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PSYCHOLOGIE DE
LA PUBLICITE
(LICENCE 2)
Chargé de Cours
Prof. Jan-Clodde Delaunay OULAI
INTRODUCTION
A partir du moment où nous allumons la télévision, la radio, allons au
cinéma, nous connectons sur le « Web », faisons nos courses dans un centre
commercial, ou encore lorsque nous nous promenons simplement dans la rue,
nous sommes envahis par une multitude d’images, de slogans, de musiques
et de publicités relatives à des marques commerciales. On peut alors
s’interroger : Est-ce que ces images, ces slogans, ces messages publicitaires
ont réellement un impact sur notre jugement et à fortiori sur notre
comportement d’achat ?
La publicité vise généralement une mémorisation non spontanée, mais
assistée. C’est-à-dire que le «souvenir inconscient» de la publicité est censé se
réactiver lors d’une situation d’achat, que ce soit dans un rayon de
supermarché ou encore sur une plate-forme de commerce en ligne (Bénilde,
2008).
Dans ce cours, nous allons proposer un aperçu des principaux procédés
psychologiques utilisés en publicité et en comportement du consommateur.
Nous allons montrer comment les marketeurs mobilisent la psychologie pour
affiner des stratégies dans le but d’influencer l’achat de produits.
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L’augmentation de l’estime de soi : c’est-à-dire en adoptant des
comportements culturels valorisés.
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préoccupations environnementales prônées à longueur de journée dans les
médias d’informations sont relayées et récupérées par les publicitaires dans
une optique de vente. C’est le cas, aujourd’hui, de la plupart des annonceurs
dans le secteur automobile qui promeuvent prioritairement les
caractéristiques écologiques des voitures (par exemple, Renault a lancé une
signature écologique pour des véhicules écologiques et économiques sous le
nom de « Renault Eco2 ») ou le suggère tout simplement à l’aide d’un slogan
(par exemple, la marque Volvo avec le slogan «la nature est si belle» ou
Volkswagen avec «On rejette suffisamment de CO² comme ça ! »). Ces diverses
stratégies permettent de jouer sur la fibre écologique et de cibler une catégorie
spécifique de clients sur le marché.
Selon Solomon, Greenberg et Pyszczynski (1991), l’AFLM serait
également réductible par une augmentation de « l’estime de soi ». Tomer et
Grafton (2000), ont montré que la dévotion religieuse (la prière, la lecture de
texte religieux, suivre la messe, se confesser, aller à la mosquée, aller au
temple, etc.) constituait une source de compréhension du sens de la mort et
permettait ainsi d’atténuer l’AFLM.
Au-delà des croyances religieuses, l’accumulation de possessions
matérielles prestigieuses et/ou luxueuses (comme l’achat de voitures, bijoux,
biens immobiliers, etc.) permettrait également à l’individu de soulager cette
AFLM. Comme le souligne Mc Mahon (1995), « le modèle linéaire occidental est
orienté vers la réussite. Dans le cadre de ce modèle, la réussite se définit par
l’accumulation de biens matériels ou l’obtention d’un statut élevé ». Suivant ce
modèle, le fait d’acquérir ces produits ostentatoires de luxe, va donner à
l’individu l’impression d’atteindre non seulement un niveau de réussite, mais
aussi « une forme d’immortalité symbolique ». Ces divers achats seraient autant
de symboles tangibles de « statuts », permettant à l’individu de se valoriser et
ainsi d’augmenter l’estime qu’il a de lui-même, réduisant par là même son
AFLM (Urien, 2003). Par ailleurs, les marketeurs peuvent créer artificiellement
des situations d’angoisse dans le but d’accroître les ventes de produits (ou de
services) et favoriser les intentions d’achat (Mandel et Heine, 1999). Par
exemple, il est courant aujourd’hui de voir à la télévision durant (ou juste
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après) des films particulièrement morbides (ou violents), ou lors d’émissions
relatant des événements liés à la mort (i. e. catastrophes, attentats terroristes,
guerres, génocides, etc.), des annonces publicitaires pour des marques de luxe
(voitures prestigieuses, bijoux, etc.) ou encore pour des voyages, avec l’idée
sous-jacente de calme, d’évasion, de liberté, etc.
