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Comment les entreprises sont-elles organisées et gouvernées ?

Introduction :

Pour fonctionner, une entreprise doit mettre en place un système de


gouvernance plus ou moins centralisé afin de répartir le pouvoir et
harmoniser les relations sociales. En effet, la vie en entreprise comporte
souvent des conflits pouvant générer une crise et parfois même
conduire à la disparition de l’entreprise. Ainsi, il est important de
connaître les procédures visant à restaurer la coopération entre les
diverses parties prenantes au sein de l’entreprise.

Comment les entreprises sont-elles organisées et gouvernées afin de


s’adapter à leur environnement ?

Nous observerons tout d’abord qu’il existe plusieurs formes de


gouvernance et de nombreuses parties prenantes pouvant influencer
l’entreprise. Puis, nous verrons comment s’articulent coopération et
conflits au sein des entreprises.

1 Quelle gouvernance au sein des entreprises ?

Définition

Gouvernance :

La gouvernance décrit la manière dont quelque chose est dirigé,


administré et contrôlé.

a. Un mode de gouvernance plus ou moins centralisé

La gouvernance renvoie à la mise en œuvre d’un ensemble de dispositifs


(règles, contrats, etc.) dans le but d’assurer la coordination des acteurs de

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l’entreprise. Cette gouvernance est généralement retranscrite grâce à un
organigramme qui permet de visualiser la répartition des rôles ainsi que le
pouvoir de décision au sein de l’organisation.

Ce type de document présent au sein des entreprises donne à voir la


structure des relations sociales formelles ainsi que l’existence d’une
hiérarchie. Cependant, il peut aussi exister une hiérarchie plus informelle.

 Par exemple, une ouvrière s’occupant de la maintenance d’une machine peut


aisément exercer un pouvoir sur son contremaître et son directeur technique.

Dans son mode de gouvernance, l’entreprise peut généralement opter


pour une centralisation ou une décentralisation des décisions.

Définition

Centralisation :

La centralisation désigne une forte concentration du pouvoir avec une


autorité unique.

Définition

Décentralisation :

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La décentralisation désigne une répartition du pouvoir entre différents
acteurs.

Les entreprises fortement centralisées

L’entreprise peut opter pour une forte centralisation du pouvoir. Plusieurs


structures sont possibles.

1 La structure en étoile

Dans cette structure, l’autorité est concentrée dans


les mains d’une seule personne au centre de
l’organisation. Les autres membres se réfèrent
directement à lui et n’ont pas d’interactions les uns
avec les autres. Ils exécutent mais ne décident pas.

2 La structure en pyramide

Dans ce type de structure, il existe plusieurs niveaux


de responsabilité. Il y a une hiérarchie, un peu
comme s’il s’agissait d’une armée avec à sa tête un
général, puis des commandants et enfin des soldats.
L’information ne circule que dans un sens : du haut
vers le bas. Les liens de subordination sont forts. Ce
mode de gouvernance est surtout visible dans les
grandes entreprises qui organisent leur production
sur le modèle tayloriste.

Le modèle actionnarial

Définition

Dirigeant :

Un dirigeant est chargé de l’ensemble des décisions concernant la


production et l’investissement de l’entreprise. Il peut être propriétaire-

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gestionnaire de l’entreprise ou salarié (manager dans une société par
actions).

Définition

Actionnaire :

Un actionnaire est une personne physique ou morale (société) qui, en


investissant du capital dans une entreprise, en détient une part, acquiert
un droit de regard (voire parfois de décision) et reçoit des dividendes.

Les dirigeants peuvent bénéficier de stock-options de la part des


actionnaires : il s’agit d’un mode non conventionnel de rémunération des
dirigeants par les actionnaires sous la forme d’un transfert d’actions à un
prix préférentiel. Ils délèguent alors la conduite des activités de l’entreprise
aux dirigeants qui prennent les décisions stratégiques visant à contenter
les propriétaires.

 Cela permet d’inciter le dirigeant salarié à agir dans l’intérêt des actionnaires
(maximisation du profit).

Les SCOP : un exemple de forte décentralisation des décisions

Une SCOP (société coopérative et participative) est d’abord une désignation


juridique d’entreprise. Les SCOP ont un mode de gouvernance décentralisé
puisqu’il s’agit d’entreprises dont les salariés sont les associés majoritaires.
Ils détiennent alors au moins 51 % du capital social et 65 % des droits de
vote. Le principe est simple : une personne équivaut à une voix.
Au sein d’une SCOP, le dirigeant est élu par les salariés et le profit est
distribué en trois parts plus ou moins égales : une pour les salariés, une
autre pour les salariés associés et enfin, la dernière part (40 à 45 %) est mise
en réserve pour assurer la pérennité de l’entreprise (investissements futurs,
remboursement de créanciers, fonds de réserve, etc.).
Ce mode de gouvernance n’est pas nouveau : de nombreuses banques se
reposent sur un principe quasi identique avec la présence de « clients
associés ».

