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BUT1

IUT de LORIENT
semestre 2
Département HSE
Ressource 2.02 2022
septembre

INITIATION À L ’ERGONOMIE
et À L’ANALYSE DU TRAVAIL

Martine VION

martine.vion@univ-ubs.fr
1
29 janvier 2024
1er COURS

LA NAISSANCE DE L’ERGONOMIE
et
DE L’ANALYSE DU TRAVAIL

2
Les origines
Etats Unis, Angleterre France
Début XXème siècle
F.W. TAYLOR, ingénieur (1909). The J. AMAR, physiologiste
principles of scientific management) (1914). Le moteur humain
➔ usines Ford ( Détroit)
1 exception, J-M. LAHY (1916)
2nde guerre mondiale
Human Engineering (G.B). (physiologistes,
psychologues expérimentaux, ingénieurs)
Human Factors (USA)

1949 : Ergonomic Research Society


1961 : International Ergonomics 1963 : Société d’Ergonomie de
Association (IEA) Langue Française (SELF)
3
F.W. TAYLOR
Principles of scientific management (1909)

Scientific management can be summarized in four main principles:

1.Using scientific methods to determine and standardize the one


best way of doing a job

2.A clear division of tasks and responsibilities

3.High pay for high-performing employees

1.A hierarchy of authority and strict surveillance of employees

4
Conception de l’Homme par F.W. Taylor
(1909)
Corps

Membres
supérieurs

Membres
inférieurs

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Méthode « Temps et Mouvements »
Une évolution bipolaire
Pays anglo-saxons, Japon France, Belgique

Ergonomie anglo-saxonne Ergonomie francophone

Application des sciences de Analyse spécifique du travail


l’homme (physio + psycho) en vue de l’améliorer
dans la conception des 1955 : l’analyse du travail
dispositifs techniques du travail (A. OMBREDANE et J-M. FAVERGE)

Méthode expérimentale Priorité au terrain


de laboratoire Médecins P. CAZAMIAN, B. METZ
A. WISNER, A. LAVILLE
Psychologues J. LEPLAT
,
M. de MONTMOLLIN
6 C. TEIGER
Orientations développées par
A. Wisner dans les années 1965-1975

demande sociale

terrain

analyse du travail

participation des salariés

variabilité de la population au travail


A. WISNER
Médecin
1923-2004

C. TEIGER J. DURAFFOURG
Psychologue Militant ouvrier
1939 1942-2008

CNAM – Paris
Département
des Sciences de
l’Homme au
Travail
Laboratoire de
Physiologie
du Travail et A. LAVILLE
d’Ergonomie Médecin 8

1934-2002
Les ergonomes sortent du laboratoire sur la demande des organisations
syndicales ... (Fédération Générale de la Métallurgie C.F.T.C)

1ère étape ... Mais ils doivent rester à la porte de l’entreprise -


Une « enquête » extensive dans le secteur de la construction électrique
sur une première demande syndicale d’étude du travail des femmes

2ème étape ... Et ils rentrent enfin dans l’entreprise ! - Une première
recherche intensive dans une entreprise de la construction électrique
sur une deuxième demande syndicale d’étude du travail des femmes
(1969-1972) portant sur « Les conséquences du travail répétitif sous cadence
sur la santé des travailleurs et les accidents »

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Poste d’insertion sur une chaîne de
montage électronique de téléviseurs

Casiers avec composants électroniques

Un convoyeur mécanique se déplace


devant l’ouvrière à raison de 1cm/sec.

Temps de cycle : 90 secondes

Les opérations se font directement


sur le convoyeur en mouvement.

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Platine de téléviseur
ARTICULATION DE PLUSIEURS MÉTHODES D’INVESTIGATION

Mesures électro-physiologiques

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Entretiens Observations
Au poste d’insertion sur une chaîne de
montage électronique de téléviseurs
Modes opératoires définis a
priori par le service des
méthodes selon les principes
des « Temps et Mouvements »
et affichés au-dessus de
chaque poste de travail :
◼ ordre des opérations,
◼ mains à utiliser pour prendre
et poser les pièces du
téléviseur à insérer ou à
souder sur une platine
perforée,
◼ durée
Mode opératoire « théorique ».
Mouvements en alternance. 12
L’un des modes opératoires « réels » :
Diversité des modes opératoires réels mis en œuvre
mouvements simultanés
à l’insertion sur une chaîne de montage de téléviseurs

Diversité des modes opératoires réels 13


mis en œuvre à l’insertion
Principaux résultats issus de la recherche « Terrain »
Principaux résultats qui complètent ceux de la première enquête36 :

• un tiers des opérations, en moyenne, sont associées à un incident qui rompt le rythme de l’activité,
la complique et fait perdre du temps, alors que le calcul des temps alloués ne prévoit que 3 % de temps
d’alea ;

• de ce fait la durée des cycles n’est pas constante et la cadence à tenir représente une contrainte
et une préoccupation anxiogène ;

• l’activité « réelle » (telle qu’elle est observée) ne correspond que très partiellement aux modes
opératoires définis a priori par le service des méthodes ;

