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150 théories économiques

(Petit guide de présentation)

1) Concurrence, marchés, réglementation


Théorie de la capture ou économie positive de la réglementation
L'autorité réglementaire est vénale et soumise à l'influence des groupes de pression. Il n'est plus le
garant de l'intérêt général. La réglementation est ici analysée comme un service échangé entre les
décideurs politiques et les fonctionnaires (offreurs) et les dirigeants des entreprises (demandeurs).
Les offreurs cherchent à maximiser leur chance de réélection ou à obtenir de futurs postes dans les
industries qu'ils ont sous leur tutelle. Les demandeurs souhaitent de leur côté se protéger de la
concurrence, en particulier étrangère. Cette approche est connue sous le nom de théorie de la
capture de la réglementation, parce que le réglementeur devient un agent entièrement au service des
intérêts des entreprises. Pour limiter l'action des groupes de pression, les tenants de cette école
préconisent une solution radicale qui consiste à retirer à l'État le droit de réglementer.
(Stigler)

Économie publique normative


L'autorité réglementaire a pour objectif l'efficacité économique. Elle est soucieuse de l'intérêt général.
L'existence de défaillances (bien public, externalité, monopole naturel) du marché, mis en évidence
dans le cadre de l'économie du bien-être, justifie l'intervention publique. L'État doit donc par la
réglementation influer sur le comportement des firmes et des consommateurs. Sa démarche est
normative, elle vise à atteindre une allocation des ressources optimale de type paretien (situation
dans laquelle on ne peut améliorer le bien-être d'un individu sans détériorer celui d'un autre individu,
optimum de premier rang). Despote bienveillant, assimilé à un planificateur parfait, l'État n'est
contraint ni par des difficultés de collecte d'information, ni par des capacités de calcul limitées. Il est
de ce fait considéré comme infaillible. Un exemple de cette réglementation est celle de Ramsey-
Boiteux sur les monopoles.
(Pigou)

Nouvelle économie publique


L'idée est d'analyser les défaillances du législateur et de les corriger, car le marché n'est pas la seule
source d'insuffisances. Les défaillances de la réglementation doivent être réduits au minimum afin
d'aboutir à une allocation paretienne efficace de second rang. Cette dernière est l'affectation des
ressources qui est la "meilleure possible" compte tenu de l'existence de diverses contraintes qui
empêchent de parvenir à un optimum de Pareto. Ces défauts sont principalement : l'asymétrie
d'information entre le régulateur et le réglementé ; l'intérêt personnel du régulateur ; son insuffisante
crédibilité. La théorie des incitations et des contrats (par exemple du type assureur/assuré ou contrat
de travail) permettent de remédier de ces défauts.
(Laffont, Tirole)

Optimum paretien
il se définit comme une situation économique efficace socialement au sens où personne ne peut
améliorer sa position sans détériorer celle des autres.
(Pareto)

Théorème de Coase
Selon Coase, prix Nobel 1991, en l'absence de coûts de transaction et si les droits de propriété sont
définis, les agents peuvent corriger spontanément les externalités en passant par le marché. Dans un
monde sans coût de transaction et en concurrence parfaite, la création de richesse grâce à l'utilisation
des ressources de l'économie est indépendante de la répartition des droits de propriété. Les agents
peuvent, en effet, facilement échanger les droits sur ces ressources pour produire, chacun y trouvant
intérêt. Par conséquent, l'ensemble de la législation afférente à ces droits est inutile. C'est l'exemple
dit du " pollueur-payeur ". Une entreprise rejetant des effluves dans une rivière doit acheter une
partie des droits de propriété de l'eau, initialement détenus par les victimes potentielles pour pouvoir
produire. L'État n'a donc à intervenir qu'une seule fois pour assurer le fonctionnement de l'économie
en attribuant initialement les droits de propriété. La réglementation ne peut donc s'imposer qu'à deux
conditions : que les coûts de transaction de réglementation soient inférieurs aux coûts des autres
solutions, que ces coûts soient inférieurs aux bénéfices de l'action elle-même. En effet, la
réglementation n'a de sens que si elle permet une allocation efficace de moindre coût.

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(Coase)

Théorème d'impossibilité d'Arrow


Ce théorème généralise le paradoxe de Condorcet (1785). Arrow, prix Nobel 1972, montre que la
transitivité qui caractérise les choix rationnels d'un individu ne peut être agrégée pour obtenir un
processus de choix sociaux transitifs (fonction de bien-être social).
(Arrow)

Théorie du choix social


La théorie du choix social a pour objet d'analyser la relation entre préférences individuelles et
décisions collectives et de déterminer s'il est possible de dériver des préférences individuelles les
préférences collectives. Cela est indispensable pour établir un ordre, une évaluation des différents
états sociaux et construire des indicateurs pertinents du bien-être social.
(Condorcet, Arrow, Sen)

Théorie de la justice
Cette théorie s'efforce d'énoncer un principe de justice susceptible de guider la mise en place
d'institutions réalisant un consensus social général qui s'impose sans pour autant contredire le
principe d'efficacité économique. Cela conduit à définir deux principes : 1°) le principe de liberté selon
lequel chaque personne doit avoir un droit égal au système le plus étendu de libertés de base égales
pour tous, qui soit compatible avec le même système pour les autres ; 2°) le principe de différence
au terme duquel les inégalités sociales et économiques doivent être telles qu'elles soient : a) au plus
grand bénéfice des plus désavantagés, b) attachées à des fonctions et à des positions ouvertes à
tous.
(Rawls)

Théorie de la coalition minimale


La principale hypothèse de cette théorie est que toutes les questions politiques impliquent
fondamentalement des redistributions à somme nulle de la richesse. Dès lors, la stratégie optimale
des hommes politiques consiste à faire en sorte que la coalition opposée soit la plus grande possible
tout en la cantonnant dans la position de perdante destinée à payer.
(Riker)

Théorie de l'équilibre général


Formulée par Léon Walras à la fin du XIXème siècle, elle traduit les écrits d'Adam Smith et son
principe de la main invisible en termes mathématiques. Un système d'équations d'offre et de
demande décrit les comportements des agents, producteurs et consommateurs. L'égalité entre offre
et demande sur les différents marchés correspond à une situation d'équilibre général. Cet équilibre
est atteint par un mécanisme de tâtonnement.
(Walras)

Théorie du gaspillage bureaucratique


La structure bureaucratique qui prévaut dans le secteur public entraîne un gonflement inutile des
dépenses publiques, soit parce que les programmes publics sont trop importants, soit parce que les
combinaisons productives mises en œuvre sont non optimales.
(Niskanen)

Théorie de la main invisible


Selon Adam Smith, l'individu ne " cherche que son propre gain " mais par son action personnelle et
isolée il contribue à une fin qui le dépasse, l'intérêt général. Les opérations des agents, apparemment
indépendantes les unes des autres, sont en fait coordonnées (main invisible) et aboutissent à une
situation dans laquelle les producteurs peuvent vendre leurs marchandises et les consommateurs
satisfaire leurs besoins. Une telle issue est garantie par un système de prix et de salaires flexibles qui
assure un équilibre efficient sur tous les marchés. La somme des intérêts individuels et égoïstes est
égale à l'intérêt général.
(Smith)

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Théorème de la main invisible faible


Théorème selon lequel les vertus allocatives du marché ne sont pas limitées au cas de concurrence
pure et parfaite mais valent également pour les marchés monopolistiques contestables.
(Baumol, Bailey, Willig)

Théorie des marchés contestables


Marché sur lequel une nouvelle entreprise peut à tout moment venir s'installer. Il n'y a pas de
barrière à l'entrée du marché. Cette situation garantit la concurrence et donc l'efficience des
entreprises présentes sur le marché, même si elles sont peu nombreuses.
(Baumol, Panzar, Willig)

2) Démographie et économie
La "nouvelle économie des migrations"
Les migrations résultent de décisions collectives prises dans des situations d'incertitude et
d'imperfections des marchés. Ainsi, dans les campagnes, une mauvaise récolte entraîne une baisse
des revenus. Afin de minimiser les risques, une famille peut décider de faire partir quelqu'un à
l'étranger, les revenus de ce dernier étant une sorte d'assurance. Ce ne sont donc pas les écarts de
revenus qui sont déterminants mais les préoccupations d'assurance contre l'incertitude.

Théorie de la démographie et de l'épargne


Modigliani, prix Nobel 1985, et Brumberg relient l'épargne au cycle de vie de l'individu. Ils supposent
que l'individu cherche à maximiser l'utilité de sa consommation future. Contrairement à Friedman,
pour qui la période de maximisation de l'utilité est infinie et donc, que l'individu n'épargne pas
seulement pour lui-même mais également pour ses descendants, Modigliani et Brumberg supposent
que la période est finie. L'individu épargne seulement pour lui-même. L'individu répartit sa
consommation au cours du temps et accumule une richesse qu'il consommera au cours de sa retraite.
Il en résulte notamment que : 1°/ l'épargne globale est déterminée par des facteurs économiques et
démographiques (structure par âge, espérance de vie) ; 2°/ le taux d'épargne global est constant au
cours du temps ; 3°/ les gains en capital affectent la consommation de manière très limitée.
(Modigliani, Brumberg)

Théorie de la comptabilité par génération


Le modèle théorique de comptabilité intergénérationnelle analyse comment la dette nette accumulée
ainsi que les dépenses publiques et transferts futurs modifient le niveau de cette dette. A la base,
existe une contrainte d'équilibre qui permet de répartir le fardeau de la dette publique et des
dépenses publiques futures entre les différentes générations. Ainsi, l'allongement de l'espérance de
vie se traduira par une augmentation des dépenses de retraite et de santé. Sans modification de la
législation et avec un niveau par tête de cotisation donné, la dette future va s'accroître. En
actualisant les flux futurs, en prévoyant la croissance du produit par tête, on peut calculer la
contribution nette des générations futures. Ce modèle de comptabilité a été critiquée, notamment
parce que qu'il fait l'hypothèse que les dépenses publiques sont improductives.
(Auerbach, Kotlikoff)

Théorie des cycles d'Easterlin


R. A. Easterlin observe que la fécondité américaine suit des cycles d'expansion et de dépression. Les
variations de la fécondité seraient liées aux conditions d'insertion des jeunes entrants sur le marché
du travail. Une cohorte à faible effectif permet une meilleure insertion sur le marché du travail, un
meilleur niveau de vie, et donc une plus grande fécondité. Il en résulte vingt ans plus tard une
cohorte plus nombreuse, une insertion plus difficile et donc une moindre fécondité. Cette théorie
prédisait ainsi une reprise de la fécondité dans les années quatre-vingt et un nouveau baby boom.
L'absence actuelle de baby boom serait due, selon Easterlin, aux effets de l'immigration. Celle-ci
abaisserait le niveau de salaires des jeunes entrants sur le marché du travail et par conséquent le
niveau de fécondité. Toutefois, l'effet de l'immigration sur les salaires des nationaux est plus que
controversé.
(Easterlin)

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Théorie malthusienne
L'ouvrage de Malthus, Essai sur le principe de population (1798) dont la première édition était
anonyme, est d'abord un pamphlet contre les partisans de la loi sur les pauvres. Selon Malthus, la
population croît selon une progression géométrique (double tous les vingt-cinq ans) tandis que les
subsistances croissent selon une progression arithmétique. Dès lors, soit la population accepte
volontairement de limiter sa croissance (c'est la moral restraint ou abstention du mariage), soit la
population sera détruite par la guerre, la famine, la peste. Aider les pauvres revient à encourager la
croissance démographique et à terme sa destruction. La théorie malthusienne de la population est un
des piliers de la théorie de l'état stationnaire de Ricardo. Schumpeter dans son ouvrage Histoire de
l'analyse économique souligne combien Malthus doit à Botero et à Quesnay pour la construction de sa
théorie.
(Botero, Quesnay, Malthus)

Théorie marxiste de la population


Selon Marx, la surpopulation n'est pas liée à une démographie trop dynamique des classes les plus
pauvres de la société. Elle résulte du mode d'organisation des économies et de la répartition des
richesses. La surpopulation est le produit du mode de production capitalistique parce qu'elle est utile
à l'accumulation de richesses. Les capitalistes ont, en effet, intérêt à avoir des hommes en trop qui
constitueront l'armée de réserve industrielle. Cette dernière permet un maintien d'un taux de
chômage élevé et bloque le niveau de salaire. Ce dernier reste ainsi au minimum vital et permet
l'augmentation de la plus-value. La pauvreté est une logique du mode de production capitaliste et
non d'un excès de population. L'accroissement démographique peut être absorbé à condition que le
système de répartition des revenus se trouve modifié. Toute politique démographique serait ainsi
inutile.
(Marx)

Théorie microéconomique de la famille


Selon ce courant dont le principal représentant est G. Becker, prix Nobel 1992, la décision d'avoir des
enfants ou bien de se marier est simplement le résultat d'une analyse coûts - avantages. L'enfant,
dans une société industrielle, est assimilable à un bien de consommation. Les parents feront face à
des dépenses et bénéficieront des satisfactions apportées par l'enfant. La baisse de la taille moyenne
de la famille s'expliqueraient par l'augmentation du coût relatif des enfants (éducation, soins, etc.).
Au contraire, dans une société agricole, l'enfant est considéré comme un investissement en capital
dans la mesure où il peut travailler jeune et contribuer à l'augmentation du revenu familial. L'analyse
du mariage est assimilée à celle de la constitution d'une firme. Les deux parties se lient par un
contrat pour éviter des coûts de transaction. L'organisation de la production en équipe coûte moins
cher et évite les renégociations incessantes. Seul, le rôle de l'amour différencie le ménage de la
firme.
(Becker)

Théorie microéconomique des migrations


La décision de migrer peut être analysée comme le résultat d'un calcul coût-avantage. Dans ce calcul,
interviennent plusieurs variables : 1°/ les écarts de revenu observées et anticipées entre les pays ;
2°/ les écarts de taux de chômage ; 3°/ le degré de générosité des systèmes d'indemnisation ; 4°/
un ensemble de coûts liés à la migration (coûts d'information, de transport et d'installation, coûts
psychologiques liés au départ de la terre natale).

Théorie des migrations dans le cadre du dualisme du marché du travail


Les migrations s'expliquent par la demande de travail émanant des entreprises des pays d'accueil.
Dans ces derniers, les hiérarchies de salaires sont aussi des hiérarchies de prestige. Les étrangers
accepteront des emplois considérés comme dégradants sachant que leur objectif est d'accumuler
suffisamment d'argent pour pouvoir rentrer. Si la crise a eu pour effet de précariser la situation des
nationaux, le recours à une flexibilité par la sous-traitance a quant à lui eu pour effet d'encourager
une immigration de préférence illégale.

Théorie historico-institutionnelle des migrations

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Les migrations résultent de facteurs socio-historiques de grande ampleur. L'introduction du


capitalisme dans des régions périphériques aurait eu ainsi pour effet de créer une population mobile
disposée à émigrer. Il irait de même de la salarisation d'un nombre croissant de paysans. Dès lors,
les destinations de ces travailleurs ne résulteraient pas de calculs économiques d'individus rationnels
mais des liens historiquement tissés entre métropoles et semi-colonies.

