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ERA BOUTS
DERA
MOUNTANHO ILLUSTRADO
SEN-GAUDÉNS
EMPÍÍÍMARIO E LIBRARIO ABADIE
1909
S OUMARI
A LOMBEZ ET A SAMATAÍ
Les 5 et 6 Septembre 1909 "'
/
Ci P.O.
BÈZiERS
Hèsto è Jocs-Flouraus
dera « 'SCOLO DERAS PIRENÉOS »
A LOUMBÈS È Â SAMATAN
ES 5 È 6 DE ^ETÉME \ÇOg
A) PREMIÈRE PARTIE
\
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358. Abbé (Pierre-Dominique) MENVIELLE, curé de Cadéac, v. d'Aure
(H.-P.), (présenté par M. l'abbé Marsan).
359. LAZERGES (Louis), étudiant à Labastide de Sérou (A.) [M, —
Présenté par M. F. Escaich].
360. RENAUD (Ernest), rentier, à Esténos (H.-G.), par Saléchan
(H.-P.) (Présenté par M. L. Croste).
361. LAFAGETTE (Raoul), lauréat de l'Escolo, publiciste à Foix [M.].
362. BOUQUIER (Louis), lauréat de l'Escolo, de Puysserguier (Hérault),
57, r. Victor-Hugo, Levallois-Perret (Seine).
363. Abbé BENTURE, lauréat de l'Escolo, de Navarrens (B. P.), curé
d'Aydius, par Bedous, v. d'Aspe (B.-P.).
364. LABORIE (G.), de l'Isle en Dodon (H.-G.), membre de l'Escolo
Moundino, 33, r. Raymond IV, Toulouse [M.].
365. BOIRE (Ferdinand), prop. à Léran (Ariège), fondateur et Prési-
dent général de l'Avenir du Prolétariat. 8, r. Pernelle, Paris
(ive). (Présenté par M. E. Ribet).
366. MAS (Emile), lauréat de l'Escolo, 63, avenue de Bédarieux,
Béziers (Hérault).
367. BÉCANNE (Philippe), docteur en droit, Lombez (Gers) [M]. (Pré-
senté par M. l'abbé Daubian).
368. LACOME, docteur médécin, conseiller général, Maire de Samatan
(Gers) [M.] (Id.).
369. PRIVAT (Jean), à Simorre (Gers), [M], (Id.)
370. DUPLANTÉ MARCEILLAC (Bertrand), à Cologne (Gers), [M.],
(présenté par MM. Lavergne et l'abbé Daubian).
371. BRUNET (Firmin), directeur de l'Ccole libre à Samatan (présenté
par M. l'abbé Dambielle).
372. TROYES (Ludovic), avocat, à Samatan (présenté par MM. F.
Troyes, l'abbé Dambielle et B. Sarrieu).
"373. F.u .iE {Justin), ancien député du Gers, à La Bastide-Savès, par
Samatan (présenté par M. l'abbé Dambielle).
374. DE ROBINEAU, notaire à Samatan (présenté par MM. l'abbé
Dambielle et de Bardies).
375. LACAZE, pharmacien à Samatan (pr. par M. l'abbé Dambielle).
376. Abbé BAYLAC (Albert), curé de Noilhan, par Samatan (Id.).
377. AbbéFOUBCADE (Marc), curé de Sarraguzan, par Miélan (Id.).
378. REY (Henri), électricien, à Lombez (présenté par MM. l'abbé
379. REYNE (Gustave), lauréat de PEscolo, 1, Quai de la Joliette, hôtel
des Services Publics, Marseille (R. du Rhône).
Dambielle et B. Sarrieu).
380. BORDES-PAGÈS (Auguste), médecin-major, à Bayonne (B.-P.)
(Fils du savant docteur ariégeois. — Présentépar M. V. Bardou).
381. Abbé SALIES (Auguste), vicaire à Boulogne-sur Gesse (H.-G.)
(présenté par M. l'abbé Dufor).
382. CASTEX (Emile) Félibre lauréat, au château du Mailh, par Gondrin
(Gers), (présenté par M. B. Sarrieu).
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C'est par erreur que Mlle J. de Chasteigner et M. l'abbé Servat ont
pu être considérés comme démissionnaires. — M. A. Lavergne, vice-pré-
sident de la Société Archéologique du Gers, désire compter désormais
comme Membre actif ; nous l'en remercions vivement.
Espérons que le N° présent augmentera encore notre nombre. — Nous
avons malheureusement à déplorer le décès de quelques-uns de nos bons
Confrères, notamment de M. Albert TOURNIËR, député de l'Ariège,
Félibre Majorai (voir ci-après).
1) Composition du Bureau.
La première concernait le Renouvellement du Bureau, nommé en 190G
pour 3 ans, et soumis par conséquent à réélection. Mais, avant de décla-
rer le scrutin ouvert, M. de Bardies, président de l'Escolo, propose au
nom du Bureau à l'Assemblée générale, compétente à cet égard (Art. 9 des
Statuts), de modifier légèrement l'Article 10 concernant la composition
du Bureau lui-même. L'expérience a montré qu'il y a avantage à réunir
dans les mêmes mains les fonctions de Secrétaire et celles de Trésorior.
En revanche, il peut se faire que le Secrétaire-Trésorier se trouve empêché
ou ne puisse à un moment donné faire face à toutes les charges qui lui
incombent; il est donc bon de nommer un Secrétaire Adjoint. Le Bureau
propose, en conséquence, de modifier comme suit l'Article 10 des Statuts :
Art. 10. Le Bureau général est élu au scrutin secret, pour 3 ans, par
l'Assemblée générale. Il est composé d'un Président, de trois Vice-
Présidents représentant chacun l'une des trois sections de l'Ecole, d'un
Secrétaire-Trésorier et d'un Secrétaire-Adjoint. — Le vote par ojrres-
pondance est admis pour cette élection. ^
— L'Assemblée générale adopte à l'unanimité cette légère modification,
2) Renouvellement du Bureau.
Ce vote étant acquis, le Bureau sortant croit pouvoir faire remarquer à
l'Assemblée que, à la suite de la mort du savant et regretté abbé D. Cau-
Durban, deux autres Membres du Bureau, MM. A. Teulié et B. Sarrieu,
ont bien voulu se charger, pour 1909, le premier des fonctions de Vice-
Président pour le Couserans, le second de celles de Secrétaire-Trésorier ;
ils les accepteraient encore pour les années suivantes. D'autre part,
M. J.-M. Servat, de Massât, plusieurs fois lauréat de l'Escolo, accepterait
les fonctions de Secrétaire-Adjoint.
L'Assemblée, consultée, nomme à l'unanimité la liste ainsi proposée
par le Bureau sortant. M. le Président la remercie de cette marque de
confiance. Le Bureau de l'Escolo est donc ainsi composé, pour les trois
années 1910, 1911 et 1912:
Président: M, L. de Bardies, Maire de Soulan, par Aleu (Ariège),
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Vice-Présidents :
1. Pour le Haut-Comminges : M. l'abbé Y.D. Dufor, ancien professeur,
ancien aumônier militaire, curé de Labarthe de-Rivière (H.-G.).
2. Pour le Bas-Comminges: M. l'abbé B. Daubian, (de Boulogne),
H.-G.), Curé de Villefranche-d'Astarac, par Simorre (Gers).
3. Pour le Couserans: M. A. Teulié, Officier d'Académie, Directeur
des Écoles de Lédar, à Saint-Girons (Ariège).
Secrétaire-Trésorier : M. B. Sarrieu, Ancien Élève de l'École Normale
Supérieure, Professeur agrégé de philosophie au Lycée, 8, Place
Du-Bartas, Auch (Gers).
Secrétaire-Adjoint: M. J. M. Servat, Officier d'Académie, Pharmacien
lauréat, à Massât (Ariège).
— Le Représentant de l'École à Paris est M. L. Barbet, d'Aventignan
(H.-P.), 7, rue de Ponthieu, Paris (VIIIe), ou 23, rue de Saint-Cloud,
à Ville-d'Avray (Seine).
A A
LA REINO L'ESGOLO
DELAS
- , r- . DERAS
DE LOIWBEZ PIRENEOS
Allocution de M. de Bardies
Président de l'Escolo
per. Rèino des Jòcs Flouraus de Loumbez. Nostro prumèro Rèino que
houe Madamo 'ra Countésso d'Antras, à Luchoun ; era segoundo Made-
maisèlo de Terssac, h Sént-Girouns ; era troisièmo, Madamo Filadèlfo
de Gèrdo, à Barbaza 1 ; de toutos que counserbam un agréable e fidèle
soubenir. Que counserbaram certènomént un parélh soubenir de bous,
Madamo, e que bous remerciam pla d'abé counsentitch à quita bòste bèt
caslètch det bosc de Labusquièro enda béngue présida nòstros hèstos.
Que bous saludi atnoumdes Félibres det Couménges e det Couserans dam
bòstros bèros Damos d'aunou ! (Applaudissements).
Allocution de M. Bécanne
Maire do Lombez
Madame,
Après le sympathique et distingué Président de l'Escolo deras Pirenéos
je suis heureux d'être le premier à vous souhaiter la bienvenue, et je
vous remercie de l'honneur que vous nous faites en venant présider cette
fête des fleurs. Nulle, mieux que vous, ne méritait ce titre de reine de
Lombez, et ne saurait le porter avec plus de grâce et plus de charme.
Aucun autre choix n'aurait su toucher aussi profondément l'âme des
Gascons. N'avez vous pas droit de cité chez-nous, Madame, de par vos
traditions de famille et le bien que vous et les vôtres avez fait sans
compter? Chacun sait que votre cœur et votre intelligence s'associent à
toutes les nobles causes. En vous choisissant comme leur Reine, les Féli-
bres ont mis à leur tête une Muse nouvelle, qui saura inspirer aux
Troubadours gascons leurs chants les plus beaux, et donner à leur poésie
un nouvel essor.
Monsieur le Président, je sais avec quelle intelligence et ([iî?.dévoue-
ment vous vous intéressez aux travaux et à la prospérité de l'Escolo deras
Pirénéos. L'œuvre que vous poursuivez n'est pas seulement une œuvre
littéraire. J'y vois une pensée plus généreuse et moralisatrice. En faisant
revivre notre vieil idiome, en encourageant par vos concours nos popula-
tions rurales, vous les rattachez plus étroitement au sol natal et vous
resserrez les liens de la petite patrie en fortifiant l'amour de celle qui
nous est chère à tous : la France...
Laissez-moi vous remercier de l'honneur que vous nous faites, en
tenant à Lombez votre réunion félibréenne de 1909.
Votre présence parmi nous évoque les glorieux souvenirs de notre
histoire locale, le Lohnbez des Evèques et de Pétrarque.
Des siècles ont passé depuis le jour où le grand poète italien, las de
vivre et d'aimer,vint, dans notre petit coin de Gascogne, chercher en vain
1. Seule, M,u" de Terssac se trouvait là, à la droite do la Reine, M»"» d'Antras et Phi-
ladelphe étant en deuil.
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le repos du cœur. Il parcourut la France des Alpes aux Pyrénées,
et débarqua à Toulouse, un premier Mai, pour assister à la Fête des Fleurs
au « Collège de la Gaie-Science », qui devint trois siècles plus tard
l'Académie des Jeux Floraux. L'histoire ajoute qu'il arriva à Lombez en
juin et y passa l'été.
