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2006-2008
Introduction générale
Ce principe, autorise d’une part, l’Etat à prélever l’impôt, d’autre part, il invite chaque
citoyen à s’acquitter de son devoir fiscal. Le garant du respect de cette obligation est le
mécanisme du contrôle et de contentieux fiscal. L’efficacité de ce dernier est une condition
nécessaire pour atteindre l’objectif de l’équité fiscale. Toutefois, si le renforcement du
contrôle fiscal est une garantie certaine de contribuables honnêtes, il n’en demeure pas moins
que ceux-ci éprouvent le besoin de se protéger face aux pouvoirs de contrôle dont dispose
l’administration fiscale. En effet, le contribuable ne peut être rassuré que si la politique fiscale
s’assigne comme objectif de le protéger contre l’arbitraire.
Le système fiscal a suscité de vives critiques que ce soit de la part des contribuables de
diverses catégories socioprofessionnelles, ou de la part des agents de l’administration fiscale,
et ce pour les raisons suivantes :
1
L’Afrique économique, article p.38, n°306, décembre 2000
1
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L’exigence de rééquilibrer les rapports entre l’administration fiscale et le
contribuable en vue de réconcilier les agents de l’administration fiscale avec
l’environnement et agir dans la confiance plutôt que dans la méfiance ;
La pérennité et l’efficacité économique et sociale du système fiscal
dépendent essentiellement des mesures de lutte contre la fraude et l’évasion
fiscale d’une part, et du degré de l’adhésion du contribuable à la législation
fiscale d’autre part.
Dans cet esprit, il faut signaler que la signature de la Tunisie en juillet 1995 de
l’accord d’association avec l’union européenne permet de dégager un principe fondamental de
la politique fiscale tunisienne qui s’avère s’orienter vers l’adaptation de la fiscalité aux
nouvelles exigences de la mondialisation de l’économie. En effet, dans le cadre des mesures
de rapprochement prévues par l’article 52 de l’accord d’association il est précisé que la
coopération avec l’union européenne « vise à aider la Tunisie à rapprocher sa législation de
celle de la communauté dans les domaines couverts par le présent accord ». d’où la nécessité
de la conformité du droit tunisien en général et des procédures fiscales en particulier avec les
standards internationaux, et ce en vue de rassurer les opérateurs économiques qui veulent
investir en Tunisie.
Suite a cet accord et pour remédier aux insuffisances du système fiscal en matière de
procédures de contrôle et de contentieux fiscal, le code des droits et procédures fiscales
(CDPF) a vu le jour dotant ainsi le système fiscal tunisien d’un dispositif juridique régissant le
contrôle et le contentieux de l’impôt similaire à ceux des pays développés. Les dispositions du
CDPF ont aussi bien défini les droits et obligations des parties prenantes du système fiscal : le
contribuable, l’administration et les autorités juridiques compétentes.
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L’unification des procédures de contentieux fiscal pour tous les impôts et
l’introduction du principe de double degré de juridiction ;
La création du conseil national de fiscalité chargé de l’évaluation du système
fiscal et de sa conformité aux objectifs fixés notamment en matière d’équilibre
des finances publiques, d’efficience économique et d’équité fiscale.
La plus grande difficulté résidait dans l’aspect technique et pratique du CDPF surtout
avec les rares ouvrages et documentations en la matière. Pour la surmonter nous avons
recouru à quelques références de droit comparé (français) et ce pour comparaison et
divulgation des défaillances d’ordre pratique. Enfin, nous soulèverons nos critiques et
observations pour répondre à la question posée.
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PARTIE I
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Il est évident que les garanties du contribuable ont pour seul objectif de lui permettre
de défendre ses intérêts face aux agents du fisc. A cet égard, le respect des droits de la défense
constitue le point focal en matière de procédure fiscale. En principe, une législation fiscale ne
peut acquérir le qualificatif « protectrice » (des droits du contribuable) que dans la mesure où
elle établit un équilibre des rapports entre l’administration fiscale et le contribuable. C’est par
le biais de certaines procédures et formalités prévues dans le CDPF, qu’on vise à renforcer la
position du contribuable face à l’administration fiscale et améliorer ainsi les relations entre les
deux.
Il est à noter que dans les procédures fiscales, le dialogue a le mérite « de créer un
environnement favorable à la persuasion du contribuable et faire passer le contrôle fiscal
comme moins contraignant »2.
2
ELBOUKRI ABDALLAH, « l’information du contribuable en matière fiscale à l’IRG ». Revue de la science
de l’information. Février 1997, Rabat- Maroc.
5
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Chapitre 1 : Le droit du contribuable vérifié à l’information préalable
En général, pour pouvoir participer à un dialogue, les parties doivent être informées,
au départ, de cette possibilité. Elles doivent, également, être informées de l’objet du dialogue
et des moyens mis à leur disposition pour mener une véritable discussion. En matière de
vérification fiscale, le déclenchement de la procédure, étant toujours l’œuvre de
l’administration, celle-ci n’a pas besoin d’être informée. En revanche, l’information est
indispensable pour le contribuable. Elle s’effectue, par excellence, au moyen d’un avis
préalable qu’on appelle avis de vérification. Il s’agit d’un acte, par lequel, l’administration
fiscale porte à la connaissance du contribuable qu’elle va procéder à des opérations de
vérification approfondies de sa situation fiscale.
Ainsi rédigée, cette disposition de la charte n’est pas suffisamment claire pour
interdire le déclenchement d’une opération de contrôle sans l’envoi d’un avis de vérification.
Elles « ne reflètent pas une obligation mais une faculté ».4
3
Charte de contribuable, chapitre 1, p.7. Cette charte n’est plus valable depuis la 01/01/2002 date d’entrée en
vigueur du nouveau CDPF.
4
H. BENABDALAH, la charte de contribuable, DEA droit public, faculté de droit et de sciences politiques,
Tunis 1992, p.18.
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C’est ainsi qu’on peut dire que le CDPF a mis fin à tout doute quant au caractère
obligatoire de l’avis de vérification.
En effet et sous peine de nullité, l’article 39 du CDPF dispose dans son alinéa premier
que « les opérations de vérification approfondie de la situation fiscale font obligatoirement
l’objet d’une notification d’un avis préalable…. ».
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A signaler qu’en France par exemple, la garantie de l’avis de vérification a été étendue
à l’ESFP7, après avoir été reconnue aux seuls contribuables faisant l’objet d’une vérification
de la comptabilité. Cela a été légalisé en vertu de la loi du 29 décembre 1977. Désormais,
quand une vérification de comptabilité et une vérification de situation personnelle sont mises
en œuvre concomitamment, l’administration doit adresser un avis pour chaque vérification,
faute de quoi la vérification d’entreprise sans avis est irrégulière.8
Sur ce point, le code tunisien diffère du droit français. En effet, l’administration fiscale
tunisienne se voit autorisée par l’article 39 du CDPF à engager, par le même avis, une
vérification étendue lui permettant de vérifier à la fois la comptabilité et la situation
personnelle de la contribuable.
D’un autre côté, qu’elle soit générale, partielle ou étendue, une vérification de
comptabilité ou une vérification de la situation personnelle doit, à peine de nullité, être
toujours précédée par l’envoi ou la remise d’un avis 9. Cependant, seule la vérification
approfondie est soumise a cette obligation
8
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formel (rectification des erreurs matérielles évidentes constatées dans les déclarations) ou
d’un contrôle sur pièces (confrontation de tous les points de la déclaration avec l’ensemble
des renseignements et documents en la possession du service)10.
Mais la vérification préliminaire n’est pas « une procédure aveugle ». Il est très
fréquent qu’elle suscite des interrogations chez le vérificateur. Celui-ci, motivé par la
curiosité de chercher derrière les incohérences constatées, classe le dossier parmi ceux
programmés à la vérification approfondie. Dans ce sens, l’article 37 du CDPF ajoute que « la
vérification préliminaire (…) ne fait pas obstacle à la vérification approfondie de la situation
fiscale ».
10
Sur ce point cf. J-P CASIMAR : droits, garanties et procédures, 1998, p 25
9
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Le droit tunisien, même après la nouvelle réforme, a choisi le silence sur cette
question. Pourtant la réponse est délicate en cas d’exercice du droit de communication auprès
du contribuable.
La nouvelle réforme fiscale en Tunisie semble évoluer dans ce sens. En effet, comme
on l’a déjà précisé, l’article 16 du CDPF exige que la demande de communication soit écrite.
Cette nouveauté est positive dans la mesure où la forme écrite est de nature à éclairer le
contribuable sur la nature de l’intervention de l’administration. Toutefois, la portée de cette
mesure ne doit pas être exagérée. Même informé, le contribuable faisant l’objet d’une
demande de communication risque toujours de supporter une vérification déguisée. Le
comportement du service contrôleur demeure, à ce titre, caractéristique.
Il faut remarquer que la distinction devient plus difficile, voire moins claire lorsque
l’administration exerce son droit de communication du contribuable qu’elle va ensuite
vérifier.
11
Lavandes, conclusion Sans CE, 13 mars 1967, association Football Club de Strasbourg
12
CE, 9 juillet 1982, req. N° 26309, D.F. 1983, n°14, comm. 701. Concl. Léger
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En effet, « l’agent de l’impôt, relevant une anomalie dans l’exercice de son droit de
communication, se laisse entraîner à procéder à un examen critique de la comptabilité, c'est-à-
dire à faire une vérification de comptabilité, sans respecter les formalités et garanties prévues
dans ce cas la loi et la jurisprudence ».13
Ces conditions se rapportent tant au contenu de l’avis (A), qu’à sa notification (B).
L’indication du service chargé de la vérification est utile pour le contribuable. Elle lui
permet de connaître le service vers lequel il doit s’adresser dans une opération de contrôle
fiscal. Etant donné son utilité, cette indication a acquis en droit tunisien, avec le nouveau
code, un statut légal. En droit algérien, l’article 60-4 du code des procédures fiscales précité
précise que l’avis de vérification doit préciser les noms, prénoms et grades des vérificateurs.
13
Les grands arrêts de la jurisprudence fiscale, Sirey 1988, p.499 et suite
11
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Sur ce point, le CDPF présente une particularité par rapport au droit algérien qu’au
droit français. En effet, en France la mention du nom et de l’adresse administrative du
supérieur hiérarchique de l’agent vérificateur n’a pas un caractère légal 14. Quant au caractère
obligatoire de cette mention, il fait l’objet de controverses. Certains auteurs l’affirment 15,
d’autres défendent le caractère facultatif da la dite mention 16. Mais, il semble que le conseil
d’Etat français a définitivement établi sa jurisprudence sur ce point.
b- L’assistance fiscale
L’assistance au contribuable par l’administration fiscale est une garantie qui précède la
phase du contrôle fiscal. Pour cette raison elle a pour effet la prévention des erreurs qui
peuvent être commises dans la rédaction de déclarations.
