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Cours n°1:

Une brève histoire


des idées linguistiques
Licence de Sciences Cognitives
3ème année

Module Sciences du Langage


Avant propos
z Impossible en 2h00 d’aborder le quart du
début du commencement du sujet…

z Les points abordés seront souvent en


rapport avec
z l’originedu langage et l’évolution des langues
z les liens entre cognition et langage
Plan du cours
1. Le langage dans la pensée antique et la religion
chrétienne

2. Les philosophes des Lumières et la naissance


de la linguistique historique

3. Le structuralisme et la linguistique générative

4. Quelques courants de la linguistique aujourd’hui


Plan du cours
1. Le langage dans la pensée antique et la religion
chrétienne
Quelques unes des premières
questions sur le langage

z Où se trouve située la faculté de langage ?

z La question du nomothète : qui est le premier


créateur du langage ?

z Quelle est la langue première ?

z Des questions voisines de celles d’aujourd’hui…


La localisation de la faculté de
langage

z En lien avec la localisation de l’âme et de la


pensée humaine…

z Antiquités grecques et babyloniennes : cerveau,


cœur, foie

z Imhotep (3ème dynastie égyptienne, 27ème s.


B.C.E.) : relation physiologique entre langage et
cerveau
Les premières démarches ‘scientifiques’

z Pharaon Psammétique I, 7ème s. B.C.E.

z « Psammétique fit remettre à un berger deux nouveaux-nés, des


enfants du commun, à élever dans ses étables dans les conditions
suivantes : personne, ordonna-t-il, ne devait prononcer le moindre
mot devant eux ; […] Psammétique voulait surprendre le premier
mot que prononceraient les enfants. […] Pendant deux ans le berger
s’acquitta de sa tâche, puis un jour, quand il ouvrit la porte et entra
dans la cabane, les enfants se traînèrent vers lui et prononcèrent le
mot bécos, en lui tendant les mains. […] [Psammétique] découvrit
ainsi que bécos est, chez les Phrygiens, le nom du pain. C’est ainsi
que les Egyptiens […] reconnurent que les Phrygiens étaient plus
anciens qu’eux. »
(Hérodote, L’Enquête, II, 1; Œuvres complètes, trad. A Barguet,
Paris, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 1964).
Les conceptions des penseurs grecs
Platon (428-387 av. J.C.)
Les noms nomment-ils les choses selon leur nature (physis) ou en fonction
d’une loi ou d’une convention humaine (nomos) ?

z Hermogène : « Cratyle ici présent déclare, Socrate, qu'il existe une rectitude
originelle de dénomination, appartenant de nature à chaque réalité ; qu'il n'y a pas
dénomination quand il s'agit d'une appellation dont tels hommes sont convenus
d'appeler une chose, en utilisant pour cela une partie de leurs articulations vocales ;
mais qu'une rectitude de dénomination existe originellement, pour Grecs et Barbares,
et la même pour tous, indistinctement. (...) En vérité, Socrate, pour ce qui est de moi,
en dépit de nombreux entretiens avec lui comme avec beaucoup d'autres, je ne puis
me convaincre qu'il y ait autrement rectitude de dénomination, si ce n'est par une
convention et un accord. Voici en effet mon avis : tel nom qu'aura pu poser un tel
pour telle chose, c'est celui-là qui est le nom correct ; que plus tard, à sa place il en
pose un autre et ne recoure plus, pour la chose dont il s'agit, à cette appellation, il n'y
a pas du tout moindre rectitude dans le second cas que dans le premier… Le fait est
que, de nature et originellement, aucun nom n'appartient à rien en particulier, mais
bien en vertu d'un décret et d'une habitude, à la fois de ceux qui ont pris cette
habitude et de ceux qui ont décidé l'appellation. » [Le Cratyle] (383a-384e)
Les conceptions des penseurs grecs
Platon (428-387 av. J.C.) (2)
z Dépasser les deux origines naturelle
(phusei) et conventionnelle (thesei) des mots
z Évolutiondes mots : les mots complexes renvoient à
des mots plus simples, qui eux-mêmes renvoient à la
valeur expressive des lettres et des sons

