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F É D É R A L E D E L A U S A N N E
Professeur A. Rufer
P. Barrade
Table des matières
1 Introduction à la conversion... 2
1.1 Introduction à l’électronique de puissance . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
1.2 Convertisseurs statiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
1.2.1 Les sources . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
1.2.2 Notion de commutation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
1.2.3 Les grandes familles de l’électronique de puissance . . . . . . . . . 15
1.3 Structure d’un convertisseur et interrupteurs . . . . . . . . . . . . . . . . 24
1.3.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
1.3.2 La cellule de commutation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25
1.3.3 Caractéristique statique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28
1.3.4 La commutation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33
1.4 Eléments semi–conducteurs de puissance . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37
1.4.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37
1.4.2 Elément non commandable . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37
1.4.3 Eléments entièrement commandables . . . . . . . . . . . . . . . . 39
1.4.4 Eléments ”semi–commandables” . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47
1.4.5 Protection des éléments semi–conducteurs de puissance . . . . . . 51
1
Chapitre 1
Introduction à la conversion
d’énergie électrique
2
CHAPITRE 1. INTRODUCTION À LA CONVERSION... 3
2 2 0 V / 5 0 H z
1 5 V
A C
1 2 V 2 0 V + R é g u la tio n C o m m a n d e
- D C
C o n v e rtis s e u r
C o n s ig n e
M e su re
E le c tro n iq u e d e ré g la g e e t d e c o m m a n d e E le c tro n iq u e d e p u is s a n c e
Le système que nous avons représenté est un chargeur de batteries qui, à partir d’un
réseau monophasé 220Vef f /50Hz doit permettre la recharge de batteries sous trois ten-
sions possibles : 12V , 15V , ou 20V .
Le fonctionnement d’un tel système est simple dans son principe :
– L’utilisateur sélectionne la tension de recharge de la batterie (12V , 15V , ou 20V ).
Cette information est convertie en grandeur électrique : c’est la consigne.
– La tension aux bornes de la batterie est mesurée. L’organe de mesure met en forme
cette information, afin de pouvoir la comparer avec la consigne.
1. Cette introduction reprend dans son fond mais non dans sa forme l’exposé de [1], section 1.1,
chapitre 1, intitulé Conception des systèmes de l’électronique de puissance
CHAPITRE 1. INTRODUCTION À LA CONVERSION... 4
Afin de raisonner plus généralement, nous donnons Fig. 1.2 le schéma type d’un
système automatique.
Nous avons clairement identifié sur ce schéma les sous–systèmes appartenant à la
branche de l’électronique de traitement de l’information (Electronique de réglage et de
commande), ainsi qu’à la branche de l’électronique de puissance.
Ainsi, on doit bien distinguer :
– la fluence des signaux : sur le schéma Fig. 1.2, cette fluence est de la gauche vers la
droite, de la grandeur de consigne w vers la grandeur à régler y. Le traitement des
signaux se fait ainsi par l’électronique de réglage et de commande.
– la fluence d’énergie : représentée par une large flèche grisée, est orientée du réseau
d’énergie électrique vers le système à régler, au travers de l’étage amplificateur.
Cette fluence est assurée par l’électronique de puissance.
Outre cette différence notable entre ces deux branches de l’électronique, on peut
également les distinguer par les puissances que chacune d’elle met en jeu, ainsi qu’il est
représenté Fig. 1.3.
CHAPITRE 1. INTRODUCTION À LA CONVERSION... 5
R é s e a u d 'é n e r g i e
é le c triq u e
G ra n d e u r d e G ra n d e u r à
S ig n a l d e c o m m a n d e
c o m m a n d e ré g le r
+ u cm u y
_
O rg a n e d e R é g u la te u r E ta g e
c o n s ig n e p ré a m p lific a te u r E ta g e S y s tè m e à
a m p lific a te u r ré g le r
O rg a n e d e c o m m a n d e
y M
O rg a n e d e m e su re
E le c tro n iq u e d e ré g la g e e t d e c o m m a n d e E le c tro n iq u e P ro c e ssu s
d e p u is s a n c e
E le c tro n iq u e d e
p u is s a n c e
m W m W W k W M W G W
E le c tro n iq u e d e
ré g la g e e t d e c o m m a n d e
1.2.1.1 Définition
Cette importance nous conduit à préciser la notion de source 2 .
Définition 1.2.1 On appelle source tout élément capable d’imposer une tension ou un
courant, quel que soit, respectivement, le courant qu’il le traverse, ou la tension qu’on lui
applique.
2. Ce développement reprend dans son fond mais non dans sa forme l’exposé de [2], section 2.1, page
6
CHAPITRE 1. INTRODUCTION À LA CONVERSION... 7
Définition 1.2.2 Le terme source est employé indifféremment pour les générateurs ainsi
que pour les récepteurs.
– source de tension, qui impose une tension quel que soit le courant qui la traverse,
– source de courant, qui impose un courant quelle que soit la tension à ses bornes.
– source continue : source qui impose une tension ou un courant, dont la valeur, ainsi
que la polarité ou le sens de circulation restent constants,
– source alternative : source qui impose une tension ou un courant, dont la valeur,
ainsi que la polarité ou le sens de circulation fluctuent périodiquement.
On distinguera également :
L’ensemble de ces définitions conduit au tableau Tab. 1.1 , dans lequel on a rencensé
les huit divers types de sources existantes.
unidirectionnelle
continue
bidirectionnelle
Tension
unidirectionnelle
alternative
bidirectionnelle
Source
unidirectionnelle
continue
bidirectionnelle
courant
unidirectionnelle
alternative
bidirectionnelle
1 ?
+ 7 ?
Nous rappelons que la relation courant tension de ce dipôle, caractérisé par sa capacité
C, est :
dUc
Ic = C (1.1)
dt
De plus, une notion très importante est liée à l’énergie Ec stockée dans un condensa-
teur :
1
Ec = CUc 2 (1.2)
2
La relation (1.1), fondamentale, exprime l’impossibilité de créer une discontinuité de
tension aux bornes de tout condensateur : en cas, par exemple, de court–circuit franc aux
bornes d’un condensateur chargé, ce dernier serait traversé par un courant théoriquement
infini.
Tout condensateur représente ainsi une inertie de tension (impossibilité physique de
brusque variation de la tension à ses bornes) : c’est la définition même d’une source de
tension.
I L L
U L
Nous rappelons que la relation courant tension de ce dipôle, caractérisé par son in-
ductance L, est :
dIL
UL = L (1.3)
dt
De plus, une notion très importante est liée à l’énergie El stockée dans une inductance :
1
LIL 2
El = (1.4)
2
On notera que l’inductance est duale au condensateur.
Comme ce dernier, la relation (1.3) exprime l’impossibilité de créer une discontinuité
de courant dans une inductance : en cas, par exemple, d’interruption brusque du courant
traversant une inductance, cette dernière verrait une tension théoriquement infinie à ses
bornes.
