Vous êtes sur la page 1sur 39

Chapitre 2 : Commerce international et

concurrence monopolistique
Armel JACQUES
Première mise en ligne : 18 février 2007
Cette version : 8 avril 2007

1 Introduction

Dans les modèles de Ricardo, de Heckscher-Ohlin-Samuelson et dans les modèles de concurrence à la


Cournot du chapitre 1, le nombre de biens produits est exogène. Il existe un petit nombre de biens
et tous sont produits dans l’équilibre d’autarcie et dans l’équilibre de libre échange. L’ouverture
des frontières ne permet pas aux consommateurs d’accèder à de nouveaux biens qui ne sont pas
produits dans leur pays. Dans ce chapitre, au contraire, le nombre de biens produits est endogène.
Il existe un grand nombre de biens potentiels et seule une partie de ces biens potentiels est produite
dans chacun des pays. L’ouverture des frontières va permettre aux consommateurs d’accéder à de
nouveaux biens.

L’interprétation la plus courante est qu’il existe un nombre …ni de "biens de base" (voitures,
vêtements, …lms de cinéma, DVD, CD, etc), mais, que chacun de ces "biens de base" peut se
décliner en une in…nité de variétés. La di¤érence entre deux variétés d’un même bien est beaucoup
plus faible qu’entre deux biens di¤érents. Par exemple, le bien "repas au restaurant" se décline en
un grand nombre de variétés di¤érentes : restaurants chinois, indiens, japonais, français, italiens,
etc. De même, on peut distinguer di¤érentes variétés de …lms : …lms français psychologiques,
…lms d’actions américains, massala movies, …lms japonais, dessins animés, etc. Chacune de ces
catégories de …lms regroupant des …lms di¤érents. Certaines variétés potentielles peuvent ne pas
être produites. Le nombre de variétés de voitures imaginables est supérieur au nombre de modèles
CERESUR, Université de La Réunion, Faculté de Droit et d’Economie, 15, avenue René
Cassin, 97715 Saint-Denis messag cedex 9. Email : Armel.Jacques@univ-reunion.fr.

1
réellement disponibles.

Pour représenter formellement cette di¤érence entre biens di¤érents et variétés di¤érentes, on
peut introduire des fonctions d’utilité à deux niveaux :

U = U [u1 (:) ; u2 (:) ; :::; uI (:)]

où ui (:) est la "sous-utilité" engendrée par la consommation du bien i et U (:) est une fonction
d’utilité d’un niveau plus élevé qui transforme les sous-utilités associées à chacun des biens en un
niveau global de bien-être. On va supposer que si le bien i est un bien homogène (blé, eau, électricité,
etc) alors ui (:) ne dépend que de la quantité du bien consommée Di , et plus particulièrement, on
va poser : ui (Di ) Di . Si, au contraire, le bien i est un bien di¤érencié, alors ui (:) va dépendre de
la quantité de chaque variété consommée.

Le goût pour la variété peut être modélisé de deux façons di¤érentes. On peut supposer que
pour certains biens, les individus ont un goût pour la diversité. Par exemple, en matière culinaire,
les individus peuvent apprécier de varier : manger chinois, indien, japonais, libanais, etc plutôt
que toujours chinois. De même, les individus peuvent préférer voir un …lm romantique indien, un
…lm policier hong-kongais et un dessin animé japonais plutôt que trois …lms policiers hong-kongais.
Les consommateurs considèrent que toutes les variétés sont de qualités équivalentes. Des …lms
avec Sharukh Khan, Gérard Depardieu, Al Pacino ou Takeshi Kitano1 sont considérés comme des
produits di¤érents mais de qualité égale. A l’inverse pour d’autres biens, on peut supposer que
les individus ont une variété idéale et essayeront d’obtenir une variété qui s’en rapprochera le plus
possible. On peut, par exemple, penser que c’est le cas pour les automobiles. Si, cependant, cette
variété idéale est di¤érente pour chacun des individus composant la population, au niveau agrégé,
on aura une préférence pour la diversité comme dans le cas précédent. Plus il y aura de modèles
proposés et plus les individus auront de chance de trouver un modèle proche de celui de leurs rêves.
Le bien-être de l’ensemble de la population aura, donc, tendance à augmenter lorsque le nombre de
variétés disponibles augmente. Dans ce chapitre, on va développer la première approche2 : chacun
des individus a un goût pour la diversité3 .

On a vu, dans le chapitre sur la di¤érenciation horizontale du cours d’économie industrielle, que
les …rmes peuvent développer des stratégies assez sophistiquées de positionnement de leurs produits
1 Alternative : Scarlett Johansson, Virginie Ledoyen, Zhang Ziyi ou Rani Mukherjee.
2 Cette approche est basée sur les travaux d’économie industrielle de Spence (1976) et Dixit
et Stiglitz (1977).
3 Les étudiants intéressés par la seconde approche peuvent se reporter à Helpman et Krug-

man (1985) ou à Lancaster (1980).

2
par rapport à ceux des …rmes concurrentes. Intégrer ce type de stratégies dans un modèle d’équilibre
général serait trop compliqué. On supposera, donc, que les consommateurs considèrent que toutes
les variétés d’un même bien sont symétriques. Le bien-être des consommateurs dépendra, donc,
du nombre de variétés disponibles et non de leurs caractéristiques précises. On supposera aussi que
l’évaluation des biens par les consommateurs ne dépend pas de leur lieu de production. Par exemple,
les consommateurs ne supposent pas a priori qu’une voiture produite en Allemagne est de meilleure
qualité qu’une voiture produite en Italie. Autre exemple, un cinéphile français attribue la même
valeur à un …lm étranger qu’à un …lm français. On évacue, donc, tous les problèmes de di¤érences
de qualité, de préférences nationales, d’information imparfaite sur les biens importés, etc4 .

Dans ce chapitre, la variable stratégique choisie par les …rmes sera le prix. On sait que la con-
currence en prix peut rendre la résolution des modèles assez complexe. Pour simpli…er l’analyse, on
supposera que le nombre de …rmes est "grand", ce qui permettra de supprimer les aspects stratégiques
liés à la …xation du prix.

On fera, donc, des hypothèses assez restrictives sur les préférences des consommateurs et sur les
fonctions de coût des …rmes a…n d’essayer de conserver des modèles relativement simples.

Dans ce chapitre, on va présenter trois modèles, tous dus à Krugman. Le premier permet de
rendre endogène le nombre de biens et d’étudier l’e¤et des échanges sur le nombre de biens produits
et le niveau de production par …rme. Le deuxième modèle étudie les e¤ets dans ce type de modèles
de di¤érences factorielles entre les pays. Le troisième modèle étudie l’impact de l’introduction de
coûts de transport.

2 Modèle de Krugman (1979)

L’une des premières études formalisées qui endogénise le nombre de biens produits est due à Krugman
(1979)5 , qui a transposé à l’économie internationale le modèle de Dixit et Stiglitz (1977).
4 Ces problèmes feront l’objet (sous réserve de temps) d’un autre chapitre (en cours

d’écriture).
5 L’idée était dans "l’air du temps" et plusieurs autres études ont développé des modèles

similaires a peu près simultanément : Helpman (1981), Lancaster (1980), Lawrence et Spiller
(1983), parmi d’autres. Une première synthèse de ces travaux a été réalisée par Helpman
(1984).

3
2.1 Hypothèses du modèle

L’économie ne contient qu’un seul facteur de production : le travail. Ce facteur peut être utilisé
pour produire un grand nombre de biens. Le nombre de biens produits, n, est grand mais inférieur
au nombre de biens pouvant potentiellement être produits.

Tous les individus ont la même fonction d’utilité :


n
X
U= v (ci ) avec v 0 > 0 et v 00 < 0
i=1

où ci représente la quantité consommée du bien i. La fonction v (:) est concave. Le bien-être d’un
individu augmente donc lorsqu’il consomme un peu plus d’un bien mais de moins en moins. En
revanche, la fonction U est additive. Le bien-être apporté par la consommation de l’un des biens ne
dépend pas des quantités consommées des autres biens. Avec ce type de fonction d’utilité, si tous
les biens sont vendus au même prix, le consommateur va acheter la même quantité de chacun de ces
biens. En outre, si n augmente et que le prix des biens reste identique, le bien-être du consommateur
augmente. Il y a donc un goût pour la diversité.

On dé…nit la variable, ", qui sera très utile dans la suite, de la façon suivante :
v0
"i =
v 00 ci
@"i
et on fait l’hypothèse que @ci < 0. Cette hypothèse est importante et conditionne une partie des
résultats obtenus. La variable "i va se révéler être l’élasticité de la demande à laquelle un producteur
individuel est confronté.

La quantité de travail nécessaire pour produire un bien se décompose en un coût …xe de mise au
point du bien et un coût variable constant :

li = + xi ; >0 i = 1; :::; n

où li est la quantité de travail utilisée pour produire le bien i et xi est la quantité produite de ce
bien. Le coût moyen est, donc, décroissant et le coût marginal de production est constant.

L’o¤re de travail est exogène. Elle est égale à L. On note w le taux de salaire.

2.2 Equilibre en autarcie

On commence par déterminer l’équilibre d’autarcie avant de le comparer à l’équilibre de libre échange
pour caractériser les e¤ets des échanges.

4
2.2.1 Conditions d’équilibre

Pour que l’économie soit au point d’équilibre, trois conditions doivent être remplies.

1) Le marché de chacun des biens produits doit être en équilibre. L’o¤re du bien i, égale à xi ,
doit être égale à la demande du bien i, égale à la quantité demandée par un consommateur multipliée
par le nombre de consommateurs.
xi = Lci

2) Le marché du travail doit, lui aussi, être en équilibre. On suppose que le taux de salaire est
parfaitement ‡exible et qu’il s’ajuste pour assurer l’équilibre du marché du travail.
n
X
L= ( + xi )
i=1

3) Il y a libre entrée et libre sortie, donc, le pro…t des …rmes à l’équilibre doit être nul.

2.2.2 Calcul de l’équilibre

On cherche à déterminer les valeurs de trois variables : le prix auquel est vendu chacun des biens
(prix relatif par rapport au taux de salaire), le niveau de production de chaque bien et le nombre
de biens produits. Comme le modèle est symétrique, tous les biens seront proposés au même prix et
les quantités produites seront identiques : p = pi et x = xi , pour tous les i.

