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SURVEILLANCE PRUDENTIELLE
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9. Règlement (UE) n° 1163/2014 de la BCE du 22 octobre 2014 sur les redevances de surveil-
lance prudentielle (BCE/2014/41), JOUE, n° L 311 du 31 octobre 2014, p. 23.
10. Sur la nécessité, au regard du droit de l’Union européenne, de distinguer les prélève-
ments sociaux et fiscaux dès lors que le droit de l’Union n’instaure l’unicité de législation qu’en
matière sociale et ne prohibe pas les doubles impositions, voy. CJCE, ass. plén., 15 février 2000,
Commission c/ France, C-169/98, (1ère esp.) et C-34/98, Commission c/ France (2e esp.), Rec.,
p. I-995 et p. I-1049, Revue de droit fiscal, 2000, n° 11, act. 100091. Puis CJUE, 26 février 2015,
Min. c/ de Ruyter, C-623/13, Revue de droit fiscal, 2015, n° 10, act. 124. Pour une très bonne
synthèse, voy. S. Quilici, « Les prélèvements sociaux sur les revenus du patrimoine sont des
cotisations sociales au sens du droit de l’Union européenne », Revue de droit fiscal, 2015, n° 10,
act. 124.
11. Si certains auteurs ont tenté de les distinguer, les termes « impôt », « imposition » et
« taxe » sont interchangeables. Aussi seront-ils employés indistinctement ci-après.
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12. Ce caractère facultatif résulte de ce que seuls les usagers d’un ouvrage ou d’un service
doivent payer une redevance, et de ce que nul n’est obligé d’être usager. De ce point de vue, les
redevances pour service rendu sont parfois assimilées à des prix.
13. En droit français, voy. CE, ass., 21 novembre 1958, n 30693 et 33969, Syndicat national
des transporteurs aériens, Rec. CE, 1958, p. 572 ; D., 1959, p. 475, conclusions J. Chardeau, note
L. Trotabas ; D., 1959, p. 476 ; AJDA, 1958, p. 471, note R. Drago. Cons. const., déc. n° 69-57 L,
24 octobre 1969 ; déc. n° 76-92 L, 6 juin 1976. Sur l’équivalence financière entre le montant de la
redevance et le coût du service, voy., plus récemment, CE, ass., 16 juillet 2007, Syndicat national
de défense de l’exercice libéral de la médecine à l’hôpital, n° 293229 et n° 293254, Rec. CE, 2007,
p. 349, conclusions C. Devys ; RFDA, 2007, p. 1269, conclusions C. Devys et note P. Terneyre,
p. 1278 ; RJF, 12/2007, n° 1507 ; BDCF, 2007, n° 144, conclusions. C. Devys ; RFDA, 2007, p. 1269,
conclusions C. Devys et note P. Terneyre, p. 1278 ; AJDA, 2007, p. 1807, chron. J. Boucher et
B. Bourgeois-Machureau ; Rev. Lamy coll. terr., 2007, n° 10, comm. n° 28, F. Tenailleau, au sujet
de l’équivalence entre le montant de la redevance et l’avantage obtenu par l’utilisateur. En droit
de l’Union, le recours au critère de la proportionnalité en vue de distinguer les taxes d’effet équi-
valent et les rémunérations pour service rendu est également employé par la Cour de justice :
voy. par exemple CJCE, 1er juillet 1969, Commission c/ Italie, 24/68, Rec., p. 193 ; 10 octobre 1973,
Filli Variola S.p.A. c/ Administration des finances italiennes, 34/73, Rec., p. 981 ; 25 janvier
1977, W.J.G. Bauhuis c/ État Néerlandais, 46/76, Rec., p. 5 ; 12 juillet 1977, Commission c/
Pays Bas, 89/76, Rec., p. 1355 ; 12 janvier 1983, Andreas Matthias Donner c/ État néerlandais,
39/82, Rec., p. 19 ; 17 mai 1983, Commission c/ Belgique, 132/82, Rec., p. 1649 ; 9 novembre 1983,
Commission c/ Danemark, 158/82, Rec., p. 3573 ; 11 juillet 1989, Ford Espana, 170/88, Rec.,
p. 2305 ; 2 mai 1990, Bakker Hillegom, C-111/89, Rec., p. I-1751 ; 21 mars 1991, Commission c/
Italie, C-209/89, Rec., p. 1575.