A titre d’illustration, nous avons tous un jour débranché un aspirateur sans actionner
au préalable l’interrupteur de mise hors tension : il apparaı̂t alors un arc électrique lié à
une surtension inductive entre la prise murale et celle de l’aspirateur. C’est l’illustration
même de la nature inductive du moteur électrique de l’aspirateur en particulier... et de
tout moteur électrique en général.
Toute inductance représente ainsi une inertie de courant (impossibilité physique de
brusque variation du courant la traversant) : c’est la définition même d’une source de
courant.
U e C
S o u rc e
d e te n s io n
S o u rc e
d e c o u ra n t
S o u rc e
d e te n s io n
I e I s
U = 5 V U s
e
4 A
I e I s I e U T 1 I s
R 1 I T 1
5 V U T 5 V U
U e = R 2
4 A s U e = 4 A s
Us Rs //R2
= (1.5)
Ue R1 + Rs //R2
En remplaçant Us , Ue et Rs par leurs valeurs respectives, on obtient la relation donnant
la valeur de R2 en fonction de R1 , afin de vérifier Ue = 40V , Us = 5V et Is = 4A :
CHAPITRE 1. INTRODUCTION À LA CONVERSION... 11
1.25R1
R2 = Avec 0Ω < R1 < 8.75Ω (1.6)
8.75 − R1
De cette relation, on peut définir les expressions des puissances PR1 et PR2 dissipées
respectivement par R1 et R2 :
(Ue − Us )2
PR 1 =
R1
(1.7)
8.75 − R1
= Us 2
PR 2
1.25R1
On définit Ps = Us Is la puissance absorbée par la source (Us ,Is ). Le rendement η du
convertisseur peut alors être défini par la relation :
Ps
η = (1.8)
Ps + PR 1 + P R 2
Dans le domaine des valeurs de R1 et R2 , nous donnons Fig. 1.8 les tracés de :
– la relation (1.6), qui permet de déterminer les valeurs que l’on doit donner à R1 et
R2 pour obtenir, à partir de Ue = 40V , les grandeurs souhaitées en sortie (Us = 5V
et Is = 4A).
– des courbes d’iso–rendement.
η=2% η=12%
2
10
η=10%
η=8%
1
10
R2 (Ω)
η=6%
η=4%
0
10
R2=f(R1)
−1
10
1 2 3 4 5 6 7 8
R1 (Ω)
Il s’avère que quel que soit le couple de valeurs retenu pour R1 et R2 , le rendement du
convertisseur restera toujours extrêmement faible, et ne pourra dépasser les 15%. Cela
signifie que si la source Us absorbe 20W , la source Ue doit en fournir 133W ...!...
Ce point est fort pénalisant pour qui a la prétention de traiter de l’énergie.
Le deuxième point qui milite en défaveur des résistances, est que ces composants sont
de valeurs fixes. Elles n’offrent donc aucun pouvoir de contrôle de la tension délivrée par
le convertisseur : une fois leurs valeurs fixées, il n’est aucun moyen d’agir si l’on souhaite
alimenter la source Us sous 10V .
CHAPITRE 1. INTRODUCTION À LA CONVERSION... 12
Les résistances, qui par principe dissipent de la puissance, ne peuvent donc pas être
utilisées comme composant de base en électronique de puissance. Il faut chercher ainsi
une autre solution qui permette :
– de garantir un rendement élevé,
– de permettre un ((pilotage)) du convertisseur.
Ps = Us Is = 20W (1.9)
Soit PT la puissance dissipée par le transistor T :
1.2.2.3 La commutation
Force est de rechercher une solution différente. Ceci doit se faire cependant en tenant
compte des solutions sus–citées.
S’il est préférable d’oublier complètement le recour à des résistances, la solution met-
tant en œuvre un transistor peut être un point de départ (Fig. 1.7(c)).
Le piètre rendement du transistor, utilisé dans sa caractéristique linéaire, est lié à
deux facteurs. Celui–ci doit en effet supporter :
PT = UT IT = (Ue − Us ) Is 6= 0 (1.12)
CHAPITRE 1. INTRODUCTION À LA CONVERSION... 13
Dès lors que Ue , Us et Is sont imposés par les sources, la puissance que doit dissiper
le transistor est ainsi fixée. On ne la maı̂trise pas, du moins tant que l’on utilisera le
transistor dans sa partie linéaire. Le seul moyen d’annuler, ou de réduire la valeur de PT
consiste par conséquent à commander le transistor afin que UT et IT ne soient jamais
non nuls simultannément. On devra avoir :
– UT = 0 si IT 6= 0. Dans ce cas : PT = 0IT = 0Is = 0W
– IT = 0 si UT 6= 0. Dans ce cas : PT = UT O = (Ue − Us ) 0 = 0W
Il s’agit donc d’utiliser le transistor non pas dans sa caractéristique linéaire, mais en
tant qu’interrupteur. Ce composant ne connaı̂tra ainsi que deux états :
– état passant : UT = 0 si IT 6= 0,
– état bloqué : IT = 0 si UT 6= 0.
Comme il s’agit d’utiliser le transistor en ((bloqué/saturé)), cela permet différents
modes de connexions des sources entre elles (Fig. 1.9). On peut :
– relier les sources directement (Fig. 1.9(a)): il n’y aura théoriquement pas de pertes
dans le convertisseur pendant cette phase–là (UT = 0),
– relier les sources directement, mais suivant des polarités opposées au cas précédent
(UT = 0) (Fig. 1.9(b)).
On doit préciser que pour l’exemple traité (Fig. 1.7(c)), cette configuration n’est
pas possible.
– isoler complètement, d’un point de vue électrique, les deux sources (IT = 0) (Fig.
1.9(a)).
I e
U T I s I e I s I e
U T I s
I T I T I T
U = 5 V U s U = 5 V U s U = 5 V U s
e
4 A e
4 A e
4 A
On peut également dégager des exemples développés ci–dessus la règle d’or suivante :
Règle 1.2.1 Le rendement d’un convertisseur statique est une des préoccupation majeure
de l’électronicien de puissance, qui induit l’utilisation de composants actifs non dans leur
partie linéaire, mais en mode ((bloqué/saturé)).
CHAPITRE 1. INTRODUCTION À LA CONVERSION... 14
50
40
30
U (V)
20
e
10
50
Us
40
Us et <Us> (V)
30
20
10 <U >
s
Nous avons fait se succéder les phases Fig. 1.9(a) et Fig. 1.9(b) à une fréquence de
2kHz, en considérant les transistors utilisés pour cela comme parfaits. Les tension aux
bornes des transistors, ainsi que les courants qui les traversent ne sont jamais non nuls
simultannément. Ainsi, avec des composants ((parfaits)), les pertes dans le convertisseur
sont nulles. Le rendement du convertisseur est unitaire.
La tension Us est constituée de créneaux de valeurs +Ue et −Ue , et semble ne pas
répondre à l’impératif d’alimenter la source de sortie sous 5V continu. Cependant, nous
allons calculer la valeur moyenne de Us .
