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INTRODUCTION
I/ LA REPARTITION DES ACQUÊTS PATRIMONIAUX DANS LES
TEXTES
1/ L’ARTICLE 49 DE LA MOUDAOUANA
CONCLUSION
INTRODUCTION
La genèse de l’idée du partage des biens acquis pendant l’union est apparue
officiellement dans le projet du plan d’action pour l’intégration de la femme dans le
développement PANIFD en 1999, dans un souci d’équité par rapport aux femmes
qui ayant, largement contribué à la constitution du patrimoine familial grâce à leur
travail au sein du foyer et/ou grâce à leur activité professionnelle, se retrouvent
dénudées de tout appui matériel, social ou de renforcement et d’habilitation, elles se
retrouvaient le plus souvent dans une situation de dépendance en cas de
séparation. Cette proposition a suscité de violentes réactions de la part du
mouvement conservateur.
Cet article observe quatre principes à savoir : la séparation des biens qu’est d’ordre
public, la contribution aux fructifications, l’autonomie de la volonté et les règles
générales de preuve.
L’article 49 pose ainsi de multiples questions : Dans quelle mesure, les mariages
contractés depuis l’entrée en vigueur du code de la famille font-ils référence et
intègrent un contrat sur le partage des biens ? Quelle est la nature de ce contrat, sur
quoi porte-t-il ? Comment agissent et décident les juges pour le partage des biens ?
Quels sont les entraves au recours à ce contrat et les difficultés de l’application de
l’article 49 ?
A) L’article 49 de la Moudawanah
Toutefois, les époux peuvent se mettre d’accord sur les conditions de fructification et
de répartition des biens qu’ils auront acquis pendant le mariage. Cet accord fait
l’objet d’un document distinct de l’acte de mariage. Les Adouls avisent les deux
parties, lors de la conclusion du mariage, des dispositions précédentes.
A défaut de l’accord susvisé, il est fait recours aux règles générales de preuve, tout
en prenant en considération le travail de chacun des conjoints, les efforts qu’il a
fournis et les charges qu’il a assumées pour fructifier les biens de la famille ».
Ainsi, cet article annonce certaines mesures qui, si elle est bien appliquée,
atténuerait la rigidité du régime de la séparation des biens.
1. Le référentiel de l’article 49
La règle de contribution au cumul des biens n’est pas étrangère au droit marocain
d’avant 2004. En effet, les termes ( )الكد والسعايةEl Kadd et Si’Ayah étaient d’usage
dans quelques régions du Maroc (Jbala et Souss) et qui ont étaient entérinée par la
jurisprudence. Cette pratique fût appliquée au Maroc par certains juges, au profit de
femmes ayant contribué par leur travail, domestique, agricole, artisanal, au
patrimoine de l’époux, sur la base des fatwas de Ibn Ardoune et de Mokhtar Soussi.
Il est considéré par la jurisprudence marocaine comme un droit réel coutumier (Cour
administrative de Rabat dans le jugement du 15 mai 1997) et appuie de plus en plus
la jurisprudence récente relative à l’application de l’article 49.
Juridiquement ces termes veulent dire : l’acquisition de droits sur les biens
accumulés, en fonction de la contribution de chacun, quand plusieurs personnes
concourent à la fructification de ces biens. Ce sont les droits acquis par l’épouse en
contre partie de son effort déployé et de son travail, au foyer ou à l’extérieur, aux
côtés de son époux dans la période maritale, sans pour autant remettre en cause les
Droits que lui confère la chariaâ et sans porter atteinte à l’indépendance des
patrimoines des époux. Selon les anciens Oulémas cette contribution s’applique à
tous les membres de la famille, mais elle devient plus persistante lors de décès d’un
conjoint ou en cas de divorce.
Par ses règles, ce droit se rapproche de la participation aux acquêts, admise par
certaines législations qui admettent la séparation des biens comme régime
matrimonial entre époux.
En droit musulman le mariage n’a aucune influence sur les rapports patrimoniaux
des époux. Leurs relations patrimoniales sont régies par les règles de droit commun.
Seuls les biens meubles se trouvant au domicile conjugal échappaient à cette règle.