Outre la réussite sociale affichée par des symboles tangibles de statut,
« l’amélioration de l’estime de soi » peut être atteinte différemment. Par
exemple, certaines personnes adoptent des comportements qui leur
permettent d’augmenter l’estime d’eux-mêmes et ceci au « péril de leur propre
vie » (Urien, 2003). Ces comportements paradoxaux prennent le plus souvent
l’aspect des conduites dangereuses, de prises de risques inconsidérées
(courses de voitures illégales, drogues, placements boursiers risqués, etc.),
voire à participer à des activités sportives extrêmes (Saut en ski, saut en
parachutes, l’escalade, etc.), lesquelles permettent à ces individus d’atténuer
indirectement leur AFLM. L’activité sportive doit ainsi être perçue comme
périlleuse, effrayante et surtout risquée par les consommateurs. Souvent ce
type d’animation est accompagné de titres accrocheurs comme « le grand
frisson », « le grand saut », le « grand Raid », « le grand 8 », etc. Les parcs
d’attractions, pour ne citer que cet exemple, utilisent habilement ces procédés
en faisant l’éloge du danger et/ou de la témérité pour attirer les clients. Ainsi,
plus l’activité paraîtra dangereuse, paradoxalement, plus elle attirera les
amateurs en quête de sensations fortes (ces derniers souhaitant se dépasser
en cherchant à se valoriser soi-même et/ou par le regard des autres).
Cependant, à un degré moindre, la simple prise de décision d’achat peut
également être une source d’angoisse, plus précisément de « dissonance
cognitive » pour l’acheteur.
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s’accordent pas (dissonance), entraîne de la part de l’individu un effort pour les
faire d’une façon ou d’une autre mieux s’accorder (réduction de la dissonance) »
(Festinger et Aronson, 1965).
En règle générale, l’individu a besoin de cohérence logique et d’harmonie
affective, mais il arrive que cette harmonie soit perturbée par des événements
et des situations imprévus. Par exemple, un individu peut hésiter entre deux
produits/marques, finalement acheter l’un des produits/marques et regretter
ensuite cet achat (car il a des doutes, est-ce le meilleur dans la catégorie ?
L’autre est moins cher ? Me valorise-t-il auprès des experts gravitant dans
mon environnement proche ? Etc.) : Il est alors dans une situation dite de
« dissonance cognitive ». Ce dernier va donc tenter de réduire cette dissonance,
ce malaise psychique et cela en recherchant un avis positif qui va conforter sa
prise de décision (cf. Vaidis et Halimi-Falkowicz 2007). Ainsi, il va/peut :
1) soit justifier son comportement (ou sa croyance) en ajoutant des
éléments descriptifs (i. e. rationalisation cognitive) ;
2) soit il va dévaloriser l’attitude qu’il avait initialement à l’égard de ce
comportement (i.e. « trivialisation ») ; et enfin ;
3) il peut/va s’entourer de personnes qui adhèrent à son point de vue,
à son acte (i. e. recherche de support social).
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éventuelle après achat. Lorsque celle-ci est suffisamment amoindrie, on peut
dire que l’effet psychologique a convenablement fonctionné.
Les publicitaires et les vendeurs ont donc pour objectif de rassurer les
consommateurs sur la pertinence de leurs choix. Jouer sur la suggestibilité
des consommateurs/acheteurs est un moyen supplémentaire de le faire.
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faiblesse ». Les «ambassadeurs de marque » sont habituellement des
personnages célèbres, car ils véhiculent une image singulière, une
individualité et des « valeurs ». Leur utilisation en publicité fournit ainsi un
cadre de référence et des points de comparaison à travers lesquels l’individu
évalue une attitude ou un comportement et prend une décision (Kamins,
1990).
En utilisant l’image de cet acteur, les publicitaires souhaitent
éventuellement activer ce processus d’identification à la personnalité. Car, ils
pensent et espèrent que les « caractéristiques » du personnage sont
transférables à la marque.