On définit D le rapport cyclique, rapport entre la durée pendant laquelle Us = +Ue
et la période de commutation T .
td
Avec 0 < D < 1 D = (1.13)
T
Soit < Us > la valeur moyenne de Us :
1 Z DT 1Z T
< Us > = Ue dt + −Ue dt (1.14)
T 0 T DT
D’où il vient :
Us Is
= ≈ = ≈
Ue = non non oui oui
≈ non non oui oui
Ie = oui oui non non
≈ oui oui non non
Les cases notées ((oui)) correspondent effectivement à des connections possibles des
sources entre elles par des convertisseurs.
3. On peut à ce niveau, avoir recours à une démonstration très parlante en utilisant un ventilateur(!).
Ce dernier est alimenté par le réseau 220V /50Hz, par l’intermédiaire d’un interrupteur (manuel) :
– interrupteur OFF : ventilateur éteint, possédant une vitesse de rotation nulle ω0 ,
– interrupteur ON : ventilateur en marche, possédant une vitesse de rotation ωon .
Manuellement, on effectue un ensemble de commutations sur l’interrupteur, grâce à quoi on parvient
à faire varier la vitesse du ventilateur ω : ω0 ≤ ω ≤ ωon .
CHAPITRE 1. INTRODUCTION À LA CONVERSION... 16
En revanche, les cases notées ((non)) correspondent à des interdictions, qui n’ont rien
à voir avec une éventuelle police du convertisseur, mais qui émanent de la notion même
de commutation.
En effet, lorsque les interrupteurs d’un convertisseur commutent, il existe certaines
phases pendant lesquelles les deux sources sont reliées directement (condition impérative
pour qu’il y ait transfert d’énergie de l’une vers l’autre). Reprenons l’exemple de deux
sources de tension, l’une de 40V dc, la seconde de 5V dc. Si un interrupteur relie directe-
ment ces sources, la seule limitation du courant qui traversera cet interrupteur est liée
à son impédance lorsqu’il est à l’état passant. Cette impédance, par définition de valeur
extrêmement faible, ne suffira pas à limiter le courant circulant d’une source à l’autre. Il
y a deux conséquences :
– risque d’endommager l’une des deux sources (voire les deux),
– risque de destruction du composant de puissance, traversé par un courant pour
lequel il sera toujours sous–dimensionné.
La problématique est exactement la même pour un convertisseur qui relierait entre
elles deux sources de courant : quelles seraient les contraintes sur le composant de puis-
sance qui devrait relier directement une source de 100A à une source de 5A (que devien-
draient les 95A en trop)?
Nous dégageons de ces considérations la règle d’or suivante :
Règle 1.2.2 Un convertisseur statique ne peut relier entre elles que des sources de nature
différentes.
Ainsi, le tableau Tab. 1.2 peut se résumer en un tableau définissant simplement quatre
familles de convertisseurs statiques (Tab. 1.3).
I
= ≈
I e
c o n v e rtis s e u r I
U e s
= U s =
D C /D C
100 100
Us Us
80 80
Is
60 60
40 40
I
s
20
Us (V) et Is (A)
Us (V) et Is (A)
20
0 0
−20 −20
−40 −40
−60 −60
−80 −80
−100 −100
1 1.02 1.04 1.06 1.08 1.1 1.12 1.14 1.16 1.18 1.2 7 7.05 7.1 7.15 7.2 7.25 7.3 7.35 7.4
−3
t (s) −3
x 10 t (s) x 10
Pour assurer la fluence d’énergie entre les deux sources, on fait varier les instants t1 et
t2 qui définissent les durées pendant lesquelles la tension Us vaut respectivement +Ue et
−Ue (+Ue et 0V pour le second type de fonctionnement, ou −Ue et 0V pour le troisième).
Si l’on considère le premier mode de fonctionnement (+Ue / − Ue ), la tension moyenne
< Us > aux bornes de la source de courant est définie par la relation :
1 Z t1 1Z T
Ue dt + −Ue dt (1.17)
< Us > =
T 0 T t1
Où T est la période de fonctionnement du convertisseur. On définit D le rapport
cyclique par la relation :
CHAPITRE 1. INTRODUCTION À LA CONVERSION... 18
t1
D = (1.18)
T
Dans ce cas :
1 Z DT 1Z T
< Us > = Ue dt + −Ue dt (1.19)
T 0 T DT
Il vient alors :
I e
c o n v e rtis s e u r I
U e s
= U s
D C /A C
Modulation à rapport cyclique constant Nous donnons Fig. 1.14 les formes d’ondes
types de cette modulation pour la tension de sortie Us du convertisseur, ainsi que pour
la source de courant Is . Pour ce tracé, la source de courant alternative est constituée par
un circuit RL.
100 100
Us U
s
80 80
60 60
40 40
Us (V) et Is (A)
Us (V) et Is (A)
20 20
I
s
0 0
−20 −20
I
s
−40 −40
−60 −60
−80 −80
−100 −100
0 0.005 0.01 0.015 0.02 0.025 0.03 0.035 0.04 0.16 0.165 0.17 0.175 0.18 0.185 0.19 0.195 0.2
t (s) t (s)
On notera d’emblée que quelle que soit la modulation mise en œuvre, source de courant
alternative n’est certainement pas synonyme de sinusoı̈dale !!!
Le premier tracé donné est relatif à une modulation ±Ue . La tension Us est constitués
de créneaux de tension +Ue et −Ue , symétriques. La fréquence de Us est celle de la source
de courant alternative.
Le second tracé donné est relatif à une modulation +Ue 0 − Ue . La tension Us est
constitués de créneaux de tension +Ue , 0V et −Ue . Les créneaux de tension +Ue et −Ue
sont symétriques. La fréquence de Us est celle de la source de courant alternative.
Si l’on considère la modulation +Ue 0 − Ue , on définit t1 la durée d’application des
tensions +Ue et −Ue , et T la période de la source de courant (donc de Us ). On démontre
que l’amplitude 1 Ûs du fondamental de la tension Us est définie par la relation suivante
[1]:
1 2Z π 4 ωt1 2π
Ûs = u (ωt) sin (ωt) dωt = Ue sin avec : ω = (1.23)
π 0 π 2 T
Cette relation permet d’illustrer qu’en faisant varier t1 , ou bien T , on est en mesure
de faire varier l’amplitude de l’onde fondamentale de Us . En outre, il apparaı̂t que la
modulation ±Ue n’est jamais qu’un cas particulier de la modulation +Ue 0 − Ue , pour
laquelle t1 = T2 . Dans ce cas, la relation (1.23) devient :
1 4
Ûs = Ue (1.24)
π
CHAPITRE 1. INTRODUCTION À LA CONVERSION... 20
L’inconvénient majeur de la modulation ±Ue est que l’on ne dispose plus de degrès
de réglage de l’amplitude du fondamental de la tension Us .
