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PERSPECTIVESÉTUDE
Vers la consécration de grands principes européens des contrats : l’exemple du principe de bonne
foi‐loyauté
Auteur : Par Sabrina BRINGUIER-FAU Docteur en droit Chargée d’enseignement à l’Université de Toulouse I‐Capitole
Le droit européen des contrats se construit par étapes et la proposition de règlement du 11 octobre 2011 pourrait
devenir un outil majeur dans la reconnaissance de grands principes fondateurs d’une théorie générale du droit
européen des contrats. La consécration d’un principe de bonne foi‐loyauté témoigne à la fois d’une influence
croisée des droits nationaux et européens et de l’émergence d’un espace autonome de liberté, sécurité et justice
empreint des valeurs traditionnelles.
La proposition de règlement du Parlement européen et du Conseil du 11 octobre 2011 relatif à un droit commun
européen de la vente (COM(2011) 635 Final) établit un droit uniforme contenant des principes propres à faire émerger
une théorie générale du droit européen des contrats. Si ce texte a été largement critiqué dans son contenu par les
associations de consommateurs et récemment par le Conseil économique et social, notamment pour le manque de
sécurité juridique et son caractère minimaliste et lacunaire (Avis CES, 23 mars 2012, JOUE 21 juin, n o C 181, p. 75), il
faut lui accorder au moins le mérite de poser en principes de grandes notions européennes.
Le texte consacre plus particulièrement le principe de « bonne foi‐loyauté » : ce qui interpelle a priori, c’est le flou
encore plus large que celui laissé bien souvent par l’utilisation d’un seul de ces mots qui s’accroît du fait de l’apposition
des deux termes. Quel est donc ce monstre à deux têtes qui pourrait veiller sur le droit européen du contrat ? Cet
Amphibène européen semble donner deux directions aux contrats transfrontaliers. Rassurons‐nous, ce pourrait être
qu’une illusion ! D’ailleurs, n’est‐ce pas la fonction première d’un tel principe de donner une direction à l’ensemble
des règles qu’il inspire ? Ces termes dissimulent un contenu européen de la notion. Si chacun à une longue histoire dans
les droits nationaux, la composition révèle la naissance d’un concept autonome de bonne foi‐loyauté qui fait suite à une
utilisation éparse et confondue des notions dans les textes de droit européen dérivé. Les notions de bonne foi et de
loyauté ont été largement utilisées que ce soit dans les relations entre professionnels et consommateurs ou dans celles
liant les professionnels entre eux. Cependant, les divers travaux académiques d’uniformisation d’un droit européen des
contrats ont largement contribué à la construction d’un tel principe européen. Ils ont directement inspiré la proposition
de règlement qui consacre le principe (I). L’étude de la bonne foi‐loyauté semble d’autant plus importante qu’elle
révèle quelques enseignements plus généraux sur le droit européen des contrats, elle permet en particulier
l’identification de certaines valeurs européennes qui pourraient largement influencer l’évolution du droit européen des
contrats (II).
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La bonne foi et la loyauté innervent le droit européen lequel entretient la confusion des sens. Ainsi, en droit primaire,
le principe de coopération loyale visé à l’article 4, paragraphe 3, du Traité sur l’Union européenne n’est pas toujours
facile à distinguer du principe de bonne foi (Constantinesco V., L’article 5 CEE, de la bonne foi à la loyauté
communautaire, in Liber Amicorum Pierre Pescatore, p. 97 et s., spéc. p. 101 et p. 105 et s.). Il est un avatar du
principe de fidélité connu des États fédéraux selon lequel les États ne doivent pas empiéter sur les compétences de la
fédération, ni sur leurs compétences respectives et doivent s’entraider (pour un rapprochement de ces deux principes :
Blanquet M., L’article 5 du Traité CEE, Recherche sur les obligations de fidélité des États membres de la Communauté,
LGDJ, Bibliothèque de droit international et communautaire, tome 108, Paris, 1994, 502 p.). Le choix des mots n’est
certainement pas anodin : l’Union européenne s’est appliquée à construire sa différence avec le droit international
public au sein duquel la bonne foi apparaît comme un principe fondamental inextricablement lié à la nature de ce droit
de coopération.
