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Application de la prospection

géomagnétique pour l’interprétation


géologique
Exemple: Cas de l’exploitation géothermique
L’emploi des méthodes géophysiques en exploitation géothermique est un état de l’art

détaillé, et avait été établi en 1985 par Wright et al. Les méthodes les plus généralement

utilisées sont:

- Méthodes potentielles, gravimétrie et magnétisme, pour délimiter les structures et

détecter les zones hydrothermalisées,

- Méthodes électriques ou électromagnétiques (EM) pour détecter les anomalies

conductrices qui traditionnellement marquaient la présence de fluides à haute

températures ou de minéraux hydrothermalisés.


1- Méthodes géophysiques appliquées à la reconnaissance des systèmes géothermiques haute

température

 Les méthodes géophysiques pouvant être utilisées pour la reconnaissance des systèmes

géothermiques de haute température sont nombreuses (Wright et al., 1985).

 Pour évaluer comment et dans quelles conditions d’environnement géothermique, ces

méthodes peuvent et doivent être utilisées. Il est nécessaire de discuter les caractéristiques

générales et schématiques des systèmes géothermiques tels qu’ils sont universellement

acceptés. Le cas des environnements volcaniques, par exemple.

 Cette réflexion conduit à définir les différents types de cible géophysique qui peuvent être

recherchée dans différents environnements géothermiques, de discuter la pertinence et les

limites d’application des différentes méthodes, de donner les clefs d’interprétation

géothermiques des observations géophysiques.


1-1- Modèle géophysique des systèmes géothermiques (d’après Wright & al., 1985).

 Les principaux systèmes géothermiques de haute température correspondent à des

systèmes de convection de fluides chauds, salés et réactifs en mouvement selon des

mouvements de convection.

 Un pluton intrusif dans la croûte superficielle se refroidit par perte de chaleur

conductive. Dans un milieu perméable, la convection se développe et domine le

processus de refroidissement.

 Les eaux météoriques accèdent aux grandes profondeurs , sont réchauffées par

l’intrusion.

 L’eau chaude vaporisée remonte vers la surface du fait de sa faible densité et du

gradient hydraulique crée par les eaux froides à l’extérieur de la colonne chaude.

 En se rapprochant de la surface, les fluides se refroidissent et deviennent plus denses .


 La majeure partie de l’eau et de la vapeur des systèmes hydrothermaux provient des eaux

météoriques.

 En se déplaçant dans les réservoirs souterrains, la composition des fluides est modifiée par

dissolution des minéraux primaires et précipitation d’assemblages secondaires.

 Les fluides s’enrichissent en NaCl et s’appauvrissent en Mg.

 Les salinités peuvent varier de moins de 10 000ppm dans des environnements volcaniques à

plus de 250 000ppm dans des bassins sédimentaires particulièrement salés.


Modèles
géologiques
schématiques de
système haute
température
a)strato-volcan
andésitique
b)terrains
volcaniques acides
ou bi-modaux
(d’après Wright et
al., 1985)
 Sous la nappe phréatique, argile, quartz et carbonates sont les minéraux secondaires

dominants pour des températures inférieures à 225°C.

 Chlorite, illite, épidote, quartz et des feldspaths potassiques deviennent les plus courants à

plus haute température.

 La précipitation des silicates se produit à mesure que les fluides se refroidissent.

 La perméabilité et la porosité du milieu peuvent alors être notablement réduites: le sommet

du réservoir de fluide riche en NaCl peut se colmater et son expansion vers la surface va être

stoppée.

 Toutefois, vapeur et gaz peuvent passer cette limite et interagir avec les eaux météoriques

situées au-dessus.

 Le produit de cette interaction est généralement une eau de pH neutre, riche en bicarbonate

et/ou sulfate de sodium, qui forme un réservoir géothermique secondaire.