14
Prévue par la charte du contribuable vérifié p.8
15
F. LEFEBVRE. La pratique de la vérification de comptabilité, éd 1997, p 139
16
T. LAMBERT, contrôle fiscal : droit et pratique, 1998, p 358
17
CAA Paris, 23/03/1995 n°93862 ; TA Lyon 28 novembre 2000, n°95-1395, RJF 2001, n°2
18
BARILARI et DRAPE, lexique Fiscal, p 15
12
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L’utilité pratique de cette mesure préventive invite le législateur à ce que des mesures
législatives soient prises dans le sens d’imposer à l’administration fiscale une obligation
d’assistance au contribuable.
L’assistance fiscale dans la phase de contrôle fiscal doit être nécessairement fournie
par les avocats ou les conseils fiscaux qui sont qualifiés et mieux placés pour apporter l’aide
attendue. Toutefois, il faut signaler que cette garantie n’est liée qu’a une seule technique du
contrôle fiscal à savoir la vérification approfondie. Ceci implique que ni le contrôle sur
pièces, ni le droit de communication, ni le droit de visite ne confère au contribuable le droit à
l’assistance d’un conseil de son choix.
Le droit des contribuables de se faire assister par un avocat ou un conseil est consacré
dans l’article 42 du CDPF aux termes duquel « le contribuable peut se faire assister, durant le
déroulement de la vérification fiscale et la discussion de ses résultats, par une personne de son
choix ou se faire représenter à cet effet, par un mandataire conformément à la loi ».19
19
Article 42 de CDPF
13
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L’administration a conclu que les experts comptables, au même titre que les
comptables, ne sont pas autorisés à représenter le contribuable. Elle accepte, cependant,
l’assistance de ceux-ci en présence du contribuable.
En droit tunisien, le rôle de l’assistant n’a pas été précisé dans le nouveau CDPF. En
général, l’assistant auquel le contribuable peut faire recours, assure à ce dernier trois fonctions
principales : lui alléger la pression morale causée par le contrôle fiscal, lui accorder une aide
technique indispensable à sa défense et le protéger contre les menaces éventuelles du
vérificateur. En fait, ces trois fonctions se complètent. Ceci nous permet de conclure que seul
le conseil, connaisseur en matière fiscale, « trame de loi et de dialogue », est capable de
rendre effectif l’équilibre entre l’administration fiscale et le contribuable. Par évidence, on
peut parler d’un équilibre que si deux parties sont à pied égal de connaissance de toutes les
règles du jeu.
Cette énonciation marque la particularité du droit tunisien par rapport au droit français.
En effet, l’article L.47 du LPF n’oblige pas l’administration à mentionner la nature des impôts
sur lesquels portera la vérification. Pourtant, cette mention est fondamentale pour permettre
au contribuable de se préparer au débat contradictoire avec le vérificateur. En pratique
cependant, les vérificateurs français mentionnent le plus souvent, comme le modèle, les
impôts à vérifier.
Il s’avère, à cet égard, utile de noter que l’indication des impôts concernés par la
vérification est d’une importance particulière puisqu’elle permet de déterminer si
l’administration est en droit ou non de procéder à une nouvelle vérification. En effet, le
législateur, en France comme en Tunisie ou en Algérie 20, interdit à l’administration d’exercer
une deuxième vérification de comptabilité portant sur des impôts déjà vérifiés pour la même
période et s’agissant du même contribuable.21
20
Article 190 du code des impôts directs Algérien.
21
Voir article 38 du CDPF et l’article L.51 et article 190 des impôts directs Algérien
14
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Conformément à l’article 38 du CDPF : un impôt ne peut légalement être vérifié deux
fois. Toutefois, après avoir vérifié un impôt bien déterminé, l’administration fiscale peut
toujours vérifier un autre impôt. Dans ce même sens, le juge français admet les vérifications
successives portant sur des impôts différents (la TVA et l’IS par exemple).22
Il ne suffit pas, cependant, qu’il y’ait deux vérifications successives sur le même impôt
pour prononcer l’irrégularité de la procédure. Il faut aussi que ce même impôt soit vérifié
deux fois au titre de la même période.
L’article 38 ne fait pas référence à cet élément de la vérification interdite car c’est tout
à fait évident que la vérification approfondie d’un contribuable ne fait pas obstacle à la
vérification de même nature d’un autre contribuable quelque soit le lien qui les réunit :
voisinage, parenté, fraternité, relations d’affaire… En ce sens, le conseil d’Etat français a jugé
que l’article L51 ne fait pas obstacle à ce que l’administration, après avoir vérifié la
comptabilité d’une société, engage une procédure de redressement contre son gérant, distincte
de celle qu’elle a engagé contre la société.23
Il est à noter enfin que la vérification fiscale est définitive, et peut être
exceptionnellement reprise en cas de mise à la disposition de l’administration de
renseignement dont elle n’a pas eu connaissance à la date de la précédente vérification fiscale.
22
CAA Bordeaux, 27 juin 2000, n° 97-2349
23
CE, 8 décembre 1976, req. N° 986, DF 1977
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L’indication de la période durant laquelle doit se faire la vérification approfondie est
obligatoire aussi bien en droit tunisien, en droit algérien qu’en droit français. Le conseil d’Etat
français considère qu’il s’agit là d’une mention substantielle qui, si elle fait défaut, entacherait
la procédure.
A ce propos, il y’a lieu de noter que le contribuable est en droit de procéder, à l’instar
de l’administration, aux réparations des erreurs ou des omissions dans ses écritures
comptables ou encore les erreurs commises dans l’application des taux et obtenir ainsi une
réduction de l’imposition initiale24 : c’est ce qu’on appelle le droit de reprise.
Toutefois, selon l’article 26 du CDPF « le contrôle peut porter sur des périodes
prescrites ayant une incidence sur l’assiette ou le montant de l’impôt dû au titre des périodes
non prescrites ».
L’administration peut exercer son droit de vérification sur les exercices non prescrits
qui sont déterminés conformément aux articles 19 et suivants de CDPF de la manière
suivante :
4 ans pour l’impôt sur le revenu des personnes physiques, l’impôt sur les sociétés, la TVA et
les droits de consommation en cas d’omissions partielles, c'est-à-dire lorsque les déclarations
déposées présentent des omissions, des inexactitudes et des insuffisances.
4 ans pour les droits d’enregistrement à compter de la date de l’enregistrement de l’acte.
10 ans pour les impôts et taxes non déclarés y compris les droits d’enregistrement en cas
d’omissions totales, c'est-à-dire lorsque le contribuable ne dépose pas ses déclarations
fiscales.
10 ans pour les droits de timbre (ce délai commence à courir à partir de la date d’exigibilité
des droits).
24
Article 19, paragraphe 1 du CDPF
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1 an pour la taxe de circulation sur les véhicules automobiles et la taxe annuelle sur les
véhicules de tourisme à moteur à huile lourde et l’impôt additionnel annuel sur les véhicules
utilisant le gaz de pétrole liquide.
4 ans pour la taxe unique de compensation de transport routier, due au titre d’une année.
e- La date du commencement de la vérification :
Toutefois, le code ne fait pas référence aux heures pendant lesquelles peut s’exercer
l’opération de vérification. On peut estimer que le service vérificateur peut conduire les
opérations de contrôle aux heures normales d’ouverture des locaux professionnels pour qu’il
puisse apprécier concrètement les conditions d’exploitation de l’entreprise. Par conséquent,
un vérificateur peut intervenir le soir dans une discothèque ou tôt le matin dans une
boulangerie.25
Notifié à une date désormais précise (a) et selon des modalités bien définies (b), l’avis
de vérification devra être destiné à la personne concernée(c).
a- La date de la notification :
25
La pratique de la vérification de comptabilité, éd F. Lefebvre, 1997, p 139
17
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article 39 dispose, en effet, que la date du début de la vérification « doit s’écarter de quinze
jours au moins de la date de la notification de l’avis ».
Cette intervention du législateur est positive. En Algérie, l’article 60-4 précité du code
des procédures fiscales prévoit un délai minimum de préparation de 10 jours en cas d’une
vérification approfondie. Mais en droit français, la solution est d’ordre jurisprudentiel.
L’article L 47 du LPF se contente d’imposer à l’administration de laisser au contribuable un
délai raisonnable pour se faire assister par un conseil 26. Le Conseil d’Etat estime que le délai
minimum dont le contribuable doit disposer est de deux jours ouvrables consécutifs 27. Un
contribuable qui reçoit le samedi un avis lui indiquant que la vérification débutera le mercredi
suivant dispose, par conséquent, d’un délai suffisant.
A titre d’exemple, en France la réponse à cette question est donnée par une
jurisprudence constante. En effet, d’après le Conseil d’Etat, l’administration n’est pas tenue
d’adresser un nouvel avis en cas de report, sur son initiative, de la date de vérification. A
fortiori, en cas de report sur l’initiative du contribuable, le défaut d’un nouvel avis de
vérification ne vicie pas la procédure. Cette solution est logique car le contribuable avait
connaissance des garanties dont il avait été régulièrement informé. L’administration est
26
Recommandation de l’administration fiscale à ses agents d’envoyer un avis de vérification quinze jours avant
la date de la première intervention sur place. CE, 10 janvier 1990, n°71019, RJF 3/90, n° 270
27
CE, 8 février 1991, n°61093 ; RJF, n° 360
18
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toutefois obligée d’informer le contribuable de la date à laquelle est reporté le début de la
vérification.
Dans la pratique, la notification par lettre recommandée avec accusé de réception est la
modalité la plus fréquemment utilisée, et ce, pour deux raisons.
D’une part, elle est la modalité la moins coûteuse. D’autre part, elle offre à
l’administration un moyen de preuve qu’elle a envoyé un avis au contribuable et qu’elle a
respecté la date de notification.
c- Le destinataire de la notification :
L’article 39 du CDPF prévoit que « l’avis est notifié au contribuable à son domicile
réel ou élu déclaré à l’administration fiscale, et ce, conformément aux procédures prévues par
l’article 10 du présent code ». L’article 10 renvoie, quant à lui, au code de procédure civile et
commerciale. Une distinction devrait, alors être faite entre le contribuable personne physique
et le contribuable personne morale.
Dans le premier cas, l’avis de vérification doit être, conformément aux articles 7 et 8
du CPCC, remis au contribuable en personne à son domicile réel ou à son domicile élu. En cas
d’absence de l’intéressé, une copie de la notification devrait être laissée à son mandataire ou à
toute personne à son service ou habitant avec lui, à condition qu’elle soit dotée de
19
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discernement et que son identité soit vérifiée. Si l’agent du fisc ne trouve personne au
domicile de l’intéressé ou si la personne trouvée refuse de recevoir la copie de l’avis, celle-ci
est remise au « Omda » ou au poste de police. Dans les deux derniers cas, l’agent doit aviser
le contribuable dans les 24 heures suivant ces formalités par une lettre recommandée avec
accusé de réception adressée à son domicile. L’article 9 du même code ajoute que si le
contribuable réside à l’étranger dans un domicile connu, une copie de l’acte lui sera adressée
par lettre recommandée avec accusé de réception.
