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La propriété intellectuelle dans une société du savoir

Rôle du droit d’auteur et défis qui s’annoncent pour les créateurs,


les entreprises, le législateur et l’ensemble de la société
Les droits de l’inventeur et du créateur en tant que droits
fondamentaux de l’être humain
établi par M. Antonio Millé, Président, Institut d’Amérique latine
de la haute technologie, de l’informatique et du droit (ILATID),
Buenos Aires
Depuis la nuit des temps,
l’humanité s’est efforcée de
connaître et d’exploiter les
richesses offertes par la nature.
Son ingéniosité lui a permis de
découvrir des techniques pour
multiplier ces richesses naturelles.
Les communautés humaines
répandues dans le monde entier
ont pu ainsi se partager des
ressources matérielles toujours
rares pour satisfaire les besoins
d’une population croissante.

Antonio Millé © WIPO, Beijin - China 2002


Grâce à ses talents, l’humanité
a trouvé le moyen d’appliquer
les connaissances accumulées
à la résolution de problèmes
pratiques et d’inclure aux
ressources disponibles la
boussole, des méthodes
pratiques et utiles telles que le
tissage, ou la construction
d’ouvrages avec d’énormes
arches.

Antonio Millé © WIPO, Beijin - China 2002


Poètes, philosophes, sculpteurs et musiciens ont
exprimé leurs idées et leurs sentiments dans des
œuvres qui ont contribué à enrichir le milieu culturel
des êtres humains.
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Mais ces créations intellectuelles n’ont pas abouti
à la naissance d’un système juridique qui
favorise leurs inventeurs ou permette à un pays
d’ajouter à son capital national la valeur
économique de ces biens incorporels. Étant
donné l’absence de toute protection juridique,
une invention une fois divulguée pouvait être
utilisée par n’importe qui n’importe où dans le
monde si elle était connue, et une œuvre d’art
pouvait être reproduite par toute personne qui
était capable de le faire.
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La naissance des industries et les exigences de la
production en masse ont valorisé l’invention des nouveaux
produits industriels et des méthodes nouvelles
nécessaires pour les fabriquer. Il fallait une politique
législative pour encourager la divulgation des inventions,
de sorte que les idées originales soient incorporées à la
somme des connaissances déjà accumulées et puissent
être utilisées pour accroître la production.
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L’invention de la presse à imprimer a permis de transformer
les livres, les cartes, les images et les illustrations en produits
marchands, tandis que la prolifération des troupes de théâtre
et d’opéra amenèrent les auteurs vivants à multiplier leur
production et à diffuser de nouvelles œuvres. Pour éviter
une concurrence déloyale à l’encontre de créateurs
originaux, la solution la plus pratique était de leur garantir sur
leurs œuvres un droit exclusif qui leur permettrait de négocier
avec les milieux d’affaires et d’obtenir une rémunération en
échange de leur contribution intellectuelle.
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C’est ainsi que sont nés les instruments
de base de la propriété intellectuelle :

Le droit attaché à un brevet, qui assure que la société


disposera de toutes les connaissances liées à l’invention
protégée et qui accorde à l’inventeur le droit exclusif de
profiter du résultat de son inventivité pendant une
certaine période de temps
Le droit d’auteur, qui reconnaît que les créateurs
d’œuvres ont le droit exclusif d’en autoriser la
reproduction ou la communication au public au moyen
des industries culturelles et des industries du spectacle,
ce qui incite davantage à fournir à la société une
nourriture spirituelle plus abondante
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Au fil du temps, bien d’autres systèmes
de propriété intellectuelle sont apparus :

Le droit des marques


Le droit de protection des secrets industriels
Le droits des interprètes et exécutants
Le droit de protection des circuits intégrés
Le droit de protection des bases de données
Le droit de protection des nouvelles variétés végétales
Et ainsi de suite...
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Alors que le droit attaché à un brevet a pour but de
protéger juridiquement la substance idéologique des
produits de l’ingéniosité humaine, le droit d’auteur sert à
protéger les formes expressives de ces produits.

En ce qui concerne le droit d’auteur, le critère de protection


n’est pas la “nouveauté” mais l’“originalité” et la valeur
protégée est la forme expressive (un certain assemblage
de mots, de notes, de couleurs, etc.) et non la substance
de ce qui est exprimé. C’est ce qui distingue les œuvres
“intellectuellement créatrices de forme” des inventions
“intellectuellement créatrices de substance”.