Car, malgré le régime de séparation absolue des biens en droit marocain, la
communauté de vie entraîne une confusion des biens mobiliers se trouvant au
domicile conjugal, biens qui risquent de faire l’objet de contestations soit entre les
ex-conjoints soit entre l’un des époux et les héritiers de l’autre. C’est pourquoi, en
l’absence de preuve certaine de propriété, l’article 39 de l’ancienne Moudawana
avait repris la règle classique du droit musulman, celle de la présomption de
propriété fondée sur la vraisemblance et appuyée de serment2. Mais, la répartition
des biens fondée sur la présomption de propriété profite beaucoup plus au mari qu’à
l’épouse pour ce qui concerne les biens d’usage commun. Car en l’absence de
2 ART.39. En cas de contestation au sujet de la propriétaire des objets mobiliers contenus dans la maison et en
l’absence de preuve certaine, il sera fait droit. Aux dires du mari, appuyés par serment, s’il s’agit d’objets d’un
usage habituel aux hommes ; Aux dires de l’épouse, après serment, pour les objets qui, habituellement, sont à
l’usage des femmes. Si contestation porte sur les marchandises, celle-ci seront attribuées à celui des conjoints
qui aura justifié de son activité commerciale au moyen de preuves. Les objets qui sont utilisés indistinctement
par les hommes et par les femmes seront, après serment de l’un et de l’autre époux, partagés entre eux.
Une première lecture de cet article indique, d’abord qu’il est en parfaite harmonie
avec les autres dispositions allant dans le sens de l’égalité entre les genres et dans
le sens de la protection de la dignité des conjoints, telles que : égalité de l’âge au
mariage entre les filles et les garçons, suspension de la tutelle matrimoniale, égalité
des conjoints en matière de responsabilité familiale, divorce par compensation et
divorce pour impossibilité de vie commune (Chiqa’q), legs obligatoire profite aux
petits enfants de fille au même titre que les petits enfants du côté du garçon.
Ensuite, cet article s’agence avec les valeurs du code la famille et vient pour
confronter le principe de l’égalité entre les époux d’une part et l’élimination des
formes de discrimination qui marquaient l’ancien code d’autre part.
L’article 49 pose trois règles pour la gestion des biens des époux et leur répartition
après la dissolution du mariage, par décès ou divorce :
D’abord, cet article consacre le principe de la séparation des biens entre les deux
conjoints et leur droit à disposer chacun de ses propres biens, « chacun des époux
dispose d’un patrimoine distinct du patrimoine de l’autre ». Le régime des biens des
époux est la séparation des biens. La préservation de l’autonomie matérielle de
chacun des époux est effective dans la mesure où le mariage n’entraine pas
forcément la communauté des biens. En effet, le principe de la séparation des biens
entre les époux reste de mise et l’épouse garde le droit d’administrer et de disposer
de son propre patrimoine au même titre que l’époux ; Ensuite, il ménage un cadre
contractuel, indépendant de l’acte de mariage, pour la gestion des biens acquis
pendant le mariage « les époux peuvent se mettre d’accord sur les conditions de
fructification et de répartition des biens qu’ils auront acquis pendant le mariage. Cet
accord fait l’objet d’un document distinct de l’acte de mariage. Les adouls avisent les
deux parties, lors de la conclusion du mariage, des dispositions précédentes ». La
reconnaissance de la séparation des biens par le droit ne dénie pas pour autant le
droit des époux à conclure un contrat, distinct du contrat du mariage, qui cadre la
répartition des biens acquis par les conjoints durant le mariage, aussi les adouls
doivent informer les époux de ces dispositions au moment du mariage. Enfin, en
l’absence de contrat « il est fait recours aux règle générales de preuve, tout en
prenant en considération le travail de chacun des époux et les efforts qu’il a
accomplis et les charges qu’il a assumées en vue de développement des biens de la
famille ». Il consacre, ainsi, la prise en compte des efforts déployés par chacun des
conjoints et les responsabilités assumées par chacun par rapport aux époux qui
n’ont pas conclu de contrat de gestion des acquis au mariage.
La solidarité familiale : l’article 49 veille à promouvoir une famille centrée sur les
valeurs de la cohésion, de l’entraide et de solidarité, valeurs lourdement menacées
par les différends entre époux en période de divorce.
Eu égard à ces éléments, le juge donnera-t-il à la notion de travail un sens allant
avec l’ouverture du code de la famille ou sera-t-il devant les difficultés et défis posés
par l’article l’amenant à réduire sa portée ?
Le régime de la séparation complète des biens assure en principe l’égalité entre les
époux, cette égalité peut être observée lorsque les deux époux disposent d’un travail
rémunéré, or lorsque l’épouse se consacre exclusivement à la gestion du foyer
conjugal et à l’éducation des enfants, ce régime fragilise sa situation pécuniaire en
cas de divorce, car sa contribution en nature, qui enrichie toutefois le ménage, n’est
pas prise en compte par le droit. Dans ce cas l’égalité formelle ne correspond pas à
l’égalité réelle.
