Les fonctions des intervenants auxiliaires au transport
maritime peuvent être assurées par le transporteur ou le
chargeur mais la multiplicité des tâches rend cette fonction difficile au point qu’on la remet entre les mains d’entreprises spécialisées. En Algérie ces fonctions ont longtemps été exercées sous monopole étatique lequel a été remis en cause par un courant de privatisation. Ces fonctions s’entremêlent et il est difficile de tracer une frontière ferme entre les activités de ces auxiliaires. Elles sont régies par le CMA ou des textes spécifiques. La fonction de transitaire n’est pas règlementée ; c’est le contrat de mandat (code civil) qui régit les relations entre le transitaire et son mandant. Pour réduire les temps d'escale, et les opérations commerciales, il faut préparer l'arrivée du navire et disposer d'agents terrestres qualifiés pour effectuer ce travail. Les grands armements peuvent créer des agences, des représentations gérées par des agents ou commis succursalistes. Ces préposés ayant procuration, sont contrôlés par un agent général pour la zone ou la ligne. L'armateur peut aussi (surtout au tramping), confier ses intérêts à des agents locaux qui sont des auxiliaires ou représentants : les agents maritimes et consignataires. L'agent maritime consignataire est un représentant de l'armateur et non un préposé, il ne peut pas conduire, mais la loi dit qu’il agit comme un mandataire salarié de l’armateur ou des ayants droit à la marchandise. Son rôle est de: Représenter l'armateur face aux experts, assureurs, P&I etc.. Servir d'interface avec les fournisseurs Administrer la documentation pour le compte du transporteur Participer aux opérations commerciales en recrutant une entreprise de manutention, organisant l'escale, réceptionnant à l'import et en recrutant du fret à l'Export. Rechercher de nouveaux clients sur les zones desservies par le transporteur. Le CMA, dans son art.609 définit le consignataire du navire, comme toute personne physique ou morale qui en vertu d’un mandat de l’armateur ou du capitaine, s’engage moyennant une rémunération à effectuer pour les besoins et le compte du navire et de l’expédition des opérations que le capitaine n’accomplit pas lui-même ainsi que d’autres opérations habituellement attachées au séjour d’un navire dans un port. Il a tout pouvoir pour négocier les contrats de transport, coter, recruter et encaisser éventuellement les frets émettre et signer les connaissement correspondants, assurer la logistique des conteneurs et négocier éventuellement tout contrats relatifs aux opérations annexes. C'est un personnage important qui signe les contrats de transports au nom de la compagnie, et auquel le Capitaine a abandonné ses fonctions commerciales. Un agent maritime consignataire peut opérer pour plusieurs armateurs mais jamais sur une même desserte géographique afin de ne pas fausser la concurrence. Ces activités peuvent être exercées par des personnes physiques ou des personnes morales de droit algérien et sont soumises à un agrément délivré au niveau ministériel (finances ou transport) ; les conditions se résument à la fourniture d’un dossier contenant des pièces justifiant les compétences professionnelles, les moyens adéquats pour exercer une telle profession, ainsi qu’une caution bancaire en plus de pièces administratives habituelles. C'est un contrat de mandat par lequel le mandataire s'oblige à accomplir un acte juridique. Le mandant est responsable des pertes dues au mandataire (sauf imprudence de sa part) et en retour, le mandataire se limitera à ce pour quoi il a été mandaté. Il ne répond pas des fautes du Capitaine ou de celles de l'armateur et en cas de fautes prouvées, il devra indemniser son mandant. Rien ne l'empêche également d'être le mandataire de l'armateur et des destinataires selon un double mandat. Le mandat de consignation est un mandat commercial qui met en rapport des commerçants. Une des responsabilité du consignataire est de fournir soutes et vivres pour permettre la continuité du voyage, car un manque d'avitaillement peut avoir effet sur l'état de navigabilité du navire (contrat d'affrètement) et constituera une faute personnelle de l'armateur. Il est, comme le capitaine, habilité à recevoir tous les actes judiciaires et extra-judiciaires. Les actions contre le consignataire sont prescrites par deux ans. Le consignataire est le seul représentant qui rencontre les ayants droit de la marchandise une fois le navire en mer. Il ne peut être assigné à titre personnel mais peut recevoir les assignations