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Spectroscopie
Puisque les noyaux sont chargés et qu’une charge électrique en rotation engendre un
champ magnétique, ces noyaux en rotation se comportent comme de petits aimants. Les
noyaux les plus importants pour déterminer la structure moléculaire sont le 1H et le 13C,
un isotope stable et non radioactif du carbone.
Ce spin atomique porte le nom de nombre quantique de spin nucléaire (I). Les valeurs
du nombre quantique de spin nucléaire, contrairement aux électrons, ne seront pas
de +½ ou de –½, mais plutôt de 0 ou un multiple de ½, selon la nature du noyau dont
il est question. La valeur I d’un noyau sera de zéro si son nombre de masse (A) ainsi que
son numéro atomique (Z) sont tous deux pairs. Dans un pareil cas, le noyau n’a pas de
spin nucléaire.
Remarque : Bien que le 12C et 16O soient présents dans la plupart des composés organiques, ils
ne possèdent pas de spin nucléaire (A et Z sont pairs) et ne permettent pas d’effectuer de
spectroscopie par résonance magnétique nucléaire et donc d’obtenir des spectres RMN.
Remarque : Le moment angulaire du noyau (la rotation du noyau sur lui-même) est caractérisé
par un nombre quantique de spin nucléaire (I). Les valeurs du nombre quantique de spin
nucléaire, contrairement aux électrons, ne seront pas de +½ ou de –½, mais plutôt de 0 ou un
multiple de ½.
Lorsque des noyaux sont placés entre les pôles d’un aimant puissant, ils font coïncider
leur champ magnétique parallèlement ou antiparallèlement au champ de l’aimant (voir la
figure 5.a). Les noyaux dont le champ magnétique est orienté parallèlement au champ
appliqué (flèches bleues) possèdent une énergie légèrement plus faible que ceux dont le
champ magnétique est orienté antiparallèlement (flèches noires). En appliquant une
énergie correspondant exactement à la différence énergétique entre les deux états (dans la
région des radiofréquences (rf) ou ondes radio, revoir le tableau 5.1 de votre manuel),
il est possible de faire passer les noyaux ayant un état de spin de faible énergie à un état
de spin d’énergie plus élevée. On dit parfois du spin qu’il « bascule ». Lorsque les spins
basculent, on dit qu’ils sont en résonance avec la radiation d’où le nom de résonance
magnétique nucléaire (RMN).
α
α α β
α β β
hν β
α β β
Basculement
β
β β β
β
La différence d’énergie entre les deux états de spin dépend de l’intensité du champ
magnétique appliqué ; plus le champ est intense, plus la différence d’énergie sera grande,
tel que présenté à la figure 5.b. Dans cette image, E représente l’énergie des états de spin
(kJ/mol) et H représente la puissance du champ magnétique extérieur de l’appareil RMN
(en tesla).
Figure 5.b Différence d’énergie entre les états des spins nucléaires α et β des noyaux
d’hydrogène selon la puissance du champ magnétique extérieur dans un
appareil RMN
E
(kJ / mol)
État de spin β
ΔE1 ΔE2
État de spin α
H (T)
H = 7,05 T H = 14,0 T
υ = 300 ΜΗz υ = 600 ΜΗz
Les instruments utilisés de nos jours disposent d’un champ magnétique variant de 1,4 à
14 teslas (T) (en comparaison, le champ magnétique terrestre n’est que d’environ
0,0007 T). À cette intensité de champ, la différence d’énergie entre les états de spin
On procède généralement comme suit pour obtenir un spectre RMN 1H (ou spectre RMN
proton 1 ) : quelques milligrammes d’un échantillon du composé à l’étude sont dissous
dans un solvant inerte qui ne contient pas de noyaux de 1H afin de ne considérer que les
hydrogènes de la molécule à l’étude. Ces solvants sont des molécules dont les atomes
d’hydrogène ont été remplacés par le deutérium, comme le CDCl3 (chloroforme deutéré)
et le CD3COCD3 (hexadeutérioacétone). Une petite quantité d’un composé de référence
(tétraméthylsilane ou TMS) peut également être ajoutée (ce sujet sera élaboré dans la
prochaine section). La solution, contenue dans un mince tube en verre, est placée au
centre d’une bobine de radiofréquences (rf), entre les pôles d’un puissant aimant (voir la
figure 5.c). Les noyaux des hydrogènes s’alignent alors parallèlement ou
antiparallèlement au champ. Puis, la bobine de rf applique une quantité croissante
d’énergie. Quand cette énergie correspond exactement à la différence d’énergie entre les
états de spin de faible et de haute énergie, elle est absorbée par les noyaux (fréquence de
résonance, revoir la figure 5.a). L’enregistrement de l’énergie absorbée par l’échantillon
en fonction de la fréquence appliquée par la bobine rf donne le spectre RMN 1H.
