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Dr LATTE Edoukou
Dr COULIBALY Amidou
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SOMMAIRE
CHAPITRE 1 : LES ETATS COMPTABLES, OUTILS CLASSIQUES DE L’ANALYSE
FINANCIÈRE ............................................................................................................................ 4
CHAPITRE 2 : COMPTE DE RESULTAT ET LES SOLDES INTERMÉDIAIRES DE
GESTION ................................................................................................................................. 13
CHAPITRE 3 : L’ANALYSE FINANCIÈRE DU BILAN PAR LA METHODE DES RATIOS
.................................................................................................................................................. 25
CONCLUSION ........................................................................................................................ 40
BIBLIOGRAPHIE ................................................................................................................... 41
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INTRODUCTION
Durant la vie d’une entreprise, celle-ci se trouve motivée voire même obligée, de faire un
diagnostic financier, à l’aide duquel, elle appréciera sa situation commerciale, financière,
technique…etc. et ce, pour pouvoir prendre de bonnes décisions, qui tiendront compte de points
forts de l’entreprise, ainsi que de ses faiblesses.
Afin d’atteindre les objectifs ci-dessus, on fait recourt généralement aux examens approfondis
dans plusieurs cas, quand on veut par exemple avoir un crédit bancaire pour financer les
différents investissements ; si on est en phase d’un projet d’expansion, ou encore si on constate
des difficultés et on désire les expliquer.
Parmi les méthodes du diagnostic financier, on trouve la méthode des ratios. L’analyse
financière par la méthode des ratios permet de décrire la situation financière, économique,
commerciale, technique etc… Elle utilise différents ratios que sont :
- Les ratios de structure financière permettant de faire un jugement sur l’autonomie
financière de l’entreprise, sa capacité d’endettement, sa capacité de remboursement
ainsi que sa liquidité ;
- Les ratios d’exploitation et les ratios de gestion qui permettent de se prononcer sur la
performance de l’entreprise et la qualité en matière de gestion ;
- Les ratios de rentabilité et les ratios de productivité et de rendement qui ont plutôt un
objectif économique.
Un examen attentif des ratios est une façon d’évaluer la santé financière de l’entreprise et
permettre son amélioration. Les ratios servent à faire des comparaisons entre différents aspects
du rendement d’une entreprise, d’une industrie ou d’une région. Ils révèlent des indices
fondamentaux, par exemple, votre taux d’endettement critique, votre accumulation de stocks
ou le retard de paiement de vos clients.
A travers cet exposé, nous allons essayer de vous présenter aux chapitre 1 et 2, les états
comptables utiles à l’analyste financier pour appréhender les situations statiques (bilan) et
dynamiques (compte de résultat), et les états économiques et financiers complétant
l’information. Enfin le chapitre 3 permettra de présenter les différents types de ratios cités ci-
dessus. Cependant, il nous paraît nécessaire de commencer ce chapitre par les généralités sur
les ratios, à savoir la définition des ratios, leur importance, leur contribution dans les tableaux
de bord, les pièges à éviter lors d’une analyse financière par les ratios et les principales limites
dont souffre cette méthode.
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CHAPITRE 1 : LES ETATS COMPTABLES, OUTILS CLASSIQUES DE
L’ANALYSE FINANCIÈRE
L’analyse financière ne peut pas être faite ex-nihilo, elle doit se fonder sur des données
qualitatives et quantitatives. Les données qualitatives portent sur la connaissance du métier de
l’entreprise et de son secteur d’activité. Les données quantitatives se trouvent, principalement,
mais pas exclusivement, dans le bilan, le compte de résultat et l’annexe légale de l’entité
analysée.
Selon l’article 29 du chapitre 3 sur les états financiers annuels de l’Acte Uniforme Portant
Organisation et Harmonisation des Comptabilités des Entreprises (AUCE), le bilan décrit
séparément les éléments d’actifs et les éléments de passif constituant le patrimoine de
l’entreprise. Il fait apparaître de façon distincte les capitaux propres.
Selon l’article 30 de l’AUCE, le bilan de l’exercice fait apparaître de façon distincte :
• À l’actif : l’actif immobilisé (compte de la classe de la classe 2) ; l’actif circulant
(stocks, créance) ; la trésorerie-actif (banque, caisse, CCP, Titres de placement) et
l’écart de conversion-actif. Les titres de placement difficilement cessibles constituent
des valeurs d’actif immobilisé. Ils sont portés dans la rubrique : autres immobilisations.
• Au passif : les ressources stables (capitaux propres, dettes financières) ; le passif
circulant (dette à -1 an) ; la trésorerie-passif (découverts…) et l’écart de conversion-
passif. Capitaux propres : cette rubrique est constituée de Capital ₊ Reserve₊ Report à
Nouveau₊ Primes-Actionnaire, capitale non appelée.
Présentation détaillée du bilan selon le SYSCOHADA révisé
4
BILAN AU 31 DECEMBRE N
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MODELE 2 (BILAN PASSIF)
BILAN AU 31 DECEMBRE N
Note EXERCICE AU EXERCICE AU
REF PASSIF 31/12/N 31/12/N-1
NET NET
CA Capital 13
CB Apporteurs capital non appelé (-) 13
CD Primes liées au capital social 14
CE Ecarts de réévaluation 3c
CF Réserves indisponibles 14
CG Réserves libres 14
CH Report à nouveau (+ ou -) 14
CJ Résultat net de l’exercice (bénéfice + ou perte -)
CL Subvention d’investissement 15
CM Provisions réglementées 15
CP TOTAL CAPITAUX PROPRES ET
RESSOURCES ASSIMILEES
DA Emprunts et dettes financières diverses 16
DB Dettes de location acquisition 16
DC Provisions pour risques et charges 16
DD TOTAL DETTES FINANCIERE ET
RESSOURCES ASSIMILEES
DF TOTAL RESSOURCES STABLES
DH Dettes circulantes HAO 5
DI Clients, avances reçues 7
DJ Fournisseurs d’exploitation 17
DK Dettes fiscales et sociales 18
DM Autres dettes 19
DN Provisions pour risques à court terme 19
DP TOTAL PASSIF CIRCULANT
DQ Banques, crédits d’escompte 20
DR Banques, établissements financiers et crédits de 20
trésorerie
DT TOTAL TRSORERIE-PASSIF
DV Ecart de conversion-Passif 12
DZ TOTAL GENERAL
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2. Le bilan en grande masse
La partie droite (passif) énumère les obligations correspondant à des dettes (vis-à-vis des
banques, des fournisseurs, de l’Etat) et rappelle les droits du propriétaires, individuel ou
actionnaires sur le capital de départ qu’ils ont apporté (capital) ou accumulé au fil des années
précédentes (réserves) et sur le résultat de l’exercice qui vient de se terminer (résultat). Les
droits des propriétaires et actionnaires appelés « situation nette » représentent la différence
entre les droits totaux (actif) moins les obligations totales (dettes).