Mais si le contribuable est une personne morale, l’avis doit être adressé à son
représentant légal : Président Directeur Général dans une société anonyme, gérant(s) dans une
société à responsabilité limitée. Pour la société en nom collectif, l’avis de vérification doit être
adressé à l’associé gérant, mais si la gérance appartient à tous les associés, l’avis devrait être
adressé à chacun des associés individuellement. En ce qui concerne la société en participation,
l’avis doit être adressé individuellement à chaque associé.
Etant une formalité fondamentale, l’avis de vérification serait nul dès lors qu’il est
entaché d’une irrégularité (A). Toutefois, la nullité peut, dans certains cas, être corrigée (B).
La nullité de l’avis entaché d’une irrégularité opère globalement. Elle vicie l’ensemble
de la procédure de vérification pour toutes les années en cause et entraîne, par conséquent, la
décharge de la totalité des impositions qui procèdent des redressements faisant suite à cette
vérification.
Compte tenu de la gravité de cette sanction, il s’avère utile de s’interroger sur la notion
d’irrégularité d’une part (a) et sur la mise en œuvre de la nullité d’autre part (b).
a- La notion d’irrégularité
20
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Toute irrégularité entachant la procédure de vérification ne devrait pas entraîner
automatiquement la nullité de l’imposition. L’administration devrait avoir la possibilité de
rectifier certaines erreurs « excusables », sinon on risquerait de protéger des contribuables
défaillants par trop de juridisme.
Ainsi, en droit français par exemple la loi fait une distinction entre l’erreur
substantielle et l’erreur non substantielle et décide des effets propres à chacune d’entre elles 28.
Le contribuable dont la garantie de l’information préalable n’a pas été respectée, doit
être vigilant en invoquant le vice qu’il prétend devant le juge du fond. A cet égard, le Tribunal
Administratif Tunisien considère que les procédures administratives prévues dans la charte du
contribuable ne sont pas d’ordre public et, de ce fait, le moyen de défense tiré de l’absence ou
de l’irrégularité de l’avis, ne peut être invoqué devant le juge de cassation que s’il était
invoqué devant le juge de fond. Telle est aussi, depuis longtemps, la position du conseil d’Etat
français selon lequel, le moyen tiré de la méconnaissance par le service vérificateur de
l’obligation qui lui est faite d’aviser le contribuable de son droit de l’assistance d’un conseil
n’est pas d’ordre public et ne peut, par conséquent, être valablement soulevé d’office par le
tribunal administratif.
Malgré ses expressions impératives pour insister sur le caractère obligatoire de l’avis
de vérification et de son contenu, le législateur tunisien ne fait, dans aucun article, référence à
28
Article L80 CA du LPF
29
Réponse du ministre des finances à la question de Monsieur Mohamed Sahbi Bouderbala, lors de la discussion
du nouveau CDPF, délibération de la chambre des députés – N°39, séance du mercredi 26 juillet 2000, p 2105
21
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la nullité des impositions en tant que sanction encourue par l’administration en cas
d’irrégularités entachant la procédure de vérification.
Toutefois, les correctifs de la nullité que l’administration fiscale peut mettre en œuvre,
sont de nature à dissuader les contribuables, victimes d’une irrégularité, de faire suivre la
nullité de la procédure.
b- La régularisation de la vérification
30
B. DEIGNLERES, JC-PF 1994, fasci. 327, p 4
22
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Mais, si la vérification a été achevée, l’administration serait confrontée au principe de
l’interdiction de renouveler la vérification fiscale 31. Alors ce principe s’applique-t-il en cas
d’une première vérification fiscale irrégulière? En d’autres termes, si la première vérification
est jugée irrégulière, serait-elle valable?
Le dialogue est le principe qui règne également dans la phase d’élaboration des
résultats. Le dialogue ou le débat entre l’administration fiscale et les contribuables vérifiés est
par essence, l’application d’un droit fondamental à la contradiction que ces derniers
détiennent.
31
Article 38 de CDPF
32
Sophie Rainbault de Fontaine, l’opération fiscale : contribution à une théorie de l’action en procédure fiscale,
thèse en droit, Toulouse 1998, p 334
23
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décision la mieux adaptée. De ce fait, ce principe de la contradiction vise la personnalisation
et l’optimisation des décisions administratives individuelles défavorables.33
« Tout au long de la vérification, la procédure orale constitue la règle ». Telles sont les
termes de la charte tunisienne de contribuable. Le CDPF, quant à lui, ne fait pas référence à la
règle d’oralité, mais il ne l’écoute pas dans la mesure où il garde le principe de vérification
sur place, jugé garant du débat oral et contradictoire.
Par débat oral, on entend les entrevues qui opposent face à face le contribuable et le
vérificateur, au cours des quelles « doivent être débattues les observations du vérificateur
suscitées par les documents qui font l’objet de vérification »34. Il s’agit d’un échange de vue
effectué oralement et aboutissant à l’une des deux solutions suivantes : ou bien le vérificateur
sera convaincu de la sincérité des déclarations émises par le contribuable ou bien, celui-ci
33
Voir LEPAGE-JESSUA CORINNE, le décret du 28 novembre 1983 concernant les relations entre
l’administration et les usagers : une mini révolution gazette de palis. 1984, p 146
34
S. Austry, débat oral et contradictoire : où est la jurisprudence ? RJF3/97, p 142
25
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rectifiera, consciemment, les erreurs de ses déclarations à la lumière des observations du
vérificateur.
L’oralité est la règle surtout en cas de la vérification sur place où le contact entre le
vérificateur et le contribuable ne peut être qu’oral. Le respect de cette garantie dépend de
l’existence des conditions préalables et nécessaires à l’entreprise d’un tel débat (A), mais le
problème qui se pose au fond c’est de savoir sur quoi porte le débat ? ou encore quel est le
contenu du débat oral et contradictoire ? (B).
En droit tunisien, le principe de la vérification sur place a été constaté au départ par la
charte du contribuable. Le principe a, par la suite, reçu un statut légal avec le nouveau CDPF
en effet, l’article 40 prévoit que : « la vérification approfondie de la situation fiscale se
déroule dans les locaux de l’entreprise… ».
La règle de vérification sur place s’explique par le fait que le contrôle sur place permet
à l’administration de se « rendre compte des conditions concrètes de fonctionnement de
l’entreprise et obligeant le contribuable à admettre cet effort d’appréhension de la réalité par
le dialogue »35.
Partant de l’idée selon laquelle la vérification sur place est le garant d’un débat oral et
contradictoire, on peut répondre par l’affirmative. Cependant, en se référant à la charte du
contribuable qui prévoyait que : « tout au long de la vérification, la procédure orale constitue
la règle », on peut conclure que celle-ci ne fait pas la distinction entre la vérification de
comptabilité et vérification de la situation fiscale.
35
O. Fouquet, conclusions sous CE, 2 juillet 1986, n°50872, Aribaut, RJF10/86, n°908
26
Renforcement des garanties IEDF
2006-2008
De son côté, la charte française indique que dans le cadre de l’ESFP, « le dialogue
joue également un rôle très important… ». Cependant, dans une décision de 10 janvier 2001,
le conseil d’Etat français a insisté sur son avis en considérant que l’expression de la charte
exige qu’un dialogue soit noué sans imposer une forme quelconque.
Cette notion doit avoir le sens le plus large possible pour que la protection du
contribuable soit étendue. Ainsi, le conseil d’Etat français a considéré que la vérification se
trouve entachée d’irrégularité même lorsque le document emporté est un document non
comptable dès lors que ce document n’est pas échangé à l’objet de la vérification 36. L’article
36
CE, 6 juin 1984, RJF n°8-9, 1984
27
Renforcement des garanties IEDF
2006-2008
40 admet cette définition large des documents protégés puisqu’il utilise la notion
« documents » sans qualificatif. Par « documents », le législateur tunisien veut donc, entendre
toutes les pièces utiles au vérificateur pour assurer son contrôle ou au contribuable pour se
défendre (tableau d’amortissement, inventaire des stocks,…).
28
Renforcement des garanties IEDF
2006-2008
qui précise que « l’agent vérificateur est tenu de vous remettre une décharge des documents
comptable reçus » pour qu’il soit régulier, le reçu doit être établi avant l’emportement et signé
conjointement par le contribuable et le vérificateur.
Cette condition a été oubliée par le nouveau CDPF de son côté, la charte se contentait
d’indiquer qu’ « à la fin de la vérification, vous (le contribuable) êtes tenus lors de la reprise
de vos documents, de remettre au vérificateur une contre décharge ». ceci dit, on peut douter
de l’existence, en droit tunisien, d’un débat oral et contradictoire en cas d’emportement des
documents.
39
CE, 31 mars 2000, M. Cartania, D.F.2001, n°5, p 245
29
Renforcement des garanties IEDF
2006-2008
Cependant, le juge français l’impose à l’administration. Il est souhaitable que le juge
tunisien suivra, à cet égard, le pas de son homologue français.
Devant une législation laconique, aussi bien en Tunisie qu'en France, on peut, a priori,
définir l'objet du débat oral et contradictoire comme étant l'ensemble « des constatations
opérées par le vérificateur à partir de son examen des pièces comptables et de ses
observations sur les conditions d'exploitation propres à l’entreprise »40.
40
F.LOULOUM, conclusions sous CE, 17 février 1997, req. n°165573, D.F.1997, n°26, comm. 748
41
CE du 6 juin 1984 cité par S.Austry, débat oral et contradictoire : où en est la jurisprudence ? p.142
30
Renforcement des garanties IEDF
2006-2008
contradictoire porte, quant à lui, sur les constatations dégagées de la vérification de ces pièces
el de leur confrontation avec des éléments extérieurs telles que les conditions de
fonctionnement de l'entreprise.
Toutefois, cette définition limite l'objet du débat oral et contradictoire aux seules
constatations faites au cours de la vérification. Or, le redressement ne se fonde pas toujours
sur ces seules constatations. L'administration peut s'appuyer, en outre, sur d'autres
constatations que lui procure son droit de communication auprès des tiers. Cela signifie que
l'objet du dialogue entre le contribuable et le vérificateur doit englober toutes les observations
servant à ce dernier pour décider les redressements. D'où l'obligation pour le vérificateur de
communiquer au contribuable les informations obtenues auprès des tiers.
Il s'agit là d'une question majeure autour de laquelle gravitent tous les problèmes du
débat oral et contradictoire. Qui supporte la charge de preuve de l'existence ou de l'absence
d'un débat oral et contradictoire? Qui en prouver le contenu?
42
CE, 17 février 1997, req. N° 165573, D.F 1997, n°26, comm. 748, conclusion. F.Laloum
31
Renforcement des garanties IEDF
2006-2008
d'apporter la preuve contraire.
Qu'en est-il pour le débat formel matérialisé par les demandes écrites de
l'administration auxquelles le contribuable est astreint de répondre ?
Mis à part les règles de notification fixées dans son article 10, le CDPF ne soumet les
demandes écrites de l'administration à aucune condition. Or, certaines conditions sont
indispensables pour permettre au contribuable de se défendre. Dans ce cadre, le juge français
n'hésite pas à censurer l'administration toutes les fois où celle-ci omet dans sa demande une
des conditions de fond ( a) ou de forme (b) fixées par la loi et la jurisprudence. Le silence de
notre législateur sur ces conditions n'empêche pas de les étudier tout en espérant leur
reconnaissance par le Juge.
