Les trois caractères que nous venons de dégager - besoin qu'éprouve
l'enfant de sortir du vase clos, passage de son esprit à un plan abstrait, et naissance chez lui du sentiment de la morale - nous servent de base pour le plan de cette deuxième période. Une fois sortis de l'espace réduit qui constitue l'ambiance de la première période, il nous faut donc apporter la culture et élargir les expériences sociales. Précisons quelques points importants, et notons, en passant, le parallélisme qui existe dans cette période avec certains côtés de la précédente. En effet, la première période comportait des activités que nous avons appelées les « exercices de vie pratique »; elles constituaient un effort pour reculer les limites que nous croyions être celles des activités possibles de cet âge. Et ainsi l'enfant, qui a repoussé lui-même ces limites, a gagné son indépendance; et c'est ce qui donne toute leur importance à ces exercices de patience, d'exactitude et de répétitions. La prolongation de ces exercices deviendrait inutile, maintenant que l'enfant est indépendant, c'est-à-dire qu'il sait se livrer à une activité pour laquelle il lui fallait demander secours à l'adulte et qu'il possède la coordination de ses mouvements. Mais les gestes de courtoisie, qu'on lui a enseignés afin qu'il prenne contact avec autrui, doivent maintenant être transposés sur un autre plan : il faut, par exemple, qu'il soit question de l'aide à apporter aux faibles, aux vieillards et aux malades ; il n'est plus question ici de s'exercer à des mouvements nous arrivons à l'introduction des rapports moraux, de ceux qui éveillent la conscience. Si, jusqu'à présent, la fait de ne pas heurter quelqu'un sur son passage avait de l'importance, ce qui en a maintenant bien davantage, c'est de ne pas offenser ce quelqu'un. LES BESOINS DE L'ENFANT DE SEPT A DOUZE ANS Que faire, pratiquement, avec un enfant de sept ans? D'abord, gardons toujours présent à l'esprit ce tableau que nous venons de tracer, et qui doit nous permettre de comprendre cet enfant, de l'aider dans ses désirs - qu'il n'exprime pas mais que nous avons devinés - C'est cette compréhension qui doit être au départ; il nous faut sympathiser avec ce petit garçon ou cette petite fille qui a changé, tant dans son aspect extérieur (façon de s'habiller, de se coiffer, etc. ... ), qu'à l'intérieur de sa personne. C'est devenu un être fort; un être qui entre dans un monde nouveau, le monde de l'abstrait; c'est un monde riche, dans lequel, plus que les objets, vont l'intéresser les actes accomplis par les hommes. Il arrive, et il va juger, ce qui est nouveau chez lui. Alors que, jusqu'ici, il s'était intéressé aux choses (l'eau des fleurs qu'il changeait, ses petits poissons qu'il soignait, etc ... ) il se préoccupe maintenant du comment et du pourquoi. Maintenant, tout ce qui l'avait attiré sensorielle ment l'intéresse, d'un point de vue différent : il cherche ce qu'il faut faire, c'est-à-dire qu'il naît au problème de Mais cet être nouvellement né à ce monde est un peu gênant pour l'adulte ; aussi, sans nouvelle lutte entre lui et cet enfant nouveau. L'adulte se fatigue, et finit par répondre à l'abondance des questions, soit en priant l'enfant de se taire, soit en lui fournissant de trop longues explications ; il agit à nouveau avec lui comme il a agi avec le petit enfant qui commençait à se mouvoir : il le priait de se tenir tranquille, ou le laissait, sans discernement, être turbulent et faire tout ce qu'il voulait. Le même malentendu se reproduit sur le plan abstrait. A chacune de ses naissances, l'enfant doit affronter une lutte nouvelle; une nouvelle incompréhension sévit chaque fois que l'enfant présente une activité nouvelle, pourtant précieuse; c'est, au contraire, à l'adulte à l'aider en créant pour lui l'ambiance adaptée à son nouveau développement. Aussi bien qu'il faut aider le bébé qui fait ses premiers pas dans ce monde, nous devons aider l'enfant qui fait ses premiers pas dans le monde de l'abstraction. L'éducation doit être un guide, en cette période plus critique de la vie et de l'école; aussi faut-il enseigner au maître ses limites, tout comme nous les lui avions établies à l'égard du petit enfant. Pour le petit enfant, il devait compter ses mots » ; ici, il doit être sûr de ce qu'il doit faire, de ce qu'il doit dire, et de la mesure dans laquelle il doit répondre aux questions. Il doit avoir clairement conscience que son devoir est de dire peu, de ne dire que la vérité, et non pas toute la vérité. Ici encore, il doit dire le « nécessaire et le suffisant ». Ce qui est indispensable à l'enfant, c'est de sentir la sécurité de l'adulte. L'essentiel pour lui, dans toutes les périodes de sa vie, c'est de disposer de possibilités d'activités propres, afin de conserver un équilibre entre l'acte et la pensée. Sa pensée aurait, en effet, tendance à se perdre dans l'abstraction par des raisonnements sans fin, de même que le petit enfant se perdait dans la fantaisie dans le monde du fantastique. Au petit enfant, nous apportions des objets déterminés dans une ambiance préparée pour lui; il y acquérait son indépendance, grâce à son propre effort, et son activité lui conférait la dignité. C'était sa propre expérience qui lui apportait des réponses exactes. Le rôle de l'éducation consiste à intéresser profondément l'enfant à une activité extérieure à laquelle il consacrera toutes ses possibilités. MM de l’enfant à l’adolescent
Enfant intérieur - comprendre & guérir: Comment reconnaître les conflits non résolus en soi, entrer en contact avec son enfant intérieur, le renforcer et le guérir pour enfin s'épanouir en pleine forc