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É C O L E P O L Y T E C H N IQ U E

F É D É R A L E D E L A U S A N N E

Cours d’électronique de puissance

Professeur A. Rufer
P. Barrade
Table des matières

1 Introduction à la conversion... 2
1.1 Introduction à l’électronique de puissance . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
1.2 Convertisseurs statiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
1.2.1 Les sources . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
1.2.2 Notion de commutation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
1.2.3 Les grandes familles de l’électronique de puissance . . . . . . . . . 15
1.3 Structure d’un convertisseur et interrupteurs . . . . . . . . . . . . . . . . 24
1.3.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
1.3.2 La cellule de commutation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25
1.3.3 Caractéristique statique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28
1.3.4 La commutation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33
1.4 Eléments semi–conducteurs de puissance . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37
1.4.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37
1.4.2 Elément non commandable . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37
1.4.3 Eléments entièrement commandables . . . . . . . . . . . . . . . . 39
1.4.4 Eléments ”semi–commandables” . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47
1.4.5 Protection des éléments semi–conducteurs de puissance . . . . . . 51

1
Chapitre 1

Introduction à la conversion
d’énergie électrique

2
CHAPITRE 1. INTRODUCTION À LA CONVERSION... 3

1.1 Introduction à l’électronique de puissance


Les récents développements de l’électronique ont permis, et permettent encore des
progrès fondamentaux et techniques considérables 1 .
Le terme électronique est un terme générique puisque l’électronique, par la diversité
de ses applications, regroupe en fait plusieurs domaines. Dans chacun de ces domaines,
les techniques mises en œuvre sont radicalement différentes, parce que la problématique
est différente.
Cependant, si l’on en croit le ((Petit Larousse Illustré )) :
électronique : nom féminin
Partie de la physique et de la technique qui étudie et utilise les varia-
tions de grandeurs électriques (champs électromagnétiques, charges
électriques, etc.) pour capter, transmettre et exploiter de l’informa-
tion.
Cette définition semble réduire l’électronique à sa seule mission de traitement de
l’information. L’analyse du schéma proposé Fig. 1.1 montre au contraire que l’on peut
confier à l’électronique un second type de mission, fondamentale.

2 2 0 V / 5 0 H z

1 5 V
A C
1 2 V 2 0 V + R é g u la tio n C o m m a n d e
- D C

C o n v e rtis s e u r
C o n s ig n e
M e su re

E le c tro n iq u e d e ré g la g e e t d e c o m m a n d e E le c tro n iq u e d e p u is s a n c e

Fig. 1.1 – Exemple d’un chargeur de batterie

Le système que nous avons représenté est un chargeur de batteries qui, à partir d’un
réseau monophasé 220Vef f /50Hz doit permettre la recharge de batteries sous trois ten-
sions possibles : 12V , 15V , ou 20V .
Le fonctionnement d’un tel système est simple dans son principe :
– L’utilisateur sélectionne la tension de recharge de la batterie (12V , 15V , ou 20V ).
Cette information est convertie en grandeur électrique : c’est la consigne.
– La tension aux bornes de la batterie est mesurée. L’organe de mesure met en forme
cette information, afin de pouvoir la comparer avec la consigne.
1. Cette introduction reprend dans son fond mais non dans sa forme l’exposé de [1], section 1.1,
chapitre 1, intitulé Conception des systèmes de l’électronique de puissance
CHAPITRE 1. INTRODUCTION À LA CONVERSION... 4

– De la comparaison de la consigne avec le signal mesuré, on déduit l’erreur qui sera


injectée dans la régulation du système. Cet organe a pour but paradoxal d’amplifier
l’erreur pour en permettre l’annulation.
– L’information relative à l’erreur amplifiée est transmise à l’organe de commande.
Celui–ci va alors générer les ordres nécessaires au convertisseur.
– Le convertisseur, suivant les ordres reçus, assure la charge de la batterie à partir
du 220Vef f /50Hz, et suivant la consigne fixée.
On s’aperçoit ainsi que dans un tel système, il n’est pas question que d’information.
Il est également question d’énergie :
– Information : A partir de la consigne, le système traite un ensemble d’informations
pour régler une grandeur (tension aux bornes de la batterie).
– Energie : grâce à un convertisseur, on assure un échange d’énergie du réseau vers
la batterie.
Si une partie des éléments de ce chargeur correspond à la définition du ((Petit Larousse
Illustré)) (les éléments traitant l’information), on s’aperçoit que l’élément traitant l’énergie
(le Convertisseur) semble ignoré.
Nous proposons donc de modifier cette définition, afin de la rendre plus générale :
électronique : nom féminin
Partie de la physique et de la technique qui étudie et utilise les varia-
tions de grandeurs électriques (champs électromagnétiques, charges
électriques, etc.).
A partir de cette définition, on peut alors présenter deux grands champs d’applica-
tions :
– l’électronique traitement du signal. Pour ce type d’application, mettre en œuvre des
outils de traitement électroniques, c’est traiter de l’information.
– l’électronique de puissance. Pour ce type d’application, mettre en œuvre des outils
de traitement électroniques, c’est traiter de l’énergie.
Dans l’exemple proposé, ces deux familles d’applications coexistent, comme dans tout
système automatique auquel le système Fig. 1.1 appartient.

Afin de raisonner plus généralement, nous donnons Fig. 1.2 le schéma type d’un
système automatique.
Nous avons clairement identifié sur ce schéma les sous–systèmes appartenant à la
branche de l’électronique de traitement de l’information (Electronique de réglage et de
commande), ainsi qu’à la branche de l’électronique de puissance.
Ainsi, on doit bien distinguer :
– la fluence des signaux : sur le schéma Fig. 1.2, cette fluence est de la gauche vers la
droite, de la grandeur de consigne w vers la grandeur à régler y. Le traitement des
signaux se fait ainsi par l’électronique de réglage et de commande.
– la fluence d’énergie : représentée par une large flèche grisée, est orientée du réseau
d’énergie électrique vers le système à régler, au travers de l’étage amplificateur.
Cette fluence est assurée par l’électronique de puissance.
Outre cette différence notable entre ces deux branches de l’électronique, on peut
également les distinguer par les puissances que chacune d’elle met en jeu, ainsi qu’il est
représenté Fig. 1.3.
CHAPITRE 1. INTRODUCTION À LA CONVERSION... 5

R é s e a u d 'é n e r g i e
é le c triq u e
G ra n d e u r d e G ra n d e u r à
S ig n a l d e c o m m a n d e
c o m m a n d e ré g le r
+ u cm u y
_
O rg a n e d e R é g u la te u r E ta g e
c o n s ig n e p ré a m p lific a te u r E ta g e S y s tè m e à
a m p lific a te u r ré g le r
O rg a n e d e c o m m a n d e
y M

O rg a n e d e m e su re
E le c tro n iq u e d e ré g la g e e t d e c o m m a n d e E le c tro n iq u e P ro c e ssu s
d e p u is s a n c e

Fig. 1.2 – Représentation schématique d’un système automatique

E le c tro n iq u e d e
p u is s a n c e
m W m W W k W M W G W

E le c tro n iq u e d e
ré g la g e e t d e c o m m a n d e

Fig. 1.3 – Comparaison des puissances mises en jeu

L’électronique de puissance s’étend de quelques centaines de W jusqu’à des GW . En


revanche, l’électronique de réglage et de commande fait intervenir des puissances allant
de quelques µW jusqu’à quelques centaines de W .

L’objet de ce cours est de présenter cette branche particulière de l’électronique qu’est


l’électronique de puissance, dont les applications sont plus nombreuses qu’il n’y paraı̂t
au premier abord (quoi que puisse en penser le ((Petit Larousse Illustré))) :
– Applications domestiques :
• le gradateur : permet d’ajuster l’intensité lumineuse de nos lampes halogènes,
• les alimentations à découpage contenues dans nos téléviseurs, ordinateurs, et
chaı̂nes Hi–Fi,
• Les chargeurs de batteries,
• Les dispositifs permettant de faire varier les vitesses de rotation de nos ma-
chines à laver le linge, de nos aspirateurs, et de nos perceuses, etc...
– Dans les transports :
• Allumage électronique des voitures,
CHAPITRE 1. INTRODUCTION À LA CONVERSION... 6

• Voiture hybride et voiture tout électrique,


• Alimentation des moteurs des motrices ferroviaires, métros et tramway.
– Dans l’industrie :
• Alimentation des moteurs pour variation de vitesse (laminoirs, etc...),
• Alimentations sans interruption pour applications Telecom, informatique et
pétrolière ...
• Alimentations pour fours à arc,
• Alimentations pour lasers, radars, etc...
Cette liste est loin d’être exhaustive, mais permet de se représenter la multiplicité des
applications de l’électronique de puissance.

Dans cette première partie de cours, relative à l’introduction à la conversion d’énergie


électrique, nous allons nous attacher à présenter de façon méthodique :
– Les convertisseurs statiques, qui sont les montages de l’électronique de puissance.
Nous définirons la notion de source, la notion de commutation. Nous présenterons
les grandes familles des montages de l’électronique de puissance, pour conclure sur
un tour d’horizon des différents convertisseurs statiques existants.
– Nous définirons la cellule de commutation, brique de base de tout convertisseur.
– Les principes de base étant posés, nous compléterons cette section en présentant
les divers composants de l’électronique de puissance, et en particulier les éléments
semiconducteurs.

1.2 Convertisseurs statiques


1.2.1 Les sources
La notion de fluence d’énergie a été définie au travers de l’exemple de la charge de
batteries à partir d’un réseau d’énergie 220Vef f /50Hz.
Ces deux éléments constituent des sources électriques étant entendu qu’elles sont à
même de fournir et/ou d’absorber de l’énergie électrique. Dans ce sens, un convertisseur
statique est une interface entre deux sources. Il permet de contrôler l’échange d’énergie
entre ces sources selon des critères qui dépendent, entre autre, de la nature des sources.
Nous verrons en effet ultérieurement que la nature des sources induit la structure du
convertisseur, ainsi que la nature des composants utilisés.

1.2.1.1 Définition
Cette importance nous conduit à préciser la notion de source 2 .

Définition 1.2.1 On appelle source tout élément capable d’imposer une tension ou un
courant, quel que soit, respectivement, le courant qu’il le traverse, ou la tension qu’on lui
applique.
2. Ce développement reprend dans son fond mais non dans sa forme l’exposé de [2], section 2.1, page
6
CHAPITRE 1. INTRODUCTION À LA CONVERSION... 7

Définition 1.2.2 Le terme source est employé indifféremment pour les générateurs ainsi
que pour les récepteurs.

On distingue ainsi deux types de sources :

– source de tension, qui impose une tension quel que soit le courant qui la traverse,
– source de courant, qui impose un courant quelle que soit la tension à ses bornes.

Dans chacun de ces types de sources, on distinguera :

– source continue : source qui impose une tension ou un courant, dont la valeur, ainsi
que la polarité ou le sens de circulation restent constants,
– source alternative : source qui impose une tension ou un courant, dont la valeur,
ainsi que la polarité ou le sens de circulation fluctuent périodiquement.

On distinguera également :

– source unidirectionnelle : source de tension ou de courant interdisant l’inversion,


respectivement, du courant qui la traverse, ou de la tension à ses bornes,
– source bidirectionnelle : source de tension ou de courant autorisant l’inversion, res-
pectivement, du courant qui la traverse, ou de la tension à ses bornes.

L’ensemble de ces définitions conduit au tableau Tab. 1.1 , dans lequel on a rencensé
les huit divers types de sources existantes.

unidirectionnelle
continue
bidirectionnelle
Tension
unidirectionnelle
alternative
bidirectionnelle
Source
unidirectionnelle
continue
bidirectionnelle
courant
unidirectionnelle
alternative
bidirectionnelle

Tab. 1.1 – Huit types de sources

La définition des sources alternatives conduit à préciser la définition des sources. En


effet, ces sources voient la grandeur électrique qu’elles imposent fluctuer dans le temps.
Mais, si celle–ci fluctue, elle ne peut subir de discontinuité. Cette remarque nous amène
à ((affiner)) la Déf.1.2.1 :

– Source de tension : source, alternative ou continue, unidirectionnelle ou bidirection-


nelle, dont la tension qu’elle impose ne peut subir de discontinuité, quel que soit le
gradient de courant qui la traverse.
– Source de courant : source, alternative ou continue, unidirectionnelle ou bidirection-
nelle, dont le courant qu’elle impose ne peut subir de discontinuité, quel que soit le
gradient de tension qu’on lui applique.
CHAPITRE 1. INTRODUCTION À LA CONVERSION... 8

Lorsqu’on parle de source, on pense d’emblée à un réseau d’énergie, à des batteries,


ou bien des piles. Pourtant, la remarque précédente conduit à considérer des éléments
passifs tels que les inductances et les condensateurs sous un nouveau jour : comme des
sources, respectivement de courant et de tension.
Ceci est propre à l’électronique de puissance, et nous devons le justifier.

1.2.1.2 Les condensateurs


Soit le condensateur représenté Fig. 1.4.

1 ?

+ 7 ?

Fig. 1.4 – Condensateur

Nous rappelons que la relation courant tension de ce dipôle, caractérisé par sa capacité
C, est :
dUc
Ic = C (1.1)
dt
De plus, une notion très importante est liée à l’énergie Ec stockée dans un condensa-
teur :
1
Ec = CUc 2 (1.2)
2
La relation (1.1), fondamentale, exprime l’impossibilité de créer une discontinuité de
tension aux bornes de tout condensateur : en cas, par exemple, de court–circuit franc aux
bornes d’un condensateur chargé, ce dernier serait traversé par un courant théoriquement
infini.
Tout condensateur représente ainsi une inertie de tension (impossibilité physique de
brusque variation de la tension à ses bornes) : c’est la définition même d’une source de
tension.

1.2.1.3 Les inductances


Soit l’inductance représentée Fig. 1.5.

