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Loi marocaine n° 08-05 : arbitrage et médiation conventionnelle

Type Doctrine - Étude législative

Droit d'origine Maroc

Date de fraîcheur 1 décembre 2021

Thématiques Arbitrage - Général ; Arbitrage interne

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Loi marocaine n° 08-05 : arbitrage et médiation conventionnelle

Table des matières


I. - Introduction ............................................................................................................................................................................. 3
II. - Textes applicables ................................................................................................................................................................... 3
A. - Textes internes ............................................................................................................................................................ 3
B. - Textes internationaux ................................................................................................................................................. 4
III. - Principes du droit marocain de l'arbitrage ............................................................................................................................. 5
A. - Arbitrabilité ................................................................................................................................................................. 5
B. - Convention d'arbitrage ................................................................................................................................................ 6
C. - Instance arbitrale ........................................................................................................................................................ 8
1° Composition du tribunal arbitral .............................................................................................................................................. 8
2° Problématiques autour de la constitution du tribunal arbitral ................................................................................................. 8
3° Récusation des arbitres ............................................................................................................................................................ 9
4° Déroulement de l'instance arbitrale ....................................................................................................................................... 10
D. - Réforme annoncée de la procédure d’arbitrage ......................................................................................................... 10
E. - Droit applicable ......................................................................................................................................................... 10
1° Amiable composition .............................................................................................................................................................. 11
2° Liberté de choix du droit applicable ....................................................................................................................................... 11

IV. - Sentence arbitrale ................................................................................................................................................................ 11


A. - Formation et effets de la sentence arbitrale .............................................................................................................. 11
B. - Recours en certification, interprétation, sentence complémentaire ......................................................................... 11
C. - Reconnaissance et exécution ..................................................................................................................................... 12
D. - Contestations - Recours ............................................................................................................................................ 13
1° Contestation en matière interne ............................................................................................................................................ 13
2° Contestation en matière internationale ................................................................................................................................. 14

Textes de référence ...................................................................................................................................................................... 14


Bibliographie ................................................................................................................................................................................ 14
Auteur .......................................................................................................................................................................................... 16

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Le développement important du commerce international et des investissements étrangers au Maroc engendre des rapports juridiques
et contractuels entre des acteurs de cultures juridiques différentes, ne parlant souvent pas la même langue et parfois frileux à l'idée de
soumettre leurs rapports à un droit qui leur est étranger ou à un système judiciaire qui leur est méconnu, leur paraît trop lent, et peut
présenter un certain nombre de carences, notamment dans des domaines d'activité qui peuvent être relativement complexes et
techniques. Ainsi, l'arbitrage, qui est une justice privée largement marquée par un esprit libéral, est perçu par les opérateurs
économiques comme une garantie réelle de bonne justice et ce, malgré son coût parfois important.
C'est à ce titre que le Maroc, dans le cadre de sa politique d'ouverture économique et d'incitation aux investissements, s'est doté d'une
législation moderne pour le règlement alternatif des différends, inspirée des standards internationaux et de la pratique locale et
régionale (K. Zaher, Le nouveau droit marocain de l'arbitrage interne et international : Rev. arb. 2009, p. 72 ).

I. - Introduction
1. - Évolution du cadre réglementaire - Le Maroc, qui fournit des efforts considérables en vue d'améliorer la qualité de sa
réglementation des affaires, aspire depuis plusieurs années à jouer un rôle majeur en matière d'arbitrage et à être la « plate-
forme de l'arbitrage international » (H. Shalluf, Le Maroc, future plate-forme de l'arbitrage international : Gaz. Pal. 19 mars
2000, p. 51 ). Il s'est doté, d'abord, sous le protectorat français en 1913 (Da., 9 ram. 1331 (2 août 1913) sur la procédure civile :
BORM n° 46, 12 sept. 1913, p. 19, version française), d'une législation d'arbitrage interne et international abrogée après
l'indépendance en 1974 et profondément réformée en 2007.
Le Maroc a favorisé, depuis les années quatre-vingt, l'établissement de plusieurs institutions d'arbitrage dont notamment la
Cour d'arbitrage de la chambre de commerce internationale Maroc ayant remplacé la Chambre d'arbitrage.
Cette nouvelle réglementation marocaine s'applique aussi bien à l'arbitrage interne qu'à l'arbitrage international. Toutefois, le
législateur, à l'instar de son homologue français, a maintenu une dualité de régime entre l'arbitrage interne et l'arbitrage
international, dualité à laquelle beaucoup de pays sont réfractaires.
Le texte marocain reprend presque intégralement la définition de l'arbitrage international donnée par la loi-type de la
Commission des Nations unies pour le droit commercial international (CNUDCI) relative à l'arbitrage commercial
international. Ainsi, l' article 327-40 du Code de procédure civile dispose : « Est international […] l'arbitrage qui met en cause
des intérêts du commerce international, et dont l'une des parties au moins a son domicile ou son siège à l'étranger.
Un arbitrage est international si :
1) Les parties à la convention d'arbitrage ont, au moment de la conclusion de ladite convention, leur établissement dans des
États différents ; ou
2) Un des lieux ci-après est situé hors de l'État dans lequel les parties ont leur établissement :
a) le lieu de l'arbitrage, s'il est stipulé dans la convention d'arbitrage ou déterminé en vertu de cette convention ;
b) tout lieu où doit être exécutée une partie substantielle des obligations issues de la relation commerciale ou le lieu avec
lequel l'objet du différend a le lien le plus étroit ;
ou
3) les parties sont convenues expressément que l'objet de la convention d'arbitrage a des liens avec plus d'un pays.
Pour l'application des dispositions du 2e alinéa du présent article :
a) si une partie a plus d'un établissement, l'établissement à prendre en considération est celui qui a la relation la plus étroite
avec la convention d'arbitrage ;
b) si une partie n'a pas d'établissement, sa résidence habituelle en tient lieu ».
Cette définition libérale de l'arbitrage international est de nature à réduire le champ d'application de l'arbitrage interne qui, à
défaut de définition légale propre, sera défini en négatif de l'arbitrage international.

II. - Textes applicables


2. - Présentation générale - Le système juridique contemporain est un système de droit écrit de tradition civiliste, largement
inspiré du droit français dont il a repris les principes fondamentaux aussi bien en matière de droit matériel qu'en matière de
droit processuel.
Le cadre marocain de l'arbitrage est articulé, d'une part, autour de sources internes composées principalement des lois
(émanant du Parlement) et de textes réglementaires (dahir, décret et arrêtés), ainsi que, de manière subsidiaire et limitée, de la
jurisprudence et de la doctrine ; et, d'autre part, de sources internationales regroupant les instruments internationaux
auxquels le Maroc est partie.

A. - Textes internes

3. - Textes applicables avant la réforme - Sans remonter très loin dans les sources de l'arbitrage dans les pays « arabo-
musulmans » en général, et au Maroc en particulier (N. Seddiki El Houdaiqui, Arbitrage commercial international au Maghreb :
droit et pratiques. Préface Ch. Hannoun : L'Harmattan, 2012), il convient de préciser que l'arbitrage, dans le droit positif
marocain, a été institué dans la législation moderne étatique en 1974 dans le cadre du nouveau Code de procédure civile
approuvé par le dahir n° 1-74-447 du 28 septembre 1974 (BORM nº 3230 bis, 30 sept. 1974, p. 1305, version française). Cette
réglementation, relativement rudimentaire à ses débuts, a été modifiée afin de s'adapter à la nouvelle situation du Maroc

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réglementation, relativement rudimentaire à ses débuts, a été modifiée afin de s'adapter à la nouvelle situation du Maroc
indépendant, de mieux répondre à ses aspirations et de se conformer à ses engagements internationaux.
Avant la réforme de 2007, l'arbitrage était régi par les articles 306 à 327 insérés dans le chapitre VIII du dahir n° 1-74-447 du
28 septembre 1974 approuvant le texte du Code de procédure civile.
Contrairement au législateur tunisien qui a doté l'arbitrage d'un code à part entière ( L. n° 93-42, 26 avr. 1993 , portant
promulgation du Code de l'arbitrage : JORT, n° 33, 4 mai 1993), mais à l'instar du législateur algérien, le Maroc a préféré
intégrer les dispositions relatives à l'arbitrage dans le Code de procédure civile ( Ord. n° 66-154, 8 juin 1966 , portant Code de
procédure civile, modifié par D. n° 93-09, 25 avr. 1993 , puis par L. n° 08-09, 25 févr. 2008 , portant nouveau Code de procédure
civile et administrative [NCPCA]).

