Économie Portuaire
Cours proposé par Mr Foued Aloulou
Maître de conférences en Economie
1ère année Master Professionnel
Management des affaires maritimes
2019-2020
Les ports peu performants augmentent les coûts de transaction, réduisent le volume des
échanges et affectent négativement la compétitivité commerciale des nations et des
entreprises.
Par ailleurs, avec l’ouverture du marché de transport maritime et des ports sur la concurrence
non seulement national mais aussi international, le concept de la performance et est devenu au
cœur des préoccupations des autorités et des opérateurs portuaires. Chaque agent maritime se
trouve désormais dans une situation de concurrence évoluant au milieu d’un espace
multidimensionnel (géographiques, de services, de qualité, etc.). L’entreprise doit défendre sa
position en s’armant de tous les moyens stratégiques légaux visant à accroître son adaptabilité
aux mutations de son environnement et à parvenir innover, investir et vendre mieux. Dans un
environnement ouvert et complexe, le port compétitif est celui qui sera capable de se
1
Chapitre II : La performance Portuaire
maintenir sur le marché et d’occuper une place de plus en plus importante face à un ensemble
de concurrents.
Donc, les objectifs du port son nombreux et diversifiés autant que ses parties prenantes sont
multiples. D’où, la performance portuaire est à caractère multidimensionnel.
De même, ce port n’est pas isolé de son environnement externe qui influence aussi bien son
attractivité que sa croissance que sa performance. Par conséquent, la performance du port ne
peut pas être évaluée sur la base d'un seul critère ou mesure.
portuaire pour analyser les potentielles d'amélioration du port, étudier les possibilités de son
extension et établir le diagnostic interne de ses établissements afin de déterminer ses points
forts et ses points faibles. Ce diagnostic est une étape primordiale pour l’élaboration de la
stratégie portuaire. Ces autorités doivent intervenir pour renforcer la performance des ports
nationaux dans le souci des intérêts stratégiques de la nation. Elles doivent savoir
particulièrement l’impact des facteurs exogènes sur cette performance sur lesquels elles
peuvent agir afin de limiter les entraves institutionnelles, réglementaires, infrastructurelles qui
empêchent l’amélioration de la performance des ports nationaux.
Plusieurs indicateurs et modèles économiques ont été développés et appliqués pour évaluer la
performance du système portuaire d’une manière particulière et même du système de
transport d’une manière plus générale. On assiste ainsi à l’application des modèles coûts
avantages pour évaluer la rentabilité économique d’un port ou aussi des modèles de
l’équilibre général calculable pour étudier les retombées économiques d’un port ou aussi des
modèles gravitaires pour expliquer l’impact de la dotation en infrastructures portuaires ainsi
que des coûts et de la qualité des services portuaires sur la compétitivité commerciale d’une
nation ou aussi des modèles économétriques paramétriques ou non paramétriques pour
estimer l’efficacité technique et/ou allocative d’un port ou aussi des modèles de scoring pour
comparer les ports en fonction d’un indicateur agrégé illustrant un score de performance
calculé en fonction d’un ensemble d’indicateurs élémentaires de performance.
I. Définition de la performance
La définition de ce concept économique de base est très difficile, voire même très délicate. La
performance est un concept complexe et multidimensionnel qui intègre différentes dimensions
(économique, financière, organisationnelle, structurelle, sociale, technique, etc.). Elle est
relative à la vision de l’acteur économique, sa stratégie et ses objectifs.
D’une manière générale, le concept de la performance peut être défini pour une entreprise,
comme étant le niveau de réalisation des résultats par rapport aux efforts engagées et aux
ressources consommées. Il est relatif à la capacité d’un acteur économique d’atteindre son
objectif en exploitant de la manière la plus optimale ses moyens disponibles et de réaliser des
résultats comparables ou même supérieurs à ceux enregistrés par ses concurrents. Autrement
dit, une organisation est performante si les résultats obtenus sont identiques aux objectifs
définis.
Cependant, les objectifs d’une entreprise sont multiples et diversifiés. Ils varient même en
fonction des caractéristiques de l’entreprise, de sa position sur le marché et des circonstances
qui cernent son environnement externe. L’entreprise cherche la rentabilité, la compétitivité, la
durabilité, la croissance, l’internationalisation, la satisfaction des clients, etc.
Dans ce sens la notion de performance renvoie à la notion de rentabilité du capital investi, de
compétitivité de l’entreprise, de productivité, de l’efficacité, de l’efficience, de la satisfaction
des exigences des clients, etc.
Cependant, il existe une forte distinction entre ces concepts dont chacun traite d’un aspect
particulier ou une dimension précise de la performance de l’entreprise.
A titre d’exemple, le terme de rentabilité concerne plus la performance financière de
l’entreprise. Il désigne l’aptitude de l’entreprise à procurer les recettes induites par la vente
de ses produits qui lui permettent aussi bien de couvrir ses coûts, de rémunérer son capital et
de dégager une marge bénéficière importante.
3
Chapitre II : La performance Portuaire
Le segment entre objectifs et résultats définit l’efficacité et permet de savoir si l'entreprise est
suffisamment efficace pour atteindre ses objectifs ;
Le segment entre résultats et moyens définit l’efficience et permet de savoir si l'entreprise
arrive à atteindre ses objectifs avec moins de coûts et de moyens.
Le segment entre moyens et objectifs désigne la pertinence et permet de savoir si l'entreprise
s'est munie des bons moyens pour atteindre ses objectifs.
Les indicateurs liés de la main d’œuvre (temps total de travail, le nombre d'unités de
travail, productivité du travail).
Les indicateurs financiers tels que le chiffre d’affaire, le résultat d’exploitation
réalisé, le taux de rendement interne, le profit, le prix de vente, les dépenses d’exploitation.
