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Cours Rei
Cours Rei
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économiques internationales REI). Le second chapitre est réservé au
commerce international en particulier. Le troisième chapitre traitera des
théories alternatives du commerce international. Enfin, le chapitre quatre est
réservé aux débats entre le libre-échange et le protectionnisme économiques.
2
CHAPITRE I : L’OBJET DE L’ECONOMIE INTERNATIONALE
3
Les questions que se pose l’économie internationale sont étroitement
liées à la nature des enjeux de politique économique spécifiques aux
transactions internationales.
Par exemple :
La question de l’optimalité d’une politique commerciale
régulant les flux de biens et services est étroitement liée à celle
des gains au commerce. ;
La question de l’optimalité globale du libre-échange.
Les modèles que nous étudierons dans ce cours montrent comment
l’échange international de biens et services peut être source de gains en
bienêtre grâce à une utilisation plus efficace des ressources productives.
La question de l’échange international est également liée à celle des flux
internationaux de capitaux. A ce niveau, on essaye de comprendre pourquoi
il est bénéfique à un pays d’être un prêteur net sur les marchés
internationaux ou, au contraire, de vivre au-dessus de ses moyens en
empruntant à l’étranger.
En outre, l’échange d’actifs risqués entre les économies nationales peut
conduire à une meilleure diversification des portefeuilles nationaux et donc,
au niveau agrégé, réduire les risques.
Par ailleurs, si les gains à l’échange international, de biens et services
comme d’actifs financiers, sont positifs dans la plupart des cadres
analytiques, cela ne signifie pas qu’il améliore la situation de tous les agents
qui constituent l’économie nationale. Même avec des gains globaux positifs,
certains groupes peuvent se retrouver négativement affectés par l’ouverture
aux échanges internationaux. L’analyse économique s’inquiète évidemment
de cette possibilité qui peut conduire à des politiques de redistribution visant
à compenser les « perdants », voire à des politiques de régulation limitant les
effets de l’ouverture sur la répartition des ressources.
Historiquement, la question de la politique de change a été un thème
central de l’économie internationale. Jusqu’au début des années 70, la
plupart des économies contrôlent la valeur de leur monnaie en régulant les
flux de capitaux et/ou en jouant le rôle de contrepartie de la demande nette
de monnaie nationale pour maintenir une parité - en or ou en dollars.
Pourtant, depuis le milieu des années 70, de nombreux pays ont mis en place
des politiques de change flottant, laissant fluctuer la parité de leur monnaie
nationale en fonction de l’offre et de la demande sur le marché des changes.
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Les politiques de change fixe se sont en effet révélées contraignantes pour les
économies nationales, pouvant même mener à des crises financières lorsque
la parité se révélait incohérente avec les fondamentaux de l’économie
nationale.
II. LES ECHANGES INTERNATIONAUX : TRANSACTIONS REELLES ET
TRANSACTIONS FINANCIERES
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entre l’économie nationale et le reste du monde. C’est ce qu’on appelle le
solde financier.
La partie de droite est l’excédent de la balance commerciale ou solde
courant. Il correspond à la demande nette de biens domestiques par le reste
du monde. Les fluctuations de cette demande nette conduisent à des
fluctuations de la production nationale (et donc de l’emploi). C’est pour cette
raison que le solde courant est un élément important des discussions de
politique économique.
Un pays qui exporte plus que ce qu’il importe (la Chine ou l’Allemagne
par exemple) est dit en excédent courant. Par définition, c’est aussi un pays
qui épargne plus qu’il investit. Il n’a pas d’autre choix que d’exporter une
partie de son épargne excédentaire pour l’investir à l’étranger. Il devient
donc créditeur du reste du monde.
A l’inverse, un pays comme les Etats-Unis ou la France, en déficit
courant récurrent, est un pays qui consomme plus que ce qu’il produit/ qui
investit plus que ce qu’il épargne. Pour financer cette consommation
excédentaire, il a besoin d’emprunter à l’étranger, il devient donc
emprunteur net vis-à-vis du reste du monde.
III. LA PRESENTATION DE LA BALANCE DES PAIEMENTS
L’interdépendance entre les flux réels et financiers est prise en compte
dans la balance des paiements, un document comptable qui décrit l’ensemble
des transactions du pays avec le reste du monde, au cours d’une période
donnée. Les statistiques de balance des paiements sont une source utile de
données en économie internationale. Comme toute table comptable, la
balance des paiements inscrit les transactions au débit ou au crédit du pays.