Théorie de l'optimum de population


L'idée d'optimum de population cherche à réconcilier la théorie malthusienne et le courant
populationniste. Du point de vue économique, le critère de l'optimum de peuplement est la réalisation
du produit (ou du revenu) maximum par habitant. Certains éléments définissent le niveau optimal de
la population : état des techniques, volume des ressources utilisables, équipement technique,
possibilités du commerce extérieur). D'autres éléments définissent la structure optimale de la
population : structure par âges, rapport entre la population active et non active, entre
consommateurs et producteurs, structure professionnelle de la population, répartition géographique
de la population. Enfin, des éléments définissent l'optimum dans le temps : rythme de croissance de
la population, rythme du progrès technique, taux de croissance du revenu national
(Wicksell)

Théorie populationniste
Ce sont les mercantilistes qui initient ce courant. Ils reprennent la formule de J. Bodin selon laquelle "
il n'est de richesse que d'hommes ". La croissance de la population a une influence positive par
plusieurs canaux : l'augmentation de la demande qui en résulte incite à accroître la production ; elle
pousse à une organisation plus efficace de la production d'où des gains de productivité ; une
population plus grande permet d'étaler les frais généraux d'une société. Par opposition aux
malthusiens, A. Sauvy souligne qu'à " chaque fois que se produit une différence, un écart entre deux
grandeurs, deux choses qui devraient être au même niveau, il y a deux façons de rétablir l'équilibre,
aligner vers le haut ou vers le bas. En annonçant qu'il y a excès de quelque chose, l'optique
malthusienne suggère instinctivement de niveler par le bas ".
(Sauvy)

Théorie de la pression créatrice (de la population)


Selon E. Boserup, la pression démographique entraîne une réorganisation de la production agricole.
Contrairement à l'analyse malthusienne, on ne peut séparer l'évolution de la production agricole et de
celle de la population. C'est la taille de la population et donc le niveau de subsistances nécessaire qui
conduisent à des modifications dans les modes d'exploitation des terres. Ainsi, la pression
démographique a-t-elle obligé par exemple dans les pays du Nord à adopter la charrue afin
d'augmenter la productivité des terres agricoles. A l'inverse, une population clairsemée n'incite pas la
société à changer le système d'utilisation du sol. La croissance démographique joue un rôle moteur
dans le changement des techniques, une pression créatrice. Boserup oppose ainsi à la trappe
malthusienne (insuffisance de la production alimentaire), la trappe à faible densité de population
(faible progrès technique).
(Boserup)

3) Economie internationale
Loi des avantages absolus
Selon Adam Smith, chaque pays est plus efficace que les autres dans la production d'un bien au
moins. Le pays en se spécialisant dans la production d'un bien ce qui signifie l'abandon de la
production des autres biens, approfondit la division du travail et ainsi la liberté des échanges va
accroître le bien-être de l'ensemble des pays. C'est l'avantage absolu dans la production d'un bien qui
détermine la spécialisation de chaque pays.
(Smith)

Loi des avantages comparatifs


Selon Ricardo, ce n'est pas l'avantage absolu qui compte mais l'avantage relatif. Autrement dit un
pays, qui est moins efficace que les autres pays dans la production de tous les biens qui peuvent être
échangés, sera relativement moins inefficace dans la production d'au moins un bien. En exploitant cet

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avantage comparatif, c'est-à-dire en se spécialisant dans la production de ce bien, le libre-échange se


révélera préférable à l'autarcie. L'analyse ricardienne ne précise pas quel sera le niveau exact des
prix et des quantités échangées entre pays. C'est S. Mill qui déterminera l'équilibre de l'échange
international en faisant deux hypothèses : fonctions de demande par pays identiques et constance de
la part du revenu réel consacrée à chaque bien. D'autres hypothèses fondent le modèle : concurrence
pure et parfaite, existence d'un seul facteur primaire par pays, coûts de production fixes (totalement
indépendants de l'échelle de production et des effets externes).
(Ricardo, Mill)

Paradoxe de Leontief
Partant du fait que les États-Unis étaient en principe mieux dotés en capital que le reste du monde,
Leontief (prix Nobel 1973) calcule à l'aide de la matrice input-output les contenus en travail et en
capital des exportations et importations américaines pour l'année 1947. Or, les résultats obtenus
montrent l'inverse de ce qui était attendu : les États-Unis exportent des biens qui nécessitent
beaucoup de travail et importent des biens relativement capitalistiques. Plusieurs explications ont été
avancées : présence de coûts de transport et de droits de douane ; caractères des fonctions de
production ; présence d'un troisième facteur de production : les ressources naturelles ; sous-
estimation du capital américain ; effets de la demande ; très forte productivité des travailleurs. Les
spécialistes du commerce international ont amplement discuté et contesté ce paradoxe, les critiques
portant sur trois points : la méthode relative aux fonctions de production, la non prise en compte du
protectionnisme américain, l'absence d'un troisième facteur de production, à savoir les ressources
naturelles qui à côté du travail et du capital sont susceptible de modifier considérablement les
résultats initiaux en fonction de leur substituabilité ou de leur complémentarité respectives.
(Leontief)

Théorie du cycle de vie du produit


Selon Vernon, les innovations sont à l'origine du cycle de vie d'un produit. Elles se produisent dans
des pays à stock de capital physique et humain élevé. Le coût élevé de l'innovation est amorti car ces
biens nouveaux peuvent s'écouler sur un marché suffisamment grand et solvable. Une fois maîtrisé le
marché domestique le produit est exporté. Au fur et à mesure que l'innovation est connue, la
concurrence se durcit et le coût des facteurs de production redevient prédominant. La production est
alors transférée vers des pays à bas salaires.
(Vernon)

Théorie de la concurrence imparfaite et politique commerciale stratégique


La concurrence imparfaite se caractérise par l'existence de barrières à l'entrée, des rendements
croissants ou de surprofits liés à des positions de monopole. Les économies d'échelle donnent un
avantage déterminant aux entreprises qui atteignent les premières la taille optimale. Cette dernière
permet de différencier les gammes et d'amortir les dépenses de recherche et de développement. De
même, les entreprises peuvent pratiquer des prix bas et laminer les profits des autres firmes. Dès
lors, les pays dont les firmes ne seraient pas compétitives seront obligés d'importer des biens et vont
prendre un retard technologique. C'est pourquoi les entreprises et les nations sont incitées à tout
faire pour faire perdurer cet avantage ou à le conquérir. La politique commerciale stratégique
consiste donc à chercher à éliminer son concurrent afin de récupérer ses débouchés et renforcer son
pouvoir de monopole. Un autre exemple de protection est lié aux externalités d'apprentissage.
L'ouverture internationale peut amener un pays à se spécialiser dans un secteur dont la productivité
est supérieure à celle observée ailleurs. Toutefois, cette efficacité peut être de court terme et ne pas
tenir compte de l'efficacité dynamique, c'est-à-dire incluant les externalités d'apprentissage gage
d'une croissance élevée à long terme. Une fois entré dans cette spécialisation, le pays connaîtra une
faible croissance. Pour abandonner ces mauvais secteurs et permettre la reconversion vers le ou les
bons secteurs, le pays devra se mettre à l'abri de la concurrence et recourir à une politique de
subventions. Cette justification de la protection fait l'objet de diverses critiques : comment distinguer
les bons et mauvais secteurs ; si la demande dépend de la qualité et non du prix, la protection peut
se révéler moins efficace ; enfin, si tous les pays choisissent le même secteur, le commerce
s'effondre.
(Krugman)

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Théorie de la demande de Linder


Une des critiques adressées aux modèles ricardien ou d'Ohlin-Heckscher est de sous-estimer le rôle
de la demande. Selon Linder, l'échange des biens manufacturés par opposition aux produits primaires
ne peut être expliqué par les seules dotations relatives naturelles. Le volume du commerce entre
deux pays dépend des préférences des consom-mateurs. La similitude des fonctions de demande des
pays qui échangent détermine la part dans le revenu national du volume des biens manufacturés
échangés. Plus le revenu par tête des pays est proche, plus l'intensité du commerce entre les deux
pays sera élevée. Les hypothèses du modèle sont les suivantes : les individus touchant le même
revenu possèdent la même structure de demande quel que soit le pays auquel ils appartiennent ; la
répartition des revenus est la même dans les deux pays ; le pays fabrique un produit manufacturé
que parce qu'une demande domestique préexiste à une demande extérieure. Empiriquement,
certaines études montrent que des pays proches du point de vue du revenu par tête tendent à
davantage commercer. Toutefois d'autres variables pourraient expliquer un tel résultat. Il peut s'agir
de la proximité des pays (la distance semble être une variable pertinente et significative pour
expliquer le commerce bilatéral) ou bien encore de l'appartenance des pays à une même association
de libre-échange.
(Linder)

Théorie de l'échange inégal


Dans le commerce international, selon cette théorie, l'exportation de produits manufacturés et
l'exportation de produits primaires ne se font pas à un prix tel que les quantités de travail incorporées
dans les biens échangés soient égales. Au contraire, les termes de l'échange sont tels que la quantité
de travail que renferment les exportations des pays dominés est inférieure à celle que renferment les
exportations des pays capitalistes.
(Arghiri Emmanuel)

Théorie de l'économie politique de la protection


L'hypothèse centrale de cette théorie est que les mesures prises dans le cadre de la politique
commerciale (protectionnisme ou bien de libéralisation) sont avant tout des mesures de redistribution
ou de transfert prises par des décideurs politiques. Certains groupes vont chercher à bénéficier de ces
transferts ou de ces rentes. Ainsi, ces mesures créent des activités "profitables" bien que non
productives au sens direct de ce terme. Dans ce modèle d'économie politique, l'homme politique a
pour objectif son élection et il cherche des ressources. Il pourra obtenir le soutien d'un ou plusieurs
lobbies en fonction notamment de sa position en matière de politique commerciale. Les lobbies se
décideront à soutenir un candidat en fonction de trois paramètres : probabilité que le candidat soit
élu, retombées du programme électoral du candidat élu, le coût en argent et en temps que la
campagne électorale représente pour chaque groupe de pression. Le candidat arbitre entre sa
position en matière de politique commerciale et sa probabilité d'être élu. Il ne doit pas apparaître trop
inféodé aux groupes de pression sous peine de perdre des voix. Quant aux lobbies, leur pouvoir se
révèle inégal. Certains aux intérêts concentrés se mobiliseront plus facilement, le partage de
bénéfices élevés compensant le coût de mobilisation pour convaincre le candidat. En revanche, les
consommateurs dont le bénéfice par consommateur est moins élevé se mobiliseront moins
facilement. L'incertitude peut également jouer sur les capacités de mobilisation des groupes.
L'ouverture des économies génère une incertitude sur la répartition des coûts et des bénéfices
favorisant le statu quo.
(Magee, Block, Young)

Théorème de l'égalisation des prix de facteurs


Selon ce théorème, le libre-échange réduit le revenu relatif du type de travail (qualifié ou non
qualifié) qui est relativement rare dans un pays.
(Stolper et Samuelson)

Théorie de l'intégration régionale


Les accords commerciaux régionaux sont à l'origine de deux effets : une création de trafic et un
détournement de trafic. Le premier effet correspond au fait que les consommateurs de chaque État
membre achètent de plus grandes quantités aux producteurs des autres États membres. Il en résulte
des gains d'efficacité à la condition que ces producteurs soient plus efficaces que les offreurs du reste
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du monde. Le deuxième effet correspond au fait que si les consommateurs peuvent acheter aux
autres producteurs des États membres c'est en raison de différences de coûts créés artificiellement.
Selon le théoricien Viner, c'est le deuxième effet qui l'emportera, aboutissant à une baisse du bien-
être.
(Viner)

Théorie marxiste de l'échange international


L'échange international est voulu et organisé par les nations. Il permet l'importation de biens
nécessaires à l'entretien de la force de travail et d'exporter des biens manufacturés en surplus. Le
commerce extérieur permet la création de plus-value dans les pays capitalistes au sens où
l'importation permet l'entretien de la force de travail des pays capitalistes à un prix inférieur à celui
qui existait avant l'échange. Les importations permettent également d'abaisser la valeur du capital
constant utilisé. Le commerce permet également la réalisation de la plus-value. D'une part, les
débouchés extérieurs permettent d'écouler la production capitaliste. D'autre part, l'échange est inégal
entre nations dominantes et nations dominées. L'exportation de produits manufacturés et
l'exportation de produits primaires ne se font pas à un prix tel que les quantités de travail incorporées
dans les biens échangés sont égales. Au contraire, les termes de l'échange sont tels que la quantité
de travail que renferment les exportations des pays dominés est inférieure à celle que renferment les
exportations des pays capitalistes.
(Marx)

Théorie HOS (néo-classique) du commerce international (Heckscher, Ohlin et Samuelson)


Elle cherche à expliquer l'échange international par l'abondance ou la rareté relative des divers
facteurs de production dont sont dotés les pays. Soit deux pays A et B : A dispose en abondance de
capital et de travail mais a très peu de terre ; pour B, c'est l'inverse, il dispose de beaucoup de terre
mais de peu de travail et de capital. La rente dans le pays B est plus faible par rapport au salaire et à
l'intérêt, il a donc intérêt à produire des biens nécessitant beaucoup de terre. Inversement, dans le
pays A, où le salaire et l'intérêt sont relativement faibles par rapport à la rente, son avantage
résidera dans des produits qui nécessitent beaucoup de travail et de capital et peu de terre. Chaque
pays a donc tendance, premièrement, à se spécialiser dans les biens nécessitant des facteurs de
production qu'il possède en abondance relativement aux autres pays, deuxièmement, à exporter des
biens qui renferment beaucoup de facteurs qu'il possède en abondance et, troisièmement, à importer
des biens qui nécessitent beaucoup de facteurs qui lui manquent.
(Heckscher, Ohlin, Samuelson)

Théorie de la protection dans le cadre des industries naissantes


En protégeant l'industrie dans le premier temps de son développement, le pays permet à cette
activité d'engranger des économies d'échelle et de bénéficier de gains d'apprentissage. Il en résulte
une baisse du coût moyen par rapport à celui des producteurs du reste du monde. Une fois que le
coût moyen est égal ou inférieur à celui du reste du monde et donc que l'avantage comparatif du
pays est établi, la raison d'être de la protection disparaît. Les coûts de la protection, notamment pour
les consommateurs, doivent être à terme compensés par les recettes, une fois l'avantage comparatif
établi.
(List, Perroux, de Bernis)

Théorie de la protection douanière


La théorie du commerce international distingue deux cas en fonction de la taille du pays qui applique
la protection douanière. Le premier cas concerne les petits pays. Un petit pays est un pays qui
n'influence pas les prix internationaux. En concurrence pure et parfaite, un droit de douane imposé
par un petit pays augmentera le prix domestique sans modifier le prix international. Les gains de
l'instauration du droit de douane seront insuffisants pour compenser les pertes de bien-être des
consommateurs ainsi que les distorsions causées par ces mêmes droits de douane. Dans le cas d'un
petit pays, le libre-échange est donc supérieur à toute forme de protection. Concernant les grands
pays qui ont donc le pouvoir d'influencer les prix internationaux, l'instauration d'un droit de douane
entraînera une baisse de la demande domestique qui elle-même entraînera une baisse du prix
international. Le prix à l'importation baissera et le pays connaîtra une amélioration des termes de

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l'échange. Dans le cas d'un grand pays, établir un droit de douane peut augmenter le bien-être.
Toutefois, le pays qui l'instaure risque des représailles.

