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UNIVERSITE MOHAMMED V – RABAT

Faculté des Sciences Juridiques, Economiques et Sociales


Agdal

Master Sciences juridiques 2023/2024

SUJET DE L’EXPOSE
« L’appréciation des droits et obligations des
époux durant le mariage »

Réalisé par :
1. Khawla BETTY
2. Mohammed EL AZMI
3. Mohamed ID LAHCEN

PLAN
Partie I. La réciprocité des droits et devoirs conjugaux
Chapitre 1. L’évolution historique des droits et devoirs conjugaux
Chapitre 2. La réforme du cadre juridique du mariage et ses
implications sur l’égalité des époux
Partie II. Le déséquilibre législatif des droits et devoirs
conjugaux
Chapitre 1. Chapitre 1. Les lacunes d’application de la réciprocité
des droits et devoirs
Chapitre 2. Les solutions face aux insuffisances législatives

1
Introduction :
Incontestablement, le Royaume a toujours visé l’égalité entre femmes et
hommes pour en faire une finalité primordialement convoitée, et notamment dans le
cadre des relations conjugales. Ledit principe a toujours été garanti par le Maroc que
ce soit par l’ancienne constitution de 19621, ou même par la nouvelle, mise en vigueur
en 2011. L’article 19 de ladite Constitution marocaine énonce que : « L’homme et la
femme jouissent, à égalité, des droits et libertés […] ». Pourtant, il s’avère, même
théoriquement, que la limite entre la justice et l’égalité est ambiguë. Or, l’Islam, selon
de nombreuses interprétations, défend plutôt la justice et la considère comme étant un
fondement crucial, et non pas une égalité en tant que telle2.
Dans cette perspective, il est impératif de procéder à l'exploration des diverses
interprétations des préceptes de la loi islamique concernant la distinction entre l'égalité
et la justice. En conséquence, deux courants se dessinent dans ce contexte : les
partisans de l'approche protectionniste et ceux de l'approche égalitaire.
Ainsi, les premiers, dans le cadre du contexte musulman contemporain,
suggèrent que les hommes devraient subvenir aux besoins de leurs épouses et de les
protéger, tandis que ces dernières devraient obéir. Les partisans du second point de
vue, adoptent une approche égalitaire en matière de justice de genre. Or, tout en
reconnaissant des différences biologiques entre les femmes et les hommes, ils
plaident pour une vision de la justice qui fasse honneur à la pleine humanité vis-à-vis
des femmes dans le respect des valeurs essentielles du Coran, et ce en purifiant les
règles islamiques de certaines interprétations incorrectes, tels que celles des partisans
protectionnistes. Aussi, toujours selon le point de vue des égalitaires, l’égalité et la
différence ne sont pas contradictoires. L’égalité est dès lors bel et bien possible même
lorsque les gens sont différents3.
Il est clair que le droit de la famille marocain a été, naturellement, entièrement
inspiré du droit musulman. C’était le cas pour l’ancien statut personnel régissant,
auparavant, le statut de la famille en droit marocain. C’est même le cas pour ce qui est
de la nouvelle Moudawana. Le Royaume est resté attaché, de manière fondamentale,
aux règles du droit musulman. Ce sont plutôt les interprétations inadéquates qui ont
été abandonnées par le codificateur marocain, contrairement à ce qu’on peut
reprocher à la loi 70-03 formant le Code de la famille.
Dans ce sens, de nombreuses interprétations incorrectes concernant le rôle et
les devoirs des époux ont été purifiées par la Moudawana de 2004, notamment celles
menées par le courant des protectionnistes. Un véritable pas vers l’avant a été donc
incontestablement réalisé par le Royaume afin de se détacher de toutes les

1 L’article 4 de l’ancienne Constitution du Royaume consacrait, de manière plus ou moins


indirecte l’indispensabilité de l’égalité étant un principe fondamentale et constitutionnel. Ledit article
énonçait que « Tous les Marocains sont égaux devant la loi ».
2 Certes, les termes comme « l’égalité », « la justice », sont tous des constructions sociales et

leurs significations ne sont jamais absolues ni immuables. Ils sont, dès lors en constante évolution. Ce
qui rend indispensable de contextualiser lesdits termes pour ne pas tomber dans l’amalgame entre les
fondements, soi-disant, religieuses, avec ceux construite à cause du développement social.
3 Knowledge building, réalisé par Musawah hen 2017. Disponible sur le site web Musawah :

http://www.musawah.org/knowledge-building-briefs. Consulté le 02/11/23.

