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MISE AU POINT

Coroscanner en pratique :
mise au point
Multislice coronary tomography: state of the art
A. Bellemain-Appaix*, J.P. Batisse*

L
e scanner coronaire multibarrette a connu un l’hospitalisation. Il doit être utilisé dans un envi-
essor rapide au cours des dernières années, ronnement adapté : système de synchronisation
principalement lié aux progrès techniques ECG, consoles d’acquisition et de post-traitement,
réalisés, qui limitent l’irradiation et améliorent systèmes d’archivage, injecteur bi- ou triphasique
les performances diagnostiques de l’examen. de produit de contraste iodé – bolus de produit de
De nombreuses publications ont permis de mieux contraste puis lavage à 50 % dilué avec du sérum
préciser sa place dans l’arsenal diagnostique dont physiologique ± lavage final au sérum pur afin de
on dispose aujourd’hui, et elles ont rendu possible laver les cavités droites –, reprographe et graveur
l’élaboration de recommandations conjointes de la CD, chariot d’urgence et défibrillateur.
Société française de cardiologie (SFC) et de la Société La réussite de l’examen dépend de plusieurs para-
française de radiologie (SFR) sur les indications mètres : le patient, la machine, l’acquisition des
reconnues et les non-indications, l’encadrement images, l’irradiation et la reconstruction des images.
médico-technique, la réalisation et l’interprétation
des données (1, 2). Dans tous les cas, il reste un
examen purement anatomique qui devra s’intégrer Le patient
dans une discussion médicale raisonnée et adaptée
à chaque patient. Le poids, le degré de calcifications coronaires et
la fréquence cardiaque (FC) du patient sont les
facteurs limitants. Il est nécessaire que celui-ci ne
Aspects techniques consomme pas d’excitants (café) dans les 12 heures
* Institut de cardiologie, centre hospi- qui précèdent l’examen et qu’il ait une fonction
talo-universitaire Pitié-Salpêtrière, L’équipement en coroscanner est soumis à une rénale correcte (clairance de créatinine supérieure
université Paris-6, Inserm CMR937,
Paris. autorisation renouvelable tous les 5 ans, et il est à 30 ml/mn). Les arythmies soutenues restent une
évalué annuellement par les agences régionales de contre-indication tout comme la grossesse et l’al-
lergie vraie aux produits de contraste. L’examen doit
Critères de sélection Coroscanner difficile être expliqué au patient, qui doit être entraîné aux
des patients ou contre-indiqué tests d’apnée (encadré I). Les bêtabloquants et les
1. Pas de prise d’excitants, jeûne non obliga- 1. Rythme irrégulier (FA, flutter, extrasystoles bradycardisants sont maintenus et complétés en
toire, continuer les bêtabloquants auriculaires et ventriculaires, bloc auriculoven- cas de FC supérieure à 70 bpm par un bêtabloquant
2. Rester immobiles triculaire) (aténolol 100 mg per os 1 heure avant l’examen ou
2. Insuffisance rénale (Cl < 30 ml/mn), myélome
3. Maintenir une apnée de 8 à 12 s 5 mg en intraveineuse lente sur la table d’examen).
multiple
4. Pas d’allergie aux produits de contraste
3. Obésité morbide (IMC > 40 kg/m²)
5. Lever possible des bras au-dessus de la
tête 4. FC > 75 bpm malgré bathmotropes –
5. Grossesse (contre-indication)
La machine
6. Voie d’abord veineuse (18 G) au pli du
coude 6. Problèmes d’audition
L’objectif est l’obtention d’une visualisation
Encadré I. Sélection des patients et contre-indications du coroscanner. complète, rapide et nette du réseau coronaire en
minimisant l’irradiation du patient. Pour cela, le