Votre visite serait-elle un heureux présage? et notre petite ville
va-t-elle voir revivre les jours heureux d'antan ? Je le désire pour faire
mentir le malin proverbe :
Réponse de la Reine
MADAME LA MARQUISE DE PINS
Monsieur le Maire,
Je me-Fëjoïïîs que mon titre de reine me donne l'occasion d'être reçue
par un ami, dans cette chère et bonne ville de Lombez berceau de ma
famille.
Tout ce que vous dites va à mon cœur, j'en connais la sincérité,
les liens de l'amitié ayant toujours existé entre nous.
Monsieur le Président,
2. — La Table et le Menu
Toasts e brindes per mous regala l'esprit après mous aué regalat le cors
E aro, aprestas-bous à pla nhaca,
que sera bouri, bousprouméti...
Le menu tient en effet parole. Bientôt arrive le moment des toasts, qui
se succèdent comme on va le trouver ici, et que nous avons avons essayé
de rendre aussi exactement que possible.
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3. — Toasts ou « Brindes »
Toast de M. de Bardies
Président de l'Escolo deras Pirenéos
Mesdames, Messieurs,
Permettez à un vétéran de notre chère « Escolo » de porter la santé
des trois membres qui l'ont généreusement gratifiée de trois prix spéciaux.
Et, d'abord, notre sympathique et distingué Président a offert, vous le
savez, une pervenche d'argent à l'auteur du meilleur sonnet gascon en
l'honneur de ['Arbre, ce géant de la nature, dont l'ombre est si douce et
le bois si nécessaire à l'homme, lyre des vents et berceau des chantres
ailés, qui a inspiré à nos aèdes idylliques des pensées gracieuses et
présentées avec délicatesse.
Honneur et reconnaissance à notre éloquent confrère, M. Lizop, pour
avoir mis en avant l'idée de glorifier l'arbre ; à M. le baron de Bardies,
l'àme toujours en éveil de plusieurs Sociétés régionales, pour y avoir
attaché, comme une croix d'honnenr sur une poitrine de brave, une
pervenche d'argent, enjeu de ce tournoi poétique ; aux concurrents, pour
avoir brillamment combattu autour de ce radieux emblème de notre
fraternité félibréenne, tels autrefois les lutteurs des jeux olympiques
autour des couronnes d'olivier. Honneur, enfin, à l'heureux vainqueur qui
a su de haute lutte remporter la victoire !
Toast de M. R. Iiizop
Délégué de la Fédération Régionaliste Française
1. A lire les vers admirables de Boileau (Art poétique, II, v. 58-7-2). — 2. Autre forme
du mot guivra (de ' vipera) % guivre, dragon fabuleux ».
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de vostro Gascounho, per nostro génto e noblo Rèino d'auèi e per las
nôstros rèinos de Barbazan e de Sen Girouns na Filadèlfo de Gèrdo è na
Urbanlo de Terssac, per las dònos e les troubaires de Couménges e de
Couserans, per las vilos bessounos de Samatan e de Loumbez. e pel gran
soulélh de la Patrio que nous assadoulo de gaietat, de pouesio e de
valénço ! (App'audissements).
Allocution de M. F- Artigue
Mesdames, Messieurs,
Je ne veux pas vous faire un discours, après tous ceux que vous venez
d'entendre, mais puisque M. l'abbé Dufor a eu la trop grande amabilité de
me mettre en cause, permettez-moi de vous dire que je suis très sensible
au toast qu'il m'a porté, et aux remerciements qu'il m'a adressés pour les
récompenses que j'ai offertes à l'Escolo deras Pirenéos.
Je m'intéresse vivement à la régénération de la langue d'oc, parce que
c'est la première que j'ai apprise, et je lui dois, en conséquence, des
encouragements.
Cette année, j'aurais été particulièrement heureux de voir décerner la
Médaille d'or à la plus belle ode qui nous aurait été présentée, et il semble
que la fête de ce jour y eût gagné en éclat et en importance. Mais deux
compositions seulement nous été envoyées, dont l'une, en français, s'exclu-
ait d'elle-même, et dont l'autre, comme la première d'ailleurs, était mani-
festement insuffisante. Nous avons donc dû réserver le prix qui, je l'espère,
sera mérité l'an prochain.
En outre, j'ai pensé à attribuer, en 1910, une récompense en faveur du
meilleur poème sur la Montagne.
La montagne, vous le savez, a donné son nom à notre Revue, elle en
illustre la couverture, et, à titre de Membre du Club Alpin, je lui devais
de ne pas l'oublier au milieu de nous.
Je lui suis redevable de joies très vives, et beaucoup lui reconnaissent
le don de leur faire oublier les vicissitudes de la vie, cor la passion des
hautes cimes est la grande guérisseuse des blessures de Pâme.
A ce sujet, permettez-moi-une digression :
J'étais naguère délégué par la Section des Pyrénées Centrales du Club
alpin français, pour la représenter, le 25 juillet dernier, à l'inauguration
du Chalet-Refuge d'UU-de-Ter, situé à 2325 mètres d'altitude, dans les
Pyrénées catalanes.
Dès le 24, les plus zélés, M. le Comte de Saint-Saud et moi, nous nous
rendîmes à Camprodon, lieu de rassemblement des Catalans, où nous
fûmes reçus chaleureusement, comme il convenait dans ce pays d'enthou-
siasme, d'originalité, de pittoresque, de respect des traditions, et surtout
de bonne hospitalité.
Sur la place publique, un grand bal fut organisé ; deux ou trois cents
exécutants ou exécutantes dansèrent toute la soirée la Sardane, aux sons
d'une musique entraînante, et à la Mairie, richement pavoisée, une récep-
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tion eut lieu, où nous entendîmes, outre des chants catalans, les paroles
de bienvenue de M. le Maire de Camprodon, du représentant du Maire de
Barcelone, et de M. Torras, Président du « Centre excursionista de Cata-
lunya », la plus importante des Sociétés pyrénéistes.
Le lendemain, 75 alpinistes, venus de Paris, de Bordeaux, de Barce-
lone et d'ailleurs, dont plusieurs dames et jeunes filles, étaient présents
au banquet d'Ull-de Ter, et ce chiffre paraîtra d'autant plus imposant
qu'il ne faut pas moins de 10 heures, à pied ou à dos de mulet, par la
route praticable la plus voisine, pour y arriver.
En outre, deux ou trois cents personnes étaient accourues des deux
versants des Pyrénées, pour ajouter à la manifestation.
Enfin un lâcher de cent pigeons eut lieu au stmmet, et la nouvelle de
l'ouverture du Chalet-Refuge fut ainsi portée dans toutes les directions.
Vous voyez que les Espagnols font bien les choses, et c'est peut être en
vain que nous chercherions en France un pendant a cette cérémonie, une
inauguration de Chalet de haute cime aussi imposante, sans compter que
l'achèvement de cette construction, la plus confortable de celles qui exis-
tent dans les Pyrénées, à pareille altitude, fuit grand honneur au
" Centre excursionnista de Catalunya", et a valu à son président le titre
de membre honoraire du Club Alpin français, qui lui a été décerné par la
Direction centrale de Paris.
Eh bien! j'ai pensé qu'à PEscolo daras Pirenéos, nous devions aussi
glorifier la Montagne, non pas en élevant des monuments sur. les cimes,
mais en ciselant des vers en leur honneur.
Voilà pourquoi, Pan prochain, en outre de la Médaille d'or qui sera
décernée à l'ode la plus méritante, un Edelweiss en or sera attribué a la
plus belle poésie sur la Montngne.— J'espère que les concurrents seront
nombreux, qu'ils nous présenteront deux chefs d'oeuvre, et que nous pourrons
ainsi leur attribuer les deux récompenses. ( Vifs applaudissement-)
aquét pijounas te dècho caije s'ou capèt de l'un dous moussus... coumo
que dise acò ?... caucoumét que n'èro ni coeit ni cru, ni mémo boun à
cose! (Rires) « Canalho de pijoun ! ça dits Tome, n'as pas dejunat à
l'espitau ! » D'èro mémo, à-n-aquét malur, la léngo doufranchimant s'èro
tournado bira decap au gascoun. Aquét pijoun, de sigu, qu'èro un pijoun
felibre ; e se lou sentimént lou partichèuo pas dou cor, que hazèuo praco,
à sa faiçoun, ôbro felibrénco, e que eau pourta sa santat ! (Rires).
Mès que la porti, per dessus tout, à-n-aquéts Gascous que soun esper-
recats un pauc pertout, en Franço e à l'Estranjè ; que ne soun pas de
VEscòlo deras Pirenéos ni de VEscolo Gastou-Fébus, mès que s'an pas
desbrembat la léngo mairano. E, s'ac eau tout dise, que hèi lou souhèt
que troben, slon doun slon, cauqueauzerot de praci, pijoun ou Bouts dera
Mountanho ou Reclams, que lous hasco bremba que soun Gascous de
Gascounho, e que nat parlà, enta-u plasé coumo enta la péno, nou bau lou
parlà gascoun ! ( Vifs applaudissements)
Toast de M. B. Sarrieu
Secrétaire-Trésorier de l'Escolo deras Pirenéos
4. — fin du Banquet
Chant de la « Coupo-Santo »
par M. R. Lizop
OUMATJE
à Maetes»® la Marquis© d© Pîns
Reino des Jocs-flourals
par M. F. Escaich, porU-bannière do l'Escolo
Mais soun pai le Patùès, que 1' téns jamais nou 'squicho,
Des franchimants buto 1' rebént;
Dins lour parla Jasmin, Mistral fen emistichos
Coumo Sarrieu, noste sabént.
I
Ma muso debans bous, bèro damo, s'etsalto
Quan pénsi qu'es bostis aujols,
Jagants bardats de fer, pregabon Diu à Malto
Tout batalhan la crouts en col.
( Vifs applaudissements !)
Parla de La Baslido de Serou (A)
Sur l'estrade qui leur a été préparée, la Reine, ses dames d'honneur,
M. le Maire, le Bureau del'Escolo et plusieurs notabilités delà ville pren-
nent place. On ne retrouve point ici le charmant et original coup d'oeil
que nous offrirent, à Saint-Girons, les costumes rougeàtres ou d'un blanc
éclatant des Bethmalaises et des Massatoises : le Bas-Comminges a laissé
perdre son costume local, i l'exception pour les hommes, du béret gascon,
mêlé au large chapeau de feutre toulousain, et de la vieille blouse gauloise,
et pour les femmes d'un foulard posé gracieusement sur la tête et imitant
quelque peu le haut d'un capulet. Il n'est pas dit que quelque jour nous
ne pourrons point restaurer et remettre en vigueur à cet égard les vieux
usages commingeois, mais il y aura sans doute assez à faire.
En revanche, à Lombez plus que partout ailleurs (sauf peut-être encore
à Saint-Girons), nous avons eu vraiment affaire à un auditoire populaire.