Les réformes récentes introduites au droit de la famille au Maghreb ont tenté plus ou
moins de remédier à cette situation en proposant aux époux l’option pour un régime
facultatif des biens.
Les législateurs des trois pays ont réagi à cette nécessité en prévoyant un nouveau
régime matrimonial pour les époux qui le souhaitent, ainsi ce n’est qu’en 2004 et
2005 à l’occasion des réformes introduites aux codes, que les législateurs marocain
et algérien ont inauguré cette nouvelle voie. Tout en affirmant le principe de la
séparation des biens, les législateurs ont introduit de nouvelles règles permettent
aux époux de partager les biens acquis pendant le mariage. Il incombe à l’officier
public chargé de rédiger l’acte de mariage (en Tunisie) et aux adouls (au Maroc)
d’aviser les époux de la possibilité que leur offre la loi de choisir un régime des biens
différent.
Il existe cependant plusieurs divergences entre les trois pays du Maghreb dans leur
consécration d’un régime matrimonial différent de la séparation des biens.
L’article 49 du nouveau code marocain donne en effet le choix aux époux de recourir
à de nouveaux régimes. Il restreint toutefois le choix des époux en le limitant aux
seuls biens acquis pendant le mariage. Leur accord doit par ailleurs faire l’objet d’un
écrit distinct de l’acte de mariage contrairement au droit algérien et tunisien. Ces
derniers permettent aux époux de mentionner leur choix quant au régime des biens
soit dans l’acte de mariage soit dans un document indépendant de ce dernier.
La Tunisie, en avant-gardiste a adopté dès le 9 novembre 1998, une loi qui régit
exclusivement le régime de la communauté des biens entre époux3. Cette loi est
indépendante des dispositions du code de statut personnel, elle réglemente de
manière claire et détaillé le nouveau régime matrimonial contrairement aux codes
marocain et algérien qui demeurent lacunaires et très sommaires sur cette question,
en effet ils se contentent de signaler que les époux peuvent recourir à un régime
3 Loi n 98-91 du 9 novembre 1998 relative au régime de la communauté des biens entre époux.
L’institution du nouveau régime facultatif des biens traduit la volonté des législateurs
de faciliter la transition vers une véritable famille conjugale coopérative et
associative. En revanche, cette ambition des législateurs se trouve limitée par le
laconisme des dispositions des nouveaux codes marocain et algérien, et par
l’insuffisance des apports de la loi tunisienne.
Les codes marocain et algérien ont passé sous silence plusieurs questions
concernant l’administration, la gestion et la dissolution des biens communs entre les
conjoints. Les silences traduisent les faiblesses et les limites de la nouvelle règle.
La loi tunisienne réglemente en détail le nouveau régime mais révèle dans le fond
plusieurs insuffisances qui risquent de dénaturer et de limiter la portée de ce
nouveau régime matrimonial. En premier lieu le nouveau régime institué par le
législateur tunisien se rapproche en apparence du régime de la communauté
d’acquêts du droit français. Il n’est question que des biens acquis pendant le
mariage et qui ne doivent pas être transférés par voie de succession, donation ou
legs. Contrairement au droit français, l’article premier de la loi tunisienne limite le
domaine de la communauté des biens entre les époux. Seuls les immeubles
tombent dans la communauté. Les biens meubles, les gains et salaires sont de ce
fait exclus d’une manière ambigüe. Néanmoins, la loi permet aux époux de convenir
de l’élargissement du domaine de la communauté à condition d’en faire mention
expresse. En suite, il faut noter que tous les immeubles ne sont pas concernés par
la communauté des bines, seuls ceux destinées à l’usage familial ou à l’intérêt
propre a celle-ci tombent dans la communauté. C’est une restriction qui manque de
clarté, le législateur limite ainsi d’une manière excessive et injustifiée la communauté
des biens des époux, il réduit l’intérêt familial au seul logement occupé par les époux
entant que domicile familial.
Au demeurant, l’institution d’un régime matrimonial autre que la séparation des biens
bascule les traditions et apporte un souffle nouveau dans les relations pécuniaires
des conjoints sans pour autant être incompatible avec l’Islam. En maintenant le
régime légal de la séparation des biens et en introduisant un nouveau régime, le
législateur a réussi un compromis entre la tradition juridique islamique et la
recherche de l’innovation. Le partage des biens entre les époux assurera non
seulement l’égalité entre eux mais surtout l’équité et la justice.
