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L’Apocalypse : jalons pour une lecture

existentielle
Frédéric Rognon
p. 15-28
https://doi.org/10.4000/socio-anthropologie.1514
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Abstracts
Français English

The Book of Revelation received a lot of interpretations. The main of them are here evoked, with
their forces and their limits. Then we propose another interpretation, which is an existential one,
inspired from Søren Kierkegaard’s and Jacques Ellul’s works. The Book of Revelation appears as
a very strong revelation of existence, and as a real message for the present day.

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Index terms
Mots-clés :

existence, résistance, espérance, révélation, interprétation

Keywords:

existence, resistance, hope, revelation, interpretation


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Outline
État des lieux du champ herméneutique
a) L’Apocalypse selon l’opinion
b) L’Apocalypse selon la critique textuelle
c) L’Apocalypse actualisée
d) L’Apocalypse parodiée
Interlude méthodologique
Lecture existentielle de l’Apocalypse
a) L’Apocalypse relue par Jacques Ellul
b) L’Apocalypse comme révélation d’existence
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 1 Son expression a inspiré le titre de l’ouvrage que nous avons dirigé : Le buissonnement
monothéiste (...)

1S’il est un texte qui suscite ce que Paul Ricœur appelait « le conflit des interprétations »
(Ricœur, 1969), c’est bien l’Apocalypse. Depuis les représentations courantes, de type
catastrophiste, jusqu’aux critiques textuelles les plus rigoureuses, depuis les lectures historiques
jusqu’aux lectures historicistes, depuis les exégèses structuralistes jusqu’aux exégèses
psychanalytiques, depuis les interprétations contextualisantes, notamment politiques, jusqu’aux
parodies les plus sarcastiques, le champ des entreprises herméneutiques a tant été labouré que la
moisson est foisonnante, « buissonnante » pour reprendre un terme cher à Stanislas Breton
(Breton, 1999, p. 130)1.

2Ce buissonnement peut être reçu comme excessif, comme un symptôme de cette modalité si
singulière de la névrose scripturaire que Régis Debray n’hésite pas à qualifier d’« interprétose »
(Debray, 2003, p. 274). On peut aussi l’accueillir avec gratitude, comme un indice de la fécondité
d’un texte qui ne cesse de susciter de nouvelles relectures, des représentations inédites et des
pratiques en conséquence.

3C’est à l’évidence ce second type de réception qui sera ici favorisé, non pas pour avaliser toute
interprétation comme étant de facto légitime, mais pour évoquer les principales relectures du
dernier livre de la Bible, relever pour chacune d’entre elles ses points forts et ses limites, et
ajouter à la typologie une perspective qui nous semble particulièrement novatrice : une
interprétation existentielle de l’Apocalypse, inspirée des œuvres respectives de Søren
Kierkegaard et de Jacques Ellul.

État des lieux du champ herméneutique


4Il n’est bien entendu pas question, dans le cadre de ce court article, de prétendre rendre compte
avec exhaustivité de vingt siècles d’interprétations de l’Apocalypse. D’excellentes compilations
ont déjà été réalisées (Chauvin, Cuvillier, Gélinas, Prévost, 2000). Nous nous contenterons de
convoquer les quatre plus courantes.

a) L’Apocalypse selon l’opinion


5Le premier type de relecture est, paradoxalement, celui qui n’a jamais effectué de première
lecture, mais qui véhicule dans l’opinion des images préfabriquées, transmises de génération en
génération par l’oralité et par les médias audiovisuels bien plus que par le contact avec le texte.
Pour l’homme de la rue, éloigné de toute familiarité avec le corpus biblique, si ce n’est détaché
de toute pratique religieuse, l’« Apocalypse » est un vocable aux connotations singulièrement
négatives : elle évoque une catastrophe de grande violence et d’indescriptible chaos, source de
terreur et d’épouvante. Un cataclysme ou un attentat terroriste sera ainsi qualifié de « vision
d’apocalypse ». La notion de fin du monde n’est pas toujours associée à ce fléau, mais lorsqu’elle
l’est, la dimension de calamité est encore accrue, puisque l’apocalypse est synonyme de désespoir
(Weil et Rameau, 1981, p. 119).

6C’est cette double teneur effrayante et désespérante qui creuse l’écart entre la représentation
courante de l’apocalypse et sa conception scripturaire. Une lecture attentive et croyante du texte
biblique suscite en effet, à l’inverse, confiance et espérance.