❑ Aspect économique du Bilan
Pour les économistes et pour les financiers, le passif est l’ensemble des ressources à la
disposition de l’entreprise, c’est-à-dire l’ensemble des moyens de financement auxquels elle a
eu recours dans le passé et dont elle bénéficie encore. Les ressources sont soit stables (capital,
réserves, emprunts bancaires) soit remboursables à court terme (résultat, dettes fournisseurs,
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dettes fiscales, dettes auprès des organismes sociaux). L’actif regroupe les emplois, c’est-à-dire
les utilisateurs faites de ressources. Les financiers distinguent les emplois fixes
(immobilisations) qui constituent l’outil de travail de l’entreprise et les emplois circulants qui
accomplissent le cycle économique
L’approche économique permet de voir qu’il existe une structure verticale, mais aussi une
structure horizontale du bilan : les ressources stables du passif doivent servir à financer les
emplois fixes de l’actif.
Les financiers ont l’habitude d’examiner le haut et le bas du bilan. Nous avons déjà dit que le
haut du bilan représente une certaine stabilité, et le bas une certaine volatilité. On peut examiner
l’importance relative de l’actif immobilisé et de l’actif circulant. Ce premier examen n’est
pertinent que si on a des points de repère :
- Secteur d’activité de l’entreprise ;
- Situation des concurrents.
Par exemple, la structure du bilan d’une entreprise de BTP sera caractérisée par l’importance
de l’actif immobilisé (du fait du matériel industriel nécessaire à l’activité) et le niveau élevé des
stocks (notamment ceux relatifs aux travaux en cours). Inversement, une société de formation
professionnelle continue, aura un actif immobilisé faible (les seuls actifs nécessaires à l’activité
sont du matériel de bureau et informatique), aucun stock et des créances clients élevées (en
particuliers si les sessions de formation sont dispensées auprès d’organismes publics).
La structure du bilan d’une entreprise peut être facilement analysée en déterminant, les grandes
masses du bilan et en les exprimant en pourcentage du total du bilan. La lecture de l’actif
immobilisé et de l’actif circulant ne doit pas faire oublier les disponibilités : Quel est leur
montant en valeur absolue ? Quelle est leur importance relative par rapport au total du bilan ?
Cette trésorerie est-elle placée ? Une trésorerie élevée est un signe d’une bonne santé de
l’entreprise, mais c’est aussi parfois le signe que les dirigeants n’ont ni projet ni stratégie et
qu’ils ne savent pas quoi faire de leur argent.
Une des règles d’or en finance d’entreprise est de gérer la trésorerie à zéro, c’est-à-dire de placer
la trésorerie dans des supports liquides et non risqués (dépôts à terme, fonds communs de
placement). Il faut ensuite examiner l’importance relative des capitaux propres par rapport aux
dettes. Une erreur généralement commise consiste à croire qu’une entreprise sans dettes a une
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bonne situation patrimoine : les dettes sont nécessaires à la vie des affaires, et à structure
comparable, une entreprise endettée peut avoir plus de valeur qu’une entreprise sans dettes, car
elle paie moins d’impôts.
Quel est le niveau idéal de fonds propres ? Un rapport 50% de capitaux propres et 50% de dettes
serait parfait pour toutes les entreprises en dehors du secteur de l’industrie lourde, très
capitalistique. On rencontre parfois des entreprises sous-capitalisées (niveau de fonds propres
insuffisant). Généralement, le niveau minimal de fonds propres requis pour que l’autonomie
financière d’une entreprise soit jugée suffisante s’élève 25% à 30% du total du bilan. En
dessous de ce seuil généralement admis, l’entreprise peut avoir des difficultés à obtenir des
financements bancaires peuvent également exiger que l’entreprise procède préalablement à une
augmentation de capital avant d’envisager toute forme de prêts à long et moyen terme. Nous
reviendrons ultérieurement sur les ratios de structure financière lors de l’analyse de la
solvabilité
❑ Lecture patrimoniale du bilan (bilan patrimonial ou bilan financier)
CAPITAUX PROPRES
▪ La liquidité du bilan
La liquidité mesure la capacité de l’entreprise à faire face à ses engagements à court terme en
utilisant ses disponibilités ou des actifs aisément et rapidement cessibles ou des lignes de crédits
non tirées.
Ainsi, dans une optique patrimoniale, on classera les passifs par date de remboursement, les
actifs financiers par date d’échéance, et les autres actifs par degré de transformation en une
année.
À la liquidité incertaine de l’actif correspond l’exigibilité certaine des engagements.
▪ La solvabilité
La solvabilité traduit l’aptitude de l’entreprise à faire face à ses engagements en cas de
liquidation, c’est-à-dire d’arrêt de l’exploitation et de mise en vente des actifs.
On peut examiner l’importance relative des capitaux propres, qui sont les sources de
financement, par rapport à l’actif immobilisé où l’on trouve les utilisations des ressources.
Lorsque la différence entre l’ensemble constitué par les capitaux propres auxquels on rajoute
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les dettes financières à long et moyen terme (les capitaux permanents) et l’actif immobilisé est
positive, la totalité des emplois stables et une partie des actifs circulants sont financés. La
différence, qui est une marge de sécurité, est appelée Fonds de roulement.
𝐅𝐨𝐧𝐝𝐬 𝐝𝐞 𝐫𝐨𝐮𝐥𝐞𝐦𝐞𝐧𝐭 = 𝐂𝐚𝐩𝐢𝐭𝐚𝐮𝐱 𝐩𝐞𝐫𝐦𝐚𝐧𝐞𝐧𝐭𝐬 – 𝐀𝐜𝐭𝐢𝐟 𝐢𝐦𝐦𝐨𝐛𝐢𝐥𝐢𝐬é
On procède de la même façon avec l’actif circulant sans les disponibilités et les dettes
d’exploitation et hors exploitation. Les dettes représentent le crédit dont on bénéficie, les stocks
et les créances représentent l’effort de financement que l’on doit faire. Il est rare que les dettes
non financières soient supérieures au stock et aux créances (sauf dans certains secteurs
d’activité comme la grande distribution), mais l’important est qu’elles les compensent en partie.