Tubes RMN
1
Le terme proton est souvent substituable à hydrogène ou 1H dans un contexte de RMN, même si les
atomes d’hydrogène sont liés de manière covalente (et pas sous forme ionique, H+). Cela n’est pas
rigoureusement exact, mais il est courant d’utiliser ce terme.
Appareil RMN
Les noyaux (dont le I est non nul) soumis à un champ magnétique uniforme présentent
une résonance magnétique nucléaire quand ils absorbent une radiofréquence bien
précise dont l’énergie permet une transition de leur état de spin d’un niveau énergétique
faible à un plus élevé.
Lorsque nous procédons à l’analyse typique d’un spectre RMN 1H (voir la figure 5.d), on
y remarque tout d’abord un ou des signaux verticaux. Ceux-ci peuvent être de hauteur
variable (caractéristique de l’abondance des hydrogènes) et sont disposés sur l’axe des x,
sur une échelle de 0 à 13 ppm environ. Cet axe correspond aux déplacements chimiques δ
dont les unités sont les ppm (parties par million).
Le déplacement chimique d’un signal sur un spectre RMN 1H est représenté par une
valeur de δ (delta) en ppm par rapport au tétraméthylsilane (TMS). Le TMS est une
substance de référence.
Pourquoi exprimer les déplacements chimiques avec les unités ppm ? Qu’est-ce qu’un
ppm ? Pourquoi ne pas simplement exprimer le spectre RMN en fonction de la fréquence
de résonance des noyaux ? En fait, il est impossible de créer un spectre de l’intensité en
fonction de la fréquence de résonance des noyaux, puisque celle-ci est variable selon la
puissance du champ magnétique appliqué (voir la figure 5.b). À titre d’exemple, un
hydrogène localisé sur une fonction aldéhyde entrerait en résonance magnétique à
En y regardant de plus près, on remarque toutefois une relation entre les données
spectrales et les puissances des champs magnétiques appliqués. En effet, les rapports des
puissances des appareils, ceux des puissances du champ magnétique appliqué ainsi que
ceux des fréquences de résonance du noyau à l’étude, donnent tous la même valeur
numérique soit :
La référence est utilisée pour contrer les imprécisions des appareils. En effet, deux
appareils différents ne produisent pas exactement le même champ magnétique, et la
moindre imprécision entraînerait des fluctuations du déplacement chimique. Pour contrer
ce problème, un standard interne (substance de référence) doit être utilisé. On lui
attribue par défaut une valeur de 0 ppm (revoir la figure 5.d).
ν échantillon
δ (ppm) =
ν appareil (équation 5.d)
Remarque: Les plus récents appareils de puissance très élevée peuvent s’autocalibrer sans avoir
recours à l’ajout de TMS dans l’échantillon à l’étude. Ainsi, il ne faut pas s’étonner si certains
spectres présentent un pic de TMS à 0 ppm alors que d’autres spectres n’en ont tout simplement
pas.