b) L’Apocalypse selon la critique textuelle


7L’exégèse historico-critique se donne pour ambition, depuis Spinoza et Richard Simon mais
surtout depuis l’essor des sciences humaines au XIXe siècle, d’appliquer aux livres bibliques les
mêmes outils d’analyse scientifique qu’aux textes profanes. C’est ainsi que l’Apocalypse dite de
« Jean » (mais l’identité de son ou de ses auteurs est précisément l’une des questions qui fait
débat parmi les exégètes) est resitué dans le genre littéraire apocalyptique, très riche au sein du
judaïsme du Second Temple, dès les lendemains de l’Exil, et surtout parmi les écrits
intertestamentaires. L’apocalyptique entretient des relations ambivalentes, faites à la fois de
continuité et de rupture, avec le prophétisme classique. Mais on peut également discerner
convergences et divergences, au sein même du Nouveau Testament, entre son dernier livre et les
Apocalypses synoptiques (ou « petites apocalypses »), textes d’orientation eschatologique insérés
dans les évangiles de Marc (chapitre 13), de Matthieu (chapitres 24 et 25) et de Luc (chapitre 21).
Cette prise en compte de l’intertextualité permet de mettre en perspective chacun de ces textes,
tout en en soulignant la singularité. C’est ainsi que, si l’Apocalypse de Jean se présente sous
forme de lettres aux Églises et fait preuve d’un symbolisme extrêmement élaboré, les
Apocalypses synoptiques sont des paroles décryptées du Christ à ses disciples, qui annoncent la
destruction de Jérusalem et l’avènement du Fils de l’homme, et les exhortent à la vigilance. Les
unes et les autres restent des messages d’encouragement et d’espérance à travers les épreuves.

8Les ouvrages consacrés à la critique textuelle de l’Apocalypse de Jean (Prévost, 1995 ; Prigent,
2000) assurent une base scientifique à toute interprétation de ce livre : ils servent ainsi de
régulation indispensable pour l’herméneutique. Ils n’en demeurent pas moins limités à cette
assise, et ne s’aventurent pas vers le grand large de l’actualisation ni de l’intériorité.

c) L’Apocalypse actualisée
 2 Cf. Ésaïe 11, 1-10 ; 65, 17-25.

9Les tentatives d’actualisation de l’Apocalypse sont légion, plus ou moins audacieuses, plus ou
moins fondées dans l’exégèse. Les plus connues d’entre elles sont celles mises en œuvre par les
mouvements millénaristes tels que les Témoins de Jéhovah (Introvigne,1990). Depuis 1868,
ceux-ci s’évertuent à calculer la date de la parousie, seconde venue du Christ : 1874, 1914, 1925,
1975… À chaque fois les adeptes se préparent à cet événement avec une ferveur insigne. Et ils
interprètent l’absence de signes tangibles non comme une erreur de calcul mais comme un simple
défaut d’appréciation, la réalité attendue ayant effectivement eu lieu mais sur un plan céleste ou
surnaturel. Ceci a pour effet de renforcer le mouvement, et finalement de le faire bénéficier d’une
croissance exponentielle. Les Témoins de Jéhovah ne s’appuient pas seulement sur l’Apocalypse
de Jean pour établir le moment du retour du Christ et en discerner les modalités, mais également
sur les livres prophétiques d’Ésaïe et surtout de Daniel, ainsi que sur les Apocalypses
synoptiques. C’est ainsi qu’ils interprètent les cataclysmes naturels et les conflits guerriers
comme des signes annonciateurs de l’imminence de la parousie et qu’ils se représentent le
millénium comme un âge d’or de type foncièrement bucolique (selon l’imagerie développée en
Ésaïe 11 et 652), bien loin de la vision urbaine de la Jérusalem céleste proposée par l’Apocalypse
de Jean.

10Les Témoins de Jéhovah ne sont pas les seuls à tenter d’actualiser l’Apocalypse. Massimo
Introvigne, citant l’historien adventiste LeRoy Edwin Froom, soutient même qu’aux XVIIIe et
XIXe siècles, il n’est pas une année qui n’ait été désignée comme celle de la fin du monde par des
personnes éprises de spéculation numérologique (Introvigne,1990, p. 15-16). Plus récemment,
tout un courant du sionisme chrétien a développé une apocalyptique nourrie de l’Apocalypse de
Jean, croyant discerner dans les guerres du Proche-Orient les signes évidents de l’imminence de
la parousie (Duvernoy, 1986).

 3 Matthieu 24, 36. Cf. aussi Matthieu 25, 13 ; Marc 13, 32 ; Actes 1, 7.

11Les lectures actualisantes de l’Apocalypse présentent le mérite d’extraire ce vieux texte de son
contexte historique pour le recontextualiser dans nos réalités contemporaines. Elles partent donc
du présupposé que les livres bibliques ont vocation à signifier pour d’autres cultures et d’autres
temps que ceux de l’Antiquité. Leurs travers tiennent néanmoins à ce qu’elles négligent trop
souvent les acquis de l’exégèse scientifique et à ce qu’elles oublient l’une des autres affirmations
bibliques : « Pour ce qui est du jour et de l’heure, personne ne le sait, ni les anges des cieux, ni le
Fils, mais le Père seul3. » Elles pèchent donc contre les régulations herméneutiques à la fois
externes et internes.

d) L’Apocalypse parodiée
 4 Matthieu 4, 4.
 5 Nietzsche F., « Ainsi parlait Zarathoustra », dans Œuvres, Paris, Robert Laffont
(Bouquins), 1993, (...)
 6 Matthieu 20, 16.
 7 Matthieu 20, 27.
 8 Nietzsche F., « Ainsi parlait Zarathoustra », op. cit., p. 515.