La bonne foi joue un rôle essentiel dans la formation, l’exécution et l’interprétation des Traités et des actes
unilatéraux. Elle protège la confiance légitime qui a pu naître chez le partenaire. A contrario, le principe de
coopération loyale est un principe rattaché à la structure intégrative de l’Union européenne. Une coopération ou
collaboration de bonne foi a parfois été exigée. La bonne foi vient alors renforcer les obligations issues du principe de
coopération loyale (not. CJCE, 14 mai 2002, aff. C-383/00, Commission c/ RFA, Rec. CJUE, I, p. 4219). Par ailleurs, la
jurisprudence de l’Union européenne se réfère à un principe de bonne foi en droit contractuel et administratif dans les
relations entre l’administration et ses agents et entre l’administration européenne et ses cocontractants inspiré du droit
de la fonction publique internationale et du principe issu de la lex mercatoria (TPICE, 12 déc. 2000, aff. T‐223/99 , Luc
Dejaiffe c/ OHMI).
En revanche, dans les relations privées individuelles, la bonne foi et la loyauté semblent plutôt limitées à des
applications sectorielles. Ainsi, la directive de 1993 sur les clauses abusives se réfère à la fois aux deux notions. Il
résulte de ce texte que l’abus s’analyse au regard d’une exigence de bonne foi (Dir. Cons. CEE n o 93/13, 5 avr. 1993
concernant les clauses abusives dans les contrats conclus avec les consommateurs, JOCE 21 avr., n o L 95, p. 29).
Pourtant, le Préambule précise ce qui doit être retenu comme étant de la bonne foi en ces termes : « l’exigence de
bonne foi peut être satisfaite par le professionnel en traitant de façon loyale et équitable avec l’autre partie dont
il doit prendre en compte les intérêts légitimes ». La directive de 1997 sur la protection des consommateurs en
matière de contrats à distance soumet les obligations d’information préalables aux « principes de loyauté en matière
de transactions commerciales » (Dir. Parl. et Cons. CE n o 97/7, 20 mai 1997, concernant la protection des
consommateurs en matière de contrats à distance, JOCE 4 juin, no L 144, p. 19) tandis que la directive 2002/65/CE du 23
septembre 2002 sur la commercialisation à distance de services financiers auprès des consommateurs se réfère aux «
principes de la bonne foi dans les transactions commerciales » (JOCE 9 oct., no L 271, p. 16). En outre, la directive de
2000 sur le commerce électronique ne se réfère pas à un « principe » m a i s à « la loyauté des transactions
commerciales » et, plus particulièrement, à la loyauté des prestataires de la société de l’information exerçant une
profession réglementée envers leurs clients et les autres membres de la profession (Dir. Parl. et Cons. CE n o 2000/31, 8
juin 2000, JOUE 17 juill., no L 178, p. 1). Enfin, dans la directive de 2005 sur les pratiques commerciales déloyales, la
déloyauté apparaît comme ce qui est contraire au principe de bonne foi (Dir. Parl. et Cons. CE n o 2005/29, 11 mai 2005,
JOUE 11 juin, no L 149, p. 22). Le droit européen dérivé mêle allègrement bonne foi et loyauté. Or, et on peut trouver
là un début d’explication, la bonne foi et la loyauté ne font pas référence à un principe européen mais plutôt aux droits
nationaux qui selon les cas préfèrent se rattacher à l’une ou à l’autre notion. Ainsi, dans l’arrêt Messner, la Cour de
justice de l’Union européenne a reconnu l’existence d’un principe civil de bonne foi commun aux droits des États
membres (CJUE, 3 sept. 2009, aff. C-489/07, Rec. CJUE, I, p. 7315). Les travaux académiques d’harmonisation d’un
droit européen des contrats ont permis de mettre en valeur l’existence d’une telle exigence commune et contribué à
l’élaboration d’un véritable principe européen de bonne foi‐loyauté.
2) Bonne foi et loyauté dans les travaux académiques d’unification d’un droit européen du contrat
La réception de la bonne foi s’est faite progressivement dans les travaux doctrinaux d’unification du droit européen des
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Les travaux académiques d’harmonisation d’un droit européen des contrats ont permis de mettre en valeur
l’existence d’une telle exigence commune et contribué à l’élaboration d’un véritable principe européen de
bonne foi‐loyauté.
