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Reverse logistics : la
viabilité passe t’elle par la
rentabilité ?
3
III : Les différentes stratégies de Reverse Logistics ............................. 65
Conclusion................................................................................................................ 89
4
Remerciements
Monsieur Nicolas Gueissaz de la société Nespresso pour avoir bien voulu répondre à
mes questions par mail
5
Introduction
En effet la recherche sur le recouvrement de valeur sur les produits s’est souvent
concentrée sur les aspects d’ingénierie, de conception ou de marketing et l’aspect
logistique a parfois été négligé. Or le retour des produits du client vers l’entreprise
présente un potentiel. Plus ce potentiel offre une rentabilité et plus il se développe et
plus il permettra aux notions de développement durable, de satisfaction du client et à la
notion même de reverse logistics de se viabiliser.
6
Réfléchir sur ces enjeux revient à se poser la question suivante : Reverse
logistics : la viabilité passe t’elle par la rentabilité ?
7
I : Concept et champ de la Reverse
Logistics
1 Objectifs et enjeux de la RL
A-Cadre général
La reverse logistics est une activité récente bien que les premières recherches
sur le sujet remontent à une vingtaine d’année aux USA. Si elle répondait
essentiellement à des problématiques environnementales à ses débuts, son champ
d’application s’est élargi au fil des ans jusqu’à représenter une activité à part entière
du supply chain management associé à un impact économique non négligeable. Son
importance promet de grandir étant donné le développement du commerce
électronique qui engendre des retours nombreux et complexes, le management
environnemental et la législation qui imposent une supply chain plus respectueuse de
l’environnement ainsi que des taux de recyclage imposés toujours croissants.
8
que se concentrent actuellement les attentions : elle offre les perspectives de
croissance les plus fortes en raison des contraintes de récupération et de valorisation
des déchets imposées par Bruxelles. On peut résumer ainsi les activités rentrant dans
le champ de la RL :
9
source de gain pour les entreprises qui la mettent en place après une réflexion sur leurs
processus.
La première théorie cadrant avec la rétrologistique est celle des parties prenantes1 ou
« stakeholders » développée par Freeman en 1984 qui se traduit également par « partie
intéressée », ou « ayant droit » Sa création provient d’une volonté de contraster avec le
terme de « Stockholder » (l’actionnaire) afin d’indiquer que d’autres parties ont un
intérêt dans l’entreprise. La théorie des parties prenantes cherche donc à se substituer à
la vision traditionnelle de l’entreprise, dénommée « Stockholder Theory », qui postule
que les dirigeants ont l’obligation d’agir exclusivement selon les intérêts de leurs
actionnaires. La notion de « partie prenante » a évolué pour désigner une personne ou
une organisation qui a un intérêt légitime dans un projet ou une entité. On peut lier la
reverse logistics et cette théorie par trois postulats2 :
• Toutes choses égales par ailleurs, l’exécution égale et réussie des activités de
RL seront liées à un plus grand niveau d'engagement et de confiance entre
la société et d'autres parties prenantes.
La création de valeur est en effet plus forte lorsque ses bénéficiaires sont multiples.
Par exemple, un projet qui satisfait les besoins des employés et des attentes des
1
L’entreprise Verte : Elisabeth Laville Elisabeth Laville « L’entreprise verte » ( 2ème édition 2006),
Pearson Education
2
The explanatory power of trust and commitment and stakeholders’ salience:their influence on the
reverse logistics programs performance, M José Álvarez Gil , Pascual Berrone , F.Javier Husillos and
Nora Lado, université de Madrid, Working papers
10
actionnaires a une double valeur car il cible en même temps, deux groupements de
« parties prenantes ». La reverse logistics quant à elle couvre un champ englobant
plusieurs parties aux intérêts différents : les clients (qui lors du retour d’un produit
attendent légitimement une prise en charge de leur demande), l’entreprise elle-même
(qui trouve une occasion d’améliorer sa gouvernance), l’environnement (les matières
premières trouvent l’occasion d’être valorisées), les prestataires logistiques (qui
trouvent un nouveau domaine d’activité dans la reverse).
D-Courbe de Hubbert
1
La vie après le pétrole, Jean Luc Wingert, 2005, éd Autrement
2
DEEE : Déchets d’équipements électriques et électroniques
3
Restriction of the use of certain Hazardous Substances in electrical and electronic equipment", c'est-à-dire
"restriction de l'utilisation de certaines substances dangereuses dans les équipements électriques et
électroniques".
11
La reverse logistics est devenue un besoin et son utilisation doit donc répondre autant
que possible à des critères de rentabilité. Même si la courbe n’a jamais été totalement
vérifiée, elle a évolué sous une forme appelée « équation logistique » et a trouvé des
justifications dans divers domaines notamment dans le développement durable, et c’est
par ce point commun que nous pouvons la relier à la reverse logistics :
1
Marc COTTIGNIES, ADEME
12
Le management environnemental touche la logistique à plusieurs niveaux1 dont nous
pouvons faire une typologie :
Nous nous intéresserons seulement aux logistiques vertes et à rebours qui sont deux
notions qui s’entrecroisent. En effet selon Philipp (1999), la logistique verte comprend
deux niveaux : la logistique au sein de la protection de l’environnement où la
logistique contribue à remplir une mission prédéterminée au sein de la gestion des
déchets et en représente un élément constitutif, et la protection de l’environnement
au sein de la logistique où la protection de l’environnement est perçue comme une
contrainte générique touchant l’ensemble des sous systèmes logistiques
(approvisionnements, production, distribution et reverse). D’une manière plus globale,
Rogers et Tibben-Lembke (2001) définissent ainsi la logistique verte : « faire des
efforts pour mesurer l’impact environnemental des activités logistiques » : pour eux
les activités de logistique verte et de Reverse sont deux choses distinctes, cependant
certains auteurs confondent les deux2. Beaulieu 1999
Joëlle Morana3 (2005) propose donc une typologie des relations entre les différentes
formes de logistique et le développement durable de cette forme :
1
Joëlle MORANA, Le coût des déchets dans la dyade producteur-traiteur, Logistique et management - 2005 Vol
13 no 2 « logistique et développement durable, ISLI
2
Définir et maîtriser la complexité des réseaux de logistique à rebours, Martin Beaulieu groupe de recherche
chaîne HEC montréal, article de recherche, 2000
3
Joëlle MORANA, Le coût des déchets dans la dyade producteur-traiteur, Logistique et management - 2005 Vol
13 no 2 « logistique et développement durable, ISLI
13
Développement Logistique à Logistique Déchets
Durable Rebours Verte
1
L’entreprise verte Elizabeth Laville 2006 Pearson Education
14
la reverse logistics : en effet l’intersection de celle-ci et de la logistique verte présente
comme nous l’avons vu sur le schéma précédent, des interfaces communes : recyclage,
reproduction, réutilisation des emballages, dans un tel contexte, la logistique inversée
ne peut s’opérer que dans une optique progressiste vers le développement durable.
A-Définitions
Cette définition se focalise sur les activités de recyclage et de diminution des déchets
qui étaient le but de la rétrologistique au départ, elle présente l’intérêt de la placer dans
le cadre du développement durable mais ne fait mention d’aucune perspective de
rentabilité ni de rationalisation des flux.
15
Celle-ci place la reverse au sein d’un système : elle permet d’entrevoir le réseau
complexe et les interactions qu’un bien aura à subir pour remonter un canal de
distribution classique.
1
RL : Reverse Logistics
16
complexe, ce qui sous entend des coûts systémiques importants. La discipline va
donc bien souvent devoir répondre à des critères de rentabilité difficiles à atteindre.
B-RL et réglementation
La logistique inversée voit son développement favorisé par des contraintes légales de
deux types :
De protection du consommateur :
On constate des taux de retours de plus en plus importants dans la vente à distance
notamment à cause du développement du e-commerce, particulièrement depuis 2001
ou les recours en justice se sont multipliés suite à l’éclatement de la bulle Internet :
contrairement à la VPC (vente par correspondance) traditionnelle, de nombreuses
sociétés se sont constituées sans capacités logistiques suffisantes (perenoel.fr etc.). La
VPC qui est par nature concernée par des taux de retour importants, s’est vue associée
à des sociétés douteuses et à de nombreux litiges. Cette conjoncture a donc favorisé
l’apparition de lois consuméristes contraignantes pour les entreprises puisque le droit
de rétractation vient s’ajouter aux obligations contractuelles : en effet les clients non
satisfaits par un produit acheté par VPC ont un délai de 7 jours pour le retourner sans
motif :
« Le consommateur dispose d'un délai de sept jours francs pour exercer son
droit de rétractation sans avoir à justifier de motifs ni à payer de pénalités, à
l'exception, le cas échéant, des frais de retour.
Le délai mentionné à l'alinéa précédent court à compter de la réception pour les biens
ou de l'acceptation de l'offre pour les prestations de services.
17
Lorsque les informations prévues à l'article L. 121-19 n'ont pas été fournies, le délai
d'exercice du droit de rétractation est porté à trois mois. Toutefois, lorsque la
fourniture de ces informations intervient dans les trois mois à compter de la réception
des biens ou de l'acceptation de l'offre, elle fait courir le délai de sept jours mentionné
au premier alinéa. Lorsque le délai de sept jours expire un samedi, un dimanche ou
un jour férié ou chômé, il est prorogé jusqu'au premier jour ouvrable suivant. »1
Le droit de rétractation ne peut être exercé, sauf si les parties en sont convenues
autrement, pour les contrats :
• De fourniture de biens ou de services dont le prix est fonction de fluctuations des taux
du marché financier
1
Article L121-20-1 et suivants (Ordonnance n° 2001-741 du 23 août 2001 art. 5 et art. 11 Journal Officiel du 25
août 2001)
18
• De service de paris ou de loteries autorisés.