→Idée d'une évolution et d’une histoire des langues,


qui sépare les formes actuelles des formes originelles

z Unethéorie de la connaissance : notre connaissance


ne dépend pas de notre rapport avec les noms, mais
de notre rapport avec les choses, ou mieux, avec les
Idées
Les conceptions des penseurs grecs
Aristote (384-322 av. J.C.)
z Idée d'une médiation entre les mots utilisés par les
hommes et leur référents :

z « Les sons émis par la voix sont les symboles des états
de l'âme, et les mots écrits les symboles des mots émis
par la voix… Et de même que l'écriture n'est pas la
même chez tous les hommes, les mots parlés ne sont
pas non plus les mêmes, bien que les états de l'âme
dont ces expressions sont les signes immédiats soient
identiques chez nous, comme sont identiques aussi les
choses dont ces états sont les images. » [De
l’interprétation] (16a3-5)
Le concept de Logos
z Racine du verbe grec lego, ‘to say’; différentes interprétations
possibles au cours de l’histoire grecque : argument, principe
rationnel, raison, proportion, mesure, etc.

z Héraclite (6ème s. av. J.C.) et les Stoïciens (3ème s. av J.C.) :


z Importance du logos comme principe immanent d’ordre, comme force
divine qui produit l’ordre visible dans la nature
z Lien avec le langage : le logos est représenté au niveau du langage par
la structure ordonné du discours
z La Nature et le logos sont de même nature; lien entre le logos et la
pensée humaine

z Le développement de la rhétorique : technique du discours, travail


sur la grammaire de la langue et sur ce qu’elle véhicule (ethos,
pathos, logos)
z « prouver la vérité de ce qu'on affirme, se concilier la bienveillance des
auditeurs, éveiller en eux toutes les émotions qui sont utiles à la
cause. » (Cicéron).
La pensée chinoise
z Confucius et la Rectification des Noms (正名)
z « …Quand il ne sait pas de quoi il parle, un homme de bien
préfère se taire. Si les noms sont incorrects, on ne peut tenir de
discours cohérent. Si le langage est incohérent, les affaires ne
peuvent se régler. Si les affaires sont laissées en plan, les rites
et la musique ne peuvent s’épanouir. Si la musique et les rites
sont négligés, les peines et les châtiments ne sauraient frapper
juste. Si les châtiments sont dépourvus d’équité, le peuple ne
sait plus sur quel pied danser. Voilà pourquoi l’homme de bien
n’use des noms que s’ils impliquent un discours cohérent, et ne
tient de discours que s’il débouche sur la pratique. Voilà
pourquoi l’homme de bien est si prudent dans ce qu’il dit »

z Zhuangzi : le discours pratique des découpages (辨)


partiels et partiaux dans l’unité du Dao (la réalité comme
totalité) Æ il faut se méfier du langage
Xunzi (荀子) ca.323 BCE
z “Words have no intrinsic correctness;
the correctness is established by 名 名 名
convention. When the convention is
established and the custom formed, the 谓 有 约 无 约 无
words are then correct.”
至 固 定 固 定 固
善 善, 俗 实, 俗 宜,
z “Words have no intrinsic content; the
content is given by convention. When 名 径 成 约 成 约
the convention is established and the
。 易 谓 之 谓 之
custom formed, the words then have
content.” 而 之 以 之 以
不 实 命, 宜 命,
z “Words have intrinsic appropriateness. 拂, 名 。
Those which are direct and not
misleading are appropriate words.” 。
Les conceptions chrétiennes
z Dieu et le Verbe : nommer les choses leur confère
un statut ontologique

« Au commencement était le Verbe et le Verbe était avec Dieu. Et


le Verbe était Dieu. Il était au commencement avec Dieu. Tout fut
par lui, et sans lui rien ne fut. »
(Evangile selon saint Jean, Prologue 1-3)

« Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre. Or la terre était


vide et vague, les ténèbres couvraient l'abîme, un vent de Dieu
tournoyait sur les eaux. Dieu dit : Que la lumière soit et la lumière
fut. Dieu vit que la lumière était bonne, et Dieu sépara la lumière et
les ténèbres. Dieu appela la lumière jour et les ténèbres nuit. Il y eut
un soir et il y eut un matin : premier jour. »
(Ancien Testament, I:1-5)
Les conceptions chrétiennes (2)
z La langue d’Adam (ou langue adamique)

« Yahvé Dieu modela encore du sol toutes les bêtes sauvages et


tous les oiseaux du ciel, et il les amena à l'homme pour voir
comment celui-ci les appellerait : chacun devait porter le nom
que l'homme lui aurait donné. L'homme donna des noms à tous
les bestiaux, aux oiseaux du ciel et à toutes les bêtes sauvages,
mais, pour un homme, il ne trouva pas l'aide qui lui fût assortie. »
(Ancien Testament, II:19-20)

Chaque animal devait-il avoir un nom précis, ou


Adam était-il libre de choisir à sa guise ?...
Le mythe de Babel et
la confusio linguarum
« Tout le monde se servait d'une même
langue et des mêmes mots. Comme les
hommes se déplaçaient à l'orient, ils
trouvèrent une vallée au pays de Shinéar
et ils s'y établirent. Ils se dirent l'un à
l'autre : Allons ! Faisons des briques et
cuisons-les au feu ! La brique leur servit
de pierre et le bitume leur servit de
mortier. Ils dirent : Allons ! Bâtissons-
nous une ville et une tour dont le sommet
pénètre les cieux ! Faisons-nous un nom
et ne soyons pas dispersés sur toute la
terre ! Or Yahvé descendit pour voir la
ville et la tour que les hommes avaient
bâties. Pieter Brughel, The Babel Tower (1563)

Et Yahvé dit : Voici que tous font un seul peuple et parlent une seule langue, et tel est le
début de leurs entreprises ! Maintenant, aucun dessein ne sera irréalisable pour eux.
Allons ! Descendons ! Et là, confondons leur langage pour qu'ils ne s'entendent plus les
uns les autres. Yahvé les dispersa de là sur toute la face de la terre et ils cessèrent de bâtir
la ville. Aussi la nomma-t-on Babel, car c'est là que Yahvé confondit le langage de tous les
habitants de la terre et c'est de là qu'il les dispersa sur toute la face de la terre. »
(Ancien Testament, XI:1-9)
Quelques problèmes
avec le mythe de Babel
z (Genèse 10) : propagation des fils de Noé après le Déluge
z A propos de la race de Japhet, « ceux-ci furent les fils de Japhet
dans leurs territoires, chacun selon la langue, selon leurs familles,
dans leurs nations respectives » (10, 5).
z Description presque identique pour les fils de Cham (10, 20) et de
Sem (10, 31)

z (Genèse 11, 1 et s.) Après le Déluge, « toute la terre avait


une seule langue et des mots identiques »

Æ pluralité des langues avant Babel ?

Æ différentiation des dialectes tribaux et non


multiplication des langues pour (Genèse 10) ?
L’ivresse de Noé, Michel-Ange
Mythe des indiens Quiché-Maya

z Le problème de la diversité des langues s’est


posé dans de nombreuses civilisations.

z Indiens Quiché-Maya du Guatemala :


z Une légende en miroir du mythe de Babel
La recherche de la langue parfaite
z Pendant plusieurs siècles, recherche de la langue
adamique et/ou de la langue parfaite
z Puissance créatrice de la langue (cf. Dieu et le Verbe)
z Accéder à la parole de Dieu

z La place centrale de l’Hébreu


z Pour beaucoup, langue primordiale de l’humanité préservée par
le peuple élu après l’épisode de Babel

z La tradition kabbalistique :
z Incantations et permutations à partir des 22 lettres de l’alphabet
hébreu (gématrie, notarikon, témourah)
z Le golem : les mots peuvent donner la vie
Les expériences autour de la
langue parfaite (1)
z Frédéric II de Hohenstaufen (1194-1250)
z Langue originelle : hébreu, latin, grec ou arabe ?