La bonne foi a été unanimement reconnue comme un principe général du droit des contrats dans les instruments à
portée unificatrice. D’abord qualifiée de principe fondamental de la lex mercatoria (Meyer R., Bona fides und lex
mercatoria in der europaïschen Rechtstradition, Wallstein Verlag, Göttingen, 1994, 163 p. ; Goldman B., La lex
mercatoria dans les contrats internationaux : réalité et perspectives, JDI 1979, p. 475), la bonne foi s’est imposée dans
l’interprétation du contrat. Ainsi, les Principes UNIDROIT recommandent une interprétation de bonne foi impliquant
une souplesse et un pouvoir de régulation pour l’arbitre ou le juge qui doit prendre en considération l’intention
commune des parties et non s’arrêter à une interprétation littérale (l’article 1.6 prévoit que l’interprétation doit se
faire « conformément aux principes généraux dont ils s’inspirent » parmi lesquels figure la bonne foi à l’article 1.7).
De même, pour l’interprétation de la Convention de Vienne sur la vente internationale de marchandises, il doit être «
tenu compte (...) de la nécessité (...) d’assurer le respect de la bonne foi dans le commerce international » (Conv.
des Nations Unies sur la vente internationale des marchandises, 11 avr. 1980, art. 7.1). Inspirés par ce droit
international, les travaux doctrinaux européens qui ont contribué au projet d’établissement d’un cadre commun de
référence ont admis ce même principe. Les Principes du droit européen du contrat rédigés par la Commission LANDO
disposaient déjà : « Les présents Principes devront être interprétés et développés conformément à leurs objectifs.
On aura égard en particulier à la nécessité de promouvoir la bonne foi » (art. 1 : 106, Les principes du droit européen
du contrat, La documentation française, op. cit., p. 50 ; de plus l’article 5 : 101 impose, sans faire expressément
référence à la bonne foi, une interprétation selon la commune intention des parties : pour un commentaire de cet
article et du chapitre 5 relatif à l’interprétation du contrat dans lequel il est inséré, idem, p. 67 s.). De même, le Code
européen des contrats rédigé sous la coordination de Monsieur le Professeur Gandolfi, prévoyait expressément que «
l’interprétation du contrat ne doit pas aboutir à un résultat qui soit contraire à la bonne foi ou au bon sens » (art.
39, § 4). Finalement, le principe a été repris en tant que tel dans les travaux de l’association Henri Capitant et la
Société de Législation Comparée : bien qu’il ne figure pas dans les textes proposés relatifs à l’interprétation du contrat,
il réapparaît dans la Terminologie contractuelle commune parmi les principes directeurs, dans la partie relative à la
loyauté contractuelle (les auteurs précisent avoir écarté la notion dans les règles relatives à l’interprétation pour une
question de clarté et pour éviter de donner au juge un pouvoir trop large compte tenu du caractère très flou de la
bonne foi qui pourrait le conduire à compléter le contrat sous couvert d’un simple pouvoir d’interprétation. La bonne
foi est pourtant indirectement présente à travers les critères tels que « des personnes raisonnables » ou la référence à
l’apparence : art. 5 : 101 et 5 : 102).
La loyauté contractuelle vise également la bonne foi comme principe directeur de comportement. En tant que norme
de comportement, la bonne foi a pu être déduite du droit communautaire. Les principes UNIDROIT et les Principes du
droit européen du contrat imposent un devoir général de bonne foi qui doit être entendu de façon très large incluant à
la fois une approche subjective et objective de la bonne foi ressortant surtout de la lecture des versions anglaises des
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principes. En effet, il est fait référence à la « good faith » qui a été traduite comme la volonté d’agir honnêtement et
équitablement et au « fair dealing », le fait d’agir avec loyauté. Ce principe est à observer durant toutes les phases
contractuelles. Sa première fonction est de maintenir un lien de confiance entre les parties en imposant une
collaboration entre elles pour la réalisation des objectifs décrits au contrat. Cette bonne foi permet de réaliser un
équilibre dans la relation contractuelle entre liberté et sécurité juridique. Elle apparaît ainsi comme « le troisième
segment du triangle contractuel » (Mazeaud D., Le nouvel ordre contractuel, RDC 2003, p. 295, § 29.).
