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Louis veut « être l'unique messager » de cet aveu à l'image des chœurs chez

Sophocle qui renvoie à la tragédie. Il veut rester maître de son propre destin comme
le souligne le champ lexical de la volonté, « voulu », « voulu et décidé »,
« décider », « responsable », « mon propre maître ». Ce vocabulaire s'oppose au
champ lexical de l'illusion, « paraître », « peut-être », «'illusion ». Elle domine le
discours de Louis, le projet de l'aveu est peut-être, la seconde est sans doute le
mensonge de Louis à lui-même lorsqu'il affirme en anaphore « me donner et donner
aux autres « ..., « l'illusion d'être responsable de moi-même ».
L'anaphore « l'année d'après » créé une rupture syntaxique dans la tirade, les
phrases se transforment en anacoluthe faisant ainsi écho à une difficulté de dire. La
maladie et la mort rendent la parole difficile, voire inefficace. Elle est
empêchée.L'anaphore « de nombreux mois déjà que j'attendais » et l'énumération
en rythme ternaire « à ne rien faire, à tricher, à ne plus savoir » renforcent
l'atmosphère négative et pesante de la scène.
L'action laisse encore place à la parole, à la difficulté de dire par la figure de
répétition de l'épanorthose, Louis se reprend sans cesse pour trouver le mot juste : «
Malgré tout, l'année d'après, je décidai de retourner les voir, revenir sur mes pas,
aller sur mes traces et faire le voyage ». L'épanorthose se poursuit dans la suite de
la tirade, « pour annoncer, lentement, avec soin, avec soin et précisions - ce que je
crois - lentement, calmement, d'une manière posée ». Il cherche le mot juste pour
annoncer sa mort d'où l'inflation d'épanorthoses, l'intériorité du personnage est
dévoilée en une parole seulement entendue par le spectateur.

Le passage de la difficulté à exprimer ses sentiments à l'introduction d'un


personnage particulier ajoute une dimension humaine à cette complexité
émotionnelle. C'est à travers ce personnage singulier que se révèlent les nuances et
les intrications des relations humaines face à la mort.

Louis se fait metteur en scène de son annonce, c'est un effet de théâtre dans le
théâtre. Les adverbes « lentement, avec soin, avec soin et précision / ce que je crois
- lentement, calmement, d'une manière posée » préparent la façon dont va se jouer
la scène de l'aveu. La répétition du verbe « annoncer » suggère que c'est autour de

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l'aveu que l'intrigue de la pièce se concentre. La question rhétorique « N'ai-je pas
toujours été un homme posé? » se termine par une virgule. Le point d'interrogation
ne termine pas la phrase à l'image d'une parole qui se prolonge. « Ma mort
prochaine et irrémédiable » renforce le registre tragique. L'idée de fatalité
domine.Louis veut « être l'unique messager » de cet aveu.Il veut rester maître de
son propre destin.La parole de Louis s'adresse au public, c'est une mise en abyme.

Cette tirade du prologue est annonciatrice du destin tragique de Louis, le langage


domine sur l'action qui ne repose que sur l'aveu de sa mort prochaine à ses proches.

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