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Altitude

Stéphane Chenevière
Entre deux

Introduction
Comme l’ont dit de nombreux magiciens : on arrête sou-
vent de penser trop tôt… Dans un processus de création
artistique, à partir de quel moment peut-on dire que l’on
a « abouti », que le travail est terminé ? Les peintures que
l’on voit exposées sont-elles parfaites ? Les livres que nous
lisons sont-ils réellement complètement achevés, ou pou-
vait-on les améliorer encore un peu (et celui-ci ne fait pas
exception à la règle…) ?
C’est un problème terrible pour un perfectionniste
comme moi…
Car, fondamentalement, une création humaine ne sera
jamais parfaite ; comme le disait un célèbre auteur, il arrive
un moment où il faut se décider à l’abandonner en l’état
pour pouvoir passer à autre chose et avancer…

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Stéphane Chenevière

Mon désir de perfection, frisant la pathologie pour cer-


tains, fait que je n’arrive jamais à me satisfaire de ce qui
est, et ce quel qu’en soit l’état d’avancement… Je crois que
je n’arriverai jamais à considérer quelque chose comme
pleinement achevé, surtout pas dans un tour de magie
d’ailleurs…
L’effet qui suit en est le parfait exemple…
Une première version de cet effet a été expliquée dans
le livre Les Enfants du Lys, ouvrage collectif écrit par les
membres du Collège des artistes magiciens du Poitou
(Camp). Quand j’ai décrit cet effet à l’époque, il me sem-
blait « sympa », mais quelques détails me gênaient malgré
tout… J’ai finalement corrigé les petits défauts de la pre-
mière version pour aboutir à celle qui suit, qui contient elle
aussi – j’en suis sûr – encore des imperfections…

Effet
Deux as sont posés sur la table. Une carte est choisie,
signée et perdue dans le jeu, qui est rangé dans son étui.
Cet étui est ensuite placé sur les deux as. Le spectateur
laisse sa main au-dessus de l’ensemble.
Avec juste un claquement de doigts, la sélection réussit à
traverser le jeu, l’étui, et à se retrouver entre les as…

Préparation
Deux as sont posés sur la table. L’étui est à portée de
main.

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A lt i t u d e

Présentation
Vous pouvez aborder ce tour de deux manières différen-
tes : soit vous faites choisir une nouvelle carte, soit (et c’est
l’approche que nous allons considérer dans ce qui suit)
vous enchaînez ce tour à un précédent en réalisant l’effet
avec la carte déjà choisie.
Vous venez donc de retrouver une carte. Comme le spec-
tateur pense que vous en avez fini avec cette dernière, vous
pouvez tranquillement la contrôler sous le jeu de façon
assez convaincante (au moyen n’importe quelle méthode,
mais je pense que vous pouvez vous permettre ici un saut-
de-coupe ; le spectateur verra ainsi inconsciemment que sa
carte est bien enfoncée dans le milieu du jeu).
Saisissez-vous de l’étui et rangez les cartes à l’intérieur,
sans montrer la sélection. Introduisez le jeu face vers l’ouver-
ture en demi-lune et refermez la languette non pas comme
d’habitude entre le carton et la dernière carte mais entre la
dernière carte et le reste du jeu. Aidez-vous de votre index
pour créer l’ouverture nécessaire à cette manipulation. La
sélection peut alors coulisser à l’extérieur de l’étui.
Pendant ce temps, expliquez que vous allez faire un tour
avec les deux cartes que vous venez de sortir. Vous devez
effectuer ces actions d’une manière détachée car le tour n’a
pas encore commencé.
Posez l’étui sur la table (côté demi-lune contre la table,
ouverture vers vous).
Récupérez les as sur la table et présentez-les une dernière
fois. Placez-les en main gauche, faces en bas, en position
de la donne.

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Stéphane Chenevière

Reprenez l’étui avec la main droite en le tenant comme


sur la figure 1, le pouce en contact avec la carte choisie et
les autres doigts serrés pour cacher le futur dégagement de
la sélection.