pour le compte de l'armateur, sauf si sa responsabilité personnelle est engagée en fonction des dommages survenus pendant la période où il a pris possession des marchandises. Le consignataire peut représenter l'armateur en justice et sera condamné "es qualité". En cas de contravention de grande voirie, le consignataire ne pouvant se prévaloir du fond de limitation de responsabilité comme l'armateur, pourra obtenir des clubs P&I une "letter of indemnity " qui garantit le paiement des dommages imputables au navire. Le rôle du consignataire s'est modifié et ne se limite plus à une simple mise en train quelques jours avant l'escale d'un navire. Son intervention est continue sur les parcs à conteneurs qui sont exploités au quotidien (location, mise à disposition, retour de location, etc..). Elle peut être déterminée de manière contractuelle à la commission sur fret (5% à Export et 2,5% à l'import augmentés des frais de contrat et des boxfees: prestations forfaitaires supplémentaires). Préparer l'escale du navire et informer les autorités portuaires, les chargeurs, les transitaires, les réceptionnaires, obtenir la désignation d'un poste à quai approprié. Commander le pilote, les remorqueurs, les lamaneurs, les entreprises de manutention, toutes ces commandes devant être faites, d'ordre et pour compte de l'armateur. Coter, recruter et encaisser le fret pour le navire et faire acheminer les marchandises vers le poste à quai. Contacter les transitaires, exportateurs, chargeurs, le service commercial de la compagnie. Plusieurs transitaires peuvent demander la même cotation et l'agent doit donc toujours demander les références de l'importateur afin de donner la même valeur. La cotation se fait à l'unité payante soit au volume soit au poids. Vérifier que les déclarations en douane ont bien été effectuées par le transitaire. Faire empoter et entreposer la marchandise. Préparer les documents d'exportation ou d'importation ainsi que le plan de chargement (ship planner). Emettre et signer les connaissements. Assurer la logistique des conteneurs, mise à disposition, empotage, dépotage, stockage, repositionnement. Assister le navire et se substituer au Capitaine pour les fonctions commerciales et de gestion du navire (service de relève, sanitaires, avitaillement, etc..). Informer l'armateur du bon déroulement des opérations (arrivée et départ), et veiller soigneusement sur la manutention parce que le transporteur qu'il représente est responsable de l'entreprise de manutention. Garder les marchandises jusqu'à la livraison (date limite de dépôt) et aviser le destinataire de l'arrivée du navire, puis remettre le bon à délivrer en échange d'un connaissement pour permettre l'enlèvement des marchandises. Lorsque le premier destinataire souhaite une répartition des marchandises à destination des destinataires finaux, le consignataire établira des "Delivery orders " pour chacun d’entre eux. Lorsque le destinataire réclame sa marchandise sans être porteur du connaissement, le consignataire demandera une lettre de garantie bancaire (letter of indemnity) et il devra également encaisser le fret si celui-ci est payable à destination. Au chargement, le consignataire assure la réception des marchandises et la prise en charge qui pourra coïncider avec la remise effective de la marchandise sous entrepôt ou à quai. Le transitaire effectue cette remise au consignataire contre un bon d'embarquement qui concrétisera la prise en charge. Il appartient au consignataire de vérifier la marchandise et de prendre éventuellement des réserves. Il y aura ensuite délivrance du connaissement et le consignataire le signera pour compte du capitaine et donc du transporteur, le taxera après avoir vérifié les mentions obligatoires et les réserves d'embarquement, puis il encaissera le fret (si c’est prévu) et surveillera le chargement sur le navire. Un manifeste de sortie, indispensable pour les escales futures (douane), est remis au Capitaine. Pour les navires étrangers le document peut être remis à un courtier conducteur qui sera chargé de le traduire et de le remettre en douane à l’entrée ou à la sortie du navire. Le compte d'escale, à destination de l'armement, comprend les frais de pilotage, les frais de manutention, les fournitures au bord, les frais de réparations éventuelles, la commission d'agence et le fret éventuellement encaissé. C'est un document qui récapitule les frets et permet de faire le bilan de l'escale en vérifiant les frets encaissés ou à recevoir. Il permet en finale le contrôler la rentabilité d'une escale.