O
H3C N 2,1-3,0 9,5-9,7
C H
O
CH3-O- 3,5-3,8 10-13
C OH
-CH2-Cl 3,6-3,8
-CHCl2 5,8-5,9 R-OH 0,5-5,5
Ar-OH 4-8
Comment se fait-il que les hydrogènes se retrouvent répartis sur une large bande de
déplacements chimiques ? Ne devraient-ils pas tous avoir la même fréquence de ré-
sonance ? Ce serait le cas s’ils étaient isolés, mais ils sont liés à d’autres atomes, ayant
leur propre environnement chimique. De ce fait, il existe des perturbations au sein du
composé qui affectent leurs déplacements chimiques.
Les électrons qui se meuvent dans le voisinage d’un noyau de 1H créent un petit champ
magnétique local qui tend à produire un blindage du noyau vis-à-vis du champ
magnétique appliqué. En d’autres termes, les électrons créent un écran entre le noyau
Exemple 5.a
Prédisez quel sera l’ordre des déplacements chimiques correspondant aux divers signaux
des 1H du 1-bromopropane.
Solution
3 2 1
CH3 CH2 CH2 Br
Les atomes d'hydrogène du C-l apparaîtront au champ le plus faible, parce qu’ils sont
plus près de l’atome de Br, qui est un élément électroattracteur. Les atomes d'hydrogène
du groupement méthyle (du C-3) produiront un signal au champ le plus fort, car ils sont
les plus éloignés du Br, et le signal des atomes d'hydrogène liés au C-2 sera situé entre les
deux. L’effet inductif attractif s’amenuise rapidement avec la distance, comme nous
pouvons le constater avec les valeurs réelles des déplacements chimiques.
1,06 3,47
CH3 CH2 CH2 Br
1,81
Exercice 5.a
2. La présence d’électrons π
Les atomes d'hydrogène fixés à un atome de carbone prenant part à une liaison multiple
ou à un cycle aromatique apparaissent généralement à des champs faibles, contrairement
aux atomes d'hydrogène attachés à des atomes de carbone saturés. À titre d’exemple,
comparez ces valeurs de déplacements chimiques tirés du tableau 5.b.
Les raisons qui expliquent ce phénomène sont complexes, mais elles sont néanmoins
utiles pour la détermination de la structure. Disons simplement que la présence de
liaisons multiples (et d’autant plus pour les cycles aromatiques) crée un puissant champ
magnétique induit appelé cône d’anisotropie (voir la figure 5.e), ce qui crée un très fort
déblindage.
Zone de
blindage
Zone de
déblindage
Zone de Zone de Zone de Zone de
blindage C C blindage déblindage déblindage
Zone de
déblindage
Zone de
blindage
Alcyne Cycle aromatique
Exercice 5.b
Ainsi, lors de l’analyse d’un spectre RMN 1H, il est important de regarder les atomes
voisins des atomes d’hydrogène pour bien assigner les signaux aux différents types de
noyaux de 1H et pour mieux comprendre leur déplacement chimique.
a) les trois hydrogènes du groupement méthyle –CH3 sont identiques (ils ont le même
environnement chimique), ce qui peut être observé par une simple rotation d’un lien C–C.
Ha Hc Ha Hc Ha Hc
Hb Hd Hb Hd Hb Hd
C C C
H3 H2 H1
H1 H3 H2
H2 H1 H3
H1 = H2 = H3
b) les deux groupements méthyles –CH3 sont identiques par symétrie. De plus, selon ce
plan de symétrie, les hydrogènes aromatiques « a » et « b » ainsi que les hydrogènes
aromatiques « c » et « d » sont identiques.
CH3 CH3
Ha Hc Hb Hd
Plan de symétrie
Hb Hd Ha Hc
CH3 CH3
Ha = Hb
Hc = H d
Plan de symétrie
CH3 CH3
Ha Hc Hc Ha
Hb Hd Hd Hb
CH3 CH3
Ha = H c
Hb = Hd
Ainsi, puisque les six hydrogènes des groupements méthyles sont identiques et que les
quatre hydrogènes aromatiques sont également identiques entre eux (Ha = Hb = Hc = Hd),
seulement deux signaux seront observés dans le spectre RMN 1H.
