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A quoi peut bien servir aujourd’hui pour les étudiants de première année, pour les apprentis
économistes que vous êtes, l’étude de l’histoire de la pensée économique ? En d’autres
termes, les idées économiques développées par les auteurs anciens quelque fois très éloignés
de notre siècle, sont-elles aujourd’hui encore valables ou dépassées ? Il ne fait aucun doute
que la production, la distribution, la consommation qui constituent les trois temps forts de
l’activité économique globale, n’ont pas toujours eu pour tous les économistes, les mêmes
contours ni la même signification.
En fait, la pensée économique évolue, change, et, est même sujette à des effets de mode. Mais
quoi qu’il en soit, la pensée économique puise toujours sa source dans quelques grands
courants de pensées parfaitement identifiables dans l’histoire. Il faut donc admettre que les
théories précédentes sont rarement éliminées et abandonnées. Les économistes du passé ont
réfléchi à de nombreuses questions posées et à de nombreuses réponses données qui restent
aujourd’hui encore utile et d’actualité.
Cependant et dans une démarche didactique fortement simplifiée, nous présenterons ce cours
de l’histoire de la pensée économique dans un découpage en trois parties qui feront chacun
l’objet d’un titre. Ainsi, dans la première partie qui sera le titre (I) nous présentons les grands
courants qui ont existé avant les courants fondateurs incarnés par Adam Smith, David
Ricardo et Jean-Baptiste Say. Au titre (II), nous verrons les Chapitre 2 : Le Mercantilisme ou
l’économie au Service du Prince. Au titre (III) nous présenterons les courants des pensées
économiques proposés par les physiocrates.
En règle générale, le terme « histoire » fait référence à l’étude des faits qui ont eu lieu dans le
passé. Il y a plusieurs manières d’étudier le passé, principalement par le biais de l’analyse des
textes anciens. L’historien analyse donc les civilisations anciennes qui ont laissé des traces
écrites. Les archéologues étudient eux-aussi le passé, mais surtout grâce aux objets trouvés
dans la terre et dans l’eau. L’historien est donc limité non seulement par la conservation
souvent aléatoire des documents, mais aussi par sa capacité de comprendre le langage et les
idées exprimées par les auteurs qui ont vécu dans un contexte très différent du nôtre.
Par « pensée », on entend l’activité intellectuelle, la réflexion. D’autres termes ont souvent été
employés pour ce sujet, mais sont trop contraignants. « Théorie » et « analyse » supposent une
formulation bien structurée des idées. La « science » y ajoute également une méthode pour
relier différentes théories et les rendre cohérentes entre elles. Mais les théories, et encore plus
la science, excluent toute une série de réflexions qui ont évolué et finalement qui ont donné
naissance à des idées plus claires et cohérentes. Ce cours commence donc par une analyse des
plus anciennes pensées économiques dont nous avons gardé une trace écrite. La réflexion
économique avait commencé longtemps avant et a été bien plus vaste que les sujets traités
dans ce cours, car même l’être humain le plus primitif réfléchissait sur comment il allait se
procurer les produits nécessaires pour de la vie et comment les distribuer au sein de sa famille
et de sa tribu, mais ces hommes et femmes n’ont pas transformé leurs idées en textes écrits.
Pourquoi est-ce qu’il est important que de jeunes étudiants en management étudient
l’Histoire de la pensée économique ?
Souvent on considère que l’étude de l’histoire économique ne concerne que les économistes
qui doivent comprendre l’origine des théories économiques actuelles. Dans les universités
américaines, il y a de moins en moins cours proposés sur ce sujet, car on préfère se concentré
sur les phénomènes économiques actuels et les théories développées pour le comprendre. Ce
type de cours et très souvent absent de nombreux programmes universitaires en gestion.
Cependant, il y a de plus en plus d’articles sur les réflexions économiques anciennes publiés
dans les revues économiques.