Enfin, on notera que quelle que soit la modulation retenue, il existe, outre l’onde
fondamentale, des harmoniques dont la fréquence est un multiple impair de la fréquence
fondamentale. De fait, si l’onde fondamentale est à 50Hz, il existera un premier harmo-
nique à 150Hz. Ce dernier ne sera pas d’amplitude négligeable. Si l’on désire obtenir
une tension Us (et un courant Is ) sinusoı̈dal, le filtre que l’on placera devra posséder une
fréquence de coupure entre 50Hz et 150Hz : cela laisse peu de marge de manœuvre quant
au dimensionnement d’un tel filtre.
100 100
Us Us
80 80
60 60
40 40
20 I 20
Us (V) et Is (A)
Us (V) et Is (A)
0 0
I
−20 −20 s
−40 −40
−60 −60
−80 −80
−100 −100
0 0.005 0.01 0.015 0.02 0.025 0.03 0.035 0.04 0.04 0.045 0.05 0.055 0.06 0.065 0.07 0.075 0.08
t (s) t (s)
Ici aussi, deux types de modulations sont possibles : ±Ue et +Ue 0 − Ue . Ces mo-
dulations présentent l’avantage de produire des harmoniques de fréquence élevée, car
multiples de la fréquence des créneaux de la tension Us . Si l’on choisi une telle fréquence
pour quelle soit très supérieure à la fréquence de l’onde fondamentale dans un rapport
10, ces harmoniques n’en seront que plus faciles à filtrer.
100
80
Us
60
40
Us (V) et Is (A)
20
−20 Is
−40
−60
−80
−100
sont donc nettement distincts. Les opérations de filtrage en seront facilitées comme nous
l’avons souligné précédemment.
Il existe cependant un deuxième avantage dans la conversion DC/AC multiniveau :
l’amplitude des créneaux de tension de la tension Us est moindre. En effet, l’analyse de
Fig. 1.16 montre que cette amplitude est de 23 Ue , contre Ue ou 2Ue pour les modulations
précédemment décrites. Au résultat, les amplitudes des harmoniques qui composent Us
seront également moindre. Les opérations de filtrage seront donc doublement facilitées
par rapport à la modulation à rapport cyclique constant.
Ainsi que nous le verrons ultérieurement, ce double avantage possède cependant un
prix élevé dans le nombre de composants utilisés, ainsi que dans son pilotage. Néanmoins,
ce type de convertisseur fait aujourd’hui l’objet de nombreuses études.
I e
c o n v e rtis s e u r I
U e s
U s =
A C /D C
– p = 6 : tension hexaphasée.
Nous donnons Fig. 1.18 les formes d’ondes types d’un convertisseur AC/DC mono-
phasé.
300 Us
250
200
150
50
−50
−100
−150
−200
0.96 0.965 0.97 0.975 0.98 0.985 0.99 0.995 1
t (s)
I e
c o n v e rtis s e u r I
U e s
U s
A C /A C
300
Us
200
Is
100
Us (V) et Is (A)
−100
−200
−300
0.12 0.125 0.13 0.135 0.14 0.145 0.15 0.155 0.16
t (s)
Ûs q
1
Ûs = (β − α)2 − 2(β − α) cos (β + α) sin (β − α) + sin2 (β − α) (1.26)
π
On notera toutefois qu’un tel principe de conversion induit la présence, outre de l’onde
fondamentale de Us , d’harmoniques de fréquence multiple de la fréquence de la tension
Ue .
ici que l’angle de retard à l’amorçage est variable, de sorte que la tension de sortie Us
devient alternative.
Ceci est illustré Fig. 1.21.
600
400
200
Us (V)
−200
−400
−600
0.05 0.1 0.15
t (s)
K 1
I K 1
U K 1 I K 2
U V c o m I
U K 2
K 2
Les règles que nous donnons imposent également l’état (passant ou bloqué) de chaque
interrupteur par rapport à l’autre :
– les deux interrupteurs ne peuvent être passants simultanément : sinon, la source de
tension serait court–circuitée,
– les deux interrupteurs ne peuvent être bloqués simultanément : sinon, la source de
courant serait en circuit ouvert.
Il ne résulte de cela que deux configurations possibles :
– K1 passant, K2 bloqué : phase d’échange d’énergie entre les deux sources,
– K1 bloqué, K2 passant : les deux sources sont isolées l’une de l’autre, et le cou-
rant continue de traverser la source de courant. Dans les familles de convertisseurs
DC/DC, cette phase est appelée roue libre.
CHAPITRE 1. INTRODUCTION À LA CONVERSION... 26
U K 1 U K 3
I K 1 I I K 3
U K 2 U K 4
I K 2 I K 4
Convertisseur DC/DC La structure la plus simple que l’on puisse envisager est celle
du ((hacheur dévolteur)), ou encore ((montage abaisseur)), non réversible en courant. Cette
structure ne met en jeu qu’une seule cellule de commutation. Nous la présentons Fig.
1.24
K 1
I
U
K 2
Convertisseur DC/AC Nous proposons ici une structure a priori plus complexe, celle
de l’onduleur de tension monophasé Fig. 1.25.
K 1 K 3
I
U
K 2 K 4
K 1 K 2 K 3
U 1
U 2
I
U 3
Dans chaque cellule, un seul interrupteur doit être passant. Lorsqu’un interrupteur
d’une cellule ((passe le relai)) à un autre interrupteur de cette même cellule, on permet à
la tension imposée sur I de commuter entre une sinusoı̈de de la tension composée entre
deux source et une sinusoı̈de de la tension composée de deux autres sources.
Cependant, nous démontrerons que l’imperfection des sources de tension peut amener
au non respect de la règle Reg.1.3.1 (court–circuit d’une source de tension) : il existe en
effet des conditions, extrêmement ponctuelles dans le fonctionnement d’un tel convertis-
seur, où deux interrupteurs d’une même cellule peuvent être passants en même temps.
Ceci n’est cependant qu’un cas extrêmement particulier, qui ne saurait remettre en cause
nos propos.
1.3.3.1 Définition
L’interrupteur est un élément qui possède deux états stables :
– un état passant,
– un état bloqué.
Ces deux état constituent le régime statique d’un interrupteur. Nous donnons Fig.
1.27 la représentation type d’un interrupteur parfait, pour lequel nous avons choisi une
convention récepteur, majoritairement adoptée par les électroniciens de puissance.
6. Nous reprenons dans cette section l’exposé de [2], sections 2.3 et 2.4, dont les développements
reprennent ceux de l’équipe pédagogique de l’ENSEEIHT.
CHAPITRE 1. INTRODUCTION À LA CONVERSION... 29
I k
I k
U k
U k
1.3.3.2 Classification
Caractéristique statique à deux segments On peut définir dans cette famille d’in-
terrupteurs deux types de caractéristique, dont le point commun est de représenter des
interrupteurs :
– unidirectionnels en tension,
– unidirectionnels en courant.
Nous donnons les deux caractéristiques possibles Fig. 1.28.
I k I k
U k U k
Caractéristique statique à trois segments On peut définir dans cette famille d’in-
terrupteurs deux types de caractéristique, représentées Fig. 1.29.
