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Néanmoins, la gouvernance actionnariale possède un certain nombre de limites pouvant
mettre en péril les activités et le bon fonctionnement de l’entreprise.
Tout d’abord, la pression actionnariale peut avoir des effets délétères sur la gestion de
l’entreprise. En effet, la volonté des investisseurs de s’immiscer dans le pouvoir exécutif et de
récupérer des bénéfices au plus vite peut créer des tensions. En effet, les intérêts entre les
différentes parties prenantes peuvent être divergents. Une forte pression actionnariale peut
par ailleurs créer une instabilité à la tête de l’entreprise (révocation d’administrateurs, de
dirigeants, etc.). Les différents licenciements successifs de grands patrons peuvent en
témoigner. Cela n’accroit bien souvent pas la stabilité de l’entreprise.
La gouvernance actionnariale a également pour défaut de ne pas encourager une
vision à long terme de l’entreprise puisque bien souvent les investisseurs ne sont motivés que
par l’idée d’un rendement rapide. En septembre 2021, Xavier Niel rachète des actions d’Iliad,
et possède désormais 96,46% du capital du groupe. Par cette décision, Xavier Niel souhaite
accélérer le développement d’Iliad pour en faire un des leaders des télécommunications en
Europe, à travers une politique ambitieuse de rupture et d’investissements, fondée sur une
stratégie de développement bien particulière, qui n’aurait pas été possible dans le cadre d’une
gouvernance actionnariale. Ici, le pouvoir souverain n’est clairement pas aux mains des
actionnaires sous leur forme d’investisseurs mais sous la forme de l’actionnaire long terme
qui s’implique pour l’évolution durable de la société. Dès lors, il y a davantage équilibre
théorique entre les différents pouvoirs souverains, exécutifs et de surveillance.
Enfin, un cadre de gouvernance actionnarial ne permet en général que trop peu une
politique plus audacieuse, plus risquée et fondée sur des investissements plus importants sur
fonds de problématiques éthiques et sociales. En effet, la suprématie actionnariale qui vise un
rendement à court terme et une forte valorisation ne favorisent pas des nouveaux
développements et des nouvelles initiatives audacieuses pensées sur le temps long. De plus,
la gouvernance actionnariale peut induire à une survalorisation financière sur les marchés,
voire à une bulle spéculative ainsi qu’à des tensions internes et externes autour de la question
des dividendes. De plus en plus de gens se posent des questions éthiques et de transparence
autour de la rémunération des actionnaires. Chaque année ou presque, les rémunérations des
actionnaires parfois records sont jugées indécentes, inéquitables, et posent des
problématiques sociales et éthiques. La gouvernance actionnariale augmente le fossé entre
les employés et les hautes sphères de l’entreprise de ce point de vue, et nourrit l’idée d’une
déconnexion et d’une double réalité autour des actionnaires qui profiteraient injustement du
travail des autres.
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