Caractéristiques des géotextiles

Mesures - Spécifications - Contrôles

Jean-Claude BLIVET
C h e f d e la s e c t i o n d e m é c a n i q u e d e s s o l s
Laboratoire r é g i o n a l d e R o u e n

Philippe D E L M A S
Ingénieur
E c o l e centrale d e Paris
Section d e s o u v r a g e s en terre
L a b o r a t o i r e c e n t r a l d e s P o n t s et C h a u s s é e s

J o s é PUIG
C h e f d e la s e c t i o n G é o l o g i e - T e r r a s s e m e n t s
Laboratoire r é g i o n a l d e T o u l o u s e

Marc S C H A E F F N E R
C h a r g é de mission
Division G é o t e c h n i q u e
G é o l o g i e de l ' i n g é n i e u r
M é c a n i q u e des roches
L a b o r a t o i r e c e n t r a l d e s P o n t s et C h a u s s é e s

RÉSUMÉ

Le développement de l'emploi des géotextiles

implique de pouvoir prévoir, et même calculer,
le comportement des ouvrages dans lesquels
ils entrent de plus en plus, en tant que compo-
sants à part entière. Cela exige d'une part une
connaissance chiffrée des caractéristiques mé-
caniques et hydrauliques de ces produits, de
manière à pouvoir introduire les valeurs
correspondantes dans des méthodes de dimen-
sionnement appropriées, et d'autre part de Fig. 1. — .... au cours de ces quinze d e r n i è r e s a n n é e s , le d é v e l o p p e m e n t des
garantir, à partir de spécifications claires et de géotextiles a connu un essor considérable.
modalités de contrôle réalistes et efficaces, que
les caractéristiques prises en compte au niveau
de l'étude sont effectivement celles présentées
par les géotextiles livrés sur le chantier. Pour quiconque s'intéresse au génie civil, i l apparaît
La première partie de l'article rappelle les incontestablement qu'au cours des quinze dernières années
fonctions pouvant être assurées par les géo- le développement des géotextiles a connu un essor
textiles (anticontamination, filtration, drainage, considérable (fig. 1). S'il est vrai que, dans les débuts,
renforcement) et analyse les différentes caracté-
ristiques qui rendent compte de l'aptitude d'un ces matériaux étaient principalement utilisés dans des
produit à remplir chacune de ces fonctions. ouvrages provisoires, ou intervenaient à titre de garantie
On distingue notamment les caractéristiques supplémentaire dans des ouvrages définitifs, actuellement
fonctionnelles, liées directement à la fonction
considérée, les caractéristiques d'aptitude à la on en arrive à leur demander d'assurer, à eux seuls et
mise en œuvre et les caractéristiques de tenue de manière permanente, des fonctions aussi importantes
à long terme. que le renforcement mécanique de massifs de soutènement,
La seconde partie énumère et commente ou le drainage et la filtration des écoulements dans les
brièvement les essais déjà normalisés ou en ouvrages hydrauliques, tels que digues, barrages en terre,
cours de mise au point, ou qui devront être
étudiés dans l'avenir, permettant de mesurer etc.
les caractéristiques analysées dans la première
partie.
Cette évolution a été rendue possible grâce à :
La troisième partie, enfin, récapitule les diffé-
rentes spécifications qu'il convient de prescrire — une meilleure connaissance des caractéristiques des
dans les cahiers des charges, et propose une géotextiles à prendre en compte dans la conception et le
procédure de contrôle appropriée aux différents
cas de chantier pouvant se présenter. Les para- dimensionnement des ouvrages,
mères considérés dépendent de l'importance de
la fonction du géotextile dans l'ouvrage et de — la mise au point d'essais spécifiques permettant la
la quantité de géotextile concernée. mesure de ces caractéristiques dans les meilleures conditions
techniques et pratiques,
MOTS CLÉS : 35 - Géotextile-Caractéristiques -
Mécanique - Hydraulique (fluide) - Spécifica- — l'élaboration de spécifications adaptées à la nature
tion (cahier des charges) - Contrôle - Filtration • des ouvrages et aux sollicitations qu'ils supportent,
Drainage - Renforcement (gen.) • Contami-
nation • Durabilité - Mise en œuvre (appl.) • — des modalités de contrôles assurant le respect de ces
Essai • Norme. spécifications avec une garantie suffisante et pour un coût
admissible.