Les transactions au débit correspondent à des transactions conduisant
à un paiement de l’économie nationale à l’étranger. Les transactions au
crédit impliquent un paiement du reste du monde au pays considéré.
La balance des paiements se présente sous la forme d'un état comptable
dans lequel les opérations sont regroupées dans quatre grands comptes. Un
poste résiduel (les erreurs et omissions nettes) sert à compenser les faiblesses
de la collecte statistique.
La disposition des quatre comptes et l'ordre d'enregistrement des
opérations au sein de chaque compte suivent la même logique : on va des
opérations les moins liquides vers les opérations les plus liquides. C'est
pourquoi on enregistre successivement les opérations concernant les actifs
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réels (échanges de biens et services par exemple), les actifs financiers
(investissements) et les actifs monétaires.
De haut en bas du tableau représentatif de la balance des paiements,
on trouve donc les principaux comptes suivants : le compte des transactions
courantes ; le compte de capital ; le compte d'opérations financières ; le
compte des réserves et postes apparentés.
1. Le compte des transactions courantes
Le compte des transactions courantes regroupe toutes les transactions
privées et publiques portant sur des valeurs économiques autres que des
actifs financiers entre résidents et non-résidents. Les transactions sont
classées par ordre de liquidité croissante : échanges de biens et services,
rémunération des salariés et revenus des investissements, transferts sans
contreparties: aides aux développement, transferts d'épargne des
travailleurs émigrés ou immigrés.
2. Le compte de capital
Le compte de capital regroupe les transferts de propriété des actifs
fixes, les transferts de fonds liés à la cession ou à l'acquisition de ces actifs,
les acquisitions et cessions d'actifs non financiers non produits (brevets,
contrats de locations, actifs incorporels, etc.), les remises de dettes des
administrations publiques.
3. Le compte d'opérations financières
Le compte d'opérations financières (hors avoirs de réserves) regroupe
toutes les transactions financières et monétaires des secteurs public et privé.
Les différents comptes financiers sont classés par ordre de volatilité
croissante des opérations. Le compte des investissements directs enregistre
les prises de participation dans le capital d'une entreprise pour des motifs de
prise de contrôle totale ou partielle. Le compte des investissements de
portefeuille regroupe les opérations de placement à caractère spéculatif sans
recherche de prise de contrôle. Le compte des autres investissements
recouvre les crédits commerciaux, les prêts à court et moyen termes, les
crédits et prêts du FMI, etc.
4. Le compte des avoirs de réserves et postes apparentés
Le compte des avoirs de réserves et postes apparentés enregistre
séparément l'ensemble des opérations monétaires de l'État. Par exemple,
l'achat par la banque centrale de devises étrangères au moyen de monnaie
nationale s'inscrit au débit au compte des avoirs de réserves.
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TABLEAU : STRUCTURE DE LA BALANCE DES PAIEMENTS
Titres-Posts-Rubriques Crédits Débits Soldes
I. Compte de transactions
courantes Exportations Importations
a. Biens
b. Services
c. Autres biens et services Reçus versés
d. Revenu
e. Transferts courants
II. Balance courante
III. Compte de capital
a. Transferts en capital Reçus versés
b. Aquisitions d’actifs non
financiers
IV. Balance de capitaux
V. Compte financier
a. Investissements directs IDE au ID Maroc/E
b. Investissements de portefeuille Maroc
c. Autres investissements
d. Avoirs et réserves
VI. Erreurs et omissions nettes
VII. Total (Balance des paiements)
8
𝑿
2. Taux de couverture : × 𝟏𝟎𝟎
𝑴
Rapport qui étudie comment varie les importations quand le PIB varie.
Généralement quand le PIB augmente plus vite, les importations augmentent
elles aussi plus vite. En effet, quand la production repart à la hausse, les
besoins en matières premières, par exemple, sont plus importants d’où un
recours à la hausse des importations. Quand la situation se dégrade dans un
pays, celui-ci se met généralement à réduire ses importations.
𝑿+𝑴
9
commerce extérieur. On compare les prix relatifs des produits exportés par
rapport aux prix des produits importés.