2
interprétations incomplètes du droit islamique, et qui touchent de manière spécifique
le rôle de l’épouse dans la relation conjugale.
Le rôle, auparavant, limité de l’épouse dans la relation conjugale s’est donc
écarté à cause d’une volonté royale et sociale, dans un contexte internationale
contraignant le Maroc, de façon indirecte mais claire, de mener lesdites décisions
considérées révolutionnaires, à l’époque. L’intérêt d’une appréciation des devoirs et
droits des époux, de façon générale, dans la relation conjugale est clairement
indéniable. Surtout le rôle de l’épouse qui s’est clairement renforcé jusqu’à ce qu’une
égalité soit consacrée avec les devoirs et droits de l’homme, le mari.
La consécration d’une réciprocité des droits et obligations par l’article 51 de la
Moudawana est clairement un atout révolutionnaire dans notre législation. Ledit article
énonce de nombreuses obligations et droits réciproques aux deux conjoints,
notamment la cohabitation légale, le maintien de bons rapports, la codirection de
la gestion du foyer, la concertation dans les décisions, le maintien de bons rapports
avec les parents de l’autre conjoint.
L’intérêt du sujet nous mène directement à nous poser l’interrogation de savoir
comment notre système juridique apprécie-t-il les droits et devoirs des époux
pendant le mariage à l’ère des défis persistants qui exigent une attention
particulière pour assurer une équité dans les relations conjugales ?
En raison de l'impératif d'une réciprocité des devoirs et droits entre les conjoints,
tel qu’il a été consacré par la loi 70-03 formant la Moudawana, il est essentiel d'aborder
ce sujet avec une analyse approfondie. Il est, dans ce sens, indéniable que la
réciprocité des devoirs et droits conjugaux a connu des évolutions substantielles,
accompagnées de débats sociaux, et a par la suite été consacrée sur le plan juridique
(partie I). Cette consécration juridique témoigne de l'engagement du Maroc envers
l'égalité et l'équité. Néanmoins, malgré ces avancées, l'application des dispositions de
la Moudawana a révélé d'importantes lacunes, voire même des déséquilibres dans la
relation conjugale, et ce en raison du développement social (partie II).

3
Partie I. La réciprocité des droits et devoirs conjugaux
Les droits et obligations des époux sont indiscutablement un sujet qui mérite
d’être traité à la fois de point de vue historique (chapitre 1), mais aussi, et surtout,
contemporain (chapitre 2).

Chapitre 1. L’évolution historique des droits et devoirs conjugaux


Le mariage en fait est un pacte fondé sur le consentement mutuel en vue
d’établir une union légale et durable, entre un homme et une femme. Il a pour but la
vie dans la fidélité réciproque, la pureté et la fondation d’une famille stable sous la
direction des deux époux4. Autrement dit c’est un contrat par lequel les parties
jouissent des droits et exercent des devoirs qui naissent dès la conclusion de ce
contrat. Une fois ce contrat est conclu le mariage produit des conséquences inter
parties5. Ces devoirs et obligations ont connu des évolutions historiques qui
nécessitent une étude des racines islamiques quant à ces droits et devoirs (section
1), ainsi que les principales exigences de modernité de la loi 70.03 formant le Code de
la famille (section 2).

Section 1. Les racines islamiques


L’ancien code de statut personnel de 1957 a régi les droits et devoirs des époux,
en se fondant sur le principe de la suprématie maritale6 autrement dit la supériorité de
l’époux sur son épouse ; dans ce sens on parle du principe d’Al-Qiwamah. Ce principe
prédominait dans la société marocaine alors régie par l’ancienne Moudawana qui avait
consacré dans ses différentes dispositions la pérennité d’une conception traditionnelle
des relations entre les conjoints au sein du couple, inspirée essentiellement du rite
mâlikite.
Al-Qiwamah est une notion islamique qui signifie dans son sens large la
garantie de la chose et dans son sens étroit signifie la tutelle matrimoniale de l’époux
envers sa femme ; autrement dit c’est une autorité déléguée à l’époux pour prendre
en charge les intérêts de sa femme en ce qui concerne la gestion des affaires du foyer,
la pension ainsi que sa protection7, conformément à la teneur de Surat Alnisaa8.
Ce principe, selon une coutume fondamentalement erronée, le mari est
considéré comme le chef de la famille, auquel l’épouse doit obéir. Précédemment, il
était fortement ancré dans la conscience collective que le mari, grâce au mariage,
obtient un pouvoir absolu sur la personne de son épouse, entraînant ainsi pour elle la
perte totale de sa capacité. Ces pratiques, bien qu'inconsistantes avec le Droit

4 C. fam., art. 4.
5 Mohamed CHAFI, Droit de la famille au Maroc Traditionalisme et Modernisme, Marrakech,
Imprimerie Papeterie El Watanya, 2021, P 140.
6 Ibid. p. 139.
7 Aïcha El Hajjami, Le processus de réforme de code de la famille et ses innovations, en

particulier celles relative à la parentalité et aux droits des enfants, https://cjb.hypotheses.org/122#_ftn2


(Consulté le 16/11/2023).
8 « ‫ض َوب ِّ َما َأ ْن َف ُقوا ِّم ْن َأ ْم َوا ِّل ِّه ْم‬
ٍ ْ‫ض ُه ْم عَ َلى بَع‬
َ ْ‫َّللا ُ بَع‬ َّ ‫الر َجا ُل َق َّوا ُمو َن عَ َلى النِّسَا ِّء ب ِّ َما َف‬
َّ ‫ض َل‬ ِّ »
4
musulman, persistent et bénéficient de l'immuabilité de ses règles sacrées, allant
même jusqu'à prévaloir sur ses préceptes fondamentaux9.
L’islam a pour autant honoré et valorisé la femme notamment dans le Coran et
les hadiths du Prophète `alay-hi as-salām ainsi qu’il a institué le principe de l’égalité entre
la femme et l’homme qui jouissent de la même dignité humaine. En conséquence de
quoi, contrairement aux croyances usuelles, le mari ne possède aucun droit sur la
personne de son épouse.

