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La Theorie de L'engagement
La Theorie de L'engagement
Jean-Charles DRIS
Juillet 2012
MASTER 2° ANNEE
Sous la direction
Jury composé de
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UFR ESPACE SCIENCE ET SOCIETE
Jean-Charles DRIS
Juillet 2012
MASTER 2° ANNEE
Sous la direction
Jury composé de
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INTRODUCTION.
L'objet de l'étude est un mémoire de recherches dans le cadre de la formation Master 2 politique
enfance jeunesse de l'université Toulouse le Mirail. Ce mémoire porte sur l'organisation d'une
politique jeunesse au sein de la fédération de la Ligue de l'Enseignement Haute-Garonne (qui est
une association d'éducation populaire).
La question centrale de notre objet d’étude est de savoir si l’offre idéale d’une politique jeunesse au
sens d’une fédération d’éducation populaire comme la Ligue de l’Enseignement, ne serait elle pas
une offre réellement co-construite avec les jeunes eux-mêmes ?
Le service Animations et Territoires qui s'occupe de la gestion des structures enfance jeunesse à la
Ligue de l'Enseignement. Les Points Accueil Jeunes d’une commune du sud de Toulouse et d’une
commune du nord-ouest de Toulouse et qui présentent des similitudes en terme d’activités, de
publics et d’orientations pédagogiques sont les lieux de stage sur lesquelles nous avons choisi
d’investir nos travaux.
Notre étude se base sur les théories de l'engagement et de la communication engageante empruntée
au champ de la psychosociologie. L'outil est un protocole expérimental créé pour les deux structures
jeunesse spécifiées, et qui va nous permettre d'établir une analyse comparative entre les effets d’une
communication traditionnelle et d’une communication engageante.
Les résultats devraient nous permettre d’évaluer la pertinence de l'offre jeunesse actuelle, mais
également d’analyser l’intérêt d'utilisation et de banalisation des techniques de la communication
engageante comme vecteur communicatif favorisant le développement d'une offre idéale de
jeunesse.
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1- LA LIGUE DE L’ENSEIGNEMENT : 15O ANS D’HISTOIRE.
La Ligue de l'Enseignement, mère des grands mouvements d'éducation populaire que nous
connaissons aujourd'hui, est née le 15 Novembre 1866 sous l'impulsion de Jean Macé, journaliste
républicain. Il était convaincu de la nécessité d'instruire les hommes pour qu'ils puissent être des
citoyens responsables. Son appel s'effectue dans un article du journal «Opinion Nationale» où il
déclare «Je fais appel à tous ceux qui conçoivent la ligue future comme un terrain neutre
politiquement et religieusement parlant et qui place haut les questions de l’enseignement
populaire». L'année 1867 marque la création des premiers statuts de la Ligue de l’Enseignement.
Dans ce sillage se crée rapidement des cercles, le premier d'entre eux naît le 21 Juin 1867, à
l'initiative d'un professeur, il est composé de membres aux sensibilités différentes où la nécessité de
coexistence d'opinions hétérogènes prime. L'objectif est de créer pour tous un droit d’accès à la
culture et à la connaissance où la Ligue « poursuit un but essentiellement politique, elle ne s'occupe
ni de politique, ni de religion, elle ne s'occupe que de l'éducation au suffrage universel, non pour
faire des élections mais pour faire des électeurs, non pour faire des candidats, mais pour faire des
citoyens»1. En 1873 la Ligue de l'Enseignement se rapproche de l'armée par le biais des
bibliothèques régimentaires, elle devient dès lors une force républicaine et sa devise est «Pour la
patrie, par le livre et l'épée ». Son premier congrès se tient en avril 1881, où la décision est prise de
créer la fédération. Elle est composée des cercles, des bibliothèques populaires, des sociétés, du sou
des écoles laïques, des sociétés républicaines d’instruction, de la société de secours mutuel et
d'orphéons, des sociétés des amis de l'instruction et de la société des cours d'adultes. Le 21 Avril
1881, elle est consacrée «organisation républicaine» où Léon Gambetta, président du conseil de
l'époque, l'invite à devenir «la république en action» et à «gagner à l'idée républicaine dans tous les
villages de France». Le début du 20 iéme siècle voit le développement des patronages, des amicales
d'anciens élèves, des mutuelles et coopératives. Ces rassemblements de personnes, soutenus par les
pouvoirs public et la présidence de Léon Bourgeois connaissent un grands succès et sont à l'origine
de la loi de 1901 sur la libre association des citoyens. L’année 1905 marquera la loi sur la séparation
de l'église et de l'état où des personnages célèbres tels que Jean Jaurès et Aristide Brian2 joueront un
rôle essentiel pour un dispositif « libéral, juste et sage ».
Durant la première guerre mondiale la Ligue rejoint « l'union sacrée », les sociétés adhérentes
participent à la défense nationale et beaucoup de militants vont perdre la vie dans les tranchées. Le
1 Jean Macé cité in pierre Tournemire la Ligue de l'Enseignement. Édition Milan page 6
2 1862-1932. Journaliste politique, élu député en 1902, rapporteur de la commission parlementaire chargé de préparer
la loi sur la séparation de l'église et de l'état.
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militantisme va dés lors s'affaiblir. Au sortir de la guerre les associations regroupées en fédérations
veulent créer une confédération nationale, leur souhait sera exaucé lors du congrès de Saint Étienne
de 1925 avec la naissance de la confédération. La Ligue modifie également ses structures et se voit
devenir « la Confédération générale des œuvres laïques scolaires, postscolaires, d'éducation et de
solidarité sociale ». Le 31 Mai 1930 par décret elle est reconnue comme un mouvement d'utilité
publique. Les secteurs spécialisés tels que l'USEP (Union Sportive de l'Enseignement Primaire) et
l'UFOLEP (Union Française des œuvres Laïque d’Éducation Physique) voient le jour en 1939 et
permettent à des centaines de milliers d'enfants de pratiquer les activités physiques et sportives.
Dans ce sillage se créent en 1933 l'UFOLEA (Union Française des œuvres Laïque d’Éducation
Artistiques), pour la pratique du chant, de la danse, du théâtre, de la photographie. Par la suite en
1934 se créeront les sections pour le développement des colonies de vacances et des centres pour
adolescents. Le front populaire permet le développement des départs en vacances par la création en
1937 du Centre Laïque des auberges de jeunesses et l'institution des stages de formation des
moniteurs de colonies de vacances qui deviendront par la suite les CEMEA (Centres d'Entraînement
aux Méthodes d'Éducation Active). La deuxième guerre mondiale, sonne l’hégémonie du
gouvernement de Vichy qui dissout en 1942 « la plus grande organisation culturelle française ».
Dans l’après guerre aidée par la FCPE (Fédération nationale des conseils de parents d’élèves des
écoles publiques) la Ligue le 26 Mars 1947, devient le bras militant du Ministère de l'éducation
nationale pour aider au rayonnement de l'école publique. Le 11 Juillet 1967 l'association change de
nom et devient « Ligue française de l'enseignement et d’éducation permanente, confédération
générale des œuvres laïques ». Dés lors, ses objectifs se concentrent sur le milieu scolaire, en effet
elle pense l’éducation nationale comme un grand service public et milite pour l'instauration d'une
école publique sur le territoire national. S'inspirant du rapport de l'UNESCO plaçant comme
l’éducation des enfants d'âge préscolaire au rang de « grands objectif » pour les années 1970, la
Ligue milite pour le développement des écoles maternelles et l’accueil des enfants en dessous des
deux ans, la gratuité de l’école et le prolongement des études jusqu'à l'âge de 18 ans afin de lutter
contre les effets de l’inégalité socio-économique. En 1987, nous assistons à la création du premier
cercle de Condorcet à Paris afin de «ne pas subir passivement, mais tout au contraire anticiper,
comprendre et accompagner les mutations parfois brutales qui ébranlent la société »3. L'objectif est
de promouvoir l'esprit critique, combattre la désinformation, affirmer les positions basées sur
l’exercice de la raison critique et sur les valeurs républicaines. De plus, donner aux citoyens
l'occasion de se réunir pour affiner leur réflexion et jouer pleinement leur rôle dans le débat public
pour une démocratie enrichie et renouvelée. Les années 1990 marquent l'âge d'or des mouvements
Les valeurs qui l'animent et qu'elle s’efforce de diffuser s'articulent autour de quatre piliers qui sont
la laïcité, une citoyenneté active, la solidarité et l’éducation. L'association se revendique comme
« un mouvement de transformations sociales qui participe à l'émancipation de chacun et à
l'apprentissage de la démocratie et du vivre ensemble » (rapport d’activité, 2010). Forte de plus de
300 associations affiliés et de 20000 adhérents, la Ligue de l'Enseignement est également une
entreprise de l’économie sociale qui compte plus de 600 salariés.
La ligue de l'enseignement étant une association de loi 1901, possède un Conseil d'Administration
composé de vingt-neuf membres actifs et de cinq membres d'honneur. Des représentants des
associations affiliées composent le conseil d'administration, ce dernier définit le projet associatif et
gère la fédération. Le bureau, qui met en œuvre les décisions du conseil administratif est composé
de dix membres. La ligue de l'enseignement est présidée par Monsieur André Boudou et dirigée par
Monsieur Olivier-Renan Rivat qui en est le secrétaire général. Nous pouvons noter que siègent
également au Conseil d'administration des membres titulaires qui représentent les institutions. :
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Le CDEN (Conseil national de l'éducation nationale)
Le CAAECEP (Conseil académique des associations éducatives complémentaires de
l'enseignement public).
La DRJSCS (la commission d'agrément jeunesse et éducation populaire)
Le comité national vacances de la ligue de l'enseignement.
Le conseil régional Midi-Pyrénées. La mairie de Toulouse, le CESR (Conseil économique
et social régional).
Le CRESS (Chambre régionale de l’économie sociale et solidaire),
La CPCA (Conférence permanente des coordinations associatives),
Le CRIJ (Centre régionale information jeunesse).
L’Université Toulouse le Mirail, le CREPS.
L’UNAT (Union nationale des associations de tourisme).
Le CRAJEP (Comité régional des associations de jeunesse et d’éducation populaire).
La JPA 31 (Jeunesse en plein air).
.Les membres élus du conseil d’administration de la Ligue Nationale.
Le groupe national cinéma de la Ligue de l'Enseignement.
Le siège de la Ligue de l'Enseignement de la Haute Garonne, situé au 31 rue des Amidonniers, est
constitué des services généraux (comptabilité et gestion administrative, développement et
communication, vie fédérative et cercle Condorcet), et des services opérationnels (Vacances pour
Tous, Handiligue, UFOLEP, USEP, Cinéligue, Pôle Insertion et Formation, Animation et Territoires
et Opinion et Initiative). L'association est une grosse entité en terme d'effectif, puisque fin 2010
,1034 salariés ont été répertoriés sur l'ensemble des activités (entre 500 et 800 salariés par mois).4
Au travers des services opérationnels, nous pouvons constater que les champs d'action de
l’association sont très diversifiés. Nous comptons le service Vacances Pour Tous (VPT) qui est le
service vacances de la ligue de l'enseignement, mais également une association nationale à but non
lucratif, reconnue d'utilité publique et titulaire d'une concession de service public. Le service
cinéma (Ciné FOL 31) qui a pour objectif d'assurer la promotion de la diversité du cinéma. Le
service Pôle Insertion et Formation qui travaille pour l'insertion sociale et professionnelle
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(enseignement du français et apprentissage de savoirs de base). Le service handicap (Handiligue)
qui traite des questions du handicap, et organise des actions en faveur des personnes en situation de
handicap. Le service USEP qui s'occupe du sport scolaire et qui porte un projet pour les enseignants
et les enfants. Le service UFOLEP 31 qui est une fédération sportive multisports qui fédère un
réseau de clubs et associations affiliées qui proposent des activités physiques et sportives de loisirs
et/ou de compétition.
Nous allons à présent décrire deux services spécifiques qui traitent des questions de jeunesse et qui
sont centraux dans l’étude que nous détaillerons plus tard de par l'implication, l'engagement des
jeunes ainsi que l'offre jeunesse et la gestion de structures de loisirs.
Opinions et Initiatives est le service qui travaille avec les groupes de jeunes sur des axes
développant la citoyenneté, l'implication associative, et l'engagement des jeunes sous toutes ses
formes.
Les ateliers relais : un partenariat, entre le ministère de l'éducation nationale et les associations
d’éducation populaire (Ligue de l'Enseignement, Francas et Céméa), qui vise à lutter contre le
décrochage scolaire.
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Les formations de délégués et de conseillers pour la vie lycéenne : Des formations pour les élèves
leur permettant d’appréhender le rôle et la mission du délégué.
Expérimentation HIRSCH sur le décrochage scolaire : un partenariat entre la Ligue de
l'Enseignement et le Centre de Recherche en Education Formation de l'Université Toulouse-le
Mirail soutenu par les appels à projets des expérimentations Hirsch. L'action se concentre sur de
l'accompagnement individuel (connaissance du jeune, repérage de ses besoins et difficultés,
valorisations de ses acquis et définition du plan d'action). Animation d’ateliers collectifs
(communication, coopération, travail d'équipe).
