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Équilibre Liquide-Vapeur Des Corps Purs
Équilibre Liquide-Vapeur Des Corps Purs
En fonction des conditions de température et de pression dans lesquelles il se trouve un corps pur peut se
rencontrer à l'état solide, liquide, ou vapeur. Les changements d'état intéressant la distillation correspondent
au passage de l'état liquide à l'état vapeur, appelé vaporisation, et à la transformation inverse, dénommée
condensation.
Vaporisation
ETAT VAPEUR
ETAT LIQUIDE
OU GAZEUX
Condensation
Quand, dans un appareillage quelconque, il y a coexistence et contact de deux phases liquide et vapeur à la
même température et à la même pression, on parle alors d'équilibre liquide-vapeur. Le terme équilibre
traduit le fait que les phénomènes mis en jeu répondent à des lois physiques bien précises. Dans le cadre de
la distillation, il est particulièrement intéressant d'étudier les équilibres liquide-vapeur ainsi que les
changements d'état physique à pression constante.
A titre d'exemple, il est décrit ci-dessous une expérience de vaporisation du n-butane sous la pression
constante de 10 atmosphères.
Le butane est liquide à la température de départ et l'on chauffe progressivement tout en déplaçant le
piston pour compenser la dilatation du liquide et l'expansion du volume due à la vaporisation.
1 2 3 4 5 6 7
10
10
10
10
10 10
10
D TH 010 B
Pression (atm)
APPORT DE CHALEUR
Température (°C)
02137_A_F
Le schéma précédent représente 7 phases de l'expérience notées 1 à 7 qui sont repérées par leur
numéro dans la description qui suit.
Conditions
ÉTAPE OBSERVATIONS
opératoires
Le butane gazeux à 100°C sous la pression de 10 atm., est nettement au-dessus de sa température
de condensation, on dit qu'il est à l'état de "vapeur surchauffée".
A 20°C ou à 70°C, le butane liquide sous la pression considérée est éloigné de sa température de
vaporisation ; il est qualifié de liquide "sous refroidi".
Dans les autres cas, 3 à 6 , il y a coexistence des deux phases liquide et vapeur : on est à
l'équilibre liquide-vapeur et les deux phases en présence sont dites saturées.
02137_A_F
2- EXPÉRIENCE DE CONDENSATION
Elle consiste à réaliser l'opération inverse. En partant de vapeur de n-butane surchauffée, on observe
successivement les étapes suivantes :
3- TEMPÉRATURE D'ÉBULLITION
L'expérience précédente montre qu'à pression constante le butane se vaporise ou se condense à
température constante. Cette température de changement d'état est identique en vaporisation et en
condensation.
Il en est de même pour tous les corps purs et l'on appelle la température de vaporisation et de
condensation température d'ébullition du corps pur sous la pression considérée.
Dans le cas où la pression est égale à 1 atmosphère absolue, la température d'ébullition est appelée
température d'ébullition normale. Cette dernière fait partie de ce que l'on appelle les constantes
physiques d'un corps pur. Le tableau ci-après donne quelques valeurs de températures d'ébullition
normales.
alcool Chlorure
Corps pur eau
éthylique
propane n-butane Benzène Styrène
de vinyle
t eb (°C) - 37 -28,5 -17,8 - 9,6 - 0,5 10,5 50,9 80,8 101 117
n-butane
Dans un diagramme où sont reportées la pression et la température, cet ensemble de valeurs définit
une courbe caractéristique appelée courbe de tension de vapeur du n-butane que l'on peut tracer sur
la page suivante à partir des valeurs indiquées ci-dessus.
02137_A_F
150
Température (°C)
100
50
0
D GEN 2018 A
Pression (atm)
-50
10
0
15
02137_A_F
Etat Etat
LIQUIDE VAPEUR
P2 V
P3
V
P1 L L+
D TH 009 D
Température
en (°C)
t1 t3 t2
02137_A_F
Il en découle que :
- à pression fixée il n'y a qu'une seule température pour laquelle les deux phases peuvent
coexister. Il s'agit de la température d'ébullition dénommée aussi parfois température
d'équilibre
À titre d'exemple, on a représenté ci-dessous une sphère contenant du propane liquide et gazeux à la
température de 20°C.
D TH 072 B
Température (°C)
20
La condition d'équilibre liquide-vapeur étant réalisée, puisqu'il y a coexistence des deux phases, la
pression P régnant dans le ballon est la tension de vapeur du propane liquide à 20°C, que l'on note
20
TV C3.