I L L

U L

Fig. 1.5 – Inductance


CHAPITRE 1. INTRODUCTION À LA CONVERSION... 9

Nous rappelons que la relation courant tension de ce dipôle, caractérisé par son in-
ductance L, est :
dIL
UL = L (1.3)
dt
De plus, une notion très importante est liée à l’énergie El stockée dans une inductance :
1
LIL 2
El = (1.4)
2
On notera que l’inductance est duale au condensateur.
Comme ce dernier, la relation (1.3) exprime l’impossibilité de créer une discontinuité
de courant dans une inductance : en cas, par exemple, d’interruption brusque du courant
traversant une inductance, cette dernière verrait une tension théoriquement infinie à ses
bornes.
A titre d’illustration, nous avons tous un jour débranché un aspirateur sans actionner
au préalable l’interrupteur de mise hors tension : il apparaı̂t alors un arc électrique lié à
une surtension inductive entre la prise murale et celle de l’aspirateur. C’est l’illustration
même de la nature inductive du moteur électrique de l’aspirateur en particulier... et de
tout moteur électrique en général.
Toute inductance représente ainsi une inertie de courant (impossibilité physique de
brusque variation du courant la traversant) : c’est la définition même d’une source de
courant.

1.2.1.4 Modification de la nature d’une source


Parce qu’un condensateur ou une inductance correspondent respectivement à une
source de tension et une source de courant, on peut se servir de ces composants pour
modifier la nature d’une source, ainsi que cela est représenté sur l’exemple de la figure
Fig. 1.6.

U e C

S o u rc e
d e te n s io n
S o u rc e
d e c o u ra n t
S o u rc e
d e te n s io n

Fig. 1.6 – Modification de la nature d’une source

On dispose d’une source de tension Ue . En plaçant une inductance L en série, l’en-


semble Ue L devient une source de courant.
Si l’on place en parallèle sur l’ensemble un condensateur C, alors l’ensemble Ue LC
devient une source de tension.
La propriété d’une inductance ou d’un condensateur de pouvoir changer la nature
d’une source est couramment utilisée, quand bien même cela n’est pas explicité. Le recours
à ces propriétés est en effet souvent tacite.
CHAPITRE 1. INTRODUCTION À LA CONVERSION... 10

1.2.2 Notion de commutation


On doit à présent déterminer la façon dont un convertisseur statique peut assurer son
rôle d’interface entre deux sources. Pour cela, on peut considérer un convertisseur chargé
d’assurer la fluence d’énergie entre :
– une source de tension continue Ue = 40V ,
– une source (dont nous ne préciserons pas la nature) continue qui, alimentée sous
une tension Us = 5V , absorbe un courant Is = 4A.
Deux solutions se présentent d’emblée quant à la réalisation du convertisseur. Ceci
est représenté Fig. 1.7.

I e I s

U = 5 V U s
e
4 A

Fig. 1.7(a) Convertisseur continu–continu

I e I s I e U T 1 I s

R 1 I T 1
5 V U T 5 V U
U e = R 2
4 A s U e = 4 A s

Fig. 1.7(b) Pont résistif Fig. 1.7(c) Transistor

Fig. 1.7 – Convertisseurs potentiellement réalisables !

1.2.2.1 Pont diviseur résistif


Puisqu’il s’agit en fin de compte de définir un convertisseur permettant d’obtenir une
tension de 5V à partir d’une tension de 40V , l’usage possible d’un pont diviseur semble
la solution la plus simple de mise en œuvre (Fig. 1.7(b)).
Cependant, on ne doit pas oublier que toute résistance dissipe de la puissance. On
doit évaluer sa valeur, afin de juger du rendement d’un tel convertisseur.
On peut modéliser la source 5V , absorbant un courant de 4A par une résistance Rs
de valeur 1.25Ω.
Dans ce cas, le lien entre Us , Ue en fonction de R1 , R2 et Rs est aisé à obtenir :

Us Rs //R2
= (1.5)
Ue R1 + Rs //R2
En remplaçant Us , Ue et Rs par leurs valeurs respectives, on obtient la relation donnant
la valeur de R2 en fonction de R1 , afin de vérifier Ue = 40V , Us = 5V et Is = 4A :
CHAPITRE 1. INTRODUCTION À LA CONVERSION... 11

1.25R1
R2 = Avec 0Ω < R1 < 8.75Ω (1.6)
8.75 − R1
De cette relation, on peut définir les expressions des puissances PR1 et PR2 dissipées
respectivement par R1 et R2 :

(Ue − Us )2



 PR 1 =
R1



(1.7)
8.75 − R1


= Us 2

 PR 2


1.25R1
On définit Ps = Us Is la puissance absorbée par la source (Us ,Is ). Le rendement η du
convertisseur peut alors être défini par la relation :
Ps
η = (1.8)
Ps + PR 1 + P R 2
Dans le domaine des valeurs de R1 et R2 , nous donnons Fig. 1.8 les tracés de :
– la relation (1.6), qui permet de déterminer les valeurs que l’on doit donner à R1 et
R2 pour obtenir, à partir de Ue = 40V , les grandeurs souhaitées en sortie (Us = 5V
et Is = 4A).
– des courbes d’iso–rendement.

η=2% η=12%
2
10

η=10%

η=8%
1
10
R2 (Ω)

η=6%

η=4%
0
10

R2=f(R1)
−1
10
1 2 3 4 5 6 7 8
R1 (Ω)

Fig. 1.8 – Courbes d’iso–rendement

Il s’avère que quel que soit le couple de valeurs retenu pour R1 et R2 , le rendement du
convertisseur restera toujours extrêmement faible, et ne pourra dépasser les 15%. Cela
signifie que si la source Us absorbe 20W , la source Ue doit en fournir 133W ...!...
Ce point est fort pénalisant pour qui a la prétention de traiter de l’énergie.
Le deuxième point qui milite en défaveur des résistances, est que ces composants sont
de valeurs fixes. Elles n’offrent donc aucun pouvoir de contrôle de la tension délivrée par
le convertisseur : une fois leurs valeurs fixées, il n’est aucun moyen d’agir si l’on souhaite
alimenter la source Us sous 10V .
CHAPITRE 1. INTRODUCTION À LA CONVERSION... 12

Les résistances, qui par principe dissipent de la puissance, ne peuvent donc pas être
utilisées comme composant de base en électronique de puissance. Il faut chercher ainsi
une autre solution qui permette :
– de garantir un rendement élevé,
– de permettre un ((pilotage)) du convertisseur.

1.2.2.2 Utilisation d’un composant actif dans sa caractéristique linéaire


Face à la nécessité de contrôle de la fluence d’énergie par le biais d’un convertisseur
statique, on peut alors envisager de placer un composant actif, de type transistor, comme
nous l’avons représenté Fig. 1.7(c).
Utilisé dans sa caractéristique linéaire, ce transistor doit supporter l’écart de tension
entre la source Ue et la source Us .
Comme précédemment, pour les mêmes valeurs de Ue , Us et Is , nous devons évaluer
le rendement d’un tel convertisseur.
Soit Ps la puissance absorbée par la source (Us ,Is ) :

Ps = Us Is = 20W (1.9)
Soit PT la puissance dissipée par le transistor T :

PT = UT IT = (Ue − Us ) Is = 140W (1.10)


Le rendement de ce convertisseur vaut donc :
Ps
η = = 12.5% (1.11)
PT + Ps
On pourrait difficilement considérer ce rendement performant. Celui–ci est du même
ordre de grandeur que celui offert par des résistances.
Il serait en outre difficile de trouver un transistor capable de dissiper une telle puis-
sance (140W ). Cette solution rend donc difficile la mise en œuvre de convertisseurs sta-
tiques pour des applications de petite puissance. Elle interdit en tout cas une telle mise
en œuvre pour des applications de moyenne et forte puissance.

1.2.2.3 La commutation
Force est de rechercher une solution différente. Ceci doit se faire cependant en tenant
compte des solutions sus–citées.
S’il est préférable d’oublier complètement le recour à des résistances, la solution met-
tant en œuvre un transistor peut être un point de départ (Fig. 1.7(c)).
Le piètre rendement du transistor, utilisé dans sa caractéristique linéaire, est lié à
deux facteurs. Celui–ci doit en effet supporter :

– le courant absorbé par la charge (IT = Is ),


– l’écart de tension entre les deux sources (UT = Ue − Us ).

Au résultat, le transistor doit dissiper une puissance PT :

PT = UT IT = (Ue − Us ) Is 6= 0 (1.12)
CHAPITRE 1. INTRODUCTION À LA CONVERSION... 13

Dès lors que Ue , Us et Is sont imposés par les sources, la puissance que doit dissiper
le transistor est ainsi fixée. On ne la maı̂trise pas, du moins tant que l’on utilisera le
transistor dans sa partie linéaire. Le seul moyen d’annuler, ou de réduire la valeur de PT
consiste par conséquent à commander le transistor afin que UT et IT ne soient jamais
non nuls simultannément. On devra avoir :
– UT = 0 si IT 6= 0. Dans ce cas : PT = 0IT = 0Is = 0W
– IT = 0 si UT 6= 0. Dans ce cas : PT = UT O = (Ue − Us ) 0 = 0W
Il s’agit donc d’utiliser le transistor non pas dans sa caractéristique linéaire, mais en
tant qu’interrupteur. Ce composant ne connaı̂tra ainsi que deux états :
– état passant : UT = 0 si IT 6= 0,
– état bloqué : IT = 0 si UT 6= 0.
Comme il s’agit d’utiliser le transistor en ((bloqué/saturé)), cela permet différents
modes de connexions des sources entre elles (Fig. 1.9). On peut :
– relier les sources directement (Fig. 1.9(a)): il n’y aura théoriquement pas de pertes
dans le convertisseur pendant cette phase–là (UT = 0),
– relier les sources directement, mais suivant des polarités opposées au cas précédent
(UT = 0) (Fig. 1.9(b)).
On doit préciser que pour l’exemple traité (Fig. 1.7(c)), cette configuration n’est
pas possible.
– isoler complètement, d’un point de vue électrique, les deux sources (IT = 0) (Fig.
1.9(a)).

I e
U T I s I e I s I e
U T I s

I T I T I T
U = 5 V U s U = 5 V U s U = 5 V U s
e
4 A e
4 A e
4 A

Fig. 1.9(a) Fig. 1.9(b) Fig. 1.9(c)


Liaison directe Liaison directe inversée Isolation

Fig. 1.9 – Possibilité de connexion des sources


Pour réaliser l’opération de mise en forme et de gestion du transit de l’énergie entre
les deux sources, on fera se succéder de façon cyclique au moins deux des phases décrites
ci–dessus : c’est la notion de commutation.

Définition 1.2.3 La commutation consiste, par l’utilisation de composants actifs utilisés


en tant qu’interrupteurs, en une succession de phases de liaison directe et de phases
d’isolation des sources entre lesquelles on souhaite assurer une fluence d’énergie.

On peut également dégager des exemples développés ci–dessus la règle d’or suivante :

Règle 1.2.1 Le rendement d’un convertisseur statique est une des préoccupation majeure
de l’électronicien de puissance, qui induit l’utilisation de composants actifs non dans leur
partie linéaire, mais en mode ((bloqué/saturé)).
CHAPITRE 1. INTRODUCTION À LA CONVERSION... 14

1.2.2.4 Illustration de la commutation


Si l’on reprend l’exemple défini (Fig. 1.7(a)), et que l’on est capable de définir un
convertisseur statique permettant d’obtenir les connexions définies Fig. 1.9(a) et Fig.
1.9(b), on obtient les formes d’ondes données Fig. 1.10.

50

40

30
U (V)

20
e

10

1 1.05 1.1 1.15 1.2 1.25 1.3 1.35 1.4


t (s) −3
x 10

50
Us
40
Us et <Us> (V)

30

20

10 <U >
s

1 1.05 1.1 1.15 1.2 1.25 1.3 1.35 1.4


t (s) −3
x 10

Fig. 1.10 – Illustration de la commutation

Nous avons fait se succéder les phases Fig. 1.9(a) et Fig. 1.9(b) à une fréquence de
2kHz, en considérant les transistors utilisés pour cela comme parfaits. Les tension aux
bornes des transistors, ainsi que les courants qui les traversent ne sont jamais non nuls
simultannément. Ainsi, avec des composants ((parfaits)), les pertes dans le convertisseur
sont nulles. Le rendement du convertisseur est unitaire.
La tension Us est constituée de créneaux de valeurs +Ue et −Ue , et semble ne pas
répondre à l’impératif d’alimenter la source de sortie sous 5V continu. Cependant, nous
allons calculer la valeur moyenne de Us .
On définit D le rapport cyclique, rapport entre la durée pendant laquelle Us = +Ue
et la période de commutation T .
td
Avec 0 < D < 1 D = (1.13)
T
Soit < Us > la valeur moyenne de Us :
1 Z DT 1Z T
< Us > = Ue dt + −Ue dt (1.14)
T 0 T DT
D’où il vient :

< Us > = Ue (2D − 1) (1.15)


Il est capital de remarquer que :
CHAPITRE 1. INTRODUCTION À LA CONVERSION... 15

0 <D< 1 =⇒ −Ue < < Us > < +Ue (1.16)


Par les commutations au sein du convertisseur, on est en mesure de faire varier le
rapport cyclique D de 0 à 1. On peut donc faire varier la valeur moyenne de Us de −40V
à 40V .
Ainsi, si l’on souhaite obtenir < Us >= 5V , sachant que Ue = 40V , il faudra régler
D = 56.25%.
Cependant, on peut légitimement s’inquiéter de l’allure de la tension instantanée
imposée aux bornes de la source (5V,4A). Il ((suffit)) de placer un filtre passe-bas entre
le convertisseur et cette source, afin de n’imposer que la valeur moyenne de la tension
délivrée par le convertisseur. Ceci sera l’objet de développements ultérieurs.
On répond donc bien, grâce à la commutation, à notre double objectif :
– gestion de la fluence d’énergie,
– rendement du convertisseur élevé 3 .

1.2.3 Les grandes familles de l’électronique de puissance


1.2.3.1 Définitions
L’électronique de puissance permet donc, par le biais de convertisseurs statiques fonc-
tionnant en commutation, de gérer la fluence d’énergie entre deux sources.
Dans l’idéal, toutes les associations de sources entre elles grâce à un convertisseur
devraient être possibles. Compte tenu qu’une source peut être continue ou alternative,
de tension ou de courant, on peut construire le tableau Tab. 1.2 , dont chaque case
définit une famille de convertisseur. Les sources en amont du convertisseur sont notées,
respectivement, Ue et Ie suivant qu’elles sont de tension ou de courant. Les sources en
aval du convertisseur sont notées, respectivement, Us et Is suivant qu’elles sont de tension
ou de courant. De plus, on considère que Ue 6= Us et Ie 6= Is , afin de raisonner sur des
cas généraux.