Les Juniors Associations : La ligue est l'animateur départemental des Juniors Association qui
dépend du RNJA (Réseau National des Juniors Associations). Un dispositif qui permet aux jeunes
âgés de 13 à 18 ans une liberté d'association pour des projets collectifs. L'action est basée sur
l'engagement, le développement de l'autonomie, la prise d'initiative et la responsabilisation.
Les conseil de jeunes : un engagement actif de la Ligue dans les différents conseils d'enfants ou de
jeunes par l'animation, la formation des animateurs et l'expertise auprès des collectivités
territoriales qui souhaitent créer un conseil jeune au niveau local.
Des projets socioculturel : Chantiers d'expression « Demain en France », et dispositif « L'autre d'ici
et Ailleurs ».
Animation et Territoire est le service qui s'occupe de la gestion des structures de loisirs enfance et
jeunesse de la Ligue de l'Enseignement. Ses actions se concentrent autour des politiques éducatives
locales, de l'organisation et la gestion d’accueils périscolaires et extrascolaires (ALAE, ADL, PAJ,
CLAC, CLAS), de l'organisation de séjours éducatifs et de la solidarité internationale.
Le service répond aux procédures d'appel d’offres lancées par les communes. Généralement, les
relations qui lient les communes à l'association pour la gestion de structures sont d'ordre juridique
par les marchés publics, les conventions et les délégations de service publics.
Le service Animation et Territoire est le plus gros service de la ligue de l'enseignement en terme
d'effectifs et de chiffre d'affaires (fin 2010 celui-ci représentait 6,2 Millions d'euros et 402 salariés).
Soixante-quinze structures de loisirs sont gérées par la ligue de l'enseignement par le biais du service
Animation et Territoire. Ces structures sont réparties sur deux départements (Tarn et Garonne et
Haute-Garonne) soit vingt et une communes et quatre intercommunalités.
Outre l'activité de gestion, le service offre également aux collectivités territoriales une expertise pour
la mise en place de politique enfance-jeunesse sur les territoires. Cette expertise prend la forme d'une
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activité de conseil. Le service réalise du diagnostic conseil et sa démarche est constituée
de rencontres avec les acteurs de terrains (élus, enseignants, représentants d'associations,
professionnels de l'animation). Et de plus, la réalisation d’enquête, d'état des lieux, la création et
l'animation de comité de pilotage et, la proposition de solutions pérennes.
L'action jeunesse du service n'est pas réellement organisée et efficiente car peu de communes ont
confié la gestion de leurs structures jeunesse à la Ligue. Nous pouvons en dénombrer 5 (Pins
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Justaret, Cornebarrieu, Cintegabelle, la communauté des communes du Vernet-Venerque et
Labastide Saint-Sernin). Sur ces communes, nous pouvons également observer que la partie enfance
par le biais des centres de loisirs est confondue avec la partie jeunesse. Seule la commune de Pins
Justaret, qui ne possède qu'un point Accueil jeune, ne traite que de cette question. Fort de ce constat,
un poste a réellement été crée spécifiquement pour la gestion de la jeunesse, un poste de « chargée
de mission/coordinatrice ». Les missions s'articulent autour de la coordination des structures, et
l'accompagnement des équipes et des projets. Elle représente de plus, la Ligue de l'Enseignement
sur le territoire aux travers des comités de pilotages et des conventions.
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cours informatique).
Le temps libre des prés adolescents et des adolescents (sensibilisation aux incivilités,
prévention de la délinquance, prévention des conduites à risques et des addictions).
La qualification des intervenants et l'adaptation de l'offre de loisirs sans hébergements
(formation des personnels encadrant des enfants en situation de handicap, adaptation de
l'offre de loisirs en fonction des sites et des problématiques des territoires).
L'organisation des fonctions de pilotage et de coordination sur le territoire (cohérence de la
politique éducative par le volet prévention avec la Cellule Intercommunale de Sécurité et de
Prévention de la Délinquance).
Orientations liés au service de la petite enfance (développer l'effort d'équipement et
accompagner les familles).
Le service jeunesse de la commune existe depuis 2001 sous l'impulsion de l'élue en charge de la
jeunesse de l'époque qui, consciente de la nécessite de la mise en place d'actions en faveur des
jeunes, a crée le PAJ. Sans réelle politique jeunesse, la commune souhaite contrôler la jeunesse et
lutter contre l’oisiveté des jeunes. De leur point de vue, la réussite du service jeunesse est
observable au travers de la baisse du vandalisme, de la baisse des actes de délinquance. Les élus
cherchent une «paix sociale » sur le territoire. Le PAJ compte une soixantaine d’adhérents où les
garçons sont majoritaires à plus de 80 %. L’accueil s'effectue sur les jours de semaines (mardi soir,
mercredi après-midi, jeudi soir, vendredi soir et samedi après midi), ainsi que pour les vacances
scolaires. Nous pouvons distinguer un fonctionnement différent lors de ces deux périodes. Durant la
semaine, le PAJ fonctionne en club d'activités auxquelles les jeunes doivent venir s’inscrire Club de
boxe, club informatique, atelier musculation, atelier Hip-hop. De plus, l'accueil classique d'un
service jeunesse avec la mise à disposition d'une table de tennis de table, d'un baby foot, de jeux
vidéos, d'un coin cuisine et d'un coin bar.
Les programmations de vacances scolaires sont créées avec les jeunes et se concentrent autour de
sorties culturelles, de tournois sportifs, de séjours hiver et été. Les jeunes ont la possibilité de
s’autofinancer les loisirs par la constitution de bourses en contrepartie de leur participation au
chantier Ville Vie Vacances. Ces chantiers sont qualifiés «d’intérêt général» et concernent la
rénovation du matériel urbain de la commune, l'entretien des espaces verts de la commune,
l’embellissement de la structure jeunesse (décoration, graph, peinture).
Durant le reste de l'année scolaire, hors périodes de vacances, le PAJ propose aux jeunes de la
commune un ensemble d'activités.
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Le dispositif AIC (Activité Inter Classe).
Ce dispositif permet à l'équipe du PAJ d'intervenir directement au collège sur les temps méridien
des mardis jeudis et vendredi. Cette action permet à l'équipe d'animation de se faire connaître du
public collégien et d’amorcer une dynamique de projets afin de susciter l’intérêt des jeunes et de
leur donner envie de venir sur le service jeunesse.
Les objectifs de ce dispositif sont de développer l'autonomie et la prise d'initiative des jeunes, de
sensibiliser les jeunes aux notions de respects et de permettre leur épanouissement. L’intervention
de l'équipe d'animation du PAJ au sein du collège n'a pas pour objectif de se substituer aux missions
du corps professoral car son entrée se manifeste exclusivement sur les activités culturelle et
sportive. Les AIC fonctionnent sur toute l'année scolaire en deux temps distincts un temps d'accueil
libre pour tous les jeunes favorisant la mixité, développant les interactions et permettant
l’émergence de projets. Les ateliers mis en place sont des ateliers vidéo (création de films
d'animations) sur les problématiques des jeunes. Par exemple les premiers émois amoureux, la
prévention contre les drogues et les adictologies, la prévention routière, réussite scolaire. Enfin, un
atelier hip hop (initiation et perfectionnement de la pratique), un atelier jeux de rôles.
L'équipe du PAJ s'occupe de l'animation du CMJ depuis janvier 2009, date des dernières élections
du conseil. L'objectif est de sensibiliser les jeunes à la vie de la cité, de leur donner un espace
d'expressions, de faire connaître les besoins et les attentes des jeunes de la commune, et de les
représenter lors de manifestations exceptionnelles.
Le CMJ est composé de 15 enfants qui ont un mandat d'une durée de trois ans. Il existe quatre
commissions (communication, environnement-aménagement et sécurité de la ville, sport-culture, et
humanitaire-solidarité). Les commissions se réunissent une fois par mois et travaillent sur des
projets tels que l’aménagement des pistes cyclables, l'organisation de journées sur l'écocitoyenneté,
l'organisation de journées intergénérationnelles, l'organisation d'un voyage avec la ville jumelle de
la commune.
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Ateliers financés par des fondations privées.
Le technicien du service jeunesse utilise les subventionnements classiques que sont les VVV (Ville
Vie Vacance) ou les TLPJ (Temps Libre Prévention Jeunesse), pour la constitution de bourses loisirs
en contrepartie de l'implication du jeune sur une action (chantier, projets, ateliers). De plus, il
récupère du financement en faisant appel au mécénat privé par l'appel à projets des fondations
comme la SNCF, Labelvie, la Poste, Mutualité Française). Ces financements lui permettent
d'acheter, d'entretenir du matériel, et de mettre en place des projets. Par exemple le dispositif « loc
casque » est une action de financement croisée entre des fonds privés et des fonds VVV. Le jeune en
contrepartie de sa participation à un chantier va pouvoir se financer le BSR (Brevet de sécurité
Routière) et bénéficier de la location de l’équipement pour la pratique du scooter (casque, gants,
blousons).
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L'organigramme se présente comme suit :
Coordination enfance
jeunesse
1 salarié
De la Ligue de
L'Enseignement
Centre de loisirs.
Point Accueil Jeune
1 directrice
1 directrice 1 directeur adjoint
1 animateur Equipe d'animation
Salariés de la Ligue Salariés de la Ligue
Le PAJ est implanté dans la zone éducative de la commune à proximité de la maison des
associations, des groupements scolaires, et du complexe sportif. La structure est ouverte aux jeunes
âges de 12 à 17 ans, les mercredis et samedi après-midi sur du temps d’accueil simple et sur du
temps projets de 14H00 à 18H30. Les mardis et vendredis soirs de 17H30 à 19H00 sont consacrés
au CLAS (dispositif d'aide à la scolarité). La programmation des vacances scolaires permet aux
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jeunes de bénéficier d'activités, de chantiers et d'offres séjours.
La politique jeunesse est axée autour de la scolarité et des notions d’éducation et de coéducation.
Les orientations du PAJ dépassent la simple notion de loisirs et d'activités consommatrice, pour
intégrer des ateliers de formations de délégués de classe (collège et lycée), de dispositif d'aide à la
scolarité. La municipalité souhaite également que les jeunes s’impliquent dans la vie de la cité par
le biais du parlement des enfants réservé aux jeunes de 8 à 12 ans. Ces jeunes se réunissent 2 fois
par mois et travaillent autours de projet sur les thèmes du développement durable, de la sécurité
routière ou du handicap. Cependant, nous pouvons noter un paradoxe entre le PAJ qui s'adresse à
des jeunes âgés de 12 à 17 ans et le parlement des enfants dont l'âge varie de 8 à 12 ans. Cette
différence est d'autant plus marquée que la tranche d'âge 15-17 ans ne fréquente pas la structure qui
lui est pourtant dédiée.
Le PAJ est impliqué dans la vie de la cité, et notamment sur les programmations culturelles avec la
mise en place de la fête du jeu, du festijeune, de la programmation de concerts et soirées jeune.
Toutefois, il n'existe pas de lien entre le tissu associatif local et la structure jeunesse de la commune.
La structure jeunesse suit également les initiatives jeunes quelle soit individuelle ou collective,
(l’association « break avec les loups » qui est une association de jeunes rappeurs illustre cet
exemple...).
Les deux Points Accueil Jeunes, présentent des profils similaires dans le sens où les plages
d'ouvertures sont les mêmes, où il existe une programmation annuelle spécifiques, et des modes de
fonctionnements similaires. Les deux structures, proposent également des activités semblables
comme une offre de séjours, de chantiers jeunes et d'activités. La différence majeure entre les deux
se situe sur le fait que le PAJ de la commune X axe son action sur l’accompagnement individuel. En
effet, le morpho type du bénéficiaire est un jeune en difficulté scolaire ou socioprofessionnelle et
qui fréquente le PAJ pour l’interaction sociale avec les autres jeunes et l’équipe d’animation. De
plus, le technicien peut jouer un rôle de référent pour des jeunes en manque de repères et qui le
sollicitent pour trouver un job d’été, ou des offres de stages. Le profil du jeune de la commune Y est
différent, dans le sens où ce dernier ne fréquente le PAJ que pour ses temps de loisirs et projets
personnel. L'association Break avec les loups en est le parfait exemple dans le sens où elle est
constituée de jeunes majeurs qui ont fréquenté par le passé la structure jeunesse. Le fonctionnement
du PAJ est fortement impacté par ce modèle dans le sens où les ouvertures du samedi se font
exclusivement sur projets (dans le même temps le PAJ de la première commune est ouvert tous les
samedis de l'année). Le paradoxe que connaît cette structure avec ce fonctionnement particulier, est
qu'il existe un réel déficit du public 14-17. Nous devons également avancer le fait que partager les
locaux avec le centre de loisirs des petits (6-12 ans), n'incite pas les adolescents à fréquenter le lieu.
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3- TENDRE VERS L’OFFRE JEUNESSE IDEALE.