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Points forts
»» Le scanner coronaire est une technique morphologique irradiante mais dont les progrès techniques
permettent de lui donner une place dans l’arbre diagnostique du dépistage de coronaropathie.
»» Dans tous les cas, ses limites techniques doivent être connues, tout comme son utilisation privilégiée
chez les patients à risque coronaire faible à intermédiaire (forte valeur prédictive négative). Mots-clés
»» La réalisation du score calcique doit être envisagée dans le premier temps de l’examen, afin de reclasser Scanner coronaire
certains patients et de guider le reste de l’examen.
»» L’arrivée prochaine d’une analyse de flux par coroscanner (correlée à la FFR) devrait ajouter une analyse Valeur diagnostique
fonctionnelle (retentissement hémodynamique des sténoses) à l’étude morphologique. Irradiation
Score calcique

coroscanner doit posséder au moins 16 détecteurs, coïdale continue avec reconstruction synchronisée Highlights
seuil à partir duquel la valeur diagnostique est rétrospective sur l’ECG –, (figure 1). Cette dernière »» Multislice coronary tomo­
reconnue comme suffisante. La résolution spatiale est plus irradiante mais elle est obligatoire si la FC graphy (MSCT) is an anato­
dépend de l’épaisseur et de la sensibilité des détec- est supérieure à 65 bpm. Un logiciel de modulation mical and irradiant exam but
teurs, de la charge administrée par le tube (de 400 de dose est alors nécessaire (pleine dose en diastole, for which recent technical
à 600 mAs en moyenne), de l’épaisseur de coupe temps de remplissage et d’immobilité coronaire maxi- progress give him a place in
(0,5 à 0,7 mm) et des champs de vue. La résolu- maux, et dose réduite de 80 % sur les autres temps the diagnostic tree for coronary
tion temporelle dépend de la vitesse de rotation du du cycle). Le champ d’acquisition doit être réduit au artery disease screening.
tube (temps de rotation de 0,35 à 0,40 s pour une minimum nécessaire à l’étude souhaitée (plus grand si »» Nonetheless, its technical
limits must be known as its
acquisition monosegmentaire) et de la segmentation pontages). Le bolus de contraste (60 à 90 ml, concen-
preferential use in low to
(la plurisegmentation permet d’utiliser des images tration 350 à 400 mg d’iode/ml, débit de 4 à 6 ml/s intermediate coronary risk
redondantes à chaque cycle en cas de FC supérieure sur cathlon gris ou vert aux plis du bras) est détecté patients (high negative predic-
à 70 bpm). La résolution en contraste dépend du de façon manuelle ou automatique à son arrivée dans tive value).
voltage (80 à 120 kV) et du rehaussement coronaire. le tronc de l’artère pulmonaire. Le patient doit réaliser »» Calcium score should be
une apnée de 4 à 8 s lors de l’acquisition. done first to reclassify some
patients and to guide the rest
L’acquisition des images of the exam.
L’irradiation »» Imminent arrival in current
practice of the flow analysis
Les paramètres kV et mAs sont adaptés au poids et
by MSCT (correlated to FFR)
à la morphologie du patient : abaissés chez le sujet La maîtrise de la dose administrée doit être l’une should add a functional analy­-
mince, ce qui diminue l’irradiation et améliore le des principales préoccupations de l’opérateur. sis (hemodynamic significance
contraste (absorption plus élevée de l’iode à bas kV). Les progrès techniques, le contrôle du champs of a stenosis) to the morpho-
La synchronisation à l’ECG peut être prospective – d’acquisition, des mAs et des kV, l’acquisition pros- logical study.
mode séquentiel si la FC est inférieure à 65 bpm : pective et la modulation de dose ont permis une
une hélice à chaque avancée de table (mode “step- nette régression des doses, moindres que pour la Keywords
and-shoot”) –, ou rétrospective – acquisition héli- coronarographie (coronarographie diagnostique : Multislice coronary
angiography
Diagnostic value
Irradiation
Calcium score

Figure 1. Mode d’acquisition prospectif (séquentiel, à gauche) ou rétrospectif (hélicoïdal spiralé, à droite).