Schumpeter a signalé trois raisons pour étudier l’histoire de l’analyse économique. D’abord,
elle offre des avantages pédagogiques : étudier l’histoire de la théorie économique nous aide
l’élève à réfléchir. Mais on pourrait aussi argumenter qu’un cours de littérature ou de chimie
offre les mêmes avantages. Schumpeter a observé aussi que parfois on pourrait trouver dans
les écrits des anciens quelques idées oubliées qui nous permettraient de mieux comprendre
l’économie actuelle. Cependant, la découverte d’une idée d’antan qui n’a pas déjà été étudiée
reste un phénomène extrêmement rare. Enfin, il souligne que l’étude de l’histoire de la pensée
économique offre des « éclaircissements sur les démarches de l’esprit humain ». Ce n’est
donc pas l’idée en elle-même qui est importante, mais plutôt le processus intellectuel par
lequel l’être humain est arrivé à cette idée. L’analyse de ce processus nous permet donc de
mieux comprendre nos propres processus de réflexion et nous aide à être plus objectifs quant
aux idées dont d’autres souhaitent nous convaincre.
« […] les idées, justes ou fausses, des philosophes de l’économie et de la politique sont plus
puissantes qu’on ne le pense en général. […] Les hommes d’action qui se croient parfaitement
affranchis des influences doctrinales sont d’ordinaire les esclaves de quelque économiste
passé. »
(John Maynard Keynes, Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie, 1936, ch.
24.)
Selon Keynes, le lien entre la théorie économique et la réalité économique est très clair : les
« hommes d’action » sont dépendants des idées développées par les intellectuels pour
comprendre le fonctionnement de l’économie. En effet, les hommes politiques et managers
font souvent appel à des spécialistes en la matière pour les aider à prendre les meilleures
décisions. Cependant, il est aussi vrai que la réflexion des individus (même celle des
intellectuels) est fortement influencée par leur contexte, qui lui dépend des décisions prises
par les hommes d’action. Le rapport est donc plus complexe que l’observation de Keynes.
Est-ce qu’il est possible que Keynes est arrivé à cette conclusion parce que lui-même il était
un intellectuel et non pas un homme politique ou un manager ?
Cette formation visent donc à fournir à l’élève des informations sur les économistes et les
courants de pensée les plus souvent cités pour qu’il puisse discuter avec des économistes et
lire des textes sur l’économie. Mais plus important encore, cette formation cherche à donner
aux étudiants les outils intellectuels pour pouvoir analyser différentes théories économiques
de façon critique pour ne pas être l’esclave de l’idéologie.
Ces courants de pensée ne relevaient pas d’une démarche scientifique rigoureuse mais
reposaient sur des valeurs à la fois religieuses et philosophiques. Ces courants de pensée
s’observent sur toute la période de l’Antiquité grec (4 siècle ac) à la fin du moyen Age au
14éme siècle. Durant toute cette période les idées économiques développées sont
rudimentaires. Elles posaient des valeurs comme principe et prescrivaient les règles ou de
simples interdictions pour que ces valeurs soient respectées. L’économie était ainsi
parfaitement subordonnée aux différentes religions qui existaient à savoir le Judaïsme, le
Christianisme et plus tard l’Islam. Toutes ces religions avaient en commun leur hostilité à
l’égard de la richesse et de l’enrichissement personnel.
Cette conception de l’intérêt financier reste encore vivace dans les économies modernes de
nos jours. Par exemple, en dehors des banques et des structures financières autorisées dans
nos économies actuelles, il est totalement interdit aux individus c’est-à-dire vous et moi, de
faire des prêts avec intérêt. Et il est bon de savoir que Quiconque se livrerait à une telle
activité identifiée sous le vocable « d’usure » s’expose à la rigueur de la loi en pénale. Un
autre exemple est le cas des banques islamiques où il est totalement interdit de parler
d’intérêt.
