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ETUDE SUR L’OPTIMISATION DE LA BOUCLE MCR DU

PROCEDE DE LIQUEFACTION DU COMPLEXE GL1.Z


STUDY AND OPTIMISATION OF MCR LOOP OF GL1.Z PROCESS
Attalah Mohamed Mustapha
Ingénieur Process
Direction Engineering / LTH / SONATRACH
BP N°74, Ain-El-Bya 31230, Oran (Algerie)

RESUME
L’une des préoccupations importantes que vit actuellement le Complexe GL1.Z, après
la rénovation de ses installations est le souci de réduire les dépenses énergétiques ainsi
que le coût du processing.
Parmi les études effectuées, celle de l’optimisation de la boucle MCR du procédé de
liquéfaction a démontré parfaitement que la variation du réfrigérant à composition
multiple MCR, a un impact direct sur les performances du cycle de réfrigération du
procédé de liquéfaction. Une réflexion a été élaborée sur le rôle de chaque composant
dans le mélange, ainsi que son impact sur la rentabilité du procédé utilisé. De ce fait, les
ajustements permanents apportés sur la composition MCR ont amélioré grandement les
performances du procédé, caractérisés par une augmentation des frigories disponibles, la
diminution de la consommation énergétique et par conséquent l'augmentation du taux de
production GNL. Cette étude a démontré aussi que l’effet de la variation de la
composition du réfrigérant MCR est plus important à celui de la pression et la
température. Aussi, pour des procédés grands consommateurs d’énergie, comme les
Complexes de GNL, une adaptation de la composition MCR pour une charge de gaz
naturel variable est exigée.
L’objectif de cette présentation donc est de pouvoir exposer tous ces résultats
obtenus à travers l’étude de l’optimisation de la boucle de réfrigération MCR.

ABSTRACT
One of the most important problem which is actually in GL1.Z complex, after the
revamp of the facilities is to reduce energy consumption and processing cost. Among the
studies done, the one related to the optimization of MCR loop in liquefaction process has
proved that the variations of multicomposition refrigerant MCR have a direct impact on
the performance of refrigeration cycle in a liquefaction unity.
A study was carried out on the function of each component of the mixture and its
impact on the capacity of the process used. For this reason, the permanent adjustment
brought to the MCR composition have greatly improved the performances of the process
which is characterised by the increase of negative kilocalories, the decrease of power
consumption and consequently the increase of LNG production rate. This study has also
proved that the effect of MCR refrigerant composition is more important that one related
to pressure and temperature. Therefore, for high capacity consumers, as LNG unities, the
adaption of MCR composition to variable natural gas charge is required.
The objective of the presentation is to explain the results obtained throughout the
study of optimization of MCR refrigeration loop.

PS2-7.1
ETUDE SUR L’OPTIMISATION DE LA BOUCLE MCR DU
PROCEDE DE LIQUEFACTION DU COMPLEXE GL1.Z
1- OBJECTIF
Parmi les problèmes traités lors du Projet Rénovation des installations du Complexe
GL1Z et liés à la réduction des dépenses énergétiques ainsi que le coût du processing,
figure celui de l’optimisation de la boucle MCR (Composant à réfrigérants multiples) avec
la nouvelle composition proposée lors des tests de performance des trains de production.
Notre objectif essentiel dans ce travail est d’apporter une contribution en mettant un
outil complémentaire à la disposition des exploitants de l’usine GL1.Z afin de
rentabiliser leurs installations.
Une étude sur l’impact de la composition MCR sur le procédé de liquéfaction a été
réalisée dans ce sens avec la participation de l’Université Houari Boumédiène d’Alger,
dans le souci de déterminer la composition avec laquelle le meilleur rendement serait
obtenu dans la boucle de réfrigération ayant comme conséquence une augmentation
éventuelle de la production de GNL.
Cette étude s’est basée en premier lieu sur la comparaison par simulation effectuée
entre :
- La composition d’origine.
- La composition recommandée lors du test de performance sur une unité de
liquéfaction.
- La nouvelle composition de conception établie dans ce même projet.
Avec les différentes compositions du réfrigérant, la simulation du procédé devrait
nous apporter par la suite, les réponses sur :
1- Le comportement du procédé lors de la variation de la pression de refoulement.
2- Le comportement du procédé lors de la variation de la température de sortie de
l’échangeur principal, c’est à dire l’aspiration du 1er compresseur.
3- Le comportement du procédé avec une variation mixte de la pression et de la
température.
D’une façon pratique, ces résultats doivent nous donner plus de précision sur :
1- L’influence de la variation de la composition du réfrigérant utilisé dans ce
procédé sur la performance de la boucle de réfrigération.
2- Le rôle et les limites admissibles de chaque composant du réfrigérant dans les
divers compartiments du procédé de liquéfaction.
3- Les plages les plus performantes des paramètres de fonctionnement à utiliser
lors de l’exploitation du procédé de liquéfaction du Complexe GL1.Z.

