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Axel Paroncini

Dans le texte de Daniel Henry Kahnweiler

Nous constatons le changement de mentalité de l'époque par la


considération d'un art africain à la place des curiosités ethnographiques
en dépit de l'éloignement des règles académiques et de la distance
culturelle entre l'Europe et l'Afrique. Nous pouvons voir notamment que
selon Kahnweiler, l'impact de l'Art nègre dans la peinture cubiste n'est
que minime. L'ensemble des innovations procurées par les avant-gardes
mène à une convergence stylistique, ceci pourrait d'ailleurs être
démontré par l'héritage pictural du fauvisme et du glissement naturel de
Braque vers le cubisme. Or, ce qui nous intéresse, c'est dans un premier
temps que l'art de Picasso et Braque ne sont pas influencés par l'art
africain, secondement, que les propos marquants que les sculptures
africaines malgré l'éloignement formel des arts occidentaux ont gagné
une valeur artistique grâce au peintre. Cela est une évolution naturelle
de l'art et ne sont aucunement liés à l'art africain.

I L'émergence du cubisme par Braque et Picasso.

Braque comme Matisse sont des fauves. Ce qui signifie que leur
peinture était focalisée sur la décomposition de la couleur et la
saturation des pigments, pour intégrer une expressivité de la couleur par
sa symbolique, tout cela en gardant une représentation disons
impressionniste. Ce qui signifie que nous constatons une plus grande
importance sur la couleur que sur la forme. Dans le livre de Cécile
Debré, page 6, nous avons : « Braque qui est parfaitement conscient du
danger du sentimentalisme dans le fauvisme et l'évite avec soin et aussi
celui des fauves qui adhèrent avec le moins d'enthousiasme à l'usage
de des tons purs, l'intensité de la palette fauve lui pose vraiment un
problème, qui le cherche à résoudre en introduisant progressivement
dans ses tableaux une gamme de gris, d'ocre et de vert. »

Nous pouvons voir que le lien entre cubisme et l'art africain n'est dû qu'à
l'inventivité et au goût de Braque envers la représentation qui est liée au
cubisme ; de plus, nous voyons une nette différence idéologique entre
cubiste et primitiviste par l'absence du côté de « l'essence culturelle »
L'essence culturelle n'est rien d'autre que tout ce qui pourrait être
rattaché à une culture, afin de la mettre en avant. Or le cubiste a la
volonté réelle de faire une scission nette avec le passé afin de créer un
art moderne, un art du « futur » qui d'ailleurs découlera plus tard vers un
cubo-futurisme, car le cubiste ne vise pas une symbolique, il ne vise pas
une attache culturelle typiquement européenne. Peut-être une émotion,
mais c'est surtout un style qui reflète en même temps une idéologie de
ces époques. Où la guerre ne tarde pas à pointer le bout de son nez et
où le but de créer une société nouvelle, un homme nouveau par une
déconstruction, une sorte de chaos originel reliant les hommes envers
ce qu'il y a de plus simple.

(Ce qui, malheureusement, avec les répercussions des idéologies du


début XXe mène à notre siècle de recherche d'identité et l'émergence
des religions néo-paganes, des xeno-genres et du progressisme
aveugle.)

Complication : Les Demoiselles d'Avignon est un tableau réponse aux


baigneuses de Matisse. Matisse met des courbes, du décor, du
chatoyant pour montrer une nouvelle voie picturale avec ses
baigneuses. Or Picasso voyant les avancées effectuées par son
compère trouva un sentiment d'inachèvement. C'est après 9 mois
d'esquisse préparatoire teinté par son goût anarchiste et contestataire
qu’il légua au monde une œuvre destinée à choquer le bourgeois

Il enleva le décor du tableau en s'affranchissant des conventions, des


lois, du réalisme, afin de permettre et de présenter ce nouveau canon
qui lui sera bien plus que prolifique.

Voici ce qu’est le cubisme, il n'est aucunement primitiviste car il n'est


pas dans la logique des cultures étrangères, il est dans la contestation
doublée par l'expérimentation stylistique. Du moins, c'est comme cela
qu'on pourrait comprendre l'émergence du cubisme, rejetant l'influence
directe de l'Afrique. Car malheureusement, il est acté que Picasso s'était
entraîné avec Matisse lors d’un exercice visant à reproduire l'art africain.
Picasso collectionnait les cartes postales coloniales, et de nombreux
fauvistes avaient une collection d'arts africains dans leur atelier.