4 ) Education, formation
Le modèle d'arbitrage (entre rendement et risque)
Les individus de mêmes capacités ne choisissent pas les mêmes études. Cette différence est
directement liée à leur origine sociale. Avant d'entamer un cursus scolaire, la théorie suppose ici que
les individus procèdent à un calcul avantages-coûts pondéré par la probabilité de réussite. Elle pose
alors comme hypothèse que les étudiants issus de milieux défavorisés accorderont un poids plus
important au risque que les autres. Les conséquences d'un échec, voire d'un simple redoublement, ne
sont pas valorisées de la même façon par tous les individus. L'intérêt du modèle d'arbitrage entre
rendement et risque est donc d'expliciter des choix différents de cursus sur des critères sociologiques.
(Mingat et Eicher)

Les modèles de concurrence (pour l'emploi)


Ce modèle rejette l'hypothèse forte de la théorie du capital humain : la productivité n'est plus
apportée par le travailleur mais elle est considérée comme faisant partie du poste de travail. Deux
caractéristiques comptent dans l'entreprise : la capacité d'adaptation du travailleur à la structure de
la firme et son efficacité à son poste de travail. II existe deux marchés du travail, l'un interne à
l'entreprise, l'autre externe. Pour recruter son personnel, un dirigeant peut recourir à l'un ou l'autre.
Le premier est le moins coûteux mais il n'est pas toujours possible. Sur le marché externe, le niveau
de formation considéré comme un gage d'ouverture d'esprit et d'adaptabilité constitue le premier
critère de sélection.
(Thurow)

Théorie des attitudes


À la suite des critiques portant sur la théorie du capital humain et le modèle économique
néoclassique, d'autres auteurs formulent une théorie du système éducatif pris dans son ensemble.
Selon la théorie des attitudes, l'éducation prépare à la division du travail en même temps qu'elle
installe l'acceptation du travail. La formation vise à créer des attitudes conformistes et soumises. Le
système éducatif est dominé par le capital. La mission de l'école est double. D'une part, elle forme le
prolétariat à l'appareil productif. D'autre part, elle réserve à une élite les enseignements nécessaires
aux tâches d'encadrement et de création.
(Bowles et Gintis)

Théorie du capital humain


L'idée de base de la théorie du capital humain, développée par Gary Becker, prix Nobel 1992, est de
considérer que du point de vue de l'individu, l'éducation est un investissement. La valeur de celui-ci
dépend directement du coût monétaire de l'éducation et des gains futurs anticipés procurés par
l'information. Celle-ci représente un investissement avantageux si la valeur actualisée nette des coûts
et des avantages est positive. L'investissement en capital humain est aussi un investissement
profitable du point de vue de la société. Autrement dit, l'éducation procure aussi des gains sociaux,
supérieurs aux gains privés. Cette externalité positive justifie pour certains l'intervention de l'État
sinon dans l'économie du moins dans la prise en charge du système éducatif. Pour l'employeur, la
distinction entre éducation générale et formation spécifique de l'individu revêt une importance
capitale. En effet, la formation spécifique augmente la productivité de l'individu seulement chez son
employeur. Ce dernier peut par conséquent récupérer le fruit de l'investissement qu'elle constitue.
(G. Becker)

Théorie du filtre
Les tests empiriques ont montré que la théorie du capital humain explique peu les faits. En
particulier, des individus de même niveau obtiennent des gains très différents. La théorie de Becker a
été remise en cause à la fois dans son développement et ses hypothèses. La formation, et en
particulier le diplôme, sert à apporter de l'information sur les qualités des individus (intelligence,
capacité de travail...). L'éducation ne sert donc pas à accroître les capacités des individus mais à les
identifier afin de pouvoir les filtrer. Le système productif filtre les individus en fonction des qualités

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qu'il recherche. Des tests à l'embauche pourraient toutefois servir eux aussi de filtres, à un coût
inférieur à celui du système éducatif.
(Arrow)

Théorie de la reproduction
Le système éducatif, fonctionne comme s'il servait à reproduire la domination de la " classe
dominante ". Sous couvert de neutralité et d'égalité des chances, l'institution scolaire conduit à
exclure les enfants des classes populaires, " classes dominées . Le système exerce, en effet, un "
arbitraire culturel " permettant cette sélection. L'école valorise et légitimise une culture dite savante
acquise en dehors de ses murs par la classe dominante. Cette " violence symbolique " exercée par le
système éducatif est à l'origine des écarts entre les taux de réussite des enfants. La démocratisation
de l'école a des effets pervers. L'exclusion s'opère via la dévalorisation des diplômes.
(Bourdieu et Passeron)

Théorie du signal
La théorie du signal est un prolongement sur le marché du travail de celle du filtre. Les employeurs
sont considérés comme étant en asymétrie d'information vis-à-vis des offreurs de travail. Ils
disposent de données intangibles telles que le sexe. D'autres, comme le niveau de qualification,
peuvent au contraire être modifiées par les individus à la recherche d'un emploi. Le diplôme constitue
donc un signal envoyé aux employeurs potentiels. II reste aux individus à choisir la formation qui
permet d'envoyer le meilleur signal, soit celle qui offre le plus de possibilités pour trouver un emploi,
soit le meilleur taux de rendement.
(Spence)

Théorie sociologique de l'individu rationnel


Les individus procèdent tout au long de leur " carrière scolaire " à des calculs avantages-coûts. Ces
calculs s'opèrent non seulement sous la contrainte des coûts matériels mais aussi et surtout sous
l'influence de données sociologiques de chaque individu. Le rendement et le risque d'une formation
sont valorisés différemment selon la classe sociale. Les choix et les ascendances sociales qui en
découlent sont donc différents selon les individus. La faible mobilité sociale s'explique ainsi non
comme le résultat de la reproduction d'une " classe dominante " mais comme un " effet de système "
engendré par l'agrégation des comportements et stratégies individuelles.
(Boudon)

5) Entreprises
Théorie de l'agence
Cette théorie générale qui s'appuie sur la relation principal-agent s'applique également à l'analyse de
l'entreprise. Elle décrit les relations entre les actionnaires (principal) et le manager (agent) dans un
contexte d'asymétrie d'information. Ces agents ont des intérêts contradictoires. Les actionnaires
cherchent avant tout à maximiser la valeur de la firme tandis que le manager cherche à maximiser
son revenu et donc la taille de l'entreprise. La théorie de l'agence permet d'expliquer les stratégies
des firmes selon que le principal ou l'agent contrôle l'entreprise.
(Grossman, Hart, Holström)

Théorie des coûts de transaction


Selon cette théorie, l'information est imparfaite et coûteuse. L'entreprise et le marché sont des
modes alternatifs de fourniture de biens et de facteurs. L'entreprise existe car il existe un coût (le
coût de transaction) à recourir au marché. L'entreprise permet une économie un contrat unit
plusieurs personnes pour effectuer des tâches sans recourir au marché et donc au prix. Inversement,
les coûts organisationnels limitent la capacité des firmes à se substituer au marché. D'autres facteurs
sont à l'origine des coûts de transaction. Ils sont, d'une part, humains (opportunisme dans les
transactions, nature de l'information, rationalité limitée) et, d'autre part, liés à l'environnement de
l'entreprise (incertitude, spécificité des actifs, fréquence des transactions). Cette théorie permet donc
d'expliquer l'intégration verticale de l'entreprise tout en montrant sa limite liée à des coûts et des
distorsions spécifiques.
(Coase, Williamson)

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Théorie de l'entrepreneur
Selon Schumpeter, l'entrepreneur joue un rôle central dans le système capitaliste. II est animé par
des motivations individuelles de réussite. Le profit rémunère la capacité d'innovation de l'entreprise,
c'est-à-dire sa manière d'effectuer des combinaisons économiques. Les innovations peuvent être liées
au processus de production ou à la découverte de produits nouveaux. L'entrepreneur est toutefois
menacé par la bureaucratie de la grande entreprise. Celle-ci, en éliminant l'entrepreneur, éteint toute
source d'innovation et de croissance. Et le capitalisme est condamné à disparaître.
(Schumpeter)

Théorie des entreprises publiques (et réglementation)


L'intervention de l'État se justifie pour corriger les défaillances du marché (absence de rivalité et
absence d'exclusion du consommateur, existence de rendements croissants, présence d'externalités).
Les entreprises publiques cherchent à concilier l'objectif public avec celui de profit. Elles sont
critiquées pour leur manque d'efficacité (théorie de la capture, théorie de la bureaucratie, théorie des
droits de propriété). Pour un contrôle plus efficace de ces entreprises, deux voies sont possibles: la
première consiste à ouvrir le capital, la seconde à les réglementer (en appliquant, par exemple, une
tarification à la Ramsey-Boiteux).
(Boiteux, Ramsey, Stigler)

Théorie de l'équilibre général


Dans ce cadre théorique, l'entreprise agit dans un univers de concurrence pure et parfaite.
L'entreprise décrite est dite " représentative". Elle est réduite à son expression technique (fonction de
production). La fonction de production qui résume l'entreprise a la forme suivante Y = f (K, L) où Y
est la quantité produite et K et L les facteurs de production (respectivement le capital et le travail).
La productivité marginale des facteurs de production est décroissante. La firme est une boîte noire
qui maximise son profit sous une contrainte de coût. Elle est preneuse de prix (price taker).

Théorie de l'efficacité-X
Cette théorie a pour point de départ un grand nombre d'observations ayant mis en évidence que des
firmes aux caractéristiques techniques identiques pouvaient avoir des différences de coût de
production très importantes. Ce résultat apparaît en parfaite contradiction avec la théorie
néoclassique. Pour cette dernière, l'objectif unique de toutes les firmes est de maximiser leur profit ce
qui implique en particulier la minimisation des coûts. Pour expliquer cette contradiction, il convient
d'analyser non la firme mais les individus qui la composent et dont la rationalité est limitée au sens
de Simon. Le comportement de la firme devient le résultat des actions des différents agents qui la
composent. Le X de la théorie est synonyme de non allocatif.
(Leibenstein)

Théorie de la firme évolutionniste


Les entreprises sont très diverses et ont des compétences spécifiques. Trois critères permettent
d'analyser les firmes : distinguer les firmes les unes des autres en fonction de leur activité ; expliquer
le portefeuille d'activités de chaque firme ; expliquer les logiques d'évolution des firmes. La firme
évolue au cours du temps grâce à l'apprentissage. L'information n'est plus exogène car la firme est
capable d'en produire. L'évolution de l'entreprise n'est pas aléatoire mais déterminée en fonction des
compétences accumulées. Le marché n'est que l'un des processus de sélection des firmes.
(Alchian, Demsetz, Nelson et Winter)

Théorie des firmes A et J


L'analyse se concentre sur la structure même de l'entreprise et sur sa performance sans reconsidérer
la question de son existence. II existe deux types de firmes la firme A et la firme J. Chacune réagit
selon les conditions du marché et les opportunités technologiques et possède sa structure d'échange
de l'information. La firme de type A (pour américain) possède une structure rigide. Ses règles et ses
fonctions sont préétablies de façon précise. La firme de type J (pour japonais) au contraire possède
une organisation du travail souple et sans fonction figée. Chacune possède ses domaines et
conditions d'efficacité. La firme J serait plus efficiente que la firme A, par exemple, en univers
incertain.
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(Aoki)

Théorie managériale
Selon cette théorie, la grande entreprise conduit à l'apparition d'une technostructure (managers,
cadres supérieurs, ingénieurs) distincte des propriétaires. Les objectifs de la technostructure
(dépenses de prestige et maximisation de la part de marché) peuvent être contradictoires avec ceux
des propriétaires actionnaires. Les managers peuvent être toutefois contraints d'infléchir leur position
dans un sens plus favorable aux actionnaires. On parle alors de gouvernement d'entreprise. La
contrepartie en est une gestion de l'entreprise au jour le jour en fonction de l'évolution de la
conjoncture et non de choix stratégiques de long terme.
(Berle, Means, Galbraith)

6) Epistémologie et histoire de la pensée économique


Critique de Lucas
Les paramètres des modèles économétriques peuvent évoluer sous l'influence de la politique
économique lorsque les acteurs du marché reconnaissent des modifications dans les règles de
politique économique et les intègrent dans leur comportement. Dans la mesure où un modèle
économétrique ne tient pas compte de manière adéquate de ce type d'ajustement des attentes, les
modèles dont les paramètres ont été évalués sur la base des données passées ne permettent pas une
évaluation correcte des effets des politiques économiques à venir.
(Lucas)

École des choix publics


L'école des choix publics rejette la conception particulière de l'État et de la politique, utilisée dans
l'analyse économique traditionnelle et qui voit l'Etat comme un dictateur bienveillant. Selon cette
vision, les décideurs politiques sont supposés avoir des objectifs qui correspondent à ceux de l'intérêt
général. Ainsi, dans le domaine de la politique économique, ces objectifs peuvent être l'emploi, la
croissance ou encore la lutte contre l'inflation. Pour les tenants de l'école des choix publics, on ne
peut pas à la fois soutenir que dans la vie économique les individus se comportent de manière
rationnelle et égoïste et que ces mêmes individus - une fois passés dans la sphère politique - se
comportent de manière altruiste. Le modèle proposé par cette école repose sur l'hypothèse que les
hommes politiques et les partis politiques essaient d'obtenir le maximum de votes possibles afin
d'obtenir des positions de pouvoir ou des avantages financiers grâce aux budgets publics.
(Buchanan, Tullock, Mueller)

Économétrie
Elle permet de confronter des constructions théoriques et leurs prédictions aux données réelles de
l'économie. Plus précisément, les modèles économétriques servent à expliquer l'évolution quantitative
d'un certain nombre de variables (dites variables endogènes) en fonction d'un certain nombre de
variables prédéterminées (dites variables exogènes). Le test qui infirme une prédiction conduit à
réexaminer les hypothèses du modèle et afin de mieux comprendre les mécanismes économiques.
Construire un modèle économétrique, nécessite une théorie modélisable, des données et des
instruments de calcul.
(Frisch, Haavelmo, Heckman, McFadden)

Holisme méthodologique
L'approche économique holiste s'intéresse plutôt à l'ensemble des comportements qu'à leurs
composantes, faisant l'hypothèse que le tout est supérieur à la somme des parties. La sociologie, qui
relève plus d'une démarche holiste, met l'accent sur le fait que les individus sont socialisés, c'est-à-
dire qu'ils sont le produit d'un groupe qui partage une certaine culture, des normes etc. Il existe donc
une classe sociale, ce que nie l'individualisme sociologique.

Individualisme méthodologique
L'individualisme méthodologique analyse les phénomènes économiques et sociaux à partir des
comportements individuels. Combiné à l'hypothèse de rationalité du comportement, l'individualisme
méthodologique, le fameux homo œconomicus, est le principe de base de la science économique.

