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DOSSIER

Organisation transport
©OMNITRACS

©JL.ROGNON

C
’est le budget le plus important dans
de nombreuses Supply Chains, mais
le transport n’occupe pas toujours
la place qu’il mérite dans les orien-
tations stratégiques des entreprises.
Depuis quelques années, ce maillon

Comment essentiel est devenu de plus en plus


difficile à maîtriser. La montée en puissance de
l’e-commerce et des approches omni-canal ont

optimiser son
considérablement complexifié les flux et accéléré
les délais de livraison, le développement à l’inter-
national des entreprises demande beaucoup plus
d’expertise dans les appels d’offres transports et les

organisation
contraintes environnementales doivent désormais
entrer en ligne de compte. Comment dans ces
conditions y voir clair dans tout cet entremêlement
de flux, de transporteurs, de sous-traitants, de nou-
velles technologies et de réglementations diverses

transport pour continuer à trouver des pistes d’optimisation


de l’efficacité, de la flexibilité et de l’évolutivité de
son transport ?

Revoir régulièrement
ses plans de transport
La bonne nouvelle, c’est que la complexification
L’organisation du transport s’est largement com- du sujet offre de plus grandes opportunités d’opti-
plexifiée ces dernières années, notamment en raison misation qu’auparavant, quand son périmètre était
de la montée en puissance de l’omni-canal et de la circonscrit à des lignes bien identifiées et relative-
prise en considération de l’impact environnemental. ment stables dans le temps. Aujourd’hui, les plans
de transport sont rarement définis pour plus de
Voici un petit tour d’horizon des différentes alterna- 3 ans, pendant lesquels la volumétrie du flux, les
tives organisationnelles et technologiques pour aider attentes clients, les fournisseurs et les caractéris-
les entreprises à optimiser leur organisation transport. tiques de l’offre transport ont eu le temps de forte-

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ment bouger. La mauvaise nouvelle, c’est qu’il va sation, est de disposer d’une bonne visibilité sur la
falloir sérieusement s’organiser pour s’attaquer au situation actuelle : transporteurs, profils de clients,
travail colossal de revoir régulièrement et de fond zones géographiques, distances, volumes, tournées,
en comble ses plans de transport. Certains, comme tarifs, types de colis, qualité de service, etc. Mal-
Amazon ou Procter & Gamble, ne lésinent pas sur heureusement, encore beaucoup d’industriels et de
les moyens humains et les systèmes d’informations distributeurs utilisent Excel pour gérer leur trans-
car ils sont convaincus que le transport constitue port et ne sont pas équipés d’outils informatiques
un élément stratégique qui les aide à se différencier spécialisés de type TMS (Transport Management
de la concurrence. Pour d’autres, la prise de cons- Systems) qui les aideraient non seulement à
cience est moins évidente (voir interview d’Alain contrôler leurs coûts, mais surtout à mieux identi-
Borri page 66). « Il y a 10 ans encore, le transport fier les pistes d’amélioration. « Il faut au minimum
était le parent pauvre de l’organisation, mais petit avoir une vision un peu centralisée et homogène de
à petit, l’idée que l’on peut exploiter mieux ou dif- ce qui se passe sur le maillon transport pour pou-
féremment les ressources de transport fait son che- voir donner une promesse fiable à ses clients. Cela
min. Et pas seulement pour réduire les coûts, mais passe par la mise en place de méthodes et d’outils
aussi pour garantir un meilleur niveau de service, informatiques », considère Jérôme Bour, PDG de
une promesse client qui peut avoir une influence l’éditeur de TMS DDS Logistics. Des spécialistes des
sur le business model commercial », fait tout de outils de prévisions, comme Terra Technology,
même remarquer Michel Waterschoot, Vice-Prési- commencent aussi à se pencher sérieusement sur
dent Routing & Mobile de l’éditeur informatique l’optimisation transport. « En donnant de la visibi-
Descartes Systems Group lité sur la planification stratégique, notre solution
Transportation Forecasting permet aux chargeurs
L’informatique donne de la visibilité d’améliorer leur productivité (moins de personnes
Avant d’installer le moindre outil, d’externaliser ou à mobiliser dans l’urgence pour trouver des capa-
au contraire d’investir dans des équipes plétho- cités de transport) et la ponctualité de leurs livrai-
riques, le premier prérequis pour optimiser son sons, ainsi que de réduire les coûts de transports
transport est de s’appuyer sur une vision claire du imprévus », affirme Robert Byrne, PDG de Terra
rôle du transport dans l’activité de son entreprise. Technology.
Sans cette dimension stratégique, soutenue par la
direction générale, inutile de rêver à d’hypothé- Externaliser en conscience
tiques projets de mutualisation des flux avec ses Certaines grandes sociétés choisissent de piloter les
concurrents par exemple. Le deuxième prérequis, flux en central pour le compte de leurs différents
pour être capable d’identifier des leviers d’optimi- sites, et peuvent même aller jusqu’à créer une orga-

