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UNIVERSITE IBN ZOHR

FACULTE DES SIENCES JURIDIQUES,


ECONOMIQUES ET SOCIALES
AGADIR

Exposé sur :
GESTION DE
L’ENTREPRISE EN
DIFICULTE DURANT
LA PERIODE
D’OBSERVATION

Dans la cadre du cours du droit


des entreprises en difficulté
Assuré par :
Dr. Hassan
ASSAKTI

Réalisé par :
Abdelmonaïm
ABOURRIG

Année
universitaire
2007-2008
TABLE DES MATIERES

Introduction............................................................................................................................................3
1. la gestion de l'entreprise durant la période d'observation................................................................4
1.1 Définition et objectifs de la période d'observation..................................................................4
1.1.1 Définition........................................................................................................................4
1.1.2 Objectifs.........................................................................................................................5
1.2 Les acteurs de la gestion.........................................................................................................5
1.2.1 Chef d’entreprise............................................................................................................6
1.2.2 Le syndic........................................................................................................................6
1.2.3 Le juge commissaire.......................................................................................................7
1.2.4 Expert.............................................................................................................................8
1.2.5 Les contrôleurs...............................................................................................................8
1.3 La spécificité de la gestion durant cette période.....................................................................9
1.3.1 Gestion surveillée.........................................................................................................10
1.3.2 Gestion assistée.............................................................................................................11
1.3.3 Gestion assurée par le syndic........................................................................................11
2. la préparation de la solution..........................................................................................................13
2.1 Élaboration du rapport..........................................................................................................13
2.1.1 le bilan financier...........................................................................................................13
2.1.2 le bilan économique......................................................................................................14
2.1.3 le bilan social................................................................................................................15
2.1.4 Proposition de choix.....................................................................................................15
2.2 Les effets du rapport du syndic.............................................................................................16
2.2.1 effets sur les tiers..........................................................................................................16
2.2.2 effets sur les associés....................................................................................................17
2.2.3 effets sur les dirigeants..................................................................................................17
2.2.4 effets sur les créanciers.................................................................................................19
conclusion............................................................................................................................................21
bibliographie........................................................................................................................................22

2
INTRODUCTION

« L’entreprise est un instrument complexe, souvent difficile à maîtriser. Celui qui souhaite
gérer sa propre affaire doit savoir que son projet l’expose à un risque. Ce risque, c’est celui
de ne jamais prospérer et même, au contraire, d’échouer et tout perdre. L’échec peut se
produire très tôt, mais aussi bien plus tard. Les raisons sont diverses : contexte économique,
incompétence ou erreurs d’appréciation voir même, malveillance du chef d’entreprise… »1.

Étant donné que les entreprises sont le pilier des tissus économiques, elle doit être soutenue
lorsqu’elle se trouve dans une situation délicate.

C’est dans cette optique que le législateur a favorisé le redressement judiciaire, si la situation
de l’entreprise n’est pas irrémédiablement compromise, sur la procédure de faillite. Ce
redressement prévoit soit un plan de continuation soit un plan de cession ou encore un plan de
liquidation, et ceci suite à des recommandations issus d’une période appelée période
d’observation. C’est la période qui s’étend du jugement d’ouverture au jugement statuant sur
l’issue à donner à la procédure. C’est cette période qui détermine si l’entreprise en difficulté
est apte à être redressée ou si elle doit être liquidée.

Durant cette période les enjeux de la gestion de l’entreprise ce modifie, ainsi que les acteurs
assurant celle-ci. L’importance de la durée de cette période, dans la détermination du destin et
le devenir de l’entreprise, sollicite l’interrogation sur la manière dont l’entreprise est gérée
pendant la période d’observation, ainsi que sur l’objectif de cette période de gestion.

1
S. THIEBAUT, 2004, « Qui dirige l’entreprise en période d’observation ? », université
Robert Schuman, Strasbourg, p 4

3
1. LA GESTION DE L'ENTREPRISE DURANT LA
PÉRIODE D'OBSERVATION
1.1 Définition et objectifs de la période d'observation

1.1.1 DÉFINITION

La période d’observation est la période qui s’étend du jugement d’ouverture au jugement statuant
sur l’issue à donner à la procédure. C’est cette période qui détermine si l’entreprise en difficultés
est apte à être redressée ou si elle doit être liquidée.

À cet égard, ce moment de la procédure qui peut durer jusqu’à quatre mois pour les procédures
normales et huit mois maximum sur demande du syndic, est extrêmement important et sollicite,
d’une part, une intervention particulière des acteurs habituels de l’entreprise et d’autre part,
l’intervention de nouvelles personnes afin d’aider et d’évaluer l’entreprise.