I k I k
U k U k
On notera que l’interrupteur Fig. 1.29(b) est défini par une caractéristique statique
qui est ((duale)) à celle qui définit l’interrupteur Fig. 1.29(a).
De plus, l’association série ou parallèle des caractéristiques Fig. 1.28(a) et Fig. 1.28(b)
conduit aux caractéristiques Fig. 1.29(a) et Fig. 1.29(b).
Nous illustrons cela Fig. 1.30 :
– caractéristiques Fig. 1.28(a) et Fig. 1.28(b) en série : l’obtention de la caractéristique
statique équivalente est donnée Fig. 1.30(a).
Par les conventions de signe adoptées pour les tensions et courant, le courant Ik de
l’interrupteur équivalent à la mise en série de K1 et K2 est identique aux courant
IK1 et IK2 lorsque tous deux sont passants.
En revanche, si K2 et K2 sont tels qu’à l’état bloqué UK1 > 0 et UK2 < 0, leur mise
en série permet d’avoir une tension globale Uk indifféremment positive ou négative
lorsque l’interrupteur équivalent est bloqué.
– caractéristiques Fig. 1.28(a) et Fig. 1.28(b) en antiparallèle : l’obtention de la ca-
ractéristique statique équivalente est donnée Fig. 1.30(b).
Le courant est toujours positif dans K1 et K2 :
• si IK1 est positif, le courant global IK sera positif,
• si IK2 est positif, le courant global IK sera négatif.
En revanche, par les conventions de signe adoptées, UK1 = −UK2 . Cela induit que
K1 et K2 étant unidirectionnels en tension, la tension globale UK ne peut être que
positive.
I k I k
I K 1 I k I k
K 1 U K 1
I K 1 K
K 2 K 1
1
U U U K 1 U
k
U
k
K 1 K 2
K 2
U
I K 2
k
I K 2
k
K 2
K 2 U K 2
U k
I k I k
U k Ik< 0 o n U k Ik> 0 U k Ik< 0 o n U k Ik> 0
U k U k
o ff o ff
Compte tenu de ces remarques, la question est de savoir quelle est la trajectoire suivie
dans le plan UK IK lorsque un interrupteur passe de l’état ON à l’état OFF.
Interrupteur Fig. 1.32(b) UK < 0 et IK > 0 : Il n’existe ici qu’une seule possibilité.
La commutation de ON vers OFF (et vice–versa) ne peut se faire qu’en longeant les axes.
En effet la traversée du quadran UK IK < 0 est impossible puisque un interrupteur ne
peut fournir de puissance.
Ces notions nous conduisent à définir deux types de commutations pour un interrup-
teur.
Définition 1.3.1 Commutation spontanée : changement d’état d’un interrupteur lié à
l’évolution des grandeurs électriques dans le circuit (annulation d’un courant ou d’une
tension).
Définition 1.3.2 Commutation commandée : changement d’état d’un interrupteur par
action sur sa commande, les conditions initiales en courant ou tension étant différentes
de zéro.
1.3.4 La commutation
Nous venons de présenter les notions de caractéristique statique d’un interrupteur,
ainsi que le comportement possible de ce dernier lors d’une commutation. Nous avons
également défini la notion de cellule de commutation, à partir de laquelle se déduit toute
structure de convertisseur.
Nous allons à présent lier ces notions, afin de dégager des règles générales de synthèse
d’un convertisseur. Ces notions seront constamment mises à contribution dans la suite
de ce cours.
U K 1 I K 2
U V c o m I
U K 2
K 2
Cette structure met en œuvre une cellule de commutation. Nous considérerons que la
source de tension est continue, unidirectionnelle en courant, et que la source de courant
est continue, unidirectionnelle en tension. Nous maintenons également les conventions de
signes définies Fig. 1.33 pour les tension et courants dans les interrupteurs.
Sachant que dans une cellule de commutation un et un seul interrupteur peut être
passant, l’autre étant bloqué, on obtient deux séquences de fonctionnement :
– Etat 1 (K1 passant, K2 bloqué) :
• K1 : voit passer un courant positif (+I),
• K2 : doit tenir une tension négative (−U ).
CHAPITRE 1. INTRODUCTION À LA CONVERSION... 34
U K 1 U K 2
U -U
On en déduit que :
– K1 pourra a priori commuter de manière spontanée ou bien commandée,
– K2 ne peut commuter que de manière spontanée.
– ce n’est qu’une fois cette première étape réalisée que le courant I commutera de
K1 vers K2 .
Cette opération de commutation est résumée Fig. 1.35.
I K 1
I K 2
I I
U K 1 U K 2
U -U
U K 1 I K 2
U V c o m I
U K 2
K 2
• lorsque dVdt
com
< 0 : on dira que la commutation est négative.
– que le courant dans la source I peut être ou bien positif, ou bien négatif.
Le cas où le courant I est positif est celui considéré précédemment. On notera que les
commutations commandées de K1 entraı̂nent les commutations spontanées de K2 , que la
commutation soit positive ou bien négative.
Si l’on pratique la même analyse lorsque I est négatif, on démontre de même que ce
sont les commutations commandées sur K2 qui induisent les commutations spontanées
de K1 , que la commutation soit positive ou bien négative.
On peut résumer ces résultats dans le tableau Tab. 1.4, issu de [2] :
Dans les deux autres cas, à chaque commutation commandée est associée une com-
mutation spontanée. Ces deux types de commutations n’appartiennent pas au même
quadrant (de par leurs conditions initiales et/ou finales). Ce type d’association d’in-
terrupteur induit donc nécessairement des interrupteurs possédant une caractéristique
statique à trois segments.
On peut dégager de ces deux commentaires que dans une cellule de commutation, tous
les interrupteurs possèdent des caractéristiques statiques comportant le même nombre de
segments.
Caractéristique
Symbole
idéale réelle
1 @ 1 @
)
1 @
7 @
7
7 @ @
En ce qui concerne le composant réel, les différences par rapport au composant ((idéal))
sont les suivantes :
– chute de tension directe : lorsque la diode est passante, on mesure une tension
comprise entre 0.7V et 1V ,
– application d’une tension inverse : il existe la circulation d’un courant inverse qui,
bien que de valeur faible, est non–nul.
– tension d’avalanche : lorsque la tension inverse appliquée dépasse une certaine limite
(toujours indiquée par le constructeur), le courant inverse augmente fortement. Il
va sans dire que ce phénomêne, bien que totalement réversible de par la physique
du semi–conducteur, peut être destructeur pour le composant puisque ce dernier
doit dissiper une puissance qui peut être élevée. En électronique de puissance, on
aura grand soin de rester au-dessus de cette tension d’avalanche.
Ceci définit les caractéristiques statiques de la diode. D’un point de vue dynamique,
il est important de connaı̂tre les phénomênes liés aux commutations de ce composant,
notamment lors de son blocage. La caractéristique statique définie précédemment permet
en effet de penser que le courant ne peut jamais être négatif dans une diode (mis à part le
faible courant inverse). D’autre part, dès que le courant d’une diode passante s’annule, la
tension inverse est censée pouvoir s’établir. Les tracés types du courant et de la tension
d’une diode se bloquant sont donnés Fig. 1.38, et montrent au contraire l’existence d’un
fort courant inverse.