Or, de nombreux artistes sont reconnus pour leur intérêt pour les arts
exotiques. Ce sont des artistes dits primitivistes. Et pour la question
dirigeant ce commentaire de texte, nous avons deux interprétations
possibles. Premièrement, montrer que le primitivisme n'a aucun lien
avec l'art africain. Cela serait complètement incongru, car la nature
même du nom primitiviste est issue des arts premiers. Dont nos
premiers contacts furent l'Afrique, pour la France métropolitaine puis la
Polynésie et finalement l'Amérique du Sud. Et l’art pré renaissant même
s’il est souvent oublié.

La seconde serait de montrer que les primitivistes et les cubistes ont


tous les deux convergé vers des styles similaires.

II Le primitivisme moderne

En quoi le primitivisme est similaire au cubisme :

● Le refus de la perspective
● La simplification des formes
● Utilisation de la couleur pour but symbolique.
● Un refus du réalisme.
● Une volonté de casser les codes de l'art occidental.

Or, le primitivisme a quelque chose de plus par rapport au cubisme :


c'est la volonté de s'inscrire dans un canon stylistique en dehors de
l'Europe afin de se rapprocher de l'essence primaire de sociétés
étrangères. Nous pouvons voir par exemple avec les têtes de Modigliani
une fusion entre le style typiquement européen et la statuaire africaine
par ses visages allongés. Modigliani montre par sa volonté de rejoindre
des canons d'esthétiques africain, mais l'empreinte de notre culture
européenne ne peut pas effacer. Il offre à voir une disponibilité d'un
dialogue entre deux cultures qui semblent éloignées. Cela se remarque
davantage dans ses tableaux plus récents de 1910 à 1920 où il montre
des personnes stylisées à la manière africaine, mais garde tout de
même une palette réaliste où la couleur n'est pas symbole, elle est
représentation.

Paul Gauguin, quant à lui ,fut inspiré par les canons esthétiques
polynésien. Il a d'ailleurs vécu en Polynésie française dans laquelle il se
mariera avec une insulaire, il fera de nombreux tableaux où le fond, les
couleurs et les pigmentations auront un but purement symbolique, mais
les formes rustres et marquées représentent la beauté des indigènes.

Il nommera de nombreux tableaux en polynésien, ses production les


plus connus plus que nous connaissons vairumati

C'est sûrement l'un des peintres qui aura la touche la plus éloignée du
cubisme avec ses rondeurs, les couleurs chatoyantes et le côté décoratif
que peuvent avoir ses toiles malgré l'impression de statuaire massive
des figures qu'il déploie dans l'espace.

Car après tout, le primitivisme n'est pas forcément quelque chose de


formel, il est davantage quelque chose de philosophique. Il est
l'expression la plus décomplexée d'un intérêt pour une culture étrangère
à soi-même afin de retourner dans des états d'esprit antérieurs à notre
société moderne. C'est la volonté de retrouver un instinct primaire voire
animal afin de retrouver un homme proche de la nature, de sa nature, du
sensible.

Donc, en effet, les primitivistes sont les Européens qui ont permis une
reconsidération de l'artisanat extra-occidental. Ce sont des héritiers de
l'orientalisme. En qui il voit la beauté chez les autres pour voir la beauté
en nous.

III Conclusion : confluences

Le primitivisme comme le cubisme et effectivement une confluence de


style par la faculté de là à vouloir expérimenter dans quelque chose de
plus instinctif afin de créer quelque chose de neuf et dans l'autre de
voyager à travers la sensibilité artistique de lieux lointains. Les deux se
rejoignent dans le but, mais non pas dans le message derrière.

Il est pourtant incongru que Monsieur Kahnweiler est en porte-à-faux


contre l'influence directe de l'art africain dans le cubisme par la mesure
où il faut une source d'inspiration grande mais il n'en est pas une chose
décisive et juste un moyen de s'émanciper du style réaliste européen.
Or, ces deux mouvements ont permis une considération des arts
extra-occidentaux dans la mesure où auparavant ils étaient vus comme
des curiosités et de nos jours comme des œuvres d'art, malgrés le fait
qu'ils resteront pour toujours des idoles religieuses souvent coupées de
leur culture par la plupart des musées.
Source :

Cubisme et culture Marc Antiff/Patricia Leighten

Fauvisme Cécile Debré

L'univers des Orientalistes Georges Lemaire

Primitivisme dans l'art du XXe siècle William Rubin

Le précepteur : Podcast sur Bergson et sur Friedrich Nietzsche

Henri Guillemin : L'autre avant-guerre (1871-1914) (vidéo)

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