Mais en réalité, ce n’est pas la publicité qui a précisément suggestionné
l’individu, elle n’a fait qu’activer le mécanisme et l’autosuggestion de ce dernier
a fait le reste. La publicité a (éventuellement) généré un désir, lequel a produit
une action et donc en marketing, un comportement d’achat. Dans notre
exemple, lors de l’interprétation de la publicité, l’individu fait d’abord
intervenir la « projection ». Elle est en œuvre dès que l’on regarde une image et
fournit généralement l’effet conatif (c’est-à-dire l’intention comportementale).
L’individu fait ensuite intervenir «l’identification». Cela consiste à donner au
consommateur «l’impression de se reconnaître» dans des situations, des
personnages, voire des comportements (très) avantageux, pour qu’il ait envie
de s’identifier/ressembler à cette représentation imaginaire. Que fait
finalement la publicité ? Elle sonde, elle active, elle pousse l’idée inconsciente,
jusqu’à ce que le sujet passe à l’autosuggestion et donc à « l’identification ». Le
consommateur est «concentré» sur cette publicité, plus que les autres, car ce
personnage représente quelque chose de particulier/spécifique pour lui.
L’achat du produit n’est bien sûr pas automatique, mais sa probabilité d’achat
peut s’accroître, surtout si le consommateur n’a pas d’expérience négative
avec le produit promu. Toutefois, comme le rappelle Daco (2008), « la
suggestion normale a des effets temporaires, parce qu’elle dépend d’un état
temporairement déficient ». Cet « état déficient » est exactement ce que
recherchent et souhaitent activer les marketeurs, car ils savent que c’est une
situation qui ne s’installe pas dans la durée.
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Outre la suggestion provoquée par la seule publicité, les
consommateurs peuvent être encouragés à se comporter différemment en
fonction de l’environnement et de la situation d’achat. Par exemple, en
marketing, la foule a un effet psychologique sur les attitudes des individus.
Selon Freud (1921), « la foule ressemble à un état hypnotique par la nature des
instincts qui en assurent la cohésion et par la substitution de l’objet à l’idéal du
moi ; mais, dans la foule, s’ajoute à tous ces traits, l’identification de chaque
individu avec tous les autres, identification qui, primitivement, a peut-être été
rendue possible, grâce à la même attitude à l’égard de l’objet ». La foule permet
également à un individu de se rassurer, car en général, ce dernier a une
réflexion assez simple : « s’il y a du monde c’est que c’est intéressant et que
c’est bon ». Mais surtout, le fait d’être dans une foule peut nous amener à
adopter des comportements particuliers, car elle risque d’entraîner chez les
individus une perte de leur identité personnelle, de leur individualité, par un
affaiblissement de la conscience de «soi» : c’est ce qu’on nomme la
« désindividuation » (Festinger, Pepitone et Newcomb, 1952). Dans cette
situation, le consommateur est moins discipliné et contrôle moins ses actions.
Lesquelles sont fortement affectées par les sollicitations immanentes de la
situation et surtout de ce que font les autres autour de soi. Tout se passe un
peu comme si les gens « négligeaient » leurs propres valeurs et perdaient le
contrôle d’eux-mêmes (Prentice-Dunn et Rogers, 1989). Le fait de se sentir
anonyme est la condition qui favorise le plus cet état de « désindividuation ».
Cependant, comme le rappelle Dion (2000), la foule est « perçue comme un
élément indomptable et capricieux. En effet, la foule attire et repousse à la fois ».
Aussi, un espace commercial qui attire énormément de personnes est perçu
comme un lieu dynamique, à la mode, animé, vivant voire bon marché. Mais
la foule, peut aussi gêner, angoisser, stresser et même faire fuir, car en
fonction de l’affluence, l’effet psychologique positif peut s’inverser et engendrer
un effet similaire à la claustrophobie, défavorable à l’attractivité du point de
vente. Ainsi lorsqu’il y a beaucoup de monde dans un magasin, les
clients/acheteurs sont davantage stimulés que dans un magasin vide, « ils ont
l’impression de ne pas pouvoir se déplacer facilement et d’être confinés et
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entassés. Ils sont moins à l’aise et moins satisfaits ; leur insatisfaction est
d’autant plus forte que les clients poursuivent un objectif particulier, qu’ils sont
pressés et que leur achat est risqué. Aux heures de pointes, les clients sont
moins contents, plus pressés et plus énervés ; ils ont moins confiance en eux,
sont moins sûrs de leurs achats et évaluent négativement le magasin » (Dion,
2000).