4. - Textes applicables après la réforme - En 2007, par le dahir n° 1-07-169 du 30 novembre 2007 , la loi n° 08-05 abrogeant
et remplaçant le chapitre VIII du titre V du Code de procédure civile a été promulguée (BORM nº 5584, 6 déc. 2007, p. 1369,
version française). Une législation propre à l'arbitrage et à la médiation conventionnelle, en tant que modes alternatifs de
règlement des différends, a ainsi été mise en place. Cette réforme s'inspire principalement :

de la loi-type CNUDCI du 21 juin 1985 ;


du droit français, surtout en matière interne ;
des solutions dégagées par la jurisprudence de la Cour de cassation marocaine ;
de la convention de New York pour la reconnaissance et l'exécution des sentences arbitrales étrangères du 10 juin 1958
(entrée en vigueur au Maroc le 7 juin 1959).

Cette réforme de l'arbitrage a apporté certaines innovations, notamment :

une distinction entre l'arbitrage interne et l'arbitrage international. Elle prévoit pour chacune de ces modalités des
règles de procédure, de forme de la sentence et de détermination du droit applicable ;
la capacité de l'État et des personnes publiques de compromettre, tant en matière interne qu'en matière internationale ;
elle est plus libérale quant à la forme de la convention d'arbitrage ;
l'instauration du recours en annulation à l'encontre de la sentence arbitrale.

5. - Applicabilité dans le temps de la réforme - Il convient de souligner que l' article 2 de la loi nº 08-05 organise son
application dans le temps. Celle-ci régit seulement les conventions d'arbitrage conclues après son entrée en vigueur, soit le
6 décembre 2007. Ainsi, sont exclues de son champ d'application les conventions d'arbitrage antérieures ainsi que les
instances arbitrales en cours à cette date qui demeurent régis par les textes antérieurs.

B. - Textes internationaux

6. - Primauté du droit international - La Constitution du 29 juillet 2011 consacre clairement la primauté des conventions
internationales dûment ratifiées par le Maroc sur le droit interne marocain et ce, dès la publication de ces conventions ( Const.
29 juill. 2011 , Préambule).
Ainsi, les engagements internationaux valablement ratifiés ont force supérieure à la loi dans l'ordre juridique interne dès lors
qu'ils sont conformes à l' « identité nationale immuable ».
La loi nº 08-05 réserve, à son tour, l'application des conventions internationales ratifiées par le Maroc. À ce titre, le Maroc est
tenu, par des conventions internationales multilatérales telles que :

la convention de New York du 10 juin 1958 relative à la reconnaissance et à l'exécution des sentences arbitrales
étrangères ;
la convention de Genève du 21 avril 1961 sur l'arbitrage commercial international ;
la convention de Washington instituant le Centre international pour le règlement des différends relatifs aux
investissements entre États et ressortissants d'autres États (CIRDI) ;

mais aussi par des conventions internationales, conclues dans le cadre régional, à savoir principalement :

la convention arabe de Ryad relative à l'entraide judiciaire signée à Ryad le 6 avril 1983 ;
la convention arabe d'Amman sur l'arbitrage commercial du 14 avril 1987 ;

ainsi que par des conventions bilatérales avec plusieurs États, dont notamment :

la convention maroco-française d'aide mutuelle judiciaire, d'exequatur des jugements et d'extradition du 5 octobre
1957 (comportant des dispositions relatives à l'exequatur des sentences arbitrales) ;
la convention maroco-belge relative à l'entraide judiciaire en matière civile, commerciale et administrative dans le
domaine de l'information judiciaire du 30 avril 1981 (comportant des dispositions relatives à l'exequatur des sentences
arbitrales) ;

la convention sur la coopération juridique, l'exécution des jugements et l'extradition entre la République tunisienne et

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la convention sur la coopération juridique, l'exécution des jugements et l'extradition entre la République tunisienne et
le Royaume du Maroc du 9 décembre 1964.

III. - Principes du droit marocain de l'arbitrage


A. - Arbitrabilité

7. - Personnes pouvant compromettre - Le premier alinéa de l'article 308 du Code de procédure civile prévoit que « toutes
personnes capables, physiques ou morales, peuvent souscrire une convention d'arbitrage… ». Ainsi, les personnes physiques
ou morales de droit public ou de droit privé ont la possibilité de s'engager dans des conventions d'arbitrage, sous réserve du
respect des règles de capacité de contracter.
Une personne physique a, en principe, la capacité de compromettre lorsqu'elle atteint l'âge de 18 ans à moins qu'un motif
quelconque établi ne lui limite ou ne lui fasse perdre cette capacité (C. fam. marocain, art. 209 et 210 ). Les personnes
incapables ou dont la capacité est limitée peuvent être représentées sous réserve des dispositions légales.
Une personne morale de droit privé a le pouvoir de compromettre et elle en a la capacité dès lors qu'elle est valablement
représentée par une personne chargée de signer les conventions en son nom ; « cette capacité découle de l'étendue de (son)
pouvoir tiré du contrat de société ou du règlement intérieur de celle-ci » (K. Zaher, Le nouveau droit marocain de l'arbitrage
interne et international : article préc., p. 72).
La question est toutefois plus complexe s'agissant des personnes morales de droit public.
Avant la réforme de 2007, l' ancien article 306 du Code de procédure civile excluait du champ de l'arbitrage l'ensemble des
litiges portant sur les actes ou les biens soumis au régime de droit public. Toutefois, la jurisprudence et la doctrine marocaines
ont considéré que l'interdiction ainsi formulée concernait le recours à l'arbitrage à raison de la matière et non ratione personae.
L'État et les autres personnes de droit public pouvaient donc compromettre en l'absence de prohibition particulière.
C'est ainsi que, malgré l'exclusion expresse des litiges portant sur les biens soumis au régime de droit public du champ de
l'arbitrage, la cour d'appel de Casablanca avait jugé dans son arrêt n° 1083 du 21 juin 1983 qu'un Établissement public
industriel et commercial (EPIC) était soumis, lors de l'exercice de ses activités courantes, à un régime de droit privé et que, de
plus, la doctrine et une jurisprudence constante considèrent qu'une contestation relative à un contrat comportant une
convention d'arbitrage conclue par l'État et les établissements publics dans le cadre d'un contrat international obéissant au
droit privé (tel que c'est le cas en l'espèce), pouvait être soumise à l'arbitrage.
Depuis la réforme de 2007, la règle contenue à l' ancien article 306 du Code de procédure civile précité a été abandonnée.
Désormais, conformément aux articles 310 et 311 du Code de procédure civile :

les litiges portant sur les actes unilatéraux de l'État et des collectivités locales et les organismes dotés de prérogatives
de puissance publique ne sont pas arbitrables (CPC marocain, art. 310, al. 1er), à l'exception des contestations qui en
résultent (elles peuvent faire l'objet d'un compromis) dès lors qu'elles ne concernent pas l'application d'une loi fiscale
(CPC marocain, art. 310, al. 2) ;
l'État et les collectivités locales ont désormais le droit d'insérer dans leurs contrats des conventions d'arbitrage, à
condition toutefois de respecter les dispositions relatives au contrôle ou à la tutelle prévus par la législation ou la
réglementation en vigueur sur les actes concernés (CPC marocain, art. 310, al. 3) ;
les entreprises publiques soumises au droit des sociétés commerciales peuvent conclure des conventions d'arbitrage
dans les formes et conditions déterminées par leur conseil d’administration, de surveillance ou organes de gestion
(CPC marocain, art. 311, al. 1er) ;
les établissements publics peuvent conclure des compromis dans les formes et conditions déterminées par leur conseil
d’administration. Le législateur a institué, mais sans prévoir de sanction, une délibération spéciale chaque fois que les
établissements publics souhaitent compromettre (CPC marocain, art. 311, in fine).

