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MOBALI PONA MWASI

« L’implication des hommes et des garçons dans


la prévention des violences faites aux femmes et
aux filles en RDC »

Manuel de formation

Module 2
Table de matière

PREAMBULE ........................................................................................................... 1
INTRODUCTION....................................................................................................... 3
MODULE I : Généralités sur les VBG/VSBG .............................................................. 8
1.1 Etape 1 : Notions sur le genre ................................................................................................... 9
A. Définition des concepts fondamentaux ........................................................................................... 9
B. Genre, une approche pour le développement ................................................................................ 12
C. But de l’approche genre................................................................................................................... 12

1.2 Etape 2 : Les Violences Sexuelles Basées sur le Genre ............................................................ 13


A. Définition .......................................................................................................................................... 13
B. Types de VSBG ................................................................................................................................ 13

1.3 Etape 3 : Les risques et conséquences des VBG/VSBG ............................................................ 17


A. Facteurs favorisants les VSBG ....................................................................................................... 17
B. Conséquences ................................................................................................................................. 18

1.4 Etape 4 : Comment prévenir les VSBG ..................................................................................... 22


A. Les mesures préventives ................................................................................................................ 22
B. Actions de prévention : l’implication des hommes ........................................................................ 23

1.5 Etape 5 : De l’infraction de la violence sexuelle : les instruments juridiques


protégeant la femme et conséquences pénales de VSBG ......................................................... 25
A. De l’infraction de la violence sexuelle : les conséquences juridiques protégeant la VSBG ........ 25
B. Les instruments juridiques .............................................................................................................. 25

Sous-module 1 : Les normes sociales, stéréotypes et inégalité basée sur les genres....................... 28
A. Les normes sociales, quid ? ............................................................................................................ 28
B. Exploration des normes sociales .................................................................................................... 29
C. Les racines des inégalités entre les hommes et les femmes ....................................................... 30

MODULE 2 : La masculinité positive ........................................................................ 1


2.1 Généralité................................................................................................................................. 1
A. Objectif de l’approche........................................................................................................................ 2
B. Quelques définitions .......................................................................................................................... 2
C. Avantage et importance de la masculinité....................................................................................... 3

2.2 Types de masculinités positives ............................................................................................... 5


2.3 Comment atteindre la masculinité positive................................................................................ 6
2.4 Qui est champion en genre ....................................................................................................... 9
2.5 Travail avec les hommes et les garçons dans la transformation des masculinités en RDC ........ 11
MODULE 2.

MASCULINITES POSITIVES

2.1 : GENERALITE

La masculinité positive désigne les identités, connaissances, attitudes et pratiques


spécifiquement masculines qui ne sont pas préjudiciables pour la personne même ou pour
autrui, et qui sont basées sur un engagement à l’égard de l’égalité homme-femme, de la non-
violence et des relations équitables.

Dès le bas âge, l’identité masculine semble se construire graduellement à travers la


participation aux activités de groupes sociaux. Ces groupes sociaux font partie du vécu
quotidien et ils constituent le noyau à partir duquel les adolescents négocient leur
masculinité.

Malgré la promotion de cette masculinité positive, il existe des défis à relever en République
Démocratique du Congo, notamment :
 La présence ou la persistance des normes socioculturelles, des préjugés
socioprofessionnels, les religions et les coutumes de nos communautés qui bloquent
l’engagement des hommes et des garçons,
 Le faible engagement des leaders et des chefs coutumiers, religieux
et communautaires ;
 La féminisation de la pauvreté s’explique par les discriminations constatées dans
tous les domaines de développement dont notamment : l’éducation, la santé, le droit,
l’accès aux ressources, la gouvernance, la prise décision, l’emploi etc.

1
A. OBJECTIF DE L’APPROCHE DE LA MASULINITE POSITIVE

Promouvoir
l’égalité
homme-femme
Créer les
Accélérer
conditions pour
l’instauration
une participation
d’une égalité de
équitable aux
faits entre les
structures de
hommes et les
prise de décision
femmes
Avoir des hommes
genrés qui travaillent
pour l’égalité et l’équité

B. QUELQUES DEFINITIONS

1. Discrimination positive
Principe consistant à restaurer l’égalité en accordant à certaines catégories sociales un
traitement préférentiel par des programmes et des mesures d’orientation qui visent à
corriger les discriminations existantes.