Saint Thomas d’Aquin, par ailleurs impose de rechercher la justice dans toutes les activités
économiques. Ce faisant, il développe la doctrine du juste prix et du juste salaire. Le juste prix
est celui qui ne lèse ni l’acheteur ni le vendeur. Par exemple le prix demandé par l’artisan doit
simplement lui assurer une existence matérielle convenable, c’est-à-dire couvrir à la fois les
dépenses en matières premières, des dépenses d’outillage et l’achat de biens de consommation
nécessaires à l’entretien de sa famille et des compagnons. De même le juste salaire est le
salaire considéré comme normal dans la collectivité. Les exigences de chacun doivent rester
modérées et dans les échanges intérieurs et extérieurs, il convient d’appliquer le principe
d’équivalence afin d’éviter toute spoliation du vendeur ou de l’acheteur.
Sur le plan économique, bien qu’il y ait des avancées par rapport à la pensée antique,
notamment la condamnation de l’esclavage et la réhabilitation du travail manuel, on retrouve
chez Saint Thomas D’Aquin, la plupart des analyses et des concepts du philosophe grec de
l’antiquité Aristote.
Par ailleurs, Aristote (385-322 avt, j), élève de Platon, va fortement marquer l’évolution des
sciences économiques occidentales. Rappelons seulement que c’est Aristote qui donne la
toute première définition de la monnaie : Définition dite « fonctionnelle de la monnaie » qui
est enseignée aujourd’hui encore dans toutes nos universités. Un bien qui remplit les 3
fonctions suivantes, est une monnaie :
Aristote pense par ailleurs que l’individu ne peut améliorer sa vie sociale qu’en privilégient
les activités de l’esprit, l’intellect. Il condamne de ce fait le travail manuel qui est supposé
dégradant pour le corps. Ce travail doit être réservé aux esclaves. Il admet cependant que
l’exercice des activités de l’esprit ne sera possible que si les besoins du corps sont d’abord
satisfaits. Il faut donc résoudre le problème de l’approvisionnement en biens matériels.
Pour Aristote, tout le problème qui se pose à l‘économie politique se résume donc « à la
manière d’organiser et de répartir la production. Sa réponse pour résoudre ce problème repose
sur trois volets complémentaires. Il accepte le principe d’économie marchande, mais il
propose de contrôler cette économie, voire de freiner son développement à fin d’en corriger
les excès notamment en matière d’inégalité.
Par ailleurs, il constate qu’il est difficile d’échanger sans la monnaie quand la division du
travail est développée. La monétarisation de l’économie est nécessaire tant qu’on arrive à
contrôler son développement. Il s’insurge contre l’idée que « la monnaie puisse faire des
petits et dénonce les prêts avec intérêt.
Il propose de faire une nette distinction entre les biens en nature d’une part, conformes à la
nature et les biens évalués en argent d’autre part qui sont mesurables mais qui sont dangereux
parce qu’ils éloignent l’homme de sa vrai foi politique, c’est-à-dire œuvrer pour l’avènement
de la cité parfaite.
En guise de conclusion, nous pouvons noter que la position d’Aristote présente bien quelques
analogies avec la vision social-démocrate d’aujourd’hui. En effet, d’une part, il accepte le
principe de l’économie marchande tout en ayant la volonté d’introduire une certaine
transparence dans les échanges et la répartition. D’autre part, il dénonce les excès de ce type
d’économie et propose d’en contrôler le développement. On notera toutefois que cette social-
démocratie d’Aristote est différente à bien des égards de la nôtre. Une différence de taille à
relever est qu’elle repose sur l’esclavagisme alors que notre société actuelle est celle de
grande liberté où l’esclavage est définitivement aboli.
Le terme Mercantilisme a été évoqué pour la première fois par Adam SMITH en parlant de
« système mercantile » pour dénoncer ce qu’il considérait comme de dangereuses confusions
des penseurs de la période dite de la « renaissance ». Période qui s’étend du XV au XVIIIème
siècle.
Les mercantilistes envisagent de façon pragmatique cette nouvelle discipline quand ils
cherchent à proposer des moyens efficaces pour accroitre la puissance politique du prince, en
développant sa puissance économique.
Avec les mercantilistes, nous n’avons pas encore des concepts de base de la science
économique, par contre nous avons déjà quelques questions essentielles que nous
retrouverons dans nos théories économiques modernes.
Et sur ce point nous pouvons affirmer qu’ils sont les précurseurs de la révolution keynésienne.