Section 2. Les exigences de modernité


Le code de la famille de 1958 qui s’inspirait principalement du rite malékite a
été modifié par le code de la famille marocain actuel du 3 février 2004 dans le but
d’élever le niveau d’équité entre l’homme et la femme au sein de la famille et
d’apporter une meilleure protection des intérêts des femmes en situation de
vulnérabilité. Sa Majesté le Roi intervient peu de temps après son accession au trône,
en sa qualité de commandeur des croyants, pour permettre la recherche d’un
consensus tendant à une amélioration du statut de la femme en tant qu’épouse et
mère.
Plusieurs raisons ont contribué à la modification de la Moudawana en matière
des droits et des obligations des époux, notamment le projet de plan d'action
national pour l'intégration des femmes dans le développement. En février 1998,
un atelier a été organisé par la Secrétariat d'État chargé de la Coopération nationale,
avec le soutien de la Banque mondiale et la participation des ministères, des
associations féminines, des droits de l'homme et des organisations de développement.
L'objectif était de déterminer les domaines prioritaires pour la situation des femmes
marocaines et d'élaborer un plan d'action opérationnel. Sous le gouvernement
d’alternance, le Secrétariat d'État chargé de la Protection sociale, de la Famille et de
l'Enfance, avec la contribution de la Banque mondiale et la participation de certaines
organisations féminines et des droits de l'homme, a supervisé l'élaboration de ce plan
d'action, qui a été publié en 1999 sous le titre "Projet de plan d'action national pour
l'intégration des femmes dans le développement". Le projet s'étend sur plus de 200
pages.
Ce plan a été le point de rupture qui a fait déborder la coupe et a principalement
contribué à l'aggravation des conflits entre toutes les parties intéressées par la
question des femmes et de la famille. Cela a nécessité l'intervention Royale, mais
d'une manière différente cette fois-ci, dans le but de répondre à la réparation de la
fracture qui menaçait la société marocaine dans toutes ses composantes. Cela s'est
exprimé le 27 avril 2001, lorsque le Roi a annoncé la formation de la Commission
royale consultative chargée de modifier les dispositions du code, présidée par M. Idriss
El Yazami, qui a été remplacé par M. Mohamed Boustta. Ce dossier a ensuite pris un
nouveau tournant, se concluant définitivement après l'annonce Royale à la Chambre
des représentants le 10 octobre 2003 concernant les modifications substantielles
apportées au code de la famille.

9 Rajaâ NAJI-EL MEKKAOUI, La Moudawana commentée, Librairie Dar Essalam, Rabat, 2005,
p. 186.

5
A ce niveau, il faut bien rappeler que l’existence d’un grand nombre des textes
internationaux tels que la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, la
Convention sur le consentement au mariage de 1962, le Pacte international relatif aux
droits civiques et politiques, le Pacte international relatif aux droits économiques,
sociaux et culturels, la Convention sur l’élimination de toute forme de discrimination à
l’égard des femmes… a amplifié la pression sur le législateur pour modifier l’ancien
statut personnel surtout en matière des droits et obligations conjugales en faisant
appel aux principes de l’égalité et réciprocité dans le cadre d’une vie conjugale.

Chapitre 2. La réforme du cadre juridique du mariage et ses


implications sur l’égalité des époux
Après avoir vu l'évolution du mariage au Maroc à travers les différentes époques
de son histoire, notre analyse se concentrera plutôt sur la dernière réforme du Code
marocain de la famille, marquée par la volonté du roi Mohammed VI d'instaurer une
nouvelle conception de la famille, mettant notamment l'accent sur le droit à l'égalité
entre hommes et femmes. L'objectif du nouveau Code de la famille est de protéger la
famille contre toutes formes d'injustice et de discrimination, renforcé par de
nombreuses dispositions et mécanismes à cette fin. En comparaison avec la situation
antérieure, ce nouveau Code représente une avancée qualitative des droits des
femmes et de leur statut social, tout en atténuant les déséquilibres existants. Notre
propos ne vise pas à une lecture exhaustive du nouveau Code marocain, mais se
concentre plutôt sur quelques dispositions nouvelles qui seront pertinentes pour notre
réflexion.

Section 1. La réciprocité : des asymétries réduites


Le Code marocain de la famille évolue pour refléter les valeurs contemporaines
et promouvoir des relations familiales plus égalitaires et justes. En effet, les réformes
apportées au Code marocain de la famille engendrent un changement significatif dans
la structure familiale, et ce principalement par l'abolition du devoir d'obéissance de
l'épouse envers son mari, remplacé par la responsabilité partagée des deux
conjoints dans la gestion du foyer et la protection des enfants selon l'article 51. Cette
disposition s'inscrit dans une démarche affirmée en faveur de l'égalité entre les époux,
soulignant la volonté du législateur de moderniser les normes juridiques liées au
mariage et reflétant une évolution significative dans la dynamique des relations
matrimoniales au Maroc
L'article 51, représente ainsi la seconde intervention majeure du législateur
marocain dans la redéfinition des relations conjugales. En promouvant la
responsabilité partagée de la gestion du foyer et de la protection des enfants, cette
réforme vise à éliminer les asymétries traditionnelles entre les rôles assignés aux
époux, contribuant ainsi à l'autonomisation des femmes dans le cadre du mariage.
Désormais, les deux conjoints partagent la charge de la prise de décisions importantes
pour la famille, telles que l'éducation des enfants, la gestion des affaires du foyer et
d'autres responsabilités ménagères considérant que les deux partenaires ont des