2. Parité entre homme-femme


Egalité fonctionnelle qui consiste en la représentation égale
entre les hommes et les femmes dans l’accès aux instances
de prise de décisions à tous les niveaux et dans tous
les domaines de la vie nationale sans aucune discrimination ;
outre le principe du nombre, elle indique aussi les conditions,
les positions et les placements.

3. Violence sexiste
Est un acte d’agression physique, sexuel ou psychologique susceptible de porter préjudice à
une personne et commis au motif de sexe de cette dernière.

2
4. Masculinité ou virilité
Est le fait de se comporter de manière suppose aux hommes qui implique la violence. La
façon dont les hommes perçoivent être un homme.

5. Masculinité positive
Fait référence aux caractéristiques et aux comportements propres
aux hommes : comportements ou caractéristiques dépourvus de
violences tandis qu’un homme modelé ou un homme genré est une
référence à un acteur de promotion de l’égalité des genres pratiquant
une masculinité positive et sensibilise/incite les autres au
changement des comportements nuisibles à l’égalité.

6. Masculinité négative ou toxique


Est le contraire de celle positive par les actes et aptitudes basés sur la rigidité des pratiques
d’autorités notamment dans la société patriarcale et ses normes rétrogrades.

C. AVANTAGE ET IMPORTANCE DE LA MASCULINITE POSITIVE

La masculinité favorise
l’inclusion

La bonne
gouvernance et L’amour sincère,
la transparence la disponibilité
dans la gestion de servir
des ressources
La paix et le
familiaux
partage
d’aspiration

L’égalité, Le partage de
l’harmonie responsabilit
conjugale et é et le bien-
l’attente L’assistanc être familial
familiale e mutuelle
et une
alliance
durable

3
NB : La masculinité passe
 Entre homme-homme
 Entre homme-femme, pas seulement les travaux ménagers mais aussi dans toute la
vie active.

Exercice
Comment parvenir à atteindre la masculinité positive
(énumérez toutes les options permettant à atteindre la
masculinité positive.

4
2.2 : TYPES DE MASCULINITE POSITIVE

1. Masculinité co-responsable
Font référence aux hommes qui assument comme pairs les
taches familiales qui, dans certaines cultures, sont
considérées comme exclusivement réservées aux femmes. Si
la vie en couple et/ou la procréation des enfants sont des
taches partagées, assurer les bonnes conditions de vie dans
le couple et/ou la famille implique aussi les taches à partager.
L’éducation des enfants, leurs soins, les activités ménagères,
la cuisine sont des responsabilités partagées et les hommes peuvent très bien les faire, ce
qui n’affecte pas leur masculinité.

2. La masculinité démocratique
Fait référence aux hommes qui arrêtent d’utiliser leur pouvoir (force) pour s’imposer aux
autres personnes. Les hommes démocratiques appuient d’autres hommes et des groups
socialement marginalisés et luttent pour construire des environnements sains dans leur
foyer et leur lieu de travail. C’est pourquoi ils s’engagent sur les problématiques sociales au-
delà de leurs intérêts personnels, ce qui les emmène à appuyer les femmes, les victimes de
la guerre et à manifester contre les injustices.

3. La masculinité hégémonique
Est la forme dominante de représentation de la masculinité. Elle concerne la position
dominante des hommes et la subordination.

4. La masculinité complice
Est l’ensemble d’individus qui relayent les valeurs de la domination sans y avoir intérêt direct
(par exemple parce qu’ils sont par ailleurs dominés socialement); cas de la femme qui
demande à son mari de ne pas pleurer comme une femme quel que soit la souffrance qu’il
endure.

5. La masculinité subordonnée
Constituée d’individus relégués et considérés comme des inférieurs en temps de masculinité
(comme les hommes efféminés) ou globalement tous ceux qui se comportent comme des
femmes.