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(Becker)

Libéralisme
Élaborée au cours du XIXème siècle notamment à partir des travaux d'A. Smith, la doctrine libérale
repose sur trois piliers : la propriété privée, la libre entreprise et la libre concurrence. Il existerait
selon elle un ordre économique naturel, fruit des interactions entre les agents (main invisible). La
crise des années trente a donné naissance à un courant néo-libéral reconnaissant les imperfections
du marché et attribuant à l'État un rôle de régulateur de la sphère marchande. Les privatisations des
vingt dernières années dans les pays industrialisés et le mouvement de déréglementation témoignent
d'un retour appuyé à la doctrine originelle.
(Hayek, Friedman)

Marxisme
Doctrine et méthode d'analyse élaborées par K. Marx et F. Engels puis par leurs disciples, le
marxisme (ou tout du moins sa théorie économique) vise à expliquer le fonctionnement du système
économique. Dans le système capitaliste, la force de travail crée une valeur supérieure à celle de son
entretien produisant ainsi une plus-value que s'approprient les détenteurs des moyens de production.
Cette appropriation, assurée par la légalité de la propriété privée, donne naissance au profit, si le
capital est réalisé, et permet l'accumulation du capital. Il existe cependant une baisse tendancielle du
taux de profit liée à l'exploitation de la force de travail, et que les concentrations cherchent à pallier.
Les crises consécutives au déséquilibre de la répartition du profit provoque à terme une crise
générale débouchant sur la révolution sociale.
(Marx, Engels)

Nouvelle histoire économique


Elle a pour projet de développer une histoire économique " scientifique ". Les cliométriciens
souhaitent appliquer des règles scientifiques aux problèmes d'histoire économique. Ils utilisent des
séries de données historiques quantitatives et une méthode celle de l'analyse contrefactuelle. Cette
dernière, développée par R. W. Fogel, prix Nobel 1993, consiste à mesurer l'influence d'un facteur sur
une évolution par la différence entre cette évolution réellement observée et celle, hypothétique, à
laquelle on aurait assisté si le facteur concerné n'avait pas existé. Cette dernière situation est
construite économétriquement à partir des autres facteurs.
(North, Fogel)

Positivisme économique
Cette approche repose sur l'idée que l'économique est une science empirique, au même titre que les
sciences de la nature. Les énoncés que l'économiste élabore ont avant tout un caractère prédictif,
dont on doit être capable d'infirmer les résultats par des tests empiriques. C'est la raison pour
laquelle finalement, il importe peu que les hypothèses de départ soient réalistes.
(Friedman)

7) Les femmes dans la théorie économique


École institutionnaliste
Ce courant spécifie le rôle des institutions comme l'État ou bien encore la famille dans la formation et
le développement des processus économiques. L'institutionnalisme se différencie par le rejet des
principes fonctionnalistes individuel (néoclassique) et social (marxiste). Ce courant montre
notamment que les institutions ayant un rôle déterminant dans l'expérience professionnelle ce sont
elles et non le manque de valorisation du capital humain comme le soutiennent les néoclassiques qui
sont à l'origine des inégalités de salaires entre hommes et femmes. L'étude des processus culturels
peut également servir à expliquer les différences entre les sexes par le biais de construction de
mythes, par exemple, celui de la " maternité innée ", c'est-à-dire l'existence de caractéristiques "
naturelles " des femmes qui les rendraient plus aptes au travail domestique. La construction de ces
mythes reste cependant inexpliquée.
(Hodgson, Jennings)

Économie de la violence domestique

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On mesure difficilement le niveau et l'évolution de la violence. Il en va de même pour les coûts


(dépenses médicales, pertes de revenus, aide du gouvernement, etc.). Ce courant cherche également
à expliquer pourquoi des femmes battues retournent auprès de leurs partenaires. Les explications
sont souvent d'ordre psychologique. La violence les paralyserait. Pour certains, le problème est avant
tout social et non psychologique. Le retour auprès du partenaire peut s'expliquer rationnellement si
on considère que les services d'aide ne répondent pas aux demandes des femmes battues. Plus l'aide
sera disponible, moins probable sera le retour au foyer. Ces services peuvent également servir aux
femmes pour " signaler " à leurs partenaires que le point de rupture est atteint. Le retour constitue
également la meilleure alternative puisque le signalement permettra de baisser le niveau de violence
du partenaire.
(Farmer, Tiefenthaler)

Microéconomie de la répartition des tâches familiales


L'approche de l'Ecole de Chicago consiste à appliquer les postulats de la maximisation de l'utilité sous
contraintes de revenu, de temps et de production à des décisions concernant le travail domestique ou
le choix d'avoir des enfants. Dans cette approche, la famille est considérée comme une unité de
production et de consommation. Les décisions en matière d'allocation du travail total disponible dans
une famille doit permettre à la famille de maximiser ses gains. La variable à maximiser est alors le
revenu total de la famille. Cette " collaboration familiale " peut s'expliquer par un consensus en
faveur le partage ou une forme d'altruisme du chef de famille. Une personne est dite altruiste si
l'augmentation de la consommation des autres membres de la famille est inclus dans sa fonction
d'utilité. La théorie ne dit cependant rien sur l'obtention de ce consensus, ni sur l'existence de
préférences altruistes dans un univers égoïste.
(G. Becker)

Perspective marxiste
Le travail domestique s'analyse comme l'effort lié à la production de valeur d'usage donnant lieu ou
non à un échange marchand. Pour certains, la situation des femmes dans la famille et le travail
domestique répondent à la logique du capital. Il en résulte que la lutte des femmes fait partie de la
lutte des classes. D'autres, au contraire, opposent la logique du capital à la logique du patriarcat. Les
femmes dans la famille sont exploitées par les hommes. Les femmes constituent donc une classe
spécifique et antagoniste des hommes. La lutte des femmes est autonome vis-à-vis de la lutte des
classes. Pour d'autres encore, il est nécessaire d'articuler les deux logiques. Ainsi, la fin du
capitalisme ne signifiera pas la fin de l'oppression des femmes. Inversement, le patriarcat ne peut se
comprendre sans sa base matérielle, à savoir qu'il repose sur le contrôle exercé par l'homme sur le
travail de la femme à l'intérieur comme à l'extérieur foyer.
(Harrison, Hartman)

Science économique féministe


Elle part du constat que l'analyse économique et les politiques économiques sont le fruit du sexisme.
Le contenu de l'analyse économique féministe n'est pas liée aux différences entre hommes et
femmes. Le fond du problème est que l'analyse néoclassique est sexiste. La théorie économique en
insistant sur les concepts de rareté, d'intérêt personnel et de concurrence rejettent ceux de
l'abondance, de l'altruisme et de la coopération. Pour certains, ces dichotomies (rareté/abondance,
intérêt égoïste/altruisme, concurrence/coopération) correspondent au côté masculin et au côté
féminin. Cette explication est contestée car elle ne ferait que perpétuer les stéréotypes. En revanche,
il y a un consensus pour soutenir que si la maximisation du bien-être passe par l'intérêt égoïste et la
concurrence, alors il n'y a plus de place pour la coopération et un autre partage du pouvoir et du
bien-être.
(Nelson, Strober)

Segmentation du marché du travail


La théorie distingue deux marchés du travail : primaire et secondaire. Les emplois du marché
primaire se caractérisent par une rémunération plus élevée et de meilleures conditions de travail.
Cette théorie d'un double marché du travail permet de mieux comprendre l'inégalité des hommes et
des femmes en montrant la distribution sur le marché et selon les professions. Dans le segment
féminin, les salaires sont plus bas et l'éventail des professions et des expériences est plus réduit. Au
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moment du recrutement, et en raison des coûts d'information et de prospection, l'employeur aura


rationnellement tendance à recruter dans le marché primaire où se trouve concentrer les hommes et
à délaisser le marché secondaire où se trouvent les femmes. Etant donné que les hommes ont suivi
une meilleure formation et ont plus d'expériences, les employeurs ont toujours une préférence pour
eux et la ségrégation se perpétue.
(Doeringer, Piore)

Ségrégation socio-culturelle
Pour expliquer les phénomènes de ségrégation et de discrimination à l'embauche, ces théories se
concentrent sur des facteurs externes au marché du travail Elles font apparaître l'étroite
correspondance qui existe entre les caractéristiques des professions " féminines " et les stéréotypes
habituels sur les qualité des femmes : souci d'autrui, habileté manuelle, charme, manque de force
physique, préférence pour la flexibilité, etc.. Les responsabilités familiales peuvent pousser les
femmes vers les métiers en question. Mais c'est la réputation de ces professions et non leur nature
qui les font apparaître comme féminines. A priori, il n'y a par exemple aucune raison de supposer
qu'une profession, quelle qu'elle soit, soit par nature " flexible " ou " peu flexible ".
(Anker)

Théorie du capital humain


Appliquée à la demande d'éducation, elle cherche également à rendre compte du rôle des femmes
dans l'économie. La théorie néo-classique pose que les travailleurs cherchent les emplois les mieux
rémunérés en fonction de leurs capacités, de leurs obligations et de leurs préférences et que les
employeurs minimisent les coûts. Dans cette optique, si les femmes sont moins bien rémunérées cela
peut provenir : 1°/ d'une productivité plus faible (une formation moins élevée réduit la valeur du
capital humain et donc la productivité) ; 2°/ des préférences professionnelles des femmes ; 3°/ du
coût du personnel féminin (les absences, la nécessité de mettre en place des systèmes de garde
d'enfants et la réglementation contribueraient à alourdir le coût du travail féminin) ; 4°/ de la
propension à la discrimination des employeurs. Ces derniers ont des préjugés à l'égard de personnes
qui se distinguent par certaines caractéristiques. Les embaucher impliquerait un coût. L'origine du
goût pour la discrimination n'est pas cependant expliquée.
(G. Becker)

Théorie du mariage et du divorce


Les modèles de préférence commune ne peuvent être utilisés pour analyser des décisions comme le
mariage ou le divorce puisque les utilités individuelles du mari et de la femme ne peuvent être
extraites de la fonction commune de bien-être. On a donc recours à des modèles de négociation de la
théorie des jeux. Un premier modèle est celui avec menace de divorce. Le point de menace
correspond aux gains associés aux utilités résultant du divorce. Ce point est fonction de la possibilité
de conserver la propriété du revenu et de variables externes (situation du marché du remariage). Un
deuxième modèle pose que le point de menace est interne au mariage. C'est un équilibre non
coopératif où chaque conjoint fournit volontairement des biens collectifs et adopte une stratégie
optimale. Le mariage non coopératif peut être préférable au divorce si la perte de pouvoir consommer
des biens collectifs peut être plus dissuasif que le divorce.
(Lundberg, Pollak)

8) Macroéconomie
Courbe de Phillips
La courbe de Phillips pose l'existence d'une relation négative entre inflation et chômage. Un
gouvernement aurait le choix entre relancer l'économie et par suite l'emploi au prix d'un peu
d'inflation, et freiner la croissance et ralentir l'inflation au prix d'un surplus de chômage. M. Friedman
(prix Nobel 1976) et E. Phelps ont critiqué cette interprétation due à Samuelson (prix Nobel 1970) et
Solow (prix Nobel 1987). Ils soutiennent que si, à court terme, il existe bien une relation positive, à
long terme, la courbe devient une droite verticale. Un gouvernement qui relancerait l'économie ferait
reculer dans un premier temps le chômage mais au prix d'une inflation plus élevée. L'adaptation des
agents à plus d'inflation ramènerait à long terme le taux de chômage à son niveau " naturel ". Si
l'hypothèse des anticipations adaptatives autorise un arbitrage exploitable à court terme, celle des

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anticipations rationnelles ruine même à court terme un tel arbitrage. Dans le modèle de Lucas, les
agents ajustent instantanément leurs anticipations de prix et de salaires à la nouvelle politique
économique. Toute politique économique est-elle donc inutile ? Pas nécessairement si les
modifications de politique économique sous forme de règles négociées sont " bien " interprétées par
les agents économiques. Elles ont alors probablement plus d'effets sur l'économie que les
modifications de politique économique laissées à la discrétion des gouvernements.
(Phillips, Friedman, Phelps, Samuelson, Solow, Lucas)

Modèle de Solow
Le modèle décrit comment un accroissement du stock de capital, de la quantité de travail (ou de la
population) et le progrès technique interagissent et affectent la production au sein de l'économie. À
long terme, il montre que l'économie tend vers un état stationnaire. Cette situation d'équilibre est
déterminée par le taux d'épargne, le progrès technique et la croissance démographique. Le taux
d'épargne et le progrès technique étant des données dans le modèle, la croissance économique
dépend, à long terme, de celle de la population.
(Solow)

Modèles " millésimés " ou à générations de capital (vintage models)


Ces modèles, développés par Solow (prix Nobel 1987) proposent une nouvelle méthode pour analyser
le rôle de la formation du capital dans la croissance économique et tiennent compte en particulier de
l'âge du capital. Selon Solow, le progrès technique est contenu dans le capital de l'économie,
contrairement à la nouvelle théorie de la croissance endogène (pour laquelle le moteur de la
croissance vient des externalités). Les nouveaux investissements incorporent les dernières techniques
connues. Le millésime du capital doit donc être pris en compte dans les modèles. Ainsi se trouve
définie une nouvelle façon d'agréger du capital issu de différentes périodes. Ces vintage models ont
depuis été employés dans d'autres modèles économiques, tels les modèles d'équilibre général
calculable.
(Solow)

Modèle IS-LM
Créé par Hicks (prix Nobel 1972), ce modèle est repris et modifié par Hansen, Lerner, Samuelson
(prix Nobel 1970). Il est composé de deux équations : IS (Investment et Saving) exprime l'égalité
entre l'épargne et l'investissement (équilibre sur le marché des biens) et LM (Liquidity et Money)
traduit l'égalité entre l'offre et la demande de monnaie (équilibre sur le marché de la monnaie). Le
modèle comporte deux variables endogènes, le revenu national Y et le taux d'intérêt i, les autres
variables sont considérées comme exogènes (masse monétaire M, dépenses gouvernementales G).
Le modèle permet d'étudier, dans une économie fermée, les effets des variations de M et G sur le
revenu et le taux d'intérêt. Ce modèle va donner naissance au consensus théorique baptisé par
Samuelson "synthèse néoclassique" : démarche macroéconomique qui complète le schéma d'analyse
keynésien par des équations inspirées de la logique néoclassique (maximisation de l'utilité marginale,
analyse du point de vue de l'offre).
(Hicks, Samuelson)

Théorie de l'état stationnaire


A l'origine du phénomène se trouve l'opposition entre deux mouvements qui apparaissent inéluctables
et incontrôlables à l'époque : d'une part, la croissance démographique et, d'autre part, les
rendements décroissants de la terre. L'accroissement de la production provoque une hausse de la
demande de travail, qui implique une hausse des salaires. Cette amélioration des conditions de vie
conduit à une croissance de la population. Celle-ci implique une hausse de la demande de produits
agricoles. La production agricole augmente. Toutefois, les terres mises en culture pour augmenter la
production se heurtent à de srendements décroissants. Le coût de production et donc le prix des
denrées agricoles augmentent. Il en résulte que les propriétaires des terres les plus fertiles
bénéficient de rentes ; en revanche, les profits des industriels diminuent, la part des salaires restant
constante dans le revenu national. Les profits diminuent, l'investissement baisse bloquant la
croissance. Le commerce international et le libre échange peuvent retarder l'échéance mais cette
solution ne peut-être que de court terme.
(Ricardo, Malthus)
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150 théories économiques
(Petit guide de présentation)

Théorie de l'oscillateur
La théorie montre comment les interactions entre le principe du multiplicateur keynésien (source de
stabilité économique) et celui de l'accélérateur (source d'instabilité) peuvent créer des fluctuations
cycliques endogènes. Cinq types de situation se présentent : 1°/ il n'y a pas de fluctuation et le
niveau de revenu décroît vers son niveau initial ; 2°/ l'évolution du niveau de revenu prend la forme
d'oscillations amorties ; 3°/ ces oscillations sont explosives ; 4°/ la croissance est exponentielle ; 5°/
des oscillations auto entretenues.
(Samuelson)

Théorie de la croissance endogène


Cette théorie montre en quoi plusieurs facteurs peuvent faire apparaître des externalités positives et
par conséquent être source de croissance pour la collectivité : investissement en capital physique,
investissement en capital public, investissement en capital humain, apprentissage par la pratique,
division du travail, recherche et innovations technologiques. La croissance est endogène au sens où
elle ne dépend que des seuls comportements des agents et des variables macroéconomiques.
(Barro, Lucas, Levine, Romer)

Théorie de la régulation de la croissance


Elle analyse les régimes de croissance. Ceux-ci dépendent d'une part d'un régime de productivité,
c'est-à-dire de l'ensemble des déterminants de la progression de l'efficacité économique (organisation
du travail et des entreprises, degré de concentration des entreprises, degré de mécanisation, type
d'innovation, etc.) et, d'autre part, d'un régime de demande c'est-à-dire de l'ensemble des
mécanismes de répartition des gains de productivité entre salaires, profits, prix relatifs qui alimentent
la demande.
(Aglietta, Boyer, Bénassy, Mistral)

Théorie des cycles économiques


On distingue différents types de cycles : 1°/ les tendances séculaires ou trends d'une période d'un
siècle par référence aux travaux de F. Braudel ; 2°/ les mouvements de longue durée de type
Kondratiev de l'ordre de 25 à 45 ans ; 3°/ les cycles classiques ou cycles courts de type Juglar qui
durent 6 à 10 ans ; 4°/ le cycle Kitchin qui dure 40 mois ; 5°/ les mouvements saisonniers comme la
production agricole. Les cycles peuvent avoir trois origines. La première est d'ordre exogène d'où le
terme des cycles exogènes. Dans ce cas, c'est l'environnement qui est à l'origine du cycle : accident
climatique, interdépendance croissante des économies qui propage les cycles d'activité d'un pays à
l'autre , des chocs politiques, les politiques économiques ou bien encore les échéances électorales à
l'origine de cycles politico-économiques. Une deuxième origine est endogène c'est-à-dire lié à
l'activité économique elle-même. Les facteurs déclencheurs peuvent être l'accumulation du capital, le
partage de la valeur ajoutée, le développement des innovations (explication schumpétérienne des
cycles kondratiev), une modification ou choc que peut subir les fondamentaux d'une économie (goût
des ménages, techniques disponibles, dotations en ressources des agents). Une troisième origine est
financière. C'est le cas pour les cycles d'endettement. l'expansion conduit à une croissance des
crédits qui lorsque l'activité se retourne a pour conséquence un désendettement et un
approfondissement de la dépression.
(Kondratiev, Schumpeter, Juglar, Kitchin)