La communauté de biens est le régime du mariage parfait. Les deux époux n'ont
plus qu'un seul patrimoine à part les objets personnels, ce régime réunit les biens du
mari et ceux de la femme en un tout qui appartient aux deux en copropriété et dont
ils ne peuvent disposer qu’en commun. Il n’est plus question de part de l’un et part
de l’autre, mais seulement de biens communs. Cette communauté de biens générale
peut toutefois être limitée par contrat de telle sorte que la communauté ne s’applique
qu’aux acquêts. Il est possible aussi d’exclure de la communauté certains biens tels
que bien-fonds, exploitation commerciale ou même revenu du travail d’un époux.
Dès
que l’on s’écarte de la communauté de biens générale, il y a automatiquement des
biens propres que chaque conjoint gère séparément et dont il peut disposer
librement. Ce régime est favorable à la protection du conjoint, mais il présente
l’inconvénient de la solidarité des époux envers d’éventuels créanciers. [Wolfgang,
2010]
Dans l’ancien droit du mariage, l’union des biens était le régime matrimonial normal
ou légal. Il n’est plus envisagé par le nouveau droit. Les époux mariés sous le
régime de l’union des biens ont eu la possibilité de conserver ce régime en
Malgré les nouvelles mesures apportées par la réforme autorisant les époux à
annexer à leur acte de mariage un contrat additif, gérant les aspects patrimoniaux de
leur relation. Rares sont les couples marocains qui négocient un contrat de mariage
dans lequel chaque conjoint impose ses conditions. Depuis 2004, peu de nouveaux
mariés recourent au contrat de partage de biens acquis pendant le mariage. En
2015, sur plus de 301.000 actes de mariages, on note uniquement 611 contrats. En
2016, uniquement 123 couples ont recouru à cette disposition. Ce chiffre est de 538
en 2017 et 143 en 2018. L’ignorance de l'existence de ce type de contrats, les gênes
et tabous à discuter de l'argent dans les relations matrimoniales naissantes
expliquent à coté d’autres facteurs ce faible poids.
1. Etat des lieux : partage des acquis du mariage, droit sous utilisé
Pour mieux appréhender les chiffres inhérents au partage des acquis du mariage, il
est important de se référer à ceux relatifs au mariage et aux accords entre conjoints
portant sur la gestion des biens acquis pendant la durée du mariage. Contrairement
aux rumeurs développées sur l’impact potentiel négatif des nouvelles dispositions du
code de la famille sur l’évolution du mariage, les chiffres montrent que les contrats
de mariage conclus sont nettement en évolution.
En contrepartie, les cas relatifs à l’article 49, traités par la justice, restent très limités
et se comptent selon les propos des juges. Les jugements restent très variables
Bien que le législateur ait essayé d’innover en matière de partage des acquêts,
l’article 49 du code de la famille pose une série de problèmes inhérents à son
appréhension par la société et par les professionnels.
Dans la plupart des cas, les couples ignorent même l'existence de possibilité d’un
contrat aditif de mariage. Ils sont souvent surpris quand on leur demande s'ils
veulent annexer à leur acte de mariage un contrat stipulant des clauses qu'ils
définissent eux-mêmes.
Il est un autre fait qui se rapporte à l’éducation reçue, basée sur la division sexuelle
du travail traditionnelle et au statut social de la plupart des femmes qui se marient,
du fait que la majorité de ces dernières sont des femmes au foyer, et donc,
n’exercent pas un travail à l’extérieur, elles ont tendance, elles et leurs familles, à
renoncer à mettre en œuvre la proposition du Adel, et acceptent dès le départ leur
dépendance économique à l’égard de l’époux. Cette tendance est soutenue d’autant
plus par le peu d’importance que la culture et la société accordent au travail
domestique en tant que contribution économique et social dont bénéficie, non
seulement la famille, mais la société dans son ensemble.
En fait, plusieurs femmes n’ont pas encore pris conscience, qu’étant même «
femmes au foyer », elles ont le droit néanmoins de revendiquer, à partir même de
cette position, leur part des biens familiaux.
De même, par rapport à des femmes qui ont fait recours au dit article, elles ont
manifesté certaines difficultés de trouver des avocats désireux de prendre en charge
leur requête, compte tenue de la difficulté de constituer un dossier solide et soutenu.
La constitution des preuves confirmant la part prise par la femme dans la
fructification du patrimoine familial est un défi de taille. Entre la mobilisation des
L’article 49 stipule que la femme doit recevoir des droits selon sa contribution.