Dans ce cas, elles financent partiellement le cycle d’exploitation et la différence est appelée
Besoin en fonds de roulement.
BFR = Actif circulant – Passif circulant ou
𝐁𝐅𝐑 = 𝐒𝐭𝐨𝐜𝐤𝐬 + 𝐂𝐫é𝐚𝐧𝐜𝐞𝐬 𝐜𝐥𝐢𝐞𝐧𝐭𝐬 + 𝐀𝐮𝐭𝐫𝐞𝐬 𝐜𝐫é𝐚𝐧𝐜𝐞𝐬 – 𝐃𝐞𝐭𝐭𝐞𝐬 𝐟𝐨𝐮𝐫𝐧𝐢𝐬𝐬𝐞𝐮𝐫𝐬
– 𝐃𝐞𝐭𝐭𝐞𝐬 𝐟𝐢𝐬𝐜𝐚𝐥𝐞𝐬 𝐞𝐭 𝐬𝐨𝐜𝐢𝐚𝐥𝐞𝐬 – 𝐀𝐮𝐭𝐫𝐞𝐬 𝐝𝐞𝐭𝐭𝐞𝐬
Certaines entreprises fragiles ou structurellement à découvert du fait de la spécificité de leur
activité ont recours à des découverts bancaires qui figurent au passif dans les dettes financières
à court terme (les concours bancaires courants). Les disponibilités, à l’actif, moins le découvert
bancaire, au passif, constituent la Trésorerie nette.
❑ Lecture économique du bilan (bilan économique)
▪ Les immobilisations
▪ Le besoin en fonds de roulement d’exploitation
▪ Le besoin en fonds de roulement Hors Activité Ordinaire (HAO)
Stock Matières premières, marchandises, produits et travaux en
cours, produits finis
+Créances d’exploitation Créances clients, avances et acomptes versés sur
commandes à des fournisseurs, autres créances
d’exploitation, charges constatées d’avance, effets
escomptés non échus
-Dettes d’exploitation Dettes fournisseurs, dettes fiscales et sociales, avances sur
commandes reçues de clients, produits constatés d’avance
et autres dettes d’exploitation
=Besoin en fonds de roulement
d’exploitation
▪ L’actif économique
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L’actif économique (actif opérationnel ou capitaux employés) = Immobilisations + BFR
L’actif économique est financé par deux grands types de ressources financières : les capitaux
propres et l’endettement net
Capital social Dettes bancaires et financières (obligations, prêts et
+Primes d’émission, de fusion, comptes courants d’actionnaires…) à moyen et long
d’apport termes
+Réserves légales, statutaires, +Engagements de crédit-bail
contractuelles +Ressources de trésorerie à court terme (escompte,
+Autres réserves concours bancaires courants, effets escomptés non
+Report à nouveau échus…)
+Résultat de l’exercice -Placements financiers (valeurs mobilières de
placement)
-Disponibilités ( caisse , banque, monnaie électronique)
= Capitaux propres = Endettement net
Bilan économique simplifié
Immobilisations
Capitaux propres
Exemple : Soit la société UFR SED qui présente le Bilan ci-dessus au 31 / 12 / 2019.
Bilan par grandes masses de la société UFR SED
Actif %Total Passif %Total
Actif immobilisé Capitaux propres
50% 84%
300 000 500 000
Actif circulant Dettes financières
33% 3%
200 000 20 000
Disponibilités Autres dettes
17% 13%
100 000 80 000
Total : 600 000 100% Total : 600 000 100%
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Corrigé
Les deux lectures croisées donnent une idée de la structure du financement de l’entreprise et
des liens entre son patrimoine et son activité. Dans le cas de la société UFR SED, l’identité
fondamentale : FR – BFR = TN, se traduit par : (500 000 + 20 000 – 300 000) – (200 000 –
80 000) = 100 000
Le fonds de roulement s’élève à 220 000 (500 000 + 20 000 – 300 000 = 220 000), le besoin en
fonds de roulement à 120 000 (200 000 – 80 000 = 120 000). La trésorerie nette égale à 100 000
(220 000 -120 000 = 100 000 ) est confortable, trop confortable même par rapport à un résultat
de 40 000. L’entreprise a trop de liquidités et pas assez de projets lucratifs, mais le seul examen
du bilan ne peut pas nous conduire à des conclusions hasardeuses. Nous avons besoin
d’examiner le compte de résultat pour nous faire une idée plus précise de l’activité et de l’avenir
de la société UFR SED.
3. Compte de résultat
Le bilan n’est pas fait pour retracer l’activité de l’entreprise, même si le résultat périodique
figure dans le poste Capitaux propres. Il y figure pour des raisons techniques : le résultat annuel
d’une entreprise peut être obtenu en comparant les charges et les produits annuels : Produits –
Charges = Résultat, ou en comparant la situation nette des bilans de deux exercices successifs
: Situation nette année n – Situation nette année n – 1 = Résultat.
Le compte de résultat, décrit aux articles 29 et 30 de l’AUCE, récapitule les produits et les
charges, selon qu’ils concernent les opérations d’exploitation attachées aux activités ordinaires,
les opérations financières, les opérations hors activités ordinaires, qui font apparaître, par
différence, le bénéfice net ou la perte nette de l’exercice.
Conclusion
Le bilan, composé des actifs et des passifs et le compte de résultat, composé des charges et des
produits, sont les deux piliers de l’analyse financière.
Le bilan peut être analysé verticalement, pour faire des comparaisons par secteur ou
horizontalement, pour mettre en évidence l’existence de la règle orthodoxe du financement
minimal. Le bilan décrit le patrimoine de l’entreprise depuis sa constitution et conserve
implicitement la trace des décisions importantes du passé de l’entreprise. Le bilan, c’est ce que
l’entreprise EST. Le compte de résultat décrit l’activité de l’entreprise durant un exercice et le
chiffre d’affaires conserve implicitement la trace de son passé commercial. Le résultat, c’est ce
que l’entreprise FAIT.