8. - Matières arbitrables - Si l' ancien article 306 du Code de procédure civile excluait expressément du champ de
l'arbitrabilité des litiges certaines matières relatives notamment à la nullité et la dissolution des sociétés ainsi que celles
impliquant les lois relatives à la taxation des prix, au cours forcé et au commerce extérieur, le nouvel article 308 du Code de
procédure civile remplace cette liste par une disposition plus large subordonnant la licéité de l'arbitrage à l'exigence de la
disponibilité des droits sur lesquels porte la convention des parties et sous réserve des matières d'ordre public. Dans le même
esprit, l'article 309 du même code interdit le recours à l'arbitrage pour le règlement des litiges relatifs à l'état et à la capacité
des personnes ou aux droits personnels qui ne font pas l'objet de commerce.
Ne sont pas dans le commerce, selon l'article 57 du dahir formant Code des obligations et des contrats (DOC), par une lecture a
contrario, toutes les choses qui ne peuvent faire l'objet de convention.
Il faut déduire de la conjonction des articles qui précèdent que les parties peuvent compromettre sur tous les droits
disponibles à l'exception des litiges relatifs à l'état et à la capacité des personnes ou aux droits personnels qui ne font pas
l'objet de commerce et sous réserve des dispositions relatives à l'ordre public et aux bonnes mœurs (DOC, 12 août 1913, art. 62)
.
Il y a lieu également de considérer, en se basant notamment sur les dispositions du préambule du Code du travail que,
contrairement au droit français, les conflits individuels de travail entre travailleur et employeur sont parfaitement arbitrables.

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Il nous semble également possible, même si les tribunaux marocains ne se sont pas prononcés sur la question à notre
connaissance, d'insérer une clause d'arbitrage dans les stipulations du contrat de travail.

B. - Convention d'arbitrage

9. - Définition - La convention d'arbitrage est « l'engagement des parties de recourir à l'arbitrage pour régler un litige né ou
susceptible de naître concernant un rapport de droit déterminé, de nature contractuelle ou non contractuelle ou non
contractuel » (CPC marocain, art. 307, al. 1er).
La convention d'arbitrage prend la forme (CPC marocain, art. 307, in fine) :

d'un compromis, « convention permettant aux parties de soumettre à l'arbitrage un litige déjà né » (K. Zaher, Le
nouveau droit marocain de l'arbitrage interne et international : art. préc., p. 72) ; ou
d'une clause compromissoire ou clause d'arbitrage, « convention par laquelle les parties s'engagent à recourir à
l'arbitrage afin de trancher les litiges futurs » (K. Zaher, article préc. n° 7, p. 73).

Quelle que soit sa forme, la convention d'arbitrage répond à des conditions de forme et de fond.

10. - Conditions de validité de forme en droit interne - Avant la réforme de 2007 : l' ancien article 307 du Code de
procédure civile exigeait que le compromis fasse l'objet d'un écrit. Il devait désigner l'objet du litige et le nom des arbitres à
peine de nullité.

depuis la réforme de 2007 : le compromis répond désormais à des conditions de validité moins formalistes. Il ressort de
l' article 315 du Code de procédure civile que le compromis doit, à peine de nullité, déterminer l'objet du litige et
désigner le tribunal arbitral ou prévoir les modalités de sa désignation. L'écrit n'est plus exigé. En outre, les parties
peuvent désormais se contenter de prévoir le recours à une institution d'arbitrage puisque le défaut de précision du
nom des arbitres ne remet plus en cause l'existence du compromis.
avant la réforme de 2007 : lorsqu'elle se rapportait à un contrat commercial, la clause arbitrale devait, à peine de
nullité, faire l'objet d'une mention manuscrite (CPC marocain, art. 309 ancien). La Cour Suprême a rappelé cette
exigence à plusieurs reprises en matière d'arbitrage interne ( C. Supr., 7 juill. 1992, n° 1766 . - V. aussi C. Supr., 4 oct.
2000, n° 1424 : REMADAE 2004, p. 88). Pour les contrats civils, l'existence d'un écrit - et non d'une mention
manuscrite - était suffisante ;
depuis la réforme de 2007 : le nouvel article 317 du Code de procédure civile prévoit désormais que la clause
compromissoire doit « être stipulée par écrit, sans équivoque, dans la convention principale ou dans un document
auquel celle-ci se réfère ». Cette exigence, prescrite à peine de nullité, doit être interprétée de façon libérale. En effet,
le deuxième alinéa de l'article 313 du Code de procédure civile prévoit que cette condition est remplie dès lors que la
convention d'arbitrage est consignée « dans un document signé par les parties ou dans un échange de lettres, de
communication télex, de télégrammes ou de tout autre moyen de télécommunication considéré comme convention et
qui en atteste l'existence, ou encore dans l'échange de conclusions en demande ou de conclusions en défense, dans
lesquelles l'existence d'une telle convention est alléguée par une partie et n'est pas contestée par l'autre ».

11. - Conditions de validité de forme en droit international - La question de la validité du compromis et de la clause
compromissoire en droit international implique de déterminer préalablement la loi applicable à la forme de la convention
d'arbitrage :

si le juge étatique marocain est amené à trancher la question de la validité de la convention d'arbitrage, il devra
rechercher la loi applicable à la convention en appliquant les règles du droit international privé. Ainsi les règles de
forme seront soumises soit à la loi nationale des parties, soit à la loi marocaine, soit aux lois et usages du lieu de
conclusion de la convention (DCCE, art. 10) ;
L'arbitre, qui n'a pas de for, est quant à lui libre de déterminer la loi régissant la forme de la convention d'arbitrage -
sauf si les parties ont désigné une loi applicable, auquel cas il est tenu de respecter leur volonté.

Si la loi marocaine est applicable, il convient alors de distinguer deux situations :

la situation antérieure à la réforme de 2007 : il ressort de la jurisprudence marocaine qu'un écrit était exigé (non une
mention manuscrite) pour que la clause compromissoire soit valide en arbitrage international. Selon l' arrêt du 21 juin
1983 de la cour d'appel de Casablanca , « les dispositions de l' article 309 CPC (ancien) exigeant la mention manuscrite
de la clause compromissoire sont inapplicables en matière d'arbitrage international […] dès lors que, d'une part, les
parties s'étaient contentées de prévoir dans le contrat le recours à un arbitrage placé sous l'égide de l'association
professionnelle du sucre située à Londres […] et que d'autre part, le Maroc avait ratifié la convention de New York
relative à l'arbitrage international, laquelle requiert seulement l'écrit et ne prévoit pas de mention manuscrite pour la
validité de la clause compromissoire » ( CA Casablanca, 21 juin 1983 : n° 1083 : RMD 1988, n° 17) ;
la situation depuis la réforme de 2007 : la loi ne prévoit aucune condition de forme pour la validité de la convention
d'arbitrage en matière internationale.

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Cependant, l'existence d'un écrit peut s'avérer utile et même déterminant dans le cadre de l'exequatur d'une sentence
internationale. En effet, celui qui s'en prévaut doit prouver l'existence de la sentence arbitrale. À cette occasion, il devra
établir l'authenticité de la convention d'arbitrage (K. Zaher, article préc. n° 7, p. 117. - CPC, art. 327-46, al. 1er ).
En effet, il ressort de la jurisprudence que les sentences étrangères sont refusées quand le demandeur à l'exequatur n'a pas
déposé au greffe un document matériel attestant de l'existence de la convention d'arbitrage (CA com. Casablanca, 18-19 avr.
2007).

12. - Conditions de validité de fond - Tout d'abord, le litige doit être arbitrable (V. n° 7 (cf. para 7, p.5)).
Ensuite, pour qu'elle soit valable, la convention d'arbitrage doit remplir les conditions prévues à l'article 2 du dahir formant
Code des obligations et des contrats.
Le consentement des parties doit, à peine de nullité, être existant et exempt de vice. Il est matérialisé par l'acceptation de
l'offre de contrat contenant la clause compromissoire ou de tout autre document y faisant référence. S'agissant de l'arbitrage
international, la loi applicable au consentement est celle choisie par les parties pour régir le contrat. À défaut, l'article V-1 de
la convention de New York prévoit que la loi applicable est celle du pays où la sentence a été rendue.
La clause compromissoire doit être expressément consentie par les parties. Cette condition est interprétée de façon très stricte
par les tribunaux. Ainsi la jurisprudence marocaine a considéré que la signature de la facture pro forma contenant la clause
compromissoire par une seule partie ne pouvait être considérée comme un consentement à l'arbitrage, mais une simple
proposition ( CA Casablanca, 3 juin 2002, n° 1511/2002 ).
Enfin, les parties doivent avoir la capacité de contracter au sens de la réglementation marocaine en vigueur au moment de
l'engagement, notamment au sens du dahir formant Code des obligations et des contrats, du Code de la famille et du Code de
commerce pour l'engagement des commerçants. S'agissant de l'arbitrage international, la loi applicable aux questions de
capacité est déterminée par les règles de conflit du juge saisi d'une exception d'arbitrage ou d'une demande d'exequatur.