1-2- Méthodes et cibles géophysiques.
1-2-1- Géomagnétisme.
 Pour Rappel: La prospection géomagnétique a pour objet la mesure des variations du champ
magnétique terrestre (exprimées en nanoTesla ou en Gamma) causées par des modifications
des propriétés magnétiques des structures et formations géologiques de sub-surface. Les
mesures peuvent être réalisées au sol ou à une certaine altitude au-dessus de la surface de la
terre, dans le cas des campagnes aéroportées.
 Le magnétisme d’une roche peut avoir été acquis lors de sa création ou des évolutions qu’elle
a subi par le champ magnétique ancien (aimantation rémanente) ou être induit par le champ
actuel. Dans ce dernier cas, l’aimantation est dirigée selon le champ magnétique terrestre et
lui est proportionnelle, le facteur de proportionnalité étant le susceptibilité magnétique.
 Susceptibilité et aimantation sont fonction de la teneur des roches en minéraux magnétiques
(principalement magnétite, ilménite, hématite et pyrrhotite).
 Les formations sédimentaires qui contiennent généralement très peu de ces minéraux ont
donc une susceptibilité très faibles comparées à celles des roches ignées ou
métamorphiques.
 La forme et l’amplitude de l’anomalie magnétique créée par un corps aimanté donné
varient selon:

- La géométrie du corps (forme, orientation, pendage),

- La latitude magnétique du lieu de mesure: au pôle magnétique Nord, le champ


inducteur est vertical, maximal et orienté vers le bas et les anomalies d’origine induite
sont symétriques, centrées sur les structures qui les créent et ont une amplitude
positive maximale. A d’autres latitudes magnétiques, le champ inducteur a une
inclinaison différente de 90° et il induit des anomalies bipolaires.
Anomalie d’une sphère magnétique à 45° de latitude Nord (à gauche) et au pôle
magnétique Nord (à droite) (d’après site internet de la Colorado of Mine :
http://www.mines.EDU/fs home/tboyd/GP311/
 La réduction au pôle est le calcul du champ qui aurait été mesuré au pôle magnétique Nord
sur les mêmes structures, aimantées verticalement (induites).
 Elle permet de localiser plus facilement les corps magnétiques responsables des anomalies et
de renforcer les structures dont l’effet est atténué sur le champ d’origine du fait de leur
orientation (N-S en particulier).
 L’interprétation géologique du champ réduit au pôle est donc plus facile et plus intuitive que
celle du champ magnétique mesuré.
 Les anomalies bipolaires deviennent alors des anomalies unipolaires, centrées sur les
structures qui en sont les causes.
 L’emploi de la réduction au pôle présente cependant des limitations, à savoir:
 L’existence de magnétisme rémanent ayant une direction et un sens différent de ceux du
champ actuel n’est généralement pas prise en compte par la réduction au pôle.
 Il peut en résulter des anomalies réduites au pôle décentrées par rapport à la source et non
symétriques.
 Si le champ rémanent est colinéaire, de sens opposé et plus fort que le champ actuel
(aimantation inverse), l’anomalie sera bien localisée mais de signe inversé.
Dans l’environnement des champs géothermiques haute température en milieu volcanique, on

observera des anomalies du champ magnétique réduit au pôle dans les conditions suivantes:

• Forte teneur en minéraux magnétiques principalement dans des roches basiques; en

présence du champ magnétique terrestre, ces formations vont répondre en créant des

anomalies intenses, d’origine induite, qui pour des structures verticales seront

majoritairement positives et symétriques,

• Aimantation rémanente des roches: lors du refroidissement des laves ou des intrusions, les

minéraux magnétiques cristallisent en tendant à s’aligner avec la direction du champ

magnétique terrestre existant à ce moment. Les anomalies résultantes seront généralement

bipolaires, même après réduction au pôle. Les matériaux mis en place pendant une période

d’inversion du champ magnétique terrestre pourront se manifester par des anomalies

symétriques et négatives,
• Processus d’altération chimique qui réduisent graduellement la teneur en minéraux

magnétiques des roches: la transformation de la magnétite en pyrite ou la destruction

de la magnétite du fait de l’altération hydrothermale, observées sur différents champs

géothermiques en milieu volcanique, se manifestent par des anomalies négatives ou

peu intenses,

• Remaniement des roches volcaniques dans des dépôts éluviaux, fluviatiles et marins où

les aimantations rémanentes des différents éléments présentent des directions

aléatoires: aimantation résultante est faible et les anomalies magnétiques sont peu

intense.