14. En droit français, cette exigence découle de l’article 6 de la Déclaration des droits de
l’homme et du citoyen du 26 août 1789 : en ce sens, voy. par exemple Cons. const., 6 août 2014,
décision n° 2014-698 DC, Loi de financement rectificative de la sécurité sociale pour 2014.
Cons. const., 6 juin 2014, décision n° 2014-400 QPC, Sté Orange SA (pour une étude d’ensemble,
voy. R. Torlet et M. Valeteau, « La jurisprudence du Conseil constitutionnel relative au principe
d’égalité depuis l’institution de la QPC », Revue de droit fiscal, 2015, n° 13, comm. 231, p. 32).
En droit de l’Union, les discriminations entre les contribuables qui se trouvent dans des situa-
tions identiques sont également prohibées si elles restreignent l’exercice des libertés de circula-
tion : en ce sens, voy. CJCE, 14 février 1995, Finanzamt Köln-Altstadt c/ Roland Schumacker,
C-279/93, Rec., p. I-225, et l’abondante jurisprudence qui en découle (sur cette question, voy.
A. Maitrot de la Motte, Droit fiscal de l’Union européenne, op. cit., nos 106 à 190).
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15. En droit français, cette exigence découle de l’article 13 de la Déclaration des droits de
l’homme et du citoyen du 26 août 1789 : en ce sens, voy. par exemple Cons. const., 30 décembre
1981, décision n° 81-133 DC, Loi de finances pour 1982 ; 29 décembre 1998, décision n° 98-405 DC,
Loi de finances pour 1999 ; 28 décembre 2000, décision n° 2000-442 DC, Loi de finances pour
2001.
16. Sur cette question, voy. M. Lecerf et G. Blanc, « Le financement des services publics :
impôts ou redevances ? », Revue de droit fiscal, 1998, n° 39, 100325.
17. En droit français, le service public de l’enlèvement des ordures ménagères, qui est assuré
par les collectivités locales, est en principe financé par le budget de ces collectivités, lequel est
alimenté par une taxe : il s’agit de la taxe d’enlèvement des ordures ménagères, qui est calculée
sur la base de celle nécessaire aux taxes foncières sur les propriétés bâties. La nature de taxe
exclut alors toute proportionnalité entre le coût de ce service et le montant mis à la charge des
contribuables. Par exception, les collectivités locales peuvent, depuis l’adoption de l’article 14,
II de la loi n° 74-1129 du 30 décembre 1974 de finances pour 1975, substituer une redevance
pour service rendu à cette taxe : « 1. Les communes, leurs groupements ou les établissements
publics locaux qui assurent l’enlèvement des ordures, déchets et résidus peuvent instituer une
redevance calculée en fonction de l’importance du service rendu. 2. La redevance est instituée
par l’assemblée délibérante de la collectivité locale ou de l’établissement public local qui en fixe
le tarif. Elle est recouvrée par cette collectivité, ce groupement ou cet établissement ou, par délé-
gation de l’assemblée délibérante, par le concessionnaire du service ». Ainsi que le mentionne
expressément la loi de finances pour 1975, le montant exigé doit alors être proportionné au coût
du service rendu. La taxe et la redevance sont ainsi alternatives, et obéissent à des régimes juri-
diques distincts : la taxe est obligatoire et non proportionnelle, alors que la redevance ne touche
que ceux qui bénéficient du service et est proportionnelle au coût de ce service (CE, sect., avis,
10 avril 1992, n° 132539, SARL Hofmiller, Rec. CE, 1992, p. 159 ; Dr. fisc., 1992, n° 30, comm. 1537,
concl. J. Arrighi de Casanova ; RJF, 1992, n° 844 ; AJDA, 1992, p. 688, note X. Prétot ; CJEG,
1992, p. 480, note J.-F. Lachaume).