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Organisation transport

nisation séparée qui propose ses services à d’autres leurs transporteurs, désormais notés. « Notre
clients (comme C-Log, voir page 70). D’autres choi- module d’aide à la décision DDS Dashboard peut
sissent la solution de l’externalisation à un organi- produire ce genre d’éléments, voire les mettre à dis-
sateur de transport. Attention dans ce cas à ne pas position des transporteurs. Ces derniers y sont pour
« passer la patate chaude », en se contentant de la plupart assez favorables, car ils sont évalués sur
laisser son prestataire se dépatouiller avec tous ses des éléments concrets et objectifs, et risquent moins
ordres de transport. « Un cahier des charges bien d’être mis au pilori parce qu’ils auraient fait une
posé est une nécessité pour les entreprises qui petite erreur lors des derniers jours alors qu’ils réa-
externalisent. Le client doit y définir ses attentes et lisent par ailleurs un taux de service de 99 % sur
bien expliciter les VL, les valeurs logistiques car les le mois », explique Jérôme Bour. C’est nouveau, les
palettes hors normes, les fiches mal renseignées sur transporteurs peuvent également être notés sur leur
©DESCARTES

les poids et les dimensions peuvent ensuite occa- taux de remontée des informations à temps.
sionner des problèmes de facturation et de traçabi-
Michel lité en bout de chaîne », prévient Benoit Thifinau, La révolution des plates-formes
Waterschoot,
Descartes Responsable de l’offre Linkepilot chez le prestataire collaboratives
Systems Group Log’S. A un niveau plus stratégico-tactique, il est Cependant, de nombreux transporteurs recourent
bon également de pouvoir informer son prestataire à de la sous-traitance en cascade, ce qui ne favo-
le plus en amont possible des variations prévues rise pas cette remontée d’informations par les
dans la volumétrie liées à des opérations commer- mobiles, le web ou l’EDI. C’est là qu’interviennent
ciales particulières. La tendance actuelle en matière des plates-formes collaboratives ouvertes de suivi
de prestation est d’ailleurs d’aller au-delà du pilo- opérationnel des ordres de transport, comme celle
©TERRA TECHNOLOGY

tage opérationnel et du suivi d’exécution avec les de la start-up Shippeo. « L’objectif est d’avoir un
tours de contrôle. C’est le cas d’Ideo, une structure seul outil, mutualisé, pour travailler avec l’ensem-
de pilotage créée par ID Logistics qui gère environ ble du marché car pour les transporteurs, c’est
120 M€ de transport par an. « Le pilotage opéra- compliqué d’avoir à utiliser un grand nombre d’ou-
Robert tionnel, avec le support de notre TMS, reste le cœur tils en fonction du choix des organisateurs de
Byrne,
Terra Technology de notre métier, mais ce n’est pas suffisant. L’en- transports pour lesquels ils travaillent », explique
jeu n’est pas uniquement de garantir l’exécution. Il Thibault Morlot, Chargé des questions d’optimisa-
est d’accompagner nos clients dans leurs évolutions tion chez Shippeo. La remontée d’information vers
et de les aider à capturer progressivement des la plate-forme, en temps réel, se fait à partir d’une
opportunités d’optimisation. Nos équipes et nos application sur smartphone. A terme, Shippeo
solutions appuient nos clients pour leur apporter envisage de proposer aussi des services d’optimi-
un maximum de valeur dans le domaine des achats, sation basés sur la recherche de combinaisons de
des nouvelles technologies, du multi-modal, mais flux en temps réel. Une autre plate-forme digitale
aussi des synergies multi-client », nous confie pourrait faire bouger les lignes de l’optimisation
©I DEO