Il s’agit d’un moment pendant lequel un diagnostique général est établi. On examine la situation,
l’état de l’entreprise. On cherche à reconstituer les causes de la défaillance. Il faut être à la fois
rapide et complet dans cette analyse car celle-ci sera déterminante pour la suite du sauvetage.
THIEBAUT avance que pendant cette période, « le cœur de l’animal continue de battre, l’activité
économique de l’entreprise se poursuit. Mais ils tournent malgré tout au ralentit et risquent, à
tout moment, de s’arrêter, essoufflés, haletants, à cours de rythme. »2.

Pendant la période d’observation, la situation est délicate. D’un côté, cette période devrait être un
moment d’immobilité pour faciliter l’analyse. Ce moment devrait être privilégié, pausé et
constructif pour permettre aux différents intervenants de déterminer la solution optimale de
sauvetage. Etant donné que l’intérêt de l’entreprise ne permet pas de cesser toute activité, elle doit
rester en mouvement. Si la période d’observation est possible, c’est parce qu’il reste un espoir et
donc, il serait préjudiciable d’arrêter ou ralentir l’activité de l’entreprise, alors qu’elle est déjà au
bord du gouffre. L’activité doit continuer et l’analyse n’en est que plus délicate.

La continuation de l’activité est accompagnée de mesures visant aussi à préserver celle-ci de


la panique qui pourrait s’emparer des créanciers. Le législateur a décidé de mettre l’entreprise
dans une sorte de cocon juridique3, à l’abri des créanciers qui voudraient tenter de lui arracher
ses dernières ressources au mépris de toute cohérence. C’est pour cette raison que la période
d’observation est appelée à déroger au droit commun.

2
S. THIEBAUT, op.cit. p6
3
Idem, p 7

4
1.1.2 OBJECTIFS

La période d’observation permet au débiteur, avec l’aide des organes désignés par le tribunal,
d’avoir une marge de temps pour pouvoir restructurer son entreprise, tout en arrêtant toute
poursuite des créanciers de celui-ci. En effet, la période d’observation est une mesure assurant la
continuité de l’activité de l’entreprise en difficulté 4.

Le jugement de redressement judiciaire ouvre, également, la période d'observation en vue de


l'établissement d'un bilan économique et social et de propositions tendant à la continuation ou
à la cession de l'entreprise5. Dès lors qu'aucune de ces solutions n'apparaît possible, le tribunal
prononce la liquidation judiciaire.

On remarque donc que l’objectif ultime de la période d’observation est qu’elle doit mener le
tribunal au choix de la solution optimale du sauvetage. Cette période vise l’examen le plus
objectif possible de la situation et à la préparation de solutions pour sauver l’entreprise. En
conséquence, il faut protéger l’entreprise durant cette période intermédiaire.

Il s’agit d’une période où l’on tente de reprendre en main la gestion. Cette phase transitoire
nécessite donc souvent une modification de l’organisation de la gestion. Le juge et la loi vont
alors, en cas de besoin, aménager la charge de la gestion de l’entreprise pendant cette période.

1.2 Les acteurs de la gestion

Durant la période d’observation, certes la gestion de l’entreprise n’est pas celle reconnu
normale. Tout au long de la procédure du redressement les taches de certaines personnes se
voient modifiées. Ainsi que l’intervention de nouveaux acteurs dans la gestion quotidienne de
l’entreprise.

1.2.1 CHEF D’ENTREPRISE

Le redressement judiciaire est considéré comme un régime protecteur pour l’entreprise 6.


Celle-ci est encadrée en lui fournissant l’aide et les solutions pour tenter de se sortir des
difficultés qu’elle rencontre. Mais le redressement judiciaire, s’il est protecteur, peut aussi

4
Article 571. Code de commerce
5
1er Alinéa, Article 579, code de commerce
6
S. THIEBAUT, op.cit. p9

5
permettre, nous l’avons vu, d’évincer le chef d’entreprise. Dans ce cas, le redressement n’est
pas en faveur de ce dernier7.

Le maintien du chef d’entreprise est conditionné par le degré de son implication dans la
conduite de l’entreprise en difficulté. Mais la question qui se pose ici est la suivante : qui est
ce chef d’entreprise ?

La personne du chef d’entreprise diffère selon le statut juridique de l’entreprise en question. Il


s’agit soit de la personne physique débitrice, soit du représentant légal de la personne morale
débitrice8. Il s’agit plus exactement du :

 Propriétaire de l’entreprise, lorsqu’elle est une personne physique ;


 Le président directeur général, en cas de société anonyme à conseil d’administration ;
 Le directeur général ou le président du directoire en cas de société anonyme à
directoire et conseil de surveillance ;
 Le ou les gérants pour les autres types de sociétés commerciales.