Us Is
= ≈ = ≈
Ue = non non oui oui
≈ non non oui oui
Ie = oui oui non non
≈ oui oui non non

Tab. 1.2 – Possibilité de mise en relation des sources

Les cases notées ((oui)) correspondent effectivement à des connections possibles des
sources entre elles par des convertisseurs.
3. On peut à ce niveau, avoir recours à une démonstration très parlante en utilisant un ventilateur(!).
Ce dernier est alimenté par le réseau 220V /50Hz, par l’intermédiaire d’un interrupteur (manuel) :
– interrupteur OFF : ventilateur éteint, possédant une vitesse de rotation nulle ω0 ,
– interrupteur ON : ventilateur en marche, possédant une vitesse de rotation ωon .
Manuellement, on effectue un ensemble de commutations sur l’interrupteur, grâce à quoi on parvient
à faire varier la vitesse du ventilateur ω : ω0 ≤ ω ≤ ωon .
CHAPITRE 1. INTRODUCTION À LA CONVERSION... 16

En revanche, les cases notées ((non)) correspondent à des interdictions, qui n’ont rien
à voir avec une éventuelle police du convertisseur, mais qui émanent de la notion même
de commutation.
En effet, lorsque les interrupteurs d’un convertisseur commutent, il existe certaines
phases pendant lesquelles les deux sources sont reliées directement (condition impérative
pour qu’il y ait transfert d’énergie de l’une vers l’autre). Reprenons l’exemple de deux
sources de tension, l’une de 40V dc, la seconde de 5V dc. Si un interrupteur relie directe-
ment ces sources, la seule limitation du courant qui traversera cet interrupteur est liée
à son impédance lorsqu’il est à l’état passant. Cette impédance, par définition de valeur
extrêmement faible, ne suffira pas à limiter le courant circulant d’une source à l’autre. Il
y a deux conséquences :
– risque d’endommager l’une des deux sources (voire les deux),
– risque de destruction du composant de puissance, traversé par un courant pour
lequel il sera toujours sous–dimensionné.
La problématique est exactement la même pour un convertisseur qui relierait entre
elles deux sources de courant : quelles seraient les contraintes sur le composant de puis-
sance qui devrait relier directement une source de 100A à une source de 5A (que devien-
draient les 95A en trop)?
Nous dégageons de ces considérations la règle d’or suivante :

Règle 1.2.2 Un convertisseur statique ne peut relier entre elles que des sources de nature
différentes.

Ainsi, le tableau Tab. 1.2 peut se résumer en un tableau définissant simplement quatre
familles de convertisseurs statiques (Tab. 1.3).

I
= ≈

convertisseur DC/DC convertisseur DC/AC


=
hacheur dévolteur onduleur de tension
V

convertisseur AC/DC convertisseur AC/AC



convertisseur de courant cycloconvertisseur

Tab. 1.3 – Classification des convertisseurs statiques

A l’issue de cette classification, nous proposons d’illustrer sommairement les fonction-


nalités de chacune des quatre familles définies 4 .
4. On reprend l’exposé de la section 1.3, page 4 de [1], qui présente les convertisseurs dans leur aspect
((boite noire)), sans faire appel aux notions de structure de convertisseur non–introduites à ce stade du
cours.
CHAPITRE 1. INTRODUCTION À LA CONVERSION... 17

1.2.3.2 Convertisseur DC/DC


Tel que nous l’avons défini, ce convertisseur met en relation :

– une source de tension continue, unidirectionnelle ou bidirectionnelle en courant,


– une source de courant continu, unidirectionnelle ou bidirectionnelle en tension.

Cela est représenté Fig. 1.11.

I e

c o n v e rtis s e u r I
U e s
= U s =
D C /D C

Fig. 1.11 – Convertisseur DC/DC

Suivant les commutations internes au convertisseur, la tension Us peut prendre trois


valeurs : +Ue , 0V ou −Ue . Trois modes de fonctionnement sont possibles :
– commutations +Ue / − Ue (Fig. 1.12(a))
– commutations +Ue /0V (Fig. 1.12(b))
– commutations −Ue /0V

100 100
Us Us
80 80
Is
60 60

40 40
I
s
20
Us (V) et Is (A)
Us (V) et Is (A)

20

0 0

−20 −20

−40 −40

−60 −60

−80 −80

−100 −100

1 1.02 1.04 1.06 1.08 1.1 1.12 1.14 1.16 1.18 1.2 7 7.05 7.1 7.15 7.2 7.25 7.3 7.35 7.4
−3
t (s) −3
x 10 t (s) x 10

Fig. 1.12(a) Fig. 1.12(b)


Commutations ±E Commutation +E0

Fig. 1.12 – Deux types de modulation

Pour assurer la fluence d’énergie entre les deux sources, on fait varier les instants t1 et
t2 qui définissent les durées pendant lesquelles la tension Us vaut respectivement +Ue et
−Ue (+Ue et 0V pour le second type de fonctionnement, ou −Ue et 0V pour le troisième).
Si l’on considère le premier mode de fonctionnement (+Ue / − Ue ), la tension moyenne
< Us > aux bornes de la source de courant est définie par la relation :
1 Z t1 1Z T
Ue dt + −Ue dt (1.17)
< Us > =
T 0 T t1
Où T est la période de fonctionnement du convertisseur. On définit D le rapport
cyclique par la relation :
CHAPITRE 1. INTRODUCTION À LA CONVERSION... 18

t1
D = (1.18)
T
Dans ce cas :
1 Z DT 1Z T
< Us > = Ue dt + −Ue dt (1.19)
T 0 T DT
Il vient alors :

< Us > = Ue (2D − 1) (1.20)


Si l’on effectue ce travail sur les courant, on démontre de même pour le courant moyen
< Ie > fourni par la source de tension Ue :

< Ie > = Is (2D − 1) (1.21)


Si le convertisseur fonctionne à fréquence constante, les variations de D sont comprises
entre 0 et 1. Dans ce cas :

−Ue < < Us > < Ue


0 < D < 1 =⇒ (1.22)
−Is < < Ie > < Is
On peut ainsi faire varier < Us > dans les limites fixées par la valeur de Ue .
Le terme 2D − 1 qui lie Ue et Us d’une part, ainsi que Is et Ie d’autre part conduit
à faire une analogie avec le transformateur. Ce terme peut en effet faire penser au rap-
port de transformation d’un transformateur, ce qui conduit quelque fois à parler de
((transformateur continu)) pour désigner un convertisseur DC/DC. Le grand avantage du
convertisseur sur le transformateur, c’est qu’on y est maı̂tre du rapport de transformation
dans un certaine limite.
Si le contrôle du convertisseur permet de fixer la valeur de la tension moyenne en
sortie du convertisseur, on devra néanmoins filtrer les fortes ondulations de cette tension
((carrée)) au moyen d’un filtre passe–bas. Ceci est également vrai pour le courant Ie .

1.2.3.3 Convertisseur DC/AC


Tel que nous l’avons défini, ce convertisseur met en relation :

– une source de tension continue, unidirectionnelle ou bidirectionnelle en courant,


– une source de courant alternative.

Cela est représenté Fig. 1.13.

I e

c o n v e rtis s e u r I
U e s
= U s
D C /A C

Fig. 1.13 – Convertisseur DC/AC


CHAPITRE 1. INTRODUCTION À LA CONVERSION... 19

Plusieurs fonctionnements types sont possibles. Nous en distinguerons deux : la mo-


dulation à rapport cyclique constant et la Modulation de Largeur d’Impulsion.
En outre nous présenterons les formes d’onde type d’un convertisseur DC/AC multi-
niveaux.

Modulation à rapport cyclique constant Nous donnons Fig. 1.14 les formes d’ondes
types de cette modulation pour la tension de sortie Us du convertisseur, ainsi que pour
la source de courant Is . Pour ce tracé, la source de courant alternative est constituée par
un circuit RL.
100 100
Us U
s
80 80

60 60

40 40
Us (V) et Is (A)

Us (V) et Is (A)
20 20
I
s
0 0

−20 −20
I
s

−40 −40

−60 −60

−80 −80

−100 −100

0 0.005 0.01 0.015 0.02 0.025 0.03 0.035 0.04 0.16 0.165 0.17 0.175 0.18 0.185 0.19 0.195 0.2
t (s) t (s)

Fig. 1.14(a) Fig. 1.14(b)


Modulation ±Ue Modulation +Ue 0 − Ue

Fig. 1.14 – Deux types de modulation

On notera d’emblée que quelle que soit la modulation mise en œuvre, source de courant
alternative n’est certainement pas synonyme de sinusoı̈dale !!!
Le premier tracé donné est relatif à une modulation ±Ue . La tension Us est constitués
de créneaux de tension +Ue et −Ue , symétriques. La fréquence de Us est celle de la source
de courant alternative.
Le second tracé donné est relatif à une modulation +Ue 0 − Ue . La tension Us est
constitués de créneaux de tension +Ue , 0V et −Ue . Les créneaux de tension +Ue et −Ue
sont symétriques. La fréquence de Us est celle de la source de courant alternative.
Si l’on considère la modulation +Ue 0 − Ue , on définit t1 la durée d’application des
tensions +Ue et −Ue , et T la période de la source de courant (donc de Us ). On démontre
que l’amplitude 1 Ûs du fondamental de la tension Us est définie par la relation suivante
[1]:

1 2Z π 4 ωt1 2π
Ûs = u (ωt) sin (ωt) dωt = Ue sin avec : ω = (1.23)
π 0 π 2 T
Cette relation permet d’illustrer qu’en faisant varier t1 , ou bien T , on est en mesure
de faire varier l’amplitude de l’onde fondamentale de Us . En outre, il apparaı̂t que la
modulation ±Ue n’est jamais qu’un cas particulier de la modulation +Ue 0 − Ue , pour
laquelle t1 = T2 . Dans ce cas, la relation (1.23) devient :

1 4
Ûs = Ue (1.24)
π
CHAPITRE 1. INTRODUCTION À LA CONVERSION... 20

L’inconvénient majeur de la modulation ±Ue est que l’on ne dispose plus de degrès
de réglage de l’amplitude du fondamental de la tension Us .
Enfin, on notera que quelle que soit la modulation retenue, il existe, outre l’onde
fondamentale, des harmoniques dont la fréquence est un multiple impair de la fréquence
fondamentale. De fait, si l’onde fondamentale est à 50Hz, il existera un premier harmo-
nique à 150Hz. Ce dernier ne sera pas d’amplitude négligeable. Si l’on désire obtenir
une tension Us (et un courant Is ) sinusoı̈dal, le filtre que l’on placera devra posséder une
fréquence de coupure entre 50Hz et 150Hz : cela laisse peu de marge de manœuvre quant
au dimensionnement d’un tel filtre.

Modulation de Largeur d’Impulsion : Lorsqu’on souhaite faire varier l’amplitude


de l’onde fondamentale de la tension Us et du courant Is dans un large domaine, on
peut faire varier sinusoı̈dalement les instants d’application t1 des créneaux de tension
+Ue et −Ue . Ceci est appelé Modulation de Largeur d’Impulsion (MLI) ou Pulse Width
Modulation (PWM).
Les formes d’ondes de telles modulations sont données Fig. 1.15.

100 100
Us Us
80 80

60 60

40 40

20 I 20
Us (V) et Is (A)

Us (V) et Is (A)

0 0

I
−20 −20 s

−40 −40

−60 −60

−80 −80

−100 −100

0 0.005 0.01 0.015 0.02 0.025 0.03 0.035 0.04 0.04 0.045 0.05 0.055 0.06 0.065 0.07 0.075 0.08
t (s) t (s)

Fig. 1.15(a) Fig. 1.15(b)


Modulation ±Ue Modulation +Ue 0 − Ue

Fig. 1.15 – Deux types de modulation

Ici aussi, deux types de modulations sont possibles : ±Ue et +Ue 0 − Ue . Ces mo-
dulations présentent l’avantage de produire des harmoniques de fréquence élevée, car
multiples de la fréquence des créneaux de la tension Us . Si l’on choisi une telle fréquence
pour quelle soit très supérieure à la fréquence de l’onde fondamentale dans un rapport
10, ces harmoniques n’en seront que plus faciles à filtrer.

Convertisseur DC/AC multiniveau Les modulations présentées jusqu’ici consistent


à obtenir pour Us des créneaux de tension ne pouvant prendre que trois valeurs : +Ue , 0V
ou −Ue . On peut définir des topologies de convertisseur, commandées de façon cohérente,
qui permettent aux créneaux constituant Us des valeurs intermédiaires. Nous présentons
Fig. 1.16 les formes d’ondes de sortie types d’un convertisseur DC/AC multiniveaux,
fonctionnant en MLI (ou encore PWM).
A l’instar des modulations précédemment décrites, l’onde fondamentale de la tension
Us et du courant Is est de fréquence nettement inférieure à la fréquence des créneaux
de tensions dont est constitué Us . L’onde fondamentale de Us et le premier harmonique
CHAPITRE 1. INTRODUCTION À LA CONVERSION... 21

100

80
Us
60

40

Us (V) et Is (A)
20

−20 Is

−40

−60

−80

−100

0.005 0.01 0.015 0.02 0.025 0.03 0.035


t (s)

Fig. 1.16 – Convertisseur DC/AC multiniveaux

sont donc nettement distincts. Les opérations de filtrage en seront facilitées comme nous
l’avons souligné précédemment.
Il existe cependant un deuxième avantage dans la conversion DC/AC multiniveau :
l’amplitude des créneaux de tension de la tension Us est moindre. En effet, l’analyse de
Fig. 1.16 montre que cette amplitude est de 23 Ue , contre Ue ou 2Ue pour les modulations
précédemment décrites. Au résultat, les amplitudes des harmoniques qui composent Us
seront également moindre. Les opérations de filtrage seront donc doublement facilitées
par rapport à la modulation à rapport cyclique constant.
Ainsi que nous le verrons ultérieurement, ce double avantage possède cependant un
prix élevé dans le nombre de composants utilisés, ainsi que dans son pilotage. Néanmoins,
ce type de convertisseur fait aujourd’hui l’objet de nombreuses études.

1.2.3.4 Convertisseur AC/DC


Tel que nous l’avons défini, ce convertisseur met en relation :

– une source de tension alternative,


– une source de courant continu, unidirectionnelle ou bidirectionnelle en tension.

Cela est représenté Fig. 1.17.