45
Les actions menées en France sur ces différents présentera l'acquis actuel en matière de procédures
points ont été initiées et coordonnées par le C F G d'essai et, dans la dernière partie, on précisera la
(Comité Français des Géotextiles, devenu en 1983, nature des spécifications à prescrire et la fréquence
le C F G G , Comité Français des Géotextiles et des des contrôles qu'il y a lieu d'effectuer en fonction
Géomembranes). de l'importance de l'ouvrage et du rôle plus ou
moins capital joué par le géotextile.
Cette association rassemble les organismes, sociétés,
associations s'intéressant aux géotextiles (Services
publics, é t a b l i s s e m e n t s d'enseignement et de F O N C T I O N S D E S GÉOTEXTILES
recherche, entreprises de travaux publics, bureaux ET CARACTÉRISTIQUES C O R R E S P O N D A N T E S
d'études, producteurs et distributeurs de géotextiles),
dans le but de contribuer au développement des
géotextiles par l'échange d'information et l'étude des Caractéristiques fonctionnelles
questions d'intérêt général relatives à ces matériaux
et à leur emploi (*). Il est maintenant unanimement reconnu que les
géotextiles sont en mesure de remplir les quatre
C'est ainsi que le C F G G a déjà fait aboutir de fonctions principales suivantes :
nombreux travaux tels que l'élaboration et la
— une fonction de séparation-anticontamination
publication (fig. 2) :
(fig. 3). Cette fonction, la plus anciennement reconnue
— d'un fascicule de recommandations générales aux géotextiles, permet d'éviter l'interpénétration de
pour la réception et la mise en œuvre des deux couches de matériaux de natures différentes
géotextiles [1]. Ce fascicule comporte, en plus des sous l'effet des contraintes, principalement celles
consignes pratiques à respecter pour assurer une dues au trafic qu'il subit, et de faire en sorte que
mise en œuvre correcte des géotextiles, un recueil le matériau granulaire conserve l'intégralité de ses
des normes françaises relatives à la terminologie propriétés mécaniques. L a caractéristique rendant
textile et aux différents essais permettant de mesurer compte de l'aptitude d'un géotextile à assurer cette
les caractéristiques de ces produits ; fonction est son ouverture de filtration O , appelée r

également porométrie, qui définit le D d'un sol en 9 5

— d'une série de fascicules de recommandations suspension dans l'eau pouvant passer à travers les
précisant les conditions d'emploi des géotextiles dans pores du géotextile ( D = dimension des grains du
9 5
différentes applications [2-3-4-5-6-7-8]. sol telle que 95 % en poids des grains du sol soient
inférieurs à cette dimension) ;

""".Cl 4Í
1

pourlerûploi
dBBgùotexilieK
clans
¡«atrae de stoctag;
(kStâtiŒlBŒMlt,
^ " h b Ú Cûte î 11 .

Fig. 2. — L e s trois premiers f a s c i c u l e s d e R e c o m m a n d a t i o n sur l'emploi

des géotextiles édités par le CFGG et la Note technique sur les
géotextiles publiée par le L C P C et le SETRA.

Fig. 3. — Utilisation d e la f o n c t i o n a n t i c o n t a m i n a t i o n d'un géotextile.

Il faut enfin indiquer que le C F G G entretient des

relations étroites avec les spécialistes et associations — une fonction de renforcement mécanique (fig. 4).
étrangères qui se préoccupent du développement des Beaucoup de géotextiles possèdent une résistance en
géotextiles et en particulier, de l'élaboration des traction relativement élevée et un module de traction,
normes internationales relatives aux essais de carac- ou raideur, adapté au renforcement mécanique des
térisation de ces produits. sols. Il peut être intéressant d'utiliser ces propriétés
pour communiquer aux sols une certaine résistance
L'article analyse, dans une première partie, les en traction, soit par l'action conjuguée de leur poids
caractéristiques des géotextiles qu'il est nécessaire et du frottement sol-géotextile (effet d'armature),
de connaître, en fonction du rôle qu'on leur assigne soit en les confinant dans une enveloppe géotextile
dans l'ouvrage. Dans une deuxième partie, on (effet de conteneurisation).
Les caractéristiques du géotextile rendant compte
(*) Le siège du C F G G est à l'Institut textile de France, 35, rue
de leur aptitude à remplir cette fonction sont : sa
des Abondances, B.P. 79, 92105 Boulogne-Billancourt Cedex ; résistance en traction, sa raideur et l'angle de
Tél.: (1)48 25 18 90, Télex 250 940 I N T E X F R A B L S G N . frottement sol-géotextile ;

46
 Mur
existant J o
' P
i n e r r n e T I
t d e diminuer
a n

i la p o u s s é e s u r le m u r e x i s t a n t

Fig. 5. Utilisation d e la f o n c t i o n filtration d'un g é o t e x t i l e autour

d'une t r a n c h é e drainante.

•.•:.;:;•') M a t é r i a u d ' a p p o r t frottant et d r a i n a n t

•. 1 0 » ¿0°

F i g . 4 . — Utilisation d e la f o n c t i o n r e n f o r c e m e n t d ' u n g é o t e x t i l e dans

un o u v r a g e d e s o u t è n e m e n t à Langres.

— une fonction de filtration (fig. 5). Cette fonction,

également souvent recherchée, permet d'éviter que Fig. 6. — Utilisation d e la
les particules fines d'un sol ne soient entraînées fonction drainage des g é o t e x -
tiles d a n s les drains plats.
lorsque ce dernier est le siège d'un écoulement. Les
caractéristiques d'un géotextile qui rendent compte
de son aptitude à assurer la fonction de filtre dans
un sol sont son ouverture de filtration, telle que
définie p r é c é d e m m e n t , et sa permittivité. L a per-
mittivité d'un géotextile est égale au quotient de sa
perméabilité k„ (dans la direction normale à son
plan) par l'épaisseur e du géotextile. L a connaissance
de l'ouverture de filtration du géotextile permet de
vérifier que les éléments fins d u sol seront bien Elle est égale au produit de sa perméabilité (dans
retenus, celle de sa permittivité permet de s'assurer la direction parallèle à son plan) par l'épaisseur e
que la vitesse d'écoulement de l'eau au travers du du géotextile ; ce produit est directement propor-
géotextile sera largement supérieure à celle qu'elle tionnel au débit pouvant s'écouler dans le plan du
a dans le sol, condition indispensable pour garantir géotextile sous un gradient hydraulique donné.
l'absence de surpressions en amont du filtre ;
Dans la pratique, le géotextile peut être amené à
— une fonction de drainage (fig. 6). îl s'agit-là d'une remplir simultanément plusieurs de ces fonctions ; i l
fonction spécifique à certains géotextiles (géotextiles est même des cas (piste de chantier sur un sol
épais), qui ont la propriété de pouvoir écouler des marécageux, par exemple) où i l doit remplir l'en-
débits relativement importants dans leur plan et de semble des quatre fonctions rappelées précédemment.
constituer ainsi des nappes drainantes. L a caracté- Il faut alors examiner le géotextile susceptible de
ristique d'un géotextile rendant compte de son convenir au travers de l'ensemble des caractéristiques
aptitude à remplir cette fonction est sa transmissivité. précitées et récapitulées dans le tableau I.

