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ANS LA Mouvance DE L Intertextualité LES Apports Périphériques
ANS LA Mouvance DE L Intertextualité LES Apports Périphériques
savoir littéraire quand il valorise le nécessaire déchiffrement des textes par leurs
intertextes. Cette position de principe ne consiste-t-elle pas à se prémunir des abus de
la "surinterprétation" ? En effet, selon Umberto Eco, « la seule alternative à une théorie
de l'interprétation radicale orientée vers le lecteur est celle que prônent ceux pour qui la
seule interprétation valide est celle qui vise à saisir l'intention primitive de l'auteur. 31 »
En ce sens, il faut poser des limites aux réminiscences littéraires : l'intention d'un
interprète autorisé, l'auteur (contrairement à la première acception tel quelienne).
23Toutefois, cet ouvrage d'érudition n’exclut pas le ton personnel et un brio ludique. En
effet, sa première partie se présente comme « une phénoménologie de la citation, de la
production et non du produit » : l'auteur y appréhende l'acte de citer comme une
expérience immédiate que matérialisent certaines opérations de soulignement, de
découpage, de collage. Avant de citer, il faut avoir été « sollicité », « excité » par une
lecture, d'où la conclusion qui fait suite à ces jeux de mots :
La citation tente de reproduire dans l'écriture une passion de la lecture [...]. La citation
répète, elle fait retentir la lecture dans l'écriture : c'est qu'en vérité lecture et écriture ne sont
qu’une seule et même chose, la pratique du texte qui est pratique du papier. La citation est
la forme originelle de toutes les pratiques du papier, le découper-coller, et c'est un jeu
d'enfant33.
Écrire, car c’est toujours récrire, ne diffère guère de citer. La citation, grâce à la confusion
métonymique à laquelle elle préside, est lecture et écriture ; elle conjoint l'acte de lecture et
celui d'écriture34.
26Dans la mesure où la citation est perçue comme une "structure mentale" du sujet, elle
convoque un imaginaire et un "pathos", selon le vœu de Barthes. Ainsi, pour citer une
"constellation" de mots, il faut mobiliser activement une force de travail : il y aurait
fulguration, ex-cision, investissement obsessionnel, mais aussi circulation "monétaire"...
A. Compagnon se réfère aussi aux métaphores les plus courantes du travail de la
citation chez les écrivains, pour en commenter les significations subjectives37 Plus aride,
la deuxième partie de l'essai – une "sémiologie" de la citation – est placée sous l’autorité
des linguistes ; elle démontre une certaine ambition de scientificité ; Benveniste et
surtout Peirce sont le plus souvent invoqués. Toute citation étant un fait de langage,
Antoine Compagnon en propose une typologie formelle, en lui appliquant les théories
sémiotiques de Peirce, qui postule trois relations du signe "t. (S1)" et de son objet, "t.
(S2)", mais aussi la relation du signe et d’un troisième élément, la série des
interprétants. D'où une combinatoire de formules algébriques d'un maniement délicat.
On distingue d'abord le "Texte" cité (T1) et le texte citant (T2), mais parfois aussi
l'Auteur cité (Al) et l’auteur citant (A2) ; ces deux systèmes de relations-S1 (Al,T1) et S2
(A2, T2) permettent de discerner quatre « structures élémentaires ». Tout d’abord, dans
une citation, on peut ne pas citer l'Auteur – et à la limite, il n’y a pas d'auteur, ce qui
s'écrit T1-T2 (régime du symbole) ; par exemple : les vérités proverbiales : je les répète,
sans savoir d'où elles viennent. On peut au contraire, faire référence à l'Auteur – citer
son nom, l'invoquer, par exemple, dans une thèse où l’impétrant s'efface devant son
objet : c'est la citation indicielle (A1-T2). Mais, en dernier ressort, l'auteur citant peut lui
aussi se manifester, intervenir comme tel, et A. Compagnon distingue alors, sous forme
d'équations, quatre variétés, où la relation imiterait et s'approprierait les caractères de
l'objet, par similarité : S1 (Al, T1)-A2 (l'icône) ; T1-A2 (le diagramme) ; A1-A2 (l'image) ;
enfin : S1-S2 : (amalgame déconcertant, a-sémantique : une tache, un cri...).
27La troisième partie de l’ouvrage illustre ces axiomes dans une perspective
diachronique. Elle propose une intéressante "généalogie" de la citation en tant que
pratique institutionnelle, depuis la rhétorique ancienne où A. Compagnon étudie les
connotations de mimesis, de sententio et d'imitatio chez les Anciens ; il passe ensuite à
la tradition scolastique, fondée sur l'auctoritas, puis à la glose patristique proliférant
autour de la Bible, le Texte sacré. Enfin, l'avènement de la citation moderne au
XVIe siècle est liée aux possibilités nouvelles de l'imprimerie : apparition des guillemets,
indices typographiques qui permettent d'isoler la citation et qui deviendront les futurs
garants de la propriété littéraire. Pour comprendre les pratiques de la citation à une
époque-charnière, le XVIe siècle, A. Compagnon prend en compte un nouveau contexte
culturel, le retour aux sources des Humanistes contre la tradition scolastique. Il analyse
aussi le rapport ambigu de Montaigne à la citation : dans les Essais, elle n'est plus
"indice" mais "icône", dans la mesure où s'y projette la figure de l'auteur, sujet et objet
du discours – et non plus le texte ou l'auteur cité comme dans la tradition scolastique ;
le véritable enjeu de la citation devient alors l'expression du moi, par de prudents et
savants détours. Cet effet de miroir préfigure les usages citationnels de la littérature
moderne.