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Depuis l’existence des enregistrements visuels,
sonores et audiovisuels, l’exécution physique d’une
œuvre par un artiste peut être fixée sur des supports
permanents, ce qui en permet l’exploitation
économique au moyen de la production de copies, de
la communication de programmes au public, etc. Il en
est résulté la création d’un système de protection
juridique appelé les droits des artistes interprètes ou
exécutants, qui se conforme d’une manière générale
aux règles applicables aux œuvres “intellectuellement
créatrices de forme”.
Antonio Millé © WIPO, Beijin - China 2002
Les œuvres “intellectuellement créatrices de forme” ont fini
par acquérir une valeur économique considérable
puisqu’elles sont constamment utilisées dans la vie quotidienne
des sociétés fondées sur la connaissance :

Architecture, sculpture et dessin


(mobilier, arts décoratifs, mode)

Productions audiovisuelles
(Films, télévision, vidéos, disques, cassettes, disques compacts)

Œuvres écrites
(livres, revues, journaux)

Images dessinées ou photographiées


(banques d’images, journalisme, publicité)

Programmes informatiques musicaux


(arts graphiques, logiciels, jeux)
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INDUSTRIE

Les conditions dans lesquelles la production actuelle d’œuvres ou


les représentations se développent exige une contribution de la
part de nombreuses équipes de créateurs intellectuels. La
formation de sociétés qui se consacrent à la création de produits
intellectuels et à leur exploitation est indispensable si l’on veut
accroître la production d’actifs soumis au droit d’auteur et la
transformer en articles pour le commerce intérieur ou extérieur.

du
DROIT D’AUTEUR
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Industrie du droit d’auteur
En 2001, les industries du droit d’auteur aux États-Unis ont
contribué 5,24% au PNB, proportion qui au cours des
25 dernières années a augmenté de plus du double par rapport
au reste de l’économie. Pour l’emploi, cette progression est
plus du triple que celle enregistrée par les autres secteurs
économiques.

En 1977, la contribution des industries du droit d’auteur a été


de 5% du PNB au Royaume-Uni, de 3,1% au Canada, de
3,4% en Espagne et de 4% en Colombie.

60% des Américains de plus de 6 ans (145 millions de


personnes) se servent d’ordinateurs ou de jeux vidéos. En
2001, les 225,1 millions d’unités utilisées représentaient
6,35 milliards de dollars.
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Industrie du droit d’auteur

Après une quarantaine d’années pendant laquelle il a


fourni des incitations aux industries culturelles dans le
secteur des produits soumis au droit d’auteur, le Brésil était
au sixième rang du marché international de la musique.
En 2001, les industries aux États-Unis dans le secteur
soumis au droit d’auteur ont vendu des biens culturels au
marché international pour un montant de 88,97 milliards de
dollars, dépassant les secteurs tels que la chimie et les
produits dérivés, les véhicules à moteur, l’équipement
industriel et les pièces détachées, l’aéronautique civile et
militaire et l’agriculture.
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Industrie du droit d’auteur
Le produit mondial total des industries du droit d’auteur
atteint près du double de celui du tourisme plus les
industries pharmaceutiques
(moyenne 1998/2000 en milliards de dollars É.-U.)

800,00
600,00
800
400,00
443 350
200,00
0,00
Industrie Industrie Industrie du
du tourisme pharmaceutique droit d’auteur
Antonio Millé © WIPO, Beijin - China 2002
Comme elles tendent à accroître à la
fois l’offre et la demande, ces
technologies devraient inciter à créer
des produits culturels dans le monde
entier, à y accéder et à les apprécier,
ce qui aurait pour effet d’étendre le
marché pour ces produits et d’offrir
aux entreprises de toute espèce de
plus nombreuses possibilités d’entrer
dans la chaîne de l’exploitation des
produits qui sont l’œuvre de
créateurs intellectuels.

Antonio Millé © WIPO, Beijin - China 2002


20 000

15 000

Importations
10 000
Exportations

5 000

0
Production Musique Arts visuels Matériel de Matériel de Sports
imprimée cinéma et de radio et de et jeux
photographie télévision
1998 : commerce dans la région Asie-Pacifique de certains biens culturels
(en millions de dollars É.-U.)
Source : Flux internationaux de certains biens culturels 1980-1998, UNESCO, 2000.
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50000

40000
Pays développés
30000

Pays en développement
20000

10000

0
Im po rta tio ns
Expo rta tio ns

1998. Exportations et importations culturelles dans la région Asie-Pacifique


(par les pays développés et en développement, en millions de dollars)
Source : Flux internationaux de certains biens culturels 1980-1998, UNESCO, 2000.
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En raison de leur nature non matérielle, il est
indispensable, pour conférer une valeur
économique aux produits soumis au droit
d’auteur, de leur fournir une protection juridique.
Les produits incorporels des industries du secteur du droit
d’auteur se laissent facilement appropriés par des tiers peu
scrupuleux et sont particulièrement vulnérables à la
criminalité organisée et à la piraterie.
Pour assurer les conditions nécessaires à un
développement viable du secteur soumis au droit d’auteur, il
faut renforcer dans une large mesure leur protection
juridique aux niveaux national et international.