Une dégradation des termes de l’échange signifie que les prix des
importations augmentent plus vite que ceux des produits exportés, et qu’il
faut donc augmenter le volume des exportations. Cet Indice correspond à une
amélioration des termes de l'échange lorsque, par exemple, un pays vend plus
cher ses exportations pour un prix à l'importation constant.
L'évolution des termes de l'échange ne détermine pas seule l'évolution
de la balance commerciale, qui reflète à la fois des prix et des volumes. La
relation entre une variation des termes de l'échange et l'évolution de la
balance commerciale est indécidable à priori, et dépend largement de
l'élasticité de la demande à court terme puis à long terme. Empiriquement,
on constate en général qu'une dégradation des termes de l'échange
s'accompagne dans un premier temps d'une dégradation du solde de la
balance commerciale, puis dans un second temps d'une amélioration du solde
8. La compétitivité
Elle constitue un élément crucial pour l’économie d’un pays. En effet,
la question de l’attractivité d’une économie pour attirer les IDE et le
maintien des investissements existants est conditionnée par sa compétitivité.
On distingue ici deux forme de compétitivité :
La compétitivité-prix : est la capacité d'une entreprise d'une
industrie ou d'un pays à faire face à la concurrence en imposant
ses produits grâce à des prix relativement bas. Elle dépend de
trois facteurs : les coûts de production, les marges de l'entreprise
et le taux de change de la monnaie nationale.
La compétitivité-produit (ou compétitivité structurelle ou hors
prix) : est la capacité d'une entreprise, d'une industrie ou d'un
pays à faire face à la concurrence en imposant ses produits
indépendamment de leurs prix mais de façon à ce qu’ils
répondent le mieux possible à la demande en termes
d’innovation, de fiabilité, d'image de marque, de réseau
commercial, de service après-vente, de conditions de
financement, de respect des délais de livraison…
La compétitivité-prix se mesure par le rapport entre les prix des
exportations des pays partenaires avec le prix des exportations du pays
(parfois est calculé la compétitivité-coût qui est le même rapport mais des
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coûts salariaux unitaires, c'est-à-dire par biens produits). La compétitivité
structurelle étant de nature qualitative ne se mesure pas vraiment.
9. La contrainte extérieure :
C’est la perte d’autonomie des politiques économiques liée à la
nécessité d’équilibrer ses comptes extérieurs. Ce sont les politiques de relance
par la demande qui sont contraintes par l’insertion dans l’économie
mondiale. Ainsi, une politique de relance budgétaire, qui augmente la
consommation et l’investissement intérieurs, peut se traduire par des
importations de biens de consommation et de bien de productions ce qui
dégrade le commerce extérieur. Cela peut se traduire, s’il y a déficit
commercial, par un endettement extérieur. De même, une politique de baisse
des taux d’intérêt (pour relancer l’investissement) peut se traduire par une
moindre épargne étrangère qui se place dans le pays ce qui peut réduire le
financement de l’activité économique.
V. FACTEURS AGISSANT SUR LA BALANCE DES PAIEMENTS.
L’équilibre de la balance des paiements est affecté de différentes
manière et selon le niveau concerné : transactions commerciales ou compte
financier.
La balance commerciale est influencée par la conjoncture, les
décalages de la compétitivité (prix et qualité), l’évolution des élasticités de la
demande étrangère (de la production nationale : exportations) et de la
demande nationale des biens étrangers (les importations), les importations
incompressibles, l’évolution des termes de l’échange…, en particulier les prix
de de l’énergie & matières premières. Les effets de la spécialisation
géographique (sur les grands marchés, en croissance ou stagnants), par
produits (consommation, matériels de production, tourisme) et selon le
niveau technologique. Enfin, l’effet de la réaction de l’offre nationale aux
variations de la demande étrangère (élasticité d’offre), des prix mondiaux et
de l’évolution du des changes.
Concernant les facteurs agissant sur le compte financier, on trouve :
Mouvements de capitaux : contrepartie de la capacité ou du besoin de
financement interne.
Investissements directs et de portefeuille selon l’attractivité du pays.
Variation de l’endettement des banques, de variations de taux de change et
de taux d’intérêt.
