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UNION DES COMORES Examen : Baccalauréat

MINISTERE DE L’EDUCATION NATIONALE Session : 2018


Série : A1 A2 A4 C D G Stc Sti
Epreuve : Français
Coeff. : 4 5 3 3 3 3 3
Nbr pages : 2 Durée : 4 4 4 4 4 4 4
Traitez au choix l’un des trois sujets types suivants

Sujet de type I : Texte argumentatif


A peine sortis de l’école, ils continuent à parler, ont du mal à se quitter au coin de la rue.
Avant, ils faisaient le trajet ensemble. Maintenant, ils s’appellent.
Beaucoup de parents d’adolescents connaissent les mêmes scénarii, éprouvent le même agacement devant ce
temps qu’ils passent, enfermés dans leur chambre, « à parler de tout et de rien » avec leurs copains. Le portable
est pour l’adolescent un moyen d’échapper encore plus à ses parents. Quand il est à la maison et que le
téléphone vibre dans sa poche ou sonne dans sa chambre à minuit, on ne sait qui l’appelle. On peut alors tout
imaginer (« Qui peut donc l’appeler à cette heure-là ?») et les parents anxieux imaginent des choses terribles.
Les parents ont peur aussi que le jeune, à cause du téléphone, ne se concentre plus sur ses devoirs. De toute
façon, ils ne peuvent pas l’obliger à se concentrer, l’empêcher d’avoir des rêveries amoureuses. Le téléphone
lui permet de s’autonomiser par la pensée, de sortir de la maison. Les parents connaissent les mêmes disputes
autour de ces lignes indéfiniment occupées et de ces factures qui explosent à la fin du mois.
Que les parents se rassurent : qu’un adolescent soit pris de « téléphonite » aiguë est en effet tout à fait «normal
». C’est même... le signe qu’il est devenu un adolescent, si onen croit le psychiatre et psychanalyste Didier
LAURU. « Le téléphone fait un peu office de rite de passage. Quand votre enfant vous réclame un mobile et
surtout l’utilise, prévient-il, c’est qu’il entre dans l’adolescence !».
Depuis que cet outil existe, il a rencontré un gros succès auprès des adolescents, en particulier des jeunes filles.
Mais, l’époque où les adolescents se contentaient de «squatter» l’appareil familial au milieu du salon, la famille
profitant largement de leurs conversations est dépassée. Avec le développement des mobiles et autres « sans fil
», leur permettant de couper le cordon avec leurs parents, le téléphone est devenu un objet personnel, intime.
Les opérateurs l’ont compris, et ont « attrapé subtilement le marché » comme le fait remarquer le sociologue
Michel CHAUVIERE, « en envahissant l’espace adolescent... qui s’est laissé aisément capter ».
Si le téléphone rencontre un tel succès auprès des adolescents, c’est d’abord parce qu’il est à l’image de cet âge
intermédiaire où on expérimente l’indépendance, où on veut prendre ses distances par rapport à ses parents tout
en restant proches d’eux. Il s’agit d’un outil transitionnel qui permet de prendre une relative indépendance par
rapport à ses parents, tout en maintenant un minimum de liens avec eux.
Tout comme ils ont besoin de se rencontrer entre eux. « Quand on devient adolescent, explique Didier LAURU,
on a envie de parler de soi, on commence à vouloir parler avec d’autres et on a besoin de le faire. On en parle
plus facilement par téléphone parce qu’on est à l’abri du regard de l’autre et qu’on peut se dire des choses plus
intimes quand le corps n’est pas là. Et cette communication entre adolescents même si elle paraît banale,
anodine, est essentielle pour eux ».
Que le contenu de ces conversations échappe pour l’essentiel aux parents est souvent ce qui les dérange.
Certains fantasment sur ces conversations interminables, ou à répétition. Plus généralement, ils ont l’impression
(souvent justifiée, cette fois-ci) qu’ils se disent entre eux des choses qu’ils ne veulent que leurs parents
entendent. « Il est toujours un peu douloureux de sentir que leurs enfants leur échappent », souligne Didier
LAURU. Il est important que les parents fixent un cadre et des limites. Car le téléphone ne doit pas couper la
communication entre parents et enfants : il peut même l’enrichir. A condition de fixer un minimum de règle :
on ne répond pas, par exemple, au téléphone quand on discute ensemble ou pendant le repas. Les parents
peuvent eux-mêmes s’en servir pour parler davantage avec leurs enfants. Mais, ils doivent leur laisser leur
espace intime, leur jardin secret, et quand ils téléphonent dans la pénombre de leur chambre, se retirer
pudiquement, sur la pointe des pieds.
Christine LEGRAND, dans le journal « La Croix », 18 décembre 2002.
Questions. (10 points)
1. Le pronom « on » est plusieurs fois employé aux sixième et septième paragraphes. A-t-il la même
valeur ? A qui renvoie-t-il ? (2 points)
2. La peur des parents vis-à-vis du téléphone portable de leurs enfants, vous semble-t-elle justifiée ?
Expliquez. (2 points)
Baccalauréat, session 2017. Epreuve : Français Page : 1/2
3. Quelle est la thèse défendue dans ce texte ? (2 points)
4. Est-ce que les propos tenus par Didier LAURU et Michel CHAUVIERE constituent une critique ou
un réconfort pour les parents ? Expliquez. (2 points)
5. De quel type d’argument pouvez-vous qualifier les propos du sociologue Michel CHAUVIERE :
Les opérateurs l’ont compris, et ont « attrapé subtilement le marché en envahissant l’espace
adolescent... qui s’est laissé aisément capter ». (2 points)
Travail d’écriture (10 points)
Étayez l’idée selon laquelle « le portable donne une très large liberté aux adolescents. »
Vous fonderez votre travail sur l’expérience que vous avez de la téléphonie mobile, des réseaux sociaux
et du comportement des adolescents.