La commande qui m’a été faite pour mes travaux de recherches et la réalisation du stage dans le
milieu professionnel émane du chef de service d’Animation et Territoire. J’ai souhaité rapidement
m’orienter exclusivement sur le volet jeunesse pour deux raisons essentielles. La première raison
réside dans le fait que la partie enfance au sein du service Animation et Territoire est bien
développée, en effet, nous pouvons compter 50 structures se décomposant entre les ALAE et les
ALSH sur le territoire toulousain et extra toulousain. Le réseau jeunesse est quant à lui moins bien
organisé, mais également plus récent dans les préoccupations du service. Nous pouvons dénombrer
actuellement 5 structures hors Toulouse et 3 structures Toulousaine. Il existe actuellement une
coordination pour le réseau enfance faite de 3 postes de coordinateurs, à l'inverse aucun poste n'est
dédié pour la jeunesse. La seconde raison, est plus personnelle, en effet, mon expérience
professionnelle s’est quasiment construite autour des services jeunesse et de fait par goûts et intérêt,
les questions liées à la jeunesse, aux mouvements de jeunesse et à l’implication des jeunes ont
toujours été pour moi prioritaires.
Comme nous l’avons vu plus haut la gestion de structure de loisirs (ADL, ALAE, PAJ CAJ) est
somme toute assez récente dans les priorités de la ligue de l’enseignement. Cette gestion date de
2008 et a connu une forte progression (300% d’augmentation d’activité sur trois ans).
L’organisation d’un réseau jeunesse est pour le coup balbutiant et nombre de tentatives dans le
travail coopératif entre les structures ont échoués. Toutefois, quelques initiatives voient le jour et
permettent l’espérance de jours meilleurs avec la création d’un véritable réseau. L’exemple
illustrant cet état de fait, demeure dans l’organisation du premier festival jeunesse « Ligue et Vous »
sur la commune du Vernet le 16 avril 2012 et qui a réunis une centaine de jeunes autour des
pratiques urbaines, du hip hop et de la culture jeune.
Fort de ce constat, le chef de service m’a passé la commande suivante, réfléchir sur l’offre jeunesse
idéale et proposer des pistes d’actions ainsi que des actions innovantes pour l’organisation d’un
réseau jeunesse pérenne. L’innovation est un paramètre essentiel car le champ de l’éducation
populaire s’inscrit sur des réalités économiques. En effet, la particularité de la région Midi Pyrénées
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et a fortiori du département de la Haute Garonne est de posséder sur son territoire, un grand nombre
de fédérations et d’associations d’éducation populaire. De plus, le mode de gestion des structures
est principalement axé sur le marché public, le conventionnement et la délégation de service public.
Par conséquent, les réponses à appels d’offres lancées par les collectivités territoriales engendrent
une réelle concurrence entre les associations. L’innovation, demeure dans ce contexte une condition
sinequanonne pour la survie des fédérations. Pour illustrer ce propos, nous pouvons noter que le
service Animation et Territoire pèse aujourd’hui plus de 13 millions d’euros de chiffre d’affaire soit
70% du chiffre d’affaire total et d’une masse salariale de 80%.
4- LA QUESTION.
Aux vues de ce constat, la question qui nous intéresse ici est de savoir si l’offre idéale d’une
politique jeunesse au sens d’une fédération d’éducation populaire comme la Ligue de
l’Enseignement, ne serait elle pas une offre réellement co-construite avec les jeunes eux-mêmes ?
Au regard de ce questionnement, nos différentes lectures, nous ont orientés sur l’apport des théories
de l’engagement et de la communication engageante qui favorise par un acte préparatoire
l’engagement de l’individu.
5- LA THEORIE DE L’ENGAGEMENT.
Au niveau du sens commun l'engagement est définit comme « un acte par lequel on s'engage à
accomplir quelque chose; une promesse, convention ou contrat par lesquels on se lie»5. Nous
voyons bien par cette définition générique, que l'engagement englobe et rattache l'individu à une
parole donnée, une forme de contrat implicite ou explicite qui aura des conséquences sur ses actes.
Le champ de la psychologie sociale s'est rapidement approprié ce concept pour nous en livrer une
toute autre définition. Pour obtenir d'un individu qu'il fasse ce que nous souhaitons, la nature
humaine dispose « d'armes » efficaces comme l'autorité, la contrainte, ou encore la persuasion.
Toutefois, ces méthodes, si elles fonctionnent sur un instant « T » ont de fortes chances de n'avoir
aucune conséquences sur le long terme. Par exemple, on peut tout à fait être convaincu à titre
personnel de l’intérêt et des bénéfices de la pratique du sport quotidienne, et ce jusqu'à diffuser ces
préceptes dans son entourage. Paradoxalement, rien ne nous oblige à nous astreindre
personnellement à une heure de jogging dans le mois. Le premier chercheur à s’être intéressé de
prêt à ces notions est Lewin (1947) qui a découvert « l'effet de gel ». Son hypothèse de départ,
5 Dictionnaire Larousse
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consistait à dire qu'il existe un lien entre un comportement et un acte de décision pris au préalable.
Par la suite le comportement de l'individu sera toujours fonction de la décision prise au départ, c'est
ce qu'il nomme l'effet de gel. Lewin nous montre cet effet par une expérimentation sur les habitudes
alimentaires des ménagères américaines dans les années 1950. Un premier groupe de femmes,
assistait à une conférence sur l'utilité de consommer des abats (morceaux de viandes de grandes
qualités nutritives, mais peu appétissantes). Ces résultats ont démontré que seulement 3% des
ménagères furent convaincues par les arguments avancés. Un second groupe de femmes participait
à la même réunion où seules certaines conditions évoluaient. En effet, Le conférencier fut remplacé
par un animateur et les ménagères furent incitées à déclarer publiquement leurs points de vue et
leurs décisions finales de cuisiner ou pas les abats. Les résultats furent tout autre, puisque dans cette
condition, Lewin nota que 32% des ménagères acceptèrent de cuisiner ces aliments.6
D'autres chercheurs se sont intéressés au concept de l'engagement. En 1966 KIESLER et
SAKUMURA le définisse comme «le lien qui unit l'individu à ses actes comportementaux ». Nous
sentons bien au travers de cette définition, que ce qui importe est bien le lien entre l'individu et ses
actes et non le lien entre l'individu et ses croyances, idées ou convictions. En 1971 Kiesler avance
une hypothèse consistant à dire que « le sujet n'est jamais engagé par ses seules idées ou
sentiments, mais d'abord par ses actes qui sont susceptibles de consolider ou d'affaiblir ses opinions,
ses attitudes et ses croyances »7. Ce qui l'importe est l'intérêt de prendre en considération le
contexte et l'enjeu dans le cadre d'une réalisation d'un acte. Il affinera plus tard sa définition du
concept, en affirmant que « le lien entre l'individu et ses actes ne devient effectif sous la forme d'un
engagement que lorsque celui-ci pense avoir été responsable de la réalisation de l'acte engageant » 8
Deux chercheurs français Robert-Vincent JOULE et Jean-Léon BEAUVOIS (psychosociologues)
ont travaillé sur le concept d'engagement en reprenant en partie les travaux de Kiesler. Ils nous
livrent leur définition « l'engagement correspond aux conditions de réalisation d'un acte qui, dans
une situation donnée, permettent à un attributeur [il peut s'agir d'un témoin oculaire, de l’acteur lui
même, mais aussi de n'importe quelle personne qui aurait eu connaissance de ce qui s'est passé]
d'opposer cet acte à l’individu qui l'a réalisé »9. Pour ces deux auteurs, un acte ne peut devenir
engageant que lorsque certaines conditions fondamentales sont réunies.
un acte de liberté pure (un acte réalisé est plus engageant s’il a été de façon libre et
autonome de la part de l'individu).
Une réalisation publique de l'acte (un acte réalisé en public est plus engageant)
Pour Joule et Beauvois, l'acte est en effet important dans l'effet d'engagement, bien plus que nos
idées ou nous croyances. Toutefois, ils insistent sur une donnée qu’oublient Kiesler et Sakumura
dans leur définition, qui est « la situation ». En effet pour Joule et Beauvois, « la situation » peut
être déterminante dans l'engagement de l'individu. Ils déclarent à ce sujet « L'engagement
correspond, dans une situation donnée, aux conditions dans lesquelles la réalisation d'un acte ne
peut être imputable qu'à celui qui l'a réalisé ».11
Les deux auteurs, nous expliquent cette théorie au travers de leur livre « Le petit traité de
manipulation à l'usage des gens honnêtes », qui aujourd'hui reçoit beaucoup d’échos dans le milieu
de la vente et du commerce. En effet, outre leur définition de l’engagement, les auteurs décrivent un
bon nombre de techniques que certains appelleront « manipulation » mais que d'autre comme Joule
et Beauvois préfèrent nommer « soumission librement consentie ».Pour bien faire comprendre cette
notion au lecteur, les auteurs en première partie du livre citent deux expérimentations qu'ils ont pu
mener. La première concerne une dame qui est sur une plage et qui se prélasse au soleil tout en
lisant une revue. Elle aperçoit un individu visiblement mal intentionné, en train de dérober un poste
transistor ne lui appartenant pas. Cette dame au même titre d'autres témoins de la scène, ne
s’offusque pas et préfère oublier la scène en retournant vaquer à ses occupations. La seconde
expérimentation concerne la même dame qui assise à une table d'un restaurant s’apprête à manger
des fruits de mer. Une voisine de table lui demande de bien vouloir jeter un œil sur sa valise, le
temps de s'absenter pour un coup de téléphone. La dame accepte volontiers ce petit service et
retourne à ses affaires. Quelques minutes plus tard, elle aperçoit un homme s'emparant de la valise.
Elle s'interpose par des cris et tente d’empêcher le vol manifeste. Les deux auteurs, nous décrivent
une seule et même personne confrontée à deux situations somme toute similaire mais qui va réagir
PROGRAMME
CONSEQUENCES D'AJUSTEMENT CONSEQUENCES
COMPORTEMENTALES : SOCIOCOGNITIVES :
1. Gel de décision 1. Attributions causales
2. Émission de nouveaux 2. Consolidation des attitudes
Comportements
12 « Petit traité de manipulation à l'usage des honnêtes gens », RV JOULE et JL BEAUVOIS, PUG, 2002
13 « La soumission librement consentie : Comment amener les gens à faire librement ce qu’ils doivent faire ? », Joule
RV et Beauvois JL, Paris, 1998, P.U.F. P.61
24
5.1- Les différentes techniques.
Après avoir définit le concept d'engagement, nous pouvons à présent voir différentes techniques
qui permettent de mettre en œuvre un engagement.
La technique du pied dans la porte a été expérimentée par Freedman et Fraser dés 1966, où il suffit
d'obtenir un acte peu coûteux pour l'individu (l'acte préparatoire) avant d'en solliciter un second plus
difficile à obtenir (comportement attendu). Un exemple peut être cité, par une expérimentation
exécutée sur les ménagères américaines et leurs habitudes de consommation. Les ménagères
devaient répondre à un ensemble de questions par téléphone (acte préparatoire) sur leurs habitudes
de vie. Quelques jours plus tard, elles étaient de nouveau sollicitées, par les mêmes enquêteurs et
allaient accepter de recevoir à la maison une armada de chercheurs ayant la permission de ces
dernières de tout fouiller (tiroirs, placards). Les résultats montrent que les ménagères ayant
exécutées un acte préparatoire, furent deux fois plus nombreuses que les autres à accepter la
requête des chercheurs 52% contre 22.2% dans la première condition.14
L'explication des chercheurs reposent sur l'aspect de la dissonance cognitive, en effet nous assistons
à la présence d'un mécanisme d'appropriation pour les ménagères, car leurs actes sont d'autant plus
efficaces qu'ils renvoient à un acte de valorisation pour elles mêmes. Chabrol et Ranu (2008)
pensent que « les ménagères ayant effectuées l'acte préparatoire de répondre à l’enquête au
téléphone, ont acceptées la deuxième requête pour préserver un état d'équité interne fondé sur la
consistance perçue entre leur propres actions, ainsi qu'entre leurs actions et une image de soi
positive ».15
Cette technique, bien rodée, peut également faire apparaître l'acceptation de choses qui pourraient
paraître comme irrecevable pour les non initiés. En effet, une autre expérimentation de Freedman et
Fraser, concerne des propriétaires de maisons qui sont sollicités dans le cadre de la sécurité routière.
Le 1°groupe dit contrôle, se voit proposer la demande de permission de l'installation dans leurs
jardins d'un immense panneau pour prévenir des dangers de la route. Seulement 16% ont accepté
cette requête assez imposante. Le 2 iéme groupe dit test, a subi avant tout un acte préparatoire. La
demande (acte préparatoire) des chercheurs étaient dans un premier temps, d’accoler sur la fenêtre
de la maison un petit autocollant sur la prévention routière. Dans un second temps, une dizaine de
L’amorçage
La technique d'amorçage, consiste à utiliser des méthodes peu orthodoxes de mensonges (établis, ou
par omissions) et de maquillage de la vérité. L'objectif est d'amener une personne à prendre une
décision, en lui laissant croire qu'elle serait plus avantageuse pour elle. Les chercheurs Cialdini,
Basset, Cacioppo et Miller (1978) nous l'ont démontré par différentes expérimentations. L'une
d'entre elles, consistait à proposer à des étudiants américains volontaires de faire le choix entre deux
tâches (A et B), sachant que la B était la plus intéressante et la A la plus rébarbative. Pour motiver
leur choix, ils annoncèrent que la tâche B ouvrait des droits à hauteur de deux points de crédits
recherche alors que la tâche A n'en procurait qu'un seul. La deuxième phase de l’expérimentation,
consista à revenir sur le choix des étudiants en leur annonçant qu'une erreur s’était glissée dans le
barème de points, et qu'au bout du compte la tâche A comme la tache B ne valait en réalité qu’un
seul point. Les étudiants furent de nouveau invités à choisir entre les deux options. Les résultats
surprenant, montrent que 61% ont dans un deuxième temps choisit la tache A la moins intéressante,
alors que lors du premier choix il n’était que 31%. Ce phénomène montre la propension qu'à
l’individu à rester sur sa première décision.16
Le leurre
Le leurre ressemble de prés à l'amorçage, il a été mis en évidence plus récemment par Joule,
Gouilloux, et Weber (1989). La méthode consiste, à faire prendre à l'individu une décision, puis de
lui stipuler que les avantages encourus sont en réalité retirés. De fait, on propose au même individu
une solution alternative de substitution mais qui ne présente pas les mêmes avantages.