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CHAPITRE II : LES APPROCHES CLASSIQUES DU COMMERCE
INTERNATIONAL
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T ABLEAU 1 : Q UANTITE DE TRAVAIL PAR UNITE DE BIEN
Pays A Pays B
Vêtement 100 60
Blé 80 110
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Cette théorie repose sur l’hypothèse selon laquelle chaque pays est
meilleur dans certains secteurs de production. Elle ne nous apprend rien
dans le cas où un pays serait meilleur pour l’ensemble des secteurs de
production. La réponse à cette question est apportée par Ricardo : deux pays
bénéficiant d’avantages comparatifs différents ont intérêt à se spécialiser et
à échanger les produits pour lesquels leur productivité est relativement
meilleure, contre des produits pour lesquels ils sont relativement moins
performants.
II. LES AVANTAGES COMPARATIFS CHEZ RICARD
Dans la théorie des avantages absolus de Smith, un pays n’ayant
d’avantage absolu pour aucun bien ne parvient pas à commercer avec
l’extérieur et, un pays ayant un avantage absolu dans la production de tous
les biens n’a pas intérêt à échanger. Dans ses « Principes de l’économie
politique et de l’impôt (1817) », David Ricardo va plus loin en donnant
naissance à la théorie de l’avantage comparatif, c’est-à-dire le principe selon
lequel chaque pays a intérêt à se spécialiser dans le produit pour lequel il est
le plus avantagé ou le moins désavantagé relativement aux autres produits.
Tout pays a un avantage comparatif, même s’il n’a aucun avantage absolu,
et a donc intérêt à s’ouvrir au commerce extérieur. Ceci peut être montré
dans un modèle à deux biens et reste vrai si l’on considère un nombre
quelconque de biens. Dans ce cas, le rapport des salaires joue un rôle crucial
dans le partage des biens en deux classes, les biens exportés et les biens
importés.
1. Coûts en travail et spécialisations
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TABLEAU 2 : NOMBRE D'HEURES DE TRAVAIL POUR PRODUIRE UNE UNITE
DE CHAQUE BIEN
Pays A Pays B
Blé 40 100
Vêtements 60 80
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En autarcie, le prix relatif d’une unité de vêtements en termes de blé
est égal au rapport des coûts en travail: dans le pays A, ce prix est égal à 60/40
= 1,5 et dans le pays B, il s’élève à 80/100 = 0,8.
En autarcie, le revenu est égal à la production maximum possible de
𝟏𝟐𝟎 𝟎𝟎𝟎
blé : en A le revenu national (RNA) vaut donc = 𝟑 𝟎𝟎𝟎 unités de blé
𝟒𝟎
𝟐𝟎𝟎 𝟎𝟎𝟎
et, en B, RNB s’élève à = 𝟐 𝟎𝟎𝟎 unités de blé.
𝟏𝟎𝟎
Les quantités consommées (C) et produites (P) de chaque bien
correspondent à ces revenus nationaux :
C de blé en A= P de blé en A = 0,5 × RNA = 0,5 × 3 000 = 1 500
unités de blé;
C de vêtements en A = P de vêtements en A = 0,5 × (RNA-/ 1,5 =
0,5 × 2 000 = 1 000 vêtements s ;
C de blé en B = P de blé en B = 0,5 × RNB = 0,5 × 2 000 = 1 000
unités de blé;
C de vêtements en B = P de vêtements en B = 0,5 × (RNB) / 0,8 =
0,5 × 2 500 = 1 250 vêtements s.
b) L’équilibre de libre-échange
Supposons maintenant que les deux pays échangent. Comme aucun des
deux n’élève d’obstacle à l’entrée des importations et comme il n’existe aucun
coût de transport, le prix relatif p de l’échange entre A et B est identique au
prix relatif qui s’établit à l’intérieur de chaque pays. Ce prix va se situer
𝟒 𝟑
nécessairement entre les prix relatifs d’autarcie: ≪ 𝒑 ≪ .