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CHAPITRE 2 : LES ÉTATS ÉCONOMIQUES ET FINANCIERS :
OUTILS COMPLÉMENTAIRES DE L’ANALYSE FINANCIÈRE
Pour « faire parler les chiffres », il est souvent nécessaire de leur donner une forme plus proche
de la réalité économique que de leur présentation légale. Le suivi de l’activité d’une entité,
qu’elle fasse ou non partie d’un groupe, peut s’opérer à partir d’indicateurs tels que la valeur
ajoutée, l’excédent brut d’exploitation (EBE) ou le résultat d’exploitation.
Le classement des produits et des charges permet d’établir des soldes de gestion dans les
conditions définies par le système comptable OHADA.
1.1.Compte de résultat
Le compte de résultat recense, pour une période donnée toutes les ressources produites par
l’activité de l’entité et les charges consommées ou occasionnées par les par les moyens mis en
œuvre et en fonction de deux grandes rubriques :
- Activité ordinaire (exploitation, financier) ;
- Hors Activité Ordinaire (HAO).
La différence entre ces produits et ces charges donne le résultat de l’exercice (bénéfice ou perte)
qui traduit l’enrichissement ou l’appauvrissement de l’entité.
L’activité ordinaire est composée des opérations d’exploitation et financière.
L’activité d’exploitation regroupe les opérations liées à l’activité normale de l’entité ; par
exemple, l’achat et vente de marchandises.
L’activité financière correspond aux opérations financières de l’entité : les charges induites par
exemple par les intérêts d’un emprunt (charges financières), les placements ou l’encaissement
d’un dividende versé par une filiale (produits financiers).
Les charges et les produits HAO correspondent à des flux non récurrents, ayant un caractère
accidentel ou extraordinaire.
Pour faciliter la lecture du compte de résultat et une analyse de la performance de l’entité, le
Plan Comptable OHADA (en abrégé PCGO) préconise la présentation d’un compte de résultat
en liste. Cette présentation à l’avantage de mettre en évidence en cascade, de façon claire, les
soldes intermédiaires de gestion retenus par le Plan comptable OHADA qui sont :
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MODELE DE COMPTE DE RESULTAT
Les soldes intermédiaires de gestion (SIG) servent à renforcer la comparabilité des comptes des
entreprises. Ils découpent le compte de résultat de l’entreprise en différents niveaux de marges
(marge commerciale, valeur ajoutée, excédent brut d’exploitation, résultat d’exploitation,
résultat financier, résultat courant avant impôt, résultat exceptionnel et résultat net) et
indicateurs (chiffre d’affaires, production).
Cet indicateur correspond à la somme des ventes de marchandises (pour une activité de négoce,
comme par exemple un négociant en vins) et de la production vendue de biens ou de services (
pour une activité industrielle ou un prestataire de services). Chez un constructeur automobile
par exemple, le chiffre d’affaires correspond à la production vendue de biens (des voitures) et
de services (crédits financement automobile par exemple). La composition du chiffre d’affaires
est spécifique à l’activité de chaque entreprise. Par exemple, pour un négociant, il sera la plupart
du temps exclusivement constitué par des ventes de marchandises. Cependant, dans certaines
activités, le négoce en matériaux par exemple, le chiffre d’affaires peut avoir deux origines : la
vente des matériaux (tuiles, ciment…) et la prestation de service (transport sur ventes,
prestations fourni-posé…)
𝐂𝐡𝐢𝐟𝐟𝐫𝐞 𝐝’𝐚𝐟𝐟𝐚𝐢𝐫𝐞𝐬 = 𝐕𝐞𝐧𝐭𝐞𝐬 𝐝𝐞 𝐦𝐚𝐫𝐜𝐡𝐚𝐧𝐝𝐢𝐬𝐞𝐬 + 𝐏𝐫𝐨𝐝𝐮𝐜𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐯𝐞𝐧𝐝𝐮𝐞
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1.2.2. La production
Cet indicateur correspond à la somme de trois types de production : la production vendue dont
nous venons de parler, la production stockée (stock d’en-cours et de produits finis) et la
production immobilisée.
Concernant la production stockée, celle-ci n’existe que dans l’industrie ou dans les services. La
production stockée correspond à la différence entre le stock final et le stock initial. Elle peut
être positive ou négative. Une production stockée négative correspond donc à un déstockage de
produits en-cours ou de produits finis ; à un surstockage si elle est positive.
La notion de production intègre des éléments qui ne sont pas homogènes. En effet, alors que la
production stockée et la production immobilisée sont calculées à partir d’un coût de production.
𝐏𝐫𝐨𝐝𝐮𝐜𝐭𝐢𝐨𝐧 = 𝐏𝐫𝐨𝐝𝐮𝐜𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐯𝐞𝐧𝐝𝐮𝐞 + 𝐏𝐫𝐨𝐝𝐮𝐜𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐬𝐭𝐨𝐜𝐤é𝐞
+ 𝐏𝐫𝐨𝐝𝐮𝐜𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐢𝐦𝐦𝐨𝐛𝐢𝐥𝐢𝐬é𝐞
Les opérations exceptionnelles (HAO) n’ont pas un caractère récurrent. Le résultat exceptionnel
est le résultat des activités non courantes de l’entreprise. Il regroupe les éléments inhabituels
(cessions d’immobilisations, provisions réglementées, subventions d’équilibre).
𝐑é𝐬𝐮𝐥𝐭𝐚𝐭 𝐇𝐀𝐎 = Produits HAO– Charges
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1.4.4. Résultat net de l’exercice
Il représente le revenu qui revient aux associés. Rapporté au chiffre d’affaires, le résultat net
permet de comparer les entreprises entre elles. Il permet également de calculer la rentabilité des
capitaux propres (résultat net / capitaux propres).
RESULTAT NET = Résultat AO
+ Résultat HAO
- Participation des travailleurs
- Impôt sur les bénéfices
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POSTE RETRAITÉS JUSTIFICATION
Certaines subventions d’exploitation représentent
un complément de chiffre d’affaires. Elles
Subvention d’exploitation
compensent une insuffisante du prix de vente.
Elles sont ajoutées à la valeur ajoutée.
Les charges de personnel extérieur à l’entreprise
figurent dans le compte 621.
Charges de personnel extérieur Afin de rendre homogène les SIG, elles sont
extraites de ce compte et ajoutées aux charges
de personnel.
Participation des salariés La charge de participation des salariés aux
résultats est intégrée aux charges de personnel.
