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Section 2 : Les offres d'exécution et la consignation

La demeure du créancier seule ne suffit pas pour exonérer le débiteur de


toute responsabilité pour l'inexécution du contrat ; il faut que cette demeure
soit accompagnée d'offres réelles et en cas de refus du créancier d'une
consignation dans la caisse du tribunal et ce dans des circonstances
particulières. L'article 275 du DOC précise que «la demeure du créancier ne
suffit pas pour libérer le débiteur. Si l'objet de l'obligation est une somme
d'argent, le débiteur doit faire des offres réelles et, au refus du créancier de
les accepter, il se libère en consignant la somme offerte dans le dépôt indiqué
par le tribunal ; si l'objet de l'obligation est une quantité de choses qui se
consomment par l'usage ou un corps déterminé par son individualité, le
débiteur doit inviter le créancier à le recevoir au lieu déterminé par le contrat
ou par la nature de l'obligation, et, faute par le créancier de le recevoir, il se
libère en le consignant dans le dépôt indiqué par le tribunal du lieu de
l'exécution, lorsque la chose est susceptible de consignation». La situation se
diffère s'il s'agit d'une obligation ayant pour objet l'accomplissement d'un fait le
débiteur ne se libère pas simplement en offrant de l’accomplir. Cette offre doit
se faire dans un temps opportun et conformément aux stipulations ou
conformément aux usages des lieux. Il n'y a pas lieu à une offre réelle de la part
du débiteur dans les cas suivants :

✓ lorsque le créancier lui a déjà déclaré qu'il refuse de recevoir l'exécution de


l'obligation;
✓ lorsque le concours du créancier est nécessaire pour l'accomplissement et
que le créancier s'abstient de le donner; tel est le cas où là au domicile du
débiteur, si le créancier ne se présente pas de l'obligation dette est pour
payable la recevoir.
Dans ces cas, une simple invitation adressée au créancier peut tenir lieu d'offres
réelles »
Le débiteur est également exonéré de faire des offres réelles et se libère
lorsqu'il procède à la consignation de ce qu'il doit et ce dans les cas suivants :
✓ lorsque le créancier est incertain ou inconnu ;

✓dans tous les cas où, pour un motif dépendant de la personne du créancier,
le débiteur ne peut pas accomplir son obligation ou ne peut l'accomplir
avec sécurité : tel est le cas où les sommes dues sont frappées de saisie ou
d'opposition à l'encontre du créancier ou du cessionnaire» (").

La jurisprudence de la cour suprême (l'actuelle cour de cassation) a une


Position constante concernant les caractères que doit revêtir l'offre faite au
créancier par le débiteur; ainsi, l'absence du créancier et son voyage à
l'étranger n'est pas une raison valable, pour le débiteur, pour ne pas s'acquitter
de ses obligations à son égard(); de même, la même cour a décidé que l'offre
des clefs des lieux loués sans une remise réelle de ces clefs, ne constitue pas,
non plus, une évacuation des lieux loués et l'expose à acquitter les loyers
impayés durant son occupation du local loué).
Dans un autre arrêt, rendu par la même cour, il est décidé que l'offre réelle
faite au bailleur de recevoir les loyers est suffisante et nul besoin que le
locataire procède à une consignation desdits montants ; par conséquent
encourt la cassation, la décision du juge du fond ayant prononcé l'expulsion du
locataire au motif que le montant des loyers n’a pas été consigné à la caisse de
tribunal. La cour de cassation fait une application littérale de l'article 280 du
DOC qui prévoit que « l’offre non suivie de consignation effective de la chose ne
libère pas le débiteur . La consignation ne libère le débiteur des conséquences
de sa demeure que pour l’avenir ; elle laisse subsister à sa charge les effets de la
demeure acquis au jour de la consignation.
Pour que des offres réelles soit valables, il faut qu'elles satisfassent aux
caractères suivants (2):
✓ « Qu’elles soient faites au créancier ayant la capacité de recevoir, ou à celui
qui a pouvoir de recevoir pour lui. En cas de "faillite" du débiteur, les offres
doivent être faites à celui qui représente la masse ;
✔Qu'elles soient faites par une personne capable de payer, même par un tiers
agissant au nom et en l'acquit du débiteur ;
✓Qu'elles soient de la totalité de la prestation exigible ;
✓Que le terme soit échu, s'il a été stipulé en faveur du créancier ;

✔Que la condition sous laquelle la dette a été contractée soit arrivée ;

✓Que les offres soient faites au lieu dont on est convenu pour et le payement, à
défaut, à la personne du créancier ou au lieu du contrat ; elles peuvent même
être faites à l’audience »>.