6
contributions égales à apporter au foyer familial et présentant une dynamique de
partenariat au sein du mariage. Ces nouvelles dispositions indiquent une évolution
vers une relation conjugale plus égalitaire, où les deux partenaires sont considérés
comme des individus égaux ayant des droits et des voix équivalentes dans la prise de
décisions familiales.
Cette nouvelle approche de la part du législateur marocain a ainsi permis à
mettre fin à la règle d'obéissance de l'épouse envers son mari, principe aussi appelé
Al Qiwamah. L'abandon de cette notion marque un changement fondamental dans la
compréhension des rôles de genre au sein du mariage et ce en mettant fin à la
subordination des femmes dans le mariage et à promouvoir leur autonomie,
notamment avec l’abandon du terme de chef de famille dont se prévalait l’époux dans
l’ancienne Moudawana. Il s’éloigne donc de l’ancien Code qui définissait le mariage
comme un contrat bilatéral entre un homme et une femme, désirant fonder une famille
dont le chef de famille était l’homme. Cependant, malgré l’abrogation du principe de
Qiwamah on peut noter le maintien du devoir d'entretien de l'épouse par son mari,
tel que stipulé à l'article 194 du nouveau Code, garantissant le bien-être matériel de
l'épouse mais maintenant une certaine dépendance financière des femmes vis-à-vis
de leurs maris.
Le législateur a également assoupli la rigidité du régime de séparation de biens,
tout en évitant la création d'une communauté d'intérêts et de biens entre les époux.
Chacun des conjoints dispose de son propre patrimoine. Cependant, ils ont la
possibilité de convenir des modalités de gestion des biens acquis pendant le mariage,
ce qui constitue l’autre volet d’une réforme qui vise à apporter davantage de clarté et
d'autonomie financière au sein du mariage. Cette mesure permet aux couples de
décider pro activement de la manière dont ils souhaitent gérer leurs biens, leurs
finances et leurs ressources tout au long de leur union, et non seulement lors de la
dissolution du mariage. Ils peuvent ainsi choisir de partager les dépenses de manière
égale, de contribuer en fonction de leurs revenus respectifs ou de définir d'autres
modalités en accord avec leurs préférences ce qui leur permettra de mieux s'adapter
à leurs situations financières spécifiques.

Section 2. L’égalité : une harmonie dans les rapports


Le législateur accorde aux femmes le droit de demander le divorce, la réforme
leur confère une voix et un pouvoir accrus dans la décision de mettre fin au mariage.
Cela reconnaît leur autonomie et leur capacité à prendre des décisions importantes
concernant leur propre vie et ne sont plus uniquement dépendantes de l'initiative du
mari pour obtenir un divorce. L’ensemble de ces ajouts représente un changement
significatif dans le cadre juridique des relations matrimoniales visant à établir un cadre
juridique qui favorise des divorces plus équitables et éthiques, tout en renforçant les
droits des femmes dans le mariage et promouvant une meilleure protection des droits
de toutes les parties impliquées.
La réforme du cadre juridique du mariage au Maroc est un engagement en
faveur de l'égalité des sexes10, de la protection des droits des femmes et de

10 Cons., art. 19.

7
l'autonomie individuelle au sein du mariage et représente une avancée significative
dans la redéfinition des rôles et des droits des époux. Toutefois, cette évolution génère
également des questionnements complexes qui exigent une analyse approfondie de
son véritable impact sur l'égalité entre les partenaires. L'un des défis majeurs réside
dans la nécessité de concilier les principes visant à autonomiser les femmes avec la
préservation de certains devoirs traditionnels au sein du mariage. La réforme tente de
trouver un équilibre délicat entre la modernisation des relations matrimoniales et le
respect des valeurs sociétales ancrées dans la tradition.
La possibilité de pratiquer la polygamie persiste, bien que le législateur
marocain ait adopté une approche prudente en imposant des conditions strictes visant
à restreindre cette pratique et ce en introduisant des conditions plus strictes visant à
la rendre plus contraignante. Ces restrictions sont mises en vigueur par l’imposition
d’exigences telles que la nécessité de l'autorisation de la première épouse, la
démonstration de la capacité financière de pouvoir soutenir plusieurs épouses et
familles, ainsi que la condition que chaque épouse soit traitée équitablement. Il est
important de noter que la polygamie est interdite lorsque la femme conditionne son
mariage à l'engagement, consigné dans l'acte de mariage, de son mari de s'abstenir
de prendre une autre épouse.
L'autonomisation des femmes est encouragée, marquant une rupture avec le
passé où le devoir d'obéissance de l'épouse envers son mari était une norme établie.
L'abrogation de cette obligation représente une reconnaissance de l'égalité des époux,
les chargeant conjointement de la gestion des affaires du foyer et de la protection des
enfants. Cela symbolise une avancée vers une relation conjugale plus équilibrée et
égalitaire.
Cependant, certaines préoccupations émergent quant à l'ambiguïté résultant
de la coexistence de cette autonomisation avec le maintien du devoir d'entretien de
l'épouse par son mari. Cette dualité peut soulever des questions sur l'interprétation et
l'application cohérente de la réforme.