TABLEAU I
Tableau général des caractéristiques des géotextiles à considérer suivant la fonction qu'il assure dans l'ouvrage

^^^-^^.^ Caractéristiques
Frottement Ouverture
^^--^^ à considérer Résistance
Raideur sol de Permittivité Transmissivité
Fonctions ^^""""-^.^ en traction
géotextile filtration
du géotextile

Séparation anticontamination X
X X
Filtration

Drainage X X

Renforcement mécanique X X X

47
 Jta

Caractéristiques d'aptitude à la mise en œuvre

A u cours de sa mise en œuvre, un géotextile peut

être soumis à des sollicitations complètement diffé-
rentes de celles auxquelles i l sera soumis durant son
fonctionnement normal dans l'ouvrage.

Ces sollicitations impossibles à quantifier avec

précision peuvent provoquer en particulier :

— des déchirures dues à des accrochages par des

engins ou des aspérités présentes sur le chantier
(fig. 7) ;
— des poinçonnements, coupures sur des points
durs divers (silex, chute de blocs,...) (fig. 8) ;
— une fatigue prématurée et généralisée dans le cas
du compactage intense d'une couche de matériau
Fig. 9. — S o l l i c i t a t i o n s d e mise en œ u v r e : salissure et colmatage.
concassé mise en œuvre sur une nappe de renfor-
cement ;
— des salissures et un colmatage dans le cas où la
nappe a été étalée, et a fortiori circulée, sur des
surfaces boueuses (fig. 9), etc.

Par ailleurs, dans de nombreux cas le géotextile

doit pouvoir s'appliquer sur des surfaces de révo-
lution, voire des surfaces gauches ou pouvoir suivre
un virage. Il doit pour cela posséder une flexibilité
et, éventuellement, un module de cisaillement dans
son plan adaptés au projet.

Pour apprécier le comportement des différents

produits géotextiles durant cette phase délicate que
constitue la mise en œuvre, on est donc amené à
considérer un certain nombre de caractéristiques
spécifiques qui sont :

— la résistance à la déchirure statique ;

— la résistance à la déchirure dynamique : certains
géotextiles peuvent, en effet, avoir des résistances à
la déchirure statique semblables, mais des résistances
à la déchirure dynamique nettement différentes ; or
il est clair que, durant la mise en œuvre, ces deux
types de déchirures peuvent se produire ;
— la résistance aux sollicitations localisées (poin-
çonnements divers sous l'effet du compactage et du
trafic, chute de blocs, etc.) ;
— la flexibilité, à la fois dans le sens du plan du
géotextile et dans le sens normal à son plan,
caractéristique de son aptitude à la conformation
(aptitude à se conformer à la surface sur laquelle
il est appliqué).

Enfin, i l ne faut pas oublier d'associer également,

dans l'appréciation du comportement des différents
produits géotextiles durant la mise en œuvre, les
caractéristiques fonctionnelles examinées ci-dessus.
En effet, i l est clair que la résistance en traction
est un élément important de l'aptitude à la mise en
œuvre ; bien plus encore, la porométrie et la
permittivité sont des caractéristiques suffisantes pour
apprécier le risque de colmatage auquel on s'expose
lorsque, au cours de la mise en œuvre, on prévoit
que les nappes de géotextiles pourront être étalées
Fig. 8. — S o l l i c i t a t i o n s d e m i s e en œ u v r e : c h u t e de blocs. et manipulées dans la boue.