32
Renforcement des garanties IEDF
2006-2008
solde bancaire du contribuable est significatif. De même, lorsqu'un déséquilibre est constaté
entre les revenus déclarés par le contribuable et ses dépenses engagées, l'administration est en
droit de demander des justifications. Dans ce cas, le conseil d'Etat français exige que le
déséquilibre présente un caractère significatif et qu'il ne résulte pas d'une évolution excessive
des dépenses de train de vie.
L'article 16 du LPF dispose, en effet, que les demandes susvisées « doivent indiquer
explicitement les points sur lesquels elles portent et mentionner à l'intéressé le délai de
réponse ». Ce texte comporte deux conditions de forme : la précision dans la demande et le
délai de réponse. A ce titre, il a été jugé qu'une réponse imprécise à une demande imprécise
est valable et ne peut être assimilée à un défaut de réponse.
De sa part, le conseil d'Etat impose l'indication sur la demande, sous peine de nullité,
que le contribuable s'expose à la procédure de taxation d'office s'il ne répond pas ou s'il
répond tardivement43. De même, le conseil d'Etat impose la restitution au contribuable,
préalablement à toute demande, des documents communiqués à l'administration. Le défaut de
restitution entraîne la décharge de l’imposition.
43
CE. 2 Décembre 1977,req 99098, D.F. 198, conclusion Fabre
33
Renforcement des garanties IEDF
2006-2008
Avec le CDPF, le régime de réponse du contribuable aux demandes écrites de
l'administration a gardé ses inconvénients hérités de l'ancienne législation. Le législateur
tunisien maintient toujours de brefs délais de réponse (a) et garde le silence quant aux
conséquences d'un éventuel refus de réponse ou d'une réponse jugée insuffisante (b).
L'article 41 du CDPF dispose : « ... lorsque la demande est écrite, le contribuable doit
y répondre par écrit dans un délai ne dépassant pas 1 0 jours ... », ceci nous laisse penser que
les demandes de l'administration peuvent être orales comme écrites. On peut, dès lors, en
déduire qu'en cas de demande orale, bien que celle-ci soit incompatible avec la logique même
du débat formel, le contribuable ne serait pas tenu par le délai de 1 0 jours et verrait donc
appliqué le délai de droit commun de 30 jours44.
44
Voir article 11 du CDPF
45
Voir article L12 du LPF
46
Voir article L16A du LPF
34
Renforcement des garanties IEDF
2006-2008
Si le code a gardé des délais de réponse plus ou moins brefs, le plus grave est son
silence sur les conséquences de la réponse insuffisante ou même l'absence de réponse.
Face à une demande écrite de l'administration, le contribuable peut suivre l'un des
deux comportements possibles : ou bien répondre ou bien s'abstenir de répondre. Dans l'un ou
l'autre cas, les dispositions sont, pour le moins, peu claires.
En cas de retard de réponse, le CDPF contient les éléments d'une solution partielle. En
effet, l'article 41 dispose que «le retard dans la réponse aux demandes de l'administration
fiscale n'est pas pris en compte pour le calcul de la durée de la vérification approfondie ».
C'est-à-dire que le retard de réponse n'engendre pour le contribuable que la prolongation de la
durée de vérification. L'administration n'a pas le droit, à l'inverse de ce qui est le cas en
France, d'imposer le contribuable d'office. Peut-on en conclure alors que le législateur s'est
enfin rendu compte de la brièveté des délais de réponse ?
Il va sans dire que le juge français considère qu'une réponse orale équivaut à un refus
de réponse. Le droit tunisien ne semble pas admettre le même position. En effet, l’article 41
exige la réponse écrite à la demande écrite. Mais, rien n’interdit la réponse orale à une
demande orale. Cependant, il s’agit dans ce cas d’une incompatibilité avec la logique du
débat formel.
35
Renforcement des garanties IEDF
2006-2008
conséquence, il ne peut le faire en réponse à une notification de redressement qui est censée
reproduire les interrogations contenues dans les demandes d'éclaircissements et de
justifications. En cas d'absence de réponse, il était jugé utile de donner au fisc la possibilité de
prendre un arrêté de taxation d'office sans passer par la procédure de redressement
contradictoire qui se matérialise par l'établissement d'un nouveau débat formel qui se
constitue par la notification des propositions de rehaussement d'impôt et la réponse du
contribuable.
36
Renforcement des garanties IEDF
2006-2008
un certain nombre de garanties au profit du contribuable vérifié.
Cependant, si tous les moyens de dialogue ont été épuisés sans arriver à une entente,
l'administration fiscale sera en droit de prendre un arrêté de taxation d'office (paragraphe 2).
Le CDPF n'a pas défini explicitement son champ d'application. L'article 66 du code de
l'lRPP et de l'IS délimite les irrégularités, pour lesquelles le contribuable bénéficie de la
procédure du droit commun, en deux catégories : une déclaration insuffisante (a) ou inexacte
(b).
48
Schmidt(j), « le contrôle des activités professionnelles », l’amélioration des rapports entre l’administration
fiscale et les contribuables, acte du colloque de la société française de droit fiscal, paris, « université
d’Orléans » tome IX, 1989, p 13
49
Serlooten (P), « traiter de droit commercial, tome III » droit fiscal de l’entreprise, Paris, Montchrestien, 1988
p.137
37
Renforcement des garanties IEDF
2006-2008
matière imposable. L'insuffisance peut consister en une omission d'un élément d'assiette ou en
des dissimulations.
« Est considérée comme telle, la déclaration qui ne contient pas certaines informations
et données nécessaires à l'imposition ou qui contient des informations erronées»50.
Une déclaration renferme des renseignements erronés si elle n'est pas conforme avec
les pièces comptables. Par exemple, lorsqu'il y a une disproportion entre le bénéfice effectif,
tel qu'il figure dans la comptabilité et le bénéfice déclaré.
L'article 47 du CDPF prévoit que « la taxation est établie d'office en cas de désaccord
entre l'administration fiscale et le contribuable sur les résultats de la vérification fiscale
préliminaire ou approfondie prévues par l'article 36 du présent code ou lorsque ces résultats
n'ont pas fait l'objet d'une réponse écrite dans le délai prévu par l'article 44 du présent code».
Le second alinéa de cet article ajoute « la taxation est également établie d'office, en cas
de défaut de dépôt par le contribuable des déclarations fiscales et des actes prescrits par la loi
pour l'établissement de l'impôt, et ce, dans un délai maximum de trente jours à compter de la
date de sa mise en demeure, conformément aux procédures prévues par l'article 10 ... ».
50
idem. p.138
38
Renforcement des garanties IEDF
2006-2008
Cette nouvelle liste qui diffère de la liste prévue par la législation française
51
suscite quatre remarques :
La première est que, désormais, le simple retard dans le dépôt de déclaration ne donne
plus à l'administration un droit automatique pour imposer d'office le contribuable. Celle-là
doit, au préalable, adresser à celui-ci une mise en demeure pour l'avertir à régulariser sa
situation dans un délai de 30 jours. Le législateur tunisien adapte ainsi la solution qu'a adapté
le législateur français par la loi de 29 décembre 1977. on note, cependant, qu'en France cette
obligation de mise en demeure est exclue dans certains cas tel que le changement fréquent par
le contribuable de son lieu de séjour ou le transfert de son domicile fiscal à l'étranger sans
déposer une déclaration de revenus.
La deuxième remarque est que la liste n'englobe pas le cas d'opposition au contrôle
fiscale ni celui de défaut de réponse à une demande de renseignements, d'éclaircissements ou
de justifications. Cela laisse, a priori, penser, qu'en de tels cas, l'administration ne serait pas
autorisée à mettre en oeuvre la procédure d'office. Ce raisonnement se justifie par le caractère
limitatif de la liste établie par le législateur et par le principe d'interprétation restrictive de la
loi fiscale.
Reste à remarquer que l'article 47 englobe un nouveau cas de taxation d'office, celui
de « désaccord entre l'administration fiscale et le contribuable sur les résultats de la
vérification fiscale préliminaire ou approfondie ».
Ce cas, peu clair, est susceptible de deux interprétations; l'une est contraire à la
logique de la procédure de taxation d'office, l'autre est dangereuse pour le contribuable.
51
En droit français, les cas d’imposition d’office sont au nombre de quatre : le défaut ou le retard de production
de déclaration (article L66, L67, L68 du LPF), le défaut de réponse à une demande d’éclaircissement ou de
justification (article L69 du LPF), le défaut de désignation en France d’un représentant fiscal (L72 du LPF) et
enfin l’opposition au contrôle fiscal (L74 du LPF)
39
Renforcement des garanties IEDF
2006-2008
unilatérale à laquelle le contribuable n'a jamais participé. La taxation effectuée dans un tel cas
ne peut être qualifiée « d'office ».
Une fois la base imposable déterminée, clans le cadre d'une vérification préliminaire
ou approfondie, le fisc ne va pas effectuer les redressements nécessaires de l'assiette d'une
manière systématique.
Des formalités et procédures doivent êtres respectées et qui représentent des garanties
pour le contribuable. Ce dernier a le droit de s'informer sur les résultats de la vérification (A).
Toutefois, dépassant un délai déterminé au cours duquel le contribuable n'a pas répondu, et
s'il existe un désaccord, l'administration ne tarde pas à établir un arrêté de taxation d'office
(B).
40
Renforcement des garanties IEDF
2006-2008
notification de redressement qu'elle propose d'apporter à ses déclarations. La notification de
redressement qui est le premier acte du dialogue «demeure simplement une proposition de
rectification des éléments chiffrés fourmis par le contribuable »54.
Il est à noter ici que la notification doit s'effectuer conformément aux dispositions du
code de procédure civile et commerciale.
54
Jean SCHMIDT « les principes fondamentaux du droit fiscal » Dalloz, 1992
55
J.C Martizez ; « droit fiscal contemporain, l’impôt, le fisc, le contribuable ». Litec. 1986. p 282
41
Renforcement des garanties IEDF
2006-2008
La logique de la procédure d'imposition basée essentiellement sur le dialogue, le
respect des droits de la défense et la transparence administrative exige la motivation des
redressements envisagés. En France par exemple, plusieurs articles font l'obligation à
l'administration d'adresser au contribuable une notification de redressement motivée et de
répondre à ses observations56.
Dans la pratique, le caractère suffisant de la motivation n'est pas lié à la pertinence des
motifs mais seulement à leur mention dans la motivation. Mais, d'une façon générale, la
motivation des résultats permet au contribuable de poursuivre le dialogue avec
l'administration si la procédure contradictoire a été appliquée, ou de contester ultérieurement
l'imposition au stade contentieux s'il n'a pas bénéficié de cette procédure.
En plus de son information sur les résultats de la vérification, il lui accorde un délai
raisonnable pour formuler sa réponse.
56
Voir articles L57, L76 du LPF
42
Renforcement des garanties IEDF
2006-2008
La réponse du contribuable présente plusieurs situations : il peut accepter totalement
ou partiellement les redressements envisagés. L'accord total sera matérialisé par la signature
des déclarations rectificatives ou d'une reconnaissance des dettes, ce qui met fin ainsi au
contrôle fiscal. Il en va de même pour les redressements acceptés partiellement.