12Comme l’ensemble de la Bible, l’Apocalypse a été parodiée sur un mode passablement


sarcastique. La version la plus récente est celle de Cavanna, pour ce qui concerne les
Apocalypses synoptiques (Cavanna, 1982). La plus célèbre est celle de Nietzsche, dont le
Zarathoustra est une inversion ou plus précisément une subversion parodique intégrale du
Nouveau Testament (Nietzsche, 1993, p. 289-545). Le motif du « grand Midi », en particulier,
annoncé, attendu, et finalement réalisé dans les dernières lignes de l’œuvre (Nietzsche, 1993,
p. 545), se donne à l’évidence pour un décalque inversé de la thématique biblique de la fin des
temps et de l’entrée dans une ère nouvelle. La subversion est d’autant plus efficace que l’auteur
défend tout au long du livre la vision cyclique, foncièrement anti-linéaire, de l’éternel retour du
même. On peut citer deux paroles du Christ, parmi bien d’autres, qui se trouvent subverties par
Zarathoustra dans une perspective de négation de l’eschatologie. Tout d’abord, l’expression :
« L’homme ne vivra pas seulement de pain4… » se voit complétée ainsi : « … mais aussi de
bonne viande d’agneau5 » ; quant aux deux formules : « Ainsi les derniers seront les premiers, et
les premiers seront les derniers6 » et : « Quiconque veut être le premier parmi vous, qu’il soit
votre esclave7 », elles sont amalgamées et subverties en ceci : « Celui qui veut être le premier,
qu’il prenne bien garde à ne pas être le dernier8 ! » La perspective apocalyptique de
renversement des valeurs du monde, à assumer déjà hic et nunc se trouve, sous la plume de
Nietzsche, sapée dans ses fondements mêmes.

13Le mode parodique présente l’inestimable vertu de promouvoir, au nom de la liberté de


conviction et d’expression, une prise de distance salutaire vis-à-vis de tout énoncé dogmatique. Il
court néanmoins le double risque, scientifique, de ne pas faire droit à l’intention de l’auteur du
texte et parfois, éthique, de bafouer la dignité de celui dont ce texte nourrit l’identité de croyant.

Interlude méthodologique
 9 Romains 12, 6.

14Le premier des deux risques que nous venons d’évoquer ne peut être conjuré qu’au moyen
d’une double régulation herméneutique : non seulement par l’examen des acquis de l’exégèse
scientifique, mais également par le respect du principe biblique, cher aux réformateurs du
XVIe siècle, de l’« analogie de la foi9 ». Il s’agit de n’interpréter un texte qu’en vertu de la
cohérence avérée entre cette interprétation et le sens de l’ensemble de la Bible. Une relecture qui
serait contradictoire avec le cœur du message biblique, selon ce mode de régulation, s’avérerait
donc indue.

 10 Ricœur P., « Éloge de la lecture et de l’écriture », Études théologiques et religieuses,


64/3, 1989 (...)

15Une telle orientation se doit néanmoins d’être, sinon nuancée, du moins approfondie par les
considérations qui suivent. En réponse au Socrate du Phèdre de Platon (Platon, 1950, p. 76), qui
se refusait à écrire de peur d’être mal interprété lorsqu’il ne serait pas présent devant son lecteur
pour défendre ce qu’il avait voulu dire, Paul Ricœur avancera que si le texte arraché à son auteur
se trouve orphelin, les lecteurs en sont les parents adoptifs (Ricœur, 1989, p. 394-405) : du fait de
son autonomie sémantique, « ce que le texte signifie ne coïncide plus avec ce que l’auteur a voulu
dire », « la carrière du texte échappe au contrôle de son auteur » et « appartient à l’histoire de la
lecture10 ».

16Le mode d’interprétation de l’Apocalypse, que nous allons à présent proposer, prétend tenir à
la fois des exigences régulatrices de l’exégèse et de l’analogie de la foi, et assumer la liberté
responsable du lecteur qui adopte le texte et en fait son propre enfant. Un enfant adoptif n’est pas
une tabula rasa : dans la liberté et la responsabilité, ses parents sont appelés à faire droit à son
passé, tout en lui ouvrant un avenir.
17La lecture qui suit peut être qualifiée d’« existentielle », au sens où elle s’adresse au vécu
intime de chacun, irréductible à tout autre sujet. Elle est donc à la fois spirituelle et concrète. Elle
s’inspire de l’approche kierkegaardienne, même si, paradoxalement, parmi ses innombrables
commentaires bibliques et Discours édifiants, Søren Kierkegaard n’a jamais consacré la moindre
étude à l’Apocalypse (Barrett, Stewart, 2010). Elle s’appuie sur l’œuvre de Jacques Ellul, mais
cherche à la prolonger et à la faire fructifier.