Sans rentrer dans le détail de la physique du semi–conducteur, on peut toutefois
expliquer ce phénomêne en considérant la jonction P N qui constitue toute diode. Lorsque
cette dernière est passante, la jonction est saturée. Mis à part une faible chute de tension
aux bornes de la diode, une caractéritique importante est que la jonction P N va stocker
des charges. Pour que la diode se bloque, la jonction P N doit se désaturer. Tant que
cette jonction n’a pas évacuée toutes les charges stockées, la diode reste passante quand
bien même le courant traversant la diode devient négatif. On observe ainsi un courant
négatif, et une tension Ud qui reste la tension de la diode à l’état passant, et ce pendant
un temps tr (Fig. 1.38).
CHAPITRE 1. INTRODUCTION À LA CONVERSION... 39
I d
t rr
tr t ri
t
I R M
U d
t
Caractéristique
Symbole
idéale réelle
+ 1 ? 1 ?
1 ?
1 >
* 7 ? A
7 ? A 7 ? A
-
Sur chacune des caractéritiques, nous avons représenté la trajectoire qui peut être
suivie dans le plan Uce Ic lorsque le transistor bipolaire commute. Ceci, afin de rappeler
la caractéristiques même d’un commutation commandée telle que nous l’avons définie
Déf.1.3.2.
Il est important de retenir que le passage dans le plan Uce Ic n’est lié qu’aux commu-
tations. Lorsque le composant est passant, on doit se trouver au proche voisinage de l’axe
Ic . De même, lorsque le transistor est bloqué, on doit se trouver au voisinage de l’axe
Uce : en électronique de puissance, le transistor bipolaire de puissance n’est jamais utilisé
dans sa caractéritique linéaire.
Enfin, bien qu’un transistor bipolaire soit théoriquement capable de conduire en in-
verse, cette propriété est rarement exploitable (faible gain du transistor bipolaire en
inverse).
De même, l’application d’une tension émetteur en inverse peut être destructrice pour
le composant : la faible épaisseur de la couche N de la jonction base–émetteur ne permet
pas la tenue d’une tension inverse par trop importante, comparativement à l’épaisseur de
la couche N de la jonction collecteur–base.
Il convient donc d’évaluer ce que sera la valeur maximale du courant collecteur, pour
déterminer quelle valeur on devra donner à Ib afin qu’à l’état passant, le transistor soit
correctement saturé.
On doit cependant veiller à ne pas trop saturer ce transistor : dans cet état, les deux
jonctions P N du transistor et stockent des charges qu’il faudra extraire si l’on veut
bloquer promptement le transistor.
Pour éviter ce stockage de charges, il conviendra donc de se placer non pas dans des
conditions de saturation , mais dans des conditions de quasi–saturation. Cela signifie que
le courant Ib devra être déterminé de façon assurer de manière limite la relation (1.29).
Enfin, lorsque on souhaite bloquer le transistor, il ne suffit pas d’appliquer une tension
nulle sur sa base. Les charges qui sont de toute façon stockées dans les jonctions ne
s’évacueront que par recombinaison interne. Il s’agit d’un phénomêne lent. Tant que ces
charges ne sont pas évacuées, les jonctions du transistor restent saturées, ce qui entraı̂ne
un retard souvent inadmissible dans le blocage du transistor.
Il faut donc évacuer ces charges par la base, en y appliquant un potentiel négatif.
Typiquement, la commande d’un transistor bipolaire doit être telle que :
– à l’amorçage, on doit générer une pointe de courant afin de saturer les jonctions du
transistor au plus vite,
– une fois amorcé, le courant Ib doit ((suivre)) le courant Ic , au rapport h21 près, afin
de se placer en quasi–saturation plutôt qu’en saturation,
– au blocage, on doit extraire un courant de la base, afin d’accélérer la désaturation
des jonctions du transistor.
1.4.3.2 Le MOS
Présentation Le transistor MOSFET, désigné par MOS de façon abrégée, est un
élément semi–conducteur à effet de champ.
Il est composé de trois électrodes : le drain D, la source S et la grille G qui corres-
pondent respectivement au collecteur, à l’émetteur et à la base d’un transistor bipolaire.
Nous donnons Fig. 1.40 la représentation symbolique, ainsi que les caractéristiques
idéalisée et réelle de ce composant. Il s’agit ici aussi d’un composant à deux segments,
dont l’amorçage et le blocage sont commandés.
Une propriété qui peut s’avérer intéressante ou bien pénalisante (c’est selon les cas),
est que par sa structure physique, ce composant possède une diode en anti–parallèle
(Fig. 1.41). Cette diode peut supporter le même courant nominal que celui supporté par
le transistor. En revanche, cette diode possède un temps de recouvrement relativement
élevé (voir paragraphe 1.4.2).
Les grands atouts du MOS sont les suivants :
– une grande rapidité de commutation, notamment en ce qui concerne le blocage par
rapport au transistor bipolaire,
– simplicité dans la mise en œuvre de la commande : amorcer ou bloquer un MOS
consiste en la simple charge ou décharge de la capacité grille–source. C’est une
commande en tension. Nous y reviendrons dans le paragraphe suivant.
Le défaut majeur du MOS est lié à une résistance à l’état passant de valeur élevée.
Ceci est source de pertes en conduction élevées, qui augmentent avec la tenue de tension
à l’état bloqué. Le MOS est un composant dont l’utilisation est limitée à des applications
de quelques centaine de Volts, et quelques dizaines d’ampères.
CHAPITRE 1. INTRODUCTION À LA CONVERSION... 42
Caractéristique
Symbole
idéale réelle
1 @ 1 @
,
1 @
/ 7 @ I
7 @ I 7 @ I
5
/ 7 @ I
On notera l’apparition toute récente d’un nouveau type de MOS (le ((coolMOS))),
composant qui offre une résistance à l’état passant de l’ordre du milli-ohms, ce qui remet
en cause le commentaire précédent [4]...
Commande Nous ne détaillerons pas ici la commande du MOS, dans la mesure où
cette dernière se révèle plus simple de mise en œuvre que celle du transistor bipolaire.
Pour s’en persuader, il suffit de considérer le schéma Fig. 1.42 sur lequel nous avons fait
figurer les capacités existantes entre les différentes ((pattes)) du MOS.
,
+ C @
/ + @ I
+ C I
Caractéristique
Symbole
idéale réelle
+ 1 ? 1 ?
/ 7 ? A
7 C A
7 ? A 7 ? A
-
Par la définition d’un tel composant, les concepteurs ont voulu combiner les avantages
respectifs d’un transistor bipolaire et d’un MOS. La figure Fig. 1.44 montre en effet quel
est le schéma équivalent qui résulte de l’analyse de la structure interne d’un IGBT.