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18. Voy. Cons. const., 11 août 1960, décision n° 60-8 DC, Redevance radio-télévision, S.,
1960, 277, note R. Bourdoncle ; D., 1961, 471, note L. Hamon ; voy. aussi L. Trotabas, « La taxe
radiophonique : taxe, redevance ou parafiscalité ? », Rev. sc. fin., 1961, p. 5 ; M. Waline, RDP,
1960, p. 1020 ; voy. encore J.-M. Auby et R. Ducos-Ader, Droit de l’information, 2e éd., Paris,
Dalloz, 1982, pp. 377 et s. ; J. Chevallier, La Radio-Télévision française entre deux réformes,
Paris, LGDJ, 1976, pp. 224-233 ; C. Gour, J. Molinier et G. Tournié, Droit fiscal. Les grandes
décisions de la jurisprudence, coll. Thémis, Paris, PUF, 1977, pp. 24-30.
19. Sur cette question, voy. A. Maitrot de la Motte, « La réforme de la redevance audiovi-
suelle : on ne peut pas plaire à tout de monde », Revue de droit fiscal, 2004, n° 22-23, pp. 940-950.
20. Cons. const., 28 juin 1982, décision n° 82-124 L, Dr. fisc., 1982, n° 27, comm. n° 1465 ; RDP,
1983, p. 348, note L. Favoreu. CE, ass., 20 décembre 1985, SA Établissements Outters, Rec. CE,
p. 382 ; RFDA, 1986, p. 513, conclusions Ph. Martin ; Dr. fisc., 1986, n° 23, comm. n° 1128 ;
D., 1986, jur. p. 283, note L. Favoreu.
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Une réponse positive s’impose dès lors que nonobstant les quatre indices
qui viennent d’être présentés, les deux critères essentiels qui permettraient
de considérer que la « redevance de surveillance prudentielle » serait une
véritable redevance pour service rendu ne sont pas remplis. Correspondant
à la somme dont doit s’acquitter l’usager d’un service public ou d’un
ouvrage public, une redevance ou rémunération pour service rendu possède
en effet nécessairement deux caractéristiques : elle est facultative dès lors
que seul l’usager paye et que nul n’est obligé d’être usager ; et son montant
est nécessairement proportionné au coût du service ou à l’avantage qu’en
retire l’usager(25). Or aucun de ces deux critères essentiels n’est rempli par
la « redevance de surveillance prudentielle ».
D’une part, la « redevance de surveillance prudentielle » n’est pas
facultative, mais obligatoire. Ceci tient à ce que les établissements de crédit
visés par le règlement « MSU » n’ont pas le choix d’être ou de ne pas être
surveillés, mais le sont obligatoirement. Consécutivement, le règlement du
22 octobre 2014 prévoit qu’ils doivent payer la redevance de surveillance,
dont ils sont « avisés »(26).
Et d’autre part, le montant de la redevance n’est pas proportionné au
coût du service ou aux avantages dont bénéficient les débiteurs. Plus avant,
ce montant ne tient guère compte de ces paramètres, dont il est totalement
déconnecté. Prévu par les articles 7 à 10 du règlement du 22 octobre 2014
qui sont complétés par une décision de la BCE en date du 11 février 2015(27),
le mode de calcul de la redevance montre que le montant de celle-ci n’est
24. Il en résulte que si les redevances de surveillance prudentielle de la BCE perçues auprès
des banques pour 2014-2015 s’élèveront à 326 millions d’euros, les 123 banques « importantes »
acquitteront 89 % de la somme totale, contre 11 % pour les 3 500 banques « moins importantes ».
Sur cette question, voy. le communiqué de presse de la BCE en date du 29 avril 2015.
25. Voy. supra, note n° 13.
26. Règlement (UE) n° 1163/2014, préc., articles 12 et 13.
27. Décision (UE) 2015/530 de la BCE du 11 février 2015 relative à la méthodologie et aux
procédures applicables pour la détermination et la collecte des données relatives aux facteurs
de redevance pour calculer les redevances annuelles de surveillance prudentielle, JOUE, n° L 84
du 28 mars 2015, p. 67.
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pas arrêté individuellement en fonction de ces critères, mais qu’il repose sur
d’autres paramètres.
En fin de compte, il ressort de l’étude du régime de la « redevance
de surveillance prudentielle » que son montant est sans rapport avec le
service rendu par la BCE aux opérateurs qui doivent s’en acquitter, et que
cette dernière ne fait que répercuter sur la masse des opérateurs les coûts
globaux qu’elle a exposés.
La « redevance de surveillance prudentielle » serait-elle dès lors un
impôt de répartition, par opposition à un impôt de quotité ?(28) Plus avant,
un impôt européen n’aurait-il pas été incidemment créé ?