Les indicateurs géographiques tels que l’accessibilité, l’hinterland, la centralité, la
spécialisation, etc.
Débit du port :
C’est la quantité ou le volume de marchandises et/ou le nombre ou capacité des navires traités
dans le port par unité de temps. Il peut être calculé soit au niveau global ou par type de
marchandise (vrac solide, vrac liquide, conteneurs, RO/RO) ou de navire, Il indique la
capacité du port à capter le trafic et à exploiter les capacités offertes du port.
Un port performant est celui qui est capable de capter le volume maximal de trafic de navires
et de marchandises et de pouvoir les traiter au moindre temps.
Cet indice est aussi essentiel pour calculer la productivité du port et ses caractéristiques
économiques en matière de spécialisation, d’hinterland, d’attractivité, etc.
Le Tableau suivant décrit l’évolution du trafic total traité par les différents ports de commerce
en Tunisie pour les années 2005, 2010, 2015 et 2017.
Rades bizerte Sousse sfax Gabes Zarzis total
2005 5547 4790 1692 4573 4425 736 21 763
2010 6 296 3 989 2 243 5 018 4 773 1 355 23 674
2015 6 668 5 603 2 402 4 367 2 201 737 21 978
2017 6841 4864 2293 4533 3087 854 22 472
tx05-10 2,57 -3,59 5,80 1,87 1,53 12,98 1,70
tx10/17 1,19 2,87 0,32 -1,44 -6,03 -6,38 -0,74
part 2010 26,59 16,85 9,47 21,20 20,16 5,72
part 2017 30,44 21,64 10,20 20,17 13,74 3,80
En se référant au critère de débit de trafic, on peut classer ces ports selon leur capacité à gérer
le flux de trafic le plus élevé. Pour toutes les années le port de Rades occupe tout jours la
première classe dont sa part de marché n’a pas cessé d’augmenter d’une année à une autre. En
2017, il occupe plus que 30% du trafic. Alors que le port de Zarzis n’occupe que3.8% du
tonnage total traité par les ports de commerce en Tunisie. Donc, le port qui occupe plus de
part de marché peut être conçu comme le plus performant.
Le taux d’occupation = Nombre total d’heures d’occupation des postes par un navire
Nombre total d’heures de disponibilité du poste
Exemple :
date Poste 1 Poste 2 Poste 3
02-02 16.5 0 15
03-02 0 10 21
04-02 22 19 17
05-02 19 24 22
06-02 22 19.5 24
07-02 24 24 14
08/02 10 24 7
total 113.5 120.5 120
K=nbre de quai x nbre d’heures de travail par quai par an x taux d’occupation
Temps de séjour moyen du navire dans le port
Pour un port qui travaille 7 jours sur 7 tout au long de l’année, le nombre de jours de
travail/quai par an est égal à = 365 jours soit l’équivalent de 8760h/an.
Si le taux d’occupation moyen du port est 70%, le temps productif du port (où il est
effectivement occupé) est : 8760*0.7 = 6132h/an.
Temps de séjour moyen du navire dans le port (tsj) mesure le temps minimal moye qu’un
navire peut rester dans le port. Ce temps peut être calculé en fonction des équipements
portuaires, de la taille des navires accostées et du tonnage moyen annuel traité. Sous des
hypothèses portant sur ces variables, on peut calculer ce temps.
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Généralement, le temps de séjour d’un navire dans un port peut être décomposé en temps
d’attente en rade, temps de préparation du navire ou temps de non services et temps de
manutention.
Le temps d’attente en rade dépend du niveau de la congestion du port, le temps de non service
dépend de l’efficacité logistique du port et de son administration, et le temps de manutention
dépend aussi bien du rendement des équipements de manutention () du nombre de shift (),
nombre d’heure par shift(H) et nombre de grues affectées pour chaque quai (n) . Tsj = tp + tm.
On va supposer que le temps d’attente en rade est nul (l’un des critères de la performance
d’un port) et le temps de non service est minimal (selon les rapports de la CNUCED sur la
gestion portuaire ce temps ne doit pas dépasser 6h).
On suppose que le navire subi à une double opération de chargement et de déchargement,
c’est-à-dire que le temps de manutention (Tm) est égal au temps de chargement et au temps
de déchargement.
Tm = QM .
* n* coefficient de shift
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Chapitre II : La performance Portuaire
Tm = QM .
* n* coefficient de shift
Coefficient de shift = du nombre de shift (), nombre d’heure par shift(H)/jour
24
= 8/24 = 0.33
QM = tonnage total traité/ nbre des navires = 189 200/227= 834EVP.
Tsj = 12+834 /0.66*15*1 = 96.24h
K= 6*6132/105.3 = 383 navires
Niveau d’exploitation : 227/383 = 59.26%
C’est le temps que passe la marchandise dés qu’elle sera déchargée du navire jusqu’elle
quittera le port. Le chargeur entant que propriétaire de la marchandise cherche à enlever le
plus rapidement possible ses marchandises et les évacuer du port pour pouvoir les exploiter
dans la production ou le commerce. Tout retard du à un séjour long de la marchandise au port
peut causer une perte financière et commerciale de l’entreprise exportatrice ou importatrice.
D’où l’intérêt de la recherche de port efficace ayant la durée de séjour de la marchandise la
plus courte.
Ce temps est tributaire à la qualité de l’administration et de la gouvernance du port, aux
procédures de douanes, à l’équipement du port, etc.
Le taux de manutention :
Il mesure la quantité de marchandise chargée et/ou déchargée par heure, soit par quai, soit par
navire, soit en moyenne par port. Il est lié à l’organisation des opérations de manutention,
indiquant ainsi la vitesse de chargement et de déchargement et reflétant l’efficacité de
l’opération de manutention. Il est tributaire aussi bien à la technologie de manutention
exploitée, aux nombre des équipements et des équipes de travail engagées Il est considéré
comme étant l’indice de productivité le plus significatif.