z « [Frédéric II] voulut faire une expérience pour savoir quels


seraient la langue et l’idiome des enfants, à leur adolescence,
sans qu’ils aient jamais pu parler avec qui que ce fût. C’est ainsi
qu’il ordonna aux nourrices d’allaiter les enfants […] avec la
défense de leur parler. Il voulait en effets savoir s’ils parleraient
la langue hébraïque, qui fut la première, ou bien la grecque, ou
la latine, ou l’arabe ; ou s’ils parleraient toujours la langue des
parents dont ils étaient nés. Mais il se donna de la peine sans
résultat, parce que les enfants ou les nouveaux-nés mourraient
tous. »
Salimbene de Parme, Cronaca [Chronique], n. 1664
Les expériences autour de la
langue parfaite (2)

z James IV d’Ecosse (1473-1513)


z des enfants élevés par une nourrice muette
aurait spontanément parlé Hébreu.

z Akbar le Grand (1542-1605)


z la Gang Mahal ou « maison des idiots »
Plan du cours
1. Le langage dans la pensée antique et la religion
chrétienne

2. Les philosophes des Lumières et la naissance


de la linguistique historique
Les philosophes des lumières :
René Descartes (1596-1650)
z « C'est une chose bien remarquable qu'il n'y a point d'hommes si
hébétés et si stupides, sans excepter même les insensés, qu'ils ne
soient capables d'arranger ensemble diverses paroles, et d'en
composer un discours par lequel ils fassent entendre leurs pensées;
et qu'au contraire il n'y a point d'autre animal, tant parfait et tant
heureusement né qu'il puisse être, qui fasse le semblable. Ce qui
n'arrive pas de ce qu'ils ont faute d'organes, car on voit que les pies et
les perroquets peuvent proférer des paroles ainsi que nous, et
toutefois ne peuvent parler ainsi que nous, c'est-à-dire en témoignant
qu'ils pensent ce qu'ils disent; au lieu que les hommes qui, étant nés
sourds et muets, sont privés des organes qui servent aux autres pour
parler, autant ou plus que les bêtes, ont coutume d'inventer d'eux-
mêmes quelques signes par lesquels ils se font entendre à ceux qui
étant ordinairement avec eux ont loisir d'apprendre leur langue. »
(Descartes, 1637, Discours de la méthode)

Æ La parole est la manifestation de l’âme


Critique de la position de Descartes (1)
z Samuel Pepys (1633-1703)

z « Saturday 24 August 1661


At the office all the morning and did business; by and by we are
called to Sir W. Batten’s to see the strange creature that Captain
Holmes hath brought with him from Guiny; it is a great baboon, but
so much like a man in most things, that though they say there is a
species of them, yet I cannot believe but that it is a monster got of a
man and she-baboon. I do believe that it already understands much
English, and I am of the mind it might be taught to speak or make
signs. »
(Samuel Pepys, The Diary of Samuel Pepys)
Critique de la position de Descartes (2)
z Julien Jean Offray de La Mettrie (1709 - 1751)

z « Mais ce vice est-il tellement de conformation, qu'on n'y puisse apporter aucun
remède? En un mot seroit-il absolument impossible d'apprendre une Langue à cet
Animal? Je ne le croi pas… Je prendrois le grand Singe préférablement à tout autre,
jusqu'à ce que le hazard nous eût fait découvrir quelqu'autre espèce plus semblable
à la nôtre, car rien ne répugne qu'il y en ait dans des Régions qui nous sont
inconnües. Cet Animal nous ressemble si fort, que les Naturalistes l'ont apellé
Homme Sauvage, ou Homme des bois. Je le prendrois aux mêmes conditions des
Ecoliers d'Amman ; c'est-à-dire, que je voudrois qu'il ne fût ni trop jeune, ni trop vieux
; car ceux qu'on nous apporte en Europe, sont communément trop âgés. Je choisirois
celui qui auroit la physionomie la plus spirituelle, et qui tiendroit le mieux dans mille
petites opérations, ce qu'elle m'auroit promis. Enfin, ne me trouvant pas digne d'être
son Gouverneur, je le mettrois à l'Ecole de l'excellent Maître que je viens de nommer,
ou d'un autre aussi habile, s'il en est. » (La Mettrie, L’Homme Machine, 1748).
Les philosophes des lumières :
Jean-Jacques Rousseau (1712-1778)
z Rousseau, 1781 :
z « Essai sur l'origine des langues, où il est parlé de
la mélodie et de l'imitation musicale ».