On va d’abord déterminer la demande qui s’adresse à chacune des …rmes. On déterminera,


ensuite, le prix et la quantité choisis par chaque …rme. On utilisera, en…n, la condition de pro…t nul
pour déterminer le nombre de biens e¤ectivement produits à l’équilibre.

Comportement des consommateurs : Les consommateurs maximisent leur utilité sous leur
contrainte de revenu. Le revenu de chaque consommateur est constitué de la rémunération de son
travail et égal à w.

Le programme du consommateur représentatif est :


n
X n
X
max v (ci ) s=c pi ci w
c1 ;:::;cn
i=1 i=1

Les conditions de premier ordre du programme de maximisation des consommateurs sont :

v 0 (ci ) pi = 0 i = 1; :::; n

5
où est le multiplicateur de Lagrange et peut être interprété comme l’utilité marginale du revenu.

On en déduit :
1 0 1 0 xi
pi = v (ci ) = v i = 1; :::; n
L
Si le nombre de biens est grand, l’e¤et du prix d’une …rme sur l’utilité marginale du revenu d’un
consommateur est négligeable et chaque …rme va considérer la valeur de comme indépendante
de sa décision de prix. Dans ce cas, l’élasticité de la fonction de demande de la …rme i va être
v0
(approximativement) égale à "i = v 00 ci .

Rappel : L’élasticité de la demande d’un bien est égale à6 :


dq
q p dq p dq p 1
"= dp
= = =
p
q dp q dp q dp
dq

Dans l’exemple :
1 0
v (ci ) 1 v 0 (ci )
"i ' 1 00 =
ci v (ci ) v 00 (ci ) ci

Comportement des …rmes : Chaque …rme est très petite par rapport à la taille de l’économie.
Chaque …rme considère, donc, que son prix n’a pas qu’une in‡uence négligeable sur les prix choisis
par les autres …rmes. Le grand nombre de …rmes permet, donc, de négliger les e¤ets stratégiques.

Le pro…t d’une …rme i est égal à :

i = pi xi (pi ) ( + xi (pi )) w

Pour trouver le prix choisi par la …rme i, on dérive sa fonction de pro…t par rapport à son prix
et on recherche la valeur de ce prix qui annule cette expression.
d i dxi dxi dxi
= 0 , xi (pi ) + pi w = 0 , xi (pi ) + (pi w) =0
dpi dpi dpi dpi
xi (pi ) pi w xi (pi ) pi w 1
, pi w= dxi
, = dxi
, =
dpi
pi pi dp p i "
i

1 1 " 1 "
, pi w = pi , p i pi = w , pi = w , pi = w
" " " " 1

On a donc :
"
pi = w
" 1
6 Attention : La dé…nition de l’élasticité change d’un manuel à l’autre. Certains manuels

dé…nissent l’élasticité comme : " = pq dp


dq
, tandis que d’autres la dé…nissent comme " = pq dp
dq
.
Le plus simple est souvent d’employer la valeur absolue de l’élasticité, j"j, qui est la même
pour les deux dé…nitions.

6
D’où :
p "
=
w " 1

On ne connaît pas encore la valeur du prix de chacun des biens puisque la valeur de l’élasticité
dépend du point de la fonction de demande où elle est mesurée, donc, du prix choisi par les …rmes.
Pour déterminer simultanément les valeurs de p et de x, on va combiner la relation que l’on vient
de trouver et la condition de pro…t nul à l’équilibre de long terme. On peut construire un graphique
p p "
en plaçant c en abscisse et w en ordonnée. La relation w = " 1 est une fonction croissante dans
ce graphique, notée PP, (car, on a supposé que " est une fonction décroissante de c). La seconde
relation s’écrit :
p
px ( + x) w = 0 , px = ( + x) w , = +
w x
Or :
x = Lc

d’où :
p
= + = +
w x Lc

On obtient donc une fonction croissante, notée ZZ. L’intersection de ces deux courbes détermine
p
l’équilibre du modèle et les valeurs de c et de w.

graphe

On peut obtenir le nombre de biens produits à l’équilibre, en utilisant la condition d’équilibre


sur le marché du travail :
L
L = n ( + x) , n =
+ x

On ne peut pas déterminer quels sont les biens produits. Mais, comme les biens sont parfaite-
ment symétriques, la seule information importante est le nombre de biens produits et non pas leurs
caractéristiques.

Pour obtenir des expressions précises de p, x et n, il faudrait préciser la forme de la fonction


v (c). Cependant, si on prend une forme simple pour v (c), certains e¤ets potentiels disparaissent.
Il semble, donc, préférable, pour l’instant, d’adopter une approche graphique et de déduire les
principaux résultats du graphique précédent.

7
2.3 E¤et du commerce international

Avant d’étudier directement les e¤ets du commerce international, on analyse les e¤ets d’une aug-
mentation du nombre de travailleurs dans l’économie. Beaucoup des e¤ets du commerce seront dus
à une augmentation de L.

2.3.1 E¤et d’une augmentation de L

Une augmentation de L n’a pas d’e¤et sur la courbe PP mais elle entraîne un déplacement vers la
gauche de la courbe ZZ. Une augmentation de L entraîne, donc, une diminution du prix des biens
par rapport au salaire (p=w diminue) et une diminution de la quantité de chaque bien consommée
par chacun des individus (c diminue). Cependant, l’économie comprend un plus grand nombre de
personnes et, malgré la diminution de c, la consommation totale, x, de chaque bien augmente. En
e¤et :
p p
= + , x= + x,x= p
w x w w

p
Une diminution de w entraîne, donc, une augmentation de x. Une augmentation du nombre de
travailleurs dans l’économie entraîne une augmentation de la production de chaque …rme. Ce qui
se traduit par une diminution du coût moyen de production et une diminution du prix de vente des
biens (mesuré en unités de travail).

Une augmentation de L et une diminution de c entraîne une augmentation de n.

L L
n= =
+ x + Lc

Le rapport p=w a diminué et c a diminué. Les consommateurs ont un pouvoir d’achat plus
important et ils consomment moins de chaque bien, il faut donc que le nombre de biens augmente
pour que la contrainte budgétaire des consommateurs continue d’être saturée.

Le bien-être des travailleurs augmente. Leur pouvoir d’achat a augmenté et ils ont accès à un
plus grand nombre de biens.

2.3.2 E¤ets du commerce international

On suppose que le monde est composé de deux économies identiques à celles décrites dans la section
précédente. Les deux pays sont identiques, L = L . Il n’y a pas de di¤érences de préférences entre
les consommateurs des deux pays. Il n’y a pas non plus de di¤érences de technologies entre les deux

8
pays. Et, comme il n’y a qu’un facteur de production, il n’y a pas de di¤érences de dotations relatives
en facteurs de production. Les théories traditionnelles du commerce international (Ricardo, HOS)
prédisent, donc, qu’il n’y aura pas de commerce entre les deux pays. On va, cependant, montrer
qu’il y a du commerce à l’équilibre de libre échange et des gains à l’échange.

Gains à l’échange : On suppose que les deux pays peuvent échanger des biens avec un coût de
transport nul. L’ouverture des frontières a le même e¤et dans chacun des pays qu’une augmentation
de la force de travail. Les deux pays mettent en commun leur dotation en travail et la nouvelle
économie dispose d’une force de travail égale à L + L . Le rapport p=w diminue dans les deux pays
et la quantité produite par chaque …rme, x, augmente dans les deux pays. Chaque consommateur
voit son pouvoir d’achat augmenter et a accès à un plus grand nombre de biens. Le bien-être des
habitants des deux pays augmente.

Dans chaque pays, l’ouverture des frontières va entraîner la fermeture de certaines entreprises. x
augmente dans chaque …rme. Le nombre de personnes travaillant à la production des biens augmente
donc. Comme la quantité de travail disponible est …xe, il faut parallèlement réduire le nombre de
personnes travaillant à la conception des biens. Le nombre de biens produits dans le monde diminue
après l’ouverture des frontières. Mais, comme les consommateurs ont accès à l’ensemble des biens
produits et non plus seulement à ceux produits dans leur pays, ils ont accès à un plus grand nombre
de biens.

Volume des échanges : Les pays et les biens étant symétriques, il n’est pas possible de prédire
à l’avance quel pays produira quels biens. On peut juste prédire qu’un bien ne sera produit que
dans un seul pays (au plus, certains biens potentiels ne sont pas produits) et que le nombre de biens
produits par chaque pays est proportionnel à sa dotation en travail.

L L
n= n =
+ x + x

La valeur des importations du pays H est égale à :

L L
M = wL = wL =M
L+L L+L

Le volume de ces échanges est maximum lorsque LL est maximum. Donc, lorsque les pays sont
de même taille. Plus les pays sont identiques et plus le volume des échanges est élevé. On avait
exactement la relation inverse avec les théories traditionnelles du commerce international. Dans le

9
modèle HOS, lorsque les pays ont les mêmes dotations relatives en facteurs, le volume des échanges
internationaux est nul.

2.4 Conclusion

L’existence d’économies d’échelle donne lieu à des échanges et à des gains à l’échange même en
l’absence de di¤érences de préférences, de technologies et de dotations factorielles. L’ouverture des
frontières permet d’augmenter la taille du marché et de mieux exploiter les économies d’échelle.

On va s’intéresser à deux extensions de ce modèle. Dans la première, on va introduire des


di¤érences de dotations factorielles entre les deux pays. Dans la seconde, on analyse les e¤ets de
l’introduction de coûts de transport.

3 Commerce intrabranche et gains aux échanges

Le modèle précédent a montré que l’existence d’économies d’échelle pouvait être une cause des
échanges internationaux. Il semble intéressant de faire interagir cette nouvelle explication du com-
merce internationale avec des explications plus traditionnelles comme les di¤érences de dotations
factorielles entre les pays. Krugman (1981) a construit un modèle mélangeant économies d’échelle
et di¤érences de dotations en facteurs de production. Cet exercice a deux objectifs principaux
: (1) étudier les déterminants de la décomposition des échanges entre commerce intra-branche et
inter-branche, (2) étudier comment le commerce international modi…e les rémunérations des dif-
férents facteurs de production. Dans le modèle de HOS, on sait que le commerce international
est globalement pro…table pour tous les pays, mais, à l’intérieur de chacun des pays les détenteurs
de certains facteurs de production voient leur bien-être diminuer si des mesures de redistribution
n’accompagnent pas l’ouverture des frontières. Krugman (1981) montre que, dans son modèle, le
commerce international peut, pour certaines valeurs des paramètres, être pro…table pour tous les
agents même en l’absence de mesures de redistribution des gains.