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Coroscanner en pratique : mise au point

3 à 10 mSv, acquisition rétrospective 8 à 16 mSv, des cas, et d’autant plus si la FC est supérieure à
avec modulation de dose 4 à 10 mSv, acquisition 75 bpm, la meilleure phase est “systolique” (30 à
prospective 2 à 6 mSv, 1 mSv avec le mode Flash de 40 % du cycle), principalement pour la coronaire
Siemens® si FC < 60 bpm). La radioprotection est droite (figure 2). Les reconstructions sont ensuite
assurée de façon contractuelle classique. largement assistées par les consoles, qui varient
selon les constructeurs mais qui procèdent toujours
sur un mode volumique (Volume Rendering [VR])
La reconstruction des images pour l’anatomie globale avant de reconstruire en 3D
l’arbre coronaire et d’analyser chaque vaisseau en
L’étape essentielle est le choix de la phase de remplis- MIP (Maximal Intensity Projection) et en explora-
sage maximal des coronaires et d’immobilité des tion curvilinéaire. La fonction du ventricule gauche
structures cardiaques, le plus souvent obtenue en (VG) [volumes, cinétiques segmentaire et globale],
diastole (60 à 80 % du cycle cardiaque). Dans un quart les valves, l’aorte et le péricarde sont également
analysés. Dans tous les cas, l’analyse des structures
extracardiaques accessibles dans le champ d’acquisi-
tion doit être réalisée pour ne pas passer à côté d’une
anomalie “de rencontre” (thorax, artères pulmonaires,
Phase Phase télésystolique os, seins, etc.) qui s’observe dans 5 % des examens.
mésodiastolique

Valeur diagnostique du scanner


coronaire
Le caractère anatomique pur et la forte valeur prédic-
tive négative sont les 2 caractéristiques essentielles
du coroscanner, sur lesquelles reposent les indications
actuellement validées de cet examen. Sa sensibilité
(Se), sa spécificité (Spe), ses valeurs prédictives
positive (VPP) et négative (VPN) sont fonction du
nombre de détecteurs, de la probabilité prétest d’at-
teinte coronaire (plus elle est faible, plus la spécifi-
Figure 2. Phases d’immobilité maximale des coronaires selon la fréquence cardiaque. cité et la VPN de l’examen sont bonnes), du vaisseau
étudié (natif, stent, pontage), et selon que l’analyse
est réalisée par patient, par artère ou par segment.
Tableau. Sensibilité, spécificité, valeurs prédictives positive et négative de l’angioscanner coro-
naire. Les données sont rapportées en fonction du nombre de barrettes, de la probabilité prétest Le tableau résume les valeurs issues des dernières
de la maladie coronaire athéromateuse et de l’analyse par segment ou par patient sur le réseau publications pour chaque cas.
coronaire natif, sur les pontages aorto-coronaires et sur les stents.
Se (%) Spe (%) VPP (%) VPN (%)
F. Pugliese et al. (3) 4 barrettes 57 91 60 90 Indications du scanner
K. Nieman et al. (4)
N.R. Mollet et al. (5)
16 barrettes
64 barrettes
95
99
86
95
80
76
97
100
cardiaque
W.B. Meijboom et al. (6) 64 barrettes
Probabilité prétest
Forte 98 74 93 89
Le score calcique
Intermédiaire 100 84 80 100
Faible 96 88 65 99
Le score calcique (ou score de quantification du
J. Abdulla et al. (7) 64 barrettes
calcium coronaire) [figure 3] a été introduit dans
Artères les années 1990 par Agatston, qui lui a donné son
Natives/segment 86 96 83 97 nom, et a été adapté du scanner à faisceau d’électrons
Natives/patient 98 91 93% 97 au scanner multicoupe employé aujourd’hui. C’est
PAC 99 96 92 99 un examen simple, peu irradiant (0,5 à 2 mSv), sans
Stents 87 96 84 97 injection de produit de contraste, ancien et validé de
PAC : pontage aorto-coronaire ; VPN : valeur prédictive négative ; VPP : valeur prédictive positive ; façon prospective en termes pronostiques. En effet,
Se : sensibilité ; Spe : spécificité. si la quantité de calcium coronaire ne prédit pas la