Sujet de type II : Commentaire composé


Ce jour-là, ils dinèrent au sommet des buttes, dans un restaurant dont les fenêtres s’ouvraient sur Paris, sur
cet océan de maisons aux toits bleuâtres, pareilles à des flots pressés emplissant l’immense horizon. Leur
table était placée devant une des fenêtres. Ce spectacle des toits de Paris égaya Saccard. Au dessert, il fit
apporter une bouteille de bourgogne. Il souriait à l’espace, il était d’une galanterie inusitée. Et ses regards,
amoureusement, redescendaient toujours sur cette mer vivante et pullulante, d’où sortait la voix profonde
des foules. On était à l’automne ; la ville, sous le grand ciel pâle, s’alanguissait, d’un gris doux et tendre,
piqué çà et là de verdures sombres, qui ressemblaient à de larges feuilles de nénuphars nageant sur un lac ;
le soleil se couchait dans un nuage rouge, et, tandis que les fonds s’emplissaient de brume légère, une
poussière d’or, une rosée d’or tombait sur la rive droite de la ville, du côté de la Madeleine et des Tuileries.
C’était comme le coin enchanté d’une cité des Mille et Une Nuits, aux arbres d’émeraude, aux toits de
saphir, aux girouettes de rubis. Il vint un moment où le rayon qui glissait entre deux nuages fut si
resplendissant, que les maisons semblèrent flamber et se fondre comme un lingot d’or dans un creuset.
- Oh ! vois, dit Saccard avec un rire d’enfant, il pleut des pièces de vingt francs dans Paris !
Emile Zola, La Curée, (Date de publication originale : 1871).

Questions. (5 points)
1. A quel type de texte appartient cet extrait ? Justifiez votre réponse. (1 point)
2. Quelle est la focalisation dominante dans le texte ? (1 point)
3. A partir des réseaux lexicaux de l’image et des couleurs, définissez l’état d’esprit du personnage de
Saccard. (2 points)
4. Quel effet produit la description de la cité merveilleuse des Mille et Une Nuits ? (1point)

Commentaire (15 points)


Faites le commentaire composé de ce texte.
Les questions posées ci-dessus constituent une orientation pour l’organisation de vos axes de lecture. Mais
vous pouvez élaborer le travail de recherche selon vos propres choix des centres d’intérêt.

Sujet de type III : Dissertation


Le candidat traitera au choix l’un des deux sujets (I. ou II.).

I. A partir de votre lecture des Justes et de votre connaissance des attentats terroristes qui secouent le
monde actuellement, exprimez votre opinion sur les motifs des actions entreprises par les lanceurs de
bombes.

II. Etant atteint du Xala, El Hadji peut-il s’affirmer en tant qu’homme ? A-t-il une valeur quelconque à
ses yeux propres ?
Vous construirez votre devoir en vous rapportant sur l’évolution du caractère du personnage à travers
l’œuvre.

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Examen : Baccalauréat
Session : 2018
Corrigé : Français Série : A1 A2 A4 C D G Stc Sti
Coeff. : 4 5 3 3 3 3 3
Nbr pages : 2 Durée : 4 4 4 4 4 4 4
Ces pistes sont présentées au jury à titre indicatif ; mais le jury seul a latitude de décision sur l’évaluation du
travail fourni par les candidats.