3.1 Hypothèses

Pour pouvoir étudier ces deux problématiques, il faut introduire un second facteur de production
et introduire une distinction nette entre au moins deux secteurs de production. Krugman (1981)
suppose, donc, que l’économie est composée de deux secteurs, chacun produisant un grand nombre
de biens di¤érenciés et il suppose que les travailleurs peuvent produire toutes les variétés de bien

10
d’un même secteur mais sont spécialisés dans les méthodes de production d’un seul secteur. La
population des travailleurs est, donc, séparée en deux parties. Une partie des travailleurs ne peut
travailler que dans le secteur 1 tandis que l’autre partie ne peut travailler que dans le secteur 2. La
mobilité inter-sectorielle est nulle.

3.1.1 Consommation

La fonction d’utilité des consommateurs est une fonction d’utilité à deux niveaux. Il existe deux
types de biens. La fonction d’utilité des consommateurs pour ces deux biens est de type Cobb-
Douglas. Ces deux types de biens se déclinent en un grand nombre de variétés. On dé…nit, donc, des
sous-fonctions d’utilité pour prendre en compte la consommation de variétés di¤érentes d’un bien.
La fonction d’utilité suivante permet de capturer ces di¤érents points :
!1= 0 11=
N1
X XN2
U = ln c1;i + ln @ c2;j A avec 0 < <1
i=1 j=1

où c1;i représente la quantité consommée de la variété i du bien 1. N1 et N2 représentent les nombres


de variétés potentielles du bien pouvant exister. Ces nombres sont supposés être très grands et à
l’équilibre les nombres de variétés e¤ectivement produites (que l’on notera : n1 et n2 ) seront inférieurs
à ces maxima.

Cette fonction d’utilité a plusieurs propriétés qui vont se révéler très utiles : (1) la maximisation
de cette fonction sous contrainte de revenu conduit chacun des consommateurs à dépenser la moitié
de son revenu dans l’achat de chacun des biens (propriété standard de la fonction Cobb-Douglas), (2)
si le nombre de produits est grand, l’élasticité de la demande qui s’adresse à chacun des producteurs
va être égale à 1= (1 ) et (3) elle permet de calculer les pertes et les gains dus au commerce
international sans trop de di¢ cultés.

La forme fonctionnelle retenue pour la fonction d’utilité des consommateurs est plus simple que
celle de Krugman (1979). Notamment, l’élasticité de la demande ne dépend plus de la quantité
consommée. Cela va permettre de simpli…er beaucoup les calculs et notamment d’obtenir des for-
mules explicites pour toutes les variables du modèle. La contrepartie de cette simpli…cation est
que le niveau de production de chaque …rme devient indépendant de L (et de z)7 . Les e¤ets du
commerce international sur l’échelle de production des …rmes qui étaient présents dans Krugman
(1979) n’apparaissent plus dans ce modèle.
7z sera dé…ni un peu plus loin.

11
3.1.2 Production

Dans cette économie, il n’y a que deux facteurs de production, chacun étant totalement spéci…que
à une industrie. En revanche, les facteurs de production ne sont pas spéci…ques à une variété
particulière d’une industrie. On appelle le premier facteur de production : travail de type 1 et le
second : travail de type 2.

La quantité de travail nécessaire pour produire une variété particulière d’un bien se décompose
en un coût …xe de mise au point du produit et un coût variable constant :

l1;i = + x1;i i = 1; :::; n1


l2;j = + x2;j j = 1; :::; n2

où l1;i est la quantité de travail utilisée pour produire la variété i de l’industrie 1, et x1;i est la
quantité de cette variété obtenue.

On note w1 et w2 les taux de salaires des deux types de travail.

L’o¤re de chaque type de travail est exogène. Elle est égale à L1 = 2 z pour le type de travail 1
et à L2 = z pour le type de travail 2. z est un paramètre compris entre 0 et 1, qui va servir plus tard
pour étudier l’e¤et du commerce international sur la distribution des revenus. La quantité totale de
travail disponible dans l’économie est égale à 2 et le paramètre z indique comment elle se répartit
entre les deux secteurs.

Les conditions d’équilibre sur les deux marchés du travail sont :


n1
X
l1;i = L1 = 2 z
i=1
n2
X
l2;j = L2 = z
j=1

3.2 Equilibre d’autarcie

On s’intéresse, d’abord, à la stratégie des …rmes. Le nombre de produits potentiels étant très grand
et les coûts de production des di¤érentes variétés étant identiques, chacune des …rmes va décider de
produire une variété di¤érente de celles de ses concurrentes8 . Le modèle ne permet pas de déterminer
quelles variétés seront précisément produites mais cette information ne joue pas un rôle important.
8 Si deux …rmes produisaient un produit identique, la concurrence en prix conduirait à …xer

un prix égal au coût marginal et les …rmes ne pourraient pas couvrir leur coût …xe.

12
Les …rmes …xent le prix qui maximise leur pro…t. A l’équilibre, on aura donc :
p1 c 1
=
p1 j"j
Le coût marginal de production dans le secteur 1 est égal à w1 ; il reste à déterminer l’élasticité de
la demande qui s’adresse à chacune des …rmes.

Les consommateurs maximisent leur utilité sous contrainte de revenu. Le lagrangien associé à ce
programme est égal à :
!1= 0 11= 0 1
N1
X XN2 n1
X n2
X
Lag = ln c1;i + ln @ c2;j A @ (p1;i c1;i ) + (p2;j c2;j ) wA
i=1 j=1 i=1 j=1

En dérivant par rapport à c1;i et en égalisant à 0, on obtient :

1 c1;i 1 c1;i 1 c1;i 1


N1
p1;i = 0 , p1;i = N1
, p1;i = N1
X X X
c1;i c1;i c1;i
i=1 i=1 i=1
N1
! N1
!
(1 )
X X 1
, c1;i = c1;i p1;i , c1;i = c1;i (p1;i ) 1

i=1 i=1

Si le nombre de produits est su¢ sament élevé alors la dépense!pour la variété i est faible par rapport
N1
X
au montant total dépensé pour le bien 1 et le terme c1;i peut être considéré comme constant.
i=1
1
La fonction demande a alors une élasticité constante égale à9 1 .

En introduisant cette valeur dans la règle de …xation de prix des …rmes, il vient :
p1 c 1 p1 w1
= , = (1 ) , p1 w1 = p1 (1 )
p1 j"j p1
1
, p1 p1 (1 ) = w 1 , p1 = w 1 , p1 = w1

De même :
1
p2 = w2

Les …rmes …xent, donc, un prix égal au coût marginal plus un certain pourcentage de ce coût10 .
9

0 1
N1
X
p dq p1;i 1 1 1 1
"i = ' 0 1 @ c1;i A (p1;i ) 1 =
q dp N1
X 1
1 i=1
1
@ c1;i A (p1;i ) 1

i=1

1 0 Cette règle de …xation du prix apparaît à chaque fois que l’élasticité de la demande est
constante.

13
Plus est faible et plus les produits sont di¤érenciés. On remarque que est égal au rapport du
coût marginal sur le prix, qui est égal au coût moyen (pro…t nul) :

1 w1
p1 = w1 , =
p1

On va, maintenant, déterminer la quantité produite par chacune des …rmes.

Les pro…ts des …rmes sont égaux à :

1 = p1 x1 ( + x1 ) w1

2 = p2 x2 ( + x2 ) w2

La condition de libre entrée impose qu’à l’équilibre le pro…t des …rmes est nul : 1 = 2 = 0. Il
vient :

1
1 = 0 , p1 x1 ( + x1 ) w1 = 0 , w1 x1 ( + x1 ) w1 = 0
1 1 1
, x1 ( + x1 ) = 0 , x1 x1 = , 1 x1 =

1
, x1 = , x1 =
1
De même :
x2 =
1

Contrairement au modèle précédent, on constate que la production de chaque …rme est in-
dépedante de L et de z. Cette indépendance vient de l’hypothèse que les fonctions de demande
sont à élasticité constante.

On va utiliser les conditions d’équilibre des marchés du travail pour déterminer le nombre de
variétés produites :
n1
X n1
X 2 z
l1;i = 2 z, ( + x1;i ) = 2 z , n1 ( + x1 ) = 2 z , n1 =
i=1 i=1
+ x1
n2
X n2
X z
l2;j = z, ( + x2;j ) = z , n2 ( + x2 ) = z , n2 =
j=1 j=1
+ x2

Il reste à déterminer le ratio des salaires des deux secteurs. Le salaire relatif peut être obtenu
très simplement. On sait que les consommateurs dépensent la moitié de leur revenu pour l’achat de
chacun des biens (propriété de la fonction Cobb-Douglas). La recette dans chacune des industries
est, donc, égale à la moitié des revenus. En outre, dans cette économie, les pro…ts sont nuls. Les

14
recettes dans chacun des secteurs sont donc intégralement reversées sous forme de salaires. On a
donc :
w1 L1 = w2 L2

ce qui implique :
w1 L2 z
= =
w2 L1 2 z

La valeur de z détermine les salaires relatifs. Si z est faible, le salaire dans l’industrie 2 est
supérieur au salaire dans l’industrie 1. L’industrie qui comprend le moins de travailleurs verse le
salaire le plus élevé.

3.3 Structure des échanges

On va, maintenant, étudier les échanges qui interviennent lorsque deux économies analogues à celles
de la section précédente sont mises en contact. On va montrer que, lorsque les deux économies ont
des dotations en facteurs très proches, l’essentiel du commerce international est de type intrabranche,
tandis que lorsque les dotations en facteurs sont très di¤érentes le commerce est surtout du commerce
interbranche (de type Heckscher-Ohlin). On suppose que les coûts de transports sont nuls.