13. - Effets de la convention d'arbitrage - Afin de prémunir la convention d'arbitrage de toute offensive qui serait fondée
non par sur la convention elle-même, mais sur le contrat qui la contient, et qui viserait à l'anéantir (É. Loquin, La clause
compromissoire est devenue une « forteresse » contre laquelle se brisent les assauts visant à l'anéantir : JDI 1996, p. 917 . - L.
Chedly, L'arbitrage international en droit tunisien. - Quatorze ans après le Code : JDI 2008, n° 2), le législateur marocain,
reprenant les solutions dégagées par la jurisprudence antérieure à la réforme de 2007 (la jurisprudence a posé le principe
d'indépendance de la clause compromissoire vis-à-vis du contrat principal, C. Supr., 25 déc. 2001, n° 1482, doss . n° 626/98), a
affirmé, dans le nouvel article 318 du Code de procédure civile , le principe de l'indépendance de la convention d'arbitrage
dans ces termes : « La clause d'arbitrage est réputée être une convention indépendante des autres clauses du contrat. La
nullité, la résiliation ou la cessation du contrat n'entraîne aucun effet sur la clause d'arbitrage comprise dans ledit contrat
lorsque celui-ci est valable en soi ». Ainsi, Le recours à l'arbitrage prévu par la clause d'arbitrage ne peut être remis en cause si
le contrat est nul ou a été résilié ou encore en cas de cessation du contrat principal.

14. - Principe compétence-compétence en droit interne - L'ancienne loi était peu claire sur la possibilité, pour l'arbitre,
d'apprécier sa propre compétence ou l'étendue de ses prérogatives. La jurisprudence marocaine avait dégagé la solution selon
laquelle la convention d'arbitrage a pour effet de soustraire le différend à la compétence du juge judiciaire ( C. Supr., 30 déc.
1998, n° 7968 , dossier n° 2064/1996. - C. Supr., 13 déc. 2002, n° 240 ).
La loi nº 08-05 a repris cette solution pour l'arbitrage interne en consacrant expressément la compétence exclusive de l'arbitre
à cet égard. Aux termes du premier alinéa de l'article 327-9 du Code de procédure civile , le tribunal arbitral statue,
préalablement à tout examen au fond, d'office ou à la demande d'une partie :

sur le principe de sa compétence ;


sur les limites de ses compétences ;
sur la validité de la convention d'arbitrage.

À cet effet, il rend une ordonnance qui ne peut être contestée qu'en même temps que la décision au fond, par le recours en
annulation.
Le principe de compétence-compétence attribue au tribunal arbitral la priorité de compétence pour juger de sa propre
compétence, soustrayant ainsi le litige aux tribunaux étatiques. Ce principe est affirmé par l' article 327 du Code de procédure
civile duquel il ressort que :

« Lorsqu'un litige soumis à un tribunal arbitral en vertu d'une convention d'arbitrage, est porté devant une juridiction,
celle-ci doit, lorsque le défendeur en fait la requête avant de statuer sur le fond, prononcer l'irrecevabilité jusqu'à
épuisement de la procédure d'arbitrage ou annulation de la convention d'arbitrage » ( CPC, art. 327, al. 1er ) ;
« Si le tribunal arbitral n'est pas encore saisi, la juridiction, à la demande du défendeur, doit également déclarer
l'irrecevabilité à moins que la convention d'arbitrage ne soit manifestement nulle » ( CPC, art. 327 , in fine).

Ainsi, les tribunaux étatiques retrouvent leur compétence en cas de nullité manifeste de la convention d'arbitrage, ce qui évite
aux parties une longue procédure arbitrale vouée à l'échec. La nullité manifeste doit être interprétée au regard des conditions
de validité de la convention d'arbitrage et de l'arbitrabilité ou non de la matière soumise au tribunal arbitral.

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Il faut noter que l'exception d'irrecevabilité n'est pas d'ordre public. En conséquence, la juridiction judiciaire ne peut la relever
d'office. La demande doit émaner du défendeur à l'action, par requête, et avant qu'il ne soit statué sur le fond. Le juge
marocain a jugé que l'exception tirée de l'incompétence matérielle en raison de la signature d'une clause compromissoire est
une exception de forme qui doit être soulevée in limine litis, à peine d'irrecevabilité. Cette exception ne peut pas être soulevée
pour la première fois en appel.
Le législateur marocain pose une exception à l'incompétence des juridictions étatiques en présence d'une convention
d'arbitrage. Celle-ci s'étend, en vertu de l' article 327-1 du Code de procédure civile , aux mesures provisoires ou
conservatoires qui pourraient être demandées devant le juge des référés ; étant entendu que le tribunal arbitral peut aussi les
prendre en vertu de l'article 327-15 du même code.

15. - Principe compétence-compétence en droit international - En matière internationale, c'est l' article 327-9 du Code de
procédure civile qui s'applique par renvoi de l' article 327-43 du CPC , mais ce principe de compétence-compétence est
également affirmé par l'article II-3 de la convention de New York en vigueur au Maroc. En vertu de cet article, « le tribunal d'un
État contractant, saisi d'un litige sur une question au sens du présent article, renverra les parties à l'arbitrage, à la demande de
l'une d'elles, à moins qu'il ne constate que ladite convention est caduque, inopérante ou non susceptible d'être appliquée ».
Contrairement à ce qui est prescrit pour l'arbitrage interne, le juge saisi doit donc contrôler la validité de la convention
d'arbitrage. En effet, les arbitres ne semblent pas avoir la primauté pour se prononcer sur leur propre compétence. Les parties à
la convention d'arbitrage peuvent donc légitimement invoquer la caducité ou l'inefficacité de la convention d'arbitrage devant
le juge étatique qui devra statuer sur la question.
Il n'y a certes pas d'affirmation législative expresse de l'effet négatif du principe de compétence-compétence en matière
d'arbitrage international, mais il n'est pas étonnant qu'un juge marocain saisi d'une telle question accorde sur le fondement de
l' article 327-9 du Code de procédure civile la primauté au tribunal arbitral pour statuer sur la validité de la convention
d'arbitrage, surtout que la convention de New York prévoit, en son article VII, qu'elle ne fait pas obstacle à l'application de
législations plus favorables à l'arbitrage.

C. - Instance arbitrale
1° Composition du tribunal arbitral

16. - Modalités de désignation d'un arbitre en matière interne - Dans le cadre d'un arbitrage ad hoc, dans lequel les
parties prévoient le recours à l'arbitrage mais ne se réfèrent à aucune institution, le tribunal arbitral peut être composé d'un
arbitre unique désigné par le président du tribunal compétent (CPC marocain, art. 327-5, al. 1er, 1), ou de trois arbitres : deux
seront désignés par les parties et le troisième par les deux autres. En cas d'abstention ou de refus dans les quinze jours de la
demande de désignation par l'une ou l'autre des parties, le président du tribunal de commerce territorialement compétent
procède à sa désignation par une décision insusceptible de recours. Le troisième arbitre nommé est toujours le président du
tribunal arbitral (CPC marocain, art. 327-5, al. 1er, 2).
Le nombre d'arbitres doit toujours être impair (CPC marocain, art. 327-2, in fine).
À défaut de précision dans la convention d'arbitrage, le nombre d'arbitres est de trois (CPC marocain, art. 327-2, al. 2). Par
ailleurs, si les parties désignent un nombre pair d'arbitres, il sera complété d'un dernier arbitre, soit conformément aux
stipulations des parties, soit par les arbitres (CPC marocain, art. 327-4, al. 1er).
Dans le cadre de l'arbitrage institutionnel, les parties confient à un organisme le soin et la responsabilité de composer le
tribunal arbitral. Dans ce cas, « la procédure de nomination et le nombre d'arbitres du tribunal arbitral seront ceux prévus par
l'institution d'arbitrage » (CPC marocain, art. 327-4, in fine). Le juge étatique n'est donc pas compétent pour trancher les
différends relatifs à la constitution du tribunal arbitral dans cette hypothèse.

17. - Modalités de désignation d'un arbitre en matière internationale - Le premier alinéa de l'article 327-41 du Code de
procédure civile prévoit une simple faculté de désigner les arbitres ou les modalités de leur désignation. Il ne s'agit pas d'une
condition de validité de la convention d'arbitrage. Comme pour l'arbitrage interne, les parties peuvent se référer à un
règlement d'arbitrage.
En cas de difficulté dans la constitution du tribunal, et sauf stipulation contraire, une partie peut (CPC marocain, art. 327-41,
in fine) :

si l'arbitrage se déroule au Maroc, saisir le président de la juridiction qui sera amené à déclarer exécutoire la sentence
arbitrale.
si l'arbitrage se déroule à l'étranger mais que les parties ont choisi la loi de procédure marocaine, saisir le président du
tribunal de commerce de Rabat.