Théorie du capitalisme monopolistique d'Etat (CME)


Le capitalisme se heurte à une crise de suraccumulation c'est-à-dire d'excédent de capital par rapport
à la masse de profit. L'action de l'Etat consiste à dévaloriser certains capitaux afin de rétablir le taux
de profit. Cette intervention prend diverses formes : financement public privilégié, nationalisation,
transfert au privé d'entreprises ou de secteurs redevenus rentables.
(Boccara)

Théorie keynésienne de la crise


La crise est contingente. Deux éléments jouent un rôle : la monnaie et les anticipations de la
demande. La monnaie peut être conservée pour elle-même et ainsi provoquer des fuites dans le
circuit économique. Comme les entreprises produisent lorsqu'elles ont la certitude d'écouler leur
production, elles vont chercher à anticiper la demande. Il en résulte un niveau de production qui
Agrégation interne – IUFM 2005/2006 - Jaunet Philippe 17
150 théories économiques
(Petit guide de présentation)

satisfait la demande mais qui ne correspond pas forcément au plein emploi. Il n'existe pas de
mécanisme autorégulateur. En outre, le chômage peut accentuer les comportements d'épargne de
précaution et les mauvaises anticipations des entrepreneurs. Seule l'intervention de l'Etat par une
politique économique adéquate peut susciter une demande supplémentaire.
(Keynes)

Théorie marxiste de la crise


Seul le travail vivant crée de la valeur. Or poussé par la concurrence, le capitaliste utilise de plus en
plus des machines et donc du travail mort. Il déclenche ainsi la crise. Même si le rendement du travail
vivant augmente, sa quantité diminue. Il en résulte : 1°/ une diminution de la demande de biens de
consommation puisqu'il y a de plus en plus de chômeurs ce qui diminue l'incitation à produire ; 2°/
un déséquilibre entre la section produisant des biens de consommation et celle produisant des biens
de production ; 3°/ une baisse de la rentabilité du capital puisque les prolétaires, soit au niveau de la
répartition (partage profits - salaires) soit au niveau de la production (lutte contre les cadences)
lutteront contre les capitalistes ; 4°/ une baisse inéluctable du taux de rentabilité du capital puisque
le capitaliste aura recours de plus en plus au capital constant (autrement dit aux machines ou travail
mort). L'existence de contre-tendances : concentration du capital, prise en charge par l'Etat d'une
partie du capital, ne sont que des solutions de court terme.
(Marx, Engels, Lénine, Luxembourg)

Théorie néoclassique de la crise


Celle-ci est impossible dans un système d'économie de marché de concurrence pure et parfaite. Toute
offre crée sa propre demande selon la loi de J. - B. Say. Si une crise se produit cela peut être dû au
non respect des conditions de concurrence pure et parfaite (présence des syndicats, non
contestabilité des marchés) ou à l'intervention de l'Etat que cela soit pour stabiliser la conjoncture,
pour la politique de redistribution ou pour l'allocation des ressources. Ainsi, la multiplication des
réglementations et des programmes étatiques de lutte contre la pauvreté et le chômage produit-elle
l'inverse du but recherché (trappes à chômage et à pauvreté).
(Say, Hayek, Friedman, Laffer, Buchanan)

Théorie régulationniste de la crise


Au sein du mode de production capitaliste, il existe différents régimes d'accumulation et différents
modes de régulation. Le passage d'un régime d'accumulation à l'autre ou bien d'un mode de
régulation à un autre constitue une crise ou rupture. Lorsqu'aucun changement institutionnel ou de
politique économique est nécessaire on parle de " petite crise ". Autrement, c'est-à-dire en cas de
non reprise spontanée, on parle de " grande crise ".
(Aglietta, Boyer, Bénassy, Mistral)

9) Microéconomie
Économie de l'information
Elle étudie le comportement d'agents rationnels lorsque l'acquisition de l'information est coûteuse,
définit les structures d'information, caractérisées par des formes de risque et analyse
systématiquement les problèmes qui émergent dans chaque structure. L'information incomplète et
asymétrique débouche sur des phénomènes d'antisélection. Ainsi, des acheteurs qui observent
imparfaitement la qualité d'un bien ne pourront distinguer entre les bons et mauvais vendeurs. Le
prix n'est plus un signal parfait, pénalisant les acheteurs et les bons vendeurs. Ce manque
d'information débouche également sur des problèmes liés à l'aléa moral. L'agent non informé ne peut
observer l'action de son partenaire. Ce dernier est donc tenté de se comporter dans son propre
intérêt et d'annoncer à l'agent non informé que les mauvais résultats sont le fait d'événements
indépendants de sa volonté. La théorie suppose des comportements maximisateurs très sophistiqués
qui conduisent à la signature de contrats complexes ne correspondant pas à la pratique. II paraît peu
réaliste de supposer que les individus signent des contrats complets qui tiennent compte de toutes les
réalisations possibles des aléas (les agents sont généralement incapables d'envisager l'ensemble des
possibles).
(Akerlof, Stiglitz, Alchian, Demsetz)

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150 théories économiques
(Petit guide de présentation)

Économie des coûts de transaction


Elle fonde une théorie des arrangements institutionnels en prenant la transaction comme l'unité de
base de l'analyse et en posant le problème de l'organisation économique comme un problème de
contrat. Les individus ont une rationalité limitée (ces limites sont neurophysiologiques et tiennent au
langage) et un comportement opportuniste (celui-ci caractérise l'absence d'honnêteté dans les
transactions, la recherche de l'intérêt personnel par la ruse).C'est la nature des transactions qui
détermine le type d'arrangement institutionnel retenu par les individus. Trois critères déterminent la
nature des transactions : 1°/ la fréquence des transactions entre deux partenaires (unique,
occasionnelle, récurrente) ; 2°/ l'incertain (difficulté d'établir un arbre de décision complet en tenant
compte de la rationalité limitée) ; 3°/ la spécificité des actifs qui est l'attribut essentiel de la
transaction, un actif est spécifique lorsque sa valeur dans d'autres utilisations possibles est plus faible
que son utilisation présente. La théorie dégage trois modes d'organisation contractuelle: le marché, la
forme hybride, la hiérarchie. Certains ont soulevé un certain nombre de limites. Ainsi, la question de
la création et de la sélection des formes d'organisation n'est pas étudiée. L'hypothèse d'opportunisme
est remise en cause par certains travaux qui, au contraire, suggèrent que la confiance joue un rôle
essentiel dans les transactions. Des difficultés apparaissent pour fonder empiriquement la théorie des
organisations. Cela tient à la difficulté de donner une mesure précise des coûts de transaction, que ce
soit sur le marché ou dans l'organisation interne.
(Coase, Williamson, Teece)

Microéconomie traditionnelle
Elle propose une représentation du fonctionnement de la société qui repose sur deux principes. Le
premier est celui de rationalité. Les individus agissent en utilisant au mieux les ressources dont ils
disposent, compte tenu des contraintes qu'ils subissent. Le second est celui de la concurrence pure et
parfaite des marchés. Cela nécessite la transparence du marché, l'atomicité des participants,
l'homogénéité du produit et la libre entrée sur le marché qui empêche toute entente ou collusion des
vendeurs. Sous des conditions relativement techniques et restrictives (sur les préférences des
consommateurs et sur la technologie des firmes), une concurrence pure et parfaite conduit à une
utilisation optimale des ressources de l'économie. Il est alors impossible d'améliorer la satisfaction
d'un agent sans diminuer celle d'un autre agent, c'est ce qu'on appelle un "optimum de Pareto". On
en déduit les deux théorèmes du bien-être. Tout équilibre général de marché de concurrence parfaite
encore appelé "équilibre concurrentiel" est un optimum paretien (de sorte que les affectations ainsi
obtenues, permettent à chaque agent d'atteindre une situation optimale sans détériorer celle des
autres), et, tout optimum de Pareto d'une économie peut théoriquement être réalisé par un équilibre
de marché concurrentiel. Un autre résultat est que l'équilibre concurrentiel n'est plus efficient dès lors
qu'existent des monopoles, des biens collectifs, des effets externes ou bien encore des coûts de
transaction, autrement dit dès que l'on relâche tout ou partie du principe de concurrence pure et
parfaite. Certains reprochent au modèle d'équilibre le caractère irréaliste de certaines hypothèses :
absence d'interactions stratégiques entre les agents, non-prise en compte des asymétries
d'informations entre les agents, absence de prise en compte des coûts de transaction et entreprises
considérées comme des " boîtes noires ".
(Walras, Arrow, Debreu, Sonnenschein, Bertrand, Cournot)

Théorie de la logique d'action collective


Selon Mancur Olson si l'action d'un groupe d'intérêt ou d'un individu réussit, elle bénéficiera à
l'ensemble des groupes ou à l'ensemble des individus. Il en résulte que l'action a la nature d'un bien
collectif. Dans ces conditions, chaque membre est rationnellement incité à ne pas s'engager dans une
action collective, autrement dit à ne pas payer le coût d'une participation à une action du groupe. En
conséquence, le groupe reste inactif. Seuls des bénéfices immédiats et restreints au seul groupe
peuvent inciter à l'action collective.
(Olson)

Théorie des jeux


Elle fournit un cadre d'analyse permettant d'étudier les situations conflictuelles dans lesquelles les
individus sont en interaction. Si un individu peut négliger, dans un certain nombre de situations
économiques, les réactions des autres à sa propre décision, ce n'est pas toujours le cas. Ainsi,
lorsque peu de firmes dominent un marché ou bien lorsque des pays concluent un accord sur la
Agrégation interne – IUFM 2005/2006 - Jaunet Philippe 19
150 théories économiques
(Petit guide de présentation)

politique commerciale, les agents concernés (individus, firmes, États) doivent prendre en compte les
réactions des autres et anticiper leurs propres décisions. Elle aura donc pour but d'analyser la
manière dont les agents coordonnent ou peuvent coordonner leurs décisions dans différentes
configurations.
Un jeu est dit coopératif lorsque les individus peuvent communiquer et s'engager à prendre certaines
décisions, sachant qu'ils auront éventuellement, individuellement intérêt à opter pour un choix
différent au moment où ils prennent effectivement leur décision.
Un jeu est dit non coopératif lorsque les individus adoptent un comportement égoïste et opportuniste
à chaque instant. La théorie des jeux montre que les décisions individuelles prises sans concertation
occasionnent généralement des gaspillages de ressources dès qu'il existe des interactions
stratégiques. Un équilibre de Nash caractérise une situation telle que la stratégie de chaque joueur
correspond à un choix optimal étant donné les stratégies choisies par les autres joueurs.
Un exemple célèbre en est la situation du dilemme du prisonnier. Inventée par Merrill Flood et Melvin
Dresher, et formalisée peu après par A. W. Tucker, cette situation met en présence deux joueurs,
chacun ayant deux options : soit coopérer, soit faire cavalier seul. Chacun doit choisir sans connaître
la décision de l'autre. Quoi que fasse l'autre, il est plus payant de faire cavalier seul que de coopérer.
Le dilemme consiste en ceci que, si les deux joueurs font cavalier seul, ils s'en tirent moins bien que
s'ils avaient coopéré. Deux suspects sont arrêtés pour un délit grave et le juge d'instruction souhaite
obtenir leurs aveux. Il s'entretient séparément avec chacun d'eux et leur explique que si aucun
n'avoue, on ne pourra retenir contre eux que le port d'armes, ce qui leur vaudra une condamnation
réduite : deux ans de prison. Si les deux avouent, ils seront condamnés à cinq ans de prison et si un
seul avoue, il est relaxé tandis que son complice écope la peine maximum, soit dix ans de prison.
Bien que l'intérêt commun des malfaiteurs soit de ne pas avouer chacun a personnellement intérêt à
avouer.
Un comportement coopératif peut émerger si le jeu est à horizon infini, si des sanctions sont
possibles ou bien encore si les agents adoptent un comportement incertain. C'est le cas lorsque les
agents adoptent une stratégie conditionnelle ou de réciprocité. Selon Axelrod, cette stratégie a pour
objectif de dissuader le joueur qui serait tenté de renier son engagement initial. A cette fin, le joueur
annonce qu'il jouera C, la coopération, à la période t, et continuera de jouer C aux périodes suivantes
tant que l'autre joueur joue C. En revanche, si ce dernier dévie de son comportement coopératif pour
faire défection alors au coup suivant, il est sanctionné. Cependant, la sanction n'est pas perpétuelle
puisqu'au coup suivant, le joueur reprend son comportement coopératif.
Une autre extension de la théorie des jeux est la théorie de la main tremblante. Développée par R.
Selten, prix Nobel 1994, elle repose sur l'idée que les joueurs commettent des erreurs au moment de
choisir leurs stratégies d'équilibre et ont une probabilité faible de choisir chacune des stratégies qui
ne conduisent pas à la réalisation de l'équilibre.
Dans de nombreuses situations, des équilibres multiples apparaissent, ce qui signifie que les
hypothèses de la théorie des jeux sont insuffisantes pour déterminer les choix stratégiques (à partir
de considérations uniquement rationnelles). Des hypothèses supplémentaires (processus
d'apprentissage ou référence à l'histoire commune des joueurs) sont donc nécessaires.
(Von Neumann, Morgenstern, Nash, Harsanyi, Selten, Kreps, Axelrod)

10) Monnaie et finance


Courbe de Laffer
L'objectif de cette courbe est de montrer l'existence d'un plafond de recettes fiscales. L'évolution des
recettes fiscales est fonction du taux marginal d'imposition. L'augmentation du taux marginal
d'imposition engendre, dans un premier temps, des recettes fiscales supplémentaires. Passé un point
t* (point où les recettes fiscales sont maximales), l'augmentation du taux d'imposition entraîne une
baisse des recettes fiscales jusqu'au point où le taux d'imposition est égal à 100%. La baisse du
rendement de l'impôt s'explique, d'après les auteurs du modèle à l'origine de la courbe par la
modification des comportements des agents : - d'une part, la hausse des taux d'imposition entraîne
des effets désincitatifs sur le travail et l'épargne ce qui entraîne une baisse du volume de production.
Cette baisse du volume de production a pour effet de diminuer la base d'imposition. A partir d'un
certain taux, la hausse de ce dernier ne compense plus le rétrécissement de la base d'imposition ; -
d'autre part, la hausse du taux d'imposition suscite des comportements d'évasion et de fraude
fiscales à l'origine de perte de rentrées fiscales pour l'Etat. Lorsque le contribuable joue sur les

Agrégation interne – IUFM 2005/2006 - Jaunet Philippe 20


150 théories économiques
(Petit guide de présentation)

lacunes ou ambiguïtés de la loi pour empêcher la réalisation de l'imposition il pratique l'évasion


fiscale. Il y a fraude lorsque l'action du contribuable implique une violation de la loi fiscale. Alors que
la fraude fiscale est fonction de la manière dont l'impôt est évalué et collecté ainsi que de l'étendue
du contrôle fiscal, l'évasion fiscale elle dépend de la manière dont la législation fiscale réussit à définir
les bases imposables. La vérification empirique de la courbe de Laffer a débouché sur des résultats
controversés. Certaines études recourent aux expériences naturelles. Une autre méthode consiste à
régresser la part du revenu imposable sur une liste de variables explicatives incluant les modifications
des taux d'imposition, l'effet du cycle économique ainsi que d'autres variables.
(Canto, Joines et Laffer)