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Chapitre II : La performance Portuaire
Les superstructures: sont les équipements nécessaires pour offrir les divers services
logistiques aux navires et aux marchandises tels que
Equipements de manutention qui permettent le chargement et le déchargement des
marchandises entre les navires et la terre
Entrepôts et hangars : sont des zones couvertes aménagées pour recevoir des
marchandises à stocker ou à garder
Moyens de stockage : terre-pleins, hangars, silos céréaliers, etc.
Moyens d’évacuation et d’amenée des marchandises par voie terrestre : bandes
transporteuses, pipe-lines, routes, voies ferrées, etc.
Équipements de services : unités de réparation de conteneurs, parkings.
Les infostructures sont l’ensemble des installations permettant de gérer et optimiser le flux
d’informations tout au long d’une chaîne portuaire. En fait, la réalisation des opérations de
transport implique l’intervention de plusieurs acteurs et suppose l'établissement d'un système
d'obligation et de responsabilité entre eux et génère la circulation d'informations nécessaires à
la mise en œuvre de ce système. Les opérations de saisie, d'émission, de transmission, de
réception et de traitement d'informations au moins à trois niveaux (opérationnel, administratif
et juridique), sont indispensables à l'organisation et à la fluidité de la chaîne portuaire. Une
mauvaise qualité d'information au niveau des délais de transmission des avis d'arrivée, des
préparations des documents et des opérations administratives ou douanières entraîne
l'immobilisation aussi bien du navire que de la marchandise. Ceci se traduit par des coûts et
de manque à gagner dans un environnement très concurrentiel où le facteur temps est l'éliment
déterminant.
Le fonctionnement d’un réseau informatique de transmission des données entre les divers
acteurs de la chaîne logistique est devenu un des critères fondamentaux de la performance
d’un port. L’usage des NTIC accélére les échanges des données et augmente la fiabilité dans
l’organisation de la chaîne de transport de bout en bout. Il réduit le temps de transit dans le
port et améliore la vitesse commerciale du navire.
Ces caractéristiques techniques du port déterminent ses capacités de production, sa gamme de
services, la qualité des services à offrir, la taille et le type de navire qui pourra accoster au
port et par conséquent la performance portuaire. Elles peuvent constituer des contraintes
physiques à l’accès de certains types et tailles de navires. La croissance spectaculaire de la
taille des navires et la spécialisation de trafic, imposent aux ports des nouveaux
aménagements et investissements pour répondre aux exigences des clients et assurer leurs
compétitivités.
Une meilleure infrastructure facilite ainsi les opérations portuaires, telles que manutention du
fret maritime, stockage, avitaillement en carburant et en eau et réparations d’urgence. Elle
réduit le temps nécessaire pour effectuer ces opérations et améliore la qualité des services
fournis.
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L’accessibilité portuaire
L’accessibilité se définit comme la facilité d’accéder au port et de desservir son arrière pays.
Elle constitue un instrument qui permet de mesurer la qualité de la desserte entre le port et
son hinterland.
La capacité et la qualité de desserte terrestre fait partie des principaux éléments déterminants
de l’accessibilité terrestre du port et par conséquent de sa performance, du fait que les
chargeurs raisonnent aujourd’hui en termes d’un service de transport global et intègrent les
coûts et les délais de prés et/ou poste acheminement dans leur choix du port. Le port attractif
doit être desservi par une diversité de mode de transport et à proximité des différents axes et
nœuds de transport (plate-forme logistique, aéroport, gare ferroviaire, etc.).
Cette accessibilité ne dépend pas seulement de la distance qui sépare le port à la zone
d’origine ou de destination finale de la marchandise, mais aussi de la capacité et de la qualité
des infrastructures routières qui relient cette zone au port. Le raccordement du port à un
réseau d’autoroute et sa connexion à un aéroport et à un réseau de chemin de fer constituent
les atouts d’un port moderne.
De ce fait, l’accessibilité terrestre d’un port n’est plus simplement exprimée en termes de
proximité, mais en termes de délai d’acheminement et de fiabilité.
La qualité de la desserte terrestre et la proximité d’un arrière industriel jouent aussi un rôle
primordial dans l’accessibilité terrestre du port ainsi que de sa performance. Le réseau
routier doit être fluide et fiable afin d’assurer l’acheminement de la marchandise au bon
moment et en bon état.
L’accessibilité maritime est définie par la facilité d’accès nautique qui caractérise le port.
Les armateurs choisissent le port le plus accessible offrant des facilités nautiques
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Chapitre II : La performance Portuaire
intéressantes en termes de tirant d’eau, chenaux d’accès, zone évitage, nombre du quai, etc.
Ces caractéristiques nautiques du port déterminent la taille et le type de navire qui pourra
accoster au port. Elles peuvent constituer des contraintes physiques à l’accès de certaines
tailles de navires. La profondeur des eaux portuaires est devenue de plus en plus importante
depuis l'apparition des navires de grande taille. Les ports les plus profonds auront un atout
supplémentaire car les travaux de dragage sont relativement onéreux
La croissance spectaculaire de la taille des navires et la spécialisation de trafic, imposent aux
ports des nouveaux aménagements et investissements pour répondre aux exigences nautiques
et techniques de ces nouvelles générations de navires.
La Localisation du port :
La localisation du port est un facteur déterminant de l’attractivité du port ainsi que sa
performance. Il influence aussi bien la densité de trafic que le coût logistique. Se doter d’une
position géographique stratégique, permet au port de se différencier par rapport à ses
concurrents et posséder une position concurrentielle.