Bien que le texte ne le prévoie pas expressément, la décision du juge d'appui n'est pas susceptible de recours.

2° Problématiques autour de la constitution du tribunal arbitral

18. - Conditions relatives à l'arbitre en matière interne - L'arbitre doit, conformément au premier alinéa de l'article 320 du
Code de procédure civile :

être une personne physique,

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être une personne physique,


être en pleine capacité,
ne pas avoir été condamné pour des faits contraires à l'honneur, à la probité et aux bonnes mœurs, ou le privant de la
capacité d'exercer le commerce ou d'un de ses droits civils,
être impartial.

L' article 321 du Code de procédure civile applicable en matière interne prévoit que les arbitres doivent déclarer leur activité
auprès du procureur général près la cour d'appel du ressort de leur lieu de résidence ou du siège de l'arbitrage. Cet article a
suscité la polémique au Maroc et certains ont craint une « mainmise du parquet sur l'exercice de l'activité d'arbitre » (K. Zaher,
article préc. n° 7, p. 73).
Le pouvoir réglementaire est alors intervenu par le biais de la circulaire du ministre de la Justice n° 12-2 de 2008 afin de
préciser que cette déclaration avait pour but de permettre au procureur de dresser une liste des arbitres à laquelle le juge
pourra avoir recours en cas de difficulté dans la composition du tribunal arbitral.

19. - Conditions relatives à l'arbitre en matière internationale - Contrairement à l'arbitrage interne, il n'existe pas de
texte spécifique applicable en matière internationale prévoyant les conditions particulières pour être arbitre. Toutefois,
certaines conditions doivent être remplies quelle que soit la nature de l'arbitrage ; il s'agit notamment de :

la jouissance par l'arbitre de la pleine capacité d'exercice de ses droits, dès lors que l'arbitrage est également un contrat
entre les parties et l'arbitre ;
l'indépendance et l'impartialité de l'arbitre tout au long du processus arbitral.

3° Récusation des arbitres

20. - Faculté de récusation pour les parties - Il découle de l'exigence d'impartialité une obligation de renseignement ou de
révélation pesant sur l'arbitre : « l'arbitre qui suppose en sa personne une cause de récusation doit en informer les parties.
Dans ce cas, il ne peut accepter sa mission qu'avec l'accord des parties » (CPC marocain, art. 327-7 ).
Les parties ont la faculté de récuser un arbitre pour l'une des causes de la liste exhaustive prévue au premier alinéa de
l'article 323 du Code de procédure civile :

s'il a fait l'objet d'une condamnation ;


si son conjoint, ses ascendants, descendants ont un intérêt personnel direct ou non à la contestation ;
s'il y a un lien de parenté ou d'alliance entre l'arbitre ou son conjoint et l'une des parties jusqu'au degré de cousin
germain (inclus) ;
si un procès est pendant ou est terminé depuis moins de deux ans entre l'arbitre ou son conjoint ou leurs ascendants et
descendants ;
si l'arbitre est créancier ou débiteur de l'une des parties ;
si l'arbitre a déjà été amené à plaider ou postuler ou déposer en tant que témoin sur le différend ;
si l'arbitre a déjà agi comme représentant légal de l'une des parties ;
s'il existe un lien de subordination entre l'arbitre ou son conjoint ou ses ascendants ou descendants et l'une des parties
ou son conjoint ou ses descendants et descendants ;
s'il y a amitié ou inimité notoire entre l'arbitre et l'une des parties.

Ces causes de récusation sont identiques à celles prévues pour les magistrats (CPC marocain, art. 295 ).
La contestation est formulée par écrit et contient les motifs de récusation allégués. Elle est présentée au président du tribunal
compétent dans les huit jours où la partie intéressée a pris connaissance de la composition du tribunal arbitral ou de la
survenance de la contestation. Le dépôt de la demande a un effet suspensif sur la procédure d'arbitrage jusqu'à la décision au
fond, qui intervient en principe dans les dix jours de la demande. La décision du président du tribunal est insusceptible de
recours (CPC marocain, art. 323, in fine et art. 327-8, in fine).
Il convient de noter que la question de l'applicabilité des dispositions du Code de procédure civile dans le cadre d'un arbitrage
institutionnel reste posée. En effet, comment s'articulent alors ces dispositions du Code de procédure civile avec celles du
règlement de l'institution d'arbitrage ? Si le règlement de l'institution d'arbitrage prévoit une procédure particulière de
récusation, les parties peuvent-elles passer outre et saisir le tribunal comme indiqué précédemment ? Cette difficulté reste
sans réponse.

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4° Déroulement de l'instance arbitrale

a) Point de départ de l'arbitrage

21. - Identification du point de départ - Le point de départ du délai d'arbitrage est la constitution du tribunal arbitral, à
savoir le moment où le dernier arbitre accepte sa mission (CPC marocain, art. 327-6 et 327-20 ). Le délai d'arbitrage est de six
mois, sauf disposition conventionnelle contraire.
La sentence arbitrale doit être rendue dans le délai prévu par les parties, à défaut c'est le délai légal de six mois qui est
applicable (CPC marocain, art. 327-20, al. 1er). Le délai conventionnel ou légal peut être prorogé de la même période soit par
accord des parties, soit par décision du président de la juridiction compétente de mettre fin à la procédure d'arbitrage par
ordonnance (CPC marocain, art. 327-20, al. 2). Bien avant la loi de 2007, la Cour d'appel de Rabat, dans un arrêt du 17 février
1923 , avait considéré que la sentence arbitrale devait être rendue dans le délai prévu au compromis, mais ce délai pouvait être
prorogé par les parties ( CA Rabat, 17 févr. 1923 : n° 160 ).
Quant à la sanction du dépassement du délai conventionnel, la cour d'appel de Rabat avait jugé que l'expiration du délai du
compromis entraîne la cessation des fonctions judiciaires confiées temporairement aux arbitres et que, par conséquent, était
nulle la sentence rendue à l'expiration de ce délai. La cour d'appel de Casablanca avait jugé, à son tour, que la sentence
arbitrale rendue par des arbitres après l'expiration du délai qui leur avait été imparti ne pouvait être revêtue d'exequatur.
L'acceptation de sa mission emporte obligation, pour l'arbitre, de la poursuivre jusqu'à son terme sauf désistement pour une
cause légitime (CPC marocain, art. 327-6, in fine). Cette mission est déterminée par la volonté des parties exprimée dans la
convention d'arbitrage ou tout acte ultérieur. Ainsi, les arbitres doivent agir conformément à la mission qui leur a été confiée
par les parties et ne peuvent dépasser les limites que cette convention leur fixe (CA Casablanca, n° 3461, préc.).

b) Procédure d'arbitrage

22. - Procédure d'arbitrage en matière interne - S'agissant de la procédure arbitrale, les parties ont une grande liberté : « le
tribunal arbitral règle les modalités de la procédure arbitrale qu'il juge adéquates sous réserve des dispositions de la […] loi,
sans être tenu de suivre les règles établies pour les juridictions, sauf si les parties en ont autrement décidé dans la convention
d'arbitrage » (CPC marocain, art. 327-10, al. 1er).
Ainsi, à défaut de choix des parties, la procédure est fixée par les arbitres. Si les arbitres s'écartent des règles de procédure
civile applicables aux juridictions étatiques, ils font néanmoins respecter les principes du contradictoire et des droits de la
défense (CPC marocain, art. 327-10, al. 3). En tout état de cause, les parties ont donc l'obligation de produire des conclusions
et pièces à l'appui de leurs prétentions et d'adresser tous leurs moyens aussi bien aux arbitres qu'aux parties (CPC marocain,
art. 327-14). Elles disposent en outre d'un délai raisonnable pour répondre ou communiquer leurs observations et doivent
communiquer leurs pièces selon un délai fixé entre elles ou par le tribunal arbitral. Si des séances de plaidoirie sont tenues, le
tribunal arbitral en avise les parties au moins cinq jours avant (CPC marocain, art. 327-14, al. 7). Les séances font l'objet d'un
procès-verbal dont copie est délivrée aux parties (CPC marocain, art. 327-14al. 8).
Sauf stipulation contraire, la non-présentation de la requête introductive d'instance dans le délai imparti entraîne l'arrêt de la
procédure arbitrale.