1.2.2 LE SYNDIC

Le syndic est un mandataire de justice, qui peut être le greffier du tribunal ou encore une tiers
personne comme le stipule le paragraphe 3 de l’article 568 du code de commerce. Il est le
personnage central de la période d’observation. En exerçant sa mission en conformité avec la loi,
il est appelé à assurer la sauvegarde de l’entreprise et le maintien de l’activité et de l’emploi. Il n’a
donc pas à suivre l’intérêt de la personne physique qu’il surveille, assiste ou remplace ou encore
celui des créanciers.

C’est, en effet, à lui que revient l’obligation de demander les nullités de la période suspecte. Outre
il doit, toujours dans ce but, solliciter la continuation des contrats en cours, tout en justifiant, ainsi,
les ressources de l’entreprise lui permettant de solliciter la continuation de tel ou tel contrat 9.

En fin, il est chargé de dresser le bilan économique de l’entreprise et de proposer, si possible,


un plan de redressement10. Ces deux missions correspondent exactement aux objectifs de la
période d’observation. On observe donc que l’administrateur judiciaire est profondément lié

7
HARDY. C, 1992, «les droits du débiteur en redressement judiciaire », Université de
Reims Champagne-Ardenne, p134
8
Article 545, code de commerce
9
NURIT. L, 2007, « le rôle des différents intervenants au cours de la période
d’observation », Faculté de Droit et des Sciences Politiques, Nantes, p 18
10
1er alinéa, Article 579, code de commerce

6
au déroulement de cette période. C’est qui également chargé d’intervenir dans la gestion de
l’entreprise, aux côtés du débiteur ou à sa place selon la mission qu’il tient du juge. Cette
immixtion lui confère un rôle fondamental dans la procédure de redressement.

Les fonctions du syndic pendant la période d’observation peuvent, donc, être résumées
comme suit :

 Prolongation de la période d’observation

 Mesure d’informations

 Poursuite de l’activité

 Exécution des contrats en cours

 Substitution de garantie

 Etablissement du bilan économique et social

 Proposition du plan de redressement ou de liquidation

1.2.3 LE JUGE COMMISSAIRE

L’un des premiers intervenants spécifiques de la procédure de redressement, le juge


commissaire intervient durant toute la procédure de redressement en contrôlant les actes de
gestion du chef de l’entreprise ou ceux l’administrateur judiciaire.

Ses attributions s’agissent, principalement, de donner des autorisations en cours de période


d’observation, de statuer sur des réclamations contre les actes des mandataires, des
contestations de créances, des revendications de biens, de transmettre au tribunal les
demandes des mandataires11.

Il est informé par les mandataires et peut obtenir communication par les commissaires aux
comptes, les membres et représentants du personnel, les administrations et organismes
publics, les organismes de prévoyance et de sécurité sociale, les établissements de crédit ainsi
que les services chargés de centraliser les risques bancaires et les incidents de paiement, des
renseignements de nature à lui donner une exacte information sur la situation économique et
financière de l’entreprise.

11
Article 638 et 639, code de commerce

7
En effet, le juge commissaire contrôle toutes les opérations menées par le syndic ou par le
chef d’entreprise, afin qu’elles soient légales et en cohérence avec l’objectif de la procédure
du redressement, à savoir la sauvegarde et le maintien de l’activité de l’entreprise.

1.2.4 EXPERT

Il arrive que, dans certains cas limités, le juge assigne également une tiers personne pour
plusieurs fins12. Généralement, c’est un expert judiciaire. Ce dernier assure soit la fonction de
gestion, en tend que syndic, soit la fonction de support pour la gestion de l’entreprise en
difficulté, qu’elle soit assurée par le syndic ou par le chef d’entreprise, par la fourniture de
l’information comptable et financière dont a besoin le syndic, afin qu’il élabore son rapport de
redressement13.

1.2.5 LES CONTRÔLEURS

Les contrôleurs, ou encore les représentants des créanciers, sont également des intervenants
habituels pendant la vie de l’entreprise. Leur situation va changer également pendant la
période d’observation. Ainsi, les créanciers de la période suspecte, c’est-à-dire ceux dont la
créance est née entre le jour de la cessation des paiements et le jour du jugement d’ouverture,
risquent fort de n’être jamais payés.

En effet, ces créanciers, dits créanciers P114, ne peuvent exercer aucune voie de recours
pendant la période d’observation. Par exemple toute saisie attribution serait nulle et cela
même si elle convertissait une saisie conservatoire prise avant le jugement d’ouverture. Le
principe veut que la période d’observation marque l’arrêt des poursuites antérieures, comme
on l’a signalé précédemment.

De plus, il est fait interdiction formelle à l’entreprise de régler ces dettes, sauf pour récupérer
un bien gagé ou retenu, indispensable à l’activité de l’entreprise. Les créanciers P1 ne peuvent
donc que déclarer leur créance et attendre l’issue de la procédure.