𝟓 𝟐
Dans notre exemple, le prix est strictement compris dans la fourchette
des prix d’autarcie. Montrons-le. Pour ce faire, partant de l’hypothèse que p
est conforme à cette condition, nous déterminons son niveau qui se révèle être
compatible avec les contraintes de l’échange international, c’est-à-dire avec
l’égalité entre exportations et importations sur chaque marché. Puisque 𝒑 est
intermédiaire, le pays A se spécialise totalement dans la production de blé,
car son prix relatif 1/p est supérieur à celui d’autarcie qui vaut 2/3. De même,
le pays B se spécialise totalement dans la production de vêtements dont le
prix relatif 𝒑 est supérieur au prix d’autarcie qui vaut 4/5. A produit donc
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𝟑 𝟎𝟎𝟎 unités de blé et aucune unité de vêtements, tandis que B produit 2 500
vêtements et aucune unité de blé.
Le revenu national évalué en blé s’élève à 3 000 dans le pays A et à 2
𝟓𝟎𝟎 × 𝒑 dans le pays B. La consommation de blé en A est égale à 0,5 × 3 000
= 1 500 unités de blé et celle de B vaut 0,5 × 2 500× 𝒑 = 1 250p unités de blé.
Puisque les pays échangent, l’exportation de blé par A est égale à
l’importation par B :
𝟑 𝟎𝟎𝟎 – 𝟏 𝟓𝟎𝟎 = 𝟏 𝟐𝟓𝟎 × 𝒑
Le prix 𝒑 se fixe donc : 𝒑 = 𝟏 𝟓𝟎𝟎 / 𝟏 𝟐𝟓𝟎 = 𝟏, 𝟐
Ce prix est bien conforme à l’hypothèse de départ puisqu’il est compris
entre 4/5 et 3/2.
La connaissance de ce prix permet de préciser toutes les
caractéristiques de l’équilibre international. Celles-ci figurent dans le
tableau1.2.
Comme la consommation de blé est la même qu’en autarcie, on peut
apprécier le gain de l’échange pour A par le surcroît de consommation de
vêtements rendu possible par l’ouverture, égal à :
𝟏 𝟐𝟓𝟎 – 𝟏 𝟎𝟎𝟎 = 𝟐𝟓𝟎 𝒖𝒏𝒊𝒕é𝒔 𝒅𝒆 𝒗ê𝒕𝒆𝒎𝒆𝒏𝒕𝒔
Symétriquement la consommation de B en vêtements est la même qu’en
autarcie, et le gain de l’ouverture peut se mesurer par le supplément de
consommation de blé, par rapport à l’autarcie, soit :
𝟏 𝟓𝟎𝟎 – 𝟏 𝟎𝟎𝟎 = 𝟓𝟎𝟎 𝒖𝒏𝒊𝒕é𝒔 𝒅𝒆 𝒃𝒍é
Les échanges sont équilibrés : l’exportation de chaque bien est égale à
l’importation.
L’exemple numérique qui vient d’être exposé illustre le résultat
général suivant : dans le modèle des avantages comparatifs, si le prix relatif
de l’échange est strictement compris entre les coûts relatifs:
Chaque pays est totalement spécialisé dans la production du bien
qui bénéficie d’un avantage comparatif ;
Cette spécialisation permet à chaque partenaire d’obtenir un
gain par rapport à l’autarcie.
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Les gains à l’échange sont liés au coût d’opportunité qui, en autarcie,
est supporté par le pays mobilisant des ressources pour produire un bien
alors que ces ressources pourraient être utilisées plus efficacement dans la
production d’un autre bien ; c’est également le coût d’opportunité qui justifie
la spécialisation même dans le cas où un pays un avantage absolu dans la
production de tous les biens. La division internationale du travail (la
spécialisation) s’explique ici par des différences de productivité du travail
associées à des techniques de production différentes selon les pays et
considérées comme des données.
Le modèle de Ricardo est un modèle à un seul facteur de production,
le travail, mobile au sein des nations, immobile au niveau international. Les
coûts de transport sont supposés négligeables. Une conséquence du modèle
est que la spécialisation des pays est totale : chaque pays ne produit qu’un
seul bien. Les coûts relatifs des biens dans les pays déterminent une
fourchette de prix relatifs de ces biens à l’intérieur de laquelle les échanges
commerciaux sont mutuellement avantageux ; c’est John Stuart Mill, dans
ses Principes d’économie politique (1848) qui complétera le modèle en
introduisant la demande pour chacun des biens dans les deux pays, ce qui
détermine le prix (relatif) d’équilibre au niveau international, selon le
principe de l’offre et de la demande.