30Une autre objection, plus conséquente, pourrait être également soulevée : la citation
étant définie comme « relation interdiscursive de répétition », elle inclut le discours
rapporté, au style direct, indirect ou indirect libre, à l'écrit comme à l'oral (c'est là aussi
une ambiguïté déjà inscrite dans la notion de dialogisme chez Bakhtine). Ainsi, par
exemple, La Recherche du temps perdu : quand Mme Verdurin cite Swann, il ne s’agit
pas d’un phénomène de l'intertextualité, mais d'un exemple de discours rapporté 40.
Mémorables ou anecdotiques, les expressions d'un personnage peuvent en effet être
"citées" par le narrateur ou d'autres personnages. Mais ces citations intradiégétiques ne
transitent pas par des énoncés extérieurs à l'univers fictionnel de ce texte. En fait, les
traces écrites de cette interdiscursivité ne se présentent pas à la lecture de l'univers
romanesque comme des emprunts explicitement attestés, même si elles correspondent
sans doute en partie à des propos de salon réellement entendus par Proust, à des
sources biographiques utilisées par l’auteur. Une définition aussi large de la citation finit
par déborder tout le champ notionnel de l'intertextualité où nous avions initialement
situé la citation. C'est le dialogisme bakhtinien lui-même qui expliquerait cette
extrapolation : si toute activité verbale évoque la trace omniprésente des discours
antérieurs, le "déjà dit" semble orienter tout acte d'énonciation vers la réitération. Au
contraire, si l'intertextualité est définie comme une activité d'écriture et de lecture qui
implique la transformation d'allusions et d’emprunts à des textes antérieurs, elle
apparaît comme plus restrictive.
31Enfin, il est permis d'établir une autre distinction entre certaines pratiques sociales de
la citation et les phénomènes de l'intertextualité : lorsqu'une citation, nous dit A.
Compagnon, a l'insigne honneur d'être gravée « sur le piédestal des statues »41 ou au
fronton des monuments, il nous paraît difficile, dans ce cas particulier, de considérer
qu'il s’agit encore d'intertextualité dans la mesure où son support matériel l'isole de son
domaine originel, celui des autres textes ou des discours. Elle est extraite de son
contexte initial pour s'inscrire sur un support hétérogène. Mais A. Compagnon aurait pu
aussi bien mentionner d'autres formes d'inscription citationnelle comme le graffiti
anonyme, le tag – pratiques moins nobles mais plus modernes – et pourquoi pas, dans
un sens également trivial, la poétique de la réclame ? (On sait que l'affiche publicitaire
joue souvent sur la réitération, et se présente comme un palimpseste d'énoncés
interdiscursifs)... Dès lors, et pour se limiter aux citations insérées dans des œuvres de
sculpture et d'architecture, il n'y a plus permutation, "transformation", assimilation
réciproque des textes ou des discours, mais plutôt séparation, hiatus, entre le point
d'origine et le point d'aboutissement.
d'une manière sans doute restrictive, par une relation de coprésence entre deux ou plusieurs
textes, c'est-à-dire [...] par la présence effective d'un texte dans un autre. Sous sa forme la
plus explicite et la plus littérale, c'est la pratique traditionnelle de la citation (avec
guillemets, avec ou sans référence précise) ; sous une forme moins explicite et moins
canonique, celle du plagiat (chez Lautréamont, par exemple), qui est un emprunt non
déclaré, mais encore littéral ; sous une forme moins explicite et moins littérale, celle de
l'allusion, c'est-à-dire d'un énoncé dont la pleine intelligence suppose la perception d'un
rapport entre lui et un autre auquel renvoie nécessairement telle ou telle de ses inflexions,
autrement non recevable[...]. Cet état implicite (et parfois tout hypothétique) de l'intertexte
est depuis quelques années le champ d'étude privilégié de Michael Riffaterre [...] 43.
34Le second type de "transtextualité" est formé par le "paratexte" que Genette étudiera
en détail dans Seuils en 1987 (la périphérie, l'environnement, les seuils du texte : titres,
préfaces, épigraphes, notes...). Le troisième est la relation métatextuelle, le
commentaire « qui unit un texte à un autre texte dont il parle [...]. C'est, par excellence,
la relation critique45 ». Le quatrième type, le plus abstrait et le plus implicite, est
l’architextualité – l'appartenance du texte à un genre, à des codes littéraires qui
déterminent l'horizon d'attente du lecteur. Quant au dernier type de transtextualité,
auquel Genette va consacrer tout le reste de son ouvrage, il s’agit de l'hypertextualité :
« J'entends par là toute relation unissant un texte B (que j'appellerai hypertexte) à un texte
antérieur A (que j'appellerai, bien sûr, hypotexte) sur lequel il se greffe d'une manière qui
n'est pas celle du commentaire »46.
J'appelle donc hypertexte tout texte dérivé d'un texte antérieur par transformation simple
(nous dirons désormais transformation tout court) ou par transformation indirecte : nous
dirons imitation47.