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Figure 3. Score calcique. Logiciel de détection (à gauche) ; tableau de valeur par artère et global (milieu) ; exemple
de plaque calcifiée en analyse de vaisseau (à droite).

présence de sténoses serrées, elle est associée au


risque d’événements cardiovasculaires de façon 1. Douleur thoracique aiguë
robuste. Un score calcique inférieur à 100 (faible) ##Indications classiques : suspicion d’embolie pulmonaire
(temps d’injection différent), dissection aortique, anévrisme
permet de confirmer un bas risque cardiovasculaire. aortique
Entre 100 et 400, le risque relatif (RR) d’événements ##Patient à faible risque, ECG normal, 2 troponines à
à 10 ans est de 4,3, et entre 400 et 999, il est de 7,2 6 heures d’intervalle négatives
(sur des populations de plus de 35 000 personnes) ; la 2. Patients à risque faible ou intermédiaire de maladie coro-
naire, stables
prévention primaire doit alors être renforcée et un test • Test d’ischémie douteux, ininterprétable, ou non réalisable
d’ischémie est recommandé ; au-delà de 1 000, le RR • Cardiopathie avec bloc de branche gauche
est de 10,8, ce qui classe le patient à très haut risque • Bilan de cardiomyopathie dilatée
cardiovasculaire, et l’injection n’est plus recommandée • Dépistage de la vasculopathie des greffés cardiaques
car la lumière artérielle est mal visualisée du fait d’un • Bilan préopératoire : valvulopathie, endocardite, anévrisme
de l’aorte
“blooming effect” important (8). Le score calcique
• Cardiopathie congénitale
est ainsi un véritable outil d’aide à la stratification du
3. Complément d’étude du tronc commun
risque, à la prise en charge et au suivi des patients ; il
• Doute ou caractérisation d’une lésion du tronc commun
permet de reclasser 30 % des patients (changement de diagnostiquée en coronarographie (calcifications, site,
catégorie de risque, le plus souvent vers un plus haut bifurcation)
risque cardiovasculaire). Il a actuellement 2 indica- • Surveillance de la perméabilité des stents du tronc
commun
tions validées aux États-Unis et en Europe (IIa-IIb B) :
4. Échec ou refus de la coronarographie
➤➤ parmi les patients asymptomatiques à risque
5. Étude de la perméabilité des pontages coronariens, ou
de Framingham intermédiaire (10 à 20 % à 10 ans), préopératoire de chirurgie redux : position des pontages
il ne doit pas être réalisé chez les patients corona- par rapport au sternum
riens connus ; 6. Anomalies coronaires spécifiques (naissance anormale,
➤➤ pour une valeur supérieure à 1 000, l’injection fistule, anévrisme)
d’iode et la poursuite du coro­scanner doivent être 7. Anomalies de cavités cardiaques (thrombus, tumeurs,
malformation, etc.)
discutées.
8. Anomalies des gros vaisseaux (anévrisme de l’aorte,
tumeurs, etc.)
9. Anomalies du péricarde (épanchement, calcifications,
L’angioscanner coronaire : indications kyste, etc.)
et valeurs pronostiques 10. Étude des veines coronaires avant stimulation multisite
11. Étude des veines pulmonaires avant ablation de la
L’encadré II résume les principales indications coro- fibrillation auriculaire par radiofréquence
naires et extracoronaires issues des dernières recom- 12. Évaluation de l’aorte et des coronaires avant la pose
d’une prothèse aortique percutanée (TAVI)
mandations de 2010, coéditées par la SFC et la SFR.
13. Analyse du myocarde : fonction cardiaque et rehausse-
Les indications du scanner coronaire avec injection ment tardif
(coroscanner) évoluent dans le temps au gré des
grandes études prospectives qui affinent sa place Encadré II. Indications du scanner cardiaque en
2011, issues des recommandations SFC/SFR 2010 ;
dans la prise en charge des patients suspects ou d’après (1).
atteints de pathologie coronaire.