48
Caractéristiques de tenue à long terme
Les caractéristiques fonctionnelles et d'aptitude à la
mise en œuvre analysées précédemment permettent
de choisir, voire de dimensionner, un géotextile
susceptible à court terme de remplir la fonction
qu'on lui a assignée dans l'ouvrage. Il convient
encore de s'assurer que les valeurs des caractéristiques
fonctionnelles retenues seront conservées dans le
temps.
Les caractéristiques mécaniques et hydrauliques des
produits géotextiles peuvent, en effet, s'altérer plus
ou moins dans le temps sous l'action des processus
suivants :
— le fluage : i l s'agit d'un processus qui n'affecte
que les nappes travaillant en traction ; i l se traduit
par une augmentation continue de l'allongement des
nappes, provoquant une réduction concomitante des
sections, d ' o ù une augmentation des contraintes, et
ainsi de suite. Ce processus peut à plus ou moins
long terme entraîner des déformations inadmissibles,
voire conduire à la ruine de l'ouvrage. L'importance
du fluage dépend de la nature du polymère utilisé
(polyester, polyoléfines,...) du taux de travail o / a
trav rupt
admis dans le dimensionnement et de la température
du milieu o ù est placé le géotextile ;
— le colmatage : ce processus concerne évidemment
les géotextiles qui ont un rôle de filtre ou de drain.
Son importance dépend des caractéristiques de
l'écoulement qui les traverse : présence, quantité,
nature des fines en suspension, gradient hydraulique,
mais également de phénomènes plus complexes,
notamment biologiques (bactéries) ou chimiques
(colmatage ferrique, concrétions calcaires, etc.) encore
mal connus ;
— l'altération physico-chimique : ce processus, qui
est indépendant de la fonction assignée au géotextile,
est lié à l'environnement dans lequel i l se trouve :
rayons ultra-violets, p H acide ou alcalin, hydrocar-
bures ou solvants divers, etc. Bien que les polymères
utilisés pour la fabrication des géotextiles aient
depuis longtemps montré leur grande inertie vis-à-
vis de la plupart des produits chimiques habituels,
il faut encore progresser dans la connaissance de
leur comportement dans les divers environnements
où ils peuvent être utilisés.
Pour garantir que les valeurs des caractéristiques
fonctionnelles des géotextiles prises en compte dans
le dimensionnement seront conservées à long terme,
il faut donc encore examiner ces caractéristiques
supplémentaires que sont les comportements au
fluage, au colmatage et à l'altération physico-
chimique.
ESSAIS UTILISÉS POUR L A M E S U R E DES
CARACTÉRISTIQUES DES GÉOTEXTILES
Tableau général des essais géotextiles
L a connaissance objective des caractéristiques des
géotextiles examinées précédemment implique de
pouvoir les mesurer à partir d'essais représentatifs
et applicables à la quasi-totalité des produits présents
sur le marché ou pouvant apparaître dans l'avenir.
Le travail réalisé, jusqu'à présent, dans ce domaine,
a déjà permis d'avancer substantiellement. Des études
sur plusieurs points délicats, et notamment sur les
caractéristiques de comportement à long terme, sont
encore nécessaires, ainsi que le montre le tableau II.
Commentaires sur les essais
Anisotropie, dispersion de fabrication, prélèvement
et conditionnement des échantillons
Les produits géotextiles présentent, pour une grande
partie d'entre eux, une anisotropie inhérente à leur
mode de fabrication. Cette anisotropie, qui peut
être avantageusement mise à profit dans certaines
applications, doit pouvoir être quantifiée, ce qui
implique que les essais soient, d'une manière générale,
systématiquement exécutés dans deux directions
perpendiculaires : sens de la chaîne (ou sens de
production) et sens de la trame (ou sens travers).
Par ailleurs, les modes de fabrication des produits
géotextiles se caractérisent par la souplesse d'inter-
vention à laquelle ils se prêtent (ce qui est un
avantage pour optimiser des produits en fonction
d'une application donnée), mais également par une
probabilité de déréglages aléatoires des machines
assez élevée. Cela implique de ne pas se contenter
de réaliser la mesure des caractéristiques une fois
pour toutes sur un produit de désignation commer-
ciale donnée, mais de suivre la constance de ses
caractéristiques au fur et à mesure de sa fabrica-
tion. Pour ce faire, on trouvera dans les normes
N F G 38-010 et N F G 38-011 différentes indications
relatives à l'échantillonnage, au mode de prélèvement
et aux conditions de conservation des éprouvettes
destinées aux essais. E n outre, dans la dernière
partie de cet article, on précisera d'un point de vue
pratique, en fonction de l'importance du lot de
géotextile utilisé et du caractère plus ou moins
déterminant qu'il joue dans l'ouvrage, la nature et
la fréquence des essais qu'il y a lieu d'exécuter pour
tenir compte de cette dispersion de fabrication.
Essais de réception et essais de caractérisation
Les essais examinés dans le tableau II peuvent être
considérés comme des « essais de caractérisation »
(détermination de la valeur des caractéristiques des
produits). Ils sont, en général, assez longs, voire
très longs, et plus ou moins coûteux et complexes
d'exécution. Ils doivent néanmoins être exécutés
selon la fréquence qui est proposée à la fin de cet
article. Cependant, dans de nombreux cas, soit parce
que les surfaces de géotextiles sont faibles, soit
surtout parce que le rôle du géotextile n'est pas
critique, i l n'est économiquement pas raisonnable
de procéder à ces essais. Dans ces cas, on se
contentera de vérifier la conformité de l'étiquetage
et notamment de la fiche d'identification du produit
établie suivant la norme N F G 38-050 avec celle du
49
 T A B L E A U II

CARACTÉRISTIQUE ESSAI(S) STADE

D U GÉOTEXTILE PRINCIPE D U PROCESSUS
PERMETTANT D E MISE A U POINT
OPÉRATOIRE R E T E N U
DE L A MESURER D E L'ESSAI

Ouverture de filtration Essai de porométrie Mise au point terminée On détermine la valeur O, qui définit le diamètre
de filtration du géotextile en faisant passer au
0 (m)
f Essai normalisé décrit dans travers de l'échantillon un matériau de gra-
la norme N F G 38-017 nularité connue en suspension dans l'eau. On
admet que la valeur O cherchée est égale au
f

D,5 du sol ayant traversé l'échantillon (fig. 10).