I e

c o n v e rtis s e u r I
U e s
U s =
A C /D C

Fig. 1.17 – Convertisseur AC/DC

La source de tension alternative peut être monophasée, triphasée, ou hexaphasée. On


est ainsi amené à définir l’indice de pulsation p :
– p = 2 : tension monophasée,
– p = 3 : tension triphasée,
CHAPITRE 1. INTRODUCTION À LA CONVERSION... 22

– p = 6 : tension hexaphasée.
Nous donnons Fig. 1.18 les formes d’ondes types d’un convertisseur AC/DC mono-
phasé.

300 Us

250

200

150

Us (V) et Is (A) 100 Is

50

−50

−100

−150

−200
0.96 0.965 0.97 0.975 0.98 0.985 0.99 0.995 1
t (s)

Fig. 1.18 – Convertisseur AC/DC monophasé

Ce type de conversion consiste en la commutation périodique entre des secteurs si-


nusoı̈daux appartenant à la source de tension alternative Ue .
On définit α l’angle de retard à l’amorçage qui permet ((décaler)) l’instant de commu-
tation d’un secteur sinusoı̈dal à un autre. En fonction de α et de p, l’expression de la
tension moyenne < Us > en sortie du convertisseur est régie par la relation :
π π
1 Z 2 + p +α p π
< Us > = Û s sin ωt dωt = sin Ûs cos α (1.25)
2π π2 − πp +α π p
p

Lorsque α varie, la valeur moyenne de Us varie également, et devient négative pour


α > π2 . A cette valeur moyenne, se superpose une ondulation ainsi qu’on peut le voir Fig.
1.18, dont la fréquence est p fois la fréquence du réseau d’alimentation polyphasé.
D’autres possibilités de conversion sont imaginables, mais celle présentée ici est la
plus communément mise en œuvre.

1.2.3.5 Convertisseur AC/AC


Tel que nous l’avons défini, ce convertisseur met en relation :

– une source de tension alternative,


– une source de courant alternative.

Cela est représenté Fig. 1.19.


Les deux sources étant alternatives, chacune est définie par la fréquence de la tension
ou du courant qu’elle génère : fe pour la source Ue et fs pour Is . Ces deux fréquences
peuvent être identiques (fe = fs ), mais ceci n’est jamais qu’un cas particulier par rap-
port au cas où ces deux fréquences sont différentes (fe 6= fs ). Nous allons présenter
succinctement chacun de ces deux cas.
CHAPITRE 1. INTRODUCTION À LA CONVERSION... 23

I e

c o n v e rtis s e u r I
U e s
U s
A C /A C

Fig. 1.19 – Convertisseur AC/AC

300
Us

200

Is
100
Us (V) et Is (A)

−100

−200

−300
0.12 0.125 0.13 0.135 0.14 0.145 0.15 0.155 0.16
t (s)

Fig. 1.20 – Conversion à fréquence invariable

Conversion AC/AC à fréquence invariable (fe = fs ) Une illustration de ce mode


de conversion est donné Fig. 1.20.
Dans ce cas, on commute entre la tension Ue alternative et le niveau 0V . La commu-
tation pendant la demi–période négative est symétrique à celle durant la demi–période
positive.
Selon le secteur sélectionné de la tension alternative, on peut faire varier en amplitude
l’onde fondamentale de la tension Us dans un large domaine. Ce secteur est caractérisé
par :
– l’angle d’enclenchement α : angle qui définit la commutation de 0V à Ue de la
tension de sortie Us par rapport au passage par zéro de Ue .
– l’angle de déclenchement β : angle qui définit la commutation de Ue à 0V de la
tension de sortie Us par rapport au passage par zéro de Ue .
On démontre [1] que l’amplitude 1 Ûs de l’onde fondamentale de Us est définie par la
relation :

Ûs q
1
Ûs = (β − α)2 − 2(β − α) cos (β + α) sin (β − α) + sin2 (β − α) (1.26)
π
On notera toutefois qu’un tel principe de conversion induit la présence, outre de l’onde
fondamentale de Us , d’harmoniques de fréquence multiple de la fréquence de la tension
Ue .

Conversion AC/AC à fréquence variable (fe 6= fs ) Le principe d’une telle conver-


sion est identique à celui exposé dans le cadre de la conversion AC/DC. La différence est
CHAPITRE 1. INTRODUCTION À LA CONVERSION... 24

ici que l’angle de retard à l’amorçage est variable, de sorte que la tension de sortie Us
devient alternative.
Ceci est illustré Fig. 1.21.
600

400

200

Us (V)

−200

−400

−600
0.05 0.1 0.15
t (s)

Fig. 1.21 – Conversion à fréquence variable

L’allure de variation de l’angle de retard à l’amorçage permet de gérer :


– L’amplitude de l’onde fondamentale de Us ,
– La fréquence de cette onde fondamentale.
Pour ce type de convertisseur également, outre l’onde fondamentale, la tension Us
comporte des harmoniques. Cependant, par un choix approprié de la variation de α, on
peut minimiser ces harmoniques.
En règle générale, la fréquence de l’onde fondamentale de Us , fixée par la fréquence à
laquelle α varie, est choisie très inférieure par rapport à la fréquence du réseau alternatif
alimentant ce convertisseur.

1.3 Structure d’un convertisseur et interrupteurs


1.3.1 Introduction
Cette partie est la suite logique de ce qui est exposé jusqu’ici. On ouvre le conver-
tisseur qui a été jusqu’à présent considéré comme une ((boite noire)). On définira trois
composantes essentielles :
– la structure, au travers de la définition de la cellule de commutation,
– la caractéristique statique d’un interrupteur constitutif d’une cellule de commuta-
tion,
– le composant de puissance, choisi à partir :
• de la caractéristique statique mise en évidence lors de l’étude de la structure,
• des propriétés mises en évidence dans le sein de la cellule de commutation.
CHAPITRE 1. INTRODUCTION À LA CONVERSION... 25

1.3.2 La cellule de commutation


1.3.2.1 Définition
Nous avons mis en évidence à la section 1.2.2 la nécessité pour un convertisseur
statique de travailler en commutation.
Nous rappelons le fait qu’on ne peut relier entre elles que des sources de natures
différentes. Considérons le cas général d’un convertisseur, qui relie donc une source de
tension à une source de courant. Par un jeux d’interrupteurs, fonctionnant en commuta-
tion, on isole, puis relie directement ces deux sources, et ce de façon successive. On doit
alors tenir compte des deux règles suivantes :

Règle 1.3.1 On ne doit jamais ((court–circuiter)) une source de tension.

Règle 1.3.2 On ne doit jamais ((ouvrir)) une source de courant.

Ainsi, dans le respect de ces règles :


– La liaison directe de deux sources de nature différente est tout–à–fait possible,
– Lors de la phase de déconnection des deux sources, on doit :
• isoler la source de tension sans la court–circuiter,
• isoler la source de courant sans s’opposer au courant qui la traverse.
La nécessité de respecter les règles que nous donnons conduit donc à un convertisseur
dont la structure de base se résume en deux interrupteurs (Fig. 1.22) :

K 1
I K 1

U K 1 I K 2

U V c o m I
U K 2
K 2

Fig. 1.22 – Structure élémentaire

– un pour isoler ou relier les deux sources (K1 ),


– un pour assurer la continuité du courant dans la source de courant (K2 ).

Les règles que nous donnons imposent également l’état (passant ou bloqué) de chaque
interrupteur par rapport à l’autre :
– les deux interrupteurs ne peuvent être passants simultanément : sinon, la source de
tension serait court–circuitée,
– les deux interrupteurs ne peuvent être bloqués simultanément : sinon, la source de
courant serait en circuit ouvert.
Il ne résulte de cela que deux configurations possibles :
– K1 passant, K2 bloqué : phase d’échange d’énergie entre les deux sources,
– K1 bloqué, K2 passant : les deux sources sont isolées l’une de l’autre, et le cou-
rant continue de traverser la source de courant. Dans les familles de convertisseurs
DC/DC, cette phase est appelée roue libre.
CHAPITRE 1. INTRODUCTION À LA CONVERSION... 26

Les deux interrupteurs fonctionnent donc de façons complémentaires .

On peut compliquer la structure définie Fig. 1.22, afin de permettre :


– l’imposition d’une tension égale à +U ou −U aux bornes de la source de courant
I,
– l’imposition d’un courant égal à +I ou −I dans la source de tension U .
Ceci conduit directement à la structure proposée Fig. 1.23.

U K 1 U K 3

I K 1 I I K 3

U K 2 U K 4

I K 2 I K 4

Fig. 1.23 – Double structure élémentaire

Le respect des règles Reg.1.3.1 et Reg.1.3.2 impose :


– de ne pas court–circuiter U :
• on ne doit jamais fermer simultannément K1 et K2 ,
• on ne doit jamais fermer simultannément K3 et K4 .
– de ne jamais ((ouvrir)) la source I :
• on ne doit jamais ouvrir simultannément K1 et K2 ,
• on ne doit jamais ouvrir simultannément K3 et K4 .
En revanche, l’état de (K3 ,K4 ) est totalement indépendant de l’état de (K1 ,K2 ). A
partir du moment où l’un de ces derniers est passant, K3 ou K4 peut être passant ou
bloqué, sans enfreindre pour autant l’une des règles Reg.1.3.1 ou Reg.1.3.2. La réciproque
est également vraie.
Ainsi, le comportement de K2 n’est lié qu’à K1 , comme le comportement de K3 n’est
lié qu’à K4 . On peut donc déterminer le comportement de (K3 ,K4 ) indépendamment de
(K1 ,K2 ), et vice–versa.
(K1 ,K2 ) d’une part, ainsi que (K3 ,K4 ) d’autre part constituent des cellules de com-
mutation.

1.3.2.2 Cellule de commutation et structure de convertisseur


L’étude détaillée de la structure de chaque famille de convertisseurs statiques définie
Tab. 1.3 sera faite ultérieurement. Cela étant, nous pouvons d’ores et déjà présenter les
structures types de chacun de ces convertisseur afin de bien illustrer l’importance de la
notion de ((cellule de commutation)) 5 .
Le lecteur pourra se référer à la section 1.2.3, afin de ((comprendre)) les formes d’ondes
qui y sont définies, en regard de notre propos actuel sur la cellule de commutation.
5. Nous reprenons pour cela l’exposé de [3], page A–50–4.
CHAPITRE 1. INTRODUCTION À LA CONVERSION... 27

Convertisseur DC/DC La structure la plus simple que l’on puisse envisager est celle
du ((hacheur dévolteur)), ou encore ((montage abaisseur)), non réversible en courant. Cette
structure ne met en jeu qu’une seule cellule de commutation. Nous la présentons Fig.
1.24

K 1

I
U

K 2

Fig. 1.24 – Hacheur dévolteur

Le fonctionnement de ce convertisseur est typiquement celui de la cellule de commu-


tation (K1 ,K2 ). Suivant l’état des interrupteurs, la tension appliquée aux bornes de la
source I sera ou bien +U , ou bien 0V .

Convertisseur DC/AC Nous proposons ici une structure a priori plus complexe, celle
de l’onduleur de tension monophasé Fig. 1.25.

K 1 K 3

I
U

K 2 K 4

Fig. 1.25 – Onduleur de tension

La complexité n’est qu’apparente puisqu’on y distingue deux cellules de commutation.


On peut donc fractionner l’étude. Qui plus est le travail effectué sur une cellule est sans
restriction automatiquement applicable à l’autre cellule.
Si les deux cellules commutent en phase (K1 et K3 passant au même moment), rien
ne se passe car l’on court–circuitera toujours la source de courant. Il n’y aura donc pas
de fluence d’énergie entre U et I.
Si les deux cellules commutent en opposition de phase, la source de courant I sera
soumise à une tension qui vaudra :
– +U quand K1 et K4 sont passants,
– −U quand K2 et K3 sont passants.
Entre ces deux cas, tous les déphasages peuvent exister, en ayant pour conséquence
d’imposer une troisième phase de fonctionnement pour la tension imposée sur I : 0V
lorsque K1 et K3 , ou bien K2 et K4 sont passants au même moment.
CHAPITRE 1. INTRODUCTION À LA CONVERSION... 28

Convertisseur AC/DC Enfin, nous présentons la structure Fig. 1.26, relative à un


commutateur de courant triphasé, appelé également convertisseur de courant.

K 1 K 2 K 3
U 1

U 2
I
U 3

K '1 K '2 K '3

Fig. 1.26 – Commutateur de courant

Dans chaque cellule, un seul interrupteur doit être passant. Lorsqu’un interrupteur
d’une cellule ((passe le relai)) à un autre interrupteur de cette même cellule, on permet à
la tension imposée sur I de commuter entre une sinusoı̈de de la tension composée entre
deux source et une sinusoı̈de de la tension composée de deux autres sources.
Cependant, nous démontrerons que l’imperfection des sources de tension peut amener
au non respect de la règle Reg.1.3.1 (court–circuit d’une source de tension) : il existe en
effet des conditions, extrêmement ponctuelles dans le fonctionnement d’un tel convertis-
seur, où deux interrupteurs d’une même cellule peuvent être passants en même temps.
Ceci n’est cependant qu’un cas extrêmement particulier, qui ne saurait remettre en cause
nos propos.

1.3.3 Caractéristique statique


La définition de la cellule de commutation a mis en évidence quelques propriétés que
doivent satisfaire les interrupteurs qui la constituent.
Comme la cellule de commutation est une composante fondamentale de tout conver-
tisseur statique, l’interrupteur est une composante fondamentale de la cellule de commu-
tation. Ceci nous amène ainsi à préciser la notion d’interrupteur 6 .
Dans cette section, nous nous intéresserons à la définition d’interrupteurs idéaux afin
de mettre en évidence certaines propriétés fondamentales. Nous nous attacherons à l’étude
des interrupteurs réels dans la section suivante.

1.3.3.1 Définition
L’interrupteur est un élément qui possède deux états stables :
– un état passant,
– un état bloqué.
Ces deux état constituent le régime statique d’un interrupteur. Nous donnons Fig.
1.27 la représentation type d’un interrupteur parfait, pour lequel nous avons choisi une
convention récepteur, majoritairement adoptée par les électroniciens de puissance.
6. Nous reprenons dans cette section l’exposé de [2], sections 2.3 et 2.4, dont les développements
reprennent ceux de l’équipe pédagogique de l’ENSEEIHT.
CHAPITRE 1. INTRODUCTION À LA CONVERSION... 29

I k

I k

U k
U k

Fig. 1.27 – Caractéristique statique

Pour faire apparaı̂tre clairement les deux états de l’interrupteur, on a couramment


recours à une représentation dans le plan (Uk ,Ik ). On représente ainsi la caractéristique
statique de cet interrupteur :
– état passant : segment de droite confondu avec l’axe Uk = 0,
– état bloqué : segment de droite confondu avec l’axe Ik = 0.
La configuration minimale pour un interrupteur est définie par une caratéristique
statique à deux segments, ainsi que représenté sur l’exemple Fig. 1.27. Cependant, suivant
les signes de Ik et Uk , on peut avoir des caractéristiques statiques comportant plus de
deux segments. Ceci fait l’objet du paragraphe suivant.