Le port doit être implanté à proximité des grands centres de production et de consommation
émettant et/ou recevant un flux de trafic important alimentant l’activité portuaire ou bien par
rapport aux principaux axes maritimes pour capter un trafic de transbordement. Le trafic du
port serait davantage conditionné par son arrière pays terrestre que par son avant-pays
maritime.
Cette position géographique du port peut être mesurée par l’indice de centralité. Cet indice
indique à la fois la position relative du port par rapport aux centres de production et
d’échanges susceptibles de nourrir son trafic ainsi que son niveau d’accessibilité non
seulement en termes de distance mais aussi en termes de temps et de coût de transport pré ou
poste acheminement.
L’indice de centralité s’établit en fonction aussi bien de l’éloignement des principaux bassins
économiques du port que de leur importance économique. En se basant sur la loi de
l’attractivité, il suppose que la centralité du port est inversement proportionnelle à la distance
qui sépare le port aux diverses régions à desservir, mais proportionnelle aux poids
économiques de ces régions.
Il est égal à la somme pondérée des rapports entre le poids économique des centres
économiques desservis par le port et le coût généralisé entre ces centres et le port.
∝ 𝑗𝑃𝑗
𝐼𝐶𝑖 = ∑
𝐶𝑔𝑖𝑗
𝑗
αj est un coefficient de pondération indiquant le poids de la région j. Il peut être calculé
comme étant le rapport entre la population active de la région j et la pop totale ou le PIB
régional par rapport au PIB national
Pj est un indicateur macroéconomique de la région j (population, PIB, nombre des entreprises,
etc.)
Cgij est le coût généralisé de transport entre le port i et les régions j.
Cependant, la proximité du port aux routes maritimes ou aux centres de commerce, n’a pas
beaucoup d’importance en absence d’un port perforant, accessible et dotées d’un ensemble
d’infrastructures et équipements modernes. A titre d’exemple, les ports Tunisiens occupent
une position stratégique dans le bassin méditerranéen, mais ils souffrent de grandes
défaillances techniques, logistiques, administratives qui limitent leur attractivité et leur
performance.
Donc, pour que la localisation géographique soit favorable à la performance d’un port, il faut
garantir les conditions techniques, logistiques et administratives d’un bon fonctionnement du
port.
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L’hinterland du port
Il s’agit de la zone économique qui alimente le port par le trafic. Il couvre l’espace maritime
et terrestre qui relie le port avec l’origine et/ou la destination finale de la marchandise traitée
dans le port. On distingue ainsi entre l’hinterland maritime et l’hinterland terrestre.
L’hinterland maritime est illustré par le nombre et la distance moyenne des lignes maritimes
desservies par le port. L’hinterland terrestre est composé des différents pôles économiques qui
alimentent le port par le trafic.
Un port performant est celui qui dispose d’un vaste hinterland aussi bien maritime que
terrestre permettant d’attirer des flux de trafics denses sur un réseau de lignes maritimes
étendues. Ce trafic du port serait davantage conditionné par son arrière pays terrestre que par
son avant-pays maritime.
Cet hinterland dépend de la localisation du port et du niveau de développement des régions
desservies par le port, des conditions d’accessibilités au port et de son niveau de
spécialisation. La richesse de l’arrière pays contribue à l’augmentation des flux du trafic et
répercute positivement sur la croissance économique.
Cependant, pour les ports de transbordement, cette richesse de l’arrière pays n’aura aucune
relation avec son attractivité internationale. Cette dernière dépend plus de sa position
stratégique au carrefour ainsi qu’aux ses caractéristiques techniques et organisationnelles.
Plusieurs exemple de ports à grande performance et à faible importance d’arrière pays,
peuvent être cités tels que le port de Tanger-Med au Maroc, de Malte, de Singapour, etc.
Ces ports de transbordement localisé prés de grands centres commerciaux mondiaux,
disposent d’un riche avant-pays ainsi que des infrastructures, superstructures et
infostructures adéquats avec le bon fonctionnement des ports Hub.
Ces différents facteurs caractérisant les ports maritimes (l’accessibilité la localisation,
l’hinterland, etc.), sont devenus l’une des préoccupations majeures des autorités portuaires et
des responsables politiques dans le monde, tant il est vrai qu’ils constituent la clef de
compétitivité des ports et du développement économique des régions enclavés et côtières.
15
Chapitre II : La performance Portuaire
Cependant, ces notions de productivités partielles ne rendent pas compte de leur évolution
dans le temps. La productivité d'un facteur n'évolue qu'en fonction de la variation des
quantités de l’input utilisé et de son intensité par rapport à l'autre input. Elle décroît lorsque la
quantité de l'input considéré croit (selon la loi économique des rendements marginaux
décroissants des facteurs de production).
quantité d'output produite d'un bien et les quantités des facteurs de production nécessaires
pour l'obtenir.
Y
Pour une fonction de production à deux facteurs: Y=F(K, L); PTF=
K L
Avec PTF mesure la productivité totale des facteurs.
Cependant, les unités de mesure du facteur capital (K) et celles du travail (L) ne sont pas
homogènes, ainsi que leurs contributions à la production totale ne sont pas identiques, ce qui
pose un problème dans l'agrégation de ces deux facteurs.
Plusieurs formules de pondération ont été proposées pour agréger ces facteurs, dont la plus
utilisée est l'indice DIVISIA. Cet indice considère que les facteurs de production seront
pondérés par leurs parts dans le coût de production.
Y
La productivité totale des facteurs s'écrit ainsi :PTF=
S k .K S L .L
Avec Sk et SL sont respectivement la part du facteur capital et du facteur travail dans le coût
r .K w .L
total de production : Sk = ; SL = et CT = w.L + r.K ; Sk + SL =1
CT CT
CT est le coût de production, r et w sont respectivement les prix des facteurs de production
capital et travail.