Permittivité Essai de permittivité Mise au point terminée On mesure, sous une charge hydraulique
constante, le débit unitaire QjS que laisse
Essai normalisé décrit dans circuler perpendiculairement à son plan un
-(*"')
e la norme N F G 38-016 échantillon de surface S.
Pour respecter les conditions de validité de la
loi de Darcy, il est nécessaire d'utiliser de l'eau
désaérée et un perméamètre appliquant un
gradient hydraulique assez faible de manière à
respecter un débit unitaire de mesure inférieur
2
à 3,5 x 10" m/s (fig. 11).

Transmissivité Essai de transmissivité Mise au point terminée On mesure, pour un gradient longitudinal donné,
le débit pouvant circuler dans l'épaisseur d'un
2
k, x e (m /s) Essai en instance de nor- géotextile par unité de largeur de bande.
malisation [9]. L'essai est réalisé dans un perméamètre appliquant
un gradient hydraulique assez faible pour rester
dans les conditions de validité de la loi de
5
Darcy, avec une pression de 2 x 10 Pa appli-
quée sur le géotextile dans le sens de l'épaisseur
et en utilisant de l'eau désaérée (fig. 12).

Résistance en traction Essai de traction Mise au point terminée L'essai de traction est réalisé sur une éprouvette
sur bande large de 100 mm de longueur (distance entre pinces)
R (kN/m)
T Essai normalisé décrit dans et 500 mm de largeur.
la norme N F G 38-014 L'essai est réalisé sur une presse dont les mâchoires
sont étudiées pour assurer le serrage de
l'échantillon sans glissement, ni cisaillement.
La vitesse de traction est de 50 mm/min (fig. 13).

Raideur Essai de traction Mise au point terminée La mesure de la raideur est réalisée à partir de
sur bande large l'essai de traction, au cours duquel on mesure
J (kN/m) Essai normalisé décrit dans en continu :
la norme N F G 38-014 — la déformation E , (entre pinces)
— la striction E (mesurée sur la largeur) pour
2
Cette norme doit cependant déterminer la déformation réelle E * en utilisant
être complétée par la la relation E * = E , + Ë + E , . E (fig. 14 et 15).
2 2
définition des différentes
raideurs pouvant être
prises en considération
(cf. commentaires sur les
essais ci-après).

Frottement sol-géotextile <p Essai de cisaillement

g Mise au point largement On réalise un essai de cisaillement à l'aide d'une
en degrés ou à la boîte avancée : demi-boîte de cisaillement modifiée de
t g ( P — Matériel défini 100 x 100 mm (fig. 16).
/= '
tgtp — Programme d'essais sur L'essai est réalisé
(<p angle de frottement du de nombreux produits — soit avec un sol étalon (essai d'identification),
sol) géotextiles déjà réalisés — soit avec le sol concerné dans le projet (essai
[10]. de dimensionnement).
Résistance à la déchirure Essai de déchirement Mise au point terminée L'essai de déchirement est réalisé sur une
statique (kN) statique Essai normalisé décrit dans éprouvette trapézoïdale de 225 x 670 mm et
la norme N F G 38-015 de 475 mm de hauteur, dans laquelle on réalise
une entaille de 50 mm pour amorcer la déchirure
sur la petite base. Les pinces se déplacent à
une vitesse de 50 mm/min (fig. 17 et 18).
On enregistre et on mesure la force nécessaire
pour propager la déchirure et la valeur retenue
est la moyenne des cinq valeurs maximales
notées pendant l'essai.

Résistance à la déchirure Essai de déchirement Mise au point terminée L'essai de déchirement est réalisé sur la même
dynamique (kN) dynamique éprouvette trapézoïdale que celle utilisée pour
l'essai de déchirement statique. La vitesse de
déchirement est de 3,5 m/s, soit 1 000 fois celle
du déchirement statique, ce qui nécessite un
matériel spécifique imposant et relativement
complexe (fig. 19).
On calcule la valeur de la résistance à la déchirure
dynamique de la même façon que pour celle
de la déchirure statique.

50
 T A B L E A U II

CARACTÉRISTIQUE ESSAI(S) STADE

PRINCIPE D U PROCESSUS
D U GÉOTEXTILE PERMETTANT DE MISE A U POINT
OPÉRATOIRE R E T E N U
DE L A M E S U R E R DE L'ESSAI

Résistance aux sollicitations Essais de : Mise au point d'un ou De nombreux processus d'essai ont été imaginés
localisées (expression non — cisaillement ) sur plusieurs essais en cours et pratiqués. Aucun d'entre eux ne s'avère
encore définie) — traction ) fibres d'étude cf. [6, 12] pleinement satisfaisant sur le plan théorique
(difficulté d'interprétation). En outre, les uti-
— perforation ) sur lisateurs d'un essai donné qui. pour leurs
statique \ produits applications propres, ont acquis les éléments
dynamique > d'une interprétation empirique sont réticents
— simulation de l'effet : à changer d'essai.
• du compactage Dans les applications délicates (massif renforcé,
• de la chute de blocs, couche de forme, protection de berge,...), il
etc. semble actuellement que la méthode à recom-
en réalisant un essai en mander soit de réaliser un essai en semi-
semi-grandeur grandeur dans l'environnement prévu du chan-
tier (mêmes matériaux, compacteurs, engins
divers,...) et de mesurer après simulation les
caractéristiques fonctionnelles résiduelles du
géotextile pour les prendre en compte dans le
dimensionnement.