Cependant, la foule n’a pas besoin d’être physiquement présente, elle
peut tout simplement exister dans l’esprit des individus, il suffit de créer une
sorte de « mimétisme collectif ». Pour relancer l’envie individuel, rien de mieux
que d’éveiller le désir mimétique. D’où ces innombrables slogans clamant que
tous les êtres normaux font comme cela, que tout le monde rêve de cette
consommation, que nous sommes dans l’ère de tel ou tel produit (i.e. iPhone,
iPad, Playstation, etc), qu’il faut donc mimer telle ou telle tendance (regarder
telle série TV, s’inscrire sur tel site Internet comme « Facebook », « Twitter », «
Msn », etc). Bien souvent, chez l’individu, le «conformisme social» est le moyen
de conserver/préserver une sécurité : certaines personnes suivent la mode,
non par plaisir, mais uniquement pour ne pas se faire remarquer, pour se
« fondre dans la masse » voire pour s’intégrer dans un groupe. Le conformisme
aurait ainsi tendance à nous rendre aveugle. C’est ce qu’on appelle le
« mimétisme normatif » ou en marketing, « l’effet d’entraînement » (cf. Desmet et
Zollinger, 1997). Ce mimétisme a été démontré par Asch en 1951 dans une
expérience, qui prouve le pouvoir du conformisme sur les décisions d’un
individu au sein d’un groupe. En 1970, Costanzo, a prouvé que la pression de
conformité était maximale surtout chez les adolescents. Pas étonnant alors,
de voir que certaines modes éphémères concernent en général, une classe
d’âge plutôt jeune. Des études ultérieures (cf. Wilder, 1977), ont prouvé que
la pression de conformité a tendance à augmenter avec l’importance du
groupe.
Toujours sur le thème du conformisme, les hommes du marketing
savent également utiliser une « pression de conformité » existante dans la
société, pour la diriger efficacement vers l’achat d’un produit spécifique.
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IV. LE COMPLEXE DES HOMMES ET LE MARKETING SANTE
« Si je perdais du poids, je serais sûrement plus séduisant(e), je serais en
meilleure forme, j’aurais plus confiance en moi ! ». Beaucoup de femmes (et
d’hommes) se reconnaîtront dans ces propos et partagent cette obsession de
la minceur. Obsession favorisée et véhiculée par les médias (en faisant l’éloge
du corps mince, sportif, beau, parfait, etc.). Pour vendre un produit
« diététique », les mots les plus réducteurs de l’angoisse face au poids sont
généralement « minceur », « ligne » et surtout « santé ». Quand on regarde
attentivement les slogans publicitaires, on ne parle jamais
« d’amaigrissement », car la « maigreur » traduit une connotation pathologique,
on lui préfère les mots « amincissement » et « minceur », plus en accord avec les
attentes de la société (pour les produits minceurs, les publicitaires jouent sur
les tensions internes ou le mal-être du consommateur, avec des
argumentaires du type : « Je peux me faire plaisir tout en maigrissant » ; « Je
peux avoir des résultats rapides et sans efforts ». Les marketeurs ciblent le
complexe lié au physique des clients (i. e. le surpoids) lequel est généré par un
sentiment d’infériorité et donc de souffrance pour la personne complexée. Ce
sentiment d’infériorité est donc le critère sur lequel va se baser le message
publicitaire. Cette « souffrance » est liée aux émotions négatives ressenties par
la personne, mais aussi et surtout, par l’impact du complexe sur les relations
avec les autres. Le « sentiment d’infériorité » se pose généralement en
empêcheur de trouver sa place parmi les autres, en empêcheur « d’être aimé »
et créé ainsi un complexe par rapport aux autres personnes perçues alors
comme « normales ». Cette caractéristique déplaisante chez le sujet doit donc
être compensée ou tout simplement annihilée. L’activation d’un complexe
« correspond à un abaissement du niveau mental. La personnalité tombe d’un
état conscient actif dans un état passif ou elle est en proie à une possession »
(Pellemans, 1998). Le Marketing-Santé profite de cet état d’insuffisance et
accroche les clients souffrant de ce complexe en leur proposant un produit
conforme à leurs attentes et désirs. Mais pour accentuer la vente, l’accroche
doit être percutante et persuasive. Par exemple, la formulation qui fait grand
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bruit dans le milieu des « produits minceurs », car captive directement
l’attention est incontestablement : les brûleurs de graisse.