L’expérience menée par Joule et Al. (1989), consistait à proposer à un groupe d'étudiants de
participer à une expérimentation fortement attractive (visionner un film suscitant des émotions) qui
de surcroît serait rémunérée. Le moment venu, on apprenait aux étudiants que pour des raisons
16 « La soumission librement consentie », Joule RV et Beauvois JL, cités dans «La Psychologie sociale (IV). La
construction sociale de la personne », Beauvois, Doise W, Dubois N., 1999, Grenoble, PUG
26
matérielles l’expérimentation ne pouvait avoir lieu et qu'elle serait reportée à une date ultérieure.
Par conséquent, les étudiants étaient priés de rentrer chez eux. La deuxième phase
d’expérimentation, se manifeste par le fait que les étudiants se voyaient proposer au dernier moment
(alors qu'ils étaient en train de quitter la salle), de participer à une autre expérience. Celle ci étant
beaucoup moins attractive (passer des tests de personnalité) et non rémunérée. Les résultats assez
surprenant montrent que 47% des étudiants ont acceptés de participer à la deuxième expérience,
contre seulement 15% des étudiants en situation de contrôle (demande simple sur la tache
rébarbative). Les chercheurs conclus, que la décision prise confirme la première décision même si le
coût est différent voir bien inférieur.17
Il existe bien d'autres techniques permettant l'acte d'engagement, nous en reprendrons certaines dans
la méthodologie de notre protocole expérimental et en démontrerons leur efficacité. Outre ces
techniques, il est intéressant de noter que l'engagement à des effets sur le plan cognitif et
comportemental qui ne sont pas à négliger.
Certains actes, ne vont pas à l'encontre de nos convictions, de nos attitudes et de nos
comportements, c'est ce que Joule et Beauvois nomment des actes non problématiques. A contrario,
il existe des actes qui peuvent rentrer en conflit avec notre système de convictions, nos attitudes et
motivations, ce qu'ils nomment des actes problématiques.18
Dans le cadre des actes non problématiques, ces actes sont en adéquation avec les convictions de la
personne, donc il n'existe pas de conflit mais bien un renforcement sur le plan cognitif (les
croyances) et sur le plan comportemental. L’expérience de Kiesler, Mathog Pool et Howenstine
(1971), montre clairement ce mécanisme. Le fait pour un individu, de signer une pétition pour une
cause à laquelle il adhère a pour conséquence de renforcer chez lui ses opinions, et ses conduites à
venir. L'expérimentation ici se décline en trois temps, la première phase concerne un groupe de
17« La soumission librement consentie », Joule RV et Beauvois JL, cités dans «La Psychologie sociale (IV). La
construction sociale de la personne », Beauvois, Doise W, Dubois N., 1999, Grenoble, PUG
18 « La soumission librement consentie », Joule RV et Beauvois JL, cités dans «La Psychologie sociale (IV). La
construction sociale de la personne », Beauvois JL, Doise W, Dubois N, 1999, Grenoble, PUG
27
jeunes femmes étudiantes dans les High School américaines, qui sont sollicitées pour signer une
pétition en faveur de la diffusion d'une information sur le contrôle des naissances sur le campus. La
deuxième phase, le jour suivant confronte ce groupe de femmes à de la contre propagande de cette
information, par le biais d'un tract qu’elles ont reçu à leurs domiciles. Enfin, la troisième phase,
consiste pour un chercheur à solliciter de nouveau le groupe, sous prétexte d'une enquête fictive,
afin de connaître les positions de chacune sur la question du contrôle des naissances. De plus, le
chercheur veut savoir si, dans le cas de réponses positives, elles sont disposées à s'adonner des
actes militants (coups de téléphone, conférences, distributions de tracts).
Les résultats de l’étude, montrent que les femmes qui ont été engagées au préalable (acte
préparatoire en signant la pétition) sont plus favorables que les autres à l'information de contrôles
des naissances. De surcroît ces mêmes femmes, sont plus enclines que les autres à réaliser des actes
militants pour la cause. Cet effet Kiesler le nomme « l'effet boomerang » qui selon lui, est un
changement dans le sens inverse de celui qu’était censé engendrer la contre propagande.
Dans le cadre des actes problématiques, où l'acte entre en conflit avec les croyances, attitudes et
motivations, ces actes tout comme les non problématiques sont observables sur le plan cognitif et
comportemental. La différence que nous constatons est que sur le plan des attitudes, des facteurs
externes tels que l'interdit ou l'obligation peuvent jouer un rôle important. L’expérience de Brehm et
Cohen nous montre, qu'un changement d’attitudes est inversement proportionnel à une forte
rémunération (contrainte d'un facteur externe). En effet, les chercheurs ont sollicité des étudiants
suite à une intervention policière assez musclée visant à lutter contre les manifestations dans les
campus américains des années 1960. Les positions des étudiants, étant comme on peut sans douter
très fermes et hostile aux forces de l'ordre. Les chercheurs ont demandé au étudiants de rédiger une
lettre pour exposer leurs points de vues, sachant que le groupe fut divisé en quatre sous groupes et
que les étudiants du premier groupe recevaient 0,5$, les suivants 1 $, 5$ et 10$. Les résultats
montrent que les étudiants les moins engagés (ceux qui ont reçus 10$) n’ont pas changé d’attitudes
par rapport à la police. Paradoxalement, les étudiants les plus engagés car les moins bien payés ont
changés d’attitudes jusqu’à même trouver justifiable les interventions brutales de la police. Cela
revient à dire que les effets de l'engagement s'estompent à mesure qu'on lui offre une grosse
récompense. Il en est de même sur le plan de la motivation, un individu pourrait trouver une tâche
fastidieuse tout à fait acceptable, à condition qu'il ait été au préalable engagé librement dans cette
action. Michel, Py, Raynis et Somat (1996), en font état dans une de leurs expériences où des
28
étudiants volontaires et libres avaient pour mission fastidieuse de coller des confettis sur toute les
lettre A d'un texte. Les étudiants librement engagés trouvèrent intéressant cette exercice allant
jusqu'à donner une très bonne note de 9 sur 11, alors que dans le même temps les étudiants non
engagés notaient sévèrement 2 sur 11 l’exercice.19
Nous voyons bien, au travers de ces différentes expérimentations, que l'engagement peut avoir des
effets sur le plan cognitif et comportemental. Sur le plan cognitif dans le cas d'actes non
problématiques nous assistons à une consolidation et un renforcement des attitudes et une plus
grande résistance aux « agressions externes »20. Dans le cas d'actes problématiques, ces attitudes
sont ajustées voire peuvent changer et évoluer. Sur le plan comportemental, dans le cadre d'actes
non problématiques et d'acte problématiques, nous assistons à une stabilisation des comportements,
à la réalisation de nouveaux comportements et à une généralisation.21
D'une façon plus générale Joule et Beauvois (2002) considèrent que « L'engagement dans un acte
non problématique à pour effet de rendre l'acte, et tout ce qui s'y rapporte sur le plan
comportemental aussi bien qu’idéels (idées, opinions, croyances...) plus résistant aux changements;
tandis que l'engagement dans un acte problématique conduit au moins à une modification des
contenus idéels dans le sens d'une rationalisation en acte »22
Nous allons maintenant nous attacher à décrire la notion de communication engageante qui est au
cœur de notre expérimentation.
Différents auteurs ont travaillés sur ce concept Channouf, Py et Somat (1996) pensent qu'une
communication engageante serait plus efficace si elle était précédée par l'obtention d'un
comportement préparatoire à valeur d'engagement, comportement consistant avec les arguments
développés ensuite dans le message persuasif.23 D'autres auteurs comme Bugger (1999) considèrent
que le comportement d'un individu n'est engageant que si le sujet pense l'avoir effectué en toute
19 « La soumission librement consentie : Comment amener les gens à faire librement ce qu’ils doivent faire ? », Joule
RV et Beauvois JL, Paris, 1998, P.U.F.
20 Contre propagande dans l’expérience de Kiesler sur l'information des contrôles de naissances.
21 «La Psychologie sociale (IV). La construction sociale de la personne », Beauvois JL, Doise W, Dubois N., 1999,
Grenoble, PUG
22 « Petit traite de manipulation à l'usage des honnêtes gens », Joule RV et Beauvois JL , PUG, 2002, P 85
23 « Psychologie de la communication et persuasion. Théorie et application ». C Chabrol et M Radu, 2008, De Boeck
29
liberté, que si l'acte à un certain coût subjectif, et que si il n'est pas directement associé à une
récompense ou à une compensation financière24
Selon Joule ,la communication engageante relève d'un paradigme entre la communication de la
persuasion et les théories de l'engagement il dit que, « le principe même de la communication
engageante nous invite donc à établir un pont conceptuel entre la persuasion et l'engagement dans la
mesure où ce principe dans sa forme la plus simple revient à obtenir d'un sujet un acte préparatoire
avant de l'exposer à une argumentation persuasive »25 Les chercheurs soulignent ici l'importance de
l'acte préparatoire et du sujet. Le sujet devient un acteur et non plus un simple récepteur de
l'information. Cette prise en compte de la cible (l'acteur) revient à dire « Qui dit quoi à qui, dans
quel canal, en lui faisant faire quoi, à quel niveau d'identification de l'action et avec quels effets
cognitifs et comportementaux » (Joule, Girondola et Bernard, 2007)26. Ce qui diffère d'une
communication dite classique est le (lui faisant faire quoi) qui confère à la cible un rôle d'acteur et
non de simple récepteur.
Ces actes peuvent par la suite, durer sur une grande période (plusieurs semaines) car selon
Girondola et .Roussiau (2003), on peut dégager 3 facteurs de la persistance. Les déterminants
psychologiques (responsabilité personnelle, personnalité, illusion de contrôle), les déterminants
sociologiques (justification devant autrui, norme de la consistance) et les déterminants
organisationnels (inertie administrative, soutien politique). 27
Enfin la communication engageante est également instituante car elle favorise 3 passages, celui de
l'engagement individuel vers l'engagement collectif, celui du sens individuel vers des significations
et valeurs partagées, enfin le passage de l'espace temps d'un projet de recherche action à l'espace
temps de la pensée institutionnelle environnementale Bernard (2007). Le recours à la
communication engageante permet d’obtenir un effet cognitif (changement d’attitude) et un effet
comportemental (comportement attendu).
Pour illustrer cette partie théorique, nous vous présentons une expérimentation parmi tant d'autres.
Cette expérimentation appelé « le billet perdu » met en scène une personne (un chercheur) qui perd
volontairement un billet de 10 euros dans la rue. L'objectif est ici de voir la réaction des passants
qui ont assisté directement à la scène, et quel vont être le comportement qui en découle (restitution
du billet ou non restitution). Pour ce faire, Joule aidé de collaborateurs nous détaillent les résultats
tout à fait surprenant. 20% des gens gardent le billet quand ils sont seuls. Dans la même situation
avec un témoin qui les regarde 100% des individus rendent le billet. Dans le cadre d'une démarche
28 Vers une communication engageante, intervention Robert-V incent Joule colloque national Août 2003 « pour une
refondation des enseignements de communications et des organisations ».
29 Changer les comportements de mobilité, rapport final de recherches, INRETS septembre 2009
31
7- LA PROBLEMATIQUE.
La commande qui nous été faite porte sur «l’offre d’une politique jeunesse idéale», il convient ici,
de s’interroger sur la définition que donne les auteurs de la jeunesse, sur les politiques jeunesses et
les dispositifs mis en place par les différents gouvernements. Certains auteurs ont écrits sur ce sujet
Galand (1991)30 distingue 4 phases de la jeunesse. La fin des études, le départ du domicile familial,
l’insertion dans le monde du travail et la formation d’un couple. Pour lui, ces moments sont
marqués par l’acquisition de l’autonomie et de l’indépendance. Son analyse est tournée vers la
notion de franchissement des paliers de la vie. Thevenot (1979)31 définit la jeunesse par ses qualités
morales, où l’âge est devenu le seul critère de mesure du temps social. Galand et Thevenot axent
leurs sujets sur des questionnements physiologiques où l’âge joue un rôle important. Ces paliers
marqueraient la différence entre un état juvénile et un état adulte.
Pierre Bourdieu (2002) à une approche plus structurelle puisqu'il axe sont analyse sur un conflit
entre les générations, il définit la jeunesse comme un enjeu de lutte de pouvoir, où les divisions
entre les âges sont arbitraires.