La courbe de tension de vapeur du propane disponible en annexe permet d'en lire la valeur :
20
P = TV C3 = atm. abs.
On peut remarquer que, pour le propane comme pour les autres corps purs, la tension de vapeur
augmente avec la température. Ainsi, à 40°C la pression dans la sphère deviendrait :
40
TV C3 = atm. abs.
La courbe de tension de vapeur d'un corps pur permet donc de connaître la pression régnant dans une
capacité contenant ce corps à l'équilibre liquide-vapeur, à une température connue.
On peut remarquer qu'à température constante les tensions de vapeur varient de manière importante
d'un corps pur à l'autre.
02137_A_F
Dans le cas où l'on condense un corps pur vapeur à pression déterminée, la courbe de tension de
vapeur permet de déterminer la température de condensation.
3 bar
abs.
150°C
Vapeur d'eau
D PCD 506 D
100°C
On peut observer que les conditions de température indiquées supposent une désurchauffe de la
vapeur avant condensation et un sous refroidissement des condensats après condensation.
02137_A_F
Ainsi, un corps pur maintenu liquide sous pression à température constante (point 1 sur le schéma,
conditions P1 et t1 ) commence à se vaporiser par détente quand la pression devient égale à sa tension
t
de vapeur (point 2, conditions P2 = TV1 t 2 = t1 ).
Pression
P1 1
LIQUIDE
P2 = TVt1 2
VAPEUR
D TH 012 G
t1 = t2
Température
02137_A_F
Cette transformation s’accompagne, comme on l’a déjà vu, d’une consommation d’énergie pour le
passage liquide-vapeur ou d’une restitution d’énergie pour le passage inverse. Plus précisément, on
appelle chaleur latente de vaporisation la quantité de chaleur qu’il faut fournir à 1 kg de liquide
saturé pour le transformer en vapeur saturée à la même température.
Elle s’exprime par exemple en kcal/kg et elle est souvent notée Λ (lambda).
À titre d’exemple, le tableau ci-dessous regroupe les valeurs des chaleurs latentes de vaporisation de
quelques corps purs correspondant au changement d’état physique sous la pression de 1 atmosphère,
c’est-à-dire à leur température d’ébullition normale.
teb (°C)
Corps Λ (kcal/kg)
à P = 1 atm
t (°C) – 42 0 50 80 97
Masse volumique
581 529 448 373 217
liquide (kg/m3)
Masse volumique
2,4 10,4 38,8 84 217
vapeur (kg/m 3 )
02137_A_F
- la chaleur de vaporisation diminue, ce qui veut dire que les deux phases se ressemblant de
plus en plus, la dépense d’énergie pour passer de l’une à l’autre devient de plus en plus
faible.
t (°C) – 42 0 50 80 97
À la limite, les deux phases deviennent identiques et ce faisant, la chaleur de vaporisation devient
nulle. Il existe ainsi une pression et donc une température extrêmes au-delà desquelles il n’y a plus de
changement d’état possible. Ces conditions limites déterminent le point final de la courbe de tension
de vapeur appelé point critique et repéré par la lettre C auxquelles correspondent la pression critique
(Pc) et la température critique (tc) du corps pur.
Pression
C
Pression Point critique
critique
— VAPEUR —
D TH 012 A
Température Température
critique
Le tableau ci-dessous regroupe les valeurs des coordonnées critiques de quelques corps purs.
02137_A_F
On voit ainsi que la vaporisation d’un corps pur liquide est impossible à une pression supérieure à sa
pression critique.
De même, la condensation d’un corps pur gazeux ne peut pas être réalisée à une température
supérieure à sa température critique.
Des gaz comme l’hydrogène, l’air (oxygène-azote), le méthane, l’éthylène ne peuvent être condensés
à température ambiante. Leur liquéfaction nécessite des installations frigorifiques.
À titre de résumé, le schéma ci-dessous regroupe les principales notions présentées dans les
paragraphes précédents.
Vaporisation impossible
Pression
Courbe de tension
de vapeur
RÉE
LIQUIDE
ATU
SOUS-REFROIDI
Condensation impossible
RS
EU
VAP
Tension de vapeur à t
SA
TVt
E
D
UI
LI Q
1 atm.