Plus de 700 personnes, bourgeois, paysans et travailleurs, assistent (assis
ou debout) à la séance, — sans compter les enfants, très nombreux, et
même trop bruyants : excusons la vivacité du sang gascon. Malgré un
vent parfois un peu violent, le temps est assez favorable. Beaucoup de
nos compatriotes, qui ignoraient ce que c'est que les Félibres, auront
assez bien entendu les discours félibréens et régionalistes du début, puis
le rapport sur le Concours et le palmarès de nos Jeux Floraux, enfin la
lecture de quelques pièces récompensées, et seront certainement repartis
instruits du programme félibréen et de l'œuvre de l'Escolo deras Pirenéos.
1. Discours félibréens
relie entr'eux tous les Gascons de l'univers dans le charme des souvenirs
communs du pays d'origine et dans la fraternité des sentiments.
Oh ! la tache est aisée maintenant ; cette année a vu l'apothéose de
Mistral ; on lui a rendu des honneurs inouïs ; l'Académie Française, dont
il a refusé de faire partie, a envoyé des délégués assister de son vivant à
l'inauguration de sa statue. Paris a enfin reconnu la langue méridionale,
et un Institut des langues romanes s'est créé à Berlin.
Notre vice-président du Couserans, M. Teulié, avait pu, en 1905, faire
son discours à la distribution des prix des écoles communales de Saint-
Girons sur l'attachement que nous devons à notre langue provinciale ;
notre éminent secrétaire général, M. Sarrieu, a pu, ces jours-ci faire son
discours à la distribution des prix du lycée d'Auch sur l'enseignement
officiel du gascon.
Donc, aujourd'hui, le gascon est définitivement reconnu comme un des
six 1 grands dialectes de la langue d'oc. Nos efforts tendront à lui conser-
ver sa pureté dans ses divers idiomes et à le maintenir hardiment comme
langue parlée et comme langue écrite. Notre devise restera : Tout pour
la France par la Gascogne ! Toustém Gascous !
(Vifs applaudissements)
Mesdames, Messieurs,
Veni, vidi, vici !
« Je suis venu, j'ai vu, j'ai vaincu ! »
Tels furent les simples mots dont se servit Pompée pour annoncer au
Sénat romain sa victoire définitive sur Mithridate-Ie-Grand : formule
brève, énergique, suggestive comme un télégramme de guerre, à une époque
où fton était bien loin de soupçonner les merveilles électriques de nos
jours. A celui qui demanderait à << 'Ra Scòlo deras Pirenéos » quels ont
été ses origines, ses débuts, n'aurait-elle pas le droit de répondre, elle
aussi :
« J'ai paru, j'ai vu, j'ai vaincu ! »
En effet, la voilà à peine âgée de 5 ans, et déjà près de quatre cents
niteîiecvuels, appartenant à toutes les classes de la société, à l'appel
de sa voix claironnante ont répondu : Présents ! Elle peut être fière de son
bilan. Elle compte : vingt dames, dont cinq ont été reines de ses Jeux-
Floraux ; quatre parlementaires, sénateurs et députés ; huit officiers,
dont deux généraux et deux colonels ; trente-deux magistrats, avocats,
avoués, notHySbs ; cinquante-cinq membres de l'enseignement, public ou
libre ; cinquante ecclésiastiques : grands vicaires, chanoines, curés,
1. Cinq, sion réunit au limousin l'auvergnat, proprement dit, peu cultivé encore ; sept,
si on le compte et si l'on rattache à la langue d'Oc le franco-provençal (Dauphiné du
Nord, Savoie, Lyonnais, Ain, Jura, Suisse romande).
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pour n'avoir point reculé devant l'entreprise si nouvelle — et, disons-le, si
périlleuse — de faire l'éloge officiel de ces malheureux patois qu'on s'achar-
nait à vouloir faire disparaître. Mais vous ne vous étonnerez plus de ce
courage, quand je vous aurai dit que cet audacieux orateur n'est autre que
notre vaillant ami, le secrétaire général d'Era 'Scòlo deras Pirenéos !
Avee quel amour, si vous saviez, avec quelle éloquence, avec quelle
habileté, notre confrère défend « era lévgo mayralo » ! Elle existe,
dit il, elle est une, et, si les circonstances n'en ont pas fait une langue
officielle, « elle rachète l'infériorité relative où la met sa diversité par des
» beautés internes à certains égards supérieures. Le français, l'espagnol,
» l'italien n'ont à leur service, pour ainsi dire, qu'un instrument et ne
» peuvent donc changer de timbre ; l'occitan, au contraire, représente à
)) lui seul tout un concert. Le béarnais, fluide et caressant ; le gascon
f ». proprement dit, fier, énergique, héroïque, surtout dans les montagnes;
)) le limousin, plein de finesse et de distinction ; le montalbanais mignard,
)) l'agenais coulant et le toulousain musical ; l'accent plus rude et plus
» sombre du Haut Quercy, du Rouergue et de l'Auvergne ; le savoyard
)) pittoresque et narquois ; le provençal aux amples sonorités ; le bas-
» jfcguedocien, éclatant et bruyant ; le valencien à la molle douceur, et
» Jncatalia nerveux, aux voyelles indécises, aux finales heurtées, mais
» affx consonnes généralement voisées, y font, chacun à leur poste, leur
» partie et produisent une impression d'ensemble d'une richesse extraor-
» dinaire. Du reste, tel ou tel de ces exécutants, pris isolément, a dans
» sa lyre, plus chantante que celle du français, plus de cordes et de notes
)) que l'espagnol ou l'italien même. Une langue semblable, non seulement
» existe, mais mérite d'être étudiée, ne serait-ce que pour cette variété
» phonique véritablement merveilleuse »...
« Au reste », ajoute l'ardent avocat de la langue d'oc, « si, pourmériter
» Je nom de langue, il ne suffit point de posséder unité, richesse et
D puissance expressive, s'il faut encore avoir fait ses preuves, avoir donné
» part à peu près égale à chacun des cinq grands dialectes, suffira pour
» tout le cours de l'enseignement. »
Si je voulais m'écouter, je citerais le discours tout entier ; mais il faut
savoir se borner. Seulement, avant de descendre de cette tribune,
laissez-moi vous faire une confidence.
Je soupçonne M. le Secrétaire général û'Era 'Scòlo deras Pirenéos
d'avoir eu, en composant son courageux discours, une vision, qui doit lui
avoir laissé un bien doux souvenir. Le Midi, je le crois, lui a apparu et
confié son dépit de se voir si inférieur au Nord par rapport à sa langue.
Notre ami, dont vous connaissez la bonté saus limites et le patriotisme
ardent, lui a fait uu accueil compatissant et l'a vivement engagé à porter
lui-même ses justes réclamations à l'aima mater. Qui sait, même? (si je
fais un jugement téméraire, que Dieu me pardonne !) Etant de la maison,
il s'est offert à l'accompagner, quoique, affirme-t-on, les recommanda--
tions soient défendues... Fier de cet appui, notre Midi se dirige d'un pas
alerte vers le palais universitaire, et de sa main vaillante frappe à la porte.
Aussitôt, la maîtresse du logis apparaît, escortée de la Science, de la
Littérature, des Beaux-Arts. Son aspect sévère, majestueux, lui donne
l'allure d'une reine :
Et vera incessu patuit dea... (Virgile).
Et ici s'engage un dialogue dont je ne garantis pas l'historicité
textuelle :
— « Qui es-tu? » lui demande-t-elle.
— Je suis le Midi de la France.
— « Que me veux-tu ? o
— Est-il juste que tu ignores ma langue d'oc ?
— « Quels sont ses titres ? »
— Comme sa sœur du Nord, elle est fille des deux plus belles lan-
gues du monde : le latin et le grec. C'est à peine si '.lie conserve ,eti%te
quelques rares expressions des divers peuples qui ont occupé temporaire-
ment mes provinces. Elle est parlée, d'ailleurs, par plusieurs millions de
braves Français, qui n'en valent pas moins pour cela.
— « Ses œuvres, ses écrivains, quels sont-ils? »
■— Eh quoi ! s'obstinerait on à vous ignorer, ô magnifique pléïade
d'esprits charmants, qui, du xie au xiv- siècle, m'avez éclairé d'un sillon.;
si lumineux, ~
Poètes enchanteurs, ingénus troubadours
1
J0,
Oui sûtes, les premiers, intéressa' les Grâces,
Et, chantres des plaisirs, chasser l'ennui des cours?
(Béránger).
Faut-il que je rappelle vos noms glorieux, Guillaume de Poitiers, Ber-
nard de Ventadour, Arnaud de Mareuil, Bertrand de Born,•Giraut de
Borneil, Arnaud Daniel, Hugues Brun, Pierre Cardinal, et tant
d'autres, qui, depuis l'épopée jusqu'aux fabliaux, avez eultivé tous les
genres avec tant d'éclat? Peut-on vous méconnaître ainsi, de Garros, Ader,
171
Qu'aimi VagTé/To.
(jti i- 'íuni áfemoura .'
mous acassa decap era gran bilo nèro* tilairo d'ômes, que boui, aué, jou,
surgentot testut de bèt-tens-a, ensenhá-bous un arremèdi san-parelh.
Qu'i trouberats, belèu, et goust dets arroumèts pliés d'amouros ou dera
tòro, coulou de soujo. Brembát-bous, alabéts, qu'uio purgo qu'ei toustém
quaucarrén d'en'hastiable ; tabén, quant on ei deliùrat, et tint que
cambio, er' estoumac que s'aleujerls, et particuliè qu'ei bien pourtant.
Escoutats dounc era counsulto ! Emprumè :
/
175
Discours de M. R. Liizop
Professeur d'Histoire, Délégué de la Fédération Régionalisé Française
Mesdames, Messieurs,
Le geste par lequel le Midi tout entier vient, en ce printemps de 1909,
de faire en sa cité d'Arles une inoubliable apothéose à l'empereur du
Soleil, a mis l'œuvre félibréenne, notre œuvie à tous, au premier plan de
l'actualité. De tous les points du monde civilisé, les acclamations ont pris
leur vol vers celui qui, dans un siècle de nivellement et de matérialisme,
a voulu, par un miracle prestigieux, rendre la vie à une langue, à une
littérature, à une race. Et cependant, nous tous Félibres méridionaux, à
qui cr^oucert unanime arracherait volontiers le cri de Pascal : « Joie, joie,
pleuré de joie », nous sentons se mêler à cette joie une secrète tristesse.
Au ^ii'toenjLoù l'étranger étudie avec passion, dans ses universités,
nos iitteratltes méridionales d'autrefois et d'aujourd'hui, combien de
nos compatriores même méridionaux méconnaissent complètement la
mission du Félibrige, ou se font à son sujet les conceptions les plus
étrangement prônées ? Et peur combien d'autres, même mieux rensei-
gnés. mèÉp*admirateurs de Roumanille, de Mistral et d'Aubanel, le
Félibrrgë'vjk'est il pas resté une (ouvre entièrement provençale dont
l'action" sefaestreint à quelques cantons de Vaucluse ou des Bouches-
du-Rhône ?| Rassurons-nous cependant quelque peu; leur nombre
diminue chantfe jour, depuis que tant de vaillantes « écoles » se sont
organisée.- lu Limousin aux Pyrénées, des plages landaises aux pro-
montoires des Albères.
Ce puissant développement du Félibrige Languedocien et Gascon n'est
que ,la floraison spontanée de l'œuvre et de la doctrine mistraliennes.