z « La parole, etant la premiere institution sociale, ne doit sa forme qu'a des


causes naturelles. » (chap. I)
z « On ne commenca pas par raisonner, mais par sentir. On prétend que les
hommes inventèrent la parole pour exprimer leurs besoins ; cette opinion
me paraît insoutenable… De cela seul il suit que l'origine des langues n'est
point due aux premiers besoins des hommes ; il serait absurde que de la
cause qui les ecarte vînt le moyen qui les unit. D'où peut donc venir cette
origine ? Des besoins moraux, des passions. Toutes les passions
rapprochent les hommes que la nécessité de chercher à vivre force à se
fuir. Ce n'est ni la faim, ni la soif, mais l'amour, la haine, la pitié, la colère,
qui leur ont arraché les premières voix. Les fruits ne se dérobent point à nos
mains ; on peut s'en nourrir sans parler ; on poursuit en silence la proie dont
on veut se repaître : mais pour émouvoir un jeune coeur, pour repousser un
agresseur injuste, la nature dicte des accents, des cris, des plaintes. Voilà
les plus anciens mots inventés, et voilà pourquoi les premieres langues
furent chantantes et passionnées avant d’être simples et méthodiques. »
(chap. II)
La naissance de la linguistique historique

z Sir William Jones (1746-1794)

z « The Sanskrit language, whatever be its antiquity, is of a wonderful


structure ; more perfect than the Greek, more copious than the
Latin, and more exquisitely refined than either, yet bearing to both of
them a stronger affinity, both in the roots of verbs and in the forms of
grammar, than could possibly have been produced by accident ; so
strong, indeed, that no philologer could examine them all three,
without believing them to have sprung from some common source,
which, perhaps, no longer exists. »
(In Stockdale, J. (1807). Troisième discours
anniversaire: On the Hindus, 1786, Asiatic Society of
Calcutta. The Collected Works of Sir William Jones III)
Le développement de la
linguistique historique (1)
z Comparaison scientifique et rigoureuse de nombreuses
langues du monde, afin d’étudier leur histoire et leur
parenté. (à partir du 19ème s.)

z Étude de la famille indo-européenne (Thomas Young,


Friedrich von Schlegel et Franz Bopp)
z Relation entre langues européennes et indiennes
z Déchiffrement de langues anciennes (vieux perse, tokharien,
hittite) Æ caractérisation des états ancestraux de l’IE

z Étude d’autres familles de langues :


z Continent asiatique : tibétains, dialectes chinois, langues
birmanes etc.
z Continent africain etc.
Le développement de la
linguistique historique (2)

z Lathéorie de la sélection naturelle


(Darwin, 1859) :
z l’homme est replacé dans le règne animal,
une évolution humaine devient possible
z un parallèle intéressant pour l’évolution des
langues (par ex. von Schleicher)
L’interdit sur les recherches sur
l’origine du langage
z Un article très célèbre

z Article II des statuts de la Société Linguistique de Paris


(approuvés par décision ministérielle du 8 mars 1866)

z « ART. 2. - La Société n'admet aucune communication


concernant, soit l'origine du langage, soit la création
d'une langue universelle. »

z Lié entre autre au refus des théories spéculatives (cf.


positivisme et behaviorisme en psychologie)
Plan du cours
1. Le langage dans la pensée antique et la religion
chrétienne

2. Les philosophes des Lumières et la naissance de la


linguistique historique

3. Le structuralisme et la linguistique générative


Deux grands courants du 20ème s.
z Le structuralisme est un courant scientifique
majeur du 20ème s., qui a marqué non seulement
la linguistique, mais aussi l’anthropologie (Lévi-
Strauss), l’archéologie (Leroi-Gourhan), la
sociologie etc.