Théorème de séparation
Les décisions d'un investisseur en matière de choix de portefeuille résultent d'un arbitrage entre la
prise de risque et le taux de rendement anticipé. Quel que soit le niveau de risque, le taux de
rendement espéré le plus élevé possible est obtenu en combinant le portefeuille d'actions ordinaires
avec un emprunt ou un prêt. L'investisseur raisonne en deux étapes : il choisit, d'abord, le " meilleur
" portefeuille d'actions ordinaires, puis, il combine ce portefeuille avec un emprunt ou un prêt de
façon à obtenir le niveau de risque qu'il désire supporter. Chaque investisseur ne doit donc placer son
argent que dans deux actifs : un portefeuille risqué d'actions ordinaires et un prêt ou un emprunt.
(Markowitz, Miller)

Théorèmes de Modigliani-Miller
Il en existe deux : le premier théorème pose que ni le volume, ni la structure de la dette n'affectent
la valeur de la firme à la condition que les marchés financiers fonctionnent parfaitement (absence
d'impôts, de coûts de transaction, de coûts de faillite, de contrainte réglementaire et taux d'intérêt
identiques). Le second pose que sur un marché financier parfait, la politique de dividende de la firme
est sans influence sur sa valeur. Une augmentation des dividendes, par exemple, augmentera
certainement les revenus des actionnaires mais elle sera neutralisée par une baisse correspondante
de la valeur de l'action. Les deux théorèmes ont plusieurs implications : les décisions
d'investissement peuvent être séparées de la décision financière correspondante ; le critère rationnel
d'une décision est la maximisation de la valeur de marché de la firme ; le concept de coût du capital
se réfère au coût total et peut être mesurée comme le taux de rendement anticipé sur le capital
investi dans les actions d'une firme appartenant à la même classe de risque.
(Modigliani, Miller)

Théorie de sélection de portefeuille


Elle a pour objectif d'analyser les décisions des agents détenant des actifs réels et financiers et
contractant simultanément des emprunts.
(Markowitz, Miller)

Théorie (d'équilibre) des parités de pouvoir d'achat


Il existe quatre versions de la théorie de la PPA selon le degré d'exigence des conditions à remplir :
1°/ la loi du prix unique qui relie les taux de change aux prix de biens homogènes dans les différents
pays ; 2°/ la PPA absolue qui lie les taux de change à l'ensemble des prix ; 3°/ la PPA relative qui
relie les variations des taux de change aux variations des taux d'inflation ; 4°/ la PPA ex ante pour
laquelle la variation anticipée du taux de change compense le différentiel anticipé de l'inflation.
(Ricardo, Cassel)

Théorie des zones monétaires optimales


Elle cherche à déterminer les critères économiques afin de délimiter la zone géographique optimale
de l'espace monétaire constitue autour d'une monnaie unique ou d'un système de parités fixes entre
des devises différentes. Ainsi, Mundell, prix Nobel 1999, avance le critère de mobilité du travail, Mac
Kinnon celui de l'ouverture d'une économie, Kenen celui de la diversification des structures
industrielles, Haberler et Fleming, celui de l'inflation.
(Mundell, Mac Kinnon, Kenen, Haberler, Fleming)

Théorie du cycle de vie

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150 théories économiques
(Petit guide de présentation)

Elle cherche à expliquer l'évolution du revenu, de la consommation et de l'épargne d'un individu au


cours de sa vie. Ils supposent que les ménages cherchent à maximiser l'utilité de leur consommation
future. Les individus épargnent seulement pour eux-mêmes. Pour maximiser son utilité, l'individu
répartit sa consommation au cours du temps et accumule une richesse qu'il consommera au cours de
sa retraite. Cette théorie permet d'expliquer notamment que le taux d'épargne global est constant au
cours du temps, que les gains en capital affectent la consommation de manière très limitée, que
l'épargne globale est déterminée de manière endogène par des facteurs aussi bien économiques que
démographiques (structure par âge de la population et l'espérance de vie) et enfin que, dans la
comparaison empirique des systèmes de retraites, l'introduction d'un système par répartition
entraînerait une chute du taux d'épargne.
(Modigliani, Brumberg)

Théorie du taux de change d'équilibre


Selon Williamson, le taux de change d'équilibre, qu'il nomme taux de change d'équilibre fondamental
(Fundamental Equilibrium Exchange Rate ou FEER), est le taux de change effectif réel qui assure
simultanément l'équilibre macroéconomique interne et externe d'une économie. L'équilibre
macroéconomique interne est atteint lorsque l'économie est placée sur son sentier de croissance
potentielle non inflationniste. L'équilibre macroéconomique externe, pour sa part, se définit comme le
niveau "soutenable" du solde de la balance courante. Ce dernier dépend, d'une part, du niveau
structurel de l'équilibre épargne - investissement structurel. Ainsi un déséquilibre entre épargne et
investissement est autorisé tant que le stock d'actifs ou de passifs extérieurs est stable en part du
PIB et permet de garantir la solvabilité de l'économie. D'autre part, il dépend de l'écart entre
croissance économique et taux d'intérêt réel, qui conditionne la dynamique de la dette extérieure.
(Williamson)

Théorie monétaire
Elle a pour objectif d'analyser les relations causales entre le volume de la monnaie en circulation et
certaines variables économiques. Elle explicite le mécanisme de transmission ou comment la monnaie
impulse ses effets sur les variables dites " réelles " (emploi, niveau d'activité) et/ou sur les prix.
(Hicks, Patinkin, Tobin)

Théorie monétaire du surinvestissement


Formulée par F. von Hayek (prix Nobel 1974), elle s'appuie sur les travaux de Wicksell et Böhm-
Bawerk. Selon ce dernier, l'investissement doit être conçu comme un détour de production, plus ou
moins long selon le coût d'opportunité des agents à consommer, dont le taux d'épargne est le
révélateur. En situation d'équilibre, la structure temporelle de production choisie par les
entrepreneurs correspond au désir d'épargne des consommateurs. L'équilibre peut être rompu si de la
monnaie sous forme de crédits, est injectée dans l'économie. Cette injection provoque un
bouleversement de la structure des prix, en particulier, une baisse des taux d'intérêt du marché sous
le taux naturel, selon la théorie wickesellienne. Cette baisse entraîne à son tour une hausse de
l'investissement, au-dessus de son niveau d'équilibre, lequel est déterminé par l'épargne. ce
surinvestissement au sens où les biens d'équipement sont devenus excessifs par rapport à la
demande de biens et services est financé par ce que Hayek appelle l'épargne forcée. La cause
fondamentale du retournement conjoncturel est le tarissement de cette source artificielle d'épargne.
l'économique doit alors traverser une période de chômage et de réajustements pour que puissent se
rétablir les équilibres rompus par une politique monétaire " laxiste ".
(Böhm-Bawerk, Hayek, Wicksell)

Théorie monétariste
Friedman, prix Nobel 1976 et père de cette théorie cherche à prolonger la théorie quantitative de la
monnaie et à réfuter la théorie keynésienne. Ainsi, il soutient qu'à court terme, une augmentation de
la masse monétaire se répercute sur le niveau général des prix mais également sur le volume de
production car il n'y a pas plein emploi des facteurs de production. En revanche, à long terme, la
théorie quantitative est à nouveau vérifiée. Les fluctuations cycliques seraient sinon provoquées, du
moins aggravées par les politiques monétaires erratiques. C'est pourquoi il propose une règle
monétaire, à savoir que la masse monétaire doit varier à un taux constant, égal au taux de
croissance à long terme de la production nationale.
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150 théories économiques
(Petit guide de présentation)

(Friedman)

Théorie quantitative de la monnaie


Selon cette dernière, toute augmentation de la quantité de monnaie (M) entraîne une augmentation
des prix (P) car la vitesse de la monnaie (V) est constante (la demande de monnaie ne varie pas) et
le volume des transactions (T) est à son maximum en raison du plein emploi des facteurs de
production. L'équation de cette théorie s'écrit : MV = PT. L'inflation est ainsi un phénomène
strictement monétaire.
(Bodin, Fisher)

11) Politique économique


Modèle Mundell-Fleming
Il permet d'analyser le rôle joué par la mobilité internationale des capitaux dans l'efficacité de la
politique macroéconomique sous différents régimes de change. C'est un modèle de type keynésien où
la production est déterminée par la demande. L'ouverture des économies porte à la fois sur l'échange
des biens et des titres. Le modèle comporte plusieurs hypothèses : fixité complète des prix et des
salaires ; absence d'effets de richesse; absence de mécanisme d'anticipation de change.
(Mundell, Fleming)

Théorème d'Haavelmo
Il concerne l'effet multiplicateur du budget de l'État. Jusqu'aux travaux d'Haavelmo (prix Nobel
1989), l'effet multiplicateur était celui énoncé par Keynes : un déficit budgétaire (financé par
emprunt) engendrait un surplus de croissance. Le théorème de Haavelmo indique qu'un budget
équilibré n'est pas forcément neutre. Dans une situation de sous-emploi, un accroissement des
dépenses publiques financé par une hausse des impôts de même valeur (donc sans déficit) a un effet
positif sur la croissance économique.
(Haavelmo)

Théorème de l'équivalent-certain
Ce théorème énonce que le niveau de l'instrument de politique économique qui maximise l'espérance
mathématique de la fonction de préférence de l'État est obtenu en remplaçant les variables aléatoires
par leur espérance mathématique. Le théorème n'est vérifié que si, d'une part, la préférence de l'État
est représentée par une fonction quadratique ce qui implique des taux marginaux de substitution
variables entre les arguments de la fonction de préférence et d'autre part, si la variance de la variable
aléatoire est indépendante du niveau de l'instrument de politique économique.
(Theil)

Théorie de l'équivalence ricardienne


L'effet des dépenses publiques est totalement indépendant de la façon dont sont financées ces
dépenses. Si le financement se fait par emprunt, cela implique que les individus anticipent que des
impôts seront prélevés ultérieurement pour payer les intérêts et rembourser le capital, donc ils vont
épargner davantage pour acquérir les titres émis par les pouvoirs publics. Leur richesse globale
comme leur consommation est alors inchangée. Si le financement est monétaire, les agents prévoient
l'émission régulière de nouvelle monnaie, ils anticiperont rationnellement l'érosion de leurs encaisses
par l'inflation et épargneront en prévision de cet investissement. Il n'y a donc aucun effet
multiplicateur sur la demande globale possible
(Ricardo, Barro)

Théorie des anticipations adaptatives


Dans ce cadre théorique, cela signifie que, par exemple, le niveau futur anticipé des prix est
mécaniquement ajusté à l'écart entre le niveau des prix d'aujourd'hui et le niveau de prix anticipé
antérieurement.
(Friedman)

Théorie des anticipations rationnelles

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150 théories économiques
(Petit guide de présentation)

Cela signifie que la prévision subjective des agents se fonde sur la prévision objective de la théorie.
Autrement dit, intégrant les événements futurs, ces anticipations sont essentiellement les mêmes que
les prévisions objectives de la théorie.
(Muth, Lucas)

Théorie du fédéralisme budgétaire


Elle cherche à déterminer à quel niveau d'autorités responsables la gestion des trois fonctions
traditionnelles que doit assurer la politique budgétaire - allocation des ressources, redistribution et
stabilisation - sera la plus efficace. Autrement dit, elle cherche à ajuster la production de biens
publics aux préférences exprimées par les consommateurs - contribuables.
(Musgrave, Oates)

Théorie de (la stratégie de "l'incohérence" ou) "inconséquence temporelle"


Cela signifie qu'un gouvernement pour atteindre ses objectifs procédera par surprise ou qu'il ne
suivra pas au moment de la mise en oeuvre de sa politique économique celle annoncée
préalablement. Par exemple, les autorités annoncent une politique monétaire rigoureuse, les agents
économiques modèrent leurs revendications salariales et réclament des taux d'intérêt moins élevés
anticipant une faible inflation. Mais une fois ces anticipations formées, le gouvernement peut mettre
en oeuvre une politique monétaire plus laxiste. L'inflation plus élevée diminue le salaire réel et
devrait favoriser la création d'emplois. Cette stratégie est inefficace et coûteuse puisque, d'une part,
l'effet sur l'emploi est transitoire (les agents réévaluant leurs demandes d'augmentation de salaires)
et, d'autre part, les agents intégreront par la suite la possibilité de ces surprises dans leurs
anticipations et donc leurs revendications.
(Kydland, Prescott, Calvo)

12) Relations internationales


Politique intérieure
Les contraintes du système international sont minimisées. Les caractéristiques de ce dernier
dépendent des Etats qui eux-mêmes dépendent des acteurs internes (administration, groupes de
pression, électorat, etc.). L'Etat est fragmenté. Les bureaucrates, les groupes de pression, la force
plus ou moins faible de l'administration expliquent l'incohérence et les variations de la politique
étrangère. Les perspectives de coopération sont pessimistes. Les luttes entre l'administration et les
groupes de pression, entre les groupes de pression, la prise en compte des échéances électorales
peuvent distordre la formation des préférences des Etats et conduisent ces derniers à adopter un
comportement sous optimal au plan international. Ce courant tend à sous-estimer le poids des
contraintes du système international dans la décision et le comportement des Etats.
(Dahl, Schattschneider, Gourevitch, Ikenberry, Milner)

Théorie constructiviste
Les relations entre Etats relèvent plus d'un système de croyances et de représentations que de
considérations seulement matérielles. La loi internationale érode la souveraineté des Etats en raison
de la puissance des normes. Les Etats sont les principaux acteurs. Les identités et les intérêts de
l'Etat sont largement construits par les structures sociales. Ils ne sont pas déterminés par la nature
humaine ou bien encore par le jeu des groupes de pression. Optimistes. L'anarchie du système
international résulte plus des croyances que de données objectives. Il est dès lors possible en
modifiant les croyances, les idées de modifier le comportement des Etats et de les faire sortir des
situations de dilemme du prisonnier. Ce courant décrit et explique mieux le passé que d'établir des
prédictions vérifiables empiriquement. Ce courant sous-estime le poids des intérêts des groupes de
pression, etc. Les idées peuvent être instrumentalisées par les pouvoirs politiques afin de servir leurs
fins.
(Wendt, Kratochwill, Rosenau)

Théories libérale et néolibérale


Le système international se caractérise par une interdépendance économique croissante et l'extension
de la démocratie. Il existe une multiplicité d'acteurs : Etats, firmes multinationales, organisations
internationales, etc. Pour les néo-libéraux, l'Etat joue toutefois toujours un rôle central. L'Etat est un

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150 théories économiques
(Petit guide de présentation)

acteur unitaire et rationnel et il a de multiples objectifs : croissance, plein-emploi, Etat-providence,


sécurité et pouvoir. Les Etats privilégient les gains absolus. Les perspectives de coopération sont donc
plus optimistes. La coordination est vue comme un jeu répété où les considérations de crédibilité ou
de réputation l'emportent sur une défection à court terme (le coût de la sanction est supérieur au
bénéfice de la défection). Les organisations internationales facilitent la coopération en abaissant les
coûts de transaction. Ces théories tendent toutefois à ignorer le rôle du pouvoir en tant que tel. Dans
certaines circonstances, il est difficile d'identifier et d'établir la preuve de la défection, dès lors les
Etats hésiteront à s'engager dans la coopération.
(Nye, Keohane, Axelrod, Haas)

Théories marxiste et néomarxiste


Le système international est un système capitaliste et son objectif est donc la reproduction élargie.
Les pays capitalistes exploitent les pays en développement avec la complicité des classes dirigeantes
de ces pays (théorie de la dépendance). Les Etats sont les principaux acteurs. L'Etat est fragmenté en
raison de l'opposition des classes capitalistes. Il a donc une certaine autonomie. Les perspectives de
coopération sont pessimistes. Les conflits résultent de la lutte pour le profit et la reproduction du
capital et débouchent sur des guerres impérialistes. Le capitalisme n'est pas seul à l'origine des
conflits, le socialisme n'implique pas l'harmonie. Les pays en développement après avoir constaté
l'échec des stratégies d'industrialisation autocentrée se sont progressivement ouverts
commercialement.
(Wallerstein, Prebisch, Amin, Block)