La loi de finances pour la gestion 2007 est venue renforcer davantage les droits des
contribuables, à travers l’obligation qui sera faite à l’administration de répondre par écrit, à
toute contestation des conclusions du redressement fiscal formulée conformément aux
dispositions de l’article 44 du CDPF.
La taxation d'office est établie au moyen d'un arrêté motivé du ministre des finances
ou de la personne déléguée à cet effet par le ministre des finances. L'ATO est un acte formel
qui doit contenir certaines mentions obligatoires, sur la base des résultats de la vérification et
la réponse du contribuable si elle existe, qui sont de nature à permettre au contribuable taxé
d'office de préparer sa défense en connaissance de cause. Sur ce point, i] y a lieu de citer
l'article 50 du CDPF qui prévoit que l' ATO doit comporter les indications suivantes :
43
Renforcement des garanties IEDF
2006-2008
Les périodes objet de la vérification;
Le montant de l'impôt exigible et des pénalités y afférentes ou les rectifications
apportées au crédit d'impôt, au report déficitaire ou aux amortissements
régulièrement différés ;
La recette des finances auprès de laquelle seront constatées les sommes
exigibles;
L'information du contribuable de son droit de s'opposer à l'ATO devant le
tribunal de première instance territorialement compétent et le délai imparti
pour cette action;
L'information du contribuable de la possibilité de suspendre d'exécution de
l'ATO en application de l'Article 52 du CDPF.
En partant du principe de respect des droits de la défense, l' ATO doit, nécessairement,
indiquer toutes les données sur les étapes du contrôle fiscal, l'objet de la vérification, la durée
de la vérification, les redressements apportés ainsi que les pénalités y afférentes. Ajoutons que
le respect des droits de la défense et par suite la régularité de l'ATO dépend en premier lieu de
la motivation de ce dernier. Certes, seule la motivation suffisante est de nature à mettre le
contribuable à même de présenter sa défense dans les meilleures conditions.
Par ailleurs, il y a lieu de préciser qu'il n'est pas possible à l'administration fiscale de
changer les bases d'imposition qui ont été discutées avec le contribuable dans le cadre de la
procédure de redressement contradictoire. Une fois établi, l'ATO doit être notifié au
contribuable conformément aux formalités citées par l'article 10 du CDPF. Ainsi, le
contribuable taxé d'office est dans une situation juridique précaire. En effet, il ne peut obtenir
la décharge ou la réduction de l'impôt qu'en apportant la preuve, soit des ressources réelles,
soit de l'exagération de son imposition; ce qui implique un renversement de la charge de la
preuve à l'encontre du contribuable taxé d'office. De même faut-il signaler que la seule
solution pour le contribuable ayant reçu un ATO est le recours à la justice au cas où il juge
57
CE, req. N°30825, 26 juillet 1982, RJF 10/82 p 452
44
Renforcement des garanties IEDF
2006-2008
que les motifs sur lesquels l'administration s'est basée pour le taxer d'office ne sont pas
probants ?
Tout au long de cette partie, on a mis en relief les garanties du contribuable en matière
de vérification approfondie qui se trouvent renforcer par la possibilité du dialogue. En effet,
l’information du contribuable de l’intention de l’administration de procéder à une vérification
approfondie, en lui accordant un délai raisonnable pour se préparer avec son conseil pour
défendre son dossier en plus de sa participation dans toutes les étapes du contrôle et la
discussion de ses résultats, nous amène à conclure que le législateur tunisien, par le biais du
CDPF a essayé de renforcer les garanties du contribuable vérifié tout en gardant le pouvoir
exorbitant de l’administration fiscal dans le but d’améliorer la relation entre les deux parties
et à établir l’équilibre entre elles dans un cadre légal bien spécifique.
Toute fois, cette réalité se trouve justifié par le soucis du législateur tunisien de
renforcer les procédures du dialogue qui se nouent entre le fisc et les contribuables dans le
cadre de la vérification approfondie en vue de confirmer ou infirmer les soupçons issus d’un
45
Renforcement des garanties IEDF
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simple examen sur pièces.
PARTIE II
46
Renforcement des garanties IEDF
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Le contentieux fiscal peut être défini comme étant «l’ensemble des voies de droit au
moyen desquels sont réglés les litiges nés de l’application, par l’administration fiscale, de la
loi d’impôt. En effet, le régime du contentieux fiscal mis en place par le législateur fixe les
procédures de contestation et les moyens d’action en cas de litige entre l’administration et le
contribuable. Ces litiges naissent à l’occasion des opérations de contrôle de la bonne
application de la législation fiscale.
47
Renforcement des garanties IEDF
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De plus, le CDPF est venu consolider la politique répressive évoquant l’idée de la non-
conformité des contribuables à leurs obligations fiscales qui constitue un fléau contre lequel il
faut lutter. Une fourchette des sanctions fiscales pénales est ainsi prévue. En revanche, le
législateur n’a pas placé la partie offensée, à savoir l’administration fiscale, dans la même
situation des victimes des infractions de droit commun. Un particularisme relatif à la matière
fiscale, consistant en l’égalité des parties, est à relever aussi bien au niveau de la constatation
des infraction fiscales pénales, la mise en mouvement de l’action publique, la transaction en
matière des infractions fiscales pénales qu’au niveau de l’extinction de l’action publique. Il
s’agit ici des procédures de contentieux fiscal pénal et des garanties du contribuable y
afférentes (chapitre 2).
Quel que soit le mode ou la nature de L’opération de contrôle fiscal donnant lieu
58
N. Baccouche, droit fiscal, TI, ENA 1993, p 175
48
Renforcement des garanties IEDF
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à l'établissement de l'arrêté de taxation d'office, le contribuable dispose d'un droit
fondamental consistant dans le droit au recours juridictionnel à l'encontre des arrêtés
de taxation d'office pris par l'administration fiscale.
59
Articles de 68 à 129 du code des PCC
60
Article de 54 à 66 du CDPF
49
Renforcement des garanties IEDF
2006-2008
Paragraphe 1 : L'introduction de la requête introductive devant de tribunal de
première instance :
61
Article 55 du CDPF
62
Article 140, paragraphe 1 du COC
63
Article 29 du CDPF
64
Article 70 du code des PCC
50
Renforcement des garanties IEDF
2006-2008
les bureaux de la Direction Générale des Impôts ou toute autre adresse
indiquée sur l'arrêté de taxation d'office, de la décision de retrait de
régime forfaitaire ou du refus de la demande de restitution;
Les moyens de preuve, les prétentions du demandeur et le fondement
Juridique sur lequel repose la demande;
Le tribunal qui doit connaître de cette demande;
L'an, le mois, le jour et l'heure de la comparution;
L'invitation de l’assigner à présenter ses conclusions en réponse
accompagnées de moyens de preuve à l'audience fixée pour l'affaire, et
que faute de ce faire le tribunal poursuit l'examen de l'affaire au vu du
dossier.
Il est à noter que si le code des PCC a fixé le délai d'ajournement, dans le cas
où le défendeur est l'Etat à une période qui ne peut être inférieure à soixante jours 65.
L'article 59 du CDPF a fixé un délai qui ne peut être inférieur à trente jours à compter
de la date de la signification à l'administration d'une copie de la requête introductive
d'instance. En présence de ces deux dispositions, il y a lieu d'appliquer la disposition
spéciale exprimée par l'article 59 du CDPF 66. L'inobservation des règles de formes
relatives à la requête introductive d'instance entraîne l'application de la nullité
énoncée par l'article 71 du code des PCC qui prévoit expressément : « Est nulle la
requête,
en cas d'erreur ou de lacune dans l'indication des noms et prénoms du
défendeur, du tribunal saisi, de la date de l'audience ou de l'inobservation
du délai d'ajournement;
en cas d'inobservation de l'avis prévu par l'alinéa 2 de l'article 70 ou en
cas de non signification d'une copie des moyens de preuve au défendeur ».
La nullité est relative, elle est couverte par la comparution du défendeur dans le
cas où l'irrégularité porte sur les mentions obligatoires, et par la présentation des
conclusions en réponse dans la mesure où l'irrégularité concerne l'invitation de
l'assigné de présenter ses conclusions ou la non signification d'une copie des moyens
de preuve au défendeur.
65
Article 70, paragraphe 3 du code des PCC
66
Article 540 du COC : les lois restrictives est celle qui font exception aux lois générales ou à autre loi ne
doivent pas être étendues au-delà du temps et des cas qu’elles expriment.
51
Renforcement des garanties IEDF
2006-2008
Cette nullité est d'ordre public et elle est soulevée d'office par le tribunal dans le
cas où l'assignation est nulle et que le défendeur ou son avocat ne comparaissent pas
ou ne présentent pas les conclusions en réponse selon les cas67.
5. Le tribunal de première instance est saisi par requête écrite présentée par le
contribuable lui- même ou par un mandataire désigné à cet effet conformément à la
loi.
6. Une copie de la requête accompagnée des pièces justificatives est assignée
aux services de l'administration fiscale. Cette copie doit être adressée au nom du
Ministre des Finances élisant domicile dans les bureaux de la Direction générale des
Impôts ou toute autre adresse indiquée sur la lettre de notification de l'arrêté de
taxation d'office ou de la réponse de l'administration contenant le refus de restitution.
L'assignation doit avoir lieu par l'intermédiaire d'un huissier notaire68.
7. Le contribuable ou son mandataire doit, sept jours avant la date de
l'audience, présenter au greffe du tribunal l'original de la requête, dont copie a été
signifiée au défendeur, accompagnée des moyens de preuve, d'un bordereau en deux
exemplaires comportant l'indication des pièces produites.
8. Le greffier signe le bordereau et en remet un exemplaire au contribuable ou
à son mandataire pour prouver sa réception de ces pièces.
9. Le greffier procède à l'inscription de la requête sur le registre ad-hoc puis la
porte sur le rôle de l'audience fixée dans l'assignation. Il remet ensuite le dossier au
président à la fin de désignation d'un juge rapporteur.
10. L’administration doit notifier au contribuable ou à son mandataire une copie de ses
conclusions en réponse ainsi que des copies de ses pièces justificatives. Il est à noter que
l'administration est représentée par ses agents habilités à cet effet sans pouvoir spécial 69 et que
les significations relatives au recours sont notifiées au contribuable par l'intermédiaire des
agents de l'administration fiscale, des officiers des services financiers ou par des huissier
notaires70.
11. Le recours porté devant le tribunal de première instance n'est pas soumis à la
condition du paiement du montant de l'impôt ou des pénalités figurant dans l'arrêté de la
taxation d'office.
67
Article 71, paragraphe 4 et 5 du code des PCC
68
Article 69 du code des PCC
69
Article 57 du CDPF
70
Article 58 du CDPF
52
Renforcement des garanties IEDF
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Paragraphe 2 : le déroulement de la procédure :
Avant d'entamer la phase juridictionnelle proprement dite, il est prévu une phase
judiciaire de conciliation. Le président du tribunal de première instance remet l'affaire à
un juge rapporteur qui « fait de son mieux pour rapprocher les points de vue de
l'administration et du contribuable »71.
