grand dorsal à pédicule distal soit
parfois un faisceau accessoire. Il contourne le bord inférieur du grand possible sur les vaisseaux perforants paravertébraux [16]. Le point pivot
rond avec lequel il forme la paroi postérieure du creux axillaire. est situé au sommet de l’aisselle et peut aller jusqu’à l’origine des
Il se termine au fond de la coulisse bicipitale de l’humérus entre le vaisseaux sous-scapulaires. L’arc de rotation permet alors d’atteindre le
tendon du grand pectoral et celui du grand rond. cou, la nuque et les deux tiers inférieurs de la face, le bras et le coude.
Le lambeau en chirurgie mammaire couvre toute la région thoracique
Action homolatérale, antérieure et postérieure, et peut dépasser la ligne
médiane.
Il sert à l’adduction, la rétropulsion et la rotation interne du bras.
Le territoire cutané de ce lambeau est très vaste. L’extension en avant
Il soulève le tronc si l’humérus est fixe. Il est donc important si le patient du bord antérieur du muscle permet de lever des palettes faisant jusqu’à
doit marcher avec des béquilles (paraplégique). Les séquelles 35 cm de long sur 25 cm de large. Il est conseillé de ne pas descendre
fonctionnelles liées au prélèvement du muscle grand dorsal sont en d’emblée à moins de 5 cm de la crête. La largeur maximale de la palette
pratique négligeables chez l’adulte tant au niveau de l’épaule que du cutanée autorisant une fermeture directe de la zone donneuse est de 10 à
rachis, en dehors des grands sportifs. 12 cm. Au-delà, cette zone donneuse est rétrécie par des points à appui
dermique, et greffée secondairement.
Innervation
C’est le nerf du grand dorsal né du tronc secondaire postérieur. Ses fibres Technique de levée
proviennent surtout de C7, mais aussi de C5, C6 et C8. Le nerf est Le pédicule vasculonerveux du muscle grand dorsal, qui constitue la
satellite des vaisseaux et se divise avec eux dans le muscle. limite postérieure de tout curage axillaire sous-veineux actuellement
pratiqué, doit si possible être conservé. La contractilité du muscle
Vascularisation témoigne en général de l’intégrité de son pédicule vasculonerveux et
La vascularisation du grand dorsal est du type V de Mathes et Nahai, doit toujours être vérifiée avant de poser l’indication opératoire. S’il
c’est-à-dire qu’elle provient d’un pédicule dominant et de pédicules existe un doute, l’intervention commence par une exploration du
accessoires segmentaires. pédicule ou l’utilisation d’un doppler préopératoire.
Le pédicule dominant est l’artère thoracodorsale, issue de l’artère sous- Technique habituelle (lambeau musculocutané)
scapulaire (ou scapulaire inférieure), née elle-même de l’artère axillaire.
Quelques centimètres après son origine, la sous-scapulaire se bifurque On réalise le tracé prévisionnel du lambeau avant l’anesthésie, sur un
en artère circonflexe scapulaire (destinée au muscle sous-scapulaire et à patient debout, mains sur les hanches. Par la palpation, est repéré et
la peau des lambeaux scapulaire et parascapulaire) et en artère marqué le bord antérieur du muscle grand dorsal. Le bord antérieur réel
thoracodorsale qui pénètre dans le muscle grand dorsal de 6 à 16 cm (en du muscle est à 3 ou 4 cm en avant de ce bord palpé.

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11 En position assise, prothèse en place, appréciation précise de la palette


cutanée nécessaire.

14 Repérage du pédicule thoracodorsal dans l’épaisseur du muscle et de la


branche thoracique.

12 Repérage du bord antérieur du muscle grand dorsal.

15 Incision cutanée postérieure du lambeau jusqu’au muscle.

L’origine du pédicule sous-scapulaire est située au sommet du creux


axillaire, que l’on repère d’une croix. Dès lors, tous les dessins suivants
et les mesures de l’arc de rotation sont faits en demandant au patient de
relever le bras (pour profiter de toute la laxité cutanée possible).
La situation de la palette cutanée dépend de la perte de substance à
couvrir et de la taille du lambeau. Si le lambeau à prélever est de petite
taille, il doit être taillé à l’aplomb du muscle. Si le lambeau est de grande
taille, il peut être placé à cheval sur le bord antérieur du muscle.
Pour réaliser un lambeau vertical en reconstruction mammaire,
théoriquement trois installations chirurgicales différentes sont
préconisées pour harmoniser, au mieux, le dessin de la palette au volume
de la prothèse.
13 Libération du muscle grand dorsal dans l’espace celluleux entre le grand Première installation (fig 11)
dorsal et le grand dentelé.
– La patiente est installée en position demi-assise, bras le long du corps.

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Techniques chirurgicales RECONSTRUCTION MAMMAIRE - TECHNIQUES ET INDICATIONS 45-665
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16

18

16 Libération et décollement de la peau en arrière.

17 Levée du lambeau de grand dorsal et section du muscle avec, ici, un large


débord postérieur.

18 Lambeau de grand dorsal libéré après ligature et section des branches thoraci-
17 ques du pédicule thoracodorsal.

– La cicatrice de mastectomie est reprise sur toute sa longueur ou Deuxième installation (fig 12 à 18)
excisée et adressée pour examen anatomopathologique.
– La loge prothétique rétromusculaire est décollée. – La patiente est allongée en décubitus dorsal, avec un coussin le long
de la colonne vertébrale pour surélever légèrement de la table
– La prothèse est positionnée et gonflée au volume souhaité.
l’hémithorax correspondant. Le membre supérieur badigeonné est en
– Un calque précis de la perte de substance est réalisé sur un papier abduction sur une table à bras.
stérile. Il correspond à la dimension du lambeau de grand dorsal à
prélever en tenant compte de la fermeture de la zone donneuse. – Le calque du lambeau de grand dorsal est apposé verticalement sur la
– La prothèse est ensuite retirée, dégonflée et conservée sur la table dans zone donneuse et peut parfois se superposer au tracé prévisionnel réalisé
une solution antiseptique. sur la patiente debout.

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45-665 RECONSTRUCTION MAMMAIRE - TECHNIQUES ET INDICATIONS Techniques chirurgicales
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– Par une incision cutanée qui suit le bord antérieur du dessin de la
palette cutanée, on recherche le bord antérieur du muscle grand dorsal à
la partie moyenne de la verticale.
– Le grand dorsal est séparé du grand dentelé.
– On repère le pédicule vasculonerveux, 2 ou 3 cm en arrière du bord
antérieur. Les insertions costales du grand dorsal sont sectionnées en
bas. Ces insertions ne sont pas toujours faciles à distinguer de celles du
grand oblique et du grand dentelé.
– Les perforantes intercostales sont liées.
– La dissection remonte le long du pédicule, en liant au besoin toutes
les branches rencontrées jusqu’aux vaisseaux axillaires (en particulier
thoraciques et circonflexes scapulaires) pour bénéficier du plus long
pédicule et du plus gros calibre vasculaire possible (fig 18).
– On termine l’incision de la palette cutanée en arrière, on sectionne le
muscle le long de ses fibres en emportant avec lui le pédicule principal
du bord antérieur. Il est conseillé de prendre un débord musculaire en
arrière de la palette cutanée, de façon à obtenir une couverture le plus
large possible de la prothèse (fig 15, 16, 17).
– La section musculaire remonte jusqu’au tendon (fig 19), qui est au
besoin sectionné pour mettre le lambeau en îlot vasculaire pur et
augmenter ainsi au maximum son arc de rotation. Il faut bien distinguer
les fibres du grand dorsal de celles du grand rond.
– La zone donneuse est suturée sur drains aspiratifs (fig 20).
– Le lambeau est passé à travers un tunnel sous-cutané en avant du
tendon du muscle grand pectoral et fixé avec deux points d’attente au
niveau de la perte de substance pariétale thoracique. Le lambeau doit
s’étaler sans aucune tension. 19 Libération sous-cutanée vers le tendon du grand dorsal.

Troisième installation (fig 21 à 24)


– La patiente est remise en position demi-assise, bras le long du corps.
– La prothèse est gonflée au volume idéal sous le lambeau de grand
dorsal. Le décollement externe et inférieur peut être adapté prothèse en
place.
– Le grand dorsal et le grand pectoral sont suturés l’un à l’autre.
– Si le débord musculaire interne est insuffisant, la partie distale du
lambeau est désépidermisée et enfouie, ce qui permet de minimiser le
risque d’exposition de la prothèse, fréquent à ce niveau.
– Le lambeau est suturé ensuite en deux plans sur un drain aspiratif dans
le décollement inférieur.

Variantes
Position de la palette
Elle peut être dessinée horizontalement, et tous ces temps opératoires
peuvent alors être réalisés en décubitus latéral. 20 Deux drains aspiratifs au niveau de la zone donneuse.

Grand dorsal expansé La cicatrice du prélèvement de grand dorsal peut être de mauvaise
L’expansion de la zone donneuse dorsale permet de prélever une palette qualité et notablement élargie (îlot cutané supérieur à 10 cm) [20].
de plus grande taille, autofermante, ayant un galbe facilitant la mise en La saillie des dernières côtes peut être anormalement visible ainsi
place de la prothèse. qu’une déformation en « coup de hache ».
Dans ce cas particulier, lorsque l’expansion maximale est obtenue, il faut Les séquelles au niveau de la mobilité de l’épaule sont minimes.
attendre un délai minimal de 15 jours avant de lever le lambeau expansé. Le retentissement sur la vie professionnelle est négligeable, l’activité
sportive est conservée.
Grand dorsal sans prothèse [22] De rares déviations rachidiennes à type de scoliose sont décrites lors de
Les avantages théoriques de ce lambeau sont ceux d’une reconstruction larges prélèvements musculaires chez des sujets de moins de 20 ans [37].
autologue : sein souple, de forme et de consistance naturelles.
La graisse est prélevée autour du lambeau, au-dessous du fascia Lambeau de grand droit de l’abdomen
superficialis ainsi qu’au-dessus et en avant du grand dorsal. Elle peut Décrit par Hartrampf en 1982, le lambeau musculocutané de grand droit
apporter un volume théorique en immédiat d’environ 200 mL. Il faut de l’abdomen permet de reconstruire un volume mammaire sans
surcorriger le volume du sein reconstruit de 15 à 30 % par rapport au prothèse à partir des tissus cutanéograisseux sous-ombilicaux.
volume que l’on souhaite obtenir.
Ce lambeau est intéressant dans certaines morphologies, notamment Rappel anatomique
dans les cas où l’on peut enfouir de façon totale ou subtotale la palette Le muscle grand droit [47] de l’abdomen s’étend le long de la ligne
cutanée désépidermisée, éventuellement associée à un lambeau médiane, du pubis au thorax. Son tendon inférieur, généralement divisé
graisseux d’avancement abdominal. en deux faisceaux distincts (interne et externe), s’insère sur le pubis, de
la symphyse à l’épine.
Avantages et inconvénients
En haut, le muscle s’insère, de dehors en dedans, par trois digitations
Le lambeau de grand dorsal est fiable, son prélèvement est charnues sur les cinquième, sixième et septième cartilages costaux, et
techniquement facile et rapide (moins de 1 % de nécrose totale) [16]. sur l’appendice xiphoïde.

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Techniques chirurgicales RECONSTRUCTION MAMMAIRE - TECHNIQUES ET INDICATIONS 45-665
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24A
21

24B

22

24C

21 Lambeau de grand dorsal positionné après gonflement de l’implant et mise en


place d’un drain aspiratif.
22 Vue en coupe de profil. Noter le débord musculaire inférieur du grand dorsal
recouvrant toute la prothèse.
23 Lambeau de grand dorsal suturé.
24 A, B. Lambeau de grand dorsal dans la cicatrice de mastectomie.
C. Lambeau de grand dorsal idéal avec cicatrice reportée dans le sillon sous-
23 mammaire.

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où les deux muscles sont distants l’un de l’autre, la ligne blanche est
étroite et vraiment linéaire en sous-ombilical, où les deux muscles
présentent d’intimes adhérences.
Vascularisation (fig 25)
Celle du muscle grand droit de l’abdomen est de type III dans la
classification de Mathes et Nahai [39], c’est-à-dire qu’elle est assurée par
deux pédicules dominants :
– les vaisseaux épigastriques supérieurs ;
– les vaisseaux épigastriques inférieurs profonds [54, 55].
La vascularisation du muscle grand droit de l’abdomen a été très bien
étudiée par Boyd et Taylor [17].
Deux études anatomiques servant de références, parues en 1984 et 1988,
ont permis, grâce aux travaux de Taylor, de préciser [17, 42] :
– les variations anatomiques des artères épigastriques supérieure et
1 inférieure profondes, avec une attention toute particulière pour les
anastomoses entre ces deux réseaux vasculaires ;
– les relations entre cet axe vasculaire épigastrique et l’aponévrose
2 antérieure de la gaine du muscle droit, ses intersections tendineuses et
ses implications chirurgicales ;
– la richesse vasculaire des différentes zones de la paroi abdominale
avec leur lambeau correspondant, avec une étude toute particulière des
connexions vasculaires lors du croisement de la ligne médiane
abdominale :
3 – l’innervation du muscle, ses rapports avec le corps musculaire,
mais aussi avec les perforantes musculaires ;
– le rôle des cicatrices de l’abdomen dans l’apparition d’une nécrose
de lambeau.
• Artère épigastrique supérieure (AES)
Elle est la branche de bifurcation terminale interne de la mammaire
interne, la branche de division externe étant l’artère musculophrénique
25 Lambeau de grand droit de l’abdomen, projection du muscle grand droit et des
deux pédicules épigastriques. 1. Pédicule épigastrique supérieur profond ; 2. anas-
qui se dirige obliquement, en bas et en dehors, en arrière des septième,
tomose des deux pédicules au-dessus de l’ombilic ; 3. pédicule épigastrique inférieur huitième et neuvième cartilages costaux.
profond. L’AES naît derrière le sixième cartilage costal et passe derrière le
septième. Son calibre à l’origine est en moyenne de 1,6 mm (veine :
Le muscle présente deux à cinq intersections tendineuses transversales, 1,2 mm). Poursuivant le trajet de la mammaire interne, elle passe entre
le plus souvent incomplètes car elles s’étendent rarement à la fois à toute les chefs sternal et costal du diaphragme et pénètre dans la gaine du
la largeur et à toute l’épaisseur du muscle. Ces intersections tendineuses muscle droit. Arrivée à mi-distance entre le sternum et l’ombilic, elle
correspondent à des condensations de la face antérieure de l’aponévrose pénètre dans le muscle où elle s’anastomose avec la suivante.
du muscle grand droit, et lorsqu’il existe deux ou trois intersections, ce
qui est habituel, l’une d’elles est au niveau de l’ombilic et les deux autres • Artère épigastrique inférieure profonde (AEIP)
se situent au-dessus de l’ombilic, avec classiquement l’une au niveau du Elle naît de l’artère iliaque externe juste au-dessus de l’arcade crurale, à
rebord costal inférieur et la seconde à mi-distance entre l’ombilic et le sa face postéro-interne, à l’opposé de l’origine de l’artère circonflexe
rebord costal. profonde. Cette AEIP, ou artère épigastrique classique, ne doit pas être
Chacun des muscles grands droits est contenu dans une gaine confondue avec l’artère épigastrique superficielle ou sous-cutanée
aponévrotique constituée par les aponévroses des muscles grand abdominale classique. Le calibre à l’origine de l’AEIP est en moyenne
oblique, petit oblique et transverse : de 3,4 mm (veine double dans un quart des cas, de 2,5 à 4,4 mm). Elle se
– dans les deux tiers ou les trois quarts supérieurs du muscle, la gaine porte en dedans puis s’infléchit et monte vers l’ombilic en décrivant une
est formée en arrière par l’aponévrose d’insertion du transverse, unie au crosse à concavité supérieure qui contourne l’orifice inguinal profond.
feuillet postérieur de celle du petit oblique, et en avant par l’aponévrose Dans son segment oblique, l’épigastrique suit une direction donnée par
d’insertion du grand oblique, unie au feuillet antérieur de celle du petit une ligne menée du milieu de l’arcade crurale à l’ombilic. Dans ce trajet,
oblique. De fortes adhérences unissent les intersections tendineuses du elle se rapproche du muscle grand droit, croise son bord externe et
muscle à la partie correspondante de la gaine antérieure (il n’y a pas s’engage peu à peu sous l’arcade de Douglas. Jusqu’à cette arcade,
d’adhérence en arrière) ; l’artère est située en avant du fascia transversalis. À partir de l’arcade,
elle monte dans la gaine, en arrière du corps musculaire, jusqu’à
– dans le tiers ou le quart inférieur du muscle, les lames tendineuses des l’ombilic où elle pénètre dans le muscle et va s’anastomoser avec la
muscles grand oblique, petit oblique et transverse passent en totalité en précédente. Le plus souvent, dans 71 % des cas, l’artère se divise en
avant du muscle droit. La partie postérieure de la gaine est uniquement sous-ombilical en donnant deux branches, voire trois de division.
constituée par le fascia transversalis, feuillet aponévrotique qui recouvre
la face profonde du transverse et l’abandonne pour passer en arrière du Les artères épigastriques supérieure et inférieure s’anastomosent donc
muscle grand droit. La paroi postérieure de la gaine des droits est donc entre elles dans l’épaisseur du muscle, nettement au-dessus de l’ombilic,
tendineuse en haut et fibrocelluleuse en bas. La limite entre ces deux par l’intermédiaire de vaisseaux de petit calibre (choke vessels décrits
zones est indiquée par l’arcade de Douglas, qui est le bord inférieur par Taylor).
concave, en bas, de la partie tendineuse de la paroi postérieure de la Taylor a pu ainsi définir trois modes de distribution vasculaire de l’AEIP,
gaine. Elle est située à peu près à mi-distance entre le pubis et l’ombilic. correspondant aux branches descendantes de l’AES [42] :
En bas, il existe un espace prismatique triangulaire à base inférieure, – type I (29 % des cas) : les deux artères donnent une branche unique
rempli de graisse, l’espace sus-pubien. qui se ramifie au-dessus de l’ombilic, à l’artère opposée, avec une
Les deux muscles droits sont séparés l’un de l’autre sur la ligne médiane moyenne de cinq branches anastomotiques ;
par un raphé tendineux appelé « ligne blanche ». Ce raphé est constitué – type II (57 % des cas) : chaque artère donne deux branches. L’AEIP
par l’entrecroisement des fibres tendineuses des muscles grand oblique, se divise au-dessous de l’arcade de Douglas et donne en moyenne neuf
petit oblique et transverse. Large à l’étage sus-ombilical (jusqu’à 2 cm) anastomoses avec les deux branches homologues de l’AES ;

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– type III (14 % des cas) : l’AEIP se divise en trois branches ou plus qui
donnent en moyenne 13 anastomoses avec les trois branches
homologues de l’AES.
Il existe de nombreuses branches vasculaires destinées à la peau,
qu’elles atteignent en perforant le feuillet antérieur de la gaine du muscle
(perforante musculocutanée) ou bien le bord interne ou externe de la
gaine (perforantes fasciocutanées interne et externe). Le plus grand
nombre de vaisseaux perforants de gros calibre se trouve dans la région
périombilicale, surtout vers les deux tiers internes du muscle. Le tiers
externe du feuillet antérieur de la gaine peut donc être raisonnablement
laissé en place pour faciliter la réparation de cette gaine.
Les vaisseaux perforants proviennent pour l’essentiel de l’épigastrique
inférieure et s’anastomosent en un réseau sous-cutané qui irradie autour
de l’ombilic vers les vaisseaux perforants intercostaux (connexion la plus
importante), perforants de la circonflexe iliaque profonde, circonflexe
iliaque superficielle, sous-cutanée abdominale et honteuse externe.
Il existe aussi des anastomoses profondes entre le système épigastrique
et les branches vasculaires de petit calibre qui accompagnent les nerfs
intercostaux par les perforantes fasciocutanées externes.
• Retour veineux
Le drainage veineux, particulièrement bien étudié par Carramenha [21],
s’effectue de la palette cutanéograisseuse du lambeau vers le système
veineux épigastrique profond à travers des perforantes verticales
essentiellement périombilicales. L’essentiel du retour veineux est
ensuite assuré par la veine épigastrique supérieure, puis la veine
mammaire interne.
La veine épigastrique superficielle, dans sa partie supérieure, à un
diamètre avoisinant 1,8 mm. Tout le long de son trajet, elle donne des
branches anastomotiques croisant la ligne médiane avec son homologue
controlatéral. Elle donne surtout des branches perforantes qui traversent
le feuillet antérieur de la gaine du droit et le muscle pour s’anastomoser
dans le système veineux épigastrique profond. Ces perforantes sont
essentiellement concentrées en périombilical. 26 Projection de l’aire de décollement du lambeau abdominal supérieur, du tunnel
épigastrique et de la zone de mastectomie.
• Veines épigastriques profondes supérieure et inférieure [55]
Elles suivent le réseau artériel épigastrique profond et sont situées Toutes ces données anatomiques permettent de mieux comprendre le
latéralement par rapport à l’artère, d’un côté ou de l’autre. lambeau musculocutané pédiculé de grand droit de l’abdomen, à
Au niveau des tiers supérieur et inférieur du muscle, elles cheminent pédicule supérieur, décrit par Hartrampf [32] en 1982, ou TRAM flap
entre le muscle et le feuillet postérieur de sa gaine. (transverse rectus abdominal myocutaneous flap). Ce lambeau utilise la
– La veine épigastrique supérieure profonde (2 mm de diamètre peau sous-ombilicale sur un pédicule épigastrique supérieur. Celui-ci
environ) est formée par deux branches, ensuite elle conflue avec la veine revascularise à contre-courant l’artère épigastrique inférieure qui, par
musculophrénique et devient la veine mammaire interne. ses perforantes et ses anastomoses sous-ombilicales, revascularise les
– La veine épigastrique inférieure profonde est elle aussi constituée de artères sous-cutanées abdominales et circonflexes iliaques du même côté
deux veines qui s’unissent dans la région inguinale. Leur diamètre et du côté opposé. Le drainage veineux est parallèle et rejoint dans la
moyen est de 2,8 mm de diamètre. Ces deux veines sont en règle situées région périombilicale la veine épigastrique inférieure qui, étant
de part et d’autre de l’artère avec de nombreux shunts entre elles. valvulée, doit être forcée pour que le retour sanguin se fasse vers la veine
épigastrique supérieure. Ce lambeau est donc anatomiquement fragile à
Il existe de nombreuses anastomoses avec les veines épigastriques trois niveaux :
inférieures profondes controlatérales, surtout dans la région
périombilicale et sus-pubienne. – finesse des anastomoses entre les systèmes épigastriques supérieur et
inférieur (choke vessels) ;
L’injection du système veineux épigastrique superficiel entraîne une
opacification du système veineux épigastrique profond et ce, de façon – faiblesse du nombre des perforantes sous-ombilicales dans la partie
bilatérale. En revanche, l’injection du système veineux profond n’atteint inférieure du lambeau ;
pas le système veineux superficiel, mais le réseau profond veineux – variabilité des anastomoses vasculaires sur la ligne médiane entre les
controlatéral. territoires cutanés.
La circulation veineuse se fait donc du réseau veineux épigastrique
superficiel vers l’axe veineux profond par les perforantes verticales. Le Technique chirurgicale
sang veineux gagne le réseau veineux épigastrique supérieur puis la
veine mammaire interne, mais il existe à l’évidence un flux rétrograde Quand nous réalisons un lambeau musculocutané transversal de grand
par le réseau veineux épigastrique inférieur profond. droit de l’abdomen ou TRAM flap, nous utilisons un lambeau à pédicule
supérieur unique ou un lambeau libre dont les vaisseaux nourriciers sont
Innervation du grand droit représentés par les vaisseaux épigastriques inférieurs profonds. Nous
n’utilisons plus les lambeaux bipédiculés pour limiter les séquelles
Elle est segmentaire et provient des branches terminales des six derniers pariétales [34]. La chronologie des différents temps opératoires peut
nerfs intercostaux. Ces nerfs cheminent, avec les branches terminales varier selon les habitudes de chacun.
des artères intercostales, entre les muscles petit oblique et transverse. Ils
pénètrent au bord externe de la gaine musculaire et cheminent à la face Nous développons actuellement une nouvelle méthode
profonde du muscle, dans laquelle ils pénètrent à environ 3 cm du bord d’autonomisation qui serait une alternative possible au lambeau libre.
externe. Duchateau [24] a bien démontré, contrairement aux notions Certains auteurs, pour diminuer les séquelles musculaires, prélèvent un
classiques, que ces nerfs ne donnent pas d’autre branche, en particulier lambeau sur les perforantes transmusculaires (DIEP : deep inferior
cutanée. episgratic perforator).

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28

29

27 Lambeau abdominal supérieur décollé.


28 Réalisation du tunnel épigastrique pour le passage du lambeau. 30
29 Ouverture de l’aponévrose du muscle grand droit avec libération en dedans et en 30 Aponévrose du muscle grand droit libéré avec visualisation d’une intersection
dehors permettant l’exposition de toute la largeur du muscle. tendineuse.

Lambeau musculocutané transversal de grand droit La hauteur de la palette cutanéograisseuse est fonction du volume
à pédicule supérieur (TRAM « flap ») (fig 26 à 44). mammaire à reconstruire et non de la surface cutanée utile. La
• Dessin de la palette quantité des perforantes cutanées directes transmusculaire est
Le tracé du lambeau se fait sur la patiente debout, puis couchée et assise, maximale dans la région ombilicale. Afin d’emmener le maximum
en vérifiant la symétrie. de perforantes, le tracé supérieur de la palette se situe au moins

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IV II I III 33

31

34

35
32

31 Dessin des quatre zones du lambeau de grand droit de l’abdomen selon


Hartrampf.
32 Libération du pédicule épigastrique inférieur profond.
33 Section après ligature du pédicule épigastrique inférieur profond et section
du muscle grand droit.
34 Libération de la moitié de la palette cutanée après hémostase des principales
perforantes musculocutanées controlatérales.
35 Libération minutieuse de la tige ombilicale en respectant les perforantes du côté
du pédicule du lambeau.
36 Décollement de la zone II jusqu’au bord externe du muscle grand droit. 36

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37 Lambeau de grand droit de l’abdomen levé sur son pédicule épigastrique 38 Lambeau transféré en situation thoracique.
supérieur. L’aponévrose postérieure du grand droit est mince sous l’arcade de
Douglas.

39 Fermeture de la brèche aponévrotique sans aucune tension en sus-ombilical. 40 Mise en place dans ce cas d’une large plaque synthétique de renforcement en
avant des aponévroses musculaires.

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41 Fermeture de la zone donneuse avec transposition de l’ombilic. 42 Sacrifice à la demande des parties interne et externe du lambeau.

43 Enfouissement temporaire de la zone supérieure à désépidermiser. Noter le 44 Résultat définitif avec désépidermisation supérieure enfouie.
lambeau légèrement plus gros et situé au-dessus du sillon controlatéral.

à 1 cm au-dessus de l’ombilic. Le tracé inférieur, variable selon les Le muscle droit utilisé est controlatéral à la reconstruction mammaire
besoins, n’est jamais aussi bas que dans une plastie abdominale afin de permettre une meilleure rotation du lambeau. D’autre part, en cas
classique, mais peut être modifié pour améliorer l’aspect de la de radiothérapie antérieure, le pédicule mammaire interne homolatéral
cicatrice finale. La forme du lambeau peut être elliptique ou à berge a pu être endommagé.
supérieure très convexe.
• Levée du lambeau On réalise une incision cutanée des deux berges du lambeau jusqu’à
Elle s’effectue en décubitus dorsal. l’aponévrose en circonscrivant et en isolant l’ombilic.

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Le décollement de la palette cutanéograisseuse se fait au ras de Le lambeau, surtout s’il est épais, peut présenter des signes de souffrance
l’aponévrose, du côté opposé au muscle droit prélevé jusqu’à la ligne veineuse.
médiane, en notant la localisation du bord externe de la gaine du muscle La teinte un peu foncée qu’il peut présenter au début doit s’améliorer
droit, dont la position est assez variable, et celle des perforantes (leur après la mise en position demi-assise de la patiente.
disposition est généralement symétrique). Dans le cas contraire, il faut :
Du côté du lambeau, la palette est décollée au ras de l’aponévrose – vérifier que le pédicule n’est pas comprimé dans son tunnel sous-
jusqu’au bord externe de la gaine du droit. On conservera 1 à 1,5 cm du cutané et, au besoin, élargir celui-ci plutôt aux dépens de la région
bord externe de la gaine pour faciliter la réparation pariétale. La gaine xiphoïdienne ;
est donc incisée verticalement à ce niveau et permet d’aborder la face
profonde du muscle. – réséquer les extrémités du lambeau.
Dans le but de réduire le plus possible la surface d’aponévrose prélevée, Le quadrant interne reconstruit est habituellement sacrifié. Il correspond
et pour faciliter la réparation pariétale, on peut aussi décoller la peau du à la partie externe de la peau abdominale controlatérale (zone IV de
lambeau dans son tiers inférieur, car les perforantes sont rares à ce Hartrampf).
niveau. On réalise une incision horizontale de l’aponévrose le long de la Le quadrant externe est, selon les cas, sacrifié ou désépidermisé pour être
limite inférieure avec section transversale du muscle grand droit au bord enfoui vers le creux axillaire ou être replié sur lui-même.
inférieur du lambeau. Le pédicule épigastrique inférieur est repéré dans Un drain aspiratif est mis en place dans le décollement pariétal
la graisse de l’espace sus-pubien et est sectionné entre deux ligatures thoracique.
(fig 32, 33). La tranche de section musculaire est fixée à la palette Les cicatrices supérieure et inférieure du lambeau sont fermées par des
cutanée pour éviter les effets de cisaillements. La levée du lambeau se surjets intradermiques.
termine par l’incision de la gaine sur la ligne médiane, verticalement au La fermeture de la paroi abdominale se fait en deux plans classiques, sur
ras du décollement controlatéral. drain aspiratif avec transposition de l’ombilic.
Dans la région sus-ombilicale, après avoir largement décollé la paroi Après l’intervention, il est important que la patiente soit installée en
abdominale comme dans une plastie abdominale, le feuillet antérieur de position demi-assise, genoux fléchis, pour détendre au maximum la
la gaine du muscle est ouvert en respectant les bandelettes transversales. paroi abdominale.
Le muscle est libéré prudemment jusqu’au rebord costal, en ligaturant
au fur et à mesure les branches collatérales du pédicule se rendant à la Lambeau libre de grand droit centré sur les vaisseaux
paroi. épigastriques profonds (fig 45, 46) [33, 50, 51, 52].
Le lambeau isolé est transféré sur la paroi thoracique par un tunnel sous- Le lambeau libre musculocutané de grand droit peut être taillé un peu
cutané réalisé près de la ligne médiane, entre le décollement abdominal plus bas que le lambeau pédiculé.
et le décollement thoracique. Le lambeau est fixé par quelques points. L’intervention est réalisée en décubitus dorsal, un billot situé sous
• Réparation pariétale l’omoplate permettant de dégager l’aisselle. La dissection du creux
axillaire et la préparation des vaisseaux receveurs thoracodorsaux, ou
En sus-ombilical, la suture en « paletot » des deux berges du feuillet de préférence les vaisseaux circonflexes scapulaires, sont réalisées dans
antérieur de la gaine paraît suffisante. le premier temps opératoire. On réalise, dans le même temps, la
Dans la région sous-ombilicale, la mise en place d’une plaque de résection de la cicatrice de mastectomie, qui sera adressée en
matériel synthétique est recommandée. Le matériel peut être placé à anatomopathologie, ainsi que le décollement des berges, qui sera adapté
l’intérieur de la gaine des droits ou en avant, fixé très à distance sur la au positionnement du futur lambeau.
paroi. Le pédicule choisi pour le lambeau libre est pour nous controlatéral au
Il peut être utile de réaliser une plicature de la gaine du droit controlatéral sein à reconstruire, et ce pour des raisons de positionnement du lambeau
dans la région ombilicale afin d’éviter la déviation postopératoire de dans l’aisselle après une rotation de 180°.
l’ombilic. Après avoir pratiqué une incision première de la berge inférieure du
La fermeture cutanée sera réalisée comme lors d’une plastie lambeau et l’avoir décollée jusqu’au niveau de l’arcade de Douglas,
abdominale, sur la patiente en position demi-assise. l’aponévrose est incisée transversalement puis fendue verticalement
jusqu’au niveau des vaisseaux iliaques pour repérer le pédicule
• Mise en place et modelage du lambeau vasculaire épigastrique inférieur profond.
L’excision de la cicatrice de mammectomie et du tissu de mauvaise La palette cutanéograisseuse est décollée jusqu’à la ligne médiane, du
qualité sera adressée en anatomopathologie. côté opposé au pédicule. De l’autre côté, elle est décollée jusqu’en
dedans du bord externe du muscle, en respectant si possible la rangée
Décollement des berges : la perte de substance ainsi recréée est de taille des perforantes verticales latérales et médianes.
variable, mais la palette cutanée du lambeau est toujours de taille
supérieure, puisqu’elle a été déterminée en tenant compte du volume Un petit carré de muscle et d’aponévrose contenant les perforantes est
mammaire à reconstruire et non de la surface cutanée utile. Il faut faire incisé et prélevé en paraombilical.
un choix entre résection supplémentaire de peau thoracique ou Certains isolent les perforantes sans prendre de muscle (DIEP).
désépidermisation et enfouissement du lambeau. Après avoir vérifié la viabilité du lambeau sur son pédicule, celui-ci est
Le modelage du lambeau s’effectue en position demi-assise, ce qui sectionné au ras des vaisseaux iliaques externes, et le lambeau ainsi
améliore le retour veineux et facilite l’adaptation du lambeau, qui doit libéré est transposé dans l’aisselle.
être d’emblée satisfaisante et permettre une symétrie avec le sein La palette musculocutanée est fixée au muscle grand pectoral par
controlatéral. quelques points, de façon à effectuer l’anastomose microchirurgicale
La mise en place du lambeau sur le thorax après rotation de 180° est dans de bonnes conditions.
beaucoup plus satisfaisante que sa mise en place en translation. Cette anastomose est réalisée à l’aide de Prolènet ou d’Éthilont 8/0 à
Le lambeau est plicaturé sur lui-même. À sa partie inférieure, la points séparés. Elle est pratiquée à l’œil nu ou en s’aidant d’un
fermeture de la région périombilicale réalise une pince verticale, microscope opératoire. Les vaisseaux receveurs sont de préférence les
recréant un galbe au segment inférieur du sein. vaisseaux circonflexes scapulaires car ils préservent la vascularisation
du muscle grand dorsal. En cas d’impossibilité de se brancher sur les
La cicatrice inférieure est placée si possible un peu au-dessus du futur vaisseaux circonflexes scapulaires, les vaisseaux thoracodorsaux sont
sillon, le lambeau ayant, de part son poids, une tendance naturelle à utilisés en anastomose terminoterminale. Exceptionnellement, il est
descendre. possible de réaliser des pontages veineux, de dérouter la veine
Vers le haut, plutôt que d’exciser la peau thoracique, ce qui rendrait la céphalique ou de se brancher sur les vaisseaux mammaires internes. On
cicatrice supérieure plus haute, donc plus visible, il est préférable de vérifie la perméabilité des anastomoses et la qualité de la
désépidermiser et d’enfouir les tissus en excès : on peut ainsi, selon les revascularisation du lambeau.
cas, reconstituer le galbe du décolleté et la région du sillon deltopectoral. Le modelage du lambeau et la réfection pariétale abdominale sont
Le lambeau est amarré au plan profond ou à la peau par des bourdonnets. effectués en position demi-assise.

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souffrances vasculaires en zone IV sont moins importantes. La palette
désépidermisée peut être plicaturée sur elle-même pour accroître la
projection du sein reconstruit.

Lambeau de grand droit autonomisé


• Description
On réalise dans un premier temps, sous anesthésie générale, une ligature,
par abord direct, des vaisseaux épigastriques inférieurs du côté du
pédicule musculaire, et des deux veines sous-cutanées abdominales.
Après infiltration et prédécollement à la canule de lipoaspiration, un
décollement endoscopique de la zone de la palette opposée au pédicule
est réalisé. Toutes les perforantes musculocutanées controlatérales au
pédicule musculaire sont coagulées et sectionnées.
Les incisions nécessaires sont situées sur le tracé de la futur palette du
lambeau.
Le lambeau est ensuite levé dans un deuxième temps après 15 jours.
• Avantages
L’absence de grand décollement pour ligaturer les perforantes fait que
le lambeau au 15e jour est peu inflammatoire et encore facilement
modelable.
En théorie, la ligature des vaisseaux épigastriques inférieurs du côté du
pédicule musculaire et des perforantes musculocutanées controlatérales
augmente la surface viable de la palette cutanée.
45 Prélèvement musculoaponévrotique limité, centré sur le pédicule épigastrique
inférieur profond dans un TRAM libre. Section du pédicule entre deux ligatures. • Indications
Cette technique serait à proposer en alternative aux lambeaux
musculocutanés de grand droit libres et en remplacement des lambeaux
de grand droit bipédiculés, très mutilants pour la paroi abdominale.

Avantages du lambeau de grand droit


Le sein est reconstruit par des tissus autologues sans apport prothétique
et présente, malgré une petite dyschromie, un aspect naturel évoluant
dans le temps presque comme l’autre sein (variation pondérale, ptôse).
Le bénéfice esthétique d’une plastie abdominale est parfois surajouté.

Inconvénients du lambeau de grand droit


L’intervention est longue et relativement lourde, avec notamment des
risques thromboemboliques. Les séquelles pariétales abdominales
existent, avec des risques d’éventration ou de voussure pariétale malgré
l’utilisation systématique de plaque synthétique de renfort. Ces risques
pariétaux semblent diminuer lors de l’utilisation d’un transfert libre, le
prélèvement musculoaponévrotique étant alors plus limité.

Limites et contre-indications du lambeau de grand droit


Le lambeau est utilisé si le panicule adipeux sous-ombilical est suffisant
pour reconstruire un volume comparable au sein controlatéral. Une
46 Anastomose terminoterminale dans l’aisselle sur les vaisseaux circonflexes cicatrice sous-costale est une contre-indication absolue en raison du
scapulaires.
risque de nécrose de la peau abdominale décollée.
Une cicatrice médiane sous-ombilicale oblige à sacrifier la moitié de la
La paroi est refermée sans tension à l’aide de points séparés, parfois palette ou à prélever un lambeau bipédiculé.
associés à des surjets de renforcement. À l’époque où les premiers L’obésité, un état général précaire et l’intoxication tabagique chronique
lambeaux ont été réalisés dans le service, nous pensions que l’un des sont des facteurs de risque de nécrose très importants.
intérêts du lambeau de grand droit libre était le moindre affaiblissement
de la paroi abdominale, permettant une suture aponévrotique sans Complications
tension et sans plaque. Actuellement, la mise en place d’une plaque est – Une nécrose partielle du lambeau dans la partie controlatérale au
redevenue systématique. La paroi abdominale est ensuite décollée pédicule vasculaire impose une excision des tissus nécrotiques (vers le
comme dans une plastie abdominale classique et l’ombilic est transposé. 10e jour).
La fermeture pariétale s’effectue sur drainage aspiratif. La cicatrice
– Les complications thromboemboliques sont prévenues par un
finale est basse.
traitement anticoagulant.
Lors du modelage du lambeau, il est souvent utile de désépidermiser les
berges supérieures et inférieures du lambeau afin de les glisser sous les Lambeaux libres de grand fessier (gluteus maximus)
berges de la mastectomie et de pouvoir adapter le volume à ce niveau.
La symétrie des deux sillons sous-mammaires est vérifiée ainsi que le Ils peuvent être utilisés sur un pédicule supérieur (artère fessière
volume, la projection et la forme des deux seins. Grâce au lambeau libre, supérieure) comme lambeau musculocutané, ou mieux lambeau
la partie utile de la palette cutanéograisseuse est plus importante. Les dermograisseux, évitant tout sacrifice musculaire [3, 57]. La rançon

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cicatricielle au niveau du site donneur est minime, mais la longueur du
pédicule (2 à 3 cm) et le calibre des vaisseaux (1,5 à 2,5 mm de diamètre)
offrent une dissection et des anastomoses difficiles sur les vaisseaux
mammaires internes, avec dépose du cinquième cartilage costal.
Quand les lambeaux fessiers sont utilisés sur un pédicule inférieur, la
longueur du pédicule permet le plus souvent une anastomose au niveau
du creux axillaire, évitant l’abord plus difficile de la mammaire
interne [43].
La cicatrice de la zone donneuse peut être placée idéalement dans le
sillon sous-fessier.
Les lambeaux fessiers libres, de réalisation technique difficile,
permettent une reconstruction mammaire autologue sans prothèse. Ces
lambeaux, idéalement proposés chez les femmes possédant un excédent
cutanéograisseux dans la région fessière, peuvent être indiqués en cas
de contre-indication au TRAM [36].

Symétrisation du sein controlatéral


Le geste effectué sur le sein controlatéral est variable en fonction de son
volume, de son degré de ptôse et de la technique de reconstruction
utilisée pour le sein amputé.
Les mammographies et échographies préopératoires avant tout geste de A
symétrisation du sein controlatéral sont systématiques. Un examen
anatomopathologique des exérèses glandulaires est toujours réalisé.
Environ 3 à 5 % de cancers occultes sont découverts lors de la
symétrisation du sein controlatéral.
L’exploration de zones glandulaires à risque et la réalisation de biopsies
de zones suspectes cliniquement ou radiologiquement doivent être
pratiquées avant la reconstruction.
– Le sein reconstruit est de forme et de volume satisfaisants : dans ce
cas, aucun geste ne sera pratiqué sur le sein controlatéral. Une légère
asymétrie de forme ou de volume est parfois préférable à de nouvelles
cicatrices.
– Le sein controlatéral est hypertrophique : une plastie mammaire de
réduction est indiquée. Toutes les méthodes de réduction mammaire
peuvent être utilisées (technique en T, oblique, périaréolaire, verticale).
– Le sein controlatéral est hypotrophique : l’augmentation du sein
controlatéral par prothèse est alors souhaitable.
– Le sein controlatéral est ptôsé :
– si le volume glandulaire est correct, il faut redraper l’enveloppe
cutanée et reconcentrer la glande mammaire ;
– si le volume glandulaire est insuffisant, il est possible d’associer à
la technique précédente de redrapage cutané une augmentation de B
volume par prothèse.

Reconstruction de la plaque
aréolomamelonnaire [1, 2]
La réalisation de la plaque aréolomamelonnaire se fait lorsque l’on a
obtenu une symétrie de volume et de forme satisfaisante des deux seins.

Aréole
La reconstruction de l’aréole est obtenue par greffe de peau totale
prélevée au niveau du sillon génitocrural ou par un tatouage.
Les greffes de peau totales prélevées à cet endroit ont la particularité de
se pigmenter. Cette pigmentation n’est pas toujours suffisante pour
reproduire la couleur de l’aréole controlatérale.
Les tatouages ont tendance à s’atténuer. Les greffes sont plus durables et
naturelles.

Mamelon
Le relief mamelonnaire peut être obtenu par :
– une greffe de mamelon controlatéral si celui-ci est projeté et C
généreux ; c’est la solution la plus satisfaisante ;
– un lambeau local enroulé sur lui-même (lambeau de Little) [38], un 47 Reconstruction du sein gauche par prothèse. Symétrisation à droite par plastie
mammaire en T.
tatouage secondaire du mamelon est alors nécessaire.

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Techniques chirurgicales RECONSTRUCTION MAMMAIRE - TECHNIQUES ET INDICATIONS 45-665
41-975
Indications chirurgicales (fig 47 à 51)

Le choix de la méthode de reconstruction d’un sein amputé dépend


essentiellement de la morphologie du sein controlatéral :
– s’il est possible d’obtenir, par une des méthodes décrites
précédemment, un sein rond et stable, une reconstruction mammaire
prothétique est proposée seule ou avec adjonction d’un lambeau
musculocutané de grand dorsal ;
– s’il est impossible d’obtenir un sein rond et stable, ou en cas de refus
de prothèse par la patiente, un lambeau de grand droit de l’abdomen est
indiqué si les conditions abdominales le permettent. Ce lambeau est
particulièrement indiqué aussi pour reconstruire un sein à base large et
peu ptôsé qui vieillira mieux dans le temps en se passant d’une plastie
controlatérale.
La chronologie des temps opératoires de reconstruction et de
symétrisation est variable selon les auteurs.
La reconstruction du sein peut être immédiate ou différée, et le geste de
symétrisation controlatérale pratiqué au moment de la reconstruction ou
à distance de celle-ci. Nous préférons les reconstructions secondaires, à
distance de la fin de la radiothérapie. La souplesse des tissus
pariétothoraciques peut être ainsi mieux appréciée.
D

A
E

F B
47 Reconstruction du sein gauche par prothèse. Symétrisation à droite par plastie 48 Reconstruction du sein gauche par prothèse. Symétrisation à droite par plastie
mammaire en T (suite). mammaire en T.

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45-665 RECONSTRUCTION MAMMAIRE - TECHNIQUES ET INDICATIONS Techniques chirurgicales
41-975

A B

C D
49 Reconstruction du sein droit par lambeau pédiculé de grand dorsal plus prothèse.

• Les reconstructions par prothèse avec utilisation d’implant


• • anatomique profilé sont très souvent pratiquées.
Bien que le traitement conservateur ait beaucoup progressé, les Les reconstructions par lambeau de grand droit ne doivent pas
mastectomies gardent encore de très nombreuses indications. faire oublier les excellents résultats que l’on peut obtenir par
l’association de lambeau de grand dorsal plus prothèse.
La reconstruction mammaire, marquant le plus souvent la fin du
traitement et si longtemps attendue par les patientes, est de mieux D’autres lambeaux, comme les lambeaux de fessier
en mieux codifiée. microchirurgicaux, sont d’une utilisation exceptionnelle.

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Techniques chirurgicales RECONSTRUCTION MAMMAIRE - TECHNIQUES ET INDICATIONS 45-665
41-975

A C

B D
50 A, B. Reconstruction du sein droit par lambeau autonomisé de TRAM C, D. Après dégraissage et symétrisation à gauche par plastie mammaire en T.
unipédiculé. Temps intermédiaire.

51 Reconstruction d’une plaque aréolomamelonnaire par lambeau de Little plus greffe de peau totale génitocrurale.

Références ➤

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45-665 RECONSTRUCTION MAMMAIRE - TECHNIQUES ET INDICATIONS Techniques chirurgicales
41-975

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page 22
Radiodiagnostic V - Urologie-Gynécologie
[34-620-C-10]

Anatomie IRM du pelvis féminin

Antoine Maubon : Praticien hospitalier


Service d'imagerie médicale, centre médicochirurgical Beausoleil, 119, avenue de Lodève, 34000
Montpellier France
Laboratoire d'anatomie, faculté de médecine, Nîmes France
Vincent Berger : Chef de clinique-assistant
Jean-Michel Ferru : Praticien hospitalier
Jean-Pierre Rouanet : Professeur des Universités
Michel Prudhomme : Chef de clinique-assistant
Guilhem Godlewski : Professeur des Universités

Résumé

L'exploration du pelvis féminin bénéficie beaucoup de l'essor de l'imagerie par résonance


magnétique (IRM). Ce mode d'imagerie permet de visualiser l'excavation pelvienne dans
les plans frontal et sagittal. Des structures anatomiques jusqu'alors ignorées sont
désormais discernables. Ce travail fait l'inventaire de ces formations qui doivent
maintenant être familières aux radiologistes.

© 1997 Elsevier, Paris. Tous droits réservés.

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INTRODUCTION

Le pelvis féminin est une des régions anatomiques qui a le plus bénéficié de l'IRM. En effet,
cette partie du corps reste difficilement abordable par tomodensitométrie en raison de sa
configuration morphologique particulière. L'IRM permet l'acquisition de séquences axiales
comme en tomodensitométrie, mais également de séquences coronales et surtout
sagittales, très importantes pour le diagnostic topographique lésionnel.

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RAPPELS TECHNIQUES. PROTOCOLES D'EXAMEN

Machines

Toutes les machines modernes peuvent faire une bonne imagerie du pelvis féminin. Il
semblerait qu'un champ dit « moyen », compris entre 0,5 et 1 tesla (T) soit l'idéal. En
effet, en deçà de 0,5 T, les temps d'examen sont plus longs et les artefacts de mouvement
deviennent gênants.

Au-delà de 1 T, les artefacts inhérents au principe physique utilisé en IRM sont amplifiés
par l'importance du champ. Le décalage chimique relatif à la différence de précession entre
les protons de l'eau et les protons de la graisse est augmenté, et peut perturber les
images.

Antennes

Dans la grande majorité des cas, l'antenne corps entier est suffisante pour une imagerie de
qualité. Certains examens peuvent être améliorés par l'utilisation d'antennes
endovaginales, endorectales ou de surfaces. Cette possibilité permet d'augmenter le
rapport signal sur bruit des structures situées à proximité, comme le col utérin, la paroi de
l'ampoule rectale. De toute façon, cet examen localisé sera couplé avec un examen
classique, antenne corps entier.

Dans un futur proche, les multiantennes (ou phased-array) pourront permettre l'acquisition
d'images d'ensemble avec un rapport signal sur bruit équivalent à celui obtenu avec des
antennes de petits diamètres.

Conditions d'examen

Un examen du pelvis féminin est réalisé sur une patiente en décubitus dorsal, la vessie en
semi-réplétion. L'injection de glucagon pour éviter les mouvements péristaltiques
intestinaux n'apparaît pas nécessaire en routine, la région pelvienne étant moins sensible à
ce type d'artefact. De même, l'insufflation rectale ou l'ingestion de produit à base de ferrite
pour le balisage des anses digestives ne sera réalisée que lors d'examens bien particuliers,
pour étudier la paroi du rectum par exemple.

Les contre-indications de l'examen sont les mêmes que pour tout examen IRM. Retenir que
la présence d'un dispositif intra-utérin (DIU) ne contre-indique pas l'examen.

Séquences et plans de coupes

Compte tenu des innombrables possibilités offertes par les machines actuelles, chaque
examen doit être soigneusement planifié en fonction de l'indication. Après un repérage
rapide en écho de gradient dans les trois plans, on réalisera des séquences en
pondérations T1 et T2 dans au moins deux plans de l'espace. Le plan sagittal permet une
bonne étude des frontières vésico-utérines et utérorectales. Le plan axial analyse le col
utérin tout comme le plan frontal qui permet de repérer les ovaires et les extensions
extrapelviennes d'éventuels processus malins.

Le type de séquence utilisé varie en fonction de la machine dont on dispose. Dans notre
institution, nous réalisons des séquences en turbo-spin echo (TSE), pondérées T1 et T2.
Ces séquences sont couplées avec un contrôle respiratoire, calant l'acquisition de l'image
en fonction de la respiration. Ceci améliore la qualité de l'image, augmentant d'environ 10
% le temps d'acquisition. Les séquences en suppression de graisse sont bien sûr utilisées,
en particulier associées avec l'injection intraveineuse de gadolinium. L'angio-IRM reste
applicable au niveau du pelvis, bien que son intérêt ne soit pas encore prouvé.

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ANATOMIE IRM DU PELVIS FÉ MININ

Excavation pelvienne : limites, divisions, orifices

Limites du pelvis

Le bassin osseux se compose des deux os coxaux, du sacrum (no 1, fig


1, 4, 11, 12 et 21) et du coccyx. Il se divise de part et d'autre de la ligne terminale en
petit et grand bassin. Cette ligne terminale est représentée par la succession, d'arrière en
avant, du promontoire, de la ligne arquée (no 2, fig 1), de la branche craniale du pubis et
de la symphyse pubienne (no 3, fig 1, 10 et 13).

Sur le plan musculaire, la face interne des os coxaux est recouverte par les muscles psoas-
iliaques (no 6, fig 3 et 18) au niveau du grand bassin ; par les muscles obturateurs
internes (no 7, fig 3, 9, 11 et 13) caudalement, qui sortent de l'excavation pelvienne au
niveau des petites ouvertures sciatiques. En arrière, le muscle piriforme (no 5, fig 1 et 2)
représente, avec le sacrum, la paroi postérieure.

L'ouverture inférieure du bassin est fermée par une formation musculoaponévrotique, le


périnée, qui ménage des orifices au tractus urogénital et au rectum. Cette formation est
classiquement divisée en trois couches, chaque couche étant constituée d'un muscle
entouré de part et d'autre d'un fascia. En IRM, on distingue, en particulier sur les coupes
frontales :

le diaphragme pelvien, correspondant au muscle élévateur de l'anus en avant et au


muscle coccygien (no 4, fig 2) en arrière ; le muscle élévateur se divise en deux parties
: la partie antérieure ou puboviscérale (no 9v, fig 2, 3, 4, 8 et 9), et la partie
postérieure ou iliococcygienne (no 9c, fig 4, 7, 17 et 18) ;
le diaphragme urogénital, avec le muscle transverse profond (no 11, fig 5) dont les
fibres antérieures constituent le sphincter volontaire de l'urètre, et le muscle transverse
superficiel, plus postérieur, mince ;
le diaphragme superficiel, représenté par les muscles bulbospongieux (no 12, fig
5 et 6), ischiocaverneux (no 13, fig 6), et le sphincter externe de l'anus (no 14, fig
4, 6 et 9).

Compartiments

L'ensemble des structures anatomiques, qu'elles soient viscérales, osseuses, musculaires


ou aponévrotiques délimitent des compartiments pelviens, pour certains reliés entre eux.

o
Espace péritonéal (n 16, fig 7)

Le péritoine pariétal recouvre les organes pelviens féminins en formant des culs-
de-sac et des replis, particulièrement bien étudiés en cas d'ascite sur des
séquences sagittales et frontales. Les culs-de-sac vésico-utérins (no 19, fig 8) et
recto-utérins (no 20, fig 8 et 11) sont bien visibles. Latéralement, il délimite les
fossettes ovariennes.
o
Espace pelvi-sous-péritonéal ou pelvirectal supérieur (n 17, fig 7)

Il s'étend de la symphyse au sacrum. Appelé paracyste autour de la vessie,


paramétrium autour de l'utérus, paracolpium autour du col, et paraproctium
autour du rectum, cet espace est limité, sur les séquences frontales, par le
péritoine en haut, le plan des releveurs en bas et les viscères pelviens en dedans.

Cet espace est parcouru par des structures vasculaires (branches de l'artère
iliaque interne), nerveuses (ramifications du plexus sacré), et ligamentaires
(ligaments fixateurs de l'utérus). Ces formations sont exceptionnellement vues
en IRM.

À noter que cet espace sous-péritonéal est en relation avec les fosses
ischiorectales (no 18, fig 3, 7, 9, 14 et 18) par un orifice situé entre les muscles
élévateur et coccygien.

Fosses ischiorectales

Situées sous le diaphragme pelvien, elles sont limitées en haut par les muscles
élévateur de l'anus et coccygien, en dehors par les muscles obturateurs internes.
La limite inférieure est représentée en avant par le muscle transverse profond. En
arrière, les fosses ischiorectales ne sont pas séparées de la graisse sous-cutanée.

Orifices pelviens

L'examen précis des orifices du pelvis féminin reste difficile. Néanmoins, une
bonne connaissance de leurs limites et de leurs contenus est nécessaire. D'avant
en arrière on distingue :

les lacunes musculaires (no 21, fig 10) et vasculaires (no 22, fig 10). Ces
espaces sont délimités par le ligament inguinal et par le bord antérosupérieur
de l'os iliaque. Ces deux lacunes sont séparées par le tractus iliopectiné. Au
niveau de la lacune musculaire, passent le muscle psoas-iliaque et le nerf
crural. Au niveau de la lacune vasculaire, cheminent l'artère et la veine
fémorales communes ;
le canal sous-pubien (no 31, fig 14) ou obturateur, correspondant au
foramen obturé (no 24, fig 11) réduit par la membrane obturatrice. Il livre
passage aux vaisseaux et nerf obturateurs ;
la grande incisure ischiatique, divisée en grande et petite ouverture
sciatique par le ligament sacroépineux (no 25, fig 13), et fermée en bas par le
ligament sacrotubéral (no 26, fig 4 et 11). La grande ouverture sciatique est
elle-même divisée par le muscle piriforme en foramen infra- et
suprapiriformes. Le foramen suprapiriforme (no 27, fig 12) contient l'artère et
la veine fessières ainsi que le nerf glutéal cranial (ex-nerf fessier supérieur).
Le foramen infrapiriforme (no 28, fig 12) livre passage à l'artère ischiatique,
au nerf glutéal caudal (ex-nerf fessier inférieur), ainsi qu'aux nerfs petit et
grand sciatiques. À noter, à ce niveau, le trajet particulier du nerf pudendal
(ex-nerf honteux interne) (no 30, fig 14) et des vaisseaux pudendaux qui
quittent l'excavation pelvienne par le foramen infrapiriforme et gagnent la
fosse ischiorectale, après avoir contourné l'épine ischiatique, par la petite
ouverture sciatique. Ils cheminent jusqu'à la partie antérieure de la fosse dans
un dédoublement de l'aponévrose du muscle obturateur interne appelé canal
d'Alcock.

Organes pelviens

Utérus
Corps utérin

De dimension variable, l'utérus apparaît de signal intermédiaire homogène en


pondération T1. En pondération T2, une distinction entre les différentes couches
constitutives de l'utérus devient possible. On en retrouve trois :

en périphérie, le myomètre (no 34, fig 8, 15, 16 et 19), de signal


intermédiaire, parfois ponctué d'hypersignaux dans son tiers externe
correspondant à des lacs veineux ;
au centre, l'endomètre (no 32, fig 15 et 19), en net hypersignal, en raison
de sa richesse vasculaire ;
entre les deux, une zone linéaire, en très net hyposignal : la zone
jonctionnelle (no 33, fig 15). Anatomiquement, cette région correspond à la
partie la plus interne du myomètre. Son signal différent du reste du muscle
serait lié a une augmentation de la taille et du nombre des noyaux des cellules
musculaires, entraînant un appauvrissement du cytoplasme et donc de l'eau,
responsable de l'hyposignal T2. Pour certains auteurs, cet hyposignal serait lié
à un dépôt d'hémosidérine lors des menstruations.

Chez la femme en période d'activité génitale, l'utérus est mieux étudié en


seconde partie de cycle, du fait de l'augmentation d'épaisseur du myomètre. Les
modifications sont importantes au niveau de cet organe très sensible aux
variations hormonales de tous types. L'endomètre varie en épaisseur au cours du
cycle, de 3 mm en phase folliculaire, jusqu'à 10 mm en phase lutéale. Le
myomètre semble moins sensible à ces variations.

Après la ménopause, la taille de l'utérus décroît, sauf chez la femme sous


traitement substitutif hormonal.

Sous contraceptifs oraux, les modifications dépendent du climat hormonal de la


pilule. Si celui-ci est plutôt estrogénique, l'endomètre et la zone jonctionnelle
s'amincissent, et le myomètre peut apparaître en hypersignal T2.

o
Col utérin (n 35, fig 16 et 19)

Plus facilement visualisé sur les coupes sagittales et frontales, il mesure environ
2 à 4 cm de long. Homogène en pondération T1, le col présente un aspect en «
cocarde » en T2, comprenant :

une zone centrale en hypersignal correspondant à l'épithélium glandulaire


endocervical et à ses sécrétions ;
une zone intermédiaire, anneau en hyposignal franc, correspondant au
stroma fibreux cervical riche en collagène ;
une zone périphérique, inconstante, correspondant aux fibres
myométriales se prolongeant au niveau du col.

Cet aspect varie peu en fonction du cycle et de l'âge. Il s'agit d'un élément
important du staging des lésions néoplasiques cervicales.

Ovaires (no 38, fig 5 et 17, no 39, fig 17)

Organes intrapéritonéaux, ils siègent le plus souvent dans les fossettes


ovariennes, au contact des vaisseaux iliaques. Dans notre expérience, ils sont
visualisés dans 80 % des cas. Typiquement, en période d'activité génitale,
l'ovaire mesure moins de 4 cm de grand axe. Sur les séquences pondérées T1, il
est de signal intermédiaire, proche du signal du myomètre. Les follicules, quand
ils sont visibles, sont en hyposignal franc, de type liquidien. Sur les séquences T2,
le stroma ovarien est en hyposignal, les follicules en hypersignal franc.
L'injection intraveineuse de gadolinium rehausse le stroma sans modifier le
signal des follicules.

Lors de l'ovulation, le follicule dominant mesure 2 cm de diamètre, de signal


liquidien pur en T1 et T2.

Chez la femme ménopausée, l'ovaire est en hyposignal T2, et ne contient plus de


follicules. Il a, de plus, tendance à s'abaisser et se déplacer en arrière de
l'uretère.

Vagin (no 42, fig 18)

Il s'agit d'un conduit aplati s'étendant du col utérin à la vulve. Quand il est vide, il
présente une paroi antérieure accolée à sa paroi postérieure, sauf au niveau de
son extrémité supérieure où il a la forme d'une cupule. En avant du vagin se
situent la vessie et l'urètre dont il est séparé par la cloison urétrovaginale (no 46,
fig 19). En arrière, le vagin est tapissé dans sa partie supérieure par le péritoine
du cul-de-sac de Douglas. Au-dessous, le vagin est séparé du rectum par une
mince couche de tissu cellulaire : la cloison rectovaginale (no 45, fig 19).

L'étude des parois du vagin sera facilitée par la mise en place d'un tampon
vaginal ou par la réalisation d'un examen avec antenne endovaginale.

Vessie (no 41, fig 5, 15, 16 et 18)

Elle est étudiée en réplétion complète ou en semi-réplétion. Sa paroi est de signal


intermédiaire en pondération T1, en hyposignal franc sur les séquences en
pondération T2, bien délimité par l'hypersignal de l'urine. En cas de pathologie
pariétale, il est important de réaliser des séquences dans un plan perpendiculaire
à la base d'implantation de la lésion sur la paroi vésicale afin de juger de
l'envahissement en profondeur.

Canal anal (no 43, fig 19), rectum et sigmoïde (no 44, fig 17 et 21)

Ils doivent être systématiquement vérifiés, en particulier à la recherche d'un


épaississement pariétal.

Moyens de suspension de l'utérus

Les ligaments ronds (no 49, fig 20 et 21 ; no 50, fig 21) : tendus depuis les
angles antérolatéraux de l'utérus vers les régions inguinales et pubiennes. En
position sous-péritonéale, ils soulèvent ce dernier en formant les ailerons
antérieurs. Ils sont visibles dans 35 % des cas environ. Ils croisent les
vaisseaux et le nerf obturateurs, puis les vaisseaux iliaques externes.
Les ligaments utérosacrés (no 48, fig 13 et 20) : depuis les bords latéraux
du col et de l'isthme utérin ; ils montent vers la face antérieure du sacrum en
contournant le rectum. Beaucoup plus souvent visibles à droite qu'à gauche en
raison de la présence de l'anse sigmoïdienne.
Les ligaments larges : il s'agit d'un repli transversal du péritoine, des
faces et du fond de l'utérus, qui relie l'utérus à la paroi pelvienne. Ils sont mal
individualisables en tant que tels et la distinction entre mésosalpinx et
mésométrium est impossible. Leur contenu vasculaire (branche des veines et
artères utérines et ovariennes) est bien mis en évidence. Les trompes ne sont
généralement visibles que si elles sont pathologiques.
Les ligaments lombo-ovariens (no 47, fig 15) : il s'agit d'un repli du
péritoine pariétal soulevé par les vaisseaux utéro-ovariens.

Autres lames pelviennes


L'aponévrose ombilicoprévésicale (no 51, fig 18) : feuillet fibreux tendu
depuis l'ombilic jusqu'à l'aponévrose pelvienne, elle limite vers l'avant
l'espace rétropubien dit de Retzius.
Les lames sacro-recto-génito-pubiennes, formations fibreuses portant les
structures vasculaires et nerveuses, bien connues des anatomistes, ne sont
pas vues.
Le centre tendineux du périnée, élément fonctionnel important de la
statique pelvienne, n'est pas individualisable en tant que tel.

Haut de page

ANATOMIE FONCTIONNELLE DU PELVIS FÉ MININ.


APPROCHE IRM

L'IRM, dans un proche avenir, pourrait représenter un des examens clé de


l'exploration de la statique pelvienne. En effet, avec l'avènement des séquences
rapides (écho de gradients ou écho-planar), on peut réaliser des coupes frontales
et surtout sagittales en poussée et en retenue comme lors d'un
colpocystogramme (fig 22). La résolution spatiale est satisfaisante, permettant le
repérage des cols vésical et utérin ainsi que des structures osseuses nécessaires
aux mesures. L'inconvénient principal reste la réalisation des séquences en
position couchée, position non physiologique pour l'exploration des prolapsus. En
revanche, l'IRM permet une analyse concomitante de la trophicité des structures
musculaires périnéales.

Références

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© 1997 Elsevier, Paris. Tous droits réservés.


Fig 1 :

Fig 1 :

Séquence axiale transverse oblique T2p.

1. Sacrum ; 2. ligne arquée de l'os coxal ; 3. symphyse pubienne ; 5. muscle piriforme.

Fig 4 :

Fig 4 :

Séquence axiale transverse oblique T2p.

1. Sacrum ; 9c. muscle élévateur de l'anus, partie pubococcygienne ; 9v. muscle élévateur de
l'anus, partie puboviscérale ; 14. sphincter externe de l'anus ; 26. ligament sacrotubéral.

Fig 11 :

Fig 11 :

Séquence axiale oblique T2p.

1. Sacrum ; 7. muscle obturateur interne ; 8. muscle obturateur externe ; 20. cul-de-sac recto-
utérin (de Douglas) ; 24. foramen obturé ; 26. ligament sacrotubéral.
Fig 12 :

Fig 12 :

Séquence frontale T2p avec suppression de graisse.

1. Sacrum ; 27. grande ouverture sciatique. Foramen suprapiriforme (avec pédicule fessier) ;
28. grande ouverture sciatique. Foramen infrapiriforme (artère ischiatique) ; 40. vaisseaux
utéro-ovariens.

Fig 21 :

Fig 21 :

Séquence axiale transverse T1p après injection intraveineuse de gadolinium (kyste


endométriosique ovarien droit).

1. Sacrum ; 44. rectum ; 49. ligament rond gauche.

Fig 10 :

Fig 10 :
Séquence frontale T2p.

3. Symphyse pubienne ; 21. lacune musculaire (avec muscle psoas iliaque) ; 22. lacune
vasculaire (avec le pédicule fémoral) ; 23. ligament inguinal.

Fig 13 :

Fig 13 :

Séquence axiale transverse oblique T2p.

3. Symphyse pubienne ; 7. muscle obturateur interne ; 8. muscle obturateur externe ; 25.


ligament sacroépineux ; 48. ligament utérosacré.

Fig 3 :

Fig 3 :

Séquence frontale oblique T2p.

6. Muscle psoas iliaque ; 7. muscle obturateur interne ; 9v. muscle élévateur de l'anus, partie
puboviscérale ; 18. fosse ischiorectale.

Fig 18 :
Fig 18 :

Séquence axiale transverse oblique en pondération densité de protons. 6. Muscle psoas iliaque ;
9c. muscle élévateur de l'anus, partie pubococcygienne ; 18. fosse ischiorectale ; 41. vessie ;
42. vagin ; 51. aponévrose ombilico-pré-vésicale.

Fig 9 :

Fig 9 :

Séquence axiale transverse T1p.

7. Muscle obturateur interne ; 9v. muscle élévateur de l'anus, partie puboviscérale ; 14.
sphincter externe de l'anus ; 18. fosse ischiorectale.

Fig 2 :

Fig 2 :

Séquence axiale transverse oblique T2p.

4. Muscle coccygien ; 5. muscle piriforme ; 9v. muscle élévateur de l'anus, partie puboviscérale
; 10. ischion.

Fig 8 :
Fig 8 :

Séquence sagittale T2p (petit épanchement au niveau du cul-de-sac de Douglas).

9v. Muscle élévateur de l'anus, partie puboviscérale ; 19. cul-de-sac vésico-utérin ; 20. cul-de-
sac recto-utérin (de Douglas) ; 34. myomètre.

Fig 7 :

Fig 7 :

Séquence frontale T2p.

9c. Muscle élévateur de l'anus, partie pubococcygienne ; 16. espace péritonéal ; 17. espace
pelvi-sous-péritonéal ; 18. fosse ischiorectale.

Fig 17 :

Fig 17 :

Séquence frontale T2p.

9c. Muscle élévateur de l'anus, partie pubococcygienne ; 38. ovaire droit ; 39. ovaire gauche
(porteur de follicules) ; 44. rectum.

Fig 5 :

Fig 5 :

Séquence frontale T2p.

11. Muscle transverse profond ; 12. muscle bulbospongieux ; 15. urètre ; 38. ovaire droit ; 41.
vessie.

Fig 6 :

Fig 6 :

Séquence axiale transverse T2p.

12. Muscle bulbospongieux ; 13. muscle ischiocaverneux ; 14. sphincter externe de l'anus.

Fig 14 :

Fig 14 :

Séquence axiale transverse T1p.

18. Fosse ischiorectale ; 30. nerf pudendal (ou honteux interne) dans le canal d'Alcock ; 31.
canal sous-pubien avec vaisseaux obturateurs.
Fig 15 :

Fig 15 :

Séquence frontale T2p.

32. Endomètre et cavité utérine ; 34. myomètre ; 41. vessie ; 47. ligament lombo-ovarien.

Fig 16 :

Fig 16 :

Séquence sagittale T2p.

34. Myomètre ; 35. col utérin ; 36. cul-de-sac vaginal postérieur ; 37. cul-de-sac vaginal
antérieur ; 41. vessie.

Fig 19 :

Fig 19 :
Séquence sagittale T2p.

32. Endomètre et cavité utérine ; 34. myomètre ; 35. col utérin ; 45. cloison rectovaginale ; 46.
cloison vésicovaginale.

Fig 20 :

Fig 20 :

Séquence axiale transverse T1p.

44. Rectum ; 48. ligament utérosacré ; 49. ligament rond gauche.

Fig 22 :

Fig 22 :

Séquence dynamique en pondération T2p, réalisée en retenue, en position neutre, en poussée


moyenne, et en poussée forte. L'examen objective la cystocèle (tête de flèche) et la rectocèle
(flèche).
ENCYCLOPÉDIE MÉDICO-CHIRURGICALE 34-625-A-10

34-625-A-10

Colpocystogramme : technique
et résultats
M Zafiropulo R é s u m é. – Le colpocystogramme est une exploration radiologique dynamique
A Kujas des viscères pelvipérinéaux et du plancher pelvien, montrant les étroites connexions
entre le bas appareil urinaire, le vagin et l’ampoule rectale sous l’effet dynamique de
la contraction des releveurs et de la poussée abdominale.
Cet examen est parfaitement reproductible, non lié à l’opérateur et peu invasif pour
les patientes.
Comparé à d’autres techniques, telles que l’échographie ou la résonance magnétique
nucléaire, le colpocystogramme visualise les changements de position des organes
sous l’action des muscles du périnée et des muscles abdominaux, en station debout.
En bilan préopératoire, il permet de ne passer à côté d’aucun élément masqué ou
atténué et de traiter la statique pelvienne dans son ensemble. On peut ainsi mettre en
évidence des ptoses verticales des viscères, de diagnostic clinique parfois difficile, et
préciser au mieux les prolapsus postérieurs (rectocèles et élytrocèles.)
Mais son indication principale actuelle reste les échecs et les récidives
postchirurgicales ; il permet de poser l’indication d’une reprise chirurgicale, d’en
prévoir la voie d’abord et la technique à employer.

Introduction Technique
Mis au point en France en 1963 par Bethoux, le colpocystogramme Matériel et produits
(CCG) est une exploration radiologique dynamique, qui visualise en
même temps : le bas appareil urinaire, le vagin et l’ampoule rectale,
Cet examen, ni traumatisant ni douloureux pour la patiente, ne nécessite
montrant leurs évolutions entre deux contractions musculaires opposées
qu’un matériel d’usage courant. Il est de réalisation facile et rapide dans
que sont : la retenue, contraction des releveurs, la poussée, contraction
tout centre de radiologie.
des abdominaux.
Une prescription est adressée à la patiente qui doit se présenter avec :
Cet examen est extrêmement bien toléré en raison de la petite quantité
de produit de contraste utilisée (50 mL dans la vessie et l’ampoule – flacons de Télébrixt 30 Méglumine (30 mL) ;
rectale). – tube de Microtrastt 150 ou de Baryxinet crème ;
Il montre avec une grande évidence la solidarité du combiné viscéral – seringues-cathéter (60 mL) à embout conique.
dans ses déplacements dynamiques tant physiologiques que Instrumentation :
pathologiques. Il permet ainsi de faire un bilan anatomique complet, – un spéculum de Collin ;
véritable « carte de géographie » personnalisée, pouvant être jointe au – une pince longuette ;
dossier de la patiente.
– une sonde vésicale ;
Les indications essentielles de cette exploration radiologique sont les – une seringue remplie de 60 mL de Télébrixt ;
prolapsus génito-urinaires et les troubles fonctionnels qui en découlent. – une seringue remplie de Microtrastt ;
– une cupule contenant un mélange pâteux : Microtrastt et sulfate de
baryum ;
– une seringue de 5 mL remplie d’une crème fluide décontaminée de
Marilyne Zafiropulo : Attachée consultant des hôpitaux de Paris, assistante du service
de chirurgie viscérale et gynécologique du Dr Richard Villet.
sulfate de baryum.
Albert Kujas : Chef du service de radiologie. La crème fluide servant à opacifier l’urètre et le canal anal est préparée
Hôpital des Diaconesses, 18, rue du Sergent-Bauchat, 75571 Paris cedex 12, France. par le centre de radiologie à partir d’une poudre de sulfate de baryum
© Elsevier, Paris

décontaminée, mélangée à de l’eau distillée. Pour l’opacification


Toute référence à cet article doit porter la mention : Zafiropulo M, Kujas A. vaginale, le Microtrastt peut être rendu plus épais par l’adjonction de
Colpocystogramme : technique et résultats. Encycl Méd Chir (Elsevier, Paris), cette poudre.
Radiodiagnostic – Urologie-Gynécologie, 34-625-A-10, 1998, 6 p
L’examen comprend trois temps.
34-625-A-10 COLPOCYSTOGRAMME : TECHNIQUE ET RÉSULTATS Radiodiagnostic

Temps de l’opacification viscérale Temps de la construction du diagramme


Pratiqué par un radiologue ou un gynécologue, ce temps est Le diagramme est réalisé en décalquant sur un papier transparent les
extrêmement rapide, facile et indolore pour la patiente qui est placée en contours du cadre osseux pelvien : symphyse pubienne, sacrum et
position gynécologique sur la table de radiologie horizontalisée. Les coccyx, puis les contours des viscères en retenue et en poussée, avec des
principes de l’hystérographie sont appliqués à cet examen qui doit être colorations différentes pour chaque organe et chaque position.
pratiqué en dehors des règles, en l’absence de grossesse et d’infection Ce diagramme, non obligatoire pour l’interprétation, constitue
génitale ou urinaire. néanmoins une véritable « carte de géographie » personnalisée, pouvant
– Sondage vésical avec évacuation d’un éventuel résidu, puis injection être jointe au dossier de la patiente.
de 50 mL d’un produit de contraste hydrosoluble dans la vessie.
– Mise en place du spéculum et badigeonnage des parois vaginales, des Interprétation et résultats normaux
culs-de-sac cervicovaginaux et du pont anovulvaire avec le mélange
pâteux de Microtrastt et de sulfate de baryum. La réalisation de cet examen chez des volontaires indemnes a permis de
– Injection de 50 mL de Microtrastt dans l’ampoule rectale. définir une cinétique physiologique des viscères pelviens.
– Opacification de l’urètre d’abord, puis du canal anal avec les 5 mL de
crème décontaminée au sulfate de baryum. On notera que l’embout de
la petite seringue est placé directement au niveau du méat urétral, puis
Étude synthétique : rapports viscéraux
de l’anus. Nous rappelons que cette injection directe de crème fluide Étroitement solidaires dans leurs déplacements, vessie, col utérin, moitié
stérile dans l’urètre est la seule technique permettant de voir l’urètre sur supérieure du vagin et ampoule rectale constituent un véritable
tout son trajet, sans aucun artefact de comportement (comme le « combiné viscéral » (fig 1). Sous l’effet de la contraction des releveurs,
provoquaient les chaînettes ou repères métalliques), pouvant ce « combiné viscéral » se déplace vers l’avant et le haut. Lors de la
diagnostiquer des anomalies telles que rétrécissement, diverticule et poussée abdominale, il se déplace vers le bas et l’arrière. Au repos la
même fistule, en dehors bien sûr de la miction. position est intermédiaire.
La marque d’insertion du faisceau puborectal des releveurs sur les
Techniques d’imagerie organes du combiné viscéral forme, lors de la contraction, les trois caps
viscéraux : vésico-urétral, vaginal et anorectal.
La patiente préparée est placée en position debout, de profil. Le centrage Le col vésical et le col utérin évoluent parallèlement dans l’excavation
se fait sur les grands trochanters ; il faut englober dans le champ la pelvienne, sensiblement à la même hauteur, le premier en avant, le
symphyse pubienne et le coccyx. Les têtes fémorales doivent être second en arrière du cap anorectal. En effort de poussée, ils restent tous
superposées. On utilise la haute tension (110 à 120 kV), ce qui permet deux au-dessus de l’horizontale tracée entre le bord inférieur du pubis et
des temps de pose courts avec un débit d’environ 200 à 250 mA et une la pointe du coccyx.
distance focale classique de 110 cm. Il peut être utile d’interposer dans Le vagin et le col utérin restent plaqués contre la face antérieure de
le faisceau de rayons X un filtre d’aluminium afin de rendre les l’image rectale fermant ainsi l’espace du cul-de-sac de Douglas en
contrastes plus homogènes. poussée.
En fonction de l’appareillage dont on dispose, les informations seront Enfin, l’urètre évolue parallèlement à la moitié inférieure du vagin.
recueillies soit classiquement, en technique conventionnelle sur des Ainsi, l’étude analytique puis synthétique du CCG normal puis
films de format 30 × 40 cm, soit en technique numérisée ; celle-ci permet pathologique a permis de faire des déductions anatomofonctionnelles
une présentation plus aisée des documents et également un traitement sur les éléments de soutènement et de suspension des viscères pelviens
ultérieur, notamment pour parfaire le contraste de l’image. La partie et sur leurs points faibles.
manipulation proprement dite est considérablement améliorée par cette
dernière technique (absence de cassette, saisie instantanée de l’image
visualisée sur l’écran de scopie). Enfin, un couplage magnétoscopique Colpocystogramme pathologique
est réalisable pour une étude cinétique des composants pelviens en
station debout. Le CCG permet de décrire sur les mêmes clichés les anomalies
Deux clichés sont pris successivement, l’un en retenue maximale positionnelles du bas appareil urinaire, de l’appareil génital, de
(contraction des releveurs, on demande à la patiente de « serrer les l’ampoule rectale et du cul-de-sac de Douglas. Il n’est pas rare qu’un
fesses »), l’autre en poussée maximale (relâchement des releveurs et élément prolabé de façon importante masque un autre élément. Dans ces
contraction abdominale, pour évacuer le lavement rectal). cas, le radiologue peut faire une variante technique du CCG que l’on

1 Diagramme normal. Radio-


graphies en retenue et en poussée.

page 2
Radiodiagnostic COLPOCYSTOGRAMME : TECHNIQUE ET RÉSULTATS 34-625-A-10

3 Cervicocystoptôse et horizontalisation urétrale (radiographie en poussée).

2 Cystocèle et coudure urétrale (radiographie en poussée).

appelle position III (la retenue étant la position I, la poussée la position


II) et qui consiste en un troisième cliché pris en poussée, mais en
refoulant à l’aide d’une pince longuette montée en tampon, l’élément
prolabé dominant.
Les lésions peuvent s’observer au niveau de l’étage antérieur, de l’étage
moyen et de l’étage postérieur.