Théories réaliste et néoréaliste


Le système international est anarchique au sens où il n'y a pas d'autorité supranationale. Les acteurs
les plus importants sont les Etats. Les autres acteurs internationaux notamment les organisations
internationales n'ont pas d'autonomie par rapport aux Etats. L'Etat est un acteur unitaire et rationnel
qui a pour finalité de maximiser sa puissance et sa sécurité. Il privilégie les gains relatifs. Les
perspectives de coopération sont pessimistes. Les autres Etats sont considérés comme des ennemis.
Les Etats refusent la coopération même si elle entraîne des gains absolus en raison de la peur de
perdre en termes relatifs. Ces théories ont été critiquées au sens où elles ne prendrait pas en compte
les changements internationaux (interdépendance, phénomène de spill over).
(Morgenthau, Aron, Waltz, Krasner)

Théorie des régimes internationaux


La stabilité est assurée par différents régimes internationaux, c'est-à-dire un ensemble de principes,
de normes, de règles et de procédures de décision, implicite ou explicite, autour desquels les attentes
des acteurs convergent. Les Etats sont les principaux acteurs. L'Etat est un acteur unitaire et
rationnel, il a de multiples objectifs : croissance, plein-emploi, Etat-providence, sécurité et pouvoir.
Les Etats privilégient les gains absolus Les perspectives de coopération sont optimistes. Les régimes
internationaux baissent les coûts de transaction, facilitent les stratégies de réciprocité, permettent de
traiter à un moindre coût l'apparition d'un problème supplémentaire. Les Etats mesurent les
avantages d'une coopération à long terme par rapport à ceux obtenus à court terme par défection et
le risque de sanction qui s'en suit. La notion de régime international ne tient pas compte du pouvoir
en tant que tel. Dans le domaine des télécommunications, les Etats ont installé un régime
international afin d'obtenir des bénéfices réciproques ; une fois atteint la frontière d'efficacité, la
logique du pouvoir national a repris ses droits.
(Rugie, Keohane, Nye, Axelrod)

Théorie de la stabilité hégémonique


La stabilité du système international est conditionnée par la production de biens collectifs
internationaux. Les acteurs sont le pays leader et les autres Etats. Un Etat est leader s'il détient la
majeure partie des ressources dans le monde. Le leader offre ce bien collectif même s'il en supporte
le coût car c'est un gros consommateur de ce bien. Les petits Etats exploitent le grand Etat. L'offre
peut s'expliquer par la nature coercitive du leader qui exerce son hégémonie. Les perspectives de
coopération sont pessimistes. Tant qu'un leader n'émerge pas ou ne manifeste pas le désir de
produire les biens collectifs internationaux, le système international n'est pas stabilisé. Même si le
leader remplit sa fonction, à terme il déclinera car le coût supporté par celui-ci et le comportement de
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150 théories économiques
(Petit guide de présentation)

passager clandestin des autres Etats impliquent une baisse de sa richesse. Il est difficile d'identifier le
pays leader. Le déclin des Etats-Unis ne s'est pas accompagné d'une instabilité des relations
internationales. Historiquement, à certains moments, la stabilité a résulté d'une entente à 2 ou 3
pays.
(Kindleberger)

13) Systèmes et structures


Théorie des biens relationnels des organisations à but non lucratif
Les économistes se sont intéressés aux conséquences économiques des relations informelles entre
citoyens. Ils ont introduit à cet effet de nouveaux concepts comme ceux de capital social et de biens
relationnels. Ces derniers sont produits lorsque des personnes engagées dans des activités
associatives jouissent de bénéfices de nature immatérielle (sentiment d'appartenance à un groupe.
conservation de son identité, approbation sociale). Les individus ne peuvent jouir de ces biens qu'à la
condition de les partager avec d'autres. Le tiers secteur apparaît le mieux à même d'avoir une
attention à ces types de biens. Toutefois, rien n'empêche les organismes publics et les organisations
à but lucratif de favoriser leur éclosion.
(Uhlaner)

Théorie du capitalisme, du socialisme et de la démocratie


Cette théorie de J. Schumpeter cherche à rendre compte de la nature du système capitaliste et de sa
dynamique. L'entrepreneur en innovant réalise un profit et acquiert une position temporaire de
monopole jusqu'à ce que la concurrence imite l'innovation. La croissance capitaliste est donc un
processus de destruction créatrice. Or, pour Schumpeter, il existe des facteurs qui menacent à terme
le capitalisme. La concentration du capital tend à bureaucratiser l'innovation. Le capitalisme a perdu
l'adhésion des citoyens. Le droit de la propriété et la liberté des conventions tendent à être
démantelées. Le socialisme peut fonctionner même si une répartition égalitaire risque d'être moins
efficient que le capitalisme.
(Schumpeter)

Théorie de la confiance des organisations à but non lucratif


Le consommateur a des difficultés à évaluer la qualité des services. Les coûts d'information et de
transaction sont élevés et le producteur peut en profiter. La contrainte de non-distribution des profits
de l'économie sociale inspire confiance, d'autant que les dirigeants des organisations sans but lucratif
ne retirent aucun bénéfice de services de mauvaise qualité. Toutefois, les dirigeants peuvent
poursuivre d'autres objectifs qui ne correspondent pas forcément aux intérêts des bénéficiaires. Cette
explication en termes d'asymétrie d'information réduit la confiance à un risque calculé. Or, pour
certains, cette dernière ne peut être mesurée et exprimée seulement en termes de probabilité et
d'utilité.
(Hansmann)

Théorie de l'économie solidaire appliquée aux organisations à but non lucratif


Cette théorie s'inspire des travaux de Polanyi. Celui-ci identifie quatre principes économiques : le
marché. la redistribution, la réciprocité et l'administration économique. L'économie solidaire a pour
ambition de combiner la réciprocité, le marché et la redistribution dans un cadre légal fondé sur la
liberté d'adhésion et l'égalité. Si l'économie domestique privilégie la famille comme lieu de solidarités,
l'économie solidaire privilégie la réciprocité, c'est-à-dire l'action collective. L'économie solidaire
cherche à cumuler les avantages de l'économie monétaire, source de liberté individuelle par le
marché et facteur d'égalité par la redistribution avec ceux de l'économie non monétaire qui sort les
échanges de l'anonymat.
(Laville)

Théorie de l'hétérogénéité des organisations à but non lucratif


Afin de se faire réélire, le gouvernement offre une quantité de biens collectifs, susceptible de
satisfaire l'électeur médian. L'hétérogénéité de la société laisse un certain nombre d'électeurs
insatisfaits et la demande résiduelle de biens publics est satisfaite par les organisations à but non
lucratif. Le secteur privé peut concurrencer ces dernières mais devra résoudre le problème du

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150 théories économiques
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passager clandestin (free rider). Un autre facteur est le caractère bureaucratique de l'action publique.
Il ne permet pas d'identifier rapidement l'évolution des demandes et d'y répondre. Inversement,
l'intervention de l'État se justifie car les associations ont une capacité limitée à mobiliser des
ressources et se limitent à certains groupes ou certaines situations particulières.
(Weisbrod)

Théorie de la fin de l'Histoire


Fukuyama soutient que l'Histoire culmine dans la démocratie libérale et l'économie de marché. Deux
facteurs sont à l'origine de ce processus. Le premier est d'ordre économique. Le marché s'est révélé
le stimulant le plus efficace du développement. Le second est la lutte pour la reconnaissance de
Hegel. Les êtres humains désirent être reconnus dans leur dignité et leur statut. La démocratie
libérale moderne de par ses institutions garantit la reconnaissance de ces droits universels. S.
Huntington s'oppose à cette vision optimiste de l'histoire estimant que certains régimes politiques
(théocratie islamique, etc.) sont des adversaires de la démocratie libérale. L'histoire selon Fukuyuma
ne serait pas toutefois finie si on considère que le progrès scientifique est infini et que nous sommes
à la veille de grands bouleversements.
(Fukuyama, Huntington)

Théorie de l'institutionnalisation du marché


Polanyi soutient que l'économie de marché n'est pas un phénomène naturel. Elle a besoin d'une
société de marché et de l'intervention de l'Etat. Historiquement, elle a fonctionné pendant environ un
siècle, des années 1830 à la crise de 1929. La crise des années 30 amorce une resocialisation de
l'économie, aussi appelée " la grande transformation " . La resocialisation consiste en des mesures
adoptées par la société pour se protéger des effets du marché. L'homme agit d'abord selon Polanyi de
manière à garantir sa position sociale. Dans les autres systèmes régis par les principes de réciprocité
et de redistribution, le système économique était encastré (embedded) dans le système social par
contraste avec l'économie de marché où seul le marché régit la production et la répartition des biens.
(Polanyi)

Théorie du marché et socialisme


Selon A. Smith, le marché ou " main invisible " coordonne l'ensemble des décisions des ménages et
des firmes. Le système de prix permet à tous les agents de maximiser leur utilité. La somme des
intérêts individuels et égoïstes est égale à l'intérêt général. Dans un système de planification,
l'absence des prix de marché conduit à des pertes économiques. D'une part, le planificateur ne peut
rassembler toutes les informations sur les ressources, les techniques et les goûts des agents. Il ne
peut donc résoudre les équations qui équilibrent l'offre et la demande de chaque bien, service et
facteur de production. D'autre part, la planification n'offre pas de véritable stimulants à l'activité des
agents. Selon von Hayek, la liberté des agents serait sacrifiée, c'est pourquoi socialisme et liberté
seraient inconciliables.
(Smith, von Mises, Robbins, von Hayek)

Théorie des modes de production


Marx propose une théorie générale de l'évolution des modes de production. Un mode de production
est la combinaison de l'état des forces productives et des rapports de production. La contradiction
entre l'état des forces productives et les rapports sociaux de production est à l'origine du passage
d'un mode de production à un autre. Marx distingue plusieurs modes de production : asiatique,
antique, féodal, capitaliste, communiste. C'est dans la Critique du programme de Gotha qu'il
distingue la première phase de la société communiste (socialiste) où le droit est encore un droit
inégal de la phase supérieure (communiste) où le travail devient lui-même le premier besoin vital et
que la société vit dans l'abondance ("De chacun selon ses capacités, à chacun selon ses besoins").
(Marx, Engels, Lénine)

Théorie néo-institutionnelle des organisations à but non lucratif


Les structures juridiques et politiques influent sur le développement de l'économie sociale et solidaire.
Trois variables institutionnelles ont une importance déterminante : la forme du système légal, le
degré de centralisation politique, le degré de développement social et économique. Les systèmes de
droit coutumier, par comparaison aux systèmes de droit écrit, sont plus favorables à l'émergence des
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150 théories économiques
(Petit guide de présentation)

organisations sans but lucratif. De même, un système politique unitaire avec une structure
administrative centralisée est moins favorable au développement du secteur sans but lucratif qu'un
État fédéral à administration décentralisée.
(Di Maggio, Anheier)

Les écoles de pensée de l'économie sociale


Traditionnellement, l'économie politique n'analyse pas les organisations à partir des rapports de
réciprocité entre une entreprise et des personnes mais en termes de classes sociales ou de fonctions
marchandes.1 On distingue quatre écoles de pensée de l'économie sociale : l'école socialiste, l'école
sociale-chrétienne, l'école libérale, l'école solidariste. Ainsi, pour Walras et Gide, l'économie sociale
consiste en une appréciation de la valeur morale des moyens utilisés pour l'application des lois
naturelles. Les associations sont un élément d'un système au même titre que les autres entreprises.
En revanche, Louis Blanc et Proudhon considèrent que les associations ont un rôle de transformation
sociale.
(Walras, Gide, Proudhon)

Théorie du socialisme de marché


Le socialisme de marché combine la propriété collective des moyens de production et les mécanismes
de marché. Les prix sont fixés par le centre planificateur. Les quantités sont déterminées par les
entreprises. Les entreprises maximisent alors leurs fonctions objectifs avec ces prix donnés. Dans ce
modèle, l'entreprise définit son offre et sa demande en fonction de deux impératifs : d'une part,
minimiser le coût moyen de production en combinant les facteurs de production et, d'autre part,
égaliser le coût marginal et le prix imposé par le pouvoir central. Le planificateur central supprime les
déséquilibres par un processus de tâtonnement qui remédie progressivement aux déséquilibres en
modifiant les prix, les salaires et les taux d'intérêt.
(Lange, Taylor, Lerner)

Théories de la transition
Les débats théoriques sur le passage d'une économie socialiste à une économie de marché ont porté
sur le rythme des réformes : gradualistes, big bang ou bien une masse critique de réformes. Ils ont
également porté sur les séquences possibles des réformes : priorité à la création de structures
juridiques et sociales, à la stabilisation macroéconomique, ou bien encore à l'ouverture internationale
et la liberté des prix. Ainsi, la libéralisation des capitaux entraîne une appréciation du taux de change
réel préjudiciable à la réforme du commerce extérieur. La priorité à l'ouverture internationale serait
justifiée par la nécessité de créer un environnement concurrentiel et par l'élasticité de l'offre.
(Kornaï, Nuti, Sachs, Nordhaus)

Théorie des trois âges de la violence


Cette théorie cherche à expliciter les relations entre la violence et les modes de production de
répartition. Elle distingue trois sociétés : 1°/ dans les sociétés les plus simples, la production est
faible. Il n'y a pas de surplus à de défendre. Les affrontements portent sur l'accès aux territoires, etc.
; 2°/ dans les sociétés agraires, la croissance de la production conduit à la création d'un surplus mais
est irrégulière, d'où le recours à la violence pour l'accaparer. La guerre est supérieure au commerce ;
3°/ la violence évolue lorsque la production augmente régulièrement. Ainsi, la nomenklatura dans les
pays communistes qui recourait à la violence pour se répartir le maigre surplus a du se convertir à la
croissance. L'affaiblissement de la violence ne peut se poursuivre que si entre autre la croissance
perdure.
(Gellner)

Théorie webérienne du changement social


M. Weber rejette les théories qui cherchent à réduire tout phénomène historique à des causes
économiques. Les idées sont très souvent à l'origine de la dynamique par laquelle les intérêts
engagent l'action. Il cherche à mesurer l'influence des croyances religieuses sur le comportement
social et économique des individus. Il analyse à l'aide d'idéaux-types l'éthique protestante, l'esprit du
capitalisme et comment la conjonction des deux conduit à l'établissement du capitalisme. Toutefois, il
souligne qu'il ne faut pas surestimer le rôle joué par l'éthique religieuse, car la religion est elle-même

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150 théories économiques
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le produit de plusieurs déterminations. La sociologie de M. Weber n'est pas le simple renversement


du point de vue marxiste.
(Weber)

Thèse de la religion des organisations à but non lucratif


La taille du tiers secteur varie suivant le degré d'hétérogénéité social, religieux et linguistique d'un
État. La concurrence entre les religions, comme le montre les pays anglo-saxons ainsi que de
nombreux pays en développement. a été une forte incitation à créer des organisations
confessionnelles. Un autre facteur est l'existence d'entrepreneurs religieux intéressés à créer de telles
organisations et à satisfaire des besoins spécifiques. Ces dirigeants préfèrent ce type d'organisations
car leur but n'est pas de maximiser les gains financiers mais la foi, c'est-à-dire le nombre d'adhérents
à la religion. La contrainte de non-distribution des profits devient secondaire.
(James)

14) Théories du développement


Esprit d'entreprise et développement économique
Cette théorie cherche à rendre compte en quoi les barrières socio-culturelles et psychologiques aux
attitudes entrepreneuriales pourraient expliquer l'incapacité de la société sous-développée à générer
et à mettre en oeuvre l'innovation technologique et organisationnelle.
(Bauer, Yamey, Friedman)