36Avant d'étudier en détail l'hypertextualité, Genette prend le soin de préciser que les
cinq types fondamentaux de transtextualité ne sont pas des catégories étanches : leurs
recoupements sont nombreux et souvent décisifs. Ainsi, le genre d'un texte – son
appartenance architextuelle – se constitue sans doute par voie d'imitation (et donc par la
relation hypertextuelle) tout en se manifestant par des indices paratextuels (au niveau
du sous-titre, par exemple). En outre, un "genre hypertextuel" comme le pastiche
satirique a souvent une valeur de commentaire critique. Quant au commentaire critique,
cette relation dite métatextuelle s'accompagne souvent d'une pratique de la citation à
des fins démonstratives. Aux dernières lignes de Palimpsestes, Genette aboutit à une
vision saisissante de la transtextualité qui s'unit à une apologie de la littérature au
second degré :
37Mais si toutes les œuvres littéraires – dans leur contenu fictionnel – sont
hypertextuelles, « certaines le sont plus (ou plus manifestement, massivement et
explicitement) que d'autres »49. Les autobiographies, les romans réalistes, parce que
leurs finalités sont moins représentatives, sont délibérément écartés du champ
de Palimpsestes. La première partie de l'ouvrage commence par analyser les quatre
genres hypertextuels canoniques, bien que considérés comme des genres mineurs : la
parodie, le travestissement, la charge et le pastiche (ce sont aussi des domaines
auxquels Bakhtine s'était déjà intéressé, mais ce rapprochement n'est pas signalé).
Genette critique la conception de Riffaterre parce qu'elle conduit à « traquer dans
n'importe quelle œuvre les échos partiels, localisés, et fugitifs de n'importe quelle autre,
antérieure ou postérieure ». Se disant « brouillé depuis longtemps et pour [s]on plus
grand bien » avec l'herméneutique (inter)textuelle, il considère « la relation entre le
texte et son lecteur de manière plus socialisée, plus ouvertement contractuelle, comme
relevant d'une pragmatique consciente et organisée »50.
IMITATION <--Relation
TRANSFORMATION d'un texte (Si nulle = la copie)
stylistique (Autre "sujet") Régime :
40Les nomenclatures, les tableaux que Genette propose pour inventorier tous les
éléments constitutifs sont dignes d'un Mendeleïv de la poétique ; le domaine des
possibles tend à être valorisé par rapport à leur actualisation ; l'existence provisoire
d'une case vide démontre le primat de l'hypothèse, l'avancée autonome de la théorie
avant sa confirmation empirique... Mais un échange dialectique s'opère lorsque la
recherche d'un ou plusieurs exemple(s) fait surgir des types mixtes et des
superpositions d'un concept à l'autre ; ou lorsque la masse des faits, la surabondance
des procédés à décrire donnent lieu à un catalogue d'une richesse inépuisable, comme
c'est le cas dans les derniers chapitres de l'ouvrage.
42Nous avons résumé les recoupements mentionnés entre les relations transtextuelles
dans le premier chapitre de Palimpsestes ; mais aucun exemple de cas-limite n’assure
explicitement la transition entre l'hypertextualité et l'intertextualité. Or, un exemple
permet de vérifier que l'intertexte et l'hypotexte peuvent coexister : À rebours de
Huysmans contient à la fois un (ou des) pastiche(s) de Baudelaire – pratique
hypertextuelle – et des citations de Baudelaire – pratique intertextuelle. La pression des
exemples a une valeur heuristique lorsque des distinctions extrêmement pertinentes en
principe s’avèrent n’être plus isolables en pratique à l'analyse d’un texte. Les écrivains
parcourent en tous sens les labyrinthes de la "littérature au second degré" – par exemple
au XXe siècle Aragon, Joyce, Borges, Butor, Umberto Eco... – et l'on serait bien en peine
de classer leurs jeux vertigineux dans une relation transparente, constante et unilatérale
comme la parodie ou un type de transposition.
43Genette met l'accent sur la valeur opératoire de la dualité qu'il établit entre
L'imitation" d'un style et la "transformation" d'un sujet. Si efficace soit-elle, cette
opposition binaire pourrait néanmoins être interprétée comme le retour ou la
permanence indésirable d'une opposition schématique entre forme et contenu : peut-
être aurait-il été opportun à des fins didactiques de s’en démarquer pour éviter
quelques malentendus ou contre-sens. Alors que les corrélations entre "intertextualité"
et "hypertextualité" ne sont pas envisagées, Genette reconnaît l’existence de pratiques
mixtes entre l'imitation et la transformation : « un même hypertexte peut à la fois [...]
transformer un hypotexte et en imiter un autre. [...] On peut même à la fois transformer
et imiter le même texte »58. Mais implicitement la porosité admise des catégories sous
la pression des cas-limites affaiblit la pertinence de toute dichotomie conceptuelle.
46Enfin, Palimpsestes isole son objet, la littérarité d’une littérature au second degré qui
apparaît comme une entité indépendante du monde extérieur, au détriment de cas
hybrides et plus complexes. Restons dans le domaine aragonien : le "mentir-vrai"
consiste très largement à détourner à des fins de dévoilement autobiographique des
citations ou des allusions littéraires, tout autant que divers hypotextes, par réécriture et
transposition de situations reprises à d’autres œuvres : « Est-ce que tu comprends que
pour te retrouver, pour t'atteindre [...] je ne pouvais imaginer rien d'autre que le monde
tel qu'il est, le terrible monde réel où je retrouve entrée par le chemin des fables, Luna-
Park ou Hyperion... »62. Cet exemple incite à contester le principe d'une séparation
entre la littérature au second degré et le référent extérieur : la première est ici un biais
pour accéder à l'autre. Ainsi, les romans réalistes ou autobiographiques peuvent utiliser
de manière très active et intensive les opérations hypertextuelles. A. Compagnon
l'indiquait déjà à propos de la relation "iconique" entre texte cité et texte citant : elle
peut être motivée par un effet de miroir, une analogie avec le discours personnel de
l'auteur et son autobiographie d'écrivain. Il en est de même, dans certains cas, des
relations hypertextuelles entre le texte B (l'hypotexte) et le texte A (l'hypertexte).