La réalisation de cartes d’aimantation apparente peut-être utile pour isoler les différentes

sources magnétiques, intrusions à aimantation normale, à aimantation inverse, zone

démagnétisée (selon Okuma, 1998)


Exemple de carte d’aimantation apparente du volcan Akita-Yakeyama plaquée sur un
ombrage de la topographie (d’après Okuma, 1998): comparaison avec les observations
de terrain (mesures d’aimantation et manifestations hydrothermales)
 La destruction de la magnétite par altération hydrothermale a été observée dans de

nombreux champs géothermiques, comme Taupo, en Nouvelle-Zélande ou Olkaria, au Kenya.

 Sur le système de Wairakei, en Nouvelle-Zélande, la forte atténuation des susceptibilités

magnétiques à partir de 1 km de profondeur à pu être observée par des mesures sur des

échantillons de forages (d’après Allis, 1990).

 Ces démagnétisations apparaissent dans les zones où se concentrent les remontées des

fluides les plus chauds (tels que: geysers, sources chaudes).

 La prospection magnétique pourra également contribuer à la connaissance structurale

régionale du site et aider à la cartographique géologique et à la localisation des zones de

fracture.
 Par exemple, en Islande, une prospection de magnétisme au sol a permis de localiser des
systèmes de dykes qui contrôlent la circulation des fluides géothermiques (Flovenz & al.,
2000).
Superposition de dykes localisés par prospection magnétique au sol avec une carte de
gradient thermique. On observe trois dykes convergeant vers la zone productive
(d’après Flovenz & al., 2000)
L’interprétation des gradients magnétiques révélés par le levé aéroporté réalisé sur la Dixie
Valley a permis de cartographier dans le détail de nombreuses failles superficielles
caractéristiques du système géothermique.

Gradient horizontal magnétique ombré permettant de cartographier les discontinuités


magnétiques sur le prospect de la Dixie Valley. La source avec les sources apparaît clairement.
 Les données magnétiques peuvent également être utilisées pour estimer les variations de

profondeur de la base des sources magnétiques, surface qui correspond à la profondeur à

partir à laquelle les roches perdent leur aimantation sous l’effet de la chaleur.

 Pour des roches de composition minéralogique homogène, cette surface correspond à un

isotherme, dit de Curie (Bhattacharrya & Leu, 1975, Okubo & al., 1985).

 Pour les deux minéraux les plus fortement magnétiques, la magnétite et la pyrrhotite, la

température de Curie est respectivement de 580°C et de 320°C.

 Pour les titano-magnétites et les hématites, elle est variable en fonction de la composition

chimique (de 200 à 670°C), mais lorsqu’on s’éloigne de la composition de la magnétite pure,

les aimantations des titano-magnétites diminuent très rapidement et la contribution de ces

minéraux à l’aimantation globale des roches devient faible.