Conformation Essai de flexibilité : On déplace une bande rectangulaire de géotextile

— dans le sens perpen- Mise au point quasi termi-
diculaire au plan du née [13]
géotextile,
— dans le plan du géo- Essai non encore étudié
textile
sur une plate-forme horizontale. Lorsque le
géotextile dépasse le bord de la plate-forme, il
se courbe de plus en plus au fur et à mesure
que l'on poursuit l'avancement. On note la
longueur / de la partie pendante de l'éprouvette
lorsque son extrémité rencontre un plan faisant
un angle de 41,5° avec l'horizontal (fig. 20).
La connaissance de / permet de calculer un
module de rigidité en flexion du matériau.

Comportement au nuage Essai de fluage Essai en cours d'étude

Altération Essai de cisaillement ac- Essai en cours d'étude

physico-chimique céléré sur fils et/ou sur
produits

Comportement Essai non .encore abordé

au colmatage

51
 k

N I Pression Sable normalisé

| normale / o u s o 1

7/
1 1

Surface support
géotextile

frottement

Fig. 16. — S c h é m a d e l'appareillage d'essai de frottement.

Fig. 13. — A p p a r e i l l a g e d'essai d e traction.

h fl • E ) h / •

Allongement de référence Fig. 17. — Essai d e d é c h i r u r e lente.

€*= E, + E 2 • C,Cj

Fig. 14. — Détermination d e la d é f o r m a t i o n p l a n e é q u i v a l e n t e à partir

des d é f o r m a t i o n s axiale et d e striction.
— 2 2 5 — ^

T (kN/m)

Fig. 15. — Détermina-

tion d e s raideurs d'un
géotextile. 100

produit agréé et d'exécuter les deux essais suivants :

50 100 150 200 250
— un essai de détermination de la masse surfacique,
Fig. 18. — Diagramme d'essai de d é c h i r u r e et g é o m é t r i e de l'échantillon.
tel que défini dans la norme N F G 38-013,
— un essai de mesure d'épaisseur, tel que défini
dans, la norme N F G 38-012.
F i g . 19. — S c h é m a de p r i n -
c i p e d e l'essai d e s o u p l e s s e .
Ces deux essais, que l'on peut qualifier « d'essais
de réception », sont simples, rapides et peu coûteux G = P!1 12G
à exécuter et permettent par comparaison avec les 8
valeurs indiquées dans la fiche d'identification de
décider si l'on peut accepter le produit ou s'il
convient de procéder à des essais de caractérisation
complémentaires.

Essais normalisés : compléments relatifs à l'essai de

traction, définition de la raideur

Dans le tableau II, on a indiqué quels étaient les

essais qui faisaient déjà l'objet de normes A F N O R .
Pour ces essais, peu d'éléments descriptifs sont
donnés dans cet article et l'on renvoie pour cela
aux normes A F N O R correspondantes.

52

Il convient toutefois de signaler un complément
récemment introduit dans l'essai de traction, qui
concerne la détermination de la raideur.
Dans la norme N F G 38-014 qui définit l'essai de
résistance à la traction et de déformation à l'effort
maximal, i l n'est pas fait mention de cette notion
de raideur, qui est surtout importante dans les
applications en renforcement ; elle se définit comme
la force de traction T provoquant un allongement
relatifs (calculé comme indiqué dans la norme).
Étant donné que, pour les géotextiles, la loi T = f{z)
n'est pas linéaire, on peut être amené à considérer
différentes raideurs (fig. 15) :
/ , : raideur tangente initiale,
J : raideur sécante pour une déformation donnée
2
(par exemple, 20 % de la déformation de
rupture),
J : raideur tangente pour une déformation donnée
3
(par exemple, 20 % de la déformation de
rupture),
7 : raideur sécante à la déformation de rupture.
4
E n ce qui concerne également l'essai de traction, i l
convient de rappeler que le choix du processus
d'essai a été fait sur la base de considérations
théoriques et pratiques [14], mais que les résultats
d'autres essais [15], tel que l'essai sur manchon
cylindrique cousu (essai Laboratoire régional de
Saint-Brieuc), qui consiste à appliquer une contrainte
bidirectionnelle dans une cellule triaxiale, et l'essai
de traction simple sur bande avec dispositif anti-
striction permettant de maintenir la largeur de
l'échantillon durant l'essai (essai pratiqué en Suisse
et en Allemagne) peuvent être considérés comme
équivalents au plan de l'interprétation.
Fig. 20. — Schéma de
l'appareillage d'essai d e
déchirure dynamique.
Essais en cours de mise au point
Parmi ces essais, on peut considérer que la mesure
de la transmissivité, de la déchirure dynamique, de
l'angle de frottement sol-géotextile, et de la flexibilité
(perpendiculairement au plan du géotextile) ne
devraient pas poser de problèmes majeurs et on
peut espérer proposer la normalisation des processus
opératoires dans un délai relativement court. Pour
le comportement vis-à-vis des sollicitations localisées,
on a vu (tableau II) que des difficultés plus
importantes vont se présenter. Il est probable que,
dans un premier temps, on sera amené à multiplier
les essais de simulation, tels que ceux évoqués dans
le tableau et que ce ne sera que sur la base de ces
essais que l'on pourra éventuellement proposer des
corrélations avec un essai plus simple, qui pourrait
alors être considéré comme représentatif du compor-
tement vis-à-vis de ce type de sollicitation.
Enfin, pour ce qui concerne la mesure des carac-
téristiques à long terme, les difficultés sont encore
bien plus grandes. Toutefois, pour la mesure du
fluage et de l'altération physico-chimique, des études
approfondies ont déjà été réalisés [16-17-18], qui
permettent déjà une bonne compréhension des
phénomènes. Actuellement, pour ces deux caracté-
ristiques, on cherche à vérifier la possibilité d'utiliser
une élévation de température pour accélérer les
phénomènes et déboucher ainsi sur des processus
opératoires réalistes et opérationnels. Pour ce qui
concerne le comportement au colmatage, les éléments
connus actuellement ne permettent malheureusement
pas encore d'envisager un essai susceptible de
représenter valablement ce comportement.
SPÉCIFICATIONS E T CONTRÔLES
Spécifications
Les spécifications se rapporteront, en premier lieu,
aux rôles des géotextiles nécessaires au fonctionne-
ment de l'ouvrage pendant sa période de service :
renforcement, séparation, filtre ou/et drain.
53
 T A B L E A U III Ouvrage Drainage Filtration Séparation Renforcement
1
Importance des fonctions du géotextile
pour différents cas de chantier 1. Massif à parement vertical avec
structure sus-jacente ***
2. Massif à parement vertical sans
structure sus-jacente **
3. Remblai sur sol mou (gain de
*** fonction capitale stabilité par géotextile) * ***
** fonction importante
fonction moyennement importante 4. Remblai sur sol mou (rôle de
séparation) * *
5. Massif en terre renforcée à
parement incliné avec structure
sus-jacente **
6. Massif en terre renforcée à
parement incliné sans structure
sus-jacente *
7. Voies à faible trafic et couches
de forme * **
8. Piste de chantier * *
9. Tranchée drainante (bord de
chaussée) **
10. Filtre de barrage ***
11. Filtre drain homogène derrière
un soutènement *** ***
12. Protection de berge ** **