8
Partie II. Le déséquilibre législatif des droits et devoirs
conjugaux
Heureusement, la Moudawana de 2004 a finalement activé les préceptes purs
de l’Islam, suspendus pendant des siècles, en écartant toute disposition pouvant être
interprétée comme altération de la capacité de la femme. La refonte a été considérée
comme étant révolutionnaire. Mais, en vérité, la réalité du terrain à l’époque rend ladite
refonte plus logique que révolutionnaire. En 2004, c’était nécessaire, voire
indispensable. Aujourd’hui, en 2023, on se trouve encore une fois, après 20 ans
d’application de la Moudawana, dans la même situation, tout naturellement.
Alors, vu que le déséquilibre est évident (chapitre 1), il est essentiel d’aborder
les différents solutions apportées ou suggérées par la jurisprudence ainsi que la
doctrine (chapitre 2).

Chapitre 1. Les lacunes d’application du principe de la


réciprocité des droits et devoirs
Aujourd’hui, en dépit des innovations apportées en 2004, le Maroc se trouve
dans la nécessité d’une réforme. Certes, pas de la même intensité qu’auparavant, mais
dans le même degré de nécessité. Une loi appliquée pendant 20 ans, c’est logique à
ce qu’elle démontre des insuffisances, des lacunes, voire même des déséquilibres
dans la relation conjugale. L’équilibre conjugale, après 2004, a été bel et bien
consacré, comme énoncé ci-dessus. Malgré cela, l’insuffisance est évidente.
L’élargissement de la réciprocité des devoirs et obligations des époux afin de
consacrer un équilibre logiquement convoité est devenu une indispensabilité pour les
citoyennes et les citoyens ; une égalité totale entre les époux n’est dès lors qu’une
sollicitation logique et compréhensible par la quasi-unanimité du peuple. La soi-disant
réciprocité, théoriquement consacrée, est désormais une illusion, d’un point de vue
pratique.
Les demandes s’accentuent, les voix favorisant une refonte s’alourdissent, les
conservateurs, d’un autre côté, ne convoitent qu’une application des règles islamiques.
Et tous pour autant doivent s’aligner sur les règles islamiques, fondamentalement
immuables, comme le précisait sa Majesté le Roi, dans son discours royal11.
Les devoirs et obligations des époux ne sont plus réciproques, cela est certain,
pratiquement parlant. Un remède auxdites lacunes est désormais exigé. Les lacunes
touchent à la fois la situation de l’épouse, et elles sont nombreuses (section 1).
Contrairement au discours féministe, souvent plus entendu et plus médiatisé, la
situation de l’époux ne cesserait de se détériorer (sections 2).

Section 1. Les lacunes touchant la situation de l’épouse


La situation d’inégalité au détriment de l’épouse persiste, même en théorie, en
dépit de l’ancienne réforme de 2004. La disposition offrant la tutelle légale à l’époux,

11 « En notre qualité de Commandeur des croyants, nous ne pouvons pas permettre ce que
Dieu a interdit, ni interdire ce que Dieu Tout-Puissant a permis ».

9
en priorité, a été tant critiquée une fois le Code mis en vigueur. La réalité a dorénavant
confirmé les préoccupations anticipées.
Au-delà, l’article 236 de la Moudawana ne respecte ni la constitution12, ni même
ses propres dispositions qui consacrent clairement le principe de l’égalité entre
l’homme et la femme de façon générale, puis entre conjoints de façon particulière.
L’article 238 conditionne pour autant à ce que l’épouse soit majeure pour qu’elle
soit capable d’être une tutrice légale sur ses enfants. Là l’excès se manifeste, encore
une fois. La logique non plus. Le même législateur qui a donné le droit à une épouse
non-majeure de se marier, conditionne, en même temps, à ce qu’elle soit majeure pour
être une tutrice légale. Le paradoxe est évident, la lacune est apparente.
La tutelle légale ne constitue pas l’unique source d’iniquité fondamentale en ce
qui concerne la réciprocité des droits et des devoirs des époux au cours du mariage.
Une autre considération qui suscite des interrogations quant à la portée exacte de
l'article 51 par rapport à l'égalité des époux est la question de la polygamie, qui se
présente également comme une évidente source d'inégalité. Bien que le droit à la
polygamie octroyée à l'époux soit désormais soumis à des conditions restrictives, il est
incontestable que le législateur à l'époque n'a fait que déplacer le problème. L'essence
du problème réside dans l'octroi d'un droit exclusif à l'époux.
Même, d’un point de vue religieux, la polygamie est, en principe, non autorisée
; sauf si, pour des motifs très sérieux, elle se révèle le remède pour résoudre des
phénomènes sociaux compliqués13. Or, l’islam14 conditionne l’état de nécessité de
manière claire. Et, les déductions extraites des versets susrelatés sont, par ailleurs,
consolidées par le Hadith prophétique à l’occasion d’une déclaration faite par Ali
gendre du Prophète (époux de sa fille aînée Fatima Zahrae), en exprimant son désir
de se remarier. Le prophète, d’emblée, répliqua, en manifestant ainsi son
mécontentement : « Fatima est une partie de moi, tout ce qui la peine me peine, si tu
désires devenir polygame, sépare-toi de ma fille immédiatement ! ».
Comme mentionné précédemment, l’Islam encourage les croyants à contracter
le mariage en raison des vertus qu’il apporte à la société. Dans le même ordre d’idées,
l'Islam déconseille, au contraire, le mariage, même avec une seule femme, lorsque les
conditions de la personne, que ce soit sur le plan matériel, moral ou psychique, ne
favorisent, même potentiellement, pas la création d'un foyer stable et équilibré15.
Si le mariage avec une seule femme n'est pas recommandé dans la logique
islamique lorsque les conditions favorables ne sont pas réunies et que les vertus du
mariage ne sont pas réalisables, il est alors incohérent de prétendre que, dans la
même logique, la polygamie serait permise sans limites. Heureusement, cette
approche n'est plus d'actualité. De nos jours, la polygamie ne semble plus avoir de