Étage antérieur
Positionnements anormaux du bas appareil urinaire : base vésicale et
urètre.
Le CCG a permis de montrer trois images distinctes de la région
cervicotrigonale.

Cystocèle avec coudure urétrale (fig 2)


La cystocèle, de diagnostic clinique facile, répond à une convexité de la
portion inférieure de l’image vésicale faisant bomber la paroi vaginale
antérieure dans la direction de la vulve. Elle peut n’exister que lors de la
poussée, lorsque les muscles releveurs sont encore fonctionnels, ou être
déjà présente lors de la retenue et atteindre parfois un volume très
important, avec au maximum une extériorisation complète de la vessie.
La cystocèle est dans la grande majorité des cas accompagnée d’une 4 Vésicalisation urétrale (radiographie en poussée).
cervicocystoptôse, avec déplacement global de l’image vésicale dont le
col descend parfois très en dessous du bord inférieur de la symphyse
pubienne, l’urètre est alors coudé. Plus rarement, et surtout après jet concomitante d’un effort de toux, et surtout par sa correction en
chirurgie, la cystocèle peut se faire en arrière du col vésical, qui reste à repositionnant le col vésical dans l’enceinte abdominale : c’est la
l’aplomb de la symphyse pubienne. manœuvre clinique de Bonney, facile pour une patiente examinable sans
gros prolapsus associé et dont l’incontinence urinaire est mise en
Cervicocystoptôse avec horizontalisation urétrale (fig 3) évidence en position allongée.
Il s’agit de la chute isolée du col vésical, pouvant s’associer à une
cystocèle intravaginale plus ou moins marquée. Liée à un déficit du Vésicalisation urétrale avec verticalisation urétrale (fig 4)
système ligamentaire suspensif postérieur, la vessie reste mobile entre
retenue et poussée, traduisant la conservation du pouvoir contractile des Il s’agit là d’un aspect infundibulaire du col vésical, avec disparition lors
releveurs et correspondant à une hypermobilité du col vésical. de la retenue, de l’angle urétrovésical. En poussée, le col vésical s’ouvre
Dans le cas d’une patiente jamais opérée, le diagnostic clinique de comme lors d’une miction physiologique et l’image vésicale est au
cervicocystoptôse se fait par la mise en évidence de l’incontinence en contraire figée entre les deux radiographies.

page 3
34-625-A-10 COLPOCYSTOGRAMME : TECHNIQUE ET RÉSULTATS Radiodiagnostic

5 Diverticule urétral et vésicalisation urétrale.

On notera que la visualisation de l’urètre, depuis le méat urétral jusqu’au


col vésical, permet de mettre en évidence parfois des diverticules
urétraux (fig 5). 6 Élytrocèle et rectocèle (radiographie en poussée).

Étage moyen De plus, nous rappelons que les colpocèles postérieures peuvent
masquer un prolapsus antérieur latent, mis en évidence lors de la
L’hystérocèle, de diagnostic clinique évident, n’a pu se constituer position III, où la colpocèle postérieure est refoulée à l’aide d’une pince
qu’après désaxation du corps utérin qui se retrouve dans l’axe du vagin. longuette montée en tampon.
Physiologiquement, l’antéversion, flexion du corps utérin, fait que les L’élytrocèle se traduit par un décollement de la paroi vaginale
forces de poussée abdominale s’exercent en arrière sur le raphé postérieure et de la paroi rectale antérieure. L’image peut n’exister qu’à
anococcygien. la poussée mais dans les élytrocèles plus importantes, on constate ce
« vide » entre le vagin et le rectum même en retenue.
De même qu’il existe des cervicocystoptôses sans cystocèle, il existe des
hystéroptôses sans désaxation utérine, que l’on ne peut diagnostiquer
cliniquement. Sur le CCG on comprend parfaitement la Échecs et récidives
symptomatologie clinique alléguée, faite de pesanteurs périnéales à
prédominance postérieure. Le vagin est presque horizontalisé, le col Devant un prolapsus récidivé, la récupération des comptes-rendus
utérin appuie sur l’ampoule rectale et il existe un cul-de-sac de Douglas opératoires et l’analyse rétrospective de la sémiologie initiale sont
profond. fondamentales puisqu’elles permettront de distinguer :
Dans sa technique princeps, Bethoux plaçait un repère métallique dans – les récidives par erreur tactique, les plus fréquentes, où l’une des
la cavité utérine afin d’en suivre exactement le déplacement. Nous avons composantes du prolapsus a été négligée ;
abandonné ce temps douloureux pour les patientes et convenons qu’un
– les récidives par erreur technique, où l’intervention a été mal
badigeonnage vaginal complet, à l’aide d’une crème barytée, sur toute
exécutée.
la longueur du vagin, y compris les culs-de-sac vaginaux, permet de
suivre l’évolution de l’utérus. Enfin un stérilet repère parfois la cavité Ces deux formes récidivent assez rapidement.
utérine. Les récidives tardives, plus de 10 ans après la première intervention,
Le vocabulaire employé : montrent la poursuite du processus de dégradation tissulaire.
– hystérocèle et hystéroptôse ; Les récidives constituent la principale indication du CCG qui apporte là
un maximum de renseignements. Il existe une grande variété de cas
– trachélocèle et trachéloptôse (col utérin restant) ; cliniques, nous allons décrire les plus fréquemment rencontrés.
– colpocèle et colpoptôse fundique (fond vaginal restant).
Anomalies du bas appareil urinaire
Étage postérieur
Dans le cas de patientes déjà opérées, il est indispensable de situer
Deux éléments peuvent habiter une colpocèle postérieure : la rectocèle radiologiquement la région cervicotrigonale, afin de mieux comprendre
et l’élytrocèle, dont le diagnostic clinique n’est pas toujours aisé (fig 6, l’origine des troubles urinaires en présence, comprenant souvent de
7). manière intriquée : incontinence urinaire persistante ou apparue depuis
De plus, il est important de considérer les éléments suivants : la distance le geste chirurgical, mictions impérieuses, pollakiurie et dysurie.
anovulvaire, la descente du périnée, le noyau fibreux central du périnée,
les prolapsus rectaux, la tonicité du sphincter anal. Insuffisance de cervicocystopexie
Ainsi l’on peut différencier les rectocèles basses qui, le plus souvent, Quelle que soit la technique chirurgicale employée, le soutènement et/ou
accompagnent un prolapsus génito-urinaire, des rectocèles hautes, avec la fixation du col vésical sont les temps essentiels de la cure de
dyschésie, lorsque le périnée reste tonique. l’incontinence urinaire d’effort. Le CCG diagnostique très facilement

page 4
Radiodiagnostic COLPOCYSTOGRAMME : TECHNIQUE ET RÉSULTATS 34-625-A-10

8
7
7 Rectocèle et hystéroptôse périnéale moyenne, col vésical fixé et base vésicale insuffisamment épaulée.
8 Persistance d’un prolapsus de l’étage moyen et postérieur après cervicocystopexie (radiographie en poussée).

des anomalies de position de la région cervicotrigonale : Enfin, on peut rencontrer un aspect totalement figé du combiné viscéral
cervicocystoptôse persistante, vésicalisation urétrale avec base vésicale avec superposition des positions I et II par des actes chirurgicaux
souvent très haut fixée par une promontofixation. Lors de la radiographie réitérés.
en poussée, la fuite urinaire est souvent patente, visualisée par la baisse
du niveau de produit de contraste intravésical.
Insuffisance de soutènement vésical (distorsions Indications du colpocystogramme
cervicotrigonales) (fig 7)
Inversement, la cervicocystopexie peut être correctement positionnée, Patiente jamais opérée
mais il existe une insuffisance de soutènement de la base vésicale. Le
CCG montre une récidive de cystocèle, plus ou moins marquée, lors du Il ne fait que confirmer l’examen clinique du chirurgien, permettant de
cliché en poussée (position II) et une fixation rigide rétropubienne du ne passer à côté d’aucun élément masqué ou atténué et de traiter la
col vésical. statique pelvienne dans son ensemble.
Malposition d’une fronde (trop haut ou trop bas située) Devant un prolapsus postérieur prédominant, le CCG permet de faire le
diagnostic différentiel entre les différents types de rectocèles et
La fronde (ou « l’effet fronde ») peut ne pas être située exactement au l’élytrocèle.
niveau de la jonction urétrale. Si elle est placée trop bas, on observe lors
de la position II, une coudure postérieure de l’urètre. Si elle est placée En cas de difficulté de l’examen clinique, étroitesse vaginale ou patiente
trop haut, à l’aplomb du trigone, on objective une « encoche trigonale », peu coopérante, ou en cas de discordance entre les signes fonctionnels
et l’urètre sous-jacent est verticalisé et hypotonique. et les constatations cliniques, le CCG est utile.
En cas de prolapsus posthystérectomie où l’inventaire des éléments
Persistance d’un élément de prolapsus (fig 7, 8) prolabés dans une colpoptôse fundique est parfois trompeur, le CCG
La persistance d’un prolapsus utérin négligé ou insuffisamment traité, peut également rendre service.
après cure d’un prolapsus vésical, en est l’exemple le plus fréquemment
rencontré.
Bien sûr, il faudra faire une confrontation anatomique et fonctionnelle
Patiente déjà opérée
avec les paramètres d’un bilan urodynamique, mais il faut préciser que
le CCG est un examen dynamique qui met en évidence des fuites Le CCG met en lumière les éléments fixés et les distorsions anatomiques
urinaires patentes au cours de l’effort de poussée abdominale et montre apparues.
parfaitement la contraction des muscles releveurs, s’ils ont gardé leur Il permet de poser au mieux l’indication d’une éventuelle reprise
pouvoir contractile. chirurgicale et surtout d’en prévoir la voie d’abord et la technique à
employer. Mais les récidives demandent une parfaite confrontation
anatomique et fonctionnelle, et l’on doit se souvenir que l’on ne traite
Prolapsus démasqués pas des « images » mais bien des troubles fonctionnels, qu’ils soient
L’exemple type est un prolapsus de tout le combiné viscéral où seul le urinaires, génitaux ou rectaux.
prolapsus vésical a été traité.
La majoration d’un prolapsus postérieur (rectocèle ou élytrocèle) se
rencontre fréquemment après cervicocystopexie avec ou sans bandelette Colpocystogramme face aux autres
antérieure et promontofixation ou après cervicocystopexie avec explorations morphologiques
hystérectomie (fig 6).
Explorations du bas appareil urinaire
Fistules
Le diagnostic des fistules est fait, le plus souvent, au cours de l’examen L’urographie intraveineuse visualise parfaitement la vessie et l’urètre,
clinique, mais il peut l’être également au cours de l’examen mais uniquement lors de la miction. Cet examen nous paraît surtout
radiologique. On peut diagnostiquer des fistules vésicovaginales ou intéressant lorsque l’on veut visualiser également le haut appareil
urétrovaginales. urinaire et le trajet des uretères.

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34-625-A-10 COLPOCYSTOGRAMME : TECHNIQUE ET RÉSULTATS Radiodiagnostic

L’urétrocystographie rétrograde permet, lors de troubles urinaires Les forces de gravité, si vraiment elles jouent un rôle dans les domaines
isolés, de visualiser le comportement du col vésical pendant la miction. d’étude du CCG, ne peuvent être prises en considération en raison du
L’échographie urétrovésicale, réalisée avec un remplissage vésical décubitus lors de l’examen par résonance magnétique. Enfin, son coût
d’environ 250 mL et une sonde sectorielle de 5 MHz placée sous le méat est actuellement nettement plus élevé que celui d’un CCG réalisé selon
les techniques habituelles.
urétral, permet de situer la position du col vésical et de l’urètre. Les
images sont prises au repos, en retenue et à la poussée. Le repère osseux

anatomique est la symphyse pubienne. On peut lui préférer
l’échographie endovaginale linéaire à 7,5 MHz, permettant les mesures • •
de la longueur urétrale totale et de la descente et de la béance du col lors La colpocystorectographie dynamique est une exploration
d’un effort de toux maximal. radiologique réalisée après visualisation des organes pelviens
par des produits de contraste radio-opaque. Cet examen est
parfaitement reproductible, non opérateur dépendant, peu
Explorations rectales traumatisant pour les patientes.
Il a permis, à son origine, une meilleure compréhension des
La rectographie dynamique, ou défécographie, permet d’étudier les mécanismes physiopathologiques des prolapsus vaginaux,
fonctions de continence et d’évacuation du rectum et du canal anal. puis avec l’évolution des techniques chirurgicales, de rendre
Cet examen est très différent du CCG par sa technique de réalisation
compte tant des succès que des échecs des différentes
interventions.
(patiente assise, volume plus important d’une baryte rectale solide). Il
explore une fonction physiologique, la défécation, et ne cherche donc Explorant globalement les trois organes pelvipérinéaux, il a
pas à mettre en évidence les dégradations périnéales lors des efforts de prouvé l’étroite solidarité de leurs déplacements physiologique et
poussée abdominale. Coupler les deux examens nous semble donc
pathologique et a contribué au développement du concept de
« spécialité du périnée ».
difficile et illogique.
Mais cet examen, essentiellement morphologique, doit être
En ce qui concerne l’imagerie par résonance magnétique, des études de confronté aux explorations fonctionnelles manométriques, car la
la cinétique pelvienne sont en cours d’évaluation et les résultats correction anatomique des prolapsus vaginaux doit être faite en
apparaissent encourageants ; les trois plans de l’espace peuvent être respectant les fonctions urinaire et rectale de continence mais
étudiés au cours des différentes manœuvres demandées à la patiente. aussi d’évacuation.

Références
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pelvienne, le colpocystogramme. Encycl Med Chir troubles pelvi-périnéaux de la femme. Paris : Vigot, 1998 :
(Elsevier, Paris), Radiodiagnostic-Urologie-gynécologie, 19-30
34-630-A-10, 1967 [6] Villet R, Buzelin JM, Lazorthes F. Les troubles de la stati-
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[4] Khoury S, Buzelin JM, Richard F, Susset J. Physiologie et complémentaires dans les prolapsus vaginaux. Société
pathologie de la dynamique des voies urinaires. Paris : française de gynécologie, 12-14 mai 1983, Caen. Paris :
FIIS, 1987 : 279-283 Masson, 1983 : 371-384

page 6
¶ 34-630-A-10

Embolisation utérine : technique,


indications et résultats
J.-P. Pelage, D. Jacob, O. Le Dref, A. Fauconnier, O. Limot, A. Fazel, M. Rossignol,
B. Loisel, A. Laurent, J.-J. Merland, P. Lacombe

L’embolisation des artères utérines est une technique de radiologie interventionnelle utilisée avec succès
depuis plus de 30 ans dans la prise en charge des hémorragies graves en contexte gynécologique ou
obstétrical. Dans la prise en charge des hémorragies du post-partum, il existe à l’heure actuelle des
indications précises d’embolisation, par exemple en cas d’atonie utérine résistant aux utérotoniques en
particulier après un accouchement par voie basse, d’hémorragie d’origine cervico-utérine, de thrombus
vaginal, ou de déchirure cervicovaginale suturée ou non accessible. L’embolisation peut également être
proposée en cas d’anomalie d’insertion placentaire pour tenter d’éviter l’hystérectomie. L’embolisation
constitue le traitement de première intention des malformations vasculaires congénitales ou acquises de
l’utérus. L’embolisation des artères utérines est réalisée de façon plus récente pour traiter les fibromes
utérins symptomatiques. L’embolisation, initialement proposée comme alternative à l’hystérectomie,
peut être proposée comme alternative aux myomectomies multiples, en particulier en cas de récidive
après myomectomie. Des améliorations techniques destinées à réduire les complications ischémiques
utérines et ovariennes, ainsi qu’une meilleure sélection des patientes, ont permis d’étendre
progressivement les indications d’embolisation. L’embolisation doit être pratiquée préférentiellement en
cas de fibromes multiples, en particulier de siège interstitiel. Le fibrome sous-séreux pédiculé constitue la
seule contre-indication en raison d’un risque majoré de complications. L’embolisation est efficace sur les
ménorragies, mais également sur les douleurs et les symptômes liés au volume utérin. L’adénomyose
associée aux fibromes paraît responsable d’un risque de récidive clinique plus élevé. La place de
l’embolisation comme alternative à la myomectomie, notamment chez la femme jeune, avec désir de
grossesse, porteuse de fibromes multiples, reste à définir.
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Mots clés : Embolisation artérielle ; Agents d’embolisation ; Hémorragie du post-partum ; Fibromes utérins

Plan ¶ Embolisation des anomalies vasculaires 14


Diagnostic et indications d’embolisation 14
¶ Introduction 1 Technique d’embolisation 14
Résultats et complications 15
¶ Rappels anatomiques 2
Anatomie artérielle du pelvis féminin 2 ¶ Embolisation des fibromes utérins 15
Sélection des patientes et indications d’embolisation 15
Particularités de la vascularisation des fibromes utérins 3
Protocole médicamenteux 16
¶ Agents d’embolisation 4 Exploration angiographique 17
Fragments résorbables de gélatine 4 Technique d’embolisation 18
Particules d’embolisation non résorbables 7 Résultats 19
Colles acryliques 7 Imagerie après embolisation 19
Spirales métalliques autoexpansibles 7 Complications de l’embolisation des fibromes 20
¶ Embolisation utérine d’hémostase 8 Échec ou récidive après embolisation 22
Conditions de réalisation de l’embolisation 8 ¶ Grossesse après embolisation 23
Exploration angiographique 8 Grossesses après embolisation d’hémostase 23
Hémorragie du post-partum 8 Grossesses après embolisation de fibromes 23
Cancer 12
Hémorragies postopératoires 13
Autres indications d’embolisation d’hémostase 13 ■ Introduction
¶ Embolisation prophylactique 13 L’embolisation pelvienne est utilisée, à visée d’hémostase,
depuis plus de 25 ans pour contrôler les hémorragies incoerci-
bles après un traumatisme grave du bassin, ou en rapport avec

Radiodiagnostic - Urologie-Gynécologie 1
34-630-A-10 ¶ Embolisation utérine : technique, indications et résultats

des cancers gynécologiques ou urologiques inopérables. [1, 2]


L’embolisation utérine d’hémostase a été utilisée avec succès
pour la première fois en 1979 chez une femme qui présentait
une hémorragie grave du post-partum persistant après ligature
vasculaire et hystérectomie. [3] Son utilisation comme alternative
au traitement chirurgical dans la prise en charge des hémorra-
gies graves du post-partum connaît actuellement un regain
d’intérêt et a fait récemment l’objet de recommandations pour
la pratique clinique par un groupe d’experts sous l’égide du
Collège des gynécologues obstétriciens de France. [4-6] En 1989,
l’équipe de radiologie de l’hôpital Lariboisière à Paris a utilisé
l’embolisation utérine chez des patientes inopérables qui
présentaient des fibromes utérins hémorragiques. [7] L’embolisa-
tion a non seulement permis l’arrêt du saignement, mais aussi
une diminution de taille des fibromes. Les résultats d’une série
préliminaire de 16 patientes traitées par cette technique se sont
avérés très encourageants. [7] Simultanément, l’embolisation
préopératoire a été proposée avant réalisation de myomectomies
multiples chez des femmes à haut risque hémorragique. [8]
Depuis, la diffusion de l’embolisation comme alternative à la
chirurgie a été rapide, avec plus de 60 000 femmes traitées à ce
jour dans le monde. Les résultats de larges études prospectives
et des premières études comparatives avec la chirurgie sont très
encourageants, avec des taux d’efficacité de plus de 85 % et des
taux de complications faibles, de l’ordre de 5 %. [9-14]
Ainsi, le champ d’application actuel de l’embolisation utérine
est vaste et peut être scindé en trois types d’indications
principales :
• l’embolisation utérine d’hémostase, dont l’indication princi- Figure 1. Injection sélective dans l’artère hypogastrique gauche (obli-
pale est l’hémorragie du post-partum, mais qui peut égale- que antérieur droit à 30° d’inclinaison) chez une femme porteuse de
ment être proposée dans la prise en charge des hémorragies fibromes. On met en évidence une bifurcation de l’artère hypogastrique.
postopératoires, des cancers du col ou de l’endomètre inopé- Les divisions postérieures (P) et antérieures (A) sont facilement identifiées.
rables ; La branche terminale du tronc postérieur est constituée par l’artère
• l’embolisation utérine prophylactique, qui peut être discutée glutéale supérieure (étoile). L’artère utérine (flèche) est la première bran-
dans le post-partum en cas de placenta percreta, en cas de che du tronc antérieur.
grossesse extra-utérine en particulier cervicale ou avant des
myomectomies multiples chez des femmes à haut risque
hémorragique ;
• l’embolisation utérine définitive, proposée comme alternative
à la chirurgie dans le cas des fibromes utérins symptomati-
ques ou d’adénomyose.
Les anomalies vasculaires congénitales ou acquises de l’utérus
peuvent être traitées dans le cadre de l’urgence en cas d’hémor-
ragie sévère ou de façon programmée en cas de découverte
fortuite, lors d’un examen échographique par exemple.
Les possibilités de grossesse après embolisation d’hémostase
ou de fibromes utérins font actuellement l’objet de controverses
multiples.
L’ensemble de ces différents aspects de l’embolisation des
artères utérines sera détaillé dans cet article.

■ Rappels anatomiques
Anatomie artérielle du pelvis féminin
La vascularisation de l’utérus est principalement assurée par
l’artère utérine, branche de l’artère iliaque interne (hypogastri-
que). [15, 16] Il existe de nombreuses variations dans le mode de
division de l’artère hypogastrique. La disposition la plus
fréquente (de 60 à 70 % des cas) est la bifurcation de l’artère
hypogastrique en un tronc antérieur et un tronc postérieur, ce
dernier ne donnant habituellement que des branches à destinée
pariétale (Fig. 1). [15, 16] Dans la majorité des cas, l’artère utérine Figure 2. Injection sélective du tronc antérieur de l’artère hypogastri-
est la première ou la deuxième branche du tronc de division que chez une femme porteuse de fibromes. Les trois segments de l’artère
antérieur de l’artère hypogastrique (Fig. 1). [15, 16] Elle présente utérine sont facilement identifiés : le segment vertical descendant (1), le
un trajet caractéristique, avec un segment vertical descendant, segment transversal (2) et le segment intramyométrial (3). Les branches à
un segment transversal à la jonction col-corps et un segment destinée vésicale, cervicale et vaginale naissent du tronc antérieur de
intramyométrial ascendant (Fig. 2). [15] Les principales branches l’artère hypogastrique (flèche).
collatérales de l’artère utérine sont l’artère cervicovaginale, qui
peut également naître séparément de l’artère iliaque interne, et
les artères intramurales ou artères spiralées (Fig. 3). [15] L’artère (Fig. 4). [15, 17] De façon exceptionnelle, il existe une absence
utérine est anastomosée avec l’artère ovarienne homolatérale à congénitale d’artère utérine, parfois remplacée par de petites
l’arcade tubo-ovarienne (Fig. 4) et avec l’artère utérine contro- branches artérielles du tronc antérieur (Fig. 5). L’identification
latérale par le biais des anastomoses transversales droite-gauche de l’origine de l’artère utérine est facilitée par l’utilisation des

2 Radiodiagnostic - Urologie-Gynécologie
Embolisation utérine : technique, indications et résultats ¶ 34-630-A-10

Figure 3. Injection sélective dans l’artère utérine gauche chez une


femme porteuse de fibromes. L’artère cervicovaginale (flèche) naît du
segment transverse de l’artère utérine. L’anastomose utéro-ovarienne
Figure 5. Injection sélective dans le tronc antérieur de l’artère hypogas-
gauche (étoile) est bien identifiée. Noter la parenchymographie utérine
trique droit chez une femme porteuse de fibromes. Il existe une absence
(Ut) et ovarienne (Ov).
congénitale d’artère utérine droite. Celle-ci est remplacée par de multiples
petites branches artérielles (flèches).

(Fig. 8). [15, 18, 19] Ces deux branches artérielles ont un rôle
physiologique négligeable, mais, dans certaines circonstances
pathologiques (fibromes utérins et hémorragies du post-partum
en particulier), elles peuvent vasculariser préférentiellement
l’utérus et expliquer certains échecs ou certaines récidives après
l’embolisation des artères utérines. [12, 15, 18] L’artère du liga-
ment rond, branche de l’artère iliaque externe ou de l’artère
épigastrique inférieure, constitue également une voie anasto-
motique entre les réseaux iliaques externe et interne (Fig. 7). [19]
L’artère ovarienne est le plus souvent une branche de l’aorte
abdominale sous-rénale, juste sous les artères rénales (Fig. 8). [15,
18] Elle peut exceptionnellement naître d’une artère rénale

principale ou accessoire, ou de l’artère iliaque commune (Fig. 9).


Son identification nécessite la réalisation d’une aortographie
après avoir vérifié le positionnement de la sonde d’angiographie
qui doit être en regard des artères rénales (Fig. 8). [15, 18] L’artère
ovarienne présente un trajet caractéristique sinueux, classique-
ment en « tire-bouchon », vertical descendant jusqu’au pelvis où
elle s’anastomose avec l’artère utérine (Fig. 8, 9, 10). [18] Dans 2
à 4 % des cas, l’ovaire peut être vascularisé de façon préféren-
tielle par l’artère utérine. [15]
Il existe un riche réseau collatéral pelvien qui peut reprendre
en charge la vascularisation de l’utérus, en particulier après
embolisation des artères utérines. Ainsi, les anastomoses entre
l’artère utérine droite et l’artère utérine gauche expliquent les
échecs de l’embolisation utérine unilatérale (Fig. 4). [15] La
Figure 4. Injection sélective dans l’artère utérine gauche (UA) chez une présence d’anastomoses utéro-ovariennes peut exceptionnelle-
femme porteuse de fibromes. Les anastomoses transversales gauche- ment entraîner des complications ovariennes ischémiques ou
droite sont bien visualisées (flèche), de même que l’anastomose utéro- infectieuses après embolisation des artères utérines. [15, 17]
ovarienne gauche (O).

incidences obliques. [15] En cas de bifurcation de l’artère Particularités de la vascularisation


hypogastrique, c’est l’oblique controlatéral au côté exploré qui des fibromes utérins
est le plus contributif (Fig. 1). [15] En cas de naissance haute de
l’artère utérine, il faut penser à réaliser l’oblique homolatéral Il n’existe habituellement pas de pédicule artériel assurant
pour identifier l’origine de l’artère utérine qui présente souvent spécifiquement la vascularisation du fibrome. [16, 20] L’artère
une angulation en « baïonnette » (Fig. 6). [15] utérine, qui est habituellement augmentée de calibre, vascularise
Les deux autres afférences artérielles de l’utérus sont consti- à la fois les fibromes et le myomètre normal (Fig. 11, 12). [16, 20]
tuées par l’artère du ligament rond (Fig. 7) et l’artère ovarienne En cas de fibrome interstitiel, l’artère utérine donne naissance à

Radiodiagnostic - Urologie-Gynécologie 3
34-630-A-10 ¶ Embolisation utérine : technique, indications et résultats

Figure 6. Injection sélective dans l’artère hypogastrique droite chez une femme porteuse de fibromes utérins.
A. En oblique antérieur gauche, l’origine de l’artère utérine n’est pas bien visualisée. Seuls les segments distaux sont identifiés (flèche).
B. La réalisation de l’oblique antérieur droit met en évidence une origine haute de l’artère utérine (flèche) à partir du tronc antérieur. Noter l’angulation en
« baïonnette » très marquée à l’origine de l’artère utérine.

Figure 7.
A. Aortographie centrée sur le pelvis chez une
femme présentant une hémorragie de la déli-
vrance grave. On met en évidence une volumi-
neuse artère du ligament rond droite (flèche)
naissant à partir de l’artère iliaque externe (AIE).
B. Le cathétérisme sélectif de l’artère iliaque
externe (IE) met en évidence l’aspect caractéris-
tique de l’artère du ligament rond (flèche).

un réseau périphérique qui entoure le fibrome : c’est le plexus


artériel périmyomateux, bien identifié en doppler couleur et en
■ Agents d’embolisation
angiographie, qui correspond à la pseudocapsule du chirurgien
(Fig. 11, 12, 13). [20, 21] Les branches artérielles de ce réseau Fragments résorbables de gélatine
périmyomateux mesurent de l’ordre de 500 à 900 µm de
diamètre et constituent la cible de l’embolisation (Fig. 11, 12, Les éponges de gélatine, largement employées pour réaliser
13). [21] De ce réseau périphérique naissent de rares et petites l’hémostase chirurgicale, sont utilisées depuis plus de 30 ans en
branches artérielles centripètes qui assurent la vascularisation du radiologie interventionnelle. Les éponges de gélatine sont en
centre du fibrome, celui-ci étant en fait relativement hypovas- particulier utilisées pour l’embolisation d’hémostase dans la
culaire (Fig. 11). [21] Les artères destinées au myomètre sain sont prise en charge des hémorragies digestives, des traumatismes du
de plus petite taille (le plus souvent de diamètre inférieur à bassin ou des hémorragies génitales. [2, 3, 23, 24] La gélatine est
500 µm) (Fig. 11). Des études par doppler suggèrent que les considérée comme l’agent de choix pour l’embolisation
index de résistance et de pulsatilité sont abaissés autour des d’hémostase, car elle est considérée comme un agent résorba-
fibromes, ce qui expliquerait le flux préférentiel (y compris des ble. [23] Elle permet une occlusion temporaire d’une durée de
particules d’embolisation) vers les fibromes. [22] Toute la quelques heures à quelques jours ou semaines en fonction du
stratégie actuelle d’embolisation ciblée des fibromes utérins régime hémodynamique local. [23] Plusieurs formes commercia-
repose sur cette connaissance de l’anatomie et de la physiologie les sont disponibles : la poudre, les plaques fines ou épaisses que
des fibromes utérins. [21] l’utilisateur peut couper à la taille souhaitée et les cubes

4 Radiodiagnostic - Urologie-Gynécologie
Embolisation utérine : technique, indications et résultats ¶ 34-630-A-10

Figure 10. Exploration


sélective de l’artère ova-
rienne droite chez une
femme porteuse de fibro-
mes utérins. L’injection
sélective met en évidence
l’aspect caractéristique, si-
nueux, de l’artère ova-
rienne. Une franche vas-
cularisation de l’utérus est
mise en évidence (U).

Figure 8. Aortographie centrée sur le pelvis chez une femme porteuse


de fibromes utérins. Deux artères ovariennes dilatées (flèches) naissant de
l’aorte abdominale sont identifiées.

Figure 11. Dessin anatomique représentant la vascularisation artérielle


de l’utérus et des fibromes. L’artère utérine a un diamètre augmenté. Elle
vascularise à la fois le myomètre normal et les fibromes. Les branches du
plexus artériel périmyomateux mesurent de 500 à 1 000 µm. Les branches
centripètes qui vascularisent le centre du fibrome mesurent moins de
500 µm. L’anastomose utéro-ovarienne mesure habituellement moins de
500 µm. Reproduite d’après [21] avec autorisation.
Figure 9. Cathétérisme sélectif de l’artère rénale gauche chez une
femme présentant une hémorragie de la délivrance grave. On met en
évidence une volumineuse artère ovarienne gauche (Ov) naissant de Cette artérite inflammatoire intense expliquerait également
l’artère rénale (flèche). l’occlusion vasculaire prolongée observée chez certains
patients. [23, 24] Dans le cas de l’embolisation des fibromes, seul
(Fig. 14). La poudre et les fragments de petite taille, en particu- un petit nombre de patientes a été traité avec des fragments de
lier obtenus en râpant les blocs, sont à proscrire pour l’emboli- gélatine. [25] Les résultats initiaux sont encourageants, mais le
sation pelvienne en raison du risque de nécrose liée à une taux de récidive paraît plus élevé, si bien que, en l’absence de
embolisation trop distale. [24] Les fragments de 1 × 2 mm, ou les résultats à long terme, les fragments de gélatine ne peuvent pas
cubes de 2 × 2 ou 3 × 3 mm sont à privilégier pour l’embolisa- être recommandés pour l’embolisation définitive des fibro-
tion pelvienne, car ils permettent une embolisation proximale mes. [25] De même, leur utilisation comme agent d’occlusion
suffisante pour l’embolisation d’hémostase. [24] Les fragments de secondaire en complément des particules d’alcool de polyvinyle
gélatine permettent une occlusion artérielle initialement (PVA) est aujourd’hui abandonnée. [10]
mécanique suivie d’une artérite nécrosante aiguë qui explique Le Tableau 1 présente les différentes particules d’embolisation
les lésions de la paroi artérielle observées à un stade précoce. [23] disponibles sur le marché français.

Radiodiagnostic - Urologie-Gynécologie 5
34-630-A-10 ¶ Embolisation utérine : technique, indications et résultats

Figure 12. Injection sélective de l’artère utérine droite chez une femme porteuse de volumineux fibromes interstitiels. On met en évidence une artère utérine
augmentée.
A. Au temps artériel précoce, on met en évidence une artère utérine très augmentée de calibre.
B. Au temps artériel tardif, on retrouve l’hypervascularisation périphérique caractéristique des fibromes alors que les branches qui vascularisent le centre sont
de plus petite taille.

Figure 13. Injection sélective dans l’artère utérine gauche chez une femme porteuse de trois fibromes interstitiels.
A. Au temps artériel, on met en évidence une artère utérine augmentée de calibre. Le plexus artériel périmyomateux (flèches) de chacun des fibromes est bien identifié.
B. Au temps parenchymateux, on visualise de façon nette les trois fibromes utérins (F1, F2, F3).

6 Radiodiagnostic - Urologie-Gynécologie
Embolisation utérine : technique, indications et résultats ¶ 34-630-A-10

sphérique et de leur granulométrie plus précise. [31, 33] En


histologie, il a été démontré qu’une microsphère réalisait
l’occlusion d’une artère d’un diamètre équivalent à sa taille et
qu’il n’existait qu’une réaction inflammatoire chronique
faible. [30, 31, 33] Du fait de la bonne corrélation entre la taille
unitaire de la particule d’embolisation et le niveau d’occlusion
artérielle obtenu, l’opérateur doit choisir la taille de la micro-
sphère en fonction de la cible à atteindre. [21] Ainsi, pour
l’embolisation des fibromes utérins, il est recommandé d’utiliser
des microsphères de plus de 500 µm pour obtenir une dévascu-
larisation ciblée des fibromes en préservant le myomètre,
l’endomètre, les ovaires et la région cervicovaginale. [21, 32]
Depuis 2003, des particules de PVA sphériques ont été introdui-
tes sur le marché. [34] Du fait de leur forme sphérique, leur
calibration est plus précise au sein d’un lot commercial et elles
ont des propriétés de compressibilité qui les rendent faciles à
injecter, en particulier dans un microcathéter. [34] Néanmoins,
l’expérience initiale tend à démontrer que les microsphères de
PVA sont plus compressibles que les microsphères de tris-
Figure 14. Photographie montrant les différentes formes disponibles acryl. [34] Pour l’embolisation des fibromes utérins, il est ainsi
de gélatine pour embolisation. Il existe des plaques que l’opérateur peut recommandé d’utiliser des microsphères de PVA de plus de
couper à la taille désirée ou des cubes prêts à l’emploi. 700 µm (Tableau 1).

Particules d’embolisation non résorbables


Colles acryliques
Les particules de PVA non sphériques sont utilisées depuis
plus de 20 ans en radiologie interventionnelle. [26, 27] La forme Les colles acryliques (famille des cyanoacrylates) sont des
irrégulière des particules de PVA non sphériques entraîne une agents d’embolisation fluides qui se solidifient au contact des
distribution granulométrique plus large qu’en théorie (taille milieux ioniques tels que le sang, le sérum physiologique ou les
commerciale), avec présence de fragments plus gros et de débris produits de contraste iodés. [35] Pour éviter de coller le cathéter
plus petits. [27] Le risque de formation d’agrégats rend difficile lors de l’injection de la colle, il faut purger la lumière avec du
l’injection des particules et leur distribution intra-artérielle est sérum glucosé. Le temps de polymérisation du cyanoacrylate
aléatoire, conduisant le plus souvent à une embolisation tantôt peut être retardé par l’addition de Lipiodol® ultrafluide, qui
distale tantôt proximale avec la même taille de particules. [28] rend de plus le mélange radio-opaque. [35] Les colles acryliques
L’occlusion artérielle, qui est mécanique, est obtenue grâce aux sont considérées comme des agents d’embolisation non résor-
particules et à un thrombus de stase. [23, 26] Même si le PVA est bables car elles entraînent, en plus de l’occlusion artérielle
considéré comme un agent d’embolisation non résorbable, une mécanique, des lésions inflammatoires intenses avec destruction
recanalisation est le plus souvent obtenue au bout de plusieurs de l’intima. [35] Le cyanoacrylate est considéré comme l’agent
mois ou années. [23, 26] Cette recanalisation résulte de la lyse du d’embolisation de choix pour occlure les fistules et les malfor-
thrombus, de la migration distale des particules, mais aussi de mations artérioveineuses. [35, 36] Il est en effet possible d’occlure
la fragmentation ou de la migration transvasculaire des particu- l’artère afférente de la malformation et le nidus en évitant la
les sous l’action d’une réaction inflammatoire chronique. [23, 29] migration sur le versant veineux. [35] Le cyanoacrylate est
À long terme, les particules de PVA peuvent être dégradées ou également très utile pour occlure de façon rapide une artère de
se calcifier. [29] C’est avec les particules non sphériques de PVA grand diamètre, comme l’artère hypogastrique, par exemple en
que la majorité des embolisations de fibromes utérins ont été cas de rupture. [36] Les colles acryliques sont de maniement
réalisées jusqu’en 2002. [7, 9-14, 23, 29] En dépit de résultats difficile, si bien que leur utilisation est réservée à des opérateurs
cliniques satisfaisants en termes d’efficacité, les particules non entraînés.
sphériques de PVA ont été impliquées dans certaines complica-
tions ischémiques utérines ou ovariennes. [10, 12]
Pour pallier les insuffisances des particules de PVA non Spirales métalliques autoexpansibles
sphériques, des microsphères d’embolisation parfaitement
calibrées ont été développées en France, et utilisées depuis Les spirales métalliques ou coils sont des agents d’embolisa-
1996 en Europe et depuis 1999 aux Etats-Unis. [30] Initialement tion non résorbables qui permettent une occlusion artérielle
développées en neuroradiologie où la calibration est indispen- prolongée, mais le plus souvent incomplète. [37] Placés dans des
sable pour l’embolisation ciblée des malformations artériovei- artères de grand diamètre, ils permettent un ralentissement du
neuses ou des méningiomes intracrâniens, les microsphères de flux en réalisant une occlusion proximale. [37] Leur utilisation
tris-acryl ont ensuite été utilisées pour l’embolisation des est préconisée pour l’embolisation des cancers gynécologiques
fibromes utérins. [21, 31, 32] Des études histologiques conduites inopérables, en cas de rupture artérielle ou comme agent
chez l’animal ou sur des pièces de résection chirurgicale ont d’embolisation secondaire, c’est-à-dire injecté en complément de
permis de démontrer que les microsphères d’embolisation particules ou de fragments de gélatine. [37] Leur utilisation
permettaient une embolisation artérielle plus ciblée que les comme complément aux particules de PVA pour l’embolisation
particules de PVA non sphériques en raison de leur forme des fibromes est aujourd’hui abandonnée. [12]

Tableau 1.
Particules d’embolisation disponibles sur le marché français en 2005 (liste non exhaustive).
Type de particules Gélatine Alcool de polyvinyl (PVA) Alcool de polyvinyl (PVA) Tris-acryl
Particularités Blocs ou plaquettes à découper Particules non sphériques Microsphères Microsphères
Curaspon (Caps recherche) Contour (Boston Scientific) Contour SE (Boston Scientific) Embosphere (Biosphere Medical)
PVA foam (Cook)
Surgicoll (MBP Medical) Trufill (Cordis) Bead Block (Terumo)
Hemocol (Rusch Pilling)

Radiodiagnostic - Urologie-Gynécologie 7
34-630-A-10 ¶ Embolisation utérine : technique, indications et résultats

■ Embolisation utérine
d’hémostase
L’indication la plus fréquente d’embolisation utérine
d’hémostase est représentée par les hémorragies du post-
partum. [4, 5] Les autres indications d’embolisation en urgence
concernent l’obstétrique (grossesse extra-utérine, grossesse
molaire) ou la gynécologie (hémorragie postopératoire, fistule
ou malformation artérioveineuse, cancer du col ou de l’endo-
mètre inopérable). [2-6, 24, 35, 36, 38, 39]

Conditions de réalisation de l’embolisation


L’embolisation artérielle est pratiquée dans une salle d’angio-
graphie disposant d’un matériel de réanimation permettant la
surveillance de la patiente pendant toute la procédure. [6]
L’embolisation est habituellement pratiquée sous anesthésie
locale, sauf si l’état hémodynamique de la patiente impose une
anesthésie générale (intubation-ventilation). [6, 40] La procédure
ne doit être pratiquée qu’après évaluation initiale de la gravité,
prise en charge par les anesthésistes-réanimateurs et confirma-
tion de la cause de l’hémorragie. [40] Par exemple, dans le cas
des hémorragies de la délivrance, l’embolisation n’est discutée
qu’après la révision utérine, l’examen sous valve du col et du
vagin, la suture d’une déchirure de la filière et l’échec du Figure 15. Aortographie chez une femme présentant une hémorragie
traitement médical (drogues utérotoniques) [5, 6] Dans tous les de la délivrance grave persistant après embolisation des artères utérines.
cas, l’indication d’embolisation doit être posée après une Deux artères ovariennes naissant de l’aorte sont identifiées (flèches).
discussion pluridisciplinaire entre radiologue vasculaire, obsté-
tricien et anesthésiste-réanimateur. [4, 6, 40] De même, la procé-
dure est réalisée en radiologie sous la surveillance constante de délivrance est la survenue d’une hémorragie du tractus génital
l’équipe de réanimation. Après l’embolisation, la surveillance de correspondant à plus de 500 ml en cas d’accouchement par voie
la patiente dans une structure adaptée de type salle de réveil, basse (plus de 1 litre après une césarienne). [43] L’hémorragie du
réanimation ou soins intensifs est indispensable de façon à post-partum est considérée comme une complication rare
pouvoir proposer une nouvelle embolisation ou un geste rencontrée dans moins de 1 grossesse pour 1 000. [43] Une sous-
chirurgical rapide en cas d’échec initial de l’embolisation. [6] estimation de sa fréquence est cependant habituelle en raison
de la difficulté d’évaluation des pertes sanguines par l’examen
visuel seul. [43]
Exploration angiographique Les hémorragies du post-partum immédiat sont associées à
Les deux artères hypogastriques sont successivement étudiées, une morbidité et une mortalité plus importantes que les
puis les deux artères utérines cathétérisées. [41] Il peut être utile hémorragies différées. [43] La principale cause d’hémorragie du
de débuter la procédure par une exploration globale en réalisant post-partum immédiat est l’atonie utérine. Les autres causes
une aortographie avec un centrage sur le pelvis. [40, 41] Cette comprennent les déchirures de la filière génitale (col et vagin),
exploration n’a d’intérêt que si la sonde d’angiographie utilisée, les rétentions placentaires, les anomalies d’insertion placentaire
de type queue-de-cochon, est positionnée en regard des artères (placenta accreta) et les ruptures utérines. [4, 43] Même si elles
rénales de façon à ne pas méconnaître la participation des restent rares (incidence de 1 pour 7 000 grossesses environ), les
artères ovariennes à l’alimentation du saignement (Fig. 15). [41] anomalies d’insertion placentaire voient leur fréquence aug-
La visualisation directe du site de l’hémorragie en angiographie menter du fait de l’augmentation du nombre de césariennes. [40,
43, 44]
est rare, même en cas d’hémorragie massive extériorisée, en
particulier si les artères sont spasmées ou le saignement inter- La prise en charge initiale de l’hémorragie du post-partum
mittent (Fig. 16). [6, 40] Le spasme artériel peut rendre difficile ou repose sur des mesures symptomatiques de traitement du choc
impossible le cathétérisme sélectif des artères utérines associées à une recherche étiologique. [5, 6] La révision utérine
(Fig. 17). [40] Il est observé dans 18 à 24 % des cas en contexte permet l’évacuation de débris de rétention placentaire, l’examen
d’hémorragie du post-partum. [4, 6, 40] Dans cette situation, il est sous valve du col et du vagin permet une suture d’une éven-
possible d’arrêter l’administration intraveineuse de sulprostone tuelle déchirure. [6] Le traitement de l’atonie repose sur la
en salle d’angiographie pour permettre l’obtention d’un calibre vacuité utérine et l’administration de médicaments utérotoni-
artériel plus favorable au cathétérisme. [6] Dans le cas des ques, en particulier des analogues de la prostaglandine (sulpros-
cancers du col ou de l’endomètre, la visualisation du site de tone). [6] La prise en charge d’une hémorragie de la délivrance
saignement est rare, mais il est possible de mettre en évidence doit faire appel à l’embolisation artérielle comme alternative au
une hypervascularisation tumorale pathologique qui guide le traitement chirurgical en cas d’échec des mesures obstétricales
radiologue vers les artères à emboliser. [2, 39] et du traitement utérotonique. [4, 6, 40, 43] Les saignements
tardifs, survenant au-delà de la vingt-quatrième heure et jusqu’à
42 jours après l’accouchement, peuvent également nécessiter le
Hémorragie du post-partum recours à l’embolisation. [5, 42]
Les indications d’embolisation ont récemment fait l’objet de
Épidémiologie, causes et indications
recommandations officielles par l’Agence nationale d’accrédita-
d’embolisation tion et d’évaluation en santé (ANAES) en 2004 et de recom-
L’hémorragie du post-partum constitue toujours l’une des mandations pour la pratique clinique par un groupe d’experts
principales causes de mortalité maternelle dans le monde. [5] La réunissant des anesthésistes-réanimateurs, des gynécologues-
période du post-partum s’étend jusqu’à la sixième semaine après .
obstétriciens, des radiologues, des médecins du SAMU, des
la naissance. [5] On distingue les hémorragies du post-partum spécialistes des établissement français du sang et des sages-
immédiat, qui surviennent dans les 24 premières heures après femmes en 2005. [6, 45]
l’accouchement, et les hémorragies du post-partum tardif, L’embolisation artérielle est indiquée préférentiellement en
survenant entre la vingt-quatrième heure et la sixième cas d’atonie utérine résistant aux utérotoniques en particulier
semaine. [40, 42] La définition classique de l’hémorragie de la après un accouchement par voie basse, en cas d’hémorragie

8 Radiodiagnostic - Urologie-Gynécologie
Embolisation utérine : technique, indications et résultats ¶ 34-630-A-10

Figure 16. Embolisation utérine chez une femme présentant une hémorragie de la délivrance liée à une atonie.
A. L’injection sélective dans l’artère utérine gauche retrouve un aspect caractéristique d’atonie avec une artère très augmentée de calibre.
B. Après embolisation par de multiples fragments résorbables de gélatine, une occlusion satisfaisante est mise en évidence (flèche).

“ Points forts
Indication d’embolisation dans la prise en charge des hémorragies du post-partum
• La décision de recourir à l’embolisation et l’éventuelle décision de transfert vers une autre structure doit être prise de façon
consensuelle entre l’obstétricien, l’anesthésiste-réanimateur et le radiologue interventionnel.
• Lors d’un transfert interhospitalier en vue de réaliser une embolisation, le choix de la structure d’accueil d’une patiente présentant
une hémorragie de la délivrance doit tenir compte du plateau technique, des possibilités d’hospitalisation sur place et du facteur
temps.
• La décision de recourir à l’embolisation ne doit être prise qu’après avoir effectué une révision utérine, un examen sous valves du col
et du vagin, une suture d’une déchirure de la filière et en cas d’échec du traitement médical.
• L’embolisation artérielle est réalisée dans une salle d’angiographie disposant d’un matériel de réanimation, sous la surveillance
constante de l’équipe d’anesthésie-réanimation.
• L’embolisation artérielle n’est pas contre-indiquée par l’existence d’une coagulopathie.
• L’embolisation artérielle est recommandée en cas d’atonie utérine résistant aux utérotoniques en particulier après un
accouchement par voie basse, d’hémorragie d’origine cervico-utérine (placenta recouvrant), de thrombus vaginal et de déchirure
cervicovaginale suturée ou non accessible.
• L’embolisation peut être discutée en cas d’hémorragie persistant après des ligatures artérielles (sélectives ou proximales) ou une
hystérectomie, même si elle est de réalisation technique plus difficile.
• Après l’embolisation, la surveillance de la patiente dans une structure adaptée de type SSPI (salle de surveillance
postinterventionnelle), réanimation ou soins intensifs est indispensable.

cervico-utérine (placenta recouvrant), de thrombus vaginal ou artériel est présent ou en cas de difficulté de cathétérisme,
de déchirure de la filière génitale suturée ou non accessible à un l’embolisation non sélective du tronc de division antérieur
geste chirurgical. L’embolisation peut également être discutée en de l’artère hypogastrique peut être réalisée (Fig. 17). [6]
cas d’hémorragie persistant après des ligatures artérielles L’embolisation du tronc antérieur est efficace, permettant de
(sélectives ou proximales) ou une hystérectomie. [6] L’embolisa- raccourcir la durée de la procédure et l’irradiation
tion artérielle peut être discutée de première intention en cas pelvienne. [4-6, 40] Malgré une expérience limitée, le taux
d’anomalie d’insertion placentaire (placenta accreta) pour tenter d’efficacité de cette stratégie est satisfaisant et le taux de
d’éviter l’hystérectomie. [6] complications comparable à celui observé lors de l’emboli-
sation sélective des artères utérines si l’on prend soin de
Technique d’embolisation respecter les branches du tronc postérieur de l’artère hypo-
L’embolisation sélective des deux artères utérines doit être gastrique et d’utiliser des fragments de gélatine de grande
réalisée en cas d’atonie utérine (Fig. 16). [6] Si un vasospasme taille. [40]

Radiodiagnostic - Urologie-Gynécologie 9
34-630-A-10 ¶ Embolisation utérine : technique, indications et résultats

Figure 17. Injection sélective dans le tronc antérieur de l’artère hypogastrique droite chez une femme présentant une hémorragie de la délivrance grave par
atonie. Il existe une instabilité hémodynamique et des drogues utérotoniques ont été administrées.
A. Un spasme diffus des vaisseaux pelviens, en particulier de l’artère utérine (flèche), est mis en évidence.
B. Une embolisation non sélective du tronc antérieur de l’artère hypogastrique (flèche) est réalisée. Le tronc postérieur et sa branche terminale (artère glutéale
supérieure [AGS]) sont préservés.

Figure 18. Cathétérisme sélectif de l’artère utérine gauche chez une femme présentant une hémorragie de la délivrance grave. L’hémorragie persiste en
dépit de la suture d’une déchirure cervicale.
A. On met en évidence une extravasation de contraste (flèche) aux dépens de branches cervicales de l’artère utérine.
B. Après embolisation sélective de l’artère utérine aux fragments de gélatine, une occlusion angiographique satisfaisante est obtenue (flèche). L’embolisation
a permis l’arrêt de l’hémorragie.

En cas d’hémorragie cervico-utérine, de thrombus vaginal ou utérines ou en cas de récidive hémorragique précoce (Fig. 7,
de déchirure de la filière génitale suturée, l’exploration et 15). [40] En cas de ligature proximale des artères hypogastriques,
l’embolisation complémentaire des pédicules cervicovaginaux l’accès au site de l’hémorragie peut être difficile ou impossible,
sont le plus souvent nécessaires (Fig. 18). [40, 45] L’exploration et il est parfois nécessaire d’emboliser le moignon résiduel de
des artères ovariennes ou des artères du ligament rond doit être l’artère hypogastrique ou de naviguer par des voies anastomoti-
proposée en cas d’inefficacité de l’embolisation des artères ques pelviennes. [40]

10 Radiodiagnostic - Urologie-Gynécologie
Embolisation utérine : technique, indications et résultats ¶ 34-630-A-10

Figure 19. Exploration du tronc antérieur de l’artère utérine droite chez une femme présentant une hémorragie de la délivrance en rapport avec un placenta
accreta.
A. Au temps parenchymateux, on met en évidence de multiples prises de contraste pathologiques assez caractéristiques des placenta accreta
(flèches).
B. Après embolisation par des fragments résorbables de gélatine, une occlusion angiographiquement satisfaisante est obtenue (flèche).

L’embolisation d’hémostase dans le contexte des hémorragies


du post-partum fait le plus souvent appel aux fragments
résorbables de gélatine, car une occlusion artérielle est suffisante
dans cette indication. [2, 4-6, 38, 40, 45] L’utilisation de particules
“ Points forts
non résorbables de type PVA ou tris-acryl n’est pas nécessaire,
en particulier en cas d’atonie utérine. [6, 40] Leur utilisation par Technique d’embolisation dans la prise en charge
un opérateur entraîné peut être discutée, par exemple en cas de des hémorragies du post-partum
lésion vasculaire ou de placenta accreta (Fig. 19). [6, 40, 46] Dans • L’embolisation des artères utérines ou à défaut des
ces situations, seules les particules d’embolisation de grande troncs antérieurs des artères hypogastriques doit être
taille (habituellement de plus de 500 µm) doivent être utilisées pratiquée de façon bilatérale, de préférence avec des
de façon à éviter les risques de complications ischémiques agents d’embolisation résorbables tels que des fragments
utérines ou ovariennes. [6] Dans le cas des fistules artérioveineu-
de gélatine.
ses après césarienne, de pseudoanévrismes ou de fuite massive
de produit de contraste (rupture artérielle), il est possible • L’embolisation du tronc postérieur de l’artère
d’utiliser les colles acryliques (cyanoacrylate) ou des spires hypogastrique doit être évitée.
métalliques autoexpansibles (coils). [5, 6, 35, 36] L’utilisation de ces • L’utilisation de la poudre de gélatine doit être évitée
agents d’embolisation, de maniement plus difficile que les pour limiter les risques de nécrose utérine.
fragments de gélatine, est à éviter pour des opérateurs non • L’exploration des artères ovariennes ou des artères du
entraînés. [6] ligament rond est conseillée dans les cas suivants :
hémorragie persistante ou récidive après embolisation des
Résultats et complications artères utérines ou des troncs antérieurs des artères
Dans les différentes études de cas publiées, le taux de succès hypogastiques ; embolisation pratiquée après
primaire de l’embolisation artérielle d’hémostase, pratiquée hystérectomie ou après ligature artérielle.
principalement lorsque la cause de l’hémorragie est une atonie • Dans le cas du placenta accreta, il est possible d’utiliser
utérine ou une déchirure de la filière génitale, est compris entre des particules d’embolisation non résorbables de gros
73 et 100 % (Tableau 2). [4, 6, 38, 45-50] Le taux de succès secon-
calibre.
daire, c’est-à-dire lorsqu’une deuxième embolisation est néces-
saire, est supérieur à 90 % (Tableau 2). [4, 6, 40, 45, 47, 50] • Il est conseillé de laisser l’introducteur artériel en place
Quatre séries françaises principales ont été rapportées dans la après l’embolisation.
littérature. [40, 45, 47, 50] Une série de cas rétrospective monocen-
trique a inclus 25 cas d’hémorragie graves du post-partum
traités par embolisation après échec du traitement médical et
des mesures obstétricales habituelles. [45] La cause la plus 28 cas d’hémorragie graves du post-partum traités par emboli-
fréquente d’hémorragie était l’atonie, identifiée dans 14 cas sation entre 1995 et 2000. [48] La cause la plus fréquente
(56 %). Les taux de succès primaire (arrêt définitif de l’hémor- d’hémorragie était l’atonie, identifiée dans 20 cas (71 %). Le
ragie sans récidive) et secondaire (deuxième embolisation taux de succès primaire était de 100 % (28/28). Un décès lié à
nécessaire pour arrêter l’hémorragie) étaient de 88 % (22/25) et une anoxie cérébrale a été observé. [48] Enfin, une autre série de
96 % (24/25) respectivement. Dans une série de cas rétrospec- cas prospective monocentrique a inclus 51 cas d’hémorragie
tive monocentrique comprenant 29 cas d’hémorragie grave du grave du post-partum (précoce dans 37 cas ou tardif dans
post-partum dont 15 avaient été traités par embolisation, le 14 cas) traités par embolisation entre 1994 et 1997. [49] La cause
taux de succès primaire était de 73 % (11/15). [47] Les quatre d’hémorragie la plus fréquente était l’atonie utérine, retrouvée
échecs ont été traités par hystérectomie d’hémostase (27 %). [47] dans 26 cas sur 37 (70 %). En cas d’hémorragie survenant dans
Une troisième série de cas rétrospective monocentrique a inclus les 24 premières heures après l’accouchement, les taux de succès

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34-630-A-10 ¶ Embolisation utérine : technique, indications et résultats

Tableau 2.
Efficacité de l’embolisation artérielle dans les hémorragies du post-partum (post-partum tardif exclu). [45, 47-49]

Auteur Année Nombre Atonie Déchirure Succès primaire Succès secondaire Hystérectomie
(référence) de patientes Nombre Thrombus Nombre Nombre secondaire
(%) (%) (%) Nombre (%)
Pelage [49] 1999 37 26 (70) 13 (35) 33 (89) 36 (97) 1 (3)
Deux [45] 2001 25 14 (56) 4 (16) 22 (88) 27 (96) 1 (4)
Vandelet [47] 2001 15 5 (33) 3 (20) 11 (73) –* 4 (27)
Salomon [48] 2003 28 20 (71) 3 (11) 28 (100) – 0 (0)
* pas de deuxième tentative d’embolisation.

Tableau 3.
Efficacité de l’embolisation artérielle en cas de placenta accreta. [46, 49, 51]

Auteur (référence) Année Nombre Efficacité Hystérectomie secondaire Autre traitement


de patientes Nombre (%) Nombre (%) complémentaire (type)
Mitty [51] 1993 5* 5 (100) 0 (0) 2 (Curetage)
Pelage [49] 1999 4 3 (75) 1 (25) 1 (Méthotrexate)
Descargues [46] 2001 7 5 (71) 2 (29)
* dont deux cas d’embolisation prophylactique (avant hémorragie avérée).

primaire et secondaire étaient de 89 % (33/37) et 97 % (36/37) le cancer de l’endomètre et le choriocarcinome. [2, 4, 38, 39, 55]
respectivement. Une patiente dont l’hémorragie était en rapport Ces pathologies entraînent le plus souvent des hémorragies
avec un placenta accreta a été traitée secondairement par chroniques peu importantes. Cependant, des hémorragies
hystérectomie (3 %). [49] massives peuvent survenir en cas de volumineuse tumeur du
Les anomalies d’insertion placentaire, en particulier les col, en cas d’envahissement des gros vaisseaux ou des organes
placentas accreta, posent un problème particulier car elles sont de voisinage (vessie ou rectosigmoïde), ou après un traitement
souvent à risque d’échec des méthodes conservatrices par radiothérapie. [2, 4, 39, 55] L’embolisation artérielle constitue
(Tableau 3). [44, 46, 49, 52] Dans une série rétrospective incluant le traitement de choix des hémorragies en rapport avec des
sept patientes présentant une anomalie d’insertion placentaire cancers inopérables en première intention ou pour prendre en
(accreta, increta, percreta), l’embolisation a été efficace dans charge les complications des traitements déjà entrepris (Fig. 20)
cinq cas (succès 71 %) et deux hystérectomies d’hémostase (radiothérapie, chimiothérapie ou chirurgie).
secondaires ont été nécessaires (Fig. 19). [46] Dans une autre série
prospective sur 51 patientes, dont quatre présentaient une Technique d’embolisation
anomalie d’insertion placentaire, l’hémorragie a été initialement Du fait de l’envahissement tumoral, il est rare que les seules
contrôlée dans trois cas sur quatre (75 %), mais une femme artères utérines soient impliquées dans le processus hémorragi-
(25 %) a dû subir une hystérectomie différée pour récidive que. L’exploration angiographique doit donc concerner les
hémorragique. [49] Certaines équipes préconisent l’embolisation branches à destinée cervicale, vaginale, vésicale, voire l’ensem-
utérine prophylactique chez les femmes dont l’anomalie ble des branches du tronc antérieur de l’artère hypogastrique
d’insertion placentaire a été diagnostiquée avant l’accouche- (Fig. 20). [38] La technique d’embolisation est différente de celle
ment [51] (cf. infra). des embolisations en contexte obstétrical. [38] Différents types
Les complications de l’embolisation en contexte d’hémorragie d’agent d’embolisation peuvent être utilisés en fonction de la
du post-partum sont relativement rares, car il s’agit de femmes taille des artères à occlure et du niveau artériel d’occlusion
jeunes dont les artères sont saines. [5] Le flux préférentiel vers souhaité. On peut discuter l’emploi de fragments résorbables de
l’utérus postgravide limite également les risques de reflux de gélatine, des microsphères d’embolisation ou des coils métalli-
matériel d’embolisation vers d’autres territoires anatomiques. [40, ques. [2, 38, 55] Pour limiter les risques de nécrose tissulaire qui
49] Néanmoins, des complications générales liées à toute
pourraient avoir des conséquences catastrophiques chez ces
procédure artérielle peuvent survenir : dans ce contexte, il existe patientes, l’emploi des particules de petite taille est à proscrire.
des risques d’insuffisance rénale (où la toxicité du produit de Une embolisation plus proximale par des fragments résorbables
contraste iodé vient aggraver l’insuffisance rénale liée au choc) de gélatine est souvent indiquée, en particulier lorsque de
et d’hématome au point de ponction (notamment chez les multiples branches des artères hypogastriques doivent être
femmes qui présentent une coagulopathie). [5, 40] embolisées. Pour obtenir une occlusion proximale du tronc de
Deux cas de nécrose utérine après embolisation ont été l’artère hypogastrique et permettre un simple ralentissement du
publiés. [53, 54] Dans les deux cas, les particules d’embolisation flux artériel, l’emploi des coils est recommandé (Fig. 20).
trop petites (particules d’alcool de PVA de 150 à 600 µm et de
200 à 500 µm respectivement, ou poudre de gélatine) avaient Résultats et complications
été utilisées. [53, 54] L’utilisation de particules de PVA de petite Seules des séries comportant un petit nombre de patientes
taille est déconseillée car il a été démontré chez l’animal que le ont été publiées. [38, 55] Sur une série de 23 patientes avec des
risque de nécrose du myomètre était plus important qu’avec les cancers pelviens, 12 femmes présentant un cancer du col avec
particules de grande taille, en particulier les microsphères hémorragie grave ont été traitées par embolisation à l’aide de
calibrées. [6, 33] De même, les risques de nécrose sont plus fragments de gélatine. [55] L’embolisation a permis l’arrêt
importants avec la poudre de gélatine qu’avec les fragments. [54] immédiat de l’hémorragie dans 100 % des cas. Des complica-
L’embolisation des branches du tronc de division postérieur de tions retardées ont été rapportées chez 20 % des patientes,
l’artère hypogastrique peut entraîner une ischémie sciatique, probablement liées à la progression tumorale. Dans une autre
crurale, voire médullaire, qui peut être transitoire ou définitive. étude portant sur 17 patientes présentant une hémorragie
vaginale massive en rapport avec un cancer du col, l’embolisa-
Cancer tion a également permis l’arrêt immédiat du saignement dans
100 % des cas. [38] Cependant, près de 40 % des patientes ont
Indications d’embolisation eu une récidive hémorragique dans les semaines suivantes,
Des hémorragies vaginales en rapport avec un cancer d’ori- certaines ayant même dû être à nouveau traitées par embolisa-
gine gynécologique concernent principalement le cancer du col, tion. [38] Des complications ischémiques ont été rapportées chez

12 Radiodiagnostic - Urologie-Gynécologie
Embolisation utérine : technique, indications et résultats ¶ 34-630-A-10

Figure 20. Embolisation chez une femme présentant une hémorragie en


rapport avec un cancer du col de l’utérus inopérable.
A. L’imagerie par résonance magnétique pelvienne (séquence sagittale en
spin echo T2) met en évidence une volumineuse masse cervicale en hyper-
signal (flèches).
B. L’injection sélective dans l’artère utérine droite met en évidence une
hypervascularisation pathologique cervicale (étoiles) avec refoulement des
branches intramurales normales (flèches).
C. Une embolisation sélective est pratiquée à l’aide de multiples coils
métalliques.

10 % des femmes dans cette série. [38] Par ailleurs, des compli-
cations ischémiques utérines, vésicales ou vaginales ont égale-
■ Embolisation prophylactique
ment été rapportées par d’autres équipes. [56, 57] L’association Les grossesses extra-utérines peuvent intéresser les trompes,
d’un cancer, d’une radiothérapie préalable, d’une artériopathie les ovaires, la cavité abdominale et le col. L’évacuation chirur-
préexistante et l’utilisation de particules d’embolisation de gicale étant souvent associée à un risque hémorragique, l’embo-
petite taille (poudre de gélatine notamment) conditionneraient
lisation préopératoire a été proposée dans le cas des grossesses
la survenue de ces complications. [33, 56-58]
abdominales ou cervicales. [39, 61] Dans les différentes séries
rapportées, les auteurs insistent sur la nécessité de réaliser la
Hémorragies postopératoires procédure chirurgicale immédiatement après l’embolisation
pour limiter les risques de « collatéralisation », de récidive
L’embolisation d’hémostase peut être proposée en cas hémorragique et d’hystérectomie. [39, 61]
d’hémorragie postopératoire brutale dans des indications En contexte obstétrical, l’embolisation prophylactique des
variées. [4, 55, 59] Elle permet de faire le diagnostic, de localiser placentas accreta a été proposée. [4, 46, 51] Quand le diagnostic
parfois le pédicule artériel en cause et de traiter dans le même est porté avant l’accouchement, en particulier pour le type
temps. [4] L’embolisation a été proposée en cas d’hémorragie percreta, l’embolisation artérielle avec le placenta laissé en place
après avortement, curetage, myomectomie ou hystérectomie. [55, peut être discutée. [51, 52] Sur le plan technique, il est possible
59] Dans la prise en charge des hémorragies du post-partum,
d’utiliser des fragments de gélatine, mais également des parti-
l’embolisation peut être proposée en cas d’échec de ligatures
cules non résorbables de gros calibre (plus de 500 µm). À
artérielles ou d’une hystérectomie. [3, 5, 6, 39, 40, 60]
distance, le reliquat placentaire peut être expulsé de façon
spontanée, après une cure de méthotrexate, ou nécessiter une
Autres indications d’embolisation hystéroscopie, un curetage ou une évacuation dirigée. [46]
Certaines équipes ont également proposé la mise en place
d’hémostase prophylactique de cathéters d’angiographie chez les patientes à
Les hémorragies en rapport avec une grossesse molaire, les risque, en particulier avec suspicion d’anomalie d’insertion
hématomes du ligament large ou les fibromes responsables d’un placentaire. [51] Plusieurs facteurs limitent l’intérêt de cette
syndrome hémorragique peuvent bénéficier de l’embolisation stratégie : dans la série de Mitty et al., un cathéter était mis en
dont l’indication est posée de façon pluridisciplinaire. [4, 39] place avant l’accouchement chez cinq femmes avec anomalie

Radiodiagnostic - Urologie-Gynécologie 13
34-630-A-10 ¶ Embolisation utérine : technique, indications et résultats

d’insertion placentaire (praevia et/ou accreta), mais l’embolisa-


tion n’était pratiquée que dans deux cas (40 %). [51]
En gynécologie, l’embolisation préopératoire des fibromes a
été initialement proposée pour réduire les pertes sanguines
pendant les myomectomies multiples, en particulier chez les
femmes anémiées ou refusant la transfusion. [8] L’embolisation
à visée préopératoire est proposée dans le cas de fibromes
multiples et volumineux à risque hémorragique. [8, 62] Dans
cette indication, l’embolisation est habituellement pratiquée
avec des fragments résorbables de gélatine. Certaines équipes
proposent également une embolisation préopératoire destinée à
obtenir une diminution de volume des fibromes avant une
chirurgie programmée. Cette technique est proposée en cas
d’utérus polymyomateux et permet de tenter des myomecto-
mies multiples au lieu de l’hystérectomie initialement prévue.
Dans d’autres indications, une technique dite combinée permet
de coupler réellement l’embolisation et la myomectomie. [63] Par
exemple, dans le cas où il existe un utérus polymyomateux avec
de nombreux fibromes interstitiels et un fibrome dominant
sous-séreux pédiculé, on peut associer l’embolisation suivie le
même jour d’une myomectomie unique par cœlioscopie. [63]
Dans cette indication, l’embolisation doit donc être réalisée
comme une embolisation définitive, c’est-à-dire avec des
particules non résorbables (cf. infra).

■ Embolisation des anomalies


vasculaires
Diagnostic et indications d’embolisation
On distingue classiquement les anomalies vasculaires congé-
nitales, comme les malformations artérioveineuses, et les
anomalies vasculaires acquises, dominées par les fistules
artérioveineuses et les pseudoanévrismes (ou faux anévrismes)
(Fig. 21). [35, 64, 65] Les anomalies vasculaires acquises sont de
loin les plus fréquentes. [42, 64, 65] Le curetage utérin et la
chirurgie pelvienne constituent les causes les plus fréquentes
d’anomalie vasculaire acquise de l’utérus. [4, 35, 66] Les anomalies
vasculaires de l’utérus peuvent se révéler à l’occasion d’un
accident hémorragique aigu, mais également lors d’un bilan
échographique devant des ménorragies inexpliquées en contexte
évocateur (postopératoire notamment) (Fig. 21). [35, 66]
Les pseudoanévrismes sont le résultat de la lacération incom-
plète de la paroi artérielle, le plus souvent au décours de
complications hémorragiques du post-partum ou d’un trauma-
tisme opératoire (curetage, césarienne ou autre chirurgie
utérine). [42, 65] Ils sont différents des anévrismes vrais dont la
paroi est constituée par les trois couches du vaisseau origi-
nel. [42, 65] Le diagnostic de pseudoanévrisme est habituellement
porté par l’échographie couplée au doppler couleur. [65] L’angio-
graphie confirme le diagnostic et permet le traitement dans le
même temps pour prévenir le risque de rupture. [42, 65]
Les fistules artérioveineuses acquises de l’utérus correspondent
habituellement à des communications artérioveineuses uniques
ou multiples entre l’artère utérine et le plexus veineux du
myomètre sans interposition d’un nidus. [66] Les cancers (du col
ou de l’endomètre), les curetages ou les antécédents de chirurgie
utérine sont les causes les plus fréquentes de fistules artériovei-
neuses acquises. [64] Comme pour le pseudoanévrisme, l’écho-
graphie couplée au doppler permet le plus souvent de faire le
diagnostic. [64, 66]L’exploration angiographique doit comprendre Figure 21. Exploration angiographique chez une femme présentant
l’exploration des deux artères utérines et doit s’attacher à des ménométrorragies cataclysmiques. L’échodoppler suspecte une exis-
rechercher d’autres branches alimentant la fistule artériovei- tence d’une malformation artérioveineuse utérine.
neuse, en particulier les artères ovariennes (Fig. 21). [64, 66] A. Au temps artériel, l’aortographie centrée sur le pelvis met en évidence
une hypervascularisation utérine pathologique (étoiles). Les deux artères
ovariennes sont dilatées (flèches).
Technique d’embolisation B. Au temps tardif, on met en évidence l’existence d’une malformation
Les fragments résorbables de gélatine constituent l’agent artérioveineuse diffuse de l’utérus. Le drainage veineux est en particulier
d’embolisation de première intention pour traiter les pseudo- bien identifié (flèche).
anévrismes. [42, 64, 66] La présence d’une fistule artérioveineuse C. Une embolisation sélective des deux artères utérines est pratiquée à
associée au pseudoanévrisme peut faire discuter l’utilisation des l’aide d’une colle acrylique. La colle, mélangée à du Lipiodol®, est bien
colles acryliques. [35] Dans le cas des fistules artérioveineuses, visible sur ce cliché non soustrait.