47Par ailleurs, il faut peut-être aussi commenter certains termes utilisés par les écrivains
eux-mêmes pour définir leur relation à l’écriture. Si le même Aragon renoue avec
l'imitatio dans les années 40, il a également, dès les premières armées 20, cherché à
transposer le collage dans l’écriture – en jouant de ce désordre, de ce puzzle créateur
souvent aléatoire, ostensible et déconcertant ; point de départ délibéré ou point de
rencontre énigmatique avec des significations nouvelles, cette pratique relève peut-être
d'autres instruments d'analyse que ceux de Genette. Les théories de l'intertextualité ne
devraient pas occulter l'initiative qui revient souvent aux écrivains eux-mêmes et en ce
sens les travaux critiques peuvent aussi contribuer à approfondir les efforts de la
théorisation. Au lieu d'inventer de nouveaux concepts, il n'est pas sans intérêt d'analyser
les termes de prédilection qu'un écrivain a employés pour décrire les phénomènes de
l'intertextualité, non seulement dans le paratexte mais aussi dans le texte
(autobiographique, fictionnel, poétique). Même s’ils sont discutables au regard du
métalangage théorique, s'ils manquent de rigueur terminologique, certains
déplacements de sens méritent une étude attentive dans la mesure où l'idiolecte de
l’auteur fait connaître une relation particulière à l'écriture comme réécriture 63. Les
chercheurs peuvent à la fois resituer une trouvaille dans son contexte historique et la
réinterpréter par analogie.
48Ainsi, Francis Goyet a discuté la définition de l'intertextualité par Riffaterre d'un point
de vue empirique : en effet, dans un article de 1987, il établit des différences entre
"imitatio" et "intertextualité" (sous-titre : "Riffaterre revisited") au profit du premier
terme, l'imitatio, dont la pratique lui paraît plus souple et l'analyse mieux appropriée à
des cas particuliers. Si tout texte est défini comme un intertexte, rien n'échappe à
l'intertextualité : cette tendance à la généralisation, à l'abstraction comporte un risque
de dogmatisme64. En particulier, Riffaterre ne permet pas de distinguer entre la citation
– allusion in praesentia – et l'allusion, qui, jusqu'au XVIIe siècle, connotait le jeu sur le
signifiant : si l'intertexte est, chez Riffaterre, caché, implicite, c'est à la fois une source
et une allusion in absentia. Or, il existe deux régimes possibles de ce procédé utilisé
dans l'imitatio antique : l'allusion vive et l'allusion morte – cette dernière serait rendue
délibérément imperceptible, en l’absence de traces, de références repérables – cette
figure invisible et perverse, compte sur l'inculture du lecteur. Les Anciens et les
Classiques, quand ils prônaient l'imitatio, étaient plus sages, car ils ne posaient pas une
loi de facto, une norme "herméneutique" : ils adressaient aux seuls écrivains – et non
aux lecteurs plus ou moins érudits – un bon conseil, celui de décalquer, de réemployer
les modèles antiques. Par conséquent, la tradition de l' imitatio n’oblige pas le lecteur à
reconnaître les sources : au contraire, Érasme souhaitait que son lecteur n'identifie pas
telle ou telle allusion à Lucain, pour ne pas "contaminer le texte d'un sens parasite". Dès
lors, paradoxalement, une prudente abstention serait parfois recommandée, et, en tout
cas, appliquée par les auteurs, par opposition à cet "autoritarisme de la lecture
intertextuelle" chez Riffaterre. D'où ce diagnostic, en conclusion :
Tout se passe comme si la vieille critique de sources, de modeste et utile qu'elle est, s'était
enhardie à passer pour une théorie générale de l’écriture et de la lecture. Une telle
prétention à l'universel me paraît venir d'une analogie trompeuse avec la linguistique. [...].
Que la phrase source permette de "décoder" la phrase nouvelle, soit. Mais, par analogie avec
le code linguistique, qui s'impose effectivement à tout sujet parlant, on en a déduit un peu
vite que le code culturel ou littéraire s'imposait à tous. L'idée plaît aux professeurs, mais elle
semble passablement irréaliste, ou idéaliste65.
Le sentiment que l'art a exploré tous les possibles en même temps qu'il est concurrencé par
une culture cumulative et pléthorique, stimule une poétique de la copie où entrent à la fois
du refus et de l'impuissance, de l'ironie et de la révérence (qui est aussi référence).
50Malgré cette ambiguïté constitutive, les auteurs soulignent que le collage est sans
doute une contre-rhétorique qui donne la priorité à la "dispositio" sur "l'inventio". Cette
« nouvelle poétique se libère d'une technique expressive et imitatrice » pour insister sur
le « traitement d'une combinatoire qui se définit par sa qualité heuristique. » À cet
égard, là encore, « le collage et son bricolage fonctionnent comme jeu » (l'analyse de la
citation chez Compagnon et de l’hypertextualité chez Genette invoque les mêmes
arguments du jeu et du bricolage). Ici, ils sont valorisés pour leur effet de modernité :
Si l'on considère à présent les éléments hybrides qui entrent dans la composition des
collages, on note qu'ils engagent de façon particulièrement marquée [...] ce type de poétique
moderne qui se reconnaît dans des notions comme celles d'œuvre ouverte ou de texte
pluriel. [...] Chaque élément citatif brise la continuité ou la linéarité du discours et convie
nécessairement à une double lecture : celle du fragment perçu par rapport à son texte
d'origine, celle du fragment comme s'incorporant à un nouvel ensemble, à une totalité
différente. La ruse du collage consiste aussi à ne jamais supprimer l'altérité des éléments
réunis dans une composition momentanée. Ainsi l'art du collage s'avère comme une des
stratégies les plus efficaces dans la remise en cause de toutes les illusions de la
représentation68.