z La linguistique générative a révolutionné la


linguistique à partir des années 1960
La naissance du structuralisme

z Ferdinand de Saussure (1857-1913)

z Cours de linguistique générale (1916)


z Nombreux concepts fondateurs de la
linguistique moderne :
z la notion d'arbitraire du signe
z l'opposition entre langue et parole
z la distinction entre synchronie et diachronie etc.
La naissance du structuralisme (2)
z Le langage est un système ``fonctionnel'' dont le but est l'expression et la
communication.

z Étude du système linguistique en soi et en tant que structure (décomposable)

z Postulats d'indépendance de la forme et d'autonomie du langage :


z La forme linguistique constitue un système autonome de composants en interaction,
chaque élément du système étant défini par rapport aux autres ;
z un signe linguistique ne relie pas une expression et un objet du monde, mais un
signifiant et un signifié. Les signes se closent en un système indépendant et doivent
être étudiés comme tel, plutôt que par le biais de leurs relations au domaine extra-
linguistique.
z Intérêt porté à la synchronie plus qu’à la diachronie

z Travaux du Cercle Linguistique de Prague :


z Fondé en Octobre 1926 par S.O. Kartsevski, N.S. Trubetskoy et R. Jakobson.
z Avancées dans le domaine de la phonologie (et de la morphologie) :
z différence entre phonologie et phonétique
z définition du phonème comme plus petite unité fonctionnelle, définie par un système
d'oppositions permettant de distinguer deux unités sémantiques (les paires minimales)
La naissance de la linguistique générative
z Noam A. Chomsky (1928 - )
z Linguiste
z Spécialiste de la politique américaine

z Développement du courant formaliste


z en opposition frontale avec la position béhavioriste
z l’objet d’étude de la linguistique est l’ensemble des
mécanismes cognitifs mis en jeu dans l’activité
linguistique

z Indépendance de la syntaxe et de la sémantique


z « Colorless green ideas sleep furiously. »
Syntactic Structures (1957)
z Le concept de transformation (1957)
z Ensemble ordonné de règles qui permet le passage
d'une forme profonde à une forme de surface.
z Forme profonde ↔ des représentations mentales du langage
manipulées par l'appareil cognitif et qui contiennent le sens
de la phrase
z Forme de surface ↔ structure linguistique telle qu'elle
apparaît dans la langue (mots et sons)

z Grammaire transformationnelle ou générative :


ensemble des transformations pour une langue
particulière
La Grammaire Universelle

z L’argument de la pauvreté du stimulus


z L’enfant ne dispose pas d’assez d’information pour acquérir
aussi rapidement les structures de sa langue

Æ Le concept de Grammaire Universelle :


z L’ensemble des règles syntaxiques permises pour les langues
du monde
z Mise à profit lors de l’apprentissage (Language Acquisition
Device)
z Base génétique de la GU
z Développement de la théorie :
z Théorie des principes et des paramètres (1981)
z Government and Binding
z Minimalist Program
Le problème de l’évolution du langage
z Désintérêt du courant générativiste pour
les questions d’évolution du langage :
z« There is no debate, so I have no opinion »
(N. Chomsky)
z Une macro-mutation à l’origine du langage ?

z Pinker & Bloom (BBS, 1992) :


z Inscrirele LAD dans une perspective
évolutionniste
Plan du cours
1. Le langage dans la pensée antique et la religion
chrétienne

2. Les philosophes des Lumières et la naissance


de la linguistique historique

3. Le structuralisme et la linguistique générative

4. Quelques courants de la linguistique aujourd’hui


La linguistique cognitive
z Objectif : démontrer comment divers mécanismes linguistiques peuvent être
reliés au reste des processus cognitifs.
Æ hors du paradigme Chomskien d'étude du langage.

