Vous êtes sur la page 1sur 7

CHAPITRE 6 : LA CAISSE NATIONALE DE PREVOYANCE SOCIALE

En vue de renforcer la sécurité sociale des travailleurs et leur garantir la jouissance


d’une retraite bien méritée, il a été institué la Caisse Nationale de Prévoyance Sociale
(CNPS).
I – Les dispositions générales
A- Le statut juridique
Selon l’article 3 de la loi du 02 Août 1999, la gestion du service public de la
prévoyance sociale est confiée à l’institution de prévoyance sociale dénommée «
Caisse Nationale de Prévoyance Sociale »
Elle est passée successivement de statut d’établissement public à caractère
industriel (EPI) dans les années 90 avant son érection en une société privée de type
particulier dénommée IPS-CNPS Institution de Prévoyance Sociale - Caisse Nationale
de Prévoyance Sociale par le décret N°2000-487 du 12 juillet 2000.
C’est un décret qui renforce son autonomie de gestion tout en demeurant sous la
tutelle de l’Etat de Côte d’Ivoire. Le suivi des activités de l’institution est fait à travers
une convention et un contrat programmé signé entre la CNPS et l’Etat de Côte
d’Ivoire.
Elle connait depuis 2012 des réformes avec l’ordonnance N°2012-03 du 11 janvier
2012 modifiant les articles 22, 50, 95, 149 à 163 et complétant l’article 168 de la loi
N°99-477 du 02 Août 1999 portant modification du code de la prévoyance sociale.
Pour mener à bien sa principale mission qui est la gestion du régime obligatoire de la
prévoyance sociale du secteur privé et assimilé, qui couvre quatre branches dont les
prestations familiales, les accidents de travail et maladies professionnelles,
l’assurance-maternité et l’assurance vieillesse.
La CNPS a initié une politique de déconcentration qui a conduit à l’ouverture de
plusieurs agences de première, deuxième et troisième catégorie à Abidjan et à
l’intérieur du pays dont certaines sont fonctionnelles à ce jour.
La CNPS est administrée par un conseil d’administration tripartite de douze membres
à raison de :
- quatre administrateurs représentant l’Etat
- quatre administrateurs représentant les organisations représentatives des
employeurs
- quatre administrateurs représentant les organisations représentatives des
travailleurs
Les administrateurs représentant l’Etat sont nommés par arrêté conjoint des
ministres de tutelle. Ceux des organisations patronales ou des salariés sont nommés
par les instances représentatives de ces organisations.
Le Conseil d’administration a à sa tête un Président du conseil d’administration élu à
la majorité simple parmi ses membres. Il est secondé par un vice-président qui est
également élu et qui remplace uniquement en cas d’absence ou d’empêchement.
La CNPS a à sa tête un Directeur général nommé par le Conseil d’administration et
révocable ad nutum.
Les règles d’établissement, d’approbation et de modification du règlement intérieur
de la CNPS sont fixés par le Conseil d’administration.
B- L’objet
En tant que service public de prévoyance sociale, la CNPS a pour but de fournir des
prestations à l’effet de pallier les conséquences financières de certains risques ou
certaines situations en matière :
- d’accident de travail et de maladies professionnelles
- de retraite, d’invalidité et de décès
- d’allocations familiales
La loi peut étendre l’offre des prestations.
C- Le mode de financement
La charge financière des prestations ci-dessus évoqués est couverte à titre principal
par des cotisations des employeurs et des travailleurs, ainsi que le cas échéant,
d’autres usagers dans les conditions définies par la loi.
II – Le principe d’organisation
A- Le régime général de prévoyance sociale
Le régime général de prévoyance social regroupe les prestations ci-dessus citées en
trois branches :
- les prestations familiales
- les accidents et maladies professionnelles
- la retraite
La gestion de ce régime et de chacune des branches est assurée par la CNPS. La
CNPS est chargée du recouvrement des cotisations et du service des prestations
afférentes à chacun des régimes dont la charge lui est confiée.
B- L’affiliation à la CNPS
Est obligatoirement affilié à la CNPS tout employeur occupant des travailleurs
salariés tels que définis à l’article 2 du Code du travail. Cette affiliation prend effet à
compter du premier embauchage d’un travailleur salarié. Les entreprises du secteur
agricole sont également soumises à la déclaration de leurs travailleurs à la CNPS.
Par extension, toute personne intéressée peut volontairement adhérer à un ou
plusieurs régimes mentionnés ci-dessus.
III – Les dispositions financières
A- Les dispositions fiscales
La CNPS, en raison de sa vocation sociale particulière, est exonérée de l’impôt sur les
bénéfices industriels et commerciaux (BIC), et de la patente.
Les cotisations versées à la CNPS par les employeurs, les travailleurs ou les usagers,
à titre obligatoire ou volontaire, sont exonérées de tous impôts et taxes.
Sont exemptées du droit de timbre les affiches imprimées ou non, apposées par la
CNPS, et ayant pour objet la vulgarisation de la législation, ainsi que la publication
des comptes rendus, et/ou des conditions de fonctionnement de la CNPS.
B- L’insaisissabilité des comptes de la CNPS
Les deniers de la CNPS sont insaisissables et aucune opposition ne peut être
pratiquée sur les sommes qui lui sont dues.
Les créanciers porteurs de titres exécutoires, à défaut d’exécution, peuvent
directement saisir le président du conseil d’administration à l’effet d’obtenir par une
délibération du conseil d’administration, l’injonction de paiement par la CNPS du
montant de la créance.
Pour le cas où le conseil d’administration constate l’insuffisance ou l’indisponibilité
des crédits nécessaires au règlement de la créance, il en informe immédiatement les
Ministres de tutelle en proposant les mesures nécessaires. Il en informe le titulaire
de la créance.
C- Des ressources et des dépenses de la CNPS