1.3.3.2 Classification
Caractéristique statique à deux segments On peut définir dans cette famille d’in-
terrupteurs deux types de caractéristique, dont le point commun est de représenter des
interrupteurs :
– unidirectionnels en tension,
– unidirectionnels en courant.
Nous donnons les deux caractéristiques possibles Fig. 1.28.

I k I k

U k U k

Fig. 1.28(a) Fig. 1.28(b)


Uk > 0 et Ik > 0 Uk < 0 et Ik > 0

Fig. 1.28 – Caractéristique à deux segments

Caractéristique statique à trois segments On peut définir dans cette famille d’in-
terrupteurs deux types de caractéristique, représentées Fig. 1.29.

– Caractéristique Fig. 1.29(a) : représente un interrupteur unidirectionnel en courant


et bidirectionnel en tension.
CHAPITRE 1. INTRODUCTION À LA CONVERSION... 30

I k I k

U k U k

Fig. 1.29(a) Fig. 1.29(b)


Ik > 0 Uk > 0

Fig. 1.29 – Caractéristique à trois segments

– Caractéristique Fig. 1.29(b) : représente un interrupteur unidirectionnel en tension,


et bidirectionnel en courant.

On notera que l’interrupteur Fig. 1.29(b) est défini par une caractéristique statique
qui est ((duale)) à celle qui définit l’interrupteur Fig. 1.29(a).
De plus, l’association série ou parallèle des caractéristiques Fig. 1.28(a) et Fig. 1.28(b)
conduit aux caractéristiques Fig. 1.29(a) et Fig. 1.29(b).
Nous illustrons cela Fig. 1.30 :
– caractéristiques Fig. 1.28(a) et Fig. 1.28(b) en série : l’obtention de la caractéristique
statique équivalente est donnée Fig. 1.30(a).
Par les conventions de signe adoptées pour les tensions et courant, le courant Ik de
l’interrupteur équivalent à la mise en série de K1 et K2 est identique aux courant
IK1 et IK2 lorsque tous deux sont passants.
En revanche, si K2 et K2 sont tels qu’à l’état bloqué UK1 > 0 et UK2 < 0, leur mise
en série permet d’avoir une tension globale Uk indifféremment positive ou négative
lorsque l’interrupteur équivalent est bloqué.
– caractéristiques Fig. 1.28(a) et Fig. 1.28(b) en antiparallèle : l’obtention de la ca-
ractéristique statique équivalente est donnée Fig. 1.30(b).
Le courant est toujours positif dans K1 et K2 :
• si IK1 est positif, le courant global IK sera positif,
• si IK2 est positif, le courant global IK sera négatif.
En revanche, par les conventions de signe adoptées, UK1 = −UK2 . Cela induit que
K1 et K2 étant unidirectionnels en tension, la tension globale UK ne peut être que
positive.

Caractéristique statique à quatre segments Il n’existe dans cette famille qu’un


seul type de caractéristique, donnée Fig. 1.31
Pour ce type d’interrupteur, la tension et le courant sont bidirectionnels.
A l’instar de l’interrupteur à trois segments, ce type d’interrupteur peut être synthétisé
à l’aide de deux interrupteurs à deux segments. La démonstration est identique à celle
précédemment donnée. Nous n’y reviendrons pas.
CHAPITRE 1. INTRODUCTION À LA CONVERSION... 31

I k I k
I K 1 I k I k

K 1 U K 1
I K 1 K
K 2 K 1
1
U U U K 1 U
k
U
k
K 1 K 2
K 2
U
I K 2
k
I K 2
k
K 2
K 2 U K 2

Fig. 1.30(a) Fig. 1.30(b)


Mise en série d’interrupteurs Mise en antiparallèle d’interrupteurs
à deux segments à deux segments

Fig. 1.30 – Association d’interrupteurs


I k

U k

Fig. 1.31 – Caractéristique à quatre segments

1.3.3.3 Changement d’état d’un interrupteur


Après avoir défini les caractéristiques statiques d’un interrupteur, nous devons à
présent définir le passage de l’interrupteur d’un état stable à un autre (de l’état pas-
sant vers l’état bloqué, et vice–versa). Pour ce faire, nous considérerons des interrupteurs
à deux segments. Nous avons vu en effet que nous sommes capables de synthétiser des
interrupteurs à trois et à quatre segments à partir des deux interrupteurs à deux segments
définis. Toutes les propriétés dégagées lors de l’étude de la commutation des interrupteurs
à deux segments seront ainsi largement applicables à des interrupteurs comportant plus
de deux segments.
Nous donnons Fig. 1.32 les caractéristiques statiques des deux interrupteurs de cette
famille, précédemment définies.
Pour chacune de ces caractéristiques, nous avons spécifié :
– l’état passant, noté ((on)), ainsi que l’état bloqué, noté ((off)).
– les quadrans pour lesquel les produits UK IK sont positifs et négatifs.
Nous avons d’emblée hachuré les quadrans pour lesquels UK IK < 0. En effet, nous
avons adopté une convention récepteur pour définir les signes du courant et de la tension
dans un interrupteur (voir Fig. 1.27). De fait, ces parties du plan UK IK correspondraient
à des interrupteurs qui fourniraient de la puissance !!!!!
Ceci ne peut être. Dans le meilleur des cas, un interrupteur idéal ne consomme pas
de puissance. Dans les faits, un interrupteur dissipe toujours de la puissance. Ceci induit
que les seules partie du plan UK IK accessibles sont :
– les droites UK = 0 et IK = 0 qui définissent respectivement l’état passant ou bloqué
CHAPITRE 1. INTRODUCTION À LA CONVERSION... 32

I k I k
U k Ik< 0 o n U k Ik> 0 U k Ik< 0 o n U k Ik> 0

U k U k

o ff o ff

U k Ik> 0 U k Ik< 0 U k Ik> 0 U k Ik< 0

Fig. 1.32(a) UK > 0 et IK > 0 Fig. 1.32(b) UK < 0 et IK > 0

Fig. 1.32 – Caractéristiques statique et commutation

d’un interrupteur idéal,


– les quadrans UK IK > 0, dans lesquels l’interrupteur dissipe de la puissance.

Compte tenu de ces remarques, la question est de savoir quelle est la trajectoire suivie
dans le plan UK IK lorsque un interrupteur passe de l’état ON à l’état OFF.

Interrupteur Fig. 1.32(a) UK > 0 et IK > 0 : Deux possibilités peuvent se présenter


lors d’une commutation :

– le passage de ON vers OFF (et vice–versa) se fait en longeant les axes UK et IK .


L’intérêt est dans ce cas que la commutation se fait idéalement sans dissipation de
puissance.
– le passage de ON vers OFF (et vice–versa) se fait directement au travers du quadran
UK IK > 0. Ceci entraı̂ne une dissipation de puissance lors de la commutation.

Interrupteur Fig. 1.32(b) UK < 0 et IK > 0 : Il n’existe ici qu’une seule possibilité.
La commutation de ON vers OFF (et vice–versa) ne peut se faire qu’en longeant les axes.
En effet la traversée du quadran UK IK < 0 est impossible puisque un interrupteur ne
peut fournir de puissance.

On peut dégager de ces observations qu’il existe deux types de commutation :


– commutation pour laquelle les grandeurs courant/tension initiales sont de signe
opposé. On observe forcément dans ce cas une trajectoire selon les axes. Le courant
IK ne peut s’établir que si la tension UK est nulle. A l’opposé, la tension UK ne
peut croı̂tre que si le courant IK s’est annulé. On notera que cette propriété induit
que les grandeurs UK et IK évoluent favorablement au changement d’état souhaité
pour l’interrupteur.
– commutation pour laquelle les grandeurs courant/tension initiales sont de même
signes. Dans ce cas, on peut observer, ou non, une trajectoire selon les axes. On
notera que lorsque la trajectoire traverse le quadran UK IK > 0, les conditions
initiales sur UK ou IK sont différentes de zéro. Il faudra donc, indépendamment de
UK ou IK , provoquer la commutation de l’interrupteur.
CHAPITRE 1. INTRODUCTION À LA CONVERSION... 33

Ces notions nous conduisent à définir deux types de commutations pour un interrup-
teur.
Définition 1.3.1 Commutation spontanée : changement d’état d’un interrupteur lié à
l’évolution des grandeurs électriques dans le circuit (annulation d’un courant ou d’une
tension).
Définition 1.3.2 Commutation commandée : changement d’état d’un interrupteur par
action sur sa commande, les conditions initiales en courant ou tension étant différentes
de zéro.

1.3.4 La commutation
Nous venons de présenter les notions de caractéristique statique d’un interrupteur,
ainsi que le comportement possible de ce dernier lors d’une commutation. Nous avons
également défini la notion de cellule de commutation, à partir de laquelle se déduit toute
structure de convertisseur.
Nous allons à présent lier ces notions, afin de dégager des règles générales de synthèse
d’un convertisseur. Ces notions seront constamment mises à contribution dans la suite
de ce cours.

1.3.4.1 Détermination des caractéristiques statiques


Dans la mesure où le concepteur, face à un cahier des charges donné, a déterminé la
famille Tab. 1.3 à laquelle doit appartenir le convertisseur qu’il doit concevoir, celui–ci doit
déterminer le type d’interrupteur qu’il doit choisir, ainsi que les contraintes auxquelles
cet interrupteur sera soumis.
Pour ce travail, les notions de source, de cellule de commutation et de caractéristique
statique sont fondamentales. Pour illustrer cela, nous considérons à nouveau la structure
définie Fig. 1.33.
K 1
I K 1

U K 1 I K 2

U V c o m I
U K 2
K 2

Fig. 1.33 – Cellule de commutation et caractéristique statique

Cette structure met en œuvre une cellule de commutation. Nous considérerons que la
source de tension est continue, unidirectionnelle en courant, et que la source de courant
est continue, unidirectionnelle en tension. Nous maintenons également les conventions de
signes définies Fig. 1.33 pour les tension et courants dans les interrupteurs.
Sachant que dans une cellule de commutation un et un seul interrupteur peut être
passant, l’autre étant bloqué, on obtient deux séquences de fonctionnement :
– Etat 1 (K1 passant, K2 bloqué) :
• K1 : voit passer un courant positif (+I),
• K2 : doit tenir une tension négative (−U ).
CHAPITRE 1. INTRODUCTION À LA CONVERSION... 34

– Etat 2 (K1 passant, K2 bloqué) :


• K1 : doit tenir une tension positive (U ),
• K2 : voit passer un courant positif (+I).
On vient ainsi de déduire quelles sont les tensions que doivent supporter chacun des
deux interrupteurs, ainsi que les courant qu’ils doivent laisser passer. On en déduit les
caractéristiques statiques suivantes pour K1 et K2 (Fig. 1.34):
I K 1 I K 2
I I

U K 1 U K 2

U -U

Fig. 1.34 – Caractéristiques statiques déduites de la nature des sources et de la cellule


de commutation

On en déduit que :
– K1 pourra a priori commuter de manière spontanée ou bien commandée,
– K2 ne peut commuter que de manière spontanée.

1.3.4.2 Commutation naturelle


Une fois la caractéristique statique des interrupteurs définies, on peut se préoccuper
de déterminer quels seront les mécanismes mis en jeu lors des commutations, quand bien
même nous raisonnons sur des interrupteurs idéaux sans avoir précisé à quelle famille
technologique nous devons nous référer.
Toujours en reprenant l’exemple précédent, simpliste mais démonstratif, on peut
écrire :

 U
 = UK1 − UK2
(1.27)


I = IK1 + IK2
La caractéristique statique définie pour K2 (Fig. 1.34), induit nécessairement des
commutations spontannées :
– amorçage sous 0 de tension,
– blocage par 0 de courant.
Supposons K1 passant et K2 bloqué. D’après (1.27), il vient :

 UK1 = 0 =⇒
 UK2 = −U
(1.28)


IK2 = 0 =⇒ IK1 = I
Pour que les interrupteurs commutent, il faut alors, compte tenu de la caractéristique
statique définie pour K2 Fig. 1.34 :
– effondrer la tension aux bornes de K2 . D’après (1.27), il faut donc que UK1 tende
vers U ,
CHAPITRE 1. INTRODUCTION À LA CONVERSION... 35

– ce n’est qu’une fois cette première étape réalisée que le courant I commutera de
K1 vers K2 .
Cette opération de commutation est résumée Fig. 1.35.

I K 1
I K 2
I I

U K 1 U K 2

U -U

Fig. 1.35 – Caractéristique statique et commutation

Le mécanisme inverse (blocage de K2 et amorçage de K1 ) est identique. Il faut :


– effondrer le courant dans K2 . D’après (1.27), il faut donc que IK1 tende vers I,
– ce n’est qu’une fois cette première opération réalisée que la tension U commutera
de K1 vers K2 .
On remarquera que les commutations dans K1 sont forcément des commutations com-
mandées (Fig. 1.35), et que cet interrupteur, bien qu’idéal, devra dissiper de la puissance
en conséquence.
De plus, nous avons mis en évidence la notion de commutation naturelle.

Définition 1.3.3 Commutation naturelle : au sein de la cellule de commutation, le chan-


gement d’état spontané d’un interrupteur est induit par le changement d’état commandé
de l’interrupteur complémentaire.