H3C Ha
C
C
Hc Hb
Il va de soi que le groupement méthyle –CH3 constitue un pic indépendant des trois autres
hydrogènes (a, b et c) puisqu’il contient trois hydrogènes équivalents qui n’ont aucune
ressemblance avec les trois autres liés à la fonction alcène de la molécule. Qu’en est-il de
Hb par rapport à Hc ? Dans les deux cas, ces hydrogènes perçoivent le même nombre
d’hydrogènes (en plus de Hc, le Hb voit un Ha et un CH3 en face de lui, tout comme le
Hc). La seule chose qui les distingue est la disposition spatiale. En effet, le Ha est en
position cis par rapport au Hb alors qu’il est en position trans par rapport au Hc.
Lorsque deux hydrogènes possèdent le même environnement chimique, on dit qu’ils sont
chimiquement équivalents. Si, en plus de l’environnement, ils possèdent la même
disposition spatiale, on dit qu’ils sont magnétiquement équivalents. Seuls les
hydrogènes chimiquement et magnétiquement équivalents ressortent sous la forme
d’un signal unique dans un spectre RMN 1H.
Exercice 5.c
Lequel des composés suivants présente un seul signal dans son spectre RMN 1H ?
a) CH3OCH3 b) c) CH3CH2COCl
À partir des données du tableau 5.b, on s’attend à ce que le spectre RMN 1H de cet éther
comporte deux signaux : l’un dans la région de δ = 0,9 ppm pour les six atomes
d'hydrogène équivalents des groupements méthyles –CH3 et un autre à environ
δ = 3,5 ppm pour les quatre atomes d'hydrogène équivalents des groupements méthylènes
–CH2– adjacents à l’atome d’oxygène, un atome électronégatif qui déblinde.
Un noyau de 1H qui n’a pas de noyaux de 1H dans son voisinage donne un singulet. Les
noyaux de 1H voisins d’un noyau provoquent un couplage spin–spin de son signal.
À la figure 5.f, nous observons en fait un signal dans chacune de ces régions, mais ce ne
sont pas des singulets ! Le signal du groupement méthyle est plutôt scindé en trois
signaux, un triplet, dont les aires relatives (intégrations) sous le signal sont 1:2:1. Le
signal du groupement méthylène –CH2–, quant à lui, est scindé en quatre pics, un
quadruplet, dont les aires relatives (intégrations) sous le signal sont 1:3:3:1. Ces
couplages spin–spin offrent des données utiles sur la structure moléculaire.
Le profil de fragmentation des signaux peut être prédit par la règle n+1 : si un noyau de
1
H ou un ensemble de noyaux de 1H équivalents possède n 1H voisins dont le
déplacement chimique est très différent, son signal RMN sera scindé en n + 1 pics. Dans
l’éther diéthylique, les trois 1H équivalents du groupement méthyle –CH3 ont deux 1H
voisins (chacun étant sur le groupe méthylène –CH2–). C’est pourquoi le signal des trois
hydrogènes du CH3 est scindé en 2 + 1 = 3 pics. Par ailleurs, les deux 1H équivalents du
groupement méthylène –CH2– ont trois 1H adjacents (ceux du groupement –CH3). Par
conséquent, le signal des hydrogènes du –CH2– est fragmenté en 3 + 1 = 4 pics. Voyons
pourquoi cette règle fonctionne et pourquoi les signaux scindés présentent de telles
intégrations.
C C
Ha Hb
C C
Ha Hb
Lors de la détection du signal de Ha, les deux noyaux Hb peuvent présenter les trois
possibilités décrites à la figure 5.g.