12 Const., art. 19.


13 NAJI EL MEKKAOUI Rajaâ, La Moudawana, le référentiel et le conventionnel en harmonie,
Tome I, Editions & impressions Bouregreg, Rabat, 2009, p. 138.
14 « vous ne pourrez jamais être équitables entre vos femmes, même si vous en êtes soucieux

» S. les femmes, verset 129.


15 Ibid. p. 133.

10
justification. Au contraire, ses conséquences sociales néfastes sont clairement
envisagées.
Contrairement à ce que nos magistrats contemporains croient16, l’équité exigée
va au-delà de la justice matérielle promise par le candidat à la polygamie. Pour Ibn
Syrine, Attabri, et bien d’autres, l’équité doit s’opérer dans l’affection, le traitement, la
cohabitation, etc... Du moment que ces conditions soient quasi impossibles à honorer,
ils n’hésitent pas à considérer la polygamie comme étant interdite toutes les fois où
l’iniquité matérielle ou morale est à craindre17.
De nos jours, il est clair que ces exigences ne sont souvent plus respectées. La
réalité sur le terrain dévoile cette vérité clairement indéniable. Ne serait-il pas alors
opportun de mettre fin à cette « injustice » apparente ?

Section 2. Les lacunes touchant la situation de l’époux


Les droits et devoirs sont censés être réciproques. Pourtant, il n’en est rien.
L’époux a pour autant une charge supplémentaire par rapport à l’épouse. C’est la
pension alimentaire.
La Moudawana a réservé tout un chapitre à la pension alimentaire due à
l’épouse. Ainsi, au terme de l’article 194, l’époux est tenu d’assurer la pension
alimentaire de son épouse qu’elle soit pauvre ou riche dès la consommation du
mariage. C’est, clairement, une obligation à la charge de l’époux, en faveur de
l’épouse. Le fondement est indiscutablement le principe de la Qiwamah. Un principe
tant critiqué par les partisans libéralistes. Eux-mêmes n’ont jamais osé critiquer ses
répercussions. La raison est claire : elles leurs conviennent. Tant que cela ne touche
pas à l’épouse, c’est tolérant, même au détriment de l’époux. Tant que l’épouse en
bénéficie, c’est juste.
La persistance de l’existence de la pension alimentaire comme étant une
charge à l’égard de l’époux, seul, est incompréhensible. Et, c’est fondamentalement
erroné. La seule raison de l’existence d’une telle obligation a été le principe de la
Quiwamah comme c’est déjà précisé. Un principe déjà abandonné par la Moudawana.
La code de la famille de 2004 avait comme philosophie de consacrer une
égalité, de concrétiser ce que le peuple a toujours convoité : une égalité des époux,
qui n’est qu’un effet d’une sollicitation plus large : l’égalité des femmes et des hommes.
L’égalité doit alors se concrétiser dans le Code en entier. La réciprocité doit être bien
consacré en tant que principe.
Certes, de point de vue religieux, l’époux se trouve clairement dans cette
obligation. Mais, le principe de la Quiwamah l’est également, et ça a été pour autant
abandonné, intégralement. Ce qui fait qu’en considération de ces changements
sociétaux, il est impératif d'engager un dialogue juridique et religieux afin de
réexaminer la nature et l'étendue de l'obligation financière de l'époux. Les sociétés
modernes reconnaissent de plus en plus l'importance de l'équité entre les partenaires
dans le cadre matrimonial, ce qui souligne la nécessité d'ajuster les normes religieuses

16 Cass. Chambre des statuts personnels, RACS, 23 août 2011, n°439.


17 Ibid. p. 134.

11
en conséquence. L'abandon de la Quiwamah offre une occasion opportune de
réaligner les obligations financières conjugales sur les réalités et les aspirations
contemporaines, favorisant ainsi une approche équilibrée et équitable des
responsabilités au sein du mariage.
D’autant plus, ledit entretien suscite des interrogations et crée une certaine
ambiguïté quant à l'étendue réelle de l'égalité proclamée. Bien que cette disposition
puisse être interprétée comme un moyen de garantir le bien-être matériel de l'épouse,
elle peut également être perçue comme maintenant une certaine dépendance
économique des femmes vis-à-vis de leurs maris.
La dépendance économique peut entraîner une asymétrie de pouvoir au sein
du mariage, où la partie dépendante peut se trouver dans une position vulnérable.
Cela soulève des préoccupations quant à la véritable égalité des partenaires, surtout
dans un contexte où les femmes aspirent de plus en plus à une autonomie financière
et à une égalité des opportunités dans tous les aspects de la vie.