Si on suppose que le niveau de débit d’un terminal à conteneur est fonction du nombre des
travailleurs (L) et celui des grues (K). Si dans un port donné, on dispose de 5 terminaux à
conteneurs, on peut établir un classement de ces terminaux en fonction de leurs productivités
partielles ou même totale.
Le tableau suivant décrit l’évolution de la productivité partielle et totale de chaque port en
supposant que les coefficients de pondération des inputs L et K sont respectivement 0.3 et 0.7.
P1 P2 P3 P4 P5
Y 100 140 80 60 30
L 10 18 12 8 9
K 4 5 3 4 3
PML 10 7,78 6,67 7,50 3,33
PMK 25 28 26,67 15 10
PTF 17,24 15,73 14,04 11,54 6,25
A partir de ce tableau, on peut constater que le classement entre les ports se diffère selon le
critère de productivité à retenir. Au niveau de la productivité moyenne du travail et de la
productivité totale des facteurs, le terminal P1 enregistre les meilleurs scores par rapport aux
autres terminaux concurrents. Il s’avère ainsi plus productif et performant. Cependant, il
souffre d’une faiblesse de productivité des équipements comparativement aux terminaux P2 et
P3 qui enregistrent des scores de productivité moyenne de capital plus élevé soit
respectivement de 28 EVP par heure de manutention et presque 27 EVP par heure de
manutention.
Donc, l’ambiguïté de la mesure de la productivité partielle peut être résolue par le calcul de la
productivité totale des facteurs. Cependant, cette mesure n’indique rien sur les sources de
défaillance d’un port ou d’écart de performance entre les ports. Elle fournit peu d’information
soit sur l’efficacité dans l’allocation des ressources, soit sur la combinaison optimale de ces
17
Chapitre II : La performance Portuaire
ressources utilisées pour produire un niveau donné d’output, soit sur la dimension ou le taux
d’exploitation des installations fixes.
On doit ainsi calculer les gains de productivité qu’une entreprise peut réaliser dans le temps et
chercher ses différents éléments explicatifs. Ces gains de productivité reflètent mieux la
capacité de l’entreprise à maîtriser et gérer efficacement les mécanismes de transformation de
ses inputs en un output. Un gain de productivité se traduit par le fait qu’une entreprise réalise
soit le même volume de production en utilisant moins de facteurs de production, soit qu’elle
réalise un volume plus important de production avec la même quantité de facteurs de
production.
Ce qui compte plus pour l'entreprise ce n'est pas ainsi le calcul de la valeur absolue statique de
cette PTF, mais de son taux de croissance d'une année à une autre.
Si par exemple, la production initiale d'un terminal à conteneur évaluée en débit de conteneurs
par heure est de 100 EVP par heure en utilisant 10 ouvriers et 4 équipements de manutentions.
Cette production évolue dans le temps à 120 EVP par heure avec les mêmes quantités des
inputs. La productivité horaire de ce terminal à conteneur a donc évolué en passant de 100
unités à 120 unités enregistrant ainsi un gain de productivité équivalent à 20 EVP par heure,
soit 20%.
Cette croissance de la productivité améliore l'efficacité de l'entreprise, augmente sa
production, réduit ses coûts et renforce sa rentabilité en réalisant plus de profits. Elle réside
dans plusieurs facteurs autres que l'allocation des ressources, tels que l'amélioration des
compétences et des expériences des travailleurs, une meilleure organisation du travail au sein
de l'entreprise, l'incorporation de nouvelles technologies dans le processus de production, la
taille de l'entreprise et la structure de marché.
Une mesure du gain ou de l’évolution de cette productivité totale des facteurs basée sur indice
. . .
DIVISIA s’écrit : PFT Y X
. . .
Avec, PFT , Y et X sont respectivement les taux de croissance des variables productivité
totale des facteurs, output et input.
Démonstration :
𝑌
𝑃𝑇𝐹 = 𝑎𝑣𝑒𝑐 𝑋 = ∑ 𝑆𝑗 𝑋𝑗
𝑋
𝑗
Avec Sj est la part du facteur j dans le coût total.
̇ =𝑑𝑃𝑇𝐹=
PTF
X
dPTF
𝑃𝑇𝐹 Y
𝜕𝑃𝑇𝐹 𝜕𝑃𝑇𝐹 𝑑𝑌 𝑌
𝑑𝑃𝑇𝐹 = 𝑑𝑌 + 𝑑𝑋 = − 𝑑𝑋
𝜕𝑌 𝜕𝑋 𝑋 𝑋²
̇ = 𝑑𝑌 − 𝑑𝑋 = Ẏ − Ẋ
PTF
𝑌 𝑋
. .
X = j Sj xj
Cette approche des nombres des indices a l’avantage de faire des calculs simples, mais elle
n’identifie pas les différents facteurs contribuant à l’évolution de la PTF.
Une approche alternative de mesure de la productivité, a décomposé la PTF à travers ses
différents facteurs explicatifs. Cette décomposition va permettre à l'entreprise de connaître les
facteurs qui affectent plus sa productivité et par conséquent, prendre les décisions adéquates
pour augmenter son rendement, réduire ses coûts et maximiser ses profits.
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Selon la littérature économique, ce gain de productivité peut être induit de trois facteurs
principaux qui affectent largement la productivité d’une entreprise. Il s’agit des gains
d’efficience, gains de progrès technique et gains d’économie d’échelle.