1.3.4.3 Règles générales


Généralisation de la commutation naturelle Il s’agit ici de montrer, dans une cel-
lule de commutation, quel est l’interrupteur que l’on commande, et quel est l’interrupteur
qui peut commuter spontanément.
K 1
I K 1

U K 1 I K 2

U V c o m I
U K 2
K 2

Fig. 1.36 – Cellule de commutation et commutation naturelle

Pour cela, et en se référant à Fig. 1.36, nous considérerons :


– la dérivée de la tension Vcom :
• lorsque dVdt com
> 0 : on dira que la commutation est positive,
CHAPITRE 1. INTRODUCTION À LA CONVERSION... 36

• lorsque dVdt
com
< 0 : on dira que la commutation est négative.
– que le courant dans la source I peut être ou bien positif, ou bien négatif.
Le cas où le courant I est positif est celui considéré précédemment. On notera que les
commutations commandées de K1 entraı̂nent les commutations spontanées de K2 , que la
commutation soit positive ou bien négative.
Si l’on pratique la même analyse lorsque I est négatif, on démontre de même que ce
sont les commutations commandées sur K2 qui induisent les commutations spontanées
de K1 , que la commutation soit positive ou bien négative.
On peut résumer ces résultats dans le tableau Tab. 1.4, issu de [2] :

Commutation positive Commutation négative


Fermeture commandée de K1 Ouverture commandée de K1
I positif
Ouverture spontanée de K2 Fermeture spontanée de K2
Ouverture commandée de K2 Fermeture commandée de K2
I négatif
Fermeture spontanée de K1 Ouverture spontanée de K1

Tab. 1.4 – Commutation naturelle dans une cellule de commutation

L’examen de ce tableau permet de déterminer la règle générale suivante pour une


cellule de commutation à deux interrupteurs , tirée également de [2] :

Règle 1.3.3 Lors d’une commutation, si le courant I est :


– de même signe que la commutation : alors la fermeture commandée d’un interrup-
teur induit l’ouverture spontanée de l’interrupteur complémentaire (commutation
de fermeture, ou encore d’amorçage).
– de signe opposé à la commutation : alors l’ouverture commandée d’un interrup-
teur induit la fermeture spontanée de l’interrupteur complémentaire (commutation
d’ouverture, ou encore de blocage).

Commutation naturelle et caractéristique statique La notion de commutation


naturelle conduit à regarder sous un nouveau regard les divers types de caractéristiques
statiques définies. Sans faire d’a priori sur le système considéré, on peut considérer qu’il
existe, pour une cellule de commutation à deux interrupteurs, trois associations d’inter-
rupteurs possibles :
– un interrupteur commandé à l’amorçage et au blocage, avec un interrupteur dont
toutes les commutations sont spontanées,
– les deux interrupteurs sont commandés à l’amorçage, et tous les blocages sont
spontanés,
– les deux interrupteurs sont commandés au blocage, et tous les amorçages sont
spontanés.
Le premier cas de figure concerne des interrupteurs possédant une caractéristique
statique à deux segments. En effet, les commutations n’interviennent que dans le même
quadrant de la caractéristique de ces interrupteurs : ceci vaut tant pour l’interrupteur
commandé que pour l’interrupteur à commutations spontanées. Ce cas de figure exclu
donc les interrupteurs à trois segments.
CHAPITRE 1. INTRODUCTION À LA CONVERSION... 37

Dans les deux autres cas, à chaque commutation commandée est associée une com-
mutation spontanée. Ces deux types de commutations n’appartiennent pas au même
quadrant (de par leurs conditions initiales et/ou finales). Ce type d’association d’in-
terrupteur induit donc nécessairement des interrupteurs possédant une caractéristique
statique à trois segments.
On peut dégager de ces deux commentaires que dans une cellule de commutation, tous
les interrupteurs possèdent des caractéristiques statiques comportant le même nombre de
segments.

1.4 Eléments semi–conducteurs de puissance


1.4.1 Introduction
A ce stade du cours, nous avons défini la problématique à laquelle doit répondre
l’électronicien de puissance. Nous avons défini les notions de source, de commutation, et
avons introduit succinctement les différents montages couramment mis en œuvre.
Pour réaliser ces convertisseur statiques, nous avons défini la notion très importante
de la cellule de commutation, dont le composant de base est un interrupteur, pour lequel
les commutations peuvent être, suivant les cas rencontrés, spontanées ou commandées.
Nous proposons dans cette section de définir plus précisemment ce qu’est un com-
posant de puissance, en présentant l’ensemble des interrupteurs auxquels le concepteur
peut avoir recours. Pour chacun de ces composants, nous présenterons :
– sa fonction et ses caractéristiques,
– sa commande type.
En outre, nous nous attacherons à préciser la manière dont on peut mettre en œuvre
un composant de puissance au sein d’une cellule de commutation afin de limiter les
contraintes qu’un tel composant peut subir 7 .

1.4.2 Elément non commandable


Il n’existe, en électronique de puissance, qu’un seul composant dont toutes les com-
mutations (amorçage et blocage) sont spontanées. Il s’agit d’un interrupteur à deux
segments : la diode.
Nous présentons Fig. 1.37 le symbole représentatif de cet élément redresseur, constitué
d’une jonction P N . Nous faisons également figurer les caractéristiques statiques idéalisée
et réelle de ce composant.
On notera que la caractéristique idéale a déjà été présentée dans la section précédente.
Celle–ci est bien représentative d’un composant à commutations spontannées : pour pas-
ser de l’état passant (Ud = 0) à l’état bloqué (Id = 0), on ne peut que longer les axes
(Ud ,Id ) car le quadran Ud Id < 0 est interdit.
Les commutations spontanées de la diode ((idéale )) sont ainsi définies comme suit :
– amorçage sous zéro de tension,
– blocage par zéro de courant.
7. Nous reprenons ici dans sa quasi–intégralité le contenu de [1], section 1.5 à 1.7.
CHAPITRE 1. INTRODUCTION À LA CONVERSION... 38

Caractéristique
Symbole
idéale réelle

1 @ 1 @

)
1 @

7 @
7
7 @ @

Fig. 1.37 – Diode

En ce qui concerne le composant réel, les différences par rapport au composant ((idéal))
sont les suivantes :

– chute de tension directe : lorsque la diode est passante, on mesure une tension
comprise entre 0.7V et 1V ,
– application d’une tension inverse : il existe la circulation d’un courant inverse qui,
bien que de valeur faible, est non–nul.
– tension d’avalanche : lorsque la tension inverse appliquée dépasse une certaine limite
(toujours indiquée par le constructeur), le courant inverse augmente fortement. Il
va sans dire que ce phénomêne, bien que totalement réversible de par la physique
du semi–conducteur, peut être destructeur pour le composant puisque ce dernier
doit dissiper une puissance qui peut être élevée. En électronique de puissance, on
aura grand soin de rester au-dessus de cette tension d’avalanche.

Ceci définit les caractéristiques statiques de la diode. D’un point de vue dynamique,
il est important de connaı̂tre les phénomênes liés aux commutations de ce composant,
notamment lors de son blocage. La caractéristique statique définie précédemment permet
en effet de penser que le courant ne peut jamais être négatif dans une diode (mis à part le
faible courant inverse). D’autre part, dès que le courant d’une diode passante s’annule, la
tension inverse est censée pouvoir s’établir. Les tracés types du courant et de la tension
d’une diode se bloquant sont donnés Fig. 1.38, et montrent au contraire l’existence d’un
fort courant inverse.
Sans rentrer dans le détail de la physique du semi–conducteur, on peut toutefois
expliquer ce phénomêne en considérant la jonction P N qui constitue toute diode. Lorsque
cette dernière est passante, la jonction est saturée. Mis à part une faible chute de tension
aux bornes de la diode, une caractéritique importante est que la jonction P N va stocker
des charges. Pour que la diode se bloque, la jonction P N doit se désaturer. Tant que
cette jonction n’a pas évacuée toutes les charges stockées, la diode reste passante quand
bien même le courant traversant la diode devient négatif. On observe ainsi un courant
négatif, et une tension Ud qui reste la tension de la diode à l’état passant, et ce pendant
un temps tr (Fig. 1.38).
CHAPITRE 1. INTRODUCTION À LA CONVERSION... 39

I d

t rr
tr t ri
t
I R M

U d
t

Fig. 1.38 – Blocage de la diode

En revanche, l’existence d’un courant négatif pendant tr permet l’évacuation des


charges stockées dans la jonction saturée. Dès que ces charges sont éliminées, alors la
jonction se désature, et le processus de blocage effectif de la diode peut commencer : la
tension inverse peut s’établir.
Cependant, alors que cette tension s’établit, le courant inverse dans la diode n’est
toujours pas nul. Il y a deux conséquences :
– pendant cette phase, d’une durée tri , le produit Ud Id est loin d’être nul. La puissance
dissipée par le composant peut devenir importante,
– Parce que les circuit environnant une diode sont toujours inductifs (même faible-
ment), la brusque variation liée au courant inverse de la diode qui s’annule introduit
une surtension aux bornes du composant ainsi que cela est montré sur la courbe
Ud Fig. 1.38.
Deux paramètres sont ainsi très important dans la choix d’un diode :
– son temps de recouvrement : trr = tr + tri
– sa pointe de courant inverse : IRM .
Ces phénomênes observés lors du blocage de la diode peuvent s’avérer fort pénalisant,
et exigent de la part du concepteur de choisir des diodes telles que ces courant de recou-
vrement soient minimisés, ou bien que la diode soit placée dans une structure telle que
le courant inverse ne puisse exister.

1.4.3 Eléments entièrement commandables


A l’opposé de la diode, dont toutes les commutations sont spontanées, l’électronicien
de puissance dispose d’un gamme de composants, qui sont commandable à l’amorçage
ainsi qu’au blocage. Ce sont des interrupteurs à deux segments tels que décrits Fig.
1.28(a).
Nous proposons donc de présenter ici :
– le transistor bipolaire,
– le MOS,
– l’IGBT,
– le GTO.
CHAPITRE 1. INTRODUCTION À LA CONVERSION... 40

1.4.3.1 Le transistor bipolaire


Présentation Le transistor bipolaire est un semi–conducteur généralement du type
N P N , capable de tenir des tensions jusqu’à 1.2kV , et pouvant être traversé par des
courants de quelques dizaines d’ampères.
Le symbole par lequel on représente un tel composant, ainsi que les caractéristiques
statiques idéale et réelle sont données Fig. 1.39.

Caractéristique
Symbole
idéale réelle

+ 1 ? 1 ?

1 ?

1 >
* 7 ? A

7 ? A 7 ? A
-

Fig. 1.39 – Transistor bipolaire

Sur chacune des caractéritiques, nous avons représenté la trajectoire qui peut être
suivie dans le plan Uce Ic lorsque le transistor bipolaire commute. Ceci, afin de rappeler
la caractéristiques même d’un commutation commandée telle que nous l’avons définie
Déf.1.3.2.
Il est important de retenir que le passage dans le plan Uce Ic n’est lié qu’aux commu-
tations. Lorsque le composant est passant, on doit se trouver au proche voisinage de l’axe
Ic . De même, lorsque le transistor est bloqué, on doit se trouver au voisinage de l’axe
Uce : en électronique de puissance, le transistor bipolaire de puissance n’est jamais utilisé
dans sa caractéritique linéaire.
Enfin, bien qu’un transistor bipolaire soit théoriquement capable de conduire en in-
verse, cette propriété est rarement exploitable (faible gain du transistor bipolaire en
inverse).
De même, l’application d’une tension émetteur en inverse peut être destructrice pour
le composant : la faible épaisseur de la couche N de la jonction base–émetteur ne permet
pas la tenue d’une tension inverse par trop importante, comparativement à l’épaisseur de
la couche N de la jonction collecteur–base.

Commande La commande d’un transistor bipolaire doit permettre d’assurer l’état de


blocage, l’état de saturation, ainsi que le passage d’un état à l’autre.
Un paramètre important pour tout transistor est son gain en courant (β ou encore
h21 ). Pour assurer la saturation de tout transistor, il faut que le courant base Ib et le
courant Ic vérifient la relation :

h21 Ib > Ic (1.29)


CHAPITRE 1. INTRODUCTION À LA CONVERSION... 41

Il convient donc d’évaluer ce que sera la valeur maximale du courant collecteur, pour
déterminer quelle valeur on devra donner à Ib afin qu’à l’état passant, le transistor soit
correctement saturé.
On doit cependant veiller à ne pas trop saturer ce transistor : dans cet état, les deux
jonctions P N du transistor et stockent des charges qu’il faudra extraire si l’on veut
bloquer promptement le transistor.
Pour éviter ce stockage de charges, il conviendra donc de se placer non pas dans des
conditions de saturation , mais dans des conditions de quasi–saturation. Cela signifie que
le courant Ib devra être déterminé de façon assurer de manière limite la relation (1.29).
Enfin, lorsque on souhaite bloquer le transistor, il ne suffit pas d’appliquer une tension
nulle sur sa base. Les charges qui sont de toute façon stockées dans les jonctions ne
s’évacueront que par recombinaison interne. Il s’agit d’un phénomêne lent. Tant que ces
charges ne sont pas évacuées, les jonctions du transistor restent saturées, ce qui entraı̂ne
un retard souvent inadmissible dans le blocage du transistor.
Il faut donc évacuer ces charges par la base, en y appliquant un potentiel négatif.
Typiquement, la commande d’un transistor bipolaire doit être telle que :
– à l’amorçage, on doit générer une pointe de courant afin de saturer les jonctions du
transistor au plus vite,
– une fois amorcé, le courant Ib doit ((suivre)) le courant Ic , au rapport h21 près, afin
de se placer en quasi–saturation plutôt qu’en saturation,
– au blocage, on doit extraire un courant de la base, afin d’accélérer la désaturation
des jonctions du transistor.

1.4.3.2 Le MOS
Présentation Le transistor MOSFET, désigné par MOS de façon abrégée, est un
élément semi–conducteur à effet de champ.
Il est composé de trois électrodes : le drain D, la source S et la grille G qui corres-
pondent respectivement au collecteur, à l’émetteur et à la base d’un transistor bipolaire.
Nous donnons Fig. 1.40 la représentation symbolique, ainsi que les caractéristiques
idéalisée et réelle de ce composant. Il s’agit ici aussi d’un composant à deux segments,
dont l’amorçage et le blocage sont commandés.
Une propriété qui peut s’avérer intéressante ou bien pénalisante (c’est selon les cas),
est que par sa structure physique, ce composant possède une diode en anti–parallèle
(Fig. 1.41). Cette diode peut supporter le même courant nominal que celui supporté par
le transistor. En revanche, cette diode possède un temps de recouvrement relativement
élevé (voir paragraphe 1.4.2).
Les grands atouts du MOS sont les suivants :
– une grande rapidité de commutation, notamment en ce qui concerne le blocage par
rapport au transistor bipolaire,
– simplicité dans la mise en œuvre de la commande : amorcer ou bloquer un MOS
consiste en la simple charge ou décharge de la capacité grille–source. C’est une
commande en tension. Nous y reviendrons dans le paragraphe suivant.
Le défaut majeur du MOS est lié à une résistance à l’état passant de valeur élevée.
Ceci est source de pertes en conduction élevées, qui augmentent avec la tenue de tension
à l’état bloqué. Le MOS est un composant dont l’utilisation est limitée à des applications
de quelques centaine de Volts, et quelques dizaines d’ampères.
CHAPITRE 1. INTRODUCTION À LA CONVERSION... 42

Caractéristique
Symbole
idéale réelle

1 @ 1 @

,
1 @

/ 7 @ I

7 @ I 7 @ I
5

Fig. 1.40 – Transistor MOS de puissance


,
1 @

/ 7 @ I

Fig. 1.41 – Diode interne du MOS

On notera l’apparition toute récente d’un nouveau type de MOS (le ((coolMOS))),
composant qui offre une résistance à l’état passant de l’ordre du milli-ohms, ce qui remet
en cause le commentaire précédent [4]...