Lecture existentielle de l’Apocalypse


a) L’Apocalypse relue par Jacques Ellul
 11 La réception du livre de Jacques Ellul dans les milieux académiques a été plutôt
nuancée. C’est ain (...)

18Jacques Ellul a consacré deux gros ouvrages à l’Apocalypse (Ellul, 2008 ; 1985). Le premier,
comme l’indique son sous-titre : Architecture en mouvement, est attentif à la structuration du
dernier livre de la Bible11. Notre auteur nous propose de partir de Jésus-Christ, qui seul peut être
au centre d’un livre néotestamentaire comme il est au cœur de la vie chrétienne. Autour de cet
axe décisif, l’Apocalypse se construit en cinq parties, en un ordonnancement rigoureusement
symétrique. Et au lieu de relever des redites et des incohérences dans les aspérités du texte,
Jacques Ellul nous montre, de manière convaincante, que chaque partie se trouve greffée, par une
reprise, sur la précédente, dans un jeu d’emboîtements extrêmement élaboré. Le texte est ainsi
sculpté, ciselé, en fonction d’une intention bien précise. Et Jacques Ellul de nous entraîner avec
lui dans ce mouvement fascinant : l’Église, l’Histoire, l’Incarnation, le Jugement, et la Nouvelle
Création. Cependant, la singularité absolue de l’Apocalypse (et la source de bien des
malentendus) est qu’il ne s’agit nullement là d’une succession chronologique, mais bien plutôt
d’une articulation de motifs concomitants dans la vie de chaque chrétien. Dans chacune des
cinq parties, nous trouvons une certaine vision de Jésus-Christ, et cette vision varie selon le
thème de la section : Jésus est Seigneur tout puissant, puis agneau immolé pour le temps de
l’Incarnation et de la Crucifixion. Mais il réapparaît comme agneau immolé pour le Jugement, car
celui-ci retombe entièrement sur lui. Néanmoins, il n’est plus alors seulement agneau immolé, il
est en même temps Fils de l’Homme, car c’est l’homme qui se juge lui-même en Jésus-Christ. Et
enfin, il surgit à nouveau comme Seigneur tout-puissant, mais là encore avec un élément
supplémentaire : il est aussi, simultanément, Parole de Dieu. L’intention finale de l’Apocalypse
est ainsi d’orienter l’espérance chrétienne vers le seul Jésus-Christ.

19D’une certaine manière, dans sa méditation de l’Apocalypse, Jacques Ellul prolonge et enrichit
les propos de celui de ses livres qu’il affectionnait le plus : L’espérance oubliée. (Ellul, 2004).
L’Apocalypse est un livre d’espérance en ceci que l’on se tourne vers elle lorsque toute issue à
vues humaines est irrémédiablement obstruée. L’espérance n’est en effet ni l’espoir
sociopolitique, ni même la foi, mais le surgissement d’une lumière lorsque tout est nuit.
L’architectonique de l’Apocalypse que Jacques Ellul dégage du corpus peut nous faire penser aux
ambitions de l’exégèse structuraliste, en vogue à son époque. Mais en réalité, son propos est tout
sauf structuraliste, et la fresque qu’il nous offre échappe aux impasses d’une orientation
exégétique qui évacuait toute recherche de sens : dans la lecture qui nous est proposée,
l’architecture du texte est emportée par son mouvement, et le mouvement confère le sens – on
peut même dire qu’il est lui-même le sens. C’est pourquoi l’Apocalypse est, à proprement parler,
une « architecture en mouvement ».

20Une fois propulsé sur ces rivages inédits, le lecteur glanera à loisir une multitude de détails
originaux, extrêmement stimulants, auxquels il n’aurait pas songé de lui-même jusqu’alors. En
voici quelques exemples.

 12 Apocalypse 5, 13.

21L’exploitation de la nature, la destruction de la planète, la souffrance infligée aux animaux,


font chuter l’homme de son statut de roi de la Création devant Dieu12. Il n’a nullement accompli
ce qui était annoncé en Genèse 2 et dans le psaume 8. De ce fait, lorsque l’homme se juge lui-
même en Jésus-Christ, il se ramène au niveau des autres créatures. Nous retrouvons dans ces
pages la sensibilité prémonitoire de Jacques Ellul envers les problèmes, devenus depuis
incontournables, de l’impact de l’homme sur son environnement et de sa responsabilité envers la
sauvegarde de la planète (Ellul, 1974, p. 137-155).

 13 Apocalypse 13, 1.
 14 Apocalypse 13, 11.

22Les « deux bêtes » qui montent, l’une de la mer13 et l’autre de la terre14, peuvent être
identifiées respectivement au pouvoir politique de l’État et à sa propagande, c’est-à-dire
finalement à l’absolutisation du politique contre laquelle s’élevait le Christ : les hommes qui font
l’objet de la propagande en viennent en effet à idolâtrer le politique, et ce faisant à se détourner
de Dieu. Jacques Ellul prolonge ainsi, en les transposant sur le plan théologique, ses profondes
analyses consacrées aux phénomènes de la propagande et du politique (Ellul, 1990 ; 2004).