23. - Procédure d'arbitrage en matière internationale - Dans le silence de la convention d'arbitrage sur les règles de
procédure applicables, les arbitres règlent la procédure par référence à une loi ou à un règlement d'arbitrage (CPC marocain,
art. 327-42, in fine).
Si les parties ont choisi de désigner la loi marocaine, les dispositions relatives à la constitution du tribunal arbitral et à la
sentence en matière interne s'appliquent, sauf stipulations contraires (CPC marocain, art. 327-43). Les délais sont librement
fixés par les parties.

D. - Réforme annoncée de la procédure d’arbitrage

24. - Un projet de réforme de l’arbitrage (projet de loi n° 95-17) en vue d’une modernisation de la procédure d’arbitrage par l’
introduction d’un Code de l’arbitrage est à l’étude. Il s’agit notamment de :

l’introduction de la signature électronique dans les procédures d’arbitrage (art. 3) ;


de la possibilité de réunions en lignes via des moyens de télécommunications, et possibilité de former une demande d’
arbitrage par voie électronique (art. 34 et 35) ;
la notification « par tout moyen », dont la forme électronique, des sentences arbitrales (art. 60).

Par ailleurs, dans le cadre des procédures d’arbitrage, les parties ou les tiers qui refusent de présenter les documents originaux
dont ils disposent s’exposeront à des sanctions pécuniaires si ce projet est adopté en l’état.
Enfin, il est prévu que le recours en annulation ne pourra être formé que dans les 15 jours à compter de la notification de la
sentence arbitrale (projet de loi n° 95-17, art. 83). Il convient toutefois de noter que cette réforme est toujours au stade de
projet et qu’elle est toujours susceptible d’être modifié jusqu’à son vote finale par le parlement.

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E. - Droit applicable
1° Amiable composition

25. - Contenu - Aussi bien dans l'arbitrage interne que dans l'arbitrage international (CPC marocain, art. 327-45 ), les parties
peuvent prévoir que le tribunal arbitral siégera en qualité d'amiable compositeur, c'est-à-dire qu'il « n'est pas tenu, dans ce
cas, de se conformer aux règles de droit et statue selon les règles de justice et d'équité sur l'objet du litige » (CPC marocain, art.
327-18, in fine). Cette mission doit faire l'objet d'une clause expresse (ibid.). Selon Khalid Zaher, « cette faculté réservée aux
arbitres de ne pas recourir exclusivement aux règles de droit ne doit pas être comprise comme l'exclusion de celle-ci mais
plutôt comme une invitation à puiser la solution dans une ou plusieurs sources avec l'unique objectif de rendre une décision
qui leur paraît comme étant la plus équitable » (K. Zaher, article préc. n° 7, p. 97).

2° Liberté de choix du droit applicable

26. - Liberté des parties et liberté du juge - Aussi bien en matière interne qu'en matière internationale, les parties sont
libres de choisir le droit applicable au fond du litige, qu'il s'agisse d'une loi étatique ou d'usages (usages du commerce, par
exemple) (CPC marocain, art. 327-44 ).
À défaut de stipulation par les parties, le tribunal choisit le droit applicable avec la même liberté. En effet, aux termes de l'
article 327-18 du Code de procédure civile , « Le tribunal arbitral tranche le litige conformément aux règles de droit convenues
entre les parties.
Si les parties ne s'entendent pas sur les règles de droit devant être appliquées au litige, le tribunal arbitral applique les règles
objectives de droit qu'il juge les plus proches du litige. Dans tous les cas il doit prendre en considération les clauses du contrat
objet du litige, les usages et coutumes commerciaux et ce qui est habituellement d'usage entre les parties… ».

IV. - Sentence arbitrale


A. - Formation et effets de la sentence arbitrale

27. - Formation de la sentence - La sentence arbitrale est rendue, à peine d'annulation, après délibération du tribunal
arbitral, à la majorité des voix (CPC marocain, art. 327-22, al. 1er). La jurisprudence considère que la loi n'exige pas une
délibération en commun des arbitres et du tiers-arbitre. Il suffit qu'ils se soient réunis, et, par suite, le tiers-arbitre peut
valablement émettre un avis différent de l'un ou de l'autre des arbitres ( CA Rabat, 27 févr. 1947 ).
L'arbitre en désaccord signe la sentence mais y fait référence dans le dispositif de la sentence. S'il refuse de signer, les autres
arbitres mentionnent son refus et en exposent les motifs. La sentence n'est pas affectée par le refus de signature de l'arbitre
minoritaire dès lors que la majorité des voix requise a été atteinte (CPC marocain, art. 327-25, in fine). L'hypothèse dans
laquelle les arbitres sont tous en désaccord sur la solution à retenir n'est pas traitée par la loi.
La sentence doit contenir les mentions prévues à l' article 327-24 du Code de procédure civile , A peine de nullité, la sentence
doit contenir les noms, nationalité, statut et adresse des arbitres, ainsi que les nom et adresse des parties et les noms de leur
mandataire. Dans le cas où une partie est une personne morale, la sentence doit indiquer sa dénomination, sa nature et son
siège administratif ou social. De plus, la sentence doit faire mention d’un exposé succinct des faits, des revendications des
parties ainsi que des éléments tranchés. La sentence doit en outre être signée. Elle est nulle s'il n'y a pas une majorité de
signatures.
Elle doit être écrite (bien qu'aucune sanction ne soit prévue à défaut d'écrit), viser la convention d'arbitrage et contenir
l'exposé succinct des faits, prétentions et moyens développés par les parties, leurs pièces, l'indication des points litigieux
réglés par la sentence et un dispositif (CPC marocain, art. 327-23, al. 1er). Les parties sont libres de convenir de la langue de la
sentence. Aucune disposition légale n'exige que la sentence soir rédigée en langue arabe. Le dispositif est indispensable à
l'obtention de la formule exécutoire.
La sentence doit être motivée, sauf si les parties en ont décidé autrement ou si la loi applicable ne le requiert pas. Les
sentences concernant des personnes morales de droit public doivent sans exception être motivées (CPC marocain, art. 327-23,
in fine), toute stipulation contraire étant nulle.
Les honoraires des arbitres, les dépens et les modalités de répartitions y afférentes sont fixés dans la sentence arbitrale (CPC
marocain, art. 327-24, in fine).

28. - Effets de la sentence - La sentence définitive, qui doit être remise aux parties dans les sept jours de son prononcé (CPC
marocain, art. 327-27, al. 1er), dessaisit l'arbitre.
En outre, « dès qu'elle est rendue, la sentence arbitrale a la force de la chose jugée relativement à la contestation qu'elle
tranche » (CPC marocain, art. 327-26, al. 1er). Selon Khalid Zaher, ce texte souffre d'une « défectuosité terminologique » (K.
Zaher, article préc. n° 7, p. 104) : la sentence n'acquiert force de chose jugée que lorsqu'elle n'est plus susceptible de recours,
c'est-à-dire quinze jours après la notification de la sentence revêtue de l'exequatur (CPC marocain, art. 327-36, al. 2). Par
exception, la sentence rendue dans un litige impliquant une personne morale de droit public, n'a force de chose jugée qu'en
vertu d'une ordonnance d'exequatur. Le chef du dispositif de la sentence concernant l'honoraire des arbitres n'a, quant à lui,
pas autorité de la chose jugée.

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B. - Recours en certification, interprétation, sentence complémentaire

29. - Pouvoirs du tribunal arbitral - Par exception au principe du dessaisissement de l'arbitre après remise de la sentence, et
conformément à l' article 327-28 du Code de procédure civile , le tribunal arbitral a le pouvoir de :

rectifier les erreurs matérielles, de calcul ou d'écriture dans les trente jours de son prononcé ou dans les 30 jours de la
notification sur demande d'une des parties. Il se prononce dans le mois qui suit la demande ;
à la demande des parties et sauf stipulation contraire, interpréter la sentence. Il se prononce dans le mois qui suit la
demande ;
à la demande des parties et sauf stipulation contraire, compléter la sentence s'il a omis de statuer sur un chef de
demande. Dans les soixante jours de la demande, il rend une sentence complémentaire qui ne remet pas en cause le
principe de la chose jugée relativement aux chefs de demande déjà tranchés.

La demande en interprétation et en rectification est formée par requête notifiée à l'autre partie, qui a quinze jours pour
présenter d'éventuelles conclusions (CPC marocain, art. 327-28-2-c ). Elle suspend l'exécution et les délais de recours.