Les entreprises doivent donc se repositionner à plusieurs niveaux pour recevoir ces
retours : d’une part en structurant leur offre afin que celle-ci soit bien comprise par les
consommateurs pour limiter les retours, d’autre part en établissant des indicateurs et
des tableaux de bords pour mesurer ces retours et calibrer le processus en fonction.
Elles se doivent d’avoir un processus adapté puisque la loi et la culture de la VPC
confèrent au consommateur une légitimité quant aux retours.
• Environnementales1
Les déchets des entreprises sont classés selon leur danger et leur potentiel de
recyclage :
19
Une nomenclature officielle1 établit la classification des déchets. Elle permet une
meilleure définition des déchets et un contrôle plus étroit de leur devenir dans le circuit de
production, de transport et d’élimination.
• Les déchets ménagers (et DADM déchets assimilés aux déchets ménagers),
• Le tout venant (meubles, literie, automobile, DEEE…),
• Les déchets verts (tonte de la pelouse, taille des arbres…),
• Les autres types de déchets (peintures, piles, ampoules, médicaments…).
Les déchets ménagers sont eux-mêmes classifiés par ordre d’importance de leurs
volumes: Verre 10%, papier et carton 30%, métaux 10%, matières plastiques 8%,
matières organiques 30%, divers 10% (objets composites, DEEE).
Les emballages représentent 40 % des ordures ménagères et c'est la part qui augmente
le plus (double entre 1970 et 2000, malgré les efforts récents des principaux
fabricants).
- Electroménager :
1
décret du 18 avril 2002
2
Extrait de l’étude Le marché de la "reverse logistics" et ses perspectives, Eurostaf 2006
20
nettoyeurs vapeur)
- appareil d’hygiène beauté et soins de la
personne (rasoir, sèche cheveux…)
- appareils de traitement de l’air et de l’eau
- Secteur technologique1 :
l’électronique
9% grand public (tv,
son, DVD..)
la photographie
44%
36% l’informatique
la téléphonie/
11% loisirs intéractifs
(consoles, jeux..)
Depuis la fin des années 80, les messages à caractère écologique imprimés sur les
produits se sont multipliés. Face à l’engouement écologique, à la multiplication du
nombre d’acteurs dans l’activité, la collecte, l’élimination et le traitement sont
désormais réglementés, le recyclage est aujourd’hui encadré par une réglementation de
plus en plus structurée2.
Chaque type de déchet (dangereux, banals etc.) est soumis à des réglementations
adaptées à ses caractéristiques, le tout est géré par des organisations comme la
FNADE : Fédération Nationale de la Dépollution et de l'Environnement, le SYPRED
Syndicat Professionnel pour le Recyclage et l'Elimination des Déchets industriels, la
FEDEREC Fédération des professions du recyclage etc..
1
Extrait de l’étude Le marché de la "reverse logistics" et ses perspectives, Eurostaf 2006
2
les lois du 15 juillet 1975 et du 13 juillet 1992
21
Principaux textes réglementaires concernant la prise en charge des déchets des
produits arrivés en fin de vie :
22
Objectif de taux de valorisation et de recyclage des principales catégories de biens
Pour les VHU1, la réglementation européenne a déjà défini d’ici 2015 un objectif de
taux de revalorisation de 95% et de 85% de réutilisation et recyclage. La mise en
place de ces textes pose la question, pour les fabricants et distributeurs, de la gestion
de retour des produits en fin de vie. Une réorganisation de la filière et une nouvelle
approche logistique s’impose alors, ainsi qu’un considération des nouveaux coûts
engendrés, d’où le besoin de tendre vers une industrie de masse de retour de produits
en fin de vie.
La collecte sélective, le tri et la valorisation matière des emballages créent des emplois
et limitent les importations de matières premières, elles coïncident donc avec la théorie
des parties prenantes. Fin 2002, le secteur de la récupération, du recyclage et de la
valorisation employait près de 30 000 personnes, avec une augmentation des effectifs
salariés de 13 % en trois ans2.
De plus, par rapport au secteur des matières premières qui est incertain et voué selon
la courbe de Hubbert à décliner quoi qu’il arrive, l’économie du recyclage présente
aussi l’avantage d’une grande stabilité, au niveau tant des emplois induits que des
matières secondaires produites.
C-Importance de la RL
1
Véhicules Hors d’Usage
2
(source : Fédération de la récupération, du recyclage et de la valorisation – Federec).
23
améliorer l’image écologique d’une entreprise n’est pas une justification suffisante à la
retrologistique. Il faut y inclure un avantage économique. Reprendre des produits
usés peut par exemple être vu comme un élément de service au consommateur, en
prenant en compte son besoin pour l’entreposage des déchets.
La protection des capitaux1 est une autre motivation pour les firmes à reprendre leurs
produits après usage. Par cette stratégie elles cherchent à limiter la fuite des
composants sensibles de leurs produits vers les concurrents ou les marchés
secondaires. La compétition entre les produits neufs et recyclés ainsi qu’une certaine
cannibalisation sont ainsi en partie évitées.
D-La complexité de la RL
Ce problème s’intensifie quand il faut diriger le produit vers le bon service une fois
reçu. Une traçabilité inefficace et une mauvaise gestion de la rétrologistique peuvent
mener à des retours abîmés, en retard ou contenant des indications erronées. De plus
les paramètres peuvent changer si le cycle est trop long : il se peut qu’un
consommateur retourne une pièce et finisse par ne plus en avoir besoin. En outre,
1
Quantitatives models for reverse logistics, Fleishmann, 2000, Springer
24
envoyer les mauvaises pièces ou abîmer les colis de façon répétée sont des situations
qui peuvent mener à l’insatisfaction du consommateur mais aussi marquer longtemps
son esprit.
Cet impact peut être évalué en tenant compte de l’addition des différentes démarches
que le client a à effectuer : par exemple appeler l’entreprise, réemballer le produit, le
réenvoyer, subir un délai supplémentaire etc. L’importance d’une bonne gestion des
retours est donc ici soulignée : la démarche peut s’avérer douloureuse aussi bien pour
le client dont la fidélité est menacée que pour l’entreprise qui verra sa rentabilité
chuter. William K Pollock président du Strategies For GrowthSM (SFGSM) resume
ainsi ce schéma:
Une reverse Logistics mal organisée peut donc vite se transformer en gestion des
« Extremely Dissatisfied Customers ». En effet la psychologie humaine engendre une
perception négative des retours : les chargements qui arrivent vers le client sont
considérés comme valides, les chargements qui repartent ont une connotation
négative.
25
Accueil classique de la reverse logistique : les
retours sont un problème dont il faut se débarrasser
• Une prise de conscience d’une perte potentielle que l’entreprise peut estimer avec le
chiffre d’affaire rapporté par ce type de clients.
1
Laurent Hermel : Stratégie de gestion des réclamations clients, Editions AFNOR, 2003
26
La logistique inversée a la particularité d’un objectif plus global que celui de la
logistique et d’une prise en compte de dimensions multiples avec un nombre plus
élevé de flux, d’activités et d’acteurs. Il apparaît aussi qu’un acteur peut être confronté
à plusieurs activités et qu’il peut jouer plusieurs rôles. On peut considérer le
consommateur comme le point de départ de la chaîne1, ce qui nous permet
d’appréhender la chaîne logistique selon une dimension externe aux processus de
production, de R&D et de vente pour considérer une chaîne de logistique étendue : la
supply chain. Cette chaîne sous entend donc l’implication de différentes activités et de
multiples acteurs concernés par ces activités, des clients des clients aux fournisseurs
des fournisseurs. Parmi ces acteurs, on distingue :
• les industriels
• les distributeurs
• les clients (au sens B to B et B to C)
• les prestataires spécialisés dans le traitement des déchets (Veolia Propreté, Sita Suez,
centres de tri…)
• les prestataires de services logistiques (Geodis, TNT Logistics,...) en charge des
opérations de collecte, regroupement ou transport mais qui s’orientent vers des
activités à plus haute valeur ajouté
• les municipalités et collectivités territoriales
• les Eco organismes ayant un rôle de coordinateur au sein d’une organisation en filière
• les acteurs institutionnels nationaux (ADEME, JESSICA) ou régionaux
Les industriels
Les politiques de retours sont liées à leurs politiques de qualité. Ce sont les
premiers concernés par la reverse logistics et à eux de fournir l’organisation qui
permettra la meilleure rentabilité et la meilleure diminution des coûts systémiques. Il
faut noter que dans le cadre de la DEEE, un producteur représente « toute personne
qui fabrique, importe ou introduit sur le marché national à titre professionnel des
équipements électriques et électroniques sauf si ces équipements sont vendus sous la
seule marque d’un revendeur. Dans ce cas, le revendeur est considéré comme
1
Marlène Monnet : la logistique inversée des déchets électriques et électroniques Logistique et management,
ISLI Vol 13, 2005
27
producteur ». C'est-à-dire que si un distributeur décide de commercialiser un produit
soumis à la DEEE sous son nom ou par l’intermédiaire d’une MDD (marque de
distributeur), il sera considéré par la loi comme son producteur. Cette appellation a son
importance puisque la responsabilité du producteur est mise en avant par la directive
pour :
Afin de dégager une rentabilité, quant à leur gestion des déchets, les producteurs ont la
possibilité de s’organiser eux même par l’intermédiaire des éco organismes.