z « In contrast to this sharply autonomous view of language structure,


cognitive linguistics has resurrected an older tradition. In that tradition,
language is in the service of constructing and communicating meaning, and
it is for the linguist and cognitive scientist a window into the mind. Seeing
through that window, however, is not obvious. Deep features of our thinking,
cognitive processes, and social communication need to be brought in,
correlated, and associated with their linguistic manifestations… Language in
only the tip of a spectacular cognitive iceberg, and when we engage in any
language activity, be it mundane or artistically creative, we draw
unconsciously on vast cognitive resources, call up innumerable models and
frames, set up multiple connections, coordinate large arrays of information,
and engage in creative mappings, transfers, and elaborations. »
(Fauconnier, Methods and Generalizations, 2000)

z G. Fauconnier & M. Turner (blending), R. Langacker (fondements cognitifs


des phénomènes sémantiques et syntaxiques), L. Talmy (classes ouverte /
fermée pour les mots), G. Lakoff (métaphores et catégories conceptuelles)
La linguistique fonctionnelle
z Développement // à la linguistique cognitive (1970s-1980s)
z Dérivée partiellement du courant structuraliste et des conceptions fonctionnelles de
Saussure.

z Postulat : la structure du langage n'est pas la résultante d'un encodage génétique ou d'un
module cérébral spécifique, mais plutôt d'une adaptation aux fonctions qui y font appel. Le
langage est une manifestation particulière de capacités cognitives générales.

z « Functional grammar is based on a functional view of natural language: A language is


regarded in the first place as an instrument by means of which people can enter into
communicative relations with one another. From this point of view language is primarily a
pragmatic phenomenon -- a symbolic instrument used for communicative purposes.
According to the functional view, the structure of a language cannot be adequately
understood if these pragmatic purposes are left out of consideration…. In this view there is
no room for such a thing as 'autonomous' syntax. On the contrary, to the extent that a clear
division can be made between syntax and semantics, syntax is there for people to be able to
form complex expressions by means of which complex meanings can be expressed, and
such meanings are there for people to be able to communicate in differentiated ways…
Syntax is subservient to semantics, and semantics is subservient to pragmatics. » (S. Dik,
1980)

z R. van Valin (Role and Reference Grammar), S. Dik (Functional Grammar). T. Givon
(fonctionnalisme linguistique dans un cadre plus large), Wallace Chafe (langues indiennes
d’Amérique, différences écrit/oral, fonction de la prosodie, lien langage-conscience)
La typologie des langues
z Étude de la diversité linguistique et des
schémas de variation des langues
z Comment expliquer cette diversité ?
z Explications par des éléments historiques
z Explications fonctionnelles

z Le plus souvent : capacité de langage


replacée dans le cadre d’une cognition
générale
La sociolinguistique
z Étude des connexions entre langage et phénomènes sociaux
z en particulier, variation de la parole en fonction de différents contextes
sociaux (langage comme outil social pour le positionnement social d’un
individu)

z Importance des variations inter-individuelles et de leurs causes


z À contre-courant du courant générativiste, qui néglige ces variations

z Un courant important :
z William Labov
z 1960s : Martha’s Vineyard Island (Labov, 1972)
z Corrélation entre le sentiment d’insularité + ou – fort des habitants et un
aspect de leur système phonétique.
L’étude des origines du langage
z Un thème assez éludé par les grands cadres théoriques
du 20ème s., après l’excitation du 19ème s.

z Comment expliquer l’origine du langage dans un cadre


évolutif compatible avec les théories de l’évolution ?
z évolution graduelle vs. évolution plus abrupte ?
z continuité avec les systèmes de communication animaux ?
z faculté de langage ancrée dans la cognition générale, évolution «
mosaïque » ?

z Multiples sources de données : éthologie, informatique,


archéologie, anthropologie, linguistique etc.
Conclusions

z Les grandes cadres de pensée ont influencé


le développement des idées linguistiques en
leur sein

z Nombre des disciplines modernes trouvent


leurs racines dans la réflexion des penseurs
du passé
Shakespeare

z Romeo & Juliet II,ii,43 :

“What’s in a name? That which we call a


rose. By any other name would smell
as sweet.”

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