D'autres FéHfires et des plus grands furent plus exclusivement proven-
çaux; Mirêio, Calendau, les Iles d'Or, le Poème du Hltône contiennent
en germe la renaissance de toutes les provinces du Midi et même de toutes
les provinces de France. Mieux que les théoriciens perdus dans les nua-
ges de l'abstrait, Mistral, pareil à Orphée animant les roches inertes aux
accords de ia lyre, a su construire, par ses poèmes, par ses paroles, par
l'exemple de ka vie entière, l'harmonieux édifice d'une doctrine de beauté,
de lumière et <|e paix.
Les vestiges* éclatants ^et oubliés de tir civilisation des troubadours,
pareils aux trésoe&iahuleux que garde la chèvre d'or dans les grottes des
Alpilles, dormaierif dáns les solitudes embaumées des garrigues céveno-
les et dans les profondeurs dos forêts limousines, s'ous.les sables empour-
prés des'plages de lïwrffr latine ou parmi les pierres croutentés et dorées
des villes mortes, âfns les combes^atysijirieuses de nos Pyrénées'ou dans
ceè plaines garonnaises qu'a roiigies Je- sang des guerriers du roi don
Peire. A la voix dMlaltre, les onStMjjgTdes héros d'autrefois se lèvent et
prennent place, coœne des statues de dieux tutéláir'es, dans-les strophes
les plus Aères de Mirỳio et de Calendau. Les appels héroïques de Bertrand
176
l
ES FELIBRES A SAMA
m ;
M. A. Lacome. M. Lizop. M. F. Artigue. M. L. de Bardies. M ° de Pins, M °L. de Tersac. M. l'abbô Da
M. l'abat S
iii. B. Sarrieu M. Duplanté-Marceilhac M. l'abat Sarran M. G. Lizop M. J.
M. V. Lizop. M. L. Lazerges M. l'abat S. Verdier. M. J. Sens. M. F.
L.
177
bian, les Teulié ? Quelles manifestations furent plus ardentes et plus fra
ternelles que les siennes ? Les années précédentes, nous tenions nos assises
au cœur de la patrie commingeoise et couserannaise, près des montagnes
qui reçurent l'adoration des antiques tribus ibériques et des cités patria-
les de Saint Lizier et de Saint-Bertrand. Cette année, l'étoile tutélaire
du Félibrige nous a guidés au pays où la Save serpente mollement entre
ses collines aux contours harmonieusement adoucis, vers la cité épisco-
pale de Lombez, antique capitale du Bas Comminges. Cette région, aussi
distincte de l'Armagnac tout proche que du Comminges montagnard,
peut hautement revendiquer sa place dans le mouvement de la renais-
sance méridionale. Sans doute ce pays de teintes atténuées ne procure pas
à notre sensibilité les excitations qu'elle éprouve devant certains sites, ou
certains monuments insignes ; mais peu de pays de France versent dans
l'âme des hSrmonies plus suaves. Pays où la verdure des collines
boisées reposées yeux de l'éclat du soleil méridional ; pays où des oasis
inattendues de fraîcheur s'ouvrent dans le creux de minuscules vallons,
au milieu de l'étendue ensoleillée des guérets ; pays où les gloires du
passé gallo-romain tendent la main aux souvenirs plus proches de la
Gascogne hérowie ; pays de mœurs simples, traditionnelles et frugales,
où les individualités s'effacent et s'absorbent dans un labeur séculaire qui
fixe les générations au sol ; pays de tradition qni vit inconsciemment la
bulle disciplina mistralienne que nous évoquions, où les syllabes sonores
de la langue Maçonne résonnent plus fières qu'ailleurs ; terre mystique
où l'appel des'«fcb.es est plus prochain et plus clair, où chaque vallée,
chaque colline dresse vers le ciel la flèche de son sanctuaire ! Ici la
rudesse de la race gasconne, plus violente et plus crue en pays d'Arma-
gnac, s'humanise et s'adoucit au voisinage de Toulouse la Palladienne.
Mais, hélas ! sur ces collines et sur ces vallées s'ouvrent ausi les blessures
béantes que la centralisation et le nivellement contemporain ont faites
partout. Que de places vides sous les toits croulants de nos hameaux !
que d'influenceg étrangères déracinent les générations laborieuses et
dispersent au loin les forces profondes de la terre !
Heureusement, la lutte pour la réorganisation et pour la vie peut
s'exercer ici sur des positions meilleures, puisque les forces vives de la
tradition y résistent mieux qu'ailleurs, puisque nulle part la langue d'Oc
n'est mieux honorée, mieux cultivée qu'en cette terre de Gascogne où
notre Escolo et l'Escòlo de Gastou Fébus font revivre les temps héroï-
ques du Félibrige primitif en unissant intimément les revendications
"Mgionalistes aux revendications purement linguistiques et littéraires.
Ne l'oublions pas : il dépend peut-être de nous de préparer l'avène-
ment d'un ordre nouveau dont les lignes s'ébauchent confusément, à
travers les luttes, les-angoisses de notrte époque, un ordre nouveau où
les fri«cipes d'autorité et de liberté s'hprmoniseront dans une marche
continue vers la coneorde et la paix sojjfale ; cet ordre nouveau qui sera
le corollaire suprêmesde la doctrine mrstralienne. Que les fils, les amis,
les défenseurs de la terre d'Oc répudient à tout jamais les luttes déce-
178
vantes des partis, les conflits mesquins des intérêts et des passions ;
qu'ils puisent dans l'œuvre des maîtres du Félibrige une conception de
la vie plus belle et plus eurythmique ; qu'ils unissent fraternellement
leurs efforts pour la lutte en faveur des libertés régionales et de la beauté
du sol des aïeux, et nous aurons donné à nos compatriotes le plus beau
des exemples, et nous serons bien près d'avoir rétabli l'ordre dans la
cité.
L'ordre ne nous est-il pas suggéré obscurément par la clarté de nos
horizons que frangent les Pyrénées d'azur, par les lignes austères et
graves de nos vieux monuments, par le large rythme de nos chansons
d'autrefois? Et si, dans la pénombre de certains soirs troublés, des
forces étrangères semblent barrer notre chemin et briser notre élan
libérateur, levons les yeux au ciel, et armons-nous d'un espoir indéfecti-
ble, puisque le Félibrige a allumé dans l'azur de la Gascogni?*ies sept
rayons d'une nouvelle étoile ! ( Vifs applaudisssyïenls).
\ '
2. JEUX-FLORAUX DE L'ESCOLO DERAS PIRENÉOS
iâf f Uf
SUR LES QUATRIÈMES JEUX-FLORAUX DE L' « ESCOLO MAS PIRENÉOS »
par M. B. SARRIEU, Secrétaire-Généft
Mesdames, Messieurs,
Plusieurs d'entre vous connaissent sans doute la,: çathédrall d'Auch, la
vieille métropole de nos régions gasconnes. Celui' qui, actuellement, en
considérerait la façade avec une attention suffisante y constaterait bientôt
un fait surprenant. A gauche, tout contre le chapiteau de 4a seconde
colonne et sous l'abri de la travée, des abeilles sauvages ont suspendu
leurs rayons de miel. Il y a bien là sept tranches parallèles, verticale-
ment séparées et protégées par des plaques de cire ferme et fine, dont les
contours arrondis imitent et accompagnent les volutes de pierre avec
lesquelles elles se confondent presque pour les yeux. Voilà l'asile que les
ouvrières aériennes se sont ménagé contre les troubles du monde, non
pour y couler une vie paresseuse* mais pour y exercer en paix leurs
industrieux travaux. Là-haut, bief aiplessus du tumulte et de la pous-
sière, elles poursuivent, sans que rnyï naisse les en détourner, leur œuvre
sacrée ; là-haut, près de l'azur, paciSques d'instinct, m&is décidées, s'il le
fallait, à se sacrifier pour défendre tout ce qui est à elles, elles façonnent
179
de délicates et originales merveilles et alimentent leur nation sans cesse
renaissante avec le nectar qu'elles puisent dans les fleurs du sol natal.
N'y a-t-il point là, Mesdames et Messieurs, quelque image des Féli-
bres ? de leur désintéressement, de leur idéalisme, de leur attachement à
la íèíTO mairalo (leur amour et leur inspiratrice), et de l'ardeur avec
laquelle ils s'efforcent, au-dessus de tous malentendus et de toutes querel-
les, de maintenir et de relever leurs usages traditionnels, leur langue
locale et tout ce qui fait la vie et l'originalité de leur petite patrie ' ?
La comparaison pourrait même être poussée plus loin, et si, chez les
ingénieux hyménoptères, on trouve organisée une certaine division du
travail, de même, chez les fervents de l'idiome et de la terre d'Oc, bien
qu'une seule flamme les anime, les uns s'occupent plutôt d'étudier l'his-
toire, et les traditions du terroir et de faire l'inventaire de sa langue,
tandis que d'autres s'attachent de préférence à la production littéraire et
que d'autrta enfin essaient d'inculquer aux générations nouvelles le culte
des gloires M^estrales et s'efforcent de leur donner la hardiesse néces-
saire pour dé.fendre contre l'inconscience, le mépris ou l'envie le patri-
moine moral que nos pères nous ont légué.
Les Concours ou Jeux-Floraux des Ecoles félibréennes fournissent à
ces trois genres de vocations patriotiques l'occasion de se manifester ;
tel est le cas notamment de ceux de notre Escolo deras Pirenéos. Et leur
succès — nous pouvons le dire avec joie — a été croissant : cette année
plus de iiO concurrents (dont 30 pour le Grand Concours) y ont pris
part, et, bien que nous eussions promis, l'an dernier, d'être désormais
plus sévères dans l'attribution des récompenses, nous avons à distribuer
cette année — sans compter 2 Fleurs (prix spéciaux) — 4 Mentions
honorables, 14 Diplômes, 6 Médailles de bronze, 8 Médailles d'argent et
2 Médailles de vermeil.
I. — Le^tcavail savant (quoiqu'un peu hâtif) de M. l'abbé Marsan,
intitulé « "Us è Couslumcs dero Bat d'Auro », a dû lui coûter de lon-
gues recherches ; ce n'était pas trop d'une médaille d'argent pour récom-
penser cette étude patiente et très complète des anciens usages aurois,
tant de ceux qui furent-fin vigueur au moyen-âge que de ceux qui sont en
danger de disparaître ou qui sont toujours bien vivants dans nos monta-
gnes. Il y a une véritable-piété filiale à essayer de connaître ainsi la vie
de nos ancêtres, pour en conserver tout ce qui peut paraître pouvoir en
être gardé encore, pour puiser dans l'étude de leur passé des leçons pour
notre avenir.