PTF B ET EE
Avec PTF ̇ est le gain de productivité totale des facteurs
Ḃ est le gain de progrès technique
EṪ est le gain d’efficience
EĖ est le gain d’économie d’échelle
Le gain de progrès technique s’illustre par une augmentation de la production dans le temps
sans faire changer les quantités des facteurs de production exploitées. Celle évolution de la
production est expliquée par l'accumulation de connaissances et d'expériences acquises par le
port dans le temps en lui permettant de créer et de développer des nouveaux procès de
production ayant une meilleure productivité. L'amélioration des compétences et des
expériences des travailleurs, une meilleure organisation du travail au sein du port,
l'incorporation de nouvelles technologies dans le processus de production, renforcent la
productivité et la performance du port.
Chaque entreprise qui désire maintenir sa position sur un marché particulièrement de type
concurrentiel, doit investir dans les nouvelles technologies qui marquent l'évolution de son
secteur d'activité et améliorer la productivité de ses travailleurs via l'apprentissage, la
formation, les stages, etc.
Dans le cas où les rendements d'échelle sont constants (EĖ =0) et que l’entreprise est efficace
̇ = Ḃ).
(EṪ = 0), le gain de productivité sera assimilé au seul progrès technique. (PTF
Le gain d’efficience réside dans une meilleure allocation des ressources disponibles et une
meilleure utilisation des moyens disponible pour produire le maximum d’output l’entreprise
doit éviter ainsi le gaspillage dans l’utilisation de ses ressources.
Le gain d’économie d’échelle mesure l’effet de la taille du port sur ses rendements. Il
implique un accroissement plus proportionnel du niveau de production par rapport à
l’accroissement des inputs. C’est-à-dire si tous les facteurs de production (X) seront multiplier
par un paramètre >0, la production sera multipliée par plus que . Dans ce cas le coût moyen
de production décroit avec l’accroissement de la production.
En fait, plusieurs études ont montré que les ports à rendements d'échelle croissants ayant des
tailles plus élevées sont plus capables techniquement et financièrement, à mieux exploiter des
équipements, à produire en masse, à former leurs personnels, à qualifier leur travail, à
incorporer le progrès technique dans leurs processus de production et à entamer des
programmes de modernisation et de réformes que les petits ports. Les grands ports ont plus
d'opportunités de réaliser des gains de productivité que les petits ports.
Tous ces facteurs influencent le procès de production de l'entreprise et affectent sa
productivité totale. Mais, ils ne sont pas intégrés de la même façon et au même niveau pour
toutes les ports. Certains ports bénéficient mieux que d'autres de ces gains
La capacité de chacun de maîtriser et d'intégrer ce progrès technique dans son processus de
production, d’être efficient et de réaliser des économies d’échelle, est la source de différence
de sa productivité par rapport à ses concurrents.
19
Chapitre II : La performance Portuaire
V. L’efficacité du port
V.1. L’efficacité technique d’un port :
Une entreprise est considérée techniquement efficace si elle se situe sur la frontière de son
ensemble de production. Cette frontière fait la séparation entre les procès de production
techniquement possibles et accessibles par la technologie exploitée (la zone des possibilités
techniques de production) et ceux techniquement non réalisables (zone des impossibilités
techniques de production). Elle trace l’ensemble des niveaux maximums d’output permis par
les différentes combinaisons d’inputs exploitées selon les meilleures pratiques de production.
Dans un processus de production monoproduit à un seul input variable, on peut représenter
cette frontière de production par une courbe concave et qui tourne sa concavité vers le bas.
Cette concavité est expliquée par la nature convexe de la fonction de production ainsi la
nature décroissants des rendements marginaux.
Si on projette les quantités d’input (X) à utiliser sur l’axe des abscisses et les quantités
d’output (Y) produites par la firme sur l’axe des ordonnées, on peut tracer une frontière de
production à court terme exprimant une relation fonctionnelle entre l’output Y et l’input X. La
zone au dessous de cette courbe représente la zone des possibilités techniques de production
et celle au dessus, représente la zone des impossibilités techniques de production.
Y2 B
Y1 A F(X)
Y0 D C
O X1 X0 X
Avec une quantité d’input X0, l'entreprise peut produire divers niveaux d’output Y tels que Y0
ou Y1. Le niveau de production Y2 ne peut pas être réalisé selon la quantité utilisée de l'input
(X0) et l'état technique existante (F). Donc, la technique B se trouve dans la zone des
impossibilités techniques de production.
L'efficacité technique peut être interprétée selon deux orientations soit au niveau de l’output
et soit au niveau de l’input.
Selon l’orientation output, elle implique que l'entreprise doit produire le maximum d'output en
utilisant un niveau donné d'input.
Au point C, l'entreprise produit le niveau d'output Y0. Elle est considérée comme
techniquement inefficace dans la mesure où elle peut faire mieux avec les mêmes ressources
qu'elle dispose (X0). Elle souffre ainsi d'un problème de gaspillage de ressources qui limite
son efficacité et sa rentabilité. Pour éviter ce gaspillage et produire à plus grande efficacité,
l'entreprise doit être sur la frontière des possibilités de production (F(X)), c'est-à-dire, au point
A. A ce point, l'entreprise maximise son output en exploitant un niveau donné d'input (X 0).
Elle est ainsi techniquement efficace. Si l'entreprise désire accroître sa production elle doit
augmenter ses inputs en passant de X0 à X1.
L’inefficacité technique peut être évaluée par le rapport entre la distance qui sépare C à sa
projection sur l'axe des abscisses et celle qui sépare A du même axe;
𝐶𝑋0 𝑌0
Le score d'efficacité technique = 𝐴𝑋0 = 𝑌1
Ce rapport est inférieur à un. Il indique le rapport entre le niveau d’output réellement observé
(Y0) et celui optimal (Y1) produits suite à l’utilisation d’une même quantité d’input (X0).