Dans sa conception subjective, la bonne foi se manifeste sous la forme d’un principe de protection de la croyance
erronée. Il s’agit, soit de protéger la croyance en la légalité d’une situation, comme ce fût admis par la jurisprudence
de la Cour de justice, notamment pour limiter l’insécurité juridique que la rétroactivité de la jurisprudence pouvait
faire naître entre les parties à un contrat (CJCE, 27 mars 1980, aff. C-61/79, Amministrazione delle finanze dello Stato
c/ Denkavit, Rec. CJCE, I, p. 1205), soit de protéger le tiers de bonne foi qui a pu légitimement croire en l’existence
d’une situation. Bien que ce principe soit reconnu dans ces deux sens comme principe directeur par l’association Henri
Capitant des amis de la culture juridique française et la société de législation comparée, c’est surtout dans sa deuxième
forme que le principe se dégage des exemples foisonnant dans les autres projets doctrinaux, en particulier le projet de
Pavie.
Pour comprendre la teneur de ce principe, les outils d’interprétation sont pour l’heure limités tant les inspirations
doctrinales sont diverses et liées à des traditions juridiques très diversifiées. L’harmonisation vise l’objectif
d’achèvement du marché intérieur ce qui a poussé certains auteurs à exprimer leur regret quant au manque d’ambition
politique et sociale (Groupe d’étude sur la justice sociale en droit privé européen, Manifeste pour une justice sociale
en droit européen des contrats, RTD civ. 2005, p. 713). Le manifeste pour une justice sociale des contrats vise à
accorder deux nouveaux objectifs au droit européen des contrats : contribuer à l’identité européenne et promouvoir
une justice sociale. Il évoque notamment les principes de solidarité sociale parmi les valeurs fondamentales concernant
les relations sociales et économiques entre les citoyens, « qui empêchent les individus de tirer avantage d’une
supériorité économique ou de se dispenser des conséquences de la confiance légitime accordées aux autres »
(Mengozzi P., Le manifeste pour une justice sociale en droit européen des contrats et la préconisation d’un principe «
d’interprétation comparative horizontale », Rev. dr. UE 2008, p. 261), desquels pourraient découler un principe de
bonne foi unifié, empreint d’une identité européenne et capable d’influer sur les droits nationaux. Les travaux relatifs
à la Terminologie contractuelle commune publiés en 2008 semblent d’ailleurs avoir pris acte de ces critiques en
intégrant un principe directeur de loyauté contractuelle dotant « le modèle contractuel européen d’une dimension
sociale » (Mazeaud D., Principes du droit européen du contrat, Projet de cadre commun de référence, Principes
contractuels communs, Trois codifications savantes, trois visions de l’avenir contractuel européen..., op. cit., spéc. p.
728). Le Projet de cadre commun de référence publié en février 2009 rattache la bonne foi à la fois aux « principes
sous-jacents » de justice et de sécurité, le devoir de coopération du contractant et les exigences d’exécution de bonne
foi permettant d’assurer à l’autre partie sa sécurité contractuelle. Dotée dès lors d’une légitimité européenne, la
bonne foi pourrait recevoir une meilleure réception dans les droits nationaux. La proposition de règlement s’inspire de
ces travaux pour consacrer un principe européen de bonne foi‐loyauté en matière contractuelle.
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élément de moralisation du contrat et est apparue comme un outil essentiel de sécurité dans le commerce
international. Dans son aspect objectif, elle renvoie à la prise en considération des intérêts de la partie cocontractante
et impose donc une solidarité entre les partenaires contractuels.
La méthode d’appréciation choisie révèle une volonté d’encadrement et d’objectivation de la notion. Le texte pose en
effet plusieurs critères qui pourront guider le juge et invitent à un comportement raisonnable de la part de chaque
partie tenant compte notamment de leur niveau de connaissance respective, de la prise en compte de l’intérêt de
l’autre partie et des bonnes pratiques commerciales dans la situation en cause.