T A B L E A U IV ^\ Essai
Correspondance entre fonction Traction Frottement Permittivité Tras- Porométrie
et essai de contrôle missivi té
Fonction \ .

Séparation

Renforcement * *
Filtre * *
Drain *

Les valeurs des caractéristiques nécessaires aux
spécifications seront déterminées à partir du dimen-
sionnement de l'ouvrage et mesurées au moyen des
essais décrits ci-dessus en se référant aux tableaux
de correspondance : tableau I (fonctions — carac-
téristiques) et tableau II (caractéristiques — essais).
L a pérennité de ces caractéristiques dans le temps
devra, par ailleurs, être assurée. Malheureusement,
elle ne peut actuellement être mesurée, faute d'essais
normalisés, ceux-ci étant en cours d'élaboration. Par
contre, elle sera prise en compte dans les spécifications
par le biais de coefficients de sécurité permettant
de garantir le comportement à long terme de
l'ouvrage [19].
D'autre part, comme on l'a vu précédemment, il y
a lieu de définir des spécifications propres à assurer
le comportement correct des géotextiles lors de la
mise en œuvre de l'ouvrage, en particulier face aux
sollicitations engendrées par l'agressivité des gra-
nulats, par la chute de blocs... Pour cela, on pourra
se référer aux caractéristiques des produits pour
résister à la propagation de la déchirure, aux
sollicitations localisées, voire pour faciliter la mise
en œuvre (souplesse). Il sera aussi possible pour les
ouvrages particulièrement sensibles, et en l'absence
d'essai normalisé, de réaliser une planche d'essai :
par exemple, i l est conseillé d'exiger que les
spécifications du dimensionnement (résistance en
traction, raideur,...) restent vérifiées après réalisation
d'une planche d'essai de simulation de l'effet du
compactage.
Sans vouloir être exhaustif, on rappellera que le
dimensionnement du géotextile et le choix des
spécifications qui en découlent peuvent être réalisés :
— soit en appliquant les valeurs empiriques indiquées
dans les fascicules de recommandations du C F G G
[2-3-4-5-6],
— soit à partir de valeurs obtenues par un calcul
de dimensionnement, en s'appuyant sur les fascicules
de recommandations du C F G G (à paraître) pour
ce qui concerne les ouvrages renforcés par géotextile
et les ouvrages de drainage [7-8].

54
 TABLEAU V Superficie 2 2 2
0 250 m 2 500 m 25 000 m
Nombre d'essais de contrôle en liaison de géotextile (X)
avec l'importance de la fonction
et de la superficie de géotextile Traction 0 1 t ( X —2 500 , X — 25 000
6 +
T A B L E A U V a — FONCTION : *** 5 000 10 000

Frottement 0 0 1 ( X —25000
+
50 000

Permittivité 0 1 l i X —2 500 , X — 25 000

5 000 6 +
10 000
Transmissivité 0 1 l ! X —2 500 „ X — 25 000
6 +
5 000 10 000

Poromètrie 0 1 , X — 2 500 , X — 25 000

1 + 6 +
5 000 10 000

T A B L E A U V-b — FONCTION : **
Superficie 2 2
0 1 000 m 10 000 m
de géotextile (X)

Traction 0 1 ( X — 10 000
+
20 000

Frottement 0 0 1

Permittivité 0 1 X — 10 000
1+
20 000

Transmissivité 0 1 X — 10 000
1+
20 000
Poromètrie 0 1 i | X — 10 000
20 000

T A B L E A U V-c — FONCTION : *
Superficie 2 2
0 4 000 m 40 000 m
de géotextile (X)