Leur rôle est aussi crucial sur plusieurs points : la conception des produits, de plus
avoir une politique des retours correcte passe aussi par le fait de minimiser et de
baliser les situations de retour.
La conception des produits doit avoir une utilité quant à leur utilisation, dans le
cadre du domaine qui nous intéresse les marchandises doivent être à même de
supporter le processus de reverse logistics, et même de le faciliter : concernant l’aspect
1
Elizabeth Laville, l’entreprise Verte 2ème édition, Pearson education, 2006
28
écologique il faut utiliser un maximum de matières réutilisables, et concevoir le
produit en pensant à son démantèlement dès le départ, ce qui implique l’adoption de
pratiques dans le design et la conception qui ne sont pas encore généralisées sauf dans
certains domaines comme l’automobile ou un diagnostic des pannes peut se faire
automatiquement par branchement d’une machine sur certains points de contrôle, ou
encore l’industrie pharmaceutique ou certains laboratoires ont équipés certains
packagings de médicaments de tags RFID (Radio Frequency Identification.).
L’eco-conception des produits à pour but de retourner moins mais aussi de retourner
mieux Selon le club de Rome, son objectif est d’améliorer la productivité des matières
premières, comme on l’a fait avec celle du travail humain. La condition nécessaire
pour arriver à cet objectif est de concevoir des produits et des modes de fabrication de
façon à éviter les gaspillages et les déchets dans la production et la consommation,
mais aussi en fin de vie des produits.
29
On peut en effet imaginer, qu’une fois que la société de consommation aura évolué
vers une société du développement durable qu’un industriel ayant un produit
démontable, sachant diagnostiquer et réparer seul ses pannes sans décevoir ni faire
attendre un consommateur aux pouvoirs accrus par la législation aura un avantage
concurrentiel non négligeable.
Les distributeurs
Quelque soit la formule ou le canal, les distributeurs sont avec les industriel concernés
par la RL : ils contrôlent en effet les portes d’entrée du pipe line logistique : ils sont
l’interface entre le client et le fabricant. Ils contrôlent une partie du flux entrant.
Les distributeurs sont majoritairement définis par les GM (Grands Magasins), les
GSA (Grandes surfaces alimentaires : supermarchés à partir de 400m², hypermarchés
au delà de 2500 m²), les GRS (Grossistes), les GSB (Grandes surfaces de Bricolage),
les GSS (Grandes surfaces spécialisées), les PSS (Petites surfaces spécialisées) et la
VPC (vente par correspondance par tous canaux, y compris électronique).
30
Pouvoir de négociation
Au sens du décret sur la DEEE, les distributeurs sont définis comme « toute personne
qui, quelle que soit la technique de distribution utilisée, y compris par communication
à distance, fournit à titre commercial des EEE à celui qui va les utiliser ». Il est à noter
que la directive ne définit pas explicitement les grossistes et les installateurs, et donc
leurs obligations réglementaires respectives.
1
Alexandre K. Samii, Stratégie logistique
31
• les grands groupes internationaux : Veolia propreté ou Sita Suez. Cette typologie
d’acteurs aura un rôle structurel en termes de mise en place de nouvelles capacités
industrielles au plan national pour répondre à la demande de traitement de DEEE en
volume et en nature de traitement non disponible en France. L’un des enjeux pour ces
derniers sera de s’appuyer sur un réseau logistique optimal, pour acheminer à moindre
coût, après collecte, les flux entrants de DEEE.
• les acteurs locaux et régionaux du traitement des déchets, qui bien souvent dans un
rôle de proximité, auront leur positionnement à défendre dans la chaîne de valeur de la
filière future.
Deux types d’acteurs sont ici aussi en jeu, les prestataires de services logistiques
internationaux et les transporteurs. Dans le premier cas, certains prestataires
d’importance sont présents : Geodis, DHL, Exel, Kuehne&Nagel qui ont déjà des
activités en reverse logistics sur d’autres filières et qui vont juste se diversifier pour les
DEEE. Ils sont positionnés :
1
Supply Chain Magazine, décembre 2006 p52
32
• En tant que 4PL : c'est-à-dire comme intégrateur et pilote de l’ensemble des activités
d’une filière de reverse logistics : autant par la maîtrise les flux physiques que des flux
d’informations et financiers sur un périmètre d’activités qui leur aura été confié, ou
alors sur une zone géographique.
Les logisticiens et transporteurs en propre, ont un rôle de service, par la mise en place
de circuits de collecte avec des moyens adaptés à la zone de chalandise en termes de
tonnage et de fréquence d’enlèvement.
Les Eco-organismes
Agrées par les pouvoirs publics et parfois conçus après concertation avec des
parties prenantes (acteurs locaux, prestataires, pouvoirs publics), les éco-organismes
sont crées à l’initiative des producteurs, ils ne sont pas crées spécifiquement pour le
traitement des DEEE mais existent dans différentes filières afin d’organiser la reverse
logistics des produits en fin de vie sous différents points du financement au traitement.
Il existe par exemple plusieurs Eco-organismes qui sont candidats à l’agrément des
pouvoirs publics concernant les DEEE :
Certains d’entre eux, notamment l’ERP, ont lancé leurs appels d’offres pour retenir les
différents prestataires afin de recréer des conditions de concurrence entre les
prestataires puisque celles-ci sont amoindries par l’organisation en filière.
33
Ces éco-organismes sont tenus d’informer les pouvoirs publics sur leur activité et sur
la conformité de leurs procédures. Le but de cette collecte d’information est double :
- elles ont déjà des compétences fortes sur la collecte des déchets ménagers en général
et représentent pour le consommateur un point de dépôt naturel des DEEE en
complément des autres déchets ménagers.
- le maillage du territoire est réalisé en termes de déchetteries même si aujourd’hui les
surfaces spécifiques pour les DEEE et les conditions de stockage des DEEE en
déchetterie ne sont pas encore satisfaisantes.
- L’étude Initiative recyclage1 à Nantes a montré que près de la moitié des flux de
DEEE ménagers est collecté en déchetterie.
Le client
Le client B to C
Par un geste citoyen, il pourra soit remettre sans frais aux distributeurs un équipement
usagé lors de l’achat d’un équipement neuf du même type, soit le déposer aux points
34
d’apport ou en déchetterie. L’opération n’est pas neutre pour lui puisqu’il n’en tire pas
directement bénéfice.
De plus dans le cas d’un retour autre qu’un produit en fin de vie (SAV, garantie etc.)
son insatisfaction est déjà présente, ceci souligne d’autant plus les liens entre la
reverse logistics et le marketing par l’intermédiaire de la fidélisation client1 :
Le client B to B
Sa performance et sa rentabilité peuvent être mises en jeu par une mauvaise gestion
des retours. Aussi on peut identifier certaines pratiques2 qui rendent le processus des
retours plus facile pour eux :
1
Laurent Hermel : stratégie de gestion des réclamations clients Editions AFNOR, 2003
2
William K. Pollock, fondateur du cabinet strategy for GrowthSM
35
On peut décrire l’implication de chaque acteur de la reverse logistics dans chaque
activité par ce tableau :
Acteurs
. Eco-
producteurs distributeurs municipalités prestataires clients
organismes
Activités de RL
Retour de
marchandise
rappels
Fin de vie
Invendus
SAV
Réparation
recyclage
destruction
Implication faible
Implication moyenne
Implication forte
On remarque que l’implication du client est souvent requise. On peut noter que dans le
cas des invendus le client et le distributeur sont confondus. Comme nous l’avons vu, la
directive DEEE entrée en action en 2005 pousse les acteurs de l’électronique à
s’organiser en filière pour traiter leurs déchets, l’implication des acteurs change donc
pour certains domaines donnant une part plus importante aux fabricants ainsi qu’aux
clients mais surtout aux prestataires qui y trouvent l’opportunité de développer des
activités à valeur ajoutée :
36
Acteurs
. Eco-
producteurs distributeurs municipalités prestataires clients
organismes
Activités de RL
Retour de
marchandise
rappels
Fin de vie
SAV
Réparation
recyclage
destruction
37
II : La gestion des retours
Selon les besoins et les législations en vigueur dans les différents secteurs,
l’importance économique de la reverse logistics fluctue : dans de nombreuses
industries, la gestion des retours revêt une importance primordiale.
Secteur %
Journaux et magazines 20-30
Distributeurs de livres 10-20
Ventes par correspondance 18-35
Distributeurs de composants 10-12
électroniques
Ordinateurs 10-20
Grande distribution 4-15
Pièces de rechange automobile 4-6
Electronique grand public 4-5
Produits chimiques ménagers 2-3
Avec le commerce électronique, le taux de retour est encore plus élevé que
dans les canaux traditionnels de distribution et si un effort particulier n’est pas
consacré à la gestion efficiente et effective des flux de la supply chain retour, les taux
actuels de l’ordre de 25 à 30% impliqueraient une déperdition de valeur économique et
environnementale non négligeable.