À retenir

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Les salariés sont dans une relation de subordination par rapport à leur
employeur, mais ils ne sont pas toujours considérés comme des
exécutants : selon les pays, ils peuvent être inclus dans les prises de
décision concernant le processus productif, notamment dans le cadre
d’un modèle de cogestion.

b. L’entreprise et ses différentes parties prenantes

L’entreprise n’est pas une « boîte » fermée sur l’extérieur. Au contraire, les
relations sociales d’une entreprise s’organisent dans un environnement
ouvert. Gouverner une entreprise, c’est donc aussi faire face à une grande
diversité de parties prenantes.

Selon le chercheur R. Edward Freeman, une partie prenante fait référence


à : « tout groupe d’individus ou tout individu qui peut affecter ou être affecté
par la réalisation des objectifs [de l’entreprise] » .

On distingue d’abord la triade clients, salariés et propriétaires.

 Si une de ces parties prenantes fait défaut, c’est toute l’entreprise qui est
menacée. Prenons l’exemple d’une entreprise dont le client ne peut honorer le
paiement une commande. Cela peut dégrader le bilan de l’entreprise et ainsi
provoquer, à terme, un dépôt de bilan.

Viennent ensuite les fournisseurs. Ces derniers ont un lien direct et


contractuel avec l’entreprise puisqu’ils fournissent à cette dernière des
ressources permettant de produire (consommations intermédiaires).

 Là encore, si un fournisseur fait défaut, c’est toute la chaîne de production qui


est affectée négativement, ce qui peut à terme provoquer des licenciements et
potentiellement un dépôt de bilan.

Enfin, il existe des parties prenantes plus diffuses, n’ayant aucun lien
contractuel avec l’entreprise mais influençant la vie de l’entreprise. Nous
pouvons prendre l’exemple d’une autorité publique, d’un syndicat
professionnel, d’une O.N.G., d’un lanceur d’alerte ou encore d’un
concurrent direct.

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 Si une personne met en lumière des comportements illicites et dangereux
constituant une menace pour l’intérêt général (un lanceur d’alerte par
exemple), alors l’activité de l’entreprise à l’origine de l’alerte peut être affectée
négativement. On peut penser par exemple à la fraude à la viande de cheval
en 2013 qui a affecté toutes les entreprises produisant des plats cuisinés
surgelés.

2 L’entreprise : une organisation où conflits et coopération se côtoient

Il existe des mécanismes permettant une représentation de tous les


acteurs intervenant dans l’entreprise (conseil d’administration, présence de
syndicats, etc.). Cela n’empêche cependant pas toujours l’émergence de
conflits plus ou moins ouverts (grève, absentéisme, manque d’implication).

a. L’entreprise, une organisation plus ou moins hiérarchisée

Afin de réguler les relations, l’entreprise déploie une hiérarchie.

Définition

Hiérarchie :

Relation sociale fondée sur une inégalité de statut conférant l’autorité à


certains individus ou à certaines fonctions.

L’existence d’une hiérarchie permet d’organiser directement les rapports


de subordination au sein de l’entreprise et d’orienter les rôles en fonction
d’un but collectif.

 Le principe hiérarchique doit donc permettre de mieux structurer les relations


sociales au sein de l’entreprise.

Pourquoi l’entreprise élabore-t-elle une telle organisation ? Revenons à la


théorie économique pour mieux le comprendre. Deux célèbres
économistes et lauréats du prix Nobel d’économie dans la seconde moitié
du XXe siècle, Ronald Coase (1910-2013) et Oliver Williamson (1932) ont

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introduit le concept de coûts de transaction afin d’expliquer l’existence
d’une gouvernance hiérarchique au sein des entreprises.

Définition

Coûts de transaction :

Coûts relatifs à l’échange marchand entre deux agents économiques.

Ces deux économistes appartenant au courant « institutionnaliste » vont


révolutionner l’analyse de l’entreprise en mettant l’accent sur l’existence de
ces coûts bien éloignés des coûts de production traditionnels. Les coûts de
transaction sont par exemple les coûts liés à la recherche d’information
concernant un produit ou un procédé ou ceux liés à la rationalité limitée
des agents (mauvais choix, erreurs, etc.).

Afin de lutter contre leur rationalité limitée, les agents économiques vont
donc mettre en place toute une série de contrats organisant nombre de
liens de subordination afin d’améliorer l’information et d’organiser au
mieux la production.

En fin de compte, la structure des coûts de transaction auxquels


l’entreprise fait face explique en grande partie l’organisation et la
gouvernance au sein de l’entreprise.

b. Entre coopération et conflits

Un lieu de conflits

Définition

Conflit :

Opposition pouvant prendre diverses formes entre des individus ou des


groupes d’individus dont les intérêts, matériels ou non, divergent.