52Les travaux critiques s'aventurent souvent au-delà du concept ; ils échappent aux
limites des exemples disparates et purement illustratifs de la poétique générale. Au lieu
de forger une théorie générale, ils explorent des modes d'individuation des pratiques de
l'intertextualité. Ce n'est plus la rigueur dans la terminologie qu'ils cherchent à
instaurer, mais l'approfondissement des valeurs personnelles ou culturelles. Sans doute
certains écrivains se prêtent-ils mieux que d'autres à cette cette perspective de
recherche : par exemple, "l'apologie de l'influence" chez André Gide 69 ; le
"détournement des sources" chez Valery Larbaud 70
... Proclamant que tout est citation et
qu’"il n’y a pas d'œuvre individuelle", Michel Butor pratique lui aussi très consciemment
une "intertextualité généralisée". Les dispositifs typographiques, les stratifications
matérielles d'une écriture polyphonique et stéréophonique, la transgression des
frontières entre les arts (collages de peinture ou de photographie, modèles musicaux de
la fugue, récitatifs et polyphonie) mettent en cause le code narratif linéaire, de type
logico-chronologique71. Plus généralement, le Nouveau Roman et l'Oulipo ont procédé à
des expérimentations systématiques de l'intertextualité (et de l’hypertextualité) : le
pullulement des emprunts textuels, leur combinatoire, leurs manipulations investissent
et saturent l'activité créatrice de connotations variées : bricolage ludique, jeux de dérive,
d'osmose, vertige et dissolution du sujet écrivant, selon la conception kristevienne,
formulée dans la même période. Ces courants de la modernité rapprochent aussi
"l'intertextualité" de "l'entre-deux" du sens, de l'"incertitude" des signes et des sources
d'énonciation dont les enjeux et les modalités paraissent irréductibles à une opposition
binaire comme imitation/transformation.
55Michel Schneider, dans Voleurs de mots : essai sur le plagiat (1985)74, a également
déchiffré ces enjeux. Mais le terme d”intertextualité est ici qualifié d'euphémisme
disgracieux ; tenu à distance, placé entre guillemets, il n'est employé que pour
caractériser une permissivité très vingtièmiste envers les jeux de la réécriture et du
détournement des sources. En effet, il est interprété comme le symptôme de
l'indulgence dont bénéficie à notre époque la tentation du plagiat (succès du pastiche ou
refus de l'Auteur au profit d'un pluriel de textes mixtes, indifférenciés). M. Schneider
préfère lui substituer d'autres trouvailles, avec un indéniable bonheur d'expression : un
texte pour l'autre (pour désigner le plagiat), un texte sous l'autre (pour désigner le
palimpseste), un texte comme l'autre (pour désigner le pastiche). Le propos est orienté
vers la psychanalyse, pour saisir les rapports constitutifs du moi et de l'autre dans
l'activité de lecture-écriture. Dès lors, la distinction entre la citation et le plagiat qu'A.
Compagnon avait laissée à l'arrière-plan revêt une importance capitale, puisqu’elle
permet de comprendre les incidences psychopathologiques du mimétisme inconscient
de nos lectures antérieures, et de nos comportements devant la Loi, l'interdit que fonde
l'existence de la propriété littéraire.
56Une première partie est consacrée à la littérature ; l'autre, aux démêlés entre Freud et
ses disciples, pour la paternité des concepts. L'emprunt, la reprise, le ressassement sont
envisagés à travers l'imaginaire de la transgression (chez le plagiaire) ou de la
mélancolie (chez le compilateur scrupuleux). Annick Bouillaguet approfondit ces
hypothèses à propos de Proust qui a évoqué l'agrément et le rôle formateur des
"journées de lecture". Elle associe les pratiques "polymorphes" de l’intertextualité chez
cet écrivain au bénéfice de plaisir et à l'humour. Proust a, on le sait, un réel talent pour
le pastiche, il manifeste aussi une extrême prédilection dans l'écriture pour les
références aux arts ; il cultive les citations collectionnées et reprises de manière littérale
(exacte) ou déformée (adaptée, détournée), les allusions qui jouent sur le non dit et
suscitent la connivence. Mais ces gratifications d'ordre esthétique et poétique n'excluent
pas une angoisse de la répétition, facteur de créativité, depuis les ébauches jusqu'à la
rédaction de Recherche, dans la mesure où l'écrivain en gestation désire sans doute, de
manière contradictoire, rendre hommage aux maîtres qu'il admire en les imitant plutôt
que de s'affranchir de l'emprise fascinatrice qu'ils exercent sur lui. Une stratégie
fantasmatique paraît surdéterminer les objectifs de l’imitation et de la transformation.
3. BILAN ET PERSPECTIVES
57Malgré le foisonnement des publications, le domaine de l'intertextualité est
aujourd’hui soigneusement défriché et balisé par des bibliographies et de substantielles
études de synthèse. Les théories de Kristeva, de Riffaterre, puis de Genette ont
rapidement essaimé dans d'innombrables articles, ouvrages et des numéros spéciaux de
revues (Poétique, Littérature, Texte75). Parallèlement, les encyclopédies et les ouvrages
didactiques ont permis de répandre et d'officialiser le néologisme. Ce nouvel outillage
théorique n'aurait pu s'imposer sans ce travail de diffusion et de vulgarisation qui, en
retour, tend à confirmer l'efficacité d'une méthode.
58Le terme d’intertextualité introduit en 1966 par J. Kristeva est repris dès 1968 dans
la Théorie d’ensemble du Groupe Tel Quel. En 1968 également, Barthes publie
dans L’Encyclopedia universalis un article sur "La Théorie du Texte" : très proche, à cette
date, des promoteurs du concept, il accorde une attention bienveillante à "l'intertexte" et
à d'autres hypothèses qu'il reformule avec des qualités de style. Sa réputation contribue
à lancer un effet de mode, à cautionner ces nouvelles théories auprès d'un public élargi.