12
Alinéa 3, Article 568, code de commerce
13
1er alinéa, Article 579, code de commerce
14
Créanciers P1 et P2 comme les a nommé NURIT. L dans son article « le rôle des
différents intervenants au cours de la période d’observation », Faculté de Droit
et des Sciences Politiques, Nantes, pp 15-25

8
Alors que les créanciers dont la créance naît en période d’observation, ont, pour leur part, plus
de chance. En effet, la règle veut que la période d’observation nécessite la continuation des
contrats en cours. Si un contrat est continué, toutes les dettes nées pendant la période
d’observation devront être payées au comptant ou l’échéance.

Ces acteurs interviennent également dans la période d’observation, par la personne de leur
représentant, dont le rôle est de défendre l’intérêt des créanciers.

1.3 La spécificité de la gestion durant cette période

La spécificité de la période d’observation implique une réorganisation variable du pouvoir


pour parvenir au redressement.

Pour savoir qui a le pouvoir d’administrer en période d’observation, il faut partir du débiteur
in bonis, doté de tous les pouvoirs (i). La loi permet ensuite de soumette à un régime spécial
certaines des prérogatives du débiteur. Le syndic devra intervenir pour ces actes, à hauteur de
ce qu’aura décidé le juge compte tenu de la situation. Cette intervention sera plus ou moins
importante et pourra aller jusqu’à une mise à l’écart du débiteur si nécessaire. En effet, le juge
peut très bien décider que l’administrateur devra remplacer le débiteur pour la gestion de
l’entreprise (iii) ou seulement pour certains actes (ii).

1.3.1 GESTION SURVEILLÉE

Dès lors que le syndic est nommé, les choses changent. Cependant, le principe n’en est pas,
pour autant, d’écarter le chef d’entreprise puisque la mission de surveillance laisse une liberté
quasi-totale à ce dernier. Dans ce cas, c’est le chef d’entreprise qui conserve, en principe, la
charge de la gestion de son entreprise durant la période d’observation, mais surveiller de loin
par le syndic15.

Cette technique est un bon moyen d’éviter un bouleversement des affaires, un changement
brusque et trop apparent de la gestion. Elle permet aussi de ne pas affoler, dans une certaine
mesure, les partenaires, les fournisseurs et même le personnel de l’entreprise16.

15
Article 576, code de commerce
16
Brunet. B. 1999, L'établissement des situations périodiques des entreprises en
redressement judiciaire, Paris, Dalloz, p125

9
On ne peut pas vraiment parler d’intervention du syndic dans le mécanisme de la surveillance.
Cependant, il possède tout de même bien un rôle ! Mais celui-ci est mal délimité. Le moment
de « l’intervention » de l’administrateur judiciaire ne peut se situer qu’a posteriori.
L’administrateur n’est donc présent que pour contrôler la gestion mise en œuvre par le chef
d’entreprise, après la réalisation d’un acte. C’est donc une mission d’appréciation : il vérifie
les actes, tant au sujet de leur légalité qu’en terme d’opportunité. Il doit dissuader la
réalisation de tout acte qui pourrait être préjudiciable à l’entreprise.

La mission de surveillance, assimilée au syndic, implique, donc un contrôle périodique de la


gestion, sans pour autant s’immiscer dans l’administration de l’entreprise. Il doit seulement
s’assurer que l’entreprise n’effectue pas des actes préjudiciables à la bonne gestion et à la
sauvegarde des créanciers17.

Mais, le législateur marocain reste imprécis sur la manière dont cette surveillance est
effectuée, les dispositions de l’article 576 du code de commerce « soit de surveiller les
opérations de gestion », formulée en des termes trop généraux, ne permet pas de définir
clairement la mission qui doit être réalisée par le syndic.

1.3.2 GESTION ASSISTÉE

Dès qu’le syndic est nommé par le tribunal aux côtés du débiteur, une mission personnalisée
et des pouvoirs lui sont attribués. En effet, c’est une intervention effective du syndic, en
pratique une action conjointe avec le débiteur.

Il s’agit, dans ce cas, de la mission la plus fréquemment donnée par le juge à l’administrateur.
Il peut s’agir d’une assistance totale ou partielle 18. Et elle suppose, bien entendu, que le
débiteur ne soit pas malhonnête ou incompétent. En effet, cette mission reste compatible avec
le principe de la gestion par le débiteur lui-même, ce qui implique une certaine confiance
envers celui-ci.

En principe, cette mission nécessite, a priori, une double signature pour chacun des actes en
question: celle du débiteur qui décide de passer l’acte et celle de l’administrateur qui l’assiste
dans la réalisation de cet acte19.