Le juge rapporteur fixe le nombre de séances, il joue le rôle de conciliateur 72; les
pouvoirs dont il use ne sont pas définis avec précision, néanmoins il doit agir dans !e
respect du principe de la neutralité énoncé par l'article 12 du code des PCC.
53
Renforcement des garanties IEDF
2006-2008
verbal de conciliation76.
Il est à préciser à cet égard que cet arrangement, même s'il est intervenu
pendant l'audience, a été signé par deux parties ayant qualité et de ce fait il ne peut
être que valable; d'autant plus que l'octroi de ce délai par le juge ne semble pas être
que nécessaire, les discussions entre les parties et l'échange des moyens de preuves se
font sous le contrôle du juge rapporteur, ce dernier consigne dans son rapport tous les
arrangements présentés par les deux parties sur un ou plusieurs éléments; Cet
arrangement sera pris en considération par le juge rapporteur et par les juges auront à
rendre la décision.
Le président du tribunal de première instance ouvre les débats par l'exposé des
76
Article 60, paragraphe 4 du CDPF
77
JORT, discussions de la chambre des députés n°39 du 26 juillet 2000, op.cit.p.1932
54
Renforcement des garanties IEDF
2006-2008
conclusions des parties, il les dirige et il les déclare clos lorsque le tribunal s'estime
suffisamment éclairé78. Le juge est tenu par les conclusions des parties mois non
toujours pas leurs prétentions.
Le juge doit exercer son contrôle sur l'ensemble des pièces du dossier et
examiner en principe lui-même les documents et pièces justificatives présentées par
les deux parties à savoir le contribuable et l'administration fiscale.
Toutefois, dans les litiges relatifs aux droits d'enregistrement ou à l'impôt sur le
78
Article 114 du code des PCC
79
Cette procédure est prévue par les articles 43 et 44 du CDPF
80
A. Yaich, Norme d’expertise comptable judiciaire, les nouvelles presses, Tunis, 1986, p 182
55
Renforcement des garanties IEDF
2006-2008
revenu au titre de la plus-value immobilière, il est fait obligation au tribunal
d'ordonner d'office une expertise pour évaluer la valeur vénale des immeubles, des
droits et des fonds de commerce81. La désignation de l'expert et l'exécution de sa
mission doivent répondre aux conditions et règles énoncées par le code des PCC 82.
Etant donné que l'Etat est partie au litige, l'article 102 du code des PCC impose
le recours à trois experts à moins que les parties se consentent à ce qu'il y soit procédé
par un seul expert. Le choix des experts revient en principe aux parties; cependant, en
cas de défaut d'entente sur ce choix, il revient au juge de les désigner lui-même.
La décision ordonnant l'expertise doit fixer avec précision, d'un côté, la mission
des experts, d'un autre côté, le montant de la provision à avancer aux expert sur les
frais de l'expertise et la désignation de la partie qui est tenue à cette obligation et.
Enfin, le délai dans lequel les experts sont tenus de déposer leurs rapports, le dépôt
doit intervenir dans un délai ne dépassant pas les trois mois. Cependant, ce délai peut
être prorogé une seule fois à la double condition que la prorogation ne dépasse pas
trois autres mois et qu'elle soit accordée par une décision motivée sur la demande
expresse des experts83.
Les experts peuvent refuser d'accepter la mission qui leur a été confiée et ce
dans les cinq jours qui suivent la réception de la mission. Dans ce cas, le tribunal
désigne un ou autres à leur place et peuvent aussi faire l'objet d'une récusation.
81
Article 62 du CDPF
82
Articles de 101 à 113 du code des PCC
83
Article 103 du code des PCC
56
Renforcement des garanties IEDF
2006-2008
déposés au greffe du tribunal. L'expert doit informer les parties qu'il a déposé son
rapport.
Le tribunal n'est pas obligé de suivre l'avis des experts. Il exerce un contrôle sur
l'opinion de l'expert et, à ce titre, il est en droit, compte tenu de tous les éléments de
l'instruction et notamment des constatations matérielles de l'expert, de conclure, par
exemple, que la comptabilité présentée ne pouvait être regardée comme probante,
alors même que l'expert a estimé que les livres comptables présentés ont un caractère
incontestable de sincérité.
Si l'administration doit apporter la preuve des éléments sur lesquels elle a fondé
l'imposition, le contribuable doit apporter la preuve de la sincérité de ses déclarations
et de ses ressources réelles ou du caractère exagéré de son imposition 84.
Les moyens de preuve admis en matière fiscale sont l'aveu de la partie, la preuve
littérale ou écrite, la présomption ; en revanche les moyens exclus sont la preuve
testimoniale, le serment et le refus de le prêter 85.
Les jugements sont rendus par trois magistrats à la majorité des voix. Le
président recueille les avis en commençant par le juge le moins ancien, il donne avis le
dernier. S'il se forme plus de deux opinions, le juge le moins ancien est tenu de se
rallier à l'une des deux opinions émises par ses collègues 86. Dans le cas où le tribunal
introduit des modifications qui nécessitent une nouvelle liquidation pour la
détermination du montant des impôts à payer par le contribuable ou à restituer par
l'administration, il peut, pour l'établissement de ce montant, se faire assister par
l'administration fiscale ou encore désigner, à cet effet, un expert dans la cas où le
contribuable le demande.
84
Article 65 du CDPF
85
Article 64 du CDPF et article 427 du COC
86
Article 120 du code de PCC
57
Renforcement des garanties IEDF
2006-2008
notification fait courir le délai pendant lequel, chacune des parties, peut interjeter
appel. Le secrétariat est assuré par le tribunal et le dossier n'est pas transmis à
l'administration fiscale.
Les jugements du tribunal de première instance rendus dans les recours portant
opposition contre les arrêtés de taxation d'office, les décisions de retrait du régime
forfaitaire ou les décisions de restitution de l'impôt, sont susceptibles d'appel devant la
cour d'appel territorialement compétente dans un délai de trente jours à compter de la
date de la signification du jugement87.
L'appel est interjeté au moyen d'une requête écrite rédigée par l'appelant ou par
un mandataire désigné à cet effet conformément à la loi. Le ministère d'avocat n'est
pas obligatoire88.; Il est à lieu de noter qu’en vertu de l’article 2 de la loi n° 11 pour
l’année 2006 du 06 Mars 2006 portant modification à certaines dispositions du code
des droits et procédures fiscaux : «Est ajouté à l’article 67 du code des droits et
procédures fiscaux , un paragraphe 3 nouveau comme suit: « le ministère d’avocat
est obligatoire lorsque le montant de la taxation d’office ou celui relatif à la demande
en restitution est supérieur à vingt cinq mille dinars… »
L'appel interjeté contre les jugements de première instance rendus dans les
recours relatifs à la taxation d'office n'est pas suspensif de l'exécution de ces
jugements. Cependant, dans le cas où le juge a annulé totalement ou partiellement
l'arrêté de taxation d'office, les sommes recouvrées dans le cadre de l'exécution de cet
arrêté90, ne peuvent être restituées qu'en vertu de jugements passés en la force de la
chose jugée91.
87
Article 67, paragraphe 1 du CDPF
88
Article 67, paragraphe 2 du CDPF
89
Article 1 de la loi n°88-13 du 7 Mars 1988 relative à la représentation de l’Etat, des établissements à caractère
administratif et des entreprises soumises à la tutelle de l’Etat devant les tribunaux.
90
Il s’agit de 20% des montants de l’impôt fixé dans l’arrêté de taxation d’office ou le montant total de l’impôt
en principal et des pénalités administratives en matière de retenue à la source prévus par l’article 52 du CDPF.
91
Article 67, paragraphe 3 du CDPF
58
Renforcement des garanties IEDF
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générales énoncées par le code des PCC 92 et aux règles particulières énoncées par le
CDPF93.
59
Renforcement des garanties IEDF
2006-2008
le jour de l'audience présenter ses moyens de défense. L'acte d'appel est nul en cas
d'erreur ou de lacune dans l'assignation, dans l'indication des noms et prénoms du
défendeur, de la juridiction saisie ou de la date de l'audience, ou en cas d'inobservation
des délais d'ajournement.
Lorsque les parties ont fini d'échanger leurs moyens et conclusions, et que
l'affaire est en état, elle est fixée à l'audience de plaidoirie.
60
Renforcement des garanties IEDF
2006-2008
la cour d'appel chargée de l'affaire tant qu'une décision définitive la concernant n'est
pas prononcée. Le rehaussement des résultats de la vérification fiscale s'effectue,
après le prononcé du jugement de première instance, par arrêté de taxation d'office
tout en observant les procédures prévues dans ce cadre99.
Si le jugement attaqué n'a pas statué sur le fond et que la juridiction d'appel
estime qu'il a été mal jugé, elle peut se limiter à infirmer cette décision et renvoyer la
cause devant les premiers juges pour en statuer au fond. Elle peut également statuer
elle-même au fond si l'affaire est en état.
Les arrêts sont rendus par la cour d'appel dans les mêmes conditions qu'en
matière de jugements du tribunal de première instance. Les arrêts des cours d'appel
sont rendus en dernier ressort et ne sont susceptibles que d'un pourvoi en cassation
devant le tribunal administratif.
Les arrêts des cours d'appel se rapportant aux taxations d'office ou relatifs à la
restitution de l'impôt peuvent faire l'objet de pourvoi en cassation devant le tribunal
administratif et ce conformément aux procédures prévues dans ce cadre 100 et qui sont
contenues dans la loi du 1er janvier 1972 telle que modifiée et complétée par la loi
organique n° 88-13 du 7 Mars 1988 relative à la représentation de l'Etat, des
établissements à caractère administratif et des entreprises à la tutelle de l'Etat devant
les tribunaux.
Le tribunal administratif statue par voie de cassation sur les recours intentés
contre les jugements rendus en dernier ressort et relatifs ou contentieux de l'assiette
des impôts et taxes revenant à l'Etat et aux collectivités locales et contre les jugements
99
Cette procédure est prévue par les articles 43 et 44 du CDPF
100
Article 69 du CDPF
61
Renforcement des garanties IEDF
2006-2008
rendus en dernier ressort concernant la restitution des dits impôt et taxes 101 en trop
perçus.
Le tribunal administratif ne peut être saisi que pour des moyens de droit qui ont
été préalablement soumis au juge de fond103. La recevabilité de la requête en cassation
est subordonnée à une série de conditions de forme.
Le pourvoi en cassation est accordé aux seules personnes qui ont eu la qualité
de partie dans l'instance d'appel dont la décision est attaquée 104. IL s'agit du
contribuable et de l'administration fiscale. Celle-ci ne peut être représentée par le chef
du contentieux de l'Etat, ce dernier n'est pas compétent en ce qui concerne le recours
en cassation en matière fiscale; le Ministre des finances ou la personne déléguée par
lui constitue le seul organe ayant qualité pour introduire le recours en cassation et pour
recevoir les requêtes et mémoires notifiés par le contribuable105.