 15 Apocalypse 13, 18.

23La symbolique du nombre de la Bête, « 66615 », est elle aussi rattachée aux pouvoirs
politiques qui, en démultipliant le « 6 », c’est-à-dire en accumulant les imperfections, cherchent à
se rapprocher du « 7 » et à atteindre ainsi la perfection. Le pouvoir ne cesse en effet de se prendre
et de se faire prendre pour Dieu. Jacques Ellul avait déjà esquissé cette thématique dans son
commentaire du second livre des Rois (Ellul, 2007, p. 347-500).

 16 Apocalypse 15, 6-19 + 10.

24Le « Jugement » n’est pas la « Condamnation », avec laquelle on le confond trop souvent16. Si
les hommes passent en jugement, ce sont leurs œuvres qui sont condamnées, et de ce fait la vie
des impies apparaît dans toute sa vanité, puisqu’il n’en reste plus rien, et que l’homme assoiffé de
puissance se retrouve réduit à lui-même. Si la condamnation ne concerne pas les hommes, c’est
parce que Jésus-Christ, le non-puissant, a payé pour eux tous, une fois pour toutes. Ces
considérations se verront considérablement développées dans un livre ultérieur, par lequel
Jacques Ellul confessera sa foi au salut universel en Jésus-Christ (Ellul, 1987).
 17 Apocalypse 20, 2-3.

25Les « mille ans » durant lesquels Satan est enchaîné17 signifient que l’homme est appelé à
vivre sans Satan. Cela le trouble au plus haut point, dans son être même, puisqu’il ne peut alors
rejeter, comme Adam et Ève l’avaient fait, sa responsabilité morale sur la puissance diabolique.
Nous ne manquons pas d’exemples d’entreprises de diabolisation au cours de notre histoire
tragique, mais aussi dans notre vie quotidienne la plus immédiate : saurions-nous, saurons-nous
vivre sans cette disposition anthropologique fondamentale qui consiste à rejeter toute faute sur un
Autre ?

 18 Apocalypse 20, 14.

26La « seconde mort18 » n’a rien à voir avec une soi-disant mort spirituelle qui parachèverait la
mort corporelle pour les seuls impies : conformément aux principes de la conviction ellulienne
d’un salut universel (y compris pour Staline, Hitler et Pol Pot…), la « seconde mort » concerne
bien plutôt la « mort de la mort ». Il suffirait qu’un seul homme disparaisse à jamais dans un
néant définitif pour que l’œuvre du Christ ne soit pas ce qu’elle a été : un don de soi total, parfait,
une condamnation radicale et exclusive de Dieu sur Dieu, pour qu’aucun ne se perde, pour que
tous aient la vie en abondance (Ellul, 1987, p. 249-274).

 19 Genèse 2, 8.
 20 Apocalypse 21, 2.

27Enfin, Dieu avait placé l’homme dans un Jardin19, milieu fait à merveille pour lui ; à la fin des
temps, à la différence de toutes les religions et mythologies du monde, l’Apocalypse ne nous
annonce pas un retour aux origines, mais la venue d’une ville : la nouvelle Jérusalem20. Comme
Jacques Ellul l’a longuement développé dans Sans feu ni lieu (Ellul, 2003), Dieu montre ainsi
qu’il assume l’histoire humaine, y compris lorsqu’elle s’est bâtie contre lui – la ville étant
toujours le lieu de la révolte contre Dieu et celui de la prétention humaine à l’autonomie –, et il
donne à l’homme une ville dans laquelle, à la différence (notable !) des villes humaines, Il sera
présent, et pleinement présent.

28Jacques Ellul reprendra ces diverses thématiques dans son deuxième ouvrage consacré au
dernier livre de la Bible : Conférence sur l’Apocalypse de Jean (Ellul, 1985). Il y ajoute un point
fondamental : contrairement au sens courant du terme, l’étymologie d’« apocalypse » ne signifie
nullement « catastrophe » mais « révélation ». Mieux, sur un peu plus de quatre cents versets,
seuls quatre-vingt-dix-huit nous décrivent divers fléaux et calamités, et cent cinquante nous
parlent de consolation, de joie, d’épanouissement, de cantiques d’enthousiasme (Ellul, 1985,
p. 13-14). C’est sur cette mention que nous nous appuierons pour prolonger les analyses de
Jacques Ellul.

b) L’Apocalypse comme révélation d’existence


29Une lecture existentielle de l’Apocalypse nous conduit à récuser non seulement l’interprétation
courante de type catastrophiste, mais également celle qui consiste à n’y voir que l’annonce de la
dernière période de l’histoire humaine. L’Apocalypse est un livre d’espérance qui nous révèle à
nous-mêmes. L’ébranlement dont il est question dans les lettres aux sept Églises concerne tout un
chacun, à chaque instant, quelle que soit la période historique dans laquelle s’inscrit notre vie.
Cela ne signifie pas que les événements extérieurs, politiques ou écologiques, ne sont pas
concernés. Mais il nous semble possible de discerner une dialectique entre révélation interne et
révélation externe ; ou plus exactement une double dialectique, la première entre apocalypse
intérieure et apocalypse extérieure, et l’autre entre apocalypse présente, réalisée, et apocalypse à
venir, eschatologique. Le livre de l’Apocalypse est un chant d’espérance pour notre vie présente
et pour le futur de l’humanité.