III. UNE SPECIALISATION DETERMINEE PAR LES DOTATIONS FACTORIELLES :
LE MODELE HOS
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qui est intensive dans le facteur relativement abondant (théorème d’Ohlin ou
d’Heckscher-Ohlin). Le principe de l’offre et de la demande conduit à un
prix (relatif) d’équilibre (unique) pour tous les biens au niveau international.
Il est important de bien comprendre que, comme chez Ricardo, ce sont les
mécanismes de marché (la concurrence), et eux seuls, qui sont à l’œuvre dans
ce modèle (néo-classique) : ils déterminent la spécialisation des pays et les
prix d’équilibre.
Comme chez Ricardo, le modèle HOS suppose que les facteurs de
production sont mobiles à l’intérieur des pays mais immobiles
internationalement1, que les coûts de transport sont négligeables. En
revanche, le modèle HOS prend en compte deux facteurs de production, le
capital et le travail (donc pas seulement le travail comme chez Ricardo) et
suppose des technologies (donc des fonctions de production) identiques pour
tous les pays. La spécialisation des pays n’est pas totale.
1. Hypothèses modèle HOS
1
Si les facteurs de productions étaient mobiles, les travailleurs quitteraient le pays I pour aller dans le pays
II où les salaires horaires sont plus élevés.
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L’accroissement du prix relatif du bien pour lequel le pays a un
avantage comparatif augmente la rémunération du F.P. qui est utilisé
intensivement dans la production. La convergence dans les prix relatifs
conduit aussi à une convergence dans les rémunérations des F.P. (salaire
horaire et coût du capital).
En l’absence de commerce, le facteur travail est moins bien rémunéré
dans le pays I que dans le pays II. Sans commerce, le prix des vêtements dans
le pays I est relativement plus faible que dans le pays II. Lorsque I et II ont
des échanges commerciaux, les prix relatifs des biens (V et A) convergent.
Cette convergence à son tour entraîne une convergence des prix relatifs
des facteurs de production. Il existe donc une tendance à l’égalisation des
prix des facteurs de production. Pour comprendre comment cette égalisation
s’opère, il faut réaliser que lorsque I et II ont des échanges commerciaux,
ceux-ci ne se limitent pas uniquement aux échanges de biens I et II) mais
également de façon indirecte aux échanges de facteurs de production. En
effet, I permet à II d’utiliser une partie de son facteur de production
abondant (L). Cette utilisation ne s’effectue pas par une vente directe de I à
II de son facteur de production L mais par des exportations de biens plus
intensifs en facteur L avec II en échange de biens moins intensifs en L. Les
biens que I échange requièrent davantage de facteur L que les biens qu’il
importe en provenance de II, c’est-à-dire que les exportations de I sont plus
intensives en L que ses importations. Ainsi indirectement, I exporte son
facteur de production L qui est incorporé dans ses exportations intensives en
facteur L. De manière symétrique, les exportations de II sont plus intensives
en facteur capital que ses importations en provenance de I. Vu de cette
manière, il n’est pas étonnant que le l’ouverture aux échanges commerciaux
conduit à une égalisation des prix des facteurs de production.
3. Evolutions des dotations factorielles et modification de la spécialisation.
20
en capital. Un autre scénario est évidemment possible : celui dans lequel c’est
le pays abondant en capital qui a un rythme d’accumulation du capital élevé
et le pays abondant en travail qui a une croissance démographique élevée, les
spécialisations initiales ayant alors tendance à se renforcer. Le modèle HOS
n’a en effet pas pour vocation d’expliquer ni l’accumulation du capital (c’est
le rôle des modèles de croissance) ni la croissance démographique (souvent
considérée comme exogène dans les modèles économiques).
IV. LES TESTS EMPIRIQUES DE LA THEORIE DES AVANTAGES COMPARATIFS
1. Le paradoxe de Leontief et ses suites
21
très éloignées (échanges Nord-Sud) et où les différences techniques
interviennent peu (produits banalisés).