Modèle de développement de Lewis


Selon Lewis, les pays de la périphérie sont constitués d'une "économie duale" composée d'un secteur
capitaliste et d'un secteur traditionnel. Le premier comprend des activités manufacturières et
minières et d'agriculture commerciale : il est orienté vers le profit, lequel est consacré au
financement de l'investissement. Le second secteur qui inclut l'agriculture traditionnelle et les
activités informelles urbaines est orienté vers la subsistance. Le secteur capitaliste se développe en
attirant les travailleurs du secteur des activités de subsistance. Lors de la phase initiale de
développement, l'offre de travail dans le secteur capitaliste excède la demande de travail, le salaire
peut donc rester faible et stable durant une période assez longue au cours de laquelle s'effectue ce
transfert de travailleurs. Il en résulte des profits élevés et donc, une épargne et une accumulation du
capital dont dépend le développement économique. capital Cette phase s'achève quand le surplus de
travail a été absorbé et que les salaires augmentent.
(Lewis)

Théorie de la croissance appauvrissante


La théorie rend compte de ce type de situation lorsqu'un pays pratique le libre-échange et qu'il
connaît une amélioration de ses techniques de production et/ou une amélioration de sa dotation
factorielle. Ces améliorations entraînent une baisse du prix mondial du bien exporté d'où une
détérioration des termes de l'échange. Cette situation a d'autant plus de chances de se produire que
la croissance provient essentiellement du seul secteur des exportations, que l'élasticité prix de la
demande du produit exporté est élevée, que le pays en question a été le seul à connaître ces
améliorations.
(Bhagwati)

Théorie de la croissance équilibrée


Elle montre que toute croissance repose sur un effort minimum d'investissement de départ mais à la
condition de respecter en permanence l'interdépendance entre l'offre et la demande aussi bien au
niveau global qu'au niveau de chaque secteur ce qui à terme permet un équilibre de croissance auto-
entretenue.
(Rosenstein-Rodan, Nurkse)

Théorie de la dépendance
Dans ce cadre théorique, l'économie mondiale est constituée de deux pôles, le centre capitaliste
représentant les nations occidentales industrialisées, la périphérie constituée des pays du Tiers
monde. La dépendance de ces derniers vient de la dégradation des termes de l'échange, des

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(Petit guide de présentation)

multinationales, des transferts de technologie, de l'aide et de l'alliance objective des classes


dominantes des pays dépendants avec les intérêts des capitalistes. Seule une modification des
relations économiques avec les pays industrialisés peut permettre un développement des pays du
Tiers monde.
(Amin, Prebish, Singer, Frank)

Théorie de la gouvernance
Cette théorie combine les approches de la science politique et de l'économie institutionnelle. Elle vise
à démontrer que les États qui sont les plus aptes à favoriser le développement sont ceux qui exercent
les fonctions régaliennes universelles et les seules politiques publiques que d'autres acteurs que l'État
ne seraient pas en mesure d'élaborer à sa place avec la même efficacité. Ce sont également des États
suffisamment désengagés de la société civile et du marché pour laisser les mécanismes
d'autorégulation de ceux-ci produire tous leurs effets.

Théorie de la recherche de rente


Les systèmes administratifs de nombreux pays en développement se caractérisent par diverses
formes de clientélisme, de népotisme ou de corruption. L'intervention de l'État offre, de par les
emplois et les législations, des possibilités de rente. Les individus et les groupes de pression seront
incités à investir des ressources pour rechercher des rentes et obtenir des privilèges au lieu de
chercher à accroître la production. Les responsables politiques offriront des rentes en échange de
rémunérations monétaires et/ou de soutien politique. Cette recherche de rente entraîne un gaspillage
de ressources et un facteur de violence politique pour s'approprier des rentes.
(Krueger)

Théorie des effets d'entraînement


Elle part de l'existence d'effets d'entraînement de l'amont du processus productif vers l'aval, et de
l'aval vers l'amont et de l'interdépendance à long terme des décisions en matière d'investissement.
Les gouvernements sont incités à pratiquer une politique d'investissement sélective en faveur des
secteurs industriels jugés les plus stratégiques en termes de retombées économiques tout en
soutenant l'existence de la libre entreprise et du libre échange.
(Hirschman)

Théorie des étapes de la croissance


Toute société passe par cinq phases : tradition, transition, décollage (take off), maturité et
consommation intensive. Le problème soulevé par le développement se situe au niveau de la
troisième séquence. Le décollage se produit grâce à une forte augmentation du taux
d'investissement, déclenchant une dynamique auto-entretenue de la croissance.
(Rostow)

Théorie des industries industrialisantes


Les industries industrialisantes sont celles qui dans leur environnement local modifient
structurellement la matrice interindustrielle, transforment les fonctions de production et augmentent
la productivité de l'ensemble de l'économie. La priorité donnée à ces industries repose sur une forte
intervention de l'État via la planification et la nationalisation des entreprises.
(Perroux, de Bernis)

Théorie du cercle vicieux de la pauvreté


Les pays sous-développés, en raison de la faiblesse de la demande interne liée aux faibles revenus,
sont dans l'incapacité de lancer des projets d'investissement rentables et capables de déclencher le
processus de développement. Du côté de l'offre, la faible capacité d'épargne résulte du bas niveau de
revenu réel qui lui-même reflète la faible productivité qui résulte, à son tour, du manque de capital,
un manque de capital qui lui-même est le résultat de la faible capacité d'épargne ; ainsi, le cercle est
fermé.
(Nurkse)

Théorie du sous-développement dans le cadre de l'échange inégal

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Les difficultés des pays en développement trouvent leur origine dans la différence des taux de salaire
entre nations et dans la péréquation internationale des taux de profits. Les pays à bas salaires
vendent leurs marchandises à un prix inférieur à leur " prix de production ", même si leur productivité
est similaire à celle des pays industrialisés. Une partie de leur surtravail est donc transférée à ces
derniers et contribuent à leur appauvrissement. Deux hypothèses sont essentielles : 1°/ à travail égal
les salaires sont largement inférieurs dans les pays sous-développés par rapport aux pays développés
; 2°/ le taux de profit est le même pour tous les investissements, quel que soit le pays où ils sont
réalisés. Cette théorie a été critiquée. Certains marxistes lui reprochent de ne pas prendre en compte
une analyse de classes. Les pays développés, toutes classes confondues exploitent les pays sous-
développés. D'autre part, statistiquement, on observe plus une instabilité qu'une détérioration
généralisée et continue des termes de l'échange. En outre, d'autres facteurs peuvent expliquer les
phénomènes observés comme l'évolution de la demande ou du progrès technique.
(Arghiri Emmanuel)

15) Travail, emploi


Chômage et progrès technique
Le progrès technique qui se traduit par une modification de l'activité économique (essor de certains
secteurs et déclin d'autres) et de l'emploi (changement de l'organisation du travail, changement des
qualifications) conduit en cas d'accélération brutale à des délais d'ajustement et donc à un chômage
transitoire d'inadaptation. L'explication par le progrès technique est ancienne. Elle met en jeu la
problématique de la compensation. Si, à court terme, le progrès technique entraîne du chômage, à
long terme, il y aura compensation. D'une part, le progrès technique se traduit par des innovations
dans les biens de production mais aussi au niveau des biens de consommation d'où une demande qui
conduit à une plus grande production et donc à des emplois. D'autre part, le progrès technique se
traduit par un accroissement de la productivité. Cet accroissement peut déboucher sur une baisse des
prix, un accroissement de la demande et ainsi de la production et de l'emploi. Il peut augmenter les
marges de profits des entreprises d'où plus d'investissements, plus de production et de l'emploi. Il
peut également permettre une augmentation des salaires qui stimulera la consommation, la
production et l'emploi. Il peut également déboucher sur une réduction du temps de travail avec une
hausse de l'emploi en compensation. Au total, pour certains, ces différents mécanismes conduisent à
une compensation des pertes d'emplois de court terme. Il n'en demeure pas moins qu'une "bonne"
répartition des gains de productivité (salaires, profits, réduction du temps de travail, prix) est
nécessaire à la stabilité du système économique.
(Sauvy)

Théories des classes sociales


Si K. Marx a fait un usage intensif de la notion de classes sociales, la majeure partie des penseurs du
XIXe siècle estiment que sa paternité lui est cependant antérieur. Pour le philosophe allemand, les
classes sociales ne sont pas des " agrégats d'individus " mais un " système de positions antagonistes
définies par des rapports sociaux ". Les rapports de production sont à l'origine de la division sociale
en deux groupes distincts : les détenteurs des moyens de production (capitalistes) et ceux qui ne
possèdent que leur force de travail (prolétaires). Les classes sociales n'existent que dans le cadre de
la lutte des classes, lutte par laquelle elles prennent conscience d'elles-mêmes, ce qui constitue le
moteur de l'histoire.
(Marx)

Théorie du déséquilibre
Selon les théoriciens du déséquilibre, les prix des biens et des services ainsi que le salaire sont fixes
et que tout déséquilibre sur les marchés qu'ils soient des biens et des services ou bien du travail
entraîne un rationnement par les quantités. Plusieurs situations peuvent se produire sur les marchés
comme le montre le tableau suivant.
Marché des biens et services
Offre inférieure à la
Offre supérieure à la demande
demande
Marché du Offre supérieure à la
Chômage Keynésien Chômage classique
travail demande

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Offre inférieure à la Surproduction et pénurie de main d'oeuvre


Inflation contenue
demande correspondent à l'économie socialiste

Dans le cas du chômage classique, le niveau de profit est insuffisant donc les entreprises
n'augmentent pas voire baissent leur production même s'il existe une demande non satisfaite. Dans
le cas de l'inflation contenue, cela signifie que par rapport à la demande de biens et de services, il y a
une insuffisance de main d’œuvre et de production ce qui conduit à une hausse des prix. Les deux
types de chômage, keynésien et classique, sont extrêmement difficiles à distinguer car ils
entretiennent des relations ce qui explique les difficultés à lutter contre. Ainsi, l'évolution des
capacités de production qui semble avoir limité la demande de travail à certaines périodes est
déterminée par le taux d'investissement, qui lui-même dépend des perspectives de demande. D'autre
part, la compétitivité sur les marchés extérieurs influence le niveau de la demande extérieure. La
faiblesse de la demande étrangère peut être le reflet d'une compétitivité insuffisante. En termes de
politique économique, tenter de remédier à un chômage keynésien (insuffisance de la demande) par
une plus grande flexibilité du marché du travail ne résout rien tant que les entreprises n'ont pas de
commandes elles n'embauchent pas et cela quel que soit le niveau de salaire. De même, une relance
de la demande n'aurait aucun effet sur un chômage de type classique, le coût du travail trop élevé
nuisant à la rentabilité des investissements.
(Clower, Leijonhufvud, Malinvaud)

Théorie de l'exploitation
Selon la théorie marxiste, l'exploitation provient du fait que le travailleur produit plus que ce qui est
nécessaire à la reproduction de sa force de travail. L'exploitation prend un aspect volontaire dans le
système capitaliste car les contrats de travail entre les agents (travailleurs d'un côté, capitalistes de
l'autre) sont passés librement.
(Marx)

Théorie du Job Search


Selon la théorie du job search ou chômage prospectif, l'individu procède à un calcul coût-avantage
lors de sa recherche d'emploi. L'information étant imparfaite, il peut être avantageux pour lui de
prolonger sa période de chômage afin d'acquérir le maximum d'information sur les postes
disponibles. Il arbitre entre, d'une part, le coût (perte de revenus pendant qu'il est au chômage,
coûts de l'information, etc.) et, d'autre part, le revenu futur d'un emploi meilleur. Dans ce cadre,
l'indemnisation du chômage diminue le coût de recherche et allonge d'autant la durée du chômage.
L'indemnisation du chômage serait également à l'origine de l'existence de la trappe à chômage. La
désincitation à reprendre un emploi du fait de l'existence de l'indemnisation du chômage conduit
l'individu à augmenter sa durée au chômage et par la suite ses difficultés à être embauché. Cette
trappe se distingue de celle à pauvreté qui exprime la désincitation à accroître le revenu d'une
personne déjà en emploi (accroissement de la durée d'emploi ou effort en vue d'augmenter le taux de
salaire).
(Rueff)

Théorie keynésienne du chômage


Selon Keynes et à sa suite les keynésiens, le chômage n'est pas du à un mauvais fonctionnement du
marché du travail. Ils réfutent l'idée de l'existence d'un marché du travail au sens néo-classique. Les
salariés ne peuvent offrir un travail en fonction d'un salaire réel puisqu'ils ne maîtrisent pas les prix
des biens et des services. Ils négocient seulement un salaire nominal. Ce sont les entrepreneurs qui
fixent les prix des biens et des services. Le niveau d'emploi dépend des décisions des entrepreneurs
qui cherchent à maximiser leur taux de profit en fonction d'un univers incertain où ils anticipent l'offre
et la demande globale. En conséquence, le niveau d'emploi peut ne pas correspondre au niveau du
plein emploi. Si la demande effective (au sens anticipée) est faible, les entrepreneurs fixeront un
niveau de production faible et toute la population active ne trouvera pas forcément d'emploi.
(Keynes)

Théorie néo-classique du chômage


Selon le courant néo-classique, le chômage provient des rigidités du fonctionnement du marché du
travail. Le travail est un bien comme un autre qui s'échange sur un marché. L'offre de travail vient
Agrégation interne – IUFM 2005/2006 - Jaunet Philippe 32
150 théories économiques
(Petit guide de présentation)

des salariés. Ces derniers arbitrent entre l'acquisition d'un revenu grâce au travail et le loisir. Une
hausse de salaire peut se traduire par une offre supplémentaire ou bien une réduction, le salarié dans
ce dernier cas ayant une préférence pour le loisir. De même il existe un taux de salaire d'acceptation
ou salaire de réservation, c'est-à-dire un taux de salaire minimum à partir duquel un individu donné
passe d'une offre de travail nul à une offre de travail positive. L'offre de travail est fonction croissante
du salaire réel. La demande de travail des entreprises dépend de la productivité marginale du travail
et du salaire réel. L'entrepreneur demande du travail jusqu'au point où le bénéfice réalisé par une
unité supplémentaire de travail compense le coût du travail supplémentaire. La demande de travail
est une fonction décroissante du salaire réel puisque pour les néo-classiques la productivité marginale
est croissante puis décroissante à partir d'un certain niveau. Si les conditions de concurrence pure et
parfaite sont respectées sur le marché du travail, il existe un niveau de salaire d'équilibre qui permet
la satisfaction de l'offre et de la demande de travail. Si l'offre de travail est supérieur à la demande
de travail, la baisse du salaire conduit certains offreurs à sortir du marché du travail et des
demandeurs à entrer sur le marché. A l'inverse, lorsque la demande est supérieur à l'offre, le salaire
augmente ce qui provoque l'afflux d'offreurs de travail et la sortie de demandeurs de travail. Si un
déséquilibre persiste, c'est en raison de l'existence de rigidités qui empêchent le salaire de se fixer à
son niveau d'équilibre et ainsi la réduction de l'écart entre l'offre et la demande de travail. Les
dysfonctionnements ou rigidités sont de plusieurs types : existence d'un salaire minimum,
indemnisation du chômage, syndicats, législation sur la protection de l'emploi, politique fiscale et
prélèvements sociaux. Il en résulte que le chômage est d'abord et avant tout volontaire.
(Rueff, Friedman)

Théorie du salaire d'efficience


Si pour les théoriciens néo-classiques, le salaire est fonction de la productivité du travail, pour les
théoriciens du salaire d'efficience, la variation de la productivité du travail du salarié dépend de son
salaire. Si celui-ci est élevé il est incité à fournir un effort supplémentaire. Cela peut expliquer la
rigidité à la baisse des salaires. Les chômeurs qui désirent travailler à un salaire inférieur ne trouvent
pas à être embauchés car les employeurs craignent de perdre les salairés en place dont la
productivité est élevé.
(Shapiro, Stiglitz)

Source : Problèmes économiques

Agrégation interne – IUFM 2005/2006 - Jaunet Philippe 33

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