17
Brunet. B. 1999, op.cit, p 127

18
« soit d' assister le chef de l' entreprise pour tous les actes concernant la gestion ou certains d'
entre eux » Article 576 du code de commerce
19
S. THIEBAUT, op.cit. p43

10
Les actes compris dans cette mission d’assistance n’appartiennent plus, désormais, au
débiteur. Mais ces mêmes actes n’appartiennent pas non plus à l’administrateur ! Ils sont
versés dans une sorte de « pot commun » soumis aux règles de la cogestion et à la compétence
théoriquement commune, cumulative et indivisible du débiteur et de l’administrateur.20

L’intervention d’un personnage externe à l’entreprise a certes ses limites. En effet, les
dirigeants craignent de se voir déposséder de leur outil de travail, puisqu’ils n’ont plus leurs
pouvoirs habituels. Ce phénomène est amplifié lorsque l’entreprise a été assignée par un
créancier. Les dirigeants refusent donc, le plus souvent, la situation et recherchent plus des
explications les mettant hors de cause, qu’à trouver une solution à leurs difficultés.

1.3.3 GESTION ASSURÉE PAR LE SYNDIC

On peut également s’affronter au cas dans lesquels il ne devient plus possible de faire
confiance au débiteur comme la loi le préconise. De temps à autre, le débiteur est tout
simplement malhonnête. Quelques fois, il est incompétent. Dans ces deux hypothèses (ou
d’autres), c’est par sa faute que l’entreprise est en difficulté.

Le juge, qui se trouve face à ces situations, ne peut pas laisser le pouvoir de gestion au
débiteur, sous peine de commettre une erreur qui pourrait conduire à l’échec de la procédure.
Il lui faut prendre des mesures plus radicales pour donner un maximum de chances à
l’entreprise. Pour ce faire, il faut savoir prendre la décision d’évincer, purement et
simplement, le débiteur.

Cette éviction n’est pas forcément totale mais elle concerne les actes les plus sensibles, ceux
pour lesquels il est devenu impossible d’accorder sa confiance au débiteur. C’est le juge qui
va décider de l’étendue de la mise à l’écart du débiteur. Parfois, cette mise à l’écart va
concerner la totalité de la gestion de l’entreprise. Elle pourra aussi n’être attachée qu’à
certains actes précis et donc, panachée avec les deux autres régimes d’intervention de
l’administrateur : surveillance ou assistance21. Dans ce cas, le syndic dirige l’entreprise. Le
débiteur perd le pouvoir et devient "spectateur". Il ne joue plus le rôle de chef d’entreprise qui
est désormais dévolu au syndic. Ce dernier gère directement l’entreprise avec l’aide de ses

20
B. Brunet. 1999. Op.cit, p34
21
« soit d' assurer seul, entièrement ou en partie, la gestion de l' entreprise » article 576 du code de
commerce

11
préposés ou ceux de l’entreprise. Il doit réaliser les actes nécessaires à l’exploitation dans le
cadre d’une gestion prudente.

Le législateur a laissé la possibilité à l’administrateur de demander, à tout moment, la


modification de la mission qui lui a été attribuée par le tribunal. On peut noter que cette
possibilité est aussi ouverte au représentant des créanciers ou au procureur du Roi. Le tribunal
peut même se saisir d’office22.

22
THIEBAUT. S, 2004, op.cit, p61

12
2. LA PRÉPARATION DE LA SOLUTION
2.1 Élaboration du rapport

Le rapport établis doit mettre le point sur l’origine, l’importance et la nature des difficultés de
l’entreprise. En effet, pour élaborer le bilan financier, économique et social de l’entreprise,
l’administrateur judiciaire collecte des documents et des informations sur le plan financier
(comptabilité et comptes annuels) (i), économique (activités et moyens) (ii) et social (effectif
et licenciements) (iii). Ce rapport propose également une solution pour le maintien ou la
liquidation de l’entreprise (iv).

2.1.1 LE BILAN FINANCIER

le bilan financier est l’élément le plus important dans le raport élaboré par le syndic, ce bilan
doit donner une vision claire et nette aux juges, qui vont prononcer le jugement de
continuation, de cession ou encore de liquidation, sur la situation financière de l’entreprise en
difficulté.

Le bilan financier comporte les éléments suivant23 :

 La comptabilité annuelle des trois dernières années ;

 La situation effective des dettes de l’entreprise

 Les noms des créanciers, le montant de leurs dettes, les dates d’exigibilité de
celle-ci, ainsi que les hypothèques et nantissement qui leur ont été accordés.

 L’actif réel dont dispose l’entreprise

 Les dettes envers l’administration des impôts

 Les dettes envers les organismes de sécurité sociale

Le bilan financier présente donc une analyse rigoureuse de la situation financière de


l’entreprise en difficulté. Ce bilan permet de dégager la nature et le moment où l’entreprise est
tombée malade.

23
ELHAMMOUMI. A, 2008, droit des difficultés de l’entreprise, rabat, librairie darassalam,
3ème édition, p206

13
2.1.2 LE BILAN ÉCONOMIQUE

Quant au bilan économique, il permet de mener une analyse sectorielle de l’activité de


l’entreprise en difficulté en analysant le niveau de concurrence sur le marché et la part de
l’entreprise dans ce marché.