• les ouvrières élaborent des stratégies opératoires pour gagner du temps, contourner les difficultés, en
utilisant d’autres modes opératoires que ceux qui leur sont imposés et y compris en utilisant la parole
malgré les interdictions

• les ouvrières ont une activité mentale (cognitive) intense et continue du fait qu’elles doivent prendre
des micro-décisions, récupérer les incidents de manière permanente, mémoriser des opérations à faire
dans l’espace, sans lien logique entre elles ;

• dans ce travail, les exigences perceptives élevées, la grande précision des gestes et la vitesse imposée
par la cadence de la chaîne et son avancée continue entraînent une rigidité posturale et obligent à se
pencher pour y voir de près. L’activité correspondant à ce travail musculaire statique important est donc
aussi physique et la fatigue musculaire associée augmente au cours du temps malgré les quelques 14
minutes de pause de chaque demi-journée.
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2ème COURS

L’ERGONOMIE,
une technologie
au service de l’action

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Ergonomie : un art, une science,
une discipline, une technologie ?

« L'ergonomie étudie l'activité de travail, afin de


contribuer à la conception de moyens de travail
adaptés aux caractéristiques physiologiques et
psychologiques des êtres humains, avec des critères de
santé et d'efficacité économique » (F. DANIELLOU, 1986)

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19
L’HOMME AU TRAVAIL :
de quel homme s’agit-il ?

L’Homme au travail n’est pas


un « homme moyen », mais un
être singulier

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Conception de l’Homme par l’ergonomie

Je peux raconter
et commenter
mes actions à
un observateur
extérieur tête

corps

Méthodes d’analyse du travail : observation + entretien 21


L’HOMME AU TRAVAIL :
de quel homme s’agit-il ?

L’Homme est un être humain en activité dans des


situations professionnelles (activité de travail) ou dans
des situations de la vie quotidienne (activité pratique)…

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LE TRAVAIL :
de quel travail parle-t-on ?

écart

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Objectifs et buts de l’opérateur
Tâche =/= objectifs et buts de l’entreprise Activité
• •
Outils, instruments, machines utilisées
différemment de ce qui est prévu

L’opérateur peut adapter le mode opératoire


prescrit suivant son propre savoir-faire

L’opérateur est souvent amené à gérer


des imprévus ➔ il va réguler son travail

Travail Travail
prescrit ÉCART réel

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TOUT TRAVAIL
est à la fois
PHYSIQUE MENTAL
(cela se voit) (cela ne se voit pas)

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LE TRAVAIL HUMAIN

Le travail est une activité finalisée

d’un homme concret

et socialement situé.

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COMPRENDRE L’ACTIVITÉ =
ANALYSER LE TRAVAIL
relier l'Action à la Cognition et à l'Emotion, en Situation

SITUATION

ACTION COGNITION
Ce que l’opérateur Ce que l’opérateur
fait pense

ÉMOTION
Ce que l’opérateur 27
ressent
LE TRAVAIL
peut être caractérisé par :
ses déterminants
◼ liés à l’Homme
liés à l’Entreprise

L’activité

ses effets (positifs / négatifs)


sur l’Homme
sur l’Entreprise
28
Travail réel
ACTIVITÉ DE TRAVAIL

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ARTICLE À ÉTUDIER POUR LE TD, semaine 6
https://doi.org/10.4000/pistes.3045

PISTES, revue électronique, 8-2, 2006.

Quand les ergonomes sont sortis du laboratoire.... à propos du travail


des femmes dans l’industrie électronique (1963 – 1973).
Rétro-réflexion collective sur l’origine d’une dynamique de coopération entre
action syndicale et recherche-formation-action.

Catherine TEIGER, Liliane BARBAROUX, Maryvonne DAVID, Jacques DURAFFOURG ,


Marie-Thérèse GALISSON, Antoine LAVILLE et Louis THAREAULT.

Résumé
Cette réflexion collective sur la première recherche « de terrain » des ergonomes du Conservatoire National
des Arts et Métiers (Paris), associe des syndicalistes (« demandeurs ») et des ergonomes (« réalisateurs »).
Elle vise à reconstituer le déroulement de cette expérience commune et à tirer des enseignements
concernant action syndicale, production des connaissances ergonomiques et transformation du travail. Par le
mode d’entrée des chercheurs dans l’entreprise, l’élaboration progressive de la démarche, la production de
connaissances inattendues sur le travail réel et ses effets sur la santé, cette recherche sur le travail des
femmes ouvrières de la production de masse marque un tournant épistémologique en ergonomie. Obligeant
à inventer de nouvelles méthodes, de nouvelles postures de recherche en reconnaissant « l’expertise
ouvrière », de nouveaux modèles de l’activité de travail, elle jette les bases d’une dynamique
« tourbillonnaire » prolongée jusqu’aujourd’hui fondée sur la coopération entre acteurs et articulant
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recherche, formation et action. Développements et limites sont aussi soulignés.
APPORTS DE LA PREMIÈRE
RECHERCHE « TERRAIN
(LAVILLE A., TEIGER C. DURAFFOURG J.,
Laboratoire de Physiologie du Travail et d’Ergonomie, CNAM-PARIS, 1972)

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