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Résumé de l’amnistie fiscale

L’amnistie fiscal, définie comme une mesure générale prévue par un acte
législatif et ayant pour objet d’effacer un fait punissable en matière fiscale
envers les contribuables récalcitrants, l’amnistie fiscale concourt à un objectif
traditionnel, la lutte contre la fraude et l’évasion fiscale.

Partie I - Le Régime juridique de l’amnistie fiscale


Lorsqu’on parle du régime juridique on vise le cadre réglementaire qui
détermine la nature de l’opération du point de vue de la loi il convient de prime
abord de procéder dans un premier lieu à la détermination de la notion
d’amnistie fiscale et ses objectifs du point de vue juridique toujours (A), afin de
déterminer par la suite la portée de cette mesure vis-à-vis des protagonistes
intéressés (B).
A. La détermination de l’amnistie fiscale et ses objectifs escomptés
1-La détermination de l’amnistie fiscale
L’amnistie fiscale est un choix politique avant d'être une mesure fiscale
conjoncturelle. C'est un choix gouvernemental exprimant une réforme fiscale.
Le législateur va intervenir juste pour le légaliser suite à un texte législatif et
constitutionnel. En conséquent, la légitimité du pouvoir fiscal est avant tout une
légitimité politique faisant la référence à un impôt légitime et accepté par les
citoyens.
2-Les objectifs de l’amnistie fiscale.
l'amnistie fiscale demeure une mesure dont l'objectif est d'effacer à postériori les
infractions fiscales. Elle constitue une incitation pour quelques contribuables
défaillants à leur devoir fiscal à se mettre volontairement en règle avec la loi
fiscale sans que leur attitude puisse leur être opposée
B. Portée de la loi d’amnistie
L’amnistie est une mesure qui vise à la réparation spontanée des infractions et
aux réparations qui peuvent être réalisées. L'administration conserve ses
pouvoirs de contrôle et les contribuables n'échappent à l'application des
pénalités et, le cas échéant, aux poursuites que dans la mesure où ils régularisent
leurs situations.
Partie II : les Intérêts et les limites de l’amnistie fiscale
On examine successivement l’efficacité de l’amnistie fiscale au Maroc
(A) ainsi que ses limites (B).
A. L’efficacité de l’amnistie fiscale au Maroc :
Afin d’aborder la question de l’efficacité de l’amnistie fiscale au Maroc nous
allons nous limiter lors de cette partie, aux deux dernières opérations qu’a connu
le Maroc, à savoir celle de 2012 et celle 2014.

Il est à rappeler que la première opération, qui a eu lieu en 2012, a porté sur l’
annulation totale des pénalités, majorations de retard et frais de recouvrement
accompagnant le principal de l’impôt et l’annulation partielle des pénalités

1-L’opération de l’amnistie fiscale de 2012 :


Cette opération avait comme cible les dettes fiscales non payées par des
contribuables marocains domiciliés au Maroc ; elle prévoit :
L’annulation totale des pénalités, majorations de retard et frais de
recouvrement accompagnant le principal de l’impôt.
L’annulation partielle des pénalités, majorations de retard et frais de
recouvrement émises sans impôt. Cette mesure concerne les personnes
redevables uniquement des pénalités, majorations et frais de recouvrement
demeurés impayés

2-L’opération d’amnistie fiscale de 2014


Une fois qu’une personne ayant sa résidence fiscale au Maroc aurait payé une
contribution libératoire, elle devrait déclarer chaque année les revenus ou profits
générés par les biens immeubles et les actifs financiers détenus à l’étranger depuis
début 2014 selon les dispositions de droit commun.
En cas de non-paiement de la contribution libératoire, la souscription à
l’amnistie libère de toute poursuite pour infraction à la législation fiscale ou de
change. Le récépissé de la banque est opposable à la DGI et à l’Office des changes.
Les personnes concernées et qui n’auront pas procédé à une déclaration comme
le prévoit la loi de Finances 2014 sont assujetties aux dispositions fiscales en
vigueur. Ces dernières prévoient des sanctions d’assiette et de recouvrement pour
paiement tardif d’impôt.
A. les limites de l’amnistie fiscale
Les mesures d‘amnistie fiscale risquent d‘accoutumer les fraudeurs à l‘impunité
puisqu‘ils s‘attendront à ce que ces moments de rémission reviennent
épisodiquement .Cette mesure permet d’une certaine manière de porter atteinte
au principe de l’équité et d’égalité fiscale dans la mesure où les contribuables
ayant respecté leurs engagements fiscaux vis-à-vis l’Etat peuvent se sentir lésés.
Il faut rappeler que l'amnistie fiscale encourage les fraudeurs à rembourser les
impôts qu'ils doivent en leur évitant des pénalités dans une durée limitée dans le
temps. En cas de défaut de paiement dans les délais établis par l'amnistie fiscale,
des peines plus sévères s'appliquent si l'évasion est découverte.
1. l’absence des conditions de réussite de l’amnistie fiscale.
Ces conditions ont fait l’objet de nombreux travaux de fiscalistes, professionnels
et universitaires. Il serait donc judicieux de les passer en revue afin d’analyser le
potentiel succès d’une mesure d’amnistie fiscale dans le contexte Marocain
actuel

 La réforme de la législation fiscale

En effet, si l’on part du constat que l’amnistie est nécessaire pour un système
fiscal massivement fraudé, il faut comprendre que cette fraude s’explique en
partie par l’injustice de ce système fiscal. «L’amnistie ne réussira pas à juguler
la fraude tant que les impôts en place ne sont pas réformés. »
 Modérer le recours à l’amnistie fiscale

Cette condition est liée à la fréquence d’utilisation des amnisties fiscales. Une
large majorité de la doctrine affirme que pour sa réussite, l’amnistie doit être
conçue comme une chance unique pour les contribuables plutôt que comme une
opportunité récurrente , Les amnisties ne doivent donc pas être récurrentes,
sinon elles encourageront la fraude au moment où l’on cherche à la juguler.
 Convaincre la mentalité nationale de l’importance de l’impôt
La fraude fiscale existe chez toutes les catégories sociales sans exception. De là,
le refus de l'impôt est un sentiment qui entrave la démarche économique de
l'Etat. Il faut convaincre la mentalité nationale de l'importance de l'impôt à
travers une culture volontaire. Que le devoir fiscal reste un devoir citoyen et
utile pour toute la collectivité qu'il appelle à être exécuté dans une ambiance de
paix sociale et de civisme.

2. L’amnistie fiscale : conséquence des limites du contrôle fiscal.


En effet, il est moins coûteux pour l’Etat d’inciter un contribuable récalcitrant à
déclarer spontanément son dû via une mesure d’amnistie plutôt que de mener
l’enquête dans le cadre d’un contrôle fiscal dont la mise en œuvre nécessite la
mobilisation de ressources non négligeables.

Le recours à l’amnistie fiscale, synonyme d’abandon de pénalités importantes,


dénote de l’incapacité de l’Etat à faire respecter sa législation fiscale. Ceci est de
nature à diminuer la crédibilité de l’Etat et à donner un coup à ce que certains
appellent « le prestige de l’Etat ». Dans le même ordre d’idées, l’incapacité du
gouvernement à faire appliquer sa législation fiscale sur le long terme peut
l’inciter à recourir de nouveau aux amnisties fiscales, diminuant de la sorte
encore plus la crédibilité de l’Etat et engendrant au final des pertes pour les
caisses de l’Etat.

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