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publicitaires. Endres et Hug (2004) avec la publicité de la marque Contrex
nous en donne un exemple. On peut y voir la silhouette transparente d’un
corps féminin de dos, des omoplates au haut du fessier. On retrouve sur ce
corps les « spirales » caractéristiques de la bouteille, laquelle est montrée sur
la droite. Deux images ont été mélangées, celle de la femme et celle de la
bouteille d’eau minérale. Les reflets et les couleurs font penser que le corps
est formé de plastique et d’eau. On ne distingue ainsi plus le corps de l’objet,
le corps est dénaturé afin de faire converger la silhouette avec l’effet
amincissant de la marque d’eau. Le publicitaire cherche donc « à montrer l’effet
du produit sur le corps plus que d’ajouter simplement de la nudité à l’image
pour attirer le regard » (Endres et Hug, 2004).
Ces allusions sexuelles ne doivent cependant pas offenser la moralité, car
elle deviendrait une violation du « principe de complication » (Pellemans, 1998).
Dans la pensée freudienne, l’être humain est une sorte de « pervers
polymorphe » et serait par essence voyeur et sadique. Il nous suffit de voir, le
nombre de « télé-réalités » créées depuis une dizaine d’années par les chaînes
de TV, les magazines dits « peoples » disponibles en kiosques ou encore la
multitude de livres autobiographiques de célébrités ou encore de stars
déchues. Ainsi, ces « peoples » qui aiment raconter leur vie, leurs problèmes
sentimentaux, leurs rapports amoureux et sexuels, leurs difficultés, leurs
histoires loufoques ; pratiquent l’introspection tout en permettant aux lecteurs
d’entrer au plus profond de leur intimité. Ils permettent à ces derniers de
« vivre » quelque part leurs expériences comme une sorte de thérapie collective
et d’assouvir leur penchant « voyeur ». Le sensationnel plaît, ce marché de
l’offre (i. e. exhibitionnisme) et de la demande (i. e. voyeurisme) est
particulièrement dynamique dans notre société. C’est un cercle vicieux, car si
l’exhibitionniste existe, c’est bien parce que des voyeurs regardent. Cependant,
on peut se demander, où commence l’exhibitionnisme ? À partir du moment
où j’achète une belle voiture, une belle montre, de belles chaussures, un beau
costume, une marque de luxe…n’ai-je pas envie que l’on me voit avec? C’est
bel et bien, pour « s’afficher » qu’on achète une marque prestigieuse ou à la
mode. Au final, nous sommes tous plus ou moins habitués à cet univers
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du« paraître », du « m’as-tu vu ? », car acheter une marque renommée, permet
de retirer du plaisir à travers le regard des autres.
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évaluation du bien-fondé de l’acte. Ce type d’acquisition est souvent
déclenché, par une publicité sur le lieu de vente ou le désir pressant de réaliser
de (très) bonnes affaires (par le biais d’annonces de promotions, de soldes,
d’arrivages limités, de rotations rapides des collections, etc.) ou encore grâce
à un packaging original et/ou rare. Les variables situationnelles comme la
pression du temps et de la foule peuvent réduire le « contrôle personnel » de
l’acheteur. Celui-ci dispose alors de moins de volonté pour résister à une
éventuelle impulsion d’achat. Le type d’achat impulsif le plus fréquemment
observé est l’achat de confiseries à la caisse d’une grande surface, ou encore
d’un dessert sous vitrine près de la caisse d’un fast-food, de boissons glacées
à l’entrée des stades, des distributeurs de cafés dans les métros, etc. La
dernière tentation à l’impulsivité est souvent la bonne.
