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Chapitre 3 :

L’ENTREPRENEUR

I – Définition :

Littérairement, l’entrepreneur est défini comme étant une « personne ou groupe de personnes
qui crée, développe et implante une entreprise dont il assume les risques, et qui met en
œuvre des moyens financiers, humains et matériels pour en assurer le succès et pour réaliser
un profit ».

Dans la littérature économique, la notion d’entrepreneur recouvre de nombreux aspects


particuliers n’ayant parfois que peu de liens entre eux. En effet, l’analyse de l’évolution de la
perception de l’entreprenariat peut aider à cerner au mieux cet élément essentiel.

 Selon Richard Cantillon l’entrepreneur est celui qui exerce son jugement pour faire
face à l’incertitude.
 Selon Jean Batiste Say l’entrepreneur est le personnage central qui combine les
facteurs de production.
 Selon Joseph Schumpter l’entrepreneur est celui qui introduit l’innovation, celui qui
crée une combinaison des facteurs de production de manière à innover au sein du
processus de développement économique.

II – Types d’entrepreneurs :

Le créateur d’entreprise et d’activités : Il s’agit d’une personne qui a une idée bien précise
d’un produit ou d’un service, qu’il veut développer et le mettre sur le marché. Cette idée peut
correspondre à une activité nouvelle que les consommateurs ne connaissent pas ou à une
activité ancienne déjà exploité par un concurrent.

Le travailleur autonome : Le travailleur autonome est celui qui travaille pour lui‐même, il y a
un contrat pour chaque travail avec son client (exemple : un conseiller, un médecin, un
avocat, …). Il est une personne qui, en vertu d’une entente verbale ou écrite, s’engage envers
une autre personne, son client, à effectuer un travail matériel ou à lui fournir un service
moyennant un prix que le client s’engage à lui payer. Le travailleur autonome peut aussi
posséder un commerce ou être vendeur à commission. Il n’existe aucun lien de subordination
entre le travailleur autonome et son client. Il n’y a aucune relation d employeur à employé,
comme c’est le cas pour un salarié. En général, le travailleur autonome :
• assume ses propres dépenses ;

• prend lui‐même les risques financiers inhérents à son travail ;

• fournit son propre matériel, mais il n est pas tenu d exécuter lui‐même les travaux ;

• peut avoir des employés ou faire appel à des travailleurs autonomes ;

• détermine lui‐même l endroit où le travail doit être accompli de même que ses horaires de
travail.

Le travailleur autonome est un entrepreneur indépendant qui a une autonomie quant à la


manière dont il exécute le contrat. C’est lui qui assume la direction du travail et qui en définit
l exécution. L entrepreneur indépendant contrôle son travail.

L’intrapreneur : l’intrapreneur entreprend dans le cadre d’une organisation existante.

Selon Carrier (1992), l’intrapreneur est au service d’une organisation alors que l’entrepreneur
travaille pour lui même, l’intrapreneur doit s’adapter à son milieu alors que l’entrepreneur
s’adapte et interagit avec son milieu, l’intrapreneur doit convaincre et l’entrepreneur doit
s’imposer, l’intrapreneur risque sa crédibilité et l’entrepreneur risque ses avoirs financiers,
l’intrapreneur se voit imposer son salaire et l’entrepreneur décide de sa rémunération,
l’intrapreneur doit négocier ce qui doit être fait, l’entrepreneur peut décréter ce qui sera fait.

L’entrepreneur social : est un individu qui vient apporter de nouvelles solutions à des
problèmes sociaux qu’il met en place dans le cadre d’une organisation pour agir sur une plus
grande échelle. L’entrepreneur social prend en charge un problème sociétal qui pourrait
incomber au gouvernement et qui propose des solutions novatrices susceptibles de changer le
système.