Barthes a pris conscience des insuffisances de l'approche structurale de la littérature. Au
moment où il amorce le tournant de S/Z, son intervention en faveur de l'intertextualité
souligne que la parole et le texte actualisent la langue dans un pluriel irréductible
d'indices énonciatifs :
Le texte redistribue la langue (il est le champ de cette redistribution). L’une des voies de
cette déconstruction-reconstruction est de permuter des textes, des lambeaux de textes qui
ont existé ou existent autour du texte considéré, et finalement en lui : tout texte est
un intertexte [...]. [...] L'intertextualité, condition de tout texte, quel qu'il soit, ne se réduit
évidemment pas à un problème de sources ou d'influences ; l’intertexte est un champ
général de formules anonymes, dont l'origine est rarement repérable, de citations
inconscientes ou automatiques, données sans guillemets. Épistémologiquement, le concept
d'intertexte est ce qui apporte à la théorie du texte le volume de la socialité : non selon la
voie d'une filiation repérable, d'une imitation consciente, mais selon celle d'une
dissémination [...]76.
64Le concept d'intertextualité a reçu une nouvelle consécration en 1989, avec une
nouvelle édition de l'Encyclopedia universalis où une notice lui est consacrée. Dans cet
article, après un exposé très complet du concept, P.-M. de Biasi regrette, à la suite de
Greimas85, d'Angenot ou d'Arrivé, le flou terminologique qui a permis à l'intertextualité
de s'imposer à la faveur de glissements de sens successifs ; mais il souligne, en dernier
lieu, l'intérêt des contributions les plus récentes et la clarification apportée en 1982 par
Genette et ses successeurs.
70Il est vrai que les méthodes sont fort distinctes à l'origine puisque, sous l’influence du
structuralisme, c'est une approche synchronique de l'intertextualité qui a initialement
prévalu : elle consiste, par exemple, à répertorier, à classer la liste des occurrences pour
décrire leurs configurations formelles, leurs emplacements et leurs indices contextuels.
Plus généralement, les recherches sur l'intertextualité ne visent pas à identifier des
influences mais à construire une analyse des modes d'insertion et surtout de
transformation, d'altération des emprunts95. Tandis que l'idée de, la filiation "naturelle"
privilégiait le modèle au détriment des successeurs, l'intertextualité n'est plus entravée
par cet héritage de la philologie : elle s'intéresse à des pratiques d'écriture à la fois
prospectives et rétrospectives, à la plurivocité et à la réversibilité des effets de sens. Il
est admis que le texte second (ou texte récepteur), loin d'être une copie, une pâle
imitation de l'original dialectise son rapport au texte-support ; dès lors, il s'agit
d'analyser ces corrélations objectives comme une série d'opérations techniques. Au-delà
de ce premier centre d’intérêt – les procédés de fabrication – les recherches sur
l'intertextualité se sont tournées de manière de plus en plus pragmatique vers les
enjeux, les fonctions de ces actes combinés d'écriture et de lecture.
72Au demeurant, il n’est pas anodin qu'un nouveau vocabulaire ait été adopté. Le
concept d'intertextualité est le premier né d'une nombreuse famille de mots dont les
préfixes varient autour du même étymon de "-texte" et de "-textualité". Il faisait
découvrir un objet à investir, et il s'est répandu d’autant plus aisément qu'il est
commode de disposer au moins d'un concept fédérateur qui regroupe tout un réseau
lexical pour désigner une catégorie abstraite. L'immanence et la matérialité du Texte et
de l'intertexte (texture enchevêtrée, réseau enveloppant, illimité) ont été célébrées dans
les mythologies du discours théorique contemporain. Au-delà de cette nécessité
rationnelle ou de cette passion fétichiste, l'intertextualité originaire et sa variante
radicalisée, l'hypertextualité ("hyper" : toujours plus !) semblent se dissoudre
inévitablement à l’analyse en une gamme d'infra-concepts, de termes plus précis, de
modalités plus restreintes : citation, autocitation, plagiat, allusion, référence, parodie,
pastiche, forgerie, transposition, imitatio, réminiscence, et pourquoi pas "sources",
"influences", etc... La diffraction infinitésimale des exemples, la pression sous-jacente
d'un riche vocabulaire accentuent cette difficulté méthodologique. Toute analyse de
l'intertextualité introduit subrepticement des désignations moins neutres et moins
techniques, des connotations variées, des métaphores évocatrices : par exemple, l'effet
de fascination d'un palimpseste généralisé ; la citation comme proclamation
militaire96
ou argument d'autorité, excitation du lecteur et mélancolie du compilateur ;
tout l’artisanat du collage, de la "sertissure", de la "farcissure" 97, de la greffe et du
croisement : bricolage ludique de matériaux textuels, découpage de fragments ; divers
états psychiques : la manie "correctrice", le symptôme de la "ré(é)criture" à l'infini ; la
transgression provocatrice à l'égard des modèles, la perversion du plagiaire, l'emprise
ou le détournement des sources ; la fusion jubilatoire, la dispersion, la dissolution du
sujet écrivant dans la matrice des intertextes... Les autres méga-concepts inventés sur
ce même étymon de "texte" se décomposent eux aussi à l'analyse, lorsqu'il s'agit de
repérer la singularité d'une pratique, l'évolution des genres, les spécificités d'une
période. Par là même, l'univocité, cette propriété nécessaire aux concepts, fait défaut à
l'intertextualité comme à l'hypertextualité. À l'évidence, l'histoire de la langue, le
contexte culturel, les pouvoirs de l'imaginaire projettent le substrat d'une
herméneutique dans les théories de la littérature.