Tatemoto et Ichimura (1959) montrent qu’au Japon, le paradoxe de
Leontief disparaît quand on procède à une décomposition géographique
(PVD/PD) des exportations. Stern et Maskus (1981) révèlent que le paradoxe
se vérifie aux E-U en 1958 mais a disparu en 1972. Kim (1983) montre qu’en
Corée, l’évolution de la structure des échanges par produit entre 1960 et 1980
s’explique correctement par l’évolution des dotations factorielles. Baldwin
(1971) étudie le contenu en facteurs des exportations américaines pour 1962
et montre que, relativement aux travailleurs (étrangers) des industries des
biens importés, les travailleurs (américains) des industries des biens exportés
: 1) ont un niveau d’éducation plus élevé, 2) sont plus fréquemment des
ingénieurs et des scientifiques. Selon Trefler (1995), les importations
européennes de biens intensifs en travail devraient être gigantesques en
volume si la faible dotation en facteur travail était l’explication (c’est le «
mystère du commerce manquant ») mais souligne cependant que le « mystère
» disparaît en partie lorsque l’on prend en compte les différences
internationales de productivité.
22
CHAPITRE III : LES APPROCHES MODERNES DU COMMERCE
INTERNATIONAL
23
modèles mathématiques reposant sur une levée partielle des hypothèses du
modèle néo-classique.
24
Vernon introduira une approche dynamique de l’innovation avec son
modèle de cycle de vie du produit où les échanges s’expliquent par les
caractéristiques des produits offerts. Les innovations se réalisent dans les
pays riches qui créent constamment de nouveaux biens. Au départ, ces biens
sont coûteux et destinés au marché national. La croissance de la demande
intérieure stimule la production, ce qui permet de réaliser des économies
d’échelle. Le prix du bien nouveau baisse, il se crée un marché à
l’exportation. Progressivement, le produit se banalise, les producteurs
décident alors de délocaliser leur production pour bénéficier d’une main-
d’œuvre bon marché.
Finalement, le pays innovateur va passer d’exportateur net à
importateur net. Dans ce modèle, il y a dans cette analyse une articulation
entre les flux commerciaux et les investissements internationaux mais avec
une limite, les pays pauvres ne peuvent pas émerger par un processus de
rattrapage technologique.
25
mesure, une théorie du cycle de vie du produit adaptée aux pays en
développement (PED).
Dans un premier temps, le PED n’exporte que des matières premières.
La demande intérieure de produits manufacturés ne peut être satisfaite que
par des importations en provenance des pays développés. À ce stade, le PED
développe peu ses échanges avec ses pays voisins qui ont des structures
économiques comparables. Les échanges se font surtout avec des pays
développés qui ont des structures très différentes.
Dans un deuxième temps, la croissance de la demande domestique
permet d’envisager sur place une fabrication rentable de produits
manufacturés. Pour ces produits, la production nationale tend
progressivement à se substituer à des importations, éventuellement
découragées par des mesures protectionnistes. En revanche, les importations
de biens d’équipement se développent, car elles sont nécessaires aux
industries locales de consommation.
Dans un troisième temps, les producteurs locaux de produits
manufacturés s’attaquent aux marchés des pays voisins. En même temps, les
importations de matières premières en provenance de pays moins développés
augmentent. On constate donc une expansion des échanges entre PED.
Simultanément, le pays considéré entreprend une production de biens
d’équipement qui seront, à leur tour, exportés dans un quatrième temps.
26
Il faut bien distinguer la notion de rendement d’échelle, qui mesure
l’effet d’une augmentation proportionnelle et simultanée de tous les facteurs
de production sur la quantité produite, de celle rendement de facteur, qui
mesure l’effet de l’augmentation d’un seul facteur de production sur la
quantité produite. La notion de rendement d’échelle est distincte de celle
d’économie d’échelle, cette dernière traduisant le fait que le coût unitaire de
production décroit avec la quantité produite ; cependant l’existence de
rendements d’échelle croissants implique la présence d’économies d’échelle,
et réciproquement.
Les rendements d’échelle (donc les économies d’échelle) peuvent se
manifester lorsque l’échelle de la production se modifie au sein de tel ou tel
« espace » de production. En conséquence, on dira que les rendements
(économies) d’échelle sont internes à une entreprise (ou un établissement)
lorsqu’ils se manifestent lors d’un changement d’échelle de la production de
l’entreprise elle-même, et on dira que ces rendements (économies) d’échelle
sont externes lorsqu’ils se manifestent lors d’un changement d’échelle de la
production au niveau du secteur, de la région, etc., auquel appartient
l’entreprise. La distinction entre rendements d’échelle (ou économies
d’échelle) internes et externes a une grande importance quant aux types de
marchés qui s’établissent au niveau international : dans le cas des
rendements d’échelle externes, l’atomicité peut être préservée alors les
structures de marché sont oligopolistiques voire monopolistiques en cas de
rendements d’échelle internes.