Au point de rue linguistique, nous devons cette année à M. Armand
Lamothe, de Lagraulet (près Eauze), sous le titre de « Tratalhs de las
Tèrros », un lexique très soigné et précis de près de 300 termes relatifs
à l'agriculture, et à MM. J. Sens etfE. Lecrat des ouvrages encore plus
importants : le premier nous a donné, en dialecte de la vallée d'Oueil
o
180
(Haute-Garonne), plus de mille expressions locales, pleines de pittores-
que et de saveur, avec bon nombre de proverbes, de dictons et de
curieuses ritournelles ; le second, sous le titre de « Vocabulaire des
sciences naturelles dans l'Astarac », nous présente près de mille mots,
bien classés, et accompagnés de remarques étymologiques en général
exactes. Ces auteurs nous ont déjà adressé tous deux, les années précé-
dentes, des travaux analogues, fort remarquables ; c'est à eux qu'en
toute justice nos médailles de vermeil sont allées aujourd'hui. Hon-
neur à ceux qui aiment assez leur pays pour en étudier avec tant de
patience et de soin la langue maternelle ! Aux yeux de la science impar-
tiale, ils ont démontré d'une manière victorieuse son intérêt, sa dignité
et sa valeur. (Applaudissements).
A). Ainsi, pour la Prose, « Era creaciou dera hénno », dans le parler
de Balaguères (Ariège), est un conte assez amusant, mais le conteur est
encore trop brouillé avec l'orthographe félibréenne ; « L'Agnèro », dans
le dialecte d'EndouflelIe, est plutôt du folklore que de la littérature ; « il
couquii} couquiri è miéi » (parler de Miradoux, près Lectoure) est cou-
lant et naturel, mais son auteur peut bien mieux que cela, témoin son
succès au concours de l'Escolo Gastoun-Febus : enfin^PWKenllÉrie
Nòslro-üamo de Cahuzac-Gimom? » (comme du reste, en pw^sie, le
« Soubenir d'Armanhac » du même auteur) témoigne de beaucoup de
facilité, mais de trop peu de soin encore de la pureté de la Iangue;et de la
perfection du détail.
Toutefois, n'exagérons pas. Ces reproches n'atteignent guère « Mas
amous oun soun », charmante épttre, en pur bâpnais, de M| l'abbé
Benture, sur tout ce qui nous attache au pays natal. De même, si la
dernière main n'a pas été mise à la légende de « Sen-Missoli.â'Auro »,
de M. l'abbé Marsari, on y sent quelqu'un qui connaît parfaitement les
ressources de sa langue. L'histoire d'« Adias de Barbazaij » (dans le
parler de Colomiers, près Léguevin,-1I.-G.) est fort "bien narrée par
M. Louis Rivière. Les Contes de M. Bouquier (de Puysserguier, dans
l'Hérault) sont pleins de verve gauloise. Et, d'autre part, rien de plus
charmant que les Contes de la ValléejáUìueU, par M. J.%'ens, accompa-
gnés de traductions (excellentes, qucaMui peu larges) o*e Lafontaine,
Lamennais, Victor Hugo, et auxquels^ajoute, dans le parler d'Arbas
(Haute-Garonne également) une nouvelle attendrissante.
Enfin, c'était au meilleur « Récit en prose gasconne (conte, légende ou
O
181
B). Pour la Poésie, il y avait cette année des sujets libres et des sujets
imposés. H en faut toujours des premiers : la poésie s'enrégimente diffici-
lement, elle aime à avoir ses coudées franches. Les sujets libres se sont
trouvés assez satisfaisants. Le théâtre nous donne une assez jolie comédie
en vers, en parler d'Eauze, « La Soumnambulo ». Yan de lliùmayou
avec « Mourts Ayrnats » et un autre encore restent au-dessous de la
moyenne ; — il y a de la facilité dans « Camiv de Plous » — trop peut-
être ; — mais il y a de la tendresse dans «ïïargalido », de M. Tarride ; de
l'hïrmonie dans « Lous Troubadous de la Bigorro », de M. Arrix, déjà
nommé, et un charme pénétrant dans Et Petit Lourréy, de Jean Soulé-
Venture, de Ferrère (Barousse). Parmi les recueils, s'il y a quelques
faiblesses (à côté d'une aisance de bon augure) dans les trois pièces en
languedocien de Béziers qui avaient pour devise « Toujour aima »,
« Lous qùate arcledous » (c'est-à-dire « les quatre périodes de la vie »)
de M. Emile Castex, à Gondrin, près Eauze, ne sont pas mal troussés ;
« Primadello », de M. Gustave Beyne (de Marseille), malgré quelques
répétitions et parfois quelque chose d'un peu pénible, est une jolie série de
sept sonnets provençaux ; et, surtout, « Pouesios toulousanos » de M.
Rivière, et « Rasimaduros », de M. Rouquier, tous deux déjà mention-
nés, se distinguent par beaucoup de coulant et de naturel et une forme à
peu près impeccable.
Le pttx spécial fondé par M. Fabien Artigue n'a pas été très couru.
Pourtant il méritait de l'être : c'était une Médaille d'or, pour la plus
belle « ode en gascon à la gloire des grands hommes du Comminges ».
Notre Éèole avait accepté avec la plus vive reconnaissance l'offre géné-
reuse de'M. Artigue : 'n'est-il pas juste en effet que notre Comminges,
comme les autres provinces de France, connaisse ses glorieux enfants et
les chante sur sa lyre? On l'a dit bien des fois, et nous le redirons
encore : lesUils du Midi manquent de fierté. Eux que l'en accuse — les
Gascons surtout — d'être un peu trop suffisants et vaniteux, voire même
vantards — ne pècnent-ils pas, au contraire, par une trop grande défiance
à l'égard d'eux-mêmes ? ne sont-ils pas trop enclins à se dénigrer eux-
mêmes, ou, du moins, n'ignorent-ils pas trop de qui ils tiennent et ne
font-ils pas tri|p vite table rase djjfcput ce que furent leurs ancêtres et de
tout ce qui leur est propre aujourd'hui ?.. Malgré tout, la médaille d'or
a dû être réservée. M. Salzet^W Lombez, s'est essayé à une ode qui,
malgré quelques obscurités ou quelques termes mal choisis, ne manque
pas de verve ; mais, étant en français, elle ne rentrait pas dans les con-
o
%
1*
182
ditions du prix spécial et n'a donc été accepté qu'à titre traditionniste.
Seul M. Henri Morère, de Balaguères, avec beaucoup de bonne volonté,
a tenté l'ode gasconne. Le peu de succès de ce sujet tient sans doute,
comme le reconnaît le généreux donateur lui-même, à ce qu'il exigeait
des concurrents des qualités qui rarement se trouvent unies : une érudi-
tion étendue, et une inspiration originale. Peut-être seront-ils plus
heureux l'an prochain, avec un sujet un peu modifié.
Reste en dernier lieu le prix spécial fondé par notre président, M. de
Bardies : une Pervenche d'argent pour « le meilleur sonnet gascon *
en l'honneur de VArbre ». On sait tout le danger que fait courir à nos
vallées pyrénéennes le déboisemenl des montagnes ; l'un des nôtres,
M. Lizop, membre également de la Fédération Régionaliste Française,
émit l'an dernier le vœu que notre Escolo fît quelque chose elle aussi pour
éclairer l'opinion à cet égard. Notre Président, M. de Bardies, en vrai
Félibre, aussi soucieux de la prospérité matérielle de nos régions comrnip-.
geoises et couserannaises que de la gloire de notre langue gasconne, saisit
la balle au bond. B fallait donc, pour nos poètes, faire entrer dans le?"
14 vers du sonnet classique tout ce qu'on pouvait avoir à direNi'essentiel
sur l'Arbre, tout ce que nous en dit M. Sens, en tête de ses contes en
prose. Dix concurrents ont tenté l'aventure. Et Casse (parler de BaJa»v
guères) et «'Ras Abedòlos » (parler de la vallée d'Aure?) sont*.«|Rs
restés au dessous de la moyenne ; les huit autres pièces ont obtenu ne
récompense. A l'une, sans doute (de M. Arrix) on peut reprocher dë®
termes peu corrects ; à l'autre (de Mmo Gélade, à Carbonne), une fin p|u
heureuse; à un troisième (de M. Emile Castex, à Gondrin, près EauJf)
un tercet faible et une rime négligée ; à celui de M. Sécheyron, le
Sarrant, trop d'idées entassées et quelque désordre dans le^ dernier
tercet; mais ces travaux méritent déjà mentions'ou diplômes d'honneur.
Le sonnet de M. Rivière, d'Artigat, serait excellent, sans le dernier vers,
un peu forcé; il y a une rime discutable et une inversion un peu dure,
mais de jolies images dans celui de .M. Escaich, de Labastide dtf-Sérou ;
quelque affectation, mais de la majesté dans celui de M. LaWette, à
Foix; ees trois derniers gagnent des médailles. Le plus parfait et celui
de M. J. M. Servat, de Massât (Ariège) ; c'est lui qui remporte la
pervenche d'argent. (ApplaudisserfÉnts).
/
1. te jury a bien voulu prendre le mot « gascon ■ au sens large..J?
183
arrivée à renouer la tradition des troubadours et à égaler leur gloire, qu'on
se décide à l'étudier et à lui reconnaître le rang qui lui reviendra de droit.
III. — Mais ce n'est point seulement à nos érudits ou littérateurs
gascons que sont ouverts les concours de notre Escolo deras Pirenéos ;
c'est encore aux enfants de nos régions de Comminges et de Couserans.
Et ce n'est pas seulement aux poètes et aux prosateurs gascons que notre
Escolo doit exprimer sa gratitude ; c'est encore à tous ceux qui ont bien
voulu lui adresser de jeunes concurrents, les engager à lire et à écrire
leur langue maternelle et à briguer eux aussi quelques jolies récompenses.
Ceux qui portent au cœur de profondes amours ne veulent pas en effet les
garder pour eux seuls, mais ils brûlent de les faire partager aux autres,
ils veulent leur faire admirer et chérir ce qu'ils admirent et chérissent eux-
mêmes. Oui, ce sont aussi de vrais Félibres, ces instituteurs qui au lieu
de renier l'idiome de leurs pères et de lui faire à l'école une guerre ouverte
ou sournoise — ce n'est d'ailleurs pas l'esprit des règlements officiels —
ont comprbjwue l'étude peut en être utile à celle du français et présente
en elle-mêrnii un intérêt patriotique et moral.
IIsjBéritent donc nos meilleures félicitations, comme toutes les person-
nes quj foiit comme eux; mais aussi leur pupilles. Nous avions donné,
vette année encore, pour les petits, une version et un thème ; pour les
enfants de plus de 11 ans, une version et une narration. Le sujet du
thème était une fable de Lafontaine; ceux des versions, chose assez
naturelle celte année, étaient dans les parlers de Boulogne et de Lombez ; la
narration, enfin, devait consister à décrire une scène de labourage: ne
fallait-il pas, en*effet, par le choix même des textes, essayer d'augmenter
chez les enfants l'attachement à la terre natale, à la vie agricole, à la paix
laborieuse des champs? Eh bien, les jeunes concurrents se sont fort bien
tiré* de ces épreuves. Toutes les copies (40) se sont trouvées, sauf quatre,
au-dessus de la moyenne, et les premières atteignent des notes de 15 ou
16 sur 20, ce qui est excellent.