Le conflit en entreprise est souvent décrit comme le résultat d’un


dysfonctionnement. Pourtant, il est aussi annonciateur d’un changement

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social au sein de l’entreprise.

Dans le modèle actionnarial, la principale source de conflits concerne le


partage des richesses. Les parties prenantes internes (propriétaires-
actionnaires d’un côté et travailleurs de l’autre) se répartissent la richesse
produite : la valeur ajoutée. D’un côté les salaires pour les travailleurs et de
l’autre les profits.

Le but des propriétaires de l’entreprise est de maximiser les profits afin


d’obtenir davantage de dividendes et ainsi faire augmenter la valeur de
leur entreprise. Les travailleurs, eux, souhaitent voir leurs salaires
augmenter et leurs conditions de travail s’améliorer.
Cet antagonisme est toujours aussi central au sein des entreprises.
Cependant, depuis les années 1980, avec le ralentissement de la croissance
économique et la montée du chômage, ils ont changé de nature : les
conflits du travail sont devenus de plus en plus défensifs, les travailleurs
cherchent à préserver leurs emplois de plus en plus remis en cause
(délocalisations et licenciements dans l’industrie par exemple). Durant les
Trente Glorieuses, en revanche, les conflits étaient offensifs, les travailleurs
revendiquant et cherchant à obtenir de nouveaux acquis sociaux.

Dans l’entreprise, une des principales formes que peut prendre le conflit
est la grève même s’il ne s’agit pas de la seule forme de conflit. D’autres
modes d’action peuvent être utilisés de façon complémentaire
(manifestation notamment).

Un lieu de dialogue social

Au sein des entreprises, la régulation des conflits passe souvent par le


dialogue social.

Définition

Dialogue social :

Ensemble des négociations entre les différentes parties prenantes afin


de promouvoir une amélioration de la gouvernance et une prise en
compte des revendications.

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Il y a d’abord, dans les entreprises de plus 50 salariés, le délégué syndical
(DS) qui est le représentant du personnel désigné par un syndicat
représentatif dans l'entreprise.

 C'est grâce à lui que le syndicat fait connaître à l'employeur ses réclamations,
revendications ou propositions et négocie les accords collectifs.

Auparavant, une entreprise d’au moins 11 salariés organisait l’élection de


délégués du personnel (DP). Leur nombre variait en fonction de l'effectif
total. Il était chargé de représenter les salariés et leurs réclamations auprès
de l'employeur.
De plus, les entreprises d'au moins 50 salariés devaient mettre en place un
comité d'entreprise (CE). Celui-ci était composé de représentants du
personnel et syndicaux ayant un mandat de 4 ans maximum. Ce comité
était présidé par l'employeur et pouvait décider de mesures économiques,
sociales et culturelles.
Enfin, dans ces mêmes entreprises, un comité d'hygiène, de sécurité et des
conditions de travail (CHSCT) était obligatoire. Il se composait de
représentants désignés, pour 4 ans maximum, par les membres élus du
comité d'entreprise (CE) et les délégués du personnel (DP). Il permettait
d’assurer des missions liées à la prévention, à la protection de la santé
physique et mentale et à la sécurité des salariés.

Astuce

Au 1er janvier 2020, le comité social et économique (CSE) a remplacé les


délégués du personnel, le comité d’entreprise ainsi que le comité
d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail. Toutes les instances
précédemment évoquées ont donc été regroupées.

À retenir

L’entreprise est un lieu de relations sociales où se combinent


coopération et conflits, association et opposition.

Conclusion :

Le fonctionnement cohérent d’une entreprise suppose l’existence d’une


autorité. Cette dernière peut prendre la forme d’une hiérarchie, c’est-à-

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dire l’existence de lien de subordination entre les différents éléments de
l’organisation. Lorsque l’autorité est concentrée sur un niveau
hiérarchique, on parle alors de centralisation du pouvoir. En revanche
d’autres entreprises peuvent décider d’opter pour une décentralisation
du pouvoir (les SCOP par exemple).
L’entreprise doit également coordonner l’action d’une diversité de
parties prenantes qui n’ont pas toutes les mêmes intérêts. On distingue
le modèle actionnarial dans lequel des actionnaires confient à un
dirigeant salarié les objectifs de l’entreprise du modèle partenarial dans
lequel l’entreprise tente d’associer une plus grande diversité de parties
prenantes aux choix stratégiques de l’entreprise.
Au final, le monde de l’entreprise suppose une coopération importante
afin d’atteindre un objectif commun. Les parties prenantes peuvent
entrer en conflits ce qui suppose la mise en place de procédures visant à
encourager le dialogue social.

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