5
2.3 : COMMENT ATTEINDRE LA MASCULINITE POSITIVE

Pour y arriver, il faut :


En dehors de la vulgarisation de la loi et des instruments juridiques internationaux, régionaux
et nationaux en matière des droits de la femme, il faut également intégrer de la promotion du
genre dans nos communautés, coopératives comme stratégie visant à :
 Réduire les inégalités de genre
 Créer les conditions pour une participation équitable aux interventions de
planification, exécution et prise de décision
 Améliorer la prestation de services dans nos coopératives et communauté parce que
le genre a pour objectif de promouvoir l’égalité des femmes et des hommes en
prenant en compte les différences et la hiérarchisation socialement construite.

Le projet « Mobali pona Mwasi » est une réponse pour atteindre ces objectifs

RECOMMENDATIONS

 Monitorer la prise en compte du genre dans nos communautés/coopératives


 Concevoir et produire les outils de sensibilisation sur l’égalité du genre en
étroite collaboration avec le ministère du genre ;
 Renforcer les capacités des membres des communautés/coopératives sur
le genre avec les outils de sensibilisation produits ;
 Susciter l’engagement des OM à intégrer l’approche genre pour des révisions
en faveur de la promotion du genre par l’élaboration d’un plan d’action détaillé
pour chaque coopérative,

Les « champions genre » sont des hommes et des femmes qui se


portent volontaires au sein des communautés pour inspirer et faciliter des
changements relatifs aux normes de genre, à l’égalité hommes-femmes et au rôle
de la foi.

L’objectif est d’accompagner un changement de comportement individuel et de


changer les normes sociales liées au genre, aux masculinités et aux violences
sexuelles basées sur le genre.

BREF : Nous devons miser sur le pouvoir de l’information et la formation qui


demeurent les piliers afin d’atteindre cet objectif.

6
SCENARIOS POUR PROMOUVOIR LES MASCULINITES POSITIVES

1. Dans la famille
Attribuer aux hommes et aux garçons des taches qui permettent une répartition
égalitaire des responsabilités et des tâches domestiques.

2. Dans les espaces de travail et dans les communautés


 Ouvrir des espaces pour que les hommes et les femmes puissent être écoutés
et trouvés de l’aide dans leurs difficultés
 Les employeurs peuvent favoriser des horaires plus flexibles pour que les
hommes puissent s’occuper des tâches à la maison et de l’éducation de
leurs enfants.

3. Dans les écoles


Il faut intégrer et sensibiliser sur la promotion du genre dans le système éducatif et
encourager des hommes démocratiques qui travaillent pour les droits de tous et
toutes ; les encourager à promouvoir la scolarisation des filles et à travailler à éviter
les stéréotypes ou les clichés genres.

4. Dans la société en général


Réduire la pression sur les hommes et les encourager à reconnaître leurs erreurs, à
chercher de l’aide et à ne pas se sentir obligés au succès.

5. Dans les politiques publiques


Faire du plaidoyer pour que les hommes aient accès à un congé parental payé. Ils
pourront ainsi mieux s’investir dans l’éducation des enfants depuis leur naissance.

6. Chez les hommes


Rappelons qu’ils sont les meilleurs alliés de l’égalité des droits et que cette égalité
bénéficie à tout le monde.

7. Chez les femmes


Continuer à travailler avec les hommes comme des alliés stratégiques de l’égalité
tout en dénonçant des comportements violents.

8. Dans la publicité et les médias


Favoriser la représentation des parents responsables et des hommes non violents

9. Dans le sport
Former les entraîneurs à ce qu’ils puissent promouvoir des masculinités
démocratiques et non violentes

7
Conclusion
Pour avoir une société égalitaire ou tout le monde bénéficie d’un traitement digne de sa
personne, il faut un engagement pour transformer notre masculinité, il faut un Changement
comme facteur de transformation, qui correspond à tout changement visible dans la façon
de penser, de ressentir ou de comprendre le monde, se traduisant par des attitudes et
des comportements différents.