14 Radiodiagnostic - Urologie-Gynécologie
Embolisation utérine : technique, indications et résultats ¶ 34-630-A-10

Figure 22. Imagerie par résonance magnétique pelvienne chez une femme porteuse de fibromes utérins multiples. Les séquences axiales (A) et sagittales (B)
en écho de spin T2 permettent un bilan précis du nombre, de la localisation des fibromes. Le fibrome dominant (F1) est de type sous-séreux pédiculé. Un
fibrome à dôme sous-muqueux (F2) est également identifié. La zone jonctionnelle (étoiles) est bien analysable sur les coupes sagittales. Noter le caractère
bicorne de l’utérus bien visible sur les coupes axiales.

c’est l’angioarchitecture et la taille des connections artériovei- inférieur à trois), la résection hystéroscopique réservée aux
neuses qui vont conditionner le choix de l’agent d’embolisa- fibromes sous-muqueux (en particulier pédiculés, de moins de
tion. [64, 66] On peut utiliser des colles acryliques dont le temps 4 cm) ou la myomectomie par laparotomie (réalisable quels que
de polymérisation est adapté au flux, des fragments de gélatine, soient le nombre, la taille et la localisation des fibromes). [67]
voire des particules non résorbables de taille adaptée (calibre L’inconvénient principal des myomectomies multiples est le
supérieur aux mailles de la fistule) (Fig. 21). [35, 39, 66] risque de récidive, qui peut atteindre 50 % à 5 ans et conduire
à une nouvelle intervention chez près de 30 % des femmes
Résultats et complications traitées. [67, 69] L’embolisation définitive des fibromes utérins,
initialement proposée comme alternative à l’hystérectomie, a vu
Les anomalies vasculaires de l’utérus restent exceptionnelles,
ses indications s’étendre depuis quelques années.
si bien que le nombre de cas publiés reste faible. L’embolisation
des pseudoanévrismes de l’artère utérine est rapportée avec
succès dans la plupart des publications. [64-66]]. Aucune compli- Sélection des patientes et indications
cation n’a été rapportée dans cette indication. Dans le cas des d’embolisation
fistules congénitales ou acquises, l’embolisation est efficace dans
la majorité des cas. [4, 35, 39, 64, 66] Des récidives ont été décrites L’indication d’embolisation doit être posée dans le cadre
dans le cas des malformations artérioveineuses diffuses de d’une consultation pluridisciplinaire impliquant les radiologues
l’utérus, qui peuvent nécessiter des séances itératives. [61] et les gynécologues. L’embolisation n’est envisagée que chez les
femmes symptomatiques chez qui le diagnostic de fibrome a été
confirmé. [9-13, 67, 70] L’imagerie par résonance magnétique
■ Embolisation des fibromes (IRM) ou échographique permet de confirmer le diagnostic et
utérins d’éliminer les pathologies associées telles que l’adénomyose
(Fig. 22, 23). [70] La sensibilité de l’IRM (en particulier des
Les fibromes utérins constituent la tumeur bénigne la plus séquences sagittales en pondération de spin echo T2) pour
fréquente du pelvis féminin. [67] Ils touchent plus de 30 % des détecter l’adénomyose est supérieure à celle de l’échographie,
femmes au cours de leur vie génitale. [67] Si près de 30 % des même endocavitaire (Fig. 23). [70] On s’assure de l’absence de
fibromes sont asymptomatiques (de découverte clinique ou pathologie tubaire (hydrosalpinx), ovarienne ou d’endomé-
échographique), ils peuvent être à l’origine d’une symptomato- triose. [70] L’imagerie permet une cartographie des fibromes en
logie variée dominée par les ménorragies (règles abondantes précisant leur nombre, leur taille mais surtout leur localisation,
et/ou prolongées) et les symptômes de compression pelvienne puisque la présence de fibromes sous-séreux pédiculés constitue
(pesanteur, ballonnement, constipation, pollakiurie, etc.). [67] la seule contre-indication absolue à l’embolisation (Fig. 24). [67,
70] Les fibromes de grande taille ne constituent pas nécessaire-
Enfin, ils peuvent être impliqués dans l’infertilité. [67] Les
modalités thérapeutiques dépendent de la plainte fonctionnelle, ment une contre-indication à l’embolisation, en particulier si la
de l’âge de la femme et des caractéristiques des fibromes. [67] Au plainte fonctionnelle principale est l’hémorragie. [70, 71] L’utili-
stade initial, le traitement médical est le plus souvent pres- sation de séquences d’angiographie par résonance magnétique
crit. [67] Il associe des médicaments à visée symptomatique, tels (ARM) peut permettre d’identifier les variantes anatomiques des
qu’antalgiques, antispasmodiques, anti-inflammatoires non artères hypogastriques ou des artères utérines, et de mettre en
stéroïdiens et hémostatiques, à un traitement hormonal qui est évidence des artères ovariennes dilatées (Fig. 25). [72]
également à visée contraceptive (pilule ou progestatifs). [67] Il Chez les femmes qui présentent des métrorragies ainsi que
existe actuellement de nombreuses recherches dans le domaine chez les femmes ménopausées sous traitement hormonal
de l’hormonothérapie. [67] Lorsque la plainte fonctionnelle est substitutif, il est prudent de pratiquer une exploration de
sévère, le traitement chirurgical est discuté : il s’agit soit d’un l’endomètre avant qu’une embolisation soit envisagée. [70, 73, 74]
traitement conservateur, la myomectomie, soit d’un traitement Outre l’examen clinique, un bilan gynécologique comprenant
non conservateur, l’hystérectomie. [67, 68] Chez les femmes un examen sénologique et des frottis cervicaux doit être
jeunes désirant conserver leur potentiel de fertilité, la myomec- pratiqué chez toutes les candidates à l’embolisation pour ne pas
tomie doit être privilégiée. [67] Selon la localisation, la taille et méconnaître une pathologie associée. [73, 74]
le nombre des fibromes, peuvent être discutées la myomectomie Les sociétés américaine (SIR) et européenne (CIRSE) de
cœlioscopique (en particulier pour les fibromes à développe- radiologie interventionnelle ont récemment publié des recom-
ment sous-séreux, de taille inférieure à 8 cm, en nombre mandations communes pour la pratique de l’embolisation des

Radiodiagnostic - Urologie-Gynécologie 15
34-630-A-10 ¶ Embolisation utérine : technique, indications et résultats

Figure 25. Angiographie par résonance magnétique (ARM) réalisée


chez une femme candidate à une embolisation de fibromes utérins. L’ARM
Figure 23. Imagerie par résonance magnétique pelvienne (séquence permet d’identifier deux artères utérines dilatées. Le trajet caractéristique
sagittale en spin echo T2) chez une femme présentant des ménorragies de l’artère utérine gauche est bien visualisé (AU).
invalidantes. On met en évidence un épaississement de la zone jonction-
nelle qui prend un aspect focal à sa partie postérieure. Cela correspond à
un adénomyome (Ad).
Dans tous les cas, l’embolisation artérielle n’est proposée
qu’aux patientes symptomatiques. Les symptômes hémorragi-
ques (ménorragies) ou de compression (douleurs, pesanteur,
fibromes utérins. [74] Cette technique, longtemps considérée ballonnement ou signes urinaires) peuvent être traités par
comme expérimentale, trouve aujourd’hui une place dans l’embolisation. [7, 9-13, 32, 70, 71] La place de l’embolisation chez
l’arsenal thérapeutique de prise en charge des fibromes utérins. les femmes avec un désir de grossesse reste discutée. [75]
Proposée initialement comme alternative à l’hystérecto- L’infertilité est considérée comme une indication encore
mie,l’embolisation est aujourd’hui considérée comme une marginale de l’embolisation artérielle. [67, 70]
alternative aux myomectomies multiples, en particulier chez les
femmes ayant déjà bénéficié d’une myomectomie ou considé-
rées comme à risque (très grand nombre de fibromes, anémie, Protocole médicamenteux
antécédents de chirurgie abdominale ...). Pour la plupart des
équipes, l’embolisation n’est pas proposée comme alternative à Avant de programmer une embolisation de fibromes, il faut
la myomectomie unique ou aux myomectomies multiples chez s’assurer de l’absence d’administration récente d’analogues de la
la femme jeune avec désir de grossesse. [74] L’embolisation est gonadotrophin releasing hormone dont l’effet vasculaire (réduction
rarement indiquée chez les femmes ménopausées. [73] du calibre artériel) peut durer de 8 à 12 semaines après la

Figure 24. Imagerie par résonance magnétique pelvienne (séquence sagittale en spin echo T2) chez une femme porteuse de fibromes utérins.
A. Un volumineux fibrome sous-séreux pédiculé (F) est identifié. Le fond utérin est normal (flèche).
B. Six mois après l’embolisation des artères utérines, le fibrome (F) n’a pas diminué de taille. Il présente un hypersignal caractéristique de nécrose dégénérative.
Une myomectomie complémentaire a dû être pratiquée.

16 Radiodiagnostic - Urologie-Gynécologie
Embolisation utérine : technique, indications et résultats ¶ 34-630-A-10

“ Points forts
Embolisation des fibromes utérins
• L’embolisation des fibromes utérins est indiquée chez
les femmes symptomatiques après confirmation du
diagnostic.
• Le bilan préthérapeutique doit comporter une
consultation médicale avec un examen gynécologique, un
examen d’imagerie (échographie ou IRM pour confirmer
le diagnostic et éliminer les diagnostics différentiels) et
une consultation radiologique (destinée en particulier à
l’information de la patiente).
• L’embolisation peut être indiquée chez des femmes qui
présentent des ménorragies, des douleurs pelviennes ou
des symptômes de compression (pollakiurie, constipation,
ballonnement, sensations de pesanteur ou de masse
pelvienne).
• L’embolisation peut être proposée comme alternative à
l’hystérectomie ou aux myomectomies multiples, en
particulier chez des femmes déjà opérées.
• L’embolisation peut être indiquée en cas de fibromes
multiples, en particulier de siège interstitiel ou sous-
muqueux.
• La place de l’embolisation reste discutée comme
alternative à la myomectomie unique, chez la femme
jeune avec désir de grossesse (sauf si la seule alternative est
l’hystérectomie ou de nouvelles myomectomies multiples)
ou dans la prise en charge de l’infertilité.

dernière injection. [10, 15] Cet effet vasculaire peut conduire à


l’échec du cathétérisme ou à une dévascularisation incomplète
des fibromes embolisés. [76]
La prise en charge des douleurs postembolisation nécessite un
protocole de prise en charge adapté. Celui-ci comprend le plus
souvent l’administration avant l’embolisation d’anti-
inflammatoires non stéroïdiens et d’une dose de charge de
morphine. [10-13, 70, 77] Après l’anesthésie locale au point de
ponction fémoral, les douleurs qui peuvent débuter durant
l’embolisation sont traitées par une pompe contrôlée par la
patiente (pompe PCA) permettant de délivrer des bolus de
morphine (selon une dose de 1 mg toutes les 5 à 7 minutes en
général). [10, 13, 70, 77] Certaines équipes proposent l’utilisation
d’une rachianesthésie ou d’une anesthésie péridurale. [9, 70]
D’autres centres proposent l’embolisation en ambulatoire, ce qui
nécessite un protocole de prise en charge de la douleur très
détaillé. [78] Cette stratégie expose à un risque de réhospitalisa-
tion dans 10 % des cas. [78] L’administration d’antibiotiques à
visée prophylactique n’a pas fait la preuve de son efficacité dans
la prévention des infections après embolisation, car celles-ci
sont souvent différées. [70, 73, 74, 79] . Après la sortie de la
patiente, une ordonnance associant antalgiques et anti-
inflammatoires non stéroïdiens est rédigée. [10, 12]

Exploration angiographique
Après mise en place d’un introducteur artériel de calibre 4 ou
5 French par voie fémorale, les deux artères hypogastriques sont
successivement étudiées, puis les deux artères utérines cathété- Figure 26. Embolisation de fibromes utérins chez une femme présen-
risées. [70] Il peut être utile de réaliser une aortographie avec un tant un utérus polymyomateux.
centrage sur le pelvis. [18, 70] Cette exploration n’a d’intérêt que A. L’imagerie par résonance magnétique (IRM) pelvienne (séquence
si la sonde d’angiographie utilisée est positionnée en regard des sagittale en écho de spin T1 avec injection de chélate de gadolinium)
artères rénales de façon à identifier les artères ovariennes (Fig. 8, pratiquée avant embolisation montre une hypervascularisation franche de
9). [18] La réalisation d’une aortographie est particulièrement l’ensemble des fibromes.
conseillée en cas de fibrome volumineux de siège fundique, B. Après l’embolisation des deux artères utérines, l’aortographie met en
d’antécédents chirurgicaux (myomectomie en particulier), ou de évidence une artère ovarienne droite dilatée (flèche).
pathologie tubaire ou ovarienne (ligature des trompes) C. L’IRM après embolisation, pratiquée selon les mêmes modalités que
(Fig. 26). [18] Pour la plupart des opérateurs, la rentabilité de l’IRM avant embolisation, montre une dévascularisation satisfaisante de
l’aortographie est plus grande si elle est réalisée après l’emboli- tous les fibromes sauf du fibrome fundique (étoile) alimenté par l’artère
sation des deux artères utérines de façon à rechercher une ovarienne.

Radiodiagnostic - Urologie-Gynécologie 17
34-630-A-10 ¶ Embolisation utérine : technique, indications et résultats

agent d’embolisation complémentaire (Fig. 27). [10, 12, 23] Il a été

“ Point fort démontré que, du fait de leurs formes irrégulières, les particules
de PVA non sphériques avaient tendance à la fois à s’agréger et
à former des fragments de plus petite taille que la taille
Exemple d’ordonnance de sortie après embolisa- théorique. [23, 27] Ces deux imperfections pouvaient conduire à
tion de fibromes utérins (médicaments mentionnés des incidents en pratique clinique : occlusion d’artères plus
à titre indicatif) proximales qu’attendu et embolisation distale non contrôlée par
Mme E-M C de petits fragments de PVA pouvant léser le myomètre, les
Traitement pour 7 jours. ovaires ou les trompes. [10, 12, 23] Pour pallier ces imperfections,
les microsphères calibrées ont été introduites avec succès pour
• Bi-Profénid® comprimés 150 mg :
l’embolisation des fibromes. [21, 32, 81] Des études animales et
1 gélule matin et soir lors du repas pendant 5 jours ; cliniques ont permis de changer la stratégie d’embolisation des
interrompre le traitement en cas de maux d’estomac ; fibromes utérins dans le but d’en améliorer les conditions de
• Diantalvic® gélules sécurité : les microsphères d’embolisation de plus de 500 µm
2 gélules matin, midi et soir en cas de douleurs. Ne pas sont aussi efficaces que les particules de PVA non sphériques
dépasser 6 gélules par jour plus petites (moins de 500 µm) avec moins de risques de
• Lansoÿl® gel complications tubo-ovariennes. [21, 32, 33, 81] La deuxième
1 cuillère à soupe le matin en cas de constipation amélioration technique a porté sur l’agressivité de l’embolisa-
À Paris, le 10 juin 2005 tion. Dans les premières études publiées, une embolisation
Dr JP Pelage complète des deux artères utérines (jusqu’à la stase artérielle)
était réalisée (Fig. 27). [9, 10, 12] Actuellement, une embolisation
plus limitée des artères utérines est pratiquée, en particulier
lorsque des microsphères sont utilisées : elle consiste à cibler le
vascularisation résiduelle des fibromes par les artères ovarien- plexus artériel périmyomateux en laissant perméable l’artère
nes. [18, 76] De façon plus exceptionnelle, d’autres artères utérine de façon à préserver les branches du myomètre normal
peuvent vasculariser les fibromes, en particulier les artères du et les branches à destinée cervicale ou vaginale (Fig. 11, 28). [21,
33, 81] Ce changement de technique d’embolisation a conduit la
ligament rond ou les artères lombaires. [19] Le cathétérisme des
artères utérines peut être réalisé à l’aide de sonde type Cobra ou plupart des opérateurs à abandonner les agents d’embolisation
mammaire interne de 4 ou 5 French. [41, 70] Certaines études secondaires (coils ou fragments de gélatine) parfois utilisés en
récentes suggèrent cependant qu’une meilleure dévascularisation complément des particules non résorbables. Une étude compa-
tumorale (conditionnée en grande partie par le respect du flux rant les particules de PVA non sphériques et les microsphères de
physiologique prédominant vers les fibromes) est obtenue en tris-acryl avec des techniques d’utilisation comparable (emboli-
utilisant systématiquement un microcathéter. [21, 70] Le cathété- sation limitée des artères utérines) n’a pas montré de différence
risme d’artères grêles, tortueuses ou spastiques rend de toute en termes de douleurs après embolisation entre les deux types
façon leur utilisation parfois nécessaire. [76] de particules. [82] Il est donc probable que la technique d’embo-
lisation limitée des artères utérines (moins agressive) soit le
facteur principal expliquant la réduction des complications et
Technique d’embolisation des douleurs après embolisation.
Dans la plupart des études publiées, l’embolisation des artères Enfin, seul un petit nombre d’études cliniques a rapporté
utérines est réalisée avec des particules non résorbables permet- l’utilisation des fragments de gélatine comme agent d’embolisa-
tant une occlusion vasculaire prolongée, puis une ischémie du tion exclusif, si bien qu’aucune conclusion définitive ne peut
tissu myomateux. [7, 9-14, 21, 23, 29, 32, 70, 77, 78, 80] Pendant de être tirée de cette expérience préliminaire. [25]
nombreuses années, des particules non sphériques de PVA ont L’embolisation complémentaire de l’artère ovarienne peut
été utilisées (Fig. 27). [7, 9-14, 21, 29, 70] La taille des particules de être envisagée lors d’une seconde procédure chez une femme
PVA utilisées variait entre 150 et 700 µm selon les séries. [9-14, qui ne présente aucune amélioration clinique après l’embolisa-
23] Certaines équipes y associaient parfois des spires métalliques tion des artères utérines et dont une partie des fibromes est
autoexpansibles (coils) ou des fragments de gélatine comme vascularisée par les artères ovariennes (Fig. 10, 26). [12, 18, 83] La

Figure 27.
A. Embolisation complète des artères utérines chez une femme porteuse de fibromes. L’injection sélective dans l’artère utérine gauche met en évidence une
hypervascularisation diffuse.
B. Après embolisation aux particules d’alcool de polyvinyle non sphériques de 355 à 500 µm, une occlusion complète de l’artère utérine (flèche) jusqu’à la stase
complète est pratiquée.

18 Radiodiagnostic - Urologie-Gynécologie
Embolisation utérine : technique, indications et résultats ¶ 34-630-A-10

Figure 28. Embolisation limitée des artères utérines chez une femme porteuse de fibromes.
A. L’injection bilatérale simultanée dans les artères utérines avant embolisation met en évidence une hypervascularisation diffuse.
B. Après embolisation limitée aux microsphères de tris-acryl de 500 à 700 µm, une dévascularisation ciblée des fibromes est pratiquée. Les deux artères utérines
restent perméables (flèches), de même que les branches à destinée cervicovaginale (étoile).

Tableau 4.
Résultats de trois études prospectives (plus de 200 patientes) portant sur l’embolisation des fibromes utérins. [11-13]

Publication Nombre de Suivi Efficacité Efficacité Efficacité Efficacité Réduction Réduction Hystérectomie Aménorrhée
patientes moyen sur les sur les sur la sur les de volume de volume pour définitive
en mois ménorragies douleurs pesanteur signes de l’utérus du fibrome complication (âge moyen :
(%) (%) (%) urinaires (%) (%) (%) ans)
(%)
Spies [11] 200 21 90 ND 91 ND 38 * 58 * 0 2 % (ND)
Walker [12] 400 16,7 84 79 90 86 57 ** 77 ** 1 7 % (48,4)
Pron [13] 538 8,2 83 77 ND 86 35*** 42 *** ND ND
ND : information non mentionnée dans la référence citée. * moyenne de réduction à 12 mois ; ** médiane de réduction à 9,7 mois ; *** médiane de réduction à 3 mois.

technique d’embolisation ne fait l’objet d’aucun consensus d’autant plus que les groupes considérés sont différents (femmes
puisque l’utilisation de fragments de gélatine, de particules de plus âgées et le plus souvent déjà traitées par myomectomie
PVA non sphériques, de microsphères calibrées ou de coils a été dans le groupe embolisation). [85-87]
rapportée par différents auteurs chez un trop petit nombre de Dans une étude randomisée comparant embolisation et
patientes pour en tirer des recommandations techniques. [18, 83] hystérectomie par laparotomie, l’embolisation était associée à
des taux de complications per- et postopératoires graves
Résultats inférieurs (2 % contre 30 %) à ceux de l’hystérectomie [14]
(Tableau 7). Dans une étude prospective de cohortes comparant
Efficacité clinique embolisation et hystérectomie, il n’existait aucune différence
statistiquement significative entre les deux traitements pour
Les ménorragies et l’anémie associée constituent les symptô-
l’amélioration des symptômes urinaires ou des douleurs pel-
mes les plus utilisés pour l’évaluation de la réponse à
viennes (Tableau 8). [88] Dans toutes les études comparant
l’embolisation. [9-13, 21, 25, 32] L’amélioration des ménorragies est
embolisation et chirurgie, les durées d’hospitalisation et de
observée dans 83 à 94 % des cas, avec un suivi de 12 à 30 mois
convalescence étaient significativement plus courtes chez les
quel que soit l’agent d’embolisation utilisé. [9-13, 21, 32, 84]
patientes traitées par embolisation pour un coût de traitement
L’évaluation précise du volume des menstruations, réalisée dans
moindre. [14, 85-89]
une étude récente, a montré une médiane de réduction de 80 %
à 18 mois. [84] L’efficacité de l’embolisation sur les douleurs Qualité de vie après embolisation
pelviennes ou les symptômes de compression pelvienne est du
même ordre, avec une amélioration des symptômes dans 79 à Des questionnaires sur la qualité de vie spécifiques des
89 % des cas. [9-13, 21, 32] Trois études prospectives incluant 200 fibromes ont été récemment développés. [90] L’ensemble des
à 400 patientes confirment que l’embolisation permet un critères étudiés (bien-être, vitalité, vie sexuelle, etc.) sont
contrôle des symptômes dans plus de 85 % des cas [11-13] améliorés de façon significative après embolisation. [90]
(Tableau 4).
Imagerie après embolisation
Comparaison avec la chirurgie L’évaluation par imagerie après embolisation peut être réalisée
Dans trois études rétrospectives comparant embolisation et par échographie ou par IRM. [7, 9-12, 22, 25, 29, 32, 72, 81, 82, 91, 92]
myomectomies multiples par laparotomie, il a été démontré que L’imagerie précoce est pratiquée en cas de complication comme
l’embolisation était plus efficace que la chirurgie pour traiter les l’infection ou l’expulsion d’un fibrome. [70] Pour le suivi de
ménorragies. [85-87] À l’inverse, la myomectomie permettait une l’efficacité de l’embolisation, la réduction de volume de l’utérus
amélioration des symptômes de compression plus rapidement ou des fibromes ainsi que la dévascularisation des fibromes
que l’embolisation. [85-87] Les données concernant le taux de traités sont les éléments évalués habituellement entre le
complications sont contradictoires : elles sont plus élevées dans troisième et le sixième mois. [9-12, 22, 32, 72, 81, 91, 92] Le pourcen-
le groupe myomectomie dans deux études et moins élevées tage de réduction du volume de l’utérus après embolisation
dans la dernière. [85-87] (Tableaux 5, 6). L’absence de randomisa- varie entre 37 % et 50 % à 6 mois. [9-12, 22, 32, 72, 82, 91] Lorsque
tion dans ces trois études ne permet pas de tirer de conclusion, l’on évalue le fibrome dominant, le pourcentage de réduction

Radiodiagnostic - Urologie-Gynécologie 19
34-630-A-10 ¶ Embolisation utérine : technique, indications et résultats

Tableau 5.
Résultats d’une étude récente (non randomisée) comparant l’embolisation et la myomectomie par laparotomie. [86]

Embolisation Myomectomie Significativité statistique


(n = 67) (n = 44)
Âge des patientes (ans) 44,2 37,7 p < 0,05
Durée de suivi (mois) 14,3 14,6 NS
Efficacité sur les ménorragies (%) 92 64 p < 0,05
Efficacité sur les douleurs (%) 54 74 NS
Efficacité sur les pesanteurs (%) 76 91 p < 0,05
Taux de complications (%) 11 * 25 ** p < 0,05
Durée d’hospitalisation (jours) 0 *** 2,9 p < 0,05
Durée de convalescence (jours) 8 36 p < 0,05
* Endométrite, douleurs postembolisation persistantes, aménorrhée définitive, etc. ; ** Abcès postopératoire, transfusion, occlusion, etc. ; *** Embolisation pratiquée en
ambulatoire ; NS : non significatif.

Tableau 6.
Résultats d’une étude récente (non randomisée) comparant l’embolisation des fibromes utérins et la myomectomie par laparotomie. [85]

Embolisation (n = 51) Myomectomie (n = 30) Significativité statistique


Âge des patientes (ans) 44 38 p = 0,001
Durée de suivi (mois) 46 49 p = 0,03
Efficacité sur les symptômes (%) 92 90 NS
Nécessité de traitement complémentaire pour 29 3 p = 0,004
échec ou complication (%)
Hystérectomie secondaire (%) 12 3 p < 0,05
Satisfaction (%) 94 79 NS
NS : non significatif.

Tableau 7.
Résultats d’une étude randomisée comparant l’embolisation des fibromes utérins et l’hystérectomie par laparotomie. [14]

Embolisation (n = 40) Hystérectomie (n = 20)


Durée d’hospitalisation (jours) 1,71 ± 1,59 5,85 ± 2,52
Durée de convalescence (jours) 9,50 ± 7,21 36,18 ± 20,47
Complications peropératoires (pourcentage) 25 20
Complications postopératoires mineures (pourcentage) 50 * 20 **
Complications postopératoires majeures (pourcentage) 2,5 *** 35 ****
* leucorrhées après embolisation, hématome au point de ponction fémoral ; ** hématome de paroi, infection urinaire ; *** phlébite des membres inférieurs ; **** phlébite des
membres inférieurs, abcès de paroi, abcès profond, déglobulisation nécessitant une transfusion.

Tableau 8.
Résultats d’une étude prospective de cohorte comparant l’embolisation des fibromes utérins et l’hystérectomie. [88]

Embolisation Hystérectomie Significativité


(n = 102) (%) (n = 50) (%)
Amélioration des douleurs pelviennes (à 6 mois) 83 88 NS
Symptômes urinaires (à 6 mois) 75 73 NS
Complications postopératoires selon classification ACOG* 14,7 34 p < 0,01
Complications postopératoires selon classification SCVIR** 3,9 12 NS
* American College of Obstetrics and Gynecology; ** Society of CardioVascular and Interventional Radiology.

est compris entre 52 % et 60 % à 6 mois (Fig. 29). [9-12, 22, 32, 72, 1 % des procédures [9-13, 94, 95] (Tableau 5). Les causes condui-
91] La surveillance de la vascularisation résiduelle du fibrome a sant à l’hystérectomie étaient, selon les cas, des hémorragies
été proposée dans le but de prédire la durabilité de la réponse incoercibles, des douleurs persistantes souvent en rapport avec
clinique ou de dépister une revascularisation précoce (Fig. 26, une nécrose utérine ou plus souvent une infection. [9-13, 94, 95]
30). [91, 92] Ces études IRM réalisées avec injection d’un produit L’analyse de ces observations a conduit à émettre un certain
de contraste paramagnétique (chélates de gadolinium) permet- nombre d’hypothèses concernant les facteurs favorisant l’infec-
tent également de montrer que le myomètre est normalement tion. Les fibromes de grande taille, les fibromes sous-séreux
perfusé (Fig. 26, 30), sauf en cas d’embolisation trop agressive pédiculés ou les fibromes sous-muqueux exposeraient plus aux
ou de nécrose utérine. [91, 93] complications infectieuses (Fig. 24). [12, 94, 95] La détection d’une
infection préexistante (hydrosalpinx, infection urinaire, etc.) est
Complications de l’embolisation essentielle durant l’évaluation avant embolisation. [12, 70, 71] Le
des fibromes suivi après embolisation doit impérativement être réalisé
conjointement par le radiologue et le gynécologue de façon à
Hystérectomie en urgence après embolisation ne pas méconnaître une infection débutante et à réaliser une
Des hystérectomies pratiquées en urgence dans les suites myomectomie ou une résection hystéroscopique d’un fibrome
d’une embolisation de fibromes ont été rapportées dans 0,5 à infecté, voire une hystérectomie (Fig. 31). [12, 70]

20 Radiodiagnostic - Urologie-Gynécologie
Embolisation utérine : technique, indications et résultats ¶ 34-630-A-10

Figure 29. Imagerie par résonance magnétique (IRM) avant et après embolisation chez une femme porteuse d’un fibrome interstitiel corporéal antérieur.
A. L’IRM avant embolisation (séquence sagittale en spin echo T2) montre un fibrome unique (F) responsable d’une compression vésicale.
B. Six mois après l’embolisation, on met en évidence une diminution de volume du fibrome embolisé (F) de 70 %. Il existe une nette amélioration
symptomatique.

Figure 30. Imagerie par résonance magnétique (IRM) avant et après embolisation chez une femme porteuse d’un utérus polymyomateux.
A. Avant embolisation, l’IRM avec injection met en évidence une hypervascularisation franche dans l’ensemble des fibromes.
B. Six mois après l’embolisation, l’ensemble des fibromes apparaît dévascularisé. Noter la perfusion normale du myomètre environnant.

La technique d’embolisation employée paraît jouer un rôle 95, 98] Des leucorrhées chroniques aseptiques peuvent en être le

dans la survenue de nécrose après embolisation : des particules témoin et doivent conduire à une exploration hystéro-
d’embolisation de trop petite taille ou une occlusion bilatérale scopique. [98]
et complète des artères utérines peuvent entraîner une ischémie
utérine sévère intéressant non seulement les fibromes, mais Expulsion de fibromes après embolisation
également le tissu sain environnant. [93, 95, 96] Une embolisation L’expulsion spontanée de débris nécrotiques ou d’un fibrome
plus ciblée du plexus artériel périmyomateux permettrait de sous-muqueux (sessile ou pédiculé) est possible dans les semai-
réduire les risques de nécrose du myomètre. [21, 91] Chez deux nes ou les mois qui suivent l’embolisation (Fig. 31). [9-13, 98]
patientes, une infection diagnostiquée trop tardivement a Quelques cas d’expulsion différée (plusieurs années après
conduit au décès. [96, 97] Une infection urinaire méconnue et l’embolisation) ont été rapportés. [12] Les fibromes sous-
une nécrose utérine par méconnaissance technique étaient à muqueux, s’ils ne constituent pas une contre-indication à
l’origine de ces deux cas. [96, 97] l’embolisation, doivent inciter à une surveillance attentive après
Une embolisation trop agressive peut entraîner non seule- embolisation pour poser l’indication d’une assistance hystéro-
ment une nécrose du myomètre, mais également de l’endomè- scopique ou prévenir la surinfection. [70] L’expulsion peut être
tre, avec un risque d’atrophie ou d’endométrite chronique. [12, spontanée (se manifestant par une hémorragie, des leucorrhées

Radiodiagnostic - Urologie-Gynécologie 21
34-630-A-10 ¶ Embolisation utérine : technique, indications et résultats

Figure 31. Imagerie par résonance magnétique (IRM) pelvienne avant et après embolisation chez une femme porteuse d’un volumineux fibrome
centrocavitaire (avec contre-indication chirurgicale).
A. L’IRM (séquence sagittale en spin echo T2) retrouve un très volumineux fibrome (F).
B. Six mois après l’embolisation, la patiente présente des leucorrhées abondantes. L’IRM met en évidence un fibrome liquéfié en cours d’expulsion (flèches).
Noter l’ouverture du canal cervical. Une assistance hystéroscopique sera nécessaire pour permettre l’évacuation de l’ensemble du fibrome nécrosé.

ou la perte du fibrome entier) ou nécessiter une assistance Autres complications


hystéroscopique (Fig. 31). [12, 70] L’expulsion d’un fibrome après L’irradiation durant l’embolisation des fibromes résulte de la
une embolisation est considérée comme la meilleure preuve de scopie (durant le cathétérisme et l’embolisation) et de la graphie
l’efficacité de ce traitement. [70] (séries angiographiques avant et après embolisation). [103] Les
résultats publiés montrent que la dose d’irradiation reste
Aménorrhée après embolisation négligeable pour la peau et les ovaires. [103] Nikolic a mesuré la
dose délivrée aux ovaires de 22,34 cGy pour un temps de scopie
Des cas d’aménorrhée transitoire ou définitive ont été
de 22 minutes. [103] Cette dose n’est pas susceptible d’interférer
rapportés après embolisation. [9-13, 94, 99] Dans la plupart des cas,
avec la fonction ovarienne. [103] L’utilisation du mode de scopie
il s’agit d’aménorrhée d’origine ovarienne qui correspond
pulsé, la limitation des séries en incidence oblique et des
rarement à une véritable ménopause précoce. [9-13, 70, 99] La agrandissements permettent de réduire encore la dose délivrée.
fréquence globale de cette complication varie entre 2 et 4 % des Il a été démontré que la dose totale d’irradiation dépend
femmes embolisées, mais dépend principalement de l’âge de la principalement du temps de scopie. [103] Ce temps de scopie
patiente (Tableau 3). [70, 94, 99] Elle est ainsi principalement diminue avec l’expérience de l’opérateur (le plus souvent, de 12
rapportée chez des femmes de plus de 45 ans, alors qu’elle est à 15 minutes). [12] Certaines équipes ont proposé de recourir à
exceptionnelle en dessous de l’âge de 40 ans. [12, 70, 99] Deux un abord fémoral bilatéral pour faciliter le cathétérisme des
mécanismes physiopathologiques sont vraisemblablement en artères utérines (Fig. 28). [11] Cette technique permet l’explora-
cause : la vascularisation de l’ovaire peut être assurée de façon tion et l’embolisation simultanée des deux artères utérines,
prédominante par l’artère utérine, si bien qu’une embolisation diminuant ainsi au moins d’un facteur 2 le temps de scopie. [11]
complète de l’artère utérine peut entraîner l’ischémie ova- Deux cas d’embolie pulmonaire diagnostiquée tardivement
rienne. [100] Ce dispositif, bien connu des chirurgiens, est la ont conduit au décès de patientes traitées par embolisation. [70]
cause des ménopauses précoces parfois observées après hysté- Plusieurs hypothèses ont été émises pour expliquer ces compli-
rectomie avec conservation des ovaires. L’autre situation est cations thromboemboliques : hypercoagulabilité transitoire au
celle où il existe une anastomose perméable entre l’artère cours de l’embolisation ; existence d’une stase veineuse pel-
utérine et l’artère ovarienne. [12, 15, 17] Cette anastomose est vienne, en particulier en cas d’embolisation de fibromes
visualisée de façon physiologique chez 5 à 10 % des patientes volumineux ; existence d’antécédents veineux thromboemboli-
lors des procédures d’embolisation (Fig. 4). [15, 17] On peut donc ques ou prise d’une pilule œstroprogestative. [70]
supposer que des particules de trop petit diamètre ou responsa- Plusieurs cas de sarcomes utérins embolisés ont été rappor-
bles d’une occlusion à la fois des pédicules utérins et ovariens tés. [104] Même si l’incidence du sarcome utérin reste faible,
peuvent entraîner une ischémie ovarienne. [12, 101] En cas l’absence de diminution (a fortiori l’augmentation) de taille du
d’anastomose utéro-ovarienne très large, il est cependant fibrome après embolisation doivent inciter à la prudence et faire
possible de protéger l’ovaire en embolisant l’anastomose utéro- proposer une hystérectomie, car il n’existe pas de signe caracté-
ovarienne à l’aide d’une spirale métallique pour permettre ristique de sarcome en imagerie. [70]
ensuite l’embolisation des fibromes selon la technique habi-
tuelle. [102] Dans les autres situations, l’utilisation de microsphè- Échec ou récidive après embolisation
res calibrées de grande taille et l’embolisation ciblée du plexus Plusieurs facteurs techniques ou anatomiques ont été identi-
artériel périmyomateux doivent permettre de prévenir cette fiés comme cause d’échec ou de récidive clinique après emboli-
complication. [21] Enfin, de façon exceptionnelle, des aménor- sation. [76] L’embolisation d’une seule artère utérine, la
rhées d’origine endométriale ont été rapportées : elles corres- vascularisation des fibromes par les artères ovariennes, le spasme
pondaient le plus souvent à une ischémie de l’endomètre causée lors de l’embolisation, conduisent le plus souvent à un échec
par une embolisation trop agressive des artères utérines. [70] clinique ou à une récidive clinique précoce (Fig. 26). [12, 76] La

22 Radiodiagnostic - Urologie-Gynécologie
Embolisation utérine : technique, indications et résultats ¶ 34-630-A-10

plupart des récidives cliniques dans les 2 ans qui suivent la majorité des cas, en raison des incertitudes sur le devenir de
l’embolisation sont en effet liés à une dévascularisation incom- la fonction de reproduction après embolisation. [75] Néanmoins,
plète des fibromes, comme cela a été démontré par le suivi de certaines équipes ont d’ores et déjà accepté de réaliser sous
la perfusion des fibromes en IRM (Fig. 26). [91, 92] En cas certaines conditions des embolisations de fibromes chez les
d’embolisation unilatérale (échec de cathétérisme) ou de femmes désireuses de grossesse, en particulier lorsque la seule
perfusion des fibromes par les artères ovariennes, une deuxième alternative chirurgicale est l’hystérectomie. [75]
séance d’embolisation peut être proposée si aucune amélioration Avant de proposer une embolisation de fibromes à une femme
clinique n’est observée. [18, 76] jeune avec désir de grossesse, il faut donc mettre en balance les
Les premières études suggèrent des taux de récidive à moyen avantages de la technique et ses éventuels effets délétères sur la
terme de 5 à 10 %. [9-13] Les récidives à plus long terme sont fonction de reproduction. [75] Il existe déjà dans la littérature de
liées à l’apparition de nouveaux fibromes, comme cela a pu être nombreuses publications rapportant des grossesses à terme après
démontré par le suivi échographique ou par IRM. [92, 105] embolisation utérine d’hémostase. [40, 107-109] Il existe également
L’adénomyose, associée aux fibromes ou isolée, constitue quelques séries cliniques préliminaires rapportant des grossesses
également une cause de récidive clinique à moyen terme après embolisation de fibromes. [80, 110]
(Fig. 23). [12, 76, 81] L’efficacité initiale est de plus de 90 % pour
les symptômes hémorragiques ou douloureux, mais plus de Grossesses après embolisation d’hémostase
50 % des femmes récidivent au-delà de 2 à 3 ans. [106]
Enfin, l’absence d’amélioration clinique et l’augmentation de Après embolisation utérine d’hémostase pour des indications
taille après une embolisation de fibromes techniquement gynécologiques et obstétricales variées (hémorragie du post-
satisfaisante, doivent faire évoquer, même si cela est exception- partum, malformation artérioveineuse, mole hydatiforme), il
nel, le diagnostic de sarcome utérin (cf. supra). [104] semble que le potentiel de reproduction des femmes traitées ne
soit pas modifié (Tableau 9). [40, 107-109]
Dans la majorité des études publiées, l’agent d’embolisation
utilisé était la gélatine résorbable, dont on peut penser qu’elle

▲ Attention
entraîne une occlusion plus proximale et moins prolongée que les
particules non résorbables. [40, 75, 107-109] Il existe néanmoins des
cas de grossesses rapportés après embolisation d’hémostase aux
• L’embolisation est contre-indiquée en cas de fibrome particules non résorbables de PVA (Tableau 7). [40] Dans la plupart
des cas publiés, la grossesse se déroulait à son terme sans problème
sous-séreux pédiculé, car les risques de complications
et il n’existait pas de retentissement négatif de l’embolisation, en
(infection, péritonite ou adhérences digestives) sont plus
particulier pas de retard de croissance in utero. [107-109] Les risques
élevés qu’avec les autres types de fibromes. de retard de croissance intra-utérin et le risque majoré d’hémorragie
• Il faut diagnostiquer la présence d’une adénomyose de la délivrance après une première embolisation d’hémostase ont
avant l’embolisation pour informer la patiente des risques été récemment rapportés. [48]
plus élevés de récidive clinique.
• En cas de métrorragies dominantes, d’hémorragies Grossesses après embolisation de fibromes
ininterrompues ou d’hémorragies en postménopause
Compte tenu des effets secondaires de l’embolisation qui
(femme sous traitement substitutif), une exploration de
pourraient entraîner des conséquences délétères sur la fonction
l’endomètre est recommandée avant de poser l’indication
de reproduction, la plupart des équipes n’ont jusqu’à présent
d’embolisation. proposé l’embolisation qu’à des femmes ne désirant pas devenir
• Avant l’embolisation, les avantages et les inconvénients enceintes. [75] Le risque d’hystérectomie après embolisation a
de la technique doivent être clairement expliqués à la longtemps constitué un frein à son utilisation en cas de désir de
patiente. grossesse. [75, 94] Les indications d’hystérectomie rapportées après
• Après l’embolisation, un suivi conjoint par le embolisation étaient des infections pelviennes, des nécroses
gynécologue et le radiologue doit être organisé et des utérines extensives ou des hémorragies secondaires incoerci-
instructions précises données aux patientes. bles. [94, 95] Cependant, l’incidence réelle de l’hystérectomie
après embolisation, évaluée à partir de larges enquêtes prospec-
tives, est finalement assez faible, d’environ 0,2 à 2 %. [9-13, 94,
95] Une meilleure sélection des patientes et les améliorations

■ Grossesse après embolisation techniques (cf. supra) devraient permettre de diminuer notable-
ment ce risque dans l’avenir. La possibilité d’aménorrhée
L’embolisation des fibromes a été jusqu’à présent réservée aux transitoire ou définitive associée ou non à d’autres symptômes
femmes de plus de 40 ans et non désireuses de grossesse dans de ménopause est une complication bien documentée après

Tableau 9.
Grossesses après embolisation artérielle pour hémorragie du post-partum.
Auteur Année Nombre de patientes Nombre de femmes Nombre de grossesses Agent d’embolisation Remarques concernant
(référence) embolisées avec désir de grossesse obtenues les grossesses
Stancato- 1997 12 3 3 Gélatine À terme, non compliquées
Pasik [107]
Pelage [49] 1999 37 NP* 1 Gélatine/alcool À terme, non compliquée
de polyvinyl
Deux [45] 2001 25 NP* 1 Gélatine NP*
Salomon [48] 2003 28 6 6 Gélatine Quatre à terme dont deux
hémorragies de la délivrance
par placenta accreta nécessi-
tant une hystérectomie
Fausse couche : deux cas
Ornan [108] 2003 28 6 6 Gélatine À terme, non compliquées
Descar- 2004 31 9 5 Gélatine/Microsphères À terme, non compliquées
gues [109]
* Information non précisée.

Radiodiagnostic - Urologie-Gynécologie 23
34-630-A-10 ¶ Embolisation utérine : technique, indications et résultats

embolisation de fibromes. [94, 99, 100] Son incidence, qui peut [5] Reyal F, Pelage JP, Rossignol M, Le Dref O, Jacob D, Blot P, et al. Place
atteindre 14 % chez les femmes de plus de 45 ans, est en fait de la radiologie interventionnelle dans la prise en charge des hémorra-
très dépendante de l’âge de la femme. [99] Dans la plupart des gies du post-partum. Presse Méd 2002;31:939-44.
cas, notamment chez les femmes jeunes, l’insuffisance ova- [6] Pelage JP, Laissy JP. Prise en charge des hémorragies graves du post-
rienne, lorsqu’elle existe, n’est que transitoire et les règles vont partum: indications et techniques de l’embolisation artérielle.
réapparaître, associées à une normalisation de l’hormone J Gynécol Obstét Biol Reprod 2004;33(suppl4):93-102.
folliculostimulante. [94] Si bien que le taux d’aménorrhée [7] Ravina JH, Herbreteau D, Ciraru-Vigneron N, Bouret JM, Houdart E,
définitive réel est plutôt de l’ordre de 2 à 4 % dans les grandes Aymard A, et al. Arterial embolization to treat uterine myomata. Lancet
séries publiées. [9-13, 75] Là encore, les améliorations techniques 1995;346:671-2.
[8] Ravina JH, Bouret JM, Fried D, Benifla JL, Darai E, Pennehouat G,
doivent permettre d’éviter l’embolisation involontaire à travers
et al. Intérêt de l’embolisation pré-opératoire des fibromes utérins.
les anastomoses vasculaires et l’atrophie d’endomètre par
Contracept Fertil Sex 1995;23:45-9.
ischémie secondaire. [21] Enfin, la possibilité de complications [9] Hutchins FL, Worthington-Kirsch R, Berkowitz RP. Selective uterine
endométriales (synéchie, atrophie ou endométrite chronique) artery embolization as primary treatment for symptomatic
ou de retentissement sur la sexualité peut potentiellement leiomyomata uteri. J Am Assoc Gynecol Laparosc 1999;6:279-84.
interférer avec la fertilité ultérieure. [94, 98, 111] Ce risque semble [10] Pelage JP, Le Dref O, Soyer P, Kardache M, Dahan H, Abitbol M, et al.
majoré lorsque des particules de petite taille sont utilisées. Fibroid-related menorrhagia: treatment with superselective
Le taux de conception après embolisation de fibromes est mal embolization of the uterine arteries and mid-term follow-up. Radiology
connu car la plupart des femmes traitées ne souhaitent pas 2000;215:428-31.
d’enfant. [67, 70, 75] Dans les premières études récemment [11] Spies J, Ascher SA, Roth AR, Kim J, Levy EB, Gomez-Jorge J. Uterine
publiées, il est difficile d’interpréter le taux de conception après artery embolization for leiomyomata. Obstet Gynecol 2001;98:29-34.
embolisation, car une minorité des femmes souhaitant conser- [12] Walker WJ, Pelage JP. Uterine artery embolisation for symptomatic
ver la possibilité de devenir enceinte tentait réellement une fibroids: clinical results in 400 women with imaging follow up. Br
grossesse après le traitement. [110] Dans ces séries, le taux de J Obstet Gynaecol 2002;109:1262-72.
conception peut être estimé à 50 % environ. [75, 110] Le taux de [13] Pron G, Bennett J, Common A, Wall J, Asch M, Sniderman K, et al. The
conception après myomectomie, pratiquée en particulier dans le Ontario uterine fibroid embolization trial: uterine fibroid reduction and
cadre d’une infertilité, est compris entre 10 et 75 %. [67, 75] En symptom relief after uterine artery embolization for fibroids. Fertil
l’absence de facteur d’infertilité associé aux fibromes, le taux Steril 2003;79:120-7.
[14] Pinto I, Chimeno P, Romo A, Paul L, Haya J, De la Cal MA, et al.
moyen de conception est de l’ordre de 60 %. [75] Dans les études
Uterine fibroids: uterine artery embolization versus abdominal
rapportant les grossesses après embolisation de fibromes, il
hysterectomy for treatment: a prospective, randomized and controlled
semble que le taux de fausse couche, de naissance prématurée
clinical trial. Radiology 2003;226:425-31.
et de césarienne soit plus important que celui attendu en [15] Pelage JP, Le Dref O, Soyer P, Jacob D, Kardache M, Dahan H, et al.
population générale. [110-112] Il est néanmoins très difficile Arterial anatomy of the female genital tract: variations and relevance to
d’interpréter ces taux entre ce qui revient aux effets collatéraux transcatheter embolization of the uterus. AJR Am J Roentgenol 1999;
de l’embolisation proprement dite et ce qui revient au fait que 172:989-94.
les femmes traitées sont notablement plus âgées que la popula- [16] Gomez-Jorge J, KeyoungA, Levy EB, Spies JB. Uterine artery anatomy
tion générale des femmes enceintes. [75] Il est effet démontré relevant to uterine leiomyomata embolization. Cardiovasc Intervent
que le risque de complication de la grossesse augmente de façon Radiol 2003;26:522-7.
significative avec l’âge. [75] Fait important, il n’a pas été rapporté [17] Razavi MK, Wolanske KA, Hwang GL, Sze DY, Kee ST, Dake MD.
à ce jour de rupture utérine sur utérus gravide après embolisa- Angiographic classification of ovarian artery-to-uterine artery
tion de fibromes. [75] Le nombre d’accouchements publié après anastomoses: initial observations in uterine fibroid embolization.
embolisation de fibromes est cependant insuffisant pour Radiology 2002;224:707-12.
permettre une estimation fiable de ce risque. En l’état actuel, [18] Pelage JP, Walker WJ, Le Dref O, Rymer R. Ovarian artery:
l’embolisation de fibromes peut être proposée à des femmes angiographic appearance, embolization, and relevance to uterine
avec désir de grossesse si aucune solution chirurgicale simple fibroid embolization. Cardiovasc Intervent Radiol 2003;26:227-30.
[19] Saraiya PV, Chang TC, Pelage JP, Spies JB. Uterine artery replacement
n’est disponible. [75] On peut évidemment proposer l’embolisa-
by the round ligament artery: an anatomic variant discovered during
tion à des femmes qui ont déjà subi des myomectomies multi-
uterine artery embolization for leiomyomata. J Vasc Interv Radiol 2002;
ples, en particulier si la seule alternative chirurgicale est 13:939-41.
l’hystérectomie. [75] Néanmoins, avant de tirer des conclusions [20] Sampson J. The blood supply of uterine myomata. Surg Gynecol Obstet
définitives sur le potentiel de fertilité après embolisation de 1912;14:215-34.
fibromes, il paraît logique de proposer la réalisation d’un essai [21] Pelage JP, Le Dref O, Beregi JP, Nonent M, Robert Y, Cosson M, et al.
thérapeutique comparant l’embolisation et la chirurgie chez les Limited uterine artery embolization with tris-acryl gelatin
femmes avec désir de grossesse. [75] Dans l’attente de telles microspheres for uterine fibroids. J Vasc Interv Radiol 2003;14:15-20.
études, la décision de proposer une embolisation à une femme [22] Tranquart F, Brunereau L, Cottier JP, Marret H, Gallas S, Lebrun JL,
jeune avec désir de grossesse ne se conçoit qu’après une et al. Prospective sonographic assessment of uterine artery
évaluation pluridisciplinaire par des gynécologues et des embolization for the treatment of fibroids. Ultrasound Obstet Gynecol
radiologues de façon à déterminer au cas par cas la meilleure 2002;19:81-7.
stratégie thérapeutique. [23] Siskin GP, Englander M, Stainken BF, Ahn J, Dowling K, Dolen EG.
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J.-P. Pelage, Maître de conférences universitaire, praticien hospitalier (jean-pierre.pelage@apr.aphp.fr).


Service de radiologie, hôpital Ambroise Paré, 9, avenue Charles-de-Gaulle, 92104 Boulogne cedex, France.
Service de gynécologie-obstétrique, Centre hospitalier Poissy Saint-Germain-en-Laye, 10, rue du champ Gaillard, BP 3082, 78303 Poissy cedex, France.
Service de radiologie, Centre hospitalier Poissy Saint-Germain-en-Laye, 10, rue du champ Gaillard, BP 3082, 78303 Poissy cedex, France.
D. Jacob, Praticien hospitalier.
Service de gynécologie-obstétrique, hôpital Lariboisière, 2, rue Ambroise-Paré, 75475 Paris cedex 10, France.
O. Le Dref, Praticien hospitalier.
Service de radiologie viscérale et vasculaire, hôpital Lariboisière, 2, rue Ambroise-Paré, 75475 Paris cedex 10, France.
A. Fauconnier, Praticien hospitalier.
Service de gynécologie-obstétrique, Centre hospitalier Poissy Saint-Germain-en-Laye, 10, rue du champ Gaillard, BP 3082, 78303 Poissy cedex, France.
O. Limot, Praticien hospitalier.
Service de radiologie, Centre hospitalier Poissy Saint-Germain-en-Laye, 10, rue du champ Gaillard, BP 3082, 78303 Poissy cedex, France.
A. Fazel, Praticien hospitalier.
Service de gynécologie-obstétrique, hôpital Lariboisière, 2, rue Ambroise-Paré, 75475 Paris cedex 10, France.
M. Rossignol, Praticien hospitalier.
B. Loisel, Praticien hospitalier.
Service d’anesthésie-réanimation, hôpital Lariboisière, 2, rue Ambroise Paré, 75475 Paris cedex 10, France.
A. Laurent, Maître de conférences universitaire, praticien hospitalier.
J.-J. Merland, Professeur des Universités, praticien hospitalier.
Service de neuroradiologie, hôpital Lariboisière, 2, rue Ambroise Paré, 75475 Paris cedex 10, France.
P. Lacombe, Professeur des Universités, praticien hospitalier.
Service de radiologie, hôpital Ambroise Paré, 9, avenue Charles-de-Gaulle, 92104 Boulogne cedex, France.
Toute référence à cet article doit porter la mention : Pelage J.-P., Jacob D., Le Dref O., Fauconnier A., Limot O., Fazel A., Rossignol M., Loisel B., Laurent A.,
Merland J.-J., Lacombe P. Embolisation utérine : technique, indications et résultats. EMC (Elsevier SAS, Paris), Radiodiagnostic - Urologie-Gynécologie,
34-630-A-10, 2006.

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Radiodiagnostic - Urologie-Gynécologie 27
¶ 34-605-A-10

Hystérosalpingographie et cathétérisme
sélectif des trompes
M. De Graef, V. Juhan, Z. Kassem, R. Guillon, J. Villeval, A. Maubon, J.-P. Rouanet

En 2003, la principale indication de l’hystérosalpingographie est l’infertilité à la recherche d’une origine


tubaire. La salpingographie sélective est toujours consécutive à une hystérosalpingographie laissant
supposer une obstruction tubaire proximale. Si les trompes ne sont pas perméables au cours de
l’hystérographie, un cathétérisme tubaire sera effectué dans le même temps en accord avec son
correspondant gynécologue. Elle présente un double intérêt : diagnostique, elle détermine le site de
l’obstruction et parfois l’étiologie ; thérapeutique, l’injection sélective sous pression de produit de
contraste intratubaire peut permettre une désobstruction. Elle est systématiquement réalisée avant la
recanalisation tubaire réservée aux échecs de l’opacification sélective. La salpingographie sélective peut
être proposée de première intention après l’hystérosalpingographie, avant des méthodes plus invasives.
© 2005 Elsevier SAS. Tous droits réservés.

Mots clés : Hystérographie ; Salpingographie ; Infertilité

Plan

¶ Introduction 1
¶ Hystérographie 1
Technique 1
Résultats 5
¶ Salpingographie sélective et recanalisation tubaire 9
Technique 9
Résultats 14
¶ Complications de la salpingographie sélective
et de la recanalisation 27
¶ Conclusion 27

■ Introduction
Figure 1. Première salpingographie sélective (1977). Figure extraite du
L’hystérographie doit aujourd’hui être une hystérosalpingo-
Traité de radiodiagnostic, tome 9, chapitre Gynécologie de H. Fischgold et
graphie. Sa principale indication est représentée par le bilan
reproduite avec l’autorisation des éditions Masson.
d’une infertilité primaire (le plus souvent) ou secondaire. [1]
L’étiologie tubopéritonéale est l’une des principales causes
d’infécondité (30 à 40 %), qu’il s’agisse de la cause principale ou ■ Hystérographie
d’une cause associée. [2] La première publication concernant
l’idée de désobstruction utérotubaire par les voies naturelles date Technique
du milieu du XIX e siècle, bien avant les premières images
d’opacification radiologique de l’appareil génital tandis que la Principes généraux
première salpingographie sélective sous guidage fluoroscopique L’examen est réalisé systématiquement en première partie de
(Fig. 1) est décrite en 1977 [3] et les premières images publiées cycle entre le 6e et le 12e jour. La couverture antibiotique est
dans le traité de radiodiagnostic de Fischgold. [4] Cette techni- systématique, en particulier dans le cas de l’exploration radio-
que va ensuite progresser grâce aux améliorations du matériel logique d’une infertilité où un doute existe toujours quant à la
de radiologie vasculaire interventionnelle. Depuis 1985, sous possibilité d’une infection tubaire ancienne. Il est habituel
l’impulsion des radiologues américains, et en particulier de d’utiliser une antibiothérapie à large spectre débutée 48 heures
Thurmond [5-11], elle connaît un net regain d’intérêt en raison avant l’examen et maintenue 48 heures après celui-ci. En cas de
de sa simplicité et des résultats obtenus. [12] Par souci de terrain allergique, de principe un antihistaminique est prescrit
simplification nous décrirons successivement l’hystérographie la veille et le matin de l’examen. Le geste est réalisé en ambu-
proprement dite et la salpingographie sélective. latoire. La durée de l’examen, comprise entre 10 minutes

Radiodiagnostic - Urologie-Gynécologie 1
34-605-A-10 ¶ Hystérosalpingographie et cathétérisme sélectif des trompes

Figure 2. Hystérographie « difficile » réalisée en 2e partie de cycle :


dissection iatrogène de l’endomètre (flèche).

(hystérosalpingographie simple) et 45 minutes (salpingographie


Figure 3. Cathéter à ballonnet positionné au niveau de l’isthme
sélective et recanalisation tubaire), dépend principalement de la
assurant une étanchéité cervicale parfaite facilitant l’opacification des
position de l’utérus, de l’étendue des lésions tubaires et des
trompes.
difficultés de recanalisation éventuelle. Pour le bon déroulement
de l’examen, il est très important de rassurer la patiente et de
bien lui expliquer le déroulement de celui-ci.
Deux contre-indications sont formelles : • désinfection de l’exocol ;
• l’infection génitale, souvent latente, pouvant se traduire • une pince de Pozzi est éventuellement appliquée sur la lèvre
uniquement par des anomalies menstruelles. L’interrogatoire antérieure du col. Elle n’est pas indispensable si l’objectif est
de la patiente est donc fondamental. Après mise en place du uniquement de visualiser les trompes dans le cadre du bilan
spéculum, un écoulement suspect par le col doit faire différer d’infertilité, mais il peut être nécessaire de redresser un utérus
l’examen. Au moindre doute, il faut savoir s’aider d’une très rétro- ou antéversé. Elle permet également de vérifier la
échographie endovaginale, la découverte ou la suspicion d’un mobilité de l’utérus ou de bien positionner les cols naturelle-
hydro- ou d’un pyosalpinx doit faire alors ajourner l’examen ment latéralisés ;
et impose une rediscussion de l’indication ; • l’hystéromètre permet ensuite de s’assurer de la perméabilité
• la possibilité d’une grossesse débutante, surtout dans le cadre du col, d’évaluer l’axe de celui-ci et de réaliser une minime
d’un bilan d’infertilité, impose de réaliser l’examen en dilatation de la région cervico-istmique qui facilitera le
première partie de cycle. Dans notre centre nous réalisons un passage de la sonde, enfin de mesurer la profondeur de la
dosage plasmatique de bêta-human chorionic gonadotrophin cavité.
(b-hCG) systématique avant toute procédure endocavitaire Matériel d’opacification. Quel que soit le matériel utilisé, il
envisagée. Réaliser l’examen en première partie de cycle doit permettre une étanchéité cervicale parfaite pour obtenir
permet également d’éviter une dissection de l’endomètre lors l’opacification des trompes et un passage péritonéal. Trois
de l’introduction du cathéter (Fig. 2). systèmes sont actuellement disponibles pour opacifier la cavité
Les autres contre-indications sont relatives. L’allergie aux utérine :
produits de contraste ou les terrains atopiques nécessitent une • un cathéter à ballonnet à usage unique. Le ballonnet, gonflé
prémédication et une surveillance particulière au décours de au niveau de l’isthme, empêche ainsi l’évacuation spontanée
l’examen. En période hémorragique il est préférable de reporter du produit de contraste (Fig. 3). Ce cathéter permet selon les
l’examen pour éviter les images lacunaires liées aux caillots modèles de passer ensuite une sonde de cathétérisme sélectif
intracavitaires. et de réaliser une salpingographie sélective dans le même
temps ;
Déroulement de l’examen • une tulipe stérile à usage unique type « canule de Bomme-
Matériel nécessaire laer », avec préhension pneumatique. Elle permet également
• Champs, gants, blouses et compresses stériles, éclairage la réalisation d’un cathétérisme tubaire à la fin de l’hystéro-
satisfaisant ; graphie ;
• produits de désinfection pour peau et muqueuses (ammo- • le système habituel de canule métallique avec utilisation
nium quaternaire) ; d’une pince de Pozzi. La qualité de stérilisation de ce matériel
• spéculum, hystéromètre, seringues de 10 et 20 ml ; doit être garantie. De plus, ce matériel ne permet pas de
• produit de contraste iodé hydrosoluble fluide. réaliser dans la foulée le cathétérisme sélectif ;
• en cas de difficulté (sténose cervicale, utérus post-méno-
Différents temps de l’examen pausique), le cathétérisme cervical peut être réalisé à l’aide
Installation et préparation. La patiente est installée en d’un cathéter souple 16G. L’étanchéité cervicale ne peut dans
position gynécologique, talons dans les étriers, sur une table de ce cas être obtenue mais l’opacification de la cavité utérine
radiologie avec amplificateur de brillance et cône antidiffuseur : est généralement possible (Fig. 4).
• cliché sans préparation, indispensable ; Opacification et prise des clichés. Le matériel choisi doit
• désinfection de la région anovulvaire ; être soigneusement purgé pour éviter les fausses images dues à
• mise en place de champs stériles placés sur l’abdomen et les des bulles d’air.
membres inférieurs ; La scopie intermittente doit être aussi brève que possible.
• mise en place d’un spéculum adapté à la morphologie Nous réalisons habituellement huit clichés, tous différents
vaginale. Nous utilisons dans notre centre un spéculum (face et oblique), en fonction de l’indication de départ et des
radiotransparent à usage unique qui présente l’avantage de constatations faites en cours d’examen. Les clichés de face
pouvoir rester en place durant toute la durée de la procédure ; doivent être réalisés avec une traction suffisante sur le col

2 Radiodiagnostic - Urologie-Gynécologie
Hystérosalpingographie et cathétérisme sélectif des trompes ¶ 34-605-A-10

Figure 4. Vagin et utérus atrophique en post-ménopause : difficulté de


cathétérisme cervical. L’utilisation d’un fin cathéter souple permet d’ob-
tenir une opacification de la cavité utérine.

(Fig. 5). Le tube doit être également incliné pour « ouvrir » le


bassin de façon à étaler la cavité utérine et les trompes en
évitant les superpositions du cadre osseux (Fig. 6). Les clichés
sont réalisés en « couche mince » lors du remplissage puis en
réplétion complète (Fig. 7). À ce stade, l’opacification tubaire est
en général obtenue. Les trompes doivent être chacune déroulées
sur une incidence oblique. En cas de défaut d’opacification
tubaire, la pression d’injection est raisonnablement augmentée
en fonction de la tolérance de la patiente. Une pression Figure 6.
d’injection trop forte entraîne l’apparition d’un passage vascu- A, B. Le tube doit être incliné pour « ouvrir » au maximum le bassin afin
laire (Fig. 8A, B). Une opacification d’un canal de Malpighi- d’étaler la cavité utérine et les trompes et d’éviter les superpositions du
Gärtner peut également être obtenue (Fig. 8C). Un cliché de cadre osseux.

Figure 5.
A. Utérus très antéfléchi.
B. La traction réalisée sur le col permet de redresser et d’étaler la cavité utérine.

Radiodiagnostic - Urologie-Gynécologie 3
34-605-A-10 ¶ Hystérosalpingographie et cathétérisme sélectif des trompes

Figure 7. Étude de la cavité utérine.


A. Début de remplissage, cliché en « couche mince ».
B. Réplétion cavitaire complète. À ce stade l’opacification tubaire est en général obtenue.

Figure 8.
A, B. Passages vasculaires veineux témoignant d’une pression d’injection
excessive. Notez l’opacification de la veine ovarienne droite (flèches).
C. Opacification d’un canal de Malpighi-Gärtner droit.

4 Radiodiagnostic - Urologie-Gynécologie
Hystérosalpingographie et cathétérisme sélectif des trompes ¶ 34-605-A-10

Figure 9. Étude du canal endocervical : cliché réalisé pendant le retrait


du cathéter ; il donne également une seconde image en « couche mince »
de la cavité utérine.

profil peut renseigner sur l’état de la région cervico-isthmique


et des faces de la cavité utérine, nous ne le réalisons cependant
pas systématiquement dans le cadre d’un bilan d’infertilité. Le
cliché d’évacuation est réalisé pendant le retrait du cathéter, il
permet une analyse du canal endocervical, habituellement
rectiligne dont la largeur ne doit pas excéder 10 mm, il donne
également une seconde image en « couche mince » de la cavité
utérine (Fig. 9). Le cliché tardif étudie le brassage péritonéal du
produit de contraste (5 minutes au moins après retrait du
matériel), l’opacification doit être bilatérale et symétrique
(Fig. 10), la mauvaise diffusion ou l’accumulation de produit de
contraste doit faire suspecter la présence d’adhérences
péritonéales.

Résultats
Résultats normaux (Fig. 11)
L’examen doit successivement étudier : la cavité utérine, les
Figure 10.
trompes, le canal endocervical, le péritoine. L’aspect normal de
A. Brassage péritonéal, bilatéral, symétrique.
la cavité utérine est celui d’un cône tronqué à base supérieure,
B. Le produit de contraste vient mouler les pourtours utérins, permettant
aplati dans le plan antéropostérieur, séparé du col par l’isthme
une appréciation indirecte de l’épaisseur du myomètre.
dont la longueur est plus ou moins variable avec la parité.
Habituellement, l’utérus et la cavité utérine sont antéversés,
antéfléchis. Le remplissage de la cavité doit être progressif de
façon à éviter le spasme tubaire. L’image de la cavité cervicale • une hypotrophie, définie par une distance fond utérin-orifice
obtenue lors du retrait du cathéter d’injection montre un aspect cervical interne inférieure à 35 mm et une distance intercor-
fusiforme, parfois cylindrique. Ses contours sont lisses mais un nuale inférieure à 40 mm (Fig. 13) ;
aspect irrégulier peut être observé lié à la présence de cryptes • des bords irréguliers ;
physiologiques. La transition cervico-isthmique est générale-
• des trompes orientées à angle droit avec sténose annulaire
ment mal individualisée : la limite inférieure de l’isthme est
proximale (Fig. 14) ;
souvent marquée par une légère striction. [13]
• un rétrécissement médiocavitaire, dû à l’existence d’un
éperon fibreux comme le démontre très bien l’imagerie par
Résultats pathologiques résonance magnétique (IRM) (Fig. 15, 16) ;
Les pathologies utérines rencontrées en matière d’infertilité • un allongement du col (Fig. 17).
peuvent schématiquement se diviser en deux groupes mais Synéchies. Elles sont habituellement secondaires à un
peuvent également être combinées : traumatisme utérin : curetage, manœuvres endo-utérines. Il
• causes acquises, au nombre de trois : utérus Distilbène (DES), s’agit en fait de cicatrices de guérison de l’endomètre réalisant
léiomyomes, synéchies ; un accolement puis une véritable « soudure » fibroconjonctive,
• causes constitutionnelles, au nombre de deux : utérus hypo- voire fibromusculaire. Elles se traduisent par des images lacu-
plasiques, anomalies de développement congénitales. naires, centrales (Fig. 18) ou marginales (Fig. 19) à contours nets
parfaitement définis, constantes quelle que soit l’importance du
Causes acquises remplissage cavitaire (Fig. 20). Lorsque le siège de la synéchie est
Utérus DES. Il s’agit des conséquences d’un traitement isthmique et que celle-ci est complète, l’opacification de la
maternel durant la grossesse. Les signes les plus fréquemment cavité utérine est impossible (Fig. 21).
rencontrés sont : Léiomyomes intracavitaires. Il s’agit d’une cause rare
• un aspect en T (Fig. 12) ; d’infertilité qui reste un diagnostic d’élimination. Ils sont plus

Radiodiagnostic - Urologie-Gynécologie 5
34-605-A-10 ¶ Hystérosalpingographie et cathétérisme sélectif des trompes

Figure 11. Les différents temps d’une hystérosalpingographie normale.


A. Opacification de la cavité utérine. L’orifice cervical est parfaitement étanche, l’opacification des trompes est obtenue très rapidement.
B. Passage péritonéal bilatéral.
C. Retrait du cathéter : étude du canal endocervical.
D. Brassage péritonéal symétrique.

volontiers responsables d’avortements tardifs. L’aspect hystéro-


graphique des léiomyomes sous-muqueux se traduit par une
image lacunaire, à contours arrondis, bien limitée puis s’estom-
pant progressivement lors du remplissage cavitaire (Fig. 22, 23).
Ils peuvent déformer l’utérus selon leur volume ou leur locali-
sation. Uniques ou multiples, les localisations préférentielles
concernent les faces ou les bords utérins, les cornes utérines ou
la région isthmique. [14] L’aspect hystérographique du polype
muqueux est identique (Fig. 24). Il serait cependant plus
déformable que le léiomyome. Les léiomyomes interstitiels vont
étirer le segment utérin au sein duquel ils se développent et
vont agrandir la cavité utérine (Fig. 25, 26). C’est le cas en
particulier des léiomyomes développés sur les faces utérines,
tandis que de volumineux léiomyomes des bords pourront
refouler latéralement la cavité [13] (Fig. 27).
Pathologies congénitales
Utérus hypoplasique. Il se traduit par une réduction cavitaire
harmonieuse (Fig. 28). Les critères de taille sont les même que
pour l’utérus DES. De nombreux facteurs étiologiques ont été
Figure 12. Utérus DES : aspect en T de la cavité utérine. Notez le polype incriminés dans la genèse de ce type d’anomalie, parmi lesquels
de jonction obstructif au niveau de la corne utérine droite (flèche) et le l’insuffisance vasculaire du myomètre qui doit être recherchée
léiomyome du fond utérin (double flèche). (hystérophlébographie).

6 Radiodiagnostic - Urologie-Gynécologie
Hystérosalpingographie et cathétérisme sélectif des trompes ¶ 34-605-A-10

Figure 13.
A. Utérus DES : hypotrophie (dis-
tance fond utérin-orifice cervical
interne inférieure à 35 mm et dis-
tance intercornuale inférieure à
40 mm).
B. Même patiente, IRM, séquence
en pondération T2, coupes dans
le plan de la muqueuse utérine.
Hypotrophie utérine.

Figure 14. Utérus DES : trompes orientées à angle droit avec sténose
annulaire proximale.

Anomalies de développement d’origine congénitale. Elles


sont plutôt une cause d’interruption prématurée de grossesse. Il
s’agit d’utérus unicavitaire (utérus unicorne) ou bicavitaire
(bicorne ou cloisonné).
L’utérus unicorne se traduit par une cavité latérodéviée,
fusiforme, de volume réduit, avec une trompe unique de
morphologie normale située dans l’axe de l’utérus (Fig. 29).
L’isthme et le col sont bien centrés. Une agénésie rénale
controlatérale est constamment associée. Ce type de malforma-
tion impose la réalisation d’une échographie, voire d’une IRM
à la recherche d’une corne utérine rudimentaire controlatérale
(forme incomplète), fonctionnelle ou non (Fig. 30).
L’utérus bicorne, cervical se traduit par deux cavités distinctes
très divergentes, horizontalisées, ayant chacune l’aspect fusi-
forme d’un utérus unicorne (Fig. 31). Les cols sont petits,
généralement de taille inégale. Le cathétérisme des deux cols
peut être difficile, surtout s’il existe une cloison vaginale
associée (utérus didelphe). Ce type de malformation peut
s’accompagner d’une pathologie rétentionnelle intracavitaire
unilatérale, menstruelle (hémivagin borgne) ou non (Fig. 32,
33). Si un seul col est cathétérisé, l’hystérographie retrouve alors
un aspect identique à un utérus unicorne. Les utérus bicorne
unicol (Fig. 34) et cloisonné (Fig. 35) présentent un aspect Figure 15. Utérus DES : rétrécissement médiocavitaire.
hystérographique très proche, non discriminatif : seule la A. Aspect hystérographique (flèche).
divergence des cavités varie, faible (angle aigu) en cas d’utérus B. IRM : même patiente, séquence parallèle au plan utérin en pondération
cloisonné ou marquée (angle obtus) en cas d’utérus bicorne. T2, le rétrécissement est lié à la présence d’un éperon de signal fibreux
Ceci reste cependant très schématique, ne constitue pas un (double flèche).

Radiodiagnostic - Urologie-Gynécologie 7
34-605-A-10 ¶ Hystérosalpingographie et cathétérisme sélectif des trompes

Figure 16. Autre patiente. Aspect hystérographique (flèche) du rétré- Figure 19. Synéchie marginale en regard du bord latéral droit de la
cissement médiocavitaire. cavité utérine (flèche).

Figure 17. Utérus DES : allongement du col.

Figure 18. Synéchie corporéale : image lacunaire, centrale, à contours Figure 20.
nets parfaitement définis (flèche), constante quelle que soit l’importance A. Volumineuse synéchie centrale.
du remplissage cavitaire. B. Passage vasculaire (flèche).

8 Radiodiagnostic - Urologie-Gynécologie
Hystérosalpingographie et cathétérisme sélectif des trompes ¶ 34-605-A-10

Cas particulier : cancer de l’endomètre


Il peut être découvert fortuitement. Il se traduit par une
lacune irrégulière contrastant avec les bords réguliers du reste de
l’utérus. Cette lacune présente une tonalité dégradée lui
conférant un aspect « marécageux » (Fig. 38). La découverte
d’une telle image impose de ne pas rechercher le passage
péritonéal afin d’éviter toute dissémination [15] , mais cette
notion reste discutée. [16]

■ Salpingographie sélective
et recanalisation tubaire
La salpingographie sélective constitue la seconde étape de
l’examen en cas d’obstruction tubaire proximale avérée. [17, 18]
Elle est éventuellement suivie du cathétérisme tubaire et d’une
recanalisation.

Technique
Figure 21. Synéchie corporéale totale : seul l’isthme reste opacifié. Matériel nécessaire
Salpingographie
caractère discriminatif absolu et seule l’étude échographique ou • Un cathéter porteur, de calibre 5F va servir de tuteur dans
IRM de la portion intermédiaire et du fond utérin permet dans l’endocol et la cavité utérine, mais peut également être
la majorité des cas de trancher (Fig. 36). L’utérus arqué repré- remplacé par tout introducteur de type vasculaire 5F ou 6F.
sente une forme mineure d’utérus cloisonné (Fig. 37). Certaines sondes à ballonnet utilisées pour l’hystérographie

Figure 22. Léiomyomes sous-muqueux : images lacunaires, à contours arrondis, bien limitées (A, B) s’estompant progressivement lors du remplissage
cavitaire (C, D).

Radiodiagnostic - Urologie-Gynécologie 9
34-605-A-10 ¶ Hystérosalpingographie et cathétérisme sélectif des trompes

Figure 23. Léiomyomes sous-muqueux : images lacunaires en regard du bord latéral droit et de la corne utérine droite (A) s’estompant progressivement lors
du remplissage cavitaire (B). Le passage tubaire est néanmoins obtenu des deux côtés.

Figure 24. Polype muqueux.


A. Hystérographie : image lacunaire endocavitaire (flèche).
B. Hystérosonographie. Le produit de contraste vient mouler le polype et souligner le pédicule (flèche).

préliminaire peuvent également être idéales à utiliser pour


prolonger l’hystérographie par la réalisation d’une salpingo-
graphie sélective ;
• une sonde précourbée à angle de 120° environ de calibre 4F
ou moins sera poussée jusqu’à l’ostium du côté choisi
(Fig. 39) ;
• des guides souples de calibre 0,035 inch, en J ou droits,
peuvent être nécessaires pour le positionnement dans la
cavité et éventuellement l’accès à l’ostium.

Recanalisation tubaire
Le matériel utilisé habituellement est du matériel de radiolo-
gie vasculaire pour petites artères.
• La sonde précourbée à angle de 120° précitée, sans trous
latéraux ;
• une petite sonde souple de type tracker calibre 3F qui pourra
pénétrer à l’intérieur de la trompe ;
• des guides très fins (0,018 inch ou moins) pour la recana-
Figure 25. Léiomyomes utérins. Cavité utérine agrandie. lisation.