3.3.1 Dotations en facteurs

On va dé…nir la similarité des deux pays de façon très simple à partir du paramètre z en supposant
que les dotations en facteurs des deux pays sont les suivantes :
L1 = 2 z L2 = z
L1 = z L2 = 2 z

Où les * désignent les valeurs à l’étranger.

Si z = 1, les deux pays sont identiques. Lorsque la valeur de z diminue, les pays deviennent de
plus en plus di¤érents.

3.3.2 Indice de commerce intrabranche

On commence par dé…nir un indice permettant de mesurer l’importance du commerce intrabranche


: X
jXk Mk j
k
I=1 X
(Xk + Mk )
k

15
où Xk mesure les exportations de l’industrie k et Mk les importations de bien k. Cet indice est égal
à 1 si le commerce est équilibré dans chacune des industries et il est égal à 0 si la spécialisation est
totale.

3.3.3 Equilibre de libre échange

Le modèle se résoud comme dans la section précédente.

La demande qui s’adresse à chacune des …rmes a une élasticité constante et identique à sa valeur
d’autarcie. Les prix qui maximisent les pro…ts des …rmes sont, donc :
1 1
p1 = w1 p2 = w2
1 1
p1 = w1 p2 = w2

Comme les coûts de transports sont nuls, on a :

p1 = p1 et p2 = p2

Les salaires versés dans chaque industrie sont, donc, identiques dans les deux pays. Comme, en
outre, le nombre de travailleurs est identique dans chacun des secteurs (à l’échelle mondiale), on a :

w1 = w1 = w2 = w2

La symétrie des dotations en facteurs conduit à l’égalisation des salaires entre les pays et entre les
industries.

La condition de pro…t nul entraîne qu’à l’équilibre la taille des …rmes est :

x=
(1 )

La production par …rme reste identique à son niveau d’autarcie. Cette absence d’e¤et des
échanges internationaux sur l’échelle de production des …rmes est due à la constance de l’élasticité
des fonctions de demande.

L’équilibre sur le marché du travail permet d’obtenir le nombre de variétés produites dans les
industries des di¤érents pays :

2 z
n1 = n2 =
+ x
z
n2 = n1 =
+ x

16
Dans ce modèle, le commerce international conduit à une égalisation du prix des facteurs tout en
laissant les structures de production inchangées. Chaque pays produit le même nombre de chacun
des biens qu’en autarcie et produit les mêmes quantités de chacun de ces biens. Le commerce
international n’a donc aucun e¤et sur la structure de production de chacun des pays. En revanche,
l’ouverture des frontières va modi…er la consommation des travailleurs et, surtout, elle a un e¤et sur
la rémunération des travailleurs.

3.3.4 Volume et structure des échanges

Chacun des consommateurs va dépenser la moitié de son revenu dans l’achat de chacun des biens.
Il partage, ensuite, cette somme à égalité entre les di¤érentes variétés. La proportion du revenu de
chacun des consommateurs consacrée à l’achat de bien 1 produit dans le pays étranger est égale à
1/2 multiplié par la proportion de variétés du bien 1 produite à l’étranger, soit :

1 n1
2 n1 + n1

Les taux de salaires étant identiques entre les pays et entre les industries, les revenus dans chacun
des pays sont les mêmes. On note ce revenu : Y .

Il en résulte :
2 z
1 n1 1 + x 1 2 z 2 z
X1 = Y = Y 2 z z = Y =Y
2 n1 + n1 2 + x + + x
2 2 z+z 4
1 n2 1 z z
X2 = Y = Y =Y
2 n2 + n2 2 z+2 z 4
1 n1 1 z z
M1 = Y = Y =Y
2 n1 + n1 2 2 z+z 4
1 n2 1 2 z 2 z
M2 = Y = Y =Y
2 n2 + n2 2 2 z+z 4

Remarque : la valeur des exportations est indépendante de z :

2 z z 1
X1 + X2 = Y +Y = Y
4 4 2

Contrairement au modèle de Heckscher-Ohlin, le volume du commerce international ne diminue


pas lorsque les dotations en facteurs des pays convergent. La valeur de ces échanges est indépendante
des dotations relatives en facteurs des pays. En revanche, les variations de dotations relatives
entraînent une modi…cation de la composition des échanges. On le constate, en calculant la valeur

17
de l’indice de commerce intrabranche :
1 2 z 1 z 1 z 1 2 z
jX1 M1 j + jX2 M2 j 2Y 2 2Y 2 + 2Y 2 2Y 2
I = 1 =1 1 2 z 1 z 1 z 1 2 z
(X1 + M1 ) + (X2 + M2 ) 2Y 2 + 2Y 2 + 2Y 2 + 2Y 2
2 z z z 2 z 2 2z
2 +
2 2 2 2 + 2 22z
= 1 2 z z z 2 z =1 2 2
2 + +
2 +2 2 2 + 2
1 z+1 z 2 2z
= 1 =1 =1 1+z =z
2 2

On obtient une expression très simple :

I=z

L’indice du commerce intrabranche est égal au paramètre mesurant les di¤érences de répartition
des facteurs de production entre les deux pays. Si les pays sont identiques, I = 1. La totalité du
commerce international est du commerce intrabranche. Si les pays sont diamètralement di¤érents,
z = 0, alors I = 0, et la totalité du commerce international est composée de commerce interbranche.

3.4 E¤ets des échanges sur le bien-être

On va, maintenant, s’intéresser à l’impact du commerce international sur le bien-être des di¤érents
agents. Dans le modèle de Heckscher-Ohlin, le bien-être augmente globalement dans les deux pays,
mais, le commerce international a aussi un e¤et important sur la répartition des revenus à l’intérieur
des pays et certains agents (ceux qui possèdent les facteurs de production relativement rares en
autarcie) voient leur situation se dégrader. Dans ce modèle, le commerce international a aussi un
e¤et important sur les salaires. Le commerce provoque, dans chaque pays, une égalisation des salaires
dans les deux secteurs. Le commerce international provoque une modi…cation de la répartition des
salaires au béné…ce des salariés appartenant au secteur où le nombre de salariés est le plus élevé et
au détriment des salariés de l’autre secteur. Parallèlement, le commerce international permet à tous
les consommateurs d’avoir accès à un plus grand nombre de biens. Comme les consommateurs ont
un goût pour la diversité, ce second e¤et est béné…que pour tous les agents. Le problème que l’on
va, maintenant, étudier est de savoir si ce second e¤et est su¢ samment fort pour que tous les agents
gagnent à l’ouverture des frontières, même si aucune mesure de redistribution des gains de l’échange
n’est introduite parallèlement à l’ouverture des frontières.

Pour le savoir, on va calculer l’utilité d’un individu recevant un salaire w. Cet individu va
consacrer la moitié de son revenu à l’achat de chacun des biens et partager cette somme entre les

18
di¤érentes variétés disponibles. Son niveau d’utilité va donc dépendre de son revenu, du prix des
biens et du nombre de variétés disponibles.
!1= 0 11= !1= !1=
N1
X XN2
w w
U = ln c1;i + ln @ c2;j A = ln n1 + ln n2
i=1 j=1
2n1 p1 2n2 p2
! !
1 w 1 w
= ln n1 + ln n2
2n1 p1 2n2 p2
1 1 w 1 1 w
= ln n1 + ln + ln n2 + ln
2n1 p1 2n2 p2
1 w 1 w
= ln n1 + ln + ln n2 + ln
2n1 p1 2n2 p2

1 w 1 1 1 w 1 1
= ln n1 + ln + ln + ln + ln n2 + ln + ln + ln
p1 2 n1 p2 2 n2
1 w 1 w
= ln n1 + ln ln 2 ln n1 + ln n2 + ln ln 2 ln n2
p1 p2
w w 1 1
= 2 ln 2 + ln + ln + 1 ln n1 + 1 ln n2
p1 p2
w w 1 1
= 2 ln 2 + ln + ln + ln n1 + ln n2
p1 p2

On peut négliger le premier terme, qui est une constante. On va donc s’intéresser à l’évolution
des deux valeurs suivantes :
w1 w1 1 1
U1 = ln + ln + ln n1 + ln n2
p1 p2
w2 w2 1 1
U2 = ln + ln + ln n1 + ln n2
p1 p2

Lorsqu’on ouvre les frontières, il y a deux e¤ets sur le bien-être des agents. Le premier est une
w1 w2
modi…cation de la distribution des revenus lorsque les taux de salaire convergent. p1 et p2 restent
w1 w2
constant. En revanche, p2 augmente dans le pays 1 et p1 diminue. Le commerce international
provoque une augmentation de la rémunération du facteur relativement abondant et une diminution
de la rémunération du facteur relativement rare. Le second e¤et est une augmentation du nombre
de variétés disponibles pour chacun des biens. La structure de la production reste identique, mais,
chacun des consommateurs a accès aux variétés des deux pays. Sa gamme de choix augmente donc.
Ce second e¤et est béné…que pour tous les agents.

Les deux e¤ets étant favorables pour les travailleurs du secteur 1 (du pays 1), leur bien-être
augmente.

19
Pour les personnes travaillant dans le secteur 2 (du pays 1), les deux e¤ets sont de sens opposés.
On doit donc recourir au calcul pour voir lequel l’emporte (les "’" indiquent les valeurs de libre
échange ; l’absence de "’" indique les valeurs d’autarcie) :
w20 w2 w20 w2 1 1
U20 U2 = ln 0 = + ln 0 = + ln (n01 =n1 ) + ln (n02 =n2 )
p1 p1 p2 p2
z 1 2 1 2
= ln + ln (1) + ln + ln
2 z 2 z z
1 1 1 1
= ln z ln (2 z) + ln 2 ln (2 z) + ln 2 ln z

2 1 1 2 2
= ln z ln (2 z) + ln 2

Si < 0; 5, alors les travailleurs du secteur 2 voient leur situation s’améliorer. En e¤et, le
premier terme est positif (produit de deux termes négatifs) et le troisième terme est plus grand que
le second. Donc si les produits sont su¢ samment di¤érenciés, tous les agents gagnent à
l’ouverture des frontières. Les consommateurs attachent beaucoup d’importance à la diversité
de leur consommation et cet e¤et est su¢ samment fort pour dominer les e¤ets de modi…cation du
pouvoir d’achat.