1
Rogers et Tibben-Lembke « Going Backwards », Reverse Logistics Executive Council, 1998
38
1 Données clefs
A-Les éco-organismes
Comme nous l’avons vu, des filières spécialisées, gérées par des éco-
organismes, ont été mises en place pour certaines catégories de produits usagés
(pneus, piles et accumulateurs, équipements électriques et électroniques...). Toutefois,
ces éco-organismes, qui organisent toute la filière (collecte, transport, tri, voire
traitement), ont un rôle de pilotage et d'organisation de la chaîne logistique, mais les
opérations d'enlèvement, de traitement et de valorisation sont souvent externalisées à
des prestataires spécialisés dans le transport et la logistique ou dans la gestion des
déchets. Pour les déchets pour lesquels il n'existe pas d'éco-organismes gérant leur
collecte et leur traitement, les distributeurs font généralement appel directement à des
prestataires (par exemple certains déchets automobiles). La collecte des déchets chez
les distributeurs se fait le plus souvent à la demande et parfois dans le cadre de
tournées régulières. Les délais d’enlèvement peuvent varier de quelques jours à
plusieurs semaines. On peut effectuer un panorama des éco organismes principaux :
39
B-Exemples d’Eco-organismes et leurs filières
Importateurs Poids
Lourds (DAF Trucks,
Iveco, Volvo Trucks)
Afip- FRP
Pneus usagés- Association française des Une trentaine de Environ 20% du
Décret du 24 importateurs de producteurs marché de la
décembre 2002 pneumatiques récupération des
pneus usagés
Eco-Systèmes
Directive Fédération des entreprises Une quarantaine Environ 80% du
européenne de du Commerce et de la d’adhérents : marché concerné
2002 + Décret de Distribution (FCD), producteurs de en volume en
juillet 2005 Groupement produits blancs, produits France
transposant en Interprofessionnel des bruns,
droit français la Fabricants d’appareils Distributeurs (micro-
directive ménagers (Gifam), informatique, image et
Syndicats des industriels son, téléphonie, PEM)
de matériels audiovisuels
et électroniques
(Simalavec)
ERP (European Recycling Platform)
Directive HP, Sony, Braun, Une vingtaine de clients 20-25% des
européenne de utilisateurs d’ERP + une déchets européens.
2002 + Décret en centaine de producteurs Le consortium va
2005 transposant se limiter à 30%
en droit français la
directive
Corepile
Piles et Gillette France (Duracell), 42 adhérents : 1ère filière de
accumulateurs Energizer, CIPA, Fabricants, distributeurs, collecte en France
Décret de janvier Varta/Rayovac, SPAP, importateurs Représentativité
1999 GAROYAC de 44%
40
La situation actuelle du marché des produits en fin de vie passe aussi par l’analyse des
principaux chiffres du secteur afin d’avoir une idée des volumes en jeu :
41
Déchets issus de l’électroménager DEEE1 :
Seuls 10% des déchets électroniques suivent une filière adaptée en France.
Parc d’équipement high tech qui devront être collectés et recyclés (millions
d’unités), liste non exhaustive
Téléphonie mobile 46
Téléphonie fixe 33,9
Appareils photos 25
Lecteurs dvd 19
Magnétoscopes 19
PC 12,5 (nombre de foyers français possédant
un PC)
Taux de valorisation/ recyclage à atteindre au 31/12/06 dans le cadre de la directive
sur les DEEE
Informatique et 75/65
télécommunications
Volume DEEE tous secteurs / France 1.7
an Europe : 6 millions tonnes
1
Extrait de l’étude Le marché de la "reverse logistics" et ses perspectives, Eurostaf 2006
42
Volumes collectés par les principales filières de déchets en France
Filières Volumes collectées
Automobile
Pneus usagés en 2004 : 226 mille tonnes collectées
(213 par Aliapur et 13 par FRP)
en 2005 : Aliapur 259 mille tonnes
Huiles usagées 452 000 tonnes de lubrifiants
automobiles et industriels collectées
en 2004
Batteries 421 746 batteries collectées en 2005
Liquides de freins 12 095 unités collectées en 2005
Pare-brise 136 925 unités collectées en 2005
Pare-choc 157 694 unités collectées en 2005
Piles et accumulateurs
Piles 8 611 tonnes (taux de collecte de
31%)
Accumulateurs hors plomb 185 220 tonnes (taux de collecte de
32%)
Piles et accumulateurs recyclés en 196 643 tonnes
2004
Lampes usagées
14 millions de lampes actuellement collectées et recyclées chaque année su un total
de 70 millions mises au rebut annuellement
DEEE
A l’heure actuelle, sur les 14kg/ habitant d’équipements électriques et électroniques
mis sur le marché chaque année, seul 2kg sont collectés de façon sélective et font
l’objet d’un recyclage.
43
2 Le cycle de retour des produits
En effet les diverses modalités utilisées pour gérer la rétrologistique ainsi que
ses coûts peuvent impacter positivement ou négativement la bottom line des
entreprises, c'est-à-dire leur résultat net mais aussi leur triple bottom line1 c'est-à-dire
la transposition de la notion de développement durable en entreprise par l'évaluation
de la performance sous trois angles : le social, soit les conséquences sociales de
l’activité de l’entreprise pour l’ensemble de ses parties prenantes (ou stakeholders en
anglais)), l’environnemental : compatibilité entre l’activité de l’entreprise et le
maintien des écosystèmes (Planet) et l’économique (Profit).
Selon Rogers and Tibben-Lembke, on peut effectuer une typologie générale des
activités de la reverse logistics en huit étapes :
Comme nous l’avons vu, la supply chain inversée va compter plusieurs étapes sur
lesquelles vont se répartir ces coûts, l’optimisation et la minimisation des coûts de RL
1
L’expression est une allusion à la Bottom line, c'est-à-dire la dernière ligne du bilan. Elle a été inventée par
John Elkington, fondateur du 1er cabinet de stratégie en développement durable (Sustainability)
44
va donc se concentrer sur l’amélioration de ces étapes. On peut en distinguer les
principales :
A-Le Gatekeeping
Le gatekeeping nécessite une bonne compréhension des flux retours : par exemple
il va falloir identifier lors du retour d’un produit si il est destiné au recyclage ou au
SAV, pour ce faire une méthodologie doit être mise en place. Chaque industrie a ses
propres problématiques de Reverse, cependant on peut établir une méthodologie en se
posant ce type de questions :
Positionner le
problème Comprendre le marché et les produits
Etablir un ensemble
d'indicateurs de Pourquoi les produits sont ils retournés ?
mesures avec un
niveau approprié de Les produits retournés sont ils défectueux
1
Volker Daut, « Stratégie de reverse logistics : gestion des process et optimisation » Logistique et management
Vol 13 n°1, ISLI, 2005
45
Return Indicators): Nos produits sont ils faciles à utiliser ?
Toute entreprise ayant à assumer des taux de retour important dans divers cas
de retrologistique, aussi bien du SAV que du recyclage ou autre devra trouver les
moments clefs du cycle de vie du produit et établir des portes d’entrées en fonction
(fin de la garantie, sortie d’un nouveau produit remplaçant l’ancien…). Cette prise en
compte de l’état d’avancement de la consommation du produit et des pathologies
qui sont associées à chaque age de sa vie permet un début d’estimation des volumes de
retour, à condition d’avoir mis en place auparavant des indicateurs et des tableaux de
bord fiables pour mesurer au mieux les quantités et calibrer les process en fonction. De
plus une telle démarche permet d’identifier les différents scénarii possibles et de
débloquer des entrées en fonction et de les formaliser par des RMA identifiés et
connus (Return Material Autorization) ainsi que des moyens en conséquence. Une
démarche marketing est également à prévoir aussi bien pour impliquer la clientèle
finale qui détient le produit que les distributeurs (dans une démarche de trade
marketing).
Une fois ces questions posées, on peut s’appuyer sur trois piliers1 que sont les
partenaires (logistique, vente), le produit lui-même et l’entreprise (l’interne) pour
aboutir à un ensemble de mesures proactives. On peut ajouter à ces trois acteurs le
consommateur lui-même ou l’utilisateur final, puisque la démarche s’inscrit dans une
culture ou ce dernier est en droit de retourner son produit.
46
Une collaboration avec les distributeurs et les vendeurs doit être effectuée afin de
détailler et d’expliquer au mieux l’utilisation du produit aux clients.
47
La traçabilité du produit est donc difficilement réalisable, et la saisie manuelle de ces
informations doit être effectuée. Si on considère les trois types de flux concernés par la
reverse logistics, à savoir le retour des marchandises (invendus, rappels…), le SAV
(réparation échanges) et le recyclage et la destruction, on constate que les entreprises
peuvent se structurer pour gérer les flux retour de palettes et de colis complets, mais
dès que l’on rompt l’unité logistique (exemples retours d’invendus textiles etc.), les
entreprises ont du mal à faire face aux flux : il y a souvent plus intérêt à solder les
produits sur place qu’à payer les frais de retour, de contrôle, de reconditionnement et
de remise en stock dans un entrepôt distant.