Par un tel composant, on bénéficie :
– de la simplicité de commande d’un MOS : a l’instar d’un MOS, le blocage ou
l’amorçage d’un IGBT consiste en la charge ou la décharge de capacités de faibles
CHAPITRE 1. INTRODUCTION À LA CONVERSION... 44
valeurs,
– de la tenue en tension du transistor bipolaire, bien adapté aux tensions de blocage
élevées (supérieures à 1000V ).
Cependant, les concepteurs du composants se sont heurtés à quelques problèmes. Si
l’on cumule les avantages de deux composants qu’on associe, on en cumule aussi les
inconvénients :
– l’étage de puissance est un transistor bipolaire : pour le rendre passant, on doit
saturer ou quasi–saturer deux jonctions P N . On va donc y stocker des charges.
– les MOS est à ((grille isolée)) : atout indéniable du point de vue de la commande,
mais qui rend a priori impossible d’extraire les charges stockées dans le transistor
bipolaire lorsqu’on veut le bloquer.
Pendant longtemps, l’utilisateur a été confronté au phénomêne de la ((queue de cou-
rant)) : alors même que le composant a reçu l’ordre de se bloquer, et que la tension Uce
a pu se rétablir, un courant continue de traverser le composant (évacuation des charges
stockées dans les jonctions P N ).
Ce problème est en partie résolu aujourd’hui, ce qui permet de réduire grandement
les pertes par commutation.
De plus, si l’on analyse la caractéristique statique ((réelle)) du composant, on dis-
tingue un seuil de ((décrochage)) de la tension Uce en état de conduction qui augmente
sensiblement la tension de saturation et les pertes en conduction par voie de conséquence.
On doit toutefois dire que cette tension de saturation tend à diminuer de façon dras-
tique ces dernières années, permettant de diminuer grandement les pertes en conduction.
Caractéristique
Symbole
idéale réelle
1 =
1 =
)
1 =
7 = ? 7 = ? 7 = ?
/
+
Le GTO peut supporter des tensions de blocage directes très élevées (quelques kV ),
pour des courant nominaux allant jusqu’à quelques centaines d’ampères.
Le GTO est vraiment dédié aux applications de forte puissance. On le rencontre
particulièrement dans les convertisseurs statiques à l’usage de la traction électrique ou
des moteurs à courant alternatif de grande puissance.
Commande La commande d’un GTO s’avère plus difficile à mettre en œuvre que celle
pour les éléments précédents (même celle du transistor).
Pour illustrer cela, nous donnons Fig. 1.47 la forme type du courant de gâchette d’un
GTO.
1 /
1 / 6
1 / 4
1.4.4.1 Le Thyristor
Présentation Le thyristor est un composant de puissance dont une seule commutation
est commandée :
– Commutation commandée : la fermeture, lorsque la tension aux bornes du compo-
sant est positive, et que le thyristor reçoit l’ordre de s’amorcer.
– Commutation spontanée : l’ouverture, lorsque le courant qui traversait le composant
s’annule.
Ces caractéristiques sont celles d’un thyristor parfait. Si l’on met en relation ces
propriétés avec celles définies dans les sections relatives aux définitions du changement
d’état d’un interrupteur (section 1.3.3.3) et de la commutation naturelle (section 1.3.4.2),
le thyristor est forcément un interrupteur à trois segments.
Il n’existe en fait pas qu’un seul type de thyristor. Il existe quatre familles, dont nous
donnons les désignations, les symboles, ainsi que les caractéristiques statiques et réelles
Fig. 1.48.
Nous proposons ici de commenter les propriétés de chacun de ces thyristors :
– Thyristor Silicon Controlled Rectifier : l’amorçage de ce composant est possible
lorsque la tension Uac est positive. A ce moment–là, le composant peut s’amorcer
si une impulsion positive est appliquée sur la gâchette. On parle d’allumage ou
d’amorçage d’un thyristor.
Le blocage du SCR est du type diode : par annulation du courant qui le traversait.
Mais cela ne suffit pas. Il faut en outre que la tension s’inverse effectivement aux
bornes du SCR dès le blocage, et ce pendant un temps tq dit de ((désamorçage)).
Il s’agit en fait d’assurer l’évacuation ou recombinaison des charges qui étaient
stockées dans les jonctions P N du composant passant. Tant que ces charges ne
sont pas évacuées, le SCR est susceptible de conduire à nouveau si la tension à ses
bornes devient positive.
Après le temps tq , le thyristor peut supporter à nouveau une tension positive sans
s’amorcer pour autant, tant qu’on ne lui en donnera pas l’ordre.
Il est bien évident que le blocage spontané est lié au bon vouloir de l’évolution du
courant qui traverse le thyristor :
• en régime de commutation naturelle : ce courant va s’annuler de lui–même par
l’amorçage commandé d’un autre interrupteur de la cellule de commutation.
• si le courant ne s’annule pas naturellement, il faudra le forcer, par l’ajout de
circuits permettant de réaliser artificiellement l’annulation du courant dans le
thyristor que l’on souhaite bloquer. C’est la commutation forcée.
CHAPITRE 1. INTRODUCTION À LA CONVERSION... 48
Caractéristique
Désignation Symbole
idéale réelle
1 1
) = =
1 =
7 = ?
/ 7 = ? 7 = ?
Thyristor Silicon +
Controlled Rectifier
(SCR)
1 1
) = =
1 =
7 = ?
/ 7 = ? 7 = ?
Thyristor Asymetrical +
SCR (ASCR)
1 =
1 =
)
7 7 = ?
1 =
= ?
7 = ?
/
Reverse Conducting +
Thyristor (RCT)
1 =
1 =
)
7 = ?
7 = ?
1 =
7 = ?
Triac +
Parmi les précautions dont on doit s’entourer dans la mise en œuvre d’un thyristor,
on peut citer :
• amorçage spontané du thyristor lorsque la croissance de la tension à ses bornes
est trop rapide (cela fait partie des données constructeur),
• risque de destruction du SCR si le courant croit trop vite à l’amorçage. Il faut
donc limiter cette croissance par une inductance en série avec le thyristor.
Nous verrons cela lors de l’étude des ((snubbers)).
On devra de plus retenir qu’à l’état passant, la chute de tension du thyristor est de
1V à 2V (supérieure à celle d’une diode).
– Asymetrical Silicon Controlled Rectifier (ASCR) : d’un point de vue structure phy-
sique du composant, on peut, par l’ajout d’une couche fortement dopée augmenter
fortement la tenue en tension directe. Le prix à payer pour cela est une non moins
forte dégradation de la tenue en tension inverse.
CHAPITRE 1. INTRODUCTION À LA CONVERSION... 49
Caractéristique
Symbole
idéale
1 =
7 = ?
)
1 =
7 = ?
/
>
+
Nous n’avons pas fait figurer la caractéritique statique réelle de ce composant, pour la
simple et bonne raison qu’il n’existe pas en temps que tel, au même titre qu’un thyristor.
Pour réaliser un thyristor, on dope suivant plusieurs procédés un matériau semi–
conducteur afin de faire se succéder des couches N et P . La superposition de ces couches
permet d’obtenir le thyristor tel que nous l’avons décrit.