En psychologie, « l’impulsion » se distingue de la « compulsion » en ce sens
que cette dernière s’impose au sujet après une lutte anxieuse, alors que la
première est immédiatement acceptée par l’individu. L’achat compulsif ou
encore appelée « fièvre acheteuse » est un comportement épisodique survenant
chez un individu qui ne peut se contrôler dans l’achat utile ou inutile d’objets,
le plus souvent en plusieurs exemplaires. Au niveau psychologique, la
surconsommation viendrait d’un déséquilibre entre le rationnel et l’émotif ;
l’achat est souvent sans grand lien avec le besoin réel ou l’utilité du produit
convoité. Un comportement que certains psychologues rapprochent à la
boulimie, où l’individu chercherait inconsciemment à combler un vide affectif.
Au niveau psychologique, la « tension qui sous-tend la compulsion entraîne une
perte du contrôle et les achats sont renouvelés pour tenter de maintenir un
niveau suffisant de soulagement » (Fernández et al, 2004). L’être compulsif
recherche ainsi une émotion positive pour « compenser » une émotion négative,
résultat d’une frustration qu’il ne sait pas canaliser. L’acheteur compulsif doit
se débattre face aux pressions de notre société de consommation : la publicité
est omniprésente et les possibilités d’achat et techniques de ventes de plus en
plus efficaces. Par exemple, les professionnels de la vente
favorisent/encouragent cet état compulsif, en facilitant l’usage du crédit (i. e.
crédit consommation, micro-crédits, paiement différé ou mensualisé, etc.) ;
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l’achat de produits en pack (i. e. quantité élevée) ; prix différenciés en fonction
du nombre d’articles achetés ; services de paiement par carte bancaire et
règlements en ligne sur Internet, ces derniers sont souvent efficaces car le
paiement est dématérialisé et donc moins culpabilisateur.
Nous allons maintenant présenter un autre concept de la psychologie
en vigueur dans nos habitudes d’achat : c’est le renforcement psychologique.
Ce procédé est très utilisé et explique, en partie, la fidélité du consommateur.
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consommateurs. Ce dernier comporte néanmoins, une dimension
psychologique aussi importante que la dimension économique.
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Un autre effet psychologique existe dans le domaine de la vente avec les
prix dits « barrés ». Ce procédé consiste à afficher une étiquette portant un prix
barré, correspondant au prix normal du produit (ou de la marque), à côté du
prix en promotion. Le distributeur/vendeur peut ainsi être tenté de proposer
un prix barré qui serait artificiellement gonflé pour accroître la perception de
la réduction consentie. Vernette (2008) souligne que cette astuce se révèle
payante dans certains pays, uniquement si le prix barré reste acceptable pour
le consommateur.
Pour clore ce bref aperçu relatif aux effets psychologiques du prix, nous
allons présenter une technique de vente à la mode ces dernières années. Cela
consiste à afficher le prix d’achat global d’un produit (ou d’un service) en
dépense quotidienne, c’est ce que l’on appelle « un effet de cadrage ». C’est-à-
dire que l’acheteur aura l’impression de faire une meilleure affaire si le prix
global est présenté sous la forme d’une dépense journalière, par exemple
acheter « un ordinateur portable pour 1€ par jour ». Cette technique est souvent
utilisée dans la téléphonie mobile, l’achat de produits informatiques,
l’abonnement à une salle de sport, à un cinéma ou encore à une vidéothèque.
Enfin, nous avons vu qu’un produit cher est souvent perçu comme un produit
de grande valeur. Toutefois, dans son comportement stéréotypé, instinctif, le
consommateur a tendance à suivre un autre processus cognitif qui est le
suivant: un produit rare = une perte potentielle = produit de grande valeur.