En ce qui concerne le SAV, quand les réparations s’effectuent en local, les procédures
sont peu structurées. Mais il y a une véritable diversité des méthodes selon les
secteurs. Dans le cas de retours plus centralisés, le réseau logistique s’est souvent
structuré pour suivre la pièce. On observe quatre pratiques majeures : certains
fabricants n’autorisent pas leurs réparateurs à gérer les pièces détachées, d’autres
imposent de réparer uniquement avec des pièces constructeurs, d’autres acceptent de
déléguer la réparation aux distributeurs, enfin certains négocient des taux de retour
avec leurs distributeurs. Cette dernière pratique permet l’échange standard, elle est
facilitée dans la distribution spécialisée comme le distributeur Surcouf, spécialiste de
l’informatique, la satisfaction du client est alors maximisée.
48
acheminer les produits récupérés chez l’industriel ou sur l’entrepôt central de Cycleon
en Allemagne.
49
système informatique qui permet de revaloriser ou de traiter de manière adéquate les
actifs circulants.
• Mieux organisés
• Standardisés
• Un processus d’amélioration constant de type PDCA ou roue de Deming se met en
place pour éviter les gaspillages et valoriser la formation des personnels spécialisés de
ces centres.
Ce sont ces vertus que cherchent à obtenir les industries au sein des éco organismes,
ojn peut citer à un niveau européen plusieurs fabricants concernés par la DEEE à
savoir Braun, Electrolux, Hewlett-Packard et Sony au sein de l’ERP (European
Recycling Platform). Le but est d’avoir une gestion centralisée des déchets de la
DEEE afin de développer une expertise en la matière.
Outre la cohérence des flux, le modèle d’un centre de traitement régional permet une
meilleure utilisation de l’espace, une automatisation de la manutention, et apporte aux
sites, en amont comme en aval, un gain en terme d’espace et de propreté
Les coûts de personnel sont mieux rentabilisés dans un tel site et les coûts de transport
peuvent être optimisés par une collecte groupée.
50
De surcroît, les problèmes de qualité deviennent plus visibles, puisque le fabricant
dispose d’une source d’information centralisée apte à lui permettre l’amélioration du
produit par l’élimination de défaillances récurrentes
C'est-à-dire tendre vers la qualité totale. Ceci passe pour les industriels par des
accords avec les distributeurs. On peut toutefois imaginer qu’éclipser ou trop déléguer
le problème causé par les retours n’est pas une bonne option d’un point de vue
marketing. C’est ce qui a amené certains auteurs1 à analyser les sources de gains plutôt
que les décisions d'arbitrage en fonction des coûts des relations. Elles apportent des
précisions nécessaires pour mesurer les gains pour les fournisseurs. En effet les gains
d'un fournisseur ne sont pas ,seulement économiques; ils s'expriment aussi en terme de
pouvoir relatif vis-à-vis des clients. Par exemple, un fournisseur va considérer qu'il
sort gagnant d'une relation s'il a profité de cette relation pour développer sa politique
de logistique inversée, que celle-ci a été acceptée par le client, qui a amélioré son
image vis-à-vis de ses concurrents, et qui pourra être adaptée sur les autres produits de
son portefeuille. Dans ce cadre, les travaux sur le pouvoir et la dépendance nous
éclairent à la fois sur les types de pouvoir à analyser, sur les indicateurs empiriques
qu'il faudra retenir, et sur les déterminants de ce pouvoir.
1
Pfeffer et Salancik
51
• Valeur de l’article à retourner : alors que le détaillant retourne certains
articles à son fournisseur pour réduire les stocks à la fin de chaque trimestre,
pour des raisons comptables, les fabricants peuvent être lents à reconnaître
dans ces recours une diminution de leurs ventes. C’est pourquoi ils tendront
plutôt à retarder ces retours jusqu’à la prochaine période comptable ou à ne pas
accorder un crédit total pour les articles retournés. Parfois, le détaillant se
voitsimplement déduire d’une prochaine facture sans attendre la note de crédit,
le montant des articles retournés. Ce scénario montre l’importance de négocier
et d’organiser les flux de retour. Prolonger le temps des procédures de retour
(autant que la durée) est inefficient pour les deux parties.
F-Remanufacturer et réhabiliter
• Reconditionner : cette option est la moins coûteuse pour les industriels, elle est très
utilisée dans le domaine appelé covermount (c'est-à-dire l’ensemble des opérations
presses mais aussi CD/DVD
Recouvrer un actif est le fait de classifier les biens et surplus retournés, les surplus, des
déchets, des gaspillages, des matériaux excédentaires et d’autres actifs circulants, de
manière à en maximiser la rentabilité pour leur propriétaire tout en réduisant les coûts
52
et les risques associés à ce traitement. Le but est de recouvrer un investissement en
termes de valeur économique et écologique, aussi rationnellement que possible, tout
en réduisant les quantités gaspillées.
H-Externaliser
1
Martin Beaulieu Martin Beaulieu « Définir Et Maîtriser La Complexité Des Réseaux De Logistique À
Rebours » Groupe De Recherche Chaîne Hec Montréal, 2002
53
En effet la complexité variant selon plusieurs critères, il est parfois plus avisé pour les
entreprises de s’en remettre à des prestataires spécialisés, particulièrement pour les
questions de recyclage ou de réseau secondaires de distribution. Certains prestataires
ont aussi développé des compétences spécifiques comme Geodis, habitué à traiter
différents stades de vie du produit ou DHL qui pilote des solutions adaptée au B to B
et plus particulièrement l’aérospatiale.
Ces pratiques comprennent deux activités plus opérationnelles que l’on peut regrouper
ici :
La collecte
Une fois la porte passée les produits doivent être regroupés pour constituer des
flux à un degré d’homogénéité suffisant. La collecte nécessite aussi une éducation des
utilisateurs finaux puisque avec les nouvelles règlementations notamment la DEEE ils
peuvent ramener leurs biens de consommation usagés à l’endroit ou ils l’ont acheté,
mais aussi une éducation des distributeurs, qui vont devoir gérer plus de flux et les
orienter vers « pipe lines » adéquats.
Le triage
« Décider ce qu’il faut faire avec chaque type de flux dans la chaîne logistique » (Alex
K Samii) Opérationnellement c’est l’étape qui demande le plus de moyen. La directive
sur les DEEE a favorisé l’apparition de solutions technologiques et de standards
facilitant la massification des flux : on peut citer le cas du prestataire logistique anglais
Wincanton qui a fait l’acquisition d’une machine conçue par la firme allemande
MeWa pouvant traiter une large palette d’appareils électroménagers et restituer les
différents composants sous la forme spécifiée par la directive de Bruxelles. Une telle
solution permet une rationalisation des flux et une simplification des opérations de
collecte et de triage.
54
3 Gérer les flux et les coûts
Mais certains auteurs ajoutent à ces coûts d’autres facteurs qui ne sont pas toujours
pris en compte par les entreprises :
Nous pouvons citer par exemple les Coûts cachés du travail, comme les ventes, le
management des retours impacte toutes les facettes de l’entreprise. Le premier des
coûts cachés que nous pouvons identifier est lié à l’automatisation. Une opération de
logistique inversée est automatisée si elle emploie le logiciel de gestion de retours
(employé en interne et en externe c'est-à-dire par la supply chain étendue : tous les
associés du canal) qui offre des protocoles spécifiques pour manipuler tous les articles
retournés. Basé sur l'information liée au produit ou à la SKU (Stock Keeping Unit),
1
The Six Hidden Costs of Reverse Logistics by Lee Norman and Warren Sumner, ClearOrbit Reverse
Logistics Magazine, Fall 2006
55
elle peut être activé par balayage de code barre, mais ceci sous entend que l’on ne
brise pas l’unité logistique (palette ou colis). Cette classe de logiciel peut mieux
déterminer quelles règles et paramètres de retour s'appliquent si ses attributs sont tirés
de l'inventaire, de la garantie, de la politique, et des informations comptables logées
dans l'ERP central de l’entreprise. Ces systèmes de gestion de retours d'entreprise
fonctionnent mieux une fois liés directement à une interface de Web , intégrant de ce
fait chaque lien dans le processus de retours à l'ERP, permettant la visibilité à travers
chaque station dans la séquence de valeurs.
56
Le coût de la reverse logistics peut être considéré comme une variable endogène et
exogène maîtrisable1 par différents sous coûts sur lesquels on peut agir :
Un coût économique
Le retour d’un produit est une source de perte de production. Il peut occasionner un
arrêt momentané ou définitif, décidé ou contraint de la production. Il entraîne donc
une perte de chiffre d’affaire et de profits le plus souvent.
Un coût financier
Une rétrologistique sous estimée et des retours mal traités entraîne une insatisfaction
de la clientèle mais aussi des investisseurs : la capitalisation boursière d’une entreprise
peut vite chuter. Le coût économique subi peut aussi entraîner des difficultés de
trésorerie allant jusqu’à la cessation de paiement
Un coût judiciaire
Les conséquences d’un rappel de produit, de la non reprise d’un produit, de son non
recyclage peuvent être la source d’actions en justice qui ont un coût en terme d’image
pouvant dépasser le coût de la procédure en justice
Un coût stratégique
1
Jean Marc Lehu« Alerte Produit : Quand le produit doit être retiré de la vente ou rappelé » Jean Marc Lehu,
1998 les éditions d’organisation
57
Un coût technique et logistique
Un coût de communication
• un nombre élevé de points de collecte et donc d’émission des flux avec des
volumes peu importants et des commandes non consolidées rendent difficile
l'optimisation des coûts de transport et de logistique du secteur.