Nous pouvons voir qu’il n’existe pas un modèle unique, et que les critères pour classifier la
jeunesse sont variées. L’INSEE tente de définir la jeunesse d’un point de vue biologie comme un
groupe de personnes âgées de 15 à 24 ans, mais cette définition ne fait pas l’humanité dans tous les
pays. D’autres auteurs comme Bordes (2007)32, appréhende la jeunesse par la socialisation. Elle
pense la jeunesse comme une période « d’imitation des générations précédentes ou
d’expérimentation de nouvelles règles de vie ». Elle considère qu'aujourd'hui, les jeunes sont en
perpétuelle expérimentation, et que l'identité propre se construit par les représentations sociales. Ces
représentations qui sont en opposition à l'ancien modèle basé sur «l'identification» associé à l'image
du père. Cette approche sociologique de la jeunesse ne se fait pas sans heurts, les différents
événements que nous connaissons dans nos banlieues depuis le début année 80, confirment cette
hypothèse. Aujourd'hui, la jeunesse est une catégorie sociale à part entière, dont il faut analyser ses
besoins, ses mécanismes, et ses fondements. Chantal Guerin-Plantin (1999)33, nous propose un
modèle pour essayer de comprendre les représentations sociales qu'éprouve la société envers ses
jeunes. Elle considère qu'il existe 4 jeunesses:
30
« Les jeunes », Olivier Galland, Edition la découverte, collections repères, Paris, 2009
31
« Les jeunes », Olivier Galland, Edition la découverte, collections repères, Paris, 2009
32
« Prendre place dans la cité jeunes et politiques municipales », Véronique Bordes, Paris, L’Harmattan/INJEP, coll.
Débats Jeunesses, 2007
33
« Genèses de l’insertion : L’action Publique Indéfinie », Chantal Guerin-Plantin, Paris, 1999.
32
Une jeunesse citoyenne, qui se caractérise par sa croyance en l'éducation et la transmission
des principes de la société adulte.
Une jeunesse dangereuse et en danger, où les jeunes sont considérés comme des criminels ou
des futurs délinquants.
Une Jeunesse Messianique, caractérisée par une croyance en l'autonomie des jeunes et en
leur capacité à changer le monde.
Une jeunesse fragile, qu'il faut protéger contre les multiples dangers.
On voit bien par ce modèle, qu'il existe quatre façons différentes de considérer et d'appréhender la
jeunesse, certaines sont positives et d'autres plus négatives. Malheureusement, force est de constater
que l'ensemble des politiques jeunesses qui ont vues le jour ces 30 dernières années abordent plus la
jeunesse comme un problème que comme une ressource.
Dans ce contexte définir une politique jeunesse reste très difficile, puisque l'on ne peut pas avancer
qu'il en existe une aujourd'hui en France. Peu d’auteurs, ont travaillés sur ces notions, toutefois
Bordes (2001), nous en décrit les rouages. On peut noter que la notion de jeunesse en qualité de
catégorie sociale, apparait réellement que dans les années 1950. Pourtant, c’est dans l’entre-deux
guerres, avec l’apparition des premiers mouvements de jeunesse, puis durant le Front Populaire que
les loisirs et la jeunesse deviennent une préoccupation de l’Etat.»34 Cette prise de conscience, de
jeunes en tant que catégorie sociale à part entière est symbolisée, par la Création du Secrétariat
d'Etat à l'Enseignement Technique à la Jeunesse et au Sport dans le début des années 1950. Il est
intéressant, à ce stade de faire un petit retour sur les tentatives de politiques jeunesse, et d'observer
comment s'est organisé au niveau de l'état cette prise de conscience, ainsi que la façon dont les
intentions politiques ont étés traduites sur le terrain. Dans les années 1960, d’un point de vue
général, la jeunesse va être considérée comme un temps d’expérimentation, facilité par une période
faste de plein emploi, et la libéralisation des mœurs (1968). Les sociologues parlent
d'expérimentations par la socialisation secondaire (intergénérationnelle) qui génère de la déviance.
Les années 1973 marquent l'entrée de la France en période de crise, avec le premier choc pétrolier,
les jeunes et les femmes vont être les premiers touchés par la crise au niveau de l'emploi. Les
questionnements sur la jeunesse ne sont plus dès lors, une préoccupation nationale, et sont délégués
au niveau local.1981 marque l'année d'un phénomène nouveau qui est les premières crises des
banlieues avec les Minguettes, puis en 1999 la crise des quartiers de Lyon, et en 2005 les émeutes
des banlieues Française.
34
Quelles politiques pour la jeunesse en France aujourd’hui?, Véronique Bordes, 2011
33
Il est intéressant pour nous ici de souligner quelques dates clés:
1981: Les Minguettes mise en place d’une politique de la ville en urgence. Cette politique se
manifeste à l’été 1982 par le plan « anti été chaud», et s'accompagne de certains dispositifs très
connus comme les VVV (Ville Vie Vacances), ou encore la création des ZEP (Zone d’Éducation de
Priorité).
1990: Création du ministère de la ville.
1992: Plan pour les banlieues.
1996: Création des ZUS (Zones Urbaines Sensible).
1999: Création de l’observatoire de la violence urbaine et création de la BAC (Brigade Anti
criminalité).
2006: Loi sur l’égalité des chances présentée comme une réponse aux situations d’inégalités
et de discriminations qui touchent les populations des quartiers difficiles, notamment les jeunes.
2007: Mise en place des CUCS (Contrats Urbains de Cohésion Sociale).
2008: Plan banlieue « nouvelle politique en faveur des banlieues» qui est une tentative de
coordination de toutes les actions.
2010: livre vert de la jeunesse à l’initiative de Martin Hirsch Haut Commissaire aux
solidarités actives, qui regroupe un ensemble de 57 propositions composées de 12 thèmes
(Autonomie, allocation, orientations, revalorisation, prise en charge, implication, alternance,
ressources, logement, santé et citoyenneté.).
Les grands mouvements d’éducations populaires, ne sont pas en retrait sur les questions jeunesse.
Elles naissent dans l'entre deux guerres, et les fondements de ces associations sont en parties
dédiées aux mouvements de jeunesse et à l’engagement militant (le développement des auberges de
jeunesse, des colonies de vacances…). L'état a soutenu pendant de longues années, le
développement des associations, notamment par un soutien financier accru. Aujourd’hui la réalité
est bien différente, et le pouvoir économique s'est fait une place de choix dans les préoccupations
générales. Le jeu des marchés publics et des appels d’offres, permettent aux collectivités
territoriales de mettre en concurrence les associations d'éducations populaires pour la gestion de
structures enfance-jeunesse. Ce qui compte, est de répondre au plus prés des cahiers des charges,
dans une politique du «mieux-disant»35. Ce phénomène, place les structures jeunesses dans une
position délicate, où l’intention éducative et le projet pédagogique doivent rentrer avant toute chose
dans une fourchette de prix, avant d’être la condition suprême pour trouver grâce auprès des
35
«Mieux-disant» terme juridique Soumissionnaire à un marché public ou privé dont la réponse à un appel d'offre
présente le meilleur rapport entre la qualité et le prix.
34
collectivités. Nous pouvons noter, que ces structures se retrouvent au centre d'une triangulaire
composée des jeunes ( besoins et problématiques), des collectivités territoriales (intérêt politique
très souvent axé autour de la paix sociale), et des associations qui sont les gestionnaires ( intérêt
financier). Cette triangulaire à des effets néfastes, que nous pouvons observer dans bon nombres de
structures jeunesse qui se contentent de répondre au mieux des cahiers des charges par un
empilement d’activités et de projets sans réel ancrage sur les besoins des jeunes.
Nos deux structures jeunesse, n'échappent pas à ce paradoxe entre intérêt économique et intérêt
pédagogique, en utilisant comme tant d'autres une communication qui ne peut pas favoriser
l'engagement des jeunes. Les communications se font sous différents supports (programmations
papiers, programmations informatiques, mailing, bulletins municipaux, affichages et flyers…) mais
cela reste une communication de type descendante. L'adulte, le référent, le technicien posent des
actions en faveur des jeunes sans forcement les avoirs consultés au préalable. Les conséquences
logiques de ces méthodes sont des courbes d’effectifs fluctuants, où les jeunes ne viennent chercher
sur une structure jeunesse que ce qui les intéressent. Ces attitudes consuméristes, posent de réelles
questions pour les techniciens du champ de l’éducation populaire. Leurs préoccupations
principales sont en effet axées sur l’émancipation de l’individu, l'accession à une autonomie, la
prise d'initiative et le développement de certaines valeurs comme la citoyenneté, l’égalité,
l’implication et l’engagement. Un des axes de recherches, qui pourrait nous éclairer sur
d’éventuelles pistes de réponses, pourrait passer par la communication et ses mécanismes. Ces
différents arguments, nous prouvent que l'utilisation quasi systématique et exclusive de la
communication traditionnelle peut avoir des effets et un impact direct sur le bon fonctionnement
d'une structure jeunesse. La communication engageante, par les résultats escomptés, possède
l'intérêt d'impliquer et d'engager l'individu, elle à un impact sur les comportements et les attitudes
de l'individu.
Au regard de cette problématique nous pouvons poser les questions suivantes. N’existe t’il pas
d’autres moyens de communications plus adaptés au fonctionnement des jeunes ? La théorie de
l’engagement et la communication engageante ne peuvent elles pas favoriser l’engagement des
jeunes, et par conséquent une participation de cette population dans la définition d’une politique
jeunesse ?
35
8- METHODOLOGIE DU PROTOCOLE EXPERIMENTAL.
Notre cheminement nous permet ici de poser les hypothèses qui guideront la mise en place de notre
méthodologie. L’hypothèse générale est que la mise en place d’une communication engageante va
optimiser l’engagement des jeunes. Au regard de cette hypothèse, nous pouvons penser, dans un
premier temps, que dans le cadre d’une action de communication visant à amener des jeunes à
participer à une réunion d’information. Le nombre de jeunes présents à cette réunion, sera
significativement plus important quand ces derniers auront étés amenés à émettre un acte
préparatoire (questionnaire et signature) que quand ils n’auront pas effectués cet acte.
Dans un second temps, nous pouvons penser que dans le cadre d’une action de communication
visant à amener les jeunes à présenter le projet devant l’élue. Le nombre de jeunes présent à ce
rendez-vous, sera significativement plus important quand ces jeunes auront réalisés l’acte de façon
collective (travail collectif en autonomie). Quand l’acte aura été réalisé de façon publique (diffusion
d’un article avec une photographie), que si les jeunes n’avaient pas réalisés cet acte.
Notre expérimentation, se concentre ici, sur une comparaison des données entre deux groupes de
jeunes présentant les mêmes caractéristiques d'âge ainsi qu’une appartenance à la commune de
rattachement. Ces jeunes sont âgés de 14 à 17 ans et fréquentent habituellement ou pas la structure
jeunesse de la commune. Notre protocole, est une approche comparative des données et s'attache à
analyser les différences entre l'utilisation de la communication traditionnelle et de la communication
engageante. C’est ce que nous appelons dans notre protocole, la variable dépendante, et ce sont ces
résultats une fois traités, qui nous permettrons de vérifier ou non nos hypothèses sur les théories de
l'engagement, et de la communication engageante. Le premier groupe est le « groupe contrôle » sur
la commune de X, auprès duquel nous allons utiliser les techniques de la communication classique.
Le second est le « groupe test », de la commune de Y, avec lequel nous allons tester les principes la
communication engageante.
L’objectif simple, est d'aller à la rencontre des jeunes pour les inviter à une réunion de présentation
en vue de la création d'un conseil de jeunes. A la suite de cette présentation, la proposition leur est
faite de se mobiliser collectivement et de s'engager à présenter le projet de conseil à l’élue en charge
de la jeunesse. La démarche employée sur les deux communes, est identique seules les techniques
de communication diffères entre les deux groupes. Pour le groupe contrôle, nous utilisons les
techniques de la communication classique par la distribution de « flyers ». Par la suite, une réunion
36
de type informative et descendante est organisée pour la présentation du projet. Pour le groupe test,
nous utilisons les méthodes de la communication engageante par la distribution d'un questionnaire
(acte préparatoire engageant) et l'organisation d'une réunion de type implicative et active. L'objectif
des deux réunions étant de susciter un engagement collectif que nous allons pouvoir mesurer.
Il est primordial de souligner ici, que le protocole expérimental est né des constats que nous avons
réalisés lors de notre l'entretien avec le technicien de la commune de X. En effet, lors de cette
rencontre il a fait état des problématiques auxquelles il est confronté quotidiennement. Le premier
obstacle se situe sur le déficit du public 14-17 ans, qui ne fréquente pas le Point Accueil Jeune. Les
arguments avancés par les jeunes, sont que la structure est dédiée aux plus jeunes et qu'ils ne se
retrouvent pas dans les activités proposées. Le technicien, argumente quant à lui sur la délicate
cohabitation dans le même équipement des enfants du centre de loisirs 6-12 ans, et des jeunes du
PAJ âgés de 12 à 17 ans. Le second obstacle mis en lumière, est l’existence d'un parlement des
enfants qui travaille sur la dynamique citoyenneté et implication. Nous pouvons noter, que ce
dispositif animé par le technicien, ne s'adresse exclusivement qu’à un public de 8-12 ans soit des
enfants ; et exclu par conséquent les jeunes âgés de 12 ans et plus.