Les transporteurs considèrent que 10% de la capacité
en EVP d'un navire permet de justifier une escale. Aux termes de l’art.618, le contrat de consignation du navire est résilié ou dénoncé dans les délais convenus (délais de préavis suffisant). Toujours, pour un motif grave, chacune des parties peut mettre immédiatement fin au contrat. Le CMA confère au consignataire les pouvoirs d’ester en justice en nom de l’armateur. Contrairement au droit français, toute action découlant du contrat de consignation du navire est prescrite par deux ans à compter du jour de l’exigibilité de la créance La mission essentielle de l’entrepreneur de manutention est donc la manutention des marchandises et la mission accessoire la garde de celles-ci, ce qui détermine deux types d'entrepreneur:
Les acconiers qui font les deux opérations et qui sont
typiques des ports méditerranéens. Les stevedores qui sont limités à la première mission, et sont plutôt situés dans les ports du secteur Manche/Atlantique. Les usages locaux peuvent être différents d'un port à l'autre. Il existe donc deux types de contrat qui sont le contrat de manutention pure et le contrat d'acconage. Les entreprises de manutention paye un loyer au port autonome où elles occupent des emplacements. Elles travaillent en étroite collaboration avec les transitaires qui les recrutent, pour le transit, la manutention, l'empotage et le dépotage des conteneurs. Elles peuvent également souscrire un contrat avec les entreprises maritimes par négociation directe, qui les engage (sans frais de transitaire) pour des manutentions à des cadences précises (nombre d'EVP par heure) sauf clauses d'exonération (mauvais temps, etc..). C'est le transporteur qui décide du temps d'escale et le manutentionnaire doit mettre les moyens nécessaires pour assumer les opérations commerciales dans les temps impartis. L’entrepreneur de manutention opère pour le compte de celui qui l’a requis, et sa responsabilité n’est engagée qu’envers celui-ci. Il est responsable des dommages et de ses fautes établies qui sont imputables aux opérations de manutention qui constituent le rôle minimum ci-dessus. (cas d'avaries en cours de manutention ex : défaut ou bris de scellés sur un conteneur). Sa faute pourra reposer sur l'emploi de matériel non approprié, ou sur un mauvais arrimage. Il est responsable des dommages subis par la marchandise durant les opérations qui constituent le rôle supplémentaire ci-dessus, sauf si ces dommages proviennent : D’un incendie ; De faits constituant un événement non imputable à l'entrepreneur ; De grève, lock-out, ou entraves apportées au travail pour quelque cause que ce soit ; De faute du chargeur (mauvais emballage ou conditionnement et marquage ) ; De vice propre de la marchandise. En cas de dommages à la marchandise les chargeurs et réceptionnaires n'agissent que contre le transporteur qui aura requis l'entrepreneur et non directement contre ce dernier. En fait, dans les opérations de manutention l’entrepreneur a une obligation de moyens et dans les opérations d’Acconage, une obligation de résultat. L'entrepreneur de manutention intervient dans le contrat de transport et est lié juridiquement par un contrat avec celui qui a requis ses services (le plus souvent, le transporteur maritime). Ce contrat ne peut être modifié qu'avec l'accord des deux parties. En effet, le transporteur a le devoir, dont il ne peut se libérer, de réaliser la manutention au départ et à l'arrivée du navire. Toutes les opérations de manipulation des marchandises entre les hangars, les terre-pleins et le navire, avec en sus l'arrimage et le hissage à bord. L'entrepreneur n'a à aucun moment la garde des marchandises. Il n'aura pas à la pointer ni à la désigner par lots (affaire du consignataire ). Le pointage des dockers n'est effectué que pour des questions de rendement ou par usage spécifique à chaque port. L'entreprise d'Acconage prend les marchandises en charge pendant leur passage dans l'enceinte portuaire c'est à dire de la réception à l'arrimage en cales (export), du désarrimage à la livraison au destinataire (import). Il s'occupera également des opérations matérielles et des opérations juridiques de réception, livraison, reconnaissance, et garde des marchandises. L'acconier est le plus souvent mandaté par le transporteur mais il pourra effectuer des opérations de manipulation pour le compte des chargeurs ou des destinataires si le connaissement le précise (la livraison n'est pas sous palans ). Les contrats directs entre acconiers et chargeurs ou destinataires peuvent également exister en cas d'affrètement par ces chargeurs ou en cas de grosses quantités pour un seul réceptionnaire qui pourra imposer son acconier. A l'exportation : réception sur le quai des marchandises déchargées par le camionneur ou l'acconier sur demande, et délivrées contre un bon de déchargement remis au chauffeur. Le pointeur de l'acconier procède à la reconnaissance et vérifie la concordance avec la note de chargement qui accompagne ces marchandises (remise par le chauffeur de livraison ). Le pointeur procède au cubage du lot (arrimage et frais) et examine l'état apparent des marchandises puis il prend éventuellement des réserves qui seront reportées sur la note de chargement. Une fois cette vérification accomplie le pointeur remet une décharge au camionneur c'est la note de mise à quai qui concrétise la prise en charge juridique des marchandises et donc le début de la phase terrestre du transport maritime. A l'import :
L'acconier reçoit un manifeste du navire afin de prévoir
l'outillage et les équipes. Au débarquement les marchandises sont alloties sous hangar et pointées. Le pointeur de tête responsable d'un navire et les pointeurs de cale qui vérifient une cale seulement grâce à un imprimé, appelé la rubrique, fournit par le précédent. La marchandise est ensuite reconnue et vérifiée sur son état apparent puis on constitue l'état des différences. Pour les conteneurs, l'acconier qui effectue le dépotage dresse un état de débarquement avec prise de réserves au pied du navire par un commis pointeur. Une fois prévenu par le consignataire ou agent maritime par un Avis d'arrivée, le réceptionnaire (son transitaire en général) vient reconnaître ses marchandises sur le quai pour effectuer en douane sa déclaration de détail. Le consignataire de cargaison (agent maritime) lui fournit, après paiement des frais éventuels, un bon à délivrer qui lui permettra de prendre livraison. En cas de problèmes, il y aura un constat de livraison établi de manière contradictoire entre l'acconier et le réceptionnaire avec éventuellement une expertise. Lors de la livraison, le pointeur remet un bulletin de livraison qui marque la fin du transport maritime. Le stockage en zone portuaire est en général gratuit durant les 4 premiers jours.