2- DESCRIPTION DU PROCEDE ACTUEL


Ce procédé propriété d'APCI appelé cascade à réfrigérant mixte propane/MCR,
dispose de deux cycles :
- Un cycle propane.
- Un cycle à réfrigérants multiples.
Le refroidissement, puis la condensation du gaz à liquéfier sont effectués durant ces deux
cycles (cf. fig-A ).

PS2-7.2
FIG A - CYCLE DE REFRIGERATION ET COMPRESSION
DU PROCEDE DE LIQUEFACTION DU COMPLEXE GL1.Z

(Propriété APCI)

a- Le cycle propane

Le réseau propane assure le refroidissement du circuit de gaz d’alimentation, du


circuit du multi- réfrigérant et du système de séparation des fractions légères.
La réfrigération est assurée par l’évaporation du propane. Les vapeurs récupérées
sont aspirées par le compresseur à propane. Après la compression, une majeure partie de la
chaleur produite est évacuée par l’eau de mer qui continue à refroidir le propane jusqu’à la
condensation.
Le réfrigérant condensé est disponible sous trois (03) niveaux de pression (haute,
moyenne et basse), où chaque niveau est obtenu après une détente J-T. Le réfrigérant à
haute pression pré-refroidi en première étape le gaz naturel jusqu’à une température
d’environ -32°C et condense partiellement le MCR.

b- Le cycle MCR

La réfrigération nécessaire pour effectuer le refroidissement final et la liquéfaction


du gaz d’alimentation est fournie par le réfrigérant à composants multiples, appelé MCR.
Celui-ci est un mélange d’azote, de méthane, d’éthane et de propane.

Le MCR est comprimé par deux (02) compresseurs centrifuges en série :

- le premier comprime le MCR de 2,72 bars(a) jusqu’à 13,57 bars(a) où la


température passe de –34 à + 75,5°C.
- Le second comprime le MCR à une pression de 44 bars(a) et atteint la
température de +130°C.

Après chaque compression, la température est abaissée par l’eau de mer à +32°C
pour les deux cas. Le MCR dont la pression est de 44 bars(a) et une température de +32°C
venant du compresseur 2éme étage, subit une condensation partielle en traversant les

PS2-7.3
échangeurs au propane (moyenne, et basse pression) dans lesquels la température est
diminuée jusqu’à atteindre –29,4°C. Le mélange ainsi obtenu dans le ballon séparateur, est
distribué en phase vapeur et liquide dans les faisceaux allant vers l’échangeur principal.

Les compositions du gaz et du liquide à la sortie du séparateur sont différentes :

- La phase liquide contenant plus de constituants lourds (C2 et C3) appelée


charge lourde.
- La phase vapeur contenant plus de constituants légers (N2 et C1) appelée
charge légère.

c- La réfrigération du gaz naturel dans l’échangeur principal

Les trois fluides (gaz d’alimentation, MCR phase liquide et MCR phase vapeur)
entrent du bas de l’échangeur à travers les tubes séparément. Ils subissent une réfrigération
au fur et à mesure qu’ils remontent vers la tête de l’échangeur principal.
A l’extrémité supérieure de la partie chaude de l’échangeur, la charge lourde subit
une détente isenthalpique à travers la vanne J-T obtenant ainsi un mélange liquide-vapeur
sous- refroidi. Le liquide est ensuite séparé du gaz dans le 1er séparateur, puis incorporé du
côté calandre sous forme de douche où il est pulvérisé régulièrement.
A l’extrémité inférieure de la partie froide, le gaz naturel ainsi que la charge légère
sont presque totalement condensés. Ils subissent davantage de réfrigérations jusqu’à la fin
du parcours. La charge légère est sous refroidie après une détente J-T, puis séparée en deux
phases dans le deuxième séparateur. Le liquide est aussi distribué sous forme de douche sur
la partie supérieure de l’échangeur principal.

Les courants du gaz (obtenu après pulvérisation du liquide MCR) venant du côté
calandre de la partie froide et la partie chaude sont aspirés vers le compresseur 1er étage par
le bas de l’échangeur principal.
Le GNL obtenu sortant de l’échangeur à une température de –148,5°C et une
pression de 27 bars(a) subit une détente isenthalpique finale à travers la vanne J-T, pour
atteindre une température de –162°C et une pression de 1,4 bars(a).