Ce processus de transformation intervient dès lors que la personne se remet en question et


voit sous un nouveau jour sa relation avec les autres, en prenant notamment en compte les
attitudes et structures de pouvoir oppressives. La personne s’ouvre alors à une nouvelle
façon d’être.

8
2.4 : QUI EST CHAMPION OU CHAMPIONNE GENRE ?

Les « champions ou championnes de genre » sont des hommes, garçons, femmes et filles
membres de la communauté qui travaillent comme volontaires pour accompagner et faciliter
le processus des changements relatifs aux normes de genre, à l’égalité hommes-femmes,
filles, garçons et la prévention des VBG.

Pourquoi il est important d’identifier les croyances et


attitudes des champions/championnes de genre ?
 Les champions/championnes en genre doivent être des modèles
 Leurs attitudes comptent pour aider les autres à défier les normes de genre qui sont
discriminatoires.

Si les croyances, les attitudes sont favorables à établir un bon environnement protecteur
pour les femmes et filles, les champions en genre auront la possibilité de bien coordonner la
lutte contre les violences basées sur le genre. Travailler sur la transformation des attitudes
et les croyances des champions en genre permettra à leur tour de bien influencer le
processus de changement des comportements auprès des participants(es) aux groupes de
discussion dans les communautés.

Quelques déclarations peuvent nous aider à bien orienter à évaluer les attitudes des
champions de genre. :

Tout à fait
N° Déclaration Pas d’accord
d’accord
1 Les femmes et filles peuvent occuper les postes de
prise de décision dans les
associations/coopératives/structures étatiques ?

2 Est-il important que les hommes et les femmes


puissent discuter ensemble sur la gestion de
l’économie dans leur ménage ?

3 Est-il important que les hommes et les garçons


participent dans la réalisation des tâches ménagères ?

4 Les hommes disposent d’un droit de contrôle sur


les femmes ?

5 Il est important que les femmes et filles participent à


la prise de décision sur les questions de la dote,
héritages etc.

9
6 Les femmes et les filles peuvent aussi participer dans
la gestion des terres et d’en tenir les titres comme les
hommes ?

7 Les femmes aussi peuvent détenir les terres et


accéder aux titres fonciers

8 Les filles et les garçons ont les mêmes chances à la


maison (héritage, éducation etc.)

9 Les jeunes filles et garçons doivent être consultés


dans la maison en ce qui concerne les décisions sur
l’avenir de la famille

10 Les femmes et les filles peuvent aussi être engagées


dans les entreprises, organisations sans contraintes si
elles ont des compétences

11 Les hommes et les garçons doivent aussi soutenir les


actions de plaidoyer sur l’égalité de genre. Ils sont
aussi des acteurs incontournables dans la lutte contre
les inégalités basées sur le genre
12 Les hommes et les femmes peuvent discuter aussi sur
les questions de santé sexuelle et reproductive dans
leur ménage

13 Les femmes et les filles peuvent aussi participer aux


réunions communautaires et que leurs avis soient pris
en compte

14 Les normes coutumières et religieuses


discriminatoires ne permettent pas aux femmes de
jouir de leurs droits au même titre que les hommes

15 Les femmes peuvent aussi accéder aux postes de


prise de décision

16 Les femmes sont très faibles et ne peuvent en aucun


cas être égal aux hommes

10
2.5 : TRAVAIL AVEC LES HOMMES ET LES GARCONS DANS LA
TRANSFORMATION DES MASCULINITES EN RDC

Le classement G7 qui place la RDC en 2019 en 150e position par rapport aux 162 pays repris
dans l’indice, confirme la prévalence de normes sociales inégalitaires et de stéréotypes de
genre, ainsi que les difficultés d'application des mesures en faveur de plus d'égalité.

Cette situation s'est détériorée ces dernières années avec les effets négatifs des guerres à
répétition, l'insécurité persistante actuelle et la propagation de la pandémie à COVID-19. Le
faible ‘empowerment’ socioéconomique des femmes, au niveau individuel et sociétal, et les
violences auxquelles elles font face, sont majoritairement causés par l’oppression dont
usent les hommes et les garçons sur les femmes en RDC, lorsqu’ils jouent leurs rôles dans la
société selon un modèle de masculinité toxique.