1- Les ressources

Branches Part patronal Part Total Plafond


salarial
Prestations familiales 5,75% (dont 075% pour la Aucune 5,75% 70.000 F/mois
maternité)
Accidents de travail De 2 à 5% en fonction de Aucune 2 à 5% 70.000 F/mois
l’activité principale de
l’entreprise
retraites 7.70% 6,3% 14% 1.647.315
F/mois

2- Les dépenses

Les dépenses de la branche des prestations familiales comprennent :


- le paiement des prestations en espèces prévues des diverses allocations de
ladite branche (allocations au foyer, familiales, de maternité…)
- le coût des prestations et des opérations imputées au fonds d’action sanitaire,
sociale et familiale
- les frais de personnel, et de matériel, ainsi que tous autres frais nécessaires
au fonctionnement de la branche
Les dépenses de la branche accidents de travail et maladies professionnelles :
- les dépenses correspondant aux diverses prestations et indemnités prévues
par ladite branche
- les dépenses de rachat des rentes
- les frais de personnel et de matériel ainsi que tous autres frais nécessités par
le fonctionnement de la branche
- les dépenses effectuées dans le cadre de la politique de prévention, d’hygiène
et de sécurité et d’action sanitaire et sociale en faveur des travailleurs
- toutes autres dépenses mises à la charge de la branche par une disposition
particulière des textes en vigueur
Le paiement des cotisations d’accident du travail et de maladies professionnelles est
garanti pendant cinq ans à compter de la date de leur exigibilité, par un privilège sur
les biens meubles et immeubles du débiteur.
Les dépenses de la branche retraite, décès et invalidité
Les dépenses de cette branche sont constituées par :
- le paiement des prestations dues aux retraités ainsi que le remboursement
des cotisations des travailleurs qui à 60 ans cessent d’appartenir au régime de
la CNPS et qui totalisent au plus deux années de cotisation
- les frais de personnel et de matériel ainsi que tous autres frais nécessaires au
fonctionnement de la branche

D- Dispositions communes à toutes les branches


Les cotisations sont assises sur l’ensemble des salaires y compris les avantages en
nature et indemnités diverses versées par l’employeur à son personnel salarié, à
l’exception des indemnités ayant le caractère de remboursement de frais.
Toutefois, les rémunérations dépassant un certain montant déterminé dans des
conditions fixées par décret pris après avis du Conseil d’administration de la CNPS
ne sont comptés que pour ce montant. Le montant du salaire à prendre en
considération pour base des cotisations ne peut être inférieur en aucun cas au SMIG,
applicable aux travailleurs salariés.
IV – Le contrôle, les pénalités et le contentieux
A- Le contrôle

1) Les pouvoirs des contrôleurs


Les agents de contrôle de la CNPS sont habilités à constater les infractions à la
législation et à la règlementation de chacune des branches de chacun des régimes
de prévoyance sociale qu’elle gère, par des écrits au duquel l’inspecteur du travail
pourra dresser procès-verbal.
Les agents de contrôle ont le pouvoir de :
- pénétrer librement pendant les heures d’ouverture, sans avertissement
préalable dans tout établissement assujetti à leur contrôle
- procéder à tous examens, contrôles ou enquêtes jugés nécessaires pour
s’assurer que les dispositions applicables sont effectivement observées
A l’occasion d’une visite d’inspection, l’agent de contrôle doit informer de sa
présence l’employeur ou son représentant. Les agents de contrôle prêtent serment
devant le tribunal ou la section de tribunal de leur résidence.
2) Les obligations des employeurs en cas de contrôle
L’employeur affilié est tenu de produire une déclaration périodique faisant ressortir
pour chacun des salariés, qu’il a occupés au cours de la période écoulée, le montant
de la rémunération ou gains perçus par l’intéressé ainsi que de la durée du travail
effectué.
Sa périodicité, les modalités de la remise à la CNPS ainsi que la forme de la
déclaration sont fixées par le Conseil d’administration.
B- Les pénalités