 21 Apocalypse 3, 16.

30Dans notre vie intérieure, l’Apocalypse est révélatrice de la crise permanente, consubstantielle
à toute existence, et des conflits qui nous déchirent en nous opposant à nous-mêmes. Chaque vie
est une expérience de ruptures, de deuils successifs, d’écroulement d’un cadre de repères et de
valeurs. L’Apocalypse est cette révélation qui nous conduit à une prise de conscience sur nous-
mêmes : le voile, le couvercle (« kaluptra ») est retiré, éloigné (« apo »), de sorte que ce qui était
caché soit révélé, dévoilé, découvert (« apo-kalupto »). Le parallèle s’avère à ce propos fécond
entre le donné biblique et la mythologie grecque. Ulysse, on s’en souvient, avait été retenu
prisonnier dix années durant par la nymphe Calypso, fille d’Atlas, dans l’île mythologique
d’Ogygie près de Gibraltar. Durant toute cette longue période, la fidèle Pénélope l’attendit, à
Ithaque, défaisant chaque nuit l’ouvrage accompli la journée, afin de repousser les avances de ses
prétendants. Lorsqu’enfin Calypso libéra Ulysse, celui-ci s’éloigna de Calypso (« apo-Kalupso »)
pour retourner chez lui et retrouver Pénélope. L’« apocalypse » est ici un éloignement à l’égard
des liens qui entravent et un retour vers soi-même. La comparaison avec le livre biblique est
particulièrement stimulante : l’Apocalypse de Jean ne souffre aucune nostalgie, ce n’est pas un
retour au Jardin qui est promis (comme l’a bien montré Jacques Ellul, contrairement à l’imagerie
des Témoins de Jéhovah), mais l’entrée dans une ville céleste. Là où l’Odyssée d’Ulysse est
circulaire, sur le pourtour de la Méditerranée, la perspective biblique est linéaire. Et cependant, il
est probable que le retour d’Ulysse à Ithaque n’a pas été un retour à l’identique d’avant la guerre
de Troie : on ne revient jamais en arrière, toute expérience, même lors des retrouvailles, est
unique. De même, la Bible n’est pas une philosophie de l’histoire, elle parle d’abord à l’existence
singulière de chacun. Ainsi l’Apocalypse est-elle une expérience de libération, de prise de
conscience libératrice à l’occasion d’une crise. C’est pourquoi il n’est pas de place pour la tiédeur
dans l’Apocalypse – tiédeur envers laquelle le lecteur est invité à se positionner clairement :
« Ainsi, parce que tu es tiède, et que tu n’es ni froid ni bouillant, je te vomirai de ma bouche21. »

 22 Matthieu 16, 15 ; Marc 8, 29 ; Luc 9, 20.


 23 Genèse 4, 9-10a.
 24 Jean 20, 15.

31Mais la posture ellulienne nous est précieuse à un autre titre. Jacques Ellul ne considérait pas la
Bible comme un livre de réponses à nos questions (encore moins comme un livre de recettes),
mais comme un livre de questions que Dieu pose au lecteur. Si nous entrons dans la Bible avec
des questions, celles-ci n’y trouvent pas réponse, elles y subissent un déplacement, un
décentrement, et nous ressortons de la Bible avec nos questions renouvelées, et avec de nouvelles
questions qui nous sont posées (Ellul, 1975, p. 164 ; Ellul, Tosquelles, 1987, p. 214). C’est alors à
nous d’y répondre, c’est-à-dire d’être responsables en assumant nos réponses. La Bible est donc
un livre qui renvoie l’homme à sa liberté et à sa responsabilité. La Bible nous pose
principalement trois questions. Elle nous pose une question confessante : « Qui dites-vous que je
suis22 ? », une question éthique : « Qu’as-tu fait de ton frère23 ? », et une question existentielle
quant à notre quête : « Qui cherches-tu24 ? » Nous sommes donc interrogés, et invités à donner
une réponse confessante, une réponse éthique et une réponse existentielle, par la parole et par
notre vie. Qu’en est-il de l’Apocalypse de Jean ? Il nous revient d’examiner le sens paradoxal
d’une « révélation » qui donne à connaître tout en interrogeant. Et c’est ici que peut se nouer,
nous semble-t-il, la dialectique entre apocalypse interne et apocalypse externe.