En effet, classiquement l'entrepreneur s'engage dans des activités lucratives et devient chef
d'entreprise. Depuis quelques décennies une nouvelle catégorie d'entrepreneurs a vu le jour et
se multiplie, les entrepreneurs sociaux. Ils mettent en action des initiatives qui répondent à des
besoins qui tombent à mi chemin entre le domaine couvert par le secteur privé et le secteur
public. Citons à titre d'exemple Muhammad Yunus, fondateur du système du micro-crédit et
de la banque Grameen, Florence Nightingale, pionnière des soins infirmiers modernes, Maria
Montessori qui a changé l'approche pédagogique, Jean Monnet qui a lancé l'idée de l'Union
européenne.
III – Motivations :

a - Les motivations d'ordre personnel :

 L'accomplissement personnel : L'entrepreneur a, avant toute autre motivation, un


souhait d'épanouissement et de développement personnel. Il a la volonté de se réaliser et de
réaliser ses ambitions.
Ce besoin d'accomplissement peut se voir associé à une volonté de créer quelque chose de
nouveau ou d'appliquer des connaissances acquises antérieurement. Ainsi, certains chercheurs
souhaitent pousser des résultats de recherche vers une exploitation économique et optent dès
lors pour la création de leur propre entreprise. Ou encore, un manager ayant acquis des
compétences et un savoir-faire dans une structure professionnelle antérieure décide également
de créer son affaire pour y développer des applications.
De même, la volonté d'être fier de sa profession, d'être satisfait de son travail peut se ranger
dans cette volonté d'accomplissement. Cela suppose qu'une personne préfère devenir
entrepreneur et créer sa propre affaire plutôt que de poursuivre un emploi frustrant ou de subir
des tensions dans son entourage professionnel.
Enfin, cette motivation peut encore s'interpréter comme un besoin de prouver sa valeur
personnelle ou comme la volonté de faire mieux que les autres. Certaines personnes éprouvent
un vif besoin d'accomplissement à travers la responsabilité de prendre elles-mêmes des
décisions : il s'agit d'un besoin d'accomplissement par le travail. Cela nécessite de leur part un
effort considérable pour avoir une vision globale du processus mais cette compréhension est
également un des facteurs clef de la satisfaction dans le travail.
 L'indépendance personnelle : Le passage au statut d'entrepreneur peut être vu comme
un épanouissement et un développement personnel. Cette source de motivation peut se
comprendre dans plusieurs acceptions. Tout d'abord, la notion d'entrepreneur est liée à la
faculté de pouvoir régler soi-même son travail. Autrement dit, la personne détermine les
tâches à effectuer et le planning à respecter pour parvenir aux résultats escomptés. Certains
traits de la personnalité des entrepreneurs peuvent faire en sorte que "leur indépendance est la
chose la plus désirable au monde" .Ensuite, l'entrepreneur a la possibilité d'agir selon ses
propres idées et initiatives. Le statut d'entrepreneur permet d'échapper aux contraintes parfois
trop fortes qu'un travailleur peut subir dans son environnement professionnel. Cette notion est
à rapprocher de l'accomplissement personnel, étant entendu que le changement de statut est
perçu comme une échappatoire à des conditions de travail trop pénibles.
Finalement, le fait d'être son propre patron est également la garantie d'un emploi stable pour
l'entrepreneur .
b - Les motivations d'ordre familial : Le poids de la tradition familiale pèse lourd sur les
motivations avouées des nouveaux entrepreneurs. L'environnement familial peut exercer une
double influence:
D'une part, il peut inciter un jeune à imiter un membre de la famille (souvent le père) et le
décider à créer sa propre affaire. La plupart des entrepreneurs ont des parents qui sont
propriétaires ou ont créé leur propre affaire. "Très souvent, dans un pays où il y a beaucoup
d'entreprises familiales, ce fait est source de création, parce que le fils est comme le père, il
crée un entreprise" "L'environnement le plus favorable pour un candidat créateur semble être
un milieu familial qui associe une image positive à l'entreprise privée".
D'autre part, reprendre et agrandir l'affaire familiale est souvent considéré comme un "must"
qui pousse les enfants à continuer l'oeuvre de leurs aînés.
c - Les motivations d'ordre financier :
 L'alternative au chômage : Le licenciement peut avoir un rôle déclencheur, surtout s'il
est associé à une opportunité de reprendre une affaire. En effet, certaines personnes sont
prêtes à tout pour éviter de rester sans emploi, et le statut d'entrepreneur leur permet
d'échapper aux contraintes de l'environnement.
Pour certains personnes, devenir entrepreneur peut provenir d'une nécessité "de créer un
emploi qu'il a renoncé à trouver par ailleurs". Pour l'initiateur de ce type de projet, il s'agit de
créer plus son emploi qu'une entreprise (Bruyat, 1994). Certains créateurs sont des chômeurs
de longue durée n'ayant généralement pas d'autre issue que de tenter de créer leur propre
emploi
 Les incitants financiers : La recherche d'un enrichissement personnel, même si elle
n'est pas le principal argument avancé par les entrepreneurs, n'est pas pour autant absente de
leurs préoccupations. Les études empiriques effectuées sur le sujet ont démontré que certaines
personnes peuvent être motivées par la recherche d'un salaire plus élevé ou de compensations
financières. Le statut d'entrepreneur apparaît à certains comme un moyen d'atteindre une
indépendance financière.