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K
KB B
KA
A IS0
KM
M
LM LA
Pour un niveau donné d'output (Y0), une firme est techniquement inefficace lorsqu'elle se
situe au dessus de cette courbe (le point B). Le point M (au dessous de la courbe d'isoquant)
est techniquement inaccessible. La technique envisagée (KM, LM) ne permet pas de produire
Y0 faute de capacité technique suffisante
Au point B, on utilise plus de quantité d'input travail et de capital pour produire Y 0.
L'entreprise souffre d'un problème de gaspillage de ses ressources, car elle peut produire une
même quantité d'output avec une moindre quantité des inputs K et L. Elle est donc
techniquement inefficace. En réduisant l’utilisation des facteurs de production K et L tout au
21
Chapitre II : La performance Portuaire
long du rayon OB jusqu’au point A, la firme peut produire le même niveau d’output mais
avec des quantités plus petites d’inputs.
Le degré d’efficacité technique (ET) peut être mesuré par le rapport entre la distance qui
sépare le point d’origine au point de la frontière des possibilités de production (OA) et celle
qui sépare le point d’origine au point observé qui est techniquement inefficace (OB) :
𝑂𝐴
ET =𝑂𝐵
En effet, l’efficacité technique est comprise entre 0 et 1 (0 ≤ ET ≤ 1), ce qui implique que tous
les points situés sur la courbe d'isoquant sont techniquement efficaces et ont un degré
d’efficacité technique égal à 1.
K
L
K
H B
A
R E
H’ L
Application :
Pour produire une quantité d'output égale à 100, une entreprise peut combiner deux facteurs
de production capital (K) et travail (L) dans les proportions suivantes:
Combinaison A B C D E
Machine (K) 6 5 4 5 3
Ouvrier (L) 12 13 16 20 26
1- Quelles sont les combinaisons d'inputs qui ne sont pas techniquement efficaces?
Pourquoi?
2- Tracer le lieu géométrique de toutes les combinaisons techniquement efficaces. Que
représente cette courbe?
3- Mesurer le degré d'inefficacité technique si l'entreprise fonctionne avec la
combinaison inefficace.
4- Quelle est la technique de production la moins coûteuse sachant que le prix du capital
est égal à 2 et le prix du travail est 1?
5- Tracer la droite d'isocoût passant par la combinaison la moins coûteuse.
23
Chapitre II : La performance Portuaire
6- Chercher les coordonnées d'un point R ayant le même coût que la combinaison
optimale et qui appartient à la droite qui relie le point d'origine avec la combinaison
techniquement inefficace. Est-ce que le point R est techniquement efficace? Expliquer
pourquoi.
7- Calculer le degré d'inefficacité globale si l'entreprise choisit de fonctionner avec la
combinaison inefficace techniquement. En déduire le degré d'inefficacité allocative.
Correction :
1- La combinaison D est techniquement inefficace, car la firme peut produire la même
quantité d'output (Y=100) en utilisant la même quantité de capital (K=5) mais une quantité
moindre de travail (13 au lieu de 20; en faisant une comparaison entre les combinaisons B et
D)
La courbe qui relie toutes les combinaisons techniquement efficaces est la courbe d'isoquant.
Le point D n'appartient pas à cette courbe car il est techniquement inefficace.
3- CT = r K + w L avec r = 2 et w=1
Combinaison A B C D E
Machine (K) 6 5 4 5 3
Ouvrier (L) 12 13 16 20 26
Coût de production (CT) 24 23 24 30 32
CT(R)= 23 = Lr + 2 Kr
Kr Kd 1
Lr = 4 Kr
Lr Ld 4
23 = 6 Kr Kr = 3,83 et Lr = 15,33 ; R (3.83 , 15.33)
25
Chapitre II : La performance Portuaire
Cependant, ce type de modèle déterministe a été critiqué car il assimile tout l’écart entre les
valeurs observées et celles estimées à la seule inefficacité, mais il existe plusieurs autres
facteurs peuvent expliquer cet écart autre que l’efficacité tels que les erreurs de mesure, le
bruit statistique, les chocs exogènes, etc.
D’où la nécessité de distinguer entre les effets d’efficacité et ceux d’erreurs de mesure. Le
terme u doit être décomposé en deux parties : une illustre l’inefficacité technique (v) et l’autre
l’erreur aléatoire de mesure ou le bruit statistique ().
Le modèle est représenté comme suit :
Y= F(K, L)+ - v ou CT = CT (Y, w, r) + + v
Deux problèmes fondamentaux se posent au niveau de ces modèles : le premier s’illustre au
niveau de la spécification d’une forme fonctionnelle à priori de la fonction de production ou
de coût et le second au niveau de la loi de distribution du terme d’erreur.
Le choix entre l’estimation de la fonction de production ou la fonction de coût dépend de
l’objectif de l’étude. Généralement, la fonction de production permet d'étudier l'efficacité
technique de l'entreprise, alors que la fonction de coût permet d'étudier à la fois l'efficacité
technique et allocative. Par ailleurs, la fonction de production ne peut formuler le processus
de production que dans le cadre d’une industrie monoproduit, alors que, dans le cas d’une
industrie multiproduits, la fonction de coût s’avère plus facile à appliquer.