Fort de ce constat le protocole expérimental a été créé en vue d'apporter une ré médiation et des
pistes pour l'action à ces problématiques. La deuxième étape fut notre rencontre avec l'élue en
charge de la jeunesse qui s'est montrée, très intéressée par la démarche mais assez réticente à l'idée
de proposer un conseil jeune. L'argument relayé par le technicien, consistait à dire que du point de
vue de l’éthique et de la faisabilité du projet, le fait d’appâter les jeunes avec un projet (qui
vraisemblablement ne verrait pas le jour), posait un problème. De plus, elle soulignait l’existence
d'un parlement des enfants sur la commune et avançait l’idée que les plus jeunes pourraient être
frustrés de ne pas pouvoir participé à ce projet. L'alternative que nous avons proposée à l'élue, est
un engagement de sa part de recevoir les jeunes, d’écouter leurs projets et de leur proposer une
réponse en deux temps. Le premier temps, est l’organisation de réunions sous formes d'agora, qui
sont des temps d’échanges collectif. Le second temps, est d'amorcer une réflexion sur l'année
suivante quant à l’éventualité de créer un conseil jeune si toutefois la motivation et l’implication des
jeunes était toujours d'actualité.
Outre les problématiques prégnantes qu’éprouve l’équipe d’animation du PAJ, le fait d'avoir choisit
la commune Y, pour tester les outils de la communication engageante, réside également dans le fait
que les élus de la commune sont sensibles à la mise en œuvre d'une politique enfance et jeunesse.
Ils ont développé un ensemble de structures, pour la prise en charge du public. Concernant la
37
jeunesse, les orientations sont axées autour de l’éducation et de la "co-éducation". Le parlement des
enfants, les ateliers « aides aux devoirs » témoignent de la confiance qu’accorde la municipalité aux
animateurs du PAJ qui ont en charge l’ensemble de ces actions. Malheureusement, nous devons
souligner le fait, que toutes ces actions sont essentiellement axées autour du public 8-14 ans.
38
LE PROTOCOLE EXPERIMENTAL
ETAPE 1 : Rencontre avec les jeunes. ETAPE 1 : Rencontre avec les jeunes.
ETAPE 3 : Rencontre avec l'élue jeunesse. ETAPE 3 : Rencontre avec l'élue jeunesse.
39
la technique du pied dans la porte ici consiste pour le jeune à réaliser un acte préparatoire
(répondre au questionnaire). Cet acte préparatoire peu coûteux pour l’individu va en réalité
avoir une incidence sur son comportement futur et de fait permettre l'engagement (venir à la
réunion).
La technique du toucher (serrer la main du sujet) permet d'amorcer l’échange et faire la
requête.
La technique du pied dans la porte avec étiquetage, consiste ici à étiqueter positivement
l'individu en le remerciant de son engagement pour la commune, et l'affichage public de son
engagement par le carton. « Merci de ta participation, ce que tu fais est vraiment bien pur
ta commune ».
La technique du double pied dans la porte, est un acte qui est rendu visible par la
photographie et l’article écrit, qui est par la suite mis en ligne sur le compte Facebook du
PAJ auquel l’ensemble des jeunes a accès. Le caractère public et visible de l'action renforce
la notion d'engagement.
L'engagement collectif ici va permettre de renforcer l'engagement de chaque individu et
favoriser une dynamique collective.
(*) VD1 (variable dépendante 1): données quantitatives permettant de compter le nombre de
jeunes présent à la réunion.
(**)VD2 (Variable dépendante 2) données quantitative permettant de compter le nombre de
jeunes qui prennent l'engagement d'aller rencontrer l'élue à la jeunesse.
Pour le groupe contrôle, nous utilisons les canaux de la communication classique avec comme
support le "flyer" et les temps d’échanges collectifs ou individuels.
L'étape 1 rencontre avec les jeunes,
Diffusion de "flyers".
Affichage.
L’action de distribution des "flyers" a été prévue sur le lycée de la commune, ainsi que les lieux de
regroupement naturel des jeunes (aires de jeux, parking...). L’équipe expérimentale (l’étudiant-
chercheur et le technicien) a proposé aux jeunes, par le biais du "flyers", un temps de réunion sur la
structure jeunesse, pour la présentation du projet «conseil de jeunes». L'action a été pensée, le
mercredi car seule cette journée est libérée pour les jeunes, qui sont scolarisés. Le support distribué
est un "flyer", qui a été crée spécialement pour l'occasion, il se présente sous la forme d'une
question sur l'âge et l’appartenance à la commune. Le format est volontairement petit pour ne pas
40
encombrer le jeune à sa sortie du lycée, et afin qu'il puisse le lire rapidement. Soixante exemplaires
ont été édités et distribués. A la fin de la journée, les quelques exemplaires restant ont été stockés
sur la structure jeunesse et mis à disposition du public.
VD1
La réunion a été programmée le vendredi soir, soit deux jours après la distribution des "flyers". Ce
délai a volontairement été choisi, ceci afin de ne pas laisser trop de jours courir entre les deux
actions, et ainsi minimiser le risque d'une baisse de la mobilisation des jeunes. La réunion s'est
tenue au Point Accueil Jeune à 19H00, soit une heure après la fermeture de la structure, afin que les
usagers quotidiens de la structure ne se mélangent pas avec les jeunes venus spécialement pour la
réunion. La réunion de présentation du conseil, de type informatif, prend la forme d'une
présentation ludique et technologique (Power Point et rétroprojecteur). La part des questions-
réponses a été réduite, car la communication est exclusivement descendante de telle sorte que le
jeune soit « agentisé », c’est à dire sans interagir.
Ce qui va être analysé pour notre étude, est la « Variable dépendante 1 » qui correspond au nombre
de jeunes qui se sont effectivement rendu à la réunion de présentation, suite à l'acte de distribution
des "flyers" deux jours plus tôt. Cette donnée nous permettra de vérifier l'impact d'un tel mode de
communication.
VD2
Les outils qui ont été utilisés pour cette condition expérimentale.
Un "flyer", dont l'objectif est de créer une accroche visuelle pour inviter le jeune à la
réunion de présentation36.
Un diaporama de présentation comme support de communication orale, est sous forme
ludique et technologique, pour susciter l’intérêt des jeunes. Le diaporama présente la
définition d'un conseil jeune, ses objectifs encourus, le public cible, la méthodologie de
participation, le processus d’élections, et l'animation du conseil37.
Pour le groupe test, nous allons utiliser le concept de la communication engageante avec les
techniques ajoutées et empruntées aux théories de l'engagement, le toucher avec requête, le pied
dans-la-porte, l’étiquetage du sujet, le double pied dans la porte et l'engagement collectif. La
démarche protocolaire est similaire à celle de l’autre structure, à savoir la rencontre de jeunes pour
les engager à venir assister à une réunion de présentation, puis susciter leur engagement pour une
présentation devant l’élue.
Diffusion du questionnaire.
Signature et remplissage du carton.
Signalétique de l'engagement
visible au PAJ.
L’équipe expérimentale, est allée à la rencontre des jeunes, l'objectif étant de leur faire remplir un
questionnaire, qui porte sur leurs loisirs, leurs connaissances de la politique locale (nom du maire,
de l’élue jeunesse) et de leur implication passée ou présente (délégué de classe, élus du parlement
36
Annexe n°1
37
Annexe n°2
42
des enfants...). Le questionnaire a préalablement été testé sur un groupe de jeunes, dans les mêmes
conditions d'âges mais sur une commune voisine. Ce questionnaire assez bref (8 questions), n'est en
réalité qu'un prétexte pour permettre l'engagement de l'individu, en effet, en reprenant la technique
du pied dans la porte il est possible d'obtenir de la part du sujet un comportement attendu à
condition qu'on l’ait préalablement préparé par un acte peu coûteux dit engageant. La technique du
pied dans la porte, a été mis en exergue par Freedman et Fraser en 1966. Elle montre qu’il suffit
d'obtenir un acte peu coûteux pour l'individu (l'acte préparatoire) avant d'en solliciter un second plus
difficile à obtenir (comportement attendu). Un exemple peut être cité par une expérimentation que
nous avons en mémoire, sur les ménagères américaines et leurs habitudes de consommation. Les
ménagères devaient répondre à un ensemble de questions par téléphone (acte préparatoire) avant
d’être de nouveau sollicitées quelques jours plus tard par les mêmes enquêteurs, et d’accepter de
recevoir à la maison une armada de chercheurs ayant la permission de tout fouiller (tiroirs,
placards). Les résultats montrent que les ménagères ayant exécuté un acte préparatoire, furent deux
fois plus nombreuses que les autres à accepter la requête des chercheurs.38
Au préalable, avant toute requête, il est nécessaire d’amorcer le sujet. Pour ce faire, nous avons
utilisé la technique du toucher avec requête qui consiste à poser la question de savoir si le jeune est
issu de la commune. Dans le cas d'une réponse positive, l'étudiant chercheur tendait la main (pour
pouvoir toucher l'individu), et ainsi faire sa requête ; à savoir si le jeune acceptait de bien vouloir
remplir le questionnaire. En effet, le simple fait de toucher un individu permet d’observer un
comportement (qui peut être attendu ou pas). Gueguen (2001) réalise une expérience, où il laisse
quelques pièces de monnaie sur une tablette de cabine téléphonique. Son objectif, était de calculer
le taux de retour des pièces de monnaie en situation de contrôle (demande simple), et en situation
test (demande avec toucher). Dans la situation de demande simple, le taux de retour est de 28%,
alors que dans le même temps dans une situation de demande avec toucher, le taux passe à 47%.
Ces résultats montrent que l'effet du toucher à une incidence significative sur le comportement de
l'individu39. Cette technique de formulation de la requête agit sur le contexte émotionnel et cognitif
du sujet en effet « le toucher est ainsi supposé créer un contexte d'intimité et affecter l'humeur »40
Joule et Beauvois p159. Ceci doit permettre d'augmenter la probabilité de l’adoption d’un certain
comportement de la part du sujet, qui est une soumission à la requête, et qui pour notre étude
consiste à répondre à un questionnaire. Il est nécessaire de rappeler, que selon Beauvois et Joule
(1998,2002)41, l'acte ne devient engageant pour l’individu que lorsque certaines conditions
38 « Psychologie de la communication et persuasion. Théories et application » Claude Chabrol, Miranu Radu, De Boeck
39
« Petit traité de manipulation à l’usage des honnêtes gens »,Joule et Beauvois, PUG, 1998.
40
« Petit traité de manipulation à l’usage des honnêtes gens », Joule et Beauvois, PUG, 1998.
41
« Petit traité de manipulation à l’usage des honnêtes gens », Joule et Beauvois, PUG, 1998 et « La soumission librement consentie», Joule
et Beauvois , Paris, 1998, P.U.F.
43
fondamentales sont réunies. Un acte de liberté pure, une réalisation publique et un caractère
univoque ou non ambigu, irrévocable, définitif, et répétitif de l'acte. Joule (2002) dit « le sentiment
de liberté était donc, certes, au service du manipulateur, mais il était en vue d'un engagement dans
un premier acte, peu coûteux, prédisposant la personne à en réaliser ultérieurement d'autres, plus
coûteux »42. Pour atteindre nos objectifs, le simple fait de remplir un questionnaire pour le sujet
n'est pas en soit un acte engageant si une condition nécessaire telle que le caractère public n'est pas
remplie. Pour ce faire, à la fin du questionnaire le sujet devait répondre à la question de savoir s’il
s’engageait à venir à la réunion de présentation du conseil jeune. De plus, il devait de surcroît signer
le questionnaire pour que la condition de liberté soit remplie. Enfin, dans le cas d'une réponse
positive, il devait remplir un carton où figurait la mention suivante « MONSIEUR X,...ans
s'investit dans sa commune et fera parti (e) du groupe de réflexion pour la création
du 1° conseil jeune de la commune »43. Ce carton fut par la suite affiché sur les panneaux du
PAJ afin de faire connaître à l'ensemble des usagers l'engagement pris par monsieur X et de
renforcer le caractère public de l'acte.
La réunion de présentation du conseil jeune est la même que pour celle de l'autre groupe. Elle est
une présentation sous forme ludique et technologique. La différence ici réside dans le fait, que les
jeunes ne sont pas « agentisés », au contraire, ils interagissent tout au long de la réunion en pouvant
poser des questions, et susciter du débat. Il est à noter, que les conditions expérimentales, sont les
mêmes que pour la commune X, à savoir une réunion organisée deux jours après l'acte
d'engagement. Une fois le temps de présentation et de débat achevé, nous utilisons la technique du
double pied dans la porte, consistant ici, à renforcer le caractère public de l'acte. Cette technique
étant garantie par, dans un premier temps, la prise d'une photographie de la réunion, et dans un
second temps la publication de cette dernière accompagnée d'un article sur la page du réseau social
42
« Petit traité de manipulation à l’usage des honnêtes gens », Joule et Beauvois, PUG, 1998.
P.160
43 Annexes n°3
44
utiliser par les jeunes du PAJ. Le dernier temps de la réunion, est un travail collectif des jeunes pour
une demande de rendez vous avec l'élue en charge de la jeunesse. Les jeunes avaient décidés
d’écrire, une lettre sous format électronique où ils se présentaient, et faisaient leur demande de
rendez vous. Ce travail collectif d'une durée de 10 minutes, sans la présence d’adultes, doit
permettre de favoriser un engagement collectif. En effet, Bernard (2007) 44 montre que la
communication engageante favorise 3 passages :
Le passage de l'engagement individuel à l'engagement collectif.