Le bilan économique présente une analyse portant sur les éléments ci-dessous24 :

 Le secteur d’activité et le niveau d’activité

 La production de l’entreprise, sa nature et s’elle produit un ou plusieurs


produits

 Niveau des ventes et leur évolution

 La situation du secteur d’activité dont opère l’entreprise

 Le marché dont opère l’entreprise (marché interne ou externe)

 Les parts de marché de l’entreprise dans le marché interne

 le niveau d’exploitation des capacités productives

 La situation concurrentielle du secteur (dénombrement des concurrents de


l’entreprise et de leurs tailles)

 le niveau de compétitivité de l’entreprise (une analyse de ses forces et


faiblesse)

 les bailleurs de fonds à l’entreprise, leur nationalité et le type de relation avec


eux

 La structure de l’entreprise, sa stratégie et ses perspectives d’avenir

 L’organigramme de l’entreprise

 Les difficultés de l’entreprise en termes de financement

Le bilan économique s’intéresse le plus à la structure du marché, la situation concurrentielle


de l’entreprise dans ce marché. Cette analyse stratégique étudie donc l’environnement interne
et externe de l’entreprise, en dégageant les forces et les faiblesses de cette dernière.

24
ELHAMMOUMI. A, 2008, op.cit, p205

14
Ce bilan permet, donc, au juges de s’informer sur le secteur d’activité dont opère l’entreprise
et d’étudier les chances de réussite de leur décision lors du choix du plan de continuation ou
de cession.

2.1.3 LE BILAN SOCIAL

Le syndic doit également inclure dans son rapport présenté aux juges, le bilan social de
l’entreprise. Ce bilan permet de les renseigner sur la structure sociale de l’entreprise en
difficulté, en fournissant toutes les informations susceptibles de les éclaircir sur les difficultés
de l’entreprise en matière sociale.

Le bilan social fournit les éléments ci-après :

 Appréciation du nombre des employés

 La structure des ces derniers en fonction de leur fonction

 Les types de contrats auxquels l’entreprise fait recours

 Les degrés de syndicalisation et s’ils ont représentant.

 L’inscription à la CNSS

 La manière dont les employés sont payés et le montant de leurs salaires

 S’ils ont des créances envers l’entreprise

2.1.4 PROPOSITION DE CHOIX

Après avoir établit les différents bilans du rapport, le syndic est appelé, selon l Article 579 du
code de commerce, à proposer soit un plan de redressement assurant la continuation de
l'entreprise ou sa cession à un tiers, soit la liquidation judiciaire.

Cette proposition nécessite de la personne du syndic un grand effort d’analyse, et non pas
d’agir uniquement comme un expert judicaire charger de donner un éclaircissement technique
sur une situation particulière, pour qu’il puisse dégager à partir des bilans, déjà établis, les
possibilités de redressement existante25.

Le syndic doit proposer la solution qui lui paraît la plus adéquate pour la situation de
l’entreprise et la plus juste à l’égard de ses créanciers et non pas se limiter à exposer les
25
ELHAMMOUMI. A, 2008, op.cit, p135

15
différents scénarii possibles. Ainsi ces propositions doivent être remises au juge-commissaire
à l’expiration du délai maximum de la période d’observation.

Le projet de plan de redressement définit les modalités de règlement du passif et les garanties
éventuelles souscrites par toute personne pour en assurer l'exécution. En effet, s’il propose un
plan de redressement, le projet de plan contenu dans le rapport du syndic définit les
perspectives de dépassement de la situation actuelle en précisant les modalités de règlement
du passif.

2.2 Les effets du rapport du syndic

Durant la période d’observation et lors de la préparation de la solution plusieurs intervenants


peuvent être influencés, les personnes touchées sont les suivantes :

 les tiers
 les associés
 les dirigeants
 les contrôleurs

2.2.1 EFFETS SUR LES TIERS

Dans la perspective du maintient de l’entreprise débitrice et de préserver les chances de sa


continuation, la loi prévoit que les tiers à cette entreprise peuvent soumettre au syndic des
offres tendant au maintien de l'entreprise, notamment par acquisition 26. Mais sachant que ces
offres, une fois le rapport du syndic est déposé, ne peuvent pas être modifiées que
positivement.

On remarque donc, que l’élaboration du rapport et son dépôt engagent la responsabilité des
tiers ayant proposé une offre. En effet, L’offre engage son auteur jusqu'à la décision du
tribunal arrêtant le plan. Ainsi, ni les dirigeants de l'entreprise, ni leurs parents ou alliés
jusqu'au deuxième degré inclusivement ne sont admis, directement ou par personne
interposée, à formuler une offre27.