30. - Contestation des honoraires - La partie du dispositif de la sentence qui fixe les honoraires des arbitres n'a pas autorité
de la chose jugée. Si une contestation survient, un recours est formé devant le président de la juridiction compétente qui
statue par une décision insusceptible de recours (CPC marocain, art. 327-24, in fine).

C. - Reconnaissance et exécution

31. - Reconnaissance et exécution en matière interne - La sentence peut :

être exécutée spontanément ; ou


faire l'objet d'exécution forcée en vertu d'une ordonnance d'exequatur (CPC marocain, art. 327-31 ).

La demande d'exequatur est formée par l'arbitre ou par la partie la plus diligente en déposant au greffe du tribunal dans le
ressort duquel la sentence a été rendue :

une requête aux fins d'exequatur ;


la minute de la sentence ;
un exemplaire de la convention d'arbitrage ;
une traduction de ces documents en langue arabe le cas échéant.

La demande est formée, à peine d'irrecevabilité, dans le délai de sept jours suivant la décision arbitrale (CPC marocain, art.
327-31, al. 2).
Bien que le texte ne le spécifie pas expressément, le juge de l'exequatur ne peut procéder à un examen au fond de la sentence.
La jurisprudence est unanime à ce sujet ( C. Supr., 7 juill. 1992, n° 1765 : GTM, n° 75. - C. Supr., 7 juill. 2002, n° 1766 ). Il doit
procéder au contrôle de la validité de la convention d'arbitrage et, le cas échéant, apposer la formule exécutoire sur la minute
de la sentence.
Ainsi, la Cour Suprême, dans son arrêt du 28 janvier 2010 , avait considéré que si en matière d'exequatur des sentences
arbitrales, la Cour a compétence pour vérifier si la sentence n'est pas entachée de nullité ou n'est pas contraire à l'ordre public,
sans pour autant aller jusqu'à statuer sur le fond tranché par les arbitres, il n'en demeure pas moins que la vérification de la
non-violation par ces arbitres des dispositions de la clause compromissoire fait partie de l'essence même du pouvoir de ladite
Cour, dans la mesure où cette violation constitue l'une des causes de demande de nullité de ladite sentence.
Par ailleurs, l'ordonnance qui :

accorde l'exequatur n'est pas motivée et est insusceptible de recours, conformément au second alinéa de l'article 327-
32 du Code de procédure civile ;
refuse l'exequatur est motivée et est susceptible d'appel conformément au premier alinéa de l'article 327-33 du Code de
procédure civile .

La signification de la sentence revêtue de l'exequatur constitue le point de départ des délais des voies recours.
Il faut noter qu'en vertu du troisième alinéa de l'article 327-26 du Code de procédure civile , les arbitres ont la faculté
d'ordonner d'office ou à la demande d'une partie l'exécution provisoire de la sentence, et subordonner l'exécution provisoire à
la constitution d'une garantie en application des articles 147 et suivants du même code.

32. - Reconnaissance et exécution en matière internationale - Aux termes du premier alinéa de l'article 327-46 du Code
de procédure civile , les sentences sont reconnues au Maroc si :

leur existence est établie - à cette fin, les parties produisent un original ou des copies de la sentence et de la
convention d'arbitrage, avec traduction en langue arabe si nécessaire ;
leur reconnaissance n'est pas contraire à l'ordre public national ou international.

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leur reconnaissance n'est pas contraire à l'ordre public national ou international.

Le dernier alinéa du même article prévoit : « Sous les mêmes conditions, elles sont déclarées reconnues et exécutoires au
Maroc par le président de la juridiction commerciale dans le ressort de laquelle elles ont été rendues, ou par le président de la
juridiction commerciale du lieu d'exécution si le siège de l'arbitrage est situé à l'étranger ».
L'ordonnance qui refuse la reconnaissance ou l'exécution des sentences arbitrales internationales rendues au Maroc, mais
aussi à l'étranger, est susceptible d'appel (CPC marocain, art. 327-48 ). La demande est portée devant la cour d'appel
territorialement compétente dont relève le président du tribunal ayant rendu l'ordonnance (CPC marocain, art. 327-50 ) dans
les quinze jours suivant la notification de l'ordonnance.
L'appel est ouvert contre l'ordonnance qui accorde l'exequatur s'agissant exclusivement des sentences rendues à l'étranger. L'
article 327-50 du Code de procédure civile prévoit que l'appel est porté devant la cour d'appel territorialement compétente à
raison du siège de la juridiction dont relève le président du tribunal ayant rendu l'ordonnance attaquée. Les cas d'ouverture de
l'appel sont identiques à ceux du recours en annulation. Si le recours est accueilli, l'ordonnance d'exequatur est annulée. La
sentence, quant à elle, demeure, mais ne produit aucun effet dans l'ordre juridique marocain.

D. - Contestations - Recours
1° Contestation en matière interne

33. - Recours en annulation - Le recours en annulation contre la sentence arbitrale n'est ouvert que dans l'un des sept cas
limitativement énumérés à l' article 327-36 du Code de procédure civile et sous réserve de stipulation contraire. Les cas
d'ouverture sont les suivants :

le tribunal arbitral a statué en l'absence de convention d'arbitrage, sur convention nulle ou après expiration du délai
d'arbitrage ;
la composition du tribunal arbitral ou la désignation de l'arbitre est irrégulière ;
le tribunal a statué sans se conformer à sa mission, a statué sur des questions qui n'entraient pas dans le champ de la
convention d'arbitrage ou a méconnu les limites de la convention ;
la sentence ne respecte pas les règles de forme obligatoires ;
les droits de la défense n'ont pas été respectés ;
la sentence a été rendue en violation d'une règle d'ordre public ;
la sentence a méconnu les règles de procédure ou de fond convenues entre les parties.

Le recours est exercé dans les formes prévues par les articles 134 et suivants du Code de procédure civile devant la cour d'appel
dans le ressort de laquelle la sentence a été rendue (CPC marocain, art. 327-36, al. 1er).
L'action en nullité d'une sentence arbitrale reste ouverte par voie d'opposition à la partie intéressée, eût-elle renoncé
expressément à en interjeter appel ou à en demander la rétractation, et donné aux arbitres des pouvoirs d'amiables
compositeurs (CA Rabat, 27 févr. 1947).
L'exercice du recours en annulation emporte les effets suivants :

il emporte recours contre l'ordonnance d'exequatur si celle-ci a déjà été rendue - si tel n'est pas le cas, le juge saisi de l'
exequatur se dessaisit immédiatement ;
quand la Cour annule la sentence, elle statue sur le fond dans les mêmes limites que le tribunal arbitral sauf absence de
convention ou nullité de la convention d'arbitrage.

Lorsque la convention d'arbitrage stipule que la sentence qui sera rendue aura un caractère définitif et ne sera susceptible
d'aucune voie de recours ordinaire ou extraordinaire, les parties sont censées avoir renoncé à soulever toute exception ou tout
moyen de défense au fond quelle qu'en soit la nature ayant pour but de faire échec à l'exécution de la sentence ou à l'autorité
de la chose jugée dont elle bénéficie. Toutefois, les parties ne peuvent convenir de renoncer à attaquer la sentence arbitrale ou
l'ordonnance la revêtant d'exequatur par une quelconque voie de recours lorsque la question soumise à l'arbitrage est de
nature à porter atteinte à l'ordre public.

34. - Rétractation - La sentence arbitrale peut faire l'objet d'une demande de rétractation. Ce recours en rétractation n'est
ouvert que lorsque la sentence n'est pas susceptible d'être attaquée par voie d'opposition, ni par voie d'appel, dans les cas
indiqués à l' article 402 du Code de procédure civile (CPC marocain, art. 327-34 ).
La demande est formée par requête accompagnée, à peine d'irrecevabilité, d'une quittance constatant la consignation au greffe
de la juridiction d'une somme égale au maximum de l'amende qui peut être prononcée en vertu de l' article 407 du Code de
procédure civile . Elle est portée devant la juridiction qui aurait connu de l'affaire s'il n'y avait pas eu de convention d'arbitrage
(CPC marocain, art. 327-34, in fine).