Ce modèle caractéristique d’un système patriarcal a aussi des conséquences sur les
hommes et les garçons, en restreignant leurs expressions comportementales et
sentimentales tout en érigeant des formes de masculinité injustes, répressives et très
toxiques. La compréhension d'un modèle binaire de genre dans le contexte construit, au-delà
des stéréotypes non fondés, de véritables prérogatives et privilèges pour les hommes qui de
facto se trouvent comme étant de droit les « chefs » de famille, ceux qui en contrôlent tous
les membres et qui s'approprient la quasi-exclusivité du pouvoir de décision. Penser le
masculin comme supérieur au féminin est l'un des fondements de l'inégalité des genres, qui
justifierait - du moins en partie - l'acceptation par la société et la perpétuation des violences
faites aux femmes et filles. Les masculinités dominatrices écrasent les féminités, mais aussi
toute autre forme de masculinité (par ex. les hommes n’ayant pas la force physique
musculaire liée à l’idée de virilité, ceux provenant d’ethnies considérées comme “inférieures” ;
les homosexuels etc.). Les masculinités hégémoniques sont une défaite pour le genre tout
entier y compris le garçon, le jeune homme, l’amant, le père. Un enfant est particulièrement
vulnérable : les rites de passage, la tyrannie du père de famille et les systèmes d’éducation
normatifs forcent le petit garçon à cacher ses faiblesses, à nier ses émotions et à se
comporter en « homme fort ».

Heureusement, des alternatives aux masculinités toxiques sont possibles. Dans de


nombreux endroits, il existe des rôles, des comportements et des attributs qui sont
considérés comme appropriés pour les hommes et associés à la masculinité qui mettent
l'accent sur les relations d'égalité et de respect entre femmes et hommes et qui considèrent
les féminités comme différentes mais également valorisées. Axées sur l'égalité des sexes,
ces masculinités transformatrices remettent en question la légitimité des idées et des
pratiques patriarcales.

Pour que la situation des femmes congolaises évolue vers l'égalité, des changements
systématiques et structurels sont nécessaires dans tous les domaines. Leur participation
significative dans la vie politique, y compris à tous niveaux des instances de décision est
cruciale. En outre, vu que le cadre légal en RDC ne se prononce pas sur certaines questions
11
résultant de la masculinité toxique, il est essentiel que les communautés, y compris les
hommes et les garçons, parviennent au même titre que les femmes à initier des réflexions et
des actions qui promeuvent l’inclusion, la cohabitation pacifique ainsi que l'égalité entre les
êtres au sein des familles, des organisations et de la communauté.

En effet, une leçon clé apprise est l'importance de remettre en cause cette stigmatisation
généralisée des (jeunes) hommes et de travailler avec eux sur les masculinités avec une
vision positive de leurs intérêts et capacités de vivre leur vie selon des valeurs de réciprocité,
dignité et respect qui sont au coeur des masculinités transformatrices. Ceci tout en
travaillant simultanément avec les femmes pour renforcer leur pouvoir de contrôle, voix et
participation afin de transformer les droits formels des femmes en réalité.

A propos de l’approche « Mobali Pona Mwasi » : pour la transformation des masculinités en


RDC

MOBALI PONA MWASI, en français l’homme pour la Femme, est une approche qui vise à
impliquer les hommes et les garçons dans la prévention des violences faites aux femmes et
aux filles en RDC. L’approche Mobali Pona Mwasi essaie de questionner les normes liées au
genre, les relations de pouvoir et leurs impacts sur les violences faites aux femmes et les
filles dans un contexte des zones rurales en RDC.

L’approche Mobali Pona Mwasi travaille sur le changement des pratiques au niveau
communautaire et l’amélioration des relations entre les hommes et les femmes y compris
l’amélioration dans la socialisation des filles et des garçons en milieu communautaire.
Basée sur une stratégie de responsabilisation des communautés, l’approche implique les
leaders communautaires membres des organisations paysannes, les acteurs du secteur
éducatif notamment les inspecteurs, les enseignants et les enfants eux-mêmes pour
participer de manière durable aux actions de prévention des violences à tous les niveaux.