2.2.2 EFFETS SUR LES ASSOCIÉS

Cet effet se manifeste, précisément, au moment où le syndic envisage de proposer au tribunal


un plan de continuation prévoyant une modification du capital. Dans ce cas de figure,

26
1er alinéa, Article 582, code de commerce
27
Alinéa 4, Article 582, code de commerce

16
il « demande au conseil d'administration, au directoire ou au gérant, selon le cas, de
convoquer l'assemblée générale extraordinaire ou l'assemblée des associés. En cas de besoin,
le syndic peut convoquer lui-même l'assemblée dans les formes prévues par les statuts. »28.
Cette mesure est entamée par le syndic s’il constate que les capitaux propres sont inférieurs au
quart du capital social. Les associés sont appelés, donc, à reconstituer ces capitaux à
concurrence du montant proposé par le syndic et qui ne peut être inférieur au quart du capital
social.

En cas des pertes constatées dans les documents comptables l’entreprise, ayant causé une
diminution des capitaux propres et qui deviennent à cet effet inferieur au quart du capital
social, le syndic peut également inviter l’assemblée générale pour la reconstitution de ces
capitaux à hauteur de la limite évoquée précédemment.

L’assemblée générale peut être également appelée à décider la réduction et l'augmentation du


capital en faveur d'une ou plusieurs personnes qui s'engagent à exécuter le plan. Ces derniers
sont généralement de nouveaux souscripteurs qui apportent de nouveaux fonds pour dépasser
les difficultés de financement. Cette mesure prévoit l’émission de nouvelles actions acquises
par de nouveaux investisseurs, mais qui s’engage à respecter leurs promesses à l’égard de
l’entreprise. Cette mesure est très favorable au propriétaire puisqu’elle leur permet de
préserver leurs droits de propriété.

L'exécution des engagements pris par les actionnaires ou associés, ou par de nouveaux
souscripteurs est subordonnée à l'acceptation du plan par le tribunal. À défaut, les clauses
d'agrément sont réputées non écrites.29

2.2.3 EFFETS SUR LES DIRIGEANTS

Les dirigeants sont les plus touchés par les mesures prévues par les dispositions du code du
commerce. Il prévoit, ainsi, la modification des gérants de l’entreprise, si le tribunal constate
que la survie et le maintient de l’entreprise le requiert. Cette action est suite à une demande du
syndic, comme elle peut être également d’office. A cette fin, « le tribunal peut prononcer l'
incessibilité des actions, parts sociales, certificats de droit de vote détenus par un ou
plusieurs dirigeants de droit ou de fait, rémunérés ou non, et décider que le droit de vote y

28
1er alinéa, article 583, code commerce
29
Alinéa 3, article 583, code de commerce

17
attaché sera exercé pour une durée qu'il fixe »30 par le mandataire judiciaire qu’il désigne à
cet effet.

Les titres détenus par les dirigeants deviennent donc incessibles dès l’ouverture de la
procédure. Les titres sont versés par l’administrateur sur un compte spécial bloqué. Le juge-
commissaire est le seul à pouvoir intervenir pour débloquer celui-ci. L’incessibilité, quant à
elle, ne peut être levée que par le tribunal31.

Ce mécanisme vise à éviter le départ des dirigeants lorsque la situation est délicate.
Cependant, il est permis de douter de l’efficacité d’une telle mesure puisque les dirigeants
sont très bien placés pour prévoir l’ouverture de la procédure et donc, se débarrasser de leurs
titres avant ce moment.

La mesure peut être encore plus brutale pour les dirigeants. Ils peuvent être contraints à céder
leurs titres étant donné que le tribunal «peut […] ordonner la cession de ces actions ou parts
sociales, le prix de cession étant fixé à dire d'expert » et versé immédiatement au cédant.
Evidemment, les éventuelles clauses statutaires (agrément, …) sont écartées. En effet, cette
mesure n’a pas été établit pour éliminer les dirigeants, même si le mécanisme conduit bien à
un tel résultat. Le but recherché était avant tout de faciliter la reprise des entreprises lorsqu’il
existe un repreneur. Le contrôle de la société passe alors entre les mains de l’acquéreur.

Dans ce dernier cas, le dirigeant perd irrémédiablement le contrôle de son entreprise. Il ne


s’agit plus de partager le pouvoir avec l’administrateur ni même d’être représenté. C’est ici
que se produit la véritable éviction, au sens propre du terme. Il est exclu de la gestion, mais
bien plus encore, de son entreprise dont il perd la propriété dans des conditions particulières
justifiées par l’intérêt de l’entreprise elle-même! 32

Une condition doit être respectée dans tous les deux cas. Le code de commerce exige pour
mener ces actions que les dirigeants doivent être entendus ou dûment appelés. Les dirigeants
sont également appelés à la reconnaissance du rapport que le syndic leur a communiqué par
une lettre recommandée avec accusé de réception.