62
Renforcement des garanties IEDF
2006-2008
Le recours en cassation doit être porté devant le tribunal administratif dans un
délai d'un mois à compter de la date de signification de la décision attaquée. Le délai
d'un mois est un délai de 30 jours 106. Le jour de la notification n'est pas pris en compte
dans le décompte du délai. Le jour de l'échéance est inclus sauf s'il s'agit d'un jours
férié auquel cas elle est portée au jour suivant.
C- le ministère d’avocat :
Le recours en cassation doit être introduit par le biais d'une demande rédigée par
un avocat auprès de la cour de cassation 107. Une exception à ce principe concerne les
services administratifs représentés par le chef du contentieux de l'Etat ainsi que le
ministère des finances en matière du contentieux fiscal; ceux-ci sont dispensés du
ministère d'avocat devant tous les organes juridictionnels du tribunal administratif 108.
Le pourvoi en cassation est introduit au moyen d'une requête qui doit indiquer les
prénoms, noms et domiciles des parties ainsi que l'exposé sommaire des faits de
l'affaire et des moyens invoqués contre l'arrêt attaquer.
63
Renforcement des garanties IEDF
2006-2008
Une copie du procès- verbal de la signification d'un exemplaire du mémoire
à la partie adverse109.
Il est à préciser que la signification des mémoires ou autres pièces se fait selon
les formes de droit commun suivies par les huissiers- notaires ou selon les formes
prévues par la loi110.
Le tribunal administratif a rejeté le pourvoi pour des motifs de forme chaque fois
où la signification des mémoires par le contribuable n'a pas été faite par un huissier -
notaire111.
L'auteur du pourvoi ne peut développer dans son mémoire que les moyens
évoqués dans sa requête. Les moyens présentés dans la requête mais non repris et
développés dans le mémoire sont considérés comme abandonnés. Les moyens soulevés
pour la première fois dans le mémoire sont rejetés.
Malgré le fait que le CDPF et la loi du 1 er Juin 1972 telle que modifiée et
complétée par la loi organique n° 88-13 du 7 Mars 1988 relative à la représentation
de l'Etat, des établissements à caractère administratif et des entreprises à la tutelle de
l'Etat devant les tribunaux n'ont pas définis les moyens de recours en cassation, la
doctrine et la jurisprudence considèrent que le tribunal administratif ne peut être saisi
que des moyens de droit et qu'il ne peut connaître, en principe, que des seuls moyens
de droit113.
64
Renforcement des garanties IEDF
2006-2008
instance, pour la première fois, des moyens intéressant l'ordre public ou concernant
une irrégularité entachant la décision objet du pourvoi qui ne peut être dévoilée qu’à
la vue de ladite décision.
A- le rejet du recours :
Le rejet du recours peut avoir pour motifs le non respect de l'une des
conditions de forme, c'est le cas notamment de l'introduction de la requête en dehors
du délai, le défaut du dépôt d'une copie de la décision attaquée, le défaut de
notification du mémoire dans les délais.
Le rejet peut trouver ses motifs dans des considérations se rattachant au fond.
La décision attaquée est régulière si elle n’a pas violé la loi, elle ne comporte pas
d’erreur de droit ou de fait, elle est bien fondée.
Dans le cas où le tribunal administratif admet le recours, il casse le décision attaquée en tout
ou en partie. La cassation est sans renvoi chaque fois où le tribunal se contente de prononcer
la suppression de la partie cassée du dispositif de la décision alors qu’une telle suppression
dispense d’un nouvel examen ; ou encore dans le cas où la cassation ne laisserait rien à
juger114. La cassation est avec renvoi, dans ce cas, le dossier est renvoyé devant la même
juridiction qui a rendu la décision attaquée qui le réexamine avec une formation différente.
Cependant le tribunal peut renvoyer l’affaire devant une autre juridiction équivalente à celle
qui a rendu la décision cassée, une cour d’appel. La partie la plus diligente inscrit l’affaire
114
Article 75 de la loi du 1er Juin 1972
65
Renforcement des garanties IEDF
2006-2008
devant la juridiction de renvoi qui l’examine selon la procédure qui lui est applicable 115. Dans
le cas où la décision rendue par la juridiction de renvoi ne se conforme pas à ce qu’à décidé le
tribunal administratif et qu’elle ait fait l’objet d’un pourvoi pour les mêmes motifs ayant
entraîné la cassation ou pour tout autre motif, et que le tribunal décide à nouveau de casser la
décision, il statue définitivement au fond.
66
Renforcement des garanties IEDF
2006-2008
Les infractions à la législation fiscale punies de sanctions fiscales et de
sanctions applicables à la contrefaçon des timbres, sceaux et marques fiscaux ou à
leur réutilisation, sont constatées par les agents de l'administration fiscale et les autres
agents habilités à verbaliser en matière d'infractions fiscales pénales 116.
Ces agents doivent constater les faits, dont ils ont vérifié l'existence et dont la
recherche et la constatation rentrent dans leur attribution, dans un procès-verbal.
67
Renforcement des garanties IEDF
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établis par les officiers de la police judiciaire.
B- Le contenu du procès-verbal :
68
Renforcement des garanties IEDF
2006-2008
établissement par un seul agent ou par une personne non compétente constitue une
irrégularité de nature à entraîner sa nullité120.
Toutefois, dans le cas où il s'agit d'une infraction fiscale pénale passible d'une
peine d'emprisonnement, la mise en mouvement de l'action publique est soumise
obligatoirement à l'avis préalable d'une commission 124, dont La composition, les
attributions et les modalités de fonctionnement sont fixés par le décret n°2001-1721
du 24 Juillet 2001.
Cette commission donne son avis sur les dossiers relatifs aux infractions
fiscales pénales passibles d'une peine corporelle qui lui sont transmis par le directeur
général du contentieux fiscal et ce, notamment en ce qui concerne:
69
Renforcement des garanties IEDF
2006-2008
La régularité des procédures de constatation de l'infraction;
Les avis de la commission sont émis à la majorité des voix des membres
présents, et en cas de partage, la voix du président est prépondérante. Les travaux de la
commission sont consignés dans des procès-verbaux établis par le rapporteur de la
commission qui est désigné par le directeur général du contrôle fiscal. Les procès-
verbaux, qui doivent être signés par tous les membres présents, sont transmis au
Ministre de Finances ou à la personne déléguée par le ministre de Finances pour mettre
en mouvement l'action publique126.
En matière de droit pénal, à l'exception des cas prévus par la loi, l'action
publique n'est pas subordonnée à l'existence d'une plainte et ne peut être arrêtée ni
suspendue par le retrait de la plainte ou la renonciation à l'action civile. Cependant,
l'action publique s'éteint notamment par la transaction lorsque la loi en dispose
expressément127.
Par ailleurs, la transaction n'est pas permise pour les infractions prévues par
l'article 102 du CDPF et par les articles 180 et 182 du code pénal 128.
La transaction s'effectue sur la base d'un tarif fixé par arrêté du ministre des
125
Article premier de décret n°2001-1721 du 24 juillet 2001
126
Article 6 de décret n°2001-1721 du 24 juillet 2001
127
Article 3 et 4 du code pénal
128
Article 78 du CDPF
70
Renforcement des garanties IEDF
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Finances et ce, après la régularisation par le contrevenant de sa situation fiscale 129. La
transaction entraîne la prescription de la poursuite des infractions fiscales et
l'extinction de l'action publique. Ces effets sont des garanties en faveur du
contribuable vue qu'ils constituent des renonciations de la part de l'administration
issues de la nature juridique de la transaction. Cependant, une divergence des points
de vue sur cette nature juridique est à noter.
La transaction est définie comme un contrat par lequel les parties terminent ou
préviennent une contestation moyennant la renonciation de chacune d'elle à une
partie de ses prétentions réciproques, ou la cession qu'elle fait d'une valeur ou d'un
droit à l'autre partie130.
Sur le plan doctrinal, une divergence entre les points de vue des auteurs est à
noter en droit comparé et notamment le droit français. Pour certains auteurs, la
transaction est un contrat qui obéit à la définition de l'article 2044 du code civil
français tant en ce qui concerne sa conclusion que son exécution 131. Pour d'autres, la
129
Article 79 du CDPF
130
Article 1458 du COC
131
Ben et Tremeau, le droit douanier, librairie générale de droit et de jurisprudence, 1975, p.453
71
Renforcement des garanties IEDF
2006-2008
transaction est une sanction privée infligée par l'administration et librement
acceptée132. Ce point de vue a été fortement critiquée du fait que cette interprétation
ne tient pas compte de l'effet essentiel de la transaction à savoir, empêcher
l'application des sanctions pénales à l'encontre du délinquant en contrepartie d'une
indemnisation totale ou partielle de I'administration 133. Ainsi, la transaction est
considérée comme une renonciation monnayée à l'action publique par
l'administration. La solution contractuelle ne semble pas évidente; en effet, selon les
termes de l'article 1459 du COC, la transaction suppose une renonciation de chacune
de deux parties, ce qui n'est pas le cas en matière fiscale où la renonciation n'est que
du coté de l'administration qui renonce aux poursuites alors que le contribuable ne
renonce à rien. Il est ainsi profitable même en acceptant de payer une indemnisation
qui peut être égale, inférieure ou même supérieure à l'amende prévue.
72
Renforcement des garanties IEDF
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risque de fausser son activité et ses projets. Elle permet ainsi au contrevenant d'éviter
la mise en mouvement de l'action publique pouvant donner lieu à l'application d'une
sanction pénale qui peut arriver même à une peine privative de liberté.
Il est aussi à noter que l'action publique s'éteint aussi par d'autres moyens, il n'y
a pas que la transaction :
73
Renforcement des garanties IEDF
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pénales se prescrit après 3 ans à compter de la date de l'infraction. La
prescription est interrompue par la notification du procès-verbal qui
constate l'infraction fiscale pénale;
La mort du contrevenant;
L'amnistie;
L'abrogation de la loi pénale;
La chose jugée.
Les cours d'appel statuent sur les appels aux jugements rendues par les
tribunaux de première instance et relatifs aux infractions fiscales pénales. L'appel peut
être interjeté par le procureur de la république, par le prévenu condamné pour le délit
commis et la partie civilement responsable, ou par les avocats généraux prés les cours
136
Article 77 du CDPF
74
Renforcement des garanties IEDF
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d'appel137.
L'appel est interjeté au greffe du tribunal qui a rendu le jugement, soit par
déclaration verbale dont il est dressé acte séance tenante, soit par déclaration écrite 138.
Si l'appelant est détenu, l'appel est reçu par le surveillent chef de la prison qui le
communique, sans délai, au greffe du tribunal. Dans ce cas, l'appelant est
immédiatement, par ordre du procureur de la république, transféré dans la maison de
dépôt du siège de la juridiction d'appel.
137
Article 210 du CPP
138
Article 212 du CPP
139
Article 213 du CPP
140
Article 175 du CPP
141
Article 214 du CPP
75
Renforcement des garanties IEDF
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n'est pas suspendue dans les cas suivant :
76
Renforcement des garanties IEDF
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après délibéré dans les limites des moyens soulevés sauf si l'objet de la condamnation
est indivisible145.