73Certes, les travaux sur l'intertextualité ont édifié un savoir positif dont les méthodes
s'appliquent à des faits observables. Néanmoins, il appartient à l'exégèse de mettre
quelque peu à l'épreuve leur cohérence et leur valeur. De ce point de vue, les failles
internes, les divergences d'une hypothèse à l'autre présentent autant d'intérêt que des
recoupements qu'il ne faudrait pas tenir pour des acquis définitifs. Ainsi, au lieu de
construire une synthèse artificielle, il m'est apparu plus probant de faire dialoguer les
composantes d'un champ de recherches où se révèlent tant de confrontations actives98.
NOTES
d'une notice également prévue pour le Dictionnaire international des termes littéraires).
2 Julia Kristeva, Semiotikè. Recherches pour une sémanalyse, coll. "Tel Quel", éd. du Seuil, 1969,
"Le mot, le dialogue et le roman", p. 145-146.
3 Tzvetan Todorov, Mikhäel Bakhtine : le principe dialogique, coll. "Poétique", Seuil, 1981. Cet
ouvrage comporte un chapitre intitulé "Intertextualité" (p. 95-116) ; Todorov admet que l'usage
répandu de ce concept kristevien constitue la traduction française du concept bakhtinien de
"dialogisme".
4 Voir les pages 247-251 de la Bibliographie annotée de Don Bruce, Texte, Toronto, 1983.
5 J. Kristeva, ibidem, "Le texte clos", p. 113.
6 Ibidem, p. 113. Cet article contient à titre d'illustration une étude de Jehan de Saintré d'Antoine
de la Sale ; il s'agit de montrer dans ce roman du XVe siècle le passage d'une pensée symbolique
fondée sur les universaux à l'idéologème du signe, fondée sur l'écart, la contradiction ; cette
thèse sera développée dans Le Texte du roman, Mouton, La Haye, 1970.
7 "Pour une sémiologie des paragrammes"(1966), Semiotikè, ouv. cité, p. 178. Les analyses
consacrées à Mallarmé et à Lautréamont seront reprises et développées en 1974 dans La
Révolution du langage poétique.
9 Voir J. Kristeva, La Révolution du langage poétique, éd. du Seuil, coll. "Tel Quel", 1974, p. 59-
60.
10 Ibidem, p. 340.
11 Ibidem, p. 339.
12 Michel Arrivé, "Pour une théorie des textes poly-isotopiques", Langages, n 31, septembre
o
1973, p. 53-63.
13 On trouvera un résumé détaillé de cette contribution, et des exemples dans Introduction aux
études littéraires, Duculot, Paris-Louvain-la-Neuve (Belgique), 1987, p. 115-120.
14 Roland Barthes, Le Plaisir du texte, coll. "Tel Quel", éd. du Seuil, p. 59.
15 Ibidem, p. 55-56.
16 Jean Ricardou, Pour une théorie du Nouveau roman, Seuil, 1971, p. 162 et suiv.
21 Ibidem, p. 281.
22 Paul Zumthor, "Le carrefour des rhétoriqueurs : intertextualité et rhétorique », ibidem, p. 336 ;
voir aussi Poétique, "Intertextualités médiévales", n 41, février 1981.
o
25 Léon Somville a fait un compte rendu plus détaillé de cette contribution (et de quelques
autres) dans Introduction aux études littéraires (Sous la direction de Maurice Delcroix, Fernand
Hallyn), Duculot, Paris-Louvain-la-Neuve (Belgique), 1987, p. 120-125 ; voir aussi la
bibliographie p. 364-365.
29 Ibidem, p. 18.
30 Ibidem, p. 5
33 Antoine Compagnon, La Seconde Main, ou le travail de la citation, éd. du Seuil, 1979, p. 27.
34 Ibidem, p. 34.
35 R. Barthes (S/Z, Seuil, 1970, p. 10) cité par A. Compagnon, op. cité, p. 35.
39 Ibidem.
40 Une trace de cette confusion est repérable dans un ouvrage récent qui commence par analyser
les personnages citant des propos fictionnels, malgré l'absence d'emprunt attesté dans ce cas :
Annick Bouillaguet, Le Jeu intertextuel, Éditions du Titre, 1990, p. 17.
44 Annick Bouillaguet, "Une typologie de l'emprunt", Poétique, n 80, novembre 1989, p. 496.
o
non
référence allusion
littéral
46 Ibidem, p. 11-12.
47 Ibidem, p. 14.
50 Ibidem.
51 Ibidem, p. 371-372.
52 Ibidem, p. 452.
54 Ibidem, p. 26, 47, 48 ; p. 57 : "la pochade de Jean Tardieu" ; p. 300 : " Il s'agit de notre vieil
ami Houdar de la Motte" ; p. 301 : "Houdar ne passe certes pas pour un géant de la scène".
55 Ibidem, p. 84.
56 Ibidem, p. 105.
57 Ibidem, p. 40.
60 « Pour moi, la phrase surgie (dictée ?) d'où je pars [...] a ce caractère de carrefour [...] entre se
taire et dire, entre la vie et la mort, entre la création et la stérilité. Et cela se passe non point au
niveau de la volonté, de la décision herculéenne, mais dans le choix, l'arbitraire des mots
empruntés (à qui ? pourquoi ?) comme par l'étrange détour de l'échangeur ». Aragon, Je n'ai
jamais appris à écrire ou les incipit (1969), coll. "Champs", Flammarion, 1981, p. 41-42. Et p. 43 :
« Comprenez-moi bien, ce n'est pas manière de dire, métaphore ou comparaison, je n'ai jamais
écrit mes romans, je les ai lus ».