2.2.4 EFFETS SUR LES CRÉANCIERS

Les contrôleurs, en étant les principaux intéressés par le devenir de l’entreprise, sont
également en mesure d’être touchés par le rapport du syndic, qui contient généralement, en
30
Alinéa 2, article 584, code de commerce
31
THIEBAUT. S, 2004, op.cit, p73
32
THIEBAUT. S, 2004, op.cit, p75

18
cas de proposition d’un plan de continuation, des prescriptions des modalités de règlement des
dettes de l’entreprise.

Sous la surveillance du juge-commissaire et au fur et à mesure de leur établissement, le syndic


est tenu de communiquer les propositions de règlement de dettes 33 dans le bute de recueillir,
individuellement ou collectivement, l’accord des créanciers, ayant déclaré leurs créances, sur
les délais et remises qu’exige la bonne exécution du plan de continuation. Ces délais et
remises prévoient généralement:

 l’abandon d’une partie du principal des créances ;


 l’abandon des intérêts ;
 l’octroi d’un différé de règlement ; ou
 le rééchelonnement des dettes avec réduction de taux d’intérêts y afférent.

En cas de consultation individuelle, les créanciers sont tenus de faire part au syndic de leurs
réponses. Le délai maximal pour ce faire est fixé à 30 jours à compter de la date de la
réception de la lettre du syndic. À défaut, l’acceptation est définitivement acquise.

Au cas où le syndic décide de consulter collectivement les créanciers, ceux-ci se réunissent


sous sa présidence et à sa convocation. A cet effet, un avis de la convocation peut, en outre,
être inséré dans un journal d'annonces légales et affiché au panneau réservé à cette fin au
tribunal. La réunion doit avoir lieu entre le 15è et le 21è jour de l'envoi de la convocation34.

Une fois réunis, Le syndic présente aux créanciers un rapport sur l'état du redressement
judiciaire, ainsi que sur la poursuite de l'activité depuis l'ouverture de la procédure. La loi
exige que l'accord de chaque créancier, présent ou représenté, sur les propositions de
règlement du passif est recueilli par écrit.

En cas de non participation à la consultation collective, les propositions présentées par le


syndic sont admise acceptées.

Qu’ils soient convoqués individuellement ou collectivement pour une réunion avec le syndic,
la lettre de convocation doit être annexée des éléments suivants35 :

 un état de la situation active ou passive avec indication détaillée du passif


privilégié

33
1er alinéa, article 585, code de commerce
34
1er alinéa, Article 587, code de commerce
35
Article 586

19
 les propositions du syndic et du chef d'entreprise et l'indication des garanties
offertes;
 l'avis des contrôleurs.

20
CONCLUSION

La période d’observation est une période décisive dans la vie de l’entreprise en difficulté
puisqu’elle précise le devenir de cette dernière. A son issu, le syndic propose soit un plan de
redressement, qui peut être soit un plan de continuation soit un plan de cession, ou un plan de
liquidation lorsqu’il y’a absence de possibilité de redressement, notamment lorsque la
situation de l’entreprise est irrémédiablement compromise.

Cette importance de la période d’observation a pour conséquences la difficulté de la gestion


de l’entreprise durant cette période. En effet, le choix des organes et précisément ceux
assurant la gestion doit être très pertinent, en choisissant un administrateur judiciaire
compétant qui peut mener à bien cette tache délicate.

Il apparaît, donc que la réussite du sauvetage de l’entreprise, dépend principalement de la


qualité des organes assurant la gestion et le contrôle, dans la mesure où ils sont les
responsables de l’établissement du rapport, de la proposition de la solution et du choix de la
solution, qui doit être la plus favorable. A défaut, toute solution choisie sera vouée à l’échec.

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BIBLIOGRAPHIE

Ouvrages :
 Brunet. B. 1999, L'établissement des situations périodiques des entreprises en
redressement judiciaire, Paris, Dalloz, p246

 ELHAMMOUMI. A, 2008, droit des difficultés de l’entreprise, rabat, librairie


darassalam, 3ème édition, p272

 Voldaire. B, 2000, le droit de l’entreprise en difficulté, Paris, Ellipses, p65

Thèses :
 HARDY. C, 1992, «les droits du débiteur en redressement judiciaire », Université de
Reims Champagne-Ardenne, p397

 THIEBAUT. S, 2004, « Qui dirige l’entreprise en période d’observation ? »,


université Robert Schuman, Strasbourg, p240

Articles :
 CGPME, 2003, « Entreprises en difficultés: procédure collective », CGPME, Paris

 NURIT. L, 2007, « le rôle des différents intervenants au cours de la période


d’observation », Faculté de Droit et des Sciences Politiques, Nantes, pp 15-25

 Note d’informations juridiques, 2004, « redressement judicaire », Paris

Site web :
 http://www.articles.exafi.com/PC/PCFAQ/ProcColl-005.htm

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