La bonne foi‐loyauté apparaît comme une norme de comportement (art. 2, § 1) pouvant engendrer plusieurs sanctions
telles que la privation de l’auteur de l’exercice d’un droit, d’une action ou d’un moyen de défense ou la réparation des
préjudices causés au cocontractant (art. 2, § 2). On remarquera ici l’absence regrettable de référence à toute sanction
positive consistant au bénéfice d’un droit ou d’un recours pour celui qui est victime de la mauvaise foi (Lando O., The
Common European Sales Law : Social justice ou social dumping ?, RDCO, no 1, 2012, p. 213), ce qui interroge sur la
portée pratique de ce principe. Celle‐ci est liée aux applications que le texte reconnaît comme procédant de la mise en
œuvre du principe de bonne foi‐loyauté.
À travers la bonne foiloyauté, c’est finalement une certaine conception européenne des relations contractuelles
qui est véhiculée aspirant à une liberté, sécurité, justice et efficacité dans les relations contractuelles.
La coopération entre les parties assure l’efficacité du contrat, elle tend à réaliser l’objet de celui‐ci. Ainsi, l’article 1 :
202 des Principes de droit européen des contrats dispose que : « chaque partie doit à l’autre une collaboration qui
permette au contrat de produire ses effets. »
Une forme de solidarité se dégage progressivement au cours de la mise en application des règles contractuelles.
En revanche, il semble que ce soit plutôt le principe de bonne foi‐loyauté qui inspire d’autres obligations au cours de
l’exécution telles que l’obligation de diligence (art. 148) ou l’obligation de mise en garde (art. 152). Ces exigences
transcendent les différentes phases de la vie du contrat. Elles témoignent finalement de l’émergence des valeurs
purement européennes au sein du droit des contrats.
II. – L’IDENTIFICATION DES VALEURS EUROPÉENNES VÉHICULÉES PAR LE PRINCIPE EUROPÉEN DES CONTRATS DE
BONNE FOI‐LOYAUTÉ
À travers la bonne foi‐loyauté, c’est finalement une certaine conception européenne des relations contractuelles qui
est véhiculée aspirant à une liberté, sécurité, justice et efficacité dans les relations contractuelles : ce sont autant de
principes et objectifs visés par le cadre commun de référence et servant la construction d’un Espace de Liberté,
Sécurité et Justice (Study Group on a European Civil Code and the Research Group on EC Private Law, Principles,
Definitions and Model rules of European Private Law, Draft Common Frame of Reference, Outline Edition, Sellier, 2009,
Munich, disponible sur le site Europa : <ec.europa.eu/justice/policies/civil/docs/dcfr_outline_edition_en.pdf, p. 76>).
La bonne foi‐loyauté contribue à la réalisation de ces objectifs en maintenant une relation de confiance (A) et en
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Ce standard du raisonnable, qui paraît proche de notre bon père de famille en droit français, innerve ce texte de
compromis.
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communauté mais de les amener à une entraide et à la préservation des intérêts de chacune. Cette aspiration solidaire
est perceptible dans la définition générale du principe de bonne foi‐loyauté lequel suppose la prise en considération
des intérêts de la partie cocontractante. On la retrouve en cours d’exécution du contrat notamment pour faire face à
certaines difficultés. L’obligation de renégociation en cas de changement exceptionnel des circonstances déjà
évoquée, l’obligation du vendeur d’assurer la protection et la conservation de la chose non encore livrée (art. 97),
l’obligation de prévenir la survenance d’un dommage (art. 149), l’obligation de mise en garde en cas de dépassement de
prix (art. 152), ou encore l’obligation de minimiser le dommage (art. 163) sont autant de manifestations d’une certaine
solidarité entre les cocontractants transfrontaliers. Cette assistance mutuelle permet d’assurer l’efficacité du contrat
tout en préservant les intérêts de chacun. On retrouve ici un devoir de solidarité proche de celui issu de certains textes
internationaux et en particulier de la Convention de Vienne sur la vente internationale de marchandises. À ce sujet,
l’article 8 de la Convention impose par exemple au contractant d’être attentif aux besoins de son partenaire. Cette
solidarité est en effet apparue essentielle à la sécurisation des transactions internationales mais fait l’objet de
rebondissements constants dans la jurisprudence (WITZ Cl., D. 2010, p. 921 et s.). Une harmonisation de la conception
dans les transactions transfrontières européennes serait de nature à soutenir l’achèvement du marché intérieur en
accordant à la fois plus de liberté, de sécurité et de justice.
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