Les redevances de crédit-bail sont inscrites dans
une subdivision du compte 61. Juridiquement,
l’entreprise n’est pas propriétaire du bien.
Sur un plan économique, quel que soit son mode
de financement, le bien contribue au
développement économique de l’entreprise.
La redevance de crédit-bail est retirée des
consommations en provenance des tiers et
Les redevances de crédit-bail et de location
scindée :
financière
- en dotation aux amortissements (pour
la dotation aux amortissements qui aurait
été pratiquée par l’entreprise si elle avait
acquis le bien en pleine propriété) ;
- en charges financières (pour le montant
des intérêts qu’aurait constaté
l’entreprise si elle avait financé le bien
par emprunt).
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EXEMPLE :
Une entreprise industrielle présente le compte de résultat suivant :
EXERCICE N
Production vendue 400 000
Production stockée 1 200
Subvention d’exploitation 150
Reprises sur dépréciations et provisions 5 000
Autres produits
PRODUITS D’EXPLOITATION 406 350
Achats de matières et approvisionnements 80 000
Variation de stocks matières 7 000
Variation de stocks autres approvisionnements - 450
Autres achats et charges externes (dont personnel intérimaire : 20 000 et redevance 60 000
de crédit-bail : 15 000) (1)
Impôts et taxes 25 000
Charges de personnel 75 000
Dotations aux amortissements, dépréciations et provisions 84 000
Autres charges
CHARGES D’EXPLOITATION 330 550
Résultat d’exploitation 75 800
Autres intérêts et produits assimilés 1 400
PRODUITS FINANCIERS 1 400
Intérêts et charges assimilées 14 000
Dotations aux amortissements, dépréciations et provisions 20 000
CHARGES FINANCIERES 34 000
Résultat financier -32 600
Sur opérations de gestion 0
Sur opération de capital
• Produits de cessions d’éléments d’actif 40 000
• Subventions d’investissements virées au résultat 1 800
Reprises sur dépréciations et provisions 4 500
PRODUITS EXCEPTIONNELS 46 300
Sur opérations en capital (valeur comptable des éléments d’actifs cédés) 30 000
Dotations aux amortissements, dépréciations et provisions 150
CHARGES EXCEPTIONNELLES 30 150
Résultat exceptionnel 16 150
Impôt sur les bénéfices 3 200
Résultat net de l’exercice 56 150
(1) La redevance de crédit-bail est ventilée en charges financières pour 3 000 et dotation aux
amortissements pour 12 000.
Travail à faire
Remplissez le tableau suivant :
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SOLDES INTERMEDIAIRES DE GESTION MONTANT
Marchandises vendues
-coût d’achat des marchandises vendues
Marge commerciale
Production vendue
Production stockée
Production immobilisée
Production de l’exercice
Marge commerciale + production vendue
-consommation de l’exercice en provenance des tiers
Valeur ajoutée
Subventions d’exploitation
-Impôts, taxes et versements assimilés
-Charges de personnel
Excédent brut d’exploitation
Reprises sur provisions et transferts sur charges d’exploitation
Autres produits
-Dotations aux amortissements et aux provisions
-Autres charges
Résultat d’exploitation
Quote-part de résultat sur opération faite en commun
Produits financiers
-Charges financières
Résultat financier
Résultat des Activités Ordinaires
Produits HAO
-Charges HAO
Résultat HAO
-Participation des salariés
-Impôts sur les bénéfices
Résultat net de l’exercice
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2. LA CAPACITE D’AUTOFINANCEMENT GLOBALE
Le système comptable OHADA définit deux autres indicateurs utilisés pour mesurer le flux de
trésorerie potentiel de l’exercice lié à l’activité : la capacité d’autofinancement globale et
l’autofinancement.
La C.A.F.G. peut-être encore définie comme la différence entre produits encaissables et les
charges décaissables. La C.A.F.G. est un flux potentiel de trésorerie (flux de fonds) généré par
l’activité de l’entreprise. Elle représente une ressource de financement d’origine interne.
Exemple :
Une entreprise présente les données suivantes :
- ventes de marchandises : 200 000 dont 70% réglés comptant ;
- achats de marchandises : 120 000 dont 80% réglés comptant ;
- frais de personnel : 30 000 ;
- dotation aux amortissements : 10 000.
Le calcul de la C.A.F.G. ne retient que les éléments du compte de résultat qui génèrent de la
trésorerie. En sont donc exclus les éléments calculés tels que les dotations aux amortissements
et dépréciations (ainsi que les reprises), la valeur nette comptable des éléments d’actifs cédés,
la quote-part de subvention d’investissement virée au compte de résultat.
Toutefois, il faut bien distinguer la C.A.F.G. (qui ne tient pas compte des délais de paiement)
de la trésorerie réelle (qui est la différence entre les encaissements et les décaissements).
La C.A.F.G. est la partie de la valeur ajoutée qui revient à l’entreprise et à ses associés. Elle
sert à :
- financer les investissements de l’entreprise ;
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- maintenir le potentiel économique de l’entreprise ;
- rémunérer les associés (C.A.F.G. – Dividendes = Autofinancement) ;
- rembourser les dettes financières.
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Les cessions d’immobilisations relèvent de la fonction investissement. En isolant les produits
de cessions et en les rapprochant des acquisitions d’immobilisations, on fait apparaître
l’investissement net.
Dans son principe, le recours à la méthode des ratios traduit le souhait de déterminer des seuils,
des normes qui devraient permettre de juger l’état d’une entreprise grâce à la comparaison entre
la valeur de ratios calculés sur ses comptes et des valeurs de référence. Ces valeurs de référence
peuvent correspondre à celles que les mêmes ratios présentent lorsqu’on les calcule sur des
bases statistiques (par exemple pour l’ensemble des entreprises exerçant la même activité) ou
encore aux valeurs établies à partir des comptes d’entreprises témoins (des concurrents par
rapport auxquels on tient à se « situer », ou une firme jugée exemplaire), ou enfin à des objectifs
que la direction d’une unité souhaite atteinte.
1.GENERALITE SUR LES RATIOS
1.1. Définition
Un ratio est défini comme un rapport entre deux éléments, ou deux valeurs caractéristiques (qui
évoluent généralement en sens inverse) à un moment donné, de l’activité et de la situation
économique de l’entreprise, ayant une relation de cohérence, significative, ou corrélative.