10 Radiodiagnostic - Urologie-Gynécologie
Hystérosalpingographie et cathétérisme sélectif des trompes ¶ 34-605-A-10

Figure 28. Utérus hypoplasique : réduction cavitaire harmonieuse.

phie est réalisée à distance de l’hystérographie préliminaire,


celle-ci doit être communiquée au radiologue réalisant l’exa-
men. Elle permet d’apprécier la morphologie utérine.
Salpingographie
Si la salpingographie sélective est réalisée à distance de
l’hystérosalpingographie préliminaire, la sonde 5F mise en place
doit progresser au-delà de l’endocol jusque dans la cavité,
guidée par les résultats de l’hystérographie. Il est parfois
nécessaire de redresser les utérus très anté- ou rétroversés pour
passer l’isthme. Une injection de produit de contraste permet
alors de vérifier la position de l’utérus, de visualiser la position
de l’extrémité de la sonde. La sonde précourbée sans trous
latéraux est alors montée à l’intérieur de la sonde porteuse
jusque dans la cavité et dirigée latéralement vers l’ostium
tubaire, soit seule, soit sur un guide souple en J ou droit. Le
passage de l’ostium tubaire par l’extrémité de la sonde s’accom-
pagne généralement d’une sensation de ressaut ressentie par la
Figure 26. patiente et les mains de l’opérateur. L’injection de produit de
A. Cavité utérine discrètement élargie. Cliché en fin de remplissage. contraste est alors réalisée ; le caractère sélectif et la simple
B. IRM : même patiente, séquence sagittale en pondération T2. Léio- pression suffisent souvent à désobstruer la portion intersti-
myome intracavitaire au niveau du fond utérin expliquant l’aspect radio- tielle [18] (Fig. 40). La trompe controlatérale peut être cathétéri-
logique. sée et opacifiée selon les mêmes étapes en retirant et en
tournant la sonde 4F à l’intérieur de la sonde porteuse comme
en radiologie vasculaire. Après injection manuelle, plusieurs cas
Déroulement de l’examen de figure sont possibles :
Les prérequis sont les mêmes que pour l’hystérographie : test • opacification de trompes normales avec passage péritonéal
de grossesse, antibiothérapie prophylactique. Si la salpingogra- (Fig. 41) ;

Figure 27.
A. Hystérographie : aspect agrandi et comprimé de la cavité utérine.
B. IRM : même patiente, séquence coronale en pondération T2. Utérus polyfibromateux. Volumineux léiomyomes interstitiels en « cymbales » étirant la cavité
utérine. Notez le remaniement œdémateux au sein du myome droit (hypersignaux en pondération T2).

Radiodiagnostic - Urologie-Gynécologie 11
34-605-A-10 ¶ Hystérosalpingographie et cathétérisme sélectif des trompes

Figure 29.
A. Utérus unicorne : cavité latérodéviée et fusiforme. L’isthme et le col sont normalement centrés.
B. Trompe unique de morphologie normale située dans l’axe de l’utérus.

Figure 30. Utérus unicorne avec corne rudimentaire controlatérale.


A. Aspect hystérographique identique à la forme précédente : cavité latérodéviée, fusiforme, de volume réduit, avec trompe unique de morphologie normale
située dans l’axe de l’utérus.
B. IRM : même patiente, séquence coronale en pondération T2. Corne utérine rudimentaire controlatérale (flèche) ; partiellement fonctionnelle (hypersignal
de l’endomètre).

Figure 31. IRM. Utérus bicorne et malrotation de la corne utérine gauche.


A. Séquence axiale en pondération T2. Hémi-utérus droit normal.
B. Séquence axiale en pondération T2. Coupe supérieure.
C. Séquence axiale en pondération T1 après injection de gadolinium et saturation du signal de la graisse. Grossesse intra-utérine interrompue développée dans
l’hémi-utérus gauche (flèche).

12 Radiodiagnostic - Urologie-Gynécologie
Hystérosalpingographie et cathétérisme sélectif des trompes ¶ 34-605-A-10

Figure 34. Utérus bicorne unicol : cavités divergentes, horizontalisées,


réunies à hauteur de l’isthme.

Figure 32. Utérus bicorne bicervical : présence de deux cavités distinc-


tes très divergentes, horizontalisées, ayant chacune l’aspect fusiforme
d’un utérus unicorne. Cathétérisme des deux cols. Cloison vaginale asso-
ciée (utérus didelphe).

• obstruction proximale (Fig. 42) ;


• obstruction isthmique avec opacification partielle de la
trompe (Fig. 43) ;
• pathologie ampullaire.
Dans le premier cas de figure la procédure est terminée, dans
les 2e et 3e cas de figure une recanalisation peut être envisa-
Figure 35. Utérus cloisonné présentant un aspect hystérographique
gée. [18] Dans le dernier cas, la salpingographie sélective n’est
très proche, non discriminatif d’un utérus bicorne unicol. Seule la diver-
pas indiquée.
gence des cornes est moins marquée.

Figure 33. Hémorragie et fièvre post abortum.


A. Hystérosalpingographie : cavité horizontalisée, fusiforme. Un seul col cathétérisable. Utérus bicorne ?
B. IRM : même patiente, séquence coronale en pondération T2. Cavités très divergentes (flèche) : utérus bicorne unicervical, rétention placentaire unilatérale
dans la corne droite (double flèche).

Radiodiagnostic - Urologie-Gynécologie 13
34-605-A-10 ¶ Hystérosalpingographie et cathétérisme sélectif des trompes

Figure 36. IRM : séquence parallèle au plan utérin en pondération T2.


A. Utérus bicorne unicol.
B. Utérus cloisonné. L’étude de la portion intermédiaire (signal fibreux pour l’utérus cloisonné, myomètre pour l’utérus bicorne) et de la forme du fond utérin
(plan ou convexe pour l’utérus cloisonné, concave pour l’utérus bicorne) permet dans la majorité des cas de trancher.

Résultats
Salpingographie
Salpingographie normale
Les trompes sont deux conduits qui s’étendent le long du
bord supérieur du ligament large, entre ses deux feuillets, depuis
les angles latéraux de l’utérus à la surface de l’ovaire. Elles
mesurent entre 10 et 14 cm de long. Leur calibre extérieur de
l’ordre de 3 mm à l’angle latéral de l’utérus augmente progres-
sivement jusqu’à atteindre 7 à 8 mm à son extrémité distale.
Elles comportent quatre segments (Fig. 45).
Le segment intramural (ou interstitiel), situé dans l’épaisseur
de la paroi utérine, traverse le myomètre. Il mesure environ
2 cm. Son origine est marquée par un léger renflement dont la
base est parfois séparée de la corne utérine par un pseudo-
diaphragme prétubaire (Fig. 46).
Le segment isthmique (Fig. 47), fin, mesure 2 à 4 cm de
longueur. Il est volontiers tortueux et peut être déroulé par des
Figure 37. Utérus arqué : accentuation de la concavité du fond de la incidences obliques voire de profil.
cavité utérine. Le segment ampullaire, le plus long (6-8 cm), comporte de
fins plis parallèles aux bords tubaires (Fig. 48). On compte de
deux à quatre plis majeurs insérés sur le bord opposé au
mésosalpinx dont l’épaisseur ne doit pas excéder 1 à 2 mm,
effacés en cas de salpinx.
Recanalisation tubaire
Le segment infundibulaire est généralement mal défini, le
Selon une technique identique à celle de la reperméabilisa- produit de contraste ayant tendance à diffuser le long des bords
tion vasculaire, de petits mouvements de va-et-vient permet-
du pavillon. Sa trop bonne visualisation associée à une opacifi-
tent d’amener l’extrémité distale du guide, et éventuellement
cation ralentie permet de suspecter un phimosis tubaire
de la sonde au contact de l’obstruction. Une poussée plus
(Fig. 49). Les ovaires sont moulés par le contraste dans les
précise peut alors permettre de franchir la sténose (Fig. 44).
fossettes ovariennes (Fig. 50).
L’injection manuelle de produit de contraste permet de
vérifier la recanalisation, d’apprécier l’état de l’ampoule et la Pathologie tubaire
qualité du brassage péritonéal. Certaines équipes associaient
systématiquement encore à toutes les reperméabilisations une Dans 70 % des cas, la simple injection permet d’obtenir
tuboplastie proximale de l’ostium, en utilisant des sondes à l’opacification tubaire et le passage péritonéal. Dans les études
ballonnets semblables à celles utilisées pour les dilatations publiées, environ deux tiers des trompes sont considérées
coronariennes. [19, 20] Cette technique qui visait à empêcher comme normales dans leurs différents segments, avec brassage
l’accumulation à l’ostium de « boue tubaire » est aujourd’hui péritonéal correct. L’étiologie la plus fréquente est l’occlusion
pratiquement abandonnée en raison de fibroses consécutives par boue tubaire ostiale (« tubal plug »). Le tiers restant se
provoquées par la procédure. compose d’endométriose tubaire, de salpingite isthmique

14 Radiodiagnostic - Urologie-Gynécologie
Hystérosalpingographie et cathétérisme sélectif des trompes ¶ 34-605-A-10

Figure 38. Cancer de l’endomètre.


A. Lacune irrégulière d’aspect « marécageux », contrastant avec les bords réguliers du reste de l’utérus. La découverte d’une telle image impose de ne pas
rechercher le passage péritonéal afin d’éviter toute dissémination.
B. Même aspect localisé au niveau de la corne utérine droite.

nodulaire et d’adhérences tubaires ou péritubaires postinfectieu-


ses. Dans 30 % des cas, l’injection ne permet pas d’obtenir un
passage tubaire. Une recanalisation est alors nécessaire, sauf en
cas de pathologie bipolaire connue, en raison de l’inutilité d’un
tel acte et du risque infectieux.
Obstruction interstitielle (en dehors des séquelles infec-
tieuses). Elle intéresse le segment interstitiel de la trompe.
Bouchon muqueux. Il correspond à l’accumulation de sécré-
tion muqueuse d’origine tubaire dans la portion interstitielle
bloquée au niveau de l’ostium. Son existence a été confirmée
par les travaux de Sulak [21] puis de Kerrin [22] et Letterie. [23]
La pathogénie est discutée mais il est envisagé que l’associa-
Figure 39. Cathéter porteur, de calibre 5F et sonde précourbée à angle tion de sécrétions tubaires épaissies à un ostium rétréci
de 120° de calibre 4F montée à l’intérieur du cathéter. (de manière congénitale ou traumatique) puisse expliquer

Figure 40. Salpingographie sélective gauche. Bouchon muqueux.


A. Hystérographie : obstruction proximale bilatérale.
B. Le cathéter porteur est progressivement introduit dans la cavité utérine.

Radiodiagnostic - Urologie-Gynécologie 15
34-605-A-10 ¶ Hystérosalpingographie et cathétérisme sélectif des trompes

Figure 40. (Suite) Salpingographie sélective gauche. Bouchon muqueux.


C. La sonde précourbée est amenée à l’ostium de la trompe gauche.
D. E. Injection tubaire sélective et opacification d’une trompe normale.
F. G. Passage péritonéal.

16 Radiodiagnostic - Urologie-Gynécologie
Hystérosalpingographie et cathétérisme sélectif des trompes ¶ 34-605-A-10

Figure 41. Salpingographie sélective bilatérale. Opacification de trompes normales avec passage péritonéal.

Figure 42.
A. B. Salpingographie sélective bilatérale : obstruction proximale bilatérale
organique.
C. Obstruction proximale bilatérale organique : ligature tubaire bilatérale.

Radiodiagnostic - Urologie-Gynécologie 17
34-605-A-10 ¶ Hystérosalpingographie et cathétérisme sélectif des trompes

pli inflammatoire de la muqueuse utérine dans la portion


interstitielle tubaire. Elle se traduit en hystérographie par une
image arrondie ovalaire à bords réguliers, siégeant à la jonction
des deux muqueuses tubaire et utérine au début de la portion
interstitielle de la trompe (Fig. 51, 52).
Spasme tubaire. Il représente à la fois le diagnostic différentiel
principal des lésions de la portion interstitielle. Fréquent, il
correspond à une contraction réversible de la jonction utérotu-
baire et constitue un piège diagnostique classique. Quelques
précautions simples avant et au cours de l’examen permettent
de l’éviter : utilisation de produit de contraste très fluide,
injection douce et progressive, mise en confiance de la patiente.
Il se lève spontanément en général grâce à la patience, la faible
pression d’injection, éventuellement l’utilisation d’antispasmo-
diques. En cas de spasme tubaire, la corne apparaît arrondie et
globuleuse contrairement à l’aspect spiculaire et pointu observé
en cas d’obstacle organique (Fig. 53). La salpingographie
sélective est en général inutile (Fig. 54).
Obstruction isthmique.
L’endométriose tubaire. L’atteinte tubaire est souvent bilaté-
rale, associée ou non à une endométriose ovarienne et
péritonéale. L’atteinte interstitielle correspond en fait à une
adénomyose de la corne utérine (Fig. 55). Ces invaginations
endométriales dans le myomètre péri-interstitiel sont souvent
Figure 43. Salpingographie sélective droite. Obstruction isthmique
avec opacification partielle de la trompe. hormonodépendantes comme peut le montrer l’IRM par un
hypersignal sur les séquences pondérées T1. L’atteinte de la
portion isthmique, se traduit par une rigidité tubaire avec des
cette accumulation et la création d’un bouchon muqueux. Ces diverticules (Fig. 56), le plus fréquemment l’obstruction tubaire
sécrétions sont facilement expulsées dans le péritoine lors de est complète. [24]
l’opacification sélective, les portions isthmiques et ampullaires Salpingite isthmique nodulaire. Entité « internationale » mal
étant normales. définie, il s’agit d’un syndrome se traduisant par la présence de
Polype de la jonction. Sa responsabilité dans l’hypofertilité est multiples images diverticulaires communiquant avec la lumière
discutée. Cette lésion volontiers bilatérale correspondrait à un tubaire isthmique et entraînant un renflement nodulaire

Figure 44. Recanalisation tubaire.


A. La sonde porteuse est progressivement introduite dans la cavité utérine et dirigée vers l’ostium (flèche).
B. Le guide est amené à l’ostium de la trompe gauche (double flèche).
C. Le guide est positionné à travers l’ostium dans la trompe : recanalisation tubaire (flèche).
D. Réussite de la recanalisation.
E. Opacification d’une trompe morphologiquement normale et passage péritonéal.
F. Brassage péritonéal.

18 Radiodiagnostic - Urologie-Gynécologie
Hystérosalpingographie et cathétérisme sélectif des trompes ¶ 34-605-A-10

Figure 45. Salpingographie normale.


A. B. Opacification bilatérale des différents segments tubaires.
C. D. Passage péritonéal bilatéral.
E. Opacification et « brassage péritonéal ».

Radiodiagnostic - Urologie-Gynécologie 19
34-605-A-10 ¶ Hystérosalpingographie et cathétérisme sélectif des trompes

Figure 46. Segment intramural situé dans l’épaisseur de la paroi utérine, il mesure environ 2 cm. Son origine est marquée par un léger renflement (A) (flèche)
dont la base est séparée de la corne utérine par un diaphragme prétubaire (B) (double flèche).

Figure 48. Segment ampullaire, s’élargissant progressivement. Notez


la visibilité des plis parallèles à l’axe de la trompe (flèche).

Figure 47. Segment isthmique.

Figure 49. Phimosis tubaire : trop bonne visualisation associée à une opacification ralentie des segments ampullaire et infundibulaire.
A. À droite.
B. À gauche.

20 Radiodiagnostic - Urologie-Gynécologie
Hystérosalpingographie et cathétérisme sélectif des trompes ¶ 34-605-A-10

Figure 50. Ovaire gauche moulé par le contraste dans la fossette


ovarienne gauche.

Figure 51. Polype obstructif de jonction droit : image arrondie ovalaire


externe de la trompe lié à une fibrose intramurale. Ces lésions à bords réguliers, siégeant à l’origine de la portion interstitielle de la
sont le plus souvent bilatérales et se situent surtout à l’origine trompe (flèche).
du segment isthmique, beaucoup plus rarement à la jonction
avec l’ampoule. L’étiopathogénie de cette affection est discutée.
Il semble que les images décrites puissent correspondre à
plusieurs étiologies : endométriose, tuberculose, lésions inflam- engainante. Elles sont constamment bilatérales, associant
matoires non spécifiques (postinfectieuse, post-chirurgicales…). sténoses obstructives médioampullaires bilatérales, fixées, et des
L’aspect hystérographique est relativement caractéristique, dilatations. Les plis muqueux d’abord épaissis, disparaissent. Il
associant de multiples images d’addition diverticulaires péri- peut exister des diverticules pariétaux. Les hydrosalpinx consé-
isthmiques volontiers regroupées en amas, dont la communica- cutifs sont fréquents. L’atteinte de l’isthme entraîne une
tion avec la lumière tubaire est rarement individualisable [24] déformation et une rigidité pariétale avec un aspect monili-
(Fig. 57). Des localisations plus distales sont possibles et forme (Fig. 58).
l’opacification tubaire distale dépend du degré d’obstruction Tumeurs de la trompe. Elles sont exceptionnelles, qu’il s’agisse
isthmique. de tumeurs bénignes (léiomyomes, kystes embryonnaires) ou
Tuberculose génitale. C’est une affection rare touchant la malignes. Les tumeurs malignes primitives touchent surtout la
femme jeune et pouvant être responsable d’hypofertilité. femme en péri- et post-ménopause. Radiologiquement, la lésion
L’hystérographie est proscrite en période évolutive connue est souvent distale et se présente comme un hydrosalpinx
d’une tuberculose ou suspectée. Les lésions subissent l’évolution lacunaire et hétérogène, lié à la présence du bourgeon tumo-
classique de la tuberculose avec nécrose caséeuse puis fibrose ral [24] (Fig. 59).

Figure 52.
A. Utérus bicavitaire. Polype muqueux intracavitaire obstructif droit. Le fond de la cavité
droite a été opacifié par cathétérisme sélectif.
B. IRM : même patiente, séquence en pondération T2 parallèle au plan de la cavité
utérine. Polype muqueux en hypersignal (flèche).

Radiodiagnostic - Urologie-Gynécologie 21
34-605-A-10 ¶ Hystérosalpingographie et cathétérisme sélectif des trompes

Figure 52. (Suite)


C, D, E. Autre patiente.
C. Hystérographie : polype jonctionnel obstructif gauche.
D. IRM. Séquence en pondération T2 dans le plan utérin. Hypersignal
du polype jonctionnel gauche (flèche).
E. Salpingographie sélective gauche. Opacification d’une trompe nor-
male en aval.

Figure 53.
A, B. Spasme tubaire : la corne apparaît arrondie et globuleuse (flèches) contrairement à l’aspect spiculaire et pointu observé en cas d’obstacle organique.

22 Radiodiagnostic - Urologie-Gynécologie
Hystérosalpingographie et cathétérisme sélectif des trompes ¶ 34-605-A-10

Figure 54.
A, B. Utérus bicavitaire, obstruction tubaire proximale bilatérale, aspect arrondi et globuleux des cornes utérines : bonne indication de salpingographie
sélective.
C. D. Salpingographie sélective bilatérale.
E. F. Obstruction tubaire proximale bilatérale, aspect effilé des cornes utérines en faveur d’un obstacle organique : mauvaise indication de salpingographie
sélective.

Figure 55. Adénomyose de la corne utérine droite.


A. Hystérosalpingographie : nombreuses images d’addition en regard de la
corne utérine droite et du bord utérin droit.
B. IRM : même patiente, séquence coronale en pondération T2. Adénomyome
de la corne utérine droite et du bord utérin droit : zone d’hyposignal en
continuité avec la zone jonctionnelle (flèche).

Radiodiagnostic - Urologie-Gynécologie 23
34-605-A-10 ¶ Hystérosalpingographie et cathétérisme sélectif des trompes

Figure 57. Salpingite isthmique noueuse : images d’addition diverticu-


laires et obstruction isthmique complète.

faire discuter une cœlioscopie d’emblée. L’aspect hystérographi-


que est relativement caractéristique, se traduisant par une
dilatation des segments ampullaire et infundibulaire s’accen-
tuant progressivement lors de la réplétion. Les plis tubaires sont
mal visibles ou totalement effacés (Fig. 60, 61). Le passage
péritonéal ne doit pas être provoqué en raison du risque
infectieux.
Phimosis tubaire à l’ostium péritonéal. Il correspond à un
rétrécissement de l’extrémité ampullaire laissant passer de
façon très lente le produit de contraste. Le passage péritonéal
n’est souvent visible que sur les clichés tardifs (Fig. 62, 63).
Son origine infectieuse ou endométriosique est la plus
fréquente.
Adhérences péritubaires. Elles sont en général en rapport avec
une endométriose péritonéale ou des séquelles infectieuses
(ascendante ou postopératoire). Elles sont suspectées devant une
trompe figée ou la stagnation péri-infundibulaire du produit de
contraste (Fig. 64).

Cathétérisme tubaire sélectif


Il est possible dans 71 à 96 % des cas. [10, 18, 25, 26] Les échecs
sont dus à certaines malpositions utérines (rétroversion fixée en
particulier), aux polypes bilatéraux de la jonction tubaire, aux
polypes fibreux volumineux, aux synéchies utérines, aux
sténoses infranchissables de l’endocol. [27] Certaines morpholo-
gies particulières de la cavité utérine et des ostia ne peuvent être
Figure 56. Endométriose tubaire : atteinte de la portion isthmique. vaincues que si l’on dispose de sondes de diverses courbures, en
A. Rigidité tubaire. particulier pour les trompes dites « erecta », c’est-à-dire verticales
B. Rigidité tubaire, image « en parasol » (endométriome ovarien et adhé- qui nécessitent des sondes presque droites. Dans 70 % des cas,
rences). la simple opacification tubaire sous injection manuelle permet
C. Diverticules tubaires, adénomyose utérine, obstruction tubaire bilaté- d’obtenir un passage péritonéal. [28] Ce taux élevé de trompes
rale complète. opacifiées d’emblée lors de l’injection sélective alors que les
trompes n’étaient pas vues sur l’hystérographie standard peut en
partie s’expliquer soit par le fait que ces trompes n’étaient pas
Obstruction distale (ampoule et ostium péritonéal). Elle est anatomiquement occluses mais que la réplétion cavitaire n’était
souvent associée aux précédentes ; elle ne fait pas partie du pas suffisante pour obtenir un passage tubaire, soit qu’il
cadre actuel du cathétérisme tubaire. Il s’agit habituellement de s’agissait d’une occlusion par « bouchon muqueux ». Le simple
séquelles d’infection tubaire. fait de cathétériser sélectivement la trompe et d’injecter avec
Hydrosalpinx. Ses étiologies sont multiples, mais il correspond une pression suffisante suffit à l’opacifier et obtenir le passage
le plus souvent à une séquelle d’infection tubaire. La découverte péritonéal.
d’un hydrosalpinx dans le cadre d’un bilan d’infertilité doit Deux types d’obstruction doivent être distingués.

24 Radiodiagnostic - Urologie-Gynécologie
Hystérosalpingographie et cathétérisme sélectif des trompes ¶ 34-605-A-10

Figure 58. Tuberculose génitale. Synéchie partielle de la cavité utérine. Obstruction tubaire bilatérale fixée et dilatation d’amont. Diverticules pariétaux à
droite.

Figure 59. Tumeur primitive maligne de la trompe. Hydrosalpinx lacunaire (A) et hétérogène (B) lié à la présence du bourgeon tumoral particulièrement
bien individualisé sur le cliché tardif.

Figure 60. Salpinx bilatéral.


A. Hystérographie.
B. IRM : même patiente, séquence sagittale en pondération T2. Aspect caracté-
ristique : distension bilatérale des segments ampullaires, effacement des plis. Pas
de passage péritonéal.

Radiodiagnostic - Urologie-Gynécologie 25
34-605-A-10 ¶ Hystérosalpingographie et cathétérisme sélectif des trompes

Figure 61. Salpinx gauche. Distension du segment ampullaire, effacement des plis. Le produit de contraste se dilue dans le salpinx. Le passage péritonéal
ne doit pas être recherché.

Figure 62. Phimosis tubaire bilatéral. Passage péritonéal retardé bilatéral et légère distension ampullo-infundibulaire (flèche).

Figure 63. Phimosis tubaire bilatéral.


A. Opacification tubaire bilatérale.
B. Opacification tubaire persistante sur les clichés tardifs et passage retardé très faible à gauche (flèche).

26 Radiodiagnostic - Urologie-Gynécologie
Hystérosalpingographie et cathétérisme sélectif des trompes ¶ 34-605-A-10

■ Complications
de la salpingographie sélective
et de la recanalisation
Globalement, le taux des complications est très faible et la
mortalité est nulle en cumulant l’ensemble des séries. Les
complications majeures théoriques sont les suivantes.
Perforation tubaire : de 2,5 à 4 % selon les séries. [10, 26] De
petites érosions de la paroi tubaire peuvent se produire lors des
recanalisations difficiles. Elles n’ont en général pas de traduc-
tion clinique mais l’utilisation des guides doit être très douce et
réalisée par un opérateur entraîné à la radiologie inter-
ventionnelle.
Les complications infectieuses, conséquences d’une dissémi-
nation péritonéale à partir d’un salpinx réveillé sont en principe
prévenues par l’antibiothérapie à large spectre prescrite à type
prophylactique encadrant l’acte interventionnel ou l’hystéro-
graphie préliminaire pour infertilité.
Des complications mineures sont possibles, mais rares :
Figure 64. Cliché tardif. Adhérences péritubaires gauche. Trompe saignement, ils sont banals à condition d’être de faible abon-
figée. dance et de courte durée (24 à 48 h). Lors de recanalisations
réussies ou lors de procédures difficiles qui nécessitent une
mobilisation utérine et un temps d’examen un peu plus long,
Les obstructions proximales courtes isolées : la recanalisation des douleurs abdominales et pelviennes peuvent survenir. Elles
n’intéresse que la portion interstitielle de la trompe sur un court peuvent être prévenues et/ou traitées par antispasmodiques et
segment. Les portions isthmiques et ampullaires sont normales éventuellement anti-inflammatoires. [18, 28]
et le brassage péritonéal est normal. Le pronostic est excellent. Les passages vasculaires peuvent survenir lorsque la pression
Les sténoses irrégulières isthmiques sur endométriose tubaire, d’injection est trop forte. Ils n’ont aucune incidence avec les
salpingite isthmique nodulaire ou séquelles infectieuses avec produits de contraste actuellement utilisés.
adhérences tubaires et péritubaires : dans ces cas, l’opacification L’irradiation gonadique [35, 36, 37] est à prendre en compte,
est irrégulière et la portion ampullaire apparaît fixée et rigide surtout dans le cadre d’un bilan d’hypofertilité. Pour que
avec effacement des plis. Le passage péritonéal est faible et l’irradiation soit minimale, certaines règles doivent être obser-
retardé, voire absent. Le pronostic fonctionnel est complexe et vées :
incertain. La recanalisation tubaire est réalisable dans 50 % des • réduire le temps d’exposition et la quantité de la dose
cas. [18] À 1 an, le risque de réocclusion après recanalisation est (adaptation des paramètres techniques) ;
de 50 %. [18] • utiliser une scopie de haute résolution avec focalisation ;
Dans les suites d’une recanalisation tubaire réussie, le taux de • éviter les clichés de contrôle inutiles ;
grossesse varie entre 7 et 48 % selon les séries. [9-11, 25, 26, 29, • utiliser les agrandissements seulement si nécessaire, car la
30-32] Il est significativement supérieur à celui de patientes
dose est alors plus importante.
n’ayant pas bénéficié de salpingographie sélective [27], ce qui est La dose d’irradiation délivrée lors d’une recanalisation semble
en faveur de la théorie du bouchon muqueux dans la genèse de la même que celle délivrée à l’utérus lors d’une urographie
l’infertilité d’origine tubaire. Le taux moyen de grossesse dans intraveineuse ; elle est inférieure à celle délivrée lors d’un
la littérature est de l’ordre de 25-30 %, ce qui est proche de la lavement baryté.
fécondité naturelle pour un couple normal. Il reste supérieur au
taux de grossesse obtenue par fécondation in vitro (FIV) ou
microchirurgie tubaire. [26] La grossesse survient en général dans
les 6 mois suivant la procédure. [7] Si la grossesse n’a pas lieu
■ Conclusion
une réocclusion doit être évoquée (30 % selon la littérature). [33] La salpingographie sélective avec ou sans recanalisation est
Le taux de grossesse extra-utérine (GEU) est intimement lié à une technique simple dans des mains entraînées, qui comporte
l’étendue et la localisation des lésions tubaires. En cas d’obs- peu de complications. Elle permet dans plus de 80 % des cas
truction proximale, le taux de GEU est pratiquement le même d’hypofertilité d’origine tubaire avec trompes non vues à
que celui des femmes ne présentant pas d’anomalie tubaire. Il l’hystérographie, d’obtenir au moins une trompe perméable. Elle
varie selon les séries entre 0 et 9 %. [10, 25, 26, 31] En revanche, doit donc être proposée en première intention, avant les
en cas de trompes pathologiques, au niveau isthmique ou techniques lourdes de microchirurgie tubaire et de procréation
ampullaire, ce taux est nettement supérieur, de l’ordre de médicale assistée, qui de toute façon restent possibles en cas
15 %. [28] d’hypofertilité persistante après salpingographie sélective. Elle se
Le moment respectif de l’hystérosalpingographie avec (ou place naturellement avant la cœlioscopie qu’elle ne peut
sans) cathétérisme tubaire associé et de la laparoscopie dans la évidemment remplacer. Elle est le simple prolongement d’une
prise en charge des pathologies tubaires n’est pas clairement hystérographie de qualité réalisée pour bilan de stérilité quand
défini. En fait, ces deux techniques sont complémentaires [32], la les trompes ne sont pas opacifiées. Elle ouvre également la voie
salpingographie sélective semblant indispensable en cas de à d’autres applications comme les prélèvements tubaires in situ,
pathologie proximale tandis que la laparoscopie est sans égal en l’injection locale d’antibiotique ou d’antimitotique pour le
cas de pathologie distale. Le taux de recanalisation réussie passe traitement des grossesses tubaires ou de certains cancers
en effet de 96 % en cas de lésion proximale à 46 % en cas de ovariens, la stérilisation tubaire par voie endo-utérine.
lésion distale. [25] Hystérosalpingographie et salpingographie
sélective pourraient être proposées de première intention,
permettant d’obtenir un nombre de grossesses non négligeable
dans les suites. Il s’agit en effet d’un examen relativement ■ Références
simple et peu agressif. En cas d’échec ou de pathologie tubaire [1] Juras J, Lipski M. Imaging in tubal infertility. Rev Prat 2002;52:
plus distale, une évaluation laparoscopique est évidemment 1768-74.
nécessaire, mais celle-ci bénéficie alors des informations de [2] Leroy JL. Les stérilité tubo-péritonéales. In: Ardaens Y, Cornud F,
l’hystérographie. Elle peut devenir alors thérapeutique et non editors. Imagerie et infertilité du couple. Paris: Masson; 1998.
pas simplement diagnostique. [18, 34] p. 129-30.

Radiodiagnostic - Urologie-Gynécologie 27
34-605-A-10 ¶ Hystérosalpingographie et cathétérisme sélectif des trompes

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48:437-40. Fertil Steril 1997;67:401-3.

M. De Graef, Praticien temps plein (jp.rouanet@languedoc-mutualite.fr).


Imagerie médicale, CMC Beau Soleil, 119, avenue de Lodève, 34000 Montpellier, France.
V. Juhan, Praticien hospitalier.
Service de radiologie, Hôpital de la Timone, 246, rue Saint-Pierre, 13005 Marseille, France.
Z. Kassem, interne DIS.
R. Guillon, Praticien temps plein.
J. Villeval, Chef de clinique-assistant des Hôpitaux.
Imagerie médicale, CMC Beau Soleil, 119, avenue de Lodève, 34000 Montpellier, France.
A. Maubon, Professeur des Universités.
Imagerie médicale, CHU Dupuytren, 2, avenue Martin-Luther-King, 87000 Limoges, France.
J.-P. Rouanet, Professeur des Universités.
Imagerie médicale, CMC Beau Soleil, 119, avenue de Lodève, 34000 Montpellier, France.

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28 Radiodiagnostic - Urologie-Gynécologie
¶ 34-625-D-10

Imagerie dans l’étude des métastases


ganglionnaires des tumeurs
génito-urinaires pelviennes de l’adulte
C. Roy, S. Tetekpor, M.-F. Bellin

La détection des adénopathies métastatiques est un point fondamental dans le bilan de la maladie
cancéreuse, car leur présence transforme une maladie locale, potentiellement accessible à un traitement
curateur, en une maladie générale de sombre pronostic. Les techniques d’imagerie sont multiples, mais
l’examen tomodensitométrique est le plus utilisé. Le diagnostic d’adénopathie est parfois facile. Il est basé
sur le critère de taille et parfois de structure. L’imagerie par résonance magnétique a les mêmes critères
diagnostiques, mais elle permet le diagnostic de fibrose stable séquellaire. La tomographie par émission
de positons couplée au scanner associe l’imagerie morphologique à l’imagerie fonctionnelle et améliore la
sensibilité en fonction du type tumoral étudié. Quelle que soit la taille, le diagnostic de nature n’est pas du
ressort de l’imagerie. Les ponctions-biopsies guidées par imagerie ont une excellente rentabilité pour une
iatrogénie faible. Nécessitant un opérateur entraîné, cette technique n’est pas accessible dans tous les
centres. La tomographie par émission de positons couplée au scanner est l’examen de suivi pour évaluer
la réponse thérapeutique.
© 2006 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Mots clés : Oncologie ; Tomodensitométrie ; Imagerie par résonance magnétique ; Adénopathie ;


Métastase ganglionnaire ; tumeur génito-urinaire pelvienne

Plan transforme une maladie locale en une affection avancée géné-


rale, de sombre pronostic. Elle modifie l’attitude thérapeutique,
¶ Introduction 1
rendant illusoire toute intervention chirurgicale curative, et
impose une approche médicale et/ou radiothérapique palliative.
¶ Rappel anatomique 1 Parmi les méthodes d’imagerie disponibles pour rechercher
Généralités 1 une extension ganglionnaire, la tomodensitométrie (TDM)
Lymphatiques de la cavité pelvienne et du rétropéritoine 2 hélicoïdale est la technique la plus couramment utilisée car elle
Différentes voies de drainage des organes pelviens 3
cumule efficacité et facilité d’accès. Il est généralement admis
Lymphographie bipédieuse 5
que les performances de la TDM et de l’imagerie par résonance
¶ Méthodes d’imagerie 5 magnétique (IRM) sont voisines pour la détection des adénopa-
Imagerie en coupes TDM et IRM 5 thies, avec un critère sémiologique identique, à savoir un
Échographie 11 élargissement des ganglions. Elles ont une sensibilité faible et
Ponctions guidées par imagerie 13 une meilleure spécificité. Le développement d’agent de
Tomographie par émission de positons 14 contraste dédié au système lymphatique en IRM devrait permet-
Imagerie dans le suivi thérapeutique 14 tre dans un avenir proche une amélioration de ses performan-
¶ Particularités par organes 15 ces. L’imagerie a plusieurs objectifs : détecter la présence d’une
Vessie et urètre 15 atteinte du système lymphatique, évaluer son extension, guider
Prostate 16 une éventuelle ponction percutanée et contrôler la réponse à la
Pénis 17 thérapeutique proposée.
Testicule 17
Organes génitaux féminins 18
■ Rappel anatomique
Généralités [1]
■ Introduction
Les conduits lymphatiques naissent comme les vaisseaux
La diffusion métastatique lymphatique des néoplasmes sanguins à partir d’éléments mésodermiques splanchnopleuraux.
génito-urinaires pelviens est très fréquente. Classiquement, elle Ils n’apparaissent qu’à la cinquième semaine sous forme de sacs
se fait de proche en proche après un premier relais ganglion- lymphatiques jugulaires qui drainent un liquide provenant des
naire dans le groupe sous-veineux de la chaîne iliaque externe, vaisseaux lymphatiques des membres supérieurs, de la partie
en suivant les chaînes ganglionnaires pelviennes pour atteindre supérieure du tronc, ainsi que ceux de la tête et du cou. Au
le rétropéritoine. Mais elle peut aussi sauter certains relais cours de la sixième semaine, quatre sacs lymphatiques supplé-
ganglionnaires. Quelle qu’en soit l’importance, sa présence mentaires se constituent pour collecter la lymphe du tronc et

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V A 3 6
1

6 V A

2 4
5

5 3
d
a
4
c
1 b
e a'

Figure 2. Schéma en plan axial des chaînes ganglionnaires rétropérito-


Figure 1. Schéma en vue oblique de la répartition des chaînes ganglion- néales. A : aorte ; V : veine cave inférieure ; 1. ganglion interaorticocave ;
naires pelviennes autour des vaisseaux. A : aorte et branches de division ; 2. ganglion latérocave ; 3. ganglion précave ; 4. ganglion rétrocave ;
V : veines iliaques et veine cave inférieure ; 1. chaîne iliaque externe : 5. ganglion latéroaortique ; 6. ganglion préaortique.
a. groupe externe ou latéral ; b. groupe moyen ou intermédiaire ;
c. groupe interne ou médial ou « sous-rétro-veineux » ; d. ganglion
« sous-veineux » (ganglion de Leveuf et Godard) ; e. ganglion rétrocrural
profonds se situent le long de la veine fémorale commune. Les
interne (ganglion de Cloquet) ; 2. chaîne iliaque interne ou hypogastri-
canaux efférents de la chaîne inguinale profonde se jettent dans
que : a’. ganglion obturateur (autour du pédicule obturateur) ; 3. chaîne
le groupe interne des ganglions iliaques externes. Le ligament
iliaque primitive ; 4. chaîne sacrée latérale ; 5. ganglion du promontoire ;
fémoral et les vaisseaux épigastriques séparent le groupe
inguinal profond de la chaîne interne du groupe iliaque
6. chaînes rétropéritonéales avec le groupe précave, préaortique et laté-
externe.
roaortique.
Ganglions iliaques externes
des membres inférieurs. Il s’agit du sac lymphatique rétropéri- Ils sont regroupés autour des vaisseaux homonymes. Ils se
tonéal, avec la citerne du chyle, et de la paire des sacs lympha- situent contre la paroi externe de la cavité pelvienne, longeant
tiques postérieurs, associés aux jonctions des veines iliaques le détroit supérieur. Ils reçoivent le drainage lymphatique des
internes et externes. Ils se jettent dans deux canaux volumineux ganglions inguinaux.
paravertébraux appelés troncs lombaires qui constitueront les Il y a trois groupes définis par leur position autour des
branches d’origine du canal thoracique. vaisseaux homonymes.
Les ganglions lymphatiques sont de petites structures princi- Le groupe externe ou latéral se situe en avant et en dehors de
palement constituées de lymphocytes et de cellules réticulaires, l’artère, contre le bord interne du muscle psoas. Le ganglion le
répartis sur le trajet des vaisseaux lymphatiques. De configura- plus bas situé est localisé juste en arrière de l’arcade crurale. Ce
tion réniforme, ils mesurent de 5 à 20 mm de grand axe ganglion, appelé ganglion rétrocrural externe, est le plus
longitudinal avec sur le côté une encoche, appelée hile, où les volumineux. Il reçoit les lymphatiques du membre inférieur.
vaisseaux sanguins pénètrent et où les vaisseaux lymphatiques Le groupe moyen ou intermédiaire est situé en dedans de l’artère
efférents quittent le ganglion. Les vaisseaux lymphatiques et en avant de la veine, dans l’angle artérioveineux. Un gan-
afférents, répartis sur toute la périphérie, pénètrent dans le glion plus volumineux est habituel à hauteur de la bifurcation
ganglion en traversant la capsule. Leur rôle est de limiter iliaque.
l’extension des infections en filtrant et détruisant les bactéries Le groupe interne ou médial (appelé « sous-veineux ») est
transportées par la lymphe. Les cellules cancéreuses pénétrant postérieur, en arrière de la veine. Ce groupe interne de la chaîne
dans la lymphe sont également filtrées dans les ganglions iliaque externe est le plus développé. On lui donne volontiers à
lymphatiques régionaux mais, à la différence des bactéries, elles tort le nom de chaîne obturatrice, car les ganglions sont alignés
y survivent et y prolifèrent. Ensuite, des cellules cancéreuses contre la paroi pelvienne dans l’interstice séparant le nerf
ayant envahi le sinus sont soit transportées par le canal obturateur de la veine iliaque externe. Le ganglion rétrocrural
lymphatique efférent et colonisent le ganglion suivant de la interne ou ganglion de Cloquet, volumineux, proche de l’orifice
voie du drainage lymphatique, soit peuvent rejoindre le courant profond du canal inguinal constitue le premier relais inférieur
sanguin pour créer des foyers métastatiques viscéraux. de cette chaîne. Un autre volumineux ganglion est disposé plus
haut dans l’interstice entre la veine iliaque externe et le nerf
Lymphatiques de la cavité pelvienne obturateur, à proximité de la terminaison du pédicule vasculaire
et du rétropéritoine (Fig. 1, 2) [2, 3] iliaque externe. Il s’agit du ganglion de Leveuf et Godard (ou
improprement ganglion obturateur, ou encore rétrovasculaire
Les ganglions iliopelviens, comme tous les ganglions lym- « sous-veineux »). C’est le premier relais ganglionnaire des
phatiques de l’organisme, sont extrêmement variables. organes pelviens. Sur une coupe TDM passant immédiatement
L’ensemble des voies lymphatiques entoure les vaisseaux au-dessus du toit des cotyles, il est localisé juste en arrière de la
iliaques. L’identification précise des groupes ganglionnaires est veine iliaque externe. Il peut s’agir d’un ganglion unique ou
difficile autour des bifurcations et des confluences vasculaires. d’un groupement de multiples petits ganglions.

Ganglions inguinaux Ganglions iliaques internes (ou hypogastriques)


Ils sont divisés en un groupe superficiel et un groupe pro- Les voies lymphatiques iliaques internes reçoivent le drainage
fond. Les ganglions inguinaux superficiels se situent dans le des viscères pelviens. Les ganglions iliaques internes sont
tissu sous-cutané en avant du ligament fémoral et de la veine disposés dans les interstices de l’arborisation de l’artère iliaque
saphène interne. Plus volumineux à hauteur de la bifurcation interne et de ces différentes branches viscérales. Ils sont
veineuse, ils drainent le périnée. Les ganglions inguinaux difficiles à systématiser. Ils sont petits et peu nombreux. Ils

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Tableau 1.
Différentes voies de dissémination ganglionnaires métastatiques des cancers génito-urinaires pelviens.
Voies de dissémination habituelles Voies de dissémination inhabituelles
Voie extrapelvienne Voie extrapelvienne
le long des vaisseaux gonadiques, ovaire, testicule mésentère ovaire, testicule, prostate
rétropéritoine
inguinale superficielle vulve, pénis, vagin (tiers inférieur) mésosigmoïde, mésorectum prostate, utérus (col), ovaire
Voie intrapelvienne
antérieure vessie (face antérieure)
externe vessie, prostate, vagin (deux tiers crête iliaque (postérieur) prostate, ovaire
supérieurs), utérus (col), utérus
(corps), ovaire
interne la plupart des organes pelviens diaphragmatique inférieure ovaire
présacrée prostate, utérus (col)

Figure 3. Coupes de la cavité pelvienne plan axial, imagerie par résonance magnétique, séquences pondérées en T1.
A. Niveau supérieur, passant par la partie supérieure de la cavité pelvienne, à proximité du promontoire. La coupe met en évidence la fossette lombosacrée
(cercle). Les ganglions sont situés entre la face externe du psoas et la face externe du pédicule iliaque primitif. Présence d’un ganglion iliaque commun externe
ou latéral (flèche). 1. Veine lombaire ascendante avec en dehors la veine iliaque commune ; 2. uretère ; 3. plexus lombosacré contre la face antérieure du
sacrum.
B. Niveau moyen, passant par la grande échancrure sciatique et le toit du cotyle. Les ganglions prédominent en arrière du pédicule iliaque externe (flèche) et
sont bien visibles à ce niveau car ils sont dans un environnement graisseux entre les pédicules vasculaires iliaques. a. Ganglion obturateur contre le muscle
obturateur de la chaîne iliaque interne, ici symétrique ; b. uretère ; c. ganglion périrectal droit ; 1. pédicule iliaque externe ; 2. pédicule iliaque interne.
C. Niveau inférieur, passant par le bord supérieur de la symphyse pubienne. Les ganglions inguinaux sont bien visibles. 1. pédicule vasculaire fémoral commun ;
ganglions inguinaux superficiels (flèche).

drainent les collecteurs viscéraux qui vont ensuite aboutir vers Lymphatiques du rétropéritoine
les ganglions du groupe interne de la chaîne iliaque externe ou
directement dans les ganglions iliaques primitifs. Ils drainent Les voies lymphatiques iliaques communes droite et gauche
également les ganglions fessiers supérieurs et du groupe sacré. se rejoignent et le drainage de tous ces groupes ganglionnaires
Ce dernier est constitué de ganglions satellites des vaisseaux se fait vers les ganglions rétropéritonéaux. Ils sont très nom-
sacrés latéraux dans la région du premier trou sacré antérieur. Ils breux et regroupés autour de l’aorte et de la veine cave infé-
drainent accessoirement les viscères pelviens et les parties rieure. Ils sont divisés autour de l’aorte en quatre groupes
profondes de la fesse. principaux : préaortique, latéroaortique gauche, latéroaortique
droit ou interaorticocave, et rétroaortique. Ils sont également
Ganglions iliaques primitifs (ou iliaques présents autour de la veine cave inférieure, formant un groupe
communs) préveineux, latéroveineux droit et rétroveineux.
Les voies lymphatiques iliaques externes, internes et présacrée Les ganglions rétropéritonéaux reçoivent en plus les vais-
se rejoignent pour constituer les voies lymphatiques iliaques seaux efférents des lymphatiques du testicule ou de l’ovaire,
communes. Elles se divisent également en trois groupes disposés ceux du rein et de la surrénale du côté correspondant, ainsi que
autour des vaisseaux homonymes. de nombreux vaisseaux lymphatiques de la partie postérieure
Le groupe externe comprend de un à trois ganglions répartis du foie et de la paroi abdominale postérieure. La lymphe
entre le bord externe de l’artère iliaque primitive et le bord provenant de tous ces ganglions aboutit dans des plexus
interne du muscle psoas. C’est une extension de son homo- périvasculaires d’où partent des canaux lymphatiques vers le
nyme de la chaîne iliaque externe.
canal thoracique.
Le groupe moyen est rétrovasculaire, à hauteur de la fossette
lombosacrée, dans son espace délimité en avant par les vais-
seaux iliaques communs, le muscle psoas en dehors, le corps
vertébral et l’aileron sacré en postéro-inférieur.
Différentes voies de drainage des organes
Le groupe interne est situé devant le promontoire, entre le bord pelviens (Tableau 1)(Fig. 2–4)
latéral de L5 et le bord interne du psoas. Il reçoit des collecteurs
provenant des ganglions iliaques internes. Il s’unit aux gan- L’extension lymphatique des tumeurs génito-urinaires de la
glions homonymes controlatéraux, dans l’angle de la bifurca- cavité pelvienne suit le plus souvent les voies intrapelviennes.
tion de l’aorte, pour former le groupe des ganglions du Il existe d’autres voies moins courantes. Chaque localisation
promontoire. tumorale a en plus des particularités d’extension.

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Figure 4. Différents aspects et autres localisations normales, plan axial, imagerie par résonance magnétique, séquences pondérées en T1.
A. Niveau supérieur. Ganglion du groupe moyen de la chaîne iliaque externe gauche en involution graisseuse avec centre en hypersignal (flèche) ; ganglion
de la chaîne sacrée latérale droite contre le muscle piriforme (tête de flèche).
B. Niveau moyen. Ganglion obturateur contre le muscle obturateur avec son pédicule vasculaire (chaîne iliaque interne) (flèche).
C. Niveau inférieur. Chaîne obturatrice avec son pédicule vasculaire dans le canal sous-pubien (flèche).

Voies de dissémination ganglionnaire habituelles Voie mésentérique


Voie intrapelvienne Une dissémination péritonéale avec des dépôts dans la
séreuse de l’intestin grêle s’observe dans les cancers de l’ovaire.
C’est la voie d’extension classique et courante des tumeurs L’atteinte de la racine du mésentère qui est attachée au rétro-
des organes pelviens. Elle se divise en quatre trajets pelviens : péritoine est plus rare.
un trajet antérieur, un trajet externe, un trajet iliaque interne et
enfin un trajet présacré. Voies du mésosigmoïde et du mésorectum
Le trajet antérieur suit l’artère ombilicale oblitérée jusqu’aux C’est la voie classique d’extension des cancers du rectum et
ganglions de l’origine des vaisseaux iliaques internes. du côlon sigmoïde. Le rectum et la prostate ont des voies de
Le trajet externe est la voie essentielle. Elle draine les lympha- drainage communes et, de plus, il peut exister une extension
tiques des organes pelviens vers la chaîne interne du groupe par contiguïté d’un cancer de la prostate. Les métastases d’un
iliaque externe et principalement le ganglion dit « rétrovascu- cancer de la prostate dans l’espace périrectal et le mésosigmoïde
laire sous-veineux ». Ensuite, de ce premier relais, il peut se ne sont pas exceptionnelles, même en l’absence d’extension
produire une extension descendante vers les chaînes moyenne directe objectivable. Les tumeurs du col utérin peuvent diffuser
et externe du groupe iliaque externe avant l’extension ascen- en arrière vers les lymphatiques périrectaux le long du ligament
dante vers la chaîne iliaque commune. utérosacré ou par extension vers l’espace présacré. Le cancer de
La voie iliaque interne draine les lymphatiques le long des l’ovaire avec atteinte du tube digestif peut s’étendre vers le
branches viscérales des vaisseaux hypogastriques vers les mésosigmoïde.
ganglions de la bifurcation iliaque et en particulier le ganglion
dit « rétrovasculaire sous-veineux ». Ensuite, ils rejoignent la Ganglions postérieurs de la crête iliaque
chaîne iliaque commune. Ces ganglions sont situés juste en avant, ou au-dessus de la
La voie présacrée est constituée d’un plexus lymphatique crête iliaque, ou en situation plus caudale dans la fosse iliaque.
antérieur au sacrum et au coccyx. Elle aboutit aux ganglions Ce site est plus fréquent dans les cancers de la prostate que pour
sacrés latéraux, puis dans la fossette lombosacrée (chaîne ceux du testicule ou des ovaires. Il pourrait s’agir d’une voie de
moyenne du groupe iliaque commun) et vers les ganglions du dérivation en cas de vaisseaux iliaques communs obstrués.
promontoire (chaîne interne du groupe iliaque commun).
Ganglions diaphragmatiques inférieurs
Voies extrapelviennes
Ils sont atteints dans les cancers de l’ovaire. Ils sont localisés
Voie rétropéritonéale, le long des vaisseaux gonadiques. en avant et en dehors des piliers du diaphragme. Ils se jettent à
Cette atteinte directe des ganglions rétropéritonéaux sans droite dans la veine cave inférieure et à gauche dans la veine
invasion de ceux du pelvis est le mode d’extension classique des rénale gauche.
cancers du testicule et de l’ovaire. Elle suit les vaisseaux
gonadiques pour aboutir à proximité des veines rénales ou de Localisations anatomiques sur l’imagerie
la veine cave inférieure. Parfois, cependant, des masses supplé- en coupes (Fig. 1, 3, 4)
mentaires sont identifiées le long des vaisseaux gonadiques. Au pelvis, il y a trois niveaux de coupes à explorer avec soin.
Elles correspondraient soit à des dépôts tumoraux dans des Le premier niveau est en regard de la partie moyenne de
ganglions non repérés anatomiquement, soit à l’agrégation de l’articulation sacro-iliaque. Les ganglions se situent le long de la
tissu lymphoïde le long des vaisseaux sanguins dans un face interne du muscle psoas et sont externes par rapport aux
contexte d’obstruction des voies lymphatiques. structures vasculaires. Cette coupe recherche également les
Voie inguinale superficielle. Le premier relais ganglionnaire ganglions situés sous la bifurcation aortique, où l’on ne doit
des tumeurs du périnée est le ganglion de la bifurcation entre trouver que quatre structures correspondant aux deux veines et
les veines saphène interne et fémorale. Les métastases ganglion- aux deux artères iliaques primitives. Le deuxième niveau de
naires de ce groupe gagnent ensuite les groupes inguinal coupe passe par le toit de cotyle. C’est une coupe d’analyse
profond et iliaque externe. facile, car les vaisseaux sont entourés d’une quantité suffisance
de graisse. Les ganglions du pédicule iliaque externe ainsi que
Voies de dissémination ganglionnaire
son ganglion du groupe interne « sous-veineux » y sont particu-
inhabituelles lièrement bien mis en évidence. Ce dernier est plaqué contre le
Elles sont soient isolées, soient associées à des voies de muscle obturateur interne. En revanche, les ganglions du
dérivation courantes. Elles s’observent dans le cadre de collaté- pédicule iliaque interne sont plus difficiles à individualiser des
rales développées après une obstruction sur la voie lymphatique ganglions présacrés. Enfin, le troisième niveau de coupe passe
classique (après chirurgie ou radiothérapie) ou en cas d’envahis- par la partie supérieure de la symphyse pubienne pour explorer
sement massif. Quatre voies sont possibles. les régions inguinales.

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Tableau 2.
Classification TNM. N : évaluation ganglionnaire générale.
N0 absence de métastase ganglionnaire
N1 métastases dans un seul ganglion dont le plus grand diamètre est
inférieur ou égal à 2 cm
N2 métastases dans un seul ganglion dont le plus grand diamètre est
supérieur à 2 cm mais inférieur ou égal à 5 cm ou multiples gan-
glions inférieurs ou égaux à 5 cm
N3 métastases dans un seul ganglion dont le plus grand diamètre est
supérieur à 5 cm

identiques en IRM. Le principal paramètre est la taille ; mais sa


sensibilité est modeste. Les performances de l’imagerie morpho-
logique en coupes sont donc insuffisantes. L’étape diagnostique
ultérieure est d’une part l’apport fonctionnel additionnel de la
tomographie par émission de positons (TEP) couplée à la TDM,
et d’autre part la réalisation de ponctions sous imagerie des
ganglions suspects.

Imagerie en coupes TDM et IRM


La TDM et l’IRM sont les deux méthodes d’imagerie non
invasives utilisées pour la détection d’une extension ganglion-
Figure 5. Lymphographie bipédieuse, vue oblique, 48 heures après naire. En routine, la TDM est la plus pratiquée. Elle permet de
opacification. Volumineuse lacune métastatique d’un cancer du col utérin faire un bilan exhaustif thoracique, abdominal, pelvien et
(flèches), située dans le groupe sous-veineux de la chaîne iliaque externe. cérébral de la maladie cancéreuse en quelques secondes d’apnée.
La résolution en contraste de l’IRM est supérieure. L’IRM est
plus performante pour le bilan d’extension locale du processus
Lymphographie bipédieuse [4-8] (Fig. 5) tumoral lui-même.

Il s’agissait de la première méthode d’imagerie utilisée. Elle Aspects techniques de la TDM


illustre l’anatomie du système lymphatique avec une opacifica-
L’examen est réalisé avant et après injection de produit de
tion lipiodolée des ganglions inguinaux superficiels, des
contraste intraveineux (de 90 à 100 ml, 3 ml/s, 300 mg d’iode
ganglions iliaques externes, de la chaîne iliaque primitive, puis
par millilitre) avec une épaisseur de coupe de 5 mm. Le
des chaînes lomboaortiques. Elle n’opacifie pas le groupe iliaque
contraste entre la densité tissulaire des ganglions et la graisse
interne, ni les ganglions viscéraux mésentériques et péripan-
rétropéritonéale ou pelvienne est excellent, sauf chez les
créatiques. Deux signes sont retenus pour le diagnostic d’enva-
patients très maigres. Les protocoles d’injection varient d’une
hissement ganglionnaire : le blocage lymphatique complet avec
équipe à l’autre. Un protocole multiphasique avec analyse en
circulation collatérale et la lacune marginale non traversée par
phase artérielle (retard de 40 secondes), veineuse (retard de 90
les lymphatiques. Il y a plusieurs causes de faux-positifs : une
à 120 secondes), puis tardive (retard de 3 à 7 minutes) reste la
sclérolipomatose sinusale, une lacune dystrophique et des
meilleure technique. C’est en phase tardive que la distinction
remaniements inflammatoires. Les limites sont de deux ordres,
entre ganglions pathologiques et vaisseaux tortueux ou circula-
d’une part la taille des métastases ganglionnaires (métastases
tion collatérale est optimale [12]. Un protocole monophasique
inférieures à 5 mm), et d’autre part l’absence occasionnelle
avec un retard de 60 secondes est suffisant pour un examen
d’opacification d’un ganglion ou d’un groupe ganglionnaire
grossier ou de suivi post-thérapeutique si le rétropéritoine et le
normal, le produit de contraste ayant sauté ce relais. Dans cette
pelvis présentent suffisamment de graisse. Chez un patient
circonstance, il est impossible de trancher avec une adénopathie
maigre, certains préconisent une injection préalable de 50 ml de
entièrement envahie ne captant pas le contraste. C’était un
contraste pour opacifier les structures veineuses 3 minutes avant
examen mini-invasif et techniquement difficile à réaliser dans
l’acquisition faite avec réinjection. Les reconstructions 2D MPR
certains cas. Il y a un risque de morbidité chez les patients
multiplanaires perpendiculaires et surtout obliques dans l’axe
ayant une insuffisance respiratoire sévère ou une allergie au
des vaisseaux pelviens permettent une meilleure représentation
produit de contraste iodé [6].
de l’étendue et du nombre des adénopathies. L’injection de
Sa sensibilité pour l’identification de métastases ganglionnai-
produit de contraste permet le diagnostic de nécrose tumorale.
res dans le rétropéritoine est de 74 % en moyenne, avec une
C’est un élément sémiologique important pour le diagnostic et
spécificité de 75 % et une efficacité globale qui varie de 62 à
le suivi post-thérapeutique.
89 % [8] . Les taux de faux-positifs et de faux-négatifs sont
respectivement de 59 et 36 % en comparant avec la dissection
Aspects techniques de l’IRM
chirurgicale. Elle conserve cependant par rapport aux autres
techniques d’imagerie actuelles l’avantage de permettre une Les classiques séquences pondérées en T1 et en T2 sont
analyse de l’architecture interne du ganglion. Malgré cela, elle préconisées dans le plan axial, mais également dans le plan
est pratiquement abandonnée dans la plupart des centres et frontal ou sagittal, voire sagittal oblique dans l’axe des vaisseaux
remplacée par l’imagerie en coupes. pelviens pour mieux dégager les aires ganglionnaires. L’IRM
dynamique avec injection de produit de contraste donne des
résultats identiques à ceux de la TDM injectée avec plusieurs
■ Méthodes d’imagerie [3, 9-11] acquisitions [13]. L’utilisation de la saturation de graisse en
séquence T1 ou T2 identifie avant injection la lipomatose
Devant une tumeur primitive localisée à un stade précoce, sinusale. Après injection de gadolinium, elle améliore la
accessible à un traitement curateur, le diagnostic d’un envahis- détection du rehaussement tissulaire.
sement ganglionnaire est fondamental car il modifie radicale- Les artefacts de flux produisent du signal intravasculaire,
ment le traitement selon la classification TNM (Tableau 2). source de confusion avec une adénopathie. L’artefact de flux par
L’imagerie ganglionnaire repose sur l’imagerie en coupes TDM/ phénomène d’entrée de coupe se modifie sur les coupes succes-
IRM. Le diagnostic d’adénopathies est facile. Les critères sives allant de l’hypersignal homogène à un anneau intense
sémiologiques ont été initialement définis en TDM. Ils sont circonscrivant la paroi. Il disparaît sur les plans de coupe

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Figure 6. Tomodensitométrie après injection de produit de contraste.


A. Multiples masses ganglionnaires (flèches) juste au-dessus des hiles rénaux avec atteinte mésentérique (tête de flèche) d’un cancer de l’ovaire.
B. Volumineuse masse ganglionnaire unique s’étendant dans la racine du mésentère autour des vaisseaux spléniques avec petite masse rétropéritonéale (tête
de flèche). Métastase d’un choriocarcinome testiculaire gauche.
C. Volumineuses masses nécrosées rétropéritonéales bilatérales à hauteur des hiles rénaux entourant les gros vaisseaux. Métastase d’un séminome testiculaire
gauche.
D. Volumineuse adénopathie iliaque externe droite nécrosée (flèche) et iliaque externe gauche solide (tête de flèche). Cancer de la vessie.

perpendiculaires. Les séquences de flux produisant soit un Il y a des variations en fonction des localisations pelvien-
hypersignal, soit un hyposignal intravasculaire sont parfois nes [21, 32]. La limite supérieure préconisée est de 9 mm pour la
utiles. Les clips métalliques chirurgicaux et surtout les prothèses chaîne iliaque commune, 8 mm pour les ganglions obturateurs
métalliques de hanche qui dégradent très fortement l’image iliaques internes, 7 mm pour les autres ganglions iliaques
TDM n’ont que de minimes artefacts dans la cavité pelvienne internes, 10 mm pour les ganglions internes de la chaîne iliaque
sur l’IRM. externe et 6 mm pour les ganglions inguinaux [8, 18]. Le diamè-
tre axial transverse maximal est plus rarement utilisé [13, 35],
Critères d’interprétation en TDM et IRM [3, 14-21] avec une valeur seuil de 9 mm à 10 mm.
(Fig. 6–8) L’asymétrique d’un ganglion de plus de 6 mm avec le côté
Les performances diagnostiques globales de l’IRM ne sont pas controlatéral a été décrite comme un argument en faveur d’une
meilleures que celles de la TDM. Ces deux méthodes utilisent le extension métastatique [13, 18, 27, 36]. Ce critère n’est pas retenu
même principal critère d’analyse, morphologique, basé sur la car il a été démontré en IRM que 5,6 % des ganglions normaux
taille, pour distinguer les ganglions des adénopathies. Le pelviens visibles compris entre 0,5 et 1 cm sont asymétri-
diagnostic d’adénopathie est évoqué devant une formation ques [28]. En pratique, la valeur « moyenne » de 10 mm est la
tissulaire supplémentaire autour des axes vasculaires. limite supérieure utilisée pour les ganglions rétropéritonéaux et
celle de 8 mm pour ceux de la cavité pelvienne.
Critère principal : la taille [22-30] (Tableau 3) Ce critère de taille ne permet pas de différencier une adéno-
Les ganglions normaux sont couramment visibles en routine. pathie inflammatoire d’une adénopathie métastatique, en
Le problème essentiel est de définir la taille limite au-delà de particulier en cas de petite lésion. Ceci s’observe avec les cancers
laquelle un ganglion est jugé pathologique. De multiples du col utérin, où la surinfection est fréquemment associée et
travaux ont porté sur cette notion, rapportant des chiffres responsable d’adénopathies inflammatoires de petite taille [16, 21,
37]. Ces faux-positifs sont cependant beaucoup plus rares que les
variables en raison de l’hétérogénéité des appareillages et des
protocoles. La valeur de référence est définie comme celle du faux-négatifs dus à un envahissement métastatique dans des
plus petit axe, pris perpendiculairement au grand axe dans le ganglions de taille normale ou encore à des micrométastases.
plan axial transverse ou diamètre minimal (ou petit diamètre) Le diagnostic est très facile devant des formations volumi-
axial transverse. C’est la dimension la moins dépendante de la neuses, multiples, étagées ou au contraire regroupées, formant
position oblique du ganglion dans la cavité pelvienne. La valeur une masse à contour externe polycyclique. Elle peut entraîner
seuil « moyenne » de consensus au-delà de laquelle le ganglion une compression veineuse, voire une thrombose. Il est plus rare
est considéré comme pathologique a été initialement de que l’ensemble de l’axe vasculaire soit refoulé. Lorsque la masse
1 cm [16, 31-34]. est très importante, il devient difficile de faire la part entre une

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Figure 8. Asymétrie des aires ganglionnaires : variantes. Imagerie par


résonance magnétique, plan axial, séquence pondérée en T1.
A. Niveau pelvien supérieur. Ganglion du groupe sous-veineux de la
chaîne iliaque externe gauche sous-veineux (ganglion de Leveuf et Go-
dard) (flèche), non visible à droite. Minime ganglion du groupe moyen de
la chaîne iliaque externe droite (tête de flèche).
B. Niveau pelvien moyen. Ganglion obturateur de la chaîne iliaque interne
(flèche). Minime ganglion du groupe sous-veineux de la chaîne iliaque
externe à droite (tête de flèche).

“ Point fort
Le critère sémiologique pour le diagnostic d’adénopathie
est identique en TDM et IRM, basé uniquement sur la
taille, avec une valeur seuil légèrement variable selon les
localisations anatomiques. Ces deux méthodes sont peu
sensibles mais plus spécifiques.

Figure 7. Tomodensitométrie après injection, petites adénopathies ré-


tropéritonéales et pelviennes.
axes perpendiculaires entre eux, soit grand diamètre axial
A. Petite masse interaorticocave (flèche) (en haut) et latéroaortique
transverse/petit diamètre axial transverse. La valeur seuil du
(flèche) (en bas). Le diagnostic différentiel est à ce niveau sur cette coupe
rapport est de 1,3. La fiabilité de ce rapport est satisfaisante si
isolée une duplication de la veine cave inférieure. Tératome du testicule
le plan de coupe est sagittal ou coronal oblique parallèle à l’axe
gauche.
des vaisseaux [18, 39], avec une sensibilité et une valeur prédictive
B. Petite adénopathie nécrosée interaorticocave (flèche) d’un choriocar-
positive respectivement de 75 et 98 %. Les adénopathies de
cinome testiculaire droit.
forme ronde ont une valeur prédictive positive plus élevée
d’atteinte métastatique que les formes plates [40]. Les ganglions
récidive tissulaire locale, une masse ganglionnaire ou encore un du groupe interne de la chaîne iliaque externe à hauteur de la
envahissement musculaire. Le meilleur contraste des séquences bifurcation iliaque peuvent atteindre 2 cm de long et sont vus
d’IRM permet cette distinction. sur plusieurs coupes axiales. Le ganglion de Cloquet (ganglion
inférieur du groupe sous-veineux de la chaîne iliaque externe),
Autres critères (Fig. 9–12)
situé à proximité de l’orifice profond du canal inguinal en
Forme. Les ganglions sont ovalaires à grand axe craniocaudal arrière de la veine, est le plus volumineux, atteignant plus de
et aplatis en antéropostérieur. La forme est le second critère 1 cm de diamètre minimal axial transverse. Il est souvent
sémiologique utilisé [38]. Elle est définie par le rapport de deux asymétrique.

Radiodiagnostic - Urologie-Gynécologie 7
34-625-D-10 ¶ Imagerie dans l’étude des métastases ganglionnaires des tumeurs génito-urinaires pelviennes de l’adulte

Tableau 3.
Performances de l’imagerie en coupes (principales références récentes).
Auteurs Année Cancer Nombre Définition Imagerie Se Sp VVP VPN Efficacité
de patients
Kim 1994 col 136 > 1 cm max IRM 62,2 % 94,9 % 65,7 % 94,1 % 90,4 %
> 1 cm mininum 62,2 % 97,9 % 82,1 % 94,3 % 93 %
Subak 1995 col 75 > 1 cm TDM 86 %
IRM 86 %
Jager 1996 vessie 134 > 1cm max IRM 75 % 98 % 90 % 94 % 98 %
prostate 0,8-1 cm minimum
rapport > 0,8
Yang 2000 col 43 > 1 cm nécrose TDM 64,7 % 96,6 % 84,6 % 90,5 % 89,5 %
IRM 70,6 % 89,8 % 66,7 % 91,4 % 85,5 %
Reinhardt 2001 col 35 > 1 cm positif IRM 73 % 83 % 67 % 87 % 80 %
PET CT 91 % 100 % 100 % 96 % 97 %
Williams 2001 cancers 18 > 1 cm au max TDM 48 % 97 % 83 % 85 %
gynéco IRM 53,7 % 90,7 % 66 % 85 %
PET CT 24,7 % 77,3 % 26 % 76 %
Manfedi 2004 corps 37 > 1 cm au min IRM 50 % 95 % 90 % 50 % 95 %
Bellomi 2005 col 62 > 1cm au min TDM 64,6 % 93,3 % 50,8 % 96 %
IRM 72,9 % 93,1 % 53 % 96 %
IRM : imagerie par résonance magnétique ; TDM : tomodensitométrie ; PET-scan : tomographie par émission de positons couplée au scanner.

Figure 9. Tomodensitométrie : particularités anatomiques.


A. Hypertrophie des deux paramètres avec varicosités pelviennes (flèche). Gros ganglions de Cloquet (tête de flèche) et inguinaux profonds bilatéraux
inflammatoires (têtes de flèche fines).
B. Veine rénale rétroaortique (flèche) (injection phase précoce). Adénopathies rétropéritonéales, ascite et nodule de carcinomatose sous-capsulaire hépatique
(diffusion métastatique d’un carcinome de l’ovaire).
C. Tomodensitométrie. Fibrose rétropéritonéale (flèche). Bande dense à bord antérieur convexe antérieur.
D. Imagerie par résonance magnétique : fibrose rétropéritonéale. Séquence pondérée en T2 : hyposignal et configuration caractéristiques (flèches).
Urétérohydronéphrose droite (tête de flèche) sur rein unique avec rupture des cavités sur colique néphrétique par survenue d’une nécrose papillaire.

Structure et rehaussement après injection. Sans injection, de flux). La prise de contraste en TDM ou IRM est intense
les ganglions ou les adénopathies ont des contours nets, un et homogène. La modification de la densité (ou du signal) au
contenu le plus souvent homogène, une densité tissulaire en sein du ganglion introduit la notion de modification de sa
TDM et en IRM un signal faible à intermédiaire en séquence structure. La recherche d’adénopathie s’effectue en séquence
T1 et intermédiaire à élevé en séquence T2, contrastant avec pondérée en T1. Les adénopathies homogènes ont les mêmes
l’absence de signal des vaisseaux (en dehors des phénomènes caractéristiques. Ni la valeur de la densité, ni l’intensité

8 Radiodiagnostic - Urologie-Gynécologie
Imagerie dans l’étude des métastases ganglionnaires des tumeurs génito-urinaires pelviennes de l’adulte ¶ 34-625-D-10

Figure 10. Imagerie par résonance magnétique. Adénopathies.


A. Plan axial, séquence pondérée en T1. Adénopathie du groupe externe du pédicule iliaque commun droit (flèche) en hyposignal homogène (1,5 cm) d’un
cancer de la prostate. Minime ganglion controlatéral suspect bien que de taille non significative (tête de flèche).
B. Plan axial, séquence pondérée en T1. Petite adénopathie de signal intermédiaire du groupe « sous-veineux » de la chaîne iliaque externe gauche d’un cancer
du col de l’utérus sur col restant (tête de flèche évidée).
C. Plan axial, séquence pondérée en T2. Petites adénopathies bilatérales du groupe « sous-veineux » de la chaîne iliaque externe d’un gros cancer du col utérin
(flèches) avec infiltration des paramètres. L’irrégularité et l’aspect flou des contours sont en faveur d’une rupture capsulaire.
D. Plan frontal, séquence pondérée en T2. Volumineuse tumeur de vessie infiltrante (flèche) avec adénopathie de signal intermédiaire iliaque externe droite
et iliaque primitive gauche.
E. Plan axial, séquence pondérée en T1. Volumineuses adénopathies rétropéritonéales bilatérales avec rupture capsulaire et infiltration de la graisse et des
fascias d’un cancer de la prostate en échappement hormonal. La veine cave inférieure est comprimée.
F. Plan frontal, séquence pondérée en T2. Adénopathie iliaque primitive droite en hypersignal avec composante nécrotique d’un cancer de l’ovaire récidivant
(flèche). Autres masses ganglionnaires non nécrosées latéroaortiques (tête de flèche).
G. Plan axial, séquence pondérée en T2. Tumeur infiltrante de vessie de la paroi gauche avec infiltration de la graisse et multiples adénopathies métastatiques
bilatérales (flèches) dont des localisations périrectales gauches (tête de flèche).

du signal ou la prise de contraste ne sont discriminants pour moins importante ou un hypersignal en séquence pondérée en
distinguer les adénopathies malignes des adénopathies T1 avec un signal intermédiaire en séquence pondérée en T2.
inflammatoires ou même d’un ganglion banal. Cependant, Elle ne se rehausse pas après injection. Le signal est annulé sur
une prise de contraste intense au temps précoce est carac- la séquence avec suppression de graisse.
téristique d’une adénopathie d’un épithélioma rénal, La nécrose se traduit par un centre de densité ou d’intensité
d’un cancer de la thyroïde ou d’un phéochromocytome liquidienne plus ou moins important avant injection, sans
malin. rehaussement après injection mais avec une prise de contraste
Il y a plusieurs éventualités devant un contenu hétérogène. périphérique plus ou moins régulière. Sa présence a une valeur
La sclérolipomatose est banale et fréquente au sein d’un prédictive positive de 100 % [8, 13] pour le diagnostic d’adéno-
ganglion. Elle se traduit par une hypodensité centrale plus ou pathies métastatiques ; mais elle n’est présente que dans

Radiodiagnostic - Urologie-Gynécologie 9
34-625-D-10 ¶ Imagerie dans l’étude des métastases ganglionnaires des tumeurs génito-urinaires pelviennes de l’adulte

Figure 11. Imagerie par résonance magnétique, plan sagittal : aspect normal.
A. Séquence pondérée en T1. Le pédicule vasculonerveux obturateur est bien visible, avec son passage
dans le canal sous-pubien (flèche). Ganglions banals inguinaux superficiels avec involution graisseuse
(tête de flèche).
B. Séquence pondérée en T1. Ganglion de Cloquet du groupe « sous-veineux » de la chaîne iliaque
externe en involution graisseuse (flèche).
C. Séquence pondérée en T1. Petit ganglion présacré latéral ou iliaque interne (flèche).
D. Séquence pondérée en écho de gradient T2. Petit ganglion du groupe « sous-veineux » de la chaîne
iliaque externe en hypersignal homogène (flèche). Il se situe juste en avant du pédicule obturateur.

Figure 12. Imagerie par résonance magnétique, plan axial.


A. Adénopathie métastatique du groupe « sous-veineux » de la chaîne iliaque externe (niveau du ganglion de Cloquet) de 1 cm par 2 cm, en hyposignal
homogène en séquence pondérée en T1 (à gauche) et en hypersignal homogène en séquence pondérée en écho de gradient T2 (à droite) (flèche). À signaler
un ganglion paravésical (tête de flèche). Tumeur infiltrante du dôme vésical.
B. Séquence pondérée en T2. Deux ganglions obturateurs séquellaires fibreux en hyposignal homogène après radiothérapie pour cancer de la prostate
métastatique (flèches).

10 Radiodiagnostic - Urologie-Gynécologie
Imagerie dans l’étude des métastases ganglionnaires des tumeurs génito-urinaires pelviennes de l’adulte ¶ 34-625-D-10

des formations supérieures ou égales à 2 cm. Elle s’observe importante. Pour les masses de 14 mm, la sensibilité est voisine
également dans les adénopathies tuberculeuses. de 100. Avec ce critère de taille, une méta-analyse de la
En cas de kystisation, le contenu est totalement liquidien. La littérature portant sur 38 études de référence donne des perfor-
paroi est fine et régulière, et se rehausse après injection. En mances identiques en TDM et IRM, de 85 % [34].
post-thérapeutique, elle traduit la régression du processus
pathologique. Il est cependant impossible d’exclure formelle- Perspectives de l’IRM [48-54] (Fig. 13)
ment la persistance d’un résidu tumoral.
La fiabilité de l’imagerie en coupes fondée sur le seul critère
La présence de calcifications est de diagnostic facile en TDM.
Une adénopathie calcifiée peut correspondre à un aspect non spécifique de ganglions hypertrophiés est donc insuffisante
séquellaire postinflammatoire ou à un lymphome après traite- pour distinguer les ganglions bénins des ganglions métastati-
ment [41]. Elles peuvent traduire l’extension métastatique d’un ques. Cette situation a conduit à la mise au point de produits
carcinome mucipare. En revanche, dans le contexte plus rare de contraste IRM destinés à améliorer la détection des métasta-
d’un ostéosarcome, chondrosarcome ou de certains cancers de ses ganglionnaires en associant à l’imagerie morphologique une
l’ovaire avant traitement, leur présence a une valeur absolue imagerie fonctionnelle, réalisant ainsi une lympho-IRM. Les
pour le diagnostic de métastases. particules superparamagnétiques d’oxyde de fer, encore appelées
Les ganglions de nature fibreuse après chimiothérapie ou ultra small superparamagnetic iron oxyde (USPIO), captées spécifi-
radiothérapie ont typiquement un hyposignal en séquence quement par les macrophages des ganglions normaux donnent
pondérée en T2, sans ou avec un minime rehaussement homo- des informations sur la fonction des macrophages. Elles sont
gène après injection en séquence T1. En théorie, l’IRM peut administrées en perfusion intraveineuse lente de 25 à 35 minu-
affirmer la nature fibreuse cicatricielle d’une masse résiduelle et tes. La tolérance clinique est excellente. Toutefois, des effets
la distinguer d’une masse tumorale (Fig. 12B). En pratique, cette secondaires ont été rapportés : lombalgies chez 3 à 4 % des
situation idéale est inconstante, car certaines masses sont patients liées au caractère particulaire du produit, rash cutané,
composées d’une fibrose jeune, cellulaire, qui donne un hyper- diminution de la tension artérielle et arythmie. La captation des
signal en pondération T2 et qui se rehausse après produit de particules d’oxyde de fer est maximale entre 24 et 36 heures
contraste. après l’injection (Sinerem®).
Le principe de la lympho-IRM est le suivant : après injection,
les macrophages normaux des ganglions bénins captent les
particules, ce qui entraîne une diminution du signal ganglion-

“ Point fort
naire avec un hyposignal par rapport à l’IRM sans injection sur
les séquences pondérées en T2 et surtout T2 en écho de gra-
dient. Au contraire, dans le tissu tumoral, les macrophages sont
L’IRM est utile pour affirmer la nature fibreuse d’une remplacés par des cellules néoplasiques qui ne captent pas les
masse. particules superparamagnétiques. Le signal des ganglions
Un excellent critère de malignité est la présence d’une métastatiques n’est donc pas significativement modifié par
l’injection de particules superparamagnétiques et reste élevé. La
modification de la densité de la graisse périganglionnaire
détection des micrométastases repose sur la mise en évidence
par infiltration qui traduit un franchissement capsulaire et d’une chute partielle de signal dans le ganglion, traduisant la
une carcinose locale. Il est rarement observé. persistance de macrophages dans les seules portions non
envahies du ganglion. Il y a deux causes de faux-positifs. Les
hyperplasies des ganglions inflammatoires sont le siège d’une
infiltration lymphocytaire et contiennent peu de macrophages.