Pour le cas d’une fonction Cobb-Douglas, à un seul output et deux inputs (K et L), le modèle
de production et de coût se présentent respectivement par les équations suivantes:
Yi = F(K, L) e-ui = AKLe-ui
Avec et sont les élasticités de l’output par rapport respectivement aux facteurs capital et
travail
CTi = CT(Yi, w, r) eui = AYi w r eui
Avec , et sont les élasticités de coût par rapport respectivement à l’output (Y i ), au prix du
travail (w) et au prix du capital (r).
ui est un terme non négative qui décrit l’efficacité soit dans son sens déterministe lorsqu’il est
unique ou dans son sens stochastique lorsqu’il est égal à u i = - v ;
e−ui est le score d’efficacité du producteur. Il est mesuré par le ratio entre l’output observé et
l’output maximum situé sur la frontière :
𝑌𝑖 F(X,)e−ui
TEi= 𝐹(𝑋,)
= 𝐹(𝑋, )
= e−ui
0 ≤ e-ui ≤ 1 ; Cette condition implique que toutes les observations se trouvent sur ou au
dessous de la frontière de production ou sur ou au dessus de la frontière de coût. Lorsqu’il est
nul la firme est efficace (Y = F(K, L) ou CT = CT(Y, w, r)).
Pour estimer ces équations de production et/ou de coût, il faut les linéariser en les
transformant en forme logarithmique. Cette estimation va nous permettre d’une part, de
déterminer la structure de la technologie de production exploitée par la firme i via l’estimation
des paramètres et β ou les paramètres, et et d’autre part, de déterminer son score
d’efficacité en calculant e-ui
Log Yi = 0 + Log K + Log L - ui
Log CTi = 0 + Log Yi + Log w + Log r + ui
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Chapitre II : La performance Portuaire
Le modèle DEA-CCR :
Lemodéle à rendements d’échelle constants ou DEA-CCR (développé par Charnes, Cooper et
Rhodes, 1978) suppose que les outputs varient dans la même proportion que les inputs. Cette
hypothèse implique que la firme fonctionne au minimum de son coût moyen et au maximum
de sa productivité totale des facteurs. Il atteint ainsi sa taille d’efficience minimale et
supposée efficace au niveau de son échelle de production (efficacité d’échelle).
Dans son orientation input, le modèle DEA-CCR cherche à déterminer le vecteur des inputs
X* le plus efficace pour produire un niveau donné d’un ou d’un ensemble d’outputs en
ajustant le vecteur d’inputs réellement exploités selon une proportion donnée appliquée
uniformément à tous les inputs observés : X* = X0
Avec X*est le vecteur des inputs efficaces
X0 est le vecteur des inputs réellement exploités pour produire un même niveau d’output ;
La combinaison technique de production optimale doit être inférieure ou égale à celle
observée : (X* X0 et X0 < X0
est un paramètre constant qui reflète le niveau d’ajustement des inputs pour tendre vers la
combinaison optimale des inputs ; 0 1.
𝑋∗
= 𝑋 c’est le ratio entre le vecteur d’input efficace et celui observé. Il mesure le score
0
d’efficacité de la firme. Si = 1, la firme est efficace. Si < 1, la firme est inefficace
Chaque firme qui désire être efficace, cherche à minimiser la consommation de ses inputs
dans une même proportion et de tendre vers la combinaison optimale (X*) pour produire un
niveau donné d’output. Elle doit s’assurer aussi qu’aucune firme ne produit la même quantité
d’output en exploitant une quantité d’input plus minimale.
On suppose que le vecteur d’input X0 s’exprime sous forme d’une combinaison linéaire de
tous les inputs exploités : X0 = ∑𝐽𝑗=1 𝑗 𝑋0𝑗
Le programme de minimisation peut se formuler par le système suivant
Min = ∑𝐽𝑗=1 𝑗 𝑋0𝑗
Sous la contrainte :
0 X0 –Xh 0 h = 1…H
Y0- Yh 0
Avec X0 et Y0 sont respectivement les vecteurs d’input exploité et d’output produit par la
firme (0) qu’on cherche à évaluer son niveau d’efficacité.
Xh et Yh sont respectivement les vecteurs d’input exploité et d’output produit par les autres
firmes (h) de l’industrie (pour tout h = 1…H) avec lesquelles la firme 0 sera comparée.
La solution de ce programme consiste à déterminer pour chaque firme i i etj
i etj sont variables d’une entreprise à une autre.
Le Modèle DEA-BCC
L’hypothèse de rendements d’échelle constants n’est applicable que si l’entreprise opère à une
échelle optimale et dans un environnement de concurrence pure et parfaite. Cependant, dans
la réalité industrielle, le marché de concurrence pure et parfaite est rarement justifié et
l’entreprise ne peut jamais fonctionner à sa taille optimale, pour plusieurs raisons relatives
soit à l’insuffisance de la demande ou à la technologie disponible, etc. Par ailleurs, le modèle
DEA-CCR fait la confusion entre l’efficacité technique et celle d’échelle.
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Le modèle DEA-BCC proposé par Banker, Charnes et Cooper (1984) est une extension du
modèle CCR sous l’hypothèse des rendements d’échelle variables (croissants ou
décroissants). Il a conduit à une distinction entre l’efficacité technique pure et l’efficacité
d’échelle. L’estimation du score d’efficacité selon le modèle DEA-CCR, indique le score
d’efficacité totale qui englobe l’efficacité technique et l’efficacité d’échelle. Alors que la
version DEA-BCC détermine l’efficacité technique pure.
Le score d’efficacité d’échelle sera déterminé par le rapport entre les scores d’efficacité
calculés selon la méthode DEA-CCR et DEA-BCC.
θ∗CCR
SE =
θ∗BCC
avec SE est le score d’efficacité d’échelle : 0 SE 1
Si les deux modèles aboutissent au même résultat, ceci indique que la firme opère à sa taille
optimale et que les rendements d’échelle sont constants.
Le modèle DEA-BCC est fondée sur le même programme d’optimisation que celui appliqué
au modèle DEA CCR tout en ajoutant une hypothèse supplémentaire sur la convexité de
l’ensemble de production. Cette hypothèse peut être systématisée par la
ℎ=1 ℎ = 1
condition : ∑𝐻
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