3- SIMULATION DES CAS RETENUS


Les différentes compositions du MCR dans cette simulation sont notées
respectivement : MCR1, MCR2 et MCR3.
Leurs caractéristiques sont présentées dans le tableau N°01 suivant:

TABLEAU N°01
MCR1 MCR2 MCR3
COMPOSITION
% molaire yi % molaire yi % molaire yi

N2 3,94 2,80 2,72


C1 40,96 38,70 42,77
C2 47,73 51,00 45,99
C3 7,37 7,50 8,52

PS2-7.4
La simulation a été réalisée au moyen du logiciel ASPEN PLUS (Advanced System
for Process Engineering).
Pour assurer une simulation fiable, il est impératif de choisir l’équation d’état la plus
appropriée en vérifiant son domaine d’application. L’option qui modélise l’équation d’état
de REDLICH-KWONG-SOAVE (R-K-S) est utilisée dans le cas d’un mélange faiblement
polaire, ce qui correspond au cas d’un mélange d’hydrocarbures.

L’équation de R-K-S est donnée par la relation suivante :

Z= PV/RT= V/(V-b) - aV/RT(V2+c1.b.V+c2.b2)

Où:
P- Pression absolue. V- Volume molaire du mélange.
R- Constante des gaz parfaits. T- Température du mélange
a/b/c1/c2- Constantes calculées Z- Facteur de compressibilité.
pour des mélanges hydrocarbures.

Pour cette simulation, il a fallu représenter l’échangeur principal sous forme de plusieurs
blocs vu sa complexité. Chaque bloc représente une partie bien déterminée de l’échangeur
principal (cf. fig-B ).

TABLEAU N°02
BLOC SIGNIFICATION
HEATER 1 Représente l’échange de chaleur du côté tubes où le courant
d’entrée est le MCR (phase liquide).

HEATER 2 Représente l’échange de chaleur du côté tubes où le courant


d’entrée est le MCR (phase vapeur).

HEATER 3 Représente l’échange de chaleur du côté calandre dans la partie


froide de l’échangeur où le courant d’entrée est le MCR (phase
vapeur).

HEATER 4 Représente l’échange de chaleur du côté calandre dans la partie


chaude de l’échangeur où le courant d’entrée est le MCR liquide
plus le MCR vapeur venant de la partie froide de l’échangeur.

HEAT 1 Représente la vanne J-T située dans la partie chaude de


l’échangeur appelée vanne
J-T chaude.

HEAT 2 Représente la vanne J-T située dans la partie froide de


l’échangeur appelée vanne
J-T froide.

PS2-7.5
Le tableau qui suit, représente la traduction de chaque équipement du diagramme (cf. fig-B) :

BLOC EQUIPEMENT
COMP Compresseur

HEATER Echangeur de chaleur

FLASH Ballon séparateur

MIXER Mélangeur

HEATER (DUTY ) Vanne de détente J-T

FIG B - DIAGRAMME DES COURANTS DE LA LABOUCLE MCR

HEATER FLASH 1 HEATER 1 HEATER (DUTY=0)


HEAT 1

HEATER 4

HEATER (DUTY=0)
HEATER 2 HEAT 2 HEATER 3
HEATER

COMP 2 FLASH HEATER COMP 1 FLASH 2 MIXER

C1 N2 C2 C3

4- RESULTATS DES SIMULATIONS ET INTERPRETATIONS

Les résultats de la première analyse montrent parfaitement que la composition MCR


recommandée, nommée MCR 2 lors du test de performance de l’unité de liquéfaction,
consomme moins de puissance au cours de la compression et fournit plus de frigories par
rapport aux compositions nouvelle et ancienne « Design », d’où un C.O.P (Coefficient de
performance ) le plus élevé.
Le C.O.P. est défini comme les Frigories disponibles/Puissance de compression
consommée (cf. fig-01 ).

PS2-7.6
FIG 01 - REPRESENTATION DU C.O.P EN FONCTION
DES DIFFERENTES COMPOSITIONS
0,84

0,82

0,80
C.O.P.

0,78

0,76

0,74

0,72
MCR1 MCR2 MCR3 COMPOSITION

Il y a lieu de voir si cette composition peut assurer un bon rendement de l’échangeur


principal. Pour répondre à cette question, il faudrait évaluer l’échange thermique et
calculer le débit de GNL pour chaque variation de la composition du MCR, en fixant la
température de GNL à la sortie de l’échangeur et la composition du gaz naturel. Mais cela
nécessite des données que le Complexe ne dispose pas concernant l’échangeur principal (le
coefficient d’échange thermique et la surface d’échange).

D’autre part, en se référant à la courbe de liquéfaction du gaz naturel et la courbe


d’évaporation du MCR tracées ci-dessous (courbe standard établie par APCI), nous
pouvons dire que le MCR doit garder un ∆T constant pour assurer un apport de frigories
nécessaire tout le long de l’échangeur principal, en d’autres termes, assurer une bonne
répartition de la chaleur frigorifique.