Si > 0; 5, alors le résultat dépend de la valeur de z, c’est à dire de la nature intrabranche ou


interbranche du commerce international. Pour ces valeurs de , on a : (1) U20 U2 > 0 lorsque z = 1,
(2) U20 U2 < 0 lorsque z = 0, et (3) U20 U2 est une fonction strictement croissante de z. Donc si
les pays ont des dotations en facteurs su¢ samment similaires, tous les agents gagnent
à l’ouverture des frontières. Si la di¤érenciation entre les di¤érentes variétés des deux biens est
faible ( > 0; 5), les consommateurs gagnent moins à accéder à une gamme de produit plus large.
Cette augmentation de la diversité de leur consommation va dominer leur perte de pouvoir d’achat si
cette dernière est faible mais pas si cette dernière est forte. Si les deux économies ont des dotations
proches (z proche de 1), la perte de pouvoir d’achat est faible et l’e¤et diversité l’emporte. Si, au
contraire, les deux économies sont très éloignées (z proche de 0), la perte de pouvoir d’achat va être
forte et elle ne sera pas compensée par l’accès à une plus grande variété de biens. Dans ce dernier
cas, il y a un con‡it d’intérêt entre les travailleurs des deux secteurs à l’intérieur de chacun des pays.
Une catégorie de travailleurs béné…cie de l’ouverture des frontières tandis que l’autre catégorie voit
son bien-être diminuer.

La suppression des obstacles aux échanges entre pays ayant des dotations factorielles proches
se traduit, donc, essentiellement par l’apparition de commerce intra-branche. Ce commerce ne
modi…e pas sensiblement la répartition des richesses à l’intérieur des pays mais il permet à tous

20
les agents d’accéder à des biens plus diversi…és. En revanche, la suppression des obstacles aux
échanges entre nations ayant des dotations factorielles di¤érentes donne, surtout, naissance à du
commerce inter-branche. Ce second type de commerce entraîne une modi…cation des salaires relatifs
à l’intérieur de chacun des pays et si globalement les gains à l’échange sont positifs pour chacun des
pays, dans chacun des pays, certains agents voient leur situation se dégrader. Le premier type de
rapprochement devrait, donc, béné…cier d’un soutien politique important et faire l’unanimité, tandis
que le second type de rapprochement devrait donner naissance à des con‡its d’intérêts et à des
oppositions politiques fortes. Ce modèle peut, donc, expliquer (partiellement) pourquoi l’intégration
des pays d’Europe de l’Ouest s’est faite sans véritable opposition politique11 et sans entraîner de
modi…cation importante des salaires relatifs, alors, que l’intégration des pays d’Europe Centrale et
Orientale provoque des oppositions. De même, l’augmentation des échanges commerciaux avec la
Chine et l’Inde provoque beaucoup d’appréhensions chez certaines catégories de travailleurs12 .

4 Coûts de transport

Krugman (1980) montre comment on peut introduire de façon simple des coûts de transport dans ce
type de modèle et étudie les conséquences de ces coûts de transport. Il montre que (1) à l’équilibre,
les salaires sont plus élevés dans le pays qui a le marché intérieur le plus grand et (2) les tailles
relatives des demandes domestiques des di¤érents biens peuvent in‡uencer les spécialisations des
pays et la structure de leurs échanges.

On commence par présenter le modèle de base. On introduit, ensuite, les coûts de transport.
En…n, on présente les e¤ets de la demande domestique de chaque pays sur la structure de ses
échanges.
1 1 En simpli…ant beaucoup ! Par exemple, certains agriculteurs français étaient opposés à

l’entrée de l’Espagne dans la Communauté Européenne.


1 2 Si les échanges internationaux peuvent, théoriquement, provoquer des variations des

salaires relatifs, il ne faut pas exagérer l’importance de cet e¤et en pratique. Depuis les
années 1970, les salaires des salariés peu quali…és ont tendance à diminuer aux USA tandis
que ceux des travailleurs quali…és ont augmenté. En Europe, et tout particulièrement en
France, les salaires des salariés peu quali…és n’ont pas diminué, à cause de la législation, mais
le chômage de cette catégorie de travailleurs a beaucoup augmenté. Théoriquement, le com-
merce international pourrait expliquer ces évolutions, mais, beaucoup d’économistes pensent
que les véritables causes doivent être recherchées du côté des innovations technologiques, qui
ont beaucoup augmenté la productivité des travailleurs les plus quali…és et qui ont diminué
fortement les besoins de main d’oeuvre peu quali…ée. Krugman (1996) et Cohen (1997), no-
tamment, avancent que les changements technologiques semblent une cause beaucoup plus
probable des évolutions salariales constatées que le commerce international. Voir aussi De-
watripont, Sapir et Sekkat (1998), Freeman (1995) et Wood (1998), parmi beaucoup d’autres
études.

21
4.1 Modèle de base

Le modèle de base est une variante des modèles précédents. Le modèle ressemble beaucoup à celui
de Krugman (1979) mais la fonction d’utilité est choisie de façon à ce que l’élasticité de la demande
de chacun des biens soit constante.

4.1.1 Hypothèses

Tous les individus ont la même fonction d’utilité :


n
X
U= ci avec 0< <1
i=1

où ci représente la quantité consommée du bien i. Le nombre de biens produits, n, est grand mais
inférieur au nombre de biens pouvant être potentiellement produits.

Il y a un seul facteur de production : le travail. La quantité de travail nécessaire pour produire


un bien se décompose en un coût …xe de mise au point du bien et un coût variable constant :

li = + xi ; >0 i = 1; :::; n

où li est la quantité de travail utilisée pour produire le bien i et xi est la quantité produite de ce
bien.

L’o¤re de travail est exogène et égale à L. On note w le taux de salaire.

4.1.2 Conditions d’équilibre

Pour que le modèle soit à l’équilibre, trois conditions doivent être remplies.

1) Le marché de chacun des biens doit être en équilibre :

xi = Lci

2) Equilibre sur le marché du travail :


n
X
L= ( + xi )
i=1

3) Il y a libre entrée et libre sortie donc le pro…t des …rmes à l’équilibre doit être nul.

22
4.1.3 Equilibre d’autarcie

On commence par calculer l’équilibre de ce modèle dans la situation d’autarcie. On étudie, d’abord,
le comportement des consommateurs. On en déduit l’élasticité des fonctions de demande. On
constate que cette élasticité est constante. Cela permet de déterminer le prix choisi par les …rmes.
En utilisant, la condition de pro…t nul, on obtient la production de chacune des …rmes. En…n, on
utilise la condition d’équilibre sur le marché du travail pour déterminer le nombre de biens produits.

Elasticité des fonctions de demande : Les conditions de premier ordre du programme de


maximisation des consommateurs sont :
1
ci pi = 0 i = 1; :::; n

On en déduit :
xi 1
1 1 1
pi = ci = i = 1; :::; n
L
1 1
1 1 1 1 1
pi = ci , ci = pi

Si le nombre de biens est grand, l’e¤et du prix d’une …rme sur l’utilité marginale du revenu d’un
1
1 1
consommateur est négligeable, le terme peut donc être considéré comme constant et
l’élasticité des fonctions de demande peut être approximée par : 1= (1 ).

Prix et niveau de production des …rmes : Le prix qui maximise le pro…t des …rmes est alors
égal à :
1
pi = w i = 1; :::; n

Le pro…t des …rmes doit être nul :

i = pxi ( + xi ) w = 0 i = 1; :::; n

On en déduit :
xi = i = 1; :::; n
1

Nombre de biens produits : En utilisant, la condition d’équilibre du marché du travail, on


obtient le nombre de biens produits :
L L L L (1 )
n= = = =
+ x + 1 1+ 1

23
4.1.4 E¤ets des échanges

Comme dans le modèle précédent, l’ouverture des frontière ne modi…e pas l’élasticité des fonctions
de demande. Les prix choisis par les …rmes et la production par …rme sont, donc, identiques à ceux
d’autarcie.

Nombre de biens produits :

L (1 ) L (1 )
n= ; n =

La structure de la production de chacun des pays ne se modi…e pas. Le salaire réel ne change
pas non plus. Cependant, le bien-être des consommateurs augmente car ils ont, maintenant, accès à
un plus grand nombre de biens.

Les habitants du pays 1 dépensent une proportion de leur revenu à l’achat de biens étrangers
égale à :
n
n+n
tandis que les consommateurs du pays 2 consacrent à l’achat de biens importés du pays 1 une
proportion de leur revenu égale à :
n
n+n

Donc, la valeur des importations du pays 1 (mesurée en unités de salaire) est égale à :
L (1 )
n LL
L = L L(1 ) L (1 )
=
n+n + L+L

Cette valeur est aussi égale à la valeur des importations du pays 2 puisque le commerce est
équilibré.

4.2 Coûts de transport

On cherche, maintenant, à introduire des coûts de transport dans ce modèle tout en gardant une
structure simple. L’astuce consiste à supposer que les coûts de transport sont de type "iceberg".
Cela signi…e que seule une fraction g du bien transporté arrive à destination. La fraction complé-
mentaire (1 g) "fond" au cours du voyage. C’est ce qui se produirait si on déplaçait un iceberg
de l’Antartique vers un port situé dans des eaux plus chaudes. On peut aussi imaginer que l’on
déplace du fourrage à l’aide d’un charriot tiré par des boeufs et que les boeufs sont nourris pendant

24
le voyage avec une partie du fourrage transporté. La métaphore est moins évidente si on considère
des biens manufacturés. On peut penser qu’une proportion 1 g est alors détériorée au cours du
voyage et devient inutilisable. L’hypothèse de coût de transport de type iceberg n’est pas faite à
cause de son degré de réalisme mais parce qu’elle permet de conserver la structure "simple" du
modèle. Notamment, ce type de coût de transport ne va pas modi…er l’élasticité des fonctions de
demande. C’est la première chose que l’on va montrer. Les autres résultats en découlent.