Le passage du sens individuel vers des significations et valeurs partagées.
Le passage d'un espace temps d'un projet de recherche en action à l'espace temps de la
pensée institutionnelle environnementale.
Les données qui vont êtres analysées pour notre étude, sont « la variable dépendante 1 », qui est le
nombre de jeunes qui sont réellement venus sur la réunion de présentation, suite à notre action
engageante du questionnaire.
VD2
Cette étape fait suite à la réunion de présentation et l’engagement pris par les jeunes d'aller à la
rencontre de l'élue, symbolisée par l'acte d’écrire un courriel. Les données qui pourront être
analysées par la suite sont « la variable dépendante 2 », qui correspond au nombre de jeunes qui se
sont réellement présentés devant l'élue.
Les outils qui ont été utilisés pour cette condition expérimentale.
Le questionnaire engageant.45
Le carton qui sert à symboliser l'engagement et qui est affiché sur les murs du PAJ46
L'outil informatique pour l’écriture du courriel pour la demande de rendez vous auprès de
l'élue en charge de la jeunesse.
Un diaporama de présentation, sous forme ludique et technologique.
ETAPE 1 : Rencontre avec les jeunes. ETAPE 1 : Rencontre avec les jeunes.
ETAPE 3 : Rencontre avec l'élue jeunesse. ETAPE 3 : Rencontre avec l'élue jeunesse.
47
Une analyse plus détaillée doit être apportée sur les réponses des jeunes.
46
9.1- Résultats du groupe contrôle.
Les résultats du protocole expérimental qui portent sur la différence entre les effets de la
communication simple et de la communication engageante montre une différence. Ces résultats
vont nous permettre de poser une interprétation et une analyse.
Sur la commune X où nous avons utilisé les techniques de la communication simple, nous avons
distribués 60 flyers aux abords du lycée, et sur tous les lieux de regroupements naturels des jeunes
de la commune. Ces flyers invitaient les jeunes à venir participer à une réunion de présentation du
projet conseil jeune. Pour rappel, cette journée de distribution à été programmée un mercredi, car
c'est une journée libérée pour les jeunes scolarisés, et de surcroît, la réunion de présentation était
prévue le vendredi soir suivant. Ce laps de temps assez court, a volontairement été choisi pour ne
pas courir le risque d'une baisse de la mobilisation des jeunes. Les tracts qui n'ont pas été distribués
le mercredi, ont été stockés sur le PAJ, en libre accès pour permettre une plus large diffusion de
l'information et ce jusqu'au vendredi. Sur les 60 flyers distribués, nous avons eu 0 jeune présent à la
réunion d'information.
Aux vues du résultat, notre expérimentation s'est arrêtée à ce stade, puisque pour rappel nous
devions évaluer la Variable dépendante 1 (le nombre de jeunes présents a la réunion). Suite à cette
réunion de présentation, nous devions analyser la Variable dépendante 2 (le nombre de jeunes
présents lors de la rencontre avec l'élue). A partir du moment où la Variable dépendante 1 est de 0,
nous ne pouvons pas poursuivre l’expérimentation.
9.2-Analyse.
Ce résultats net et sans appel, nous montrent bien que les jeunes n'ont pas été engagés par notre
flyer et par conséquent ils ne se sont pas déplacés. Nous avons pu constater, que les jeunes ont
rapidement lus la communication avant de la ranger dans le sac ou tout simplement de jeter à la
poubelle.
Nous devons aussi analyser la présence du technicien du PAJ qui aurait pu jouer un rôle engageant,
en effet, sa présence nous assure une certaine légitimité pour l'expérimentation. De part sa
connaissance du territoire, et sa connaissance des jeunes, nous aurions pu imaginer que ce facteur
aurait un effet engageant pour les jeunes. Visiblement, il n'en fut rien. Enfin, le choix de l'heure de
la réunion peut avoir joué un rôle dans les résultats. En effet, nous avions volontairement choisis
une heure spécifique en dehors des horaires d'ouvertures officielles de la structure, ceci afin de ne
47
pas biaiser les résultats et de pouvoir s'assurer du fait que les jeunes qui se sont déplacés l'ont fait
avec comme seule et unique raison leur présence à la réunion d'information.
Les résultats de l'expérimentation sur la deuxième commune où l'on a utilisé les techniques de la
communication engageante et la théorie de l'engagement, sont différents que pour l'autre commune.
Dans les mêmes conditions expérimentales , nous avons distribués nos questionnaires le mercredi et
prévu la réunion d'information le vendredi, soit 2 jours plus tard. La distribution s'est étalée sur la
journée aux abords du lycée et sur tous les lieux de regroupements naturels des jeunes. Nous avons
utilisé des techniques de la théorie de l'engagement, comme celle du toucher avec requête (ici le fait
de tendre la main), la technique du pied dans la porte, la technique de l'étiquetage. Pour rappel,
l'intérêt du questionnaire ne réside pas dans les réponses apportés par le jeune, mais bien dans le fait
qu'il constitue un acte préparatoire permettant l’inscription dans une certaine ligne de conduite.
Les résultats sont à analyser de façons différentes du groupe contrôle, car plusieurs réponses ont été
apportées par les jeunes.
Sur les 27 questionnaires remplis, nous enregistrons 8 refus, 10 réponses positives (où l'engagement
des jeunes fut impossible pour cause de départ en vacances, activités sportives ou simplement une
absence le jour de la réunion). Enfin, 9 jeunes se sont montrés intéressés par le projet et se sont
engagés à venir à la réunion. Il est intéressant ici de noter que 10 jeunes se sont montrés intéresses
mais qu’ils n’ont pas pu venir sur la réunion pour cause d'empêchement. Ces résultats doivent être
analysés, notamment sur le choix retenu de la réunion qui a été fixée le vendredi, précédant les
vacances de printemps. Ces résultats constituent un biais à notre expérimentation, et nous
essayerons plus tard dans notre analyse d'évaluer cet impact. Il n'est pas impossible d'avancer, que
le choix d'une autre date, ou de différentes dates aurait un autre effet, une hausse de l’engagement
des jeunes.
48
LES RÉSULTATS DE LA VARIABLE DÉPENDANTE 2.
Sur les 9 jeunes qui s'étaient engagés à venir à la réunion, 4 se sont réellement déplacés. Nous
souhaitions, que cette réunion soit de type implicative et active, pour ce faire, nous avons
volontairement suscité du débat pendant la présentation d’un diaporama du conseil jeune. Le groupe
était composé de trois filles et un garçon. A la suite de la réunion, les jeunes ont travaillé
collectivement et sans la présence d'adultes référant sur un courrier adressé à l'élue en charge de la
jeunesse. Ce courrier leur à permis de se présenter et de demander à l'élue un rendez vous.
Rappelons que pour Bernard (2007) la communication engageante permet le passage d'un
engagement individuel à un engagement collectif, c'est cet engagement collectif précisément, que
nous avons pu analyser par la suite.
Enfin, une réunion de présentation entre les jeunes et l'élue a été organisé (Trois semaines après la
demande de rendez vous). Les 4 jeunes qui s'étaient engagés à rencontrer l'élue et qui avaient
rédigés le courrier, étaient présents ce jour. De plus, deux autres jeunes, se sont également rendus à
cette entrevue. Ces jeunes là, n'avaient pas au préalable remplis notre questionnaire et échappent de
fait à notre expérimentation. Toutefois, nous pouvons noter qu'une dynamique sur la commune s'est
créée et que par conséquent les effets de l’engagement et de la communication ont semble-t-il
exercé une influence.
Dans ce cadre précis, nous devons mettre en lumière, le lien étroit qui existe avec le technicien. Ce
lien est une condition vitale pour la réussite de l'expérimentation. Nous pouvons distinguer trois
phases bien distinctes de ce lien naissant, une phase en amont, une phase dans le pendant et une
phase en aval de l’expérimentation.
La première phase dite en amont, est constituée de la rencontre avec le technicien, elle
permet une explicitation du sujet d’étude. Il est important que le technicien comprenne bien
l’intérêt de l’expérimentation, car son adhésion doit être totale afin de ne pas générer des
freins. De plus, le technicien de part sa connaissance du territoire et des élus doit favoriser
l'inclusion du chercheur sur le terrain d'expérimentation.
49
La seconde phase, se concentre dans l'action elle même, où l'implication du technicien
joue un rôle central. En effet, sa connaissance du territoire permet la rencontre avec les
groupes de jeunes visés, elle permet également, le repérage des lieux de rencontres des
jeunes (aires de jeux, jardins publics, parking). De plus, il est le garant de la connaissance
des us et habitudes des jeunes en termes de déplacements, heures de migrations (clubs de
sports, associations locales...). Enfin, sa présence permet d'amorcer le dialogue avec les
jeunes, en favorisant un climat sécurisant pour ces derniers, et une légitimité pour l’étudiant
chercheur.
Il semble important de noter en premier lieu, que l’intérêt d'un tel mémoire réside dans sa démarche
praxéologique. L'hotelier et Saint Arnaud (1994), nous en donnent la définition suivante, « une
démarche construite (visée, méthode, processus) d'autonomisation et de conscientisation de l'agir (à
tous les niveaux d'interaction sociale) dans son histoire, dans ses pratiques quotidiennes, dans ses
processus de changement et dans ses conséquences»48. L’intérêt de cette démarche est qu'elle à un
impact direct sur le terrain d'action. Cela revient à dire que c'est la science qui se met au service des
problématiques de terrain. Des chercheurs ont travaillé sur cette notion de recherche appliqués et
nous délivrent la différence qu’il peut exister entre la recherche/science dit fondamentale (pure) et
la recherche/science appliquée49 Ackoff (1962) et Campbell (1952), nous suggèrent que la
différence entre les deux, résulte des résultats. Ceux de la recherche fondamentale vont m’intéresser
que les chercheurs eux-mêmes par, tandis que ceux de la recherche appliquée offre la résolution à
48
« Pour une démarche praxéologique » (Revue : Nouvelles pratiques sociales, Volume 7, numéro 2, automne
1994, p. 93-109), Arnaud L'hotellier et Yves St-Arnaud, Les Presses de l’Université du Québec, 1994
49
« Extrait du discours », Ewa DROZDA-SENKOWSKA, 7° colloque de psychosociologie appliquée, ADRIPS,
RENNES (2005).
50
un problème et que par conséquent l’intérêt d’une telle recherche réside dans sa finalité qui apporte
des infos ou des directives sur la façon d’atteindre un objectif, ou sur sa façon de l’optimiser. Simon
(1969) pense que la recherche appliquée à un objectif de changement qui s’appuie sur sa
conception. Pour lui, penser le changement c’est le concevoir et donc passer par une phase de
construction du projet. La recherche appliquée serait une science de projet en tant que condition de
l’efficacité d’action. A la lumière, de ces éléments, nous pouvons affirmer dans le cadre de notre
étude que nous sommes bien dans une recherche appliquée. En effet, notre protocole à un intérêt
praxéologique, puisque il apporte une solution à un problème qui émane du terrain. Ce problème,
fait suite à la commande qui se base sur l’offre idéale de jeunesse et la carence de l’effectif 14-17
ans sur la structure de la commune Y. Notre recherche appliquée qui s’appuie sur les théories de
l’engagement et de la communication engageante est une nouvelle conception de la communication
pour les structures jeunesses dans la diffusion d’une politique jeunesse et l’engagement des jeunes.
Comme nous l’avons démontré par les résultats de notre protocole expérimental, l’utilisation de la
théorie de l’engagement et de la communication engageante semble pertinente et adaptée. Le simple
fait d’engager la personne, nous permet d’obtenir un comportement en réponse (comportement
attendu ou pas). Joule un des principaux chercheurs français qui a travaillé sur ces concepts nous le
démontre par ces études et expérimentations. Les effets de la communication engageante se font
sentir au niveau individuel et collectif, nous pouvons citer en exemple son étude sur les gestes éco-
citoyens et le développement durable qui a fonctionné à grande échelle (ville de moyenne
importance du sud de la France)50. De fait, nous pouvons tout à fait adapter ces techniques à notre
champ d’action qui est l’éducation non formelle, l’animation jeunesse et l’animation
socioculturelle. Les pratiques de bons nombres de techniciens sont souvent similaires à savoir un
empilement d’activités et de projets pour répondre au mieux à la commande passée par les
collectivités territoriales. Pour les communes, l’intention politique de pérenniser une offre jeunesse
sur un territoire est souvent axée sur des attentes autour de « la paix sociale ». Par conséquent, on
pourrait avancer que pour bon nombres d’élus, une politique jeunesse efficiente serait une
politique qui ne se voit pas, car elle serait l’assurance que les jeunes sont bien encadrés, et
identifiés sur une structure. Rappelons, que le modèle représentatif de la jeunesse qui prévaut est
50
Joule R.V. & Bernard, F. (2007). Communication engageante et écologie : expériences pilotes dans le sud de la
France. La Revue Durable, 23, 39-42.