T
(°C) ∆T bout chaud

GN

MCR ∆T bout froid

Enthalpie
en kj/kg

Courbes de liquéfaction du gaz naturel et d’évaporation du MCR

PS2-7.7
De ce fait, on déduit que l’amélioration du rendement de l’échangeur peut être
obtenue en appliquant au mieux la courbe MCR sur celle du gaz naturel. Elle nécessite une
manière pour son application et ceci à travers l’analyse du comportement du cycle avec la
variation de chaque constituant par rapport à un autre, les deux autres seront maintenus
fixes. Pour cette application, la composition recommandée MCR 2 après la rénovation du
Complexe est prise comme référence puisqu’elle présente le meilleur coefficient de
performance.

a- Effet de la variation du pourcentage de N2 par rapport aux C1/C2 et C3

A partir du tracé représenté dans la figure 02, on déduit que :


FIG 02- EVOLUTION DE LA TEMPERATURE AVEC L'AZOTE DANS LA PARTIE
-147

-148

-149

-150

-151

-152

-153

-154

-155
2,92 3,11 3,4 3,88 4,85
Evolution taux N2/C1
TAUX D'AZOTE Evolution taux N2/C2
Evolution taux N2/C3

1- L’abaissement de la température après détente J-T froide, dépend du contenu du


réfrigérant mixte en azote, c’est-à-dire, plus la proportion d’azote est grande, plus la
température est basse. Cette constatation concorde avec la relation (a) qui donne
l’abaissement de la température en fonction de la chaleur spécifique Cp sous l’effet
de la détente isenthalpique :

µ j-T = δ T/ δ P = (1/Cp) (T(δ V/ (δ T) P – V) (a)

Où:
µj-T- Coefficient de Joule-Thompson δP- Variation de la pression.
Cp- Chaleur spécifique du mélange. δV- Variation du volume
δT- Variation de la température.

L’équation (a) montre que la variation de la température δT est grande si Cp est


faible. C’est le cas de l’azote qui possède une chaleur spécifique plus faible que les autres
composants comme l’indique le tableau suivant:

PS2-7.8
TABLEAU N°03
Elément N2 C1 C2 C3
Cp (kj/kmol°K) 1,13 2,07 1,31 1,14 T=-120°C
Cp (kj/kmol°K) 1,11 2,08 1,22 1,01 T=-150°C

2- L’augmentation du pourcentage d’azote élève la consommation énergétique :


a- Puissance frigorifique nécessaire à sa condensation.
b- Puissance de compression.

En effet, en se référant à la relation (b), le travail fourni au cours de la compression


dépend de la masse molaire et de la chaleur massique, et cela, à partir des formules
suivantes :
Wp= (Zm.R.Tasp)/M.(K-1)/K { (Pref/Pasp) (k-1)/K-1} (b)

Où : (K-1)/K=( γ-1) / ηp.γ Et : γ =Cp/(Cp-R)

Avec :
K- Exposant polytropique. R- Constante des gaz parfaits.
γ- Exposant adiabatique. M- Masse moléculaire du fluide.
ηP- Rendement polytropique théorique. Cp- Chaleur spécifique du mélange.
Zm- Facteur de compressibilité moyen.
Tasp- Température du fluide à l’aspiration du compresseur.
Pasp/Pref- Pressions du fluide à l’aspiration et au refoulement du compresseur.

Les paramètres Tasp, Pref et Pasp étant constants et en supposant que Zm et ηp


soient aussi constants, l’équation ne dépendra effectivement que de la masse molaire et de
la chaleur massique du mélange.

L’équation sera alors réduite à :

Wp= (A/M) {(B) R/CpM-1} CpM/R (kJ/kg)

Par ailleurs, le tableau N°04 nous présente l’évolution des valeurs de la masse
molaire ainsi que la chaleur massique de chaque constituant à des températures
d’aspiration et du refoulement des deux compresseurs (cas design).

TABLEAU N°04
T=-33,9 T= 75,5 T=32,2 T=130,5
Elément M (kg/kmol) Cp (kj/kmol°K) Cp (kj/kmol°K) Cp (kj/kmol°K) Cp (kj/kmol°K)
N2 28,01 29,05 29,15 29,08 29,29
C1 16,04 34,13 37,55 35,72 40,28
C2 30,07 46,22 58,63 53,52 65,39
C3 44,10 62,97 83,39 75,20 93,86

A partir de toutes ces données, on confirme donc que la puissance consommée est
d’autant plus importante si le composant est léger ou s’il possède une chaleur molaire
faible ou les deux à la fois comme le cas de l’azote (tableau N°04).

PS2-7.9
D’après la courbe (cf.fig-03), la consommation de puissance augmente si on
augmentait le taux d’azote dans le mélange. De ce fait, la quantité d’azote doit être très
limitée.