145
Article 269 du CPP
146
Article 274 du CPP
77
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Le CDPF est venu aussi statuer le cadre juridique dans le quel seront réaliser
les opérations de recours devant le tribunal de première instance, devant la cour
d’appel ou encore devant le tribunal administratif.
78
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suffisamment des droits des contribuables.
79
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Conclusion générale
A cet égard, le progrès réalisé par le CDPF est notable. On a présenté tout au long de
cette étude les différentes garanties en matière de contrôle fiscal, notamment au niveau de la
phase de la vérification approfondie : la législation de l’obligation d’information préalable, de
la possibilité de se faire assister par un conseil, du principe d’interdiction de la vérification de
second degré…
D’autre part, le CDPF a aussi pour apport fondamental l’introduction du double degré
de juridiction, ce qui permet au contribuable plus de justice et d’équité face aux impositions
unilatéralement arrêtées par l’administration fiscale. En matière de sanctions fiscales
administratives et pénales, le législateur a fait recours au principe de rattachement des
sanctions fiscales au degré de gravité de l’infraction commise et son redoublement ou non, et
ce en subordonnant les procédures de constatation et poursuites des infractions fiscales
pénales aux conditions légales en la matière. Le législateur a d’ailleurs donné à
l’administration fiscale le droit de transiger avec le contrevenant dans le but d’alléger sa
charge fiscale et permettre le recouvrement des fonds publics plus aisément.
Néanmoins, l’apport du CDPF ne doit pas être exagéré. Ses dispositions, en matière de
vérification, ne présentent pas une nouveauté, il s’agit, en fait, d’une législation des mesures
déjà prévues par la charte du contribuable148. Les nouveautés de CDPF, en terme de garanties,
147
Mr l’ancien ministre des finances T.BACCAR, le code des droits et procédures fiscaux. L’accomplissement
d’une reforme, l’économiste maghrébin n°267 du 16 août 2000 p 18
80
Renforcement des garanties IEDF
2006-2008
sont jugées insuffisantes dans la mesure où le silence règne toujours sur des problèmes
sérieux touchant directement à l’effectivité du dialogue.
Ceci étant, on peut dire que le progrès réalisé par le CDPF est insuffisant pour
réconcilier les contribuables avec l’administration fiscale « …dans le cadre d’un mariage non
d’amour mais de raison »149.
De même, il est à noter, que la principale lacune de système réside à notre avis dans
le déséquilibre entre le caractère exécutoire de l’arrêté de taxation d’office et les jugements
rendus en la matière par les tribunaux. De plus, le droit de restitution d’impôt en trop perçu
ne peut être mis en œuvre que par un jugement ayant acquis l’autorité de la chose jugée,
chose qui peut durer plusieurs années par là une faillite éventuelle du contribuable réclamant
un droit à la restitution.
148
Ceci est avoué par le ministre des finances lui-même. Dans son article précité le ministre a déclaré qu’
« niveau du contrôle fiscal, les garanties portent essentiellement sur …. La consécration au niveau de la loi des
mesures prévues par la charte de contribuable. » L’économiste maghrébin précité p 18 et 19.
149
L’expression de Monsieur Papon, citée par CH.LOUIT, les relations entre l’administration fiscale et le
contribuable : tentative de réconciliation d’un couple désuni, Mélange KAYSER, 1979, p 197
81
Renforcement des garanties IEDF
2006-2008
Introduction générale...............................................................................................................1
PARTIE I : Les garanties en matière de vérification............................................4
Introduction à la première partie............................................................................................5
Chapitre 1 : Le droit du contribuable vérifié à l’information préalable............................6
Section 1 : L’avis de vérification, une formalité obligatoire.........................................6
Paragraphe 1 : La législation de l’obligation.............................................................6
Paragraphe 2 : La délimitation de domaine de l’obligation.....................................7
A- Une obligation concernant la vérification approfondie....................................7
B- Une obligation ne concernant que la vérification approfondie........................8
a- la distinction avec la vérification préliminaire...............................................8
b- La distinction de la vérification approfondie du droit de communication. 9
Section 2 : L’avis de vérification : une formalité fondamentale.................................11
Paragraphe 1 : les conditions de régularité de l’avis de vérification.....................11
A- Le contenu de l’avis de vérification..................................................................11
a- Le service chargé de la vérificationcachet et les agents de vérifications. . .11
b- L’assistance fiscale.........................................................................................12
c- Les impôts concernés par la vérification......................................................14
d- La période concernée par la vérification......................................................16
e- La date du commencement de la vérification :............................................17
B- La notification de l’avis de vérification :.........................................................17
a- La date de la notification :.............................................................................17
b- Les modalités de la notification :...................................................................19
c- Le destinataire de la notification :.................................................................19
Paragraphe 2 : La sanction de l’irrégularité de l’avis de vérification...................20
A- La nullité de l’avis entaché d’une irrégularité................................................20
a- La notion d’irrégularité.................................................................................21
b- La mise en œuvre de la nullité.......................................................................21
B- Les correctifs de la nullité.................................................................................22
a- L’anesthésie des irrégularités de la vérification..........................................22
b- La régularisation de la vérification...............................................................23
Chapitre 2 : Le droit de contribuable vérifié à la contradiction........................................25
Section 1 : Le caractère contradictoire de la vérification...........................................25
Paragraphe 1 : Le débat oral et contradictoire........................................................25
A- La vérification sur place....................................................................................26
B- La vérification dans les bureaux de l’administration.....................................27
a- Les conditions de forme.................................................................................27
b- Les conditions de fond....................................................................................30
C- L'objet d'un débat oral et contradictoire........................................................30
a- La définition de l'objet du débat oral et contradictoire..............................30
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Renforcement des garanties IEDF
2006-2008
b- La preuve de l'objet du débat oral et contradictoire..................................31
Paragraphe 2 : Le débat formel imposé par l'administration fiscale....................32
A- La nécessité de conditionner le recours aux demandes d'éclaircissements et
de justifications........................................................................................................32
a- Le silence quant aux conditions de fond.......................................................33
b- Le silence quant aux conditions de forme....................................................33
B- Le régime de réponse du contribuable.............................................................34
a- Le maintien des délais brefs de réponse.......................................................34
b- Le silence sur les conséquences de défaut ou d'insuffisance de réponse.. .35
Section 2 : Les procédures de redressement sont, en principe, contradictoire.........36
Paragraphe 1 : Les conditions d'application des procédures de redressement....37
A/ Champ d'application de la procédure de redressement contradictoire........37
a- Une déclaration insuffisante..........................................................................38
b- Une déclaration inexacte................................................................................38
B/ Les cas d'ouverture de la procédure de redressement unilatérale................38
Paragraphe 2 : garanties du contribuable liées aux procédures de redressement40
A/ L'information sur les résultats de la vérification............................................41
a- La notification des résultats.........................................................................41
b- La motivation des résultats............................................................................42
c- Ouverture d'un délai de réponse...................................................................43
B/ L'aboutissement des procédures de redressements : L'A. T. O.....................44
Conclusion de la première partie...........................................................................................46
PARTIE II : Les garanties en matière de contentieux fiscal............................47
Introduction à la deuxième partie.........................................................................................48
Chapitre 1 : Le contentieux de l'assiette de l'impôt.............................................................49
Section 1 : Les procédures de recours devant le tribunal de première instance.......50
Paragraphe 1 : L'introduction de la requête introductive devant de tribunal de
première instance :......................................................................................................50
Paragraphe 2 : le déroulement de la procédure :.....................................................53
A- La phase judiciaire de conciliation :................................................................53
B- La phase juridictionnelle proprement dite :....................................................55
Section 2 : La procédure devant la cour d'appel.........................................................58
Section 3 : Le pourvoi en cassation...............................................................................62
Paragraphe 1 : Les modalités de pourvoi en cassation :.........................................63
A- la qualité pour agir :..........................................................................................63
B- Le délai pour agir :............................................................................................63
C- le ministère d’avocat :.......................................................................................63
D- l’Introduction du pourvoi et la présentation du mémoire :...........................64
Paragraphe 2 : Les moyens de recours en cassation :.............................................65
Paragraphe 3 : La décision du tribunal administratif :..........................................65
A- le rejet du recours :............................................................................................66
B- l’admission du recours en cassation.................................................................66
Chapitre 2 : Le contentieux fiscal pénal...............................................................................67
Section 1 : La constatation des infractions fiscales pénales........................................67
Paragraphe 1 : Les conditions d'établissement du procès-verbal :........................68
A- Les personnes habilitées à établir les procès-verbaux :.................................68
B- Le contenu du procès-verbal :..........................................................................69
Paragraphe 2 : L'inscription des procès-verbaux sur des registres spéciaux :.....69
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Renforcement des garanties IEDF
2006-2008
Section 2 : La mise en mouvement de l'action publique..............................................70
Section 3 : La transaction en matière d'infractions fiscale pénales............................71
Paragraphe 1 : les effets de la transaction :..............................................................72
Paragraphe 2 : La nature juridique de la transaction :..........................................72
Section 4 :l'extinction de l'action publique...................................................................73
Section 5 : La phase juridictionnelle du contentieux fiscal pénal...............................75
Paragraphe 1 : les procédures devant le tribunal de première instance :.............75
Paragraphe 2 : les procédures devant la cour d’appel :..........................................75
Paragraphe 3 : Le pourvoi en cassation....................................................................77
Conclusion de la deuxième partie..........................................................................................79
Conclusion générale................................................................................................................81
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Renforcement des garanties IEDF
2006-2008
SOMMAIRE
Introduction générale...............................................................................................................1
PARTIE I : Les garanties administratives.................................................................4
Introduction de la première partie..........................................................................................5
Chapitre 1 : Le droit du contribuable vérifié à l’information préalable.....................................6
Section 2 : L’avis de vérification : une formalité fondamentale.......................................11
Chapitre 2 : Le droit de contribuable vérifié à la contradiction........................................25
Section 1 : Le caractère contradictoire de la vérification.................................................25
Section 2 : Les procédures de redressement sont, en principe, contradictoires................36
Conclusion de la première partie...........................................................................................46
PARTIE II : Les garanties au niveau du contentieux fiscal..............................47
Introduction de la deuxième partie.......................................................................................48
Chapitre 1 : Le contentieux de l'assiette de l'impôt.............................................................49
Section 1 : Les procédures de recours devant le tribunal de première instance...............50
Section 2 : La procédure devant la cour d'appel...............................................................58
Section 3 : Le pourvoi en cassation..................................................................................62
Chapitre 2 : Le contentieux fiscal pénal...............................................................................67
Section 1 : La constatation des infractions fiscales pénales.............................................67
Section 2 : La mise en mouvement de l'action publique...................................................70
Section 3 : La transaction en matière d'infractions fiscale pénales...................................71
Section 4 : L 'extinction de l'action publique....................................................................73
Section 5 : La phase juridictionnelle du contentieux fiscal pénal.....................................75
Conclusion de la deuxième partie..........................................................................................79
Conclusion générale................................................................................................................81
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