IV – Diagnostic du profil de l’entrepreneur :

Pour réussir, l’entrepreneur doit diagnostiquer son profil entrepreneurial. Ce diagnostic le


conduit à se situer et à élaborer son plan d’action en vue de poser les actions en terme de
formation ou autres.
Le diagnostic du profil de l’entrepreneur revêt deux aspects : un interne et l’autre externe.

1 – Le diagnostic interne : puiser en soi même

En plus des motivations d’entreprendre, tout individu est porteur en lui-même de qualités et
de défauts. Ces derniers sont à l’origine de l’acte d’entreprendre.

Les qualités et les défauts renvoient aux différents registres à savoirs psychologiques et de
personnalité, managériales et entrepreneuriales.

La connaissances de soi est indispensable pour pouvoir s’interroger sur :

- son efficacité personnelle,

- sa mobilisation à relever le défi,

- sa détermination à consentir les efforts nécessaires et à persévérer.

D’autre part, l’acte d’entreprendre est étroitement liés à un ensemble d’aptitudes, d’attributs et
de comportements.

 Les aptitudes : persuasion, négociation, vente, résolution de problèmes, créativité,


gestion globale du projet, réflexion stratégique, intuition et prise de décisions dans un
contexte incertain,
 Les attributs : accomplissement et ambition, confiance en soi, persévérance,
autonomie, action orientée, apprentissage par l’action, ténacité, détermination,
 Les comportements : recherche et saisie d’opportunités, prise d’initiatives, résolution
de problème et créativité, gérer avec autonomie, prise de responsabilité, gérer les
interdépendances, mise en commun des ressources et des efforts, prise de risques
calculés.

2 – Le diagnostic externe : puiser dans son milieu :

L’apprentissage du terrain et l’insertion dans la culture du milieu ainsi que la capacité de se


lier aux autres et celle de mobiliser le milieu au profit du projet à réaliser constituent les atouts
d’un entrepreneur en devenir.

Au fond, la vision, c’est le projet avec, en plus, la formation de terrain et l’acculturation de