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Coroscanner en pratique : mise au point

Seules seront détaillées ci-dessous les indications à la coronarographie lorsque l’origine ischémique est
coronaires. peu probable. Dans ce cas, la fiabilité par patient est
de 95 % avec une VPN de 98 %. Les facteurs limi-
tant sont : un rythme sinusal obligatoire avec une FC
La douleur thoracique aiguë acceptable et l’absence de calcifications massives ;
− un dépistage annuel de la coronaropathie du
Il est évident que le scanner ne doit pas rentrer dans la greffon chez les patients transplantés cardiaques :
prise en charge des patients à risque cardiovasculaire dans ce cadre, le coroscanner a des valeurs diagnos-
intermédiaire ou élevé, qui relèvent d’une prise en tiques correctes comparativement à la coronaro-
charge classique et urgente en unité de soins inten- graphie et à l’intravasculaire ultrasonore (IVUS)
sifs cardiologiques ; le coroscanner est une aide au [Se = 70 % ; Spe = 92 % ; VPP = 89 % ; VPN = 77 %]
diagnostic par sa forte VPN dans les cas de patients malgré des FC parfois élevées chez des patients
à faible risque avec un ECG normal et 2 troponines à au cœur dénervé peu répondeurs aux bêtablo-
6 heures d’intervalle négatives. Le “Triple-ruled-out” quants (10). Pour le traitement endovasculaire et
est un protocole d’injection avec une acquisition scan- la suite de la prise en charge, la coronarographie
nographique entre le temps veineux et le temps artériel doit être préférée lorsque des anomalies sont mises
qui permet d’éliminer embolie, dissection aortique en évidence ;
et coronaropathie dans un même examen avec une − un bilan préopératoire : le coroscanner a une bonne
bonne valeur diagnostique (9) [figure 4] ; cette spéci- fiabilité dans l’élimination des coronaropathies en
ficité doit être précisée au radiologue avant injection. préopératoire de chirurgie valvulaire (Se = 100 % ;
Spe = 92 % ; VPP = 82 % ; VPN = 100 %), toutes
valvulopathies comprises (11). Plus spécifiquement,
Les patients à risque faible ou il permet d’éviter 80 % de coronarographies “blanches”
intermédiaire de maladie coronaire en préopératoire de rétrécissement aortique, à condi-
stables tion de ne pas injecter si le score calcique est supé-
rieur à 1 000, toute interprétation étant alors peu
Le coroscanner doit, dans ce cadre, être un outil de stra- fiable (12) ; de même, il évite 70 % de coronarographies
tification du risque. Ce groupe de patients comprend : en préopératoire d’insuffisance aortique chronique,
− les cas d’angors stables ou ayant des douleurs avec une VPN de 100 % (13). Le bilan préopératoire
atypiques avec des tests fonctionnels impossibles à de chirurgie extracardiaque est contestable chez les
réaliser ou non contributifs et un ECG ininterprétable ; patients à risque modéré à élevé, le bénéfice de revas-
− les cas de cardiopathies avec bloc de branche gauche : cularisation dans ce cas n’étant pas démontré.
le bloc de branche gauche est associé à une surmorta-
lité cardiaque, surtout lorsqu’il est associé à une corona-
ropathie ; une coronarographie est recommandée dans Le complément d’étude du tronc
ce contexte. Le coroscanner offre une alternative fiable commun gauche
(Se et Spe > 95 %) qui permet, dans ce cas, d’éviter
50 % des coronarographies faites dans cette indication ; La revascularisation du tronc commun (TC) par
− un bilan de cardiomyopathie dilatée : environ deux angioplastie a trouvé sa place dans les dernières
tiers des cardiomyopathies dilatées sont d’origine recommandations de revascularisation myocardique.
ischémique, et l’étiologie en détermine le pronostic et Néanmoins, le diagnostic et le suivi peuvent être déli-
le traitement ; le coroscanner peut être une alternative cats compte tenu de la faible sensibilité des tests non

Figure 4. Triple-ruled-out, d’après (9).