“ Point fort
De ce fait, ils captent donc peu les particules superparamagné-
tiques et les ganglions inflammatoires ont seulement un centre
en hyposignal dans deux tiers des cas. Une lipomatose gan-
glionnaire localisée peut également se traduire par un aspect
En routine clinique, le diagnostic d’adénomégalie est
hétérogène du ganglion.
facile en TDM, mais en préciser la nature bénigne ou
Toutes les séries publiées ont montré une amélioration des
maligne en cas de taille limite (voisine de 1 cm) est difficile. performances diagnostiques pour la détection des métastases
Le seul critère absolu mais inconstant est la présence d’une ganglionnaires en utilisant la lympho-IRM, avec des sensibilités
rupture capsulaire avec infiltration de la graisse en et spécificités de 94 % et 85 %. Pour les ganglions de 5 à
périphérie. 10 mm, la sensibilité rapportée pour la lympho-IRM est de
96,4 % et la spécificité de 97,8 % [52, 53].
Ces résultats particulièrement spectaculaires de la lympho-
IRM tiennent à des facteurs techniques optimisés sur une
Performances de l’imagerie en coupes [42-46]
machine de dernière génération, avec lesquelles des micromé-
(Tableau 3)
tastases de 2 mm de diamètre ont pu être mises en évidence [54].
Les sensibilités et spécificités rapportées dans la littérature
dépendent des paramètres techniques (champ de vue, taille de Échographie [3, 9, 10] (Fig. 14)
la matrice et épaisseur de coupe en TDM et IRM, type de
séquences et nombre d’excitations en IRM, etc.), ainsi que du Elle a l’avantage de sa disponibilité pour un coût faible. Mais
choix du diamètre seuil au-delà duquel le ganglion est considéré sa sensibilité globale est très faible, d’environ 33 %. Elle est
comme pathologique. Les chiffres sont disparates pour estimer supérieure pour le rétropéritoine chez les patients minces après
la fiabilité de la TDM et de l’IRM, avec des taux rapportés de compression de l’abdomen par la sonde ; en revanche, l’analyse
67 % à 97 % pour la TDM et de 77 % à 98 % pour l’IRM. La de la cavité pelvienne est peu performante, quel que soit le
valeur prédictive négative des deux méthodes demeure faible en morphotype. Plusieurs éléments sont évocateurs : un grand axe
raison de micrométastases dans des ganglions de taille normale, supérieur à 1,5 cm avec un rapport grand axe/petit axe inférieur
ainsi que la sensibilité estimée entre 48 et 75 %. La spécificité à deux, ainsi que la présence de plusieurs lésions. L’aspect
est plus élevée, estimée de 77 à 98 %. En utilisant le critère de pathognomonique est celui d’une ou de masses rondes plutôt
taille isolé, la sensibilité de l’IRM varie de 38 à 75 %, avec une qu’ovalaires, supplémentaires, échogènes à hypoéchogènes,
spécificité de 78 à 98 % et une efficacité globale de 80 à entourant les structures vasculaires avec une compression
98 % [47]. La TDM est plus spécifique pour détecter les adéno- extrinsèque variable. Les volumineuses masses ganglionnaires
pathies et l’IRM plus sensible. En utilisant une valeur seuil plus sont volontiers nécrotiques dans une partie plus ou moins
basse, le nombre de faux-positifs augmente, avec une meilleure importante. L’appréciation de la structure interne en échogra-
sensibilité de 80 à 93 %, mais la spécificité diminue de façon phie pelvienne par voie sus-pubienne est limitée.

Radiodiagnostic - Urologie-Gynécologie 11
34-625-D-10 ¶ Imagerie dans l’étude des métastases ganglionnaires des tumeurs génito-urinaires pelviennes de l’adulte

Figure 13. Lympho-imagerie par résonance magnétique.


A. Séquence pondérée en écho de gradient T2. Ganglion obturateur gauche, aspect normal. Avant injection, il présente un hypersignal homogène (à gauche)
(flèche) et un hyposignal homogène après injection d’USPIO (ultra small superparamagnetic iron oxyde) (Sinerem®) (à droite) (flèche).
B. Séquence pondérée en écho de gradient T2. Ganglion du groupe moyen de la chaîne iliaque externe, aspect normal. Avant injection, il présente un
hypersignal hétérogène (B1) (flèche) et un hyposignal homogène après injection d’USPIO (ultra small superparamagnetic iron oxyde) (Sinerem®) (B2 et encadré
agrandi) (flèches). Aspect identique d’un petit ganglion « sous-veineux » de la chaîne iliaque externe (B3 et encadré agrandi) (tête de flèche). Noter la très
petite taille infracentimétrique de ces structures, ainsi que l’apparition de multiples ganglions normaux opacifiés en hyposignal dans toute la cavité pelvienne,
en particulier en périrectal.
C. Adénopathie infracentimétrique du groupe « sous-veineux » de la chaîne iliaque externe gauche (flèche). Séquence pondérée en T1 (en haut, à gauche) et
séquence pondérée en écho de gradient T2 (en haut, à droite) avant injection. Séquence pondérée en écho de gradient T2 après injection d’USPIO (Sinerem®)
(en bas) avec persistance de l’hypersignal qui témoigne d’un envahissement complet par le tissu tumoral. Noter l’opacification de multiples ganglions
périrectaux normaux.
D. Adénopathie du groupe moyen de la chaîne iliaque externe droite positif (1,5 cm) (flèche). Séquence pondérée en T1 (à gauche) avant injection et séquence
pondérée en écho de gradient T2 après injection d’USPIO (Sinerem®) (en haut, à droite et encadré agrandi). Il y a un aspect hétérogène de la prise de contraste
témoignant d’un envahissement partiel par le tissu tumoral.

En région inguinale, la possibilité d’utiliser une sonde de périphérie ou vers les extrémités du ganglion. Une adénopa-
haute fréquence (7,5 ou 10 MHz) avec doppler apporte thie tumorale a une vascularisation anarchique ou plus
d’autres arguments. Les ganglions métastatiques ont d’une rarement absente. De plus, elle est facilement accessible à une
part une épaisseur corticale de plus de 0,5 cm avec un biopsie échoguidée. L’échographie peropératoire avec une
déplacement ou une disparition du centre hyperéchogène sonde de haute fréquence est proposée dans certains centres
remplacé par des zones hypoéchogènes alors qu’il reste au cours d’une chirurgie laparoscopique ou conventionnelle
présent dans les ganglions inflammatoires. Le doppler apporte lorsque la palpation des aires ganglionnaires est impossible ou
des arguments supplémentaires pour distinguer les ganglions négative, ou encore à titre systématique dans le cadre de la
inflammatoires des ganglions tumoraux. Les adénomégalies chirurgie des cancers gynécologiques. Dans cette situation, sa
inflammatoires conservent des vaisseaux hilaires se superpo- sensibilité est de plus de 90 % pour le rétropéritoine ou la
sant au hile hyperéchogène et en se distribuant vers la cavité pelvienne [55, 56].

12 Radiodiagnostic - Urologie-Gynécologie
Imagerie dans l’étude des métastases ganglionnaires des tumeurs génito-urinaires pelviennes de l’adulte ¶ 34-625-D-10

Figure 14.
A, B. Échographie abdominale à hauteur des hiles rénaux. Adénopathie interaorticocave (0,5 cm ×
2,5 cm) unique d’un séminome du testicule droit hypoéchogène homogène (flèches). Coupe axiale (A)
et coupe sagittale (B).
C. Autre patient. Coupe axiale à hauteur des hiles rénaux. Adénopathie interaorticocave ronde
échogène (2 cm) d’un séminome droit testiculaire (flèche).
D. Autre patient. Coupe sagittale sous les hiles rénaux. Adénopathie nécrosée latéroaortique d’un
tératocarcinome testiculaire gauche (flèche).
A. Aorte ; V. veine cave inférieure.

Figure 15. Ponctions sous imagerie.


A. Ponction à visée biopsique (aiguille de 18G) ; guidage par tomodensitométrie (TDM). Adénopathie
iliaque externe gauche avec une voie d’abord antérieure à travers le muscle iliaque (flèches).
B. Ponction à visée biopsique (aiguille de 18G) ; guidage par TDM. Adénopathie rétropéritonéale
antérieure par abord postérieur.
C. Ponction à visée biopsique (aiguille de 18G) ; guidage par échographie. Adénopathie nécrosée
unique et isolée para-aortique gauche en TDM après injection (C1) (flèche). Voie d’abord échographi-
que postérieure à travers le muscle psoas, possible compte tenu de la bonne visualisation de la masse et
du trajet de l’aiguille (C2) (flèche). Il s’agissait d’une métastase d’un cancer du corps utérin traité 8 ans
auparavant.

Ponctions guidées par imagerie [57-65] (Fig. 15) monique du diagnostic. Cependant, les améliorations techni-
ques permettent de réaliser des biopsies avec des aiguilles de
Les ponctions biopsies percutanées à visée cytologique ou 18G, voire 16G même dans de petites lésions entre 1 et 1,5 cm.
biopsique augmentent le taux de détection des métastases et Elles permettent d’avoir suffisamment de matériel pour une
améliore le staging ganglionnaire. Le diagnostic cytologique de analyse histologique et de réaliser pour certaines lésions des
métastase est aisé et les faux-positifs n’existent pas. Une marquages immunophénotypiques. Elles sont réalisées avec des
aspiration simple avec une aiguille fine positive est pathogno pistolets automatiques ou semi-automatiques. Plusieurs passages

Radiodiagnostic - Urologie-Gynécologie 13
34-625-D-10 ¶ Imagerie dans l’étude des métastases ganglionnaires des tumeurs génito-urinaires pelviennes de l’adulte

sont possibles. Elles sont indiquées lorsque, dans la conduite


thérapeutique du type tumoral exploré, la présence d’un
envahissement ganglionnaire modifie le protocole envisagé,
comme par exemple une contre-indication à un traitement
chirurgical radical, une modification du champ d’irradiation ou
encore la décision d’une chimiothérapie première, etc. L’objectif
est d’éviter un curage ganglionnaire chirurgical potentiellement
plus iatrogène. Initialement proposée sous fluoroscopie après
lymphographie [59], la TDM [63] est la technique actuellement la
plus employée, avec une sensibilité de 70 % et plus récemment
la tomographie par émission de positons couplée au scanner
(TEP-scan), que la lésion soit rétropéritonéale ou pel-
vienne [60]. Mais certaines adénopathies pelviennes sont facile-
ment accessibles en échographie par voie sus-pubienne avec
compression déplaçant les anses digestives ou par voie pel-
vienne [64]. Le choix technique est fonction d’une part de la
localisation de la masse suspecte et d’autre part de l’expérience Figure 16. Tomographie par émission de positons couplée au scanner
des équipes, ainsi que de l’accessibilité des modalités d’imagerie. (PET-scan). Plan sagittal avec trois représentations : coupe tomodensito-
Toutes les masses ganglionnaires, même de moins de 1 cm, sont métrique (cliché gauche) ; vue PET (cliché du milieu) et fusion des images
accessibles à une ponction. L’efficacité avoisine 90 % pour TDM et PET (cliché droit). Bilan d’un séminome du testicule gauche.
l’ensemble des cancers pelviens, avec des ponctions guidées par Volumineuse masse ganglionnaire avec forte fixation du traceur (flèche).
fluoroscopie après lymphographie. Dans les cancers de la Remarquer également le contraste dans le bassinet et dans le parenchyme
prostate, les résultats sont discordants, avec des performances du rein gauche dû à l’élimination du traceur (têtes de flèche).
qui varient de 68 à 91 % [60, 63] d’efficacité. La biopsie à
l’aiguille fine sous TDM est utilisée plutôt pour confirmer une
extension métastatique dans des ganglions hypertrophiés ou de par rapport aux tissus normaux. Après injection intraveineuse,
taille limite que pour investiguer des ganglions asymétriques de le 18F-FDG est préférentiellement capté par les cellules tumorales
moins de 10 mm. En TDM, les résultats rapportés dépendent de et phosphorylé par une hexokinase en FDG-6-PO4. À l’inverse
la taille de l’aiguille, du nombre de passages, du site de biopsie du glucose-6-PO4, le FDG-6-PO4 ne peut pas être métabolisé
et des critères diagnostiques, avec des sensibilités variant de 50 dans le chemin de la glycolyse et reste en intracellulaire. Les
à 100 %, des spécificités toujours élevées de 96 à 100 % et une cellules tumorales ont donc une plus grande quantité de FDG-
efficacité globale d’environ 95 %. C’est une procédure longue, 6-PO4. Ainsi, l’augmentation de leur activité métabolique par
mais le taux de complication est faible, variant de 0,05 à 2,5 %. rapport aux tissus normaux environnants peut être détectée
Cette technique s’est peu répandue car son efficacité nécessite sous forme d’un foyer fixant de façon plus ou moins intense.
un opérateur entraîné à ces procédures. En routine, dans La résolution des appareils actuels est voisine du centimètre.
beaucoup de centres, elle est remplacée par la biopsie sous Il existe deux limites pour la spécificité : la cinétique de la prise
laparoscopie ou par la biopsie chirurgicale. de glucose est identique dans des lésions inflammatoires et les
prises de contraste sont variables d’un processus tumoral à
l’autre.

“ Point fort Résultats


Du fait de son efficacité pour l’évaluation de beaucoup de
types de cancers, l’utilisation du PET en oncologie urologique a
Les ponctions biopsies sous imagerie, pour être efficaces, été proposée. Ses résultats sont plus modestes et son utilité
sont à réaliser dans un centre spécialisé. clinique relativement faible. De plus, le 18F-FDG est éliminé par
voie urinaire. Le produit excrété s’accumule dans les uretères et
remplit la vessie, ce qui limite l’évaluation des organes pelviens
Tomographie par émission de positons [66-74] adjacents et celle des adénopathies pelviennes. Il est conseillé
d’évacuer le traceur dans la vessie en maintenant une sonde de
(Fig. 16, 17) Foley intravésicale pendant l’examen, ou par une irrigation
vésicale continue, ou encore par l’administration de furosémide.
Principe [66]
La TEP (ou PET [positron emission tomography]) fournit une
image en trois dimensions de la distribution d’un isotope
émetteur de positons. Il s’agit d’une imagerie métabolique non
invasive étudiant de façon spécifique des processus biochimi- “ Point fort
ques. De plus, la fluoro-désoxy-glucose (FDG)-TEP est le plus
souvent couplée à la TDM dans le cadre de machines hybrides La TEP-scan a les meilleures performances, à la fois dans le
associant une caméra à positons et un scanner (TEP-scan). Cette bilan d’extension et le suivi post-thérapeutique pour
amélioration technique permet de repérer la masse suspecte certains types tumoraux (testicule).
grâce à la TDM et de mesurer son activité métabolique grâce à
la TEP en recourant à une fusion d’images et des calculs d’index
semi-quantitatifs. Cet apport fonctionnel à l’imagerie radiologi-
que morphologique en améliore les performances. Plusieurs Imagerie dans le suivi thérapeutique
traceurs sont possibles, mais le plus utilisé en pratique est un (Fig. 17D)
analogue du glucose : le fluoro-désoxy-glucose (FDG) marqué
par le fluor. Il devient le 2-désoxy-2 [18F] -fluoro-D-glucose (18F- La TDM est la technique standard de référence du suivi
FDG). Sa durée de demi-vie est longue, permettant sa fabrica- post-thérapeutique après un examen de point de départ. Le
tion à distance. Il caractérise le métabolisme de glucose des critère de taille pour l’évaluation de la réponse au traitement
tissus. Les tumeurs malignes ont une élévation de l’activité n’est pas un critère entièrement satisfaisant. Un retour à une
métabolique, avec une augmentation de la captation du glucose taille normale après chimiothérapie ou une nécrose centrale
basée sur l’accélération de la glycolyse (par augmentation des n’éliminent pas formellement la persistance d’une minime
transporteurs membranaires du glucose et de l’activité des quantité de tissu tumoral à partir duquel une récidive peut se
principales enzymes de la glycolyse) dans les tissus tumoraux produire. Les lymphocèles sont courantes après curage

14 Radiodiagnostic - Urologie-Gynécologie
Imagerie dans l’étude des métastases ganglionnaires des tumeurs génito-urinaires pelviennes de l’adulte ¶ 34-625-D-10

Figure 17. Tomographie par émission de positons couplée au scanner (PET-scan). Cancer de
l’endomètre, bilan (clichés du Dr Schneeghans, service de médecine nucléaire, Centre anticancéreux
Paul Strauss, Strasbourg et du Dr Sauer, Interne).
A. Cliché PET de face montrant de multiples fixations du traceur aux niveaux pelvien, pariétal,
rétropéritonéal et pulmonaire.
B. Cliché PET axial (B1), corrélation tomodensitométrique (B2) [TDM] et fusion d’images (B3).
Métastases ganglionnaires bilatérales « sous-veineuses » iliaques externes (flèches).
C. Niveau 3 cm en dessous. Cliché PET axial (C1), corrélation TDM (C2) et fusion d’images (C3).
Multiples fixations témoignant d’une carcinomatose péritonéale(flèches), d’une métastase osseuse de
l’os coxal droit (tête de flèche) et d’une métastase ganglionnaire inguinale gauche (tête de flèche
blanche).
D. TDM après injection (autre patient). Lymphocèles résiduelles bilatérales 3 semaines après curage
ganglionnaire (flèches). Elles sont ici en voie d’organisation. Elles peuvent persister plusieurs mois en
prenant une configuration plus ovalaire. Elles siègent toujours derrière le pédicule iliaque.

ganglionnaire. Leur diagnostic est facile en imagerie devant


une formation kystique, uni- ou bilatérale, ovalaire, à paroi
■ Particularités par organes
très fine et régulière. Elles sont localisées derrière le pédicule (Tableaux 1, 2)
iliaque externe, de volume variable parfois important. Elles
peuvent persister plusieurs mois. Leur drainage ne se justifie Vessie et urètre (Fig. 18, 19)
qu’en cas de symptomatologie clinique. Elle se distingue
d’une adénopathie nécrosée sur l’irrégularité et l’épaisseur de
la paroi de cette dernière.
Voies d’extension lymphatique
La TEP-scan semble très prometteuse dans ce contexte. Bien Le réseau lymphatique de la vessie part de la musculeuse.
que sa sensibilité reste limitée pour les récidives de petit Ensuite, il se dirige directement et principalement vers les
volume, elle est supérieure en sensibilité à l’imagerie morpho- groupes moyen et interne du pédicule iliaque externe. Le premier
logique. Sa valeur prédictive positive est excellente. relais ganglionnaire est le ganglion « sous-veineux » du groupe

Radiodiagnostic - Urologie-Gynécologie 15
34-625-D-10 ¶ Imagerie dans l’étude des métastases ganglionnaires des tumeurs génito-urinaires pelviennes de l’adulte

lymphatique du tiers inférieur aboutit aux ganglions ingui-


naux et celui des deux tiers supérieurs aux groupes pelviens.

Particularités de la tumeur
L’envahissement ganglionnaire est fortement corrélé au degré
d’infiltration pariétale. Les tumeurs infiltrantes de stade supérieur
ou égal à T2 représentent 20 % des tumeurs vésicales. Dans la très
grande majorité des cas, il s’agit de carcinomes de haut grade
souvent associés à des lésions in situ. Pour ces tumeurs, le risque
de micrométastases est de 50 %. Dans 90 % des cas, elles se
situent dans le ganglion « sous-veineux » du groupe interne, ou
3' encore dans le groupe moyen de la chaîne iliaque externe et dans
10 % des cas elles sont iliaques internes ou primitives d’emblée.
3
Malgré cela, le pourcentage de curage positif n’excède pas de 20
1 2 à 25 %, mais passe à 55 % en cas de stade T3. Globalement, le
1 pronostic d’une tumeur de vessie avec métastases ganglionnaires
1 est inférieur à 10 % à 5 ans. Il monte à 20 % en cas de métasta-
se(s) unique et/ou multiples mais inférieures à 2 cm.
Dans les cas de tumeurs superficielles (Ta et T1), les adénopa-
thies sont rares, estimées à moins de 5 % des cas. Entre 5 et 10 %
Figure 18. Schéma des localisations ganglionnaires initiales des cancers des tumeurs superficielles de bas grade vont progresser vers une
vésicaux, prostatiques et de l’utérus. 1. Chaîne principale : voie iliaque infiltration pariétale et développer ensuite une évolution métas-
externe, groupe interne, « sous-veineux » avec gros ganglion de Leveuf et tatique. Trente % des tumeurs superficielles sont de haut grade.
Godard sous la bifurcation iliaque. Parfois autres ganglions iliaques exter- Leur taux de progression se situe autour de 50 %, tout comme les
nes. 2. Chaîne moins fréquente : iliaque interne. 3. Rarement chaîne tumeurs ayant une infiltration pariétale minime. Ces progressions
sacrée latérale et ganglion du promontoire (3’). (m) ganglions paravési- sont parfois décalées dans le temps et peuvent survenir des
caux. années après l’émergence de la première. C’est ce qui justifie un
suivi prolongé de ces lésions malgré une morphologie initiale
non inquiétante.
L’extension ganglionnaire est précoce pour les tumeurs de
l’urètre, quelle qu’en soit la localisation.
Le PET-scan a une utilité très limitée pour le diagnostic et le
bilan d’extension du cancer de la vessie. Il serait relativement
performant pour les adénopathies pelviennes, avec une effica-
cité d’environ 66 %.

Prostate
Voies d’extension lymphatique
Le drainage lymphatique de la prostate est fait par un réseau
sous-capsulaire périprostatique qui se divise ensuite en trois
troncs principaux qui accompagnent les structures vasculaires
vers les relais ganglionnaires. Le ganglion du groupe interne
« sous-veineux » de la chaîne iliaque externe est en fréquence le
premier relais métastatique. Les autres relais ganglionnaires
initiaux sont, par ordre décroissant, ceux de la chaîne iliaque
interne, puis ceux du groupe présacré et du promontoire, et
enfin des ganglions iliaques communs. L’envahissement se
poursuit vers les chaînes lomboaortiques. En revanche, en cas
de récidive tumorale après traitement, il y a une prédominance
de l’atteinte rétropéritonéale.

Particularités de la tumeur [75-79]


Figure 19. Adénopathies métastatiques d’un cancer de vessie. Pour les cancers de la zone périphérique, plusieurs éléments
A. Reconstruction multiplanaire (MPR) frontale. Il existe de multiples sont de mauvais pronostic : le volume tumoral (évalué sur le
petites adénopathies iliaques bilatérales dont une nécrosée à droite. nombre et la longueur des carottes positives à la ponction-
B. Reconstruction MPR sagittale passant par le pédicule iliaque externe biopsie), ainsi que le stade clinique initial, le taux du prostate
droit. L’adénopathie à centre nécrotique est bien visible, avec au-dessus specific antigen (PSA) initial et le score de Gleason. Ils sont
une petite adénopathie ronde. directement responsables des métastases ganglionnaires. Le
volume tumoral est un facteur pronostique indépendant des
autres critères pronostiques. Les métastases sont peu probables
interne du pédicule iliaque externe. L’atteinte directe des en cas de volume tumoral inférieur à 4 cm3 (moins de 5 %),
ganglions iliaques internes ou iliaques primitifs est moins alors qu’elles sont probables s’il est supérieur à 4 cm3 (environ
fréquente et celle des ganglions du promontoire et sacrés latéraux 33 %) et presque certaines s’il est supérieur à 12 cm3 (environ
est rare. Seul le col de la vessie se draine directement dans les 80 %). Le volume tumoral est aussi corrélé au risque d’envahis-
ganglions du promontoire. sement capsulaire et vésiculaire. L’extension ganglionnaire est
L’urètre a des groupes collecteurs différents selon la locali- soupçonnée dès que le taux de PSA est supérieur à 10 ng/ml.
sation anatomique. L’urètre pénien va vers les ganglions Pour les patients avec un PSA entre 20 et 25 ng/ml et un score
inguinaux superficiels et profonds, et plus rarement vers les de Gleason supérieur ou égal à 7, le risque de métastase
ganglions iliaques externes ou internes. L’urètre membraneux ganglionnaire est de 50 %. Une extension ganglionnaire peut
va vers les ganglions iliaques externes médians ou internes, et exister à un stade intraprostatique. En effet, la fréquence des
l’urètre prostatique se draine comme la glande prostatique ganglions positifs sur les curages ganglionnaires pour les stades
vers les ganglions pelviens. Chez la femme, le drainage T1 varie de 5 (bas grade) à 25 % (grade élevé), pour les stades

16 Radiodiagnostic - Urologie-Gynécologie
Imagerie dans l’étude des métastases ganglionnaires des tumeurs génito-urinaires pelviennes de l’adulte ¶ 34-625-D-10

le groupe profond draine l’épididyme et le testicule. La voie


habituelle des lymphatiques du testicule et de l’épididyme est
une extension ascendante dans le cordon spermatique puis
l’anneau inguinal via de quatre à huit canaux lymphatiques qui
montent le long des vaisseaux spermatiques en avant du muscle
psoas pour se jeter dans les ganglions lomboaortiques à hauteur
des hiles rénaux en para-aortique et paracave. En pratique, le
premier relais ganglionnaire est localisé à gauche à hauteur ou
juste en dessous du pédicule rénal gauche en regard de L1-L2
(ganglions pré- et latéroaortiques) et à droite en dessous du
pédicule rénal droit en latérocave de L2 à L3 au contact de la
veine cave inférieure près de l’abouchement de la veine sperma-
tique (ganglions précaves, rétrocaves, latérocaves et interaorti-
cocaves). Ensuite, les métastases lymphatiques peuvent avoir à
partir de ce premier relais une extension rétrograde vers le bas
en para-aortique et vers la bifurcation aortique avec les chaînes
iliaques communes et externe. À hauteur du rétropéritoine, des
anastomoses avec le réseau lymphatique controlatéral sont
décrites. L’extension ganglionnaire avec atteinte bilatérale par
Figure 20. Schéma des localisations ganglionnaires initiales des cancers passage à travers la ligne médiane n’est pas rare. Elle est plus
du testicule et de l’ovaire. Les chaînes ganglionnaires droite et gauche fréquente de la droite vers la gauche (30 % des cas) que de la
suivent le pédicule vasculaire des vaisseaux spermatiques ou ovariens. gauche vers la droite (10 % des cas). Les métastases solitaires
Noter la possibilité de croisement de la ligne médiane au niveau de L2-L3. croisées sont plus fréquentes à gauche qu’à droite. En cas de
maladie avancée, l’atteinte est diffuse à l’ensemble du rétropé-
ritoine et bilatérale. Rarement, les lymphatiques se drainent
T2 de 18 (bas grade) à 38 % (grade élevé) et pour les T3 de 18 % directement vers le ganglion de la bifurcation aortique et les
(bas grade) à 68 % (grade élevé). L’extension ganglionnaire est ganglions iliaques communs. Les relais ultimes sont les gan-
un facteur de pronostic très défavorable. Dès qu’un ganglion est glions rétrocruraux diaphragmatiques, médiastinaux, puis sus-
envahi, le pourcentage de survie à 5 ans passe de 70 % à 35 %. claviculaires. Le rétropéritoine est le site métastatique initial
Cette notion ne s’applique pas aux cancers de la zone de dans 85 % des cas. Seuls 15 % environ ont des métastases
transition, dont le risque d’extension ganglionnaire est plus ganglionnaires initialement thoraciques sans atteinte visible du
faible. La recherche de métastases ganglionnaires est un des rétropéritoine. Quand il y a une atteinte de l’épididyme par le
points essentiels du bilan préthérapeutique du cancer de la processus tumoral, il y a un envahissement direct des ganglions
prostate, car leur présence contre-indique une éventuelle iliaques externes. L’atteinte du scrotum par la tumeur se draine
chirurgie. L’envahissement ganglionnaire est globalement sous- vers les ganglions inguinaux et ces adénopathies sont volontiers
estimé dans 30 % des cas par toutes les méthodes d’imagerie et, volumineuses.
jusqu’à ce jour, le curage ganglionnaire de la chaîne iliaque
externe est la référence lorsque l’imagerie est négative ou Particularités de la tumeur
douteuse.
Le cancer du testicule est très lymphophile. Trente-cinq % des
L’utilisation de la FDG-PET dans le diagnostic du cancer
patients ont des métastases au moment du diagnostic, qui est
localisé de la prostate est très décevante car ce type tumoral a
souvent tardif car la lésion du testicule est asymptomatique au
une faible activité glycolytique et donc n’accumule pas une
début. Dans 10 % des cas, le mode de révélation est dû à
grande quantité de traceurs. Une faible prise de contraste est
l’extension lymphatique (adénopathie sus-clavière, douleurs
possible dans l’hyperplasie prostatique bénigne, donnant des
lombaires par compression due à des masses rétropéritonéales).
difficultés supplémentaires. Un autre traceur, la 11-C-choline, à
Les facteurs pronostiques défavorables sont le volume tumoral,
excrétion urinaire négligeable, est captée par les cellules
l’envahissement local, l’élévation des marqueurs, et la présence
cancéreuses prostatiques par activation de son transfert par une
à l’intérieur de la tumeur d’éléments de choriocarcinome et de
phosphorylation. Ce traceur serait plus efficace pour l’identifi-
tératome. L’envahissement de l’épididyme et du cordon (de 10
cation à la fois d’une maladie localisée et d’une extension
à 15 % des cas) augmente le risque de métastases à distance. Les
métastatique. Cependant, l’utilisation pratique de la 11-C-
métastases se développent le plus souvent d’abord par voie
choline est limitée car sa très courte demi-vie nécessite la
lymphatique. La dissémination hématogène survient secondai-
fabrication sur le site même du PET-scan. Une augmentation de
rement. Seul le choriocarcinome se propage principalement par
la prise de 18F-FDG des tumeurs primaires avec un score de
voie hématogène. L’aspect histologique de la métastase gan-
Gleason élevé a été décrite. Cela permettrait de proposer
glionnaire n’est pas constamment identique à celui de la
l’imagerie PET-scan pour évaluer l’agressivité des tumeurs locales
tumeur principale et peut contenir d’autres contingents tumo-
et orienter la décision thérapeutique.
raux. Cette découverte n’est qu’apparente et traduit la présence
En revanche, pour l’évaluation ganglionnaire et des métasta-
passée inaperçue de ce contingent en quantité minime dans la
ses à distance, le PET-scan semble plus intéressant, avec des
tumeur du testicule. Les données obtenues à partir des curages
performances nettement supérieures et l’absence de faux-
ganglionnaires montrent que de 20 à 30 % des patients ayant
positifs. Malgré les études restreintes sur ce thème et le faible
une tumeur séminomateuse de stade I avec une imagerie
nombre de patients, les sensibilités sont d’environ 50 % et les
négative ont une micrométastase. Ceci justifie pour beaucoup
spécificités de 72 à 90 % pour cette indication.
l’indication d’une radiothérapie systématique ; pour d’autres,
une simple surveillance TDM suffit d’autre part dans ce type de
Pénis processus tumoral avec une régression rapide sous
Le premier relais ganglionnaire se situe dans les ganglions chimiothérapie.
inguinaux superficiels, et plus rarement les ganglions inguinaux Malgré l’incapacité de détecter des métastases inférieures à
profonds ou iliaques externes. L’extension est bilatérale. 5 mm, il semble que, pour l’extension ganglionnaire rétropé-
ritonéale, la sensibilité du PET-scan et sa spécificité soient
nettement supérieures à celles du scanner, avec une sensibilité
Testicule [3, 80-83]
(Fig. 20–22) voisine de 70 % et une spécificité de 100 % pour les sémino-
mes. Le PET-scan reste inefficace pour les tératomes matures
Voies d’extension lymphatique
car ceux-ci ont un métabolisme du glucose très faible. La TEP
Il existe deux groupes : un superficiel et un profond. Le peut être utilisée pour localiser la tumeur devant une éléva-
groupe superficiel draine les enveloppes de la bourse, tandis que tion des marqueurs biologiques sans masse détectable en

Radiodiagnostic - Urologie-Gynécologie 17
34-625-D-10 ¶ Imagerie dans l’étude des métastases ganglionnaires des tumeurs génito-urinaires pelviennes de l’adulte

Figure 21. Séminome testiculaire gauche. Suivi après


chimiothérapie.
A. Avant traitement. Petite masse latéroaortique de
1,5 cm, peu dense en tomodensitométrie (TDM) après
injection (A1) (flèche). Fixation au PET en vue antérieure
(A2) (flèche). Il y a d’autres fixations mais artefactuelles
abdominales supérieures.
B. Après chimiothérapie. La TDM montre un reliquat
tissulaire unique (B1) (flèche). Il n’a pas de fixation au PET,
ce qui traduit l’absence de tissu tumoral dans cette struc-
ture (B2).

TDM, avec une valeur prédictive positive de 92 % mais une Organes génitaux féminins [16, 84]

valeur prédictive négative plus faible, de 50 %. La TEP


augmente l’efficacité des autres méthodes d’imagerie pour Voies d’extension lymphatique
évaluer une maladie rétropéritonéale au moment du diagnos-
tic initial de cancer et de façon plus importante encore dans Les voies de drainage lymphatique du col et du corps de
l’évaluation de la réponse d’une masse rétropéritonéale après l’utérus diffèrent (Fig. 18).
chimiothérapie. Pour les tumeurs du corps utérin, plusieurs voies de drainage
En postchimiothérapie d’un cancer du testicule, les sensibili- sont décrites. La voie lomboaortique directe emprunte le trajet
tés du PET-scan sont satisfaisantes dans 80 à 85 % des cas, avec du pédicule lombo-ovarien vers les ganglions latéroaortiques et
des spécificités de 90 à 95 %, pour différencier une nécrose préaortiques voisins de l’origine de l’artère mésentérique
tumorale d’une fibrose, d’une maladie résiduelle ou d’une inférieure. L’atteinte du groupe interne de la voie iliaque
récidive, ou encore pour apprécier la diminution de la prise de externe avec le ganglion « sous-veineux » est habituelle et se
18
F-FDG, ce qui traduirait une réaction positive au traitement. draine vers la chaîne iliaque primitive. Il existe des voies
Il détecte également les rechutes et les localisations atypiques. accessoires exceptionnelles vers les ganglions inguinaux en
Il pourrait être proposé systématiquement pour évaluer l’effica- suivant le ligament rond et vers les ganglions iliaques internes.
cité du traitement en fin de chimiothérapie, en respectant un Classiquement, les tumeurs du fond de l’utérus se drainent
délai de 2 semaines après chimiothérapie et de 2 mois après plutôt vers les chaînes lomboaortiques et les tumeurs de
radiothérapie. l’isthme vers les chaînes iliaques externes.

18 Radiodiagnostic - Urologie-Gynécologie
Imagerie dans l’étude des métastases ganglionnaires des tumeurs génito-urinaires pelviennes de l’adulte ¶ 34-625-D-10

Figure 22. Séminome testiculaire gauche. Suivi après chimiothérapie (clichés du Dr Schneeghans, service de médecine nucléaire, Centre anticancéreux Paul
Strauss, Strasbourg et du Dr Sauer, Interne).
A. Avant traitement. Volumineuses masses ganglionnaires bilatérales peu denses autour des hiles rénaux et englobant les structures vasculaires (A1). Intense
fixation au PET en vue antérieure montrant l’étendue des lésions (A2).
B. Après chimiothérapie. Il persiste en tomodensitométrie une petite masse ovalaire derrière la veine rénale gauche (B1) (flèche). Il n’y a pas de fixation au PET
(B2) ce qui traduit l’absence de tissu tumoral dans cette structure, mais il démontre l’apparition des métastases pulmonaires (tête de flèche). La fixation sur la
vue de profil correspond à l’excrétion urinaire du produit (flèche).

Les lymphatiques du col se rendent dans la plupart des cas profonds puis iliaques externes, iliaques primitifs et enfin
aux ganglions internes « sous-veineux » et moyens de la chaîne lomboaortiques. Les ganglions iliaques internes sont rarement
iliaque externe, puis lomboaortiques. Plus rarement, il y a une atteints.
atteinte de la chaîne iliaque interne ou des ganglions présacrés.
Il existe une voie accessoire qui se draine vers les ganglions du Particularités de la tumeur
promontoire et/ou directement dans les ganglions lomboaorti- La présence d’adénopathies est un facteur de pronostic
ques au voisinage de la terminaison de la veine ovarienne. Cette important, puisque la survie globale de ces cancers chute à
éventualité d’atteinte ganglionnaire haute, en l’absence 45-60 % dès que cette dissémination est présente. Pour les
d’atteinte des premiers relais, est rare, de l’ordre de 1 à 3 %. Ces cancers de l’utérus, la moitié des récidives après traitement se
deux localisations anatomiques communiquent par de nom- manifestent par des adénopathies, le plus souvent pelviennes du
breuses anastomoses situées dans la paroi utérine aux confins groupe interne de la chaîne iliaque externe ou plus rarement
du corps et du col, ce qui explique qu’en pratique il y a lomboaortiques.
beaucoup de variantes rencontrées.
Les trompes se drainent directement vers la voie lomboaorti- Cancer du col de l’utérus [34]
que. La voie inguinale est moins fréquente. La chirurgie de ce type de cancer inclut un curage ganglion-
La circulation lymphatique des ovaires se draine directement naire. La fréquence des métastases ganglionnaires est en
vers les ganglions lomboaortiques (Fig. 20). Le premier relais se moyenne de 18 % pour les stades I, 30 % pour les stades II,
situe en principe dans la région où se termine la veine ova- 50 % pour les stades III et de 70 % pour les stades IV. Elle
rienne (comme les cancers du testicule). Il peut aussi se situer augmente de façon significative avec la taille de la tumeur,
plus bas et juste dans la région de la bifurcation aortique. Plus passant de 18 % pour les tumeurs inférieures à 4 cm à 46 % dès
rarement, le drainage se fait à contre-courant par les collecteurs que la tumeur dépasse 4 cm. En revanche, en cas de métastase
cheminant parallèlement au bord de l’utérus et se poursuivant ganglionnaire pelvienne, l’atteinte rétropéritonéale est présente
dans les collecteurs iliaques externes. Une voie accessoire dans plus de 20 % des cas. Dans les stades I, les ganglions
chemine le long du ligament rond, puis se draine vers les atteints sont volontiers de taille normale, contenant unique-
ganglions iliaques externes mais également vers les ganglions ment des micrométastases. Une lésion de stade I/II sans atteinte
inguinaux. ganglionnaire a une survie à 5 ans de 94 %, mais elle passe à
Les vaisseaux lymphatiques du vagin suivent les uns l’artère 64 % si les ganglions pelviens sont envahis et à 37 % si les
utérine, les autres l’artère vaginale. Les premiers sont tributaires ganglions lomboaortiques sont atteints. Ensuite, pour les stades
des ganglions iliaques externes, les autres des ganglions iliaques III/IV, la survie moyenne à 5 ans n’est que de 20 %.
internes et parfois du ganglion du promontoire. Le drainage Ces performances de la TEP sont supérieures à l’analyse
lymphatique du vagin se fait comme celui du col utérin pour morphologique par imagerie pour détecter les métastases
ses deux tiers supérieurs et comme celui de la vulve pour le tiers ganglionnaires. La TEP améliore la stadification de l’extension
inférieur. ganglionnaire initiale des cancers invasifs du col. Sa sensibilité
Les cancers de la vulve se drainent par un premier relais pour la détection d’adénopathies lomboaortiques varie de 75 à
ganglionnaire vers les ganglions inguinaux superficiels. La 90 %, avec une spécificité de 92 à 100 % et une valeur prédic-
propagation s’effectue ensuite vers les ganglions inguinaux tive positive de 92 % dans le cadre des cancers localisés au stade

Radiodiagnostic - Urologie-Gynécologie 19
34-625-D-10 ¶ Imagerie dans l’étude des métastases ganglionnaires des tumeurs génito-urinaires pelviennes de l’adulte

précoce avec un petit axe supérieur à 0,5 cm. Les adénopathies [7] Stellato G, Tikkala L, Makela P, Kajanoja P. Pelvic lymph node
sont dans 30 % des cas rétrospectivement visibles en imagerie, metastases in cervical cancer: comparison of lymphography, inspec-
mais de taille voisine ou inférieure à 1 cm. Les micrométastases tion, radiography and histologic examination of lymph nodes. Eur
restent indétectables. J Gynecol Oncol 1992;13:161-6.
En post-thérapeutique, la sensibilité du PET-scan avoisine [8] Vinnicombe SJ, Norman AR, Nicolson V, Husband JE. Normal pelvic
90 % [20, 21], que l’imagerie morphologique soit douteuse ou lymph nodes: evaluation with CT after bipedal lymphography.
considérée comme normale, pour la détection d’adénopathies Radiology 1995;194:349-55.
métastatiques dans les cancers du col. [9] Frija J, Bourrier P, Zagdanski AM, de Kerviler E. Diagnostic d’un gan-
glion tumoral. J Radiol 2005;86:113-25.
Cancer de l’endomètre [10] Castellino RA. Retroperitoneal and pelvic lymph node imaging.
La lymphadénomectomie n’étant pas réalisée de façon Cancer 1991;67:1219-22.
systématique, les méthodes d’imagerie sont donc particulière- [11] Delorme S, Van Kaick G. Imaging of abdominal nodal spread in
ment utiles. Comme pour les tumeurs du col utérin, la fré- malignant disease. Eur Radiol 1996;6:262-74.
quence des métastases ganglionnaires croît avec le stade, en [12] Teefey SA, Baron RL, Schulte SJ, Shuman WP. Differentiating pelvic
moyenne 10 % d’atteinte ganglionnaire pour le stade I et 30 % veins and enlarged lymph nodes: optimal CT techniques. Radiology
pour le stade II. La présence d’un envahissement du myomètre 1990;175:683-5.
supérieur à 50 % est corrélée avec le taux important de métas- [13] Yang WT, Lam WW, Yu MY, Cheung TH, Metreweli C. Comparison of
tases lomboaortiques, qui atteint de 30 à 50 % dans ces cas. dynamic helical CT and dynamic MR imaging in the evaluation of
L’IRM est la modalité la plus performante pour évaluer l’exten- pelvic lymph nodes in cervical carcinoma. AJR Am J Roentgenol 2000;
sion dans le myomètre et sa suspicion impose un curage 175:759-66.
ganglionnaire. [14] Dooms GC, Hricak H, Crooks LE, Higgins CB. Magnetic resonance
La TEP est peu sensible pour la détection des métastases imaging of the lymph-nodes: comparison with CT. Radiology 1984;
ganglionnaires de ce type tumoral, avec des chiffres de 60 % de 153:719-28.
sensibilité pour une meilleure spécificité de 94 % [57] (Fig. 20). [15] Hricak H, Dooms GC, Jeffrey RB, Avallone A, Jacobs D, Benton WK,
et al. Prostatic carcinoma: staging by clinical assessment, CT and MR
Cancers de l’ovaire [20, 21] (Fig. 20) imaging. Radiology 1987;162:331-6.
[16] Kim SH, Kim SC, Choi BI, Han MC. Uterine cervical carcinoma:
Il n’y a pas d’études sur le staging initial du cancer de l’ovaire
evaluation of pelvic lymph-node metastasis with MR imaging.
dont le statut est d’emblée chirurgical avec curage
Radiology 1994;190:807-11.
ganglionnaire.
[17] Lee JK, Heiken JP, Ling D, Glazer HS, Balfe DM, Levitt RG, et al.
Le stade des tumeurs ovariennes est établi durant l’explora-
Magnetic resonance imaging of abdominal and pelvic
tion chirurgicale avec curage lomboaortique associé. L’atteinte
lymphadenopathy. Radiology 1984;153:181-8.
rétropéritonéale s’observe dans 10 à 20 % des stades initiale- [18] Jager GJ, Barentsz JO, Oosterhof GO, Witjes JA, Ruijs SJ. Pelvic
ment classés I et II. En cas de récidive, les adénopathies lymphadenopathy in prostatic and urinary bladder carcinoma: MR
pelviennes et rétropéritonéales sont plus rares que l’atteinte imaging with a three-dimensional T1-weighted magnetization-
péritonéale ou viscérale. Cette constatation est expliquée par prepared-rapid gradient-echo sequence. AJR Am J Roentgenol 1996;
l’obstruction lymphatique après le curage ganglionnaire extensif 167:1503-7.
initial. [19] Roy C, Le Bras Y, Mangold L, Saussine C, Tuchmann C, Pfleger D,
Tumeur du vagin et al. Small pelvic lymph node metastases: evaluation with MR
imaging. Clin Radiol 1997;52:437-40.
Les tumeurs primitives du vagin sont rares. L’incidence des [20] Harisinghani MG, Barentsz J, Hahn PF, Deserno WM, Tabatabaei S,
métastases ganglionnaires est de 5 % pour les stades I et de van de Kaa CH, et al. Noninvasive detection of clinically occult lymph-
25 % pour les stades II. Le taux de survie à 5 ans est de 20 à node metastases in prostate cancer. N Engl J Med 2003;348:2491-9.
30 % en cas de ganglions positifs. [21] Hawighorst H, Schoenberg SO, Knapstein PG, Knopp MV,
Tumeurs de la vulve Schaeffer U, Essig M, et al. Staging of invasive cervical carcinoma and
of pelvic lymph nodes by high resolution MRI with a phases array coil
L’atteinte ganglionnaire est volontiers bilatérale du fait de in comparison with pathological finding. J Comput Assist Tomogr 1998;
nombreuses anastomoses sur la ligne médiane. L’atteinte 22:75-81.
pelvienne isolée est rare. Elle est de 20 à 40 % des cas si les [22] Forsberg L, Dale L, Hoiem L, Magnusson A, Mikulowski P,
ganglions inguinaux sont envahis. Les ganglions inguinaux sont Olsson AM, et al. Computed tomography in early stages of testicular
faciles d’accès à l’examen clinique, en dehors d’un morphotype carcinoma. Size of normal retroperitoneal lymph nodes and lymph
particulier, et peuvent bénéficier d’une ponction à visée nodes in patients with metastases in stage II A. A SWENOTECA study:
cytologique réalisée sous échographie. Le taux de survie est de Swedish-Norwegian Testicular Cancer Project. Acta Radiol 1986;27:
91 % en 5 ans en l’absence d’atteinte ganglionnaire et chute à 569-74.
57 % lorsqu’il existe une atteinte ganglionnaire. [23] Weinerman PM, Arger PH, Coleman BG, Pollack HM. Banner, Wein
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20 Radiodiagnostic - Urologie-Gynécologie
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Radiodiagnostic - Urologie-Gynécologie 21
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C. Roy (catherine.roy@chru-strasbourg.fr).
S. Tetekpor.
Service de radiologie B, Hôpitaux Universitaires de Strasbourg, Hôpital Civil, 1, place de l’Hôpital, BP 426, 67091 Strasbourg, France.
M.-F. Bellin.
Service de radiologie, Hôpital Paul Brousse, 12, avenue Paul-Vaillant-Couturier, BP 200, 94804 Villejuif cedex, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Roy C., Tetekpor S., Bellin M.-F. Imagerie dans l’étude des métastases ganglionnaires des tumeurs
génito-urinaires pelviennes de l’adulte. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris), Radiodiagnostic - Urologie-Gynécologie, 34-625-D-10, 2006.

Disponibles sur www.emc-consulte.com


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22 Radiodiagnostic - Urologie-Gynécologie
Encyclopédie Médico-Chirurgicale 34-605-B-10

34-605-B-10

Imagerie de l’endomètre
M Bazot
Y Robert
S Sananes
Résumé. – L’endomètre est le siège de très nombreuses modifications physiologiques ou pathologiques,
S Launay
essentiellement pendant les périodes d’activité génitale ou postménopausique. Les ménométrorragies
F Boudghène
représentent le symptôme clinique majeur pouvant refléter la présence de nombreux processus
physiologiques, pathologiques bénins ou malins. Le but de cette présentation est d’exposer la variété et la
valeur des nombreuses techniques disponibles pour l’exploration de l’endomètre normal et pathologique.
© 2001 Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS. Tous droits réservés.

Mots-clés : endomètre, utérus, échographie, imagerie par résonance magnétique, sonohystérographie,


hystérographie, hystéroscopie, biopsie endométriale, cancer de l’endomètre.

Introduction huitième et la neuvième semaine postovulatoire. À partir de la


20e semaine de gestation, l’endomètre est composé d’une couche
cellulaire, supportée par une épaisse couche de stroma
La pathologie endométriale représente une cause fréquente de fibroblastique. Au-delà de la 20e semaine gestationnelle, l’épithélium
consultation en gynécologie. Les ménométrorragies représentent en de surface forme des structures glandulaires qui s’étendent au sein
particulier un tiers des consultations gynécologiques, ce chiffre du muscle utérin. À la naissance, l’utérus mesure environ 4 cm de
atteignant 70 % en période péri- et postménopausique [41] . Ce long, l’essentiel étant formé par le col. La surface endométriale et les
symptôme peut être le témoin de perturbations fonctionnelles glandes sont limitées par un épithélium de type cylindrique ou
associées à des anomalies de l’endomètre (atrophie, hypertrophie) cubique qui ne présente pas d’activité proliférative ou sécrétoire.
ou non (cycles anovulatoires), de lésions organiques de l’endomètre Cette muqueuse endométriale mesure moins de 0,5 mm d’épaisseur
(polype, cancer) ou de lésions de voisinage (pathologies et ressemble à l’endomètre inactif des femmes ménopausées.
myométriales ou ovariennes). Elles justifient une recherche
À la période pubertaire, la muqueuse endométriale reste inactive.
étiologique à l’aide d’examens complémentaires, en particulier pour
rechercher une origine tumorale maligne. Après avoir revu les Pendant la période d’activité génitale, la taille et le poids de l’utérus
origines embryologiques, les aspects anatomiques et les variations normal varient en fonction de la parité. Pendant cette période,
physiologiques de l’endomètre, nous envisageons la mise en œuvre l’endomètre subit des modifications morphologiques. Celles-ci sont
des différentes techniques d’imagerie et leur résultats pour les particulièrement évidentes au niveau des deux tiers supérieurs de la
différentes pathologies de l’endomètre. L’apport et les limites de muqueuse où siège la couche fonctionnelle. Ces altérations
chaque technique nous permettent de définir la place de celles-ci morphologiques sont minimes au niveau du tiers inférieur de
l’endomètre représenté par une couche basale unique. Ce tissu
dans l’exploration des ménométrorragies.
glandulaire est soumis à une stimulation cyclique par la
gonadotrophin releasing hormone (GnRH) d’origine hypothalamique,
qui agit sur la sécrétion de la follicle stimulating hormone (FSH) et
Embryologie et anatomie de la luteinizing hormone (LH). Ces deux hormones
de l’endomètre antéhypophysaires sont libérées dans la circulation et agissent sur
l’ovaire, lieu d’élaboration principal des œstrogènes et de la
progestérone. Ces deux hormones agissent sur le développement de
RAPPELS l’endomètre. La première phase est sous la domination essentielle
des œstrogènes. Ils stimulent le développement des cellules
L’endomètre et le myomètre sont d’origine mésodermique, ces deux muqueuses (phase proliférative) et l’endomètre va atteindre environ
structures étant formées par la fusion des canaux de Müller entre la 5 mm d’épaisseur (10 mm pour les deux faces de la cavité utérine)
lors de l’ovulation. Après l’ovulation, débute la phase sécrétoire : le
corps jaune va former de la progestérone qui va s’opposer à l’action
Marc Bazot : Praticien hospitalier. des œstrogènes en réduisant le nombre de récepteurs, en favorisant
Frank Boudghène : Professeur des Universités. sa conversion en œstrone et va stimuler la différenciation de
Service de radiologie.
Serge Sananes : Ancien chef de clinique-assistant, service de gynécologie-obstétrique et de la reproduction. l’endomètre vers une activité sécrétoire au sein du tissu glandulaire.
Hôpital Tenon, 4, rue de la Chine, 75970 Paris cedex 20, France. En cas d’anovulation, il peut se produire une chute du taux
Yann Robert : Professeur des Universités.
Sylvaine Launay : Chef de clinique-assistante.
d’œstradiol, responsable de métrorragies de privation telles qu’elles
Service de radiologie, hôpital Jeanne-de-Flandre, 2, avenue Oscar-Lambret, 59037 Lille cedex, France. peuvent être observées chez la jeune fille, en période

Toute référence à cet article doit porter la mention : Bazot M, Robert Y, Sananes S, Launay S et Boudghène F. Imagerie de l’endomètre. Encycl Méd Chir (Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS, Paris, tous droits réservés),
Radiodiagnostic – Urologie-Gynécologie, 34-605-B-10, 2001, 13 p.
34-605-B-10 Imagerie de l’endomètre Radiodiagnostic

faible coût. La technique échographique a longtemps consisté en une


exploration par voie sus-pubienne, mais à l’heure actuelle,
l’échographie endovaginale est devenue incontournable en raison
de la qualité de la résolution spatiale obtenue avec les sondes de
haute fréquence utilisées (5-9 MHz). Aujourd’hui, il apparaît
souhaitable d’effectuer un bref passage transabdominal, vessie en
faible réplétion, pour obtenir une vue d’ensemble du pelvis et un
aperçu de la morphologie utérine, puis vessie vide, d’analyser celle-
ci, et en particulier la muqueuse endométriale, en dehors des rares
contre-indications de la voie endovaginale (virginité, postopératoire
récent).
La période du cycle à laquelle est effectué l’examen peut interférer
sur les informations qu’il est susceptible de fournir : une exploration
en première partie de cycle est particulièrement adaptée pour la
recherche d’un polype, en deuxième partie du cycle pour étudier les
rapports d’un myome sous-muqueux avec la cavité utérine. Ne
sachant pas à l’avance quelle pathologie est responsable de la
1 Schéma mettant en évidence une artère latéro-utérine donnant des artères arquées symptomatologie, le compromis idéal théorique est aux alentours
donnant elles-mêmes les artères radiales, vascularisant l’ensemble du myomètre et se
terminant au niveau de l’endomètre par les artères spiralées qui s’anastomosent entre
du dixième jour du cycle. La mesure de l’endomètre prend en
elles au niveau de la couche basale et de la couche fonctionnelle. compte sa totalité, de part et d’autre de la ligne cavitaire sur une
coupe sagittale médiane, ne prenant pas en compte, bien entendu, le
possible halo hypoéchogène périendométrial qui correspond à la
préménopausique ou dans les cycles anovulatoires [6]. En l’absence partie interne du myomètre. S’il existe une lame d’épanchement
de fécondation, le corps jaune régresse dans les 9 à 11 jours qui liquidienne, chaque feuillet doit être mesuré indépendamment.
suivent l’ovulation, s’accompagnant d’une chute de la sécrétion
hormonale, avec survenue de la menstruation qui dure de 2 à 7 jours La découverte d’une pathologie endométriale peut conduire à
(pathologique au-delà de 7 jours), entraînant la perte de 40 mL réaliser :
± 20 mL de sang en moyenne (pathologique au-delà de 80 mL) [6]. – un doppler utérin : il vise à rechercher une vascularisation
En moyenne, un cycle dure de 28 jours ± 7 jours (23-39 jours), la anormalement visible au sein de l’endomètre, en utilisant des
phase sécrétoire étant la plus constante (14 jours). vitesses lentes en doppler couleur ou énergie (pulse repetition
En période postménopausique, l’endomètre est proche de son aspect frequency [PRF] #1 000 Hz, filtre de paroi bas # 50 Hz et priorité
en période néonatale, représenté par quelques glandes éparses couleur élevée) ;
soulignées par un épithélium cubique dépourvu d’activité – un doppler des artères utérines : il comporte principalement un
proliférative ou sécrétoire. repérage de l’artère utérine dans le paramètre, à hauteur de l’isthme,
selon le plan sagittal ou transversal, l’idéal étant d’obtenir la crosse
ANATOMIE VASCULAIRE de l’artère utérine pour optimiser le positionnement de la fenêtre
d’enregistrement du doppler pulsé selon l’axe du vaisseau.
La muqueuse endométriale est vascularisée par un important réseau
qui provient des artères radiales du myomètre sous-jacent, elles- ¶ Imagerie par résonance magnétique
mêmes issues des deux artères latéro-utérines (fig 1). Ces vaisseaux
pénètrent l’endomètre à intervalle régulier, donnant naissance aux C’est actuellement la technique de première intention pour le bilan
artères basales. Celles-ci se contournent, donnant naissance à des d’extension des cancers de l’endomètre prouvés histologiquement.
branches horizontales et verticales, les premières donnant naissance L’examen doit comporter des séquences en écho de spin turbo T2
à l’apport vasculaire de la couche basale de l’endomètre, les dans le plan sagittal, complétées par des coupes transversales
secondes formant les artérioles spiralées nourrissant la couche perpendiculaires à l’axe du corps utérin, voire dans les lésions
fonctionnelle. Leur développement et leur arborisation au niveau de suspectes d’une extension fundique, une étude dans le plan frontal,
la surface de l’endomètre, leur connexion par un système parallèle à l’axe de l’utérus. La réalisation de séquences courtes,
précapillaire de surface sur l’épithélium, sont influencés par la pondérées T1 en écho de gradient, répétées toutes les 20 à
stéroïdogenèse. 30 secondes, permet d’étudier la cinétique de la prise de contraste
Les artères endométriales, contrairement aux artères myométriales, du myomètre sain et d’évaluer en complément des séquences
sont caractérisées histologiquement par l’absence de tunique pondérées T2, l’extension locale d’une tumeur. Elle peut également
élastique, à l’exception des artères de la couche basale. Les veines et être discutée dans les autres pathologies, mais ne doit pas être
les vaisseaux lymphatiques sont relativement proches du système systématique. En cas de pathologie myométriale, des séquences
artériel. Les lymphatiques utérins se drainent par le biais des plexus pondérées T1 peuvent servir à obtenir des informations sur le signal,
utérins vers les ganglions pelviens et lomboaortiques. aider à caractériser la lésion, et doivent être réalisées avec saturation
de graisse pour montrer la nature hématique ou graisseuse d’un
hypersignal. En pratique, elles sont peu utiles pour la pathologie
endométriale proprement dite et inutiles dans le bilan d’extension
Méthodes d’exploration d’un cancer. En cas de lésion tumorale, il ne faut pas omettre de
de la pathologie endométriale rechercher des ganglions, en réalisant des séquences transversales
strictes sur le pelvis, puis sur la région lomboaortique.

TECHNIQUES NON INVASIVES


TECHNIQUES INVASIVES
¶ Échographie
¶ Hystérosonographie
L’échographie est la technique de base de l’imagerie gynécologique,
qui précède en règle toutes les autres investigations Elle complète l’exploration échographique de l’appareil génital
complémentaires. Certes, d’autres moyens permettent d’explorer la féminin. Elle requiert un matériel spécifique pour le repérage et la
cavité utérine, mais seule l’échographie permet une analyse préparation du col utérin (spéculum, hystéromètre, pinces...). En
complète (myomètre et cavité pelvienne), en toute innocuité et à pratique, deux éléments particuliers à la technique

2
Radiodiagnostic Imagerie de l’endomètre 34-605-B-10

hystérosonographique sont nécessaires pour sa réalisation pratique : histologique de l’endomètre. Canule de Novak et pipelle de Cornier
le choix du cathéter et le choix du produit de contraste [35]. sont les matériaux les plus fréquemment utilisés, permettant
Trois types de cathéters sont disponibles pour l’instillation du d’aspirer un fragment d’endomètre. Le principe consiste à introduire
produit de contraste, chacun d’entre eux présentant certains un cathéter dans la cavité utérine, ce qui peut nécessiter l’utilisation
avantages et inconvénients. Il existe un cathéter spécialement conçu d’une pince pour redresser l’utérus afin de franchir l’isthme. Une
pour la sonohystérographie de calibre 5 F ou 7 F, flexible, à trou fois la canule en place, le vide est alors créé et une rotation est
distal, muni d’un ballonnet. D’introduction facile grâce à un effectuée pour faciliter l’entrée du fragment d’endomètre dans la
mandrin rigide, son embout distal permet une purge facile éliminant canule. Chez les femmes ménopausées et en période d’activité
toute bulle d’air, son ballonnet permet d’assurer une bonne génitale, un fragment adéquat est obtenu dans 76 à 97 % des cas [14].
étanchéité et un remplissage satisfaisant de la cavité utérine. Son Les mécanismes mis en jeu pour l’aspiration du fragment expliquent
inconvénient est son coût. La sonde de Folley à ballonnet les performances variables d’un système à un autre et le volume de
pédiatrique peut aussi être utilisée, ayant l’avantage d’être peu tissu prélevé. Néanmoins, il existe un risque de faux négatif, en
coûteuse. Souple, elle est d’introduction plus difficile et ne permet particulier en cas de cancer, car le prélèvement peut être effectué en
pas une purge parfaite, la présence d’air intracavitaire pouvant zone saine dans les lésions localisées et/ou être trop petit [15]. Le rôle
gêner l’examen échographique. Enfin, des cathéters à insémination complémentaire de l’échographie est alors évident, car elle permet
artificielle, de type Frydman, également peu coûteux, peuvent être de s’assurer de l’adéquation des résultats histologiques avec les
utilisés. D’introduction facile et atraumatique, leur inconvénient constatations échographiques. En cas de discordance et/ou de
majeur est représenté par l’absence de ballonnet, d’où un défaut persistance des signes cliniques, une hystéroscopie peut être
d’étanchéité provoquant un reflux du produit de contraste. proposée.
Deux types de produit de contraste peuvent être utilisés pour
visualiser la cavité utérine : le sérum physiologique, transsonore, très
¶ Hystéroscopie
peu onéreux, facilement accessible ; les produits de contraste Les améliorations techniques de l’endoscopie ont permis d’utiliser
échographiques avec microbulles en suspension, plus onéreux, des hystéroscopes de petit diamètre (2,5 à 5 mm) et de réaliser des
pouvant être utiles pour étudier conjointement la perméabilité examens ambulatoires sans dilatation du col. La distension utérine,
tubaire. qui peut être obtenue par du dioxyde de carbone (CO2) ou du sérum
Après l’étude complète de la cavité pelvienne par voies sus- physiologique, permet de bien voir la cavité utérine, en l’absence de
pubienne et endovaginale, la réalisation d’une hystérosonographie sang ou de mucus trop abondant. La principale limitation actuelle
est en tout point similaire à celle d’une hystérographie. Après mise au développement de cette technique est le coût d’un hystéroscope,
en place du spéculum, le col cervical est nettoyé et le cathéter est auquel s’ajoute le problème de décontamination indispensable entre
introduit dans le canal cervical et mis en place dans la cavité utérine. deux examens, ce qui rend indispensable d’avoir plusieurs
Si l’on utilise une sonde munie d’un ballonnet, celui-ci est gonflé hystéroscopes disponibles. Il faut également noter le faible nombre
dans la cavité utérine, de façon progressive et en interrogeant la de praticiens formés pour réaliser ces hystéroscopies en consultation.
patiente pour éviter toute douleur lors de son remplissage à l’eau. En cas de doute sur une pathologie endométriale, une biopsie
Le ballonnet est ensuite plaqué contre l’orifice interne du canal endométriale dirigée est systématiquement réalisée au cours de
cervical, pour prévenir toute fuite de produit de contraste. Le l’hystéroscopie.
produit de contraste peut alors être instillé dans la cavité utérine
sous contrôle échographique, en évitant toute distension excessive ¶ Curetage biopsique
et douloureuse. Pour analyser la partie basse de la cavité utérine, il
Cette méthode ancienne, bien qu’elle permette de prélever une
faut mobiliser le ballonnet vers le fond cavitaire. L’étude du canal
grande partie de l’endomètre, n’assure pas un diagnostic absolu. Elle
cervical s’effectue en fin d’examen, au cours de l’évacuation du
nécessite une anesthésie et une journée d’hospitalisation. De plus,
produit de contraste, après dégonflage du ballonnet. Comme pour
des complications sont possibles : risque de perforation (6 à
l’hystérographie, l’examen doit être réalisé en première partie de
13/1 000), d’hémorragie (4/1 000), d’infection (3 à 5/1 000) et de
cycle, en dehors des saignements si cela est possible, et en respectant
synéchies [41].
les contre-indications (infection, grossesse). Sa réalisation en
deuxième partie de cycle s’accompagne d’une augmentation des
faux positifs [43].
Imagerie de l’endomètre normal
¶ Hystérographie
La connaissance des aspects normaux de l’endomètre au cours de la
Mode classique d’exploration radiologique de la cavité utérine avant vie est fondamentale pour être capable d’identifier un processus
le développement de l’échographie endovaginale et de pathologique, qu’il soit fonctionnel ou organique. Deux périodes
l’hystéroscopie ambulatoire, elle ne doit plus être utilisée doivent être considérées : la période d’activité génitale et la
aujourd’hui en première intention devant une suspicion d’anomalie ménopause, en particulier en échographie.
endocavitaire. La préparation du col est identique à celle de la
sonohystérographie. Des sondes à ballonnet sont mises en place, en
utilisant éventuellement une pince de Pozzi pour pouvoir exercer ÉCHOGRAPHIE
une traction sur le col. Sinon, des sondes dotées de cupule sont
appliquées sur le col en exerçant une dépression à l’aide d’une ¶ Chez la femme en période d’activité génitale
seringue ou du vide afin de pouvoir tirer sur le col. Le produit de Les hormones participent au développement, puis à la maturation
contraste peut être, soit hyperosmolaire, soit d’osmolalité plus basse. de l’endomètre.
Ces derniers produits de contraste iodés de nouvelle génération
La première partie de cycle, ou phase proliférative, de durée
étant plus fluides et diminuant les douleurs lors du passage
variable, débute avec le premier jour des règles :
péritonéal sont volontiers préférés, en particulier dans les bilans
tubaires. La concordance diagnostique de cette technique avec – en période menstruelle, l’endomètre est abrasé, non individualisé
l’hystéroscopie est de 50 à 70 %, à comparer aux résultats opératoires ou encore visible sous la forme d’un liseré échogène résiduel (associé
et anatomopathologiques, leur exactitude est de 50 et 86 % [5]. à un épanchement endocavitaire liquidien ou échogène en rapport
avec des caillots ou des débris muqueux) (fig 2) ;
¶ Biopsie de l’endomètre
– en phase proliférative, l’endomètre est hypoéchogène de part et
Cette technique simple, effectuée en ambulatoire, permet d’obtenir d’autre de la ligne cavitaire qui est échogène et doit être continue.
de manière aisée et rapide des informations sur la nature Son épaisseur varie en fonction de la période à laquelle on réalise

3
34-605-B-10 Imagerie de l’endomètre Radiodiagnostic

2 Échographie endovaginale mettant en évidence une muqueuse atrophique en phase


menstruelle, avec petite rétention liquidienne hématique fundique surmontant un 5 Échographie endovaginale longitudinale permettant d’apprécier les mensurations
caillotage au sein de la cavité. de la muqueuse endométriale ainsi que du corps utérin en période sécrétoire.

3 Muqueuse endomé-
triale en fin de période proli-
férative avec un aspect hy-
poéchogène homogène.

4 Échographie endovagi-
nale en coupe transversale 6 Échographie endovaginale en coupe longitudinale avec utérus rétroversé, rétroflé-
en milieu de cycle, période chi, de petite taille, postménopausique. Muqueuse endométriale à peine visible, totale-
périovulatoire, avec aspect ment atrophique.
en triple feuillet de la mu-
queuse endométriale.
cavitaire. Au 21 e jour, l’endomètre va apparaître totalement
échogène et il mesure au maximum 14 mm (fig 5). L’ovaire est alors
au stade de corps jaune, qui peut présenter différents aspects
échographiques (de kystique à échogène).
La cavité utérine normale en sonohystérographie : le remplissage de
la cavité utérine est en général obtenu avec 10 à 30 mL de produit
de contraste. Grâce au ballonnet qui obture l’ostium du canal
cervical, on peut obtenir un bon déplissement de l’ensemble de la
cavité utérine et apprécier le contenu et les contours de la cavité qui
sont réguliers. En première partie de cycle, elle est bordée par un
endomètre hypoéchogène, d’épaisseur régulière mesurée entre 2 à
l’examen. Il est classiquement mesuré de 4 à 6 mm à j8, de 8 à 10 mm
4 mm.
à j12 (fig 3) . Lorsque l’on analyse l’endomètre, il faut toujours
s’assurer que l’aspect de l’ovaire est concordant avec celui de Sur le cliché en évacuation, le canal cervical paraît plus ou moins
l’endomètre. Au début du cycle, on constate donc un aspect régulier, avec parfois des petites images d’addition correspondant
plurifolliculaire physiologique avec la présence de plusieurs aux replis muqueux normaux. Il est parfois également visualisé chez
follicules visibles (cinq à dix sur chaque ovaire). Vers j8, on identifie les femmes aux antécédents de césarienne, une image d’addition
le follicule dominant, alors que les autres follicules n’ont pas encore antérieure correspondant à la cicatrice.
tous totalement régressé ;
– en période périovulatoire, l’aspect de l’endomètre est typiquement ¶ Chez la femme ménopausée
en cible, avec un fin liseré périphérique échogène correspondant à Il doit être évalué par voie endovaginale afin d’être aussi précis que
la basale, cernant l’endomètre hypoéchogène centré par la ligne possible. En effet, la mesure de son épaisseur conditionne la
cavitaire (fig 4) . Au niveau de l’endocol, on peut également conduite à tenir ultérieure. La valeur maximale normale admise est
visualiser de la glaire sous la forme d’un liquide anéchogène variable selon les auteurs, mais la majorité s’accorde à retenir le seuil
silhouettant les contours du canal cervical. Selon que l’examen est de 5 mm (fig 6). En effet, en deçà de cette valeur, le risque de cancer
réalisé avant ou après l’ovulation, on peut observer au niveau de
est très faible (< 1 %). En cas de traitement substitutif, l’épaisseur de
l’ovaire un follicule mature mesurant entre 18 et 27 mm, avec parfois
l’endomètre normal est en moyenne un peu plus élevée, sans que
une paroi épaissie et irrégulière, ou bien les signes de rupture
l’on observe de différence significative entre les traitements. Une
folliculaire avec un follicule à paroi épaisse, irrégulière et la présence
valeur seuil, plus élevée (8 mm), a été proposée en cas de traitement
d’un peu de liquide dans le cul-de-sac de Douglas.
hormonal substitutif (THS), mais la survenue de cancers sous
Débute alors la deuxième partie du cycle. œstrogénothérapie seule avec un endomètre entre 5 et 8 mm a incité
En phase lutéale ou sécrétoire, l’endomètre va continuer à s’épaissir certains auteurs à conserver la barre de 5 mm comme valeur limite
et devient de plus en plus hyperéchogène de la basale vers la ligne (tableau I).

4
Radiodiagnostic Imagerie de l’endomètre 34-605-B-10

deux structures. Cette notion est particulièrement fondamentale


Tableau I. – Épaisseur de l’endomètre après la ménopause sans et avec
pour l’appréciation du bilan d’extension du cancer de l’endomètre
traitement.
dans le myomètre. L’anatomie zonale de l’utérus en pondération T2
Auteurs Hormone
Épaisseur
Écarts (mm)
a été décrite en IRM pour la première fois par Hricak en 1983 [18].
moyenne (mm) L’endomètre normal présente un discret hypersignal par rapport au
Lin et al [29] Sans 5,2 1-25 myomètre adjacent, alors que celui-ci présente un signal différent.
Œstrogènes seuls 6,8 1-14 Le myomètre interne, appelé zone jonctionnelle, est en hyposignal.
E2 et P combinés 5,3 2-7 Son épaisseur normale est variable selon les publications, s’étageant
E2 et P séquentiels 6,6 1-17
de 5 à 11 mm [31] . Le myomètre externe présente un signal
Levine et al [28] Sans 5,0 1-18 intermédiaire variable en fonction de la période du cycle et de prises
Œstrogènes seuls 6,6 1-13 hormonales éventuelles (contraceptifs) (fig 7). Bien qu’il n’existe pas
E2 et P combinés 6,2 1-13
E2 et P séquentiels 8,3 1-18
de corrélation histologique stricte lors de l’étude au microscope, des
études morphométriques ont montré une élévation du rapport
Holvert et al [17] Œstrogènes seuls 7,6 3-15
nucléocytoplasmique, une décroissance de la matrice extracellulaire
E2 et P combinés 4,9 1-15
E2 et P séquentiels 5,8 1-14
et une baisse du contenu hydrique dans le myomètre interne par
rapport au myomètre externe [32]. Le myomètre externe est séparé en
deux par l’arcade vasculaire située à l’union des deux tiers externes
7 Anatomie zonale classique du myomètre, avec des hyposignaux serpigineux classiques en T2.
d’un utérus en coupe sagittale Les variations de la morphologie utérine en IRM, en particulier de
avec muqueuse endométriale
centrale hyperintense, zone
l’endomètre, ont secondairement été démontrées [13]. La visualisation
jonctionnelle hypo-intense et de la zone jonctionnelle est dépendante de la stéroïdogenèse
myomètre externe de signal ovarienne. La zone jonctionnelle est non visible chez les jeunes filles
intermédiaire. prépubaires et visible chez environ 50 % des patientes ménopausées.
L’utilisation d’analogues de la luteinizing hormone-releasing hormone
(LH-RH) entraîne une « ménopause artificielle » (mise au repos des
ovaires) et conduit à la visualisation, en IRM, d’un utérus de type
postménopausique. La prise d’un THS, au contraire, permet de
visualiser l’anatomie zonale classique [9].
Sur les séquences pondérées T1, l’endomètre présente un signal
intermédiaire voisin de celui du myomètre adjacent. Pendant la
phase sécrétoire, il peut présenter un hypersignal spontané.
Avec l’injection de gadolinium, on observe une prise de contraste
du myomètre progressive, plus intense et précoce que celle de
l’endomètre sain. Trois types de prise de contraste ont été
HYSTÉROGRAPHIE
observés [44] (fig 8) :
La cavité utérine est de forme triangulaire à sommet inférieur se
poursuivant avec le canal cervical, et à base supérieure, avec ses – prise de contraste prédominante à la partie interne du myomètre
deux cornes utérines dont les orifices tubaires peuvent être marqués sous la forme d’une fine bande sous-endométriale (60 à 77 % des
par un petit repli ou diaphragme. Les bords et le fond sont cas) dénommée halo sous-endométrial ;
rectilignes ou discrètement concaves (flèche fundique inférieure à – prise de contraste de la moitié interne du myomètre (5 à 30 % des
1 cm), réguliers. En phase proliférative, le plissement muqueux peut cas) ;
être discrètement visible en début de réplétion.
– prise de contraste de l’ensemble du myomètre (10 à 20 %).
IMAGERIE PAR RÉSONANCE MAGNÉTIQUE La différence de contraste est maximale à 2 minutes. L’endomètre ne
L’étude de l’endomètre en imagerie par résonance magnétique (IRM) se rehausse que plus progressivement et tardivement. Ceci explique
ne peut être dissociée de celle du myomètre, car en raison de leur que les séquences dynamiques soient souvent préférées aux
même origine embryologique, un rapport intime existe entre ces séquences T1 après gadolinium, en complément du T2.