Des études et enquêtes récentes décrivent la RDC comme “l’une des nations du monde où il
est le plus difficile pour les femmes et les filles de vivre dans la dignité. Les inégalités entre
les hommes et les femmes existent dans tous les secteurs …au niveau de la participation à la
vie politique ou à celui de l’accès aux ressources (financières, naturelles, juridiques). De plus,
les violences à l’égard des femmes restent un phénomène répandu, ainsi que les taux de
fécondité alarmants, l’accès limité aux services relatifs à la santé reproductive et sexuelle et
aux droits connexes, ainsi que le faible statut social des femmes et des filles.

Cette situation est encore plus sombre en milieu rural et semi urbain. Les femmes et les
filles en milieux ruraux continuent d'être confrontées à de sérieux défis dans l'exercice de
leurs multiples rôles productifs et reproductifs au sein des familles et communautés.
Spécifiquement dans le secteur agricole, la contribution des femmes aux activités
productives est très élevée, égale voire supérieure à celles des hommes, malgré qu’une
grande partie de leur travail reste non rémunérée et non reconnue. Cela sans compter le fait
qu’en RDC, les femmes sont quasi seules à assurer les tâches domestiques et autres
activités de soins non rémunérées, dont dépendent pourtant leurs ménages et communautés

12
pour survivre, ainsi que les économies locales pour se développer.

Les discriminations envers les femmes dans les espaces de décision sont également
démesurées, surtout dans le domaine familial mais aussi dans la sphère économique, où
elles contrôlent une faible part des revenus et des dépenses liés aux activités agricoles et
entrepreneuriales ; le même constat vaut également dans les milieux scolaires et
universitaires ou encore politiques, où la représentation des femmes reste à encourager.

a) Cartographie des acteurs à impliquer

L’approche « Mobali Pona Mwasi » pour la transformation du genre au sein des


communautés rurales est basée sur une intégration communautaire. Elle est portée par les
acteurs locaux qui sont impliquées comme des champions de genre et interviennent dans la

facilitation des groupes de discussions au sein des communautés respectives.

Les acteurs sociaux de l’approche « Mobali Pona Mwasi » sont à identifier sur 3 sphères :
 Sphère de control (Acteurs du projet) : Membres du consortium dont TRIAS-
SOFEPADI-APEFE
 Sphère d’influence (Partenaires limitrophes) : ils s’agissent des
champions/championnes de genre, les responsables des organisations paysannes,
les inspecteurs dans le système éducatif
 Sphère d’intérêt (bénéficiaires finaux) : il s’agit ici des hommes, femmes, filles et
garçons participantes aux groupes de discussions implantées dans les
communautés y compris leurs familles qui doivent bénéficier des retombées de
changements induits par le programme dans les communautés de mise en œuvre.

13
b) Principes clés et domaines de l’approche

L’approche « Mobali Pona Mwasi » est utilisée dans le domaine de la prévention des
violences basées sur le genre et repose sur les principes ci-après :
 La participation communautaire : Etant donné que l’approche vise la transformation
des attitudes et des normes liées au genre au niveau communautaire, les discussions
sont intégrées dans les communautés dans les langues locales, et sont facilitées par
les acteurs qui sont choisies dans les communautés de mise en œuvre. Cette
communauté est impliquée dans toutes les phases de la mise en œuvre des activités.
 La redevabilité : la redevabilité suppose ici que les organisations de mise en œuvre
doivent se rassurer que les équipes de suivi de l’approche et les champions de genre
soient des personnes modèles et qui ne sont pas impliquées dans les actes de VBG.
Ceci pour minimiser les résistances qui peuvent être liées par la non-acceptation des
équipes dans les communautés.
 La confidentialité : par la confidentialité, il est important de rappeler que les
discussions sont encadrées. Les témoignages des participantes et participantes sont
traitées de façon confidentielle. Les organisations doivent se rassurer que les
groupes de discussions fonctionnent dans des espaces sécurisés où les gens de
sentent à l’aise à partager de leurs expériences traumatiques. La confiance entre les
membres des groupes et les champions de genre doit être garantie pour permettre
l’ouverture d’esprit lors des échanges.
 La sécurité suppose que les données sont sécurisées. Les expériences de violences
ne sont pas divulguées de manière à éviter toute sorte de représailles qui peut
résulter de la façon dont les témoignages de violences n’ont pas été sécurisés. Ceci
est valable également pour la disponibilité des espaces surs.