4.2.1 Comportement des agents

Comportement des consommateurs : Lorsqu’un agent du pays 1 achète un bien produit lo-
calement, le prix p qu’il paye est égal au prix reçu par le producteur du bien. En revanche, lorsqu’il
achète un bien étranger ayant un prix p , il doit payer un prix incluant les coûts de transport égal à
pb = p =g (pour pouvoir consommer une unité d’un bien étranger, il doit acheter une quantité 1=g
de ce bien). De même, les consommateurs étrangers payent les produits du pays 1 à un coût unitaire
pb = p=g.

Les conditions de premier ordre du programme de maximisation des consommateurs sont :

1
ci pi = 0 i = 1; :::; n
1
cj pbj = 0 j = 1; :::; n

d’où :
1 1 1
ci = pi ci pi ci pi
1 ) = , =
cj = pbj cj 1 pbj cj pbj
! !11
1
cj pi cj pi
, = , =
ci pbj ci pbj

1
p 1
Un habitant du pays 1 consomme b
p unité d’un bien importé à chaque fois qu’il consomme
une unité d’un bien produit localement.

On ne doit pas oublier dans la demande qui s’adresse aux …rmes la quantité de biens qui est
détruite lors du transport. Donc, lorsqu’un individu consomme une unité d’un bien étranger, sa
demande pour le bien est en fait égale à 1=g.

On dé…nit comme le ratio de la demande de biens étrangers sur la demande de biens nationaux
par un consommateur national. Un consommateur demande unité de biens étrangers pour chaque

25
unité de biens domestiques demandées.
!11 !11 !11 !11 !11
pi 1 pi 1 pi g 1 pi 1
1 pi
= = = = g1 = g1
pbj g pj =g g pj g pj pj
! 1
1

pi
= g1
pj

La contrainte budgétaire du consommateur doit être saturée :

(np + n p ) d = w

où d est la quantité consommée d’un bien domestique représentatif.

Comportement des …rmes : On étudie, maintenant, le comportement des …rmes. Le point im-
portant à remarquer est que l’élasticité de la demande à l’exportation est égale à l’elasticité
de la demande domestique, qui reste égale à 1= (1 ). En e¤et :
1 1
1 1
cj pbj = 0 () cj = 1
pbj 1

1 1
1 1
1 1
1 p 1 1
() cj = () cj = (p ) 1
g g

L’introduction des coûts de transport n’a¤ecte, donc, pas la politique de prix des …rmes :

w w
p= ; p =

Les quantités produites et le nombre de biens produit dans chacun des pays à l’équilibre ne
changent pas non plus :
L (1 ) L (1 )
n= ; n =

Le seul e¤et de l’introduction des coûts de transport est de rendre possible une di¤érence entre
les niveaux de salaire des deux pays.

Le fait que la structure de production de chacun des pays ne soit pas modi…ée par l’ouverture
des frontières est due, comme dans le modèle précédent, aux hypothèses très spéci…ques faites sur la
fonction d’utilité des consommateurs, sur les fonctions de coût des …rmes et sur la forme des coûts de
transport. Les coûts de transport iceberg permettent de conserver une forme simple pour le modèle.

26
4.2.2 Equilibre

Dans ce modèle (très spéci…que), la seule variable qui peut être a¤ectée par l’introduction des coûts
de transport est le taux de salaire relatif :
w
$
w

On peut déterminer $ de plusieurs façons : (1) à partir de la condition d’équilibre sur le marché
du travail du pays 1, (2) à partir de la condition d’équilibre sur le marché du travail du pays 2 ou
(3) à partir de la condition d’équilibre de la balance des paiements.

On utilise la condition (3). La balance des paiements du pays 1 (mesurée en unité de salaire du
pays 2) est égale à :
n n
B= $L $L
n+n n+ n
Le premier terme est égal au produit des revenus des consommateurs étrangers, $L , et de la
n
proportion de leur dépense en biens importés du pays 1, n+n . Le second terme représente la
valeur des importations du pays 1.
" L(1 ) L (1 )
#
B = $ L(1 ) L (1 )
L L(1 ) L (1 )
L
+ +
L L
= $ L L = $LL
L+L L+ L L+L L+ L

et sont tous les deux des fonctions de p=p , or p=p = $. La condition B ($) = 0 peut,
donc, être utilisée pour déterminer la valeur de $. Cette valeur est celle qui annule l’expression :

L+L L+ L . Cette valeur est notée $.

est une fonction croissante de $ et une fonction décroissante de $, on en déduit que B ($)
est négatif (positif) si et seulement si $ est supérieur (inférieur) à $.

On va se servir de cette propriété pour démontrer la proposition suivante :

Proposition 1 Toutes choses étant égales par ailleurs, le salaire est plus élevé dans le pays le plus
grand.

Pour le montrer, on calcule la valeur de B pour $ = 1. Dans ce cas, on a = = g1 < 1.


L’expression de B se simpli…e et devient :
1 1
B = LL
L+L L+ L

27
Cette expression est positive si L > L et négative si L < L . Ce qui signi…e que la valeur d’équilibre
de $ doit être supérieure à 1 si L > L et inférieure à 1 si L < L .

Ce résultat s’explique assez simplement. Une …rme qui produit dans le pays le plus grand subit
des coûts de transport plus faibles. Pour que certaines …rmes acceptent de produire dans le pays le
plus petit, l’avantage du grand pays doit être compensé dans un désavantage dû à un taux de salaire
plus élevé. Comme les salaires déterminent les coûts des …rmes et leurs prix de vente, les termes de
l’échange p=p = $ > 1 sont favorables au grand pays.

Ce résultat implique, aussi, que le niveau de bien-être des habitants du grand pays est supérieur
à celui des habitants du petit pays. Ils disposent d’un salaire nominal plus élevé et le nombre de
biens pour lesquels ils doivent supporter des coûts de transport est plus faible.

4.3 Les e¤ets du marché domestique ("Home market" e¤ect)

L’idée qui se dégage de la section précédente est que les …rmes devraient avoir tendance à se localiser
dans les pays qui ont les demandes domestiques les plus fortes. Les rendements d’échelle incitent les
…rmes à concentrer leur production et le désir de minimiser les coûts de transports devrait inciter
les …rmes à se localiser près des endroits où la demande est forte. On peut, donc, s’attendre à ce que
les pays exportent les biens pour lesquels leur demande domestique est forte. Cet e¤et est lié aux
rendements d’échelle croissants. Si les rendements d’échelle étaient décroissants, les pays ayant une
demande domestique forte seraient au contraire importateurs. Pour essayer de montrer cet e¤et, on
va introduire un second secteur dans le modèle.

4.3.1 Une économie à deux secteurs

On suppose qu’il existe un second secteur produisant lui aussi des biens di¤érenciés. Les biens
produits par ce second secteur sont notés avec un ~.

Il existe, dans la population, deux groupes. Les membres du premier ne consomment que des
biens du premier secteur ; tandis que ceux du second ne consomment que des biens du second secteur.
Les e¤ectifs de ces deux groupes sont respectivement égaux à L et L.e Les fonctions d’utilité des

28
membres représentatifs de chacun de ces groupes sont :
N
X
U = ci avec 0< <1
i=1
N
X
e
U = e
ci avec 0< <1
i=1

Les fonctions de production des deux types de biens sont :

li = + xi i = 1; :::; n
e
lj = ej
+ x e
j = 1; :::; n

Equilibre sur le marché des biens :

xi = Lci i = 1; :::; n
ej
x e cj
= Le e
j = 1; :::; n

Chaque agent ne consomme qu’un seul type de bien, mais, peut travailler indi¤éremment dans
un secteur ou dans l’autre. Si un pays produit des biens des deux secteurs, les salaires dans les deux
secteurs vont être égaux. La condition d’équilibre sur le marché du travail est :
n
X e
n
X
e=
L+L li + e
lj
i=1 j=1

Il y a libre entrée et libre sortie, donc, le pro…t des …rmes à l’équilibre doit être nul.

Cette économie est très semblable à celle décrite au début de cette section. Les prix, la quantité
produite pour chaque variété et le nombre total de variétés sont déterminés comme précédemment.

La principale di¤érence est qu’il faut, maintenant, décrire comment se répartissent les biens
entre les deux secteurs. Cette répartition va être donnée par la condition suivante : les dépenses
dans chacun des secteurs doivent être égales aux recettes du groupe d’individus correspondant.
Formellement :
npx = wL ; epex
n e=w
eLe

Les salaires des deux groupes doivent, cependant, être égaux puisque les individus peuvent tra-
vailler indi¤éremment dans les deux secteurs et qu’il n’y a donc qu’un seul marché du travail et,
donc, un seul salaire. De même, l’élasticité de la demande étant la même pour les deux groupes, on
a p = pe et x = x
e.

29
Les conditions précédentes se ramènent, donc, à :
n L
=
e
n e
L
La part de chaque industrie dans la production totale est égale à la part du groupe qui consomme
ses produits dans la population totale.

4.3.2 Structure des échanges

On va supposer qu’il y a deux économies de ce type et qu’elles peuvent échanger entre elles en
subissant un coût de transport de type iceberg. Le coût de transport est identique pour les deux
industries.

On note f la proportion du premier groupe de consommateurs dans la population du pays 1 :


L
f
e
L+L
On va supposer que le second pays est "l’image miroir" du premier :
e = L +L
L+L e =L

L = fL
L = (1 f) L

Si f est supérieur à 1/2 alors le pays 1 a le marché domestique le plus important pour le produit
1 et le plus petit pour le produit 2.

Proposition 2 Le pays 1 va être exportateur net des biens du secteur 1 si f > 0; 5.

Pour le démontrer, on remarque d’abord que, comme le monde est symétrique, les salaires dans
les deux pays sont égaux. De même, les prix et la quantité produite par chacune des …rmes sont
égaux. On a donc :
= = g1 <1

On cherche, maintenant, à déterminer la structure de la production de chacun des pays. Les


recettes de chacune des industries sont égales à la somme des dépenses des agents domestiques et
des agents étrangers dans cette industrie. On a donc :
n n
npx = $L + $L
n+ n n+n
n n
n px = $L + $L
n+ n n+n

30
On suppose, pour l’instant, qu’aucun des deux pays n’est totalement spécialisé dans la production
d’un seul bien : n > 0 et n > 0. On peut utiliser les deux égalités précédentes pour déterminer le
ratio : n=n :

npx = n+n n $L + n
n+n $L px = 1
n+ n $L + n+n $L
, 1
n px = n+n n $L + n
n+n $L px = n+ n $L + n+n $L

1 1
) $L + $L = $L + $L
n+ n n+n n+ n n+n
1 1 1 1
, L= L , L= L
n+ n n+ n n+n n+n n+ n n+n
L L L n+ n
, = , =
n+ n n+n L n+n

L L L
= ,( n+n ) =n+ n
n+ n n+n L
L
L L n
, n = 1 n, = L L
L L n 1 L

Si L = L alors n = n . Si L augmente alors la production du pays 1 dans le secteur 1 augmente


L 1
aussi, pour L 2 ; . En dehors de cet intervalle les pays se spécialisent totalement dans la
production d’un seul secteur.

