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La maclotte est une danse folklorique des Ardennes (trois pas en avant, deux pas en arrière).
La poésie du XIXe siècle au XXIe siècle
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Marie Laurencin et
Guillaume
Apollinaire,
Normandie, 1913
Lecture par Apollinaire : https://www.youtube.com/watch?v=jSNERRavBMU
Introduction
Apollinaire est né en 1880 et est mort en 1918. Il est l’auteur de critiques littéraires et artistiques (il s’est en particulier intéressé aux peintres cubistes,
auxquels il a consacré une monographie), de contes, d’une pièce de théâtre (qui utilise pour la première fois dans son sous-titre l’adjectif « surréaliste » : Les
Mamelles de Tirésias), de recueils parmi lesquels Calligrammes (1918), Les poèmes à Lou (posthume, 1947) et surtout Alcools en 1913.
Ce recueil rassemble la production poétique de l’auteur sur quinze ans (1898-1913). Comme l’indique le critique Pierre Brunel, Apollinaire est le poète de
« l’entre-deux siècles », qui revendique un héritage poétique plongeant ses racines dans la poésie médiévale, renaissante et symboliste et marque le point de
départ de la modernité. Le poème qui ouvre le recueil, « Zone », le montre déjà très bien.
Ce poème a fait l’objet d’une prépublication dans Les Soirées de Paris en 1912. Comme plusieurs autres poèmes du recueil, celui-ci est teinté de références
biographiques. Il réunit des souvenirs d’époques différentes, attachés à Mareye/Mareï, autre nom de Maria Dubois, fille d’un cabaretier dont Apollinaire
était tombé amoureux l’été 1889, ou attachés à Marie Laurencin, qui lui avait été présentée par Pablo Picasso en 1907 et avec laquelle il avait rompu l’été
1912. Ces deux souvenirs sont douloureux. Ce poème s’inscrit donc dans le registre lyrique par son thème, l’amour.
Mouvements du texte
Quintils 1 à 4 : éloignement progressif de l’amour (du fait du temps qui passe et de la versatilité des sentiments : « le cœur changeant »).
Quintil 5 : retour à la solitude du poète.
Problématiques possibles
- Quelle originalité Apollinaire donne-t-il au lyrisme amoureux dans ce poème ?
La poésie du XIXe siècle au XXIe siècle
Chan g eant et puis encor que sais-je verbes de mouvement Strophe qui souligne le passage et le changement qui
Répétitions « cœur » + adjectif verbal s’incarne ici dans la versatilité amoureuse) = inquiétude
« changeant » déjà exprimée au début du poème.
« neige » / « n’ai-je » = rime équivoquée (= → PAYSAGE LIE AU REGRET, A LA PERTE, A
rime basée sur l'homonymie de deux mots de L’ABSENCE.
sens complètement différents ou sur un
calembour).
Licence poétique « encor » Hiatus entre les deux mots « encor » et « que » qui traduit
Rythme 4/4 mais 2/4/2 au dernier vers le malaise du poète. Le dernier vers se désarticule. Effet
Nouvelle interrogation de vertige.
CONFRONTÉ A LA MOUVANCE UNIVERSELLE LE
POÈTE EST ENVAHI PAR LE DÉSARROI.
Reprise de « Sais-je » Quintil qui prolonge le désarroi du poète.
Répétition + Futur + modalité interrogative + Refrain interne à la strophe = leitmotiv qui souligne
Sais-je où s’en iront tes cheveux verbe de mouvement l’incertain, angoisse liée à la perte de l’être aimé (passage
Crépus comme mer qui moutonne = « s’en aller »).
Sais-je où s’en iront tes cheveux « tes » Tutoiement qui tente un rapprochement.
Et tes mains feuilles de l’automne Champ lexical du corps humain Célébration de la femme aimée = Amorce de blason
Que jonchent aussi nos aveux poétique : tradition poétique de la Renaissance (poème
dans lequel le poète célèbre une partie du corps féminin et
lui attribue des qualités de perfection physique et morale).
Cf. « La chevelure » de Baudelaire : : "O Toison,
moutonnant jusque sur l'encolure."
Comparaison qui introduit à son tour une Image du mouvement. Comparant (« mer qui moutonne »
métaphore qui rappelle les « brebis »).
Métaphore Comparant Dans le quintil précédent, évocation de l’hiver →
brouillage des repères temporels. Le poète cherche ses
souvenirs, mais ceux-ci sont imprécis.
+ Expression du temps, saison mélancolique souvent
associée aux souffrances amoureuses, « Mon automne
éternelle ô ma saison mentale » (« Signe »).
nos = déterminant possessif Union.
La poésie du XIXe siècle au XXIe siècle
Métaphore induite pas l’image des feuilles qui Image qu’on retrouve dans « Signe » : "Mon automne
jonchent le sol. éternel, ô ma saison mentale / Les mains des amants
Sonorités en [eu] d'antan jonchent ton sol" = Perte de l’amour, caduc, en
quelque sorte comme le sont les « feuilles ».
Tonalité plaintive, élégiaque. IMAGE D’UNE FEMME
QUE LE TEMPS DÉSAGRÈGE COMME UN
PAYSAGE D’AUTOMNE.
2ème mouvement : quintil 5 : retour à la solitude du poète.
Je passais au bord de la Seine Utilisation du « je » ancré dans un espace Rupture : dernière strophe narrative. Le poète ancre sa
Un livre ancien sous le bras précis. souffrance dans son quotidien par des éléments réels et
Le fleuve est pareil à ma peine concrets.
Il s’écoule et ne tarit pas La tentative d’union a échoué : le poète finit seul.
Quand donc finira la semaine D’ailleurs lui aussi est de passage.
Connote la fin de l’amour (« livre ancien » = histoire
v. 2 = référence aux bouquinistes du bord de ancienne) ?
Seine CF. strophe 1 : Combinaison complexe de temps qui
Combinaison présent d’énonciation puis de forment comme une sorte de feuilletage.
vérité générale/passé/futur. Association peine du poète, eau et temps qui accentue la
Comparaison douleur (le temps passe inexorablement mais sa peine
Litote : « ne tarit pas » demeure, elle est intarissable). L’analogie est proche du
Epanadiplose (« Quand donc + futur « Pont Mirabeau » = Image d’un temps cyclique,
expression d’une attente très forte, de l’impatience.
Conclusion : Poème scandé par des questions qui montrent l’absence de Marie. Apollinaire écrire plus tard que, parmi les poèmes liés à
la rupture avec Marie Laurencin, « Marie » « est le plus déchirant de tous » (lettre à Madeleine, sa fiancée, 30/07/1915). « Marie » est le
poème de l'amour perdu, de l'écoulement du temps, du passage de l’amour vers la solitude et de la musique. Le registre lyrique est porté
par la régularité du poème (quintils) et une grande musicalité. Aussi, qu’on ne puisse être certain de l’identité de la femme dont il est ici
question enrichit le sens du poème : l’inspiratrice est ici universelle. D’une forme et de thématique assez classique « Marie » propose un
lyrisme riche, très moderne dans ses évocations qui combinent des images de façon souvent complexe mais toujours évocatrice.
La poésie du XIXe siècle au XXIe siècle
Texte complémentaire : « Le pont Mirabeau » (février 1912) dont ce poème offre une réécriture (fin 1912).