Antonio Millé © WIPO, Beijin - China 2002


Les industries du droit d’auteur se développent
et se renforcent, fournissant des biens et des
services au marché national.
La piraterie a réduit dans des proportions spectaculaires
la possibilité de créer un environnement favorable
à la création d’industries nationales compétitives
soumises au droit d’auteur.
En 2001, la musique enregistrée en
Chine était constituée à 90% de
copies pirates (IFPI).

En 2000, le taux de piraterie pour les


logiciels d’entreprise en Chine était
de 94%, occupant le deuxième rang
dans le monde (BSA).

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La réduction du marché due à la piraterie a entraîné
la perte de 693 912 emplois dans le monde.

95 214 d’entre eux ont été perdus dans la République


populaire de Chine.

Cérémonie de destruction de copies pirates à Wuhan, province de Hubei


Rapport de Price Waterhouse sur la piraterie des logiciels en l’an 2000

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Le commerce mondial des produits
culturels exige l’existence d’une
protection juridique efficace pour les
œuvres et les représentations
artistiques dans le monde entier.
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Dans le cas d’œuvres “intellectuellement créatrices
de forme”, la protection juridique suppose que l’on
soit certain que les titulaires du droit d’auteur puissent
s’adresser aux autorités de n’importe quel pays pour
exiger que la copie de leurs expressions artistiques
soit impossible ou interdite, que les copies déjà faites
soient retirées du marché, que les émissions ou
distributions au public non autorisées soient
suspendues et que les personnes responsables de
ces infractions soient contraintes de réparer le
préjudice qu’elles ont causé.
Antonio Millé © WIPO, Beijin - China 2002
D’après la Convention de Berne, les auteurs
originaux des pays signataires peuvent
demander un “traitement national” devant les
tribunaux de tout autre pays adhérant à la
convention où ils cherchent une protection. À
cause des paramètres conventionnels minimum,
les œuvres sont actuellement protégées partout
dans le monde par l’application de principes
largement harmonisés.

Les nouveaux traités “Internet” de


l’OMPI ont actualisé la Convention
de Berne pour qu’elle soit conforme
à l’environnement de la Société
d’information.

Antonio Millé © WIPO, Beijin - China 2002


Au cours des dernières années cette harmonisation s’est
accentuée en raison de l’adhésion presque unanime des pays
à l’Organisation mondiale du commerce; la quasi-totalité des
pays du monde ont signé l’Accord sur les ADPIC, ce qui les
oblige à respecter les dispositions fondamentales de la
Convention de Berne même dans le cas (exceptionnel) où ils
n’auraient pas adhérer à cet instrument.

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À l’avenir, le cadre juridique évoluera du domaine des
contrats vers le domaine de la législation générale, ce
qui obligera les législateurs à s’intéresser et à participer
de plus en plus à l’action entreprise pour harmoniser,
dans la législation nationale et les traités
internationaux, les principes juridiques concernant les
droits d’auteur et les droits des interprètes et
exécutants.
Antonio Millé © WIPO, Beijin - China 2002
Comme il existe déjà un large mouvement visant à mettre en
place un cadre juridique mondial de droit commercial en ligne,
il serait naturel que cette initiative renforce sur le plan mondial
la tendance vers l’harmonisation des instruments et
institutions protégeant le droit d’auteur.
Les pays qui souhaitent encourager le développement d’une
puissante force de créateurs intellectuels et la forte expansion
du secteur industriel soumis au droit d’auteur devraient
participer activement à la progression des instruments
juridiques internationaux concernant le commerce
électronique et, notamment, le commerce électronique des
“contenus”.
Antonio Millé © WIPO, Beijin - China 2002
Le processus d’harmonisation de la législation qui protège les
œuvres “intellectuellement créatrices de forme” a pour base et
force motrice des dispositions supraconstitutionnelles qui
l’emportent sur les droits nationaux à quelle que tradition
juridique qu’ils appartiennent, puisqu’elles doivent remplir la
fonction qui est énoncée à cet égard à l’article 27
de la Déclaration universelle des droits de l’homme :
1) Toute personne a le droit de prendre part librement à la vie
culturelle de la communauté, de jouir des arts et de participer
au progrès scientifique et aux bienfaits qui en résultent

2) Chacun a droit à la protection des intérêts moraux et


matériels découlant de toute production scientifique,
littéraire ou artistique dont il est l’auteur.
Antonio Millé © WIPO, Beijin - China 2002
La communauté international devrait agir rapidement
pour assurer un degré élevé d’harmonisation et
l’application effective des lois permettant de distribuer à
l’échelle universelle les produits des industries
soumises au droit d’auteur. Ces industries doivent être
absolument sûres du niveau de protection qu’elles
recevront n’importe où dans le monde et être
absolument certaines que les mécanismes de
l’administration automatique de la propriété
intellectuelle fonctionneront avec la même efficacité sur
n’importe quel territoire où une personne demandant un
produit culturel accepte l’offre d’un distributeur.
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