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Objet d’étude I / Parcours 

: Les mémoires d’une âme

Lecture linéaire 2

« Le Pont Mirabeau », Guillaume Apollinaire, Alcools (1913)

Biographie : Guillaume Apollinaire de Kostrowitzky naît à Rome le 25 août 1880. Il est le fils d'une Polonaise et d'un père inconnu. En 1901, il est engagé comme
précepteur en Allemagne et tombe amoureux de la gouvernante Annie Playden, qui refuse ses avances. Ses premiers poèmes portent la trace de sa douleur d'homme
éconduit. Il rentre à Paris en 1902 et publie dans "La Revue blanche" son premier conte, "L'Hérésiarque", en signant "Guillaume Apollinaire". Il fait paraître alors de
nombreux contes et poèmes dans des revues et commence à se faire connaître.

Le poète pénètre dans les milieux artistiques et devient ami avec Pablo Picasso. Il suit de très près l'évolution du mouvement cubiste et publie en 1913 "Peintres cubistes".
Cette même année est publié son premier recueil, "Alcools", sélection de poèmes rédigés depuis ses débuts. Il veut s'engager dans l'armée française dès 1914, mais ne
possède pas la nationalité et doit être naturalisé. Il est tout de même affecté en décembre 1914 dans l'artillerie et continue d'écrire. Transféré dans l'infanterie en 1915, il est
naturalisé en début d'année 1916. Il est blessé quelques jours plus tard par un éclat d'obus et est trépané à Paris. Après des mois de convalescence, il se remet à écrire et
crée le terme de "surréalisme" dans une lettre au poète Paul Dermée. En 1917, Apollinaire sort une pièce de théâtre dédiée à ce nouveau mot : "Les mamelles de
Tirésias".

Courant littéraire : Au début des années 1920, de jeunes artistes se regroupent derrière André Breton pour s'insurger contre tous les mots d'ordre de la
société bourgeoise, révolutionner notre regard sur le monde et brouiller les frontières de notre réalité. En hommage à Guillaume Apollinaire, qui fut le premier
à employer ce néologisme, ils baptisent leur mouvement « le surréalisme ». Mouvement littéraire et artistique basé sur le rêve, l'imagination et l'étonnement, le
surréalisme se veut également un art de vivre. Il reste une des avant-gardes artistiques majeures du XX e siècle.

Sujet général : « Le pont Mirabeau » évoque avec nostalgie un amour passé mais présent dans le souvenir qui s’efface pour laisser place à l’inspiration
poétique.

Problématique : Comment Apollinaire transforme-t-il l’échec amoureux en réussite artistique ?

Mouvement du poème :

1. Du vers 1 au vers 6 : La nostalgie d’un amour passé.


2. Du vers 7 au vers 12 : La permanence de l’amour.
3. Du vers 13 au vers 18 : La souffrance de l’absence.
4. Du vers 19 au vers 22 : Le passage du temps et la permanence de la poésie.
Analyse linéaire :

Citations Procédés Interprétations

1. Du vers 1 au vers 6 : La


nostalgie d’un amour
passé.

« Le pont » Substantif. Le choix du « pont » n’est évidemment pas anodin : c’est un signe de modernité
mais aussi et surtout un symbole d’union.

« Sous le pont Mirabeau » Complément circonstanciel de lieu Apollinaire ne met pas l’accent sur le pont car le regard est porté « Sous le Pont
Mirabeau ». C’est un regard descendant et plongeant sur l’eau, métaphore du
temps qui passe : « … coule la Seine ».

« Et nos amours » Conjonction de coordination. La conjonction de coordination « et » souligne le temps qui passe est un temps
destructeur, qui emporte avec lui les amours passées.

Recrée une complicité avec la femme aimée.