Commande Nous ne détaillerons pas ici la commande du MOS, dans la mesure où
cette dernière se révèle plus simple de mise en œuvre que celle du transistor bipolaire.
Pour s’en persuader, il suffit de considérer le schéma Fig. 1.42 sur lequel nous avons fait
figurer les capacités existantes entre les différentes ((pattes)) du MOS.

,
+ C @

/ + @ I

+ C I

Fig. 1.42 – Commande du MOS : charge et décharge de capacités

Ces capacités sont au nombre de trois :


– capacité grille–source Cgs : c’est a priori la plus intéressante puisque les variations
de tension à ses bornes vont provoquer le blocage ou l’amorçage du composant,
– capacité grille–drain Cdg ,
CHAPITRE 1. INTRODUCTION À LA CONVERSION... 43

– capacité drain–source Cds .


On doit en outre bien comprendre deux choses :
– Il n’est aucun courant à ((dépenser)) pour saturer ou désaturer une éventuelle jonc-
tion P N car l’état bloqué ou passant du MOS ne dépend pas de la saturation d’une
jonction,
– le MOS est à ((grille isolée)) : toute fluctuation de Ugs (commande du MOS) n’a
pour résultat que la charge ou décharge de Cgs . Pour amorcer ou bloquer le MOS,
il suffit que la commande génère le courant nécessaire à cela.
Ainsi l’amorçage ou le blocage du MOS ne consiste qu’en la charge ou en la décharge
de capacités, de faibles valeurs par ailleurs.
Le seul piège que l’on doit éviter est de sous-estimer le courant nécessaire à la charge
de ces condensateurs : le MOS a beau être commandé en tension, on ne peut charger ou
décharger une capacité en un temps limité que si le courant dédié à cela est de valeur
conséquente : pour charger une capacité de 10nF de −15V à +15V en un temps de 0.1µs,
il faut un courant de 3A !

1.4.3.3 Insulated Gate Bipolar Transistor (IGBT)


Présentation A l’instar des composants précédemment définis, l’Insulated Gate Bipo-
lar Transistor, désigné par le sigle IGBT, est un composant à trois électrodes : la grille
sur laquelle sont appliqués les signaux de commande, ainsi que le collecteur et l’émetteur
qui sont les électrodes de puissance du composant.
C’est un composant à deux segments, que l’on commande à l’amorçage et au blocage.
Son symbole représentatif, ainsi que ses caractéristiques statiques idéale et réelle sont
données Fig. 1.43.

Caractéristique
Symbole
idéale réelle

+ 1 ? 1 ?

/ 7 ? A

7 C A
7 ? A 7 ? A
-

Fig. 1.43 – Transistor IGBT

Par la définition d’un tel composant, les concepteurs ont voulu combiner les avantages
respectifs d’un transistor bipolaire et d’un MOS. La figure Fig. 1.44 montre en effet quel
est le schéma équivalent qui résulte de l’analyse de la structure interne d’un IGBT.
Par un tel composant, on bénéficie :
– de la simplicité de commande d’un MOS : a l’instar d’un MOS, le blocage ou
l’amorçage d’un IGBT consiste en la charge ou la décharge de capacités de faibles
CHAPITRE 1. INTRODUCTION À LA CONVERSION... 44

Fig. 1.44 – Synthèse de l’IGBT

valeurs,
– de la tenue en tension du transistor bipolaire, bien adapté aux tensions de blocage
élevées (supérieures à 1000V ).
Cependant, les concepteurs du composants se sont heurtés à quelques problèmes. Si
l’on cumule les avantages de deux composants qu’on associe, on en cumule aussi les
inconvénients :
– l’étage de puissance est un transistor bipolaire : pour le rendre passant, on doit
saturer ou quasi–saturer deux jonctions P N . On va donc y stocker des charges.
– les MOS est à ((grille isolée)) : atout indéniable du point de vue de la commande,
mais qui rend a priori impossible d’extraire les charges stockées dans le transistor
bipolaire lorsqu’on veut le bloquer.
Pendant longtemps, l’utilisateur a été confronté au phénomêne de la ((queue de cou-
rant)) : alors même que le composant a reçu l’ordre de se bloquer, et que la tension Uce
a pu se rétablir, un courant continue de traverser le composant (évacuation des charges
stockées dans les jonctions P N ).
Ce problème est en partie résolu aujourd’hui, ce qui permet de réduire grandement
les pertes par commutation.
De plus, si l’on analyse la caractéristique statique ((réelle)) du composant, on dis-
tingue un seuil de ((décrochage)) de la tension Uce en état de conduction qui augmente
sensiblement la tension de saturation et les pertes en conduction par voie de conséquence.
On doit toutefois dire que cette tension de saturation tend à diminuer de façon dras-
tique ces dernières années, permettant de diminuer grandement les pertes en conduction.

Commande Ainsi qu’exposé précédemment, l’étage de commande d’un IGBT étant la


grille d’un MOS, la probématique de sa commande est identique à celle exposée pour ce
dernier. Nous n’y reviendrons donc pas.
En fin de compte,l’IGBT présente de nombreux atouts qui en font un composant de
plus en plus utilisé tant pour les calibres en tension et courant qu’il propose, que par la
simplicité de sa commande.

1.4.3.4 Le thyristor blocable ”Gate Turn Off” GTO


Présentation Le thyristor GTO, désigné par le sigle GTO, est un composant à trois
électrodes : la gâchette sur laquelle sont appliqués les signaux de commande, ainsi que
CHAPITRE 1. INTRODUCTION À LA CONVERSION... 45

l’anode et la cathode qui sont les électrodes de puissance du composant.


C’est un composant à deux segments, commandable par impulsion à l’amorçage et au
blocage.
Son symbole représentatif, ainsi que ses caractéristiques statiques idéale et réelle sont
données Fig. 1.45.

Caractéristique
Symbole
idéale réelle

1 =
1 =

)
1 =

7 = ? 7 = ? 7 = ?
/
+

Fig. 1.45 – Transistor GTO


C’est un composant qui, comme le montre sa carctéristique statique, ne permet pas le
blocage d’une tension inverse. Dans ce cas en effet (Uac < 0), le GTO se comporte comme
une résistance, et doit dissiper une puissance dont la valeur peut amener sa destruction.
Pour éviter l’application d’une tension inverse aux bornes du GTO, deux solutions
sont envisageables, exposées Fig. 1.46.

Fig. 1.46(a) Tension inverse Fig. 1.46(b) Conduction inverse

Fig. 1.46 – Association GTO–Diode


Si le GTO est susceptible d’être soumis à une tension inverse, mais qu’on ne souhaite
pas le voir conduire en inverse, on peut placer une diode en série, tel que représenté Fig.
1.46(a). En cas d’application d’une tension inverse sur l’ensemble, c’est la diode qui va
permettre de ((tenir)) cette tension.
En revanche, si le GTO est placé dans une structure qui impose que l’interrupteur soit
bidirectionnel en courant, on peut placer une diode en anti–parallèle, ainsi que représenté
Fig. 1.46(b). On notera que même dans cette dans cette configuration, le GTO ne peut
être soumis à une tension inverse grâce à la diode.
CHAPITRE 1. INTRODUCTION À LA CONVERSION... 46

Le GTO peut supporter des tensions de blocage directes très élevées (quelques kV ),
pour des courant nominaux allant jusqu’à quelques centaines d’ampères.
Le GTO est vraiment dédié aux applications de forte puissance. On le rencontre
particulièrement dans les convertisseurs statiques à l’usage de la traction électrique ou
des moteurs à courant alternatif de grande puissance.

Commande La commande d’un GTO s’avère plus difficile à mettre en œuvre que celle
pour les éléments précédents (même celle du transistor).
Pour illustrer cela, nous donnons Fig. 1.47 la forme type du courant de gâchette d’un
GTO.
1 /

1 / 6

1 / 4

Fig. 1.47 – Commande du GTO

La mise en conduction nécessite une impulsion de courant de gâchette, d’environ 5


fois supérieure à IGT , courant de gâchette qui détermine deux types de fonctionnement
possible du GTO :
– si IG < IGT , alors le fonctionnement du GTO est proche d’un fonctionnement d’un
transistor, du point de vue de la commande,
– si IG > IGT , alors le fonctionnement du GTO est proche d’un fonctionnement d’un
thyristor, du point de vue de la commande. Nous ne verrons le thyristor que dans
la section suivante, mais ce type de fonctionnement, d’un point de vue commande,
est un fonctionnement par impulsions.
Une fois le GTO amorcé, on doit maintenir le courant de gâchette à IGT , afin de
réduire les pertes par conduction.
Lorsqu’il s’agit de bloquer le GTO, il faut soutirer un courant de 20 à 100% du courant
d’anode, pendant une durée de quelques centaines de ns. Il faut pour cela appliquer une
tension négative entre la gâchette et la cathode. La valeur maximale de cette tension
négative est limitée par la tension d’avalanche de la jonction gâchette–cathode, définie
par le constructeur.
Les grandeurs électriques qui interviennent dans la commande du GTO sont on le
voit conséquentes, rendant ardue la mise en œuvre de la commande du GTO.
On notera toutefois la mise en circulation récente sur le marché d’un nouveau com-
posant : l’IGCT. Ce composant n’est en fin de compte ((rien d’autre)) qu’un GTO, auquel
on adjoint le circuit de commande dédié qui permet son pilotage optimal. L’utilisateur
n’a plus à de préocupper de l’optimisation de cette commande, et pilote le composant de
puissance à partir de signaux logiques. C’est un grand progrès...
CHAPITRE 1. INTRODUCTION À LA CONVERSION... 47

1.4.4 Eléments ”semi–commandables”


Nous avons jusqu’ici défini deux types de composants : celui dont toutes les commuta-
tions sont spontanées (la diode), et ceux dont toutes les commutations sont commandées
( le transistor bipolaire, le MOS, l’IGBT et le GTO).
Entre ces deux extrêmes existent deux composants, dont une commutation est com-
mandée, la seconde étant spontanée.
Nous détaillerons le fonctionnement du thyristor (commande à l’amorçage). Nous ne
ferons qu’évoquer le thyristor dual (commande au blocage), qui n’est pas un composant
de puissance au même titre que ceux évoqués jusqu’alors.

1.4.4.1 Le Thyristor
Présentation Le thyristor est un composant de puissance dont une seule commutation
est commandée :
– Commutation commandée : la fermeture, lorsque la tension aux bornes du compo-
sant est positive, et que le thyristor reçoit l’ordre de s’amorcer.
– Commutation spontanée : l’ouverture, lorsque le courant qui traversait le composant
s’annule.
Ces caractéristiques sont celles d’un thyristor parfait. Si l’on met en relation ces
propriétés avec celles définies dans les sections relatives aux définitions du changement
d’état d’un interrupteur (section 1.3.3.3) et de la commutation naturelle (section 1.3.4.2),
le thyristor est forcément un interrupteur à trois segments.
Il n’existe en fait pas qu’un seul type de thyristor. Il existe quatre familles, dont nous
donnons les désignations, les symboles, ainsi que les caractéristiques statiques et réelles
Fig. 1.48.
Nous proposons ici de commenter les propriétés de chacun de ces thyristors :
– Thyristor Silicon Controlled Rectifier : l’amorçage de ce composant est possible
lorsque la tension Uac est positive. A ce moment–là, le composant peut s’amorcer
si une impulsion positive est appliquée sur la gâchette. On parle d’allumage ou
d’amorçage d’un thyristor.
Le blocage du SCR est du type diode : par annulation du courant qui le traversait.
Mais cela ne suffit pas. Il faut en outre que la tension s’inverse effectivement aux
bornes du SCR dès le blocage, et ce pendant un temps tq dit de ((désamorçage)).
Il s’agit en fait d’assurer l’évacuation ou recombinaison des charges qui étaient
stockées dans les jonctions P N du composant passant. Tant que ces charges ne
sont pas évacuées, le SCR est susceptible de conduire à nouveau si la tension à ses
bornes devient positive.
Après le temps tq , le thyristor peut supporter à nouveau une tension positive sans
s’amorcer pour autant, tant qu’on ne lui en donnera pas l’ordre.
Il est bien évident que le blocage spontané est lié au bon vouloir de l’évolution du
courant qui traverse le thyristor :
• en régime de commutation naturelle : ce courant va s’annuler de lui–même par
l’amorçage commandé d’un autre interrupteur de la cellule de commutation.
• si le courant ne s’annule pas naturellement, il faudra le forcer, par l’ajout de
circuits permettant de réaliser artificiellement l’annulation du courant dans le
thyristor que l’on souhaite bloquer. C’est la commutation forcée.
CHAPITRE 1. INTRODUCTION À LA CONVERSION... 48

Caractéristique
Désignation Symbole
idéale réelle
1 1
) = =

1 =

7 = ?
/ 7 = ? 7 = ?

Thyristor Silicon +

Controlled Rectifier
(SCR)
1 1
) = =

1 =

7 = ?
/ 7 = ? 7 = ?

Thyristor Asymetrical +

SCR (ASCR)
1 =
1 =

)
7 7 = ?
1 =
= ?

7 = ?
/

Reverse Conducting +

Thyristor (RCT)
1 =
1 =

)
7 = ?
7 = ?
1 =

7 = ?