Chapitre 2. Les solutions face aux insuffisances législatives


De nombreuses décisions judiciaires ont été prises pour ajuster les dispositions
législatives à la réalité du terrain, cherchant ainsi à garantir un maximum de justice
(section 1). Cependant, il nous semble également pertinent d'examiner les
recommandations doctrinales concernant la situation des époux pendant le mariage
(section 2), en particulier dans le contexte actuel du débat social et doctrinal sur la
réforme de la Moudawana après 20 ans d'application. L'ampleur du débat entourant la
réforme, voire sa refonte, après deux décennies d’application est manifeste à travers
la profusion d'écrits et de discussions. Le fait que ce débat suscite autant d'attention
et mobilise autant d'efforts démontre clairement que des lacunes substantielles
existent dans le cadre juridique actuel, notamment quant à la relation entre les
conjoints durant leur union conjugale.

Section 1. Les solutions jurisprudentielles


Ce n’est qu’en se basant sur la pratique jurisprudentielle qu’on peut savoir les
lacunes législatives. C’est la jurisprudence qui nous les révèle. Mais, encore plus, c’est
aux tribunaux du royaume qu’incombe la mission de trouver des solutions. Le rôle des
juges va au-delà de l’application des lois ; leurs rôle est également de compléter le
vide juridique. Pour être plus précis, tant que le juge est dans l’obligation de trancher
le litige, il se trouve, parfois, dans des situations où il doit trouver des solutions même
en cas d’une disposition législative incomplète ou en cas de son ambiguïté.
En doctrine, on fait souvent la distinction entre une jurisprudence de principe et
celle d’espèce. Ainsi, un arrêt de principe se caractérise en tant que décision judiciaire
établissant une règle de droit générale, destinée à être étendue à des situations
similaires. Cette prononciation exerce une influence sur le corpus juridique en vigueur,
se distinguant ainsi de l'arrêt d'espèce dont la portée du dispositif est limitée au litige
spécifique en cours. L'identification d'un arrêt de principe s'opère par la formulation
explicite de ses motifs. Et, dans cette section, on se basera de manière concise sur
des arrêts de principe qui ont trouvés des solutions aux différents litiges concernant,
pour être plus spécifique, les débats à propos de la réciprocité des devoirs et droits
12
entre époux en se fondant sur l’article 51 de la Moudawana, mais également d’autres
dispositions touchant les devoirs et droits des époux durant le mariage.
Le législateur s’est alors clairement basé sur de nombreux arrêts de principe
afin de légiférer et de rendre légales de nombreuses solutions aux différentes lacunes
d’application. Le codificateur marocain ne convoite rien que de consacrer un équilibre
dans les droits et obligations conjugaux, en imposant la charge de les appliquer sur la
justice en tant que garant principale contre tout abus qui peut porter atteinte aux droits
de l’autre18.
La pratique jurisprudentielle nous a révélé que les droits pécuniaires de l’épouse
sont devenus de plus en plus restreints. Notamment du fait que, par exemple, l’épouse
demanderesse d’un divorce judiciaire n’a plus droit à la dot de consolation (Mout’aa),
ou encore l’épouse n’a pas droit à l’indemnisation par rapport à ses contributions dans
l’enrichissement et la fructification des biens conjugaux19. Dans ce cadre la tendance
jurisprudentielle est de ne pas accorder à l’épouse un droit aux biens du mari pour
raison de sa contribution dans le foyer conjugale20.

Section 2. Les solutions doctrinales


Certes la jurisprudence joue un rôle incontestable dans le cadre de l’ajustement
des droits et devoirs des époux durant la relation conjugale, mais c’est également à la
doctrine de trouver des solutions, même hypothétiquement, aux différentes
problématiques d’application des dispositions législatives de la Moudawana. Ainsi,
notre doctrine marocaine est indiscutablement riche, notamment dans le cadre du droit
de la famille, ou même, la relation conjugale durant le mariage, vu la sensibilité du
sujet, et surtout, le poids lourd du droit de la famille, tenant compte de la spécificité de
notre société marocaine, ainsi que la particularité de notre législation qui tente, en vain,
de concilier entre les exigences de modernité et les règles traditionnelles.
Alors, l’obligation à ce que la responsabilité soit partagée est clairement un atout
significatif. C’est dans la mesure où tout ce qu’on a susmentionné à propos de la
confusion des règles islamiques avec le droit coutumier concerne aussi la règle célèbre
selon laquelle la famille est placée sous l’unique responsabilité du mari. Le nouveau
Code, ressuscitant les principes originaires de l’Islam, décrète que la famille est
désormais placée sous la responsabilité partagée des deux conjoints21. Pourtant,
comme c’est bien susmentionné, le législateur tombe dans une contradiction évidente.
C’est dans la mesure où, du point de vue de la structure et de la formulation des
dispositions législatives concernant la codirection des affaires conjugales22, nous
constatons que le texte aborde la responsabilité conjointe des époux. Cependant, à

18 Hassan IBRAHIMI, « les droits pécuniaires de l’épouse, étude des tendances


jurisprudentielles dans le droit de la famille », revue de juridiction civile, 2023, p. 14.
19 Hassan IBRAHIMI, op cit. p. 13.
20 Décision 525, dossier n°251/2/1/2015, publié dans la revue « partage des biens acquis

pendant le mariage à l’égard de la cour de cassation », revue de la cour de cassation, n°29, édition
oumnia, 2018, p. 68-70 (en arabe).
21 Rajaâ NAJI-EL MEKKAOUI, op. cit. p. 144.
22 C. fam., art. 51, al. 3. Cet alinéa énonce « la prise en charge, par l’épouse conjointement avec

l’époux de la responsabilité de la gestion des affaires du foyer et de la protection des enfants » comme
étant l’une des devoirs réciproques des deux époux.