1) Les sanctions encourues par le DG et les agents de la CNPS


Ces derniers encourent les mêmes sanctions que les fonctionnaires; lesquelles
sanctions sont prévues par les articles 225 et suivants du code pénal.
2) Les sanctions encourues par ceux qui font entrave
Les dispositions du code qui prévoient et répriment les actes de résistance, outrages
et les violences contre les officiers de police judiciaire sont applicables à ceux qui se
rendent coupables des faits de même nature à l’égard des inspecteurs du travail, des
contrôleurs du travail ou des attachés du travail dans l’exercice de leurs fonctions.
3) Les sanctions encourues par les employeurs défaillants
L’employeur qui ne s’est pas conformé aux dispositions légales et règlementaires
applicables en matière de recouvrement des cotisations est puni des peines
contraventionnelles déterminées par décret.
L’amende est prononcée autant de fois qu’il y a de travailleurs pour lesquels les
versements n’ont pas été ou n’ont été que partiellement effectués, sans que le
montant total des amendes infligées à un membre contrevenant puisse excéder dix
fois le taux maximum de l’amende prévue.
Le défaut de production de la déclaration périodique donne lieu à versement d’une
pénalité de 10% du montant total mensuel des cotisations dues par l’employeur
défaillant.

C- Le contentieux

1) La mise en demeure
Toute action ou poursuite effectuée contre tout employeur défaillant est
obligatoirement précédée d’une mise en demeure par lettre recommandée avec avis
de réception, ou remise par l’agent de contrôle contre récépissé au représentant légal
ou dument habilité par l’employeur, du DG de la CNPS, invitant l’employeur à
régulariser dans un délai compris entre quinze jours et trois mois.
Lorsque tout ou partie des cotisations exigibles en application de la législation sur
les prestations familiales n’a pas été acquitté dans les délais fixés, la CNPS est
fondée à poursuivre auprès de l’employeur le remboursement de l’ensemble des
prestations familiales auxquelles les allocataires peuvent prétendre, entre la date
d’exigibilité et la date du règlement définitif de la totalité des cotisations arriérés de
prestations familiales dues pour l’ensemble des travailleurs intéressés.
Si la mise en demeure reste sans effet, le DG de la CNPS peut indépendamment des
poursuites pénales, exercer l’action civile en délivrant une contrainte qui est visée et
rendue exécutoire dans un délai de cinq jours par le Président du tribunal du ressort
de l’agence de la CNPS.
Cette contrainte est notifiée au débiteur par voie d’agent administratif ou d’auxiliaire
de justice spécialement commis à cet effet par le DG de la CNPS.
Elle peut aussi être adressée par lettre recommandée avec avis de réception. Elle est
immédiatement exécutoire dans les mêmes conditions qu’un jugement.
2) L’opposition
Le débiteur peut former opposition dans les quinze jours de la notification à
personne ou à compter de la date du premier acte d’exécution par déclaration au
Greffe du tribunal ou par lettre recommandée avec avis de réception adressée dans
le même délai au greffier dudit tribunal.
L’opposition suspend l’exécution de la contrainte. En cas d’opposition, le Président
du tribunal cite les parties à comparaître.
3) La conciliation
Une tentative de conciliation peut être initiée par le juge à l’effet d’amener les parties
à s’entendre sur le bien-fondé et le montant des cotisations ainsi que leur exigibilité.
En cas d’échec de la conciliation, l’affaire est débattue et jugée en chambre de
conseil. Le jugement qui s’en suit n’est pas susceptible d’opposition.
L’appel devra dans tous les cas être interjeté dans les quinze jours du prononcé du
jugement.
4) L’action civile en recouvrement de cotisations
L’action civile en recouvrement des cotisations, arriérés, et des majorations de retard
correspondantes, peut être initiée par le DG de la CNPS par la délivrance d’une
contrainte, se prescrit par cinq années révolues ; et ce à compter de la date
d’exigibilité de la cotisation sauf en cas de mise en demeure.

Vous aimerez peut-être aussi