Emmanuel Guérin, Directeur d’Ideo. Le 4PL pro- transport. Il s’agit de Chronotruck, lancée début
Emmanuel pose également des solutions d’optimisation dyna- octobre 2015, qui se qualifie elle-même d’Uber
Guérin,
Ideo mique qui consistent à rechercher pro-activement français du fret. La plate-forme met en relation
des contre-flux sur des parties du plan de trans- immédiatement le chargeur, qui a défini un besoin
port du client, et ainsi de réduire les coûts. précis (avec choix de délai, de niveau de service,
de type de transport, etc.), avec le transporteur réfé-
La visibilité temps réel rencé le plus proche, géo-localisé via une applica-
Le chargeur peut également souhaiter garder une tion smartphone. La qualité de la prestation est
certaine visibilité sur son organisation transport. suivie en temps réel et dès la livraison effectuée, la
©CHRONOTRUCK

« Nous observons chez les acteurs de la grande dis- photo du BL déclenche l’envoi par mail au client de
tribution la volonté de réintégrer chez eux la partie la facture. La plate-forme peut bien sûr s’intercon-
semi-remorques [NDLR : mais pas les tracteurs, ni necter avec des WMS ou des ERP. « C’est une rup-
Rodolphe les conducteurs], ce qui leur permet de garder la ture technologique car cela va permettre aux outils
Allard,
Chronotruck main sur le suivi de leurs marchandises », nous de production qui nécessitent de faire appel à
confie Jonathan Fath, Chef de projet chez TIP Trai- du transport de travailler en temps réel, et de
ler Services. La nouvelle tendance est au temps manière automatisée », souligne Rodolphe Allard,
réel, à la récupération des statuts de preuves Co Fondateur de Chronotruck, qui précise que la
de livraison avec un retour d’informations vers le plate-forme, qui compte aujourd’hui 300 clients,
chargeur (voir le cas du messager DB Schenker 100 transporteurs référencés et 230 chauffeurs géo-
page 66). Cette possibilité ouvre de belles perspec- localisés, vise à terme plusieurs dizaines de milliers
tives pour les chargeurs et les organisateurs de d’utilisateurs. Une nouvelle corde à l’arc des orga-
transport qui vont s’appuyer sur des indicateurs nisations transport pour gagner en flexibilité ! ■
factuels afin de mesurer la qualité de service de JEAN-LUC ROGNON

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Thomas Leclercq,
Directeur Général de Rhenus Freight Logistics France
« Avant toute chose, nous analysons les flux
sur les 6 derniers mois »
«encore
Beaucoup d’entreprises en France gèrent
leur transport « à l’ancienne ». Elles tra-
miser et de rationaliser le pilotage de ses
flux. En fonction des besoins du client,
vaillent avec les mêmes transporteurs X ou Y nous lui proposons un reporting quoti-
depuis 10 ou 15 ans, sans se poser la question dien, hebdomadaire ou mensuel avec
régulièrement de la pertinence de la solution des indicateurs clés, comme le taux de
choisie en fonction de leurs flux. Chez Rhenus performance en livraison par exemple.
Freight Logistics, dès que nous commençons à Bien souvent, le cahier des charges
travailler avec un client, nous entamons une conduit à la rédaction d’un SOP (Stan-
démarche proactive de conseil en matière de dard Operting Procedures), des procé-
gestion du transport. Nous lui demandons de dures normalisées d’exploitation qui
nous communiquer la volumétrie et la typologie définissent précisément les différents flux
de l’ensemble de ses flux sur les 6 derniers mois de transport qui doivent être réalisés
et nous regardons comment les segmenter, sui- pour le client, et avec quelle exigence de
vant le poids ou le type de marchandises par qualité de service (sous forme de SLA,
exemple, comment les consolider et les intégrer Service Level Agreement). Pour résumer, nous
pour mettre en place l’organisation optimale en considérons nos clients comme de véritables
matière de qualité de service et de tarification. partenaires que nous devons accompagner dans
Par ailleurs, nous lui proposons d’installer chez leur développement en leur proposant réguliè-
lui des solutions informatiques intégrées, de type rement des solutions d’organisation qui optimi-
stations chargeurs, qui vont lui permettre d’opti- »
sent les tarifs et la qualité de service.