13
travers la phrase qui y est mentionnée, on peut comprendre que la responsabilité
première de la gestion du foyer incombe au mari, la femme ne l’assumant que dans
des cas exceptionnels. D'une part, il apparaît que cette formulation suggère également
que la femme partage cette responsabilité aux côtés du mari, ce qui relève des droits
du mari vis-à-vis de la femme. Alors qu’on est pour autant devant un texte qui consacre
une réciprocité claire.
Ce qui fait que pour pallier les lacunes de cette formulation et son inadéquation
avec le concept de droits mutuels entre les époux et les responsabilités qui en
découlent, il aurait été préférable pour le législateur de reformuler le contenu du
troisième alinéa de l'article 51 de la manière suivante : "Les époux partagent
conjointement la responsabilité de la gestion du foyer et de la prise en charge des
affaires domestiques et des enfants."
De plus, les contradictions qu’on révélait quant à la pension alimentaire est
aussi à rectifier. La raison n’est rien que de consacrer ce que la société civile convoite :
la responsabilité partagée entre les époux. Il est alors essentiel de purifier les règles
erronées qui persistent substantiellement en énonçant que la femme doit être
dépendante à son époux. Surtout qu’on est dans un monde où la femme a intégré le
domaine du travail et qu’elle est désormais une partie prépondérante du
développement durable.

Conclusion :
Somme toute, la dynamique évolutive du droit de la famille au Maroc, orchestrée
par la réforme majeure de la Moudawana en 2004, a considérablement progressé vers
l'établissement d'une réciprocité des droits et devoirs entre les conjoints. L'article 51
de la Moudawana a été un catalyseur essentiel, jetant les bases juridiques nécessaires
pour renforcer le rôle de l'épouse et promouvoir des relations conjugales équitables.
A cause des débats qui s’accentuent quant à la prochaine réforme de la
Moudawana, le législateur se trouve encore une fois forcé à réviser le Code de la
famille qui se retrouve dépassé par les exigences de modernité, et les pressions de la
société civile et les institutions internationales. Dans la même lancée, le discours
royale du juillet 2022 soutient la nécessité d’une évolution des quelques lacunes qui
se sont révélées par l’application des dispositions de la Moudawana de 2004.
Alors que le Royaume se trouve à l'aube d'une nouvelle réforme, il est impératif
de se questionner sur la manière dont cette évolution législative influencera la réalité
des relations conjugales. Comment cette réforme à venir pourrait-elle renforcer
davantage la réciprocité des droits et devoirs entre les conjoints, tout en répondant
aux défis persistents et en reflétant les aspirations d'une société en constante mutation
et avec une spécificité fondamentalement religieuse ?

14
Bibliographie
- Mohamed CHAFI, Droit de la famille au Maroc Traditionalisme et
Modernisme, Marrakech, Imprimerie Papeterie El Watanya,
2021.

- Rajaâ NAJI-EL MEKKAOUI, La Moudawana commentée,


Librairie Dar Essalam, Rabat, 2005

- Rajaâ NAJI-EL MEKKAOUI, La Moudawana, le référentiel et le


conventionnel en harmonie, Tome I, Editions & impressions
Bouregreg, Rabat, 2009.

- Hassan IBRAHIMI, « les droits pécuniaires de l’épouse, étude


des tendances jurisprudentielles dans le droit de la famille »,
revue de juridiction civile, 2023.

15
Table des matières
Partie I. La réciprocité des droits et devoirs conjugaux.. 4
Chapitre 1. L’évolution historique des droits et devoirs conjugaux .................................. 4
Section 1. Les racines islamiques ..................................................................................................... 4
Section 2. Les exigences de modernité ............................................................................................ 5

Chapitre 2. La réforme du cadre juridique du mariage et ses implications sur l’égalité des
époux ...................................................................................................................................... 6
Section 1. La réciprocité : des asymétries réduites.......................................................................... 6
Section 2. L’égalité : une harmonie dans les rapports ..................................................................... 7

Partie II. Le déséquilibre législatif des droits et devoirs


conjugaux ............................................................................ 9
Chapitre 1. Les lacunes d’application du principe de la réciprocité des droits et devoirs .. 9
Section 1. Les lacunes touchant la situation de l’épouse................................................................. 9
Section 2. Les lacunes touchant la situation de l’époux ................................................................ 11
Chapitre 2. Les solutions face aux insuffisances législatives .......................................... 12
Section 1. Les solutions jurisprudentielles ..................................................................................... 12
Section 2. Les solutions doctrinales ............................................................................................... 13

Conclusion : ................................................................ 14
Bibliographie.............................................................. 15

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