• Une relative hétérogénéité des produits et en particulier des produits touchés par
les obligations de recyclage, avec des contraintes techniques différentes mais qui
nécessitent un traitement et une logistique adaptés.
58
• Une diversité des raisons pour les retours. Par exemple un retour pour garantie
d’un PC peut être de diverses natures : aussi bien le dysfonctionnement qu’un client de
mauvaise foi ayant renversé son café sur son clavier…
• Une grande diversité des opérations surtout dans le cadre du recyclage (collecte,
tri, traitement valorisation, revente…) mais aussi des retours en garantie(diagnostic,
réparation…) qui se traduit par l’existence de nombreuses étapes dans la chaîne
logistique inversée.
Nous pouvons prendre comme exemple le cas des DEEE, la question du financement
de la filière a été traitée en deux étapes :
• Pour les déchets dits « historiques » qui sont pour beaucoup orphelins : c'est-à-dire que
leur propriétaire a disparu, ce sont les producteurs actuels qui doivent assurer la
responsabilité du financement de leur traitement en fonction de leur part de marché.
Ce surcoût devra être affiché sur le prix des ventes de biens de façon séparée appelé
« visible fee » par Bruxelles. Le système doit fonctionner de cette manière jusqu’en
2011 ou les DEEE historiques seront éliminés pour la plupart, le surcoût devra alors
être internalisé.
59
quantités de produits mis sur le marché et de la complexité du recyclage. Au final, le
recyclage est entièrement financé par le consommateur, mais sans bénéfice pour les
organismes chargés de l’opération.
Le consommateur supporte aussi la taxe dans un but d’éducation : tous les acteurs sont
censés participer à cet effort de protection de l’environnement :
Dans le secteur de l’automobile, les filières des pneus, des huiles usagées et des
batteries sont neutres financièrement pour les garages. Pour les autres déchets, les
opérations d’enlèvement et de valorisation sont à la charge des entreprises, qui
supportent principalement 3 types de coûts : coûts de bacs, coûts du transport et coûts
de traitement.
60
C- Une massification des flux par une meilleure organisation en filière et
une limitation du nombre de prestataires
1
Véhicules Hors d’Usage
2
Eurostaf d’après la FNAA et Feu vert
61
pour les producteurs et les distributeurs. En effet, en 2004, la taille des entreprises de
la récupération et du recyclage était très hétérogène : 70% d’entre elles comptent en
effet moins de 5 salariés et seules 13% emploient 20 salariés ou plus.
Cependant, le nombre de prestataires est donc appelé à diminuer dans les prochaines
années. Elle sera une source d’optimisation de la gestion des déchets, notamment en
réduisant le nombre de rotations et en facilitant la remontée d’informations Le
mouvement de concentration est déjà en marche avec une baisse de 34% du nombre
d’entreprises intervenant dans le secteur de la récupération, du recyclage et de la
valorisation observée par la FEDEREC entre 1999 et 2004. La création de filières
(pneumatiques, piles, DEEE..) et l’industrialisation croissante de l’activité devraient
renforcer cette tendance dans les années à venir. Concernant la filière DEEE, qui se
met en place actuellement les collectivités locales demandent à avoir un interlocuteur
logistique pour effectuer les enlèvements dans les déchetteries.
Rappelons que es activités de reverse logistics couvrent trois principaux types de flux :
le retour des marchandises, le SAV et le recyclage. Si les deux premières constituent
des activités concurrentielles, il en est moins évident pour le recyclage des produits
en fin de vie qui est une obligation pour les producteurs. Ils sont tous soumis dans ce
domaine aux mêmes règlementations. Ils ont par conséquent intérêt à se regrouper et à
s’organiser de façon collective pour mutualiser leurs efforts et répondre à leurs
obligations, cependant ils s’organisent de façon à recréer des conditions de
concurrence entre prestataires par le biais des éco-organismes. Ceci a un effet double :
• Ce recyclage est amoindri par le fait que les constructeurs ne sont pas mis en
concurrence directement les uns avec les autres, leur objectif immédiat n’est pas d’être
efficient mais efficace par rapport aux textes législatifs
• Une initiative de recyclage est tout de même amorcée dans des conditions réalistes
pour les producteurs et il revient à la loi d’imposer les volumes à traiter : la réflexion
62
sur le développement durable résulte donc d’une concertation de tous ces acteurs :
l’optique de développement durable et de triple Bottom Line sont donc respectées.
63
exigences spécifiques des producteurs et des distributeurs par exemple le système de
codes barres ou dans certains cas la technologie RFID.
Faire face à l’ensemble de ces coûts avec une organisation adéquate du cycle des
retours passe par l’adoption d’une stratégie de reverse logistics et pour que celle-ci soit
rentable, les objectifs doivent être clairement définis. Le système doit également être
calibré et proportionné par rapport à ces objectifs. Il est aussi bon d’anticiper la
stratégie puisque comme nous l’avons vu les politiques environnementales et les lois
de protection du consommateur imposent toujours de nouvelles contraintes qui sont
autant d’autant d’opportunités pour les entreprises de développer leur système de
reverse logistics.
64
III : Les différentes stratégies de
Reverse Logistics
1
Alexandre K. Samii : projet de recherche du Reverse Logistics Executive Council qui interrogeait les
entreprises pratiquant la rétrologistique, 1998
65
Raisons invoquées % de réponse
Pression concurrentielle
Réglementation
66
1- Enjeux des retours
1
Laurent Hermel : « Stratégie de gestion des réclamations clients », Editions AFNOR, 2003
67
A-Les raisons des inefficacités des retours
Le docteur Richard Dawe a identifié six symptômes d’une gestion inefficace des
retours : le fait qu’ils soient tellement fréquents démontre l’importance de la gestion
efficiente et rapide de la rétrologistique :
• Les retours arrivent plus vite qu’il n’est possible de les traiter : le symptome est un
manque de capacité face à la demande
Afin de contourner ces difficultés, les entreprises ont quelques dispositions simples à
prendre en compte : parmi les Best practises de la reverse logistics, c’est à dire les pré
requis nécessaires à son bon fonctionnement, on trouve certaines pratiques que doivent
s’efforcer d’appliquer tous les acteurs de la chaîne :
68
• Fournir au client direct (c'est-à-dire au distributeur) un support de contact et
d’information si les clients finaux ont des questions ou problèmes à propos du retour
des marchandises. Il faut également que la compagnie s’assure que le client a accès
aux numéros de téléphone de la compagnie et aux adresses mails.
• S’assurer que toutes les situations et scénarii sont couverts de manière adéquate
(retards, marchandise perdus, dommages, recyclage…) par le service et la reverse
logistics. Résoudre tous les problèmes aussi vite que possible et admettre les fautes
quand elles arrivent du moment qu’on s’en sert pour s’améliorer.
• Fournir au client autant de support sur internet que possible. Le consommateur peut
penser de deux différentes manières en matière de logistique inversée : qu’il n’a
aucune opération à faire ou que tout ce qu’il fera par internet sera gain de temps pour
lui et pour le processus général.
• Fournir un forum ouvert au client pour recueillir les impressions et avoir un retour.
Toute logistique impliquant le consommateur doit lui laisser la parole un minimum
afin qu’il s’exprime sur la performance. De plus les clients, surtout le grand public, a
tendance a beaucoup s’exprimer sur des sites consuméristes comme ciao.fr (avis sur la
grande consommation) ou encore rue-montgallet.com (regroupements de commerçants
dans l’informatique).
• Il faut pour viabiliser un maximum les retours les rendre faciles pour le client,
travailler un maximum avec lui pour optimiser la part de reverse logistics qu’il a à
accomplir. L’entreprise doit intégrer qu’elle ne peut pas tout faire elle-même et tenter
d’impliquer le client de la meilleure façon qu’il soit.
69
Fournisseurs Producteur Détaillant/ Consommateur Déchets
Canal Distributeur
originel
Le schéma1 ci-dessus donne un aperçu des différents flux de retour et de leur position
dans la supply chain. Les flèches ne correspondent pas exactement avec les flux
physiques réels puisque les prestataires ne sont pas représentés mais il donne les points
d’entrée des retours dans la supply chain.