L’origine de la notion de rendement d’échelle externe remonte aux
travaux de l’économiste Alfred Marshall à la fin du XIXe siècle : dans le
cadre de sa réflexion sur les « districts industriels », il remarque que la
concentration géographique d’entreprises dans une même zone bénéficiait à
chaque firme ; des externalités positives expliquent ici les rendements
d’échelle externes observés.
2. L’influence de l’histoire sur les spécialisations
27
de certains petits pays peuvent se situer « en dessous » de celle du grand
pays). Les « accidents historiques », quant à eux, font que la production
débute dans un endroit plutôt que dans un autre, et, par conséquent, par le
jeu des économies d’échelle, le coût de production du bien est la plus faible à
cet endroit, donc également le prix de vente des entreprises se situant à cet
endroit (avantage de « first mover ») si la concurrence est préservée
(économies d’échelle externes) ; un exemple souvent cité par Paul Krugman
est celui de la production de boutons à Qiaotou (60% de la production
mondiale de boutons, 80% de la production mondiale de fermetures Eclair).
Cette spécialisation liée aux rendements d’échelle croissants peut être stable
même lorsque les avantages comparatifs évoluent. Un cas particulier est celui
des rendements d’échelle croissants dynamiques (qui peuvent être lié à un
processus d’apprentissage) qui impliquent que les coûts unitaires de
production décroissent avec la production cumulée au cours du temps.
3. Les dynamiques d’agglomération (l’économie géographique) : rendements
croissants et coûts de transport
28
des dépenses consacrées aux produits non agricoles, dépasse un seuil critique,
la population va commencer à se concentrer et les régions à diverger ; et une
fois déclenché, le processus est auto-entretenu. » (Krugman (1991)).
Cependant, des forces centrifuges existent également, notamment
l’intensification de la concurrence entre les firmes, qui s’accroît avec
l’agglomération et pèse négativement sur les marges des firmes au sein de la
zone. De plus, l’influence des avantages comparatifs (donc des coûts de
production dans les différentes régions ou pays) peut également être à
l’œuvre. Ainsi, si les dynamiques d’agglomération peuvent contribuer à
expliquer la formation de la « manufacturing belt » dans les années 1960,
d’autres facteurs et mécanismes doivent être mobilisés pour comprendre sa
transformation en une « rust belt » dans la période récente.
II. LES ECONOMIES D’ECHELLE INTERNES A LA FIRME
1. Préliminaires : les différents types de marchés en concurrence imparfaite
29
alors que les avantages comparatifs de ces pays sont exactement les mêmes.
Le modèle présente deux firmes qui, en autarcie, sont en situation de
monopole dans leurs pays respectifs. L’ouverture commerciale crée un
marché « à la Cournot » que se partagent les firmes. Les coûts de transport
ayant pour conséquence que les marges des firmes sont plus faibles sur la
production vendue à l’étranger que sur le marché domestique, les auteurs
parlent d’un « dumping réciproque ».
Dans ce modèle, les effets de l’ouverture sur le surplus collectif sont
indéterminés. D’un côté, les consommateurs bénéficient d’une baisse des
prix, car le prix d’équilibre d’un marché « à la Cournot » est plus faible que
celui d’un monopole. Cependant, les coûts de transport associés aux biens
exportés constituent un gaspillage de ressources qui n’existe pas en autarcie.
1. Le monopole contestable
30
III. LA DIFFERENCIATION
1. La différenciation horizontale
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international de biens comme un échange implicite de facteurs de
production, suggérant une substituabilité entre commerce international et
investissement à l’étranger. Enfin, en inversant les hypothèses du modèle
HOS, le modèle de Mundell (1957) (immobilité des biens, mobilité des
capitaux) affirme clairement cette substituabilité.
2. Les imperfections de marché comme cadre pouvant justifier la
complémentarité
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