Traction 0 1 X — 40 000
1+
80 000

Frottement 0 0 1

Permittivité 0 1 j ! X —40 000

80 000

Transmissivité 0 1 ! X —40 000

+
80 000
Poromètrie 0 1 | X —40 000
+
80 000

L'ensemble des spécifications retenues pourront être
présentées sur une grille telle que celle définie par
le C F G G [1], à laquelle on pourra adjoindre, le cas
échéant, d'autres caractéristiques exigées sur le
produit (raideur, frottement,...).
Contrôles
O n se rapprochera, dans un premier temps,
fascicule de Recommandations générales pour
réception et la mise en œuvre des géotextiles et
particulier, i l importera de vérifier, dans tous
cas, que le fournisseur présente la fiche d'identification
du produit établie suivant la norme N F G 38-050,
ainsi que les valeurs des caractéristiques spécifiées
dans la grille, type C F G G , mentionnée ci-dessus.
A titre de réception, on exécutera, comme on l'a
vu, les deux vérifications simples et rapides que sont
la détermination de la masse surfacique et de
l'épaisseur nominale.
du
la En second lieu, et lorsque les surfaces de géotextiles
en sont importantes et qu'il joue un rôle déterminant
les dans l'ouvrage, et en l'absence d'une procédure de

55
certification (*), i l convient de compléter cette
première vérification par un contrôle sur chantier
qui s'articule de la façon suivante :
— définition pour le chantier considéré de l'impor-
tance de chaque fonction du géotextile,
— détermination des essais normalisés permettant
de mesurer les caractéristiques de chacune des
fonctions utiles définies précédemment,
— détermination de la fréquence d'essai en liaison
avec l'importance de la fonction et du chantier.
Définition de l'importance de chaque fonction
Comme cela a été rappelé précédemment, les quatres
fonctions qui régissent l'emploi des géotextiles sont :
1) la séparation,
2) le renforcement,
3) la filtration,
4) le drainage.
Dans un ouvrage considéré, le géotextile pourra
faire intervenir une ou plusieurs de ces fonctions à
divers niveaux d'importance. Leur détermination
sera capitale pour la définition du contrôle. A titre
d'exemple, on présente dans le tableau III quelques
ouvrages types pour lesquels la fonction a été
quantifiée par un certain nombre d'étoiles (0 à 3)
suivant son importance dans le bon fonctionnement
de l'ouvrage.
Ce tableau n'est pas exhaustif et le profil du produit
peut être modifié suivant le type d'ouvrage. Ainsi,
par exemple, dans le cas d'un massif à parement
vertical : si le parement est réalisé par simple
retournement du géotextile, i l y aura lieu de vérifier
que le sol contenu ne peut traverser le textile, en
particulier si l'ouvrage est le siège d'un écoulement
d'eau. Dans ce cas, on pourra faire apparaître une
étoile dans la colonne filtration.
Détermination des essais caractérisant les fonctions
Le choix du type d'essais à réaliser se fera grâce
au tableau de correspondance (tableau IV).
Détermination de la fréquence d'essais
L a fréquence d'essais sera modulée en fonction de
l'importance de l'ouvrage, que l'on pourra caracté-
riser par le nombre de mètres carrés de géotextile
employés, et de l'importance de la fonction du
géotextile dans le fonctionnement de l'ouvrage (0 à
3 étoiles). A titre indicatif, le tableau V présente le
nombre d'essais pour les fonctions possédant 1 à
(*) La procédure de certification suppose que l'usine productrice fasse l'objet d'un suivi de sa
production par un organisme certificateur. Dans ce cas, il est clair que les modalités de contrôle
sur chantier décrites dans l'article devraient être réexaminées.
56
3 étoiles (en absence d'étoile, aucun essai ne sera
réalisé).
Exemple d'utilisation :
Pour un remblai sur sol mou (cas n° 3 du tableau III)
2
comportant 18 000 m de géotextile on procédera de
la façon suivante :
— Rôle de renforcement (*** dans le tableau III)
• Essais correspondants (tableau IV) :
Traction et Frottement
• Nombre d'essais
Traction (tableau V-a)
que l'on arrondit à l'entier le plus proche, soit :
4 essais.
• Frottement (tableau V-a) : 1 essai
— Rôle de filtration (* dans le tableau III)
• Essais correspondants (tableau IV)
Permittivité et poromètrie
• Nombre d'essais
Permittivité (tableau V-c) : 1 essai
Poromètrie (tableau V-c) : / essai
CONCLUSION
L'effort de recherche accompli en France tant dans
le réseau des L P C que par les membres du C F G G ,
a permis de déboucher rapidement sur la mise au
point d'essais normalisés permettant la comparaison
des produits et fournissant aux projeteurs des valeurs
fiables, pour le dimensionnement des ouvrages, et
aux maîtres d'oeuvre des valeurs faibles pour le
contrôle.
Cependant, i l reste encore à mettre au point quelques
essais rendant compte notamment du comportement
dans le temps du matériau.
Face au nombre grandissant d'ouvrages dans lesquels
les géotextiles jouent un rôle déterminant, i l convient,
une fois le dimensionnement réalisé, de pouvoir
déterminer les spécifications et les contrôles corres-
pondants. L a méthodologie pratique présentée ici
devrait permettre de faciliter la tâche des maîtres
d'oeuvre pour assurer ce contrôle avec un compromis
coût-efficacité satisfaisant.
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