Certains magistrats limitent cette contribution à la composante matérielle, alors que
d’autres y incluent également la composante physique. D’ailleurs, le concept « d’el
Kadd Wa Sia’ya » incite à compenser l’effort physique de la femme. Il peut être
estimé en prenant en compte la durée de mariage et la différence en termes de
biens acquis entre le début du mariage et le moment du divorce.
Cependant, la difficulté majeure réside dans l’apport de preuves, soit pour démontrer
que les biens accumulés l’ont été après la conclusion du contrat de mariage, soit
pour estimer la proportion de la contribution féminine à l’accumulation de ces biens «
familiaux ». Lorsqu’il s’agit du partage des biens entre les époux en instance de
divorce ou de l’estimation de la part qui revient à la femme des biens et propriétés
qui se sont accumulés tout au long de la durée du mariage, le tribunal dans
l’absence de critère d’évaluation recourt aux règles générales de preuve, que ce lui
qui prétend la propriété d’un bien le prouve, et parfois, aux services d’un expert-
comptable. En effet, il est difficile de prouver la contribution de chacun des époux
dans l’accumulation des biens même dans les cas où tous les deux travaillent hors
du foyer. La raison à cela c’est que la femme travaille, souvent, sur deux fronts,
interne et externe, et utilise, elle aussi, son salaire pour subvenir aux besoins de sa
famille. Elle apporte ainsi, une contribution productive qui épargne au mari le recours
à un travailleur salarié. Aussi, l’homme, plus que la femme, a tendance à enregistrer
tous les biens acquis par le couple en son nom propre. A cela s’ajoute le fait que
même des femmes instruites et fonctionnaires négligent d’établir un contrat de
partage des biens au moment du mariage. Il arrive ainsi que des femmes finissent
par tout perdre y compris leur capital initial qui a servi de point de départ à la fortune
familiale.
D’autre part, un autre problème surgit relatif à l’enquête qui doit être menée pour
amasser les preuves et cumuler les informations fiables sur le parcours et le vécu
des deux conjoints, le tribunal n’entreprend pas systématiquement d’enquêtes visant
à déterminer avec précision l’ampleur et la véracité d’une telle participation. En fait le
seul propriétaire que reconnaît le tribunal est celui dont le nom figure sur les
documents de propriété. Or, vu la nature patriarcale du pouvoir au sein de la famille
marocaine, les biens familiaux sont souvent enregistrés au nom des hommes. Le
tribunal reconnaît à la femme le droit de bénéficier d’une partie des biens, et ce, sur
la base d’une estimation globale de sa contribution aux biens accumulés pendant le
mariage. En outre, la mise en ouvre de cette enquête, exige aussi bien une
formation spécialisée que des techniques appropriées pour la collecte des données.
Les juges rencontrent des difficultés pour évaluer le travail domestique des femmes
au foyer, c’est un problème complexe et difficile à traiter. En effet, contrairement aux
autres pays développés où le travail domestique de la femme est relativement
reconnu, et parfois même rétribué, au Maroc, ce même travail n’a pas encore reçu le
statut d’une activité productive et utile pour le développement du pays. L’estimation
par le juge de la contribution des femmes au foyer, pose actuellement un problème
réel. Mais le fond du problème reste, sans doute, la définition de critères objectifs à
même de permettre une évaluation crédible de cette contribution à la richesse et au
bien-être de la famille.
La cour d’appel d’Agadir dans son arrêt n°285 en date de 27/05/2003 a considéré
que la plaignante n’a pas pu produire les preuves de sa contribution par son
assistance à son mari en sa qualité d’avocat, étant donné que le travail de son mari
nécessite des compétences professionnelles et des expériences pratiques rendant
ainsi ses revendications infondées.
La fréquence des cas de litige devant les tribunaux, en matière du partage des biens
acquis pendant le mariage nécessite une action aussi bien de la part du ministère de
la justice que de la société civile, d’abord, pour clarifier les dispositions de l’article 49
aussi bien dans son volet concernant le contrat sur les biens que dans celui qui
concerne la problématique de la preuve de la contribution de la femme à
l’enrichissement de la famille. Ensuite pour renforcer la sécurité juridique et la
prévisibilité des décisions judiciaires et leur harmonisation.
Pour une meilleure application de l’article 49, des propositions peuvent être formulés
comme suite :
Concevoir et diffuser des modèles de protocole de partage des biens, pour limiter
les effets des considérations psychologiques, sociologiques et culturelles qui
freinent l’adhésion du couple au principe de contractualisation au moment de
la conclusion du mariage. Il est nécessaire de s’inspirer des lois et des
procédures des pays où le dispositif a fait ses preuves.