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Sujet zéro A - Spécialité SES - Corrigé

 Corrigé bac

Première partie : Mobilisation de connaissances et traitement de


I. l’information (10 points)

1. Présentez deux formes de la volatilité électorale. (4 points)

Le politiste Patrick Lehingue distingue deux formes de volatilité électorale : la


« volatilité externe » et la « volatilité interne ».
La volatilité externe est celle des électeurs qui passent d’un « camp » politique à
l’autre : de gauche à droite, par exemple. Elle concerne une part limitée de
l’électorat.
La volatilité interne consiste à changer de vote tout en restant dans le même
camp. Elle peut s’expliquer par une variation des convictions de l’individu ou par
l’attitude de ce que Valdimer Key a appelé l’« électeur rationnel », qui examine
de façon pragmatique les enjeux de l’élection et sanctionne éventuellement le
gouvernement en place. Elle peut au contraire avoir lieu lorsque les convictions
d’un électeur sont stables mais que l’offre politique évolue. Jean-Yves Dormagen
a par exemple montré qu’au fil des années 1980, certain·e·s électeur·rice·s du
Parti socialiste, déçus de l’expérience de leur parti au pouvoir, se sont reportés
vers le Parti communiste qui leur apparaissait désormais comme l’organisation
la plus proche de leurs opinions.

Astuce

Sachez utiliser vos connaissances (auteur·e·s, théories) tout en vous limitant à


la question posée. Ici, la volatilité électorale renvoie à de nombreuses théories
(Lazarsfeld, paradigme de Michigan, etc.) qui ne rentreraient pas pour autant
dans le cadre de la question et risqueraient de mener à du hors-sujet.

2. À l’aide du document, montrez que la participation électorale est liée à des


variables contextuelles. (3 points)

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La participation électorale et l’abstention sont liées à des variables et tendances
lourdes : catégories socio-professionnelles, tendance à la hausse progressive de
l’abstention, etc.
Cependant, elles varient également sur le temps court en fonction du contexte
électoral et politique. Le tableau issu de l’article de Céline Braconnier, Baptiste
Coulmont et Jean-Yves Dormagen permet d’illustrer plusieurs de ces variables
contextuelles.

Tout d’abord, la participation varie selon le type d’élection : de 2007 à 2017,


l’abstention aux élections présidentielles ne dépasse pas 26 % , alors qu’elle varie
de 39 % à 57 % aux élections législatives. Différentes raisons peuvent expliquer
cette différence, notamment la personnalisation, le fonctionnement plus
accessible et, surtout, la médiatisation accrue de l’élection présidentielle. La
participation peut également varier entre les premiers et seconds tours,
l’abstention connaissant des hausses notables lorsque l’offre réduite du second
tour est jugée insatisfaisante par une partie de l’électorat, comme le choix entre
Emmanuel Macron et Marine Le Pen au second tour de l’élection présidentielle
de 2017.

Mais ces variables contextuelles sont bien entendu liées aux variables lourdes.
Ainsi, les statistiques du tableau montrent que le relatif désintérêt pour les
élections législatives est nettement plus marqué chez les ouvriers. Par exemple,
l’écart de point au second tour des présidentielles en 2012 était de 11, 2 % , mais,
cette même année, il était de 20, 7 % pour les législatives.

Astuce

La lecture d’un tableau nécessite des connaissances et un travail d’analyse,


ne vous contentez pas des chiffres qui vous seront donnés. Ici, pour
interpréter l’écart entre ouvriers et cadres présenté dans la partie basse du
tableau, il faut préalablement savoir que ce sont les ouvriers qui s’abstiennent
le plus.
Il peut également être intéressant de trouver un moyen clair et synthétique
de comparer les différentes colonnes (« la différence entre X et Y est de tant
de points », ou « varie du simple au double »).

L’effet du contexte sur une certaine catégorie socio-professionnelle peut aussi


être lié au candidat, ou parti politique, sortant. Ainsi, en 2017, à l’issue de cinq
années de pouvoir pour le Parti socialiste jugées décevantes par une partie de

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l’électorat traditionnel de gauche, composé en partie d’ouvrier, ces derniers se
sont fortement abstenus dès le premier tour de l’élection présidentielle (l’écart
de leur taux d’abstention vis-à-vis des cadres étant de 12, 55 points contre 5, 8
et 6, 8 pour les deux précédentes présidentielles). On trouve ici ce que Nonna
Mayer et Pascal Perrineau ont qualifié de « vote sanction » .

3. À l’aide du document, vous caractériserez l’évolution de l’abstention


électorale. (3 points)

De 2007 à 2012, l’abstention progresse d’environ 4 points sur chacun des


scrutins nationaux. De 2012 à 2017, elle progresse à un rythme similaire sur
l’élection présidentielle, mais plus élevé pour les législatives (environ 8, 5 points
pour les premiers tours et 12, 8 pour les seconds tours).

Astuce

Lorsque l’on compare deux pourcentages, la différence se compte en


« points ». Par exemple, entre 30 % et 40 % , la différence n’est pas de 10 %
mais de 10 points.

Cette progression de l’abstention reflète principalement une démobilisation de


l’électorat populaire, puisque l’écart d’abstention entre cadres et ouvriers (les
ouvriers étant ceux qui s’abstiennent le plus) se renforce sur la même
période (2007-2017), d’environ 6 points pour les présidentielles et 9 pour les
législatives.

Seconde partie : Raisonnement appuyé sur un dossier


II. documentaire (10 points)

Sujet : À l’aide du dossier documentaire et de vos connaissances, vous illustrerez


l’intervention des pouvoirs publics en présence d’externalités.