 25 Apocalypse 13, 3b-4.

32Quelles sont les questions que nous pose l’Apocalypse ? Son style n’est guère interrogatif. Une
seule question semble se dégager, mais elle est décisive : « Toute la terre était dans l’admiration
derrière la bête. Et ils adorèrent le dragon, parce qu’il avait donné l’autorité à la bête ; et ils
adorèrent la bête, en disant : “Qui est semblable à la bête, et qui peut combattre contre elle ?”25 »
Il n’est pas anodin de relever que l’unique question posée par le texte de l’Apocalypse est une
question rhétorique. Les hommes la posent pour ne pas s’en poser. Mais le lecteur est convoqué,
enjoint de répondre, et surtout d’en répondre : de répondre de sa réponse, avec des mots et avec
toute sa vie. Qui peut combattre contre la Bête, qui a reçu autorité du dragon ? Question à la fois
confessante, éthique et existentielle. Qui est ton Seigneur ? Qu’as-tu fait de ton frère écrasé par la
Bête ? Et quel est le sens de ta vie, dans un monde soumis à l’idolâtrie technicienne et
financière ? C’est ici que doivent se conjuguer trois notions cruciales : existence, résistance et
espérance.

33« Exister et résister » : la formule résume bien la pensée si corrosive d’un Søren Kierkegaard
(Foi et Vie, 2013). En kierkegaardien radical, Jacques Ellul relia plus étroitement encore les
deux verbes, établissant entre eux un rapport d’identité : « exister c’est résister ». Exister, à l’orée
du XXIe siècle tout autant qu’à la fin du premier siècle lors de la rédaction de l’Apocalypse de
Jean, c’est ne pas se laisser emporter par tout ce qui a une emprise sur nos vies. L’enfermement
dans le système technicien, l’aliénation par l’exacerbation de la propagande horizontale, la
dictature de l’immédiateté visuelle et émotionnelle, le sacrifice des relations humaines et la
dimension contemplative de la vie sur l’autel de l’efficacité, de la performance, requalifiée
aujourd’hui en « excellence », le recul de la pensée critique et dialectique : telles sont quelques-
unes des funestes mutations de notre condition contemporaine auxquelles le lecteur de
l’Apocalypse est invité à résister. Ainsi l’actualisation du texte reste fidèle à la cohérence globale
du message biblique, compris comme une littérature de résistance (Ellul, 2011 ; 1998). Mais
l’existence ne peut honorer sa vocation de résistance que si elle se nourrit d’espérance. Et comme
nous l’avons déjà vu, loin d’être une vision terrifiante de la fin des temps, l’Apocalypse s’offre à
nous fondamentalement comme un livre d’espérance.

 26 Apocalypse 1, 17b-18.
 27 Exode 14, 13.
 28 Psaume 27, 1 : « Le Seigneur est ma lumière et mon salut, de qui aurais-je peur ? Le
Seigneur est l (...)
 29 Matthieu 8, 26 ; 14, 27 ; 17, 7 ; Marc 4, 40 ; 5, 36 ; 6, 50 ; Luc 8, 50 ; Jean 6, 20.
34« Ne crains point ! Je suis le premier et le dernier, et le vivant. J’étais mort ; et voici, je suis
vivant aux siècles des siècles. Je tiens les clefs de la mort et du séjour des morts26. »
L’exhortation à ne pas avoir peur est l’un des fils rouges majeurs de l’ensemble du corpus
biblique, depuis Moïse qui se retourne vers le peuple au moment de traverser la mer Rouge27,
jusqu’à l’Apocalypse de Jean, en passant par les Psaumes28, et bien entendu par Jésus dont c’est
une parole récurrente : « N’ayez pas peur29 ! » Seuls les journalistes français, dont la culture
religieuse n’est pas le fort, ont pu croire qu’il s’agissait d’une formule de Jean-Paul II, et non
d’une citation de citations…

 30 Apocalypse 21, 4.

35« Il essuiera toute larme de leurs yeux, et la mort ne sera plus, et il n’y aura plus ni deuil, ni cri,
ni douleur, car les premières choses ont disparu30. » Si la peur de la mort, comme l’a établi la
psychanalyse, est le moteur de toute forme de peur, même mineure, l’assurance de la victoire sur
la mort ne peut qu’émanciper le croyant hic et nunc pour l’engager dans des œuvres de
résistance. Ainsi l’espérance, même (et peut-être surtout) dénuée de tout espoir à vues humaines
(Ellul, 2004), s’avère être le plus puissant vecteur de résistance, et donc d’existence.