— Vol|s le voyez, Mesdames et Messieurs, notre Concours de cette
année a Àé très satisfaisant. Mais un concours écrit n'est point tout;
mais il ni suffit pas, si nous voulons sauver notre langue, de l'étudier, de
la lire, dàl'écrire et déjà faire écrire, et de récompenser ceux qui le font :
il faut prêcher d'exemple, il faut la parler. Que eau que parlém gascown,
nousrauli ûbéii ; è que àau que sâpien es qui mou-n enténen parla que
nu 'i pas prunou que nou sabém pas parla francès (ei bcrtat ?) o 'nt' a-
rnusá-mous souloméns que parlant et gascoui], mis premou qu'éi 'ra
léygo nòsto, era nòsto léngo mairalo. Es paraules è 's escriéuts que
nou balen pas ess hèts. £s edzêmples. Que mous eau balha 'dj edzémple.
Alabets, adaquéro coundiciouv, era Uijgo nòsto ja sera saubado;
alabéts ja'seram ganhats. (Applaudissements).
Complinttërit à la Reine
par M. de Bardies, Président de l'Escolo
3*
184
II
III
IV
II. 'un a mille fleurs, l'autre mille fruits ; celui-ci file droit, celui-là
L
est tordu ; tous sont agréables et offrent de beaux abris ; mais les
pins t'ont plu davantage.
III. Les peupliers qui s'alignent, de même que l'ormeau géant, le géné-
reux tilleul, de même que le vaillant noyer, trompent souvent sous
leur écorce admirable. Les pins n'ont rien de trompeur.
IV. En tant d'arbres fruitiers que porte la terre, châtaigniers, cerisiers,
pruniers, poiriers, pommiers, quand arrive l'hiver la sève s'arrête ;
les pins ne s'arrêtent jamais.
\. L'aune, le sureau, si aimé des brebis, les jolis rosiers, les mauvaises
épines, le chêne glorieux, tous perdent leurs feuilles ; mais les pins
verdoient toujours.]
La Musique joue de nouveau, puis la parole est donnée à notre bon
confrère M. R. Lizop, qui veut bien se charger de lire le Palmarès. Un trop
grand nombre de lauréats sont absents (v. p. loin), mais plusieurs cependant
s, -jont Jjjnus chercher leurs récompenses. Le public les applaudit de bon
cœur, lorsqu'ils reçoivent sur l'estrade des mains de la Reine — telle est
rla tradition — les diplômes ou les médailles qui leur sont destinés et qui,
depuis le début de la séance, ornaient la table de leurs rouleaux et de
leurs reAjs^ à côté des fleurs d'argent et des livres de prix multicolores
destinéMBx enfants. Voici donc le Palmarès de notre Concours :
T. — PETIT CONCOURS
A) Entais au-dessous de 11 ans.
Version gasconne [Sujet: « 500 ! »).
Pierre, d'Endouflelle (Ecole d'Endouflelle, G.).
ÎDÈRE
4*1
186
B) Enfánts de H à 15 ans.
RAGE). 11|
er
1 CARDONNE François, de Samatan (École de Samatan, G.j^B
2e FORTASSIN Roger, de Villefranche-d'Astarae (G.).
3e ARNAUDUC François (École de Gouaux-de-Larboust, H.-GX
res-de-Luchon, H.-G.).
7e SENS Georges (id.)
e
8 ABADIE Léon-Maurice, d'Endoufielle (École d'Endouflelle, G.).
IL GRAND CONCOURS
A) Œuvres littéraires.
I. Poésie
lo — 1er prjx spécial : Médaille d'or, offerte ] ibien Artigue
Ci
187
« pour la plus belle Ode en gascon à la gloire des Grands Hommes du
Comminges ».
4° -« Recueils.
IL Prose.
2
ME
Section : GASCON DE LA PLAINE. JL W
2° — Becueils.
III. Théâtre
I. Traditionnisme
IL Linguistique
B) SECONDE PARTIE
1. Allocution de M. Lacome
Maire de Samatan, Conseiller général
i Damos, Messius,
ijp fèt: èn pas fièrs de parla ço qu'aperan " le patouès " e que diurén
tous ért nouma " le gascour} ". Cau dise le môt : auén bergounho de la
léng ) de cha nôste.
P irqué ? —
Pirqué? At sai pas au soulide ; mès, d'abitudo, on se serbich pas d'uo
caus i empramo :
A
a — Que la mòdo i passado ;
b) — Que l'on gaujo pas dise d'oun béng ;
c) j— Qu'ei pas qu'un mâchant utis, mau dégauchit ou esquissât ;
d) — Que se n'ei pas jamès serbit que mounde d'arrén.
I "/
Bous bau dise en prumèro que le gascoun i sourtit de bouno familho.
La suo parentat i renoumado de biélho, de ciénço e de glòrio.
Sabéts pas toutis, per sigu, ço qu'ei que le gascoun ?
Les que abitauon aquéste païs, i-aura lèu dus mil'ans, — i-a quauque
jours d'acò, e, coumo disén praci, en aquéres brabes ancièns les ahumo
pas le nas e se dòlen pas des cachaus, — les que abitauon aquéste païs,
auèuon un parla ;
Cad' auserouîj
Sa can som? ;
Cado maisouv
Sa faiçoun-
E aquét parla cambiauo à cad'endrét. I-auèuo pas en aquét téns bia-
turos ou camis de hèr, i-auèuo pas coumo aro oustaus trimaires su l'aïj o,
barcos que se passéjon en l'aire, e le houlét poussauo pas aquéros mai-
sous bénte-bachos que courren coumo la broumo.
En aquét téns, l'òme hasèuo coumo le cassé dou bòsc : d'oun nechèùo,
aqui s'assietèuo, aquíu biuèuo, aquiu mourichèuo.
Le mounde, dounc, courrèuon pas coum'aro e les òmes s'abarrejîBn
pas. Cado countrado, cado parsan auèuo soun sabe-hè, e, coumo lits
l'arreprouès : \
Cado bilatge \
Soun lengatge.
Les ancièns biuèuon d'uo bito esquèrro; tabé estèn coumo esbaranits,
%
193
coumo estabournits, quand de cop surpréso, les Roumèns arribèn à talh
coumo uo Garouno desbourdado que ba siula la piano e les coustous.
Tout s'acatèc dauant le mès fort ; tout cambièc en un birat de mai?.
De bouri grat ou per forço, se calouc souméte.
Les Roumèns bouloun hè la loué. De las mòdos dou país counserbèn ço
qu<! les plasouc ; tout ço d'aute ac estrounhèn, ac escabessèn.D'aquét punt
en la, parlèn pas mès la léngo ancièno, hounoun diguéns le mémo 'smònle
la léngo latino, la léngo des Roumèns, dambe la léngo dou mounde de
pracl, e d'aquét abarrejadls en sourtiscouc le gascoun.
Aièls bist coumo jou, trabalha le techenè (Parli en aquéres qu'an lèu
quarant' ans ou mès, bous-aus les jùénes bous demandats belèu ço
qu'ejj que le techenè). Auèts bist que préng coutoun rouje e coutoun blu,
coûter..- blanc e coutoun nére, e la telado i pas ni roujo, ni bluo, ni blanco,
ni néro . l'entrecamatge des hluses a hèt uo 'stòfo touto mirgalhado de
coulottf' touto pipatado de flous.
'Uats !• quiu ço qu'ei que le gascoun : uo léngo techudo dambe le latin
e la léngo des afèt-dauanciès, uo léngo poulido coum' un mántou de réi
oun Iusls sus un founs soulide e bièn tramat pèrlos amassados un pauc
pertout.
E le nòste parla, en prumo d'acó, a mòts de ressemblénço dambe le
biélh latin, dambe le grèc mes biélh ep-'èro.
D'aquéres mòts en troubarén, se bouléuon, à fùesoun.
Dou grèc en prumè, ourdenariomén en passa pou latin :
(3ps(io> brama «pleurer»1 i urca-p; patac «coup»2
« moment le plus
7.XJU.7.
r
caumas j . . . . „ v.Xr^cç, clédo « claie »a
chaud du jour » 3
«p8ï]y.Y) boutigo « boutique » | lúfAÍGç
^ioq toumbo « tombe » *.
Tes i surtout mòts latis que trouban diguéns le gascoun ;
tante, auant ; — abundaré, abounda ; — adjutare, ajuda; —
are, estiùa ; — beneficium, benefici ; — bèstia, bèstio ; — calor,
; — camisia, camiso ; — campana, campano ; — campus, camp, etc.
ique se hasouc enta nous-aus, se hasouc en Ralío, en Espanho, en
tugal, diguéns touto la Franço.
)rumo d'acó que le gascoun i nescut en mémo ténis e de la mémo
in que l'italièn, l'espanhòl, le pourtugués e les autes parlas de
eléu simplo reiicounlro. — 2. Idem. — 3. Belèu dou lalin calor. — 4. A cita encùéio :
creslian, ange, paraulo, glèiso, abésque, mounje, crambo, tourna, boulélho, plat,
bras, canó, esquiròu, Nèsto, cado « chaque >, etc..
194
II
Nha mounde — pas ací per sigu — qu'an un aire de dus aires quan on
les parlo dou gascoun, e un pau de mès se trufarén d'aquéres que s'en
serbichen. Pourtant i capable le gascoun, autant que nado léngo, de dise /
— e fort bièn — toutos las pensados de l'esprit, toutos las merbélhos de /
la naturo, toutes les sentiments dou nòstecò.
I pas doun per fantesío, ni, coumo disen en francès, « par snobisme j
ou par esprit de réaction » que boulén counserba le gascoun. Le boulén I
counserba, noun pas souloméns en pramo de sa parentat glouriouso, f
le boulén counserba parço que mous rendén counte de sa richesso e de sa i
balou.
Sans doute, quauque cop, de machantos coumpanhos, de besinatges
dangereuses l'an hèt pèrde soun esclat ; sabèts coumo jou que l'aigo dou
riu, per tant sclarido que sio, sabets bièn que béng tréblo e pastousifc
quan trauèsso un barèit ou un hangas ; mès tournat-la decha droumi
tranquillo diguéns soun leit escurat, benguera frésco couín' un grun. de\
ploujo que goutéjo dou roc. , \
Atau le gascoun : groussit coumo l'aigo de la ribèro pés patùèses de
pertout, 1 poudut béngue quauque còp perit coum 'un past, mès dech'at-le
19a
ataisa, l'escourriùalh s'en anguera au houns e per dessus briuara « le
gascoun blous e naturau ».
En coumbéngui, le gascoun quauque cop pot èste péu-herit e reboulhut ;
sai bièn que diguén « lehaudiat de hauos dou haua » nha un plén
môs ; sai tabé qu'enta èste un boun gascoun eau poude dise bisti, parich :
" higo, kago e hagour? " ; mès la léngo gascouno 1 pas touto diguéns
aquéres mòts...
Se boulets hè bisti le pourtrèt de quauqu'un, le gascoun, coumo qui
balliò un còp de 'spincèu, en dus ou très mots que caijen coumo uo
palado de mourtiè franc, bous hè bése les countours dou pourtrèt,
coumo se l'auèuon clauerat su la muralho ou en'houchinat au cap d'un
hourqu^t :
L'òmfe magre : Ei uo ròdo de cércles ; uo bfgo de palhèro ; Í estarit
coum'u'fl clésc de nòse ; i séc coum 'un aglan ; dirén un cént de claus ;
un repôupét de mano ; harderè coumo ribans de garlòpo.