L’Etat selon les auteurs mercantilistes doit intervenir dans l’économie par diverses mesures
afin de la stimuler. L’Etat doit pouvoir accorder des subventions, des privilèges aux fabriques
et aux manufactures afin de les rendre plus efficaces. Il doit faire baisser les taux d’intérêt afin
de relancer les investissements industriels.
Notons que les problèmes posés par le commerce international qui restent la préoccupation
des économistes d’aujourd’hui, étaient déjà au cœur de la démarche mercantiliste. Ces auteurs
étaient convaincus de deux choses : Les métaux précieux, et la thésaurisation sont l’essence
de la richesse. Pour disposer d’un afflux supplémentaire de métaux précieux, il faut
organiser le commerce extérieur. La balance commerciale doit être excédentaire, c’est-à-dire
que les exportations doivent être supérieures aux importations. Pour atteindre ces deux
objectifs, ils préconisent les mesures protectionnistes suivantes :
Sur ce point de leur attachement, ou de leur trop grande considération pour la monnaie, les
mercantilistes seront fortement critiqués. Adam Smith et les classiques libéraux vont les
accuser de confondre OR et RICHESSE ou en d’autres termes de confondre Monnaie et
Capital.
C’est le mercantiliste JEAN BODIN (1530-1596) qui en une seule phrase résume cette
position : « Il n’y a richesse ni force que d’Hommes ». C'est une citation de Jean BODIN,
économiste classique (post mercantilisme). A partir des 15-16 émes siècles s'est engagé le
débat (dit "mercantilisme") sur le meilleur moyen pour un pays de s'enrichir. Certains
pensaient que c'était par l'agriculture, d'autres par le commerce, d'autres encore par l'argent
(l'or des Amériques)... Jean BODIN lui, pensait que seuls les hommes (la population) par leur
travail étaient sources de richesses. D'où cette expression. Les mercantilistes ont tout de suite
compris que le développement de l’industrie et du commerce d’exportation, source de profit
pour le Prince et des propriétaires, nécessite une main-d’œuvre abondante et qu’en sens
inverse l’expansion du commerce permet le développement de la population. Dans cette
perspective, une réglementation dite « statut des artisans et loi des pauvres » sera élaborée en
France en 1601. L’objet de cette réglementation est d’obtenir du travail abondant et à bon
marché. BERNARD DE MANDEVILLE soutiendra que :
- La population doit être abondante pour que les salaires ne montent pas ;
- Les bas salaires permettent d’augmenter les profits ;
- La législation doit favoriser le travail en rendant obligatoire le travail. Ce faisant, le
vagabondage est réprimé ;
- Le travail des enfants est préconisé. COLBERT en France, fait travailler des enfants
de 6 ans dans les manufactures afin de répondre à l’insuffisance de main-d’œuvre.
-
Les Mercantilistes sont favorables à l’enrichissement personnel
Nous venons de voire que les problèmes posés par le commerce international sont au cœur de
l’analyse mercantiliste. Ces penseurs étaient tous convaincus que le commerce extérieur
produit la richesse, la richesse engendre la puissance. Pour eux, le commerce international est
au départ du développement de l’économie politique. L’excédent du commerce (c’est-à-dire
les exportations supérieures aux importations) est déjà recherché pour favoriser l’industrie
naissante et l’emploi. Ils ont les premiers historiquement compris que le déficit de la balance
commerciale est généralement défavorable pour la production. En effet, le déficit a une
action dépressive sur la demande effective.
Les importations constituent une offre qui n’entraine pas avec elle une demande. Par exemple,
pour l’achat de biens importés, on dépense les revenus réalisés à l’intérieur de la Nation. Par
contre la production de ces biens importés n’engendre aucun emploi et donc aucun revenu à
l’intérieur de cette même nation. En sens inverse, les exportations sont à la base d’un emploi,
donc d’un revenu et demande effective adressée à l’économie nationale.