Sujet de type I : Texte argumentatif


Questions (10 points)
1. Le pronom « on » : aux sixième et septième paragraphes, « on » se substitue aux enfants. Il a donc la
valeur de « ils ».(2 points)
2. La peur desparents est justifiée car ils ne savent pas qui est en contact avec leurs enfants : bonne ou
mauvaise fréquentation. Chaque parent voudrait être au fait de tout ce que font ses enfants. Ce qui est une
attitude normale.(2 points)
3.La thèse : Le téléphone portable permet aux adolescents de s’échapper encore plus du contrôle des
parents.(2points)
4.Il s’agit en quelque sorte d’une plaidoirie pour le portable, où le locuteur met en avant les propos
rassurantsd’autorités scientifiques pour réconforter les parents sur le désir d’indépendance des enfants.(2
points)
5.C’est un argument d’autorité en cela qu’il est rapporté d’un spécialiste du domaine psychologique.(2
points)
Travail d’écriture (10 points)
Le type et le domaine de réflexion sont évidents. La téléphonie mobile est un thème important à l’endroit de
tout le monde, et plus particulièrement les adolescents. Les jeunes étant en quasi-permanence connectés aux
réseaux sociaux, il sera aisé au candidat de disserter sur des faits vécus. C’est-à-dire de trouver des arguments
en faveur de l’opinion proposée.
Le correcteur aura, de ce fait à tenir compte de la conformation du candidat à la méthodologie usitée en telle
circonstance (respect de la consigne et des instructions), et évaluera la pertinence des idées exposées par le
candidat.

Sujet de type II : Commentaire


Questions (5 points)
1. Le texte est narratif du fait qu’un narrateur présente les faits et gestes des deux personnages, du début à
la fin du texte (l’emploi du passé simple et de verbes d’action comme : « dinèrent », ainsi que des
indices spatiotemporels) ; quoique certains passages font une description de la ville de Paris.(1 point)
2. La première question oriente implicitement le candidat à la réponse qu’il s’agit de la focalisation
interne. L’ensemble des événements se découvre par la voie du narrateur dans l’emploide la troisième
personne.(1 point)
3. Les réseaux lexicaux de l’image et des couleurs :
mer, verdures, feuilles de nénuphars,
émeraude, Mille et une nuits, saphir, rubis,
toits bleuâtres, ciel pâle, gris doux, nuage rouge,
poussière d’or, rosée d’or, lingot d’or.
La combinaison des deux réseaux présente le personnage de Saccard comme un visionnaire, au sens
mélioratif du terme.(2 points)

4. Le passage de la description de la ville à celle de la cité féerique constitue un rêve éveillé de Saccard.
C’est l’évasion par le merveilleux ; un dépassement qui entraine le lecteur dans la rêverie. (1 point)

Baccalauréat, session 2018. Corrigé : Français Page : 1/2


Commentaire (15 points)
Le correcteur l’aura remarqué, les questions posées sont de facture classique. Elles ont pour objectif de
passer le texte en revue dans sa forme et son fond sans les dissocier.
Il n’est pas inutile de rappeler iciaussi, avant toute chose, que l’auteur est le chef de file du Naturalisme
qui considère que le milieu influence les hommes.
A titre d’exemple, il pourrait être proposé comme centres d’intérêt les deux points suivants :
A. Le rapprochement.
Ce texte qui fait alterner le narratif et le descriptif, décrit assez longuement le décor extérieur avec
un rapprochement des mots dans leur dénotation et leurs connotations (exemple : enchanté + Mille
et une nuits + émeraude + saphir + rubis = image de la fortune).

B. La magie des couleurs.


Les couleurs de plus en plus claires et lumineuses dans la description (par la focalisation interne)
évoquent la gaîté de Saccard qui va grandissant.

Sujet de type III : Dissertation


I. Les Justes
Il y a à peu près un demi-siècle, Albert Camus s’inquiétait de la portée et des effets du nihilisme dans la
révolution (représenté dans la pièce par le personnage de Stépan). L’auteur en fait le témoignage en
s’inspirant de faits réels.
Il est demandé au candidat d’apporter un jugement sur les actes terroristes et la violence aveugle d’hier
et d’aujourd’hui.
Le correcteur devra, par conséquent, être attentif à la solidité de l’argumentation exposée par le
candidat, ainsi que du respect de la démarche suivie : comparer deux séries d’événements, et en tirer
une opinion personnelle.

II. Xala
La consigne attend du candidat qu’il fasse une étude du protagoniste au fil de l’œuvre. Celui-ci ne peut
manquer de constater l’attitude et le comportement d’El Hadji qui vont decrescendo. D’exubérant au
début du texte, il devient à la fin une loque. Tout son faste s’effrite à partir de ce moment : « (…) en
sortant de la douche, j’étais raide. Mais dès que je me suis approché [de N’Goné]. Rien. Zéro. » (P. 52). A
partir de là , il ne s’identifie que par le xala. Tout son monde décline. Son incapacité virile conduit à la
perte de son être-même. Il ne peut plus s’affirmer : il a un sexe amorphe, il devient lui-même amorphe.
Il n’a plus aucune valeur, même aux yeux des mendiants qu’il terrorisait.

Baccalauréat, session 2018. Corrigé : Français Page : 2/2

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