Donc, si les populations des pays ont des goûts su¢ samment divergents, les pays se spécialisent
totalement dans la production des biens d’un seul secteur. Ils sont, alors, exportateurs de ces biens.
L’importance relative des marchés domestiques détermine, donc, la structure des échanges.
1 x
Dans l’intervalle ; , la spécialisation est incomplète. Comme = g1 et 1 = , cet in-
tervalle augmente lorsque les coûts de transport sont plus élevés et lorsque le ratio des coûts variables
sur le coût …xe augmente (c’est-à-dire lorsque les économies d’échelle sont moins importantes).

Cependant, même dans le cas de spécialisation incomplète, on va montrer que le pays est expor-
tateur net dans le secteur pour lequel son marché intérieur est le plus grand.

Calculons la balance des échanges pour les biens du premier secteur :

n n n n L
B1 = $L $L = $L
n+n n+ n n+n n+ n L

Rappel :
L n+ n
=
L n+n

31
D’où
n n n+ n $L
B1 = $L = (n n )
n+n n+ n n+n n+n

Le premier terme est positif. Le signe de la balance des échanges est, donc, égal au signe du
n L
second terme. On a vu que n est une fonction croissante de L et que n > n si L > L . Le pays
ayant la demande intérieure la plus forte pour les biens du secteur 1 est donc exportateur net de ce
type de biens. Il importe certaines variétés de ce biens, mais, il exporte un plus grand nombre de
variétés de ce bien, il est, donc, exportateur net de ce bien. Comme la balance commerciale est en
équilibre, ce pays est importateur net des biens de l’autre secteur. La structure de la demande de
chacun des pays détermine la structure de la production et des échanges. Les …rmes se localisent
près de leurs consommateurs pour minimiser les coûts de transports. Les pays qui ont une demande
domestique forte attirent, donc, un plus grand nombre de …rmes et produisent un plus grand nombre
de variétés, ce qui en fait des exportateurs nets de ce type de biens.

4.4 Les e¤ets de la taille des pays

Krugman (1980) a montré, à partir d’un exemple, qu’il pouvait exister un e¤et marché domestique.
Dans son exemple, l’e¤et marché domestique est dû à des di¤érences importantes de préférences entre
les consommateurs des deux pays. Cependant, dans la discussion informelle qui conclue son article,
l’auteur avance qu’un tel e¤et peut aussi apparaître si les tailles des deux pays sont di¤érentes. Il
propose de considérer une économie composée de deux secteurs. Le premier secteur est un secteur
agricole qui produit des biens homogènes avec des rendements d’échelle constants. Le second secteur
est un secteur industriel qui produit des biens di¤érenciés avec des rendements d’échelle croissants.
L’auteur suppose que le bien agricole peut être exporté sans coût de transport et que la demande
de ce bien est trop importante pour que ce bien puisse n’être produit que par un seul pays. Ces
hypothèses assurent que le bien agricole est produit dans les deux pays et impliquent que le salaire
est le même dans les deux pays. Les biens di¤érenciés subissent eux des coûts de transport de
type iceberg lorsqu’ils sont transférés d’un pays dans l’autre. Les …rmes industrielles sont incitées
à s’installer dans le pays le plus grand pour minimiser leurs coûts de transport. Parallèlement,
les …rmes souhaitent s’éloigner de leurs concurrentes pour réduire la concurrence de ces dernières.
A l’équilibre, des …rmes industrielles vont être présentes dans les deux pays, mais, le pays le plus
grand attire une proportion de …rmes supérieure à la proportion de sa population dans la population
mondiale. Le grand pays est, donc, exportateur net de biens industriels et importateur du bien
agricole. Le grand pays est, donc, plus industrialisé que le petit pays. Toutes choses étant égales

32
par ailleurs, une di¤érence de tailles entre les deux pays su¢ t à introduire des di¤érences dans la
structure de production des deux pays. Ce résultat, avancé de façon informelle par Krugman (1980),
est analysé de façon plus détaillée dans Helpman et Krugman (1985).

L’existence de rendements d’échelle croissants et la di¤érenciation des pays donneraient, donc,


un rôle à la taille des pays dans la spécialisation internationale. Ce n’était pas le cas dans le modèle
HOS, caractérisé par des rendements d’échelle constants, où seules les dotations relatives en facteurs
jouaient un rôle. Dans le modèle HOS, la taille des pays ne joue pas de rôle.

Davis (1998) a exprimé un certain septicisme vis à vis des résultats de Krugman (1980) et Help-
man et Krugman (1985). Il a montré que ces résultats étaient dus à l’hypothèse que le bien agricole
était exporté sans coût de transport. Or, cette hypothèse semble empiriquement contestable. Krug-
man (1980) et Helpman et Krugman (1985) ont supposé que le bien produit avec des rendements
d’échelle constants était exporté sans coût de transport parce que cette hypothèse simpli…ait beau-
coup l’analyse en égalisant les salaires dans les deux pays. Davis (1998) a montré que cette hypothèse
n’était pas seulement une astuce pour simpli…er l’analyse mais qu’elle conditionnait le résultat. Il
reprend le modèle précédent, mais, en supposant que les biens produits par les deux secteurs subissent
des coûts de transports identiques. Dans ce cas, il montre qu’il ne peut pas y avoir d’exportations du
bien agricole à l’équilibre. En e¤et, si le bien agricole est exporté, le salaire dans le pays exportateur
doit être su¢ samment inférieur à celui du pays importateur pour compenser les coûts de transport.
Mais, dans ce cas, les …rmes industrielles basées dans le pays importateur de biens agricoles ont
intérêt à relocaliser leur production dans l’autre pays. Le salaire y est su¢ samment plus faible pour
que même en ajoutant les coûts de transport, elles puissent proposer le bien au même coût que
précédemment dans le pays qu’elles viennent de quitter et elles peuvent le proposer à un coût plus
faible dans le pays où elles viennent de s’installer. Les …rmes industrielles peuvent, donc, augmenter
leur pro…t en modi…ant leur localisation, ce n’est donc pas un équilibre. A l’équilibre, il ne peut pas
y avoir d’échanges de produits agricoles. Les échanges de produits industriels doivent, donc, être
équilibrés. Ce qui implique que les …rmes se partagent entre les deux pays proportionnellement à la
taille des populations des deux pays. Il n’y a pas d’e¤et taille du pays. Pour que cet e¤et apparaisse,
il faut que les coûts de transport soient signi…cativement plus élevés sur les biens industriels dif-
férenciés que sur les biens homogènes produits avec des rendements d’échelle constants. Or, la revue
des travaux empiriques faites par l’auteur n’incite pas à penser que cela soit le cas en pratique13 .
1 3 (1)
Les biens homogènes (ex : blé, ciment) sont de plus faibles valeurs que les biens dif-
férenciés (ex : ordinateurs, voitures). Les coûts de transport représentent donc un pourcentage
plus élevé de leur valeur. (2) Les pays développés taxent plus les importations de produits
agricoles que celles de produits industriels. (3) En revanche, il est possible que les coûts de

33
[Amiti, 1998. A complèter]

Holmes et Stevens (2005) étudient un modèle dans lequel la taille des pays in‡uence sensible-
ment leur structure de production. La structure de leur modèle est, cependant, très di¤érente de
celles des modèles précédents inspirés de Dixit et Stiglitz (1977). Dans les modèles précédents,
l’augmentation de la taille des pays ne se traduisait pas par une augmentation de la production
de chacun des biens, mais par une augmentation du nombre de biens produits. Dans le modèle de
Holmes et Stevens (2005), le nombre de biens produits est constant. En revanche, l’augmentation
de l’input travail permet d’augmenter la production de chacun des biens. En outre, cela modi…e la
structure de marché de la production de ces biens. Lorsque l’input travail augmente, un plus grand
nombre de …rmes produisent chacun des biens. Dans ce modèle, la production de chaque bien est à
rendements d’échelle croissants lorsque les …rmes produisent des quantités faibles et devient à rende-
ments d’échelle constants à partir d’une quantité seuil appelée l’échelle e¢ cace de production. Cette
quantité seuil varie d’un produit à l’autre. Les produits pour lesquels cette échelle e¢ cace de pro-
duction est faible sont, donc, produits avec des rendements d’échelle constants par plusieurs …rmes
(donc, sur un marché parfaitement concurrentiel) tandis que ceux pour lesquels cette échelle e¢ cace
de production est élevée sont produits par une seule …rme avec des rendements d’échelle croissants.
Une augmentation de la taille du pays entraîne un accroissement du nombre de biens produits de
façon concurrentielle avec des rendements d’échelle constants et une réduction du nombre de biens
produits par des monopoles. Holmes et Stevens (2005) étudient les échanges entre deux pays lorsque
ces derniers ont des tailles très di¤érentes. Ils supposent que tous les biens sont échangés avec
des coûts de transport de type iceberg identiques. Les auteurs obtiennent que les biens ayant une
échelle de production e¢ cace faible sont produits de façon concurrentielle dans les deux pays. Ces
biens ne sont pas échangés à l’équilibre (ce qui ressemble au résultat de Davis, 1998). En revanche,
les biens pour lesquels l’échelle de production est très élevée ne peuvent pas être produits de façon
compétitive par le petit pays. Le marché intérieur du petit pays est trop faible pour qu’une …rme
puisse atteindre l’échelle de production e¢ cace en ne produisant que sur ce marché. En revanche,
le marché intérieur du grand pays est su¢ sant pour qu’au moins deux …rmes atteignent l’échelle de
production e¢ cace. Comme les …rmes se livrent une concurrence à la Bertrand, deux …rmes sont
su¢ santes pour que le marché devienne concurrentiel. Ces biens sont, donc, produits uniquement
dans le grand pays et une partie de cette production est exportée vers le petit pays. Comme les
échanges doivent être équilibrés, le petit pays va développer une spécialisation dans les biens pour
lesquels l’échelle de production est intermédiaire (ce second résultat ressemble à celui de Helpman
mise aux normes et de négociations avec des importateurs soient plus élevés pour les biens
industriels.