 31 Apocalypse 21, 6.
 32 Cf. Jacques Ellul, 1975, p. 95-188.

36« Et il me dit : “C’est fait !” Je suis l’alpha et l’oméga, le commencement et la fin. À celui qui
a soif je donnerai de la source de l’eau de la vie, gratuitement31. » Dans une vaste inclusion,
l’Apocalypse de Jean commence comme un garde-fou contre la peur, pour s’achever par une
promesse de vie en abondance. Tel est, à notre sens, le mode d’articulation de la double
dialectique : entre apocalypse intérieure et apocalypse extérieure, et entre révélation réalisée et
révélation eschatologique. L’Apocalypse de Jean, dans sa conjugaison entre existence, résistance
et espérance, éveille et élargit la conscience du lecteur croyant sur les enjeux du monde globalisé
comme sur ceux de son microcosme intérieur, à l’occasion des crises qui les ébranlent tous deux ;
et elle le libère pour un « engagement dégagé32 » hic et nunc à cause des promesses de la vie en
abondance, qui est offerte dès maintenant à travers l’espérance des réalités à venir.

37L’Apocalypse est une révélation radicale, interne et externe, présente et dernière, à la hauteur
des défis considérables que nos contemporains ont à affronter, dans leur vie personnelle comme
sur le plan planétaire. Comme le chantait Hölderlin, dans un poème intitulé, de manière
significative, Patmos :

« Là où est le péril, croît aussi ce qui sauve. »

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Notes
1 Son expression a inspiré le titre de l’ouvrage que nous avons dirigé : Le buissonnement
monothéiste. Les régulations du pluralisme dans les religions du Livre, Strasbourg, Presses
universitaires de Strasbourg (CÉRIT), 2010.

2 Cf. Ésaïe 11, 1-10 ; 65, 17-25.

3 Matthieu 24, 36. Cf. aussi Matthieu 25, 13 ; Marc 13, 32 ; Actes 1, 7.

4 Matthieu 4, 4.

5 Nietzsche F., « Ainsi parlait Zarathoustra », dans Œuvres, Paris, Robert Laffont (Bouquins),
1993, t. 2, p. 508.

6 Matthieu 20, 16.


7 Matthieu 20, 27.

8 Nietzsche F., « Ainsi parlait Zarathoustra », op. cit., p. 515.

9 Romains 12, 6.

10 Ricœur P., « Éloge de la lecture et de l’écriture », Études théologiques et religieuses, 64/3,


1989, p. 400.

11 La réception du livre de Jacques Ellul dans les milieux académiques a été plutôt nuancée.
C’est ainsi que l’exégète Christian Grappe, tout en lui reconnaissant des qualités, lui reprochera
un manque de rigueur : « Ellul croit ainsi pouvoir discerner un septénaire dans les chapitres 19 à
21, au motif que la formule “Alors je vis” y serait répétée sept fois, alors qu’elle revient en fait à
huit reprises et est absente d’un des passages où il la trouve ! » (recension par Christian Grappe,
2009).

12 Apocalypse 5, 13.

13 Apocalypse 13, 1.

14 Apocalypse 13, 11.

15 Apocalypse 13, 18.

16 Apocalypse 15, 6-19 + 10.

17 Apocalypse 20, 2-3.

18 Apocalypse 20, 14.

19 Genèse 2, 8.

20 Apocalypse 21, 2.

21 Apocalypse 3, 16.

22 Matthieu 16, 15 ; Marc 8, 29 ; Luc 9, 20.

23 Genèse 4, 9-10a.

24 Jean 20, 15.

25 Apocalypse 13, 3b-4.

26 Apocalypse 1, 17b-18.
27 Exode 14, 13.

28 Psaume 27, 1 : « Le Seigneur est ma lumière et mon salut, de qui aurais-je peur ? Le Seigneur
est le soutien de ma vie, devant qui tremblerais-je ? »

29 Matthieu 8, 26 ; 14, 27 ; 17, 7 ; Marc 4, 40 ; 5, 36 ; 6, 50 ; Luc 8, 50 ; Jean 6, 20.

30 Apocalypse 21, 4.

31 Apocalypse 21, 6.

32 Cf. Jacques Ellul, 1975, p. 95-188.

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References
Bibliographical reference

Frédéric Rognon, “L’Apocalypse : jalons pour une lecture existentielle”, Socio-anthropologie,


28 | 2013, 15-28.

Electronic reference

Frédéric Rognon, “L’Apocalypse : jalons pour une lecture existentielle”, Socio-anthropologie


[Online], 28 | 2013, Online since 23 September 2015, connection on 14 February 2024. URL:
http://journals.openedition.org/socio-anthropologie/1514; DOI: https://doi.org/10.4000/socio-
anthropologie.1514

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About the author


Frédéric Rognon

Frédéric Rognon est docteur en anthropologie, professeur de philosophie des religions à la faculté
de théologie de l’université de Strasbourg, et auteur notamment de : Les primitifs, nos
contemporains (Paris, Hatier [Philosopher au présent], 1988) ; La religion (Paris, Hatier [Profil-
Notions philosophiques] 1996) ; Jacques Ellul. Une pensée en dialogue (Genève, Labor et Fides
[Le champ éthique], 2007), 2013 ; Générations Ellul. Soixante héritiers de la pensée de Jacques
Ellul (Genève, Labor et Fides, 2012).

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