1
Quantitative models for reverse logistics, Fleishmann 2001 ed Springer
70
La définition d’une stratégie de Reverse logistics passe tout d’abord par la
fixation d’objectifs qui vont dépendre des flux et des points d’entrée des retours
dans la supply chain de l’entreprise mais aussi du canal emprunté par ces flux,
rappelons nous que ce n’est pas parce qu’un flux est efficient d’un point A à un point
D en passant par B et C qu’il en sera de même de D vers A. En effet des réseaux
alternatifs seront impliqués dans le processus de logistique inversée, par exemple un
distributeur peut être engagé contractuellement à reprendre un appareil en fin de vie à
un consommateur lors de la livraison d’un nouveau, malgré que le premier n’est pas
été acheté chez lui, par ailleurs les fabricants ont une multitudes de fournisseurs et
d’OEM (Original Equipement Manufacturers ou fabricants de sous ensembles). Afin
de mieux comprendre quels sont les enjeux et les raisons d’adoption d’une stratégie de
retrologistique, nous pouvons effectuer une typologie des objectifs en fonction des
situations de retours auxquelles les entreprises ont à faire face :
Nous pouvons subdiviser les différentes catégories de reverse logistics que nous avons
vu jusqu’à présent afin d’examiner plus en détail les objectifs vers lesquels vont tendre
les différentes stratégies que les acteurs auront à mettre en place :
71
Caractéristiques et objectifs selon les flux de reverse logistics :
Biens
Légal Recyclage Canal blancs et
originel bruns
Protection
des capitaux Réusinage Canal Cartouches
Recyclage originel d’encre,
Entreposage composants
Retours
commercia Court/ Marketing Réutilisation Canal surstocks
ux moyen Réusinage originel vêtements
Recyclage et
Entreposage accessoires
de mode,
cosmétique
s, choix
catalogues
Garanties
Moyen Marketing Réparation Canal
Légal Entreposage originel
En cours Industrie
Très Economique Recyclage Canal pharmaceut
court Légal réusinage originel, ique,
Canal travail de
alternati l’acier
f
Packagings
Economique Réutilisation Canal
originel,
Court Canal
alternati
f
72
A- Retours « fin de vie »
Les objectifs que ce type de retours représente sont tout d’abord une ressource
valorisable qui peut être économiquement attractive à recouvrir. En effet la
réutilisation directe est souvent impossible, et le réusinage ou le recyclage sont
souvent les deux seules options envisageables. Grâce aux bénéfices économiques, ces
retours sont intéressants aussi bien pour les fabricants que pour les prestataires et
spécialistes du recyclage, d’où une question stratégique à se poser : faire ou faire
faire ? Les industriels qui se voient imposer des taux croissants de recyclage, d’où un
coût important pour eux, et à cause des difficultés de prévision et de consolidation des
commandes, s’organisent en filière au travers d’éco-organismes. Cette réflexion est
économique car ils en tirent un bénéfice et une simplification de leur organisation mais
aussi de la collecte et du triage, cependant ils en gardent le pilotage dans certains cas
afin d’atteindre plusieurs bénéfices :
1
Fleishmann, quantitatice models for reverse logistics, 2001, ed Springer
73
• De mise en concurrence des prestataires : selon les procédés utilisés, il faudra faire
appel à des prestataires pour les manœuvres opérationnelles (transport, triage,
manutention…) mais aussi pour les manœuvres de recyclage à proprement parler. En
effet, l’importance des barrières à l’entrée comme l’accessibilité aux clients et la
connaissance du produit nécessaire à son démantèlement nécessitent l’implication des
industriels mais aussi de spécialistes du recyclage (Sita, Véolia).
Comme nous l’avons vu, les motivations peuvent aussi être légales, et même si ces
retours sont externalisés, le producteur en supporte la responsabilité financière.
B-Retours commerciaux
Ces retours impliquent dans tous les cas un désavantage financier envers les vendeurs
originaux.
C- Retours de garantie
74
plus souvent marketing, plusieurs entreprises, autant fabricants que distributeurs, en
font d’ailleurs leur source de valeur ajoutée (Darty etc.) les garanties couvrent tous les
produits qui ont faillis durant l’usage ou la livraison. On peut aussi inclure les pièces
de rechange dans cette catégorie. La principale façon de traiter ces retours est la
réparation. Les rappels de produits quant à eux seront traités à part bien qu’ayant des
objectifs similaires.
D- En cours de production
E- Packagings
1
Source : Ademe
2
Enquête 2004 sur les emballages, site de l'association Consommation, logement et cadre de vie : www.clcv.org
75
F- Le cas particulier des rappels de produits
L’organisation et l’anticipation des rappels vont donc aussi s’inscrire dans une
dimension légale. Jusqu’à récemment les entreprises pouvaient s’en tenir à un retrait
du marché mais les rappels de par leur surmédiatisation sont devenus cruciaux :
dérapages médiatiques, pertes de denrées périssables, dégradation de l’image et
déférencement des produits doivent être évités. Or d’après l’enquête de JML, seuls
23.53% des responsables d’entreprise interrogés avaient une bonne connaissance des
risques et des conséquences d’un rappel, ce qui montre l’importance de la propagation
des notions de reverse logistics.
L’organisation en filière et les GSS facilitent la RL ex Nespresso suisse : le fait que les
consommateurs trouvent un tel type de produit dans un endroit bien défini comme la
distribution spécialisée facilite leur implication et l’organisation de la RL : les
1
« Alerte Produit : Quand le produit doit être retiré de la vente ou rappelé » Jean Marc Lehu, 1998 les éditions
d’organisation
76
consommateurs savent où ramener leur produit en fin de vie et/ou ce type de
distribution livre souvent à domicile : non seulement les prestataires peuvent massifier
les flux, mais un premier gatekeeping est effectué. La distribution spécialisée est en
effet souvent plus expérimentée dans le SAV que la grande distribution (exemple de
Darty qui fait tout son chiffre d’affaire sur le SAV) : un réseau est donc plus facile à
mettre en place (ex ERP, réseau complexe). Une gestion en collaboration avec les
collectivités locales mais aussi avec les industriels pourra améliorer cette gestion :
Darty connaissant les faiblesses de tel produit aura plus de facilité à le vendre, à le
réparer, mais pourra déterminer avec plus ou moins de précision quand est ce qu’il ne
fonctionnera plus et que la reprise devra être effectuée.
Nous pouvons désormais observer comment sont appliqués ces objectifs et stratégies
de reverse logistics dans la pratique par les exemple de quelques entreprises :
A-Venteprivee.com
La vente par correspondance est un secteur qui a par définition des taux de retours très
importants puisque ceux-ci oscillent comme nous l’avons vu entre 18 et 35%, il est
cependant plus rentable pour certains fabricants de vêtements et d’accessoires de
mode, ou tout autre produit à cycle de vie court de produire plus que la demande
l’exige afin d’être certain de ne pas rater de ventes. En effet la production en Asie
étant un gros avantage en terme de coûts, c’est parfois la sous production qui devient
une aberration économique plutôt que la surproduction. Pourtant ne pas produire au
plus prés de la demande engendre des coûts de stockage et de transport importants. Par
ailleurs produire plus que la demande ne l’exige va engendrer un flux de retours
important entre les différents acteurs et des transitions de ce surstock vers des réseaux
secondaires de distribution ou des supply chain alternatives.
77
canal traditionnel. La stratégie marketing de ce dernier est cependant spéciale car elle
est constituée d’un club de clients et de ventes événementielles.
La première particularité est que pour entrer dans le club il faut un parrain, c'est-à-dire
un membre du club qui décide de vous envoyer une invitation pour que vous puissiez
participer aux ventes. Le parrain trouve un avantage financier à l’opération puisqu’il
reçoit un bon d’achat lors des parrainages qu’il crée. Le réseau de clientèle s’est donc
développé exponentiellement, par ailleurs les clients participants étaient plus
impliqués et intéressés puisqu’ils avaient fait la démarche de rentrer dans le club, il y a
donc un coté privilégié à y être.
La seconde particularité est que le site n’accueille les surstocks de grandes marques
que lors de ventes spécifiques qui sont présentées aux membres comme des
événements délimités dans le temps avec un nombre réduit de produits : par exemple
une semaine avant une vente Nike, les clients vont recevoir un email présentant les
produits qui seront mis en vente, la date et l’heure de la vente. Le jour j les clients
pourront se connecter et acquérir les produits à des tarifs préférentiels.
78
rumeur entre les consommateurs, une base stable de clientèle met du temps à s’établir,
de surcroît leur segmentation est difficile. Les négociations avec les marques sont sans
cesse déséquilibrées puisqu’elles attendent une clientèle potentielle conséquente pour
être certaine d’écouler leur surstock, or le club de clients met du temps à se former,
ces derniers attendant justement des événements de grandes marques…
B- M.P.O.
79
Il y a donc des quantités supérieures à la demande mises en linéaire : les retours du
secteurs représentent environ 20% des flux. Par ailleurs le marché du DVD est en
phase de maturité déclinante :
Les ventes diminuent à mesure que les consommateurs s’orientent vers les produits de
substitution. Le DVD est directement concurrencé par le téléchargement et la mise
sur le marché du HD DVD n’est pas faite pour pousser l’utilisateur à la
consommation.
Il s’ensuit donc une légère surcapacité de production ainsi qu’une activation de la
concurrence: une baisse régulière du prix des DVD est observée depuis plusieurs
années. Le prix moyen des DVD vendus a en effet baissé de 18,9 %, passant de 15,25
€ en 2004 à 12,36 € en 2005, puis 12,14€ en 2006. (Source GFK) de plus les
principales collections passées sont déjà dans les foyers et la concurrence s’intensifie
sur les titres récents.
80
• La demande du client dépend de celle du client final : d’où le besoin de rester en
phase avec l’évolution technologique et l’apparition de nouveaux formats et supports,
cependant l’innovation étant souvent risquée et incertaine quant à son succès (pour
cause de piratage des oeuvres notamment), il faut asseoir sa rentabilité sur des
produits existants même si ceux-ci sont déclinants.
• Le marché est oligopolistique : les avantages des différents acteurs sont connus: sur
les marchés industriels traditionnels, le nombre d’acteurs est souvent petit. Sur le
marché du disque, le nombre d’acteurs d’importance, pouvant produire des volumes
conséquents est en effet restreint à une dizaine (voir graphiques ci-dessous), mais il
existe une multitude de petits presseurs avec lesquels on peut rentrer en concurrence
sur certaines opérations. Le niveau de complexité du secteur varie donc avec les
segments, mais offrir une reverse logistics est source d’avantage concurrentiel surtout
vis-à-vis des intermédiaires ou « brokers » qui n’ont pas les structures pour exercer
cette logistique des retours mais qui ont une très forte visibilité commerciale. En effet
ces derniers ne fabriquent pas mais concentrent leurs efforts sur la prospection de
nouveaux clients.