Triac +

Fig. 1.48 – Eléments semi–conducteurs commandables à la fermeture : les thyristors

Parmi les précautions dont on doit s’entourer dans la mise en œuvre d’un thyristor,
on peut citer :
• amorçage spontané du thyristor lorsque la croissance de la tension à ses bornes
est trop rapide (cela fait partie des données constructeur),
• risque de destruction du SCR si le courant croit trop vite à l’amorçage. Il faut
donc limiter cette croissance par une inductance en série avec le thyristor.
Nous verrons cela lors de l’étude des ((snubbers)).
On devra de plus retenir qu’à l’état passant, la chute de tension du thyristor est de
1V à 2V (supérieure à celle d’une diode).
– Asymetrical Silicon Controlled Rectifier (ASCR) : d’un point de vue structure phy-
sique du composant, on peut, par l’ajout d’une couche fortement dopée augmenter
fortement la tenue en tension directe. Le prix à payer pour cela est une non moins
forte dégradation de la tenue en tension inverse.
CHAPITRE 1. INTRODUCTION À LA CONVERSION... 49

On peut également diminuer certaines couches du thyristor tout en garantissant


une même tenue en tension directe qu’un thyristor classique, avec les avantages
suivants :
• diminution de la chute de tension à l’état passant,
• diminution du temps de désamorçage.
On obtient ainsi un thyristor asymétrique, mais haute tension, rapide, et à faibles
pertes. Il n’existe évidemment aucun pouvoir de blocage inverse, mais si l’examen
de la cellule de commutation montre que l’on doit placer une diode en anti–parallèle
sur le thyristor, la perte du pouvoir de blocage inverse est sans conséquence.
– Reverse Conducting Thyristor (RCT) : il s’agit d’un thyristor qui, grâce à une diode
intégrée en anti–parallèle est toujours conducteur en sens inverse.
Soumis à une tension positive, le thyristor ne conduira que si la gâchette a été
stimulée.
Ce type de thyristor permet des simplifications importantes dans certains montages
où l’examen de la cellule de commutation démontre que le thyristor que l’on doit
placer doit être associé à une diode en anti–parallèle.
– triac : ce composant correspond, dans son principe, à la mise en anti–parallèle de
deux thyristors, mais avec une seule et unique gâchette.
Ainsi, le triac est bidirectionnel en tension et en courant.
Pour amorcer un triac, on doit appliquer une tension positive ou négative sur la
gâchette, suivant le signe de la tension aux bornes du composant.
Le blocage est spontané, au passage par zéro du courant qui traversait le triac.

Commande La commande doit fournir l’impulsion d’amorçage (et d’amorçage unique-


ment) du thyristor.
Le fonctionnement type de cette commande est le suivant :
– fournir sur la gâchette un courant d’amplitude bien supérieure à la valeur minimale
exigée par le constructeur.
– le flanc de montée de l’impulsion de courant doit être très court (inférieur à 1µs).
– la durée de l’impulsion de courant doit être suffisamment longue pour que le courant
d’anode ait le temps de dépasser la valeur du courant de maintien IH .
Le courant de maintien IH est le courant d’anode Ia minimal nécessaire au maintien
du thyristor dans l’état passant.
La mise en œuvre d’un telle commande est plus simple que celles pour le transistor
bipolaire ou le GTO.

1.4.4.2 Le Thyristor dual


Principe Ce composant est appelé ainsi car il présente en tout point des propriétés
duales au thyristor. Comme ce dernier, le thyristor dual est un interrupteur à trois seg-
ments, mais :
– le thyristor est bidirectionnel en tension ? Le thyristor dual est bidirectionnel en
courant.
– le thyristor est unidirectionnel en courant? Le thyristor dual est unidirectionnel en
tension.
CHAPITRE 1. INTRODUCTION À LA CONVERSION... 50

– le thyristor est commandé à l’amorçage? Le thyristor dual est à amorçage spontané.


– le thyristor est à fermeture spontanée? Le thyristor dual est commandé à la ferme-
ture.
En résumé, le thyristor et le thyristor dual sont exactement la même chose, sauf qu’ils
sont exactement les contraires l’un de l’autre.
Nous proposons Fig. 1.49 le symbole de ce composant, ainsi que sa caractéristique
statique idéale, qui résume les propos que nous venons de tenir.

Caractéristique
Symbole
idéale

1 =

7 = ?
)
1 =

7 = ?
/
> 
+

Fig. 1.49 – Thyristor dual

Nous n’avons pas fait figurer la caractéritique statique réelle de ce composant, pour la
simple et bonne raison qu’il n’existe pas en temps que tel, au même titre qu’un thyristor.
Pour réaliser un thyristor, on dope suivant plusieurs procédés un matériau semi–
conducteur afin de faire se succéder des couches N et P . La superposition de ces couches
permet d’obtenir le thyristor tel que nous l’avons décrit.
Pour le thyristor dual, aucun agencement de couches N et P ne permet de réaliser le
composant décrit Fig. 1.49, commandable à la fermeture. C’est donc un composant qu’il
synthétiser à partir d’éléments électroniques pour obtenir la fonction décrite.
Ainsi, le thyristor dual n’existe pas ( au même titre qu’un thyristor, ou un bipolaire,
etc..), mais on peut le créer, ainsi que nous allons le développer succinctement.

Synthèse LA première étape nous est familière à présent. On doit synthétiser la ca-
ractéristique statique du thyristor dual à partir des composants définis jusqu’à présent.
Excluons d’emblée le recours à un thyristor, qui se saurait être commandé à la fer-
meture.
Restent la diode, ainsi que le transistor bipolaire, le MOS, l’IGBT et le GTO.
L’idée est de prendre un transistor (on choisira en fonction de calibres en tension et
courant, l’un ou l’autre des transistors), auquel on associe une diode en anti–parallèle.
C’est ce qui est représenté Fig. 1.50, ou l’on a associé un IGBT et une diode.
CHAPITRE 1. INTRODUCTION À LA CONVERSION... 51

Fig. 1.50 – Synthèse du thyristor dual

On doit à présent synthétiser l’amorçage spontané et la commande à la fermeture.


Pour ce, la commande de l’IGBT (qui doit recevoir des ordres d’amorçage ou de
blocage) émane d’une fonction ET : l’IGBT ne s’amorcera que si l’ordre est donné sur la
gâchette G et si la tension entre anode et cathode est nulle. En revanche, dès que l’ordre
de blocage est donné sur la gâchette, l’IGBT se bloque.
On synthétise bien ainsi un interrupteur :
– unidirectionnel en tension, et bidirectionnel en courant par l’association d’un tran-
sistor et d’une diode en anti–parallèle,
– à amorçage spontané : l’amorçage ne pourra avoir lieu que si la tension aux bornes
du composant est nulle,
– à fermeture commandée : quoi qu’il advienne, le composant se bloque dès que l’ordre
en est donné sur la gâchette.
Cela n’empêche pourtant pas de générer des impulsions d’amorçage pour le thyristor
dual. Mais, par la fonction ET , ces impulsions ne sont pas des ordres, mais des autori-
sations de s’amorcer, qui ne sont validées que si les conditions d’un amorçage spontané
sont réalisées.
La mise en œuvre d’un tel élément est ainsi quelque peu ardue : il faut non–seulement
créer le circuit de commande du transistor, mais il faut également synthétiser la fonc-
tion ((amorçage spontané)). Cependant, des tentatives ont été faites pour réaliser l’en-
semble ((puissance+commande)) au sein d’un même boitier, permettant à l’utilisateur de
considérer le thyristor dual comme un composant, au lieu d’être obligé de le synthétiser
lui–même.

1.4.5 Protection des éléments semi–conducteurs de puissance


1.4.5.1 Introduction
Nous avons défini la notion de commutation naturelle en nous référant à la cellule
élémentaire de commutation (Fig. 1.51).
La commutation des deux interrupteurs K1 et K2 est représentée Fig. 1.52, trajets
(1) pour l’amorçage et le blocage .
Si l’on analyse l’évolution des grandeurs UK1 et IK1 lors de l’amorçage et du blocage,
on s’aperçoit que lors des commutations : UK1 IK1 6= 0
CHAPITRE 1. INTRODUCTION À LA CONVERSION... 52

K 1
I K 1

U K 1 I K 2

U V c o m I
U K 2
K 2

Fig. 1.51 – Contraintes sur le composant

Ainsi, chaque commutation engendre, dans le composant actif, une puissance dissipée
non nulle. Le composant voit donc sa température augmenter. Ceci est fonction :
– de la valeur de U et I,
– de la fréquence de commutation : plus celle-ci est élevée, plus le cycle défini Fig.
1.52 se reproduit, augmentant la puissance moyenne que doit dissiper K1 .
Ce dernier point est fort pénalisant : si l’on ne modifie pas le cycle défini Fig. 1.52, le
seul moyen de réduire la puissance moyenne dissipée par K1 est de limiter la fréquence
de commutation. La conséquence est double :
– le convertisseur sera bruyant (ce qui est le cas de tout convertisseur statique fonc-
tionnant à une fréquence de commutation inférieure à 20kHz,
– le convertisseur sera volumineux et lourd, à cause de la présence d’éventuels cir-
cuits magnétiques, dont le volume est inversement proportionnel à la fréquence de
fonctionnement.
On ne peut donc utiliser un composant actif tel que K1 isolément. On doit lui ad-
joindre des circuits permettant de modifier le cycle Fig. 1.52 afin de réduire les pertes par
commutation. De tels circuits sont appelés SNUBBER, ou encore CALC (pour Circuits
d’Aide à La Commutation). Un exemple est présenté Fig. 1.52.

I K 1 (1 ) I K 1 (1 )
D c 1 I I
L c R c 1

C c
(2 ) (2 )
V K 1 V K 1
K 1
D c 2 R c 2
U U
B lo c a g e A m o rç a g e

Fig. 1.52 – Circuit d’aide à la commutation

1.4.5.2 Amorçage
Sans CALC, le schéma proposé Fig. 1.52 (amorçage, trajet (1)) a déjà été expliqué.
On notera cependant deux étapes :
– Le courant s’établit en premier lieu,
– Une fois le courant établi, la tension aux bornes de K1 s’effondre.
L’idée consiste à retarder l’établissement du courant, en ne le laissant croı̂tre que
lorsque la tension aux bornes de K1 se sera effondrée.
CHAPITRE 1. INTRODUCTION À LA CONVERSION... 53

On pourra avoir recours au caractère inertie de courant d’une inductance, que l’on
placera en série avec K1 . A l’amorçage, l’inductance Lc (Fig. 1.52) limite le dIdtK1 , et
permet d’obtenir un cycle de commutation tel que représenté Fig. 1.52 (amorçage, trajet
(2)).
Au résultat, les pertes par commutations à l’amorçage sont diminuées, ce qui permet
d’envisager une fréquence de commutation plus élevée.
Le CALC à l’amorçage serait cependant incomplet si l’on ne place pas en anti–parallèle
sur Lc le circuit Rc1 Dc1 . En effet, lors du blocage, le courant traversant K1 , et donc Lc
serait brutalement interrompu. En digne source de courant, Lc induirait une surtension
stressante pour K1 . Il faut donc dissiper l’énergie stockée dans Lc (sous la forme 21 Lc IK1 2 ) :
c’est le rôle de Rc1 . Mais comme on doit absolument éviter que le courant IK1 puisse
traverser Rc1 , on place la diode Dc1 qui ne permet la mise en œuvre de Rc1 qu’en phase
de blocage de K1 . On minimise ainsi la puissance dissipée dans cette résistance de CALC.

1.4.5.3 Blocage
Sans CALC, le schéma proposé Fig. 1.52 (blocage, trajet (1)) a déjà été expliqué. On
notera cependant deux étapes :
– La tension s’établit en premier lieu,
– Une fois la tension établie, le courant dans K1 s’effondre.
L’idée consiste à retarder la croissance de la tension, en ne la laissant croı̂tre que
lorsque le courant dans K1 se sera effondré.
A l’issue des explications précédemment données, on pourra avoir recours au caractère
inertie de tension d’un condensateur, que l’on placera en parallèle sur K1 . Au blocage, le
condensateur Cc (Fig. 1.52) limite le dUdtK1 , et permet d’obtenir un cycle de commutation
tel que représenté Fig. 1.52 (blocage, trajet (2)).
Au résultat, les pertes par commutations au blocage sont diminuées, ce qui permet
d’envisager une fréquence de commutation plus élevée.
Le CALC au blocage serait cependant incomplet si l’on ne place pas en série avec
Cc le circuit Rc2 Dc2 parallèle. En effet, lors de l’amorçage, la tension aux bornes de K1
(donc aux bornes de Cc ) s’effondre brutalement. En digne source de tension, Cc induirait
une surintensité stressante pour K1 . Il faut donc dissiper l’énergie stockée dans Cc (sous
la forme 21 Cc UK1 2 ) : c’est le rôle de Rc2 . La diode Dc2 permet quant à elle :
– de forcer la décharge de Cc dans Rc2 . Ainsi l’énergie stockée 21 Cc UK1 2 n’est pas
dissipée dans K1 à l’amorçage, mais bien dans Rc2 ,
– de permettre la charge directe de Cc lors du blocage de K1 , permettant à ce premier
de jouer pleinement son rôle de CALC.
On remarquera que le CALC de blocage est dual au CALC d’amorçage.

Remarque importante Les deux CALC que nous avons définis pour l’interrupteur
K1 (Fig. 1.52) fonctionnent l’un pour l’amorçage, l’autre pour le blocage.
Il est bien évident que la mise en œuvre de ces deux CALC simultannément n’est
impérative que si l’interrupteur possède une caractéristique statique telle que celle définie
pour K1 (Fig. 1.35), qui définit un interrupteur commandé à l’amorçage et au blocage.
Dans le cas d’une diode, dont les commutations longent les axes (Uk ,Ik ) (commuta-
tions spontannées), aucun CALC n’est utile.
CHAPITRE 1. INTRODUCTION À LA CONVERSION... 54

On retiendra la règle suivante :

Règle 1.4.1 A une commutation commandée, on associe un CALC :


dIK
– amorçage : il faudra un CALC en série avec l’interrupteur pour limiter le dt
,
dUK
– blocage : il faudra un CALC en parallèle sur l’interrupteur pour limiter le dt
.
Bibliographie

[1] H. Bühler. Convertisseurs Statiques. Presses Polytechniques et Universitaires Ro-


mandes, 1991.
[2] J.-P. Ferrieux and F. Forest. Alimentations à découpage – Convertisseurs à résonance.
MASSON, second edition, 1994.
[3] Enseignants de l’N7 Foch. Méthode détude des convertisseurs statiques. Editions
MENTOR, 1984.
[4] A. Ch. Rufer. Développement et perspectives des composants de l’électronique de
puissance. Journées d’information ETG : Energie Technische Gesselschaft, March
1999. Bienne, Switzerland.

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