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invasifs dans ce cas, et une imagerie de contrôle reste


recommandée à 6 mois. Le coroscanner peut aider
à choisir le mode de revascularisation (importance
des calcifications, lésion de bifurcation, diamètre)
mais également au suivi de la perméabilité des stents
du TC (Se = 86 % ; Spe = 100 % ; VPP = 100 % ; VPN
= 98 % si le diamètre du stent est > 3 mm) [14].
D’une façon générale, la valeur du coroscanner pour
le diagnostic de resténose intrastent est d’autant
meilleure que le diamètre du stent est supérieur à
3 mm avec les 64 barrettes ou supérieur à 3,5 mm
avec les 16 barrettes, et que l’épaisseur des barreaux
du stent est faible (< 140 µm, ce qui est le cas avec les
stents de dernière génération). Près de 90 % des stents
sont analysables lorsque ces critères sont réunis (15). Figure 5. Analyse de pontages veineux par coroscanner : sténose serrée proximale du
Le coroscanner est également une aide à la revascu- pontage saphène de l’artère interventriculaire antérieure, occlusion ostiale du pontage
saphène marginale.
larisation des occlusions coronaires chroniques hors
TC : longueur, branches collatérales, calcifications.

L’étude de la perméabilité des pontages

La perméabilité des pontages (figure 5) peut


être évaluée avec une fiabilité correcte (pontages
analysables dans 78 à 100 % des cas, Se = 97,6 % ;
Spe = 96,7 % ; VPP = 92,7 % ; VPN = 98,9 % dans
une méta-analyse de 2008 avec des scanners 16 et
64 barrettes) [16]. Néanmoins, l’analyse des anasto-
moses distales et du réseau natif est souvent difficile,
ce qui en limite l’utilité, et le champ de vue large
rend la technique irradiante.

Les non-indications Figure 6. Analyse des veines coronaires et pulmonaires.

Ce sont essentiellement l’évaluation des patients à


haut risque coronaire instable (ou avec une troponine l­’implantation de valves aortiques percutanées dans Références
positive), les tests fonctionnels positifs, les patients les évaluations aortique, artérielle périphérique et 1. Guide de bonnes pratiques et
recommandations en imagerie
asymptomatiques à faible risque (pas de dépistage des diamètres et calcifications valvulaires. cardiaque en coupes. Archives of
systématique), la caractérisation de la plaque athé- Cardiovascular Diseases 2009;vol
1(Supplément 1):7-62.
romateuse et la réalisation d’un score calcique seul 2. Appropriateness criteria for
chez le patient coronarien avéré. Conclusion the use of cardiac CT and MRI:
recommendations of the French
Society of Cardiology and French
Le scanner cardiaque et coronaire est avant tout Society of Radiology. J Radiol
Autres indications une méthode morphologique pure. Il doit donc être 2009;90(9 Pt 2):1117.
3. Pugliese F, Mollet NR, Hunink
restreint aux indications résumées ci-dessus afin de MG et al. Diagnostic performance
Elles sont rappelées dans l’encadré II, page 29 ; s’intégrer au mieux dans une stratégie optimale de of coronary CT angiography by
à noter l’excellente aide du coroscanner à la prise prise en charge du patient. Dans ces cas restreints, il using different generations of
multisection scanners: single-
en charge des patients en rythmologie comme a une très bonne fiabilité diagnostique et il permet center experience. Radiology
bilan morphologique des veines pulmonaires d’éviter un nombre non négligeable d’examens inva- 2008;246(2):384-93.
Retrouvez l’intégralité
avant ablation de fibrillation auriculaire et des sifs. Les évolutions futures sont axées sur l’amélio- des références
veines coronaires avant implantation de pacemaker ration des résolutions spatiales et temporelles tout bibliographiques sur le site :
multisite (figure 6). Il est également employé avant en minimisant l’irradiation. ■ www.edimark.fr

La Lettre du Cardiologue • n° 446 - juin 2011  |  27 


MISE AU POINT
Coroscanner en pratique : mise au point

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