Revenons à l’effet de l’azote sur l’abaissement de température. En analysant la


courbe (cf. fig-02), on remarque que l’abaissement de la température obtenu après détente
J-T froide, lorsqu’on fait varier le pourcentage de N2 aux dépens du pourcentage de C1,
est plus important que lorsqu’on le fait varier aux dépens de celui de C2 et de C3.
En effet, selon le tableau N°03, le méthane possède une chaleur massique beaucoup
plus grande que les autres composants.

b-Effet de la variation de la quantité de C1 par rapport à la quantité de C2.

En augmentant le taux d’éthane dans le mélange aux dépens du méthane comme


l’indiquent les courbes représentées dans la figure 04 :
- La puissance consommée diminue (C2 est plus lourd que le C1).
- L’énergie frigorifique disponible évolue, car en diminuant le C1 on réduit
la consommation frigorifique. Sa condensation nécessite une quantité
plus importante d'énergie frigorifique.

PS2-7.10
FIG 04- EVOLUTION ENERGETIQUE EN FONCTION DU TAUX C2/C1

50000
kW

48000

46000

44000

42000

40000

38000

36000
1,22 1,26 1,37 1,41 1,44 1,58 TAUX DE C2/C1
Puissance consommée
Frigories disponibles dans l'échangeur

Le tracé de la courbe (cf.fig-06 ) confirme que l’abaissement de la température après


détente J-T froide est plus important avec l’augmentation du rapport C2/ C1.En se
référant au tableau N°03, on remarque que le C2 possède une chaleur massique plus faible
que le C1. Il est donc évident que la différence de température sera plus importante, si on
ajoute du C2 dans le mélange.
FIG 06 - EVOLUTION DE LA TEMPERATURE PAR DETENTE J-T FROIDE
EN FONCTION DU TAUX DE C2/C1
-152,5

-152,0
TEMPERATURE (°C)

-151,5

-151,0

-150,5

-150,0
1,22 1,26 1,37 1,41 1,44 1,58 TAUX DE C2/C1

Détente J-T froide

Mais en même temps, c’est le phénomène inverse qui se déroule dans l’autre vanne,
c’est-à-dire que l’abaissement de la température diminue après détente J-T chaude si le
pourcentage de C2 augmente (cf.fig-05).

PS2-7.11
FIG 05 - EVOLUTION DE LA TEMPERATURE APRES DETENTE J-T CHAUDE
EN FONCTION DU TAUX C2/C1
-119,40
-119,35
TEMPERATURE (°C)

-119,30
-119,25
-119,20
-119,15
-119,10
-119,05
-119,00
1,22 1,26 1,37 1,41 1,44 1,58
TAUX DE C2/C1
Détente J-T chaude

La réduction de la différence de température obtenue après la détente J-T chaude


dans ce cas, est causée par un autre paramètre, à savoir la variation du C2 par rapport au
C3.

c- Effet de la variation du C3 par rapport au C2.

Le propane à basse température se caractérise par une chaleur massique plus faible
que celle de l’éthane comme l’indique le tableau N°03, donc sa détente isenthalpique
provoque un abaissement de température plus important, ce que confirment les résultats
obtenus représentés graphiquement (cf.fig-07/08).
FIG 07 - EVOLUTION DE LA TEMPERATURE APRES DETENTE J-T CHAUDE EN FONCTION
TAUX C3/C2
TEMPERATURE (°C)

-119,35

-119,30

-119,25

-119,20

-119,15
0,00 0,07 0,13 0,15 0,22 0,29 TAUX DE C3/C2

FIG 08 - EVOLUTION DE LA TEMPERATURE APRES DETENTE J-T FROIDE EN FONCTION DU


TEMPERATURE (°C)

TAUX C3/C2
-151,5

-151,0

-150,5

-150,0

-149,5
0,00 0,07 0,13 0,15 0,22 0,29 TAUX DE C3/C2
Evolution température après J-T froide Tempèrature après détente J-T chaude

En conclusion, l’augmentation de la quantité de C2, entraîne une proportion dans la


partie chaude de l’échangeur principal plus importante par rapport au C3. Ce qui amplifie
le Cp du mélange (tableau N°03) ; par conséquent l’abaissement de température par détente
J-T chaude se réduit.
La figure 09 confirme aussi que l’augmentation du taux de propane dans le mélange
réduit la consommation énergétique, puisque la puissance consommée pendant la

PS2-7.12
compression diminue si le fluide est lourd et possède une grande chaleur massique. C’est le
cas du propane.

FIG 09 - EVOLUTION DE LA PUISSANCE CONSOMMEE LORS DE LA COMPRESSION


EN FONCTION DU TAUX C3/C2
PUISSANCE TOTALE EN kW

49400
49200
49000
48800
48600
48400
48200
48000
47800
0,00 0,07 0,13 0,15 0,22 0,29
TAUX DE C3/C2
Puissance consommée

d- Impact de la pression de refoulement du 2éme compresseur sur la boucle


MCR.