c) Niveau d’implication des hommes et des garçons (Familial, communautaire et


institutionnel)

L’approche « Mobali Pona Mwasi » veut que les hommes et les femmes puissent développer
un partenariat équitable à tous les niveaux. Il est important de s’interroger à 3 niveaux :
 Quels rôles doivent jouer les hommes et les femmes au niveau familial, Quel
changement aimeriez-vous voir dans les relations hommes, femmes et la
socialisation des enfants filles et garçons au niveau familial ?
 Quels rôles doivent jouer les hommes et les femmes au niveau communautaire
(participation équitable à la prise de décision sur les questions de développement
de la communauté)
 Quels rôles doivent jouer les hommes et les femmes au sein des institutions
comme les églises, écoles, Barza communautaires, organisations paysannes, …

14
d) Chronogramme de mise en œuvre de l’approche Mobali Pona Mwasi

La mise en œuvre de l’approche Mobali Pona Mwasi réquiet 3 étapes clés :


1) Préparation
- Etude base line dans les zones de mise en œuvre
- Mise en place des outils
- Formation des superviseurs
- Formation des champions de genre
2) Implication des communautés
- Mise en place des groupes de discussions au sein des communautés et des écoles
- Animation des groupes de discussions au sein des communautés et des écoles
- Activité de celebration communautaire
3) Suivi & évaluation et durabilité
- Collecte de changements les plus significatifs
- Suivi des engagements des communautés et de l’integration de nouvelles pratiques
responsables
4) Suivi des groupes de discussions (Qualité et presence des membres des
communautés)
5) Identification des champions de genre et implication dans la mise en œuvre des
groupes de discussions au sein des communautés
a) Profils des champions du genre
- Savoir lire et écrire
- Habite dans les memes zones (village, quartier) où les activités sont mises en
œuvre
- Esprit d’écoute
- Bonne capacité dans l’animation des groupes de discussions
- Sens de responsabilité et de redevabilité
- Etre modèle dans les communautés
- Avoir des habitudes et attitudes favorables à la promotion des droits des femmes
et des filles
- Etre impliqué dans la promotion des bonnes valeurs et des pratiques non violentes
- Etre de bonne reputation dans la communauté ;

b) Principes clés dans la mise en œuvre des groupes de discussions

15
Principes pour des groupes de discussion

Respecter principes clés :


 Chaque groupe de discussion doit avoir un facilitateur,
 Chaque groupe se réunit, au besoin en présence d’un superviseur de l’organisation
 Les groupes des femmes et filles sont facilités par les championnes de genre
« femmes ou filles » tandis que le groupe des hommes et des garçons doivent être
facilité par les champions de genre « hommes et garçons »
 Les discussions au sein des groupes doivent être bien sécurisées, c'est-à-dire, se tenir
dans des espaces surs.
 Les discussions doivent se passer dans des espaces surs qui garantissent la
confidentialité et la sécurité.
 La confidentialité doit être garantie entre les participants, et entre les participants et le
facilitateur mais aussi entre les facilitateurs et l’équipe de mise en œuvre de l’approche
MOBALI PONA MWASI, les histoires de vie des participants/participantes ne doivent
pas être racontées à l’extérieur.
 Les champions de genre doivent veiller à la protection des témoignages, c'est-à-dire
faire preuve de bienveillance envers les participants, le non-jugement
 Les champions de genre doivent faire preuve de patience et d’empathie avec les
victimes de traumatismes, au cours des discussions,