États de spin
Les deux noyaux peuvent être à un niveau d’énergie faible, ils peuvent occuper un niveau
d’énergie élevée ou chacun d’entre eux peut être dans un niveau différent, et ainsi aboutir
à deux arrangements possibles. C’est la raison pour laquelle le signal de Ha est un triplet
dont l’intensité relative est de 1:2:1. Le signal de Hb, en revanche, est sous la forme d’un
doublet à cause des deux états de spin possibles du noyau voisin Ha.
Exemple 5.b
Expliquez pourquoi le signal de Ha ayant trois noyaux Hb voisins est un quadruplet dont
les aires relatives sont de 1:3:3:1.
Solution
La structure correspondante est :
Hb
C C Hb ou CH CH3
Ha Hb
Intensité: 1:3:3:1
Exercice 5.d
Utilisez les données du tableau 5.b pour prédire l’allure du spectre RMN 1H du
CH3CHCl2. Donnez les déplacements chimiques approximatifs et le profil de
fragmentation des différents signaux.
On dit des noyaux de 1H induisant la fragmentation du signal d’autres noyaux qu’ils sont
couplés à ces derniers. L’amplitude du couplage (distance entre les pics d’un même
signal) ou le nombre de hertz par lequel le signal est scindé est appelé constante de
couplage (symbolisée par J). Cette constante de couplage est affectée par la
disposition des atomes dans l’espace. Ainsi, le couplage de deux hydrogènes en
position cis sera différent de deux hydrogènes en position trans ou même de deux
hydrogènes d’une liaison simple. D’ailleurs, les constantes de couplage servent parfois à
distinguer des isomères géométriques cis-trans de même que la position des substituants
portés par un cycle benzénique.
ortho : 6-8
C C 6-8 méta : 1-3
H
para : 0-1
H H
H R1
C C C 0-1 C C 0-3
H H H R2
H R2 H H
C C 12-18 C C 6-12
R1 H R1 R2
Toutefois, notons que sur le spectre, le dédoublement ne serait pas visible, puisque la
constante de couplage entre deux hydrogènes géminaux est trop faible (0 Hz à 3 Hz).
Le signal de Hc serait identique à celui de Hb à l’exception du couplage avec l’hydrogène
Ha (J = 12 Hz à 18 Hz) ; le doublet-dédoublé serait alors simplement plus large que celui
observé pour Hb.
L’hydrogène Ha subit, quant à lui, non seulement les effets des hydrogènes Hb et Hc, mais
également ceux des trois hydrogènes équivalents du groupement méthyle –CH3. Le
couplage Ha–Hc donnera un doublet, qui sera déquadruplé en raison du couplage Ha–CH3,
puis finalement le signal sera encore dédoublé par le couplage Ha–Hb. On aura donc un
doublet-déquadruplé-dédoublé !
6-8 Hz
H3C Ha
C
6-12Hz
C
Hc Hb
0-3Hz
12-18Hz
Quand le profil de fragmentation d’un noyau est complexe et qu’on ne peut l’analyser
par la règle n + 1, il est souvent représenté par un multiplet.
Exercice 5.e
a) ICH2CH2Cl b) ClCH2CH2Cl
On constate alors que les spectres RMN 1H ne sont pas toujours simples. Cette
complexité survient, entre autres, lorsque des atomes d'hydrogène adjacents possèdent
presque le même déplacement chimique, sans qu’ils soient nécessairement identiques. Le
phénol en est un exemple (voir la figure 5.h). Les atomes d'hydrogène du cycle
aromatique (δ = de 6,8 ppm à 7,4 ppm) se distinguent aisément de l’atome d’hydrogène
de la fonction alcool 2 (δ = 4,95 ppm), mais on ne peut pas analyser leur profil de
2
Les 1H localisés sur des hétéroatomes donnent souvent des pics mal définis (voir la bosse caractéristique à
la figure 5.h).
Remarquez la complexité du signal induit par les hydrogènes du cycle aromatique dans la
région des déplacements chimiques allant de 6,8 ppm à 7,4 ppm.