L’énergie frigorifique consommée (disponible) au niveau de l’échangeur principal


varie en fonction de la pression.

♦Energie frigorifique consommée

Comme le montre la courbe tracée (cf.fig-10), l’énergie frigorifique consommée par


le MCR, circulant côté tubes, diminue au fur et à mesure que la pression de refoulement du
2éme compresseur augmente.
kW

Ce cas est interprété ainsi :

- Si la pression de refoulement du 2éme compresseur augmente, la


température maintenue fixée, la fraction liquide obtenue dans le ballon
séparateur MCR lourd/MCR léger est plus importante .

PS2-7.13
Par conséquent, la consommation totale en énergie frigorifique est faible
(cf.fig-11). En effet, la phase gazeuse nécessite une quantité assez grande
de cette énergie utile pour sa condensation.
kW

- D’autre part, le tracé de l’évolution de la qualité frigorifique disponible


dans chacune des deux parties de l’échangeur principal (froides et
chaudes) (cf.fig-12), prouve que dans la partie froide, l’énergie
frigorifique diminue alors que dans l’autre partie elle évolue. Ceci a sans
aucun doute une relation avec la répartition des deux (02) courants
(charge lourde liquide et charge légère gaz).Cette constatation est
confirmée par le tracé de la courbe représentant l’évolution du rapport
liquide/gaz en fonction de la pression de refoulement (cf.fig-13).

PS2-7.14
♦ Energie frigorifique fournie par le MCR

Plus la pression est grande, moins l’énergie frigorifique apportée par le MCR
circulant côté calandre après détente J-T est importante. Ceci explique que :

- L’abaissement de la température est d’autant plus important que la


différence de pression après détente est élevée. Cela est applicable
seulement si la pression ne dépasse pas la limite représentée par la courbe
d’inversion. Les résultats de simulation montrent que l’abaissement de
température progresse avec l’élévation de la pression (cf.fig-14), par
conséquent, l’énergie frigorifique apportée doit être plus importante.

- L’augmentation de la pression élève le pourcentage de C1 dans la partie


chaude de l’échangeur. En effet, après la détente J-T chaude, le méthane
se retrouve à l’état vapeur car, sa température de condensation (-163°C
à 1 bar) est beaucoup plus basse que celle obtenue après la détente partie
chaude (-110°C à P=4 bars). Par conséquent la quantité de C1 se
retrouvant dans cette partie de l’échangeur principal ne participera pas
dans la réfrigération par évaporation, c’est-à-dire, en mettant en jeu sa
chaleur latente. Ce qui diminue l’apport de frigories. Il est recommandé
donc de réfrigérer un gaz jusqu’à sa condensation avant qu’il ne soit
détendu isenthalpiquement.

PS2-7.15
♦Energie frigorifique disponible pour la liquéfaction du GN

En se référant à la courbe tracée, représentant l’évolution de l’énergie frigorifique


disponible en fonction de la pression de refoulement (cf.fig-15), on déduit qu’il y a plus de
frigories si la pression est grande, ceci montre que l’effet de l’augmentation de la pression
de refoulement par rapport à une éventuelle réduction de la consommation en frigories est
plus avantageux.

♦Puissance consommée par le compresseur

Il est évident que si le taux de compression (Pref/Pasp) est grand, la puissance


énergétique consommée est importante.

- Le calcul du coefficient de performance nous renseigne que la perte en


énergie consommée au niveau du 2éme compresseur lors de
l’augmentation de la pression de refoulement, est largement compensée
par l’énergie frigorifique fournie par le MCR (cf.fig-16) représentant le
tracé de l’évolution du coefficient de performance (C.O.P) en fonction de
la variation de la pression).

(Bara)

- D’après la fig-21, l’augmentation de la pression n’a pas un effet


significatif sur la performance du cycle, il est préférable donc de ne pas
l’augmenter indéfiniment car cela n’entraîne qu’une élévation inutile de
la consommation de puissance de compression.

PS2-7.16
e- Impact de la température d’aspiration du 1er compresseur sur la boucle MCR

La puissance énergétique est proportionnelle à la température d’aspiration suivant la


relation :

P= m * WP / (3600* ηp) (c)

Où:
P- Puisance consommée lors de la compression. m- Débit massique du fluide.
ηP- Rendement polytropique théorique. WP- Travail de compression.

Et:
Wp=((Zmoy.R.Tasp)/M(K-1)/K { (Pref/Pasp) (K-1)/K-1}

Aussi, pour minimiser les dépenses énergétiques, il faudrait réduire la température du


fluide à l’entrée du compresseur, d’autant plus que la baisse de température au fond de
l’échangeur n’entraîne que la diminution de la consommation de l’énergie frigorifique
(cf.fig-18).