La méthode des ratios, largement utilisée par les analystes externes et notamment les banquiers,
constitue, parce qu’elle s’appuie sur le bilan et le compte de produits et charges, un bon outil
d’analyse de la structure financière, de la gestion et de la rentabilité. Nous sommes tout à fait
d’avis qu’un ratio pris isolement n’a pratiquement aucune signification. L’analyse n’est
pertinente que si elle porte sur plusieurs exercices successifs, de façon à dégager des évolutions
sur une période suffisamment longue.
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1.2. Importance des ratios
Quel est l’intérêt pour un gestionnaire d’entreprise de consacrer son temps à des calculs aussi
mesquins ayant trait aux ratios ?
Pour répondre à cette question nous allons utiliser le tableau ci-dessous :
Type d’importance Description / réponse
/question
Traduction d’une Grâce au ratio on peut se rendre compte d’un maximum d’informations,
information rien qu’avec un coup d’œil, visualisant ainsi l’évolution pendant un instant
déterminé d’une situation donnée.
Un moyen de communication vis-à-vis des médias surtout s’il est calculé à
des périodes rapprochées (par exemple tous les semestres), elle constitue
donc une publicité.
Mettre en valeur un objectif Un des grands problèmes pour un gestionnaire est la détermination avec
qu’une entité précision d’un objectif, en fait si ce dernier est défini avec précision, dans
s’est fixé. son contexte, à une date ou à une période définie, alors dans ce cas rien
n’empêche de le valoriser, tel est le cas de la rentabilité, productivité, ou
encore de rendement.
Préparation des décisions à Un gestionnaire ne prend pas une décision parce que tout simplement il a le
prendre pouvoir, mais il se sert des clignotants, des outils d’alerte, de sécurité ; qui
provoquent des réflexions et analyses, ensuite prendre des décisions
efficaces, cette technique est le plus souvent utilisé en contrôle budgétaire,
leur efficacité est largement liée aux rapprochements des périodes de
calculs de tous ces outils qui ne sont autres que les ratios.
Outil servant à la comparaison Tout en faisant attention, les ratios nous permettent de faire des
comparaisons qui touchent plusieurs domaines : interentreprises ; secteurs
d’activités ; parfois même à l’intérieur de l’entreprise, pour inciter les plus
faibles.
Soulever des questions et préparer Un ensemble de ratios ne constitue pas à eux-mêmes un diagnostic, le rôle
le diagnostic principal des ratios est de susciter des questions, faire apparaître une
information de manière synthétique, les ratios ont donc une importance
pour établir un diagnostic performant ; d’ailleurs il convient de noter
certains rations constituent des diagnostics , mais partiels / exemple du
diagnostic portant sur l’exploitation , les bilans , les flux de ressources et
d’emplois , les flux de trésorerie , le tout lié à la conjoncture .
Quel est le but du diagnostic Son but réside à la connaissance de façon approfondie de l’entreprise, ceci
financier ? dit, détecter les points forts et surtout les points faibles, et proposer des
solutions.
Qui réalise ce type d’études ? et Un diagnostic peut être réalisé : soit par l’entreprise elle-même, soit par un
pourquoi une entreprise se permet cabinet spécialisé (c’est mieux, puisque indépendant), soit par une
de faire le diagnostic d’une autre entreprise tierce. Pour ce dernier cas, il faut remarquer qu’il existe un
entreprise, sachant que c’est la nombre croissant de faillite d’entreprises, il serait donc très prudent avant
sienne qui devrait l’a préoccupé ? de signer un contrat (d’une grande valeur) avec un client important,
d’évaluer sa santé financière. Ça nous permettra de réduire des risques
d’impayés.
Maintenant, nous connaissons les importances les plus usuelles des ratios, mais ne jouent pas
d’autres rôles aussi importants que les premiers ? Nécessairement oui ; en fait, nous sommes en
présence d’un outil précieux pour tous les gestionnaires, qui sert le tableau de bord pour piloter
une entreprise ou une organisation de façon globale. Sans donner une définition au tableau de
bord, nous connaissons l’étendue de son importance et de ce fait, nous avons plutôt besoin de
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connaître les éléments ou un des éléments qui font parler de son importance : nous avons
nommé les ratios.
1.3. Le tableau de bord et les ratios
Il est normal de suivre des milliers de ratios dans un tableau de bord, cette affirmation est tout
à fait évidente, dès lors qu’il s’agit d’informations de synthèse et de corrélation. Mais tous les
ratios ne doivent pas figurer dans le tableau, il faut se limiter aux plus importants et qui ont un
rapport direct avec les fonctions de l’utilisateur.
C’est pourquoi il est inutile de mentionner par exemple les ratios relatifs à un chef de produits,
ou à une activité particulière, au tableau de bord du PDG qui s’occupe de l’entreprise dans sa
globalité. Nous pouvons nuancer ce que nous venons de dire : lorsqu’il s’agit de l’organisation,
toutes les informations intéressent le gestionnaire mais certaines informations doivent atterrir
de façon indirecte, comme celles des activités spécifiques.
D’ailleurs, il faut faire la sélection en fonction non seulement du niveau de responsabilité mais
aussi de l’utilité quant à la décision à prendre, la fréquence optimale et de l’activité. Certains
ratios ont leur place dans tous les tableaux de bord, c’est le cas des ratios de gestion budgétaire,
surtout ceux relatifs au contrôle budgétaire. Ce sont des ratios auxquels tous les responsables
doivent prêter une attention particulière.
Si à certains niveaux de responsabilité les ratios doivent être limités ; le domaine d’intervention
du contrôleur de gestion étant très large, il a besoin de faire apparaître beaucoup de ratios dans
son tableau de bord. Le contrôleur de gestion ne doit pas attendre la fin de l’exercice pour faire
l’état des lieux, il a besoin de connaître l’évolution de la situation de l’entreprise au jour le jour,
ce qui nous pousse à remettre en cause la pertinence des ratios de fin d’exercice.
Ces ratios qui ont tendance à remplir le tableau de bord, peuvent prendre différentes formes,
principalement : graphiques, ou tableaux. Lorsqu’il s’agit d’un graphique, il faut se limiter à
quatre courbes, sinon on risque de ne rien voir au de-là, il est conseillé d’utiliser des couleurs
afin de mieux interpréter chaque situation avec précision ; chaque déformation d’une courbe
doit aboutir à une explication des causes, proposer des solutions ; il faut standardiser les
méthodes de calculs qui doivent d’ailleurs figurer sur le tableau de bord, avec, si possible, une
définition des paramètres.