Expliquez au spectateur que vous allez avoir besoin de


son aide. Vous allez mimer ce que vous attendez de lui et
c’est là que commence le travail pour vous.
Demandez au partici-
pant d’avancer sa main
2
gauche paume en l’air.
Pour l’aider à placer sa
main dans la bonne posi-
tion, vous posez un instant
l’étui sur les as. Au cours
de ce mouvement, le petit
doigt gauche prend une
brisure entre les as, tandis
que le pouce droit sort la
sélection d’environ un
demi-centimètre (l’action
est couverte par les doigts
de la main droite, figure 2).

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A lt i t u d e

Cet enchaînement doit être très bref, mais surtout pas


précipité. En fait, on ne doit se rendre compte de rien pen-
dant cette action.
La situation est maintenant la suivante : la sélection sort
d’un demi-centimètre de l’arrière de l’étui, celui-ci est posé
bien égalisé sur les as de la main gauche, le petit doigt
gauche formant une brisure entre les as.
Votre main droite, à présent libérée, vient saisir la main
du spectateur pour la positionner correctement, parallèle
au sol et paume en l’air. Demandez au spectateur de ne
plus bouger.
En faisant mine de venir chercher les as, votre main droite
va maintenant récupérer la sélection et un as. Pour cela,
l’index et le majeur se glissent dans la brisure, en contact
avec l’as qui se trouve contre l’étui. Le pouce, lui, se place
sur la sélection qui dépasse de ce dernier Votre main droite
se dégage de l’étui emportant les cartes qu’elle tient, c’est-
à-dire la sélection et un as, et les pose sur la main du spec-
tateur.
Dans la main du spectateur se trouvent donc maintenant
un as et la sélection par-dessus. Le second as, quant à lui,
est resté bloqué par la main gauche sous l’étui.
La main droite saisit en position Biddle l’étui et l’as retenu
dessous, puis elle pose le tout sur les deux cartes qui repo-
sent sur la main du spectateur. Les deux mains égalisent
l’ensemble pour qu’aucune carte ne dépasse. Le spectateur
pose enfin sa main droite par-dessus, paume en bas.
Là, il ne vous reste plus rien à faire. La sélection est pri-
sonnière des as sous l’étui.

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Stéphane Chenevière

Comme le spectateur ne sait pas trop où vous voulez en


venir, rappelez-lui qu’il a, pendant le tour précédent, choisi
une carte. Annoncez alors fièrement que cette carte enfouie
dans le jeu, lui-même prisonnier de l’étui, va s’en échapper
et se glisser entre les as…
Faites un peu monter le suspense et demandez au specta-
teur de retirer sa main…

Commentaires
Le spectateur sera de préférence placé à votre droite pour
éviter, s’il y a d’autres personnes présentes, qu’elles ne
remarquent la position suspecte de vos doigts.
Vous pouvez faire choisir une carte au début du tour mais
il vous sera plus difficile de convaincre le public qu’elle est
au milieu du jeu. En outre, l’insertion de la languette inter-
viendra sur un temps plus fort. Il faut à ce moment-là avoir
un contrôle indiscutable…
Stéphane Chenevière est un
perfectionniste dans l’âme...
Éternel insatisfait, il ne se contente
pas des techniques existantes et
développe ses propres idées, toutes
très percutantes…

Sa magie des cartes est pure,


efficace et inédite…

Lorsque, pour la première fois, il


décide de se présenter à un
concours, c’est à un niveau
national, et bien sûr il décroche le « Le livre de Stéphane peut être
premier prix (premier prix AFAP considéré comme un travail
2001, catégorie cartomagie). magistral… »
– Carlos Vaquera
Son premier livre, aujourd’hui
devenu un classique, est à la
hauteur de son talent et de son
élégance. Avec cette seconde
édition, entièrement revue, corrigée
et nouvellement illustrée, Altitude
se rapproche des sommets…

ISBN : 978-2-914983-58-7

Prix TTC France :


35,00 €

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