63 Ainsi, pour reprendre l'exemple du collage, ce concept représente une contestation subversive
de la valeur des arts plastiques ; Aragon commente dès 1923 les collages de Max Ernst, "peintre
des illusions", et distingue en fait divers types de collage (cubiste, dadaïste, surréaliste). Cet effet
de transposition est indéniable dans Le Paysan de Paris (1926) où le dépaysement onirique se
combine à des fragments prélevés du référent. Jusqu'en 1965, Aragon va commenter la pratique
des collages en parallèle avec son évolution d’écrivain et sa conception du réalisme. À son tour, la
critique va rapprocher (de manière presque anachronique) le métalangage aragonien de l’intérêt
dont bénéficiait l’intertextualité : voir Wolfgang Babilas, "Le collage dans l’œuvre critique et
littéraire d’Aragon", Revue des sciences humaines, juillet-septembre 1973, n 151, p. 329-354.
o
64 Francis Goyet, "“Imitatio” ou intertextualité ?", Poétique, n 71, septembre 1987, p. 313-314 :
o
« [...] il [Riffaterre] a affirmé péremptoirement que tout texte dérivait d’un autre : “Il est constant
qu’un texte littéraire signifie par rapport à des textes qu’il présuppose.” [...] Je soutiendrai que
non, en ramenant cette ambitieuse proposition universelle à une modeste proposition
particulière : non pas tous les textes tout le temps, mais quelques-uns, parfois ».
65 Ibidem, p. 320.
66 H. Behar, "Le pagure de la modernité", Littéruptures, "Bibliothèque Mélusine", L'Âge d'homme,
1988, p. 189.
67 Ibidem, p. 187.
/Élément mis en
Procès :
cause :
Transcription canal
parodie message
collage code
69 Éric Marty, "L'apologie de l'influence : la citation dans le Journal d'André Gide", Revue des
sciences humaines, 1984, p. 81-92 ; voir aussi Daniel Moutote, "Intertextualité et journal dans
l'œuvre d'André Gide", Le Plaisir de l'intertexte, Peter Lang Verlag (Frankfurt am Main-Bern-New
York-Paris), Actes du colloque de Duisburg, 1985 : "Formes et fonctions de l'intertextualité dans
la littérature française du XXe siècle", 2ème édition 1989, p. 137-184 ; Alain Goulet "Narcisse au
travail dans l'œuvre d'André Gide", ibidem, p. 185-208 ; Pierre Masson, "Production-
reproduction : l'intertextualité comme principe créateur dans l'œuvre d'André
Gide", ibidem, p. 209-226.
70 Anne Chevalier, "Du détournement des sources", Revue des sciences humaines, ouvrage cité,
p. 66-79.
72 Voir déjà La Seconde Main, ouvrage cité, et certaines contributions du n spécial de la Revue
o
75 Poétique, n 27, 1976 ; Littérature, n 41, 1981 ; n 55, 1984 ; n 69, 1988 ; Texte (Toronto),
o o o o
o
n 2, 1983 ; repris l'année suivante dans un volume publié par Trinity College.
76 Roland Barthes, "Texte" (Théorie du), Encyclopedia Universalis, t. XV, 1968, pp. 1013-7.
82 Ibidem, p. 128.
84 Par exemple Introduction aux études littéraires : méthodes du texte, ouvrage cité ; Michèle
Aquien, Dictionnaire de poétique, Le Livre de Poche, 1993, p. 159-160 ; Joëlle Gardes-Tamine,
Marie-Claude Hubert, Dictionnaire de critique littéraire, A. Colin, 1993, p. 100-101 ; Daniel
Bergez et alii, Vocabulaire de l’analyse littéraire, Dunod, 1994, p. 123-125. Cependant, une
étude d'ensemble, cohérente et précise, vient d'être proposée : Nathalie Piegay-
Gros, Introduction à l’intertextualité, Dunod, 1996.
86 Pierre-Marc de Biasi, "Intertextualité (Théorie de), Encyclopedia universalis, éd. 1989, p. 514.
87 Ibidem, p. 515.
88 Ibidem, p. 516.
89 Palimpsestes, op. cit., p. 447.
91 Ibidem, p. 160.
93 « [...] la critique des sources ne s'est pas privée d'établir de tels rapprochements. Mais à voir
l'intertextualité partout, on perd les moyens d'identifier et de distinguer les textes où elle joue un
rôle constitutif. Il faut donc que le principe global de la présence nécessaire d'une dimension
intertextuelle soit modéré et nuancé par des règles ponctuelles, qui permettent d'établir les cas
où l'intertextualité est pertinente ou non. » T. Todorov, Symbolisme et interprétation, Seuil, 1978,
p. 61.
95 Marc Eigeldinger, ouvrage cité, p. 9-10 : « Il faut d'emblée préciser que l'intertextualité ne
saurait se confondre avec l'établissement des sources, qu'elle s'en distingue parce qu'elle se situe
à un autre niveau en tant qu'acte de l'écriture. Elle renvoie certes à un savoir culturel, mais elle
vise à la reconstruction du texte et elle est déterminée par son fonctionnement. Davantage qu'à
un emprunt, elle correspond à une greffe ou à une trace, selon la formule de Michael Riffaterre.
C'est pour éviter cette confusion entre l'intertextualité et la recherche des sources que Julia
Kristeva a opté pour le terme de transposition [...]. »
AUTEUR
Nathalie Limat-Letellier
Université de Besançon
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