Les mercantilistes avaient déjà cette vision juste de considérer qu’un excédent d’exportation
stimule l’économie nationale, alors qu’un excédent d’importation a un effet dépressif sur
l’économie nationale. Le souverain doit de ce fait user de tous les moyens afin de favoriser cet
excédent du commerce extérieur. Car comme le soutenait COLBERT « Le commerce est une
guerre entre les entreprises et les industries de toutes les nations. » Les mercantilistes étaient
en cela convaincus que les intérêts économiques des nations sont antagoniques. Un pays ne
peut s’enrichir qu’aux dépends d’un autre. On peut selon ces penseurs construire un Etat aussi
bien « par l’affaiblissement de la puissance économique des pays voisins que par le
renforcement de sa propre puissance. »
La période mercantiliste couvre trois siècles et le point de départ est fixé au 16ème Siècle,
période où l’Espagne dominante commence l’exploitation de l’Amérique. Le 17 ème siècle est
marqué par la domination commerciale Hollandaise et Anglaise. Le 18ème est dominé par le
mercantilisme Français.
Examinons quelques idées des principaux auteurs selon les nations énumérés.
Le mercantilisme Français
En France, le mercantilisme a été très vivant à la mesure de la grandeur de ce pays au XVII et
XVIIIème, mais avec la particularité d’avoir plus de praticiens de génie que de théoriciens de
l’économie politique.
Pour ces mercantilistes français, l’idée n’est plus de chercher à contrôler les mines d’or et
d’adopter une politique de protection mais il s’agit de développer les manufactures ou les
industries qui fondent l’enrichissement de la nation. Plusieurs auteurs français analysent
certains aspects ce mercantilisme.
JEAN BODIN (1530-1596) tente d’expliquer l’importance de la hausse des prix due à
l’arrivée massive des métaux précieux en France, par la formulation d’une théorie quantitative
de la monnaie.
Ces conceptions de BOIGUILLEBERT comme on peut les observer, sont très proches de
celles des économies les plus modernes de nos jours.
Pour les mercantilistes anglais, le commerce est à la base l’enrichissement de la nation. Les
principaux auteurs sont :
Sir Thomas Gresham (1519 - 1579) était un marchand anglais et surtout un financier qui
travailla pour le roi Édouard VI, puis sa demi-sœur, la reine Élisabeth I . Son savoir-faire dans
le domaine de la gestion des devises et des équilibres financiers en fait l'un des premiers
praticiens des questions monétaires. C’est ce mercantiliste anglais Thomas Gresham qui fera
comprendre que « la mauvaise monnaie chasse la bonne monnaie lorsque deux monnaie
fabriquées de métaux de valeurs différentes sont simultanément mises en circulation
(bimétallisme, or et argent) celle en métal plus cher aura tendance à disparaître.
THOMAS MUN (1571-1641), pour lui, le commerce extérieur constitue le seul moyen
d’accroitre la richesse de la nation. Donc il faut que la valeur des exportations soit toujours
supérieure à celle des importations. Pour le développement du commerce extérieur, il faudrait
que les droits de douane soient réduits. Il encourage l’industrie plutôt que l’agriculture. Il
préconise un contrôle des changes pour améliorer la balance commerciale. L’utilisation de la
monnaie permet le développement d’un régime d’échange multilatéral libre par rapport au
troc que MUN réprouve absolument.
SIR WILLIAM PETTY (1623-1687), Bien que placé au cœur de la période mercantiliste,
WILLIAM PETTY se distingue de ses contemporains par l’originalité, l’ampleur et la
profondeur de ses contributions. Ses idées économiques gravitent autour de trois points
essentiels : Le circuit économique, l’échange et la loi de la population (accroissement trop
rapide de la population par rapport aux ressources de sorte qu’il y aura inévitablement
surpopulation).
En Espagne, les arguments sont essentiellement les mêmes, seulement les auteurs étaient des
universitaires (notamment de l’université de Salamanque) plutôt que des hommes d’action. Ils
faisaient partie d’un mouvement qu’on appelle souvent « Arbitriste ». Ils n’occupaient pas des
postes au sein du gouvernement, mais ils rédigeaient des lettres auprès de la monarchie. Le
plus célèbre était Luis Ortiz qui est l’auteur du Memorial del Contador Luis de Ortiz a Felipe
II (1558). Dans cette lettre, Ortiz recommande au roi Felipe d’empêcher l’importation des
produits manufacturiers dans le royaume et l’exportation des matières premières hors les
frontières. Il prônait également l’investissement de l’Etat dans l’économie pour promouvoir
l’industrie.