*
C

*
B

*
A
8 Angio-IRM au temps artériel permettant d’objectiver les trois types B. Type 2 : zone jonctionnelle.
de vascularisation selon Yamashita : C. Type 3 : prise de contraste homogène de l’ensemble du myomètre.
A. Type 1 : halo sous-endométrial.

5
34-605-B-10 Imagerie de l’endomètre Radiodiagnostic

9 Coupe longitudinale 11 Hystérographie avec


endovaginale utérine objec- cliché en remplissage per-
tivant un dispositif intra- mettant de mettre en évi-
utérin mal positionné en dence une synéchie com-
position cervico-isthmique. plexe fundique.

12 Hystérographie de
face montrant un défaut to-
tal d’opacification de la ca-
vité par synéchie complète
corporéale.

10 Sonohystérographie avec coupe endovaginale transversale permettant


de retrouver une image hyperéchogène linéaire traversant la cavité utérine, soulignée
par le sérum physiologique, sur une muqueuse globalement atrophique.

Pathologies de l’endomètre
DISPOSITIF INTRA-UTÉRIN
La contraception par stérilet est largement utilisée chez les patientes
multipares sans antécédents de lésions inflammatoires ou de
grossesse extra-utérine (GEU).
Le rôle de l’échographie endovaginale doit se limiter à contrôler le
bon positionnement du dispositif intra-utérin (DIU) dans la cavité
endométriale. De façon typique, le stérilet est hyperéchogène et de
morphologie variable en fonction de son type. Il doit être en position
RÉTENTION TROPHOBLASTIQUE
médiane, respectant le myomètre adjacent, avec une extrémité
ET MÉTAPLASIE OSSEUSE
supérieure à moins de 2 cm du fond utérin (fig 9). Il faut connaître
l’existence de stérilet à la progestérone (Mirénat) qui ne présente La rétention de trophoblaste au décours d’une fausse couche
pas cet aspect hyperéchogène et qui est donc mal visualisé lors de spontanée ou d’une interruption thérapeutique de grossesse est
l’échographie. L’absence de visualisation du fil intravaginal, pouvant excessivement fréquente. L’échographie endovaginale, voire la
faire suspecter une migration de stérilet, doit faire pratiquer un sonohystérographie, en permettent le diagnostic, montrant des
cliché de l’abdomen sans préparation (ASP), voire images de rétention liquidienne hétérogène au sein de l’endomètre
exceptionnellement un scanner si nécessaire pour préciser le siège ou du myomètre proximal [2]. Le meilleur élément diagnostique
exact de celui-ci et en faciliter l’exérèse. semble être l’utilisation systématique du doppler couleur et pulsé,
qui met en évidence des images tubulées juxtaendométriales, avec
SYNÉCHIES des flux de basse résistance, hautement évocatrices de rétention
Hypoaménorrhée, voire aménorrhée et infertilité, peuvent apparaître trophoblastique [3] (fig 13).
après un « traumatisme » endométrial à l’origine du syndrome Une rétention peut rarement se calcifier au cours du temps, donnant
d’Asherman. Ces traumatismes sont favorisés par les curetages
naissance à une métaplasie osseuse diagnostiquée par échographie
endométriaux, les résections endométriales ou les poly-
(fig 14) . Responsable d’infertilité, celle-ci peut être traitée par
myomectomies. Le diagnostic est réalisé par échographie, d’autant
hystéroscopie.
plus performante que les synéchies sont anciennes, calcifiées, ou par
sonohystérographie qui permet de visualiser des images échogènes
irrégulières traversant la cavité endométriale (fig 10). L’échographie PATHOLOGIE INFLAMMATOIRE
ou la sonohystérographie doit préciser de plus la présence ou non et
la localisation de muqueuse endométriale conservée. Les endométrites au sens large, qu’elles soient aiguës ou chroniques,
L’hystérographie reste une excellente technique pour préciser ne sont en règle pas du recours de l’imagerie. Dans un contexte
l’importance des zones d’accolement (fig 11, 12). L’hystéroscopie d’« infections pelviennes » à type d’abcès tubo-ovariens par
visualise les bandes de tissu fibreux traversant la cavité exemple, la constatation d’un épaississement endométrial
endométriale, oblitérant l’un ou les deux ostia tubaires, voire aspécifique peut être notée en échographie. Ces endométrites contre-
rarement l’ensemble de la cavité endométriale. Elle permet surtout indiquent tout geste invasif (hystérographie, sonohystérographie,
la levée chirurgicale de celles-ci. biopsie de l’endomètre, hystéroscopie).

6
Radiodiagnostic Imagerie de l’endomètre 34-605-B-10

*
A *
B
13 A. Étude endovaginale en mode 2B, couleur et pulsé, mettant en évidence une irrégularité de l’interface endomètre-
myomètre au niveau corporéal antérieur et fundique.
B. Le doppler retrouve des flux perturbés avec aliazing couleur dans la région.
C. Le doppler pulsé confirme la présence de flux systolodiastoliques anormaux en rapport avec une rétention tro- *
C
phoblastique localisée à ce niveau.

15 Utérus rétrofléchi, en coupe échographique endovaginale longitudinale, mettant


en évidence un endomètre irrégulier, mal limité, microvacuolaire, en rapport avec une
imprégnation par tamoxifène.

14 Images échographiques hyperéchogènes linéaires multiples siégeant en regard une hypertrophie glandulokystique mais à une muqueuse
de l’interface endomètre-myomètre, en rapport avec une métaplasie osseuse. atrophique contenant des glandes endométriales dilatées et
kystiques au sein d’un stroma riche en collagène, avec de multiples
PATHOLOGIE FONCTIONNELLE DE L’ENDOMÈTRE zones œdématiées (fig 15) [11] . Dans ce contexte, la crainte de
méconnaître une autre pathologie peut conduire à réaliser d’autres
¶ Atrophie investigations, surtout en cas de ménométrorragies :
sonohystérographie, hystéroscopie, voire IRM. Avec cette dernière,
L’absence de stimulation hormonale conduit à l’amincissement de l’atrophie sous tamoxifène se traduit par un hypersignal normal de
l’endomètre, tel que l’on peut l’observer chez la femme ménopausée, l’endomètre avec une prise de contraste de la zone sous-
mais aussi en cas d’insuffisance ovarienne secondaire qui peut endométriale immédiatement après l’injection de gadolinium, ou par
toucher des femmes jeunes, en particulier dans un contexte de un endomètre en hypersignal associé à des zones en hyposignal,
radiothérapie et/ou chimiothérapie, ou de pilule minidosée et de donnant un aspect pavimenteux, sur la séquence pondérée T2, avec
traitement progestatif pur. Cet endomètre fragilisé peut être une prise de contraste de la zone sous-endométriale et réticulée de
responsable de métrorragies. Dans un contexte de ménopause ou de l’endomètre [4].
périménopause, le diagnostic à éliminer est le cancer de l’endomètre.
Néanmoins, avant de déclencher un bilan complet, l’échographie
¶ Hypertrophie
permet de mesurer l’endomètre et de montrer que sa finesse, voire
son absence de visualisation, sont plutôt en faveur d’un saignement L’hyperplasie de l’endomètre correspond à un développement
par fragilité endométriale que par une lésion organique sous- exagéré, en nombre et en densité, des cellules glandulaires
jacente. En hystérographie, cette altération de l’endomètre se traduit endométriales, allant de l’hyperplasie simple à l’hyperplasie
par l’apparition, en particulier lors de la réplétion maximale, de complexe atypique sous l’influence des œstrogènes, mais aussi de la
suffusions sous-muqueuses de produit de contraste entraînant la progestérone et de la LH. Une augmentation de ces récepteurs a été
perte de la régularité des contours, avec des images spiculées qui mise en évidence dans l’hyperplasie endométriale atypique ou
persistent après évacuation. complexe et dans les cancers de l’endomètre, notamment chez les
Il existe une situation particulière : les patientes traitées par patientes présentant des cycles anovulatoires [25].
tamoxifène. En effet, cet antiœstrogène, donné chez des patientes Elle est découverte le plus souvent dans un contexte de ménorragies
traitées pour un cancer du sein, présente une activité agoniste sur le ou de métrorragies postménopausiques. Dans cette situation,
tractus génital féminin. Il est responsable de l’apparition d’une l’échographie est souvent demandée en première intention :
hypertrophie de l’endomètre ou de polypes, voire plus rarement de l’endomètre est anormalement épais (supérieur à 14 mm chez la
cancers. Il est également possible d’observer une atrophie femme en période d’activité génitale, supérieur à 5 mm chez la
« glandulokystique » qui se traduit en échographie par un femme ménopausée sans THS et 8 mm avec THS), hyperéchogène,
épaississement de l’endomètre constitué de multiples kystes bordés homogène, ou siège de petites formations « kystiques » (fig 16). Bien
par un fin liseré échogène, correspondant en histologie non pas à que l’aspect puisse suggérer celui d’une hyperplasie

7
34-605-B-10 Imagerie de l’endomètre Radiodiagnostic

16 A. Aspect d’hypertrophie endométriale homogène en


coupe longitudinale endovaginale.
B. Aspect d’hypertrophie endométriale microvacuolaire
en coupe transversale endovaginale.

*
A *
B

19 Sonohystérographie sur utérus rétrofléchi. Le remplissage de la cavité endomé-


17 Coupe transversale endovaginale retrouvant une formation échogène microva- triale et sa distension permettent de déceler une muqueuse endométriale atrophique
cuolaire corporéale avec nette séparation de la muqueuse endométriale, bien visible avec une volumineuse formation polypoïde autonome intracavitaire.
sur la partie latérale droite du corps utérin, permettant de suggérer l’existence d’une
formation polypoïde et non pas d’une hypertrophie globale. inutile. Un épaississement en hypersignal homogène, ou associé à
des petites formations arrondies de signal plus élevé, évoquant des
18 Épaississement loca- kystes avec des contours nets et réguliers, sont en faveur d’une
lisé fundique avec flux en hyperplasie simple. Cependant, devant une muqueuse présentant
doppler énergie en rapport des zones plus hypo-intenses, on ne peut distinguer une
avec une formation localisée hypertrophie (en particulier les formes d’hyperplasie complexes
polypoïde. avec atypie, qui constituent un état précancéreux) d’un
adénocarcinome de l’endomètre stade IA. L’absence de prise de
contraste sur les coupes tardives est un élément supplémentaire en
faveur d’un cancer, les lésions bénignes présentant un rehaussement
plus marqué [21].

PATHOLOGIE ORGANIQUE

¶ Polype utérin
Il correspond à un amas de glandes endométriales de taille variable,
glandulokystique de l’endomètre, il faut se contenter du terme plus sécrétantes ou non, centré sur du tissu conjonctif plus ou moins
large d’hypertrophie de l’endomètre, afin d’éviter l’usage abusif richement vascularisé. Cette lésion bénigne est rarement associée à
d’une terminologie histopathologique qui doit reposer uniquement un cancer (0,5 %). Le polype utérin se traduit par des ménorragies
sur l’analyse des tissus prélevés. La visualisation de l’écho médian et/ou des métrorragies chez 80 % des patientes en période d’activité
permet de distinguer une hypertrophie d’un polype occupant génitale, et près de la moitié des femmes ménopausées [34]. Son
l’ensemble de la cavité (fig 17), mais celui-ci n’est pas toujours aisé à développement peut être favorisé par les œstrogènes, notamment le
individualiser. La réalisation d’une sonohystérographie permet alors tamoxifène. Son diagnostic s’appuie sur l’échographie : formation
aisément de rattacher les anomalies à un épaississement diffus de échogène, arrondie ou ovalaire, homogène ou hétérogène, associant
l’endomètre, même si la présence de plis plus épais, polypoïdes, alors des petites images kystiques (fig 17). Il peut refouler la ligne
peut conduire à discuter l’existence de polypes (fig 18) [27]. cavitaire médiane, l’interrompre sur une plus ou moins grande
En hystérographie, les contours de la totalité de la cavité utérine longueur, voire être responsable de sa disparition dans les formes
sont déformés par les plis épaissis qui réalisent des lacunes à volumineuses. Quand il occupe l’ensemble de la cavité, il peut être
contours réguliers, flous, qui tendent à s’estomper avec le confondu avec une hypertrophie de l’endomètre. Pour permettre à
remplissage. Certains plis plus épais peuvent être responsables d’un l’échographie de faire la part des choses, il faut rechercher l’existence
aspect polypoïde fait de lacunes multiples ; dans certains cas, les d’une fine ligne échogène entourant la zone proximale et distale du
plis peuvent être très épais, entraînant un aspect irrégulier, voire polype, rechercher un pédicule vasculaire en doppler couleur ou
dentelé, des contours de la cavité utérine. énergie (fig 18) (présent dans 75 % des polypes de plus de 1 cm),
L’IRM n’a, a priori, aucune indication dans cette pathologie bénigne. puis, si le doute persiste, réaliser une sonohystérographie [27] (fig 19).
Néanmoins, certaines situations cliniques (femme âgée présentant Cette technique permet d’obtenir un diagnostic exact dans 96 % des
des risques anesthésiques avec une sténose du col, avec un cas : masse localisée, s’implantant sur une des faces de l’utérus, dont
épaississement de l’endomètre) peuvent conduire à rechercher des les contours réguliers sont silhouettés par le sérum physiologique.
éléments rassurants supplémentaires pour éviter un geste invasif L’hystérographie était auparavant proposée dans le bilan

8
Radiodiagnostic Imagerie de l’endomètre 34-605-B-10

diagnostique initial de ménométrorragies et pouvait être considérée


Tableau II. – Taux de survie à 5 ans en fonction du grade et du stade
comme une alternative pour distinguer une hypertrophie d’un
(rapport FIGO 1995).
polype. Une lacune arrondie ou allongée à contours réguliers, bien
visible en début de remplissage, dont les limites peuvent être plus Ia Ib Ic IIa IIb III IV
estompées avec le remplissage, ne déformant pas l’utérus, sont les Grade 1 96 95 90 90 77 68 35
signes évocateurs. Le diagnostic différentiel est alors le fibromyome
Grade 2 91 89 85 81 79 69 28
sous-muqueux pédiculé : sa base d’insertion est volontiers plus large
et il tend à déformer les contours de la cavité utérine. Néanmoins, à Grade 3 83 82 73 60 55 42 18
ce jour, les performances diagnostiques de l’hystérographie ne
semblent pas supérieures à celles de l’hystérosonographie, voire Circonstances de découverte
même inférieures dans certaines études [40]. De plus, l’aspect en Le cancer de l’endomètre se révèle souvent par la réapparition de
sonohystérographie d’un myome sous-muqueux est très évocateur, métrorragies ou de saignements parfois peu abondants, pouvant
permettant son identification avec certitude : formation arrondie alors être négligés, en particulier dans la postménopause immédiate,
hypoéchogène, hétérogène, parfois atténuante et à contours ou confondus avec des irrégularités menstruelles
réguliers [27]. préménopausiques.
L’IRM n’a pas d’intérêt diagnostique. Néanmoins, il peut être utile Moins souvent, il s’agit d’une dysménorrhée, d’une hydrorrhée,
de savoir identifier la nature d’une anomalie de la cavité utérine voire d’une pyorrhée. Plus rarement, la découverte est fortuite,
lors d’un bilan IRM : le polype se traduit par une formation de polype sentinelle ou échographie systématique. Contrairement au
signal en règle moins élevé que l’endomètre sain, du fait d’une cancer du col, aucun dépistage systématique n’est proposé.
composante stromale plus importante, avec une plage en hyposignal
Éléments du diagnostic
en cas de zones fibreuses, ou de zones en hypersignal s’il existe de
petits kystes au sein du polype. L’injection de gadolinium peut aider Les prélèvements histologiques effectués par biopsie, ou beaucoup
à mettre en évidence le pédicule du polype et ses vaisseaux, avec plus rarement aujourd’hui après dilatation-curetage, représentent la
sur les coupes plus tardives une prise de contraste modérée, voire seule technique permettant d’affirmer ou non la présence d’un
marquée [16]. cancer endométrial.

Échographie
¶ Cancer de l’endomètre
La mesure de l’épaisseur de l’endomètre est une étape essentielle :
Le cancer de l’endomètre est la tumeur invasive gynécologique la moins de 5 mm d’épaisseur, le risque de découvrir une pathologie
plus fréquente, atteignant essentiellement les femmes en période de l’endomètre est très faible (inférieur à 5,5 %), et celui de cancer
périménopausique ou postménopausique (âge moyen : 60 ans ; de moins de 1 %. À l’inverse, en utilisant la valeur seuil de 5 mm,
patientes ménopausées : 80 %). Il s’agit dans trois quarts des cas l’échographie permet de découvrir, chez les femmes ménopausées
d’adénocarcinomes endométrioïdes plus ou moins différenciés. présentant un saignement anormal, une pathologie (sans préciser la
nature de la lésion responsable), avec une sensibilité de 89 à 97 % et
Ce cancer est favorisé par l’obésité, le diabète, la nulliparité, la une spécificité de 83 à 74 %.
ménopause tardive et les antécédents de troubles menstruels.
Les éléments échographiques en faveur d’un cancer sont les
L’hyperœstrogénie pourrait également favoriser la survenue de
suivants :
cancer de l’endomètre, expliquant que le traitement de la ménopause
par œstrogénothérapie soit désormais associé à un traitement – plus l’épaisseur de l’endomètre est importante, plus le risque de
progestatif continu ou séquentiel, ou qu’une surveillance cancer est élevé (pour une épaisseur d’endomètre supérieure à
échographique puisse être proposée chez les patientes traitées par 15 mm, on peut évoquer le diagnostic de cancer avec une sensibilité
tamoxifène [30]. de 88 % et une spécificité de 81 %), mais on comprend bien qu’il
existe des zones de chevauchement [19]. Cette augmentation de
l’épaisseur de l’endomètre est d’autant plus évocatrice de cancer
Facteurs pronostiques
sous-jacent que d’autres anomalies sont retrouvées ;
Soixante-quinze à 80 % des patientes présentant un cancer de – un endomètre échogène hétérogène avec des plages
l’endomètre ont une tumeur limitée à l’utérus (stade I ou II) [26]. L’un hypoéchogènes, surtout si les contours sont irréguliers (fig 20A) [19] ;
des problèmes majeurs est donc d’identifier parmi ces patientes
– la présence d’une hypervascularisation endométriale ou sous-
celles qui présentent un risque élevé de récidive tumorale. Un
endométriale est observée de façon variable selon les auteurs, plus
certain nombre de facteurs de risque ont ainsi été définis. Le
fréquente pour certains dans les cancers, plus rare pour d’autres
pronostic des cancers de l’endomètre est lié à l’âge de la patiente, au (fig 20B). La possibilité d’enregistrer des flux artériels semble plus
grade histologique, au type histologique (les formes peu fréquente dans les cancers, sans qu’une modification significative
différenciées et les grades élevés étant de moins bon pronostic) et à des index de résistance semble exister [37, 38]. De même, l’étude des
la présence de récepteurs hormonaux (du domaine de l’histologie). artères utérines montre une diminution des index de résistance et
Mais le pronostic est aussi lié à la taille de la tumeur et à son de pulsatilité, avec perte de l’encoche protodiastolique. Ces éléments
extension en profondeur dans le myomètre ou au-delà. En cas supplémentaires sont en faveur du diagnostic de cancer de
d’extension myométriale supérieure à 50 %, des adénopathies sont l’endomètre, mais il existe trop de chevauchements pour que ce
observées dans 40 % des cas, tandis que dans les formes signe puisse à lui seul être un signe décisionnel, comme cela a pu
superficielles, le risque d’atteinte ganglionnaire est inférieur à 5 %. être suggéré [7] ;
De même, les formes superficielles sans atteinte myométriale ont un – en cas de réalisation d’une sonohystérographie, l’irrégularité des
taux de survie à 5 ans proche de 100 %, passant de 95 à 82 % pour contours endocavitaires et l’absence de distensibilité de la cavité
les atteintes superficielles inférieures à 50 %, et de 90 à 73 % pour utérine.
les formes dépassant la moitié du myomètre selon le grade. L’évaluation de la régularité des contours externes contribue à
L’extension au col s’accompagne selon le grade d’une diminution l’appréciation de l’extension tumorale : une tumeur à contours
de la survie (60 % pour les grades 3). L’extension au-delà de l’utérus, réguliers est un élément en faveur de son caractère limité à la cavité
qui est relativement peu fréquente, représente environ 15 à 20 % des utérine, à l’inverse des contours irréguliers ou nodulaires et de
cancers de l’endomètre, mais bien évidemment aggrave le pronostic l’amputation du myomètre, qui sont en faveur d’une extension en
(tableau II). profondeur.

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34-605-B-10 Imagerie de l’endomètre Radiodiagnostic

20 Coupe longitudinale 22 Coupe sagittale en


endovaginale retrouvant un écho de spin turbo T2 re-
volumineux épaississement trouvant un processus tu-
discrètement hétérogène de moral iso-intense au myo-
l’ensemble de la cavité endo- mètre externe, de signal
métriale, avec amincisse- inférieur à celui de la mu-
ment localisé du myomètre queuse endométriale nor-
au niveau postérofundique, male, vu au niveau fundi-
ensemble de signes très évo- que. Respect de la zone
cateurs d’une lésion primi- jonctionnelle, par ailleurs
tive endométriale (A). hypertrophique, témoi-
Hypervascularisation endo- gnant d’un stade Ia, avec
métriale majeure en rapport adénomyose surajoutée,
avec le processus endomé- confirmé histologiquement.
*
A trial primitif (B).

23 Coupe longitudinale
en écho de spin turbo T2 re-
trouvant un processus en-
dométrial primitif étendu à
toute la cavité : aspect irré-
gulier de l’interface endo-
mètre-myomètre et de la
*
B zone jonctionnelle au ni-
veau fundique et antérieur,
en rapport avec un stade Ib
confirmé histologiquement.
21 Hystérographie de
face, remplissage d’un uté-
rus malformatif bicorne
avec image lacunaire maré-
cageuse de la corne utérine
gauche, en rapport avec une
lésion primitive endomé-
triale (cliché du Docteur
Bertrand Monod). type de prise en charge chirurgicale. La régularité des contours ou
la préservation de la zone jonctionnelle sont en faveur d’une absence
d’extension au myomètre (stade Ia) (fig 22) . Après injection de
gadolinium, la prise de contraste tumorale est inférieure à celle du
myomètre à la phase précoce dans la majorité des cas (80 % des cas).
Elle tend cependant à se rehausser sur les séquences les plus
tardives. Elle reste en hyposignal dans 70 % des cas, iso-intense au
myomètre dans 20 % des cas et parfois en hypersignal dans 10 %
des cas [44]. La mise en évidence de l’interruption de la prise de
contraste sous-endométriale, ou une irrégularité des contours, ou
une anomalie de signal dans le myomètre permettent d’évoquer
l’extension de la tumeur au myomètre et d’évaluer son importance
(fig 23). Au-delà de 50 %, la tumeur passe du stade Ib au stade Ic.
L’extension au col est suggérée par la présence de l’hypersignal
Hystérographie tumoral au sein du col utérin (fig 24) . Si, pour la recherche
« d’anomalies endométriales » en particulier d’un cancer de
Les signes en faveur d’un cancer sont une lacune irrégulière à limites l’endomètre, l’échographie est le premier examen à demander, l’IRM
plus ou moins floues et d’aspect marécageux, ou une infiltration est la technique d’imagerie à préconiser dans le bilan d’extension
irrégulière avec un aspect dentelé localisé. Dans les formes plus des cancers de l’endomètre, histologiquement prouvés. Certains,
volumineuses, la lacune peut souffler la cavité utérine, qui présente comme Delmaschio [12], considèrent que les résultats entre les deux
alors des contours irréguliers et un aspect hétérogène. Dans des méthodes sont voisins, mais d’autres, comme Yamashita [45], utilisant
formes diffuses, on note un aspect d’infiltration irrégulière de à la fois le T2 et l’écho de gradient dynamique, obtiennent de
l’ensemble de la cavité utérine (fig 21). meilleurs résultats (fig 25). Kim [23], qui a comparé l’échographie
endovaginale, le scanner et l’IRM, montre que l’évaluation est exacte
Imagerie par résonance magnétique respectivement dans 69 %, 61 % et 89 % des cas. Leurs sensibilité et
L’IRM est la méthode de référence pour effectuer le bilan d’extension spécificité respectives sont de 50, 40 et 90 % et 81, 75 et 88 %. La
des cancers de l’endomètre histologiquement prouvés. Sur les méta-analyse récemment réalisée par Kinkel et al [24] ne montre
séquences pondérées T2, les cancers présentent un relatif aucune différence statistiquement significative entre ces trois
hypersignal, inférieur le plus souvent à celui de l’endomètre sain, méthodes pour l’appréciation de l’extension myométriale et
occupant une partie plus ou moins grande de la cavité utérine qui cervicale.
peut apparaître soufflée. L’extension en profondeur dans le L’IRM n’est néanmoins pas à l’abri des difficultés : les causes
myomètre (stade Ia-b-c) et l’extension au col (stade IIa-b) sont les d’erreur dans la stadification, en particulier la distinction entre les
deux éléments fondamentaux du bilan d’extension conditionnant le stades Ia, Ib et Ic, sont liées à la taille de la tumeur. C’est le cas en

10
Radiodiagnostic Imagerie de l’endomètre 34-605-B-10

24 Coupe longitudinale 26 Petit utérus atrophi-


pondérée en écho de spin que avec mauvaise visuali-
turbo T2 retrouvant un pro- sation du processus poly-
cessus endométrial diffus poïde endométrial, rendant
s’étendant à l’ensemble du difficile l’appréciation de
fuseau endocervical, respec- l’extension au sein du mus-
tant le stroma cervical, en cle utérin.
rapport avec un stade IIa
confirmé histologiquement.

Tableau III. – Causes de saignements génitaux anormaux chez la


femme.
Pathologie de l’appareil génital
- Atrophie endométriale
- Lésions bénignes : polype, hypertrophie de l’endomètre, adénomyose, léiomyome
- Pathologies tumorales : cancer de l’endomètre, cancer du col, du vagin et de la
vulve, tumeur ovarienne maligne, bénigne hormonosécrétante ou non
- Infections : vaginale, cervicale, utérine, tubaire
- Traumatisme
- Complications de la grossesse : grossesse extra-utérine, avortement spontané,
pathologie trophoblastique, polype ou rétention placentaire

Causes iatrogènes

- Traitement hormonal : contraceptif, de substitution, de l’acné, de l’hirsutisme, de


l’endométriose
- Dispositif intra-utérin
- Anticoagulants, antidépresseurs

Causes systémiques

Hypothyroïdie
Cirrhose
Troubles de la coagulation

*
A Causes fonctionnelles

Cycles anovulatoires

visée diagnostique : saignement fonctionnel par atrophie ou


hyperplasie endométriale, polype, myome ou cancer, complications
*
B de la grossesse (tableau III) [8].
25 A. Volumineux utérus en écho de spin turbo T2 retrouvant un processus endo-
métrial primitif étendu à la quasi-totalité de la cavité. Bilan d’extension myomé-
triale difficile à préciser. EN PÉRIODE PRÉMÉNOPAUSIQUE
B. Angio-IRM, temps sans contraste et artériels précoces retrouvant une hétéro- Chez la femme en période d’activité génitale, la prise en charge des
généité majeure de prise de contraste, en particulier au niveau fundique troubles du cycle menstruel débute par l’examen clinique, en
et antérieur, en rapport avec une extension à l’ensemble du myomètre profond, en
particulier s’il s’agit de métrorragies. Une fois les causes
rapport avec un stade Ic confirmé histologiquement.
cervicovaginales éliminées, l’examen préconisé est en règle
l’échographie. Chez des patientes présentant une cause utérine à
particulier des volumineuses tumeurs polypoïdes, de la présence de leurs saignements, l’incidence de l’hypertrophie de l’endomètre est
myomes utérins, des petits utérus, de l’absence de zone jonctionnelle de 2 à 10 %. Les polypes sont retrouvés dans 30 % des cas environ,
visible en pondération T2, d’un mauvais contraste tissulaire de même que les fibromyomes sous-muqueux. Fréquemment (50 %
spontané (T2 ou T1 avec injection de gadolinium), ou d’invasions des cas), des fibromyomes interstitiels, voire sous-séreux, sont
microscopiques [36] (fig 26). retrouvés [10]. La survenue d’un cancer, bien que moins fréquente à
cet âge, doit néanmoins être éliminée, en particulier chez la femme
de plus de 40 ans, car 10 à 20 % des cancers surviennent dans cette
Prise en charge des ménométrorragies tranche d’âge. Pour les rechercher, l’échographie doit comprendre
au minimum une étude en mode B par voie sus-pubienne et par
Signe d’appel majeur d’une pathologie endométriale, l’examen voie endovaginale, en utilisant le doppler pour aider à préciser la
clinique n’en reste pas moins indispensable. Il faut bien entendu nature des lésions observées. En effet, sous l’effet d’une
éliminer en première intention la possibilité d’une grossesse augmentation de l’activité des facteurs angiogéniques (vascular
débutante, parfois trompeuse en cas de fausse couche ou de GEU. endothelial growth factor [VEGF]), la vascularisation est accrue dans
L’examen clinique précise les circonstances de survenue, la l’hypertrophie endométriale et le cancer, mais aussi chez les
régularité du cycle menstruel, l’importance et la durée des patientes présentant des ménorragies essentielles [1]. Dans ce dernier
saignements, et recherche une éventuelle cause basse, vaginale ou cas, il a également été montré que les index de pulsatilité enregistrés
cervicale. L’examen peut simplement montrer l’origine utérine du au niveau des artères utérines et des artères arquées étaient corrélés
saignement et il faut dans ce cas proposer d’autres investigations à à l’abondance des saignements chez des patientes de 35 à 49 ans

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34-605-B-10 Imagerie de l’endomètre Radiodiagnostic

consultant pour des métrorragies sans polype, hypertrophie ou


fibromyome [20]. La sonohystérographie peut venir en complément Métrorragies postménopausiques
pour affiner le diagnostic. En effet, l’exactitude diagnostique de cette
technique est supérieure à l’échographie mode B ou
l’hystérographie, et s’approche des capacités diagnostiques de
l’hystéroscopie. Pour Indman [22], le résultat de l’échographie réalisée Échographie endovaginale
chez des patientes présentant un saignement peut être considéré
comme normal, anormal ou incertain, et dans ce cas, la sensibilité
de l’échographie est de 96 %, mais sa spécificité n’est que de 53 %.
Endomètre < 5 mm Endomètre > 5 mm
Soares [ 4 0 ] montre que la sensibilité et la spécificité de la
sonohystérographie sont de 100 % pour les lésions polypoïdes de la
cavité utérine. Ses capacités diagnostiques sont alors voisines de
celles de l’hystéroscopie, méthode de référence. Considérée comme
Surveillance Sonohystérographie Hystéroscopie
une des techniques les plus fiables, sa facilité de réalisation avec les clinique
endoscopes souples la place en deuxième position derrière
l’échographie, et même pour certains en première place.
La réalisation d’une hystérographie peut être une alternative, mais
elle expose au risque de faux positifs ou de faux négatifs. Pour Récidive < 0 arrêt Lésion organique individualisée :
Soares [40] , la sensibilité de l’hystérographie est de 50 % et sa polype, hypertrophie, cancer
spécificité de 82 %. Cette technique a de plus en plus de mal à
trouver sa place entre l’échographie et l’hystéroscopie.
Hystéroscopie
EN PÉRIODE POSTMÉNOPAUSIQUE
Les données du problème sont proches, mais la crainte du cancer
est encore plus importante et nécessite d’éliminer formellement cette
< 0 arrêt Hystéroscopie Biopsie et/ou
hypothèse. La démarche diagnostique est quasi similaire. La traitement
réalisation d’une biopsie à l’aveugle, qui peut fournir le diagnostic
27 Algorithme.
facilement dans 85 à 95 % des cas, expose au risque de faux négatifs
qui rassurent faussement tout en retardant la prise en charge. Le
risque est similaire avec la réalisation d’une cytologie endométriale, d’obtenir une sensibilité de 95 % et une spécificité de 98 %,
car elle est moins sensible que l’échographie pour le diagnostic de soulignant leur rôle complémentaire. Une fois la lésion authentifiée,
lésion endométriale maligne (79 % versus 98 %) [42]. Un endomètre l’hystéroscopie est indiquée afin de traiter la lésion et/ou de faire
mesurant en échographie plus de 5 mm d’épaisseur détecte une un prélèvement pour une étude histologique. En cas de doute
pathologie de l’endomètre avec une sensibilité de 95 % et une diagnostique, l’hystéroscopie souple est une alternative permettant
spécificité de 92 % [39]. Ainsi, compte tenu d’un faible risque de d’éviter une anesthésie. On peut ainsi proposer, chez la femme
méconnaître une pathologie endo-utérine (≤ 5 %) et en particulier ménopausée, la conduite à tenir présentée dans la figure 27.
un cancer (< 1 %), en cas d’échographie normale, l’arrêt des
investigations peut être proposé, ce qui permet d’éviter des examens
inutiles dans 40 % des cas pour certains, le saignement étant alors
probablement lié à une atrophie. À l’inverse, toute anomalie doit Conclusion
conduire à la poursuite des investigations. O’Connel [33] a montré
que chez 104 patientes ménopausées, ayant une atrophie dans 30 % L’imagerie de l’endomètre s’appuie largement sur l’échographie, qui, en
des cas, un polype dans 32 % des cas, un endomètre prolifératif dans s’aidant du doppler et de la sonohystérographie, permet de répondre à
21 % des cas, un fibromyome dans 8 % des cas, une hyperplasie dans de nombreuses questions et d’orienter les investigations
4 % des cas et un cancer dans 5 % des cas, la sensibilité et la complémentaires, en particulier de décider de la nécessité ou non de
spécificité de la biopsie de l’endomètre seule étaient respectivement l’hystéroscopie. L’IRM est la technique d’imagerie qui vient en
de 23 % et 100 %, alors que celles de la sonohystérographie étaient complément de l’échographie, son indication principale étant le bilan
de 88 % et 96 %. L’association des deux techniques permettait d’extension des tumeurs malignes de l’endomètre.

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Radiodiagnostic Imagerie de l’endomètre 34-605-B-10

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13
34-622-A-10
Encyclopédie Médico-Chirurgicale 34-622-A-10 (2004)

Imagerie de l’endométriose
C. Balleyguier
C. Chapron
D. Eiss
Résumé. – L’endométriose correspond à l’implantation ectopique, en dehors de l’endomètre, de tissu
O. Hélénon
endométrial, sous l’influence de facteurs multiples, en particuliers environnementaux ou immunologiques. Les
implants endométriaux ectopiques sont responsables de la formation d’adhérences, de rétractions ou
d’envahissement des organes adjacents. Les conséquences de cette maladie sont sévères, allant des douleurs
pelviennes résistant aux traitements antalgiques jusqu’à l’infertilité ou l’obstruction digestive ou urinaire. Le
diagnostic clinique tout comme le diagnostic radiologique sont difficiles. L’échographie peut permettre de
détecter des lésions ovariennes ou utérines, mais reste insuffisante pour la recherche des lésions
d’endométriose profonde. L’imagerie par résonance magnétique (IRM) apparaît aujourd’hui comme
l’examen essentiel au diagnostic et au bilan préthérapeutique de l’endométriose, ainsi que pour la
surveillance des traitements médicaux et chirurgicaux. Cependant, la connaissance de la technique de
réalisation de l’IRM, ainsi que des particularités des lésions par localisations, est fondamentale pour aboutir à
un diagnostic adéquat et précis. Dans cette revue sont abordés successivement la définition et la
physiopathologie de l’endométriose, les différents examens d’imagerie nécessaires au diagnostic, ainsi que les
particularités radiologiques par localisation.
© 2003 Elsevier SAS. Tous droits réservés.

Mots-clés : Endométriose ; IRM ; Adénomyose ; Endométriomes ; Endométriose profonde ; Douleurs


pelviennes ; Adhérences ; Infertilité ; Infiltration rectovaginale

Introduction – l’endométriose externe pelvienne sous-péritonéale : cloison


rectovaginale, Douglas, ligaments utérosacrés, cul-de-sac vésico-
utérin ou atteinte digestive ;
L’endométriose est une pathologie dont le diagnostic clinique est
souvent difficile et retardé. Ceci s’explique en partie par la chronicité – l’atteinte utérine, qui correspond à l’adénomyose, auparavant
des signes et la non-spécificité des symptômes. décrite comme endométriose « interne ».
Même si le diagnostic formel de l’endométriose est histologique, il
est possible aujourd’hui de détecter des lésions d’endométriose par
l’imagerie. Définition
L’amélioration des techniques d’imagerie, comme l’échographie et L’endométriose est définie par l’implantation ectopique de tissu
l’imagerie par résonance magnétique (IRM), permettent le plus endométrial. L’endométriose sous-péritonéale profonde se définit
souvent de préciser les localisations et l’extension des lésions par l’extension en profondeur des implants de plus de 5 mm, sous
d’endométriose, et ce de façon moins invasive que la cœlioscopie. le péritoine [17] . L’adénomyose ou endométriose interne est
C’est pourquoi il est important de bien connaître les formes l’implantation ectopique de tissu endométrial dans le myomètre.
habituelles de l’endométriose en imagerie, mais aussi de rechercher Il s’agit habituellement d’une pathologie de la femme en période
des lésions dont le diagnostic est moins aisé, comme les lésions d’activité génitale, et l’apparition ou la progression de lésions varient
digestives ou des ligaments utérosacrés. selon la période du cycle, les phénomènes hémorragiques lésionnels
En pratique, de nombreux organes peuvent être atteints, mais il faut survenant de façon contemporaine aux menstruations.
distinguer les localisations préférentielles :
– l’endométriose externe pelvienne intrapéritonéale (ovarienne,
péritonéale ou tubaire) ;
Étiologie
L’étiologie de l’endométriose est encore aujourd’hui controversée.
Deux théories s’affrontent : la théorie migratoire et la théorie
métaplasique.
C. Balleyguier (Attachée, ancien chef de clinique-assistant)
Adresse e-mail: balleyguier@igr.fr
Service de radiologie adultes, Hôpital Necker-Enfants Malades, 149, rue de Sèvres 75015 Paris, France.
Service de radiodiagnostic, Institut Gustave–Roussy, 39, rue Camille-Desmoulins, 94805 Villejuif cedex, THÉORIE MIGRATOIRE
France.
C. Chapron (Professeur des Universités, praticien hospitalier) Plusieurs modes de dissémination des implants endométriosiques
Service de chirurgie gynécologique Cochin, Hôpital Cochin, 27, rue du Faubourg-Saint-Jacques, 75014 ont été évoqués :
Paris, France.
D. Eiss (Chef de clinique-assistant)
O. Hélénon (Professeur des Universités-praticien hospitalier, chef de service)
– la menstruation rétrograde : du tissu endométrial refluerait dans
Service de radiologie adultes, Hôpital Necker-Enfants Malades, 149, rue de Sèvres 75015 Paris, France. les trompes au cours des menstruations [24] ; ce phénomène de reflux
34-622-A-10 Imagerie de l’endométriose Radiodiagnostic

surviendrait néanmoins chez la plupart des femmes lors des aujourd’hui sous-utilisé dans cette indication. L’IRM permet
menstruations, c’est pourquoi l’hypothèse de phénomènes également de détecter facilement les lésions ovariennes ou
immunologiques déficitaires du liquide péritonéal chez les femmes l’adénomyose.
atteintes d’endométriose a été avancée [31] ;
¶ Technique
– postopératoire : la survenue d’implants endométriosiques sur la
paroi abdominale ou la cicatrice utérine de césarienne pourrait être La technique utilisée doit être rigoureuse, car les lésions peuvent
expliquée de cette façon [26]. être de petite taille et de diagnostic difficile. En pratique, il faut
réaliser des séquences pondérées en T2 dans les trois plans de
l’espace, un plan pondéré en T1 et T1 en écho de spin avec
THÉORIE MÉTAPLASIQUE suppression de graisse (plan axial habituellement). L’épaisseur des
Il s’agirait d’une métaplasie de l’endothélium péritonéal, ou d’une coupes est de 5 mm, avec un espacement de 0,5 mm. On utilise une
implantation péritonéale après chirurgie utérine, ou du antenne en réseau phasé (phased-array) pour obtenir des images de
développement de tissu endométrial à partir des reliquats qualité.
embryologiques des canaux de Wolff et de Müller (un cas La vessie doit être idéalement en semi-réplétion, afin d’obtenir une
d’endométriose vésicale a été décrit chez un homme porteur d’un antéversion moyenne de l’utérus. Il n’est pas nécessaire d’utiliser
carcinome prostatique) [8]. des produits d’opacification digestive. Cependant, certains auteurs
Les deux théories pourraient néanmoins être impliquées. L’existence opacifient le rectum à l’aide de gel, ce qui peut permettre d’obtenir
de facteurs environnementaux comme la pollution a été récemment une interface contrastée entre une éventuelle lésion endométriosique
suggérée, en raison de la plus grande fréquence de l’endométriose de la cloison rectovaginale et la paroi rectale. Dans notre expérience,
dans les pays industrialisés du Nord de l’Europe. En particulier, la nous préférons être le moins invasifs possible dans la réalisation de
dioxine pourrait être un facteur favorisant la prolifération des l’examen IRM, chez des patientes très fréquemment algiques, et
implants endométriosiques [34]. donc ne pas utiliser ce type de gel. En cas d’artefacts digestifs
gênants, des séquences ultrarapides peuvent être réalisées (single
shot fast spin-echo). Elles ont l’avantage d’être très pondérées en T2,
Localisations donc très contrastées, et de figer les artefacts de mouvements
digestifs, sans être pénalisantes en temps [32]. Elles ont cependant une
Les localisations les plus fréquentes sont les ovaires et le péritoine faible résolution spatiale, ce qui ne permet pas une détection
pelvien. Des lésions urinaires (cul-de-sac vésico-utérin, vessie, optimale des implants.
uretère) et digestives (cloison rectovaginale, sigmoïde L’injection de gadolinium n’est pas nécessaire, sauf en cas de
essentiellement) sont également fréquentes. Les lésions des suspicion d’endométriose vésicale, où elle permet de sensibiliser le
ligaments utérosacrés sont particulièrement fréquentes, mais diagnostic [5]. Pour l’étude fine des ligaments utérosacrés, il est
souvent négligées car de diagnostic difficile. L’adénomyose est plus possible d’obtenir un plan de coupe supplémentaire, oblique, le long
fréquente chez la femme en période préménopausique. du trajet des ligaments utérosacrés, c’est-à-dire incliné de 35° en bas
et en avant par rapport au col, avec une épaisseur des coupes
réduite (4 mm/0,4 mm). Enfin, des séquences avec antenne
Clinique endocavitaire (endorectale pour l’analyse de la cloison rectale ou
vaginale pour l’analyse du cul-de-sac vésico-utérin) peuvent être
Le symptôme essentiel est la douleur pelvienne chronique, au réalisées pour une étude fine de l’atteinte des ligaments utérosacrés
moment des règles. Néanmoins, la douleur peut survenir à tout ou de la cloison rectovaginale. Cependant, la mise en place de
moment du cycle, avec une recrudescence dans les périodes pré- et l’antenne peut être rendue difficile en cas de douleurs pelviennes
permenstruelles. Le diagnostic doit également être suspecté en cas majeures.
d’infertilité ou de dyspareunie, parfois lors de cystalgies ou de L’IRM peut être réalisée à tout moment du cycle, mais la détection
ténesme rectal. des lésions est parfois plus aisée si l’examen est réalisé en période
menstruelle.

Diagnostic HYSTÉROGRAPHIE

Le diagnostic est histologique et repose sur la mise en évidence de L’hystérographie est la seule méthode de diagnostic des lésions
glandes endométriales en position ectopique, lors de la cœlioscopie tubaires. L’aspect caractéristique est celui d’images d’addition
ou plus rarement de la laparotomie. Cependant, certaines lésions tubaires (en « boules de gui »), la forme des trompes pouvant être
sous-péritonéales profondes peuvent être méconnues lors de la rigidifiée par les adhérences (tuba erecta) (Fig. 1) [6]. Les lésions
cœlioscopie, car masquées par les adhérences péritonéales. Il s’agit peuvent siéger sur tout le trajet tubaire. Parfois sont visibles des
de plus d’un examen invasif. sténoses tubaires distales avec rétention tardive du produit de
contraste iodé. L’existence d’un hydrosalpinx est également
C’est pourquoi l’accent est de plus en plus mis actuellement sur les fréquente. L’hystérographie permet aussi le diagnostic de
méthodes de diagnostic non invasif, en particulier l’échographie et l’adénomyose, en montrant des images d’addition sur les bords de
l’IRM l’utérus, mais les autres méthodes d’imagerie doivent être d’abord
effectuées à la recherche de ces lésions d’adénomyose, en raison du
ÉCHOGRAPHIE caractère invasif de l’hystérographie.
L’échographie pelvienne est l’examen de première intention en cas
de suspicion d’endométriose pelvienne. La voie endovaginale doit ÉCHOENDOSCOPIE RECTALE
être également utilisée en l’absence de contre-indication. Cet examen est utile en cas de suspicion d’atteinte postérieure, en
L’échographie pelvienne permet de détecter facilement les lésions particulier d’envahissement de la cloison rectovaginale pour préciser
ovariennes, mais plus difficilement l’adénomyose. l’atteinte en profondeur de la musculeuse rectale [14].

IMAGERIE PAR RÉSONANCE MAGNÉTIQUE CYSTOSCOPIE


L’IRM est l’examen de choix pour le diagnostic non invasif de La cystoscopie n’a que peu d’utilité pour le diagnostic de
l’endométriose sous-péritonéale. Néanmoins, cet examen est encore l’endométriose vésicale. En effet, les lésions se développent dans le

2
Radiodiagnostic Imagerie de l’endométriose 34-622-A-10

Figure 2 Échographie endovaginale : kyste endométriosique. Contenu échogène


homogène, correspondant au contenu hématique.
Figure 1 Hystérographie : utérus de contours irréguliers, siège d’images d’addi-
tion, correspondant aux zones d’adénomyose. Présence d’images d’addition sur les cor-
nes utérines avec un aspect rigide et verticalisé de la corne utérine gauche (tuba erecta)
(flèches). Obstruction tubaire droite (tête de flèche).

cul-de-sac vésico-utérin et envahissent la paroi vésicale de façon


extrinsèque. La cystoscopie peut donc être normale. Il est parfois
possible de mettre en évidence des nodules bleutés sur la paroi
vésicale [3].

Particularités selon les localisations

ATTEINTE OVARIENNE
C’est la localisation la plus fréquente de l’endométriose.
L’atteinte ovarienne se manifeste par la présence de kystes contenant Figure 3 Échographie pelvienne sus-pubienne : kyste endométriosique. Le contenu
un liquide hématique, épais, et qui correspondent aux du kyste est hétérogène, avec des caillots sédimentant dans le fond du kyste.
endométriomes ovariens. Ils sont bilatéraux dans 42 % des cas [22] et
sont souvent associés à une endométriose péritonéale.
L’échographie pelvienne par voie sus-pubienne complétée par une
échographie par voie endovaginale permet facilement d’en faire le
diagnostic.
Dans sa forme typique, l’endométriome est une formation ovalaire
de contours réguliers, à paroi fine lorsque la lésion est jeune ou à
paroi épaissie, supérieure à 3 mm, pour les endométriomes plus
anciens [28]. Le contenu est finement échogène et homogène (Fig. 2),
à la différence des kystes hémorragiques non endométriosiques où
les échos sont plus grossiers et regroupés parfois sous forme de
caillots. L’endométriome ovarien peut cependant être également le
siège de caillots en position périphérique (Fig. 3). Dans ce cas, les
caillots peuvent être responsables d’une atténuation du faisceau
ultrasonore. La taille des endométriomes peut varier de 20 à 60 mm.
Il n’y a en général aucun signal doppler au sein de l’endométriome,
ce qui confirme son caractère kystique (Fig. 4) [10]. Le stroma ovarien
normal, lorsqu’il est visible, est refoulé en périphérie de
l’endométriome.
Les ovaires qui sont le siège d’endométriomes peuvent être en
position inhabituelle, parfois rétro-utérine, en raison d’adhérences Figure 4 Échographie endovaginale : kyste endométriosique. Absence de signal
doppler au sein du kyste.
associées.
Le kyste endométriosique peut néanmoins prendre des formes
atypiques en échographie : kyste à paroi épaisse, contenant des hypo-intense en séquence pondérée en T2 en raison de la présence
zones hyperéchogènes déclives comparables aux kystes dermoïdes, d’hémosidérine [30]. Comme en échographie, des caillots peuvent être
ou bien kyste à contenu très peu échogène. visibles au sein du kyste endométriosique, habituellement en signal
En pratique, l’échographie par voie vaginale est suffisante pour intermédiaire en T1 et en T2. Les lésions peuvent être bilatérales ou
poser le diagnostic de kyste endométriosique. multiples dans un même ovaire ; dans ce cas, la coexistence de
En cas de doute, il est possible d’avoir recours à l’IRM. kystes contenant du sang d’âge différent, avec un aspect variable du
signal, est très évocatrice du diagnostic.
Les endométriomes sont le plus souvent hyperintenses en T1 et en
T2 (Fig. 5, 6), l’hyperintensité étant plus nette sur les séquences en Lorsque les implants sont de très petite taille (< 1 cm), il peut être
T1 avec suppression de graisse (Fig. 7). Cet aspect est le plus difficile de différencier un kyste endométriosique d’un kyste
fréquent. Il est possible également que l’endométriome apparaisse fonctionnel du corps jaune.

3
34-622-A-10 Imagerie de l’endométriose Radiodiagnostic

Figure 8 Échographie endovaginale : adénomyose. Les lésions d’adénomyose focale


sont visibles sous la forme de zones punctiformes anéchogènes, à l’interface endomètre-
Figure 5 Imagerie par résonance magnétique, séquence pondérée en T1 : kyste en- myomètre (flèches).
dométriosique. Présence de deux endométriomes ovariens droit et gauche, hyperinten-
ses en séquence pondérée en T1 (flèches).
L’hystérographie est le seul examen d’imagerie permettant de
préciser l’existence d’une atteinte tubaire proximale en objectivant
une sténose tubaire complète ou incomplète, ou en visualisant des
irrégularités tubaires, des diverticules ou polypes tubaires. Des
signes indirects sont liés à des adhérences pelviennes responsables
d’un étirement du trajet normal de la trompe. Le diagnostic est
affirmé par la cœlioscopie.

ADÉNOMYOSE
Anatomiquement, l’adénomyose correspond à la présence de
glandes endométriales au sein du myomètre. On distingue deux
types d’adénomyose :
– la forme focale, qui correspond à une atteinte limitée ;
– l’atteinte diffuse, la plus fréquente, qui se caractérise par la
présence de multiples cryptes glandulaires kystiques infiltrant le
Figure 6 Imagerie par résonance magnétique, séquence pondérée en T2 : kyste en- myomètre.
dométriosique. Présence de deux endométriomes ovariens droit et gauche, hyperinten-
ses en séquence pondérée en T2 (flèches). Les follicules normaux sont visibles en péri-
Cliniquement, l’adénomyose se manifeste par des ménométrorragies
phérie de l’ovaire. plus ou moins douloureuses. L’âge de survenue est plus élevé, ces
lésions atteignant plutôt les femmes de plus de 40 ans. L’examen de
première intention est l’échographie. L’échographie met en évidence
un utérus augmenté de taille, parfois globuleux, avec un myomètre
d’échostructure hétérogène, qui peut prendre en cas de lésions
multiples un aspect tacheté [25]. Parfois, les cryptes glandulaires sont
visualisées sous la forme de petites images liquidiennes, confluentes,
à la jonction endomètre-myomètre (Fig. 8). L’atteinte postérieure du
myomètre est la plus fréquente.
Néanmoins, il faut savoir que les lésions d’adénomyose, dans plus
de 50 % des cas, sont méconnues en échographie. Les lésions
d’adénomyose, responsables d’hétérogénéité du myomètre, sont
souvent prises à tort pour de petits fibromes intramuraux.
L’échographie peut être une bonne technique de dépistage de
l’adénomyose, à condition d’y penser et de la rechercher.
L’IRM, en revanche, est une technique fiable dans le diagnostic de
l’adénomyose.
L’adénomyose en IRM se traduit par [33] :
Figure 7 Imagerie par résonance magnétique, séquence pondérée en T1 avec sup-
pression de graisse : kyste endométriosique. La persistance de l’hyperintensité après – une augmentation globale du volume utérin ;
suppression de graisse indique le signal hémorragique (flèches).
– un épaississement diffus ou localisé de la zone jonctionnelle,
Le diagnostic différentiel avec un kyste dermoïde est facile lorsque
située à l’interface entre l’endomètre et le myomètre, de plus de
l’hyperintensité en séquence pondérée en T1 persiste sur les
9 mm (adénomyose diffuse) (Fig. 9) ;
séquences réalisées avec suppression de graisse.
– des lésions nodulaires hyperintenses en T1 et en T2 à l’interface
ATTEINTE TUBAIRE endomètre-myomètre, qui correspondent aux cryptes glandulaires
Cette atteinte est asymptomatique et le plus souvent découverte au endométriosiques à contenu hématique, conférant un aspect
cours d’un bilan de stérilité ou après une grossesse extra-utérine. moucheté au myomètre (adénomyose focale) (Fig. 9).

4
Radiodiagnostic Imagerie de l’endométriose 34-622-A-10

Figure 9 Imagerie par résonance magnétique, séquence pondérée en T2 : adéno- Figure 11 Imagerie par résonance magnétique, antenne endovaginale, séquence
myose focale et diffuse. La zone jonctionnelle du myomètre n’est plus visible et est rem- pondérée en T2 : nodule sur l’origine du ligament utérosacré droit. Un nodule hypo-
placée par de multiples zones hyperintenses en T2, correspondant aux glandes endo- intense est situé sur l’insertion proximale du ligament utérosacré droit (flèche), visible
métriales (flèches). en arrière du nodule. Antenne endovaginale (tête de flèche).

ATTEINTE EXTERNE SOUS-PÉRITONÉALE


Figure 10 Imagerie par (ENDOMÉTRIOSE PROFONDE)
résonance magnétique, sé-
quence pondérée en T2 : ¶ Atteinte postérieure : Douglas, ligaments utérosacrés
adénomyose focale et fibro- et cloison rectovaginale
mes. La zone jonctionnelle
est globalement épaissie et Associée à l’atteinte ovarienne ou isolée, cette localisation est
comporte une zone focale fréquemment sous-estimée car très difficile à diagnostiquer par
hyperintense d’endomé- l’échographie ou l’hystérographie.
triose focale (flèche), bien
distincte de fibromes inters- Pourtant, elle est fréquente puisque l’atteinte du Douglas est
titiels (tête de flèche). associée aux autres localisations de l’endométriose dans 61 % des
cas et à celle des ligaments utérosacrés dans 35 % des cas [13].
L’atteinte de l’étage postérieur du pelvis se manifeste en général par
des douleurs pelviennes diffuses, à recrudescence menstruelle, à
irradiation postérieure, parfois accompagnées de signes digestifs ou
de douleurs à la défécation. Il est à retenir que, dans ce cas, les
douleurs sont souvent chroniques et que les patientes peuvent avoir
consulté à de nombreuses reprises avant que le diagnostic ne soit
évoqué.
L’échographie n’a que peu d’intérêt dans ce cas, si ce n’est pour
rechercher une autre localisation de l’endométriose.
L’IRM, par la multiplicité des plans de coupes et son excellente
résolution tissulaire, est un examen clé pour le diagnostic de ces
lésions sous-péritonéales. Néanmoins, l’analyse des clichés est
difficile car les lésions sont le plus souvent anciennes et de petite
taille [27]. Les séquences pondérées en T1 avec suppression de graisse
peuvent donc être insuffisantes dans ce cas.
L’atteinte des ligaments utérosacrés peut être révélée indirectement
par une rétroversion utérine.
Les résultats de la littérature sont controversés. En effet, des études Les implants des ligaments utérosacrés se situent habituellement à
comparatives récentes ont établi que l’IRM était plus sensible (88 %) leur insertion proximale, en arrière du torus utérin [9]. Les ligaments
et plus spécifique (90 %) que l’échographie pour caractériser utérosacrés normaux sont peu ou non visibles en IRM Il est
l’adénomyose [4]. D’autres auteurs ne retrouvent pas de différence néanmoins possible de les suivre lorsqu’un épanchement liquidien
significative entre l’échographie endovaginale et l’IRM pour la ou du tissu adipeux prédominent dans le cul-de-sac de Douglas.
détection de l’adénomyose, lorsqu’il n’y a pas de fibromes associés. La lésion peut être directement visible sous la forme d’un
En revanche, la sensibilité de l’échographie par rapport à l’IRM épaississement nodulaire de l’origine du ligament utérosacré,
serait réduite lorsque les lésions d’adénomyose sont associées à une supérieur à 9 mm27 (Fig. 11). Des séquences avec coupes fines
atteinte fibromateuse du myomètre [7] (Fig. 10). acquises dans le plan des ligaments utérosacrés (plan sagittal
oblique de 35 ° en bas et en avant) peuvent optimiser la détection
L’adénomyome est une forme particulière, correspondant à une des lésions des ligaments utérosacrés.
lésion circonscrite au sein du myomètre, habituellement hétérogène, Il est important de signaler que les atteintes des ligaments
et ponctuée d’hypersignaux hémorragiques. Cette lésion peut être utérosacrés sont souvent méconnues, du fait du caractère
difficile à distinguer d’un fibrome interstitiel ou même d’un sarcome fréquemment hypo-intense des lésions, lié en partie à la présence de
utérin [16]. Le traitement est chirurgical. fibrose. En effet, diagnostiquées tardivement, ces lésions ne

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34-622-A-10 Imagerie de l’endométriose Radiodiagnostic

Figure 12 Imagerie par résonance magnétique, séquence pondérée en T2 : nodule


hétérogène sur le ligament utérosacré gauche. Un volumineux nodule hétérogène, siège
de zones hyperintenses hémorragiques, est situé sur l’origine du ligament utérosacré
gauche (flèche) et infiltre le plan musculaire postérieur.
Figure 14 Imagerie par résonance magnétique, séquence pondérée en T2 : nodule
de la cloison rectovaginale. Nodule hétérogène hyperintense en T2 situé en arrière du
col, dans la cloison rectovaginale (flèches).

Figure 13 Imagerie par résonance magnétique, séquence pondérée en T2 : infiltra-


tion du ligament utérosacré droit. Le ligament utérosacré droit est globalement épaissi,
mais régulier, rendu visible par la présence de liquide dans le cul-de-sac de Douglas (flè-
che).

contiennent plus de cryptes hémorragiques mais du tissu fibreux,


responsable d’un piégeage de filets nerveux et donc de douleurs
postérieures intenses [2]. C’est pourquoi, il faut non seulement Figure 15 Imagerie par résonance magnétique, séquence pondérée en T2 : nodule
chercher des hypersignaux hémorragiques dans cette localisation de la cloison rectovaginale infiltrant la cloison rectale. Nodule hétérogène hyperintense
(Fig. 12), mais parfois aussi un simple épaississement linéaire hypo- en T2 situé en arrière du col, dans la cloison rectovaginale, infiltrant la musculaire rec-
intense du ligament utérosacré en séquences pondérées en T1 et en tale (flèche). Fibrome utérin (têtes de flèche).
T2 (Fig. 13).
L’infiltration du cul-de-sac de Douglas et de la cloison rectovaginale
cette indication d’observer des adhérences associées aux nodules.
peut se manifester par un comblement tissulaire en arrière du col,
Elles sont visibles sous la forme de fines lignes hypo-intenses en
jusqu’au rectum. Cette lésion est parfois responsable d’une
séquences pondérées en T1 et en T2, en arrière du col et au contact
rétroversion utérine. Les nodules de la cloison rectovaginale sont le
plus souvent iso- ou hypo-intenses en séquences pondérées en T1 et de la paroi rectale, avec des images de rétraction de la graisse
en T2, ponctués d’hypersignaux hémorragiques (Fig. 14, 15). pararectale, particulièrement bien visibles en séquences pondérées
L’atteinte de la cloison rectovaginale est plus facilement visible sur en T1 (Fig. 16).
les coupes sagittales et parfois sur les coupes axiales. Comme pour Il faut pouvoir préciser le degré d’infiltration de la paroi rectale, qui
l’atteinte des ligaments utérosacrés, l’absence d’hypersignaux détermine ensuite le type de traitement chirurgical. L’infiltration est
hémorragiques peut rendre difficile la détection des nodules. Il est supposée en IRM lorsque la ligne hypo-intense de la séreuse n’est
possible également de confondre un nodule avec le bord postérieur plus visible, mais englobée dans la lésion endométriosique (Fig. 17).
du col utérin sur les coupes sagittales, en raison de l’aspect parfois En effet, lorsque la musculeuse rectale est envahie, seule la résection
nodulaire et relativement hypo-intense du col. Il est fréquent dans rectale peut empêcher la survenue de récidives [20].

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Radiodiagnostic Imagerie de l’endométriose 34-622-A-10

Figure 18 Échoendoscopie rectale : endométriose rectale infiltrante. Un nodule en-


Figure 16 Imagerie par résonance magnétique, séquence pondérée en T1 : nodule dométriosique infiltre la musculeuse rectale, en interrompant l’hyposignal physiologi-
de la cloison rectovaginale avec extension aux ligaments utérosacrés et adhérences. Un que de la musculeuse (flèche).
nodule contenant des lésions d’endométriose hyperintenses en séquence pondérée en T1
est visible sur le ligament utérosacré gauche (flèche). Des adhérences visibles sous la
forme de lignes hypo-intenses se distinguent de la graisse pelvienne (tête de flèche).

Figure 17 Imagerie par


résonance magnétique, sé-
quence pondérée en T2 : no-
dule d’endométriose de la
cloison rectovaginale infil-
trant la paroi rectale (têtes
de flèche), avec adénomyose
focale associée (flèche).
L’utérus est rétrofléchi en
raison de la localisation pos-
térieure de la lésion.

Figure 19 Échographie endovaginale : nodule endométriosique de la cloison recto-


vaginale. Un épaississement nodulaire (flèches) est visible en arrière du col (tête de flè-
che). Il n’est pas possible de préciser l’extension au rectum.

Le degré d’infiltration peut être précisé par l’IRM, en utilisant


parfois une antenne endocavitaire (endorectale) afin d’améliorer la
résolution de l’image. En cas de doute ou d’incertitude,
l’échoendoscopie rectale peut également permettre de préciser
l’extension des lésions (Fig. 18) [12]. L’échographie endovaginale peut
parfois détecter un épaississement nodulaire en arrière du col, mais
ne permet pas de préciser le caractère infiltrant des lésions (Fig. 19).
Les autres lésions digestives sont le plus souvent localisées sur la
partie haute du rectum et le sigmoïde. Plus rarement, des lésions
peuvent être détectées sur l’appendice, le cæcum ou l’iléon [40].
L’IRM permet parfois de détecter les lésions sigmoïdiennes (Fig. 20),
mais est limitée dans les autres localisations digestives.
Le lavement baryté n’a que peu d’intérêt aujourd’hui dans le bilan
de l’endométriose digestive. Il est néanmoins parfois possible de
visualiser des sténoses digestives d’allure extrinsèque, en rapport Figure 20 Imagerie par résonance magnétique, séquence pondérée en T2 : nodule
avec la présence de nodules endométriosiques, qui ne sont pas d’endométriose en arrière de l’isthme utérin (flèche), responsable d’une adhérence et at-
traction du sigmoïde en arrière (tête de flèche), et d’obstruction colique intermittente.
visibles directement avec cet examen [38].
¶ Atteinte urinaire dans ce cas préciser le degré d’infiltration de la paroi vésicale afin
C’est une localisation rare de l’endométriose profonde (1 %) [1]. de décider de la thérapeutique adéquate, qui peut être la cystectomie
L’endométriose vésicale se manifeste le plus souvent par des cystites partielle en cas de lésion infiltrante [11].
et des cystalgies à recrudescence menstruelle, exceptionnellement L’échographie prescrite en première intention peut préciser
par une hématurie [36]. l’existence d’un nodule tissulaire, échogène, de petite taille le plus
Les lésions se développent dans le cul-de-sac vésico-utérin et souvent, développé à la face postérieure de la vessie ou dans le cul-
atteignent ensuite la paroi vésicale de dehors en dedans [39]. Il faut de-sac vésico-utérin (Fig. 21). Cependant, lorsque la lésion est de

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34-622-A-10 Imagerie de l’endométriose Radiodiagnostic

Figure 24 Imagerie par


résonance magnétique, sé-
quence pondérée en T2 :
endométriose urétérale. No-
dule d’endométriose hétéro-
gène, avec des zones hémor-
ragiques (flèches), infiltrant
et obstruant l’uretère, dilaté
en amont (tête de flèche).

Figure 21 Échographie vésicale : endométriose vésicale. Nodule d’endométriose


développé dans le cul-de-sac vésico-utérin (flèche).

Figure 25 Uro-image-
rie par résonance magnéti-
que : endométriose urété-
rale. Dilatation des cavités
pyélocalicielles droites et
atrophie corticale témoi-
Figure 22 Imagerie par résonance magnétique, séquence pondérée en T2 : endomé- gnant du caractère chroni-
triose vésicale. Nodule d’endométriose hétérogène latéral gauche infiltrant la muscu- que de l’obstruction.
leuse vésicale (têtes de flèche).

Figure 23 Imagerie par résonance magnétique, séquence pondérée en T1 avec sup-


pression de graisse et injection de gadolinium. Le contraste entre le nodule (flèche) et la
paroi est plus facilement délimité après injection de gadolinium (ici, l’hyposignal de la hétérogène, comportant de petits foyers hyperintenses en T1 et en
musculeuse est interrompu). T2, dans le cul-de-sac vésico-utérin ou la profondeur de la paroi
vésicale (Fig. 22). L’infiltration de la paroi vésicale est affirmée
petite taille, l’échographie peut être normale. Le diagnostic lorsque l’hyposignal physiologique de la musculeuse vésicale est
différentiel avec une tumeur vésicale est facile car, dans ce cas, le interrompu [27]. La détection de l’infiltration de la paroi vésicale peut
nodule est irrégulier et le raccordement à la paroi vésicale est à angle être sensibilisée par l’injection de gadolinium (Fig. 23). Dans ce cas,
obtus ; il est parfois plus difficile de différencier un myome le traitement est la cystectomie partielle. L’IRM peut permettre en
isthmique antérieur. L’utilisation de la voie endovaginale, vessie en outre de rechercher des lésions associées, ovariennes et surtout
réplétion, peut permettre de sensibiliser le diagnostic. postérieures, dans le cadre d’un bilan préchirurgical [5]. Des lésions
La cystoscopie peut être normale, en particulier lorsque la lésion est d’endométriose peuvent être localisées en arrière du col ou du torus
intramurale. utérin et s’étendre latéralement au contact de l’abouchement des
L’urographie intraveineuse peut être normale ou montrer une lacune uretères (Fig. 24). Dans ce cas, elles peuvent être responsables
de diagnostic différentiel difficile avec une tumeur vésicale. Elle a d’obstruction urétérale et d’une hydronéphrose chronique. Enfin,
surtout un intérêt en cas de suspicion d’atteinte urétérale [35]. des séquences d’uro-I.R.M. peuvent aider à préciser l’existence ou
L’IRM est un bon examen pour le dépistage et le bilan des lésions non de l’atteinte urétérale, au cours du même examen IRM. (Fig. 25).
d’endométriose vésicale. La lésion se traduit par un nodule Cependant, la résolution spatiale des séquences est inférieure à celle

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Radiodiagnostic Imagerie de l’endométriose 34-622-A-10

Figure 26 Échographie abdominale : endométriose sur cicatrice. Nodule d’endomé-


triose situé sur la ligne d’accolement des muscles grands droits, hétérogène. Les glan-
des endométriales correspondent aux zones focales anéchogènes.

de l’urographie intraveineuse. L’avantage de l’uro-IRM réside


surtout en l’absence de toxicité rénale du gadolinium.

ENDOMÉTRIOSE SUR CICATRICE


L’endométriose sur cicatrice n’est pas exceptionnelle. Il faut
distinguer deux formes d’endométriose sur cicatrice : l’endométriose
sur cicatrice utérine ou l’endométriose sur cicatrice abdominale.
Toute chirurgie utérine peut être le vecteur d’endométriose sur
cicatrice [18]. Le diagnostic d’endométriose sur cicatrice utérine est
difficile et il faut y penser lorsqu’une patiente présentant un
antécédent de chirurgie utérine décrit des douleurs pelviennes à
recrudescence menstruelle, alors que l’échographie est normale.
En cas d’endométriose sur cicatrice abdominale, il est possible de
palper un nodule douloureux, parfois inflammatoire, dans le Figure 27 Imagerie par résonance magnétique, séquence pondérée en T1 : endomé-
territoire sous-cutané, en regard de la cicatrice abdominale [41]. La triose sur cicatrice. Nodule d’endométriose pariétale (flèches) infiltrant les muscles
grands droits, hétérogène, hyperintense en séquence pondérée en T1 (A) et en T2 (B).
tomodensitométrie ou l’échographie peuvent mettre en évidence un
nodule sous-cutané en regard de la cicatrice [15] (Fig. 26), mais c’est
par des hémoptysies ou des pneumothorax à recrudescence
surtout l’IRM qui peut permettre de détecter un nodule iso- ou
menstruelle. L’imagerie est habituellement décevante et le diagnostic
hypo-intense en T1 et en T2 ponctué de foyers hyperintenses en T1et
est affirmé si les lésions sont retrouvées lors de la thoracoscopie [29].
en T2, au niveau de la cicatrice utérine ou de la cicatrice
Enfin, quelques cas d’endométriose cérébrale ont été diagnostiqués
abdominale [41] (Fig. 27) . Le diagnostic peut être également évoqué
chez des patientes se plaignant de céphalées et de crises convulsives
par la ponction à l’aiguille fine du nodule, en présence de cellules
à recrudescence menstruelle. La tomodensitométrie ou l’IRM
endométriales [21]. Le traitement est chirurgical.
peuvent montrer des lésions nodulaires cérébrales, non spécifiques,
mais le diagnostic reste histologique [37].
ENDOMÉTRIOSE PÉRITONÉALE
Les implants endométriosiques péritonéaux sont souvent de petite Conclusion
taille, infracentimétriques, difficiles à détecter par l’IRM. C’est la
cœlioscopie qui reste le meilleur examen diagnostique de ces lésions. Le diagnostic d’endométriose ovarienne est aisé et l’échographie est
L’IRM peut cependant parfois détecter des hypersignaux en T1 et généralement suffisante au diagnostic.
T1 avec suppression de graisse, en particulier sur les replis Dans ce cas, l’IRM est intéressante pour les formes douteuses, ou
péritonéaux, proches des culs-de-sac. La détection de ces lésions est encore pour rechercher des lésions postérieures pelviennes associées.
variable, pouvant aller jusqu’à 61 % selon les auteurs [23]. L’hystérographie reste le seul examen diagnostique non chirurgical des
lésions tubaires.
Le diagnostic d’adénomyose par l’échographie peut être difficile, surtout
LOCALISATIONS EXCEPTIONNELLES
lorsque l’utérus est fibromateux ; l’IRM est alors le meilleur examen
Certaines atteintes exceptionnelles de l’endométriose ont été diagnostique non invasif.
décrites. Parmi celles-ci, une des plus fréquentes est la localisation Le diagnostic des atteintes postérieures du pelvis est impossible à
sur le trajet du nerf sciatique d’un nodule endométriosique, préciser par l’échographie ; l’IRM complétée éventuellement par une
responsable de sciatique à recrudescence menstruelle. L’IRM échoendoscopie rectale doit alors être proposée.
pelvienne peut détecter un nodule contenant des hypersignaux Enfin, l’IRM est le meilleur examen d’imagerie dans le cadre d’un bilan
hémorragiques, sur le trajet du nerf sciatique [19] . L’atteinte complet, préchirurgical ou préthérapeutique, de l’endométriose
pulmonaire et diaphragmatique est exceptionnelle et se manifeste profonde.

Références ➤

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34-622-A-10 Imagerie de l’endométriose Radiodiagnostic

Références
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10
¶ 34-620-E-10

Imagerie de l’hypofertilité de la femme


M. Viala-Trentini, A. Maubon, M. Filhastre, P. Georges, J.-P. Rouanet

L’évaluation clinique de l’infertilité est indiquée lorsque aucune grossesse n’est obtenue après 24 mois de
rapports sexuels réguliers, non protégés. Les causes de stérilité sont nombreuses, rarement le fait de la
femme ou de l’homme exclusivement, mais le plus souvent dues à l’association de facteurs survenant
chez deux individus peu fertiles. L’exploration de l’infertilité féminine bénéficie en première intention
d’une échographie pelvienne par voie sus-pubienne et endovaginale ainsi que d’une
hystérosalpingographie. En deuxième intention, une imagerie par résonance magnétique pelvienne peut
être réalisée. L’objectif est double, rechercher une cause organique ou fonctionnelle à l’infertilité. Les
causes organiques associées à l’infertilité féminine sont utérines (malformations utérines, myomes,
adénomyose, polypes, synéchies, béance cervicale), tubaires (hydrosalpinx et maladie inflammatoire du
pelvis), ou mixtes pour l’endométriose pelvienne. Les causes fonctionnelles comprennent des
dysfonctionnements endométriaux (hypertrophie ou atrophie endométriale), ou ovariens (syndrome des
ovaires polykystiques, ovaires multifolliculaires, ovaires macropolykystiques, insuffisance ovarienne), ainsi
que des dérèglements de l’axe hypothalamohypophysaire (adénome hypophysaire). Cette étape
diagnostique conditionne la prise en charge thérapeutique.
© 2006 Elsevier SAS. Tous droits réservés.

Mots clés : Infertilité féminine ; Échographie pelvienne ; Hystérosalpingographie ; Hystérosonographie ;


IRM pelvienne

Plan De ces définitions on peut conclure que la stérilité est un fait


prouvé et acquis alors que la fertilité n’est qu’un état de
¶ Généralités 1 potentialité. À partir de ces définitions, des indices ont été créés
Définitions 1 afin d’unifier les langages. Le plus utilisé est la fécondabilité qui
Épidémiologie de l’infertilité 1 est la probabilité de concevoir à chaque cycle menstruel. En
France, la fécondabilité, qui reste une notion statistique à
¶ Méthodes d’exploration en imagerie 2
l’échelle d’une population, varie autour d’une moyenne de
Échographie pelvienne 2
25 % par cycle. Environ 10 % des couples ont une fécondabilité
Hystérosalpingographie et cathétérisme sélectif des trompes 2
réduite inférieure à 10 %. Ainsi après 1 an, la moitié de ces
Imagerie par résonance magnétique (IRM) pelvienne 4
couples n’aura toujours pas conçu. C’est ainsi que se détermine
¶ Infertilité organique 4 le groupe des couples hypofertiles. À la fin de la seconde année,
Causes utérines 4 trois ou quatre de ces couples auront conçu. Une absence de
Désordres tubaires 10 conception après 12 mois d’exposition ne devrait pas être
Endométriose pelvienne 11 considérée dans un premier temps comme un indicateur de
¶ Hypofertilité fonctionnelle 14 stérilité mais plus comme un indicateur d’hypofertilité qui peut
Désordres endométriaux 14 justifier la mise en route d’un bilan. L’Organisation mondiale de
Dysfonctions ovulatoires 15 la santé (OMS) définit l’infertilité comme l’absence d’obtention
Rôle de l’échographie dans les procréations médicalement de grossesse après 24 mois de rapports sexuels réguliers, non
assistées 17 protégés [1]. La stérilité est dite primaire s’il n’y a jamais eu de
¶ Conclusion 17 fécondation. Elle est dite secondaire si la femme, après une ou
plusieurs grossesses et quelle qu’en soit l’issue, n’est pas
fécondée alors qu’elle le désire.

■ Généralités
Épidémiologie de l’infertilité
Définitions L’infertilité affecte un couple sur sept aux États-Unis. Dans
Un couple est dit fécond lorsqu’il a conçu, et fertile lorsqu’il 40 % des cas, la cause et attribuée à la femme, dans 40 % des
est apte à concevoir. La fertilité est une potentialité (contraire : cas, à l’homme. Dans environ 20 % des cas, il s’agit de facteurs
infertile), la fécondité est un fait. On peut donc être fertile et féminins et masculins combinés ou d’une infertilité inexpliquée.
infécond. L’âge est un facteur primordial.