Le chapons, chapoulejaire « bavard », en francès : A le hissoun poun-
chut ; a la léngo ahilado de frésc ; alargo bien le bacant ; i pas barlèc ;
a pas le hiu à la léngo; la léngo le s'entrecamo pas; hè truca les pòts
coum'un jòc de bargadéros. (Hires.)
L'òme neraut : I nére coumo le metau ; I bhnc coum'un estoufét de
prüos ; Í blanc coum 'uo poupo de grilhoun ; èro dehòro quand pintrèn les
mèrlis. (Rires.)
L'òme abare : Da pas le lard as cas ; descambiaré un ardit ; ei un plouro-
miáos ; ei un sarrobrouquét ; estaco pas le can dambe saucisso. (Rires.)
L'òme fenianl: Counéch la barro de lèuge; a un péu à la man ; se
crouchls pas les ósses; tiro còps de pés à las mouscos; apinchùo juns
pou petit cap.
L'òme patut : I dégourdit coum'un hárri pe las estoupos ; coum'un
nabtri per un barèit ; coumo le clouquè pou bilatge.
Les que bon mau au gascoun disen mémo qu'ei pas qu'uo léngo enta
hè riìe, capablo de dise countes amaroucats de trop de pébe e de trop
de sau:
ô
196
Le praube de l'espitau
Quand a le ùèu le manco la sau.
Uo petito mousco
He raina un gros ase.
De biri e de hév
Qui mès n'a mès ne despèn.
A forço de triwca
Le bii} que s'en ba.
Plouro,
Se bos poupa.
E las istùèros, nado léngo nou las racounto miélhou que le gascoun.
Dambe les autos léiïgos eau bérjgue à tour ; dambe le gascoun, bats drèt
au bolhou, e tout le mounde se crèbo d'arrises auants qu'aujòts acabat :
Bats bése :
Duos sourdos au marcat: uo bén fruto, l'auto s'arrèsto dauant le taulè.
— « Adiu, migo.
— Prilos.
— Coumo bas ?
& — Binto-cinq sòs.
i — Coumpliménts as bòstes !
— Se las bos pas, dècho-los. » (Rires.)
JE aquésto dounc :
Un òme graeious e un dròlle dégourdit :
»- « Coumo t'apèros ? ça dits le Moussu.
f-Coumo le pépin, ça dits le dròlle.
M— E le pépin, coumo s'apèro ?
F — Coumo jou.
Í — Mès quand cauminjala soupo, coumo t'apèron ?
u •— M'apèron pas jamès, i soui toustén. » (Rires.)
cfiïn bouléts nhauto ? Sera la darrèro :
198
III
« Soun soun,
Béni, beni ;
Soun, soun,
Beni dounc;
Le soun bo pas beni,
Le mainatge bo pas droumi ; etc. »
2. Chants gascons
Ce sont ensuite des chants gascons, intermède très heureux.
1) D'abord, La Toulousaine, « cantado à qùate bouts, per 13 musi-
cièns », dirigés par M. Pujol, l'aimable organiste de Samataii, chef de la
chorale.
2) Puis, « La Gascouno », de M. B. Sarrieu, mise en parler de la
régkn de Lombez, par M. l'abbé Dambielle (V. Era Bouts de 1907,
N»3% p. 172), solo par M. Pujol (le refrain et les deux premiers cou-
1. L'article le (bas commingeois) an lieu de l'article et, des imparfaits en èuo au lieu de
io, et l'a prononcé œ [fermé (il en est de même du côté de Ueaucaire ef de Tarascon,
tandis qu'à Arles Vu est pur) ; c'est à peu près tout
202
REFRAIN
5. Saynète, en français
i. — La Table et le Menu
Poutatge belours
—o—
HORS-D'OBROS :
Crèmo biroukjado
—o—
CHAMPANHO TOTJRISTO
Cafè
Armanhac Bedout
2. Toasts Jielibréens
chaque convive avait devant lui une carte postale représentant le pension-
nat, et, aussi un N° de « La Boula de la Terre », la gazette populaire que
viennent de lancer nos bons confrères Camélat et Simin Palay, et dont
nous reparlerons prochainement. (Bimensuelle. Abonnement, 2 fr. par an.)
Bientôt arrive l'heure des toasts. Malheureusement, tiois de nos con-
frères, MM. Lacaze, pharmacien à Samatan, Abadie et l'abbé Dufor, sont
obligés de nous quitter plus tôt qu'ils n'auraient voulu, à cause de leurs
devoirs professionnels. M. l'abbé Dufor se proposait de porter un toast
« au beau département du Gers, célèbre par ses hommes de guerre, les
» de Roquelaure, les de Montluc, les Villaret Joyeuse, les Montesquiou
» d'Artagnan, le maréchal Lannes ; par ses poètes et ses historiens, les
» de Garros, les du Bartas, les d'Astros, les Ader, les Scipion Dupleix ;
» par ses savants et habiles ministres ; par ses polémistes ardents et bien
» connus ; par ses honorables parlementaires, dont plusieurs sont Mem-
» bres de notre Escolo, et qui eut Bossuet évêque de Condom » ; mais il
doit nous dire au revoir à la hâte. C'est M. l'abbé Daubian qui prend la
parole ; beaucoup d'autres vont lui faire suite.
par M. F. Escaich
Le pairòl pla 'scurat, cap de berdét en lôc,
Mièt plé d'aigo, es penjat al cremalh dessu 'I fôc ;
L'aigo ba bouri lèu. On abéich la toudélho
Dins le sac, la farino, à pourtado de ma ;
È's brouquilhous al fòc, dijous ét, ban crema,
Sustout se soun plénis de fùélho.
209
m
Del presént qu'em fasets agradats le merci,
Car ma fénno a troubat pla goustous le boucl
Qu'ambe jou près del foc a tastat l'assietado...
Madamo, si-bou-plèt, escusats-me les bèrs
Qu'esprès e fèit per bous les dus pès sus andèrsi6,
Tout ne manjan uno sietado.
Parla de La Baslido de Serou (A.). Fr. ESCAICH.
NÔTOS. — 1. Toudélho (ailleurs gaudiné), < ustensile en bois, muni au gros bout dé
5 ou 6 branchetles recourbées en forme de baleines de parapluie et spécialement em-
ployé pour faire le militas on les gaudines. » — 2. L'aigo rils : c'est le momrnt qui précède
l'ébu'lition. — 3. Deslera, ■ délayer en même temps qu'on jette en rond la farine dans le
chaudron ». — 4. « Couquils, « grumeaux formes par la farine quand elle n'est pas assez
remuée ou pas assez cuite ■. — 5. Flic, flòc, etc. : onomatopées, fruit que font les boursu-
flures des couquils lorsque le milhas s'épaissit. — 6. Èmboutuflats « enflés » (« état des
couquils au moment de leur formation .). — 7. Estadis (adjectif), « pas assez cuit >. —
8. Curadis, « croûte qui reste au fond eu chaudron lorsque le milhas a clé coulé. ■ La
partie adhérente au chaudron emprunte au cuivre tout l'éclat de sa couleur. Cela fait
vraiment plaisir à voir, on dirait une feuille d'or; mais il faut pour qu'il en soit ainsi
que le milhas soit cuit à point. —9. Frilous « fritons », (miettes, résidus de graisse sèche
provenant de la cuisson des morceaux de porc ou d'oie qu'on a fait fondre). — 11). Désco,
«corbeille qu'on remplit de milhas après qu'une serviette saupoudrée de farine y a été
mise. » — U. Eichuleba, « soulever le chaudron plein de militas avec la toudélho ». Il
faut forcer des reins et du poignet pour décanter le chaudron et faire tomber le milhas
dans la vaisselle et la corbeille. — 12. Fajo, « brandon fumant ». — 13. Lépo-dil, • l'in-
dex », qui, disons-le, remplace très bien, dansée cas, la cuiller. — 14. Pan'.it, « ballonné ■.
— 15. Fajo, ■ fasse En effet, il n'y a rien à craindre : une demi-heure de promenade
suffit pour être dégagé d'un semblaut de malaise. — 16. Chenêts.
(Applaudissements répétés).
Toast de M. R. Lizop
Représentant de la Fédération Régionalisle Française.
tre ; mais, tout en nous sentant loin de chez nous, nous en profiterons
pour remettre un peu de soleil dans l'àme de nos compatriotes de Paris
de ces provinciaux qui sont là-bas tels des plantes sans racine. Il nous suf-
fira pour cela de nous rappeler les journées de Samatan et de Lombez,
ces journées où un idéal d'une souveraine beauté a touché nos esprits,
où nous avons fait un rêve inoubliable, où nous avons renouvelé notre
foi régionaliste et notre patriotisme félibréen.
« Souvent, à Paris, on ne nous croit pas, quand nous parlons de ce
qu'est, et de ce que fait la province. Poutant, cette fois, nous aurons
puisé ici, auprès de vrais Gascons, la force nécessaire pour prouver à
ceux qui supposent qu'il peut en être autrement que l'on ne peut faire
de véritable régionalisme que sur la terre même de la province ».
( Vifs applaudissements)
LA CANSOUN DE L'ARRANGLÉTO
EMBOULADO TOUETICO, SUZ LAS ALOS DE L'APARÈLH NAOUÈT (L'AÉROPLANE)....
r
CoUflÉTS .Qu<XTultt 6e-si pos-sa sou-lt-to, Bb - El de riaut/ta-sl Ce
m soE: I
~fítu»ttàytfc animé
-tò J^prò-cfie oU tu.,stn-fe-itò-' d'itn
fctma-niou-^aT-rdD-gK-tbjjJtt^pri
;
tt u> XJ. r. fl-rnot«» _ ——— ±1 .
.r
.EFREN: Ai -m ~îouYi có , cú-rrútoim a- m-o , Tas ft - nos
À il^l^^raj|JJr#ì?i|jJJ
• Erv-íltj tou.t en jou te re-c{a-mo,Poii-f!Uo
REFRÈN
(Per coumença è après cado couplét)
COUPLETS
(Couplet de l'aéroplane,i
REFRAIN :
Allocution de M. Fauré
Aneien Dépulé du Gers
M. Fauré, ancien député de la région, veut bien lui aussi nous dire un
mot.
l a un arreprouès que dits: I-a lounh dou béire as pots. Decháts-me
dounc, enta parla la mémo causo, bous dise que i-a pas lounh des mous
pots à moun cò. Boulerioi que moun có estousse mes grand, per miélhou
bous remercia, Damos è Moussus, de l'aunou que mous auèts hèt en bén-
gue béi la bilo de Belleforest, besfo de la dou Petrarco. Mu Lizop a plan
parlat dou regiounalisme : le noste ei pas un regiounalisme de deracinats.
Armand Praviel tabérç qu'en parle. Qu'èij en fabou de la descentralisa-
cioun è dou regiounalisme proubinciau.
Encaro un cop, bous esprimai? nòstis granis remercioménts dera bèro
sùerado de jassés. Ei aùut gran plasé d'enténe, d'escouta è d'aplaudl sùén
Mu Sarran, le Cascarot que counechèui déjà de reputaciouri, mès que
soun fier d'aué aùut aci, que mous a plan, hèts rise e amusats, e que
seran erousis de bese tourna pracf iaute cop (Applaudissements).
Oui, que coundai} que tournarats autan noumbrousis en aquéste pals.