Pour le thyristor dual, aucun agencement de couches N et P ne permet de réaliser le
composant décrit Fig. 1.49, commandable à la fermeture. C’est donc un composant qu’il
synthétiser à partir d’éléments électroniques pour obtenir la fonction décrite.
Ainsi, le thyristor dual n’existe pas ( au même titre qu’un thyristor, ou un bipolaire,
etc..), mais on peut le créer, ainsi que nous allons le développer succinctement.
Synthèse LA première étape nous est familière à présent. On doit synthétiser la ca-
ractéristique statique du thyristor dual à partir des composants définis jusqu’à présent.
Excluons d’emblée le recours à un thyristor, qui se saurait être commandé à la fer-
meture.
Restent la diode, ainsi que le transistor bipolaire, le MOS, l’IGBT et le GTO.
L’idée est de prendre un transistor (on choisira en fonction de calibres en tension et
courant, l’un ou l’autre des transistors), auquel on associe une diode en anti–parallèle.
C’est ce qui est représenté Fig. 1.50, ou l’on a associé un IGBT et une diode.
CHAPITRE 1. INTRODUCTION À LA CONVERSION... 51
K 1
I K 1
U K 1 I K 2
U V c o m I
U K 2
K 2
Ainsi, chaque commutation engendre, dans le composant actif, une puissance dissipée
non nulle. Le composant voit donc sa température augmenter. Ceci est fonction :
– de la valeur de U et I,
– de la fréquence de commutation : plus celle-ci est élevée, plus le cycle défini Fig.
1.52 se reproduit, augmentant la puissance moyenne que doit dissiper K1 .
Ce dernier point est fort pénalisant : si l’on ne modifie pas le cycle défini Fig. 1.52, le
seul moyen de réduire la puissance moyenne dissipée par K1 est de limiter la fréquence
de commutation. La conséquence est double :
– le convertisseur sera bruyant (ce qui est le cas de tout convertisseur statique fonc-
tionnant à une fréquence de commutation inférieure à 20kHz,
– le convertisseur sera volumineux et lourd, à cause de la présence d’éventuels cir-
cuits magnétiques, dont le volume est inversement proportionnel à la fréquence de
fonctionnement.
On ne peut donc utiliser un composant actif tel que K1 isolément. On doit lui ad-
joindre des circuits permettant de modifier le cycle Fig. 1.52 afin de réduire les pertes par
commutation. De tels circuits sont appelés SNUBBER, ou encore CALC (pour Circuits
d’Aide à La Commutation). Un exemple est présenté Fig. 1.52.
I K 1 (1 ) I K 1 (1 )
D c 1 I I
L c R c 1
C c
(2 ) (2 )
V K 1 V K 1
K 1
D c 2 R c 2
U U
B lo c a g e A m o rç a g e
1.4.5.2 Amorçage
Sans CALC, le schéma proposé Fig. 1.52 (amorçage, trajet (1)) a déjà été expliqué.
On notera cependant deux étapes :
– Le courant s’établit en premier lieu,
– Une fois le courant établi, la tension aux bornes de K1 s’effondre.
L’idée consiste à retarder l’établissement du courant, en ne le laissant croı̂tre que
lorsque la tension aux bornes de K1 se sera effondrée.
CHAPITRE 1. INTRODUCTION À LA CONVERSION... 53
On pourra avoir recours au caractère inertie de courant d’une inductance, que l’on
placera en série avec K1 . A l’amorçage, l’inductance Lc (Fig. 1.52) limite le dIdtK1 , et
permet d’obtenir un cycle de commutation tel que représenté Fig. 1.52 (amorçage, trajet
(2)).
Au résultat, les pertes par commutations à l’amorçage sont diminuées, ce qui permet
d’envisager une fréquence de commutation plus élevée.
Le CALC à l’amorçage serait cependant incomplet si l’on ne place pas en anti–parallèle
sur Lc le circuit Rc1 Dc1 . En effet, lors du blocage, le courant traversant K1 , et donc Lc
serait brutalement interrompu. En digne source de courant, Lc induirait une surtension
stressante pour K1 . Il faut donc dissiper l’énergie stockée dans Lc (sous la forme 21 Lc IK1 2 ) :
c’est le rôle de Rc1 . Mais comme on doit absolument éviter que le courant IK1 puisse
traverser Rc1 , on place la diode Dc1 qui ne permet la mise en œuvre de Rc1 qu’en phase
de blocage de K1 . On minimise ainsi la puissance dissipée dans cette résistance de CALC.
1.4.5.3 Blocage
Sans CALC, le schéma proposé Fig. 1.52 (blocage, trajet (1)) a déjà été expliqué. On
notera cependant deux étapes :
– La tension s’établit en premier lieu,
– Une fois la tension établie, le courant dans K1 s’effondre.
L’idée consiste à retarder la croissance de la tension, en ne la laissant croı̂tre que
lorsque le courant dans K1 se sera effondré.
A l’issue des explications précédemment données, on pourra avoir recours au caractère
inertie de tension d’un condensateur, que l’on placera en parallèle sur K1 . Au blocage, le
condensateur Cc (Fig. 1.52) limite le dUdtK1 , et permet d’obtenir un cycle de commutation
tel que représenté Fig. 1.52 (blocage, trajet (2)).
Au résultat, les pertes par commutations au blocage sont diminuées, ce qui permet
d’envisager une fréquence de commutation plus élevée.
Le CALC au blocage serait cependant incomplet si l’on ne place pas en série avec
Cc le circuit Rc2 Dc2 parallèle. En effet, lors de l’amorçage, la tension aux bornes de K1
(donc aux bornes de Cc ) s’effondre brutalement. En digne source de tension, Cc induirait
une surintensité stressante pour K1 . Il faut donc dissiper l’énergie stockée dans Cc (sous
la forme 21 Cc UK1 2 ) : c’est le rôle de Rc2 . La diode Dc2 permet quant à elle :
– de forcer la décharge de Cc dans Rc2 . Ainsi l’énergie stockée 21 Cc UK1 2 n’est pas
dissipée dans K1 à l’amorçage, mais bien dans Rc2 ,
– de permettre la charge directe de Cc lors du blocage de K1 , permettant à ce premier
de jouer pleinement son rôle de CALC.
On remarquera que le CALC de blocage est dual au CALC d’amorçage.
Remarque importante Les deux CALC que nous avons définis pour l’interrupteur
K1 (Fig. 1.52) fonctionnent l’un pour l’amorçage, l’autre pour le blocage.
Il est bien évident que la mise en œuvre de ces deux CALC simultannément n’est
impérative que si l’interrupteur possède une caractéristique statique telle que celle définie
pour K1 (Fig. 1.35), qui définit un interrupteur commandé à l’amorçage et au blocage.
Dans le cas d’une diode, dont les commutations longent les axes (Uk ,Ik ) (commuta-
tions spontannées), aucun CALC n’est utile.
CHAPITRE 1. INTRODUCTION À LA CONVERSION... 54
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