Technique d’animation des groupes de discussions

a) Aperçu sur la trajectoire de changement

Le changement n’est pas une ligne droite, c’est un cheminement…

16
b) Etapes du changement

 La pré-contemplation : une personne n’est pas consciente du problème et de ses


conséquences,
 Contemplation : une personne commence à se demander si un problème à des
conséquences sur sa vie,
 Préparation à l’action : une personne obtient plus d’informations et développe une
intention d’agir,
 Action : une personne commence à essayer des moyens nouveaux et différents pour
penser et se comporter
 Maintenance : une personne reconnait les avantages du changement de comportement
et le maintien.

c) Compétences clés des champions et championnes de genre

 Confidentialité : C’est la garantie que les informations partagées pendant la


sensibilisation ne seront pas révélées en dehors. Si un participant révèle un incident de
VBG, le champion de genre doit en discuter avec elle/lui en prive et non devant le groupe.
 Ecoute active : Ecouter d’une manière ouverte et sans jugement, c’est vraiment entendre
l’autre, sans interrompre. On peut parler en langue locale pour mettre les personnes à
l’aise lors de débats sur des sujets sensibles.
 Interrogation efficace : Poser les questions qui permettent aux participants d’aller en
profondeur (quoi, qui, ou, quand, comment) mais sans pression et sans se sentir sur la
défensive.
 Exploitation des nouvelles idées : Rebondir sur les commentaires des participants,
intégrer les remarques pertinentes pour approfondir la discussion, stimuler les
échanges. Ex : travail en groupe, études de cas, jeux de rôles.
 Réponse à la sécurité : S’assurer que les participantes se sentent à l’aise, écouter et
comprendre ce qu’on vous dit, ne pas juger ni blâmer. Si une participante ou un
participant dévoile un incident de violence, parlé avec elle/lui et lui proposer des options
d’assistance et référencement.
 Remise en cause des préjudices : Réagir aux résistances de manière calme et ouverte.
Demander à la personne de clarifier pourquoi il/elle a cette opinion, chercher avec le
groupe une opinion alternative, si besoin en proposer une.

17
Suivi & évaluation et rapportage

Le SUIVI est une fonction continue qui vise à fournir aux gestionnaires du programme
et aux principales parties prenantes des indications sur le progrès réalisé ou
des difficultés rencontrées au cours de la mise en œuvre du programme.

L’EVALUATION est un exercice limité dans le temps qui vise à mesurer objectivement
l’impact, résultats observés au niveau de de la population, attribuable
aux interventions du projet/programme.

Le suivi et évaluation permet de :


 Améliorer l’efficacité du programme
 Partager des données avec les partenaires et les autres acteurs qui travaillent
dans la thématique
 Etablir des rapports
 Rendre compte obligatoirement aux parties prenantes du projet

L’approche « Mobali Pona Mwasi » veut que des mécanismes de documentation, de suivi et
d’évaluation du processus de changement au sein des communautés soient mise en place.
Le changement des normes et pratiques sociales, y compris celles liées au genre, est
notoirement difficile à saisir et mesurer. Ce changement d’attitude et de comportement sont
difficiles, surtout lorsque ces derniers sont ancrés dans les coutumes, pratiques sociales, ou
les normes sociales.

Le suivi au sein de la communauté permettra de :


 Explorer le processus de changement de normes, attitudes et pratiques dans toute sa
complexité
 Adapter le programme si nécessaire
 Renforcer le degré d’appropriation de la redevabilité des communautés v.a.v. de
l’approche en impliquant directement les bénéficiaires dans le suivi et évaluation
a) Comment le suivi et évaluation sera organisée dans le cadre de la mise en œuvre de
l’approche Mobali Pona Mwasi
 Au début, une évaluation de base est réalisée dans les communautés
 Les activités de suivi sont intégrées tout au long de la mise en œuvre
 Les données sur le changement des comportements sont documentées. Les
changements doivent être observables.
 A la fin de l’intervention, les activités de suivi de la durabilité des changements induits
par le programme sont réalisées
b) Quelques outils utilisés pour le suivi et le rapportage
 Fiche de rapportage des champions de genre
 Fiche marqueurs et journal des résultats
 Fiche collecte des changements les plus significatifs
 Liste de présence aux Groupes de discussions
 Base des données de suivi des présences

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Réalisé avec le soutien financier de

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