Température
d'ébullition
D TH 013 D
normale
VAPEUR
SURCHAUFFÉE
02137_A_F
3- NOTION DE VOLATILITÉ
La distillation est un procédé de séparation capable de différencier les constituants d'un mélange par
leur volatilité. Cette caractéristique de volatilité peut, pour un corps pur, être traduite par les propriétés
mise en évidence par la courbe de tension de vapeur : la température d'ébullition et la tension de
vapeur. Si l'on compare ces propriétés pour plusieurs corps purs, on observe des différences de
comportement qui sont à la base des écarts de volatilité permettant la distillation.
Le diagramme ci-après représente à titre d'exemple les courbes de tension de vapeur de trois corps
purs notés respectivement a, b, c.
a b c
Pression
TV a
TV b
P3 = TV b
D TH 210 B
Température
Si la température est fixée (par exemple à une valeur repérée par t3 sur le diagramme), les tensions de
vapeur de ces trois corps à cette température choisie sont respectivement TVa, TVb et TVc. Elles sont
différentes et peuvent être classées comme suit :
Cette différence traduit le fait que le corps noté a manifeste une plus forte tendance à se vaporiser
que le corps noté b ; il en est de même pour le corps b par rapport au corps c. On exprime cela en
disant que le corps a est plus volatil que le corps b, lui-même plus volatil que c.
02137_A_F
D'autre part, si c'est la pression qui est fixée (par exemple à une valeur repérée par P3 sur le
diagramme), les températures d'ébullition de ces corps à la pression choisie peuvent être lues sur le
même diagramme : teb a, teb b et teb c. Le corps a qui a la plus forte tension de vapeur possède la plus
faible température d'ébullition. Le corps c au contraire possède la plus faible tension de vapeur et la
plus forte température d'ébullition.
Pour ces trois corps purs, les diverses constatations précédentes aboutissent en fait au même
classement global de volatilité, comme le résume le schéma ci-dessous :
TENSION
VOLATILITE DE VAPEUR
TVa teba
corps pur a
TV b tebb
corps pur b
TV c tebc
corps pur c
TEMPERATURE
D'EBULLITION
Ainsi les hydrocarbures purs peuvent être classés par ordre de volatilité croissante de deux manières :
- soit par ordre croissant de leur tension de vapeur (mesurée à une température fixée)
- soit par ordre décroissant de leur température d'ébullition (mesurée à pression fixée)
Ce sont ces différences de volatilité des corps purs les uns par rapport aux autres qui sont exploitées
dans la séparation des mélanges par distillation.
02137_A_F
02137_A_F
Pression (Atm)
50 50
40 40
30 30
ane
20 20
th
e
Mé
ne
y lè n
15 e 15
ha
lèn e e
e
Et
Eth
p y p an u ta n tan
o o oB B u
10 Pr Pr is n- 10
9
e e 9
8 n ta n tan 8
P e en
7 7
is o n-P
6 6
e ne
5 an ta 5
H ex ep
4 n- n-H 4
14
3 3
2 2
1 1
0,9 0,9
0,8 0,8
0,7 0,7
0,4 0,4
COURBES DE TENSION DE VAPEUR
0,3 0,3
DE QUELQUES HYDROCARBURES
0,2
(Origine équation d'Antoine) 0,2
Température (°C)
D PPC 010 AE
0,1 0,1
-190 -180 -170 -160 -140 -130 -120 -110 -90 -80 -70 -60 -40 -30 -20 -10 10 20 30 40 60 70 80 90 110 120 130 140 160 170 180 190
-200 -150 -100 -50 0 50 100 150 200
C 2 -1/A
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 110 120 130
1,013 760
1,0 750
02137_A_F
700
0,9
Pression (bar)
Pression (mm Hg)
0,8 600
0,7
500
0,6
400
15
0,5
0,4 300
0,3
0,2
COURBE DE TENSION DE VAPEUR
DE L'EAU DE 0 À 100°C 100
0,1
Température (°C)
0
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 110 120 130
D TH 019 A
C 2 -1/A
16
C 2 -1/A
500
Pression (bar)
400
300 Point
critique
221,29 bar C
200
374,15 °C
100
90
80
70
60
50
40
30
20
10
9
8
7
6
5
4
1
0,9
0,8
0,7
0,6
0,5
0,4
COURBE DE TENSION DE VAPEUR
0,3 DE L'EAU DE 50°C AU POINT CRITIQUE
0,2
Température (°C)
D TH 018 E
0,1
50 100 150 200 250 300 350 400
02137_A_F