X. LA REACTANCE PSYCHOLOGIQUE
Selon Brehm (1966), c’est l’état psychologique (motivationnel) d’un
individu qui vient de voir sa liberté de choix restreinte. Dans cette théorie,
chaque fois que notre liberté se trouve limitée (ou menacée), nous y attachons
soudainement plus d’importance et estimons davantage les produits qui y sont
liés. C’est pour cela que lorsqu’un objet quelconque se raréfie (ou que quelque
chose nous empêche de l’acquérir), nous réagissons contre cette force opposée
en désirant (et en recherchant) davantage cet objet. Ce qui est rare a de la
valeur et influence non seulement l’intention d’achat mais également les
quantités d’achat (Lessne et Notarantonio, 1988). Pour Cialdini (1985), l’effet
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psychologique de la rareté suit un mécanisme où « les opportunités
apparaissent plus valables quand elles sont moins disponibles (et vice et
versa) ». En marketing, la « réactance psychologique » est adoptée sous la forme
du « marketing de la rareté ». Comme le souligne Desmet (2002), « imposer des
restrictions à la promotion constitue une information que l’individu va
éventuellement utiliser pour déterminer la valeur de l’offre promotionnelle ». En
réalité, cette restriction génère un « effet de manque » lequel est ressenti par le
consommateur et le pousse à réagir. Les techniques habituellement utilisées
par les professionnels sont :
1) « L’effet d’aubaine » : cela consiste à vendre en quantité limitée des
produits à des prix très attractifs. Dans cette situation, la « rareté » génère un
sentiment de « pression temporelle » où le consommateur doit se hâter
d’acheter afin de ne pas manquer l’opportunité rare. Ce sont les grandes
opérations promotionnelles lancées habituellement dans les grandes surfaces,
du type : « demain, il n’y en aura peut-être plus » ; « mois historique chez
Carrefour » ou « 1 produit 1 jour à moitié prix », « tout à 1 euro », etc.
2) La « rareté temporelle » : elle consiste à organiser volontairement la
pénurie de l’offre afin de « doper » les ventes. Les consommateurs veulent alors
être les premiers à posséder le produit rare. Un exemple connu est celui du
lancement de la Playstation 5 ou de l’Iphone 11. La restriction des quantités
est annoncée de façon évènementielle et cela, parfois des mois à l’avance. Le
jour du lancement en question, les files d’attentes formées avant même
l’ouverture des magasins transcrivent le phénomène.
3) Les « séries limitées » : qui comme son nom l’indique sont des produits
fabriqués en quantité restreinte. Cette limitation augmente ainsi
psychologiquement la valeur du produit pour l’acheteur. Il peut s’agir d’un
produit courant au prix habituel sur lequel on a modifié un élément du design
pour dynamiser l’offre ou pour créer un effet « collection » (par exemple la
bouteille d’Evian pour Noël ; la « Clio Campus » pour Renault ; la « 207 SW série
64 » de Peugeot, etc.). Une stratégie plus préférentielle consiste à fabriquer un
produit rare, plus cher et d’une meilleure qualité. Les consommateurs visés
ont ainsi l’impression d’échapper au marketing de masse (par exemple, pour
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signer son 125e anniversaire, la marque de montre Breitling a choisi d’éditer
une série limitée du modèle qui fut le premier chronographe-bracelet à voyager
dans l’espace. Seuls 1000 exemplaires de cette Breitling Cosmonaute ont été
fabriqués, tous dotés pour l’occasion d’une version inédite de l’intrigant
cadran à affichage 24 heures associé à la célèbre marque de voiture Bentley).
Dans ces trois approches, la rareté est orchestrée, mise en scène de
façon événementielle et agit comme un réducteur de la liberté de choix, que le
consommateur va tenter de remédier par tous les moyens à sa disposition. Les
vendeurs/professionnels l’incite à reconstituer cette « liberté perdue » en lui
donnant l’opportunité et l’exclusivité d’acheter le produit « rare ».
CONCLUSION
En conclusion, ce cours donne un aperçu de certains procédés
empruntés à la psychologie générale pour façonner des stratégies
publicitaires. Comme le disait Pierre Janet (1859-1947), « la psychologie, par
sa définition même, touche absolument à tout. Elle est universelle. Il y a des
faits psychologiques partout », la décision d’achat n’est par conséquent jamais
simple à décoder et peut concerner des facteurs psychologiques plus ou moins
profonds chez l’individu. Les quelques exemples développés ci-dessus ont
permis de constater l’importance de la psychologie dans l’univers marketing
et sa probable influence sur le comportement des consommateurs. Les
marketeurs se doivent donc de comprendre le comportement du
consommateur, de cerner les processus psychologiques en action chez ce
dernier dans une situation d’achat dans l’optique de s’adapter au mieux, car
l’acte d’achat effectif est à ce « prix » seul.
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REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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URIEN, B. (2003) : « L’anxiété face à la mort et son influence sur le
comportement du consommateur ».Recherche et Application en Marketing, Vol.
18, 4, p. 23-41.
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