Sur l’île de Kiushu au Japon, on observe une corrélation entre les plus fortes valeurs du flux de
chaleur et les plus faibles profondeurs de la surface de Curie (D’après Okubo, 1985)
Exemples de sources géothermales en
Algérie
 « L’Algérie dispose de 282 sources thermales recensées à ce jour qui offrent des
opportunités immenses pour le développement de cette source d’énergie », selon, le
ministre de la Transition énergétique et des Énergies renouvelables, Chems Eddine Chitour
(15 juin 2021).
 En Algérie, il y a des études en géothermie qui ont été menées principalement sur le Nord
algérien, (Carte Géothermique Préliminaire du Nord de l’Algérie), au 1/100 000 (M.
Abouriche et al., 1988) (S. Rezig, 1991, 1992).
 Ces études montrent que le Nord de l’Algérie compte un nombre important de sources
thermales.
 Près de 200 sources ont été inventoriées et elles sont reparties à travers tout le territoire
Nord algérien, majoritaires au Nord-Est.
 Parmi les plus importantes, on peut citer Hammam Meskoutine (98 °C) à Guelma, Hammam
Boutaleb (52 °C) à Sétif et Hammam Bouhanifia (66 °C) à Mascara.
 Trois zones à fort gradient géothermique sont mises en évidence; au Nord-Ouest, au Nord-Est
et au Centre Nord de l’Algérie, plus particulièrement dans les régions de l’Oranie, de la
Kabylie et du Constantinois.
Caractéristiques de quelques sources thermales du Nord de l’Algérie
Carte de gradient géothermique du Sud algérien
Interprétation de la carte.
La carte de flux de chaleur du Sud algérien montre que les valeurs de flux de chaleur varient
entre (60 mWm-2 et 100 mWm-2).
Donc le flux de chaleur enregistré au Sud de l’Algérie est élevé par rapport à la moyenne
mondiale qui est de 60 mWm-2.
Le flux de chaleur moyen est de 80 mWm-2. L’axe Béchar – Adrar - In Salah - Illizi est caractérisé
par un flux élevé de 100 mWm-2.
De part et d’autre de cet axe, les valeurs décroissent graduellement.
On remarque aussi quelques petites anomalies locales positives au Nord-Est. La carte de flux de
chaleur met en évidence deux zones d’anomalies distinctes:
- la zone Ouest qui présente un flux élevé de 90 mWm-2 à 110 mWm-2.
- la zone Est qui présente un flux moyen de 60 mWm-2 à 80 mWm-2.
Il est constaté:
 une concordance entre la carte de flux et la topographie de la région. En effet, on retrouve
les dépressions du grand Erg occidental et oriental bien définies à travers les zones
d’anomalies, faibles.
 Les zones hautes comme les chaînes de l’Ougarta et les affleurements du bouclier Touareg
au Sud, se retrouvent dans les zones d’anomalies élevées. Une concordance entre la
structuration et le flux de chaleur, la direction des anomalies suit relativement la direction
de la structuration du Sahara algérien.
 Les directions NW-SE et N-S mises en évidence respectivement dans la partie occidentale
et la partie orientale de la carte sont en concordance avec la direction de la structuration
dans ces régions. La partie orientale est un bassin crétacé récent qui est doté d’aquifères en
profondeur, la structure de l’aquifère est en concordance avec l’anomalie mise en
évidence dans cette région.
 une concordance entre la tectonique et le flux de chaleur. En effet la partie occidentale du
Sahara algérien était le siège des principales déformations de la phase de compression
hercynienne, ceci se manifeste sur la carte de flux de chaleur par un état thermique actuel
anormalement chaud par rapport à la partie orientale qui était plus stable sur le plan
tectonique et qui présente sur la carte de flux de chaleur un état thermique actuel
modéré.
Carte du flux de chaleur du Sud algérien (D’après D. Takherist, 1986)
La carte de gradient géothermique montre la variation latérale du gradient géothermique
dans le sud algérien
 Le Sahara algérien présente dans son ensemble un gradient géothermique moyen de

l’ordre de 4 °C/100 m. Dans la partie septentrionale du Sahara, le gradient géothermique

moyen est de 3°C/100 m. Ce dernier semble être du à l’effet de la profondeur.

 Une forte anomalie géothermique est bien mise en évidence dans partie occidentale du

Sahara dans les régions de Béchar, Béni Abbès et Timimoun.

 Le gradient, qui y est de plus de 6°C/100m, est probablement due à la tectonique intense

qu’a connu la partie occidentale de la plate forme saharienne durant l’orogenèse

hercynienne.

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