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35. - Tierce opposition - Aux termes de l' article 327-35 du Code de procédure civile , « Les sentences arbitrales, même
assorties de la décision d'exequatur, ne sont pas opposables aux tiers qui peuvent, toutefois, faire tierce opposition dans les
conditions prévues par les articles 303 à 305 ci-dessus devant la juridiction qui aurait connu de l'affaire s'il n'y avait pas eu de
convention d'arbitrage ».
La tierce opposition a pour effet de rendre la sentence inopposable au tiers. Elle est formée par requête accompagnée, à peine
d'irrecevabilité, de la quittance constatant la consignation au greffe de la juridiction d'une somme égale au maximum de
l'amende qui peut être prononcée en application de l' article 305 du Code de procédure civile .

36. - Pourvoi en cassation - La sentence elle-même ne peut faire l'objet d'un pourvoi. Le pourvoi en cassation n'est ouvert
qu'à l'égard de l'arrêt de la cour d'appel en matière d'arbitrage (CPC marocain, art. 327-38, in fine).
Les pourvois soumis à la Cour Suprême doivent être fondés sur l'une des causes ci-après (CPC marocain, art. 359 ) :

violation de la loi interne ;


violation d'une règle de procédure ayant causé préjudice à une partie ;
incompétence ;
excès de pouvoir ;
défaut de base légale ou défaut de motifs.

2° Contestation en matière internationale

37. - Recours en annulation - Seul le recours en annulation est ouvert, et seulement à l'encontre des sentences rendues au
Maroc. Ce recours a été introduit par la loi de 2007. Par le jeu des articles 327-51 et 327-49 du Code de procédure civile , le
recours en annulation n'est ouvert que dans les cas suivants :

le tribunal arbitral a statué en l'absence de convention d'arbitrage, sur convention nulle ou après expiration du délai
d'arbitrage ;
la composition du tribunal arbitral ou la désignation de l'arbitre est irrégulière ;
le tribunal a statué sans se conformer à sa mission ;
les droits de la défense n'ont pas été respectés ;
la reconnaissance ou l'exécution sont contraires à l'ordre public international ou national.

La procédure est fixée à l' article 327-52 du Code de procédure civile aux termes duquel :

le recours est porté devant la cour d'appel dans le ressort de laquelle la sentence a été rendue ;
il est recevable dès le prononcé de la sentence ;
il cesse d'être recevable s'il n'a pas été exercé dans les quinze jours de la notification de la sentence revêtue de la
formule exécutoire.

Si le recours est accueilli, la sentence est annulée et le juge ne peut, à l'inverse de l'arbitrage interne, statuer sur le fond du
litige (CPC marocain, art. 327-54 ). Si le recours est rejeté, la décision vaut exequatur.
Comme en matière interne, le recours en annulation vaut recours contre l'ordonnance d'exequatur. Si le juge de l'exequatur n'a
pas encore statué, il se dessaisit immédiatement.
Il est suspensif d'exécution.

Textes de référence
Dahir nº 1-11-91 du 27 chaabane 1432 (29 juillet 2011), portant promulgation du texte de la constitution (BORM nº 5964 bis,
30 juill. 2011, p. 1902, version française)
Dahir n° 1-07-169 du 19 kaada 1428 (30 novembre 2007), portant promulgation de la loi n° 08-05 abrogeant et remplaçant le
chapitre VIII du titre V du Code de procédure civile (BORM nº 5584, 6 déc. 2007, p. 1369, version arabe)
Dahir n° 1-74-447 du 11 ramadan 1394 (28 septembre 1974), approuvant le texte du Code de procédure civile (BORM nº 3230
bis, 30 sept. 1974, p. 1305, version française)
Dahir du 9 ramadan 1331 (12 août 1913), formant Code des obligations et des contrats (BORM n° 46, 12 sept. 1913, p. 78,
version française)
Projet de loi n° 95-17

Bibliographie
N. Seddiki El Houdaiqui, Arbitrage commercial international au Maghreb : droit et pratiques. Préface Ch. Hannoun :
L'Harmattan, 2012

L. Chedly, L'arbitrage international en droit tunisien. - Quatorze ans après le Code : JDI 2008, n° 2

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L. Chedly, L'arbitrage international en droit tunisien. - Quatorze ans après le Code : JDI 2008, n° 2
É. Loquin, La clause compromissoire est devenue une « forteresse » contre laquelle se brisent les assauts visant à l'anéantir :
JDI 1996, p. 917
H. Shalluf, Le Maroc, future plate-forme de l'arbitrage international : Gaz. Pal. 19 mars 2000, p. 51
K. Zaher, Le nouveau droit marocain de l'arbitrage interne et international : Rev. arb. 2009, p. 72

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Auteur

Mohamed OULKHOUIR
Avocat à la Cour

Principaux domaines d'expertise

Droit social et relations collectives de travail


relations individuelles et collectives de travail, licenciements collectifs, audits et opérations d’externalisation.
contrat de travail, détachement et expatriation.
sécurité sociale et prévoyance.
contentieux individuel et collectif devant les juridictions françaises et marocaines.
Droit commercial, droit des obligations et des contrats spéciaux, et notamment :
vente de biens et prestations de services (matières premières, produits industriels, services informatiques,
machinerie, transferts d’entreprises)
contrats commerciaux (construction, contrat de conseil et d’audit des projets) ;
droit des sociétés (pactes d’actionnaires, statuts, clauses de retrait, clauses relatives au règlement des litiges,
audits, la négociation de contrats, les acquisitions et restructurations)
droit relatif au franchisage et aux agents commerciaux (le franchisage industriel avec le transfert du savoir-
faire, du droit d’utilisation et / ou d’autres droits de la propriété intellectuelle (bases de données, marque
commerciale, etc.), l’agence commerciale avec ou sans représentation, exclusive ou non exclusive ;
industrie (ingénierie, technologies de production, responsabilité des produits, etc.)
droit procédural: la procédure civile et les mesures d’exécution
Droit des sociétés :
M&A
Joint-venture
Secrétariat juridique et augmentation de capital.
Droit de l’investissement
Assistance aux IDE au Maroc, Algérie et Tunisie
Négociation de convention d’investissement avec l’Etat (Maroc)
Aide à l’installation en Zone Franche (Maroc).
Droit maritime
saisies de navires,
droit social des gens de mer.
Contentieux national, international et communautaire. Droit de l’arbitrage et des modes alternatifs de règlement des
conflits, marocain, français et international.

Expérience professionnelle

Associé Gérant en charge de l’animation, de la gestion quotidienne et du développement du Cabinet CWA Morocco,
Casablanca – Tanger.
Avocat au barreau de Paris, spécialiste du contentieux social et des problématiques en ressources humaines liés aux
restructurations. Mohamed apporte des solutions pratiques tenant compte de l'intérêt de l'entreprise et ce, avec
l'objectif de rendre lisible un droit toujours plus complexe.
Conseil de groupes industriels et commerciaux nationaux et internationaux en matière de relations individuelles et
collectives de travail, de licenciements collectifs, d'audits et d'opérations d'externalisation.
Accompagnement de plusieurs opérations d'envergure en Afrique du Nord (Maroc, Algérie, Tunisie).

Audit et négociation de contrats concernant les acquisitions et les restructurations, le cadre institutionnel et juridique

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Audit et négociation de contrats concernant les acquisitions et les restructurations, le cadre institutionnel et juridique
des privatisations et déréglementations, les contrats commerciaux, les montages contractuels particulièrement dans le
domaine de l'agriculture, de l’énergie, des transports et des télécommunications au Maghreb.
Associé Gérant en charge de l’animation, de la gestion quotidienne et du développement du Cabinet CWA Tunisia,
Tunis
Associé Gérant en charge de l’implantation, de la gestion quotidienne et du développement du Cabinet CWA Algeria,
Alger

Bibliographie

“Morocco : an emerging economy of the méditerranéen" (disponible sur amazon.fr en anglais et bientôt en français) ;
“Doing Business in the Muslim World – Practical Issues for Employers and Employees”. Bloomberg Law Reports.
“Droit du travail et Ramadan : balbutiements du management de la diversité ethnique » Entreprises et Carrières,
Septembre 2010.
Clauses de dédit formation : Le matin emploi, 15/10/2012
Les réseaux sociaux : Le matin emploi, 26/11/2012
La clause de mobilité : Le matin emploi, 24/12/2012
La convention collective : Le matin emploi, 21/01/2013
Le règlement intérieur : Le matin emploi, 25/02/2013
La mise à la retraite : Le matin emploi, 18/03/2013
La clause de non-concurrence : Le matin emploi, 22/04/2013
Le secret professionnel : Le matin emploi, 13/05/2013
Les congés payés : Le matin emploi, 10/06/2013

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