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Importance des
presseurs de CD en
France.
2005 2006
MPO 92,3 80
SONOPRESS 54,8 62
CINRAM 53,9 50
SNA 44,5 55,5
KDG 25,7 24
DOCDATA 22 10
SERIPRESS 11 11
DELUXE 10
AUTRES 4,7 3,3
TOTAL 318,9 295,8
Pour adopter une stratégie de reverse logistics dans ce milieu les axes principaux sont
les suivants :
82
• Agir dans un environnement de proximité technologique, géographique et
culturel.
Si le piratage nuit à la vente de DVD, le téléchargement légal qui s’instaure peu à peu
risque d’accentuer la décroissance. C’est pourquoi les fabricants sont de plus en plus
attentifs aux taux de retours et aux niveaux des stocks.
Pour MPO, la procédure est la suivante: un distributeur qui veut retourner ses
invendus en fait la demande auprès de l’éditeur, MPO va agir en tant que prestataire
de reverse logistics : la demande est contrôlée par les commerciaux qui s’assurent de
sa conformité et qu’elle ne comporte pas de déviation par rapport aux accords conclus
avec le client. Le service client la saisit sous l’ERP qui génère une autorisation de
retour par EDI. Pour chaque référence le service client autorise une certaine quantité
de retours qui est souvent différente de celle prévue par le distributeur, ceci dans le but
que l’éditeur ne supporte pas toutes les pertes. Le système peut également rapprocher
les quantités demandées de celles notées sur les factures pour déterminer le prix
auxquelles elles seront revendues. En effet, le prix d’un DVD a sa sortie est de 20€ en
moyenne, puis il subit des baisses de prix consécutives (15 puis 13€ en moyenne) pour
arriver à 10€ un an après sa sortie. Ces baisses de prix consécutives sont autant
d’occasion pour MPO de fournir des prestations à valeur ajoutée (copacking, stickage
etc.), le travail de l’éditeur est de tenir compte de la dégressivité des tarifs dans la
valorisation des retours pour générer des avoirs cohérents avec les factures émises. De
plus, étant donné les flux financiers qu’ils représentent, ces retours ont un impact sur
les prévisions budgétaires, d’où la nécessité de les contrôler par un gatekeeping strict.
83
C- Nespresso
Les consommables sont composés en majeure partie d’aluminium et une fois utilisés,
ne contiennent plus que du marc de café. L’aluminium est un matériau entièrement
réutilisable sans perte de poids ni de qualité, à condition que la séparation aluminium /
marc de café soit correctement opérée. Nespresso a donc déployé un système de
logistique retour pour ses capsules avec l’aide d’un prestataire (Thévenaz-Leduc SA.).
Ce type de logistique n’est actuellement mis en place que pour la Suisse, siège
historique de Nespresso. Entre 50 et 60% des capsules suisses sont recyclées, ce qui
reste faible en comparaisons des 150 milliards de consommables envoyées dans le
monde.
La collecte est actuellement faite à partir de 870 points en relation avec Nespresso
(boutiques ou déchetteries et entreprises partenaires). C'est-à-dire que le
consommateur doit opérer lui-même le tri entre ses capsules et le reste de ses déchets
puis les rapporter dans ces points de collecte.
L’aluminium est ensuite refondu, cette opération ne nécessite que 5% des ressources
qu’il aurait fallu pour obtenir de l’aluminium primaire (c'est-à-dire non recyclé), le
marc de café est quant à lui acheminé vers une unité de compostage pour être utilisé
comme fertilisant.
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1 Capsules Nespresso en aluminium
récupérées
2 Broyage
3 particules d’aluminium
4 traitement thermique préalable
5 Refonte
6 Lingots obtenus
7 coulage
8 Laminage
9 réemplois pour fabrication de nouveaux produits en aluminium
D- Darty
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La particularité de Darty est que la marge du groupe est faite dans sa majeure partie
sur le « contrat de confiance » c'est-à-dire l’entretien, les extensions de garanties ou
encore la reprise des appareils, et non sur la vente de produits en elle-même. La
politique marketing se veut innovante et unique puisqu’elle implique le consommateur
sans peine par ce contrat puisque la reverse logistics lui est vendue comme un service
censé l’aider et le débarrasser sans peine de ses appareils en fin de vie pour tout achat
d’un produit neuf lors de l’achat d’un nouveau. C’est ainsi que Darty, avec 60
magasins en Ile-de-France, livre environ 600 000 clients par an et par la même
occasion 13 000 t de déchets électroménagers (11 000 t de produits en fin de vie et 2
000 t d’emballages). Tous ces déchets sont dirigés vers un point unique, le Centre
Darty du traitement des déchets, à Mitry-Mory (77).
Ce site dédié et autonome dispose d’un personnel apte à assurer une première phase de
traitement consistant à trier les matériaux qui arrivent en continu à cause de
l’obligation du contrat de confiance (qui permet par ailleurs qu’un camion ne reparte
pas vide de chez le client). En fait, le centre distingue 2 filières : les emballages
(compressés sur place et dirigés ensuite vers les filières de recyclage indépendantes de
Darty) et les produits en fin de vie. Ces derniers se divisent en deux catégories : les
appareils hors d’usage et voués à la destruction, et les appareils (de type machines à
laver ou réfrigérateurs) ayant plus de 5 ans d’âge et encore en bon état. Ces appareils,
qui représentent 3% du total, sont révisés, contrôlés, et revendus d’occasion par la
fédération des associations Envie, dont Darty est partenaire. Au total, le centre traite
annuellement près de 200 000 appareils en fin de vie. Il n’assure pas pour l’instant le
démantèlement des écrans cathodiques, recédés à la tonne à des recycleurs agréés.
Seuls les déchets ultimes sont enfouis ou incinérés.
Cette organisation modifie les tournées des camions qui se rendent directement des
lieux de livraison au centre de traitement : il n’y a pas de tournée dédiée au recyclage.
Cette activité est un centre de coût pour la firme car l’objectif est de débarrasser le
client d’un appareil encombrant dans le cadre du contrat de confiance. Cependant le
un système de traitement de ces anciens appareils est à la fois respectueux de
l’environnement et économiquement viable, il répond donc a certains critères de
rentabilité si l’on compare le résultat obtenu et les moyens en capital mis en œuvre
86
pour l'obtenir. Darty a anticipé les obligations légales au travers de sa démarche
marketing, en proposant un nouveau service à ses clients. Cette stratégie est autant une
aide à la vente qu’un respect des consignes légales.
87
Tournée de
livraisons : Départs Retours
appareils
neufs
Clients
Emballages : 16% Retours produits : 84%
Valorisation en
concordance avec les Recycleurs
directives européennes spécialisés
Déchets ultimes
(enfouissement)
88
Conclusion
89
milieu industriel. Elle est aussi un nouvel El Dorado pour les prestataires logistiques
qui y voient l’occasion de fournir des activités à valeur ajoutée et de débarrasser les
industriels et distributeurs d’un fardeau qu’ils ne savent pas toujours gérer à cause de
sa complexité et de son coût.
Pour réduire ce coût, les entreprises devront mettre l’accent sur l’amélioration de
plusieurs flux :
La reverse logistics telle qu’elle est aujourd’hui et telle qu’elle promet d’évoluer est un
mélange de contraintes, de pression du consommateur et de démarches volontaires de
la part des acteurs les plus concernés. Il faut également savoir laisser les entrepreneurs
lancer leur propre approche du sujet pour en faire un atout concurrentiel rentable afin
de dépasser le cadre des contraintes légales.
90
Bibliographie
Ouvrages
Dale S. Rogers, Ronald S. Tibben –Lembke, « Going Backwards: Reverse Logistics Trends
and Practises », 1998, Reverse Logistic Executive Council.
Alexandre K. Samii « Stratégie logistique, Supply chain management » (3éme édition, 2004),
Dunod.
« Alerte Produit : Quand le produit doit être retiré de la vente ou rappelé » Jean Marc Lehu,
1998 les éditions d’organisation
Laurent Hermel : « Stratégie de gestion des réclamations clients », Editions AFNOR, 2003
Etudes de marché
Articles académiques
91
M.Gollety, N.Guichard, J.Lehu, R.Van Heems « Vers la gestion anticipée d'un rappel de
produit » VOL 31/154 – 2005
Carole Donada « Partenariat : Mythes Et Réalités Pour Les Fournisseurs. Étude Empirique
Dans L’industie Automobile », 2002 Département Stratégie Et Politique D'entreprise Groupe
Hec
Moritz Fleischmann, Jo van Nunen, Ben Gräve, and Rainer Gapp « Reverse Logistics –
Capturing Value in the Extended Supply Chain » 2004 Erasmus Research Institute of
Management (ERIM)
Serge Lambert Diane Riopel « Modèle intégrateur de la logistique inverse » Les cahiers du
Gerad, 2004
Volker Daut « stratégie de reverse logistics : gestion des process et optimisation » Logistique
et management - 2005 Vol 13 no 2 « logistique et développement durable, ISLI
Revues
92