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DOSSIER
Organisation transport

Alain Borri, BP2R


« Les entreprises sont encore
en situation de réaction »
D’un point de vue budgétaire, le transport est souvent le plus gros poste de dépense de la logistique. Pourtant, la
plupart des directions générales des entreprises ne considèrent pas ce maillon comme un élément essentiel de leur
stratégie. Explications d’Alain Borri, Directeur Associé et Co-Fondateur du cabinet de conseil BP2R

Supply Chain Magazine : en nombre d’heures dans les cursus de formation


Comment analysez-vous au Supply Chain Management en France (contrai-
le degré de maturité rement à l’Allemagne et aux Pays-Bas) ? Ce n’est
général des entreprises donc pas très étonnant que les futurs directeurs SC
en France vis-à-vis soient ensuite assez peu enclins à prendre le pro-
du transport ? blème à bras le corps.
Alain Borri : Je pense qu’il
y a indéniablement une SCMag : Que préconisez-vous en matière
prise de conscience que la d’optimisation de l’organisation transport ?
problématique du trans- A.B. : Le seul moyen de vraiment optimiser, c’est
port s’est considérable- d’abord de bien poser le sujet en amont. C’est de
ment complexifiée ces considérer, comme l’a très bien compris Amazon
dernières années et qu’elle par exemple, que le transport constitue un élé-
devient de plus en plus ment stratégique de l’entreprise qu’il faut non
importante sur au moins seulement maîtriser, contrôler, mais aussi sur
3 axes : l’ubérisation du fret, lequel il faut être innovant pour se différencier de
la nécessité de trouver des ses concurrents, pour apporter une valeur ajoutée
solutions adaptées pour à ses clients. Sans cette vision stratégique, il me
livrer ses clients en zone semble que la mise en place de moyens tech-
urbaine, et la réduction de niques et d’outils informatiques n’est qu’un
l’impact environnemental. emplâtre sur une jambe de bois.
©BP2R

Pour autant, la plupart des


entreprises sont encore plutôt en situation de réac- SCMag : L’externalisation constitue-t-elle une
tion et le transport est rarement considéré comme solution lorsque l’entreprise estime ne pas avoir
un élément stratégique par les directions géné- les ressources et les compétences nécessaires
rales. Par conséquent, les services transports sont pour bien maîtriser son transport ?
trop souvent mal outillés au niveau informatique, A.B. : Si c’est pour se décharger totalement du
en sous-effectifs et manquent de benchmark. sujet, cela ne fonctionnera pas. Généralement,
Avez-vous remarqué d’ailleurs que les probléma- dans les opérations d’externalisation, les cadres
tiques liées au transport ne pèsent pas bien lourd en interne sont là pour accompagner le transfert.
Or, en ce qui concerne le transport, c’est
rarement le cas. Résultat, l’entreprise perd
en compétences métier, n’a plus le système
d’informations, ni les données qui lui per-
mettraient d’y voir clair pour bien définir
son cahier des charges et son plan de
transport. C’est ce qui explique aussi pour-
quoi les promesses d’optimisation des
prestataires, avec leurs « tours de con-
trôle », ne sont pas si faciles à tenir dans la
pratique. Il y a un écart entre ce qui est
vendu en théorie et ce qui est réalisé effec-
tivement par les prestataires. Mais c’est
logique : si le donneur d’ordre ne sait pas
ce qu’il veut au départ, il est très difficile
de ne pas générer de frustrations ! ■
PROPOS RECUEILLIS PAR
©BP2R

JEAN-LUC ROGNON

64 N°102 ■ SUPPLY CHAIN MAGAZINE - MARS 2016


DOSSIER
Organisation transport

Temps réel
DB Schenker France dynamise son dernier kilomètre
L’installation sur les 73 agences de son réseau de messagerie national d’un système de remontée d’informations en
temps réel pour ses opérations de camionnage donne à DB Schenker France plus de réactivité et lui ouvre des
perspectives en matière de nouveaux services.