51
celui d’une jeunesse en danger et fragile au sens de Guérin Plantin51. Les associations d’éducations
populaires, malheureusement n’échappent pas à ce constat et se contentent d’apporter les réponses
les plus adaptés aux choix politiques des commanditaires. Le facteur économique, prévaut sur
l’intention éducative et la conséquence logique est une mise en concurrence de ces associations par
le jeu des marchés publics et des appels d’offres. L’Homme n’est plus forcement au centre des
questionnements, mais représente une entrée financière. Concrètement sur le terrain, les structures
jeunesses tentent de s’adapter et s’efforcent de proposer des actions sans réelles réflexions sur le
sens, ni sur les points forts et les points faibles. Les pratiques au quotidien des techniciens, ne sont
pas sources d’innovation, en effet la communication est toujours la même c'est-à-dire descendante
et le jeune n’est qu’un récepteur passif. Le résultat de ce genre de pratiques, est le même que celui
que nous avons obtenu sur la commune X, à savoir une communication qui a peu d’effet, et des
jeunes peu ou pas engagés et qui par conséquent adoptent des attitudes consuméristes.
Les pistes d’actions que nous proposons, reposent sur des concepts assez novateurs, et utilisent les
principes de la communication engageante et les théories de l’engagement comme fondement de
base. Ces théories reconsidèrent par le même temps le statut des jeunes dans les politiques locales et
leur mise en œuvre.
Notre première piste de réflexions repose sur les fondements de la Ligue de l’Enseignement elle-
même. En effet, sa force réside dans son projet associatif et la diversité des champs d’actions dans
lesquels elle intervient. La Ligue 31 possède différents services, mais deux spécifiquement
travaillent sur la jeunesse et la dynamique jeunesse, malheureusement force est de constater que
chacun travaille de son coté et qu’il n’existe pas de transversalité entre les deux. Notre piste
d’action justement fait de la transversalité des services une préconisation. En effet, l’idée de
création d’un conseil jeune sur un territoire est intéressante dans le fait qu’elle pose l’intention
politique que la Ligue souhaite diffuser sur les territoires. Faire du jeune le citoyen de demain est un
des préceptes de l’éducation populaire. Lors des réponses à appels d’offres lancés par les
communes qui souhaitent s’attacher les services de la Ligue pour la gestion des structures jeunesses,
nous pourrions répondre à leurs demandes sur trois entrées distinctes :
Un volet technique : Mise en place d’un technicien formé, la gestion d’un équipement, la création
d’activités, la mise en place de projets et clubs.
51
« Genèses de l’insertion : L’action Publique Indéfinie », Chantal Guerin-Plantin, Paris, 1999.
52
Un volet politique : L’installation d’un conseil jeune, une agora ou toutes autres formes de
participation collective des jeunes.
Un volet éthique : Les valeurs qui animent les actions et les structures qui les portent.
L’objectif de cette double entrée, est d’avoir une présence politique et technique sur le territoire.
Dans ce sens, la déclinaison de la politique jeunesse se ferait par les jeunes eux-mêmes, en effet
le conseil jeune (ou toutes autres dynamique collective) pourrait jouer le rôle de garant politique
de la structure jeunesse. L’ensemble des actions et des projets montés par les équipes
d’animations seraient travaillé conjointement avec les jeunes de l’espace politique et seraient
une émanation directe des besoins et des problématiques des jeunes du territoire.
Nous pouvons imaginer que l’utilisation de la communication engageante pourrait servir à
engager les jeunes sur la démarche politique (conseil de jeune…) et par conséquence logique les
engager sur les activités de la structure jeunesse. Véronique Bordes (2004) nous dit que « les
conseils locaux pourraient donc être cet espace de paroles où les jeunes exprimeraient leurs
envies et leurs idées, où le politique serait enfin à l’écoute de la jeunesse »52. Cette idée doit être
reprise car effectivement elle permet d’offrir au jeune un espace d’expression. Le fait d’y
accoler la partie technique (l’ancrage sur la structure jeunesse) nous permet de passer du
dialogue aux actes, de l’intention à la réalisation. Enfin, ces réponses sont les meilleures
garanties de la mise en œuvre d’une politique jeunesse générée par les jeunes eux-mêmes et non
dictée par les adultes.
La seconde pistes pour l’action peut se dénommer une politique en marchant. Généralement quand
une fédération ou une association à en gestion une structure jeunesse c’est qu’elle a répondu à un
appel d’offre et qu’elle doit s’en tenir au strict respect du cahier des charges voulu par la commune.
Dans les réponses que ces associations apportent, outre l’intention éducative qui est propre à
chacune d’elles, nous retrouvons très souvent les mêmes fonctionnements et les mêmes pratiques.
Ces réponses quasi identiques, reposent toujours sur le même modèle, Notre piste pour l’action ici
consiste, « à ne rien proposer », si ce n’est la nomination d’un technicien formé et spécialiste des
questions jeunesse. La politique se construit au fur et à mesure en fonction des jeunes du territoire,
52
Alternative jeunesse, Véronique Bordes, édition de l’atelier, 2004, P76
53
et de leurs besoins. Penser que les jeunes sont tous les mêmes est une erreur, nous avons pu
observés qu’aux travers de nos PAJ, les objectifs poursuivis sont très différents. Sur la commune X
c’est l’accompagnement du jeune dans sa globalité qui prime (accompagnement dans ses loisirs,
accompagnement dans sa recherche de stage d’emploi et accompagnement dans sa construction
interne). Sur la commune Y, les objectifs sont orientés sur la valorisation d’actions jeunes
(association hip-hop, projet sportif), et la prise en compte d’un jeune public (8-12ans) par
différentes actions et dispositifs (ateliers aides aux devoirs, parlement des enfants).
Lors de l’entretien du début de stage, le technicien de la commune X, nous avait confié que son
but est de faire « des jeunes en devenir de meilleurs adultes que nous ne sommes aujourd’hui »53.
Cette idée certes un peu idyllique voire utopiste, nous montre à quel point le jeune doit être la
question centrale de nos métiers. L’innovation ici consiste à ne rien proposer aux élus, si ce n’est la
promesse de la mise en place d’une politique qui est l’émanation des besoins et des réalités des
jeunes. Bordes (2004), nous dit que « la jeunesse est le temps de l’expérimentation, du tâtonnement
en essais, le jeune se construit pendant ce laps de temps difficile à délimiter, car il est lié au trajet
social de chacun. La jeunesse reste cette période particulière faite d’apprentissage, d’échanges et de
création »54. Ce que nous devons retenir de cette idée, et que nous devons largement diffuser dans
nos pratiques au quotidien de surcroit pour des mouvements de transformation sociales comme les
nôtres. La jeunesse doit être anticipée par son côté prometteur, qui est un pari sur l’avenir. Par
conséquent il serait bon de lui poser la question, car elle-même sait ce qu’elle souhaite. Le recours
aux techniques de la communication engageante et de la théorie de l’engagement est une alternative
pertinente. En effet, ces techniques nous garantissent que l’engagement des jeunes est réel et motivé
et que par conséquent la politique qui voit le jour a toutes les chances de bien fonctionner car elle
aura été co-construite par un collectif de jeunes engagés.
53
P Khattou, communication personnelle, Février 2012.
54
Alternative jeunesse, Véronique Borde, édition de l’atelier, 2004, P.22
54
Un manque de compréhension de l’intérêt praxéologique de la recherche de la part du
technicien de la commune Y
Un manque d’investissement de l’équipe d’animation du PAJ de la commune Y.
Un mauvais de choix dans la date de la réunion de présentation (Le vendredi précédant les
vacances de printemps). Nous aurions dut proposer plusieurs choix au jeunes.
Toutefois, nous pouvons observer qu’une réelle dynamique s’est créée sur la commune, deux
réunions entre l’élue et les jeunes ont déjà étés organisées, et l’éventualité de la création d’un
conseil jeune n’est plus à exclure. Les effets de l’engagement se sont démontrés puisque sur 9
jeunes engagés 4 se sont mobilisés pour la réunion, et 6 se sont rendu au rendez vous avec l’élue.
Notre protocole pourrait se poursuivre dans le temps, et nous pourrions analyser un 3 iéme variable
(Variable Dépendante 3) qui serait constitué des résultats de la persistance de l’engagement dans le
temps, au travers de la fréquentation à plus ou moins long terme des jeunes engagés par notre
protocole. Cette analyse ne peut se faire que sur du moyen terme, et nous ne pouvons en faire état
dans ce mémoire. A la question de départ qui consistait à savoir si « l’offre idéale d’une politique
jeunesse au sens d’une fédération d’éducation populaire comme la Ligue de l’Enseignement, ne
serait elle pas une offre réellement co-construite avec les jeunes eux-mêmes ? » nous aurions
tendance à répondre par l’affirmative. Comme nous avons pu l’observer, une politique jeunesse
n’est pas uniforme sur les territoires et dépend du contexte local, des jeunes, des élus et des
techniciens. L’offre idéale peut passer par une triangulaire (décrite dans la problématique)
composée des élus, des jeunes et des techniciens, où la communication engageante et la théorie de
l’engagement serait le socle de la mise en œuvre des actions.
55
La triangulaire d’une offre idéale jeunesse :
JEUNES
Utilisation de la
Communication
Engageante
Démarche d’appropriation
de la politique jeunesse par
les jeunes eux-mêmes basée
sur la théorie.
TECHNICIENS ELUS
56
CONCLUSION.
La théorie de l’engagement définit par Kiesler et Sakumura nous dit que c’est « le lien qui unit
l’individu à ses actes comportementaux », l’idée qu’il faut retenir de cette théorie est qu’il existe un
lien de causalité entre les facteurs internes et externes de l’individu. Les actes, que nous réalisons au
quotidien sont composés par des éléments comme la croyance, l’idéologie, ou la psychologie ce
sont les facteurs internes. Ces actes, ont des conséquences sur notre environnement et sur
l’ensemble des autres individus qui nous entourent (facteurs externes).
La communication engageante nous permet de comprendre la nécessité d’engager l’individu pour le
voir produire en réponse un comportement. L’individu devient ici acteur, il est une cible. Les effets
de l’engagement peuvent se faire sentir sur du long terme et produisent chez l’individu une réponse
(un comportement) totalement inimaginable dans d’autres conditions. L’utilisation de ces
techniques, est tout à fait adaptée à notre cœur de métier où l’élément central est l’Homme. La
Ligue de l’Enseignement se revendique comme une association de « transformations sociales »,
son objectif est d’impacter la société, de faire de l’individu un meilleur citoyen, libre d’esprit et
éclairé. Cette intention louable, ne se manifeste pas forcément sur le terrain, car l’aspect
économique a pris le pas sur l’aspect humain. L’utilisation des techniques de la communication
engageante, est une vision innovante, car elle replace l’individu au centre des préoccupations et
nous assure de l’engagement de l’individu. L’offre idéale jeunesse au sens générique du terme, ne
peut exister, mais nous pouvons nous rapprocher de cette volonté par une prise de conscience
collective qui nous assure, qu’une bonne politique ne peut se faire qu’avec les jeunes eux-mêmes
car eux seuls savent ce qu’ils souhaitent. La communication engageante ne serait dans ce cas qu’un
outil qui permettrait au jeune de verbaliser son intention et ses besoins.
De plus, nous avons pu observer que cette recherche a un intérêt praxéologique pour le terrain, les
problématiques auxquelles sont confrontées les techniciens nous ont permis de créer un protocole,
d’analyser les résultats et de proposer des pistes pour l’action. La difficulté pour nous a résidé dans
l’incompréhension du technicien et par conséquences par son manque d’investissement. Gillet55,
pense que la recherche consiste à craquer une allumette dans une salle sombre, ce qui nous permet
pendant un laps de temps d’apercevoir un bout de la vérité, puis de recommencer. 56Cette approche
est très intéressante, car elle nous permet de comprendre que la recherche est en perpétuel
mouvement et que son intérêt réside dans sa continuation et non dans sa résolution.
55
Professeur honoraire des universités, membre associé au laboratoire ADES-CNRS
56
« Communication personnelle » Colloque professionnel du 10 mai 2012 à l’université de Montauban
57
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WEISS Karine, G. F. (2010). Psychologie et devellopement durable. Paris: In press.
58
Annexe n° 1
Le Flyer
59
Annexes n°2
60
Annexes n°3
…................................................ ans
S’investit dans sa commune et fera parti (e) du groupe de
réflexion
pour la création du 1° conseil jeune de ……………..
61
Annexes n° 4
NOM...................................................... PRENOM..........................................................
AGE............... SEXE M F
…............................................................................................................................................................
................................................................................................................................................................
…............................................................................................................................................................
................................................................................................................................................................
Chantier jeune
Séjour
Projet
62
Autre
Spécifie...................................................................................................................................................
................................................................................................................................................................
OUI NON
Conseil jeune ?
Autre ?....................................................................................................................................................
................................................................................................................................................................
10-Si oui est tu d'accord pour venir à la réunion d'information qui se tiendra le Vendredi 6 Avril à
19H00 au PAJ de ………….. ? O UI N ON
Tes réponses te donnent droit à ce carton qui sera affiché sur les portes du PAJ afin que tout le
63
monde puisse voir ton implication et engagement pour la commune de …………………..
Signature....................................................................................................................
Annexes n° 5
…................................................ ans
S’investit dans sa commune et fera parti (e) du groupe de
pour la création du 1° conseil jeune de ……………..
64
65