PS2-7.17
f- Impact de la composition MCR sur la quantité du GNL produit

La quantité de GNL produite est déterminée à partir de la relation suivante :

m= Q / (Hv –Hl) (d)

Où:
m- Débit massique du fluide. Q- Chaleur absorbée par le fluide .
Hv- Enthalpie du fluide à l’entrée. Hl- Enthalpie du fluide à la sortie.

Elle est fonction :


- Des frigories absorbées.
- De la différence des enthalpies. Celles-ci dépendent de :
* La composition du gaz d’alimentation.
* La température d’entrée et celle de sortie du gaz
d’alimentation.

Pour une composition du GN fixe et des températures d’entrée et de sortie


constantes, le débit de GNL ne dépendra que de la quantité de frigories absorbées. Donc,
elle dépend des frigories disponibles et leur répartition dans l’échangeur principal. Par
conséquent, plus l’énergie frigorifique disponible est grande et bien distribuée le long de
l’échangeur principal, plus la quantité de GNL produite est importante. Ce qui prouve que
le choix d’une composition MCR affecte la quantité de GNL qu’on peut obtenir.

5- CONCLUSIONS

Les résultats de cette étude démontrent que la variation de la composition du


réfrigérant à composants multiples MCR influe d’une manière significative sur la
performance du cycle de réfrigération du procédé de liquéfaction. Aussi, cette étude
démontre que la variation de la composition du réfrigérant MCR est plus important que
l’effet de la pression et de la température. En effet, ceci a été confirmé par les résultats de
simulation concernant la réduction de la température d’aspiration du 1er compresseur et
l’augmentation de la pression de refoulement du 2éme compresseur.

Toutefois, ces paramètres sont limités à :


♦ -45°c, seuil de déclenchement du compresseur.
♦ 49 bars(a), seuil d’ouverture des soupapes de sécurité.

Les ajustements apportés sur la composition MCR au Complexe GL1.Z après la


rénovation, améliorent grandement la performance du procédé caractérisée par une
augmentation de frigories disponibles pour liquéfier davantage de gaz naturel et diminuer
la consommation d’énergie, pour un débit de MCR constant.
L’augmentation du taux de production de GNL dépend des caractéristiques de
l’échangeur cryogénique et dépend aussi de la composition MCR.
C’est ce qui a été démontré par les résultats de simulation à partir desquels nous sommes
parvenus à conclure les points suivants:

- L’augmentation du taux de l’éthane par rapport au méthane réduit la


consommation énergétique. Toutefois cette augmentation est limitée car

PS2-7.18
le mélange doit contenir du méthane. Celui-ci assure la réfrigération du
GNL à des températures que l’éthane ne peut atteindre.

- La quantité du méthane doit être très limitée car, d’une part sa


consommation en énergie est grande et d’autre part, il diminue d’une
manière significative la différence de température obtenue par détente J-T
froide.

- Le propane bien qu’il soit plus efficace, il est inutile d’augmenter sa


proportion. Celui-ci ne peut assurer la différence de température entre les
fluides du côté tubes et du côté calandre au bout froid de l’échangeur
principal. Sa température de condensation étant élevée, il ne peut pas
intervenir dans la réfrigération au-delà du fond de l’échangeur.

- Pour l’azote, le fait d’accroître sa proportion dans le mélange,


augmentera la différence de température par détente J-T froide sous
refroidissant ainsi le GNL. Mais l’azote amplifie la consommation
énergétique. Il faut donc ajuster sa proportion jusqu’à l’obtention de la
température désirée après détente J-T froide pour que le GNL soit
réfrigéré à une température bien déterminée.

Pour corriger la composition du MCR, on propose de se référer aux données ci-


dessus. Cette correction doit se faire suivant la composition du gaz naturel. En effet, en
plus de la géométrie de l’échangeur principal et du coefficient d’échange thermique,
l’efficacité du MCR dépend aussi de la composition du gaz d’alimentation. Si le gaz
naturel s’alourdit, le rapport lourd/léger (propane/éthane)/(méthane, azote) dans le MCR
doit croître et réciproquement.
D’autre part, si le gaz naturel s’alourdit et si la composition MCR n’est pas réajustée,
on aura tendance à sous refroidir exagérément le GNL et à réduire les flashs dans le
déazoteur, par conséquent :

1- On ne fournira pas assez de gaz de flash aux chaudières et il faudrait faire un


appoint en gaz naturel, ce qui élève l’autoconsommation du Complexe.
2- Pertes de frigories suite au sous-refroidissement excessif du GNL.
3- Eventuellement, on aura un GNL à la limite des spécifications en azote, le
pouvoir calorifique sera alors diminué.