Radiodiagnostic - Urologie-Gynécologie 1
34-620-E-10 ¶ Imagerie de l’hypofertilité de la femme

Des troubles de l’ovulation sont identifiés approximativement Échographie pelvienne tridimensionnelle


chez 15 % des couples infertiles et sont responsables de plus de
40 % des infertilités chez la femme [2]. L’acquisition d’un volume peut être réalisée en échographie,
Parmi les causes utérines : soit par balayage automatique à l’aide d’une sonde mécanique,
• les chiffres de prévalence des anomalies des canaux de Müller soit par balayage manuel à l’aide d’une sonde électronique. La
sont très disparates dans la littérature, allant de 0,16 % à visualisation de l’examen va se faire soit en mode multiplanar
10 % [3]. La plupart des études rapportent une fréquence reconstruction (MPR) soit en « volume rendering » [8] . Cette
approximative de 25 % en association avec des problèmes de technique prend tout son intérêt pour l’étude des malforma-
reproduction, et 10 % au sein de la population générale [4]; tions utérovaginales avec possibilité d’obtenir un plan de coupe
• environ 20 à 40 % des femmes en âge de procréer présentent strictement parallèle à la muqueuse utérine. Elle facilite l’étude
des myomes utérins. Il a été estimé que les myomes étaient de la configuration externe de l’utérus [9]. Ce mode d’acquisition
associés à une infertilité dans 5 à 10 % des cas. Cependant, peut être une aide diagnostique pour la pathologie
lorsque toutes les autres causes d’infertilité ont été exclues, les tubo-ovarienne.
myomes sont en cause dans seulement 2 à 3 % des cas [5].
Environ 20 % des femmes infertiles présentent des anomalies Hystérosonographie
tubaires [6].
L’endométriose est retrouvée chez 5 à 10 % des femmes Le principe de l’hystérosonographie repose sur l’instillation
infertiles [7]. Les femmes non traitées porteuses d’une endomé- de liquide dans la cavité utérine afin de souligner la muqueuse
triose et hypofertiles présentent une fécondabilité allant de 2 à et tout processus pathologique à extension endocavitaire [10]. En
10 %. condition aseptique, après cathétérisme cervical, on réalise une
Enfin, dans 30 % des cas, l’infertilité reste inexpliquée. instillation intracavitaire de 5 à 20 ml de liquide (sérum
physiologique, produit de contraste ultrasonore). Une échogra-
phie par voie endovaginale est alors réalisée. Les contre-
■ Méthodes d’exploration indications sont respectées (infection, grossesse, néoplasie de la
cavité utérine). L’examen est réalisé en première partie de cycle.
en imagerie Cet examen est actuellement préconisé pour préciser toute
anomalie structurale intracavitaire chez la femme infertile [11].
Elle apparaît comme un examen de choix pour le diagnostic et
Échographie pelvienne l’extension des polypes muqueux (Fig. 1), des fibromes sous-
muqueux (Fig. 2), des synéchies et des septa intracavitaires
Exploration conventionnelle (Fig. 3). Elle peut, dans certaines conditions, être une aide au
diagnostic de perméabilité tubaire en visualisant le flux tubaire
L’échographie pelvienne réalisée par voie sus-pubienne puis et en mettant en évidence le liquide dans le cul-de-sac de
endovaginale est un examen non invasif que l’on peut répéter. Douglas [12] . Cet examen, en raison des passages tubaires
Elle permet l’étude de l’utérus et de ses annexes. Elle associe un souvent aveugles, est très discuté après 45 ans.
temps abdominal, où il est nécessaire d’avoir la vessie pleine,
complété par un temps vaginal, après évacuation vésicale. Elle
étudie la topographie de l’utérus (flexion et latérodéviation), sa Hystérosalpingographie et cathétérisme
forme, sa taille, l’homogénéité du myomètre, l’épaisseur de sélectif des trompes
l’endomètre (variable en fonction du cycle hormonal). La taille
et la morphologie des ovaires sont notifiées. Elle peut être Cet examen est jugé encore indispensable à tout bilan de
couplée à l’étude doppler sur les vaisseaux utéro-ovariens. stérilité et est proposé en première intention [13]. Il est réalisé

Figure 1.
A, B. Polype muqueux infracentimétrique visualisé
en échographie par voie endovaginale (A). L’ins-
tillation de liquide intracavitaire permet une
meilleure délimitation des contours du polype (B).

Figure 2.
A, B. Hystérosonographie :
fibrome utérin sous-
muqueux et détermination
du pourcentage de surface
intracavitaire.

2 Radiodiagnostic - Urologie-Gynécologie
Imagerie de l’hypofertilité de la femme ¶ 34-620-E-10

Figure 3. Hystérosonographie : synéchie intracavitaire.

Figure 5. Hystérosalpingographie : multiples images d’addition périca-


vitaires en rapport avec une adénomyose.

Figure 4. Hystérosalpingographie mettant en évidence une cavité uté-


rine de morphologie normale, une perméabilité tubaire bilatérale et un
passage péritonéal symétrique.

systématiquement en première partie de cycle entre le 6e et le


12e jour, sous couverture antibiotique et en l’absence de contre-
indication (infection génitale, grossesse débutante). En condi-
tion aseptique, après désinfection de la région anovulvaire, un
spéculum est mis en place, suivi d’une désinfection de l’exocol.
Le cathétérisme cervical est réalisé à l’aide d’un cathéter à
ballonnet à usage unique. Le ballonnet est gonflé au niveau de
l’isthme, ce qui permet l’étanchéité cervicale. Le remplissage
cavitaire se fait de façon lente et progressive à l’aide de produit
de contraste iodé hydrosoluble. Les critères de normalité de
l’hystérosalpingographie sont :
• une cavité utérine de forme, de dimensions et de contours
normaux ;
• des trompes visibles et régulières de façon bilatérale et
symétrique dans leurs trois segments ;
• un passage péritonéal symétrique sans dilatation d’amont
avec brassage effectif en fin d’examen (Fig. 4).
L’observation de la cavité utérine permet de diagnostiquer
une malformation utérine, une pathologie de la cavité utérine
(fibrome, polype, synéchie), une obturation tubaire, soit
cornuale soit distale. Une adénomyose est évoquée par l’exis- Figure 6.
tence d’images d’addition plus ou moins nombreuses ou A à D. Obstruction tubaire proximale (A). La sonde précourbée est
profondes (Fig. 5). amenée à l’ostium de la trompe gauche (B). L’injection tubaire sélective
La salpingographie sélective avec recanalisation tubaire permet l’opacification d’une trompe normale avec passage péritonéal
constitue la seconde étape de l’examen en cas d’obstruction (C, D).
tubaire proximale avérée [14, 15]. Un cathéter porteur de calibre
5 F va servir de tuteur dans l’endocol et la cavité utérine. Un péritonéal (Fig. 6). L’étiologie la plus fréquente est l’obstruction
cathéter précourbé sans trous latéraux est monté à l’intérieur par boue tubaire ostiale (tubal plug). Lorsque l’injection sélective
de la sonde porteuse jusque dans la cavité et dirigé latérale- ne permet pas d’obtenir une désobstruction tubaire, un geste de
ment dans l’ostium tubaire. L’injection de produit de recanalisation est indiqué en cas d’obstruction proximale.
contraste est alors réalisée. Dans 70 % des cas, la simple Celui-ci s’accompagne d’un taux de grossesses allant de 27 % à
injection permet d’obtenir l’opacification tubaire et le passage 57 % [16, 17].

Radiodiagnostic - Urologie-Gynécologie 3
34-620-E-10 ¶ Imagerie de l’hypofertilité de la femme

Imagerie par résonance magnétique (IRM) utérus cloisonné et de rechercher une anomalie rénale occulte
associée. L’hystérosalpingographie présente une efficacité
pelvienne diagnostique de 55 %. Sa principale limite réside dans l’absence
L’IRM pelvienne est utilisée depuis plus de 10 ans pour d’évaluation des contours externes de l’utérus pour le diagnostic
l’exploration de l’infertilité féminine [18]. d’utérus bicavitaire [21]. L’échographie pelvienne par voie sus-
Il s’agit d’une méthode d’exploration non irradiante, consi- pubienne et endovaginale présente une efficacité diagnostique
dération importante pour les patientes en âge de procréer. C’est de 90 % avec des difficultés à l’obtention de coupes strictement
la technique d’imagerie en coupe qui possède la meilleure parallèles à la muqueuse utérine pour étude de l’incisure
résolution (spatiale et contraste) pour l’étude du pelvis féminin. fundique [22]. L’échographie tridimensionnelle dans les mains
Elle permet une acquisition multiplanaire de façon rapide et d’un opérateur entraîné apporte une sensibilité de 93 % et une
non invasive. Elle est réalisée en première partie de cycle, vessie spécificité de 100 % [23] . La technique permet une bonne
en semi-réplétion. Une opacification vaginale et parfois rectale délimitation des contours externes de l’utérus et une estimation
est réalisée par gel aqueux, notamment dans les bilans d’endo- du volume de la cavité utérine. Enfin, l’IRM pelvienne présente
métriose et de malformations utérovaginales. Une IRM 1,5 tesla une efficacité diagnostique de 100 % [22] permettant une étude
avec antenne de surface est le plus souvent utilisée. Le protocole simultanée de la configuration interne et externe de l’utérus.
de base comprend des : • La classe I (agénésie ou hypoplasie) se manifeste par l’absence
• coupes sagittales en pondération T2 ; complète ou partielle de l’utérus et/ou du vagin. Le syndrome
• coupes sagittales en pondération T1 ; de Mayer-von Rokitansky-Küster-Hauser en est la manifesta-
• coupes axiales et coronales en pondération T2 ; tion la plus fréquente associant une agénésie vaginale, une
• coupes axiales en pondération T1 avec saturation de la aplasie utérine dans 90 % des cas ou un utérus rudimentaire
graisse ; et des ovaires normaux dans un contexte d’aménorrhée
• coupes coronales T2 grand champ, réalisées lors de l’explora- primaire (Fig. 7).
tion des anomalies mullériennes à la recherche de malforma- • La classe II correspond à un utérus unicorne, causé par
tion rénale associée. l’absence de développement d’un canal mullérien. L’imagerie
Aucune injection de produit de contraste n’est réalisée en met en évidence un utérus de petite taille, latérodévié avec
routine. Dans certains cas, l’injection peut être nécessaire, tels aspect en « banane ». Il s’y associe dans 65 % des cas une
que dans la maladie inflammatoire du pelvis, l’évaluation de la corne rudimentaire communicante ou non. Une anomalie
vascularisation de fibromes utérins ou la découverte de masse rénale est fréquemment associée de façon homolatérale à la
annexielle suspecte de malignité et dans certaines malforma- corne rudimentaire.
tions complexes. L’IRM pelvienne joue un rôle essentiel dans le • La classe III (utérus didelphe) résulte de la non-fusion des
diagnostic, le traitement et le suivi de l’infertilité féminine. Elle deux canaux utérovaginaux avec formation de deux cavités
est d’une aide indiscutable dans le diagnostic des causes utérines non communicantes. Un septum vaginal est présent
d’infertilité organiques utérines, tubaires et de l’endométriose dans 75 % des cas. Une obstruction vaginale unilatérale avec
pelvienne [19]. Elle participe également au bilan des dysfonctions hématocolpos est fréquente, parfois responsable de dysmé-
ovulatoires d’origine ovarienne ou hypothalamohypophysaire. norrhée et peut être source d’endométriose et d’adhérences
pelviennes.
• La classe IV correspond à l’utérus bicorne résultant de la
■ Infertilité organique fusion incomplète des deux canaux utérovaginaux au niveau
du fond. L’imagerie met en évidence deux cornes symétriques
fusionnées caudalement. Il peut exister un ou deux cols. Une
Causes utérines cloison vaginale est présente dans 25 % des cas. L’angle
intercornual est supérieur à 105°. L’échographie et l’IRM
Anomalies des canaux de Müller
retrouvent une incisure fundique supérieure à 10 mm (Fig. 8).
Les malformations congénitales de l’utérus résultent d’un Une incompétence cervicale est présente dans 38 % des cas.
défaut de développement, de fusion ou de résorption des • La classe V correspond à l’utérus cloisonné. Il est associé à la
canaux de Müller. Elles sont associées à des malformations plus grande incidence d’hypofertilité. C’est la plus fréquente
rénales dans 20 % à 25 % des cas. Ces anomalies induisent des des anomalies mullériennes (55 %). Elle est secondaire à la
difficultés de conception et sont associées à un fort taux de non-résorption du septum utérovaginal. Le septum peut être
fausses couches spontanées, accouchements prématurés, présen- partiel ou complet s’étendant depuis le fond jusqu’au col avec
tation anormale et dystocie. Ces malformations ont été classées une extension au niveau du vagin dans 25 % des cas. Il
en sept groupes basés sur le pronostic de la fertilité future et le n’existe pas de corrélation entre la longueur du septum et le
traitement [20]. L’objectif de l’imagerie est de classer la malfor- taux de fausses couches spontanées (FCS) ou accouchements
mation, en particulier de différencier un utérus bicorne d’un prématurés. En revanche, la résection hystéroscopique du

Figure 7.
A, B. Coupes sagittale (A) et axiale (B) en pondé-
ration T2. Syndrome de Mayer-von Rokitansky-
Küster-Hauser associant agénésie utérovaginale et
rein unique pelvien (A).

4 Radiodiagnostic - Urologie-Gynécologie
Imagerie de l’hypofertilité de la femme ¶ 34-620-E-10

Figure 8.
A à C. Utérus bicorne bicervical. Hystérosalpingographie (A) mettant en
évidence deux cavités utérines symétriques divergentes d’un angle supé-
Figure 9.
rieur à 105°. Échographie pelvienne (B) et imagerie par résonance ma-
A à C. Utérus cloisonné. Hystérosalpingographie (A) mettant en évidence
gnétique en coupe strictement parallèle à la muqueuse utérine (C) mon-
deux cornes peu divergentes. Échographie pelvienne (B) et imagerie par
trant une anatomie zonale normale avec incisure fundique supérieure à
résonance magnétique (C) mettant en évidence un utérus de taille nor-
10 mm.
male au fond plat avec septum fibreux.

septum fibreux fait passer le taux de FCS de 88 % à 6 %. Les des patientes exposées ont des altérations structurales utéri-
deux cornes utérines sont peu divergentes avec un angle nes. Les anomalies touchent le corps utérin (petit utérus en
inférieur à 75°. L’échographie et l’IRM pelviennes mettent en « T », utérus hypoplasique, striction au niveau des ostia,
évidence un utérus de taille normale avec un fond utérin sténose de l’isthme, bords irréguliers), le col (allongement du
convexe ou plat (Fig. 9). L’objectif est d’évaluer la taille du col, hypoplasie du col, pseudopolypes du col), les trompes
septum fibreux résécable. Une dystrophie ovarienne de type (salpinx) (Fig. 10). Un adénocarcinome à cellules claires du
syndrome des ovaires polykystiques peut être retrouvée de vagin est retrouvé dans 1 cas sur 1 000.
façon non fortuite.
• La classe VI correspond à l’utérus arqué. Il s’agit d’une Myomes utérins
indentation médiane du myomètre au niveau du fond utérin.
Cette anomalie est considérée comme une variante de la La relation entre myomes et anomalies de la reproduction est
normale et est compatible avec une grossesse normale. mal caractérisée. Les fibromes sont rarement seuls en cause dans
• La classe VII correspond à l’utérus diéthylstilbestrol (DES) la genèse d’une stérilité. Ils sont associés à une infertilité dans
(Distilbène®). Cette anomalie est causée par l’exposition in 5 % à 10 % des cas. Cependant, quand toutes les autres causes
utero à l’œstrogène de synthèse utilisé de 1948 à 1971 ; 69 % d’infertilité sont exclues, ils ne sont responsables que dans 1 %

Radiodiagnostic - Urologie-Gynécologie 5
34-620-E-10 ¶ Imagerie de l’hypofertilité de la femme

Figure 10.
A, B. Utérus diéthylstilbestrol (DES). Hystérosal-
pingographie (A) et imagerie par résonance ma-
gnétique pelvienne (B) mettant en évidence un
utérus hypoplasique avec cavité en T, éperons
fibreux en hyposignal et salpinx bilatéral.

Figure 11.
A à C. Échographie (A) mettant en évidence une formation atténuante intracavitaire. Imagerie par résonance magnétique pelvienne en coupes sagittale (B)
et axiale (C) pondérées T2 mettant en évidence un fibrome sous-muqueux non remanié, pédiculé avec plus de 50 % de surface intracavitaire, pouvant
bénéficier d’une résection hystéroscopique.

Figure 12.
A à C. Imagerie par résonance magnétique pelvienne en sagittal (A) et axial (B) pondérées T2 et axial T1 après injection de gadolinium (C) et saturation de
graisse. Mise en évidence d’un volumineux fibrome interstitiel remanié en hypersignal T2 hétérogène et hypervasculaire responsable d’un refoulement et
distorsion de la cavité utérine.

à 2,4 % des cas [24]. Ils altèrent la fertilité par l’intermédiaire de • distorsion ou obstruction des ostia tubaires.
nombreux mécanismes parmi lesquels :
• altération des contours endométriaux et perturbation de Un myome est considéré comme défavorable lorsqu’il
l’implantation ; entraîne une déformation de la cavité utérine, lorsqu’il est de
• élargissement et déformation de la cavité utérine pouvant topographie isthmique ou cornuale, lorsqu’il est sous-muqueux
interférer avec le transport spermatique ; pédiculé et lorsqu’il mesure plus de 5 cm [25]. L’imagerie a donc
• distorsion anatomique réduisant l’accès du sperme au col ; pour objectif de réaliser une cartographie des myomes, de
• altération de la contractilité utérine ; préciser leur nombre, leur topographie, leur taille (Fig. 11, 12).
• persistance de sang intracavitaire ou de caillots perturbant Dans un but préthérapeutique, elle doit s’attacher à préciser le
l’implantation ; pourcentage de surface intracavitaire pour les myomes sous-

6 Radiodiagnostic - Urologie-Gynécologie
Imagerie de l’hypofertilité de la femme ¶ 34-620-E-10

Figure 13.
A, B. Hystérosalpingographie mettant en évidence en début de remplis-
sage (A), une lacune fundique s’effaçant progressivement en fin de
remplissage (B) en rapport avec un myome sous-muqueux.

Figure 14.
Tableau 1. A, B. Adénomyose en coupe sagittale pondérée T2 (A) et coronale pondérée
Myomes défavorables. T2 (B) responsable d’un épaississement diffus de la zone jonctionnelle
supérieur à 50 % de l’épaisseur du myomètre.
• Déformation de la cavité utérine
• Topographie isthmique ou cornuale
• Sous-muqueux pédiculé Adénomyose
• Taille supérieure à 5 cm L’adénomyose n’est pas encore une cause reconnue d’inferti-
lité. Elle peut être considérée comme un cofacteur d’hypoferti-
lité féminine. L’adénomyose est associée à une réduction de la
muqueux, le degré de pénétration du myomètre, la base capacité de transport utérotubaire dépendant de sa sévérité [27].
d’implantation et la distance par rapport à la séreuse, voire la Également, l’élargissement de l’utérus pourrait être associé à une
vascularisation. réduction de la réceptivité utérine et endométriale. L’adéno-
L’aspect hystérographique des léiomyomes sous-muqueux se myose peut être fortuitement diagnostiquée lors d’une hystéro-
traduit par une image lacunaire, à contours arrondis, bien graphie. Les lésions apparaissent sous forme d’un agran-
limités, s’estompant progressivement lors du remplissage dissement de la cavité utérine, associé à des diverticules
cavitaire (Fig. 13). Les léiomyomes interstitiels vont étirer le pariétaux plus ou moins nombreux et profonds. L’échographie
segment utérin au sein duquel ils se développent et vont pelvienne par voie endovaginale et surtout l’IRM permettent un
agrandir la cavité utérine. L’échographie pelvienne met en diagnostic efficace et non invasif d’adénomyose.
évidence une formation iso- ou hypoéchogène par rapport au L’IRM est l’examen de choix en cas de discordance radiocli-
muscle utérin, bien limitée, faiblement vascularisée avec nique ou avant d’envisager une thérapeutique. Elle doit s’atta-
encorbellement vasculaire et enregistrement d’un flux de type cher à faire le diagnostic positif d’adénomyose, évaluer la
artériel haute résistance. L’instillation de liquide intracavitaire pénétration endométriale par rapport à la paroi utérine et
sensibilise l’analyse de la portion sous-muqueuse. Cette techni- détecter les autres localisations éventuelles d’endométriose. Dès
que peut également guider le traitement hystéroscopique en 1987, les premières publications ont tenté de définir la sémio-
appréciant parfaitement l’épaisseur du myomètre sain résiduel logie élémentaire de l’adénomyose en IRM [28, 29]. Depuis, la
en regard du myome. Cette épaisseur doit être au minimum sémiologie s’est affinée et les signes diagnostiques à rechercher
égale à 5 mm. L’IRM pelvienne constitue l’examen de choix sont plus précis :
pour le diagnostic, la cartographie, la caractérisation du • épaississement focal ou diffus de la zone jonctionnelle avec
fibrome ; elle permet une différenciation exacte entre léio- une valeur-seuil revue à la hausse par Reinhold [30] à 12 mm.
myome et adénomyose qui bénéficient d’une prise en charge Cette épaisseur-seuil pourrait être sensibilisée par rapport à la
différente ; enfin, elle participe également au choix et au suivi taille globale de l’utérus (zone jonctionnelle > 50 % de
thérapeutique en cas de mise en place d’un traitement hormo- l’épaisseur du myomètre) (Fig. 14) ;
nal ou après embolisation des artères utérines. Elle montre une • utérus augmenté de volume, globuleux et régulier avec parfois
formation tissulaire, bien limitée, sans raccordement à la zone développement asymétrique de l’une de ses deux faces ;
jonctionnelle, de rehaussement identique à celui du myomètre. • en pondération T2, plages d’hyposignal mal limitées en
Le taux de grossesses après résection hystéroscopique, myomec- périphérie plus ou moins reliées à la zone jonctionnelle ;
tomie par laparotomie ou laparoscopie est équivalent, quelle • spots hyperintenses intramyométriaux dans la zone jonction-
que soit la technique utilisée, aux alentours de 40 % à 50 % [26]. nelle en pondération T2 et plus rarement en pondération T1.
Il n’y a pas de corrélation entre la taille et le nombre de Ces spots correspondent aux dilatations kystiques des foyers
myomes réséqués et le taux de grossesses postopératoire endométriaux hétérotopiques, et peuvent être le siège de
(Tableau 1). remaniements hémorragiques surajoutés.

Radiodiagnostic - Urologie-Gynécologie 7
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Tableau 2. sensibilité et la spécificité de l’IRM pour le diagnostic d’adéno-


Critères diagnostiques en imagerie par résonance magnétique de myose sont supérieures à l’échographie (sensibilité = 90 % ;
l’adénomyose. spécificité = 95 %) [32].
• Épaississement focal ou diffus de la zone jonctionnelle avec une valeur-
seuil à 12 mm Polype muqueux
• ou zone jonctionnelle > 50 % de l’épaisseur du myomètre
• Utérus augmenté de volume, globuleux et régulier avec parfois déve- Toute masse intracavitaire peut interférer avec l’implanta-
loppement asymétrique de l’une de ses deux faces tion de l’embryon. Les polypes muqueux apparaissent à
• En pondération T2, plages d’hyposignal mal limitées en périphérie plus l’hystérographie sous forme d’une lacune régulière, plus ou
ou moins reliées à la zone jonctionnelle moins volumineuse, sessile ou pédiculée, déformable. L’écho-
• Spots hyperintenses intramyométriaux dans la zone jonctionnelle en graphie endovaginale visualise une zone endocavitaire
pondération T2 et plus rarement en pondération T1 échogène, arrondie et régulière, interrompant la ligne cavi-
taire. Cette visualisation sera au mieux réalisée en première
partie de cycle, lorsque la muqueuse est hypoéchogène. Il faut
s’attacher à rechercher en mode doppler couleur le pédicule
Cependant, ces spots sont visibles dans moins de 50 % des vasculaire qui est fin et unique. L’hystérosonographie sensi-
adénomyoses diagnostiquées à l’IRM [30] (Tableau 2).
bilise sa détection et son analyse. L’IRM, lorsqu’elle est
L’adénomyome se présente comme une masse plus ou moins
réalisée, met en évidence une formation endocavitaire
arrondie, raccordée à la zone jonctionnelle, présentant des spots
régulière de signal intermédiaire en pondération T1, en
significatifs et à limites périphériques floues (Fig. 15, 16).
hypersignal T2, rehaussée après injection de gadolinium,
L’utilisation de séquences pondérées T1 sans et après injection
déformant la cavité sans effraction de la zone jonctionnelle
de gadolinium semble aujourd’hui moins utile, sauf pour le
(Fig. 18).
diagnostic différentiel.
Le seul diagnostic différentiel de l’adénomyose, en pratique
quotidienne, est le léiomyome interstitiel (Fig. 17). Le fibrome Synéchies
présente des contours réguliers et bien limités ; il est facilement
distinguable du myomètre adjacent [31]. La zone jonctionnelle Les defects endocavitaires constants et permanents retrouvés
est le plus souvent normale en cas de fibrome interstitiel et il durant une hystérosalpingographie peuvent être causés par des
n’y a pas de spots en hypersignal. L’injection de gadolinium, synéchies, qui sont des cicatrices fibreuses. Elles sont secondai-
lorsqu’elle est réalisée, rehausse en général plus franchement le res à une infection ou à un traumatisme intra-utérin (grossesse,
fibrome que l’adénomyome. Sur ces bases d’interprétation, la curetage, chirurgie utérine). Ces synéchies sont linéaires,

Figure 15.
A, B. Adénomyome en coupe sagittale pondérée
T1 (A) et T2 (B) correspondant à une masse en
hyposignal mal limitée, siège de spots kystiques et
hémorragiques, se raccordant à la zone jonction-
nelle.

Figure 16.
A à C. Exploration d’une infertilité primaire par imagerie par résonance magnétique en coupe axiale pondérée T2 (A, B) et T1 après saturation de graisse (C).
Mise en évidence d’un utérus diéthylstilbestrol (DES) (AFS VII) associé à la présence d’un adénomyome du fond utérin en remaniement hémorragique.

8 Radiodiagnostic - Urologie-Gynécologie
Imagerie de l’hypofertilité de la femme ¶ 34-620-E-10

Figure 17.
A, B. Exploration d’une infertilité primaire par
imagerie par résonance magnétique en coupe
axiale pondérée T2 (A) et T1 (B) après saturation de
la graisse et injection de gadolinium. Présence d’un
utérus bicorne, bicervical (AFS IV) avec association
à droite d’un adénomyome et à gauche de fibro-
mes. Après injection, l’adénomyome se rehausse
de façon moindre que le myomètre.

Figure 18.
A à F. Polype muqueux : échographie pel-
vienne mettant en évidence une formation
régulière endocavitaire hyperéchogène (A)
avec pédicule vasculaire (B). L’imagerie par
résonance magnétique pelvienne en pondéra-
tion T1 (C) retrouve cette formation de signal
intermédiaire. Elle apparaît en hypersignal en
pondération T2 (D à F), régulière sans effrac-
tion du myomètre.

Radiodiagnostic - Urologie-Gynécologie 9
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Figure 19. Hystérosalpingographie mettant en évidence deux lacunes


à contours géométriques amputant la cavité utérine en rapport avec une
synéchie.

irrégulières, s’étendant d’un mur à l’autre (Fig. 19). Un passage


vasculaire de produit de contraste iodé est noté quand elles sont
étendues.

Béance cervicale
Elle joue un rôle dans la survenue de fausses couches spon-
tanées tardives. L’hystérosalpingographie permet le dépistage de
béance anatomique. L’IRM pourrait servir à préciser la longueur
du col et le diamètre de l’orifice interne, tout en appréciant la
qualité du stroma cervical.

Désordres tubaires
Les trompes de Fallope ont un statut unique dans le corps ;
via l’utérus, le col et le vagin, elles font communiquer la cavité
péritonéale avec l’extérieur. Leur fonction et leur anatomie sont
complexes incluant la conduction du sperme depuis l’utérus
jusqu’à l’ampoule, la conduction de l’ovule dans l’autre direc-
tion depuis la fimbria de l’ampoule vers l’utérus. Elles assurent
également le support, la conduction et l’implantation de
l’embryon. Les désordres tubaires incluent des lésions ou
obstructions tubaires ainsi que des adhérences péritubaires.
L’hystérosalpingographie est la technique d’examen la plus
utilisée pour étudier la pathologie tubaire, permettant d’appré-
cier la morphologie des trompes ainsi que leur perméabilité.
Alors que la cœlioscopie est préférée pour l’étude de l’environ-
nement péritubaire, l’IRM pelvienne permet une étude des
trompes et de l’environnement péritubaire. Les lésions les plus
fréquemment observées sont les occlusions tubaires proximales
ou distales. Elles sont habituellement séquellaires d’inflamma-
tion pelvienne d’origine infectieuse. La sévérité de l’hypofertilité
tubaire après infection pelvienne dépend du nombre et de la
sévérité des épisodes. Les germes les plus fréquemment en cause
sont Chlamydia trachomatis et Neisseria gonorrhoeae. La tubercu-
Figure 20.
lose génitale peut créer une obstruction tubaire médio-
A à C. Pyosalpinx : imagerie par résonance magnétique pelvienne en
ampullaire, des abcès tubo-ovariens ou des adhérences
coupe sagittale pondérée T2 (A), axiale pondérée T2 (B) et T1 avec
pelviennes avec aspect de « pelvis gelé » (Fig. 20).
injection de gadolinium (C) mettant en évidence une structure tubulée de
paroi épaisse et rehaussée de contenu liquidien avec niveau liquide-
Obstructions interstitielles liquide, associée à une infiltration de la graisse pelvienne.
En dehors des séquelles infectieuses, les obstructions intersti-
tielles incluent : bonne technique ou après utilisation d’antispasmodique [34].
• le bouchon muqueux : il correspond à l’accumulation de La corne apparaît arrondie et globuleuse (Fig. 21) contraire-
sécrétions muqueuses d’origine tubaire dans la portion ment à l’aspect spiculaire et pointu observé en cas d’obstacle
interstitielle, bloquée au niveau de l’ostium [33]. Ces sécrétions organique.
sont facilement expulsées dans le péritoine, grâce à l’opacifi-
cation sélective avec hyperpression ; Obstructions isthmiques
• le polype de la jonction : sa responsabilité dans l’hypofertilité
est discutée. Cette lésion volontiers bilatérale correspondrait Les causes d’obstruction isthmique sont représentées par :
à un pli inflammatoire de la muqueuse utérine dans la • l’endométriose tubaire : il s’agit d’une adénomyose de la
portion interstitielle tubaire ; corne utérine se traduisant par une rigidité tubaire avec des
• le spasme tubaire : il s’agit d’une contraction réversible de la diverticules. L’obstruction tubaire est le plus souvent com-
jonction utérotubaire. Il est levé spontanément par une plète [35];

10 Radiodiagnostic - Urologie-Gynécologie
Imagerie de l’hypofertilité de la femme ¶ 34-620-E-10

Figure 21.
A, B. Spasme tubaire : la corne apparaît arrondie
et globuleuse (A) ; l’opacification tubaire fait suite
au cathétérisme sélectif (B).

Figure 22.
A, B. Exploration d’une infertilité par hystérosal-
pingographie. Antécédents d’infections à Chlamy-
dia trachomatis. Mise en évidence d’un hydrosal-
pinx bilatéral avec conservation des plis muqueux
(A) associé à droite à des images diverticulaires
intéressant la portion isthmique tubaire en rapport
avec une salpingite isthmique nodulaire.

Tableau 3.
Causes d’obstructions tubaires proximales. • hydrosalpinx : il correspond le plus souvent à une séquelle
d’infection tubaire. Dans le cadre d’un bilan d’infertilité, sa
Obstructions interstitielles présence doit faire discuter une cœlioscopie d’emblée. Il se
• bouchon muqueux traduit par une dilatation des segments ampullaire et infun-
• polype de la jonction dibulaire associée à un effacement des plis tubaires (Fig. 23).
• spasme tubaire Le passage péritonéal ne doit pas être provoqué en raison du
Obstructions isthmiques risque infectieux ;
• endométriose tubaire
• phimosis tubaire à l’ostium péritonéal : d’origine infectieuse
ou endométriosique, il s’agit d’un rétrécissement de l’extré-
• salpingite isthmique nodulaire
mité ampullaire évoluant vers la sténose. La résistance à
• tuberculose génitale
l’opacification tubaire distale au cours de l’hystérosalpingo-
• tumeurs de la trompe graphie est considérée comme un bon signe ;
• adhérences péritubaires : elles sont en rapport avec une
endométriose péritonéale ou des séquelles infectieuses. Elles
• la salpingite isthmique nodulaire : il s’agit d’un syndrome se
sont suspectées devant une trompe figée, ou la stagnation
traduisant par la présence de multiples images diverticulaires
péri-infundibulaire du produit de contraste.
communiquant avec la lumière tubaire isthmique et entraî-
nant un renflement nodulaire externe de la trompe lié à une
fibrose intramurale. Plusieurs étiologies sont discutées : Endométriose pelvienne
endométriose, tuberculose, lésions inflammatoires non
spécifiques (postinfectieuses, postchirurgicales...) (Fig. 22) ; L’endométriose est retrouvée chez 25 % à 50 % des femmes
• la tuberculose génitale : c’est une affection rare touchant la infertiles ; 30 % à 50 % des femmes avec endométriose sont
femme jeune et pouvant être responsable d’hypofertilité. infertiles [36]. Malgré cela, la relation entre endométriose et
L’hystérographie est proscrite en période évolutive connue ou infertilité reste controversée. Plusieurs mécanismes ont été
suspectée. Les lésions sont bilatérales associant des sténoses proposés pour clarifier l’association entre endométriose et
obstructives médio-ampullaires bilatérales, fixées, et des infertilité [37]:
dilatations. Il peut exister des diverticules pariétaux. Les • une distorsion de l’anatomie du pelvis par adhérences ;
hydrosalpinx consécutifs sont fréquents. Il existe une défor- • une altération de la fonction péritonéale ;
mation et une rigidité pariétale donnant un aspect monili- • des anomalies de l’immunité cellulaire avec élévation du taux
forme ; d’anticorps et de lymphocytes dirigés contre les antigènes
• les tumeurs de la trompe sont exceptionnelles (Tableau 3). endométriaux ;
• l’association d’anomalies ovulatoires ;
Obstruction distale • des anomalies fonctionnelles de l’endomètre altérant
L’obstruction distale (ampoule et ostium péritonéal) est l’implantation embryonnaire.
souvent associée aux précédentes. Il s’agit essentiellement de L’échographie par voie sus-pubienne et endovaginale est
séquelles d’infection tubaire. Elles se manifestent sous forme performante pour le diagnostic d’endométriome ovarien
de : (Fig. 24). En revanche, elle est plus limitée pour réaliser une

Radiodiagnostic - Urologie-Gynécologie 11
34-620-E-10 ¶ Imagerie de l’hypofertilité de la femme

Figure 23.
A à F. Hydrosalpinx : échographie pelvienne (A) mettant en évidence une formation tubulée de paroi fine, avec fins replis muqueux et aspect en « rayon de
roue », de contenu transsonore. L’hystérosalpingographie (B, C) montre une dilatation de la portion ampullaire de la trompe gauche. L’imagerie par résonance
magnétique pelvienne en coupe sagittale pondérée T1 (D), T2 (E), et axiale pondérée T1 après injection de gadolinium et saturation de graisse (F) retrouve
cette formation tubulée de paroi fine et non rehaussée avec cloisons incomplètes, de contenu strictement liquidien.

recherche systématique d’autres localisations avec cartographie Endométriome


précise et staging. L’IRM a pour avantages, outre la caractérisa- Il s’agit d’un pseudokyste hématique avec ou sans caillotage
tion tissulaire, de pouvoir localiser d’autres implants endomé- associé, dont l’augmentation progressive de volume est due aux
triosiques au sein de la cavité pelvienne et surtout les lésions hémorragies successives en péritoine plus ou moins cloisonné.
d’endométriose profondes sous-évaluées par la cœlioscopie. La sémiologie IRM est expliquée par l’évolution dans le temps
L’IRM est un bon moyen pour rechercher une atteinte des du signal du sang en T1 et en T2, conséquence de la dégrada-
ligaments utérosacrés, une infiltration sous-péritonéale au tion de l’hémoglobine. Le signal du sang endométriosique
niveau du septum rectovaginal, voire du septum vésico-utérin. correspond le plus souvent à un hypersignal dans les séquences
Elle s’attache à rechercher une extension aux structures de pondérées en T1 et à un hyposignal relatif dans les séquences
voisinage digestives ou urinaires qui ne doit pas être méconnue pondérées en T2. Dans les hémorragies les plus récentes, le sang
si un geste chirurgical est envisagé. L’IRM est donc indiquée est en hypersignal dans les deux types de séquences [40] .
dans l’évaluation préchirurgicale, en particulier pour l’endomé- L’association au sein d’un même endométriome de lésions
triose pelvienne profonde. Une étude récente utilisant des hémorragiques d’âges différents entraîne des hypersignaux
séquences IRM dynamiques montre que l’analyse des mouve- variables en T1 et T2 pondérés, que l’on nomme « images en
ments pelviens permet le diagnostic d’adhérences avec une miroir » entre les deux types de séquences (Fig. 25). Enfin, un
sensibilité de 72,5 % et une spécificité de 87,4 % [38]. Elle a dépôt hématique dans l’endométriome peut être à l’origine d’un
également un rôle dans l’évaluation des lésions sous traitement. niveau horizontal. Sur le plan morphologique, il s’agit de lésion
Chez environ 80 % des malades, les localisations endométriosi- à paroi épaisse en hyposignal sur les séquences pondérées T1 et
ques présentent des variations cycliques. Ces modifications T2 [41]. Une cloison fibrineuse de refend vers l’intérieur de la
périodiques menstruelles à l’intérieur des foyers d’endométriose masse réalise un aspect classique en « grain de café ». Les lésions
conduisent à des phénomènes hémorragiques anciens et récents sont volontiers multiples et bilatérales.
et à une réaction inflammatoire secondaire [39]. L’aspect des
lésions endométriosiques varie également selon la localisation Microendométriomes intraovariens
de la maladie. Ils sont souvent multiples et bilatéraux. Ce sont des lésions
infracentimétriques en hypersignal T1 quel que soit le signal en
Endométriose ovarienne T2 pondéré. Ils peuvent être totalement méconnus en
cœlioscopie.
Les lésions d’endométriose ovarienne varient d’un simple
foyer à la surface de l’ovaire à une formation kystique. Il faudra Implants de surface ovariens
différencier l’endométriome des microendométriomes intraova- De diagnostic difficile sauf si hémorragiques, ils mesurent
riens et des implants de surface. moins de 5 mm et apparaissent en hypersignal T1 pondéré.

12 Radiodiagnostic - Urologie-Gynécologie
Imagerie de l’hypofertilité de la femme ¶ 34-620-E-10

Figure 24.
A à G. Endométriomes ovariens gauches. Échographie pelvienne (A, B) mettant en évidence plusieurs formations ovariennes de contenu échogène, de paroi
épaisse. L’hystérosalpingographie réalisée préalablement (C) retrouve l’empreinte de ces lésions sur la fossette ovarienne. L’imagerie par résonance
magnétique pelvienne réalisée en sagittal et axial pondérées T1 (D, E) et T2 (F, G) retrouve plusieurs formations kystiques ovariennes gauches de contenu
hémorragique en hypersignal T1, de paroi épaisse en hyposignal.

Endométriose sous-péritonéale (endométriose


profonde)
Alors que l’endométriose péritonéale peut être asymptomati-
que, l’endométriose profonde est cause de douleurs pelviennes,
dysménorrhée, dyspareunie, symptômes urinaires et peut être
associée à une infertilité.
Elle est définie par la présence d’implants fibreux, pénétrant
à plus de 5 mm au-dessous de la surface du péritoine [44]. Ces
lésions profondes sont en général de type nodulaire en hyposi-
gnal sur les séquences en T2 pondérées avec des spots en
hypersignal intranodulaires. L’espace sous-péritonéal antérieur,
Figure 25. en particulier le cul-de-sac intervésico-utérin et la paroi vésicale,
A, B. Endométriomes ovariens droits. L’imagerie par résonance magnéti- peut être atteint. Rare, l’atteinte des uretères peut être la
que en coupes sagittales T1 (A) et T2 (B) met en évidence une formation conséquence d’une progression par contiguïté, mais une origine
kystique de contenu hémorragique avec saignements d’âges différents, intrinsèque est possible [45]. L’atteinte de l’espace sous-péritonéal
responsables d’image en « miroir » en pondération T1 et T2. postérieur prédomine au niveau du cul-de-sac de Douglas, des
ligaments utérosacrés et en particulier du torus [46], du dôme
vaginal, de la paroi antérieure du rectum, de la cloison rectova-
Leur détection est sensibilisée par la technique de suppression
ginale et des uretères lombaires. Les lésions des ligaments
de graisse [42].
utérosacrés siègent de façon prédominante près de leur insertion
Endométriose péritonéale et au niveau du torus. À l’état normal, ces ligaments sont fins,
réguliers et symétriques. En cas d’atteinte, ils peuvent être
Les localisations les plus fréquentes sont le cul-de-sac de épaissis [47] sous la forme d’un nodule ou d’une masse linéaire
Douglas (Fig. 26) et le ligament large [43] . La plupart des
à limites irrégulières (Fig. 27).
implants mesurent de 1 à 10 mm. Leur structure histologique
L’endométriose digestive constitue la plus fréquente des
explique leur signal en IRM. Ainsi on distingue :
• les implants hémorragiques en hypersignal pondéré en T1 et localisations extragénitales, avec une atteinte préférentielle de la
de signal variable pondéré en T2 ; charnière rectosigmoïdienne et du carrefour iléo-cæco-
• les implants mixtes fibrohémorragiques de signal hétérogène appendiculaire. Elle peut apparaître sous forme d’épaississe-
sur les séquences pondérées en T1 et T2 ; ments pariétaux plus ou moins accompagnés d’hypersignaux et
• les implants fibreux en isosignal T1 et hyposignal T2. être source d’adhérences. L’endométriose vésicale représente 80
L’ensemble de ces lésions a une tendance naturelle à la à 90 % des formes urinaires (Tableau 4).
fibrose et aux adhérences caractérisées par une disparition des Pour le diagnostic d’endométriome ovarien, l’IRM présente
interfaces graisseuses. une sensibilité allant de 91 % à 98 % et une spécificité allant

Radiodiagnostic - Urologie-Gynécologie 13
34-620-E-10 ¶ Imagerie de l’hypofertilité de la femme

Figure 26.
A à C. Nodule endométriosique hémorragique du cul-de-sac de Douglas en coupes sagittales pondérées T1 (A) et T2 (B) et axiales pondérées T2 (C). À noter
le niveau liquide/liquide visualisé sur les séquences pondérées T2.

Figure 27.
A, B. Endométriose profonde : coupes en imagerie
par résonance magnétique en axial (A) et coronal
(B) pondérées T2 mettant en évidence une infiltra-
tion tissulaire du torus uterinum avec épaississe-
ment du ligament utérosacré droit.

Tableau 4. Dans le cadre du bilan de l’endométriose, l’IRM apparaît donc


Localisations préférentielles d’endométriose. comme une technique non invasive, avec une grande résolution
Ovarienne en contraste et une capacité d’exploration multiplanaire du
pelvis. Elle constitue un examen de choix, en deuxième inten-
• endométriomes
tion, après l’échographie pelvienne. Elle devrait être réalisée
• microendométriomes
avant la première cœlioscopie et avant toute thérapeutique,
• implants de surface notamment dans le cadre du bilan d’extension pour la recher-
Péritonéale che d’endométriose pelvienne profonde.
• cul-de-sac de Douglas
• ligaments larges
Sous-péritonéale
Espace sous-péritonéal antérieur ■ Hypofertilité fonctionnelle
• cul-de-sac intervésico-utérin
• paroi vésicale
• uretères Désordres endométriaux
Espace sous-péritonéal postérieur
L’échographie pelvienne par voie sus-pubienne mais surtout
• torus et ligaments utérosacrés
par voie endovaginale permet une évaluation fiable de l’épais-
• dôme vaginal seur endométriale. Le diagnostic d’hypertrophie endométriale
• cloison rectovaginale est basé sur une épaisseur de l’endomètre supérieure ou égale à
• uretères lombaires 15 mm en période périovulatoire, alors que l’atrophie endomé-
• charnière rectosigmoïdienne triale correspond à un endomètre présentant une épaisseur
inférieure à 8 mm. Mais c’est la biopsie endométriale avec
analyse histologique qui confirme le développement d’un
endomètre de type sécrétoire, résultant de l’action de la
progestérone et témoignant de l’ovulation. Les critères histolo-
de 87 à 94 %. Pour le diagnostic d’implants de surface ovariens, giques, la prévalence et l’imputabilité de l’insuffisance lutéale
la sensibilité de l’IRM chute considérablement (5 %). Le taux de dans l’hypofertilité sont discutés [48]. Si l’hystérosalpingographie
détection des implants péritonéaux a été rapporté jusqu’à 61 % est réalisée, l’hypertrophie endométriale se manifeste par un
avec une variabilité corrélée à la taille de ceux-ci. La dernière aspect festonné ou pseudoépaissi de la muqueuse s’effaçant
évaluation prospective de l’IRM préopératoire pour le diagnostic progressivement lors du remplissage (Fig. 28). En cas d’atrophie,
de l’endométriose pelvienne profonde et son extension fait état la cavité utérine présente un aspect hérissé sous-muqueux
d’une sensibilité de 90 % et d’une spécificité de 91 %. apparaissant au remplissage (Fig. 29).

14 Radiodiagnostic - Urologie-Gynécologie
Imagerie de l’hypofertilité de la femme ¶ 34-620-E-10

Figure 28.
A à E. Hypertrophie endométriale : mise en
évidence en hystérosalpingographie (A, B)
d’un aspect festonné de la cavité utérine s’ef-
façant progressivement lors du remplissage.
L’échographie pelvienne (C) et l’imagerie par
résonance magnétique (D, E) confirment l’hy-
pertrophie régulière de l’endomètre sans ef-
fraction du myomètre.

Dysfonctions ovulatoires
Dystrophies ovariennes
Ovaires micropolykystiques
Le syndrome des ovaires polykystiques est la première cause
d’hypofertilité anovulatoire. Il est lié à une sécrétion anor-
male de gonadotrophin releasing hormone (GnRH) responsable
d’une hypersécrétion de luteinizing hormone (LH) et d’une
hyposécrétion de follicle stimulating hormone (FSH). Il est évoqué
devant un contexte clinicobiologique associant spanioménor-
rhée et signes d’hyperandrogénie et hyperinsulinémie. Cette
hypersécrétion androgénique est responsable d’une stimulation
Figure 29. Atrophie endométriale : aspect hérissé de la cavité utérine du stroma ovarien, d’une augmentation du recrutement follicu-
apparaissant en cours de remplissage. laire avec ralentissement des phénomènes d’atrésie. L’échogra-

Radiodiagnostic - Urologie-Gynécologie 15
34-620-E-10 ¶ Imagerie de l’hypofertilité de la femme

Figure 30.
A à E. Ovaires micropolykystiques : as-
pect macroscopique (A). Échographie
pelvienne réalisée par voie endovaginale
(B, C) mettant en évidence des ovaires
globuleux avec augmentation du nom-
bre de follicules prenant un aspect en
« couronne », avec stroma échogène.
L’imagerie par résonance magnétique en
coupes coronale (D) et sagittale (E) en
pondération T2 confirme cet aspect mor-
phologique.

Tableau 5.
Critères morphologiques des ovaires micropolykystiques. Ovaires macropolykystiques
Il se définit par la présence au sein d’un ou des deux ovaires
• Ovaires augmentés de taille, globuleux et sphériques, avec une surface
supérieure ou égale à 5,5 cm2 ou un volume supérieur à 10 cm3
de plusieurs kystes dont la taille est d’au moins 15 mm de
diamètre, en l’absence de tout traitement stimulateur. Souvent
• Augmentation du nombre de follicules (supérieur à 12) avec une dis-
révélé par des dysménorrhées, on retrouve fréquemment un
position en couronne périphérique
contexte d’inflammation pelvienne postinfectieuse, postchirur-
• Épaississement de la coque périovarienne
gicale ou liée à une endométriose. On retrouve classiquement
• Hypertrophie du stroma ovarien hyper- ou hypoéchogène de gros ovaires très liquidiens, polycycliques, déformés par la
• En mode doppler couleur, hypervascularisation stromale présence de multiples kystes supérieurs à 15 mm, sans réparti-
• Atteinte bilatérale, parfois asymétrique tion topographique précise. Il existe une asymétrie des ovaires
et une variabilité des images d’un cycle à l’autre.

Insuffisance ovarienne
phie pelvienne par voie sus-pubienne et endovaginale permet
une analyse fine de la morphologie ovarienne [49]. Les ovaires L’échographie pelvienne par voie endovaginale permet de
sont augmentés de taille, volontiers globuleux et sphériques, retrouver de façon bilatérale des ovaires de petite taille (infé-
avec une surface supérieure ou égale à 5,5 cm2 ou un volume rieurs à 2,5 cm2). Les follicules, présentant un stroma normal ou
supérieur à 10 cm3. Il existe une augmentation du nombre de diminué, sont peu nombreux et statiques puis absents. Il
follicules (supérieur à 12) avec une disposition en couronne s’ensuit une involution utérine avec atrophie de l’endomètre.
périphérique. On note un épaississement de la coque périova-
rienne. Il s’y associe une hypertrophie du stroma ovarien qui Adénome pituitaire
apparaît hyper- ou hypoéchogène. Enfin, l’étude en mode Le prolactinome est la cause la plus fréquente d’adénome
doppler couleur met en évidence une hypervascularisation pituitaire fonctionnel. Son pic de prévalence chez la femme est
stromale avec enregistrement d’un flux lent de basse résistance. situé entre 20 et 30 ans. L’hyperprolactinémie peut être une
L’atteinte est bilatérale, parfois asymétrique (Fig. 30). Une cause d’infertilité, source de diminution de la sécrétion de
échographie normale ne permet pas d’éliminer un syndrome gonadotrophines. Elle se manifeste généralement par une
des ovaires polykystiques et les dosages hormonaux restent un aménorrhée et une galactorrhée. Après élimination des causes
complément indispensable pour évoquer ce diagnostic. L’éléva- médicamenteuses de l’hyperprolactinémie, l’IRM hypophysaire
tion chronique des œstrogènes peut causer chez certaines est la meilleure technique de détection des microadénomes
patientes un épaississement de l’endomètre, voire un carcinome hypophysaires (inférieur ou égal à 1 cm). La plupart des
endométrial (Tableau 5). microadénomes présentent un hyposignal en séquence pondé-
rée T1, un hypersignal en séquence pondérée T2. Après injec-
Ovaires multifolliculaires
tion de gadolinium et étude dynamique, la glande hypophysaire
Décrits pour la première fois dans certaines anorexies menta- normale se rehausse précocement alors que l’adénome se
les, cet aspect peut s’observer dans les aménorrhées fonction- rehausse plus tardivement, présentant donc un hyposignal
nelles d’origine haute hypothalamohypophysaire. L’échographie précoce [50, 51]. Les transformations intratumorales sont rares
endovaginale met en évidence une augmentation du nombre de (hématome ou nécrose) (Fig. 31). Les signes indirects sont
follicules répartis dans tout le parenchyme ovarien, sans représentés par une déviation controlatérale de la tige pituitaire,
répartition périphérique préférentielle, avec un stroma normal un bombement supérieur du diaphragme sellaire, une incurva-
et des ovaires de taille normale. L’atteinte est bilatérale. tion homolatérale du plancher sellaire. Le macroadénome

16 Radiodiagnostic - Urologie-Gynécologie
Imagerie de l’hypofertilité de la femme ¶ 34-620-E-10

Figure 31.
A à C. Macroadénome à prolactine compliqué d’infarctus hémorragique. Formation nodulaire latérosellaire gauche responsable d’un bombement
homolatéral du diaphragme sellaire, d’une déviation controlatérale de la tige pituitaire apparaissant en hypersignal en pondération T1 (A), hyposignal en
pondération T2 (B), non rehaussée après injection de gadolinium (C).

(supérieur à 1 cm) occupe la fosse pituitaire et peut causer des joue un rôle essentiel dans le diagnostic, le traitement et le suivi
anomalies visuelles. L’IRM permet de déterminer l’extension aux de l’infertilité. Elle est d’une aide indiscutable dans le diagnostic
voies optiques, aux loges caverneuses et au plancher sellaire. des causes d’infertilité organiques, utérines ou tubaires. Elle
permet une cartographie précise des lésions d’endométriose
Rôle de l’échographie dans les procréations profonde. Elle participe également au diagnostic des dysfonc-
tions ovulatoires et hypothalamohypophysaires.
médicalement assistées .

L’échographie est un outil essentiel parmi les autres éléments


cliniques et paracliniques permettant le monitorage de l’ovula- ■ Références
tion. On attend de l’échographie les renseignements suivants : [1] Larsen U. Research on infertility: which definition should we use?
• affirmer qu’il existe une croissance folliculaire sur un cycle Fertil Steril 2005;83:846-52.
spontané ou traité ; [2] Mosher WD, Pratt WF. Fecundity and infertility in the United States:
• prédire la date de l’ovulation pour programmer une insémi- incidence and trends. Fertil Steril 1991;56:192-3.
nation artificielle ; [3] Maneschi F, Zupi E, Marconi D. Hysteroscopically detected
• reconnaître la maturité folliculaire, soit pour le déclenche- asymptomatic mullerian anomalies: prevalence and reproductive
ment hormonal de l’ovulation, soit pour le prélèvement implications. J Reprod Med 1995;40:684-8.
ovocytaire en cas de fécondation in vitro ; [4] Golan A, Langer R, Bukovsky I, Caspi E. Congenital anomalies of the
• dépister les risques d’une hyperstimulation ovarienne. mullerian system. Fertil Steril 1989;51:747-55.
Ce monitorage est basé sur la mesure des follicules, la [5] Buttram VC, Reiter RC. Uterine leiomyomata: etiology,
numération des follicules et l’étude de la maturation endomé- symptomatology, and management. Fertil Steril 1981;36:433-5.
triale. De plus, les techniques de ponctions échoguidées ont [6] Hull MG, Glazener CM, Kelly NJ, Conway DI. Population study of
profondément modifié les protocoles de fécondation in vitro en causes, treatment and outcome of infertility. BMJ 1985;291:1693-7.
permettant d’éviter la cœlioscopie [52]. [7] Hughes EG, Fedorkow DM, Collins JA. A quantitative overview of
controlled trials in endometriosis associated infertility. Fertil Steril
1993;59:963-70.
■ Conclusion [8] Campbell S. The potential diagnostic capabilities of three-dimensional
surface rendering. Ultrasound Obstet Gynecol 1999;14:148.
L’hypofertilité féminine bénéficie d’une exploration par [9] Raga F, Bonilla-Musoles F, Blanes J, Osborne NG. Congenital
imagerie comprenant en première intention une échographie Mullerian anomalies: diagnostic accuracy of three-dimensional
pelvienne par voie sus-pubienne et endovaginale ainsi qu’une ultrasound. Fertil Steril 1996;65:523-8.
hystérosalpingographie. L’échographie constitue un outil [10] Bernard JP, Metzger U, Rizk E. Hysterosonography. Gynecol Obstet
incontournable pour l’étude de l’utérus et des ovaires. Sa valeur Fertil 2002;30:882-9.
diagnostique peut être augmentée par l’échographie tridimen- [11] Ando H, Toda S, Harada M, Yoshida S. Which infertile women should
sionnelle, notamment dans le cadre des malformations utérova- be indicated for sonohysterography. Ultrasound Obstet Gynecol 2004;
ginales, ou par l’hystérosonographie qui permet de préciser 24:566-71.
toute anomalie structurale intracavitaire. L’hystérosonographie [12] Radic V, Canic T, Valetic J, Duiz Z. Advantages and disadvantages of
peut, dans certaines conditions, être une aide au diagnostic de hysterosonosalpingography in the assessment of the reproductive status
perméabilité tubaire. L’étude en mode doppler couleur rajoute of uterine cavity and fallopian tubes. Eur J Radiol 2005;53:268-73.
une valeur fonctionnelle à cette étude morphologique. Elle joue [13] Tristant H, Benmussa M. Indication, technique et aspects normaux. In:
également un rôle primordial dans le monitorage de l’ovulation Tristant H, Benmussa M, editors. Atlas d’hystérosalpingographie.
ainsi que le guidage des ponctions d’ovocytes et les transferts Paris: Masson; 1994. p. 9-34.
d’embryons. L’hystérosalpingographie est jugée indispensable à [14] Rouanet JP, Maubon A, Lopez FM. Salpingographie sélective et radio-
tout bilan de stérilité et est proposée en première intention. Elle logie interventionnelle tubaire. Rev Fr Gynecol Obstet 1991;86:731-5.
permet de juger de l’état de la cavité utérine et de la perméabi- [15] Maubon AJ, De Graef M, Rouanet JP. Interventional radiology in
lité tubaire. En cas d’obstruction tubaire proximale avérée, un female infertility: technique and role. Eur Radiol 2001;11:771-8.
cathétérisme sélectif suivi d’un geste de recanalisation tubaire [16] Li QY, Zhou XL, Qin HP, Liu R. Analysis of 1 006 cases with selective
peut compléter l’examen. L’IRM pelvienne est utilisée depuis salpingography and fallopian tube recanalization. Zhonghua Fu Chan
plus de 10 ans pour l’exploration de l’infertilité féminine. Elle Ke Za Zhi 2004;39:80-2.

Radiodiagnostic - Urologie-Gynécologie 17
34-620-E-10 ¶ Imagerie de l’hypofertilité de la femme

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d’hystérosalpingographie. Paris: Masson; 1994. p. 183-200. 18:248-56.

M. Viala-Trentini (viala.muriel@wanadoo.fr).
Centre médicochirurgical Beau Soleil, service d’imagerie médicale, 119, avenue de Lodève, 34000 Montpellier, France.
A. Maubon.
Service d’imagerie médicale, centre hospitalier universitaire de Limoges, 2, avenue Martin-Luther-King, 87042 Limoges cedex, France.
M. Filhastre.
P. Georges.
J.-P. Rouanet.
Centre médicochirurgical Beau Soleil, service d’imagerie médicale, 119, avenue de Lodève, 34000 Montpellier, France.
Toute référence à cet article doit porter la mention : Viala-Trentini M., Maubon A., Filhastre M., Georges P., Rouanet J.-P. Imagerie de l’hypofertilité de la
femme. EMC (Elsevier SAS, Paris), Radiodiagnostic - Urologie-Gynécologie, 34-620-E-10, 2006.

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18 Radiodiagnostic - Urologie-Gynécologie
¶ 34-620-C-20

Imagerie par résonance magnétique


de la statique pelvienne.
Anatomie, prolapsus,
aspects postopératoires
O. Allice, M. Viala-Trentini, F. Garibaldi, N. Mazet, A. Maubon, J.-P. Rouanet

L’étude des troubles de la statique pelvienne chez la femme bénéficient aujourd’hui de l’imagerie par
résonance magnétique (IRM) à condition d’utiliser un champ suffisamment élevé pour obtenir des images
anatomiques précises et réaliser des séquences dynamiques de qualité. En effet, la technique doit
comprendre des séquences anatomiques statiques et dynamiques en poussée avec gel d’échographie
rectal et vaginal. Une bonne connaissance de l’anatomie du périnée et des muscles et espaces pelviens est
indispensable, ainsi qu’une compréhension clinique des différentes anomalies à rechercher. Les différentes
situations de prolapsus sont analysées ainsi que certains éléments du suivi postopératoire.
© 2008 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Mots clés : Appareil génital féminin ; Technique d’exploration ; Imagerie par résonance magnétique

Plan ■ Introduction
¶ Introduction 1 Depuis bientôt 15 ans, l’IRM a beaucoup progressé dans
¶ Avantages et inconvénients de l’imagerie par résonance l’évaluation des troubles de la statique pelvienne chez la femme.
magnétique 1 Cette technique permet une étude à la fois statique et dynami-
que du plancher pelvien et peut aider le clinicien à choisir la
¶ Technique d’examen 2
prise en charge thérapeutique la plus adaptée.
Préparation de la patiente 2
Sont abordés successivement :
Différentes séquences 2
• les avantages et les inconvénients de l’IRM ;
¶ Anatomie en imagerie par résonance magnétique 2 • la technique d’examen ;
Plancher pelvien 2
• les données anatomiques IRM principales ;
Organes pelviens 3
• les résultats normaux ;
¶ Résultats normaux 4 • les résultats pathologiques ;
Repères anatomiques fixes et mobiles 4 • les situations particulières du suivi postopératoire.
Résultats en imagerie par résonance magnétique normaux
des séquences statiques et dynamiques 4
¶ Imagerie par résonance magnétique et pathologie
de la statique pelvienne 6 ■ Avantages et inconvénients
Compartiments pelviens pouvant être touchés par les prolapsus 6 de l’imagerie par résonance
Périnées descendant et descendu 6
Examen avec valve 7 magnétique
¶ Classification par imagerie par résonance magnétique
des prolapsus 7 L’engouement exceptionnel pour l’utilisation de l’IRM dans
l’étude du plancher pelvien est dû aux multiples avantages que
¶ Compte rendu type d’une imagerie par résonance magnétique
présente cette technique par rapport à l’examen clinique seul et
de la statique pelvienne 7
par rapport aux autres examens d’imagerie utilisés jusqu’alors
¶ Imagerie du plancher pelvien opéré 7 comme la cystographie, la défécographie ou la colpo-cysto-
Imagerie par résonance magnétique des matériaux amovibles 7 défécographie souvent citée comme examen de référence [1].
Imagerie par résonance magnétique des matériaux implantés L’IRM est non irradiante, indolore, peu invasive, reproducti-
chirurgicalement 8 ble, de réalisation pratique simple et naturellement multipla-
¶ Conclusion 9 naire. De plus, elle apporte des renseignements sur les quatre
compartiments pelviens (urinaire, génital, péritonéal et digestif)
en un seul examen, cela étant d’une importance majeure face à
la très grande fréquence des troubles de la statique pelvienne
multicompartimentaux [2]. La possibilité de réaliser des séquen-
ces dynamiques plus ou moins associées à un examen clinique

Radiodiagnostic - Urologie-Gynécologie 1
34-620-C-20 ¶ Imagerie par résonance magnétique de la statique pelvienne. Anatomie, prolapsus, aspects postopératoires

dans la machine est un avantage supplémentaire dans l’appro- Le deuxième type de séquence est une séquence dynamique
che physiopathologique [3]. Elle permet enfin de visualiser in de type balance turbo field echo correspondant à l’acquisition de
vivo les résultats chirurgicaux. Elle constitue donc un examen 100 images visualisables en mode vidéo (durée 38 secondes)
utile en pré- et en postopératoire pour décider de la stratégie avec :
thérapeutique et comprendre les éventuelles récidives ou • un champ de 350 ;
certains échecs de la chirurgie. • une matrice de 256 × 256 ;
L’IRM garde cependant certains inconvénients : sa supériorité • 1 coupe de 10 mm d’épaisseur ;
diagnostique sur l’examen clinique et sur la colpo-cysto- • TR = 3,6 ms ;
défécographie n’a pas été prouvée en ce qui concerne les • TE = 1,8 ms ;
compartiments antérieur et moyen [4]. Elle est en revanche • un angle de 50° ;
établie pour les compartiments postérieur et péritonéal [5]. Si on • une technique 2D turbo fast field echo.
peut lui reprocher d’être un examen réalisé en position couchée,
La patiente fait des efforts continus de retenue et de poussée
il faut rappeler que l’examen clinique de référence est, lui aussi,
progressive.
principalement réalisé en décubitus dorsal. Certaines IRM
De façon non systématique, le bilan peut être complété par
dédiées permettent déjà la réalisation de ces examens en
un examen clinique réalisé dans la machine, à l’aide de valves
position debout ou assise.
de spéculum placées successivement dans les culs-de-sac vagi-
naux antérieur, puis postérieur [3]. Ces manœuvres ont pour but
de sensibiliser la recherche de prolapsus masqués par un
■ Technique d’examen prolapsus dominant, dans le cadre de prolapsus complexes.

Préparation de la patiente
■ Anatomie en imagerie
C’est une étape simple, mais importante pour obtenir un
examen optimal. Les contre-indications classiques de l’IRM
par résonance magnétique
doivent être écartées. L’injection de gadolinium n’est pas
nécessaire en dehors de problèmes infectieux souvent postopé- Plancher pelvien
ratoires. La vessie doit être en semi-réplétion, sans envie
d’uriner. Le balisage rectal puis vaginal par du gel échographi- Les séquences statiques (morphologiques) permettent d’étu-
que est primordial ; il est réalisé soit par la patiente elle-même, dier les éléments anatomiques intéressant la statique pelvienne.
soit par le manipulateur. Le gel vaginal est stérile en raison des Les différents éléments de soutènement du périnée peuvent
possibilités de reflux utérin. L’examen est réalisé en décubitus se décomposer en trois étages [6].
dorsal, les pieds calés et les genoux semi-fléchis. La patiente doit
être détendue et avoir bien intégré les différentes étapes de
l’examen et l’importance de sa participation active. À l’étage supérieur, le diaphragme pelvien
Les muscles élévateurs de l’anus correspondent aux structures
Différentes séquences musculaires les plus importantes du système de soutien pelvien
actif. Ils constituent en grande partie « le diaphragme pelvien »,
L’examen IRM comprend deux temps différents : l’étude séparant l’espace pelvi-sous-péritonéal au-dessus de l’espace
statique et l’étude dynamique. périnéal au-dessous.
Chaque muscle élévateur de l’anus, pair et symétrique, est
constitué de deux portions : une portion puborectale et une
Étude statique morphologique
portion iliococcygienne, toutes deux bien visibles en IRM [7].
Elle correspond à un examen tout à fait classique du pelvis.
Il s’agit d’une étude axiale, coronale, sagittale en pondération Portion puborectale
T2 sur le pelvis. La pondération T2 permet une meilleure
exploration des différents compartiments pelviens, notamment Médiane, à orientation antéropostérieure, elle s’insère en
du fait de l’hypersignal de la vessie, ainsi que celui du rectum avant sur la face postérieure du pubis, longe la paroi musculaire
et du vagin (opacifiés au préalable par du gel d’échographie). latérale des structures pelviennes médianes du hiatus (urètre,
vagin et canal anal) et rejoint son homologue controlatéral en
Étude dynamique fonctionnelle arrière de la jonction anorectale. Elle est facilement reconnue en
IRM en coupes axiales, grâce à sa forme en « U » à concavité
Elle présente quatre temps : retenue, position neutre, poussée antérieure (Fig. 1).
faible, poussée maximale. On utilise des séquences rapides
séquentielles en T2 sagittal. Portion iliococcygienne
Il existe deux types d’étude dynamique pelvienne possible.
Le premier protocole correspond à une acquisition de En situation postérolatérale, orientée en arrière, en bas et en
4 × 7 secondes, en retenue, en position neutre, en poussée faible dedans, elle s’insère en avant sur la face postérieure du pubis,
et en poussée forte. latéralement sur l’arcus tendineux du muscle élévateur de l’anus
Les caractéristiques principales de cette séquence sont : (correspondant à un épaississement du fascia du muscle obtu-
• une antenne syn body ; rateur interne) et sur l’épine ischiatique. Elle rejoint son
• un champ de 255 ; homologue controlatéral en situation rétroanale, où elle vient
• une matrice de 256 × 256 ; s’insérer sur les bords latéraux du coccyx et sur le ligament
• trois coupes sagittales de 10 mm d’épaisseur jointive ; anococcygien. En IRM, c’est en coupes coronales et sagittales
• un axe de préparation, c’est-à-dire antéropostérieur ; qu’elle est le mieux visible, prenant une forme caractéristique
• un turbo spin écho (TSE) avec un TSE factor de 85 ; en « aile d’hirondelle » à convexité supérieure (Fig. 2).
• temps de répétition (TR) : 2 354 ms ; Une étude récente a montré de grandes variations interindi-
• temps d’écho (TE) : 60 ms ; viduelles concernant l’aspect IRM (insertion, épaisseur, forme,

2 Radiodiagnostic - Urologie-Gynécologie
Imagerie par résonance magnétique de la statique pelvienne. Anatomie, prolapsus, aspects postopératoires ¶ 34-620-C-20

Figure 1. Coupe axiale en pondération T2. Portion puborectale du


muscle élévateur de l’anus.

Figure 3. Coupe sagittale en pondération T2. Les cloisons vésicovagi-


nale et rectovaginale sont bien individualisées, soulignées par un liseré
etc.) des muscles élévateurs de l’anus, particulièrement au graisseux en hypersignal.
niveau des portions puborectales [8]. Des études supplémentaires
restent nécessaires pour différencier les variations anatomiques
physiologiques des anomalies pathologiques pouvant être en À l’étage inférieur : le périnée superficiel
cause dans les troubles de la statique pelvienne. En effet, il
semble que certaines anomalies anatomiques, congénitales ou Il est notamment constitué par les muscles transverses
acquises constituent des facteurs favorisant la survenue de superficiels, ischiocaverneux, pubocaverneux et constricteurs de
la vulve, difficiles à dissocier les uns des autres en imagerie.
troubles de la statique pelvienne :
• asymétrie entre faisceaux droit et gauche de chaque portion,
particulièrement pour les portions puborectales ; Organes pelviens
• désinsertions pubiennes uni- ou bilatérales ;
La vessie a un contenu homogène liquidien (noir en T1 et
• écartement des deux portions puborectales avec élargissement blanc en T2). Ses parois sont en hyposignal sur les deux types
du hiatus urogénital ; de séquences, d’épaisseur régulière inférieure à 1 cm.
• defects, discontinuités, aspect « fenêtré » des portions muscu- Le col vésical normal est en général bien visible ; il est situé
laires ; au-dessus de la ligne pubococcygienne.
• aplatissement, inversion de courbure (concavité supérieure) L’urètre est vertical, plaqué contre la face postérieure du
ou verticalité trop marquée des portions iliococcygiennes au pubis. Sa lumière est virtuelle en dehors de la miction et ses
repos ; parois épaisses en relatif hyposignal.
• insertion dominante des portions puborectales ou iliococcy- Le col utérin est situé au-dessus du vagin, en arrière du
giennes sur les arcus tendineux... trigone vésical.
Les parois du vagin sont en hyposignal sur les deux types de
À l’étage moyen : le diaphragme urogénital séquences, les cloisons vésicovaginale et rectovaginale sont
parfois soulignées par un liseré graisseux en hypersignal (Fig. 3).
On retrouve à ce niveau, visible à l’IRM, le muscle transverse Le rectum balisé est bien visible avec un contenu en
profond du périnée qui correspond à un petit muscle aplati hypersignal.
triangulaire s’étendant de la face interne de l’ischion au noyau Le cul-de-sac de Douglas est visible grâce à son contenu
fibreux du périnée. graisseux, entre utérus en avant et rectum en arrière.

Figure 2. Coupes en pondération T2, axiale (A), coronale (B), sagittale (C). Portion iliococcygienne du muscle élévateur de l’anus. Noter l’aspect en « aile
d’hirondelle ».

Radiodiagnostic - Urologie-Gynécologie 3
34-620-C-20 ¶ Imagerie par résonance magnétique de la statique pelvienne. Anatomie, prolapsus, aspects postopératoires

■ Résultats normaux

Repères anatomiques fixes et mobiles [3, 9]

L’évaluation des dysfonctionnements du plancher pelvien


repose sur la position des différents organes par rapport à des
repères fixes et mobiles.

Compartiments du pelvis féminin [10]


Les quatre compartiments du pelvis féminin doivent être
étudiés successivement. Ce sont :
• le compartiment antérieur ou urinaire (vessie et urètre) ;
• le compartiment moyen ou génital (utérus et vagin) ; Figure 4. Coupe axiale T2. Mesure du diamètre transverse interne
• le compartiment intermédiaire péritonéal (cul-de-sac de (double flèche blanche) et externe (double flèche rouge) du hiatus
Douglas) ; urogénital (à la hauteur du bord inférieur du pubis en coupe axiale).
• le compartiment postérieur ou digestif (sigmoïde, rectum et
canal anal).
Analyse statique au repos
Repère fixe
Les viscères pelviens sont disposés en marche d’escalier :
Le repère fixe le plus utilisé est « la ligne pubococcygienne » • le corps utérin s’appuie sur la vessie ;
(LPC). Facile à repérer sur les coupes sagittales médianes, elle • la vessie s’appuie sur le vagin ;
s’étend du bord inférieur du pubis en avant à la charnière • le vagin et le col utérin s’appuient sur le rectum et le canal
sacrococcygienne en arrière. anal ;
• le rectum s’appuie sur le ligament anococcygien et le coccyx.
À l’état normal :
Repères mobiles
• le col vésical, le col utérin et le cul-de-sac de Douglas se
Les repères mobiles, retrouvés également sur les coupes projettent au-dessus de la ligne pubococcygienne ;
sagittales médianes, sont : • l’angle pubo-urétral est de l’ordre de 45°,
• le col vésical ; • l’angle urétrovésical est de l’ordre de 110° ;
• l’urètre ; • l’angle du cap vaginal est de l’ordre de 120° ;
• le col utérin (ou le fond vaginal chez les patientes hystérec- • l’angle anorectal est de l’ordre de 110°.
tomisées) ; Concernant la mesure du hiatus urogénital :
• le diamètre transverse ou diamètre interpuborectal interne et
• le cul-de-sac de Douglas ;
externe (à la hauteur du bord inférieur du pubis) (Fig. 4) en
• le cap rectoanal (point d’angulation créé entre le rectum et le
T2 sagittal est d’environ 35 mm pour le diamètre interne et
canal anal par la réunion des deux portions puborectales des
de 45 mm pour le diamètre externe ;
muscles élévateurs de l’anus).
• le diamètre antéropostérieur du hiatus urogénital va du bord
inférieur du pubis à la partie postérieure du canal anal.
Au-delà de ces mesures, on comprend que le contenant est
Résultats en imagerie par résonance trop large et favorise les prolapsus. Mais dans une étude [11]
magnétique normaux des séquences portant sur 23 jeunes filles (date de naissance de 1973 à 1983)
statiques et dynamiques nullipares asymptomatiques, on constate une grande variabilité
interindividuelle (diamètre transverse interne du hiatus de 26 à
Ils sont superposables à ceux du colpocystogramme. 42 mm ; externe de 37 à 50 mm ; distance pubis-canal anal de

Figure 5. Coupes coronales en retenue (A), repos (B) et poussée (C). La convexité supérieure du faisceau iliococcygien s’accentue en retenue (A) et est
responsable d’une compression latérale de dehors en dedans (rôle sphinctérien). En poussée (C), la convexité supérieure du faisceau iliococcygien s’atténue
et il devient quasiment horizontal pour devenir concave en poussée maximale.

4 Radiodiagnostic - Urologie-Gynécologie
Imagerie par résonance magnétique de la statique pelvienne. Anatomie, prolapsus, aspects postopératoires ¶ 34-620-C-20

Figure 6. Coupes axiales en retenue (A), repos (B) et poussée (C). Noter la diminution du hiatus urogénital en retenue (effet sphinctérien). Augmentation
du hiatus urogénital en poussée, permettant les fonctions de miction et de défécation.

Figure 7. Coupes sagittales en retenue (A), repos (B) et poussée (C). Noter la majoration des caps par réduction du hiatus urogénital en retenue (rôle
sphinctérien) et l’attraction vers le haut le canal anal (rôle élévateur) (A). Verticalisation des caps en poussée (C), permettant les fonctions de miction et de
défécation.