En matière de gestion, une erreur de calcul est tolérable, mais ne pas prêter attention ou ne pas
interpréter les corrélations entre plusieurs ratios est impardonnable, car ce sont ces dernières
qui apportent le plus d’informations. En gros, il faut retenir que les corrélations ont leur
principe :
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- On ne peut les généraliser (chaque ratio a son contexte),
- Elles ne sont pas figées, l’environnement étant instable,
- Un ratio, c’est avant tout sa signification ; donc on ne peut se fier à ce qui s’est passé
l’exercice précédent pour prédire ce qui sera cette année ; on peut tout simplement s’en
servir.
- Elles doivent être constantes et expliquées sinon on ne peut rien dégager en termes de
renseignements dont nous pouvons bénéficier.
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- les ratios spécifiques à une entreprise se rapportant souvent à des ratios de rendement
par suite d’utilisation d’unités d’œuvre liées à un métier. Ces ratios permettent surtout
de mesurer des évolutions qui sont souvent des facteurs de décision.
Quant aux caractéristiques financières mises en évidence par les ratios elles peuvent s’ordonner
autour des thèmes suivants. Dans ce cours, nous allons nous intéresser aux ratios suivants :
- les ratios de structure,
- les ratios de synthèse ou d’équilibre financier ,
- les ratios de rotation ou de gestion
La mise en évidence de la structure de l’actif peut être assurée en premier lieu grâce à une
démarche d’une extrême simplicité technique consistant à rapporter chaque poste au total de
l’actif et à réduire le bilan en un ensemble de pourcentages. Sans viser à l’exhaustivité, on se
bornera ici à mentionner les ratios de structure d’actif les plus couramment utilisés.
1.1.1. Le poids des immobilisations corporelles
Immobilisations corporelles nettes
A1 =
Actif total
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Ce ratio A1 traduit essentiellement le poids des capitaux fixes dans le patrimoine. Il reflète de
façon indirecte l’intensité capitalistique de l’activité. C’est pourquoi il atteint ses valeurs les
plus élevées pour les entreprises appartenant à des branches d’activité qui requièrent la mise en
œuvre d’infrastructures importantes ou d’équipements coûteux : production ou distribution
d’énergie, transports terrestres, aériens, maritimes… Il atteint également des valeurs élevées
pour les industries « lourdes » (la sidérurgie par exemple), pour des activités exigeant
d’importants investissements immobiliers (hôtellerie…) ou fonciers (exploitations agricoles en
faire valoir direct).
A l’inverse, les valeurs observées sont faibles pour des entreprises dont l’activité requiert un
faible niveau relatif d’immobilisations.
Le recours au crédit-bail permet d’utiliser des équipements sans « alourdir » la structure de
l’actif.
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L’interprétation de ce ratio soulève des problèmes du fait de l’instabilité des niveaux du stock
dû notamment à des facteurs tels que : les comportements spéculatifs, les fluctuations
saisonnières, etc…Le poids des créances commerciales
Clients et comptes rattachés
A4 =
Actif total
Ce ratio traduit l’importance du portefeuille de créances commerciales dans le patrimoine
économique. Il est donc déterminé par la longueur des délais de règlement que l’entreprise
accorde à sa clientèle. Ce ratio subit également l’influence des usages habituellement observés
dans chaque type d’activité en matière de règlement. C’est pourquoi il présente des valeurs très
faibles ou nulles dans toutes les entreprises placées au contact direct d’une clientèle de
particuliers qui règlent en général leurs achats au comptant (commerce de détail, prestations de
services aux ménages…)
Sur un plan technique, il faut enfin souligner que l’évaluation de ce ratio est affectée par le
retraitement des effets escomptés et non échus exclus du « bilan comptable » mais qui devraient
être réintégrés au « bilan financier », modifiant ainsi le numérateur et le dénominateur du ratio.
Alors que les ratios calculés à l’actif reflètent assez largement l’appartenance sectorielle et la
nature de l’activité, les ratios de structure concernant le passif permettent d’apprécier de façon
beaucoup plus directe la politique de financement propre à l’entreprise considérée. Ces ratios
mettent en évidence :
- la stabilité du financement, c’est-à-dire la maturité des ressources au passif ;
- l’autonomie financière reflétée par la comparaison entre fonds propres et capitaux
empruntés.
La stabilité du financement peut être appréciée de façon simple et synthétique grâce à deux
ratios, d’ailleurs complémentaires par rapport à 1.
Capitaux permanents
P1 =
Passif total
Dettes à court terme
P2 = = 1 − P1
Passif total
Le calcul de ces deux ratios soulève divers problèmes techniques qui peuvent affecter
l’interprétation des résultats auxquels on parvient.
En premier lieu, certains analystes proposent de calculer P1 en incluant dans le montant des
capitaux permanents l’ensemble des amortissements cumulés pratiqués sur les immobilisations
figurant à l’actif. Symétriquement, ces immobilisations figureraient alors à l’actif pour leur
valeur brute.
En deuxième lieu, le montant des capitaux propres retenus au numérateur de P1 doit-il inclure
l’ensemble des provisions pour risques et charges inscrites au passif ? A ce sujet, il faut observer
que certaines provisions couvrent des risques « réels » et « prochains ». Elles constituent des
ressources instables, destinées à être consommées à court terme, dès lors que ces risques
viendraient à se concrétiser effectivement.
Les provisions pour risques et charges qui ont un caractère de réserve sont inscrites dans les
capitaux permanents. Par contre, celles qui présentent un caractère instable dans les dettes à
court terme.
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L’autonomie ou indépendance financière dont l’entreprise fait preuve en matière de
financement s’apprécie généralement grâce à la comparaison entre le montant des capitaux
propres et celui des capitaux empruntés.
L’autonomie globale peut ainsi être dégagée au travers des deux ratios suivants,
complémentaires par rapport à 1 :
Capitaux propres
P3 =
Passif total
Dettes
P4 = = 1 − P3
Passif total
Les indicateurs concernant l’autonomie à terme sont cependant plus significatifs que les
précédents parce qu’ils permettent d’analyser de façon précise la structure des capitaux
permanents, beaucoup plus homogènes quant à leur nature puisqu’ils présentent tous un
caractère financier.