34
et Krugman (1985)). Ces biens vont être produits par une …rme dans chacun des pays et la …rme du
petit pays va exporter une partie de sa production vers le grand pays. Elle réalise un pro…t positif
sur les unités vendues sur son marché domestique et les unités exportées lui permettent d’atteindre
l’échelle de production e¢ cace.

La di¤érence de tailles entre les deux pays détermine, donc, leur structure de production et
la structure de leurs échanges. Le grand pays exporte les biens pour lesquels l’échelle e¢ cace de
production est très élevée. Le petit pays exporte, en échange, des biens pour lesquels l’échelle de
production est intermédiaire. Les biens pour lesquels l’échelle de production est faible sont produits
par les deux pays et ne donnent pas lieu à des échanges.

Lorsque les tailles des deux pays sont di¤érentes mais pas très di¤érentes, les résultats deviennent
beaucoup moins clairs car le modèle admet simultanément plusieurs équilibres di¤érents.

5 Variantes et extensions

Les modèles combinant concurrence monopolistique à la Dixit-Stiglitz et coûts de transport iceberg


se sont révélés des instruments d’analyse très utiles. Ils ont été utilisés dans de nombreuses études.
On décrit très brièvement, dans cette section, quelques problèmes où ce type de modélisation a
permis des avancées signi…catives.

5.1 Biens intermédiaires di¤érenciés

Ethier (1982) a construit un modèle qui repose sur des hypothèses assez di¤érentes, en apparence,
mais dont, en fait, la structure formelle est assez proche des modèles étudiés dans ce chapitre. Dans le
modèle de Ethier, les biens consommés par les consommateurs sont des biens homogènes produit avec
des rendements d’échelle constants et vendus sur des marchés concurrentiels. En revanche, ces biens
sont produits à partir de biens intermédiaires, qui eux sont di¤érenciés. La fonction de production
des biens de consommation …nale ressemble, donc, beaucoup aux fonctions d’utilité utilisées dans ce
chapitre. Lorsque le nombre de biens intermédiaires augmente la production des …rmes augmente
même si la quantité totale de biens intermédiaires utilisée reste inchangée. L’ouverture des frontières
permet aux …rmes d’avoir accès à un plus grand nombre d’inputs di¤érenciés et elle accroît leur
productivité.

35
5.2 Croissance endogène

Grossman et Helpman (1991) ont étudié des versions dynamiques des modèles précédents. Il existe
dans leurs modèles, un secteur de l’économie totalement dédié à la mise au point de nouvelles
variétés de bien …nal (ou de nouvelles variétés d’inputs, selon les modèles). De nouvelles variétés de
biens apparaissent à chaque période et cette apparition est expliquée par les e¤orts consentis par
les agents pour les créer. Il s’agit, donc, de modèles de croissance endogène. Grossman et Helpman
(1991) étudient l’impact des échanges internationaux sur le rythme de croissance du nombre de biens
disponible et sur la répartition des innovations entre les pays.

5.3 Economie géographique

Krugman (1991a et b) reprend les idées développées dans Krugman (1980), mais, il autorise la
migration des travailleurs industriels. En revanche, les travailleurs du secteur agricole ne peuvent
pas se déplacer. Ils sont liés à la terre. L’introduction des migrations se justi…e plus facilement si les
deux "pays" sont plutôt deux "régions". Krugman (1980) avançait l’idée que les …rmes industrielles
étaient plus nombreuses dans le pays où la population était la plus nombreuse et que les habitants
de ce pays béné…ciaient d’un niveau de vie plus élevé que les habitants du petit pays. Les salaires
sont les mêmes dans les deux pays mais l’indice des prix industriels est plus faible dans le grand
pays. Les travailleurs industriels ont, alors, intérêt à quitter le petit pays pour aller travailler dans
le grand. La migration d’une partie des travailleurs industriels accroît la di¤érence de taille entre les
deux pays. Ce qui incite certaines …rmes à quitter le petit pays pour relocaliser leur production dans
le grand pays. Ce déplacement d’une partie des …rmes incite de nouveaux travailleurs industriels
à quitter le petit pays pour le grand. Ce modèle fait, donc, apparaître une causalité circulaire
qui s’auto-renforce. Si les coûts de transport sont très élevés, la concentration de toutes les …rmes
industrielles dans la même région n’est jamais un équilibre. En e¤et, une …rme aurait intérêt à venir
s’installer dans la région agricole. Elle devrait payer des salaires élevés pour attirer des ouvriers mais
elle serait protégée de la concurrence des autres …rmes par le niveau élevé des coûts de transport
et pourrait vendre son produit aux agriculteurs à un prix élevé. En revanche, lorsque les coûts de
transports sont faibles, les activités industrielles se concentrent dans une seule région.

Krugman (1991b) a relancé l’intérêt pour la localisation des activités industrielles et l’économie
géorgraphique et a suscité de nombreux travaux14 .
1 4 Voir Duranton (1997), Fujita, Krugman et Venables (1999) et Baldwin et alii (2003) pour

des synthèses de ces travaux.

36
6 Principaux points à retenir

7 Lectures conseillées

Helpman et Krugman (1985) est la principale référence pour l’étude du commerce international avec
concurrence monopolistique.

Les livres de Cohen (1997), Krugman (1991) et Krugman (1996) signalés dans ce chapitre n’ont
qu’un rapport faible avec les problèmes exposés dans ce chapitre. Cependant, leur lecture ne demande
pas beaucoup d’e¤orts (ces livres sont relativement courts et ils ne sont pas techniques) et devrait
enrichir votre culture générale.

La lecture des livres de Grossman et Helpman (1991), Fujita, Krugman et Venables (1999) et
Baldwin et alii (2003) demande nettement plus d’e¤orts. Elle peut, cependant, se révéler très
pro…table et vous devriez l’envisager pendant la prochaine période de vacances scolaires.

References

[1] AMITI M. (1998), Inter-industry trade in manufactures : does country size


matter ?, Journal of International Economics, 44, 231-255.

[2] BALDWIN Richard, Rikard FORSLID, Philippe MARTIN, Gianmarco


OTTAVIANO et Frederic ROBERT-NICOUD (2003), Economic Geogra-
phy and Public Policy, Princeton University Press.

[3] COHEN Daniel (1997), Richesse du monde, pauvretés des nations, Flam-
marion (collection : Champs).

[4] DAVIS Donald R. (1998), The home market, trade, and industrial struc-
ture, American Economic Review, 88 (5), 1264-1276.

[5] DEWATRIPONT M., A. SAPIR et K. SEKKAT (1998), Trade and jobs in


Europe : much ado about nothing ?, Clarendon Press, Oxford.

[6] DIXIT Avinash K. et Joseph E. STIGLITZ (1977), Monopolistic competi-


tion and optimum product diversity, American Economic Review, 67 (3),
297-308.

37
[7] DURANTON Gilles (1997), La nouvelle économie géographique : ag-
glomération et dispersion, Economie et Prévision, 131, 1-22.

[8] ETHIER W. (1982), National and international returns to scale in the


modern theory of international trade, American Economic Review, 72, 389-
405.

[9] FREEMAN R. (1998), Are your wages set in Beijing ?, Journal of Economic
Perspectives, 9, 15-32.

[10] FUJITA M, Paul KRUGMAN et Anthony VENABLES (1999), The spatial


economy : cities, regions, and international trade, MIT Press.

[11] GROSSMAN Gene M. et Elhanan HELPMAN (1991), Innovation and


growth in the world economy, MIT Press.

[12] HELPMAN Elhanan (1981), International trade in the presence of prod-


uct di¤erentiation, economies of scale and monopolistic competition :
A Chamberlin-Heckscher-Ohlin approach, Journal of International Eco-
nomics, 11, 305-340.

[13] HELPMAN Elhanan (1984), Increasing returns, imperfect markets, and


trade theory,in Handbook of International Economics, Volume 1, Ronald
W. JONES et Peter B. KENEN (éditeurs), North-Holland. Chapitre 7.

[14] HELPMAN Elhanan et Paul R. KRUGMAN (1985), Market structure and


foreign trade, MIT Press, Cambridge.

[15] HOLMES Thomas J. et John J. STEVENS (2005), Does home market size
matter for the pattern of trade ?, Journal of International Economics, 65,
489-505.

[16] KRUGMAN Paul (1979), Increasing returns, monopolistic competition,


and international trade, Journal of International Economics, 9, 469-479.

[17] KRUGMAN Paul (1980), Scale economies, product di¤erentiation, and the
pattern of trade, American Economic Review, 70 (5), 950-959.

[18] KRUGMAN Paul (1981), Intraindustry specialization and the gains from
trade, Journal of Political Economy, 89 (5), 959-973.

38
[19] KRUGMAN Paul (1991a), Geography and Trade, MIT Press.

[20] KRUGMAN Paul (1991b), Increasing returns and economic geography,


Journal of Political Economy, 99 (3), 483-499.

[21] KRUGMAN Paul R. (1996), Pop Internationalism, MIT Press, Cambridge


[Traduction française : La mondialisation n’est pas coupable, La Décou-
verte, 1998].

[22] LANCASTER Kelvin (1980), Intra-industry trade under perfect monopo-


listic competition, Journal of International Economics, 10, 151-175.

[23] LAWRENCE C. et P.T. SPILLER (1983), Product diversity, economies of


scale and international trade, Quarterly Journal of Economics, 97, 63-83.

[24] SPENCE Michael E. (1976), Product selection, …xed costs, and monopo-
listic competition, Review of Economic Studies, 43, 217-236.

[25] WOOD A. (1998), Globalization and the rise in labour market inequalities,
Economic Journal, 108, 1463-1482.

39

Vous aimerez peut-être aussi