29 à 48 mm) avec des mesures parfois supérieures sans pour • l’angle pubo-urétral s’ouvre, mais ne doit pas dépasser 90° ;
autant que l’on constate de prolapsus patent. D’autres études • l’angle urétrovésical postérieur s’ouvre, mais ne doit pas
doivent évaluer le caractère prédictif de ces mesures. dépasser 150° ;
• le cap vaginal s’efface (180°) ;
Analyse dynamique • l’angle anorectal reste fermé, sauf lors de la défécation où le
relâchement des faisceaux puborectaux permet l’alignement
Lors des efforts de retenue du cap anorectal ;
• le diamètre antéropostérieur du hiatus urogénital ne doit pas
Les muscles élévateurs de l’anus présentent une hypercon- dépasser 7 cm ;
traction (les portions puborectales se rapprochent l’une de • la distance entre le bord postérieur du canal anal et la ligne
l’autre et le diamètre du hiatus diminue, la convexité vers le pubococcygienne doit rester inférieure à 30 mm ;
haut des portions iliococcygiennes se majore), ramenant les • la distance entre le bord antérieur du rectum et la ligne droite
organes pelviens médians vers le haut et l’avant et majorant la passant par le bord antérieur du canal anal doit rester
fermeture des différents caps (urétrovésical, vaginal et anorectal) inférieure à 30 mm.
(Fig. 5 à 7).

Lors des efforts de poussée

Les muscles élévateurs de l’anus se relâchent (les portions


puborectales s’écartent l’une de l’autre, les portions iliococcy-
giennes s’aplatissent en poussée modérée et deviennent conca-
“ Point important
ves vers le haut en poussée maximale) (Fig. 5 à 7). L’urètre et la En pratique quotidienne, trois données permettent une
vessie se déplacent vers l’arrière et vers le bas. Le corps utérin bonne analyse de la statique pelvienne :
se redresse alors que le col utérin se déplace comme la vessie • l’aspect des muscles du plancher pelvien au repos et en
vers l’arrière et vers le bas, de même que le vagin qui devient
poussée (asymétrie, désinsertion, defects, etc.) ;
rectiligne. Le rectum s’abaisse et tend à s’aligner avec le canal
• la ligne pubococcygienne (Fig. 8) qui permet de définir
anal.
et de quantifier le prolapsus en analyse statique et
En poussée maximale, les repères mobiles sont les sui- dynamique ;
vants [12] : • la distance entre le bord antérieur du rectum et la ligne
• le col vésical, le col utérin et le cul-de-sac de Douglas doivent droite passant par le bord antérieur du canal anal.
rester au-dessus de la ligne pubococcygienne ;

Radiodiagnostic - Urologie-Gynécologie 5
34-620-C-20 ¶ Imagerie par résonance magnétique de la statique pelvienne. Anatomie, prolapsus, aspects postopératoires

Figure 8. Coupe sagittale T2. Ligne pubococcygienne : s’étendant du Figure 9. Coupe sagittale T2. Déformation du col avec allongement de
bord inférieur du pubis en avant jusqu’à la charnière sacrococcygienne en la lèvre antérieure chez une patiente de 53 ans présentant une rectocèle
arrière. stade IV avec hystéroptose et colpocèle antérieure.

■ Imagerie par résonance


magnétique et pathologie
de la statique pelvienne [13]

Compartiments pelviens pouvant être


touchés par les prolapsus

Compartiment antérieur urinaire


(vessie et urètre) Figure 10. Coupe axiale T2. Noter la déhiscence du muscle puborectal
gauche.
Cervicocystoptose
Elle correspond à l’abaissement du col et de la base de la Compartiment intermédiaire péritonéal
vessie au-dessous de la ligne pubococcygienne. Elle est fréquem- (cul-de-sac de Douglas)
ment associée à une « horizontalisation » de l’urètre, avec
ouverture des angles pubo-urétral et urétrovésical postérieur. .5 La péritonéocèle correspond à l’abaissement du point le plus
bas du cul-de-sac de Douglas au-dessous de la ligne pubo-
Cervicoptose coccygienne.
Elle peut être isolée, se prolaber dans le vagin, contenir de
Elle correspond à l’abaissement isolé du col vésical au-dessous
l’intestin grêle (entérocèle) ou du côlon sigmoïde (sigmatocèle).
de la ligne pubococcygienne. La vessie, dont la base reste en
Son diagnostic préopératoire, souvent difficile cliniquement
.1

place, présente un aspect en « entonnoir » et l’urètre est vertical.


(toucher bidigital), mais très facile en IRM [14], est d’une grande
Une « tunnellisation » de l’urètre est souvent associée.
importance car il modifie la stratégie chirurgicale. Non diagnos-
tiquée et non traitée, elle peut être à l’origine de l’échec ou de
Cystocèle
l’insuffisance du traitement chirurgical d’un prolapsus dominant
.2 Elle correspond à l’abaissement isolé de la base vésicale qui connu. Elle est parfois difficile à distinguer d’un méga-Douglas.
vient bomber au niveau de la paroi antérieure du vagin. Le col
vésical et l’urètre restent en place. Compartiment postérieur digestif
.3 Lors d’une cervicocystoptose, il peut exister un contingent (sigmoïde, rectum et canal anal)
dominant, par exemple une cervicoptose dominante avec
.6 La rectocèle correspond au positionnement du bord antérieur
cysocèle modérée et inversement.
du rectum à une distance supérieure à 30 mm de la ligne droite
passant par le bord antérieur du canal anal (Fig. 10).
Compartiment moyen génital (utérus et vagin)

.4
Hystéroptose Périnées descendant et descendu
Elle correspond à l’abaissement du col utérin au-dessous de la
« Périnée descendant »
ligne pubococcygienne.
En cas d’hystérectomie, c’est l’abaissement du fond vaginal Il correspond à l’abaissement en poussée de la jonction
qu’il faut évaluer (prolapsus du fond vaginal). .7 anorectale à plus de 5 cm au-dessous de la ligne pubococcy-
gienne et est souvent associé à un abaissement comparable des
Colpocèle antérieure autres compartiments pelviens.
Elle correspond au déroulement de la paroi antérieure du
« Périnée descendu »
vagin. Son diagnostic est souvent difficile en IRM si isolée. Une
déformation du col avec allongement de la lèvre antérieure est Il correspond au même abaissement, mais survenant au repos,
fréquemment associée (Fig. 9). à plus de 3,5 cm au-dessous de la ligne pubococcygienne.

6 Radiodiagnostic - Urologie-Gynécologie
Imagerie par résonance magnétique de la statique pelvienne. Anatomie, prolapsus, aspects postopératoires ¶ 34-620-C-20

Examen avec valve [3] associées, trophicité (épaisseur, éventuels defects, asymétrie) et
orientation des muscles du plancher pelvien, particulièrement
Du fait des phénomènes de compétition entre les comparti- des deux portions des muscles élévateurs de l’anus ;
ments antérieurs et postérieurs, des prolapsus peuvent être sous- • l’analyse dynamique : déplacement et position de chacun des
estimés, voire méconnus (surtout pour la péritonéocèle). La organes des quatre compartiments pelviens, lors des efforts de
.8 mise en place d’une valve de spéculum, placée successivement retenue et de poussée (le degré de descente doit être mesuré
dans les culs-de-sac vaginaux antérieur puis postérieur dans la en centimètres et classé de 0 à IV), éventuels prolapsus masqués
machine, permet de rendre la technique plus sensible. par un prolapsus dominant lors de prolapsus complexes.

■ Classification par imagerie par ■ Imagerie du plancher pelvien


résonance magnétique des prolapsus opéré [15]

Bien que reconnue par un grand nombre d’équipes, l’IRM On distingue l’imagerie des matériaux amovibles de l’imagerie
reste, dans cette indication, une technique en évaluation et il des matériaux implantés chirurgicalement dans le cadre des
n’existe toujours pas de consensus concernant les classifications prolapsus et de l’incontinence urinaire.
des prolapsus en IRM (classification HMO [Health Maintenance
Organization], pop Q). On peut néanmoins appliquer la classi- Imagerie par résonance magnétique
fication clinique classique à l’IRM.
À cette classification très simple doit être associée la mesure des matériaux amovibles
du déplacement de chacun des organes au repos et lors des Les pessaires semblent actuellement être un élément indis-
efforts de poussée. pensable de la thérapie urogynécologique conservatrice. Ils sont
principalement utilisés dans l’incontinence urinaire d’effort,
dans l’incontinence par impériosité et dans le traitement de
certains prolapsus (prolapsus de l’étage antérieur et moyen).
“ Point important Le mode d’action principal du pessaire dans le traitement de
l’incontinence urinaire d’effort est de stabiliser le col vésical
sans obstruer l’urètre.
Classification clinique classique à l’IRM : Le pessaire a pour but de stabiliser le col vésical et l’urètre
• stade I : prolapsus modéré n’atteignant pas le niveau de proximal ; il déplace la transition cysto-urétrale vers le haut et
l’hymen ; l’avant et il comprime l’urètre à l’effort et non au repos.
• stade II : prolapsus sévère atteignant le niveau de Dans les prolapsus antérieurs, le pessaire en forme de cube
l’hymen ; (Fig. 11) est souvent choisi. En effet, il possède des creux
• stade III : prolapsus extériorisé ; semblables à une ventouse, ce qui lui permet d’adhérer à la
surface de la paroi vaginale et de demeurer stable.
• stade IV : éversion complète.
En IRM, les pessaires apparaissent en hyposignal sur les
séquences en pondération T1 et T2.
Sur les séquences statiques, l’IRM permet d’étudier la position
des pessaires qui doit reposer sur le faisceau puborectal du
■ Compte rendu type d’une muscle releveur et sur le hiatus urogénital ; il est centré par les
imagerie par résonance magnétique faisceaux iliococcygiens du muscle releveur de l’anus.
Les séquences dynamiques IRM étudient les modifications
de la statique pelvienne anatomiques induites par la mise en place du pessaire et permet
d’évaluer l’efficacité de celui-ci.
Le compte rendu comprend trois parties : Dans le traitement de l’incontinence urinaire d’effort, le
• indication ; pessaire permet une normalisation de l’angle pubo-urétral.
• technique ; Le col vésical a une position plus haute par rapport à la ligne
• résultats. pubococcygienne.
Les résultats décrivent successivement : .9 Le traitement des prolapsus doit permettre un maintien de la
• l’analyse statique : morphologie et position spontanée des position des différents organes pelviens au-dessus de la ligne
différents organes pelviens, éventuelles anomalies organiques pubococcygienne lors de l’examen dynamique.

Figure 11. Séquences T2 dans les trois plans (A, B, C). Pessaire amovible en cube avec petite insuffisance de rotation postérieure avec bon résultat clinique.

Radiodiagnostic - Urologie-Gynécologie 7
34-620-C-20 ¶ Imagerie par résonance magnétique de la statique pelvienne. Anatomie, prolapsus, aspects postopératoires

Figure 12. Coupes axiales T2 (A-F) ; sagittales T1 gadolinium (I-N). Cure de prolapsus par plaque vésicovaginale par technique transobturatrice. Infection
postopératoire dont le trajet de la collection pelvienne et extrapelvienne droite permet de comprendre la voie d’abord.

Imagerie par résonance magnétique Il est de plus très difficile d’apprécier les modifications
anatomiques induites par cette opération.
des matériaux implantés chirurgicalement
En effet, même en comparant un examen IRM en pré- et
Le tension-free vaginal tape (TVT) est une technique chirurgi- postopératoire, on ne retrouve pas de modification significative.
cale novatrice mise au point par Ulmsten en 1994. La première
indication est l’incontinence urinaire d’effort. Cependant, la connaissance de ce montage chirurgical permet
La technique TVT vise à stabiliser l’urètre en le soutenant à d’appréhender beaucoup plus facilement en imagerie les
sa partie moyenne avec une bandelette de Prolène® non fixée. éventuelles complications (hémorragie et hématome de l’espace
La bandelette TVT permet de stabiliser la paroi vaginale anté- de Retzius, infections de la bandelette, éventuels hématomes du
rieure, de reconstituer l’insertion collagène du releveur sur le muscle grand droit ou granulomes cicatriciels).
vagin, de reconstituer les ligaments pubo-urétraux tout en Actuellement, selon les principes identiques, la voie transob-
préservant la zone d’élasticité critique permettant la plicature de turatrice (TOT) est plus fréquemment utilisée. En cas de
l’urètre sur le cervical et du col vésical.
complications (trajet, infection, etc.), l’IRM permet de résoudre
En IRM, le repérage des bandelettes du TVT est difficile. On
certains diagnostics parfois difficiles (Fig. 12).
peut les visualiser au niveau de leur passage dans la paroi
abdominale où leur hyposignal est contrasté par l’hypersignal Enfin, les fixations et suspensions sont assez bien visualisées
de la graisse à ce niveau. Les bandelettes actuelles ne sont pas en IRM. Il peut également exister des complications (infections,
visibles au niveau rétro-urétral en IRM. cavitation, etc.) (Fig. 13). Le signal des plaques est absent dans

8 Radiodiagnostic - Urologie-Gynécologie
Imagerie par résonance magnétique de la statique pelvienne. Anatomie, prolapsus, aspects postopératoires ¶ 34-620-C-20

Figure 12. (Suite) Coupes axiales T2 (A-F) ; sa-


gittales T1 gadolinium (I-N). Cure de prolapsus par
plaque vésicovaginale par technique transobtura-
trice. Infection postopératoire dont le trajet de la
collection pelvienne et extrapelvienne droite per-
met de comprendre la voie d’abord.

■ Conclusion
L’IRM du pelvis féminin est une technique en pleine évolu-
tion. L’apparition d’appareillages permet une étude assise et
debout, et l’amélioration de la qualité des résultats. L’utilisation
d’antennes endorectales et endovaginales est très certainement
très intéressante pour mieux étudier la microanatomie.
Dans le cadre des prolapsus, elle intervient essentiellement
pour les anomalies postérieures et l’étude du compartiment
péritonéal.
Dans le cadre des troubles à type d’incontinence urinaire ou
fécale, l’anatomie zonale est très démonstrative et l’étude des
différents sphincters est facilitée par les antennes endorectales.
Enfin, l’IRM va devenir irremplaçable pour la surveillance
postopératoire immédiate.

■ Références
[1] Rouanet JP, Maubon A, Ferru JM, Mares P. Vidéodynamique du pelvis
Figure 13. Coupe sagittale T2. Aspect de cavitation de la
féminin en IRM. In: KujasA, CoussementA, Villet R, editors. Imagerie
promontofixation.
dynamique des troubles pelvi-périnéaux de la femme. Paris: Vigot;
1998.
[2] Maglinte DD, Kelvin FM, Fitzgerald K, Hale DS, Benson JT. Associa-
tion of compartment defects in pelvic floor dysfunction. Am
tous les types de séquences, elles apparaissent donc noires, mais J Roentgenol 1999;172:439-44.
sont parfois visualisées sur le fond blanc de la graisse pelvienne. [3] Maubon A, Martel-Boncoeur MP, Juhan V, Courtieu C, Meny R,
De nombreuses recherches sont en cours pour trouver des Mares P, et al. Static and dynamic magnetic resonance imaging of the
matériaux mieux visibles en IRM. pelvic floor. J Radiol 2000;81(suppl12):1875-86.

Radiodiagnostic - Urologie-Gynécologie 9
34-620-C-20 ¶ Imagerie par résonance magnétique de la statique pelvienne. Anatomie, prolapsus, aspects postopératoires

[4] Vanbeckevoort D, Van Hoe L, Oyen R, Ponette E, De Ridder D, [10] Healy JC, Halligan S, Reznek RH, Watson S, Phillips RK, Armstrong P.
Deprest J. Pelvic floor descent in females: comparative study of Patterns of prolapse in women with symptoms of pelvic floor weakness:
colpocystodefecography and dynamic fast MR imaging. J Magn Reson assessment with MRI. Radiology 1997;203:77-81.
Imaging 1999;9:373-7. [11] Rouanet JP, de Graef M, Mares P, Maubon A. IRM du plancher pelvien
[5] Healy JC, Halligan S, Reznek RH, Watson S, Bartram CI, Phillips R, de la jeune femme nullipare du normal à l’anormal. Communication
et al. Dynamic MR imaging compared with evacuation proctography
orale. Séminaire scientifique gynécologique. Journées françaises de
when evaluating anorectal configuration and pelvic floor movement.
radiologie, 2004.
Am J Roentgenol 1997;169:775-9.
[6] Rouanet JP, Filhastre M, Mares P, Maubon A. Anatomie IRM du pelvis [12] Piloni V, Bassotti G, Fioravanti P, Amadio P, Montesi A. Dynamic
féminin : principales applications en pathologie gynécologique. imaging of the normal pelvic floor. Int J Colorectal Dis 1997;12:
Montpellier: Sauramps Médical; 2005 (177p). 246-53.
[7] Strohbehn K, Ellis JH, Strohbehn JA, DeLancey JO. Magnetic [13] Maubon A, Aubard Y, Berkane V, Camezind-Vidal MA, Mares P,
resonance imaging of the levator ani with anatomic correlation. Obstet Rouanet JP. Magnetic resonance imaging of the pelvic floor. Abdom
Gynecol 1996;87:277-85. Imaging 2003;28:217-25.
[8] Tunn R, Delancey JO, Howard D, Ashton-Miller JA, Quint LE.
Anatomic variations in the levator ani muscle, endopelvic fascia, and [14] Robert Y, Launay S, Mestdagh P, Moisan S, Boyer C, Rocourt N, et al.
urethra in nulliparas evaluated by magnetic resonance imaging. Am MRI in gynecology. J Gynecol Obstet Biol Reprod (Paris) 2002;31:
J Obstet Gynecol 2003;188:116-21. 417-39.
[9] Rouanet JP, Mares P, Courtieu C, Maubon A. Static and dynamic MRI [15] Rouanet JP, Villeval J, Viala M, Filhastre M, Maubon A, Thille A, et al.
of the normal and pathological female pelvic floor. J Gynecol Obstet MRI in pelvic static: anatomy, prolapse, incontinence. Acta Endosc
Biol Reprod (Paris) 2000;29:237-41. 2004;34:517-27.

O. Allice (olivier.allice@wanadoo.fr).
M. Viala-Trentini.
F. Garibaldi.
N. Mazet.
Service du professeur J.-P. Rouanet, Clinique Beausoleil, Imagerie médicale, 119, avenue de Lodève, 34000 Montpellier, France.
A. Maubon, Professeur universitaire-praticien hospitalier.
CHU de Limoges, Hôpital universitaire Dupuytren, Radiologie B, 2, avenue Martin-Luther-King, 87042 Limoges cedex, France.
J.-P. Rouanet.
Service du professeur J.-P. Rouanet, Clinique Beausoleil, Imagerie médicale, 119, avenue de Lodève, 34000 Montpellier, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Allice O., Viala-Trentini M., Garibaldi F., Mazet N., Maubon A., Rouanet J.-P. Imagerie par résonance
magnétique de la statique pelvienne. Anatomie, prolapsus, aspects postopératoires. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris), Radiodiagnostic -
Urologie-Gynécologie, 34-620-C-20, 2008.

Disponibles sur www.em-consulte.com


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10 Radiodiagnostic - Urologie-Gynécologie
Radiodiagnostic V - Urologie-Gynécologie
[34-621-A-10]

Imagerie par résonance magnétique du pelvis féminin

Jean-Michel Ferru : Radiologue


Antoine Maubon : Radiologue
Vincent Berger : Chef de clinique
Jean-Pierre Rouanet : Professeur des Universités, praticien hospitalier
Service d'Imagerie Médicale, CMC Beausoleil, 119, avenue de Lodève, 34000 Montpellier France
Pierre Mares : Professeur des Universités, praticien hospitalier
Centre hospitalo-universitaire, Nîmes France

Résumé

Résumé. - L'imagerie par résonance magnétique (IRM) est particulièrement bien adaptée
à l'exploration du pelvis. La possibilité de réaliser des coupes dans les trois plans de
l'espace, associée à une bonne résolution de contraste et à une bonne résolution spatiale,
en font un examen performant.

Les indications sont larges mais doivent être sériées, en raison du coût relativement élevé
de l'examen et d'un accès encore difficile aux machines.

Devant une masse pelvienne, l'IRM permet de préciser son origine, utérine ou ovarienne
et de reconnaître les masses non gynécologiques.

L'IRM est devenue incontournable dans l'évaluation préthérapeutique des cancers du col et
de l'endomètre. Concernant le cancer de l'ovaire, pour le bilan d'extension, l'IRM reste
concurrencée par le scanner, pratiquement aussi performant et surtout plus accessible.

© 1997 Elsevier, Paris. Tous droits réservés.

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INTRODUCTION

L'imagerie par résonance magnétique (IRM) est une technique d'exploration non invasive,
particulièrement bien adaptée à l'étude du pelvis féminin. L'aspect normal de l'utérus et
des ovaires ainsi que leurs variations liées au climat hormonal, sont aujourd'hui bien
codifiés [8]. La place de l'IRM en pathologie gynécologique varie en fonction des
indications, mais doit être parfaitement connue.

Nous étudierons l'apport de l'IRM dans l'exploration des malformations utérines, ainsi que
dans la pathologie utérine, ovarienne et tubaire.

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PARTICULARITÉ S TECHNIQUES DE L'IRM POUR


L'EXPLORATION DU PELVIS

Une antenne corps entier est suffisante pour obtenir une imagerie de qualité dans la
majorité des cas. Certains examens sont utilement complétés par l'utilisation d'une
antenne endorectale ou endovaginale, voire une antenne de surface. Ces antennes
permettent d'obtenir un meilleur signal des structures proches, avec cependant une
décroissance rapide du signal en profondeur. Après un repérage rapide dans les trois
plans, on réalise des séquences pondérées en T1 et T2, dans au moins deux plans de
l'espace. L'utilisation de séquences rapides améliore la qualité de l'examen, d'une part en
augmentant le contraste graisse-tissus, d'autre part en diminuant la durée totale de
l'examen. L'utilisation du contrôle respiratoire est systématique. L'examen doit débuter,
idéalement, avec une vessie en semi-réplétion, mais sans envie d'uriner. Les séquences
avec suppression de graisse et/ou injection intraveineuse de gadolinium sont utiles pour
les bilans d'extension pelviens.

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MALFORMATIONS UTÉ RINES

L'hystérosalpingographie comme les ultrasons, premières méthodes d'imagerie utilisées,


connaissent des limites dans la reconnaissance des malformations mülleriennes [22].

L'IRM a maintenant montré sa supériorité dans la reconnaissance précise de ces anomalies


. L'examen est réalisé en deuxième partie de cycle afin de mieux repérer l'endomètre. Les
coupes doivent intéresser la partie supérieure de l'abdomen afin de mettre en évidence
une éventuelle anomalie rénale associée.

L'injection de produit de contraste n'est pas nécessaire.

Aplasie bilatérale ou syndrome de Rokitanski-Küster-Hauser

L'aplasie utérine est associée à une aplasie vaginale totale, avec aspect normal de la vulve
(fig 1). Les ovaires sont généralement présents. Une agénésie ou une ectopie rénale est
retrouvée dans 20 % des cas. L'IRM montre l'absence d'utérus, ou son atrophie partielle,
et permet de retrouver les cornes rudimentaires ainsi que les ovaires.

Dans le même temps, l'IRM permet de reconnaître une endométriose ovarienne, ainsi
qu'une éventuelle rétention menstruelle dans les cas d'endomètre fonctionnel résiduel (fig
2).

Aplasie utérine unilatérale


L'aplasie unilatérale complète, ou utérus unicorne vrai, se caractérise par un utérus très
latéralisé, flanqué d'une annexe normale. Une agénésie rénale controlatérale accompagne,
dans la majorité des cas, ces utérus unicornes vrais. En cas d'aplasie utérine unilatérale
incomplète, ou utérus pseudo-unicorne, un hémi-utérus normalement développé est
associé à un utérus rudimentaire controlatéral. Cet utérus rudimentaire peut contenir de
l'endomètre et communiquer ou non avec la cavité utérine principale.

L'IRM retrouve la configuration latéralisée de l'utérus, mais surtout permet de reconnaître


les cornes rudimentaires, en particulier sur les séquences pondérées en T2, en visualisant
l'endomètre. Le reliquat utérin apparaît de signal identique à celui du myomètre de la
cavité principale.

Utérus bicorne

Utérus bicorne bicervical avec hémivagin borgne

Les deux hémi-utérus sont accolés par l'isthme. Ils s'abouchent d'un côté dans un vagin
perméable, de l'autre dans un hémivagin borgne. Une rétention menstruelle est retrouvée
du côté de l'hémivagin borgne, bien reconnaissable en hypersignal sur les séquences
pondérées en T1 (fig 3). L'hématocolpos s'associe généralement à une hématométrie.
L'agénésie rénale homolatérale à l'hémivagin borgne est fréquente [22].

Utérus bicorne uni- ou bicervical

Les coupes coronales obliques, perpendiculaires au grand axe de l'utérus, ainsi que les
coupes axiales perpendiculaires au col, permettent de reconnaître au mieux ces anomalies
(fig.4). Chaque cavité endométriale en hypersignal sur les séquences T2 est entourée de
sa zone jonctionnelle en hyposignal. Les deux cavités sont séparées par une zone de signal
intermédiaire en T1 et en T2, identique à celui du myomètre (fig 5).

Une saillie de la vessie peut séparer les cavités utérines, réalisant le signe du « V » vésical.
La divergence des deux utérus n'est cependant pas toujours suffisante pour entraîner cette
saillie vésicale.

Utérus cloisonné

L'IRM permet le plus souvent d'affirmer le diagnostic d'utérus cloisonné et d'assurer le


diagnostic différentiel avec les utérus bicornes. Le fond des utérus cloisonnés est
régulièrement convexe et ne comporte pas d'incisure. Le septum se présente sous forme
d'une bande plus ou moins large d'hyposignal fibreux séparant les deux cavités
endométriales (fig 6). On retient également en faveur de l'utérus cloisonné : une distance
intercornuale inférieure à 4 cm, un angle de divergence faible entre les deux cavités et le
petit volume de chacune des cavités [23]. En pratique, il importe de déterminer le signal de
la portion médiane entre les deux cavités, l'utérus cloisonné pouvant bénéficier d'un geste
de résection hystéroscopique sous contrôle échographique.

Hypoplasies utérines

On évoque une hypoplasie utérine devant un utérus mesurant moins de 50 mm de


longueur, chez une femme en période d'activité génitale. L'IRM permet d'effectuer des
mesures précises et apporte des renseignements complémentaires intéressants,
concernant la morphologie de l'utérus et la trophicité de l'endomètre.

Au total, l'IRM permet une classification précise de la malformation et apporte les éléments
complémentaires nécessaires à une éventuelle prise en charge thérapeutique (kyste
endométriosique de reflux, présence d'endomètre fonctionnel, présence d'un hémi-utérus
rudimentaire, signal de la zone séparant deux cavités) .

Prolapsus

La ptose des organes pelviens résulte en général d'atteintes multiples de la statique


pelvienne. À ce jour, l'IRM n'est pas indiquée dans l'aide au diagnostic du prolapsus.
Cependant, elle éclaire d'un jour nouveau l'anatomie et la physiologie des structures
musculoligamentaires jouant un rôle important dans la statique pelvienne. Sur les
séquences dynamiques réalisées en poussée, on apprécie le degré de ptose du vagin, de
l'utérus, de la vessie et du rectum (fig 7). Une éventuelle hernie du cul-de-sac de Douglas
(élytrocèle) est recherchée sur les coupes sagittales. La morphologie des muscles
élévateurs de l'anus est appréciée au mieux sur les coupes frontales et axiales (fig 8).

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PATHOLOGIE UTÉ RINE BÉ NIGNE

Léiomyomes

L'IRM est l'examen complémentaire le plus précis pour apprécier le nombre exact, la taille
et la localisation des léiomyomes utérins. Elle permet de réaliser une cartographie
lésionnelle précise préopératoire, notamment pour le traitement conservateur des fibromes
sous-muqueux.

De plus, l'IRM permet de différencier les léiomyomes des adénomyoses, avec une
spécificité supérieure à 90 % [34].

Le fibrome simple, non remanié, présente un aspect bien défini. Sur les séquences
pondérées en T1, la tumeur est iso- ou légèrement hypo-intense par rapport au myomètre.
En pondération T2, la tumeur est hypo-intense et bien limitée par rapport au myomètre,
avec parfois en périphérie une pseudocapsule en hypersignal correspondant à une réaction
oedémateuse et à la présence d'éléments veineux (fig 9 et 10). Après injection de
gadolinium, le fibrome se rehausse de façon variable en fonction de son degré de
vascularisation (fig 11). Un rehaussement intense laisse présager d'un fibrome
hypervascularisé, a priori répondeur au traitement par les analogues de la LH-RH
(luteinzing hormone-releasing hormone) (fig 12). Les fibromes sous-séreux déforment les
contours de l'utérus. Les lésions interstitielles sont entourées par le myomètre et peuvent
refouler l'endomètre (fig 13). Les tumeurs sous-muqueuses se projettent dans
l'endomètre et élargissent la cavité.

En cas de défaut de vascularisation, les fibromes peuvent se remanier et subir une


transformation oedémateuse hyaline ou kystique. Des phénomènes de nécrobiose
ischémique ou hémorragique peuvent également s'observer. Les fibromes remaniés
présentent un signal hyperintense hétérogène en pondération T2. Les zones de
remaniements hémorragiques apparaissent en hypersignal spontané sur les séquences
pondérées en T1. Après injection de gadolinium, les plages kystiques hémorragiques ou
nécrobiosées ne se rehaussent pas (fig 14).

L'IRM ne permet pas de différencier, de façon formelle, un fibrome remanié d'un


léiomyosarcome. Le sarcome apparaît en effet également en hypersignal hétérogène sur
les séquences T2. L'injection de gadolinium n'apporte pas d'élément caractéristique en
faveur d'une dégénérescence sarcomateuse [12].

En cas de tumeur multiple ou volumineuse, l'IRM apparaît supérieure à l'hystérographie et


à l'échographie endocavitaire pour la localisation et la caractérisation des fibromes [17].
Adénomyose

L'adénomyose correspond à la présence d'éléments glandulaires endométriaux au sein du


myomètre.

L'adénomyose diffuse se caractérise par de multiples petites cavités kystiques infiltrant le


myomètre péricavitaire. On retrouve dans un tiers des cas une hypertrophie utérine
globale non spécifique. En pondération T2, la zone jonctionnelle hypo-intense, apparaît
épaissie, souvent supérieure à 10 mm. Au sein de cette zone jonctionnelle, on retrouve, en
pointillé, des petits nodules en isosignal T1 et hypersignal T2, correspondant à du tissu
endométrial non hémorragique (fig 15). Ces petits nodules peuvent présenter un
hypersignal sur les séquences T1 et T2 correspondant à des îlots d'endomètre
hémorragiques [35].

L'adénomyose localisée correspond à l'adénomyome de Cullen et se traduit par la présence


d'une formation, en hyposignal, mal limitée dans le myomètre en pondération T1 comme
en pondération T2 (fig 16). Ces lésions sont souvent difficiles à différencier des
léiomyomes. Le léiomyome se présente habituellement comme une lésion arrondie, bien
limitée, alors que l'adénomyome est plus volontiers ovalaire avec des contours mal limités
par rapport au myomètre avoisinant. Par ailleurs, l'adénomyome est presque toujours
contigu à la zone jonctionnelle, très rarement sous-muqueux ou sous-séreux.

Des petits spots d'hypersignal sur les séquences T2, ou même sur les séquences T1,
peuvent être retrouvés au sein de l'adénomyome, comme dans l'adénomyose diffuse.

L'IRM apparaît plus performante que l'échographie endocavitaire pour diagnostiquer une
endométriose utérine [2]. L'injection de gadolinium n'amène pas d'élément déterminant
pour différencier l'adénomyose des léiomyomes [12].

Hyperplasie de l'endomètre

La muqueuse endométriale est visible au centre de l'utérus, sous la forme d'une bande de
signal très intense, en pondération T2, englobant la cavité. L'épaisseur de l'endomètre,
mesurée sur les coupes sagittales, varie en fonction du climat hormonal. L'hyperplasie de
l'endomètre peut être affirmée en début de cycle devant un endomètre dont l'épaisseur est
supérieure à 8 mm (fig. 17). Le polype muqueux se présente comme une hyperplasie
localisée de la muqueuse utérine, de volume variable, à développement endocavitaire.

La tamoxifène prescrit dans les suites d'un cancer du sein induit dans 30 à 50 % des cas,
après plusieurs mois de traitement, une hypertrophie simple ou glandulokystique de
l'endomètre (fig 18).

La place de l'IRM dans le suivi de ces patientes reste à déterminer [3]. Le risque de
dégénérescence, relativement faible, ne doit pas être négligé. Le respect de la zone
jonctionnelle en IRM, sur les séquences T2, permet d'affirmer l'intégrité du myomètre.

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PATHOLOGIE UTÉ RINE MALIGNE

Cancer du col utérin


d'examens traditionnels plus invasifs (cystoscopie, rectoscopie, lavement baryté,
urographie intraveineuse). Elle entraîne ainsi, avec le meilleur rapport qualité/prix, un coût
total d'examens moins élevé, comme a pu le montrer l'équipe de Hricak [13].

Aspect de la tumeur

En pondération T1, la tumeur n'est pas spontanément visible, sauf en cas d'hémorragie
locale récente ou déformation des contours du col. À partir du stade IB, la tumeur est
visible en pondération T2 sous forme d'une zone d'hypersignal plus ou moins centrée par
l'hyposignal fibreux du col (fig 19). Cet hypersignal comprend la lésion tumorale et la
réaction inflammatoire péritumorale (fig 20). En conséquence, les erreurs de classification
se font plutôt par excès (stade IRM IIA, alors que la chirurgie retrouve un stade IB). Après
injection de gadolinium, la tumeur se rehausse fortement, permettant ainsi de mieux
apprécier le volume tumoral.

Bilan d'extension

L'intérêt majeur de l'IRM est de confirmer ou d'infirmer une extension aux paramètres (fig
21). L'envahissement des paramètres conditionne, en effet, la conduite thérapeutique :
traitement chirurgical, si l'extension ne dépasse pas le tiers proximal, radiothérapie
d'emblée au-delà. L'extension aux paramètres est appréciée au mieux sur les coupes
perpendiculaires à l'axe du col en pondération T2. En pratique, la persistance de l'anneau
d'hyposignal normal du col rend peu probable l'atteinte des paramètres. La rupture de cet
anneau d'hyposignal fibreux périphérique, associée à un hypersignal au-delà du col, signe
une extension aux paramètres, avec une sensibilité de 80 % et une spécificité de l'ordre de
95 % (fig 22). Le tissu tumoral hyperintense en pondération T2 envahit les plexus
veineux paracervicaux, alors qu'aux stades IB et IIA, les vaisseaux seront simplement
refoulés. Les coupes sagittales pondérées en T2 permettent de suspecter l'envahissement
de la vessie ou du rectum devant la perte du liseré graisseux périvésical et périrectal.
L'extension à la paroi pelvienne se manifeste par un hypersignal tumoral qui atteint ou
dépasse les fascias musculaires.

Sur les coupes axiales, on apprécie au mieux l'englobement des vaisseaux iliaques par la
tumeur et l'envahissement des muscles des parois latérales, en particulier l'obturateur
interne et le piriforme du bassin.

L'IRM permet la détection des adénopathies pelviennes et lomboaortiques, comme pour le


scanner, de façon sensible mais peu spécifique. Il n'existe en effet aucun critère d'imagerie
fiable, permettant d'affirmer l'envahissement d'un ganglion [6].

Il n'est pas prouvé que l'injection de gadolinium augmente la sensibilité de détection


tumorale et d'extension aux paramètres par rapport aux séquences pondérées en T2 [27].
Cependant, en cas de lésion volumineuse, l'injection du produit de contraste permet de
mieux distinguer d'éventuelles zones de nécrose.

Récidives

En dehors d'une atteinte vaginale, il est souvent difficile d'affirmer une récidive, qu'elle soit
centropelvienne, latéropelvienne, ou présacrococcygienne. L'IRM est l'examen le mieux
adapté pour déceler une récidive locale devant une masse hétérogène hyperintense en T2,
et se rehaussant après injection de gadolinium.

La chirurgie, comme la radiothérapie, sont responsables d'un remaniement fibreux, qui


reste inflammatoire, donc rehaussé par le gadolinium, 6 mois après la chirurgie, et jusqu'à
18 mois après la radiothérapie, posant un sérieux problème pour le diagnostic des
récidives précoces. Au-delà de ces délais, la fibrose est habituellement peu intense en
pondération T1 comme en pondération T2.
Cancer du col et grossesse

L'IRM, non irradiante, permet chez la femme enceinte d'apprécier au mieux le volume
tumoral ainsi que le degré d'extension de la tumeur.

Cancer de l'endomètre

L'IRM n'a aucun intérêt dans le diagnostic positif du cancer de l'endomètre, mais
uniquement dans le bilan d'extension des cancers histologiquement prouvés.
Au stade de début, l'IRM ne permet pas toujours de différencier le carcinome d'une
simple hyperplasie ou d'un polype muqueux. Cependant, un épaississement de
l'endomètre avec des zones d'hypoou d'hypersignal hétérogènes, en pondération T1 ou
T2, chez une femme ménopausée, doit faire systématiquement évoquer le diagnostic
(fig 23).
Le pronostic dépend essentiellement de l'extension ganglionnaire, elle-même liée au
grade histologique et au degré d'invasion du myomètre. Par rapport à une tumeur
limitée à l'endomètre (stade IA), le risque lymphatique est multiplié par 2 en cas
d'atteinte du myomètre (stade IB) et multiplié par 10 en cas d'extension au myomètre
profond (stade IC) [5].
L'IRM constitue actuellement l'examen le plus performant pour apprécier l'invasion
tumorale dans la profondeur du myomètre, avec une sensibilité et une spécificité
proches de 85 % .

En pondération T2, la tumeur est responsable d'un épaississement hyperintense de


l'endomètre qui, habituellement, ne doit pas dépasser 6 mm chez une femme ménopausée
non traitée. Par la suite, la tumeur élargit la cavité (fig 24). Les tumeurs plus
volumineuses peuvent présenter des plages de nécrose hémorragique hyperintenses en T1
et T2. Si la zone jonctionnelle hypo-intense sur les images T2 est intacte, la tumeur est
classée stade IA. Une interruption localisée de la zone jonctionnelle, avec un myomètre
sousjacent intact, fait évoquer une invasion superficielle classée stade IB. On retient une
extension myométrale profonde à haut risque d'extension lymphatique lorsque le fond de
la tumeur affleure la séreuse profonde à moins de 5 mm (fig 25 et 26).

L'injection de produit de contraste aide à identifier la tumeur par rapport à une éventuelle
rétention liquidienne, et améliore l'évaluation de l'invasion du myomètre.

Chez la femme ménopausée, le myomètre présente habituellement un rehaussement


moins intense et moins précoce qu'en période d'activité génitale. Le plus souvent, la
tumeur apparaît en hyposignal, par rapport au myomètre avoisinant, sur les images
réalisées précocement après l'injection de gadolinium lors des séquences dynamiques.
L'envahissement du myomètre se traduit par une rupture du rehaussement dans sa partie
interne . Sur les séquences tardives, la lésion et le myomètre peuvent apparaître en
isosignal.

L'extension périutérine est responsable d'une perte de l'hypersignal habituel de la graisse


en pondération T1.

L'IRM permet de détecter les adénopathies pelviennes ou périaortiques. Pour les tumeurs
plus évoluées, l'IRM intervient dans le bilan d'extension locorégionale pour reconnaître un
envahissement vésical ou digestif.

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PATHOLOGIE OVARIENNE

La découverte, par échographie, d'une masse pelvienne de l'ovaire conduit dans la


majorité des cas à son exérèse. L'IRM permet à la fois une approche étiologique et une
évaluation de l'extension de la tumeur (fig 27). Ces informations peuvent influencer le
digestive ou urinaire.

Tumeurs ovariennes ou paraovariennes caractéristiques en IRM

Certaines tumeurs présentent, en IRM, un aspect caractéristique permettant d'évoquer


leur diagnostic.

Kyste uniloculaire à paroi fine (cystadénome séreux)

Le cystadénome séreux est évoqué devant une masse liquidienne pure de plus de 5 cm de
diamètre, en hyposignal homogène sur les séquences T1, et en hypersignal franc sur les
séquences T2 (fig 28). La paroi, fine et régulière, sans végétation, apparaît en hyposignal
sur la séquence T2 et se rehausse après injection de gadolinium.

Les kystes folliculaires présentent le même aspect. C'est essentiellement l'évolution qui
permet un diagnostic rétrospectif, les kystes fonctionnels disparaissant en quelques mois
spontanément ou sous traitement freinateur oestroprogestatif.

Kyste endométriosique

Les endométriomes comme les kystes hémorragiques présentent un signal hyperintense


sur les images pondérées en T1 (fig 29). Ces lésions ne peuvent pas toujours être
différenciées [21]. On retient en faveur de l'endométriome : une paroi fibreuse épaisse en
hyposignal T1 et T2, un contenu de signal intermédiaire en pondération T2 ; la mauvaise
définition des contours, ainsi que l'effacement des interfaces graisseuses, témoignant
d'une adhérence avec les organes de voisinage [19]. Des masses annexielles multiples
avec un contenu hémorragique à des stades différents de la coagulation, à l'origine
d'images en « miroir » entre les séquences T1 et T2, font également évoquer le diagnostic
d'endométriose (fig 30 et 31). Les implants endométriaux hémorragiques péritonéaux
apparaissent en hypersignal sur les séquences T1, et généralement en signal intermédiaire
sur les séquences T2. Pour les lésions supérieures à 1 cm, la sensibilité de l'IRM dans la
détection de ces implants est de l'ordre de 80 % [1]. Les séquences T1 avec saturation de
graisse permettent d'améliorer la détection des lésions de petite taille ou des autres
localisations pelviennes de l'endométriose [31].

Kyste dermoïde

La découverte d'une zone graisseuse au sein de la tumeur fait évoquer le diagnostic.

Le kyste dermoïde, comme le kyste hémorragique, est en hypersignal spontané sur les
séquences T1, et présente un signal variable en pondération T2. L'apport des séquences
avec suppression de graisse est fondamental pour la caractérisation des tératomes . Le
signal de la composante graisseuse du kyste dermoïde s'effondre sur les séquences avec
suppression de graisse (fig 32). La présence de graisse en suspension dans une portion
kystique de la masse est à l'origine de niveau liquide-graisse. L'interface liquide-graisse
explique l'apparition d'images en « miroir » en IRM : en T1, hyposignal liquidien-
hypersignal graisseux ; en T2, hypersignal liquidien-hyposignal graisseux (fig 33).

En faveur du tératome, on retient également la présence d'un artefact de déplacement


chimique à l'interface graisse-tissu mou. Une formation polypoïde tissulaire intratumorale,
correspondant au nodule de Rokitanski, est souvent retrouvée. Des zones de faible signal
sur les séquences pondérées en T1 et T2 correspondent à des calcifications ou à du tissu
fibreux.

Au total, l'aspect IRM des tératomes kystiques reflète la nature hétérogène de ces
tumeurs. Le diagnostic définitif nécessite l'identification de tissu graisseux dans la tumeur.
Tumeur solide

Les tumeurs entièrement solides de l'ovaire sont relativement rares. L'aspect solide de ces
tumeurs ne présage pas de leur bénignité ou de leur malignité. Une masse tissulaire
ovarienne présentant un signal intermédiaire en T1 et un hyposignal en T2 fait évoquer
une tumeur du groupe fibrothécal (fig 34) ou une tumeur de Brenner. Quoi qu'il en soit, le
risque de malignité conduit à l'exérèse.

Tumeurs ovariennes non caractéristiques

De nombreuses tumeurs ovariennes apparaissent comme des masses liquidiennes, plus ou


moins cloisonnées, à paroi plus ou moins épaisses, contenant ou non des végétations, pour
lesquelles un diagnostic ne peut être évoqué. La distinction entre tumeur bénigne et
tumeur maligne est souvent difficile. Un contenu liquidien, en hyposignal sur les séquences
T1, en hypersignal sur les séquences T2 oriente vers le groupe des tumeurs séreuses
(cystadénome séreux, cystadénocarcinome séreux et border line) (fig 35). Une tumeur
liquidienne, en hypersignal spontané sur les séquences T1, fait évoquer un contenu riche
en protéines et oriente le diagnostic vers une tumeur mucineuse (cystadénome ou
cystadénocarcinome mucineux) (fig 36). Certains critères font évoquer le caractère malin
d'une masse ovarienne : aspect multiloculaire, bilatéralité, parois épaisses, cloisons
épaisses, pourcentage liquide-solide faible, végétations externes ou internes). Parmi les
critères les plus évocateurs de malignité, on retient principalement :

la présence de nodules ou de végétations dans les parois ou les cloisons de la


tumeur ;
une paroi tumorale ou une cloison mesurant plus de 3 mm d'épaisseur ;
une portion solide importante ;
la présence de nécrose dans le tissu solide.

L'enjection de produit de contraste permet de mieux reconnaître les zones de nécrose, et


les parties solides rehaussées de la tumeur (fig 37). En pondération T2, les portions
tissulaires de la tumeur, comme les végétations, apparaissent en hypersignal ou en signal
intermédiaire. Ces zones sont rehaussées par le gadolinium .

Bilan d'extension du cancer de l'ovaire

L'IRM permet d'apprécier l'extension tumorale aux organes pelviens (fig 38). Les implants
péritonéaux abdominaux ou pelviens seront recherchés sur les séquences pondérées en T2
et sur les séquences T1 avec suppression de graisse et injection de gadolinium [10].
L'existence d'une ascite, non spécifique, constitue cependant un facteur prédictif important
de malignité, tout comme la découverte d'adénomégalies.

En pratique, si le bilan d'extension reste essentiellement chirurgical, l'IRM pratiquée avant


l'intervention permet d'établir un planning chirurgical plus précis, et d'éviter une
laparotomie inutile, en particulier chez les patients présentant un risque opératoire élevé.
Pour rechercher d'éventuelles adénopathies rétropéritonéales, le scanner, de réalisation
plus facile, est généralement préféré à l'IRM.

Après l'intervention, l'IRM permet de surveiller l'efficacité de la chimiothérapie. Le second


look devient inutile en cas de lésion stable ou aggravée, la laparotomie restant nécessaire
en cas de négativité de l'IRM.

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PATHOLOGIE TUBAIRE
Infections tubaires aiguës

La clinique et l'échographie conduisent dans la majorité des cas au diagnostic. En cas de


difficulté, l'IRM permet de reconnaître un pyosalpinx sous forme d'une image annexielle,
souvent bilatérale, tubulaire, à contenu paraliquidien, en signal intermédiaire sur les
séquences T1 et en hypersignal sur les séquences T2, se rehaussant en périphérie après
injection de gadolinium.

Actinomycose tubo-ovarienne

Cette infection spécifique entraîne la formation d'un abcès tubo-ovarien évoluant de façon
subaiguë et se présentant comme une masse annexielle pseudotumorale. L'IRM permet
d'évaluer l'extension de cette lésion le plus souvent très invasive.

Pseudokystes péritonéaux

Des adhérences péritonéales peuvent apparaître dans les suites d'une infection subaiguë
ou chronique, entraînant la formation de pseudokystes péritonéaux. Un épanchement
péritonéal cloisonné peut donner un aspect trompeur de kyste multiloculaire se moulant
sur les organes de voisinage.

Les coupes d'IRM pratiquées dans différents plans précisent la topographie de cette
collection, et la différencient d'un authentique kyste ovarien (fig 39).

Tumeurs de la trompe

L'aspect de ces lésions, très rares, n'est pas spécifique. L'IRM retrouve une masse
annexielle solide, séparée de l'ovaire, et apporte son concours à l'évaluation de l'extension
locorégionale

Torsion d'annexe

Le contexte clinique associé au doppler couleur qui ne retrouve pas de flux dans l'ovaire,
oriente le diagnostic. En cas de torsion incomplète, le tableau est trompeur. En IRM, un
ovaire globalement augmenté de volume, entouré d'un hypersignal oedémateux sur les
séquences T2, peut faire évoquer le diagnostic.

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MASSES PELVIENNES NON GYNÉ COLOGIQUES

Certaines masses pelviennes peuvent simuler, en échographie, une tumeur d'origine


utérine ou ovarienne (méningocèle, lipome présacré, chordome, lymphome
rétropéritonéal, kystes congénitaux, tumeurs digestives, masses inflammatoires, etc).

Avant toute décision chirurgicale, il apparaît fondamental de préciser la situation intra- ou


rétropéritonéale d'une masse pelvienne. Cette précision représente un atout majeur de
l'IRM par rapport à l'échographie toujours pratiquée en première intention.
L'IRM bénéficie aujourd'hui d'une place privilégiée dans l'exploration du pelvis féminin,
même si elle ne constitue pas encore un examen de pratique courante, en raison de son
coût élevé (quatre à cinq fois le coût d'une échographie en 1997) et d'un accès difficile aux
machines. La quasi-totalité des malformations congénitales peut être reconnue. L'IRM
apporte une cartographie préopératoire précise des léiomyomes utérins. L'adénomyose
présente une sémiologie typique. L'IRM est devenue incontournable dans le bilan
d'extension des cancers du col et de l'endomètre. En cas de tumeur ovarienne maligne,
une évaluation d'extension locorégionale précise permet d'établir un planning
préchirurgical, et parfois d'éviter une seconde intervention après traitement.

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Fig 1 :
Fig 1 :

Aplasie utérine bilatérale. On ne retrouve pas d'utérus entre la vessie et le rectum.

A. Axial T2.

B. Sagittal T2.

Fig 2 :
Fig 2 :

Syndrome de Rokitanski-Küster-Hauser.

A. Frontal T1 : présence de deux endométriomes de reflux, en hypersignal.

B. Sagittal T2 : absence de vagin, atrésie de la région endocervicale (grande tête de flèche).


Endomètre fonctionnel hypertrophié au-dessus (flèche longue).

La zone jonctionnelle est normale (flèche courte). Endométriome de reflux (étoile).

Fig 3 :
Fig 3 :

Hématocolpos. « Masse » en hypersignal en regard du vagin correspondant à une rétention


menstruelle sur utérus bicorne bicervical avec hémivagin borgne (étoile) ; coupe frontale T2.

Fig 4 :
Fig 4 :

Utérus didelphe. Les deux cavités utérines, asymétriques, sont bien individualisées ; coupe
frontale pondérée en T2.

Fig 5 :
Fig 5 :

Utérus bicorne. Chaque cavité endométriale est entourée d'une zone jonctionnelle en
hyposignal. Tissus de signal intermédiaire, identique à celui du myomètre, séparant les deux
cavités (flèche). Coupe frontale pondérée en T2.

Fig 6 :

Fig 6 :
Utérus cloisonné total. Mesure de la longueur du septum. Coupe axiale T2 dans le plan de la
cavité utérine.

Fig 7 :

Fig 7 :

Cystocèle. Examen réalisé en poussée.

A. Sagittal T1. B. Sagittal T2.

Fig 8 :
Fig 8 :

Déchirure du muscle élévateur de l'anus à droite.

A. Frontal T2. : perte de l'hypersignal du muscle élévateur de l'anus droit (flèche).

B. Axial T2 : le muscle élévateur de l'anus, bien visible à gauche (flèche) n'est pas retrouvé à
gauche dans ce plan.

Fig 9 :
Fig 9 :

Utérus fibromateux.

A. Sagittal T1 : utérus globuleux, fibromes non individualisables.

B. Sagittal T2 : fibromes interstitiels et sous-muqueux non remaniés en hyposignal.

Fig 10 :
Fig 10 :

Utérus fibromateux.

A. Sagittal T1 : fibromes en isosignal par rapport au myomètre, déformant les contours utérins.

B. Sagittal T2 : fibromes non remaniés en hyposignal.

C. Coronal T2.

Fig 11 :
Fig 11 :

Fibrome remanié.

A. Sagittal T2 : fibrome du fond utérin en hypersignal hétérogène.

B. Axial T1 après injection de gadolinium : fibrome moins rehaussé que le myomètre avoisinant.
Petites zones de nécrose en hyposignal.

Fig 12 :
Fig 12 :

Fibrome sous-séreux hypervascularisé.

A. Sagittal T2 : volumineuse masse sous-séreuse pédiculée, de signal hétérogène.

B. Axial T1 : vessie refoulée vers la droite.

C. Axial T1 après injection de gadolinium : fibrome hypervascularisé, plus rehaussé que le


myomètre adjacent.

Fig 13 :
Fig 13 :

Fibromes interstitiels simples et fibrome sous-séreux remanié.

A. Sagittal T1 : les contours de l'utérus sont déformés.

B. Sagittal T2 : fibromes interstitiels en hyposignal (têtes de flèche) et petit kyste de l'endocol


(flèche).

C. Coronal T2 : les fibromes interstitiels en hyposignal laminent l'endomètre. Fibrome sous-


séreux remanié en signal intermédiaire (étoile).

Fig 14 :

Fig 14 :

Fibrome sous-séreux pédiculé nécrobiosé. Le fibrome est moins rehaussé que le myomètre. Les
zones de nécrose restent en hyposignal. Ascite associée.
A. Sagittal T1 : nécrobiose centrale en hyposignal.

B. Sagittal T2 : nécrobiose centrale en hypersignal franc.

C. Axial T2.

D. Axial T1 après injection de gadolinium.

Fig 15 :

Fig 15 :

Adénomyose. Présence de deux petites foyers d'adénomyose du fond utérin se traduisant par un
élargissement de la zone jonctionnelle (têtes de flèche). Petit fibrome antérieur associé (flèche).

A. Sagittal T1.

B. Sagittal T2.

Fig 16 :
Fig 16 :

Volumineuse adénomyose de la face postérieure du fond et du corps utérin.

A. Sagittal T1.

B. Sagittal T2.

Fig 17 :

Fig 17 :
Hypertrophie endométriale en deuxième partie de cycle.

A. Sagittal T1 : le myomètre et l'endomètre sont confondus.

B. Sagittal T2 : endomètre en hypersignal (étoile) entouré de la zone jonctionnelle en


hypersignal (flèche)

Fig 18 :

Fig 18 :

Hypertrophie glandulokystique endométriale chez une patiente de 78 ans traitée par tamoxifène
pour cancer du sein.

A. Axial T1 : aspect en mie de pain typique.

B. Axial T1, injection de gadolinium : les petits kystes restent en hyposignal.

C. Sagittal T2 : kystes en hypersignal. Respect de la zone jonctionnelle.

Fig 19 :
Fig 19 :

Cancer du col de découverte fortuite stade IRM IB (flèche) : coupe sagittale T2.

Fig 20 :
Fig 20 :

Cancer du col utérin étendu au tiers supérieur du vagin.

A. Sagittal T1.

B. Sagittal T2.

Fig 21 :
Fig 21 :

Cancer du col. Conservation du pourtour fibreux du col (stade IRM IB) (flèche).

A. Axial T2.

B. IRM de la pièce opératoire, séquence pondérée en T2.

Fig 22 :
Fig 22 :

Cancer du col. Effacement du liseré d'hyposignal du col signant un envahissement des


paramètres (flèche) : coupe axiale T2.

Fig 23 :
Fig 23 :

Néoplasie de l'endomètre. La zone jonctionnelle est respectée (stade IRM IA) : coupe axiale T2
perpendiculaire au corps de l'utérus.

Fig 24 :
Fig 24 :

Cancer endométrial du fond utérin. Envahissement de la moitié de l'épaisseur du myomètre en


regard de la face antérieure du fond utérin (flèche).

A. Sagittal T1.

B. Sagittal T2.

Fig 25 :

Fig 25 :

Néoplasie de l'endomètre. Effraction de la zone jonctionnelle, extension dans le myomètre


jusqu'à la séreuse (stade IRM IIIA) : coupe coronale T2 perpendiculaire au grand axe de
l'utérus.

Fig 26 :

Fig 26 :

Cancer de l'endomètre avec extension au myomètre profond. Le fond de la tumeur en


hypersignal sur les séquences T2 affleure la séreuse à moins de 5 mm.

A. Sagittal T1.

B. Coronal T2.
C. Axial T1 : après injection de gadolinium et saturation du signal de la graisse, la tumeur est
moins rehaussée que le myomètre sain.

Fig 27 :

Fig 27 :

Volumineux kyste simple (7 L) développé aux dépens du ligament large (ovaire normal visible
sur les coupes plus latérales).

A. Sagittal T1.

B. Sagittal T2.

Fig 28 :
Fig 28 :

Cystadénome séreux ovarien simple.

A. Sagittal T1.

B. Sagittal T2.

Fig 29 :

Fig 29 :

Volumineux endométriome avec saignement récent sur les deux types de séquences. Présence
de caillots dans sa partie postérieure.
A. Sagittal T1.

B. Sagittal T2.

Fig 30 :

Fig 30 :

Endométriose ovarienne droite avec aspect typique d'image en « miroir » entre le T1 et le T2,
témoignant de saignements d'âges différents.

A. Frontal T1.

B. Frontal T2.

Fig 31 :
Fig 31 :

Endométriose ovarienne : image en « miroir ».

A. Sagittal T1.

B. Sagittal T2.

Fig 32 :

Fig 32 :

Volumineux kyste dermoïde à contenu essentiellement graisseux (hypersignal en T1 et en T2


annulé par la séquence en suppression de graisse). Masse de Rokitanski inférieure et
postérieure (flèche).

A. Axial T1.

B. Frontal T2.

C. Axial T1 avec suppression de graisse et injection de gadolinium.

Fig 33 :
Fig 33 :

Kyste dermoïde ovarien droit avec niveau graisse-liquide. Pour mémoire, kyste arachnoïdien
postérieur à gauche.

A. Axial T1.

B. Axial T2 : image en « miroir » par rapport à la séquence T1.

C. Axial T2 avec suppression de graisse : le signal du contingent graisseux supérieur est annulé

Fig 34 :

Fig 34 :

Volumineux fibrome ovarien.

A. Sagittal T1 : masse médiane en signal intermédiaire.

B. Sagittal T2 : masse en hyposignal avec remaniements oedémateux en hypersignal. Petit


épanchement péritonéal associé.

Fig 35 :
Fig 35 :

Cystadénocarcinome séreux ovarien gauche. Volumineuse lésion liquidienne avec fines cloisons.
Ascite. Pas de signe franc d'envahissement local.

A. Axial T1.

B. Axial T2.

Fig 36 :
Fig 36 :

Cystadénome mucineux. Cloison intrakystique et logettes liquidiennes de concentration


protéique différente.

A. Sagittal T1.

B. Sagittal T2.

Fig 37 :

Fig 37 :

Cystadénocarcinome séreux de l'ovaire gauche. Masse liquidienne et tissulaire para-utérine


gauche à parois épaisses, rehaussées par le gadolinium. Fibromes utérins calcifiés restant en
hyposignal franc sur toutes les séquences.

A. Axial T1.

B. Axial T1 après injection de gadolinium.

C. Axial T2 avec saturation du signal de la graisse.

Fig 38 :
Fig 38 :

Cystadénocarcinome de l'ovaire gauche. Volumineuse tumeur hétérogène rehaussée par le


produit de contraste, avec contact contre l'utérus et les anses digestives pelviennes. Ascite.
Épaississement péritonéal. Pour mémoire, volumineux fibrome utérin non compliqué (étoile).

A. Sagittal T1.

B. Axial T1.

C. Axial T1 après injection de gadolinium.

D. Sagittal T2.

Fig 39 :
Fig 39 :

Pseudokyste péritonéal : épanchement péritonéal cloisonné au sein duquel flotte l'ovaire.

A. Frontal T2.

B. Sagittal T2.
¶ 34-620-A-10

IRM du cancer du col utérin


A. Thille, F. Kridelka

Le cancer du col utérin est la néoplasie gynécologique la plus fréquente chez la femme de moins de
50 ans. Depuis une quinzaine d’années l’imagerie occupe une place majeure dans la prise en charge de
cette pathologie, en particulier depuis l’avènement et le développement de l’imagerie par résonance
magnétique (IRM). En effet, cette technique permet de recueillir des informations capitales dans le bilan
d’extension locorégional. Son rôle, une fois le diagnostic clinique établi, devra déterminer la topographie
et la taille de la lésion, son extension cervicale, paramétriale ou viscérale ainsi que l’envahissement
ganglionnaire, éléments nécessaires à la stadification de la tumeur.
© 2007 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Mots clés : Col utérin ; Cancer ; Imagerie ; IRM

Plan dans le monde. Environ 500 000 nouveaux cas de formes


invasives sont recensés chaque année, ce qui représente 15 %
des tumeurs malignes diagnostiquées chez la femme [1].
¶ Introduction 1
Le cancer du col atteint plus souvent les femmes jeunes et de
¶ Rappel anatomique 1 classes sociales défavorisées.
Col utérin 1 La moyenne d’âge au moment du diagnostic est de 50 ans.
Paramètre 2 Les facteurs de risques intervenant dans son développement
Drainage lymphatique 2 sont la précocité des premiers rapports sexuels, la multiplicité
¶ Stadification de la tumeur 3 des partenaires sexuels, la multiparité, le tabac (cigarette), et
¶ Techniques d’exploration 4 certaines maladies sexuellement transmissibles. Parmi celles-ci il
Lymphographie 4 ressort que certaines souches de HPV (human papillomavirus)
Échographie 4 constituent le facteur de risque principal [2].
Scanner 4 Les facteurs pronostiques sont le grade histologique de la
Tomographie par émission de positons 4 tumeur, la localisation par rapport au col (endocervical versus
Lymphatic mapping (ou technique du « ganglion sentinelle ») 4 exocervical), le volume tumoral, la profondeur d’invasion du
IRM 4 stroma, l’extension vers les tissus adjacents et l’envahissement
ganglionnaire au moment du traitement.
¶ Interprétation 5
Cliniquement, les symptômes principaux sont les saigne-
Identification de la lésion 5
ments et les pertes vaginales. L’examen clinique du pelvis peut
Mesure et détermination du volume tumoral 5
démontrer une tumeur à composante plus ou moins nécrotique
Topographie de la lésion 5
et hémorragique.
Invasion paramétriale 5
Chez un certain nombre de patientes, l’examen du col au
Invasion du vagin 7
spéculum peut être normal si la tumeur est endocanalaire et
Invasion vésicale 7
dans ce cas la détection de la lésion est basée sur la cytologie
Infiltration rectale 8
(coloration de Papanicolaou). Dans le cas des masses visibles et
Invasion urétérale 8
hétérogènes le diagnostic repose sur la biopsie. Les premiers
Invasion de la paroi pelvienne 8
renseignements cliniques concernant l’envahissement local de
Invasion lymphatique 9
la tumeur sont donnés par un toucher bimanuel du vagin et du
¶ Suivi post-thérapeutique 9 rectum [2].
Aspects post-thérapeutiques normaux 9 .
Une fois le diagnostic de cancer du col utérin établi, l’image-
Évaluation du traitement 9 rie a pour but d’évaluer l’extension locale et régionale de la
Complications 10 tumeur.
Diagnostic des récidives 11
¶ Conclusion 11 ■ Rappel anatomique
Col utérin
■ Introduction Il mesure entre 2 et 4 cm et dérive embryologiquement du
système mullérien. Il est composé de deux portions appelées
La néoplasie du col utérin est par ordre de fréquence la l’endocol et l’exocol, ce dernier protrusant dans le vagin (lèvres
deuxième des causes de mortalité par cancer chez la femme cervicales).

Radiodiagnostic - Urologie-Gynécologie 1
34-620-A-10 ¶ IRM du cancer du col utérin

3
Corps
2

Col

Fornix vaginal
1

Vagin

Figure 1. Schéma de l’utérus et du vagin. Le col est constitué de deux


différents types d’épithélium : un épithélium malpighien et un épithélium
glandulaire. À la jonction de ces deux structures (tête de flèche) se
développent la plupart des lésions néoplasiques. 1. Épithélium épider-
moïde ; 2. épithélium glandulaire ; 3. endomètre.

Figure 3. Col normal en pondération T2. Coupes sagittales (A), coupes


axiales transverses (B). 1. Muqueuse cervicale ; 2. cintre fibreux péricervi-
cal ; 3. stroma cervical.

“ Point important
Aspect en IRM du cancer du col utérin
T2 : légèrement hyperintense et hétérogène.
T1 : iso-intense.
T1 après injection de gadolinium :
Figure 2. Coupes sagittales en pondération T1 après injection de
• précoce = hyperintense ;
gadolinium. La jonction entre l’épithélium malpighien et glandulaire (*)
• tardif = hypo-intense par rapport aux tissus avoisinants.
est le point de départ de la plupart des néoplasies.

L’exocol est tapissé par un épithélium malpighien et l’endo-


col par un épithélium de type glandulaire. Paramètre
La zone de jonction entre ces deux structures est le point de Le paramètre est une zone anatomique limitée en dedans par
départ de la plupart des cancers du col (Fig. 1, 2). Elle est le rebord externe du col et du vagin, en dehors par le muscle
exophytique chez la femme jeune mais avec l’âge et du fait releveur de l’anus et sa limite postérosupérieure se situe au
d’un phénomène de sclérose physiologique du col, elle vient se niveau du croisement de l’uretère et de l’artère utérine, là où le
localiser dans le canal endocervical, rendant l’accessibilité des péritoine se récline. Sa limite antérieure est l’aponévrose
lésions plus difficile à l’examen clinique ou à l’examen ombilicale et sa limite postérieure est le ligament rectal latéral
colposcopique. et/ou le ligament utérosacré (Fig. 1).
L’isthme est la portion utérine située entre le corps et le col Ce qui est appelé communément « paramètre » correspond en
dont il est séparé par l’ostium interne (à hauteur de l’émergence fait à la région située autour du myomètre inférieur (paramètre
de l’artère utérine). L’isthme est entouré par un tissu péricervical réel), autour du col (paracervix) et autour du vagin
contenant latéralement les ligaments cardinaux, antérieurement (paravagin) [3].
les ligaments vésico-utérins et postérieurement les ligaments Du point de vue histologique il s’agit d’un tissu conjonctif
utérosacrés [3]. lâche, riche en vaisseaux sanguins et lymphatiques.
L’IRM restitue particulièrement bien l’anatomie fine du col En IRM les plans d’étude optimaux sont le plan axial trans-
(Fig. 3). En pondération T1 le col apparaît comme une zone iso- verse et le plan frontal (Fig. 4).
intense et homogène, parfois concentrique [4]. En revanche, en En pondération T2 il apparaît spontanément hyperintense du
pondération T2 on distingue très clairement trois couches fait de sa riche vascularisation.
concentriques [4-6] : L’étude du paramètre ne se fera pas en saturation de graisse
• une couche centrale hyperintense, correspondant à la (surestimation de l’invasion) [7, 8].
muqueuse cervicale ; L’intérêt des séquences en pondération T1 avec injection
• une couche intermédiaire hypo-intense, correspondant au dynamique de gadolinium est très débattu [2, 7, 9-13].
cintre fibreux péricervical ;
• une couche externe iso-intense correspondant à un stroma
fibromusculaire plus lâche qui contient quelques extensions
Drainage lymphatique
des fibres myométriales (15 % des cas) [6]. Le drainage lymphatique du col se fait par quatre
L’étude en pondération T1 après injection de gadolinium voies (Fig. 5):
distingue une zone centrale hypervascularisée correspondant à • le pédicule supérieur : vers les ganglions iliaques externes ;
la muqueuse cervicale [4]. • le pédicule moyen : vers les ganglions iliaques internes ;

2 Radiodiagnostic - Urologie-Gynécologie
IRM du cancer du col utérin ¶ 34-620-A-10

Tableau 1.
Classification FIGO et TNM des cancers du col utérin.

4 FIGO TNM

5 0 Carcinome in situ ou carcinome intraépithélial Tis


6 I Carcinome strictement limité au col utérin T1
IA Carcinome préclinique T1a
(A1 invasion microscopique ≤ 3 mm en profondeur T1a2
et ≤ 7mm en surface)
IB Lésion > IA2 vue cliniquement ou non T1b
IBI ≤ 4 cm T1b1
IB2 > 4 cm T1b2
II Carcinome franchissant les limites du col sans dépasser le T2
tiers supérieur du vagin ou atteindre la paroi pelvienne
1
IIA Carcinome étendu ou non étendu au tiers supérieur du T2a
2 vagin, sans extension aux paramètres
3 IIB Carcinome étendu aux paramètres, sans atteindre la paroi T2b
pelvienne
III Carcinome atteignant les deux tiers inférieurs du vagin T3
et/ou la paroi pelvienne et/ou entraînant un retentisse-
ment sur le haut appareil urinaire
IIIA Carcinome étendu aux deux tiers inférieurs du vagin sans T3a
Figure 4. Illustration du paramètre droit (en violet). Celui-ci est limité atteindre la paroi pelvienne
en dedans par le bord externe de l’utérus, du col et du vagin, en dehors IIIB Carcinome atteignant la paroi pelvienne et/ou s’accompa- T3b
par le releveur de l’anus et sa portion postérosupérieure se situe au niveau gnant d’une hydronéphrose ou d’un rein non fonctionnel
du plan de croisement de l’uretère et de l’artère utérine. 1. Utérus. 2. IV Carcinome étendu au-delà de l’appareil génital T4
Vagin. 3. Muscle releveur de l’anus. 4. Artère iliaque interne. 5. Artère IVA Extension à la paroi vésicale ou rectale ou au-delà de la
utérine. 6. Uretère. cavité pelvienne
IVB Métastases
Sans atteinte ganglionnaire
• le pédicule postérieur : vers les ganglions présacrés ;
• le pédicule inférieur : vers les ganglions inguinaux. Avec atteinte ganglionnaire
N
L’atteinte ganglionnaire régionale ne peut être mise en NX
■ Stadification de la tumeur évidence
Pas d’atteinte ganglionnaire N0
D’un point de vue histologique on distingue deux grands Atteinte ganglionnaire régionale N1
types de lésions néoplasiques : l’épithélioma du col, le plus
M
fréquent (approximativement 90 % des cas) et l’adénocarcinome
(5 à 10 % des cas). Les métastases à distance ne peuvent être évaluées MX
En IRM, ils présentent un signal légèrement différent : en Absence de métastase à distance M0
effet, l’adénocarcinome est légèrement plus intense que l’épi-
thélioma en pondération T2 [2, 14].
Il est capital de procéder à une stadification précise de la
lésion néoplasique, ce qui permet le traitement le plus adapté l’envahissement de la paroi pelvienne et la présence d’adénopa-
et par conséquent une diminution de la mortalité du cancer [15]. thies pelviennes ou rétropéritonéales [2].
L’examen clinique peut être difficile (topographie endocervi- Il existe deux stadifications des cancers du col utérin : la
cale de la lésion ...) et est peu fiable pour des notions telles que classification FIGO et la classification TNM (Tableau 1).

Figure 5. Schéma des aires ganglionnaires


pelviennes et lomboaortiques. Les ganglions
verts correspondent au premier relais ganglion-
Aorte naire et les violets au second relais ganglion-
naire.

Présacré Iliaque commun Présacré

Iliaque interne

Iliaque externe

Iliaque externe

Inguinal Paramétrial

Obturateur

Paracervical

Radiodiagnostic - Urologie-Gynécologie 3
34-620-A-10 ¶ IRM du cancer du col utérin

La Fédération Internationale de Gynécologie-Obstétrique Tomographie par émission de positons


(FIGO) a proposé un système de stadification tumorale basé sur
une série d’examens et d’explorations. Ils sont supposés être La TEP au FDG (<18 F> fluoro-2-déoxy-D-glucose) est une
réalisables dans n’importe quel centre dans le monde, même si technique d’évaluation de l’activité métabolique. La TEP a une
ceux-ci sont dépourvus de matériel diagnostique perfectionné haute sensibilité et une haute spécificité de détection des
(scanner, IRM, tomographie à émission de positons [TEP]...) [16]. adénopathies métastatiques et des lésions néoplasiques, en
Les explorations reconnues par la FIGO sont : l’examen particulier dans les cas de récidives tumorales.
clinique des organes pelviens, les tests de laboratoire de base La TEP au FDG détecte plus fréquemment les anomalies
(taux d’hémoglobine, fonction hépatique et rénale), la radiogra- ganglionnaires que le scanner et il y a une forte corrélation
phie des poumons, l’urographie intraveineuse, la cystoscopie, la entre les découvertes de la TEP et le taux de survie des
rectoscopie et le lavement baryté pour les patientes présentant patients [21, 31, 32].
de volumineuses tumeurs.
Cette méthode tend cependant à sous-évaluer le stade réel de Lymphatic mapping (ou technique
la lésion déjà pour les petits stades et cela s’accentue pour les du « ganglion sentinelle »)
stades plus élevés [17-20].
De plus, à l’intérieur d’un même stade les pronostics peuvent Cette technique lymphoscintigraphique consiste en l’injec-
être très différents. tion péritumorale d’un radionucléide qui ira marquer le premier
La classification TNM (Tumor-Node-Metastase) propose elle une relais ganglionnaire détecté par une gamma caméra.
stadification tenant compte de la tumeur, mais également de Lors de la dissection chirurgicale, si le ganglion n’apparaît pas
l’envahissement ou non de ganglions et de métastases à envahi, il ne sera pas nécessaire de réaliser une lymphadénec-
distance [21]. tomie complète. Dans le cas contraire, celle-ci devra être
poursuivie de façon classique [33].

■ Techniques d’exploration IRM


Plusieurs examens peuvent apporter des indications icono- L’IRM, technique non irradiante, obtient un excellent
graphiques, voire fonctionnelles dans le bilan d’extension des contraste spontané des tissus pelviens, une très bonne résolu-
cancers du col utérin. tion spatiale et une étude dans les trois plans de l’espace.
Cette imagerie peut être complétée en pondération T1 par
l’injection d’un contraste (chélate de gadolinium), qui permet
Lymphographie éventuellement les études dynamiques.
Actuellement cette technique n’est presque plus pratiquée. De nombreux travaux ont démontré la supériorité de l’IRM
Elle permet de diagnostiquer les invasions ganglionnaires avec sur les autres techniques d’imagerie dans le bilan d’extension du
une sensibilité de 28 à 83 %, et une spécificité de 47 à cancer du col utérin.
100 % [21] . Elle reconnaît la taille exacte du ganglion, son Des séquences spéciales permettent d’affiner le diagnostic :
architecture interne mais ne visualise que les aires inguinales, séquences en suppression de graisse, séquences dites « urogra-
iliaques externes et primitives, ne donnant aucune information phiques », ...
à propos des aires ganglionnaires iliaques internes, obturatrices Hricak a également démontré l’intérêt économique de
ou présacrées. l’IRM dans le bilan d’extension d’un cancer du col par la
diminution de toute une série de tests, d’examens ou d’explo-
rations chirurgicales invasives [15, 34].
Échographie
Le rôle de l’échographie se limite essentiellement à visualiser
Contre-indications et précautions
la lésion quand cela est possible, à déterminer sa taille et celle Il n’y a pas de contre-indication particulière à l’examen du
du col ou à différencier le cancer d’autres masses utérines pelvis en IRM si ce ne sont les contre-indications classiques
(fibromes...). (claustrophobie, implant métallique, pacemaker, ...).
Elle est surtout utile pour confirmer une obstruction urinaire
dans les stades avancés. Le doppler ne semble apporter aucune Choix de l’antenne
information complémentaire significative. Le développement Les antennes de surface (Phased-array Coils) sont supérieures
futur d’agents de contraste échographique pourra peut-être aux antennes corps entier (Body Coils) [35].
donner plus d’information sur la vascularisation de la DeSouza affirme que les sondes endovaginales apportent des
tumeur [21]. informations plus fiables sur la tumeur [18, 36-38].
La voie transvaginale est plus informative que la voie trans- Les antennes endorectales améliorent la visualisation des
abdominale [22] et pourrait avoir un certain intérêt pour petites tumeurs, mais ne semblent pas améliorer de façon
l’envahissement des paramètres [21, 23]. significative la performance globale de l’IRM dans l’invasion
paramétriale [39, 40].
Scanner L’opacification endorectale ou endovaginale n’a pas une
grande utilité.
Malgré le développement récent des scanners spiralés et
multibarrettes, la tomodensitométrie souffre toujours d’un Réduction des artefacts
manque de contraste spontané des tissus viscéraux pelviens,
même si ce problème est quelque peu amélioré par l’injection Les artefacts de mouvements doivent être supprimés au
intraveineuse d’agents iodés. maximum. Pour ce faire, l’utilisation de bandes de présaturation
Il s’agit d’une technique ionisante et les risques de réaction de part et d’autre de la zone explorée est conseillée.
aux produits de contraste iodés, même si moins fréquents Les mouvements respiratoires sont diminués par la pose de
depuis l’avènement des formes iso-osmolaires, sont toujours sacs de sable sur l’abdomen ou éventuellement par l’installation
bien rée

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