l’entrepreneur au domaine qu’il investit. Même s’il est scolarisé, voire très scolarisé,
l’entrepreneur n’a pas le choix : il doit faire l’apprentissage du milieu auquel s’adresse son
idée de projet.
 Le milieu familial et proche : le milieu familial ou la famille au sens large du terme
constitue le milieu privilégié de naissance, de gestation et de développement du projet
entrepreneurial.
La famille est un groupement primaire important qui façonne énormément la personnalité et le
comportement du futur entrepreneur. Elle joue un rôle important dans la satisfaction des
besoins d’appartenance. Au sein de notre culture Arabo-Musulmane, elle facilite largement la
solidarité sociale. En outre, chaque type de famille peut être plus au moins libérale,
conservatrice ou preneuse de risque. Souvent elle peut influencer le choix de la carrière de ses
membres. C’est aussi le lieu d’apprentissage à l’action et à l’expression normalisée (normes à
respecter, mais non formalisée (non écrite).
 Le réseau d’amis : de nos jours nous vivons dans l’ère des réseaux. C’est une réalité
sociale mais aussi culturelle. Les groupes d’amis ou communautaires ou des membres de
familles constituent un groupement social qui est secondaire La base de fonctionnement de ce
dernier est la valeur de confiance, de coopération et de respect de l’intérêt général partagé.
Les individus en question peuvent nous orienter vers des projets et vers la recherche du travail
en groupe.
Les apports pour la constitution d’une société sont plus faciles que ce soit en numéraire, en
industrie ou en nature. L’échange des idées peut déboucher sur des opportunités
d’investissement. Cependant les contrats d’affaires doivent se faire à la lumière de contrats
minutieusement ficelés et rédigés car dans les affaires en réseau, il n’y a pas de sentiments et
les intérêts peuvent être divergents. De nos jours on parle d’affaires en réseaux virtuels.
Exemple un réseau d’anciens d’une faculté ou d’un club voire même de membres de conseils
d’administrations en sociétés. A ce niveau un carnet d’adresse peut être fort utile.
 Milieu professionnel : le milieu professionnel joue un rôle important dans la création
de projets. C’est un lieu d’apprentissage organisationnel fort utile pour la réussite de tout
projet. C’est une source d’inspiration pour la création d’un projet. Le professionnalisme est un
facteur clef de succès offert par le milieu professionnel.
De nos jours chaque fonctionnaire disposant d’un projet innovant et voulant le concrétiser
peut disposer d’un congé d’affaires. L’essaimage proposé par le chef de l’entreprise publique
est aussi l’une des pratiques qui peut aider tout employé remplissant certaines conditions
requises de créer son projet avec le parrainage de son patron.
C’est un milieu d’apprentissage par excellence. C’est le milieu ou l’on peut perfectionner ses
connaissances et ses compétences ainsi que ses modes de communication verbale et non
verbale. On parle de grappe stratégique ou de groupes de professionnels solidaires qui suit une
stratégie d’action commune envers les intrus et les instances de contrôle.
 Milieu d’appui aux affaires : dans les économies modernes, les entreprises vivent, se
développent et parfois disparaissent sous l’influence et l’action de plus en plus déterminante
de l’environnement en général et de l’environnement institutionnel en particulier.
De nos jours ce dernier connaît une évolution rapide dans le sens d’une complexité et d’une
interdépendance entre ses différentes composantes. Les entreprises seront obligées de
maîtriser et de piloter le cadre réglementaire et institutionnel pour profiter des opportunités et
évoluer dans le cadre de la légalité.
La perception de l’environnement institutionnel peut être positive ou négative ou déformée.
Les entrepreneurs doivent s’adapter à ces différentes réalités voir même essayer de les
intégrer dans leur stratégie. Il est important d’étudier en premier lieu les fondements
théoriques de l’environnement institutionnel pour proposer dans un deuxième temps des
méthodes pour l’évaluation des menaces et des opportunités (évolution et hostilité).
Il est aussi important d’étudier le contexte institutionnel des affaires (les années 70, 80, 90
jusqu’à 2010 et plus) pour détecter les contraintes de la création de l’entreprise dans les
différents secteurs (problème de transfert technologique, fragilité de la culture
d’entreprise….).
 Les structures d’appui et d’accompagnement : Les structures d’appui renvoient aux
structures de promotion de l’entreprise, de la microentreprise et du travail autonome : API,
APIA, ANETI,
Les structures d’accompagnement offrent des services, entre autres, pour la nouvelle
entreprise et les projets innovants : pépinières d’entreprises…
 Structures de formation et d’information a l’entrepreneuriat : les structures de
formation sont nombreuses ; nous pouvons citer à titre indicatif : Le Centre universitaire
d’insertion et d’essaimage de Sfax (CUIES).
Les structures d’information sont des structures nouvellement créées dans le paysage
institutionnel tunisien, nous pouvons mentionner les centres d’affaires régionaux (CAR).
 Structures de financement : les structures de financement prennent plusieurs formes à
savoir : les Banques (BTS, BFPME) et les sociétés d’investissement et de développement
(SICAR)…
 Milieu associatif : le milieu associatif peut être scindé en deux catégories : les
associations et les clubs.
Les associations d’anciens diplômés qui constituent un réseau de socialisation et
d’identification pour les individus en cours de formation et d’apprentissage.
Les clubs qui font partis du paysage universitaire. Ils jouent un rôle social et culturel. Cette
structure informelle constitue un lieu privilégie pour apprendre à tisser des liens étroits avec
différents univers et parties prenantes (universités ; administration ; médias, associations,).

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