28. L’impôt de répartition est celui dont le produit total attendu est fixé à l’avance, avant
d’être réparti entre les contribuables. Autrement dit, la somme totale que l’État entend recevoir
est déterminée en premier lieu, et le taux d’imposition ne se dégage qu’après que la répartition
a été effectuée. Utilisée sous la Révolution Française, la technique de l’impôt de répartition a
surtout concerné l’ancienne contribution mobilière locale. Dans le cas d’un impôt de quotité,
il est procédé dans l’ordre inverse : la loi détermine d’abord une matière imposable et un taux
d’imposition, si bien que le rendement de l’impôt n’est connu qu’à l’issue des opérations de
recouvrement. Cette dernière technique est désormais en vigueur dans tous les systèmes fiscaux
modernes, dont elle constitue le procédé de droit commun.
29. Voy. supra.
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30. O. Négrin, « Une légende fiscale : la définition de l’impôt de Gaston Jèze », RDP, 2008,
n° 1, p. 139.
31. G. Vedel, Cours de législation financière 1952-1953, Paris, Les Cours de droit, 1953,
p. 326.
32. Le terme « débiteur » est d’ailleurs utilisé à plusieurs reprises par le règlement du
22 octobre 2014.
33. Règlement (UE) n° 1163/2014, article 14, préc. : « Sans préjudice de tout autre recours à
la disposition de la BCE, en cas de paiement partiel, de défaut de paiement ou de non-respect des
conditions de paiement précisées dans l’avis de redevance, des intérêts courent quotidiennement
sur le solde de la redevance de surveillance prudentielle annuelle à un taux d’intérêt correspon-
dant au taux de refinancement principal de la BCE plus huit points de pourcentage à compter de
la date à laquelle le paiement était dû ».
34. Règlement (UE) n° 1163/2014, article 15, préc. : « En cas de violation du présent
règlement, la BCE peut imposer des sanctions aux entités soumises à la surveillance confor-
mément au règlement (CE) n° 2532/98 du Conseil complété par le règlement (UE) n° 468/2014
(BCE/2014/17) ».
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35. Ce paiement a lieu au plus tard 35 jours après la réception de l’avis : voy. règlement (UE)
n° 1163/2014, article 12, paragraphe 3, préc.
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36. Voy. directive 2010/24/UE du Conseil du 16 mars 2010 concernant l’assistance mutuelle
en matière de recouvrement des créances relatives aux taxes, impôts, droits et autres mesures,
JOUE, n° L 84 du 31 mars 2010, p. 1. Règlement d’exécution (UE) n° 1189/2011 de la Commis-
sion du 18 novembre 2011 « fixant les modalités d’application relatives à certaines dispositions
de la directive 2010/24/UE du Conseil concernant l’assistance mutuelle en matière de recouvre-
ment des créances relatives aux taxes, impôts, droits et autres mesures », JOUE, n° L 302 du
19 novembre 2011, p. 16.
37. Certes, le paragraphe 2 de l’article 11 du règlement du 22 octobre 2014 dispose que « Les
autorités compétentes nationales prêtent assistance à la BCE en prélevant les redevances si la
BCE le demande ». Mais il ne saurait être affirmé qu’une telle disposition organise une coopéra-
tion de nature fiscale.
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38. CE, 22 mars 2000, Syndicat national autonome personnel Banque de France c/ Banque
de France, AJDA, 2000, p. 466 ; AJDA, 2000, p. 410, M. Guyomard et M. Collin ; Dr. adm., 2000,
comm. 88 ; CE, 2 octobre 2002, Banque de France et a., AJDA, 2002, p. 1345 ; RTD com., 2003,
p. 282, G. Orsoni ; AJFP, n° 2, 2003, p. 7, M. Lenica ; AJDA, 2002, p. 1345, J.-P. Markus ; RFDA,
2002, p. 1175, P. Terneyre ; CE, 21 février 2003, Fédération CFDT syndicat banques et sociétés
financières, Dr. adm., 2003, comm. 85, G.L.C.
39. CE, 22 mars 2000, Syndicat national autonome personnel Banque de France c/ Banque
de France, préc.
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peuvent pas être retenues, toute démarche en ce sens n’est-elle pas vouée
à l’échec ?
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