Quatre formules de ratios fournissent des indications à peu près identiques et pourraient donc
être parfaitement substituables :
Capitaux propres
P5 =
Capitaux permanents
Dettes à long et moyen terme
P6 = = 1 − P5
Capitaux permanents
Et encore :
Capitaux propres
P7 =
Dettes à long et moyen terme
Dettes à long et moyen terme 1
P8 = =
Capitaux propres P7
De ces quatre formules, c’est cependant la dernière (P8) qui connait la plus large diffusion
puisqu’elle correspond au fameux ratio de levier (leverage ratio). Dans la pratique, ce ratio (ou
un des trois ratios qui lui sont substituables) permet donc à la fois :
─ de mesurer la façon dont une entreprise recourt à « l’effet de levier » ;
─ d’apprécier la capacité d’endettement de l’entreprise puisque cette dernière atteindrait
la saturation lorsque P8 se rapproche de 1 (les possibilités d’endettement supplémentaire
seraient ainsi d’autant plus larges que P8 présente des valeurs faibles entre les bornes 0
et 1).
2. LES RATIOS DE SYNTHÈSE OU D’ÉQUILIBRE FINANCIER
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Les ratios de synthèse ou d’équilibre financier confrontent des encours de l’actif à des encours
du passif en isolant les éléments à long et moyen terme d’une part, les éléments à court terme
d’autre part.
2.1. Les ratios de synthèse concernant les encours à plus d’un an
Les ratios de synthèse concernant le « haut du bilan » comparent des éléments relatifs aux
capitaux permanents. Ils mettent ainsi en lumière le mode de financement des emplois longs.
Capitaux permanents
S1 =
Actifs immobilisés nets
Ce ratio mesure la stabilité des ressources affectées au financement des actifs durables. Il
correspond donc à un ratio de « financement stable des immobilisations ». Une valeur de
S1supérieure à 1 signale ainsi que l’entreprise finance l’intégrité de ses investissements cumulés
par des ressources stables et se trouve, de plus, en mesure de financer de façon stable des
éléments d’actif circulant : elle a alors un fonds de roulement net positif.
Mais on peut également chercher à traduire l’autonomie dont l’entreprise fait preuve dans le
financement de ses investissements.
Capitaux propres
S2 =
Actifs immobilisés nets
Ce ratio de « trésorerie immédiate » mesure la part des dettes à court terme qui pourrait être
instantanément remboursée par prélèvement sur l’encaisse déjà disponible. Quoiqu’il soit
fréquemment mentionné, il semble présenter un intérêt opérationnel limité du fait de son
ambiguïté et de remarques qui évoquent celles déjà développées ci-dessus à propos du ratioS5 .
Une valeur élevée de ce ratio peut très bien être analysée comme le signe d’une utilisation peu
performante des liquidités dont une part élevée est détenue sous forme d’encaisses oisives. En
outre, une valeur élevée ce même ratio ne suffit pas à garantir des conditions favorables de
solvabilité si les autres actifs circulants sont peu liquides.
Une valeur faible du ratio peut au contraire s’avérer parfaitement compatible avec le maintien
de la solvabilité si l’entreprise minimise le montant de son encaisse oisive, mais détient par
ailleurs des valeurs de placement, des créances et des stocks aisément mobilisables, compte
tenu de l’exigibilité des dettes à court terme.
Dans la mesure où ils sont définis sur encours de bilan arrêtés à une date donnée, les ratios de
structure et de synthèse présentent un caractère statique, instantané. Les ratios de rotation
fournissent au contraire des indications dynamiques, puisqu’ils permettent d’introduire une
35
dimension temporelle dans l’analyse du bilan, grâce à la mise en évidence du rythme imprimé
au renouvellement de certaines de ses composantes.
La démarche adoptée à cette fin repose sur un principe simple : en comparant l’encours moyen
de certains éléments du bilan au flux qui en permet le renouvellement, on en détermine le rythme
ou vitesse de rotation ainsi que le délai moyen requis pour une rotation. Ce raisonnement
s’applique bien sûr aux éléments cycliques qui sont mis en mouvement par les opérations
d’exploitation : approvisionnement, production et vente. Par extension, on peut également
l’appliquer à des éléments de long terme et à l’ensemble de l’actif.
Stocks de Stocks de
Stocks
Approvisionnements matières produits Ventes
d’encours
premières finis
Production
Ainsi, dans le cas simple du stock de marchandises, il est aisé de constater qu’un flux
d’approvisionnement annuel de 120 000 000 FCFA assure 6 renouvellements d’un stock qui se
maintenir au niveau moyen de 20 000 000 FCFA ou qu’un renouvellement exige alors 1/6
d’année, c’est-à-dire 2 mois ou 60 jours. C’est ce qu’expriment les ratios de rotation du stock.
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❑ Vitesse de rotation du stock
Approvisionnements HT
R1 =
Stock moyen
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3.1.2. La rotation des créances commerciales
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Approvisionnements TTC
R3 =
Encours moyen de crédit fournisseurs
❑ Délai de règlement des fournisseurs
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CONCLUSION
De façon générale, un ratio isolé ne présente aucun intérêt. L’appréciation du bilan par la
méthode des ratios nécessite l’existence de références externes et internes qui serviront de base
de comparaison avec les informations recueillis sur les entreprises étudiées. Les références
externes concernent l’identification d’entreprises témoins externes et de normes sectorielles
moyennes ou médianes.
Les références internes, par contre, apportent plus éclaircissement sur l’analyse financière des
entreprises. Ces références correspondent alors à deux types d’orientation analytique :
- la prise en considération des valeurs passées prises par les ratios et à leur évolution dans
le temps ;
- la description de valeurs correspondant à des objectifs affichés par la direction de
l’entreprise. On cherchera alors à déterminer la convergence ou la divergence des
valeurs effectivement observées par rapport aux objectifs établis.
Malgré les principales critiques formulées à l’encontre de l’analyse financière du bilan par la
méthode des ratios que sont son caractère figé (bilan arrêté à une date donnée) trop tourné vers
le passé et le présent, et, sa portée juridico-économique, l’appréciation de la situation financière
bénéficie de conditions d’application suffisamment évolutives et efficaces pour conserver une
indéniable utilité au service de l’analyse financière, de la gestion financière et de l’analyse
économique des comportements d’entreprises.
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BIBLIOGRAPHIE
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