6- RECOMMANDATIONS

Pour optimiser la performance du cycle de réfrigération du procédé de liquéfaction, il


est recommandé de :
- Fixer la température du GNL à la sortie de l’échangeur en tenant compte
des points 1,2, et 3 cités dans le chapitre précédent.
- Maintenir la température d’aspiration du 1er compresseur entre –40°C et –
44°C et à des pressions de refoulement du 2éme compresseur entre 43 et
45 bars.
- Déterminer la composition MCR la plus efficace, à savoir celle qui donne
un meilleur rendement de la boucle MCR afin de liquéfier un grand débit
de gaz naturel avec le moindre coût.

PS2-7.19
Ceci peut être obtenu en évaluant l’échangeur thermique au cas où des données sur
l’échangeur principal seraient fournies. Sinon, on la déterminera expérimentalement en
prenant en considération les résultats de cette étude.
Mais, le mode actuel de contrôle de la composition du réfrigérant multiple et cela
malgré l’introduction du DCS reste en deçà de l’optimisation souhaitée. Il est donc
nécessaire et indispensable d’introduire aujourd’hui dans le procédé, le contrôle avancé et
notamment la gestion des appoints.
Cette étape qui fait l’objet actuellement d’une réflexion, doit non seulement adopter
une architecture compatible avec les données du site, mais aussi permettre une
exploitation optimisée en tenant compte des recommandations apportées dans notre étude,
avec comme résultat final, un gain en coût du processing et une source d’information fiable
au management.

Liste des symboles et abréviations

K Exposant polytropique
MCR Réfrigérant à composant multiple.
C2 Ethane.
C3 Propane.
C1 Méthane.
N2 Azote.
J-T Joule-thompson.
ASPEN Advanced system for process engineering.
PFD Piping and flow diagram.
R-K-S Redlich-Kwong-Soave.
R Constante des gaz parfaits, 8,314 kmol.°K.
T Température, °C/°K.
V Volume molaire,M3/kmol.
Z Facteur de compressibilité.
a/b/c1/c2 Constantes généralisées de R-K-S.
P Pression absolue, bara/Kpa.
C.O.P Coefficient de performance.
APCI Air products and Chemicals Inc.
Cp Chaleur spécifique, kj/kmol.°K.
µj-T- Coefficient de Joule-Thompson
δT Variation de la température, °K.
δP Variation de la pression, Bara..
δV Variation du volume, M3/kmol.
γ Exposant adiabatique.
ηP Rendement polytropique théorique.
Zm Facteur de compressibilité moyen.
Tasp Température du fluide à l’aspiration du compresseur, °K.
M Masse moléculaire du fluide, kg/mole.
Pasp Pression du fluide à l’aspiration du compresseur, bara.
Pref Pression du fluide au refoulement du compresseur, bara.
H Enthalpie, kj/kg.
P Puissance consommée lors de la compression, kW.
Wp Travail de compression, kW/kg.
M Débit massique du fluide, kg/h.
Q Chaleur absorbée par le fluide, kW.
Hv Enthalpie du fluide à l’entrée, kj/kg.
Hl Enthalpie du fluide à la sortie, kj/kg.

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Les mots - clés

- Gaz naturel.
- GNL.
- Liquéfaction.
- Les réfrigérants.
- Rendement des compresseurs

BIBLIOGRAPHIE
1. Formation d’Ingénieur PULMAN-KELLOG : Evaluation des grandeurs caractéristiques,
module N°03,GL1.Z/GL2.Z.

2. Formation d’Ingénieur PULMAN-KELLOG : Echangeurs de chaleur,module


N°16,GL1.Z/GL2.Z.

3. Formation d’Ingénieur PULMAN-KELLOG : Compresseur, module N°22,GL1.Z/GL2.Z.

4. Formation d’Ingénieur PULMAN-KELLOG :Cycles de réfrigération,module


N°28,GL1.Z/GL2.Z.

5. Formation d’Ingénieur PULMAN-KELLOG :Cycles de liquéfaction,module


N°29,GL1.Z/GL2.Z

6. GPSA : Engineering DATA-BOOK.

7. Thermodynamique générale et application. ROGER KLING.

8. Manuels opératoires GL1.Z.

9. Pétrole, raffinage et génie chimique. Wuithier Pierre, Edition Technip. 2éme édition 1972.
ISBN 2-7108-0198-1

10. Chemical Engineer’s Handbook. Robert H.Perry/Cecil H.Chilton.Fifth Edition.

11. Thermodynamique chimique.Bruce H.Mahan. InterEditions 1977. ISBN 2-7296-0064-1

12. Mémoire de fin d’étude établi par Mlle Ait Saadi Leila. Université Houari Boumédiène.
Année 1997.

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