L
a messagerie en France est un secteur plutôt projet, initié à l’origine au niveau du groupe. Le
chahuté. Mais la lente décroissance du mar- choix technique se porte en janvier 2014 sur la
ché, fatale à certains, n’empêche pas d’au- solution Cadis de Kratzer Automation, qui com-
tres acteurs de tirer leur épingle du jeu. C’est le prend un module Cadis Control à mettre en place
cas du réseau de DB Schenker France, dont les dans chacune des cellules d’exploitation et de
volumes au niveau national connaissent depuis camionnage des 73 agences en France du réseau
plusieurs années une progression annuelle de 4 à DB Schenker, et l’application Cadis Mobile, ins-
5%. Et ce qui est encore plus rare, c’est que cette tallée sur quelque 2.300 terminaux de type PDA
dynamique positive est également rentable. Dans (Personal Digital Assistant, des Motorola MC 67)
ce métier très complexe, « rester dans le vert » est qui seront utilisés par les conducteurs, qu’ils
soient employés de DB Schenker ou sous-traitants
(30 à 40 % sur la partie collecte et livraison). L’ou-
til doit par ailleurs être interfacé avec le TMS « mai-
son ». En juin 2014, la solution est déployée sur 2
agences pilotes, Bonneuil et Toulouse, et un an plus
tard, le réseau est entièrement équipé, conformé-
ment au calendrier initial. Investissement estimé,
tout compris : 3 M€, soit un coût ramené au récé-
pissé de livraison de 1€ pendant 3 mois (l’activité
messagerie de DB Schenker au niveau national
traite environ 1 M de récépissés par mois).

Dans le détail du processus


L’organisation en agence est la suivante : après
avoir reçu par EDI de la part des autres agences
du réseau les données concernant la marchandise
à livrer le lendemain, les tournées de livraisons
sont constituées et pré-optimisées au milieu de la
nuit par l’équipe de pilotage du camionnage, avec
l’aide du TMS , puis transférées vers l’application
©JL.ROGNON

Cadis et les PDA, placés la nuit sur leur socle de


rechargement. Lorsque les conducteurs arrivent à
un véritable travail d’équilibriste : en moyenne, l’agence, à 7 h 30, ils perçoivent chacun le PDA
DB Schenker France ne gagnerait qu’une tren- qui leur est attribué avant d’aller sur le quai pour
taine de centimes par récépissé sur un nombre commencer le processus de chargement de leur
d’envois annuels certes conséquent (11 millions camion. Le code-barres de chaque colis est flashé
sur le marché domestique et 1,5 million à l’inter- par le PDA qui peut également prendre des pho-
national). Du coup, chaque détail compte. C’est tos en cas d’anomalie. Instantanément, l’exploi-
dans cette optique qu’est lancé dès 2013 le projet tation peut savoir si tout a bien été chargé dans le
SPA (Standard Production Application), pour met- camion. Une fois l’opération de chargement ter-
tre en place sur le réseau national de DB Schen- minée, les conducteurs reviennent brièvement
ker un outil d’aide au « camionnage », c’est-à-dire faire un point avec l’équipe et récupérer le bor-
la fonction d’organisation et de contrôle des dereau récapitulatif avant de partir en tournée,
livraisons et du ramassage des marchandises. munis de leur PDA. Durant la tournée, les colis
sont flashés pour chaque livraison, et le bon de
Tracer les expéditions en temps réel livraison est signé sur le terminal par le client
Les principaux objectifs sont de pouvoir tracer en (sauf ceux qui exigent un récépissé papier). Là
temps réel les expéditions, d’optimiser le pilotage encore, des photos peuvent être prises en cas
des tournées, mais aussi d’améliorer la qualité de d’avarie ou de prise de réserves. Ces preuves de
service. La filiale française se lance très vite sur ce livraison horodatées, avec un relevé des coordon-

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nées GPS, sont transmises via le réseau mobile 3G
à l’agence, qui supervise ainsi en temps réel
l’avancement des tournées, les enlèvements et les
livraisons, avec Cadis Control. Plus besoin d’at-
tendre le retour de tournée du camion pour cap-
ter l’information sur la livraison et la mettre à
disposition de l’expéditeur, via un portail. Grâce à
cela, l’équipe d’exploitation gagne en producti-
vité et en réactivité. Elle peut par exemple répon-
dre immédiatement à une demande d’enlèvement
de la marchandise d’un client qui appelle à la der-
nière minute, en communiquant très rapidement
avec le chauffeur concerné par messagerie, via
Cadis Mobile. Après validation de ce dernier,
l’adresse de l’enlèvement est automatiquement
insérée dans la tournée, sur son PDA.