Exercice 5.f
Lors de l’analyse d’un spectre RMN 1H, il est possible d’y visualiser les différents
signaux, leurs déplacements chimiques (δ), leur multiplicité ainsi que les constantes de
couplage (J). Comme nous l’avons vu précédemment, toutes ces informations sont
essentielles et complémentaires en vue de déterminer la structure moléculaire. Le spectre
L’aire sous un pic d’un signal RMN 1H est directement proportionnelle au nombre de
noyaux de 1H correspondant à ce pic. La courbe d’intégration sert à calculer le rapport
des aires sous le pic.
L’aire sous la courbe d’un pic donné est directement proportionnelle au nombre de
noyaux d’hydrogène correspondant. Tous les spectromètres RMN commerciaux sont
équipés d’un intégrateur électronique qui trace une courbe d’intégration au-dessus des
pics (voir sur la figure 5.i, les lignes en rouge). Le rapport des hauteurs des lignes
verticales équivaut au rapport des aires sous les pics. Donc, le rapport des aires sous
Pour attribuer le nombre d’hydrogènes correspondant à un pic, il vous faudra tout d’abord
compter le nombre d’hydrogènes présents dans la molécule à l’étude, puis faire une
sommation de toutes les aires sous les pics. Le nombre d’hydrogènes associés à un pic est
déterminé grâce à l’équation 5.e, découlant d’une règle de trois.
Remarque : Au début de ce complément, il a été mentionné que les échantillons à analyser sont
dissous dans un solvant deutéré. Lorsque la molécule à l’étude possède des hydrogènes sur un
hétératome (par exemple : H–O, H–N, H–S etc.), il arrive, avec certains solvants spécifiques tels
que le méthanol deutéré (CD3OD) ou l’eau deutérée (D2O), qu’un échange puisse avoir lieu entre
l’hydrogène de la molécule et le deutérium du solvant. Dans de pareils cas, l’hydrogène localisé
sur l’hétéroatome de la molécule ne sera plus visible sur le RMN 1H ou l’aire sous le pic sera
nettement inférieure à la valeur réelle.
Exemple 5.c
BrH2C C CH2Br
CH3
CO2CH3
Solution
a) Les quatre atomes d'hydrogène aromatiques sont équivalents et les six atomes
d'hydrogène méthyliques des groupes ester sont équivalents. Le spectre comportera deux
signaux, et le rapport des aires sous les pics sera de 4:6 (ou 2:3).
b) Deux types d’atomes d'hydrogène sont présents, ceux de CH3–C– et ceux de –CH2–Br.
On observera donc deux signaux dont l’intégration est dans un rapport de 6:4 (ou 3:2).
3
Le rapport des aires est souvent une approximation. Par exemple, dans le cas qui nous concerne, il est de
42:29 ou 1,45:1 ou 2,9:2 et a été arrondi à 3:2.
À l’aide du tableau 5.b, prédisez quelle allure générale aura le spectre RMN 1H des
composés suivants :
a) O b) CH3
CH3
Solution
a) Le spectre comportera deux signaux dont l’intégration sera équivalente, à environ
δ = 2,3 ppm (pour les atomes d'hydrogène de CH3C=O) et δ = 3,6 ppm (pour les atomes
d'hydrogène de –OCH3). Ces derniers sont un peu plus déblindés en raison de l’oxygène
voisin, un atome électronégatif.
b) Trois signaux apparaîtront, dont les aires relatives sous les pics seront de 6:2:1 à
δ = 0,9 ppm (pour les deux groupes méthyles), à δ = 3,5 ppm (pour les atomes
d'hydrogène de –CH2–Cl) et à un champ encore plus faible, soit à δ = 5,8 ppm (pour
l’atome d’hydrogène de –CHCl2).
Exercice 5.g
Chacun des composés suivants présente plus d’un signal dans son spectre RMN 1H. Quel
sera le rapport de leurs aires sous les pics ?