En définitive, on peut affirmer que les mercantilistes ont beaucoup apporté à la théorie
économique moderne. Nous leur devons par exemple le concept de « économique politique ».
A ce propos, ils ont proposé un ensemble de mesures telles que : L’interventionnisme et le
nationalisme économique. Ils ont assuré les premiers pas de la macroéconomie. Ils ont par
exemple cherché à préciser les liaisons entre certaines variables telles que la masse monétaire,
la demande extérieure et intérieure, le niveau des prix, l’intérêt et l’emploi. Ils ont élaboré la
première théorie quantitative de la monnaie et ont fait des analyses pertinentes de la monnaie,
de l’intérêt et des investissements. Cette théorie quantitative de la monnaie sera reprise plus
tard par les classiques qui rejetteront l’idée que la variation de la masse monétaire puisse agir
sur l’activité économique par l’intermédiaire des taux d’intérêt. Keynes viendra un peu plus
tard donner raison aux mercantilistes.
CH 3 : LES PHYSIOCRATES
Le terme physiocrate a été forgé par Pierre Samuel Dupont de Nemours dans un ouvrage
publié en 1767. Ce terme résulte de la fusion de deux mots Grec : PHYSIS, la nature et
KRATOS, la puissance. Ce terme est en lui seul tout un programme. Les Physiocrates
s’observent sur une période très courte de l’histoire. On les situe du XVI au XVIIème siècle.
Modernes par plusieurs aspects de leur pensée, ils comptent parmi les véritables fondateurs de
l’économie politique. C’est une école de pensée typiquement française. L’économie française
était à cette époque à 75% agricole. Les physiocrates réagissent donc contre l’idée développée
par les mercantilistes qui pensent que la richesse est purement monétaire.
Les physiocrates s’opposent donc aux mercantilistes et affirment que l’objectif de la vie
naturelle est aux champs et considèrent qu’il faut augmenter la production de richesses, non
pas les richesses monétaires, comme le pensent les mercantilistes, mais les richesses agricoles.
Pour les physiocrates, la richesse devient matérielle et seule l’agriculture est en mesure de
produire un surplus au-delà des matériaux utilisés, c’est-à-dire un produit net. Bien que
l’industrie soit utile puisqu’elle fournit à l’agriculture des biens de production que les
physiocrates nomment « Avances », les physiocrates pensent que l’activité manufacturière est
stérile car elle ne dégage aucun produit net. Plusieurs auteurs ont contribué au développement
des idées de la physiocratie que nous présentons ici.
François Quesnay (1694-1774), médecin à la cour du roi Louis XV, fut le maitre de l’école
physiocrate. Ce fut un homme remarquable qui excellait aussi bien en chirurgie que dans sa
discipline élective : l’économie. A l’image donc de l’organisme humain, Quesnay imagine la
mécanique économique. Ainsi, le sang circule dans l’organisme humain et irrigue les
organes ; il en est de même de la mécanique économique où toute l’activité économique est
entretenue par le mouvement du revenu.
Selon Quesnay trois principes commandent la mécanique économique que l’on peut présenter
dans l’ordre suivant : 1- « les dépenses donnent vie à la production » ; 2- La production crée
des revenus ; Les revenus alimentent les dépenses. Ceci nous donne le circuit simple suivant :
DEPENSES
REVENUS PRODUCTION
1-La classe productive. Les fermiers, les agriculteurs constituent la seule classe productive.
C’est cette classe qui titre de la terre les ressources qui donnent le revenu brut qui permet de
dégager la rémunération des travailleurs et le produit net remis aux propriétaires des terres.
2-La classe des propriétaires fonciers comprenant les souverains et autres possesseurs terriens.
Cette classe vie essentiellement du produit net dégagé par la classe productive.