Du nouveau en termes de services


« Cet outil permet à nos collaborateurs de se
©JL.ROGNON

concentrer sur l’anticipation et le contrôle d’exécu-


tion, et de pouvoir consacrer du temps aux 5 % de
cas qui amènent de la complexité, plutôt qu’aux ker de proposer à ses clients de nouvelles solutions,
95 % qui se déroulent parfaitement bien », indique comme les offres Top 13 et Top 18 (livraison garan-
Cyrille Bonjean, Président de DB Schenker France. tie avant 13 h ou avant 18 h), dont le suivi et le
Un recentrage des ressources sur les actions à pilotage sont rendus possibles par le projet SPA. ■
valeurs ajoutées qui donne la capacité à DB Schen- JEAN-LUC ROGNON

MARS 2016 - SUPPLY CHAIN MAGAZINE ■ N°102 67


DOSSIER
Organisation transport

Gestion des expéditions


C-Log en demande toujours plus à sa station chargeur
C
-Log, filiale logistique du groupe Beauma- (messagerie ou lots), notamment pour les ouver-
noir, est également commissionnaire de tures de magasins ou les retours de fin de saison.
transport depuis 2012, non seulement pour
les marques du groupe (Cache-Cache, Bréal, Partitionner le plan de transport
Bonobo, Scottage, Morgan et La City), mais aussi Depuis septembre 2015, les flux sortants des
pour d’autres clients du secteur du prêt-à-porter 5 entrepôts de C-Log sont gérés par une nouvelle
©C-LOG

comme Eden Park, Groupe SMCP, Groupe Royer ou station chargeur dénommée Transware et com-
Bertrand encore Vilebrequin. Son équipe de gestion et de mercialisée par Interlog. Cette solution affecte
Chabrier, pilotage du transport, composée d’une dizaine de automatiquement le bon transporteur, en fonction
Directeur du
personnes, gère de très gros volumes et s’occupe du plan transport. « Il y a davantage de fonction-
développement
de C-Log également de la partie règlement à l’international, nalités qu’une simple station d’étiquetage trans-
des crédits documentaires et des opérations doua- port. Ce système nous a permis, par exemple, de
nières. La partie import de marchandises du groupe partitionner le plan de transport, en fonction des
Beaumanoir représente chaque année quelque zones géographiques ou des typologies de flux »,
1.800 conteneurs EVP et un trafic de 5.800 t en nous explique Philippe Heinry, Directeur trans-
aérien et de 30.000 m3 par la route. Sur le flux aval, port de C-Log. Dans le domaine du BtoC, la sta-
qui concerne la distribution BtoB et BtoC nationale tion chargeur va permettre à C-Log de prendre
et internationale (80 pays), C-Log travaille pour lui-même à sa charge la traction vers le centre de
une vingtaine de clients et a expédié l’année der- distribution de son prestataire de distribution
©C-LOG

nière près de 2,3 M de colis en BtoB et 850.000 en (réseau de points relais) afin de s’affranchir des
Philippe BtoC. Mais l’activité e-commerce monte en flèche : heures de collectes du prestataire, qui imposent
Heinry, C-Log prévoit d’expédier 1,2 million de colis en des cut-off plus contraignants. C’est elle aussi qui
Directeur 2016 et a réalisé +50% de volumes sur janvier, par gère les flux EDI sortants (transmission des expé-
transport
de C-Log
rapport à la même période de l’année dernière. ditions aux transporteurs) et entrants (flux de
La distribution s’effectue essentiellement via des tracking, mis à disposition des clients via un
expressistes et quelques transporteurs traditionnels extranet). « Cela permet de mesurer de manière
fiable la qualité de nos transporteurs, d’analyser
les codes événements de livraison de nos colis et
de transmettre ces informations à chacun de nos
clients sur notre capacité à bien organiser le
transport. Dans le cadre de nos procédures ISO
9001, nous suivons cela de très près », précise
Bertrand Chabrier, Directeur du développement de
©C-LOG

C-Log. Grâce à cette mesure fiabilisée de la qua-


lité de service, C-Log va introduire pour la pre-
mière fois des notions de gestion des pénalités de
retard pour tous ses transporteurs dans le cadre
de son prochain appel d’offres sur toute la distri-
bution France et Europe. Et la station chargeur de
C-Log devrait s’enrichir cette année de fonction-
©C-LOG

nalités de simulation tarifaire et logistique. ■


©TRANSWARE

©C-LOG

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