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MOOC « Étudiants dyslexiques dans mon amphi : comprendre et aider »

Séquence 3 – Module 2

MOOC « Étudiants dyslexiques dans mon amphi : comprendre et aider »


Séquence 3 – Module 2
Les aptitudes métaphonologiques

L’évaluation cognitive se base sur des tests qui sont normés,


standardisés et développés à partir de modèles cognitifs validés. Elle
permet de mettre en évidence à quel niveau cognitif se situe le déficit.
Dans le cas d’une dyslexie ou d’une suspicion de dyslexie, on évalue les
différents niveaux impliqués dans le langage écrit, c’est à dire, la
métaphonologie, l’orthographe, la lecture et la compréhension de lecture.
On peut également évaluer les autres composantes impliquées dans le
langage écrit comme l’attention, la mémoire et l’efficience intellectuelle.
Nous allons donc voir plus en détail les méthodes d’investigation de ces
différents domaines à l’aide d’exemples de l’évaluation d’une dyslexie-
dysorthographie chez l’adulte.

Pour évaluer le niveau métaphonologique (c'est à dire la capacité à


prendre conscience des différents sons de la langue) nous pouvons
utiliser la batterie de test nommée ECLA 16+ avec 3 épreuves qui sont la
suppression de phonème initial, les contrepèteries et la répétition de
pseudomots. Dans l’épreuve suppression de phonème initial
d’ECLA 16+, il est donc demandé de supprimer le premier son d’un mot
et de donner ce qu’il reste. Par exemple, dans le mot crocodile, le
phonème initial est le son /k/, la réponse attendue est donc « rocodile ».
L’évaluateur comptabilise le nombre de bonnes réponses et le temps mis
pour donner les réponses.

Février 2019
MOOC « Étudiants dyslexiques dans mon amphi : comprendre et aider »
Séquence 3 – Module 2

Voici une vignette clinique avec un exemple de production d’une


étudiante dyslexique, Johanna qui a 19 ans et qui est scolarisée en IUT :

«— Grillade…

—…ade ?

— Oui. Si je te dis le mot "climat" ?

— …ma ?

— ma ? D'accord. Si je te dis le mot "Triangle" ?

— riangle ?

— Si je te dis le mot "Stylisme" ?

— tyliste ?»

Dans cet extrait, on peut voir que même après vérification d’une bonne
compréhension des consignes, Johanna a quelques difficultés pour
distinguer le premier phonème ou le premier son des mots mais surtout
qu’elle a besoin de temps, ce qui se reflète sur ses résultats. On
considère qu'un score qui s'écarte de plus de -1,6 écart-type de la
moyenne est déficitaire, et Johanna a des résultats dans la moyenne de
son âge en ce qui concerne les réponses mais ses temps de réponse
sont beaucoup plus longs que la moyenne. Ils se situent à -6 écart-type.
de la moyenne. Elle parvient donc à trouver les bonnes réponses mais
cela est très coûteux en temps.

Dans l’épreuve contrepèteries d’ECLA 16+, il est demandé d’intervertir


les sons initiaux de deux mots en créant deux autres mots qui n’existent
pas. Par exemple, les mots ROBE et PIPE deviennent POBE et RIPE.

Février 2019
MOOC « Étudiants dyslexiques dans mon amphi : comprendre et aider »
Séquence 3 – Module 2

On prend le son /p/ de PIPE et le son /r/ de ROBE et on les inverse pour
produire RIPE et POBE. L'évaluateur comptabilise le nombre de bonnes
réponses et le temps mis pour donner les réponses. Voici un exemple de
production de Johanna, étudiante dyslexique.

«— Fourmi et Journal.

— …ff, heu, …Fourjal ? Non, euh… Ben Jourmi et… ff… Fourjal ?»

Dans cet extrait on peut voir que Johanna a des difficultés pour
manipuler les différents sons d’un mot. Les résultats montrent que ses
réponses sont globalement correctes, avec des scores dans la moyenne
attendue pour l’âge mais les temps de réponse sont très longs avec un
score pathologique.

La dernière épreuve évaluant la métaphonologie est l’épreuve de


répétition de pseudomots. Les pseudomots sont des mots qui n’ont pas
de sens mais dont l’enchaînement des caractères ressemble à un mot
réel. On demande donc au patient de répéter des mots qui n’existent pas
comme "ixtramoto", "tabagon" ou encore "crovite", et on regarde le
nombre de pseudomots correctement répétés. Lors de cette épreuve
Johanna répète correctement 18 mots sur 20, mais c’est déjà trop peu
compte tenu de son âge. Ses résultats sont déficitaires.

En conclusion, voici les interprétations des résultats en métaphonologie


de Johanna. On observe qu’elle fait quelques confusions de sons quand
elle entend un mot inconnu. Pour les exercices de suppression de
phonème initial et de contrepèterie elle commet peu de fautes mais c’est
très coûteux en temps. Les 3 épreuves témoignent donc de capacités

Février 2019
MOOC « Étudiants dyslexiques dans mon amphi : comprendre et aider »
Séquence 3 – Module 2

métaphonologiques déficitaires. L’une des conséquences d’une analyse


métaphonologique déficitaire est une difficulté à apprendre les langues
étrangères. L’apprentissage de nouveau mots spécifiques à une matière
comme les mots scientifiques par exemple, peut également être perturbé
si les mots ne sont qu’entendus.

Février 2019

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