Exercice 5.h
Quel type de spectre RMN 1H escomptez-vous obtenir pour les composés suivants ?
a) O b)
H3C C OH H3C C C H
Exercice 5.i
Deux structures sont possibles pour un ester inconnu. Elles sont présentées en a) et en b).
a) O b) O
5.b La molécule possède deux types distincts d’hydrogène. Il y aura donc deux signaux
sur le spectre RMN 1H. Le tableau 5.b indique que le signal des 18 H des
groupements méthyles devrait être observé approximativement vers 1,0 ppm tandis
que le signal des hydrogènes vinyliques (2H) devrait apparaître entre 5,2 ppm et
5,7 ppm. Les données spectrales expérimentales révèlent en effet que les
déplacements chimiques sont respectivement de 0,97 ppm et 5,30 ppm.
H C(CH3)3
C C
(H3C)3C H
Remarque : Suite à l’étude de la section « Aire sous les pics et courbes d’intégration des
pics », vous serez en mesure de déterminer l’aire sous la courbe de deux pics, soit de 9:1.
5.c Tous les protons des structures en a) et en b) sont équivalents. De ce fait, ces
molécules ne présenteront qu’un seul pic dans un spectre RMN 1H. Pour bien
visualiser l’équivalence des protons, remplacez n’importe lequel des hydrogènes par
un groupement X. Si le même produit est obtenu peu importe l’hydrogène qui a été
remplacé, les hydrogènes doivent être alors équivalents. Si vous faites cet exercice
avec la structure en c), vous remarquerez que les hydrogènes du groupement
méthyle –CH3 sont équivalents entre eux, que les hydrogènes du groupement
méthylène –CH2– sont équivalents entre eux, mais que les hydrogènes de ces deux
5.d Le signal des hydrogènes du groupement méthyle (CH3CHCl2) sera sous la forme
d’un doublet (un seul H voisin) avec un déplacement chimique entre 0,85 ppm et
0,95 ppm. (L’aire sous la courbe de ce signal sera de 3 pour 1.)
Le signal de l’hydrogène CH3CHCl2 sera sous la forme d’un quadruplet (en raison
de trois H voisins du groupement méthyle) avec un déplacement chimique entre
5,8 ppm et 5,9 pppm. En effet, ce H est déblindé à cause des atomes de Cl, des
éléments électroattracteurs. (L’aire sous la courbe de ce signal sera de 1 pour 3.)
5.e a) ICH2CH2Cl : triplet, δ = 3,1 ppm à 3,3 ppm (rapport de l’aire sous la courbe de
1:1) ; ICH2CH2Cl : triplet, δ = 3,6 ppm à 3,8 ppm, car le Cl est plus électronégatif ;
les H sont donc un peu plus déblindés, (rapport de l’aire sous la courbe de 1:1).
b) Dans la molécule ClCH2CH2Cl, tous les hydrogènes sont équivalents. Leur signal
prendra la forme d’un singulet avec un déplacement chimique entre 3,4 ppm et 3,5
ppm.
5.f Tous les hydrogènes du 1,2-dichloroéthane sont équivalents. Ils sortiront sous la
forme d’un singulet avec un déplacement chimique entre 3,4 ppm et 3,5 ppm.
Pour la molécule de 1,1-dichloroéthane, il y a deux signaux distincts puisque les
hydrogènes ne sont pas équivalents.
5.g a) CH3OH présente deux signaux, chacun sous la forme d’un singulet (puisque
l’oxygène empêche le couplage de hydrogène voisin) dans un ratio de 3:1.
5.h a) Le spectre RMN 1H de la structure CH3CO2H présente deux pics dont les
déplacements chimiques sont approximativement de 2,1 ppm à 2,6 ppm et de
10 ppm à 13 ppm (H de la fonction acide). Chacun de ces pics sortira sous la forme
d’un singulet et l’abondance relative sera de 3:1.
O O