> La procédure des offres de paiement et de consignation

Le code de procédure civile parallèlement au Dahir des obligations et


contrats traite des aspects procéduraux qui se rapportent aux offres de
paiement et à la consignation ; ainsi, en vertu de l'article 171 du CPC,
«<lorsqu'un créancier refuse de recevoir l'objet que son débiteur ou un tiers
agissant en son nom offre de lui remettre en exécution d'une obligation
échue, le débiteur lui fait sommation dans les conditions prévues à l'article
148 (du CPC) d'avoir à recevoir son règlement»>(4).
Le président du tribunal compétent ou le premier président de la cour d'appel
auquel le dossier est soumis, est compétent pour prononcer une ordonnance
tendant à faire une offre réelle au créancier de l'obligation et en cas de refus de
cette offre, de procéder à une consignation au tribunal de l’objet de l’obligation.
La procédure n’est pas contradictoire et le président du tribunal rend une
ordonnance sur requête sur la base de l'article 148 du CPC. L'article 172 du CPC
énonce que « les offres sont faites par l’un des agents du greffe de la juridiction
saisie de la demande principale ou a défaut d’instance par l'un des agents de la
juridiction compétente en raison du domicile ou de la résidence de celui à qui
elles sont faites, ou du lieu de paiement ». Il convient de signaler que ce texte
élaboré en 1974, année de promulgation du code de procédure civile, l'on ne
pouvait pas incorporer les avoués judiciaires (huissier de justice) dont la
profession est régie par le Dahir du 14 février 2006 et qui, actuellement,
accomplissement presque totalement ce genre d'actes de procédure ; par
conséquent, en attendant une refonte du code de procédure civile, les avoués
judiciaires doivent être intégrés dans les textes de ce code.
L'avoué se transportant chez le créancier recueille dans un procès-verbal toutes
les mentions et observations nécessaires pour clarifier l'attitude du créancier,
ce <<procès-verbal d'offres fait mention de la réponse, du refus ou de
l’acceptation du créancier ; il indique s'il a signé, refusé de signer ou déclaré ne
pouvoir ou ne savoir signer. En cas de refus, il mentionne, en outre, que le
créancier a été invité à assister à la consignation et précise le lieu, le jour et
l'heure où elle doit être opérée » (¹).
En cas de refus par le créancier des offres faites par le débiteur, l'avoué
judiciaire, après avoir établi le procès-verbal de refus, va le communiquer au
débiteur ; celui-ci pour se libérer, consignera la somme ou la chose offerte, sans
qu'il soit nécessaire pour la validité de la consignation, qu'elle ait été autorisée
par le juge 2). Cette consignation est faite au secrétariat greffe du tribunal
compétent et plus précisément s'il s'agit de somme d'argent, dans la caisse du
tribunal contre récépissé de la consignation ainsi faite. Si des due président du
tribunal désigne, à la requête du débiteur, la personne qui en est difficultés
matérielles surgissent et qui empêchent la consignation, le constituée
dépositaire ou gardien.
Toute personne peut intenter une action en justice soit en validité soit en
nullité de la procédure des offres et de consignation ; cette action peut être
formé soit à titre principal soit sous forme d’une demande incidente a
l’occasion d'une action déjà en cours. Si le juge considère la procédure des
offres formée soit à titre principal soit sous forme de demande incidente à
l'occasion valable, il ordonne, « dans le cas où la consignation n'a pas encore eu
que faute par le créancier d'avoir reçu la somme ou la chose offerte, elle sera
consignée ; il prononce la cessation des intérêts du jour de la consignation » (3).

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