Les marchés ne permettent pas toujours d’allouer les ressources de manières


optimale et l’activité économique engendre parfois des dégâts, notamment
pour l’environnement. On parle alors de « défaillances » du marché. Ces
défaillances peuvent consister en ce que l’on appelle des « externalités », c’est-à-
dire des conséquences de l’activité d’un agent sur le profit ou le bien-être d’un
autre agent, qui ne donnent pas lieu à une compensation monétaire. Ces
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externalités peuvent être positives, comme lorsqu’une institution met en œuvre
un programme d’éducation gratuit, ou négative, comme la pollution que génère
l’activité d’une usine.
L’activité économique des pouvoirs publics est étroitement liée à ces
externalités : l’État en « internalise » certaines, elles sont ainsi prises en compte
dans les calculs des agents. Il peut le faire en incitant les activités qui créent des
externalités positives, c’est-à-dire en subventionnant des activités d’éducation
ou de recherche, ou en les produisant lui-même. Il peut également le faire en
règlementant ou taxant les activités qui produisent des externalités négatives
(pollutions, problèmes de santé…). Par ailleurs, d’autres collectivités prennent
part à cette internalisation.

Nous montrerons ici l’importance de cette intervention des pouvoirs publics en


nous appuyant sur deux documents. Le premier est un tableau publié en 2018
par le ministère de l’Éducation nationale qui expose l’évolution, de 2013 à 2017,
de la dépense pour l’éducation en France et la répartition de ses sources de
financement (pouvoirs publics, entreprises, ménages). Le second est un texte
publié, en 2018 également, par le ministère de la Transition écologique et
solidaire, soulignant le coût de la pollution atmosphérique en France et les
mesures mises en œuvre par l’état pour réduire celle-ci.

Astuce

Pensez toujours à présenter en introduction le contenu, la source et la date


des documents étudiés.

Ces documents nous permettront, dans un premier temps, de nous faire une
idée du poids et de l’importance de l’intervention des pouvoirs publics face aux
externalités. Puis, dans un second temps, nous montrerons la diversité des
modes d’intervention de ces pouvoirs.

Une intervention des pouvoirs publics décisive face aux défaillances du


marché

Astuce

Vous pouvez titrer vos parties pour rendre votre raisonnement et votre plan
plus lisibles.

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Le principal enseignement qui ressort du document 1 concerne moins
l’évolution de la structure du financement, qui est relativement stable, que
l’importance des volumes de dépense en matière d’éducation. Celles-ci sont
d’environ 150 milliards d’euros par an. Environ 84 % de ces dépenses, soit
126 milliards d’euros, sont fournies par l’État, les collectivités territoriales et
d’autres administrations publiques. Les quelques 8 % à 9 % fournis par les
entreprises soulignent que l’activité du marché ne suffirait pas à couvrir les
besoins en la matière.
Du reste, l’activité du marché ne permettrait pas non plus, du moins pas
spontanément, de compenser les coûts qu’elle génère sur l’environnement, et
par conséquent sur la santé, que souligne le document 2. Il est question d’une
perte d’espérance de vie de 2 ans, de 48 000 décès prématurés et, globalement,
d’un coût de 70 à 100 milliards d’euros par an. Ici encore, les pouvoirs publics
jouent un rôle central, cette fois par diverses méthodes permettant de limiter
les conséquences des externalités négatives de l’activité économique.
Nous allons voir à présent, toujours en nous appuyant sur ces documents,
quelles sont les différentes formes de cette intervention.

État et autres collectivités, réglementations, incitations : diversité des


modes d’intervention

Tout d’abord, il serait erroné de réduire l’intervention des pouvoirs publics face
aux externalités à celle de l’État. Le document 1 montre que, sur les 84 % de la
dépense d’éducation annuelle fournis par les pouvoirs publics, 24 % environ sont
issus des collectivités territoriales. Celles-ci jouent un rôle central, notamment
dans la gestion des lycées, collèges et écoles (régions, communes). Le
document 2 souligne également leur rôle dans la lutte contre la pollution
atmosphérique.
Par ailleurs, qu’elle émane de l’État ou d’autres collectivités, l’intervention des
pouvoirs publics face aux externalités passe par diverses méthodes. Il peut s’agir
pour ces pouvoirs de produire eux-mêmes une activité génératrice
d’externalités positives, comme celle de l’Éducation nationale dont le
document 1 laisse entrevoir le poids. Mais il peut également être question,
comme le montre le document 2 pour le cas de la lutte contre la pollution, de
lutter par des moyens indirects contre les externalités négatives. Parmi les
méthodes disponibles, on trouve alors la mise en place de réglementations
sectorielles, telle que l’interdiction de produits nocifs dans l’agriculture
(glyphosate). On trouve également des mesures fiscales et/ou incitatives, telles
que la taxation d’activités polluantes, ou des exonérations et subventions pour
les activités ayant des conséquences écologiques positives (production d’énergie

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renouvelables). Ces interventions indirectes peuvent également consister en des
campagnes de mobilisation, sensibilisation et d’information des acteurs que
sont les citoyens ou entreprises, qu’elles soient créées par les pouvoirs publics ou
dans le cadre d’actions conduites avec des associations ou ONG.

Les externalités positives ou négatives de l’activité économique témoignent


donc de défaillances des marchés, face auxquelles les pouvoirs publics jouent un
rôle crucial. Ce rôle peut consister à produire directement des activités
contribuant à l’amélioration du bien-être ou du profit des agents, mais aussi à
pousser les acteurs économiques à prendre eux-mêmes en compte les
externalités, par des réglementations et incitations.

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