« Nos amours » Déterminant possessif

Relève d’un style archaïsant. L’écriture semble ainsi être une tentative de retrouver
« amours » Substantif au pluriel. le souvenir passé et de retenir le temps qui passe.
« venait toujours » Verbe à l’imparfait : valeur l’habitude Le verbe « souvenir » relègue l’union avec la femme aimée dans un passé révolu
(passée) confirmé par l’imparfait « venait toujours ». Il y avait bien un vécu commun mais
tout cela a disparu, c’est la solitude qui domine dans cette première strophe.

« Faut-il qu’il m’en souvienne » La forme impersonnelle. C’est l’impersonnel qui règne, La forme impersonnelle des deux verbes successifs
(v.3). (« faut-il », « il m’en souvienne ») souligne l’effacement des personnes.

« Vienne la nuit sonne l’heure ». Le distique (strophe de deux vers) Le distique s’apparente à une prière.

« nuit », « heure », « jours » «s’en Le champ lexical du temps. Ce champ lexical invoque un temps destructeur qui réduit tout à néant.
vont »

2- Du vers 7 au vers 12 : La


permanence de l’amour :
« demeure » , « restons », « Le champ lexical de la permanence Le poète semble rester maître du temps.
éternels regards ».
« Les mains dans les mains Répétitions. Elles créent un effet de circularité qui recrée l’intimité avec Marie Laurencin. Les
restons face à face » mots fonctionnent par couple (mains/mains ; face/face) dessinant l’image d’un
bonheur partagé.

« restons », « nos bras » La première personne du pluriel : L’emploi de la première personne du pluriel et le registre lyrique fait revivre
registre lyrique. l’amour passé.

« le pont de nos bras » Métaphore. Cette métaphore crée un effet de miroir avec le Pont Mirabeau comme s’il y avait
une correspondance entre les sentiments et le paysage.

« mains dans les mains, restons Assonances (répétition des mêmes Les assonances créent une musicalité qui renforce l’harmonie apparente de cette
(…) pont (…) l’onde si lasse » voyelles, d’un même son final d’un scène.
vers)

3- Du vers 13 au vers 18 : La


souffrance de l’absence.
« L’amour s’en va comme cette
eau courante » Comparaison. Apollinaire compare la fuite du temps et la fuite de l’amour.

« L’amour s’en va » aux vers 13 Cette répétition crée un effet d’écho, comme si le souvenir de Marie Laurencin
et 14 Répétition. s’amenuisait.

« vie est lente / est violente »


Paronomase (La paronomase est le Les phrases elles-mêmes deviennent des échos, Les mots se transforment,
rapprochement de mots aux sonorités soulignant la douleur du poète.
semblables).

Du vers 18 au vers 22 : Le


passage du temps et la
permanence de la poésie.

« Passent », « jours », « semaines


», « temps passé ». Champ lexical du temps.

Le champ lexical du temps associé au polyptote semblent faire entendre le tic-tac


angoissant d’une horloge.
« passer » (« passent »,
« passent », « passé ») Le polyptote (répétition de mots de la
même racine) du verbe « passer »
« ni…ni »

Double négation. La double négation « ni…ni » souligne ainsi l’impossibilité de retenir le temps et
les amours passées. Le passage du temps emporte irrémédiablement avec lui le
bonheur passé.
« Le Pont Mirabeau » 

Mirabeau laisse entendre le verbe latin C’est comme si, derrière la douleur de la séparation, Apollinaire nous appelait à
« mirare » (admirer) et l’adjectif admirer la beauté poétique qui émerge de cette douleur.
français « beau »

« je demeure »

Verbe au présent de l’indicatif : valeur Ce verbe suggère la fixité, la permanence et la stabilité.


une action qui dure dans le temps.

La disposition des strophes.

On peut aussi voir dans ce poème un calligramme. En effet, la disposition des vers
et des strophes semble dessiner un pont en arc. Chaque quatrain est un arc du pont,
et les distiques (strophe de deux vers) qui se répètent sont l’eau qui passe sous le
pont

Point grammaire : ???????

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