Troubarats nostis cos prèstis à bous recébe, e tabé toustém prèstis à parla
leleiigatge de lapatrío nosto ! Berçguéts, è troubarats toustéi) de Gascous!
(Applaudissements)
Toast de M. de Bardies
Président de l'Esoolo
Rèino,
Damos,
Amies,
Et téns des parladisses qu'é fenitch ; qu'anam tourna cadu en ço nòste.
Mès et soubeni qu'empourtaram dera Sabo nou fenira cap, è demourara
toustém en nòste cor. Qu'arremerciam toutis es que prenéren part ara
nosto hèsto; è que les embitam toutis ara felibrejado de Mounrejau.
(Applaudissements).
Qu'èm aci plusiurs, benguts dera frountièro d'Espanho. Quaucarré
217
que mous hè grand gautch. En dehòro de touto recèrco sabénto (coumo dits
Mu Lavergne) io causo mous pròbo qu'èm toutis hrais : era similitudo det
lengadje. Quan ac saberiòm pas, et soul fèt d'enténe parla Loumbès è
Samata qu'èi prou ta nous-autis. Trop petitos soun eras diferénços enda
èste remarcados ena cournbersaciou ; u orne de Loumbès pot reijcoun-
tra u orne de Sen-Girouns que nou aje jamès bist è hè-s coumpréne at
drét. Aquéro parentat de leiîgadje qu'ei 'ra milhouno pròbo dera nòstro.
Aban de mous separa, beuém dounc ara fraternitatch gascouno !
Parla de Sen-Girouns (Â)."
ALLOCUTION DE LA REINE
Madame la Marquise de Pins
c) m
1. •personnes excusées
Se sont excusés de ne pouvoir assister à ces fêtes de nombreux Membres
ou Adhérents de l'Escolo, Invités ou Lauréats.
INVITÉS. — Tous les bons Gascons, surtout tous ceux de la région de
Lombez et de Samatan, y étaient invités, sans aucune distinction ni
exception, mais nous y avions particulièrement convié les autoritéi locales
et les littérateurs gascons de marque, notamment ceux appartenant à
d'autres Ecoles ou Sociétés félirréennes. Se sont excusés :
MM. J. Ruau, Ministre de l'Agriculture, (en deuil), (( avec tous ses
remerciements » ; R. Dupin (originaire du Languedoc), Secrétaire géné-
ral du Gers ; Lavigne, sous-préfet de Lombez (Membre de l'Escolo
Gastoun-Febus, ami de notre confrère M. Camélat et très sympathique à
l'œuvre félibréenne) ; Tournan, Conseiller général de Lombez, obligé de
se rendre à Auch ; A. Rives, Président du tribunal, retenu dans le Lot-
et-Garonne ; P.-L. d'Arc, Procureur de la République ; etc.
M. Félix Troyes, juge au tribunal de Lombez, qui a assisté à l'excur-
sion au château de Caumont, mais n'a pu, par suite d'un deuil récent,
assister, pas plus que Mme Troyes. à la fête proprement dite et aux
banquet. Nous lui exprimons ici, encore une fois, notre reconnaissance
pour tout ce qu'il a bien voulu faire en faveur de notre Escolo ;
MM. A. Sourreil, capiscol de l'Escole Moundino; A. Praviel, directeur
de « L'Ame latine », retenu en Champagne; J.-R. de Brousse, en deuil.
M. de Brousse s'est excusé auprès de MM. Troyes et B. Sarrieu par une
carte postale représentant les ruines du château de Montségur (Ariège),
dernière citadelle des Albigeois, ruinée par les croisés de Simon de
Monfort, mais où malgré tout, Esclarmonde « peigne toujours ses che-
veux d'or »:
« Pamios, 3 de septembre 1909.
« Cars è gais Contraires (nous écrit-il),
« Veni de perdre la pauro maire de ma moulhè è m'en vau douma cap
Lamalou ambe moun bel paire malaut.
» M' es un prigound desplaser de pas pouder ennartar costo vous la
Coupo Felibrénco ; mès, saquela, vòli, pr' aquéste mot, vous mandar aici
moun ferverous baiso-man. per la génto Bèino è moun frairenal salut de
Joubs-Capiscòl de l'Escòlo Moundino è de Mestre en Jocs Flouraus.
Lusige l'Estello sobre les valénts Pireneans !.. »
Notre Escolo adresse à M. J.-R. de Brousse ses meilleures condo-
léances.
M. Tresserre, de l'Académie des Jeux Floraux, qui est souffrant : « Les
Jeux Floraux de l'Escolo deras Pirenéos ont tout ce qu'il faut pour
séduire; mais, hélas !.. c'est au bout de la source de l'hôpital, à Vichy,
que je lèverai mon verre d'eau le 5 septembre prochain pour boire à la
gloire de la Muse et au succès de votre œuvre. »
219
MEMBRES DE L'ESCOLO
Excusés encore :
MM. M. Camélat, felibre majourau, d'Arrens ; Simin Palay, retenu à
Pau par ses devoirs de rédacteur au Patriote des Pyrénées :. « M'auré
pourtant hèyt réde goy de bous counéche, è l'at auéy dit au Cascarot
diménche à Salies! Bah! sera ta gn'aute cop... Per acó, bouleri pas,
tout-u, que l'obre qu'en pâtisse : Bouy parla de « La Bouts de la Terre ».
Ainsi écrit-il à M. l'abbé Dambielle. — « La Bouts de la Terre » a été
distribuée, nous l'avons vu ci-dessus, à tous les convives du banquet de
Samatan.
M. M.Bibal, maire de Masseube et Conseiller général du Gers, le géné-
reux donateur à f Escolo G. Fébus du château de Mauvezin ; Xavier de
Cardaillac, avocat à la cour d'appel de Pau (auteur des « Propos gascons »;)
Mme Th. de Libertat, d'Auch, retenue par la maladie de son père ;
MM. le Comte de Comminges, encore pour longtemps «dans les pays
nordiques » ; H. bégouen, rédacteur en chef du Télégramme ; M. l'abbé
Laclavère, grand vicaire d'Auch, pris par la fête de Jeanne d'Arc à
Fleurance ; Mario Roques, professeur à la Sorbonne ; E Ribet, directeur
■ ■ 4
221
LAURÉATS :
II L'HONNEUR II PÉTRARQUE
Au baient secretari de la nosto Escolo. En Bernat Sarrieu,. Oumadje amistadous.
■
2. Remerciements aux Journaux
Nous adressons ici nos plus vifs remerciements aux Journaux (en nous
excusant des oublis que nous pourrions commettre) : ! . |
1) Luchon Thermal le Nouvelliste de Bordeaux, La Dépêche, le Mé-
morial de Lombez (13 Juin) qui ont bien voulu annoncer notre fête et en
publier le programme.
2) LMchon Thermal, (12 Septembre), L'Express du Midi, Le Télé-
gramme, Le Journal de Saint-Gaudens (18 Septembre), La Petite
Gazette de Bagnères-de-Bigorre, VEcho de la Save de Samatan, qui ont
bien voulu en donner un compte rendu.
3. Nos Gravures
Notre gravure est la reproduction d'une photographie prise par M. l'abbé
J. Barrieu, vicaire à Samatan. Elle représente la plupart des Félibres
présents à Samatan. Dans les premiers Nos de 1910, nous en donnerons
deux autres, représentant la réception de la Reine, à Lombez, et dues
également à M. l'abbé Barrieu. Ce seront, pour nos Confrères, d'agréa-
bles souvenirs de ces deux belles journées.
il
La place nous manque pour tout ce que nous aurions à dire : une
feuille de plus retarderait trop ce gros N°. Contentons-nous donc de si-
gnaler :
1) La perte que notre Escolo vient de faire en M. A. Tournier, Félibre
majorai, député de l'Ariège, dont on n'a pas oublié la généreuse inter-
vention à Saint-Gilles (v. Era Bouts, p. 107). Nous en avons appris la
mort le jour même de notre Fête.,... Nous lui consacrerons prochaine
ment une notice, ainsi qu'au regretté capitaine Bupuy.
2) Le projet d'éditer, à frais communs avec VEscolo Moundino, une
Carte félibréenne de l'Occitanie (v. La Terred'Oc, Julhet e Agoust, p. 108).
3) Le beau succès de la félibrée de \'Escolo Gastouv-Fébus, à Salies-
de-Béarn, les 22 et 23 Août derniers (v. les Reclams, Octobre 1909).
4) La très prochaine mise en circulation de notre Armanac dera
Mountanho (PJiO, 5mo Annado), format agrandi, illustrations nombreu-
ses; 0 fr. 15 le N°. As Mémbres debouats dera 'Scòlo nòsto de prené-n
uv pialot caduv, ta dd-les biadje à caso lou. On peut s'adresser direc-
tement à M. Abadie, notre imprimeur, 2, rue Thiers, Saint-Gaudens.
5) Enfin, les modifications qui sont en voie de s'accomplir dans le
Félibrige central, depuis la dernière Sainte-Estelle. A la suite d'incidents
fâcheux et de polémiques passionnées, le Capoulier P. Dévoluy — qui
avait témoigné tant de sympathie à notre Escolo, dès son origine — a cru
devoir donner sa démission. Nos regrets, comme: ceux de uos confrères
béarnais (v. les Réclams, p. 252), l'accompagnent dans sa retraite. Alain
tenant, le « Conseil général » du Félibrige vient d'être convoqué, par
l'Assesseur M. Mouzin, à Arles, pour le jour de la Toussaint. Nous y
serons sans doute représentés par MÎ. A . Planté, président de l'Escòlo
G. Fébus. Plâcie à Diéu que toutes aquéres peléjes fratricides que mous
hèn péno (qu'auém amies des dus coustats) s'ataisen enfnj, è que ganhén
aquésti dus prencipis : Endependéncio des Escoles (Bét Era Bouts de
Julhét, p. 109-111), mès soulidaritat de tout et Felibridjel
B. SARRIEU.
4Ti
Hommage à la Reine, par M. L. de BARDIES, Président de
l'Escolo 183
Palmarès de nos Jeux Floraux. — Prix annoncés pour 1910... 185
3. Lecture de pièces couronnées 189
4. Punch d'honneur à la Mairie 189
IL — SOIRÉE LITTÉRAIRE
1. Discours de M. l'abbbé DAMBIELLE : La léi/go gascouno 191
-2.Toasts félibréens :
Toast de M. l'abbé DAUBIAN 208
0.
STATUTS DE L'ESCOLO DERAS PIRENEOS
de ses affluents, une Ecole félibréenne qui prend le nom á'Escòlo deras
Pirenéos (Ecole des Pyrénées).
ART. 2. Le siège de l'Ecole est à Saint-Gaudens. — Elle comprend
bres actifs, doit se réunir une fois l'an. Elle peut modifier les Statuts à
la majorité absolue.
Art. 10. Le Bureau général est élu au scrutin secret pour 3 ans par
l'Assemblée générale. Il est composé d'un Président, de trois autres
membres, ayant rang de Vice-Présidents et représentant chacun l'une
des trois sections de l'Ecole, d'un Secrétaire-Trésorier et d'un Secrétaire-
Adjoint. — Le vote par correspondance est admis pour .cette élection.
ART. 11. Les questions relatives à l'administration de l'Ecole, à ses
LeU! n0.0.
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